lettre n°15

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L La Lettre de la Bibliothèque - N° 15 - HIVER 2003 1 L A LETTRE DE LA BIBLIOTHÈQUE N° 15 - Hiver 2003 Maison de la culture du Japon à Paris A LETTRE DE LA BIBLIOTHÈQUE La Lettre de la Bibliothèque - N° 15 - HIVER 2003 1 N° 15 - Hiver 2003 ISSN 1291-2441 L ’idée que l’on se fait en France du « jardin japo- nais » s’est élaborée depuis la fin du XIX e siècle à partir d’un certain nombre de clichés et qui viennent à l’esprit aussitôt qu’on l’évoque : le petit « pont japonais » arqué et laqué de rouge franchis- sant sous des saules pleureurs une pièce d’eau garnie de nymphéas ; l’inévitable « pas japonais » fait de dalles de pierres disposées en tra- vers du gazon, le « jardin zen » avec ses éternels rochers dressés au milieu d’une aire de gravier blanc soigneusement ratissée. L’hétérogénéité même de toutes les vignettes que l’on vient d’évoquer suffirait sans doute à prouver que « le » jardin japonais n’existe pas : derrière elles se cache une étonnante variété histo- rique et stylistique des jardins du Japon. Si certains aspects de la tradition japonaise ont été parfois mal compris ou galvaudés, ils n’en ont pas moins été féconds et ont aussi inspiré les plus grands créa- teurs, de Claude Monet à Isamu Noguchi. Il est indéniable que l’art des jardins en Occident s’est lui- même trouvé considérablement enrichi par cette dimension du ja- ponisme qui se manifeste jus- qu’aujourd’hui. Les Japonais eux-mêmes ont contribué à la formation de cette idée du jardin japonais. La tradi- tion japonaise des jardins, à l’époque d’Edo, n’incluait-elle pas elle-même le recours à certains motifs attendus : évocation de sites célèbres, chinois comme le lac de l’Ouest de Hangzhou, ou japonais comme les pierres de la rivière « Le » jardin japonais existe-t-il ? Antoine Gournay Maître de conférences à l’université de Paris IV-Sorbonne d’hui. C’est surtout l’Occident qui s’est entiché de ces jardins pour lui exotiques et en même temps si conformes au Japon auquel il s’attend. En retour, le Japon connaît ces dernières années une vogue grandissante du jardinage, des fleurs importées d’Europe ou d’ailleurs, exotiques pour l’archi- pel, et que l’on apprécie d’autant plus qu’elles paraissent nouvelles et détachées des codes et du sym- bolisme établis par la tradition japonaise. En dehors de cette étonnante diversité, qui mériterait d’être mieux connue, l’originalité et la valeur de la tradition japonaise des jardins ne résident pas seulement dans la collection d’un certain nombre de motifs ou même l’ex- traordinaire savoir-faire des jardi- niers qui permet techniquement de les créer ; on les trouve aussi dans la manière de les présenter au spectateur physiquement présent dans le jardin, à la fois par le ca- drage des scènes au moyen des dispositifs architecturaux (plan- chers surélevés, jeu des ouvertures réglables, limitation du champ de vision et vues empruntées) et leur programmation au fil d’un par- cours savamment conçu pour pro- duire des effets calculés. 1 The Flowers of Japan and the Art of Floral Arrangement. Tokyo : Haku- bunsha, 1891. Landscape Gardening in Japan. Tokyo : Hakubunsha, 1893. 2 Mukashi Mukashi, le Japon de Pierre Loti, présenté par Chantal Edel. Paris : Arthaud, 1984. Katsura à Arashiyama, le cône du Mt Fuji, ou les yatsu hashi (huit planches en zigzag) des Contes d’Ise ? Pendant l’ère Meiji, les pre- miers parcs et jardins urbains amé- nagés à Tôkyô, comme celui de Ueno, plus tard celui de Hibiya, transposèrent dans la capitale puis dans toutes les préfectures du Japon le jardin à la française ou à l’anglaise. En réaction à cette ir- ruption soudaine dans leur pays d’un art des jardins venu d’Europe et d’Amérique et ressenti comme étranger, certains ont voulu retrou- ver les racines de la tradition na- tionale et ont travaillé à reconsti- tuer l’histoire du jardin japonais. L’architecte anglais Josiah Conder qui introduisit les styles occiden- taux au Japon fit aussi connaître par ses livres les formes japonaises du jardin 1 . L’historien et créateur de jardins Shigemori Mirei joua un rôle fondamental dans cette renais- sance des jardins japonais au XX e siècle, notamment dans l’intérêt porté, aujourd’hui partout dans le monde, aux traditions spécifique- ment japonaises du kare sansui (paysage sec) du ôkarikomi (art de tailler arbres et buissons) ou en- core de la culture des mousses. Cependant se forgeait une cer- taine conception d’un jardin japo- nais pur, éternel qui, en réalité, n’avait peut-être pas toujours été ainsi, comme l’attestent les photo- graphies anciennes d’un Felice Beato ou du baron Von Stillfried 2 qui nous montrent des jardins ja- ponais un peu fouillis, moins mé- ticuleusement entretenus et moins immaculés que ceux que fré- quentent les touristes d’aujour-

