l'éthique dans le recrutement
DESCRIPTION
UNIVERSITE DE HAUTE ALSACE IUT DE MULHOUSEL’ETHIQUE DANS LE RECRUTEMENTMémoire présenté en vue de l’obtention de la Licence Professionnelle GRHCandidate : TALEC Rachel Responsable d’apprentissage : M. Claude KEONIG Enseignant tuteur : M. Renaud MULLERAnnée universitaire 2011/2012REMERCIEMENTS :Avant toutes choses, je souhaiterais exprimer ma reconnaissance envers toutes les personnes qui ont concourues à l’élaboration de ce mémoire. Je tiens à remercier sincèrement M. Koenig dont l’acTRANSCRIPT
UNIVERSITE DE HAUTE ALSACE
IUT DE MULHOUSE
L’ETHIQUE DANS LE RECRUTEMENT
Mémoire présenté en vue de l’obtention de la Licence Professionnelle GRH
Candidate : TALEC Rachel
Responsable d’apprentissage : M. Claude KEONIG
Enseignant tuteur : M. Renaud MULLER
Année universitaire 2011/2012
2
REMERCIEMENTS :
Avant toutes choses, je souhaiterais exprimer ma reconnaissance envers toutes les
personnes qui ont concourues à l’élaboration de ce mémoire.
Je tiens à remercier sincèrement M. Koenig dont l’accueil et l’aide ont fortement
influencés ma réussite cette année.
Mes grands remerciements à M. Renaud Muller qui, par sa disponibilité et ses précieux
conseils, a alimenté ma réflexion et amélioré ma perception.
A mes professeurs de licence RH pour m’avoir fourni les outils nécessaires à la réussite
de mes études,
A ma collègue de travail Mlle Jill Kiener qui a contribué au bon déroulement de mon
apprentissage chez Argos Conseil et avec qui la collaboration fut un plaisir,
A mes proches dont le soutien et l’aide m’ont permis de me constituer un projet de
carrière qui me correspond,
Aux auteurs, sociologues, associations, organismes de recherche, entreprises et
recruteurs qui luttent au quotidien afin de responsabiliser la pratique,
J’adresse mes plus sincères remerciements.
3
SOMMAIRE :
REMERCIEMENTS : 2
SOMMAIRE : 3
AVANT PROPOS : 5
INTRODUCTION : 6
I / PROCESSUS DE SELECTION ET PRATIQUE DU RECRUTEMENT : 9
A. L’ETHIQUE ET LA COGNITION : 9
1. LA NORME D’ANDROGYNIE : 11
2. LES NORMES D’ÂGE : 12
3. LA NORME D’INTERNANLITE ET LE STEREOTYPE DE BEAUTE : 13
4. LA NORME D’ALLEGEANCE : 14
B. VERS UNE PRATIQUE RESPONSABLE : 16
II / UNITE ET DIVERSITE, VERS UNE REDUCTION DES ECARTS : 21
A. ENJEUX DU RECRUTEMENT DIVERSIFIE POUR L’ENTREPRISE : 21
1. UN ENJEU JURIDIQUE : 22
2. UN ENJEU ETHIQUE ET BASE SUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE : 23
3. UN ENJEU ECONOMIQUE : 23
B. UNE JUSTICE ORGANISATIONNELLE ET DES ACTIONS SUR LES PARTIES PRENANTES: 25
1. VERS UNE NORMALISATION : 26
2. SENSIBILISATION A L’ANALYSE DU TRAVAIL : 29
3. UN SYSTEME DE GARANTIE : 30
4. DES TABLEAUX DE BORDS : 30
5. INSTAURER UNE RELATION DE SUIVI AVEC LE CANDIDAT : 30
CONCLUSION : 31
4
BIBLIOGRAPHIE : 33
OUVRAGES : 33
CONFERENCES ET TRAVAUX : 33
SITES INTERNET : 34
ANNEXES : 35
ANNEXES 1 : 36
MODELE DE CHARTE ETHIQUE DU RECRUTEMENT : « A COMPETENCES EGALES » 36
ANNEXE 2 : 38
MODELE THEORIQUE DES PROCESSUS PSYCHOLOGIQUES A L’ŒUVRE DANS LA PROCEDURE DE RECRUTEMENT : 38
5
AVANT PROPOS :
Dans le cadre de la licence j’ai été amenée à effectuer un apprentissage au sein du
cabinet de conseil en recrutement Argos Conseil. Ce cabinet est spécialisé dans la recherche
de cadres et ingénieurs pour l’industrie. Il fut crée en 2004 par Claude Koenig, ingénieur arts
et métiers, devenu chasseur de têtes.
