l'Être comme Πολλά chez platon. les enseignements du «parménide» et du «sophiste»
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8/12/2019 L'tre Comme Chez Platon. Les Enseignements Du Parmnide Et Du Sophiste
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8/12/2019 L'tre Comme Chez Platon. Les Enseignements Du Parmnide Et Du Sophiste
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A
L Etre
comme
no'k'k
chez
Platon
Les
enseignements
du Parmnide
et
du
Sophiste
L'tre est l'Un.
Tel
est l'hritage que Platon
reoit de
Parmnide.
Notons
l expression: non pas
l'tre est un mais: il est l'Un.
L'Un,
ici,
n'est
pas
un
prdicat,
ou un accident, c'est l'essence
mme de
l'tre.
Voil ce
que
Platon comprend. Quand l'late affirme: ecrxi yp
evai, u.r|v 5'ok eaxiv (frag. VI), l'tre est, le non-tre n'est pas,
Platon comprend: l'Un
est,
le
non-un n'est pas.
Ds lors, le
sens du par
ricide
que
va
commettre l'tranger
dans le Sophiste sera
non
pas,
comme on
l'entend
traditionnellement: l'tre n'est pas,
le
non-tre
est
mais, l'Un
n'est pas, le non-un
est. En
refusant l'identification
parmni-
dienne de l'tre l'Un, Platon rvle son vritable dessein, savoir,
montrer
que
l'tre, le rellement rel, le vxco
v,
c'est le
Plusieurs,
TloXX. Tout
l'effort
du Parmnide consiste, en
effet,
justifier
l exis
tence du
Multiple.
Contre Zenon qui le nie1, Socrate veut prouver
que
le
plusieurs
est
en
s
'levant
du plan
matriel,
o
se
situe
le
disciple
de
Par
mnide
au plan
immatriel
des
Ides2.
Tel est le
sens
gnral
du dia
logue
dont
la premire partie est
consacre
prouver
que
le Multiple est,
et
la deuxime
que l'Un n'est pas.
Dans cette dernire Platon affronte la difficult la plus grave,
celle
qui
peut
dtruire
la
thorie des
Ides:
comment
concevoir
le
Multiple
sans
l'Un?
Le sort du
Plusieurs est
analys dans les hypothses
six, sept,
huit
et
neuf en
fonction
de
la conclusion de la
premire:
l'Un n'est pas.
Si
l'Un n'est
pas, qu'advient-il des
autres, x akXal Aussitt, ils
se di
ssmin nt
dans une
srie htrogne,
x
aXka
xepa
axiv,
se
diffusant
dans la diffrence pure. Car, de
ces
autres
on
ne peut plus dire qu'ils
sont autres
que l'Un
puisque
l'Un
n'est pas. C'est la raison pour laquelle
ils se multiplient sans limite et sans ordre,
cbteip 7i,f|9ei. En
l'absence de l'Un, le multiple se multiplie
en un pullulement
plthorique
Cf. 127 e: TApa xox axtv
Pou^ovtai
ctou
ol Xyoi, ok akko
xi f[
nap
nvxa x
Xeyueva
d>
o
noXk axi.
Cf.
Platon, Parmnide.
Traduction indite,
introduction
et
notes par Luc Brisson,
Flammarion, Paris, 1994.
2 Parmnide, 127e- 130a.
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8
Herv
Pasqua
qui
ne connat aucun point d'arrt. Ds
lors, l'existence du
multiple est
elle-mme en danger
puisqu'elle
se confond
avec une dissipation, une
dsagrgation
atteignant
l'atome
lui-mme
qui
se brise
son
tour
en
une
multiplicit incontrlable, et ainsi l'infini. Telle est la dbcle catas
trophique provoque
par
la
ngation
de l'Un.
Comment
Platon
va-t-il
pouvoir affirmer
l'existence
du Multiple
aprs avoir ni l'tre de l'Un? Si l'Un
n'est
pas,
rien
n'est, conclura
la neuvime
hypothse3.
Si l'Un
n'est point,
les
autres
non seulement ne
sont pas,
mais
ils ne
se
laissent
imaginer ni
un
ni plusieurs4.
Les autres
que
l'Un, si l'Un n'est pas, jamais ne pourront se
penser
comme mult
iples. Telle est la raison pour laquelle Platon se trouvera accul
rejeter
l'existence
du
Multiple
sans
l'Un.
En
effet,
si
l'Un
n'est
pas,
rien
n'est.
Telle est
la
difficult dans laquelle
se dbat Platon
sans pouvoir
la
rsoudre
autrement qu'en
transformant
le
nXr\Qoq en jro,,, c'est--
dire,
le
multiple
innombrable
en multiple
nombrable, le
multiple
sans
l'Un en une multiplicit
d'Uns:
les
Ides.