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N° 15 - Hiver 2003 « Le » jardin japonais existe-t-il ? Antoine Gournay 1 The Flowers of Japan and the Art of Floral Arrangement. Tokyo : Haku- bunsha, 1891. Landscape Gardening in Japan. Tokyo : Hakubunsha, 1893. 2 Mukashi Mukashi, le Japon de Pierre Loti, présenté par Chantal Edel. Paris : Arthaud, 1984. ISSN 1291-2441 Maison de la culture du Japon à Paris Maître de conférences à l’université de Paris IV-Sorbonne La Lettre de la Bibliothèque - N° 15 - HIVER 2003 1 1

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Page 1: Lettre N°15

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La Lettre de la Bibliothèque - N° 15 - HIVER 2003 1

LA LETTRE DE LA

BIBLIOTHÈQUE

N° 15 - Hiver 2003Maison de la culture du Japon à Paris

A LETTRE DE LA

BIBLIOTHÈQUE

La Lettre de la Bibliothèque - N° 15 - HIVER 2003 1

N° 15 - Hiver 2003

ISSN 1291-2441

L’idée que l’on se fait enFrance du « jardin japo-nais » s’est élaborée depuis

la fin du XIXe siècle à partir d’uncertain nombre de clichés et quiviennent à l’esprit aussitôt qu’onl’évoque : le petit « pont japonais»arqué et laqué de rouge franchis-sant sous des saules pleureurs unepièce d’eau garnie de nymphéas ;l’inévitable « pas japonais » fait dedalles de pierres disposées en tra-vers du gazon, le « jardin zen »avec ses éternels rochers dressésau milieu d’une aire de gravierblanc soigneusement ratissée.

L’hétérogénéité même detoutes les vignettes que l’on vientd’évoquer suffirait sans doute àprouver que « le » jardin japonaisn’existe pas : derrière elles secache une étonnante variété histo-rique et stylistique des jardins duJapon. Si certains aspects de la tradition japonaise ont été parfoismal compris ou galvaudés, ils n’enont pas moins été féconds et ontaussi inspiré les plus grands créa-teurs, de Claude Monet à IsamuNoguchi. Il est indéniable que l’artdes jardins en Occident s’est lui-même trouvé considérablementenrichi par cette dimension du ja-ponisme qui se manifeste jus-qu’aujourd’hui.

Les Japonais eux-mêmes ontcontribué à la formation de cetteidée du jardin japonais. La tradi-tion japonaise des jardins, àl’époque d’Edo, n’incluait-elle paselle-même le recours à certainsmotifs attendus: évocation de sitescélèbres, chinois comme le lac del’Ouest de Hangzhou, ou japonaiscomme les pierres de la rivière

« Le » jardin japonais existe-t-il ?

Antoine GournayMaître de conférences à l’université de Paris IV-Sorbonne

d’hui. C’est surtout l’Occident quis’est entiché de ces jardins pour lui exotiques et en même temps siconformes au Japon auquel il s’attend. En retour, le Japonconnaît ces dernières années unevogue grandissante du jardinage,des fleurs importées d’Europe oud’ailleurs, exotiques pour l’archi-pel, et que l’on apprécie d’autantplus qu’elles paraissent nouvelleset détachées des codes et du sym-bolisme établis par la tradition japonaise.

En dehors de cette étonnantediversité, qui mériterait d’êtremieux connue, l’originalité et lavaleur de la tradition japonaise desjardins ne résident pas seulementdans la collection d’un certainnombre de motifs ou même l’ex-traordinaire savoir-faire des jardi-niers qui permet techniquement deles créer ; on les trouve aussi dansla manière de les présenter auspectateur physiquement présentdans le jardin, à la fois par le ca-drage des scènes au moyen desdispositifs architecturaux (plan-chers surélevés, jeu des ouverturesréglables, limitation du champ devision et vues empruntées) et leurprogrammation au fil d’un par-cours savamment conçu pour pro-duire des effets calculés.