La chasse de tête relève du domaine du recrutement, plus précisément du recrutement
externalisé. C’est-à-dire que les entreprises font appel à un cabinet externe pour trouver et
recruter le candidat répondant à ses besoins. Mes missions au sein de ce cabinet étaient
principalement celles d’une chargée de recherches. Après un ciblage du domaine et une
limitation du champ d’action réalisés par le consultant, je me chargeais d’identifier, de
contacter et de présélectionner les candidats susceptibles de répondre au profil du
professionnel recherché. Avec l’évolution des technologies de l’information, les missions de
la chargée de recherches ont évoluées. L’identification des candidats se réalise de plus en plus
via les réseaux sociaux et l’approche ne se fait plus exclusivement par téléphone mais aussi
par mails.
Ce mémoire ne traite pas de ces missions ou des outils avec lesquels j’ai pu travailler
mais sur l’éthique dans le recrutement. Ce choix se justifie par le fait que la première
difficulté rencontrée lors de mon arrivée a justement été la problématique liée à l’éthique. En
effet, le recrutement est une affaire d’intuitu personae et la pensée humaine a souvent
tendance à commettre des erreurs de jugement. Je parle de « biais cognitif » qui sont des
raccourcis mentaux issus de stéréotypes, de nos expériences ou encore de l’opinion commune.
Justification faite également par la finalité de mes études qui est de recruter à mon tour.
Le recrutement est une étape importante puisque, d’une part elle contribue ou non à la réussite
de l’organisation et d’autre part elle constitue son capital humain qui est également un facteur
de réussite. De même, cette activité est une occasion pour l’entreprise de se donner une
visibilité, une existence et un moyen pour communiquer à travers ses annonces. Pourtant il
n’existe aucune formation spécifique requise pour accomplir cette tâche. Ces questions
éthiques que je me pose répondent à un besoin de repères dans la profession. Je propose ici
des pistes de réflexion sur des comportements à adopter, sans toutefois me déclarer
exhaustive.
Il m’apparait alors essentiel de traiter la question puisque l’importance et le regard que
l’on porte à cette notion détermine pour beaucoup les orientations que prend cette activité. Il
est primordial de réfléchir à la démarche à suivre, il faut en mesurer les enjeux et les risques
ainsi qu’identifier les éventuels conflits.
6
INTRODUCTION :
Le recrutement est une étape décisive dans la gestion des ressources humaines. Il s’agit
de recruter le bon candidat, au bon moment et au bon endroit. Une inadéquation entre la
personne choisie et le poste qu’elle va occuper peut avoir des conséquences très négatives,
d’une part sur l’organisation et d’autre part sur la personne. C’est alors au recruteur qu’il
incombe de réduire au maximum ces écarts.
Cette pratique met en place trois parties prenantes majeures1 qui modifient les enjeux.
Dans un premier temps le recruteur qui sélectionne mais qui ne figure pas toujours comme le
décideur final ni comme le supérieur hiérarchique du candidat. Il agit dans son intérêt qui est
le développement et la survie de son organisation. Puis intervient le candidat qui sera ou non
recruté, qui se présente avec ses espoirs et angoisses. Enfin le client ou le décisionnaire de
l’entreprise, qui sera le responsable hiérarchique du recruté et aussi le collaborateur du
recruteur. Ces derniers ont des obligations réciproques.
Recruter c’est alors à la fois décider et renoncer. Il faut pouvoir sélectionner parmi un
vivier de candidats très différents, effectuer un tri et savoir anticiper les conséquences (bonnes
ou mauvaises). Le recrutement est donc un pari sur l’avenir, la certitude absolue n’existe pas
dans ce domaine. C’est également un investissement.
Tout ceci implique que le choix ne peut être aléatoire, ce choix doit découler d’une
évaluation et d’un jugement. Le recrutement est donc technique via des outils concrets et un
processus normalisé mais c’est avant tout une affaire de rencontre, de rapports de force, de
séduction, d’artefacts et parfois de jeux de rôles. De ce fait, les approches purement
techniques visant à l’éloignement du subjectif sont illusoires. Le recrutement c’est avant tout
du relationnel. Les outils d’évaluation sont principalement analysés selon leur efficacité mais
on occulte leur place. Ils sont additionnels, c’est la relation humaine qui est au cœur du
recrutement, ce qui suggère son respect.
Le respect relève du domaine de l’éthique. Mais qu’est-ce que l’éthique ? Y a-t-il une
différence entre la morale et l’éthique ? Pourquoi en parle-t-on de plus en plus ?
D’un point de vu étymologique, rien ne permet de ces distinguer ces termes entre eux.
L’éthique vient du grec « ethos », la morale du latin « mores ». Ils renvoient à l’idée de
« mœurs », donc ce qui est attrait au concept du comportement et des rituels dans une société
donnée et à un moment déterminé. Ce concept apparait dans l’Antiquité et l’élément
déclencheur a été une période de profondes remises en cause des normes sociales de
l’époque.2 On se demande aujourd’hui quel est le mal et quel est le bien et surtout qui les
détermine ?