Alors
seulement
le
monde
des
Ides
sera un
monde structurable,
comptable, o l'addition et la sous
traction
seront
possibles,
o en d'autres termes les
Ides
pourront se
pr-
diquer l'une de
l'autre.
Mais
il
restera pour cela introduire le
mouve
ment
ans cette
communaut.
Ce
sera la
tche du Sophiste. Pour
l'heure,
une
chose
demeure
dmontrer:
le
vxco
v,
le rellement
rel, est
multiple.
Les deux premires hypothses
du Parmnide
dterminent
la srie
des
hypothses qui suivent
et s'ordonnent selon
que l'Un
est ou selon
qu'il n'est pas. Toutes deux se formulent de la mme
faon:
el v
cmv, si l'Un
est.
Mais la premire s'interroge
sur l'Un
en
tant
qu'unit
pure5, la
seconde sur l'Un
en tant que ralit6. Dans les deux cas, il n'est
jamais question de l'tre
en
tant qu'tre, mais
de
l'tre en tant qu'Un
conformment
la doctrine parmnidienne. Or,
c'est
celle-ci que
vise
Platon
dans son
dialogue.
Il
la
fera
voler
en
clats
en
poussant
bout
l'ide
d'Un: si l'Un
est
l'Un
il n'est
pas l'tre,
donc
il n'est pas.
Tel est
le rsultat
de la
premire
hypothse. Toute
l'argumentation
repose
sur
l'opposition
de l'Un au
Multiple:
S'il est Un,
n'est-il pas
vrai
que
l'Un
3
Id., 165 e.
4
Id.,
166 b: "Ev
apa
el [ir\ cm, xXXa uxe cmv orne oeTai
v
o5
.
5 Id., 137 c-142 b.
6
Id.,
142 b-155 e.
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L'tre comme noXX chez
Platon
9
ne
saurait tre
plusieurs?
7. L'tre
est ni
de l'Un partir de
cette oppos
ition.
Cela
signifie que, dans l'esprit de Platon, l'tre se trouve
dj
du
ct
du
Multiple.
Ds
lors,
dire:
l'Un
n'est
pas,
c'est
affirmer:
le
p lu
sieurs est.
Pierre Boutang, commentant cette partie du dialogue, parle
d'un
offusquement de l'tre: Nous disons
que
l'tre se trouve offusqu,
au
profit de
l'un8. Le nerf de son argumentation consiste observer
que la formulation de la
premire
hypothse
ne
peut
tre:
si l'un
est
un,
car il n'y a
aucune
trace
d'une
telle tautologie dans le texte: e
ev
axiv,
mais
ce qui est, c'est
l'Un.
Il
s'agit donc bien de
l'tre-Un
de Parmnide. En d'autres termes, l'Un n'est pas
affirm
indpendam
ment
e
l'tre,
il
est
tout
simplement
accentu.
Sans
quoi
la
thse de
Parmnide n'aurait pas t
une
thse sur l'tre, elle n'aurait prononc
qu'un
seul mot,
l Un9. A l'appui de son
interprtation l'auteur allgue
la deuxime hypothse qui exprime nettement
que
si l'Un est, s'il y
a
quelque chose qui soit un,
il est
impossible qu'il ne
soit
pas.
Cette
fois, l'accent est
mis,
non
sur
l'Un,
mais sur l tre.
Quelle
que soit
l'hypothse,
il reste
entendu
que
tre et
Un
sont, ds le dpart, asso
cis et que
la diffrence
entre
les deux
rside en une
diffrence
d'accent.
Il nous
est
difficile d'adopter
entirement
cette interprtation.
Certes,
le
texte
ne
montre
nulle
forme
de
tautologie
autorisant la
tr
aduction
de
la premire hypothse: si l'Un est Un.
Cependant,
quand Platon se demande si l'Un est, ei ev cmv,
il
pense l'tre
de Parmnide et
s'interroge
sur
son essence
en
tant qu'Un.
C'est la
raison pour
laquelle la question si l'Un est quivaut : si l'tre
est.
La conclusion
logique
est
que
si l'tre
est l'Un,
l'tre
n'est
pas
l'tre ou, ce
qui revient
au mme,
l'Un n'est
pas. C'est une terrible
remise
en cause
de
la
thse
de l'late. Donc
l'tre
n'est pas, comme
l'affirme
Pierre
Boutang,
ni au maximum pour
faire
apparatre
l'Un,
pour
la
raison que, au
stade
de
la premire
hypothse o
il
est
question de l'tre
parmnidien,
nier l'tre c'est nier
l'Un.
Il n'est,
par
consquent, aucunement question
d'un
tre
minimum au
profit
d'un
Un
maximum, comme
s'il
rgnait
entre
les deux
une
sorte de
relation
lastique.
7
Id., 137 c: el
v
cmv Xko tv ok v
er)
rcoA.X
t
v.Ontologie
du
secret,
PUF, Paris,
1973, p. 378.