1 The Flowers of Japan and the Art ofFloral Arrangement. Tokyo : Haku-bunsha, 1891. Landscape Gardening in Japan. Tokyo : Hakubunsha, 1893.

2 Mukashi Mukashi, le Japon de PierreLoti, présenté par Chantal Edel. Paris :Arthaud, 1984.

Katsura à Arashiyama, le cône duMt Fuji, ou les yatsu hashi (huitplanches en zigzag) des Contesd’Ise? Pendant l’ère Meiji, les pre-miers parcs et jardins urbains amé-nagés à Tôkyô, comme celui deUeno, plus tard celui de Hibiya,transposèrent dans la capitale puisdans toutes les préfectures duJapon le jardin à la française ou àl’anglaise. En réaction à cette ir-ruption soudaine dans leur paysd’un art des jardins venu d’Europeet d’Amérique et ressenti commeétranger, certains ont voulu retrou-ver les racines de la tradition na-tionale et ont travaillé à reconsti-tuer l’histoire du jardin japonais.L’architecte anglais Josiah Conderqui introduisit les styles occiden-taux au Japon fit aussi connaîtrepar ses livres les formes japonaisesdu jardin 1. L’historien et créateurde jardins Shigemori Mirei joua unrôle fondamental dans cette renais-sance des jardins japonais au XXe

siècle, notamment dans l’intérêtporté, aujourd’hui partout dans lemonde, aux traditions spécifique-ment japonaises du kare sansui(paysage sec) du ôkarikomi (art de tailler arbres et buissons) ou en-core de la culture des mousses.

Cependant se forgeait une cer-taine conception d’un jardin japo-nais pur, éternel qui, en réalité,n’avait peut-être pas toujours étéainsi, comme l’attestent les photo-graphies anciennes d’un FeliceBeato ou du baron Von Stillfried 2

qui nous montrent des jardins ja-ponais un peu fouillis, moins mé-ticuleusement entretenus et moinsimmaculés que ceux que fré-quentent les touristes d’aujour-

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2 La Lettre de la Bibliothèque - N° 15 - HIVER 20032 La Lettre de la Bibliothèque - N° 15 - HIVER 2003

REGARDS SUR LE FONDS

PENSÉE

- NISHIDA, Kitaro L’Eveil à soi,trad. Jacynthe Tremblay. Paris :CNRS Editions, 2003. 298p.

Ce livre est une traduction enfrançais de textes de NishidaKitarô (1870-1945), l’un des plusgrands philosophes du Japon moderne. Le jeu de l’individuel et de l’universel paru en 2000 enFrance, montrait comment ce penseur est parvenu à créer unephilosophie originale en intégrantet réinterprétant la philosophieoccidentale. Le thème de «l’éveil àsoi » (jikaku) qui parcourt à partirde 1917 l’ensemble de la philoso-phie de Nishida, est au centre de cenouvel ouvrage et se présentecomme un nouveau point de départde la philosophie, intrinsèquementlié à la recherche de la véritableréalité et du véritable soi.

- NATSUME, Sôseki Mon indivi-dualisme, trad. et prés. de René deCeccaty et Ryôji Nakamura. Paris:Editions Payot et Rivages. 2004.112p.

En novembre 1914, le roman-cier Sôseki (1867-1916), alors aufaîte de sa carrière, est invité àdonner une conférence sur un sujet de son choix à la presti-gieuse Ecole des Pairs. NaîtraMon individualisme, considérécomme le discours le plus impor-tant de l’écrivain tant il reprendles thèmes récurrents de sonœuvre. Au fil des pages, hésitantentre leçon didactique et témoi-gnage plus intime, Sôseki s’inter-roge sur le statut des intellectuelset leur rapport à la liberté maisaussi sur les processus de moder-

nisation du Japon, non sans iro-nie. En miroir, suivent Quelqueslettres aux amis, courriers en-voyés à des amis du monde desLettres tout aussi révélateurs de la pensée de leur auteur.

SOCIÉTÉ

- RICHIE, Donald The ImageFactory – Fads and Fashions inJapan. London : Reaktion Books,2003. 176p.

