lettre des equipes notre-dame n°191

48
Vie spirituelle et discernement Nouveau site Internet des Equipes Notre-Dame Lettre N° 191 Mars - Avril 2011

Upload: pascal-bonini

Post on 02-Mar-2016

223 views

Category:

Documents


0 download

DESCRIPTION

Lettre des Equipes Notre-Dame n°191 (mars-avril 2011)

TRANSCRIPT

Page 1: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Vie spirituelle et discernement

Nouveau site Internet

d e s E q u i p e s N o t r e - D a m eLettre

N° 191

Mar

s - Av

ril 20

11

Page 2: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

3 ÉditorialChantal et Robert Legrand

4 Faut-il encore se confesser ?Père Philippe Beitia

6 Couple et familleEst-il possible de conjuger foi et sexualité?Marie et Benoît

8 Avoir une vie spirituelle...Nadine Grandjean

10 Vers le pardon en coupleBlandine Moncorgé

12 Couple et sociétéLe couple : une aventure pour l’éternitéÉlisabeth Darles

14 Points concrets d’effortLe point essentiel de la règle de viePère E. de V.

16 TémoignagesDeux jours en équipeÉquipe Quimper 5

18 Vivre son sacrement de mariage...Michel Becq

20 Un quart de siècle...Équipe Mouvaux 1

22 Oraison Méthodes d’Oraison (4)Père Philippe Beitia

24 RegardsLe geste de la compassionChristine Pellistrandi

26 Livres et revues28 Flash, vie d’équipe

Équipes Nouvelles-Ordinations-Décès30 Prière

Seigneur Tu me donnes

30 Orientation d’annéeMiettes spirituelles...Frère Nicolas-Bernard Virlet

36 Revenir à la sourceLa peur de l’AmourPère Henri Caffarel

38 Calendrier40 Événements - France

Tandem : réunion nationaleFlorence et Bertrand Dureuil

42 La communication au service...Françoise et Rémi Gaussel

44 Le site Internet change !Dominique et François Aubert

46 Session d’étéDelphine et Antoine Quantin

Vie du mouvement

2

ÉditorialS

om

ma

ire

LETTRE DES ÉQUIPES NOTRE-DAMEDirecteur : Rémi Gaussel

Rédacteurs en chef : Marie-Hélène et Michel MaruendaNouvelle Série - 37e année n° 191 - 49, rue de la Glacière - 75013 Paris

Tél : 01 43 36 08 20 - Fax : 01 43 36 05 70e-mail : [email protected]

site internet : http://www.equipes-notre-dame.frCLERC A Qualibris Company - 18206 Saint-Amand Cedex

Tél : 02 48 61 71 71 - Fax : 02 48 61 71 72Dépôt légal : 2e trimestre 2011 - C.P.P.A.P. 0611G80622

Crédit photo : ⒸJ.-F. Alix (couv., p.5, 13, 14-15, 30-31) ; E. Komorowska (p.35, 37) ; END Quimper 5 (p.16-17) ; Ch. Pellistrandi(p. 24-25) ; X. de Thieulloy (p.33) ; F. et B. Dureuil (p.40-41) ; Dimdimich-Fotolia.com (p.42) ; Liv Friis-Iarsen (p.43) ;

END (p.18-19, 46-47).

Vie de couple

Équipes et équipiers

Billet spirituel

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 3: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Édit

ori

al

3

Chantal et Robert LEGRANDResponsables de la Province Nord-Est et Ile de France

Convertissez-vous et croyez à l’Évan-gile. Quarante jours pour nous réa-juster sur Dieu.

Comment pouvons-nous vivre ce que nousdit l’Église (CEC n°1438) : « Ces temps sontparticulièrement appropriés pour les exer-cices spirituels, les liturgies pénitentielles,les pèlerinages en signe de pénitence, lesprivations volontaires comme le jeûne etl’aumône, le partage fraternel (œuvres ca-ritatives et missionnaires) » ?À chacun d’agir selon son cœur et saconscience … éclairée.Nous voilà tous invités à revisiter notre viespirituelle et sacramentelle. Nous aimonsparticulièrement le conseil de MartheRobin : « Faites votre petit possible, laissezl’impossible à Dieu ». Avec nos résistancesde petits pécheurs pardonnés.Pour les équipiers Notre-Dame, la route estbalisée par des lumières : Parole de Dieu,oraison, prière conjugale, retraite spiri-tuelle. Autant de petits possibles à vivredans la gradualité.

Vivons-nous aussi le carême en équipe ?Rien à redire aux soirées bol de riz, qui ex-priment un esprit de charité envers nosfrères. Mais ne peut-on pas saisir l’occa-sion de ce temps fort liturgique pour redres-ser la barre et faire de notre réunion un vraitemps spirituel ? Cela ne signifie pas d’abord augmenter letemps de la prière. Non. Le temps privilégié d’une réunion d’équipe,qui irradie l’ensemble du mois, c’est le par-tage. Un vrai partage de frères en Jésus-Christ, qui écoutent les autres témoigner deleur vie spirituelle du mois (Eucharistie, ré-conciliation, Points Concrets d’Effort) avecle recul bienveillant de l’Amour de Dieu quiles inspire, qui aident tel ou tel à se redres-ser sans juger, en lui offrant prière et sou-tien, et qui rendent grâce ensemble desprogrès accomplis. Un vrai temps d’entraidespirituelle.Conscients de nos limites, de nos fai-blesses, de nos lourdeurs, avec saint Paul :Puisque l’Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l’Esprit. (Gal 5, 25)

Quarante jours

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 4: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Bil

let

sp

irit

ue

l

Faut-il encore se confesser ?

Père Philippe BEITIAConseiller spirituel de l’Équipe Responsable France-Luxembourg-Suisse

Ce mercredi 9 mars 2011, noussommes entrés en carême en parti-cipant à la liturgie des cendres. Ce

temps du carême est un temps de conver-sion pour mener une vie toujours plus mar-quée par l’Évangile avec l’aide du Christ.Parmi les moyens donnés par l’Église, setrouve le sacrement de pénitence et de ré-conciliation – appelé aussi sacrement dupardon ou confession. Ce sacrement, peut-être que certainsjeunes équipiers le pratiquent rarement. Ilpeut en aller de même pour des équipiersplus chevronnés. Ce sacrement est difficile.Il faut reconnaître la part obscure de notrevie, celle que l’on aimerait cacher. Il fautaussi beaucoup de foi pour se confesser àson curé, pour parler de ses errements auprêtre. L’air du temps nous pousse à nouspasser de la confession ou à la pratiquer aminima.Et pourtant, lorsque nous acceptons defaire régulièrement cette démarche, nousen sommes récompensés. Nous faisonsl’expérience de l’amour du Seigneur pour

nous. Amour qui se manifeste par son par-don et par le don de sa lumière, de sa force,de son amour pour avancer sur les cheminsde la vie chrétienne. Ce sacrement est unsacrement de guérison et de progrès spiri-tuel. La fidélité à ce sacrement, à l’Eucha-ristie, à l’oraison nous fait progresser aubout d’un certain temps. Le dialogue avecle prêtre nous permet de dire les choses, dene pas nous faire la chanson et de nous lachanter. Autrement dit, de faire une opéra-tion vérité pour voir ce qui est important etce qui ne l’est pas, les points sur lesquels ilfaut faire effort. Laissés seuls, nous serionstrop indulgents ou trop sévères enversnous-mêmes. Nous ne serions pas dans lavérité.Un des actes les plus importants, c’est denous préparer à ce sacrement. On peut lefaire en méditant, en contemplant le Christdans l’un ou l’autre épisode de sa Passionet de sa Résurrection (Mt 26-28 ; Mc 14-16 ; Lc22-24 ; Jn 18-21) où nous est manifesté avecéclat que Dieu a tellement aimé le monde −le monde des hommes − qu’il a donné son

Lorsque nous acceptons de faire régulièrement cette démarche, nous en sommes récom-pensés. Nous faisons l’expérience de l’amour du Seigneur pour nous.

4

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 5: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

5

Fils unique (Jn 3, 16). La méditation, lacontemplation fréquente de la Passion et dela Résurrection du Seigneur a amené deschrétiens à des conversions radicales  :après avoir réalisé combien Dieu les aimait,leur vie n’a pas pu être la même. On peutaussi s’inspirer d’autres épisodes des Évan-giles. Également, une relecture de notre vie,des événements récents est nécessaire  :nous repérons tout ce qu’il y a eu de bon.Lorsque nous commencerons notre confes-sion, nous dirons ce qu’il y a eu de beaudans notre vie et nous en remercierons leSeigneur.A cette lumière de l’amour du Seigneur ap-paraîtront notre péché et notre infidélité.Nous lui demandons la lumière pour fairecette opération-vérité. Nous laissons decôté orgueil, amour-propre, faux semblantpour être en vérité. Bien souvent, ce quinous gêne dans la confession, c’est que lespéchés que nous commettons atteignent

notre image de marque. Il s’agit donc deconfesser en vérité au prêtre, représentantle Christ, les péchés qui sont les nôtres. Unpeu comme lorsque nous nous laissonsausculter par le médecin. Le sacrementpeut être aussi l’occasion d’éclairer desquestions où nous ne voyons pas clair dansun dialogue avec le prêtre. La lumière deDieu est accordée, la conscience affinée etla conduite ajustée. Mon premier curé bichonnait sa voiture…d’occasion. Aussi comparait-il ce sacre-ment à… une révision. Nous laissons notrevéhicule. Le garagiste l’inspecte, change,renouvelle, améliore ce qu’il faut. Et noussommes bien contents, lorsque nous repre-nons la voiture, d’entendre ronronner sonmoteur sans que s’y mêlent des bruitsétranges et inquiétants, d’expérimenter uneconduite plus souple ou plus nerveuse…selon nos goûts. Certes, la comparaison estun peu grossière. Mais peut-être parlera-t-

elle aux amateurs de voitures…et sielle les aide à mieux vivre ce sacre-ment, on ne pourra que s’en réjouir.Dans ses Exercices spirituels, saintIgnace invite le retraitant à contem-pler des épisodes de la vie de Jésuset à réaliser ce que le Seigneur afait pour lui et l’amour qu’il lui porte.Puis il pose une question : Mainte-nant que tu as réalisé ce que le Sei-gneur a fait pour toi, toi, que vas-tufaire pour Lui ? Cette question, nouspouvons nous la poser à l’issue dela confession. Y répondre concrète-ment, c’est marcher plus résolu-ment sur les chemins d’une vie plusfidèle au Christ, plus engagée, plusÉquipe Notre-Dame… Bonne confes-sion à tous !

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Rassemblement internationaldes Équipes Notre-Dame

à Lourdes.

Page 6: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Vie

de

co

up

leCouple et famille

Marie et Benoît Propos recueillis par Séverine JAHANÉquipe Lettre

Qu’est-ce qui vous a amené à réflé-chir sur le sujet de la sexualité  ?Pourquoi est-ce important pour

votre couple ?

Fiancés, nous avons fait le choix de nouspréserver pour nous offrir l’un à l’autre plei-nement dans le sacrement du mariage.Choix à contre-courant dans une vie étu-diante qui prône davantage le plaisir immé-diat mais qui nous a permis de nousconstruire dans le dialogue dès le début denotre histoire à deux.Lors de notre préparation au mariage, nousavons beaucoup réfléchi, avec le prêtre quinous accompagnait, sur le sens de notreéchange des consentements : « Je te reçoiscomme époux/se et je me donne à toi », ladualité du don. Cette phrase résonne en-core en nous dans toute notre vie de cou-ple. Mais, au-delà des mots, la réalitéd’époux a été différente !

Alors que le don des époux dans le don descorps devrait être quelque chose d’inné, desimple et de naturel (c’est du moins ce quenous font croire la presse grand public, lecinéma ou la télévision), nous nous sommesrendus compte que ce n’était pas aussi sim-ple que cela.Arrivant chacun avec nos différences, nousavons appris, chaque jour, à nous apprivoi-ser, à respecter nos rythmes, à construirenotre communion charnelle, à être ouvertsà la vie tout en ayant une fécondité respon-sable, à faire confiance et à maîtriser la mé-thode naturelle que nous pratiquions. Lasexualité est un sujet si important dans uncouple et pourtant si tabou… Avec l’envie d’aller plus loin, nous avonschoisi de suivre une retraite de cinq jours,au sein de la communauté des Béatitudes,animée par Yves Semen, sur le thème  :« Une spiritualité conjugale à la lumière dela théologie du corps de Jean-Paul II ».