Id.
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10
Herv
Pasqua
Que l'Un exclue l'tre
et,
en l'excluant, se nie parce que s agissant
de l'Un tel que
l'entend Parmnide il
se confond
avec l'tre, c'est
ce
dont
le
texte
ne
permet
pas
de
douter.
En
effet,
ds
le
dbut
du
dialogue,
11 est
question non seulement de
sauver
la thorie
des Ides mais,
gale
ment, celle de
la participation10.
Dans
la
deuxime
partie, il s'agit
de
savoir si l'Un participe de l'tre. Ceci est explicitement
rappel
au
moment
d'noncer
la troisime
hypothse:
Si
l'Un
est,
se
peut-il qu'il
soit
et ne participe
pas
l'tre?. Proclus, dans son commentaire,
abonde en ce sens: il regarde l'Un tantt en son aspect d'Un tantt
dans son
aspect d'Un
Participant11. Si
donc
l'Un
n'est pas, c'est parce
qu'il ne participe pas de l'tre, il ne s'agit nullement d'un offusque-
ment.
L'Un
n'est
pas
parce
qu'il
exclut
l'tre.
Il
nie
l'tre
pour
s'affi
rmer
omme Un. Ce n'est
pas
la mme chose.
L'Un
se situe donc au-des
sus
e l'tre car,
s'il
en
participait,
l'tre, comme le montrera la
deuxime
hypothse,
ferait de lui
un
Plusieurs. Au
moment
impercept
ible
Platon
nie l'tre
de
l'Un il
effectue
une transmutation du sens
parmnidien
de l'tre-Un qui se
transforme
en
un
tre-pluriel. Au
terme
de
l'hypothse,
l'Un
en
effet
nie l'tre
aprs
s'tre
oppos
au
plusieurs.
C'est bien l'tre en tant qu'Un de Parmnide
qui
est rejet au
profit
d'un
tre-Multiple
vers
lequel
s'oriente tout le
dialogue
partir de la
deuxime
hypothse12. L'Un donc n'est Un
que s'il
n'est
pas
l'tre
qui
est
Multiple.
Le
noplatonisme
en
tirera
toutes
les
consquences
en
situant
l'Un de la
premire hypothse
au del de tout
tre, icKeiva
if\q
ouaia.
Platon est
all jusqu'au bout de
l'analyse
de l'Un dans la
premire
hypothse.
Il fera
de
mme avec
l'ide du
Multiple dans la deuxime. Le
passage
celle-ci
est un recommencement
qui
constitue le vritable
point de dpart de ce qui suivra. Cette fois-ci,
il
s'agit de considrer les
consquences qui
dcoulent
de
l'affirmation
que
l'Un est,
non pas en
tant
qu'unit, mais en tant que ralit. Platon envisage l'Un
et
l'tre la
fois.
Aussitt,
il
doit reconnatre
la
multiplicit
qui
tait
nie
de
l'Un
lors
de
la premire
hypothse.
Car si l'Un est, ncessairement il est
deux: l'Un
et l tre;
il
se transforme en un tout compos
de
deux parties. C'est la
raison pour laquelle le but
de
la
deuxime
hypothse est
de
montrer
que
unit
et pluralit sont compatibles et possibles l'une par l'autre. Quand,
10 Cf. Victor
Brochard, tudes
de
philosophie ancienne et
de
philosophie
moderne,
Flix Alcan,
Paris,
1912.
11 Proclus, In Parmenidem, I, 14.
Trad.
A.-. Chaignet.
12 Cf.
Jean Wahl,
tude
sur le Parmnide
de
Platon, Vrin, Paris, 1951, p.
130 ss.
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L'tre comme noXX chez Platon
1 1
en
effet, on dit
l'Un est,
on dit
en mme temps
l'Un
n'est
pas
Un
mais une pluralit
et,
inversement, quand
on dit
la pluralit
est
on
pense
une pluralit.
L'tre
introduit
donc
le multiple
dans
l'Un.
Car
l'Un et l'tre
apparaissent
comme
deux
entits. Aussi intimement unis
qu'il puissent tre, ils ne peuvent jamais s'identifier
compltement
parce
que dans
ce cas ils
se
confondraient:
l'tre serait
l'Un et
l'Un serait
l'tre, on
retournerait
Parmnide et
on
tomberait
sous
le
coup
des cri
tiques formules
contre
la
premire
hypothse. Nous nous trouvons
donc
devant une Dyade,
c'est--dire
un
tout
compos de deux parties dont
l'une
est indissociablement rattache
l'autre.
L'Un est insparable de
l'tre et l'tre
de l'Un. Cela
signifie
que
autant
de
fois
je considrerai
chaque
partie,
autant
de
fois
chaque
partie se transformera
en un
tout
compos d'un
et d'tre.