L’habillement, les gadgets, demême que certains comporte-ments et croyances font partie desmodes – durables ou éphémères –qui permettent à chacun de se forger une image. Omniprésentedans la plupart des sociétés au-jourd’hui, cette culture de l’images’est développée à outrance au Japon, soutenue par une produc-tion de masse de l’industrie.

Donald Richie, spécialisteaméricain du Japon et du cinémajaponais, décrit et analyse ces phé-nomènes de mode: de la culture dumanga, à celle du téléphone por-table en passant par l’univers dukawaï, engouement pour le « tout-mignon ». Une cinquantaine dephotos en couleurs viennent égayercet ouvrage.

- MOSTOW, Joshua S. et al. Gen-der and power in the Japanesevisual art. Honolulu : Universityof Hawai’i Press. 2003. 291p.

Première étude de cette enver-gure d’un groupe international dechercheurs sur la représentation vi-suelle de la femme au Japon depuisl’époque médiévale, cet ouvragetraite non seulement des matériauxpremiers telles que les estampes,peintures, photographies ou filmsmais aussi de l’historiographie quis’y rapporte. De quelle manière ces images ont-elles été reçues ?Comment et pourquoi le pouvoiren tira-t-il très souvent partie? Cesquestions et bien d’autres, commela censure par exemple, sont com-munes aux différents essais.

POLITIQUE

- STOCKWIN, J. A. A. Diction-ary of the modern politics of Japan. Londres, New York: Rout-ledgeCurzon, 2003. 291p.

De « Abe Shintarô », caciqueaujourd’hui décédé du parti libé-ral-démocrate à « Yoshida Shige-ru », l’homme du traité de paix deSan Francisco (1951), en passantpar «nemawashi», cette pratiquedite si japonaise de consultationstous azimuts avant de prendre unedécision, ce dictionnaire com-prend plus de 250 entrées. L’au-teur, directeur du Nissan Instituteof Japanese Studies à Oxford,souhaite ainsi combler le déficitrelatif d’informations sur la poli-tique du Japon moderne et con-temporain. L’ouvrage s’ouvre surun rappel utile des principalesthéories politologiques sur le Japon et s’achève sur deux bi-bliographies, l’une occidentale etl’autre japonaise.

ART

- HUGUES, Sukey Washi – TheWorld of Japanese Paper. Tokyo,New York, San Francisco : Ko-dansha International, 1978. 452p.Coffret.

Voici un ouvrage qui, bienqu’ancien (1978), ne peut que re-tenir notre attention. D’abord par-ce qu’il est rare – le tirage est limité à 1 000 exemplaires, et en-suite parce qu’avant de s’intéres-ser au contenu, on est obligéd’admirer l’objet pour lui-même :un luxueux coffret, une belle re-liure (en papier japonais évidem-ment), une présentation aérée etagrémentée de petits croquis et denombreuses photographies. Unecentaine de pages présentent deséchantillons de papiers, permet-tant ainsi d’apprécier la finesse dece matériau. Après un panoramahistorique, ce livre présente lestechniques de fabrication, les arti-sans ainsi que les différentes uti-lisations du papier. Pour finir, descartes, un glossaire et un indexfont de cet ouvrage une véritableencyclopédie du washi.

- KEENE, Donald Bunraku –The Art of the Japanese PuppetTheatre. Tokyo : Kodansha Inter-national, 1965. 287p.

Très bel ouvrage de formatA3 sur le théâtre de marionnettes.A l’origine de ce livre, l’émer-veillement de Donald Keene, spé-cialiste de littérature japonaise,

REGARDS SUR LE FONDS

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La Lettre de la Bibliothèque - N° 15 - HIVER 2003 3La Lettre de la Bibliothèque - N° 15 - HIVER 2003 3

devant les clichés du photographeKaneko Hiroshi. Véritable magi-cien, celui-ci parvient en effet àsaisir l’instant où le manipulateurdisparaît derrière sa marionnette,recréant ainsi avec force l’illu-sion d’une vie libérée de toute at-tache humaine.

Après une introduction deTanizaki Junichirô et un texte deDonald Keene présentant l’essen-tiel de cet art, le lecteur découvrira360 photographies (en noir etblanc et en couleurs) prises essen-tiellement pendant des représenta-tions.

LITTÉRATURE

- IZUMI, Kyôka La Femme ailée,récits traduits par DominiqueDanesin-Komiyama. Arles : Phi-lippe Picquier, 2003. 131p.