Est-il possible de conjuger foi et sexualité ?

Marie et Benoît sont mariés depuis sept ans, jeunes parents et membres des ÉquipesNotre-Dame depuis six ans.Sans être spécialistes, ils ont accepté de témoigner sur un sujet particulièrement intime :la sexualité dans le couple. Sujet trop souvent évité alors qu’il peut être source de crois-sance spirituelle.

6

Image de la sculpture en boiset terre de Françoise Delorenzi

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 7: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

En quoi cette retraite a été importante pourvous ?

Cette retraite a été une révélation, unegrâce pour nous !Pendant cinq jours, Yves Semen, ce père defamille, philosophe et anthropologue, auteurde La sexualité selon Jean-Paul II et La spi-ritualité conjugale selon Jean-Paul II (ou-vrages dans lesquels il rend accessibles lescent trente audiences du Saint-Père, de1979 à 1985), nous a ouvert à la nouveautéde la pensée de Jean-Paul II.Nous arrivions avec l’idée de repartir avecun package de «  permis/défendu  », noussommes allés bien au-delà, nous avonsdonné un sens à la sexualité. Nous sommesrepartis de la Genèse pour découvrir le pro-jet de Dieu pour l’homme. Nous avons dé-couvert, à partir des Écritures, la place ducorps dans le christianisme et la vocationdu couple à être saint aussi, dans sa sexua-lité.Oui, cet enseignement a été pour nous unerévélation : révélation de la beauté du dondes époux dans la communion charnelle,révélation que cette communion est «  lesigne que la création est achevée et quel’image de Dieu est totalement inscrite dansla matière », révélation que notre vie spiri-tuelle conditionne notre vie charnelle et quel’ancrage de la prière quotidienne en couplecoïncide avec une plus grande harmoniedans notre sexualité.Nous avons (re)découvert que la sexualitéest un domaine touché par le péché originelet qu’il est donc normal que nous éprou-vions des difficultés dans ce domaine. Ouf, nous ne sommes pas des extra-terres-tres !

Le mouvement des Équipes Notre-Dame a-t-il été un soutien ?

Depuis notre mariage, grâce à notre appar-tenance au mouvement des Équipes Notre-Dame et aux points concrets d’effort qu’ilnous propose de vivre, nous avons l’impres-sion d’avoir progressé et grandi dans notrevie spirituelle et en couple. En effet, aux Équipes Notre-Dame, nousavons découvert un cadre. La prière conju-gale, tout comme le devoir de s’asseoir, ontété pour nous, des instruments clés pourune sexualité épanouie. Quelle grâce de se mettre sous le regard deDieu pour unifier notre vie et vivre le don ré-ciproque de notre sacrement de mariagedans la communion charnelle !Notre vie de prière nous a permis de trouverune plus grande communion avec Dieumais aussi entre nous ; l’une ne va pas sansl’autre. Même s’il ne faut pas surestimer la viesexuelle, trop de couples souffrent d’unevie charnelle non totalement épanouie, cequi peut devenir pesant. Communiquer encouple sur ce sujet nous paraît essentiel.C’est exigeant mais tellement beau et libé-rant !

7Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Session du 18 au 19 juin 20011Bonne nouvelle pour notre sexualité. au Centre Spirituel de Chaillé-les-marais, animée par père Robert Neau(médecin et psychothérapeute) et An-nick Nony (gynécologue, sexologue etconseillère conjugale).Pour plus de renseignements, merci deconsulter notre site Internet : www.equipes-notre-dame.fr

Page 8: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Couple et famille

Nadine GRANDJEANConseillère conjugale et familliale au Cabinet Raphaël

J ’ai eu l’occasion, dansle sujet précédent,d’ébaucher quelques

réponses à propos du dis-cernement et de la vie spiri-tuelle. Je parlerai plus danscet article, à partir de monexpérience de conseillèreconjugale et de mon expé-rience de femme mariée(depuis 46 ans), des moda-lités de discernement ausein du couple.

Je reprends ce qu’exprimesi bien le père François Va-rillon  : «  La décision d’unhomme est au confluent dedeux lumières : une lumièrequi descend de l’Évangile etde l’Église, et une lumièrequi monte de la situationcorrectement analysée ; auconfluent de ces deux lu-

mières, vous prenez votredécision… ».

Pour parler de discerne-ment - et non d’une simple

analyse de la situation - ilfaut avoir une vie spirituellevivante. La lumière dontparle le père Varillon est del’ordre de l’intériorité, ellejaillit d’une véritable relationavec Dieu, avec l’EspritSaint ; et donc de la prière ;c’est une lumière qui révèlemes dispositions inté-rieures, mes désirs, mestentations, mes blessures…Cette maturité spirituelle

s’acquiert par la pratiqued’une prière quotidienne,nourrie par la lecture médi-tée de l’Écriture ; c’est uneécole, où on apprend àécouter Dieu ; c’est un ap-prentissage, et il n’est ja-mais trop tard pour s’ymettre ! Vous pouvez déci-der, en ce début d’année,de prendre un moment deprière quotidien, d’écoutede ce que vous inspire lalecture d’un psaume, d’untexte de l’Évangile, de cequ’il a à vous dire au-jourd’hui  ; votre vie spiri-tuelle en sera renforcée, etla qualité de vos discerne-ments améliorée !

Entre ensuite en ligne decompte, pour un discerne-ment, la réalité de vie du

Avoir une vie spirituelle vivante pour discerner au sein du couple

Le discernement, c’est l’art de comprendre quel esprit me fait vivre, ou me fait prendretelle direction, telle décision ; c’est vital, surtout quand le choix à faire est lourd d’enjeux.

8

apprendre à écouterDieu pour discerner

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 9: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

couple ; avec son cadre, son histoire, sonlieu de vie, ses caractéristiques, l’environ-nement, etc. C’est à travers ces réalités queDieu « parle » à chacun, et Il ne le fait jamaisen dehors de ces réalités ! « Je me sens ap-pelé à me retirer dans un monastère…» nesera jamais un appel recevable pour unpère de famille actif !

Dans cette réalité que vit le couple, il y aparfois un choix à faire ; ce choix peut fairedébat : la solution n’est pas tou-jours simple ; dans ce proces-sus, les difficultés sontnombreuses ; ce que dit ou af-firme chacun est mêlé de res-sentis ou d’émotions (le côtésubjectif), et d’analyses plus ou moins par-tielles (ou partiales) de la réalité (le côté ob-jectif)  ; le conjoint, par définition le plusproche, est parfois si proche que son res-senti, ses besoins, sa demande sont : soitignorés, soit reçus (quand ça ne va pasdans le sens espéré) par l’autre comme desreproches, des freins, ou des incompréhen-sions ! et c’est le blocage.J’aime m’appuyer sur cette phrase de saintJean : Quand on est dans l’amour, on est en

Dieu (1 Jean 4, 16). Il nous est parfois plus fa-cile de rêver d’imiter des modèles (d’ailleursexcellents) de ceux qui ont donné leur vie àDieu, plutôt que de respecter son conjoint,là où il(elle) en est, dans ce qu’il(elle) vit…en d’autres termes, la voie de Dieu, la pré-sence de Dieu agissante dans le couple, ré-side dans leur mise en accord (en« ac-cœur »).Que deux ou trois, en effet, soient réunis enmon Nom, je suis là au milieu d’eux (Mat 18,

20) ; il y a dans la vie de couplebeaucoup de «  morts  » à soimême, pour que la «  préfé-rence » aille à l’autre ; l’EspritSaint nous est donné pour nousaider dans ce travail réci-

proque, qui ouvre la porte à une circulationde l’amour.S’accorder avec l’autre, c’est le fruit d’unbon discernement ; n’oublions pas que le« malin » est aussi appelé le « diviseur »,c’est lui qui opère au-milieu de nos désac-cords.Le fruit d’un discernement dans l’EspritSaint, c’est aussi la paix dans la relationconjugale, et la confiance qui auragrandi.

9

discerner dansla réalité de lavie de couple

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 10: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Couple et famille

Blandine MONCORGÉConseillère conjugale et familliale du ClerAmour et Famille

N ous rêvons de relations har-monieuses, sans heurts

Mais en réalité, la vie de tous les jours nousrenvoie à nos faiblesses, nos fragilités : uneparole blessante, un manque de reconnais-sance, une attitude méprisante, une jalou-sie, une trahison : « Tu es nul ! », « Tu nem’écoutes jamais », « On dirait ta mère ! »,« Je ne t’aime plus »…, autant de petitesphrases assassines qui font mal au cœur etmal au couple. Ce n’est pastoujours facile de vivre ensem-ble car l’amour nous rend vul-nérables. Nous sommes plusprofondément blessés parnotre conjoint, que par la re-marque d’une voisine  ! Car nos attentessont beaucoup plus fortes. Et l’autre, parcequ’il n’est pas « tout-puissant », nous dé-çoit : il n’est pas tel que nous le voulions, oule rêvions ; il n’a pas comblé nos attentes,et nous lui en voulons. Petit à petit, les dé-ceptions, les frustrations, les ruminations

laissent place au ressentiment, à l’amer-tume, comme un sac que l’on remplirait decailloux sur le chemin de montagne. A la fin,le sac devient trop lourd, et ça explose. Co-lère, accusation ou position de repli dans lesilence et la bouderie.

N’y aurait-il pas une autre voie quipermettrait à chacun d’êtreécouté, reconnu ? Il est nécessaire alors de s’armer de pa-

tience et de courage, car le par-don ne va pas de soi. En couple,le premier pas vers le pardonest de reconnaître que l’on aété blessé. Ce n’est pas tou-jours évident de le reconnaître

puisque nous apparaissons fragiles, alorsque nous aimerions tellement être forts,inatteignables. Accepter notre colère, notrerévolte parfois, exprimer nos émotions, enutilisant le JE (« je me suis senti nié », « jesuis déçu  »…) et non le TU qui tue etagresse. Se dire ce que l’on ressent re-

Vers le pardon en couple

Pardonner, non pas jusqu’à sept fois mais jusqu’à soixante-dix-sept fois, dit Jésus à Pierre(Mt 18, 22). Vaste programme pour nous aussi dans notre vie de famille et de couple au-jourd’hui !

10Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

le pardon ne va pas

de soi

Page 11: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

quiert une bonne dose d’humilité : humilitéde l’offensé pour se « mettre à nu » et dé-voiler ses sentiments, et humilité de l’offen-seur pour accueillir l’autre avec sablessure et reconnaître le mal fait. Cela nese fait pas entre deux portes  : il faut dutemps pour écouter l’autre s’exprimer, sansl’interrompre, sans vouloir non plus se jus-tifier ou penser que l’on avait raison. Un pasde plus est fait quand celui qui a fait malprésente des excuses sincères à sonconjoint.

Le pardon est en route, et il de-mande du temps. On ne peut pas mettre sur lemême plan une assiette casséedu service de la grand-mèreavec une blessure telle que l’in-fidélité. Pardonner, c’est vrai-ment une décision, une conversion du cœuret non un sentiment. Voulons-nous vraimentpardonner  ? Voulons-nous puiser dansnotre engagement premier, dans notre sa-crement de mariage, la force nécessairepour avancer ? Il ne suffit pas de pardonneravec sa tête, mais aussi avec son cœur. Lepardon n’est pas un acte ponctuel, un coupd’éponge « on efface et on repart ». C’est unvéritable processus, un chemin qui mûrit etqui demande du temps  : une cicatrice,même refermée, peut encore faire mal.

Le pardon est à double sens. Donner un pardon, mais aussi, pour l’offen-seur, le recevoir. C’est un véritable acte

d’amour qui restaure la confiance perdue,c’est aller au-delà du don, par-don. Pardon-ner, c’est prendre soin de son couple. Aconsommer sans modération !

Après le pardon… se réconcilier,repartir ensemble : que ce soit au sein du couple, avec ses en-fants et aussi avec ses parents ou beaux-parents. Je pense aux blessures vécuesdans l’enfance, chez l’un ou l’autre desconjoints, et qui rejaillissent plus ou moinsgravement sur la vie conjugale : un manquede confiance en soi chez un homme que sesparents avaient dévalorisé enfant, un secret

de famille longtemps gardé etqui a fait des dégâts… Pardon-ner à ses parents sans forcé-ment attendre une demande depardon de leur part. Laisser

tomber les ressentiments.

Remettre entre les mains du Christ ces par-dons parfois trop difficiles pour retrouver lapaix.

11Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Pour aller plus loin1))Jean Mombourquette, Commentpardonner, Bayard Culture 2001.2) Gary Chapman, Les langages de laréconciliation, Farel Éditions 2008.

un acted’amour

Page 12: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Couple et société

Élisabeth DARLESMembre de l’Équipe Responsable France-Luxembourg-Suisse

«Je t’ai quitté sur le stade de Monistrol,quelques mots dans le camion de pom-piers, une caresse, un sourire, un ser-

rement de mains, un baiser furtif et tu esparti dans les airs en me disant «  ça vaaller ».Je rends grâce à Dieu pour ces presque 37ans de mariage célébré ici même le 29 juin1974. Devant Dieu nous scellions notreamour, et lui demandions d’être à nos côtéschaque jour.Tu aimais me répéter « un chrétien seul esten danger  »  ; alors l’entrée aux ÉquipesNotre-Dame fut une révélation.« Conscients de nos faiblesses, confiantsdans la grâce du sacrement de mariage,

croyants en l’efficacité de l’entraide frater-nelle et en la promesse du Christ : Quanddeux ou trois sont réunis en mon nom, jesuis au milieu d’eux. Tu m’as entrainée dansune folle aventure, aventure « qui nous abouleversés » aux dires de nos enfants. Tavie fut prière, service, joie, amour.Et je ne peux que rendre grâce aujourd’huipour ta persévérance, ton aide à m’entrai-ner sur les pas du Christ. Femme aimée, j’aiété comblée par ta tendresse, ta délica-tesse, ton amour tout simplement : il n’étaitpas rare de te voir arriver avec un bouquetde fleurs, « une bricole ». Je rends grâcepour ta joie, ton humeur égale, ton enthou-siasme, ta chaleur communicative, ton ac-

le couple :une aventure pourl’éternité

12

La mort de nos proches nous laisse interdits et douloureusement blessés. Deuxéquipiers au service du mouvement nous ont quittés, il y a peu : Thierry Mortreux,responsable de la région Vallée-du-Rhône et René Darles, responsable de la pro-vince Sud-Est. L’un comme l’autre ont su avec leurs épouses apporter aux équi-piers l’élan et le souffle nécessaires pour les aider à faire grandir et rayonnerleur couple dans la foi. René nous a quittés le 12 janvier dernier. Homme de foi et deconviction, il était habité par Dieu ; « il aura su être pour nous un témoignage vivant del’accueil du Père qui nous ouvre ses bras avec amour tout en nous poussant à nous dé-passer et à aimer toujours davantage. »Lors de la Messe d’enterrement, Élisabeth a rendu grâce à Dieu. Merci Élisabeth de par-tager avec les équipiers ce qui était au cœur de votre vie de couple et la transcendait.

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 13: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

cueil, ton sens de l'autre,ton écoute, ton humour. Etpour avoir su me secouer,me faire partager cette es-pérance qui te caractérisaitainsi que ta confiance iné-branlable en DIEU le Père.Dans de nombreuses cir-constances, je baissais lesbras, toi tu me disais  :« Femme de peu de foi »  net’inquiète pas,  un jour estcomme mille ans et milleans sont comme un jour (2 P3, 8). Après ça je repartaispleine d’enthousiasme.Quoiqu’il en soit nous nepouvions qu’être battants àton contact : ta lutte contrela maladie l’a démontrée ;ce fut un témoignage decourage, de simplicité etd’humilité. Il est certain quetu as eu des colères froides,des ressentiments que tucultivais. Mais le soir dansnotre prière conjugale, tudemandais au Seigneur det’aider à pardonner et le faitde confier ta journée au Sei-gneur dès le matin te per-mettait de la vivre plussereinement et dans la joie.Je rends grâce à Dieu pournos trois enfants, fruits denotre amour  : François,Paul, Catherine et pour nosvaleurs ajoutées  : Géral-dine, Lydia et Guillaume. Tuas su respecter leur diffé-rence, tu leur as donné ce

que tu pensais être le meil-leur. Il y a eu parfois desclashs mais ils savaient quela maison était ouverte ettes bras, nos bras, prêts àles accueillir. Écoute, sagesse, discerne-ment et amour étaient pré-sents dans tes échangesavec eux, aujourd’hui conti-nue de les soutenir dansleur quotidien, aide les àdiscerner, à progresserdans la foi, à vivre une bellevie qu’ils puissent clamerhaut et fort comme toi  « elleest pas belle la vie ! »Et que dire de tes petits fils :Étienne, Gabriel et bientôtGaspard. Pépé gâteux, af-fectueux mais néanmoins

intransigeant sur les règlespratiquées à La Reclusière,chez nous.

Nous avons partagé deuxsessions vacances ÉquipesNotre-Dame avec Étienne,une complicité s’était éta-blie entre Pépé et Étienne…Je vais essayer de conti-nuer de tisser ce lien aveceux.Aujourd’hui, je rends grâcepour ton attitude de fils, defrère, de beau-frère, deparrain, d’oncle, bref jerends grâce pour tout ceque tu as été. Merci Renémon amour, pour toi, pourta foi, pour cette vie passéeensemble. »

13Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 14: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Équ

ipe

s e

t é

qu

ipie

rsPoints concrets d’effort

Le point essentiel de la règle de vie

Père E. de V. Conseiller spirituel (1957)

14

Que mettre dans votre règle de vie ?Voici une suggestion. Plus exacte-ment une orientation où exercer

votre esprit de découverte.Depuis votre enfance, vous mettez en pra-tique les commandements de Dieu, depuisvotre entrée aux Équipes, vous vous êtesimposé de nouvelles obligations qui sont,somme toute, assez exigeantes et vous vousefforcez de les tenir. Vous êtes d’honnêtesgens ! Ne pensez pas que j’ironise…Il est très beau d’être un honnête homme ouune honnête femme ; Jésus rencontra unjour un garçon qui agissait de la sorte etsaint Marc nous dit qu’ayant fixé son regardsur lui, Il l’aima. (Mc 10, 21).L’ennui est que lorsque vous en arrivez à lalecture d’un certain chapitre 15 de saint Lucqui nous rapporte les paraboles de la misé-ricorde (L’enfant prodigue, La brebis égarée,La drachme perdue), vous ne vous sentezguère atteints par elles quoique vous verse-riez volontiers à leur sujet une larme d’at-tendrissement. Force vous est bien deconstater que vous ne vivez pas au milieu

des courtisanes et que vous ne prenez pasvotre nourriture avec les pourceaux. La sa-gesse la plus élémentaire – totalement ap-prouvée par l’Église – vous dit par ailleursque vous n’avez pas à vous mettre dans unesituation semblable pour vous payer le luxeaprès coup de jouer à l’enfant prodigue.Vous êtes bien obligés aussi de constaterque vous êtes parmi les quatre-vingt-dix-neuf brebis fidèles après lesquelles le ber-ger n’a pas à courir et que vous faites partiedes neuf drachmes qui sont dans le tiroir dela ménagère.Pourtant ces paraboles vous concernent,nous concernent tous et nous ne pouvonsmener notre vie chrétienne comme si ellesne nous avaient pas été présentées en mo-dèles par le Christ. Tenons-nous en au-jourd’hui aux deux dernières.Pourquoi ne verrions-nous pas dans les bre-bis et dans les drachmes des images de nosactivités, de nos amours et de nos affec-tions, des minutes que nous égrenons lelong des jours, de nos défauts aussi ? Toutcela forme un troupeau, un troupeau très

Le point essentiel de la règle de vie : la brebis égarée et la drachme perdue.

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Troupeaux de brebisdans les Pyrénées

Page 15: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

nombreux […] Vous en avez remis la plusgrande part à Dieu. Vous voulez que votrevie professionnelle soit une coopération àson œuvre, que l’amour que vous portez àvotre mari ou votre femme, à vos enfants,soit orienté vers Lui […] Vous pensez bienfaire et effectivement vous faites bien.Mais n’y a-t-il pas dans votre vie une cen-tième brebis égarée, une dixième drachmeperdue  ? Un manque d’ouverture sur telpoint, un refus de générosité sur tel autre ?Telle personne n’est-elle pas exclue prati-quement de votre amitié ? Vous répondrez :« C’est si peu de chose... » Oui, certaine-ment, c’est très peu de chose, de mêmequ’une brebis égarée dans un troupeau decent brebis est une perte minime. Cela a trèspeu de valeur comme une pauvre petitedrachme [...]Et pourtant aux yeux du Seigneur, cette partinfime et sans valeur, – cette centième bre-bis, cette dixième drachme –, est tout. C’estpour la récupérer qu’à l’exemple du bergerdélaissant son troupeau, Il bat la campagne,qu’à la façon d’une maîtresse de maison Ilabandonne son porte-monnaie dans un coinet met la maison sens dessus-dessous.Le Seigneur est un Dieu jaloux. Il nous aime

trop pour ne pas nous vouloir tout entierpour Lui… Il n’accepte pas qu’il y ait ennous une part réservée qui lui soit sous-traité. Il ne demande pas que l’on donne desoi mais que l’on se donne soi. Entre cesdeux types de dons, il ya des espaces inter-stellaires…Cette centième brebis, cette dixièmedrachme, cette partie de nous-mêmes quenous refusons, nous y tenons comme à laprunelle de nos yeux. Si nous prétextons(avec mauvaise conscience) de sa peti-tesse, de son manque de valeur, c’est pouren faire le refuge de notre indépendance etde notre amour-propre, la chasse gardée oùle Seigneur ne pénètre pas. Votre règle devie personnelle, ne devrait-elle pas avoirpour premier objectif de retrouver cette bre-bis égarée et cette drachme perdue ?Saint Jean de la Croix écrit : « Qu’importeque l’oiseau soit retenu par un fil léger ouune corde ? Le fil qui le retient a beau êtreléger, l’oiseau y reste attaché comme à lacorde, et tant qu’il ne l’aura pas rompu il nepourra voler. »Il est par conséquent capital de faire de sarègle de vie l’instrument efficace pour par-venir à ce but.

Pour un DSA…1) Comment devant les épreuves inévita-bles de la vie, de la nôtre et de celle desautres, savons-nous témoigner de notreespérance ?2) Dans nos engagements, y en a-t-il suffi-samment qui sont orientés vers le servicedes autres ?

15Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 16: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Témoignage

Équipe Quimper 5

L es 5 et 6 décembre2009, cap sur l’Abbayede Timadeuc dans le

Morbihan. Nous nous re-trouvons ensemble, enéquipe, pour faire halte,pour faire silence, pourécouter ce que le Seigneurveut dire à chacun de nous,à nos couples et à notreéquipe.Depuis de nombreuses an-nées, c’est le temps fort del’équipe. En effet, nosrythmes de vie différentsfont que nous ne nousvoyons pratiquement pas endehors des réunions men-suelles. Ce week-end n’em-pêche pas de prévoir, encouple, un temps de retraiteplus long.Nous choisissons toujoursun cadre porteur de paix et

de sérénité : Abbaye de Lan-dévennec (29), l’île Blancheen Locquirec (29), Ti MammDoué (56)… Lorsque celaest possible, nous arrivons

le vendredi soir, ceci nouspermet d’être plus disponi-bles à l’appel du Seigneur lelendemain matin.Lorsque le père Abbé de Ti-madeuc avait proposé le

programme, nous avions eul’impression que c’était unpeu léger : « un seul ensei-gnement par jour ! ».Dès notre arrivée, nousnous sommes coulés dansle rythme de l’abbaye etavons suivi les temps deprière qui jalonnent la jour-née des moines. La mu-sique, les chants, le calmeet la beauté du site facilitentla réceptivité de la Parole.Pas de téléphone, pas derepas à préparer, impossiblede fuir le moment du « plaisirde s’asseoir en couple ».

Le premier entretien du pèreHouix portait sur la lectio di-vina.Son enseignement était tel-lement simple et percutant,tellement à notre portée que

Deux jours en équipe

Deux jours loin de nos préoccupations, deux jours entierspour le Seigneur… Mais, deux jours passés en équipe.

16

Comment transformer l’obligation

d’oraison et deprière en une

démarche d’amourvers le Père ?