1 Toujours dans l’hypothèse de l’externalisation de la compétence recrutement.
2 A l’époque de l’empire grec du V après JC, les propriétaires terriens définissaient les règles. L’ère du
commerce vint percuter ce fonctionnement avec d’autres fonctionnements et jugements de valeurs.
7
Au fil de l’Histoire, ce concept varie, les Grecs considèrent que l’éthique consiste à
réfléchir aux principes qui guident la vie de l’Homme3. Les épicuriens eux, s’expriment en
terme de devoirs, et cela via l’ataraxie (plaisir stable de l’âme, on limite le plus de tensions
positives ou négatives). Les Romains proposent une vision juridique des mœurs et optent pour
la notion de morale4. Plus tard, Kant, définira la morale par la dimension obligatoire de la
norme.
Ce n’est qu’en 1990, que le philosophe français Paul Ricoeur dépasse ce conflit. Pour
lui, la question des mœurs peut être nuancée « selon que l’on met l’accent sur ce qui est
estimé bon ou sur ce qui s’impose comme obligatoire »5. C’est donc « la visée d’une vie
accomplie sous le signe des actions estimées bonnes »6 et la morale comme « le côté
obligatoire, marqué par des normes, des obligations, des interdictions »7. Il défend ensuite la
primauté de l’éthique sur la morale puis insiste sur le fait que l’éthique doit passer « par le
crible de la norme » et que pour que cette norme fonctionne il est nécessaire que demeure une
exigence d’universalité8. Il faut alors se tenir « à égale dignité »
9.
Pour mettre en relation la vision Ricoeurienne avec le recrutement, il convient que
l’évaluation et le jugement ne soit pas en contradiction avec les règles en vigueurs dans une
association. Je parle ici de charte ou de conventions collectives. Aujourd’hui on assiste à un
véritable bouleversement des normes comportementales et éthiques.
L’éthique dans le recrutement supposerait alors que le recruteur doive primer l’égalité
des chances. Qu’aucune « catégorie » de personnes ne soit exclue ni sujette à une
discrimination à l’embauche.
Outre la dimension éthique, le recrutement doit faire face à une dimension économique
et organisationnelle de plus en plus rude.
En effet, les pratiques n’ont cessées d’évoluer au fil de l’Histoire et cela en fonction du
contexte économique. Avant l’ère industrielle, on parlait surtout de recrutement au sein de
l’armée. Cette dernière procédait à un tirage au sort qui pouvait être annulé contre le
versement d’une somme. Avec l’apparition du Taylorisme, l’ouvrier recruté subit des
contraintes internes à son entreprise (l’organisation pousse à la spécialisation et réduit donc sa
mobilité) et externes (lois sociales de 1945 reconnaissant le monopole de recrutement à
l’ANPE).
3 Aristote considérait l’éthique comme à la portée de tous et qu’elle s’acquiert sur le terrain, autrement dit via
l’expérience et l’apprentissage. Contrairement aux Sophistes comme Platon qui décernait la vérité à l’orateur
dont l’opinion persuadait les foules. Platon cherchait n »anmoins des guides d’action relevant de la sphère
éthique et séparait 4 On parle ici de déontologie qui est la science du devoir. Aujourd’hui, elle est l’ensemble des règles que se
donne un corps de métier. Le serment d’Hippocrate (médecine) est le plus connu, suivi de celui-ci des experts-
comptables et des avocats. 5 Ricoeur P., Le juste, Paris, Esprit, 1995.
6 Ibidem.
7 Ricoeur P. Lectures, Seuil, 1991, p. 258
8 Il convient alors de respecter la formule de Kant : « Agis toujours de telle façon que tu traites l’humanité dans
ta propre personne et dans celle d’autrui, non pas seulement comme un moyen, mais toujours aussi comme une
fin en soi ». 9 Henri Vacquin
8
Puis au cours des « trente glorieuses » (1945-1947), l’entreprise formalise son
fonctionnement10
. On se dirige vers l’ère des définitions de postes et la mise en place d’une
notion d’objectivité dans la sélection. Puis, à partir de 1975, le difficile contexte économique
pousse les entreprises à fonctionner de manière extrémistes dans leurs procédures de
recrutement. A savoir, une sélectivité rude (élitisme) pour les postes à compétences clés et le
recours systématique à l’intérim ou aux CDD pour les postes standards où subsiste une
surabondance de candidats11
.
De 1992 à 1996, les entreprises doivent faire face à une dépression et la moitié des
cabinets de recrutement disparaissent. Depuis 1997 l’économie évolue et les pratiques de
recrutement en font de même, elles se diversifient car sont en concurrence avec d’autres pays.