Que l'on aille aussi
loin que l'on
voudra,
que
l'on prenne
la plus
petite partie
de
chacun,
puis la plus
petite encore,
on
aura toujours deux parties o l'un se rattache encore
l'tre.
La Dyade
se rpte sans fin. Ainsi, comme
dit
Jean Wahl,
l'ide
d'infini se mle
trangement
l'ide
de dualit13. Le v v
est
infini quant
la multi
tude, 7T^f|0o.
Donc,
si
l'Un
est, le Multiple triomphe
L'Un, qui
chaque fois,
est,
se transforme en nombre
et
se distribue sur toute
la mult
itude
des
tres,
il
se multiplie
en une rptition
contagieuse.
Ainsi,
affi
rmer
l'Un
est
c'est
introduire
un
principe de
divisibilit infinie au
cur
de
la
Monade.
L'tre
apparat
comme
le principe
du
Multiple.
Dsormais, le Multiple se dplie sans cesse.
Tout
l'effort de Platon
va
ds lors consister
imposer une
limite
au Multiple sous
peine de voir
l'Un-tre s'mietter, le monde
des Ides se dissocier,
et perdre
l'espoir
d'une
communication entre elles, ce
qui
rendrait impossible la prdication.
Il faut donc
de toute
ncessit
que
le Multiple
s'accorde
l'Un
comme
sa
limite.
Comment
le vxco v, le rellement rel, les Ides, peut-il la
fois
tre
un et multiple? La
troisime
hypothse a pour
tche
d'apporter
les lments d'une
rponse
cette question qui met en
jeu le
platonisme.
Elle
consiste,
dans
un
premier
temps,
recueillir
les
conclusions
des
deux
premires
hypothses en les additionnant: Si
l'Un
est, tel que
nous l'ont
prouv nos
dductions, d'une
part un et multiple, d'autre
part ni
un
ni
mult
iple, d'ailleurs participant au mme temps, n'y a-t-il pas ncessairement
pour
lui, parce qu'il est
Un, un moment o
il participe
l'tre?14.
13 Op. cit., p.
77.
14 155 e, trad.
A.
Dis: T v el axw olov 5iXr|A.C8anev, &p'
ok
vyicri
aT v
xe v
Kai
noA.A, kc nr\zs
v |if|xe
rco>A
icai
hex^ov xpvou, cm
nv
axiv
v
oaia nex^ew nox, ti
5
'ok eaxi
\ir\
nex^eiv au rcoxe oaia.
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12
Herv
Pasqua
Ce texte
montre
que
ce
qui
permet
de
cumuler
les rsultats des
deux
premires
hypothses est
l'introduction de la notion de temps.
L'Un-qui-
est,
en
effet,
accueille
toutes
les dterminations
refuses
l'
Un-pure
ment-un.
Or, parmi
celles-ci se
trouvent les dterminations temporelles.
L'Un, donc, est
et il
n'est plus hors du temps.
Il
prend
part l'tre
selon
le prsent,
c'est--dire,
l'ouverture par
laquelle
l'Un
passe
l'tre
et
l'tre l'Un. Le passage continu entre
les
deux est ncessaire car,
comme Parmnide l'a clairement tabli au cours de la deuxime hypot
hse, autre
est l'tre,
autre
l'Un. Ce n'est point son unit qui
fait l'Un
diffrent de l'tre, ni la ralit de son tre
qui
fait l'tre autre
que
l'Un:
c'est le diffrent,
l'autre,
qui les
diffrencie mutuellement15.
Ainsi il y a
un
troisime lment, le
Diffrent,
qui
diffre
et
de
l'Un
et
de
l'tre
et
de leur
couple16. En introduisant
la Diffrence au
cur
de la
Monade,
la
Dyade ouvre
l'Un
l'Autre
au
risque de
le perdre
dans
une multiplicit
cancrigne et mortelle.
La
seconde
hypothse avait
montr
que
la
naissance
de l'Un est la
mort du Multiple: l'Un
exclut le Multiple, le Multiple exclut l'Un.
Or,
Platon veut et
l'Un
et le
Multiple.
C'est
la
raison pour laquelle
la
tro
isime
hypothse,
en
rassemblant
les
conclusions
prcdentes,
nous
place
devant un Un
qui
est et
qui
n'est pas,
qui
nat et
qui prit: Un
donc et
multiple,
naissant et prissant, est-ce que
sa naissance comme
Un
n'est
pas
sa
mort
comme
multiple
et
sa
naissance
comme
multiple,
sa mort comme Un?17. Ce passage de
l'Un au Multiple et
du
Multiple
l'Un suppose
l'introduction
du
changement au
cur du Mme
par
lequel celui-ci puisse devenir
Autre.
Or,
tant m, s'immobiliser, tant
immobile,
passer
au mouvement,
comment cela sera-t-il possible
s'il
n'y a aucun temps o il puisse n'tre ni m ni immobile et
cesser
d'tre
l'un pour devenir l autre? Car ce changement
ne peut
s'oprer quand
il
est immobile ou
quand
il est
m.