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 17: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

nous avions envie de fairenôtres ses paroles et pourcela il nous fallait prendredu temps : prendre du tempsseul, en couple et en équipe. Il ne faisait pas beau, maisnous avons pu, en équipe,faire une marche le long ducanal de Nantes à Brest,mettre en commun ce quinous avait marqué dans cepremier enseignement, sedire combien il est importantde s’approprier la Parole deDieu, la laisser pénétrer ennous pour discerner ce quele Seigneur attend de nous.Comment transformer l’obli-gation de l’oraison et de laprière en une démarched’amour vers un Père quinous aime tellement qu’ilnous a donné sa Parole. En-

tretenir cette relation sinous voulons porter du fruit,si nous voulons être témoinde son Amour.Sans aucun doute, nousavions déjà entendu ces pa-roles. Mais, ce jour là, ellesprenaient un autre relief carnous étions à l’écoute. Enmettant en commun ce quechacun avait trouvé fort,nous nous enrichissions mu-tuellement. Remarque  : nous sommesdans une société deconsommation et nousavons le désir de résultatsimmédiats. Nous cherchonsde l’information et lesmoyens modernes de com-munication (radio, télé, In-ternet) nous en donnent enabondance. Nous faisons dela lecture rapide, nous prati-quons le « zapping ». Nousavons du mal à prendre dutemps. Et nous avons enpermanence le risque d’in-sister sur l’activité intellec-tuelle au détriment du côtéaffectif et intuitif (cœur) : re-cevoir la Parole à l’exemplede Marie… Quant à Marie,elle gardait avec soin toutesces paroles et les méditaitdans son cœur (Lc 2, 19). Elleles ruminait. « Quand tu lis,Dieu te parle ».

Le deuxième enseignementfut consacré à Marie. Marie, épouse  ; Marie,mère ; Marie, femme de sontemps ; Marie qui a vécu dessituations proches des nô-tres. Comment ne pas compren-dre Marie sur les cheminsde l’exil avec son petit nou-veau-né ; Marie épouse dis-crète du charpentier deNazareth, élevant son gar-çon comme les jeunes deson village  ; Marie partici-pant à la joie de ce jeunecouple à Cana  ; Marie de-vant la souffrance de sonfils ?Mais aussi Marie, femme aucœur pur, c'est-à-dire aucœur non encombré, aucœur ne battant que pourson Dieu. Marie aime d’unamour gratuit qui n’attendpas de retour. En disant OUI,Marie a reçu l’Esprit-Saint,l’Esprit d’Amour, elle estcomblée de l’Esprit. CommeMarie osons dire « Fiat ».

Finalement ce week-endrestera dans nos mémoirescomme le plus apaisant,riche d’enseignements et departages en couples et enéquipe. Et le programmeainsi enrichi ne fut pas si« léger » que cela.

17Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 18: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Michel BECQÉquipe Le Mans 11

L ors d’une réunion au Mans, Jean-Guyet Bénédicte SORIN, responsablesdela province Nord-Oues des Équipes

Notre-Dame, t étaient venus passer la soi-rée à la maison en novembre 2006.Ayant perdu mon épouse Annick en mai2002, ils m’ont demandé dernièrement de li-vrer mon témoignage sur le thème : « Vivrede son sacrement de mariage dans le veu-vage ». Je le fais volontiers, sachant que cetémoignage est très personnel. Je suis tou-jours aux Équipes au Mans.

Ayant participé en 1975 et 1982 aux pèleri-nages à Rome, nous avons la joie de nousretrouver en équipe depuis cette date, tousles ans. Ce mouvement nous a aidés à nouspassionner de plus en plus pour Dieu et àLe faire entrer de façon très concrète dansnotre vie de couple et de famille.

Dès notre mariage, nous avions conscience

de notre place dans la vie de l’Église, nouspartagions les mêmes idées ; ceci nous apermis de nous remettre en question etd’avancer avec nos cinq enfants.

Les échanges en équipe nous ont souventdonné l’appui nécessaire pour surmonterles difficultés familiales ou profession-nelles. Les points concrets d’effort ont pi-loté notre vie et nous semblent nécessaires.

Vivre son sacrementde mariage dans le veuvage

18

Mariés en 1953, nous avons voulu en 1956 entrer aux Équipes Notre-Dame afinde vivre toutes les richesses du sacrement de mariage pour mieux répondre auxappels du Seigneur, et de progresser chaque jour davantage dans l’amour enfaisant appel à l’entraide.

Témoignage

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Pape Paul VIreçoit les équi-piers Notre-Dame à Romeen 1976

Page 19: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

J’essaie toujours d’y rester fidèle.

Les nombreux rassemblements et re-traites auxquels nous aimions parti-ciper, nous ont toujours permis derendre grâce et de prendreconscience de notre mission. Dieunous a choisis pour vivre ensembleet partager les dons reçus. Nos mul-tiples engagements furent essentielsà notre vie de couple.

Annick est toujours à mes côtés, elleme protège, elle m’aide et me sou-tient dans la solitude. En tant qu’hos-pitalier, je vais tous les ans àLourdes. Mon épouse se faisait unejoie en 2002 de m’accompagner.Hélas, le Seigneur en a décidé autre-ment. Servir les personnes malades, c’estêtre à leur écoute, c’est être plein d’atten-tions, de sollicitude à leur égard, c’est sur-tout aimer.

C’est ainsi que je continuede vivre mon sacrement demariage. Je ne cesse de

remercier la divine Providence de nousavoir mis pendant cinquante ans fidèlementsur la même route et aujourd’hui de resteren la présence mystérieuse de mon épouse.« Ceux que nous aimons ne nous quittent ja-mais » comme le dit si bien le père AndréSève.

« Tu ne parles plus, mais tu es vivante,tu ne bouges plus, mais tu es vivante,

tu ne souris plus, mais en arrière de tes yeuxtu me regardes.

Toute ma foi, je la rassemble,elle est maintenant mon seul lien avec

toi ».

19Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Logo du ras-semblementinternational àRome en 1982

Les équipiers Notre-Dame sur laplace de saint Pierreà Rome en 1976

Page 20: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Témoignage

Équipe Mouvaux 1

Entrés aux Équipes alors que nos en-fants n’étaient encore qu’adoles-cents, nos vies professionnelles

battaient alors leur plein ! Nous étions dy-namiques et pleins de projets !Sans presque nous en rendre compte, nousnous sommes retrouvés au temps de la re-traite, mobilisés par des voyages, préoccu-pés par le handicap ou la maladied’équipiers, puis très bouleversés par ledécès prématuré de l’un d’entre nous.Nous avons pris conscience alors de la réa-lité de nos âges, et de nos limites. Quelqueséquipiers ont décidé de s’arrêter là. Nous nous sommes donc réunis pour unedernière réunion, à la fois « réunion-bilan »,un bilan de vingt-cinq ans d’équipe, et réu-nion amicale en fêtant les cinquante ans demariage d’un couple de l’équipe.

Une dernière réunion bilan.

A partir d’un texte très apprécié et extrait denotre thème d’année1, nous avons échangésur « le rôle de l’espérance », échange qui

nous a mis sur un chemin de paix. Chacuns’est exprimé, en vérité, sur ce qu’a été soncheminement dans notre équipe.Réalisant nos manques et nos faiblesses,nous nous sommes demandés pardon ettous ensemble nous avons demandé pardonà Dieu.

Nous avons évoqué lesouvenir de Jacques,notre ancien compagnonqui aimait nous rameneravec exigence et délica-tesse aux principes de laCharte. Il était très attentifà l’équipe et respectueuxde la progression de cha-cun.

Nous avons rendu grâce : pour ces vingt-cinqannées d’équipe, au coursdesquelles les ÉquipesNotre-Dame ont été la« colonne vertébrale » ou

Un quart de siècle aux Équipes Notre-Dame

20Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

1. Jacques Philippe, La liberté intérieure : la force de la foi, de l’espérance et de l’amour, Éditions des Béatitudes, 2004.

Page 21: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

« le rocher » de la vie de cer-tains, « les petits cailloux »ou «  les feux clignotants  »qui ont empêché l’installa-tion de la routine, chez d’au-tres.pour les Conseillers Spi-rituels que le mouvement amis sur notre route et qui,avec des personnalités trèsattachantes et différentes,nous ont énormément ap-porté.Tout particulièrement, lessupérieurs des Spiritains deLille puisqu’au départ del’un, son successeur prenaitla suite.pour les retraites enéquipe, pour les réunionsnationales ou internatio-nales du mouvement

(Lourdes, St Jacques deCompostelle, Versailles,Paris et Bruxelles...).pour les réunions bras-sées, au cours desquellesnous avons toujours étéémerveillés par la qualité del’engagement des jeunescouples…pour les échanges au-tour du thème et de la lec-ture de l’Évangile. Nousavons appris à prier, seul, encouple, en équipe, les unspour les autres, avec diffi-culté parfois mais entraînéspar les meilleurs, nousavons pu progresser.

Nous avons tous vécu degrandes difficultés, diffé-rentes, non mesurables, et

tout particulièrement la ma-ladie de Rémi. Ce soir là,certains ont pu dire leur re-gret de ne pas avoir sentisuffisamment d’amitié etd’aide. Nous avons pu aussinous dire merci, pour l’aidereçue par l’un ou l’autre,chacun avec son charisme.Certaines larmes d’amouront coulé durant cette réu-nion.

Et c’est dans la paix quenous avons terminé la réu-nion, et chanté le Magnifi-cat. Nous nous retrouveronspour l’amitié… Premier ren-dez-vous est pris à l’Abbayedu Mont des Cats.

Un grand merci au mouve-ment des Équipes Notre-Dame, à ceux qui l’ontincarné par leurs responsa-bilités pendant ces vingtcinq ans, et qui nous ontaidés à grandir en couple etspirituellement.

MAGNIFICAT… ALLÉLUIA !!!!Et… champagne pour fêterles cinquante ans de ma-riage.

21Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 22: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Oraison

Père Philippe BEITIAConseiller spirituel de l’Équipe Responsable France-Luxembourg-Suisse

L a méthode de saint Al-phonse-Marie de Li-guori.

1e temps.

Saint Alphonse indique que,pour bien prier, le silenceextérieur ne suffit pas : il yfaut joindre le silence inté-rieur qui n’est rien d’autreque la mise de côté despréoccupations ordinaires.La préparation à l’oraisoncomporte trois temps :Un acte de foi en la pré-sence de Dieu. Le souvenirvif de la présence de Dieunous délivre des distrac-tions. Elle fait le fond del’oraison puisque celle-ciest une conversation avec

Dieu et mène à l’adoration ;Un acte d’humilité quiamène à se reconnaître pé-cheur et à se repentir ;Une demande de lu-mière afin que l’oraison soitfructueuse.On ajoute une invoca-tion : un Gloire au Père et auFils et au Saint-Esprit…, unJe vous salue à la Vierge,une prière à saint Joseph, àl’ange gardien, au saint pa-tron, à un saint de notrechoix…

2e temps.

La méditation. Nous pou-vons nous servir d’un textede la Bible ou d’un autrelivre. Nous réfléchissons à

partir de ce texte. Nous re-venons sur ces réflexions,lentement, pour avoir letemps de nous en pénétrer.Nous nous laissons mar-quer intérieurement dans lafoi.

3e temps.

Après donc que vous avez ré-fléchi sur le sujet proposé etdès que vous vous sentezsous l’impression de la grâce– conseille saint Alphonse -,élevez votre cœur vers Dieuet offrez à ce Dieu de bonsactes : actes d’humilité, ou deconfiance, ou de reconnais-sance ; mais par-dessus-tout,multipliez dans l’oraison lesactes de contrition et d’amour.

Méthodes d’Oraison (4)

Nous continuons ici notre série de cinq articles sur les différentes méthodes d’oraison1

commencée dans la Lettre n°188. La méthode de Saint François de Sales vous a été pré-sentée dans la Lettre n°190. Dans ce numéro, nous présentons celle d’Alphonse-Marie deLiguori.

1. Cf. G. Lercaro. Méthodes d’oraison. Ed. X. Mapus. Le Puy-Paris. 19582. La vraie épouse, XV, § 2.

22Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 23: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

4e temps.

La prière de demande. Dansl’oraison – note toujourssaint Alphonse -, il est d’uneutilité souveraine, peut-êtreest-ce même la chose laplus utile, de multiplier lesdemandes, de demander àDieu, avec humilité etconfiance, ses grâces,c’est-à-dire sa lumière, larésignation, la persévé-rance et autres faveurssemblables, mais par-des-sus-tout, le don de son saintamour.

5e temps.

Les résolutions. A la fin del’oraison, nous devons pren-dre une résolution pratiqueet précise qui vise à notreconversion sur un point par-ticulièrement faible et doncà notre sanctification. Nousdevons garder cette résolu-tion durant un certain tempsjusqu’à avoir fait des pro-grès significatifs.