Ces deux récits, d’une grâce etd’une acuité sans égal, dépeignentl’existence d’êtres simples et fra-giles, leurs interrogations au sujetdu monde qui les entoure. Kechô(La Femme ailée) est construit autour du singulier monologued’un petit écolier vivant seul avecsa mère aux abords d’un pont.Comme un écho, Sanjakkaku (LeCamphrier) rapporte la méditationd’un jeune scieur de bois habitantavec son père malade sur unebarque. Ces textes, parus respecti-vement en 1897 et 1899, viennents’inscrire comme les différents volets d’une profonde réflexion del’écrivain sur la société moderne.

- FUJINO, Chiya Route 225(trad. Silvain Chupin). Paris :Editions Thierry Magnier. 2003.254p.

Alors qu’ils rentrent chez eux,deux adolescents se retrouvent pri-sonniers d’un monde parallèleétrangement semblable au monde«réel».

L’auteur, qui a reçu pour unautre titre en 2000 le plus presti-gieux prix littéraire japonais, tis-se une intrigue subtile à l’aided’une écriture fort simple repo-sant essentiellement sur les dia-logues du frère et de la sœur.Outre des portraits très vivantsd’adolescents japonais d’aujour-d’hui, ce récit fantastique nousdévoile l’ambiguïté des êtresdans des situations confinant àl’absurde.

Fujino Chiya est présentée endernière page de cette Lettre.

HISTOIRE

- KURE, Mitsuo Les samouraïs,histoire illustrée. Arles : PhilippePicquier, 2003. 191p.

Les samouraïs ont marquél’histoire du Japon pendant septcents ans. Leur mythe dépasse les frontières de l’archipel et in-fluence encore l’imaginaire occi-dental, passionnant à la fois lesamoureux de l’histoire et lesadeptes d’arts martiaux nostal-giques de valeurs chevaleresques.Cet ouvrage, abondamment illus-tré d’estampes, de dessins et depeintures nous éclaire sur la réa-lité de ces guerriers, ce qu’ont étéleurs vies, leur code d’honneur,mais aussi leurs méthodes de com-bats, leurs armes et leurs châteaux.On y croise les héros légendairesNobunaga, Hideyoshi, Ieyasu,mais on y découvre également lasordide réalité des guerres d’al-liance et de pouvoir qui ont déchi-ré le pays.

- KASAI, Yoshiyuki Japanesenational railways : its break-upand privatization. Kent : GlobalOriental, 2003. p228.

La privatisation de la Compa-gnie nationale des chemins de ferdu Japon visait deux objectifs :réussir le pari difficile de conci-lier service public et rentabilitéet, d’autre part, introduire desméthodes d’économie de marchédans la gestion de l’entreprise,avec tous les risques que celapouvait comporter tels que lasuppression de certaines lignesdéficitaires, l’augmentation des

frais de transport voire même deslicenciements. L’auteur, qui a tra-vaillé plusieurs années à la Com-pagnie nationale, s’est trouvé aucœur du processus de réforme. Ilretrace notamment dans cet ou-vrage les étapes qui ont permis au gouvernement et aux contri-buables d’arriver à un consensus.Grâce à une vision à long termede l’entreprise et à la persévéran-ce des membres du comité pourla réforme (dont l’auteur fit par-tie), cette privatisation est consi-dérée, quinze ans plus tard, com-me l’une des plus grandesréussites de l’histoire industrielledu Japon contemporain.

- VERSCHUER von Charlotte.Le riz dans la culture de Heian,mythe et réalité. Paris : Collègede France, Institut des HautesEtudes Japonaises, 2003. 409p.

La rareté, ou la quasi-absencede sources sur d’autres céréalesque le riz au Japon à l’époque deHeian (VIIIe-XIIe siècles ap. J.-C.)est-elle une raison suffisante pourconclure qu’elles occupaient uneplace minoritaire dans l’alimenta-tion et les traditions culturelles ?Visant à replacer la riziculturedans le cadre de l’ensemble descultures du Japon ancien, et recou-rant aux textes littéraires, à l’ar-chéologie et à l’ethnologie, l’au-teur répond que, pour la périodeconsidérée, il est plus juste de par-ler d’une «culture des cinq cé-réales» que d’une culture rizicole.La relecture philologique de récitsmythologiques confirme en effetl’influence marquante des autrescéréales que le riz sur la culture japonaise.