Il
doit ncessairement
s'effectuer
entre les
deux,
dans l'intervalle,
au moment
du passage. Or, au moment
o
il
est
en
train
de
passer,
il
n'est
ni
l'un
ni
l'autre.
Ce
moment
ne
peut
tre
qu'un
aiorcov,
un sans-lieu, un hors-temps.
trange
chose
qui
est la fois point de dpart et point d'arrive pour le changement du
mobile qui passe
au repos
comme
pour
celui de l immobile qui passe
au
15
Id., 143 b.
16 Cf. J.F. Matti, L'tranger et le Simulacre,
PUF,
Paris, 1983, p. 216.
17 Parmnide, 156 b:
"Ev
kc
nolXa.
v
Kai
yiyvjisvov kc noX.A.C|ievov
p'
o>x xav
\iv
yiyvT|Tcu ev, x no k k
eivcu
nXXvxai, xav
noXX,
t
v
elvai n'kXvxai.
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L'tre
comme noXX chez Platon 13
mouvement18. Ainsi, l'Un
pourra
changer pour passer d'un de ces
tats
l'autre,
mais en
oprant
ce changement dans
un moment instan
tan
ui ne
saurait
tre ni
m
ni
immobile
et,
par
consquent,
en
aucun
temps.
Instant,
en grec, se dit ai(J>vr|, mot compos de ^ hors
de, et
de avr|, subitement, issu de
l'adverbe
potique av|/a,
tout
coup ou sur le champ. L'instant serait
sortie
comme point de dpart
intemporel
et neutre selon
l'expression de
A. Dis19.
L'Un
donc
se pr
sente
hors
du
temps, en cet instant o il passe sans passer,
dans
ce pas
sage, cette
ouverture
o il
se
montre
en se cachant,
parat en
disparais
santt claire en aveuglant. Jean Wahl parle d'un trou dans le temps
conduisant au
del
du
temps
et,
avec
Proclus,
il y
voit
volontiers
l uvre
de la foudre hraclitenne qui gouverne tout parce que lie
au
Feu spiri
tuel
qui
assure
la
permanence
du passage, coule de lumire
dont
la
source jaillit en un clat,
en
cet instant
suprme
de l'ascension dialec
tiqueo le
Bien se
montre au-dessus des tres et le Beau sans
forme se
dvoile
au
del
de toutes
les
formes20.
Plutt qu'un trou dans le temps J.F. Matti prfre voir dans
l'^ai((>vr|
une
torsion21. Torsion
des
fils de la
premire et
de
la
deuxime hypothse qui tissent la suite
entire
des hypothses. La tro
isime se
situe prcisment au
croisement
des deux
fils qu'elle
entrelace.
L'Un
de
la
premire
chasse
l'tre,
il
se
retire
en-de
de
lui-mme.
puis,
extnu par les ngations,
il
ne lui reste plus assez d'tre ni pour
tre, ni pour tre un. Dans la deuxime, l'tre cette
fois
s'affirme de
l'Un. L'unit se transforme en totalit, la monade
en
dyade
qui
se rpte
infiniment et
se multiplie sans cesse, excdant toute limite. C'est
alors
qu'intervient la troisime
hypothse pour montrer
comment dans la
fu
lgurance
de l'^ai
-
8/12/2019 L'tre Comme Chez Platon. Les Enseignements Du Parmnide Et Du Sophiste
9/13
14
Herv
Pasqua
jointure
et point de rupture. J.F. Matti
montre
admirablement comment
elle constitue
un
principe d'ordre pour
la
distribution de l'ensemble des
hypothses
en
la
srie
impaire (1,5,7,9)
des quatre
hypothses
sur
l'Un
et en la
srie
paire
(2,4,6,8)
des quatre hypothses
sur
l'tre. Jamais,
ces
deux
sries
ne
pourraient se
rencontrer sans
l'ai(|)vri
o fusionnent
les contraires, o
se
scinde le Mme,
la fois point de dpart et point
d'arrive,
origine de
l'exil et
source
de toute
nostalgie, site trange o
bientt
va
apparatre l'tranger, incarnation de l Autre qui
circulera sans
cesse parmi
les Genres
s
'introduisant dans le Mme
pour
sortir de lui
et
l'entraner sa
suite
travers le Multiple pour le sauver
de
l'miette-
ment. Ainsi l'Autre, le Diffrent, prend la premire
place
et
se fait
prin
cipe.
La
troisime hypothse annonce l'tranger
du
Sophiste qui
s'ident
ifiera l'late parricide.
Le
Parmnide
a
montr que
l'Un n'est pas. Le Sophiste
va
affirmer
que le non-un est. Le non-un, c'est--dire, le Plusieurs. Tel
est
le monde
des Ides, le
TtavxeA-
v,
tout
l'tre.