La conclusion.

A la fin de l’oraison, nous re-mercions Dieu pour les lu-mières que nous y avonsreçues. Nous prenons l’en-gagement d’observer les ré-solutions que nous avonsprises. Nous demandons au

Seigneur, par les mérites duChrist et de sa Mère, denous aider à Lui être fidèles.Nous recommandons auSeigneur les défunts, les pé-cheurs, les pasteurs et lesresponsables de l’Église,nos amis, notre conjoint... Iln’est meilleur signe de notreamour pour Jésus-Christque ce zèle pour le bien denos frères.On termine par un NotrePère et un Je vous salue.

Après l’oraison.

Tout comme François deSales, saint Alphonseconseille de recueillir unbouquet spirituel. Rappe-lons ce que disait l’évêquede Genève : Voici ce que jeveux dire. Ceux qui se sontpromenés en un beau jardinn’en sortent pas volontierssans prendre en leur mainquatre ou cinq fleurs pourles odorer et tenir le long dela journée ; ainsi notre espritayant discouru sur quelquemystère par la méditation,nous devons choisir un oudeux ou trois points quenous aurons trouvés plus ànotre goût et plus propres ànotre avancement, pournous en ressouvenir le restede la journée et les odorerspirituellement. Il s’agit aussi de mettre sans

tarder les résolutions priseslors de l’oraison en pratique,dans les grandes et les pe-tites choses.

3. Praxis, IX, 2 ; La vraie épouse, XV, § 2, 6.4. La vraie épouse, XV, § 2, 9.5. La vraie épouse, XV, § 2, 10. 23

Pour aller plus loin :1) Saint Alphonse Mariede Liguori, « Règlementde vie pour un chrétien »,ch. II, § 2 dans Œuvrescomplètes, ed. SaintRémi, Cadillac, 2008.2) « Homo apostolicus »,appendice IV, dans Œu-vres complètes, ed. SaintRémi, Cadillac, 2008.3) « Praxis confessarii »,ch. IX, dans Œuvrescomplètes, ed. SaintRémi, Cadillac, 2008.4) « La vraie épouse deJésus Christ », ch. XV, § 2dans Œuvres complètes,ed. Saint Rémi, Cadillac,2008.

6. La vraie épouse, XV, § 2, 12.7. Ibid. I, IX.

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 24: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Dans les derniers siè-cles du Moyen Âge,sous l’influence des

récits des croisés revenusde Terre Sainte, on se plut àréécrire la Passion du Christen y rajoutant des scènessorties tout droit de l’imagi-nation de leurs auteurs. CesPassions donnèrent nais-sance aux mystères qui fu-rent joués sur les parvis descathédrales. Or ces grandsmoments de théâtre où l’onvoyait en chair et en os lespersonnages de l’Évangileeurent une postérité dansl’histoire de l’art et donnè-rent naissance au début dela Renaissance à des ma-gnifiques mises au tombeaugrandeur nature et qui vin-rent décorer cathédrales etéglises plus modestes. Onvoyait en général Josephd’Arimathie et Nicodème

entourant le corps de Jésusallongé sur le tombeau pen-dant que les trois femmesvenues avec leurs aromatessont accompagnées desaint Jean.Troyes en Champagne ap-partient à ces villes rayon-

nantes par la beauté de seséglises riches de vitraux etde sculptures qui illustrentadmirablement le bel art du16e siècle. Sur cette scène c’est Jean,le disciple que Jésus aimait,qui apparaît presque

comme le personnage cen-tral parce qu’il fait le lienentre Marie à qui il tend lebras et la tête de Jésus qu’ilretient dans sa main droite.Dans une admirable simpli-cité et un grand dépouille-ment, nous voyonsmagnifiquement expriméel’infinie tristesse de la sépa-ration.Avec une savante économiede moyens, simplementquelques traits à peinecreusés dans la pierre pourdire les plis du front qui sefronce devant le chagrin,Jean dévoile ainsi l’indiciblerévolte devant la mort. Aucontraire dans un paradoxeétonnant on remarqueral’extraordinaire paix sereinequi habite le visage deJésus, comme s’il n’avaitpas enduré les sévices infli-gés avant la montée au cal-

Le geste de la compassion

Christine Pellistrandi est professeur au Collège des Bernardins à Paris.

Christine PellistrandiHistorienne de l’art

24

Regards

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 25: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

vaire, comme s’il n’avait pas souffert de lasoif et de la suffocation pendant son sup-plice. La couronne d’épines rappelle letemps de la dérision et, dans le même espritde sobriété qui caractérise cette sculpture,seule une entaille marque le coup de lancesans que la poitrine et le thorax ne soientsoulignés par un décharnement comme onle voit souvent à la fin du Moyen Âge.En tendant son bras vers Marie, Jean apô-tre succède à Jésus : il se fait consolateurassumant ainsi une mission de l’Église.N’est-ce pas la mission de celui qui écouteque de tendre le bras en un geste de com-passion vers celle qui souffre ? La disposi-

tion de son manteau sur sesépaules et du drapé qui retombeen larges plis permet au sculp-teur d’attirer le regard sur le vo-lume que prend ce bras qui vienttoucher l’épaule de Marie. Il sefait le consolateur comme s’ilpartageait avec elle toutes lesparoles de Jésus.La Vierge au profil très pur quene vient briser aucune trace desanglot laisse deviner sa douleurderrière le voile qui cache unepartie de son visage. Elle aussiest Église à travers sa main quirecueille celle de son Fils. Cegeste dit avec force à quel pointMarie est celle qui intercède  :les prières que nous lui confionselle les transmet à Jésus à tra-vers la symbolique de ces mainsunies.

« De son fils naguère si beau, la mère caresse de ses tendres mainsLes membres rigides et livides.

Ses larmes coulent comme une rosée ruisselante le long du corps.

Qui pourrait retenir ses larmes même s’ilavait un cœur de pierre ?

Qui pourrait ne pas partager la douleur de ce cœur virginal ?

Marie, laisse-nous pleurer avec toi :Que notre cœur soit transpercé

par le glaive de la compassion. » 1

25

L’exposition à Troyes en 2009, àl’église Saint-Jean-au-marché, pré-sente : « Le beau XVIe – Chefs-d’œu-vre de la sculpture en Champagne »

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

1. Prière anonyme du 13e siècle.

Page 26: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Les grands mots dela foi

Jean-Louis SouletieDDB, Paris, 2010, 193pages, 16€.

Si la foi chrétienne est liée profondé-ment à la vie, à l'expérience du

croire, à la rencontre d'une personne oud'une communauté, il reste qu'elle passeaussi par des mots, des expressions, unlangage. Trop souvent pourtant, beau-coup d'entre nous butent sur la difficultéde ces termes, à cause d'un décalageculturel, parce qu'ils apparaissent démo-dés ou connotés, soit tout simplementpar manque d'explication. Il devient alorstrès difficile de parler de sa foi ou d'évo-quer l'annonce de celle-ci. Théologienmais aussi homme de terrain, Jean-LouisSouletie ne s'embarrasse pas d'unelangue complexe pour présenter ici unecinquantaine de mots clés comme foi,confiance, amour, pardon, père, etc.Avec une écriture très simple, au plusprès du quotidien, il permet de renoueravec une vision positive et actuelle dumessage chrétien.

50 mots de la foi

Hors série des cahiersCroireBayard, Montrouge,2010, 105 pages, 8€50.

Livres et revues

26

Regards

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Le vocabulaire de la foi chrétienne ap-paraît souvent comme un casse-tête à

l’usage des initiés. Certains mots ont vuleur sens originel affaibli ou perdu, ce quiprovoque des incompréhensions ou desambiguïtés, voire des contresens.Ce lexique tente de redonner leur saveurà ces mots parfois usés, incompris oumême rejetés, en puisant dans leur senspremier. Il pourra vous aider non seule-ment à comprendre la foi chrétienne maisaussi à la vivre. Il sera utile aussi, nousl’espérons, à ceux qui ont la charge de latransmission de la foi, en paroisse ou enfamille, et qui, au-delà de la simple expli-cation de mots, désirent approfondir la ri-chesse de la pensée chrétienne.

Page 27: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

La bonne nouvelle du Mariage

Père Louis de Raynal, préface du Cardinal OuelletEchelle de Jacob, 2010,203 pages, 17€50.

Que vous soyez nouveaux aux Équipes Notre-Dameou déjà anciens du mouvement, ce livre est pour

vous. À une époque d’extrême fragilisation du lien conju-gal, il est bon de lire « La bonne nouvelle du mariage » etde découvrir ou redécouvrir la vision prophétique dupère Caffarel qui, avec les nombreux couples qu’il a ren-contrés, a su tracer une voie nouvelle et donner aux cou-ples chrétiens une vraie place dans l’Église à l’origine denotre mouvement.

Bien avant Vatican II, et l’inspirant, le père Caffarel présente le Christ à l’œuvre dans lesacrement de mariage et exerçant son sacerdoce d’amour au cœur de la famille. Re-définissant les lignes fondamentales du couple : l’amour mutuel des époux, leur missionde paternité et maternité, l’hospitalité, le devoir d’oraison, il lui donne une place spéci-fique, transformant le mariage en un véritable  «  ministère » conjugal. Pour nous dé-voiler ce grand mystère d’alliance, le père de Raynal part de la genèse de la pensée dupère Caffarel, pensée qui se nourrit au contact de quatre jeunes couples pour com-mencer et qui connaîtra ensuite la fécondité que l’on connaît… Le point de départ estla découverte, décisive pour sa vocation, que la foi chrétienne est une relation d’amouravec le Christ. Ainsi naîtra la « spiritualité » conjugale. Les couples sont appelés à sesanctifier dans et par le mariage, devenant un véritable offertoire exprimé dans cetteprière : Offre-moi à Dieu, je me veux hostie entre tes mains, comme je t’offre à lui, toi,autre moi-même, mon meilleur bien.La dernière partie du livre rapproche les écrits du père Caffarel et le magistère de Va-tican II, montrant ainsi une intuition féconde qui n’a pas vieilli en quarante ans…Lecture enrichissante qui permet de retrouver la source à laquelle nous nous abreuvonsdepuis tant d’années et qui fait du foyer chrétien un lieu privilégié de la grâce.

Coup de cœur

27Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 28: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

DON ANNUEL AUX ÉQUIPES NOTRE-DAMELe don est l'expression matérielle de l'esprit d'entraide humaine et spirituelle sur lequel sont basées laformation et la mystique d'une Équipe Notre-Dame. Il donne aussi un sens au partage des biens, commedans les premières communautés chrétiennes. Il a comme fondement l'esprit de vérité et de charité fra-ternelle. Il faut assurer la vie matérielle d'une communauté à laquelle nous appartenons et de laquellenous recevons. Depuis l'origine les Équipes Notre-Dame ne disposent pas d'autre source de subsistance.Elles demandent à leurs membres une participation financière annuelle équivalente à une journée de re-venu du foyer. (Extrait d’un document ERI)

France : adresser un chèque bancaire à l’ordre des E.N.D., ou utiliser les facilités du prélèvement bancaire(demander les formulaires au secrétariat).

Autres pays : si vous faites un virement, veuillez en fournir le détail au secrétariat (date du virement,foyer(s) concerné(s), et montant) par e-mail : [email protected] ou par fax au (33) 01 43 36 05 70.Compte postal : IBAN : FR 38 20041 00001 0046900J020 51 BIC : PSSTFRPPPAR

Suisse : verser le don au Responsable de Secteur, qui fournira au secrétariat le détail des dons collectés(noms des foyers et montant de chaque don).

------------------------------------------------------------------------------------------------------

DON AU MOUVEMENTNom : ................................................. Prénoms : ....................................Adresse : ...................................................................................................Code postal : ........................... Ville/Pays : ............................................Équipe : .................................................................chèque bancaire de ..........................................€Date et signature :

BULLETIN D’ABONNEMENT (1 an = 5 numéros)Nom : ................................................. Prénoms : ....................................Adresse : ...................................................................................................Code postal : ........................... Ville/Pays : ............................................Équipe : ................................................................. Abonnement (France, DOM-TOM) 15€ Abonnement (étranger) 18€merci de cocher la case qui vous concerneDate et signature :

On peut faire un seul chèque pour le don et l’abonnement.

28Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 29: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Équipes nouvelles

BERGERAC 7 (Dordogne), BUSSY 1 (Seine et Marne Nord), CAEN 39 (Calvados), CARMAUX 4 (Tarn),CHAMPSAUR 1 (Alpes Sud), ELVEN 1 (Vannes), GEX 4 (Genève-Vaud), HOUILLES 3 (Yvelines Boucles deSeine), LE PUY 23 (Le Puy), LUXEMBOURG 13 (Luxembourg), MONACO 4 (Équipes Francophones Isolées),MONT-DE-MARSAN 7 (Landes), NANTES 132 (Nantes B), PARIS 286 (Paris D), PERTUIS 2 (Avignon), SION16 (Valais)

Ont rejoint la maison du Père

Robert NOIROT, époux de Josette, ROANNE 2, le 19 septembre 2010, à l’âge de 83 ans.Jacques QUESNEL, époux de Nicole, BAR-LE-DUC 3, le 4 novembre 2010, à l’âge de 78 ans.Fernand KENEL, époux de Gisèle, LAUSANNE 4, le 22 décembre 2010, à l’âge de 80 ans.André PETER, époux de Thérèse, AMIENS 15, le 26 décembre 2010, à l’âge de 83 ans.Claude CORDESSE, époux d’Annie, anciens équipiers PARIS 45, le 4 janvier 2011, à l’âge de 86 ans.Roger POSCIO, époux de Liliane, SION 9, anciens responsables de la région Rhône-Alpes, et anciens res-ponsables de secteur du Valais, le 6 janvier 2011, à l’âge de 76 ans.René DARLES, époux d’Élisabeth, responsables de la Province SUD-EST et membres de l’ERFLS, MONIS-TROL-SUR-LOIRE 1, le 12 janvier 2011, à l’âge de 60 ans. Claude WEISBECKER, époux de Nicole, SAVERNE 1, le 16 janvier 2011, à l’âge de 81 ans.Jean RIBAUT, époux d’Huguette, SAINT-CLOUD 6, le 18 janvier 2011, à l’âge de 72 ans.Jean-Claude DELEZE, époux de Maya, VEX 1, le 23 janvier 2011, à l’âge de 51 ans.André PETIT, époux de Monique et diacre, THONON 4, le 24 janvier 2011, à l’âge de 82 ans.Père Georges BEAUPUY, conseiller spirituel, PERIGUEUX 6 et 9 et ancien conseiller du secteur de Péri-gueux, le 30 janvier 2011, à l’âge de 89 ans.

29

Flash, vie d’équipe

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 30: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Notre PèreNous voici, devant toi,riches de l’amour que tu as déposé en nous.Cet amour s’est fait allianceAu cœur même du sacrement de notre mariage.Nous le recevons chaque jourComme un trésor commun à partager...Nous savons nos fragilitésAu risque parfois de nous décourager.Mais nous savons aussi la force de la foiLa joie du don et du pardon…Nous savons la force d’un « oui »librement donné, dans la vérité.Père,Tiens-nous fermement dans la fidélitéQue, par ta grâce, le sacrement de notre mariageDemeure une source de vie et d’amourPour notre couple, nos enfantset tous ceux qui nous entourent.Amen

Père Marc Hémar

Prière

Notre Père

30Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 31: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191
Page 32: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

32

Orientation d’annéeV

ie d

u m

ou

ve

me

nt

Frère Nicolas-Bernard VIRLET o.p.Conseiller spirituel de Montpellier 24

Miettes spirituellessur le discernement

Le frère Nicolas-Bernard Virlet a prononcé une homélie lors de la journée de rentrée dusecteur de l'Hérault le dimanche 26 septembre 2010. En voici quelques extraits.

Un jour, au début duXXe siècle, on de-manda au pape :

« Quel a été le jour le plus im-portant de votre vie : le jouroù vous avez été élu commesuccesseur de Pierre,évêque de Rome, pape ? » Il répondit : « Non ». « Alors, est-ce le jour devotre ordination épiscopalequelques années aupara-vant ? » Il répondit : « Non ». Alors, est-ce le jour où vousavez été ordonné prêtre ? »Et il répondit : « Non ». Alors, celui qui l’interrogeaitne comprenant pas, s’ex-clama : « Saint Père, quel futle jour le plus important devotre vie ? »Et il répondit : « Le jour demon baptême ».

1) La grâcebaptismale : grâce de« royauté »

Être baptisé, c’est être in-corporé au peuple de Dieu,l’Église, membre du Corpsdu Christ, membre du peu-ple de Dieu : peuple de prê-tres, prophètes et rois.Le baptisé est prêtre :chargé de prier pour sesfrères, d’intercéder : sacer-doce commun des fidèles.Le baptisé est prophète :chargé de porter l’Évangileau monde, le Christ à sesfrères, par sa parole, sesactes, sa vie, son témoi-gnage. Le baptisé est roi : leroi véritable, en Christ, estcelui qui sert et guide sesfrères.

2) Royauté en Christet discernement

Il n’y a de royauté véritableque celle du serviteur : c’estcelle de Jésus. Royauté parl’Amour. Le roi véritable estcelui qui discerne ce qui estbon, beau, vrai, un, pourceux qui lui sont confiés. Etil leur transmet ce qu’il adiscerné, contemplé jusqu’àdonner sa vie par amourpour son peuple. C’est ceque Dieu accomplit pournous en Jésus son Fils dansl’Esprit. Dans la famille :père et mère sont appelés àcette royauté d’amour, deservice, jusqu’au bout, l’unpour l’autre et pour leursenfants. Mais pour être roipour les autres il faut com-mencer par l’être pour soi-

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 33: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

33

même, sur sa propre vie. Et cette royautén’est possible que si nous laissons d’abordle Seigneur régner sur notre vie : n’est-cepas ce que nous demandons en reprenantla prière que Jésus nous a apprise en sonAmour : « Que ton règne vienne ».Pour régner, pour servir : il faut « discerner ».

3) La grâce du discernement

Discerner : discernere,en latin : c'est voir en sé-parant, en distinguant.Cernere : c'est voir ausens de percevoir,connaître, juger  ; c’estl’activité de quelqu’unqui cherche à voir clair,qui comprend. « Cerner »une situation, un pro-blème, une personne  :c'est voir dans son en-tier…Et dis est une préposi-tion qui introduit l’idéede séparation, de dis-tinction.Discerner en nos viessera : connaître le Christ,par et en l’Église son Épouse, reconnaître laprésence de Dieu, se laisser éclairer par saParole, sa présence, son amour, au milieude toutes les paroles qui nous envahissentdans le monde moderne. se connaître soi-même dans la connais-sance de Dieu, dans le regard de Dieu, avecses dons, ses limites, ses richesses, ses fra-gilités, ses désirs, ses aspirations. acquérir ainsi une conscience éclairéepour choisir pour soi-même et pour ceux qui

nous sont confiés, le chemin de la volontéamoureuse de Dieu sur chacun. Conscienceéclairée par la Parole et la présence deDieu, fortifiant l’intuition du bien, distinguantle vrai du faux, le superficiel du profond, lelumineux de l’obscur, le bien du mal, afin deposer un choix mû par la charité, enracinédans la mémoire de l’espérance, préparépar l’intelligence de la foi.Discerner permet de se guider et de guider

les autres, par des conseils et des choix.Cela s’enracine dans la prière personnelle,conjugale, en famille, par la lectio divina,l’oraison, l’adoration, le « cœur à cœur »,passant par un « bouche à bouche » avec laparole de Dieu, le Verbe fait chair, dans l’in-vocation de l’Esprit de lumière, de science,de conseil, de sagesse.

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

La Parole de Dieu au coeur de nos vies etde nos célébrations. Montreuil 2009. Rassemblement des Équipes Notre-Dame.

Page 34: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

34

4) Le discernement dans l'anthro-pologie chrétienne

Le discernement se rattache à la vertu car-dinale de prudence : c’est elle qui fait le lienavec les trois vertus théologales (foi, espé-rance, charité) et les trois autres vertus car-dinales (force, justice et tempérance).Discerner entre la témérité et la lâchetédonnera le courage, la force. Discernerentre le laxisme et la sévérité donnera lajustice. Discerner entre l’ascèse inhumaineet la débauche donnera la tempérance. Lediscernement qui est prudence, conduit àcette juste tension, pour les vertus cardi-nales (tension ajustée à l’œuvre à accom-plir) – cette juste tension ni trop crispée, nitrop relâchée qui permet au musicien de dé-ployer tout son don artistique – et conduit àse tourner vers Dieu (vertus théologales)dans la foi, l’espérance et la charité, où l’onne croit jamais trop en Dieu, où l’on n’espèrejamais trop en Lui, où l’on n’aime jamais tropDieu.

5) Le discernement et l' « ordo cari-tatis »

Ce discernement conduit à découvrir«  l’ordo caritatis » en nos vies, ce qui estprioritaire dans l'ordre de la charité : à fairela volonté de Dieu qui est amour, en toutechose.Notre monde, l’alibi des structures, du « pasle temps », rendent opaque notre regard etendurcissent notre cœur pour cette dé-marche essentielle de la vie qu’est le dis-cernement. Un nihilisme ambiant,l’individualisme, le relativisme, la perte dela foi et de l’espérance recentrant toutesnos énergies sur la seule vie ici-bas, béton-

nent une indifférence pathologique à la mi-sère et à la souffrance du prochain, à l’at-tente d’autrui, parfois du plus proche à laporte de notre cœur chaque jour : l’époux,l’épouse. L’homme riche ne voit pas le pau-vre à sa porte : pas simplement un jour,mais chaque jour. La misère du frère, sonattente présente et lancinante, fait partie dudécor dont on s’accommode sans attention,sans réponse, sans réaction.

6) Discerner : reconnaître, choisir,servir, contempler

Discerner, reconnaître, contempler, servir,comme dans le pain consacré, la présenceréelle cachée de Dieu, dans le pauvre, lefrère, le bien-aimé de Dieu, le visage du ser-viteur souffrant, du Christ pauvre parmi lespauvres : ce que l’homme riche (qui n’a pasde nom = nous ?) de l’Évangile (Lc 16, 19-31)n’a pas su faire. Instaurant entre lui et cepauvre une séparation qu’il n’a jamais fran-chie sur terre dans l’humilité et qu’il nepourra pas plus franchir dans l’au-delà,dans la gloire. Cela serait trop facile, injuste.Discerner le poids d’éternité de l’instantprésent par la charité présente ou absente.Discerner le poids d’éternité de chaquejour : de l’ « aujourd’hui » de la grâce (Ps 94,7-8 ; Lc 2,11 ; Lc 4, 21 ; Mt 6, 11 ; Lc 9, 5 et 9 ; Mt 21, 28;Lc 23, 43), car demain dans le cœur de Dieu,c'est « l'éternité et un jour ». Apprendre àdiscerner l’éternité de la charité reçue ou àtransmettre dans le quotidien de la fidélité.

Un midrash met en scène un élève interro-geant son maître : - « Quand fera-t-il jour ?  Quand je saurai dis-tinguer sur le chemin un chien d’un loup ? »- « Non »

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 35: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

35

- « Quand je saurai distinguer sur l’arbre unepomme d’une pêche ? »- « Non »- « Quand je saurai distinguer sur une per-sonne croisée un habit usé d’un vêtementneuf ? »- « Non. Il fera jour en ton cœur, mon frère,quand tu sauras reconnaître sur le visagedu plus pauvre de tes proches les traits duSeigneur »

7) Discerner le bien : le « retenir »pour en vivre

Discerner le bien du mal, pour faire mémoiredu bien, contempler ce qui est bon, beau,

vrai, un, le garder dans notre cœur avec laVierge Marie (Lc 2, 19 et 51) : les trains qui ar-rivent à l’heure dans la vie des autres. On neparle jamais des trains qui arrivent àl’heure... Et pourtant, ce qui est le plus im-probable, extraordinaire, vrai scoop, le plusdifficile à réaliser, c’est qu’un train arrive àl’heure. Tant de contingences doivent êtrecoordonnées pour que cela se réalise. Dans90% des cas, cela s’accomplit… !Ainsi, être ange de la Bonne Nouvelle : en-courager et bénir, « bienveiller ». Être por-teur de bonnes nouvelles : pas béni-oui-oui,mais les pieds sur terre et la tête dans leciel, ou tournée vers le ciel. Rien de tel pourchoisir le bien que de le discerner, lecontempler, de l’aimer, le fréquenter, en soi,et chez les autres.Apprenons à discerner en chacun de nosproches un frère du même salut, fils d’unmême Père, animé du même Esprit. Appre-nons à discerner la présence de Dieu sousl’humble apparence du pain et du vin pourle contempler dans la gloire éternelle de sonsalut. C'est le même apprentissage. Et lemonde et notre vie en seront alors illuminés,transfigurés.