Aujourd’hui, pour une même profession subsistent des pratiques et des cultures
divergentes d’une entreprise à une autre. C’est en cela que le processus de recrutement peut
vite être faussé et ne pas respecter le candidat.
On se demande alors quel enjeu prime, est-ce l’enjeu éthique ou bien l’enjeu
économique ? Pourquoi intégrer l’éthique dans le recrutement ? Et du point de vue du
chasseur de tête, où se trouve sa performance ? Est-ce sa capacité à répondre strictement au
besoin 12
ou est-ce que sa performance réside dans l’apport humain avec un potentiel et un
développement qui diffère de l’exigence initiale13
? Le processus de recrutement doit-il se
baser sur une rentabilité à court terme ou à long terme ? Faut-il rester dans l’idée du « one
shot » ou du « clonage » des candidats, et ainsi risquer la saturation ? Dans cette profession
pouvons-nous voir à long terme ou courte terme ?
Afin de répondre à ces questions, il convient dans un premier temps d’expliquer les
mécanismes conscients et inconscients du recrutement via l’aide de la psychologie sociale
ainsi que par l’analyse des méthodes de sélection. Puis d’expliquer en quoi une entreprise à
tout intérêt à mettre en relation cohésion sociale et diversité avec sa performance économique.
Enfin, de faire le point sur les méthodes ou obligations existantes afin de réduire les biais et
d’en proposer d’autres.
10
Il s’agit de son organigramme et de ses règles de management 11
Beaucoup de main d’œuvre non qualifiée 12
On se borne à la logique « rétribution/contribution » 13
Idée du « one shot » ou « vente en cycle court »
9
I / PROCESSUS DE SELECTION ET PRATIQUE DU
RECRUTEMENT :
Le recrutement contient plusieurs dimensions incontestables. Une première dimension
économique, une seconde organisationnelle et enfin une dimension personnelle.
Il s’agit ici d’étudier la dimension personnelle. Rappelons que le recrutement est avant
tout une affaire de relationnel avec des exigences bien souvent en contradictions. Le recruteur
est dans l’expectative d’efficience. Efficience qui repose principalement sur des outils et
techniques censés réduire la zone d’incertitude.
Le candidat aspire à être traité de manière déontologique et impartiale, or, il sera
soumis à une évaluation et à un jugement ce qui par nature exclue la neutralité. D’autant plus
que le jugement humain est automatiquement parasité par des stéréotypes et des préjugés (A).
De même, le recruteur doit faire face à plusieurs types de pressions et impératifs qu’ils
doivent gérer au mieux dans le processus de recrutement (B).
A. L’ETHIQUE ET LA COGNITION :
La pensée humaine a tendance à émettre des jugements erronés. Le registre de la
perception est un registre bien personnel. Nous percevons une chose selon certains facteurs
propres tels que notre passif, nos attentes, nos besoins, nos valeurs, etc. De même nous
réagissons différemment et de manière plus ou moins réfléchie ou plus ou moins rapide. Une
même chose engendre une perception et des réactions différentes chez deux personnes.
Néanmoins, le processus de perception reste le même pour tous. Il est composé de 4
étapes, la première est l’attention et la sélection, suivie de l’organisation, puis de
l’interprétation et enfin de la récupération de l’information.
En situation de jugement lors d’une interview, l’interviewer peut intégrer certains
phénomènes via l’utilisation inconsciente de raccourcis mentaux. On nomme ce type de
procédé des « biais cognitifs ».
10
En matière de recrutement, Patrick Leguide14
en identifie 5 principaux :
- Le biais de naïveté : les émotions prennent le dessus dans notre prise de décision ainsi
selon P. Leguide : « ce biais cognitif s’observe tout particulièrement chez les
professionnels du recrutement inexpérimentés qui se laissent séduire par l’aisance de
certains candidats et oublient de vérifier la cohérence de leurs discours avec leurs
réalisations. Savoir doser l’intuition et factuel est un art qui s’acquière avec
l’expérience ».
- Le biais de l’entomologiste : ce dernier touche les recruteurs qui se basent
exclusivement sur le factuel en bannissant toute forme de subjectivité. « Ils se réfèrent
aux compétences techniques, aux expériences et aux diplômes de leurs futurs
collaborateurs, mais occultent leur personnalité et leur savoir-être ».
- Le biais de confirmation : Ce biais pousse les recruteurs à glaner des informations
dans le but de confirmer leurs idées et postulats sur le candidat. Ce biais atteint surtout
l’interprétation de l’information par le professionnel. « Pour contrer cette tendance,
fixer des priorités en amont permet de ne pas les perdre de vue au fil du recrutement,
face à un candidat, il est également important de ne pas oublier de poser des questions
autres que celles déstinées à renforcer ses propres convictions ».