L'tre
n'est
pas Un, il
est Mult
iple.
Et
c'est parce
que
Parmnide identifie l'tre et
l'Un que
l'tranger
d'le pourra perptrer son parricide
en
affirmant que
l'tre n'est pas,
c'est--dire: l'Un n'est pas. Seul est
le Multiple, le
non-un qui, aux
yeux
des lates, est le non-tre.
Ainsi
pourra-t-il
dmontrer
que le non-un est
en
montrant que l'tre
est
plusieurs. Tel est le dessein du Sophiste. A
vrai
dire,
l'effort
visant prouver
que
l'erreur est
possible
afin
de
dnonc
eres Sophistes sert de prtexte un dessein plus fondamental:
dmont
rera ralit du non-tre. Parti,
donc,
la
chasse
au
Sophiste, l'tranger
le rencontre
la cinquime tentative de dfinition: c'est
un
prestidigita
teur
e
mots,
il
transforme le faux en vrai, il fait tre ce qui n'est pas.
C'est
ce dernier
point qu'il
s'agit
prcisment de rfuter
en dmontrant,
contre Parmnide, que le non-tre
est. Cette dmonstration occupe la
plus
grande partie
du
discours (237a-259d). Le reste, la
deuxime
partie,
plus brve (259e-268d), consistera simplement recueillir les fruits de
l'effort
fourni
et
revenir
ensuite
la
coque22,
la
dfinition du
sophiste,
pour appliquer les rsultats de la dmonstration la possibilit de
l'erreur dans
le discours,
l opinion
et
l'imagination.
Rendu en ce point, l'tranger pourra prendre cong
de
ses interlo
cuteurs
et
poursuivre
sa route. Route
d'exil,
car cet inconnu,
dont
on
ne
saura jamais
le
nom, n'a
plus de
chez soi.
Venu d'ailleurs,
il est
parti
22 Th. Gomperz
distingue
les
deux parties du Sophiste en appelant l'une le fruit,
l autre la
coque, in
Les
Penseurs
de la Grce,
II, p.
592.
-
8/12/2019 L'tre Comme Chez Platon. Les Enseignements Du Parmnide Et Du Sophiste
10/13
L'tre
comme noXX chez Platon 15
sans
retour
possible. Voyageur errant,
rien ne
le rattache dsormais une
origine. Toujours de passage,
il
passe aujourd'hui Athnes23 o
Socrate
reoit
Thtte
venu
avec
un
ami
d'tudes, Socrate
le
Jeune,
homonyme muet
du
premier, et Thodore
qui
amne, lui, l'tranger ano
nyme venu d'le
sous la
protection sans nul doute du
dieu
des voyag
eurs, Herms
le
messager
divin, compagnon
des hommes qui
rvrent
la justice,
se manifestant partout
o il y a communication,
change24.
Jamais
fix
en un lieu,
toujours
instable, en perptuel mouvement,
il
incarne le
principe de
la mobilit,
de
la
transition
vers l'Autre. L'trang
er,
'il
n'est point un dieu,
du
moins apparat-il Socrate comme un
tre divin, c'est--dire,
un
philosophe. Ainsi, le double de Socrate l an
onyme
en
compagnie
de
l'homonyme
part
la
chasse
au Sophiste dans
un
mouvement
de
descente
consistant
en
la mthode de division.
La
division, en effet,
est une
descente
dans la mesure o,
s
'intro
duisant dans le cur de
l' tre-Un,
elle le fait couler dans l' tre-Mult
iple
ar
l'tranger, fils
ingrat,
va porter son geste parricide
sur l'Unit
parmnidienne.
Geste terrible mais inspir,
car
l'Un n'est pas. Ainsi
l'tre-Un va
se
dverser hors de soi.
Tout
ce
qui sera,
dsormais, ne sera
plus qu'exil, altrit absolue
dont
l'tranger nous prsente
le
troublant
visage.
L'tre n'est
plus reconnaissable
autrement
que sous la
forme
d'une
multiplicit bante
se rpandant
en Diffrence pure. L'Autre s'est
introduit
dans
le
Mme,
il
a
fragment
l'Un
en plusieurs Genres
et
dis
sous l'tre dans
une
fusion anarchique,
il
a
bris le
silence glac
et vide
de l'identit. Ds l'origine,
au
sein
mme de l'pxT|, la division rgne
et
transforme
le
principe
en
source, c'est--dire
en
plaie bante.
Tel est le
parricide,
il rside
en
un saut
dans
la diffrence
qui fait sortir l'Un de
son identit morte.
L'exil
de l'tranger est intrieur, il a dtruit
toute
possibilit de
retour
en
dtruisant
l'origine.
Au commencement,
il y a le
Plusieurs. Toute la question
est
de
savoir comment ce
Plusieurs
peut tre un ou, en d'autres
termes, com
ment
le
non-un,
c'est--dire,
le
non-tre,
peut
tre.