La présence de Dieudans le Saint Sacrement.Chapelle des soeurs de Bethléem en HauteSavoie.

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 36: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Père Henri CAFFAREL

Cet oiseau qui chante dans l’arbre dujardin, Christian qui dort, son ours depeluche entre les bras, cette vieille

femme dans la rue montante, qui pousse sacarriole, ces intellectuels hongrois qui vien-nent de lancer un appel au secours… Pasune créature autour de nous qui n’ait reçude Dieu mission de nous inviter, de nousprovoquer à aimer, de tirer de nous unamour d’émerveillement ou de pitié, le donde notre temps ou de nos biens.Mais en nous les mécanismes d’escamo-tage fonctionnent bien, qui nous font oppor-tunément nous intéresser à autre chose dèsqu’un appel se fait trop pressant, quand uncri ou des larmes risquent de bousculercette tranquillité que nous avons eu bien dumal à échafauder et dont l’équilibre de-meure instable.J’arracherai de ta poitrine ton cœur depierre, je te donnerai un cœur de chair. Ah !Surtout pas ça, Seigneur : qu’est-ce qu’Ézé-chiel nous dit là, de votre part ! Nous avonseu assez de mal, oui, nous l’avouons, à nous

défendre de ces voix qui surgissent tout àcoup, réveillent en nous l’amour ou la pitié,bousculent notre vie, déjouent nos projets :nous n’avons plus le courage de recom-mencer la lutte.Nous ne serons pas quittes à si bon compte.Nous avons beau tout mettre en œuvre pournous protéger des gémissements et des ap-pels du dehors. Quelqu’un est là qui neprend pas son parti de la pétrification denotre cœur. Il est bien trop ami pour yconsentir. Où les créatures ont échoué, il vatenter de réussir. Claudel l’a admirablementdécrite, cette tentative de l’Amour pournous investir, non plus de l’extérieur, pardes remparts soigneusement défendus,mais du dedans par la porte souterraine :« Nous sommes comme un mauvais loca-taire qu’on garde par charité dans une mai-son qui ne lui appartient pas, qu’il n’a nibâtie ni payée, et qui se barricade, et quimême pour un moment ne veut pas accueil-lir le maître légitime. Enfin nous sommesseuls par une nuit de tempête dans notre

La peur de l’Amour

Article paru dans L’Anneau d’Or de Mars-Avril 1957

36

Revenir à la source

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 37: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

maison solitaire et désolée, et tout à coupl’on frappe  ! Ce n’est point la porte ordi-naire, c’est à cette vieille porte qu’oncroyait condamnée pour toujours mais il n’ya pas à s’y tromper, on frappe, on a frappé !On a frappé en nous et cela nous a fait mal.« Qui a frappé ? Il n’y a pas à s’y tromper.C’est Celui qui vient comme un voleur au mi-lieu de la nuit. Celui dont il est écrit : Voicique l’Époux vient, sortez à sa rencontre ! Etnous écoutons, palpitants. Peut-être nefrappera-t-on qu’une fois. Peut-être se bat-tra-t-il contre la porte toute la nuit, commeparfois jusqu’au matin nous entendons ce

volet exaspérant qui ne cesse d’arloquer etde battre...« Et ensuite qu’est-ce qui arriverait si on ou-vrait la porte ? La nuit, le grand vent primitifqui souffle sur les Eaux, quelqu’un qu’on nevoit pas qui ne nous permettrait plus d’êtreconfortablement chez nous. Esprit de Dieu,n’entrez pas. »Il ne faut pas « contrister » l’Esprit, nous ditvigoureusement saint Paul. Oui, mais sait-

on jamais jusqu’où l’on risque d’être en-traîné si on se laisse séduire par cette Voixintérieure, la plus impitoyablement douce,la plus doucement impitoyable… Et ce ver-tige qui vous saisit, et ce saut dans l’in-connu qui vous tente…Jusqu’où ça risque de nous entraîner  ?Jusqu’à la sainteté. C’est bien ce que com-prit Jacques Rivière, un jour, au lendemainde sa conversion. Aussi fut-il pris de pa-nique et d’un coup de reins se rejeta en ar-rière, suppliant Dieu, dans une prièrepathétique, de ne pas lui en demander trop,de ne pas lui en demander tant : « Je ne suis

pas fait pour ça : je suis trop bien por-tant : je suis trop au pas avec la vie.Mon Dieu, éloignez de moi la tenta-tion de la sainteté. Ce n’est pas monœuvre. »Pauvre Jacques Rivière, il a eu peurde la sainteté, peur de l’Amour…Rentré de captivité, il perdit ce Dieuretrouvé dans les camps. C’est à sonlit de mort qu’enfin il tendit les brasvers l’Amour venu le convoquer.Une certaine intensité d’amour et devie nous fait peur, à nous les demi-dormants, les mal-réveillés. Un peu,pas trop… c’est notre mesure. Maisce n’est pas la mesure du Père d’im-mense tendresse : Il est trop ambi-

tieux pour ses enfants. Aussi sa Voix, àlaquelle toutes les voix font écho, s’efforce-t-elle de nous éveiller, de nous séduire, denous arracher à ce tombeau que noussommes à nous-mêmes  : Lazare, Sorsdonc ! Il est temps d’aimer, il est temps devivre.Aujourd’hui, si nous entendons sa Voix,Puissions-nous ne pas endurcir nos cœurs .(Ps 95).

37Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 38: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Week-ends Équipes Nouvelles et Nouveaux Équipiers 26 et 27 mars 2011 à Mont Roland (39). Contact : Rémi et Evelyne Jobard Tél. : 03 84 82 36 75 ; E-mail : [email protected]

Week-ends Souffle Nouveau Dates à venir

Formations des Foyers de Liaison 2 et 3 avril 2011 au Centre Jean XXIII à Annecy Le Vieux (74). Contact : Gilles et BrigitteBeseme ; Tél. : 04 50 60 21 24 ; E-mail : [email protected]

Formations des Foyers Informateurs et des Foyers Pilote Dates à venir

Formation des nouveaux Responsables de Secteur et de Région 11, 12 et 13 juin 2011 à Massabielle, Saint Prix (95) : Contact : Secrétariat des EquipesNotre-Dame ; Tél. : 01 43 36 08 20 ; E-mail : [email protected]

Collège des Régionaux 19 et 20 mars 2011 à Massabielle, Saint-Prix (95). Contact : Secrétariat des ÉquipesNotre-Dame ; Tél. : 01 43 36 08 20 ; E-mail : [email protected]

Nouveaux retraités - session 2011 - « Le Temps de l’Espérance » du 23 mai au 28 mai 2011 à l’abbaye Notre-Dame de Lérins (06). Contact : Philippe etFlorence Contensou ; Tél. : 05 61 80 44 58 ; E-mail : [email protected]

Session famille - Vacances et spiritualité du 23 au 29 juillet 2011 à Massabielle, Saint-Prix (95). Contact : Massabielle ; Tél. : 01 34 16 09 10 ; E-mail : [email protected]

Rencontres des Responsables et conseillers spirituels par ProvinceProvince Nord-Est et Ile de FrancePour les régions Alsace Lorraine – Luxembourg, Flandres-Artois et Picardie Champagne-Ardennes : 8 et 9 octobre 2011 à Lille-Marcq en BaroeulPour les régions de l’Ile de France : 19 et 20 novembre 2011 à Paris-Saint Ouen

38

Calendrier

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 39: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Province Nord-Ouest : 19 et 20 novembre 2011 à Saint-Herblain (banlieue de Nantes)Province Sud-Est : 19 et 20 novembre 2011 à La Castille près de ToulonProvince Sud-Ouest : 12 et 13 novembre 2011 à Gradignan près de Bordeaux

Rencontres des prêtres conseillers spirituelsDu 6 novembre au 8 novembre 2011 :à Massabielle, Saint-Prix (95). Contact : Secrétariat des Équipes Notre-Dame ; Tél. : 01 43 36 08 20 ; E-mail : [email protected]à Montauban (82). Contact : Yves-Maurice et Anne Galli ; Tél. : 05 61 82 10 15 ; E-mail : [email protected]

Rencontre des Responsables et conseillers spirituels deSecteur21 et 22 janvier 2012 au lycée Saint Michel de Picpus - Paris (75012). Contact : Secré-tariat des Equipes Notre-Dame ; Tél. : 01 43 36 08 20 ; E-mail : [email protected]

39Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

La liste des thèmes vous sera adressée enmois de mai avec le numéro 192 de la Lettredes Équipes Notre-Dame. Nous la mettronsà votre disposition, prochainement, sur notresite Internet : www.equipes-notre-dame.fr

Page 40: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Événements - France

Cette journée a été l’occasion de re-faire un point d’actualité sur la pro-position Tandem. Mais surtout, elle a

été l’occasion d’approfondir la réflexion au-tour de deux questions touchant à la pasto-rale des jeunes couples  : «  Qui sont lesjeunes couples d’aujourd’hui ? » avec l’aidedu père Guy Lescanne, prêtre et sociologueet ensuite « Qu’est ce qu’une Petite Com-munauté Fraternelle de Foi ? » avec Mon-seigneur Gérard Daucourt, évêque deNanterre.

Qui sont les jeunes couplesd’aujourd’hui ?

Cette question est fondamentale dansla perspective du développementd’une pastorale adaptée à leurs at-tentes. Pour Guy Lescanne, il n’est paspossible de saisir ces couples car « ilsn’existent pas tant ils sont divers ! »mais on peut définir des courants quiles marquent sous la forme de cinqpièces d’un puzzle.

La première pièce : la complexité crois-sante du monde qu’ils perçoivent commecompliqué. Une complexité lourde à assu-mer pour eux est celle des relations affec-tives. Ils aspirent très fortement à la fidélitéet dans le même temps ils doutent d’en êtrecapables. La seconde pièce : l’impression de vivredans une société éclatée. Ils ont le senti-ment d’un monde sans frontières (Internety contribue largement) avec un éclatementdes repères qui les inquiète. Ils ne souffrentpas d’un manque de repères mais au

40

Des animateurs d’équipes Tandem venus de toute la France, des prêtres, des diacres etdes membres de services de pastorale familiale intéressés par le parcours Tandem sesont retrouvés le 29 janvier 2011 à Massabielle.

Tandem :réunion nationalejanvier 2011

Florence et Bertrand DUREUILMarie et Vincent FABRECoordination nationale Tandem

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 41: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

contraire d’une saturation de repères. La troisième pièce : la perte de crédibi-lité des référents, parents, prêtres, profes-seurs, etc. qui les fragilise. La quatrième pièce : une survalorisationde la tolérance que Guy Lescanne qualifiede « tolérance molle » qui fait que tout sevaut. Comment faire des choix dans cesconditions ? La cinquième pièce : la solitude qui estaujourd’hui la première peur des 20-30 ans,avec ces questions « Est ce que je suis ca-pable d’aimer ? Est-ce que je suis capabled’être aimé ? ».Guy Lescanne propose deux pistes pour lesaider à se construire. Première piste : relever le défi de la com-plexité en proposant des idées simples poursavoir gérer sa vie. Il souligne combienl’Évangile en regorge et c’est une piste pourles animateurs Tandem que de proposerdes idées simples. Aider les jeunes à fairela distinction entre une question qui appelleune réponse et un problème qui appelle unesolution. Ensuite, il faut apprendre à « ap-prendre à faire la différence » entre l’urgentet l’essentiel. Enfin, il faut retrouver la no-tion du temps « long » qui est aussi celui dela fidélité.Seconde piste : de relever le défi de la pro-tection dans tous les secteurs de la vie quiconduit à la solitude. Il n’y a pas en effetd’humanité sans prise de risque. Il faut leurapprendre à gérer les risques en couple.

Qu’est ce qu’une « Petite Commu-nauté Fraternelle de Foi » (PCFF) ?