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Fujino Chiya, écrivain japonais

Née en 1962, Fujino Chiyaétait parmi les invités de la 19e édition du Salon du livre etde la presse pour la jeunesse deMontreuil qui, recevant cetteannée le Japon, s’est tenu du 29 novembre au 1er décembre2003. Lauréate de plusieursprix littéraires prestigieux auJapon : Kaien, en 1995, pourGogo no jikan-wari (L’Emploi

du temps de l’après-midi) ; Noma,en 1998, pour Oshaberi kaidan (LeConte du bavard) ; Akutagawa, en2000, pour Natsu no yakusoku

(Une Promesse d’été), elle écritaussi pour la jeunesse. Route 225,dont la traduction en français (S. Chupin) vient de paraître aux Editions Thierry Magnier, estd’ailleurs accompagné de la men-tion «à partir de 14 ans». Un précé-dent recueil de nouvelles traduitespar Corinne Quentin intitulé Tokyoélectrique (Editions Autrement,2000) nous avait déjà fait décou-vrir, à travers Une ménagère auposte de police, le style « étrange-ment simple », les mises en scène« surprenantes, proches de l’absur-

de » de cet écrivain qui, bien quenée garçon, a fait le choix de «vivreune vie de femme».

En 1886, Marcel Proust établis-sait son fameux questionnaire,censé permettre de cerner la per-sonnalité de celui, ou celle qui yrépond. A la question de « la cou-leur que je préfère », il avait lui-même répondu « La beauté n’estpas dans les couleurs, mais dansleur harmonie». Dans ce qui suit onapprendra, parmi les dix questionsqu’elle a choisies, ce qu’a répondupour sa part Fujino Chiya.

4 La Lettre de la Bibliothèque - N° 15 - HIVER 20034 La Lettre de la Bibliothèque - N° 15 - HIVER 2003

MAISON DE LA CULTURE DU JAPON À PARISBIBLIOTHÈQUE

101 bis, quai Branly 75740 Paris cedex 15

Tél : 01.44.37.95.50 - Fax : 01.44.37.95.58 - internet : http ://www.mcjp.asso.fr

Directeur de la publication : Hisanori ISOMURARédaction : Etsuko MORIMURA - Florence PASCHAL - Pascale TAKAHASHI - Racha ABAZIED -

Kazuo LEE - Christophe SABOURETComposition : Texto! Roubaix - Impression : Imprimerie Artésienne Liévin

Dépôt légal : 1e trimestre 2004

Maisonde la Culturedu Japonà Paris

Heuresd’ouverture

Du mardi au samedi

13h00-18h00Nocturne le jeudi

jusqu’à 20h00

FermetureLes dimanches,

lundis et jours fériés

JEU DE PORTRAITSJEU DE PORTRAITS

Deux conférences ont eu lieu à la bibliothèque :

• Mardi 4 novembre 2003 – En souvenir de Jean-Jacques Origas

A l’occasion de la parution au Japon d’une compilation des écrits en japonais de M. Origas (Mono to me –Editions Iwanami Shôten), M. Haga Tôru, président de l’Université d’Art et de Design de Kyôto, et ami proche de l’auteur, lui a rendu hommage. Il a évoqué des souvenirs personnels de son passé commun avec M. Origas, pour le plus grand plaisir d’un auditoire sous le charme de cette soirée très intime et émouvante.

• Mardi 3 février 2004 – Qu’a-t-il donc vu au Japon ?Témoignage d’un huguenot français au Japon au XVIIe siècle

Jacques et Marianne Proust, auteurs et traducteurs du livre Le puissant royaume du Japon - Description deFrançois Caron (1636) (Ed. Chandeigne), ont présenté l’expérience que fit au XVIIe siècle un Occidental auJapon. Invité également, André L’Hénoret, prêtre-ouvrier et auteur de l’ouvrage Le clou qui dépasse (Ed. LaDécouverte), a confronté son expérience du Japon au quotidien trois siècles plus tard.

BLOC-NOTES

Le principal trait de mon caractère.Mon principal défaut.Mon rêve de bonheur.Quel serait mon plus grand malheur.La couleur que je préfère.La fleur que j'aime.Mes héroïnes favorites dans la fiction.Mes peintres favoris.Etat présent de mon esprit.Fautes qui m'inspirent le plus d'indulgence.

1 Nom de l'héroïne du roman Breakfast at Tiffany's (1958) de Truman Capote.

L'indécision.L'indécision.Qu'il n'arrive rien de grave.Etre réveillée le matin par un appel téléphonique d'un démarcheur.Rose saumon.Le volubilis.Holly Golightly1. Andy WarholLe sentiment d'être à l'étranger où que je sois.Les fautes que l'intéressé reconnaît avoir commises.