L'tranger dmont
rera
'existence du
non-tre en montrant
que
l'tre est multiple et que
cette
multiplicit est mouvante. Au pralable, il devra
vacuer
le
double
handicap des
thses
immobilistes qui
figent l'tre et le transforment
en
une
statue
inerte et
vide25,
et des thses mobilistes
qui
plongent tout dans
23
Soph.,
216 a-217 a.
24
Cf.
J.F. Matti, op.
cit., pp.
184-193.
25 Soph.,
241 e.
-
8/12/2019 L'tre Comme Chez Platon. Les Enseignements Du Parmnide Et Du Sophiste
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16
Herv Pasqua
la
translation
et le mouvement
rendant impossible
l'identit.
Car, tel
un
enfant,
Platon veut tout: et le repos et le mouvement C'est pourquoi il
affirme
que
l'tre
est
l'un
et
l'autre
la
fois.
Cependant,
affirmer
l'tre
du
mouvement et
du repos,
loin
de rsoudre
le problme
de l'tre,
le
pose
dans toute son acuit. Ces deux notions, en effet, sont contraires et irr
ductibles
l'une l'autre26. Le mouvement n'est pas le repos, le repos
n'est
pas
le mouvement. Dire, donc, le
repos
et le mouvement
sont,
c'est
les confondre dans
un
mme tre. Or cela
est
absurde. La seule faon
d'viter cette conclusion est
de reconnatre que l'tre
n'est point
l'ensemble mouvement-repos,
mais autre qu'eux27.
Une
fois
ceci
admis, il apparatra clairement que l'tre n'est ni le mouvement ni le
repos.
C'est
un
troisime
lment,
un
troisime
genre
distinct
des
deux
autres et
s'ajoutant
chacun d'eux. En
tant
que
tel,
il permet la
commun
ication en se mlant
au
mouvement et
au
repos qui ne sauraient se mler
l'un
l'autre.
Ainsi, l'tre peut
s'affirmer
de chacun
sans
se confondre
avec aucun d'eux. Nous
nous
trouvons donc maintenant devant
trois
genres: le
Repos,
le Mouvement et l'tre. Mais trois genres tels qu'ils
peuvent
communiquer entre
eux rendant ainsi possible la prdication.
A
l'altrit interne
du couple de
contraires s'ajoute ainsi l'altrit
externe
de
l'tre au couple. Chacun des
trois genres, pouvons-nous
dire
dsormais,
se
distingue des deux autres et demeure identique soi.
Ce
faisant
nous
posons
un
nouveau
couple:
Identit
et
Diffrence.
Nous
introduisons deux genres
nouveaux diffrencis des trois
premiers,
bien
que
toujours
mls
ncessairement
eux28.
Cette
fois,
le
nombre
des
genres
s'lve
cinq: le
Repos,
le Mouvement, l'tre, le
Mme
et
l'Autre.
L'tranger
s'efforce de
bien
distinguer
ces
cinq genres afin de
montrer
que
l'tre ne
se confond ni
avec le
Mme ni
avec l'Autre. S'il
tait identique au Mme, alors: a) le Mouvement qui est, tout
autant
que
le
Repos, serait
le
mme
que le
Repos; b)
le Repos
qui est, tout
autant
que
le Mouvement,
serait
le mme que le
Mouvement. Donc, Mouvem
ent,
epos
et tre
s'abmeraient
dans
l'Identit
vide, ils
s'effaceraient
en
s
'enfonant dans le dsert de l'Un. S'il tait identique l'Autre alors:
a) l Autre
ne serait
pas
autre
que l tre; b)
l'tre
serait
autre
que
l'Autre. Une conclusion s'impose si nous ne voulons
pas
nous noyer
dans
un
torrent
d'absurdits: l'tre
de l'Autre n'est pas
l'tre, c'est
26
Id.,
250 a.
27
Id.,
250
c.
28
Id.,
254 e.
-
8/12/2019 L'tre Comme Chez Platon. Les Enseignements Du Parmnide Et Du Sophiste
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L'tre
comme
noXX
chez
Platon
17
l'tre de la
Relation.
En effet, l'Autre
ne se
dit que
relativement autre
chose29.
En tant
que
relation, l'Autre
assure
la participation des
genres
et
les arrache
l'Identit.
Il
donne
la
vie
la
communaut
des
genres
en
circulant travers eux, en
se rpandant
sans arrt dans
l ensemble,
y
compris
dans l'tre
lui-mme.
La
Diffrence triomphe
de l'Identit,
mais sans
se
perdre car c'est l'Identit elle-mme
qui exige
la
prsence
du Diffrent,
sauvant
ainsi
l'existence
des Genres, c'est--dire, la Multip
licit des
Ides.