- Le biais de projection : est la tendance de l’humain à être attiré par son semblable,
celui qui partage nos valeurs, pensées, états psychologiques ou autre. « Un recruteur
aura tendance à choisir un candidat qui lui ressemble ». Mais ce biais n’est pas
forcément négatif du moment que les besoins sont bien définis et que le candidat y
répond.
- Le biais de stéréotypes : Le fait d’associer inconsciemment un ensemble de
caractéristiques à une communauté. De ce fait « certains recruteurs ont encore
tendance à estimer qu’un candidat sortant d’une école de commerce ou doté d’un
diplôme prestigieux aura forcément toutes les compétences requises ».
En parallèle des biais, figurent les « normes ». Les normes15
sont en général un état
répandu dans les masses comme étant une consigne à suivre.
Ici, on parle de norme en tant que principe ou théorie discriminatoire auquel le
jugement de valeur se réfère implicitement ou explicitement. Ces normes sont mises en
relation avec les dimensions qu’un candidat peut présenter. Dimensions qui n’ont aucun
rapport avec leurs performances ou compétences en emploi mais qui pourtant influencent
grandement les évaluations que font les recruteurs.
Il existe cinq principaux types de normes16
, à savoir la norme d’androgynie, les
normes d’âges, la norme d’internalité ainsi que son stéréotype de beauté et enfin la norme
d’allégeance.
14
Fondateur de « Central Test » site reconnu de tests de recrutement. 15
Du latin « équerre » 16
Laberon Sonia.
11
1. LA NORME D’ANDROGYNIE :
Au début des années 1990, une affaire opposant une grande entreprise multinationale à
l’une de ses employées les plus performantes éclate. Cette affaire est portée devant le tribunal
et des psychologues sociaux sont conviés afin de présenter les effets de la stéréotypie
sexuelle. En résumé des faits, il s’agit de Mme Hopkins, cadre subalterne dans une entreprise
comptant 3% de femmes pour 900 employés, qui se détache et se fait remarquer pour ses
aptitudes qui la destinait à bénéficier d’une promotion hiérarchique. Mais la direction
l’accusait d’agir tel un homme et elle fut renvoyée. Ses collègues la soutenaient en la
décrivant comme étant franche, indépendante, confiante et courageuse tandis que la direction
l’a qualifiait d’arrogante et individualiste.
Cette affaire illustre le processus des stéréotypes qui consiste à créer des
interprétations contraires d’un même comportement. En situation professionnelle, les femmes
en sont souvent victimes car elles ne répondraient pas simultanément aux attentes venant du
genre (féminité) ni à celles venant de la profession de cadre (masculinité). C’est ce qu’on
nomme le « double standard ». Cette dichotomie est inscrite dans la répartition des différentes
sphères au sein du couple et selon le sexe. La sphère privée et familiale est attribuée à la
femme qui va s’occuper des enfants, tandis que la sphère professionnelle est décernée à
l’homme qui va faire vivre son foyer.
Ainsi, aujourd’hui encore ce phénomène persiste, on a tendance à attribuer des qualités
qualifiées de masculines aux postes à responsabilité et on prétend que les femmes seraient
globalement moins efficaces aux postes de dirigeantes17
. De même les domaines d’activités
sont eux aussi sexués et repartis selon le sexe. Les métiers masculins correspondent aux
fonctions à responsabilités ou avec une exigence physique tandis que les métiers féminins font
référence aux fonctions d’assistance, de soutien ou d’exécution ou encore qui supposeraient
une dextérité. Mais il est vrai que depuis les années 1970, on assiste à une évolution dans la
manière d’attribuer même si le plafond de verre18
perdure.
Cette évolution serait due à « l’état d’androgyne ». Cet état est un comportement
qu’adopte l’individu dans le souci d’estomper les contrastes hommes/femmes, c’est en sorte
une aspiration à se créer une identité personnelle. L’individu aurait donc un comportement
double, il assimile masculin et féminin et s’adapte selon les situations. Ce comportement
aurait pour effet d’augmenter la confiance en soi du fait de la flexibilité et l’adaptabilité et
répond ainsi à la problématique du « double standard ». C’est alors une réponse aux
discriminations. Mais des études19
ont récemment démontrées que ce mécanisme tend au déni
de discrimination puisque le sentiment d’appartenance à un groupe est faible.
17
Bass, Krusell et Alexander 1971 et Landrieux-Kartochan 2003 18
Cette métaphore apparait en 1986 et démasque les « barrières invisibles, artificielles, créées par des préjugés
comportementaux et organisationnels, qui empêchent les femmes d’accéder aux plus hautes responsabilités ». 19
Eagly et Carli 2007 et Lorenzi-Cioldi et Buschini 2008
12
En tant que recruteur il est essentiel de comprendre que ce biais n’est l’effet que d’une
répartition obsolète ainsi que d’un conformisme et que recruter en fonction du genre n’est
plus pertinent de nos jours.