Pour Monseigneur Daucourt, elles sont pré-sentes dès les premiers pas de l’Église (Ac2, 42). Les chrétiens ont de plus en plus be-

soin d’un lieu d’accueil, et la paroisse nepeut suffire pour nourrir la foi. Il faut multiplier les PCFF qui existent déjà,comme les Équipes Notre-Dame, mais éga-lement ACI (Action Catholique Indépen-dante), ACO (Action Catholique Ouvrière),etc. et tout baptisé peut prendre l’initiativede la création d’une PCFF en lien avec la pa-roisse et l’Église.Une PCFF ne répond pas à une règle uniqueet Monseigneur Daucourt appelle à l’inven-tivité et à l’audace des baptisés. C’est unespace communautaire qui doit devenir lieude prière et de partage où la foi peut mûrir,ravivée par une vie fraternelle. On voitqu’une équipe Tandem répond dans toutes

les dimensionsd’une PCFF.Les PCFF sontguettées pardeux dangers,celui du cocon etcelui de la secte.La PCFF doit êtremissionnaire etouverte pour nepas se refermer

sur elle-même. Le lien maintenu avec la pa-roisse préserve de l’éloignement de l’Église.Dans la même perspective, les équipes Tan-dem ont pour mission de contribuer, à la foisà la réussite humaine de chaque couple età la découverte toujours plus profonde duChrist et de son Amour. Laissons la conclusion à un participant  :« Cette journée nous a ouvert des perspec-tives formidables et renouvelées pour lapastorale des jeunes couples. Tout celanous entraîne à aller de l’avant avec leChrist. Vivement la prochaine rencontreTandem ! ».

41Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 42: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Evénements - France

Françoise et Rémi GAUSSELResponsables France-Luxembourg-Suisse

L es Équipes Notre-Dame, sensibles aumessage de l’Église de France qui in-vite à « s’ouvrir aux temps nouveaux »

lancent une campagne de communicationmoderne et décalée, sans rien lâcher surl’intuition initiale de leur fondateur…

Je ne vous parlerai pas du devoir d’aposto-lat en général. Je veux simplement vous in-viter à tout mettre en œuvre… pour quecette spiritualité conjugale et familiale quevous puisez aux Équipes Notre-Dame par-vienne aux foyers qui vous entourent, forti-fie leur union qui peut-être se lézarde,ranime leur amour, leur révèle les richessesdu sacrement de mariage. Faites leur entre-voir aussi tout ce qu’apporte de joie et deforce l’amitié fraternelle entre foyers….Ah ! surtout ne me dites pas qu’il n’y a rienà faire. Si vous les aimez vraiment tous, cesfoyers menacés, « pauvres » d’amour et degrâce, vous saurez inventer ce qu’il fautfaire et persévérer dans votre effort. Inven-tion, persévérance, des qualités de mission-naires… Et bien oui, soyez les missionnairesde cette spiritualité conjugale qui vous faitvivre. 

Ainsi s’exprimait le père Caffarel dans laLettre des Équipes Notre-Dame d’octobre1950. Les choses auraient-elles changé aupoint que nous n’ayons plus d’effort à faireen direction des couples qui nous entou-rent ? Oui, les choses ont changé mais dansle sens inverse de celui que nous souhai-tions. En effet, le panorama dressé par laConférence des Évêques de France à l’oc-casion de « Familles 2011 » met l’accent surles changements intervenus au cours deces dernières années dans notre société :la moitié des bébés naissent hors mariageet les couples choisissent de plus en plusfréquemment le PACS pour officialiser leurunion. Il y a eu en 2010 trois PACS pour qua-tre mariages. L’exhortation du père Caffarelrésonne donc encore plus fort pour nouséquipiers Notre-Dame qui croyons à lagrandeur du sacrement de mariage.Les nouveaux médias, comme le faisait ob-server le pape Benoit XVI dans son mes-sage pour la 44e journée mondiale desCommunications sociales du 16 mai 2010,offrent des perspectives immenses sur leplan pastoral. Il nous appartient donc desaisir les opportunités offertes par la com-

La communicationau service de la spiritualité conjugale

42Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 43: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

munication moderne pour informer le plusgrand nombre de couples de la possibilitéde découvrir la richesse d’une vie spirituelleen couple et en équipe. Notre prochain, aujourd’hui, c’est aussicelui qui a besoin de comprendre l’intérêtdu sacrement de mariage. La seule vérita-ble raison de se marier à l’Église est decroire profondément que l'Amour de Dieupour un homme et une femme qui seconfient à Lui, fera grandir leur amour, lerendra plus fort, les aidera dans leur désirde fidélité. Et qu’il sera présent à leurs cotésdans les épreuves comme dans les joies.Nous sommes tous appelés à communiquerde façon ouverte, honnête et respectueusede cette bonne nouvelle.Dans ce nouveau contexte social deuxmoyens d’agir vous sont proposés : d’abordun site web entièrement repensé quis’adresse aux équipiers mais pas seule-ment. Tous les couples qui s’interrogent surle mariage religieux ou sur les moyens pro-posés par les Équipes Notre-Dame pourvivre leur couple dans la foi pourront trou-ver une réponse.Par ailleurs, une campagne de communi-cation va être lancée via la Conférencedes Évêques de France, les diocèses, lesparoisses, les établissements d’enseigne-ment privé, l’APEL et la presse. Elle se ter-

minera par un pique-nique d’informationorganisé le 25 septembre prochain surl’ensemble du territoire par chaque sec-teur. Les relations humaines directes res-tant fondamentales dans la transmissionde la foi, les équipiers devront avoir à cœurde témoigner du rôle que jouent lesÉquipes Notre-Dame dans leur vie dechrétien baptisé et de couple uni par le sa-crement de mariage.Les supports présentés dans cette cam-pagne de communication (tracts, affiches,clip) ont été conçus par une agence decommunication qui est à l’origine de lacampagne nationale des legs de l’Églisecatholique en France. Le responsable estun équipier Notre-Dame.Comme il nous semble important de tou-cher les jeunes couples soucieux deconstruire leur union sur le roc, la formechoisie est décalée, voire déroutante ; lemessage de fond avec ses exigences de-meure à l’identique.Mais ces instruments de communication,à l’instar des instruments de musique, res-teront muets si nous ne nous mobilisonspas pour les faire résonner tout autour denous. Relevons le défi du père Caffarel  :soyons, tous, les missionnaires de cettespiritualité conjugale qui nous aide à vivreet à grandir.

43Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 44: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Événements - France

Dominique et François AUBERTCommission Web

Le mariage, chemin debonheur… À condi-tion de s’en donner les

moyens.On est tous bien d’accordavec cette intuition du pèreCaffarel. Et nous ne voulonspas garder ce trésor pournous seuls. Nous le disonsavec nos mots et par notretémoignage.Mais comment le dire au plus grand nom-bre, à ces couples, mariés ou pas, qui cher-chent un chemin pour se bâtir un avenircommun, durable et solide ?Parmi les moyens de communication d’au-jourd’hui, Internet a pris une telle ampleurque les Équipes Notre-Dame France-Luxembourg-Suisse ont décidé de faireévoluer leur site Internet et, à travers lui, des’adresser à trois types d’internautes : première « cible » : Les couples qui s’in-terrogent. Le mariage est en perte de vi-tesse, dit-on, mais pas le couple. Il y a donc

encore chez beaucoupd’hommes et de femmes l’es-pérance d’un avenir à deuxqui soit source de bonheur.Mais quel avenir ? Nous vou-lons témoigner auprès de cescouples du chemin que nousavons choisi.En nous mariant à l’églised’abord, pour asseoir notre

union sur un fondement solide, le sacre-ment de mariage. En nous donnant ensuitedes moyens pour construire notre couple etnotre famille sur ce fondement.L’objectif est d’aider ces couples en re-cherche à réfléchir à ce qu’ils veulent vrai-ment, à poser leurs choix de vie après uneréflexion nourrie.deuxième « cible » : Les couples chré-tiens mariés. Le jour mémorable de leur ma-riage s’éloigne, la vie quotidienne estemplie de joies et de soucis. Où en sont lespromesses de leur sacrement de mariage ?Les Équipes Notre-Dame peuvent peut-être

Le site Internetchange !

44Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 45: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

les aider, à y réfléchir sûrement, à cheminerensemble si affinités…troisième « cible » : Les équipiers Notre-Dame, bien-sûr. Le site offrira information,documentation, services pour vivre pleine-ment leur vie d’équipiers.Vous l’aurez compris : il ne s’agit pas seu-lement de se mettre au goût du jour, de sui-vre la mode Internet. Nous voulons utiliserce canal de communication, très utilisé,pour témoigner du dynamisme du mariageet du sacrement reçu en Église.Nous le faisons avec beaucoup d’espé-rance, mais aussi d’humilité et de réalisme :nous ouvrons une fenêtre parmi des milliersd’autres. Pourquoi les internautes regarde-raient celle-ci plutôt que d’autres ?Il y a des réponses techniques, par exemplefaire en sorte que les moteurs de recherche

détectent notre site assez vite.Il y a aussi des réponses humaines, spiri-tuelles, qui font que les internautes en re-cherche trouveront sur notre site unenourriture capable de leur apporter ce qu’ilsattendent.Et puis il y a vous, qui pourrez en parler au-tour de vous, dans vos paroisses, auprès decouples qui cherchent une lumière pouréclairer leur vie conjugale et familiale.Personne, après avoir allumé une lampe, nela cache sous un couvercle ou ne la met endessous du lit ; on la met sur le lampadairepour que ceux qui entrent voient la lumière.Car rien n'est caché qui ne doive paraîtreau grand jour ; rien n'est secret qui ne doiveêtre connu et venir au grand jour. (Luc 8, 16-17). http://www.equipes-notre-dame.fr

45Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 46: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

Evénements - France

Antoine et Delphine QUANTINÉquipe Fontainbleau 13

Sans doute connais-sez-vous la règle desquatre-vingt-seize

quarts d’heure d’une jour-née, chère au père Caffarel(cf. Lettre Équipes Notre-Dame, n° 190). Combien dequarts d’heure pour laprière, combien pour les au-tres activités ? Sans doutepeut-on la transposer surune année : sur trois centssoixante-cinq jours, com-bien pour Dieu  ? Osonssouffler notre propre ré-

ponse à tous : « Pas assez ».

Heureusement la Charte estlà pour nous rappeler deprendre le temps chaqueannée de nous poser, pren-dre de la hauteur ou partirau large suivant, que l’on aitle pied terrien, montagnardou marin.

En juillet 2003, après uneannée bien chargée : métro-boulot (mais peu de dodos

grâce à un nou-veau-né), nousavions décidé quenotre 96e d'annéeou mieux notre 52e

(quand on aime onne compte pas !) sepasserait à Massa-bielle, pour partici-per à la sessionfamille que lesÉquipes Notre-Dame organisent

chaque année. Nous avons alors découvertles ingrédients pour des va-cances équilibrées et sa-voureuses :un accueil de qualité,riche de petites attentionsportées à chacun et ren-dues possibles par une ses-sion à taille humaine, dansun lieu agréable, avec uneéquipe de choc au service,un enseignement sur laliberté dans le Christ qui de-puis nous a bien souventaidés à discerner nos choixde vie,un prêtre disponibleaussi bien pour les adultesque pour les enfants tout aulong de la semaine,des temps de partageen profondeur entre cou-ples, comme si l'on faisaitéquipe ensemble depuistoujours,des temps de prière, va-

Session d’étéà Massabielle.Recette 2011

46Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 47: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191

riés : prière personnelle avec l'initiation àl'oraison, prière en couple ou animée parles enfants ; de belles eucharisties et uneriche soirée autour du sacrement de récon-ciliationun Devoir de S’Asseoir (DSA) longuedurée : une journée entière (mais si Mes-sieurs, on s'en remet, surtout autour d’unbon repas !)et enfin des après-midis en famille pourdécouvrir les riches alentours de Massa-bielle (Chantilly, Auvers-sur-Oise, Royau-mont, Le Bourget, etc.).

Mélangez tout cela avec le souffle de l’Es-prit-Saint et vous obtenez une belle se-maine à la fois reposante et vivifiante, desparents heureux et des enfants ravis !

Juillet 2011, nous retentons l’aventure Mas-sabielle, mais cette fois en enfilant la tenuede service. Venez pimenter votre été etvenez participer à la dégustation de la re-cette 2011 !

47

Prochaine session d’été

Nous vous attendons du samedi 23 juil-let au vendredi 29 juillet 2011.Thème : « Vivre en présence de Dieu »Animation : Frère Marie-Laurent de laRésurrection et des couples desÉquipes Notre-DameInscriptions - Contact : Massabielle 1 rue Auguste Rey - 95390 Saint Prix Tél. : 01 34 16 09 10Courriel : [email protected] Internet : www.massabielle.net

Lettre n°191 - Mars - Avril 2011 - www.equipes-notre-dame.fr

Page 48: Lettre des Equipes Notre-Dame n°191