Quelle
est la nature
de
cette Altrit
qui
pntre tous
les genres,
et
par consquent l'tre aussi? Chaque
Genre, avons-nous
vu, est le mme
que
soi et autre que
les
autres, donc non-tre.
Nous nous trouvons
devant
la
dfinition
du
non-tre:
ce
n'est
pas
le
contraire
de
l'tre
le
Nant
c'est l'Autre.
S'il
peut
tre autre que l'tre
sans tomber dans le
Nant,
c'est parce
qu'il
est autre non
pas de l'tre en
tant
qu'tre mais
de l'tre en tant qu'Un. Le non-tre, c'est le non-un: il est l'tre
du
mult
iple. Donc
le non-tre
est
Il
est parce qu'il
est
multiple. Le
non-tre
n'est pas moins tre
que
l'tre lui-mme; car ce n'est point le contraire
de l'tre
qu'il exprime,
c'est simplement autre
chose que lui30.
Le
non-
tre est.
Il est
l'Autre: l Autre que l'tre-Un
et
non
le
contraire de l'tre.
Le non-tre
est, le
non-un
est, le multiple est,
l'tre est mult
iple:
autant
de formules quivalentes qui dcoulent de la
ngation
de
l'tre
parmnidien.
L'affirmation
de la Diffrence pure provoque le dclin de l'Un.
Mais l 'Altrit, elle, divisant les genres, les parcourt
et
les traverse
en
les
faisant communiquer entre
eux:
elle n'miette pas l'tre,
dj
multiple
(les
Ides),
elle le distribue sur toute la srie des genres
dont
l'unit se
maintient au
pluriel
grce
la relation.
L'tranger a insist sur ce
point: chaque genre, en se dtachant
des
autres,
conserve son galit
soi
de telle manire que
leur
multiplicit
soit constitue d'units et ne
sombre pas dans
une multiplicit devenue
folle,
dchane
et
hors
d'elle-mme.
Car
une
telle
multiplicit
plonger
aita Diffrence dans
l'in-Diffrence
faute de
diffrer
de l'Identique,
c'est--dire
force de vouloir tre Diffrence pure31. C'est ce
que
veut
dire
l'tranger quand
il
affirme: tout ce qui est autre a comme caractre
ncessaire de n'tre ce qu'il est
que
relativement autre chose32. Cet
29
Id.,
255 d: x
y xspov ti
rcp
xepov r\ yp.
30
Id.,
258 b.
31 Cf. J.F. Matti, op.
cit.,
p. 88.
32
Sophiste,
255
a.
-
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13/13
18
Herv
Pasqua
autre, en
effet, est
aussi
toujours le
mme
que soi. Pas
de
Diffrence
donc sans
Identit de l Autre
jamais autre que lui-mme,
toujours
en
exil,
d'une
errance
insurmontable.
Car,
ds le
commencement, la
Diff
rence diffre parce que si l'tre est
l'Un,
l'tre
n'est
pas
l'tre, et
l'Un
n'est rien.
Seul
est le Multiple.
Institut
Universitaire Saint-Melaine
Herv Pasqua.
Campus de Ker-Lann
F-35170Bruz
Rsum.
L'tre
est
l'Un.
Tel est
l'hritage
que Platon reoit de Parm-
nide.
Non pas l'tre
est
un,
mais:
l'tre
est l'Un. Autrement dit,
l'Un
n'est
pas
prdicat
ni
accident de l'tre,
il
en
constitue
l'essence. Quand
l'late
affirme:
l'tre
est, le non-tre n'est pas,
Platon
comprend:
l'Un
est, le non-Un n'est
pas.
Ds
lors, le sens du parricide que va commettre
l'tranger
dans le Sophiste
sera
non pas,
comme on l'entend
traditionnellement: l'tre n'est pas, le non-tre est,
mais l'Un n'est pas,
le non-Un
est. En refusant l'identification
parmnidienne
de
l'tre l'Un,
Platon
rvle son vritable dessein, savoir, montrer
que
l'tre, le
rellement rel, le onts
on,
c'est le
Plusieurs
(les
Ides).
Abstract. Being
is the
One. This
is
Plato's
inheritance
from Par-
menides. Not
that Being
is
one, but:
Being
is
the One.
In
other words: the One
is
not a
predicate or an accident of Being, but is
its essence.
When the thinker
from
Elea
affirms that
Being
is
and
non-Being
is not,
Plato
understands:
the
One
is,
the
non-One
is not. Hence the meaning of the
patricide
which the
Foreigner is going to commit
in
the
Sophist
will not be the traditional inter
pretation:
Being
is not, non-Being is, but: the One is not, the non-One is. By
refusing to follow Parmenides' identification of
Being
with the One, Plato
reveals his true purpose, namely
that
of
showing that
Being, the really
real,
the
onts on, is the Manifold
(the
Ideas). (Transi, by J
Dudley).