2. LES NORMES D’ÂGE :
D’un point de vue démographique, notre société d’aujourd’hui se caractérise entre-
autre par la progression de l’espérance de vie ainsi que la baisse du taux de natalité. Cette
évolution transposée dans le monde du travail et additionnée au recul de l’âge de la retraite,
redéfinit considérablement le vivier de travailleurs et pose de nouvelles problématiques en
entreprise. Comment les intégrer efficacement ? Comment les garder le plus longtemps
possible ? Comment assurer le transfert de compétences aux plus jeunes générations ? Mais la
plus grande problématique sur un marché en crise et des séniors demandeurs d’emploi en
forte hausse est de savoir les recruter.
La réponse à cette question se trouve souvent dans l’orientation de la politique
d’entreprise, sa culture et l’attitude des recruteurs face aux séniors. L’omniprésence des
normes d’âges dans les organisations font malheureusement que les pratiques défavorables
face aux séniors se multiplient.
Ces discriminations ont souvent pour explications la dimension économique mais
aussi la dimension liée à la personnalité et aux préjugés. Selon une étude de l’OCDE en 2009,
61% des personnes en situation de chômage longue durée se trouveraient dans la tranche
d’âge située entre 55ans et 64 ans contre 25% de 15 à 24ans et 40% entre 25ans et 54 ans. Ce
constat a pour explication le fait qu’une majorité de la population âges confondus, perçoivent
le jeune âge de façon méliorative tandis que l’âge mûr serait associé à des
dysfonctionnements mentaux et à une insuffisance physique.
Il en est de même concernant les salariés au niveau de l’évaluation des compétences20
.
On transpose plus facilement le manque de flexibilité, d’ambition, de motivation, de potentiel
de développement, d’incapacité à apprendre, de lenteur et de sensibilité aux accidents et
maladies aux employés âgés plutôt qu’aux salariés jeunes.
Ce confinement est encouragé par certaines expressions telles que « entreprise jeune et
dynamique », « sang neuf » qui sont associées à la réussite.
Il convient de ne pas également tomber dans les préjugés en omettant de prouver
l’existence de stéréotypes inverses, c’est-à-dire que les jeunes sont aussi défavorisés face à la
concurrence âgée et expérimentée.
Ce type de stéréotype est particulier car l’individu qui détient ce stéréotype est appelé
lui aussi à faire partie de la catégorie visée et le vieillissement est associé à la fin de vie. Il est
20
Pollard 1997 et Gordon 2004
13
alors possible d’expliquer les raisons d’être de ces idées en admettant que l’individu cherche à
se distancier des personnes âgées pour se protéger. De même, accuser le vieillissement des
maux, permet encore une fois de se protéger puisqu’il écarte toute notion de contrôle et de
maîtrise de la situation. Enfin, une dimension générationnelle intervient en ce que l’opinion
commune qualifierait de néfaste la cohabitation de plusieurs générations au sein d’une même
organisation21
.
Rappelons que le recrutement suppose une « comparaison entre les caractéristiques
d’un poste et celles d’un candidat dont le but final est d’évaluer leur adéquation ».
A partir de là, le processus de perception est engagé et avec lui tous les biais. Et le
stéréotype d’âge va faire en sorte qu’apparait de manière péjorative un candidat plus âgé et
écarter toute forme d’adéquation avec le poste. Il s’agit encore une fois pour le recruteur de
garder en mémoire le chemin que fait son esprit face à un candidat et de se focaliser non pas
sur l’âge mais sur les compétences, expériences et besoins de l’évalué.
3. LA NORME D’INTERNANLITE ET LE STEREOTYPE DE BEAUTE :
Aujourd’hui, le modèle économique impose aux entreprises d’adopter une logique
exprimée en termes de rentabilité. Et cela au détriment de l’adaptabilité des personnes
employées qui se voient bien souvent dans l’obligation de changer d’employeur pour
différentes raisons, internes ou externes.
En effet, aujourd’hui il est rare qu’une seule et même personne fasse carrière dans la
même entreprise durant toute sa vie professionnelle. De ce fait et toujours dans cette logique
de rentabilité, on évalue selon l’excellence. Dans ce schéma d’évaluation et d’élimination, les
recruteurs vont retenir, consciemment ou non, des indicateurs d’évaluation qui peuvent
devenir discriminants.
Ainsi, de nombreuses études22
ont démontrées l’existence de la tendance commune à
tous qui consiste à expliquer l’attitude ou les compétences d’un individu via des facteurs qui
lui sont propres. C’est-à-dire que l’on exclu toute explication, pour un même évènement, par
le fait de la chance, de l’environnement ou du fait d’autrui, alors même qu’il est indéniable
que ces facteurs influent directement sur le comportement. C’est ce qui est appelé selon Ross
l’ « erreur fondamentale d’attribution ». Il est de plus démontré23
qu’une majorité de
personnes déprécieraient les victimes car il est sécurisant de vouloir garder l’impression que
chacun reçoit ce qu’il a provoqué ou mérité.
21
Voir infra. Biais de projection. 22
Ross, Beauvois, Gangloff, Dubois. 23
Jellison et Green 1981
14
De manière plus poussée et pour revenir au contexte d’évaluation, les internes24
bénéficieraient également de traitements favorisés. Cette préférence s’explique sur
l’importance que les recruteurs accordent aux explications rattachées exclusivement à la
personne et qui met en avant son rôle dans la situation donnée.
C’est en cela qu’une « norme sociale » fut instaurée et les évaluateurs viennent à se
dire : « ce que font les gens est le reflet de ce qu’ils sont et doit leur être attribué et ce qui doit
leur arriver dans l’organisation est l conséquence de ce qu’ils font, et donc de ce qu’ils
sont »25
. Ce type de biais influence l’évaluateur car ces informations détermineront son
« utilité sociale ».
Parallèlement, il a été mis en lumière l’importance de l’apparence26
, Bruchon et
Schweitzer mettent en lumière ce stéréotype de beauté par le syllogisme : « Ce qui est beau
est bon. Ce qui est bon est choisi et récompensé ». Ce qui induit la discrimination de
personnes dont l’aspect est moins flatteur dans un type de poste sexuellement typé, à caractère
relationnel ou hiérarchique.
Toutefois, il n’est pas rare de voir l’effet inverse se produire, « la beauté accentuant les
attributs liés au genre s’avère être un atout si le caractère sexuellement typé du poste est en
adéquation avec le sexe du candidat mais devient un obstacle dans le cas inverse »27
. On ne
parle donc plus d’utilité mais de « valeur sociale ».
4. LA NORME D’ALLEGEANCE :
Le candidat au profil idéal est globalement moins évalué sur les compétences
techniques que les compétences sociales, c’est-à-dire donc son savoir-être. Selon le modèle du
« Big Five »28
, ce savoir-être réside dans la personnalité qui peut être décrite par 5 grandes
caractéristiques : « l’énergie, l’amabilité, le caractère consciencieux, la stabilité émotionnelle
et l’ouverture d’esprit. ». Selon Gangloff29
, le candidat idéal est généralement un « candidat
énergique (dynamique et dominant), aimable (coopération et cordialité), consciencieux
(méticuleux et persévérant), émotionnellement stable (contrôlant ses émotions et impulsions)
et à l’esprit d’ouvert (ouvert à la culture et à l’expérience).
Il existe pourtant une autre dimension de la personnalité qui influence fortement, c’est
la norme d’allégeance.
24
Rooter (1954) met en avant un concept psychologique appelé « locus of control » qui met en lumière la
tendance des individus à orienter leurs croyances sur ce qui amène leur réussite ou qui influence leur vie. Ainsi,
les personnes croyant que tout dépend d’eux-mêmes détiennent un locus of control dit « interne » tandis que les
personnes persuadées du contraire sont « externes ». 25
Beauvois et Le Poultier 26
Amadieu, Le poids des apparences,2002 27
Laberon 28
Goldberg 1990, Borgogni 1997 29
2003
15
Cette allégeance se caractérise par l’absence de toute démarche de remise en cause de
l’environnement social ou de la hiérarchie des pouvoirs dans un système donné, l’individu
adhérant à cette norme se positionne comme soumis à sa hiérarchie et prête en quelque sorte
serment de fidélité évitant tout comportement répréhensible.
Ainsi, il existerait un lien entre croyance en un monde juste et cette norme30
. Les
recruteurs ont tendance à favoriser l’allégeant afin de pérenniser l’organisation. Il ne s’agit
toutefois pas de préférer quelqu’un de « soumis ». Au contraire, la personne qui intériorise la
norme d’allégeance et qui se trouve confrontée à une injustice aura tendance à trouver une
position de rééquilibrage plutôt de que rébellion ou d’acceptation (cela en fonction de son
degré d’adhésion à la norme). On raisonne ici, comme pour la norme d’internalité, en termes
d’utilité sociale.
Ici, l’attitude n’est discriminante que dans le cas où le recruteur, et selon Ggangloff,
occulterait le « big five » pour se centrer uniquement sur la norme d’allégeance.
Or il est essentiel pour le recruteur de sonder cette norme chez le candidat car le mot
phare d’une organisation est le terme de coopération. Cette coopération est réellement à la
base d’une organisation sereine et pérenne. Comme Crozier et Friedberg l’ont souligné,
l’individu est attaché à sa liberté et chaque individu poursuit un but différent. Mais il convient
de coopérer dans une organisation afin de pouvoir atteindre l’objectif.
De même, cette norme d’allégeance figure également chez le recruteur lui-même en ce
qu’il recrute pour une organisation.
Il doit trouver le candidat conforme aux attentes et exigences de cette dernière.
Jusqu’où le recruteur va-t-il aller dans le sens de cette norme s’il a conscience que
l’orientation de sa mission dépasse le cadre éthique et responsable ? Il s’agit ici aussi de
rééquilibrage de certaines injustices puisque le recruteur ne peut pas se soulever contre
l’organisation au risque d’entacher ses intérêts propres. Il peut par contre tenter d’apporter
une vision différente via l’apport de profils différents de ceux demandés mais tout aussi
performants.
Il est évident que chercher à maitriser ces digressions de la perception serait vain, il
convient plutôt de les connaître, les comprendre et de pouvoir ainsi mieux les maitriser, afin
de rester dans une optique de sélectivité équitable et responsable.
Il faut alors rester centré sur les pré-requis établis mais il est évident que la zone
d’incertitude du recruteur ne sera pas totalement comblée par l’analyse de la personnalité ou
par les explications avancées par le candidat (qui peuvent être elles-mêmes biaisées). Il
convient alors de compléter et de finaliser la décision par des outils de sélection objectifs. Ces
outils sont en pleine évolution avec l’arrivée de nouvelles technologies et méritent d’être
étudiés.
30
Gangloff 2003 et 2007
16
B. VERS UNE PRATIQUE RESPONSABLE :
Le processus de recrutement est marqué par cinq grandes étapes ; dans un premier
temps il s’agit du « sourcing » qui regroupe les efforts fournis à la recherche de profils (à
savoir porter l’offre d’emploi à la connaissance du marché et attirer et convaincre les
candidats). Puis, il s’agit du traitement et de l’analyse des candidatures, qui consiste à trier les
candidats via les moyens à disposition (mail, courrier, base de données, outils de
« scoring »31
, …) et ériger une première liste à exploiter plus en profondeur. Intervient enfin
la phase de sélection et d’évaluation des candidats via la vérification de leurs savoirs, c’est
dans cette phase qu’interviennent l’entretien, les tests, etc.
La publication d’annonces et de descriptions de poste est la première étape largement
répandue dans le processus de recrutement. Il s’agit ici de définir le poste et les critères requis
de manière précise et objective. Ces critères doivent être objectifs et se borner aux pré-requis
(compétences et aptitudes professionnelles) et ne pas aller à l’encontre de la loi. Selon l’article
225-1 du Code pénal, « Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les
personnes physiques à raison de leu origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur
grossesse, de leur appartenance physique, de leur patronyme, de leur état de santé, de leur
handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs mœurs, de leur appartenance ou de
leurs non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation , une race ou une religion
déterminée. […] ». Le recruteur peut inviter l’entreprise à élargir les critères de sélection dans
la description de poste, de façon à diversifier les profils de candidature. La demande
d’anonymisation des CV peut aller dans ce sens.
Avant le stade de présélection et de tri des candidatures, il est préférable d’établir des
pré-requis en adéquation avec des objectifs clairs et justifiables. Pourquoi pas faire une grille
d’évaluation avec comme critères : les qualifications, les compétences techniques, les savoirs
faire, l’expérience, la motivation etc…
Lors de l’entretien, le recruteur va tenter de sonder la personnalité du postulant et
valider les compétences requises via un échange plus ou moins orienté. Comme dit
précédemment, le recruteur peut compléter ses données glanées lors de l’entretien par des
tests objectifs (tests de niveau intellectuel, tests d’aptitudes spécifiques, tests de personnalité,
tests projectifs, l’épreuve d’auto-évaluation, tests SOSIE, PAPI), graphologie, des mises en
situation, la prise de référence, etc.
Avant l’utilisation de ces tests, le recruteur doit anticiper les résultats et leurs
conséquences. Il convient de se demander ce qui se passe si les résultats des tests sont en
parfaite contradiction avec ce que l’entretien a mis en évidence ; donc cela revient à se
31
Technique de hiérarchisation et d’évaluation de données à l’aide de score
17
demander quel poids on va attribuer aux tests, comment assurer la validité de ces derniers et
enfin comment préserver la déontologie. En termes qualitatifs des tests, trois critères méritent
de s’y référencier : la fidélité (précision), la validité (le test mesure vraiment les pré-requis) et
la sensibilité (il faut que les résultats puissent différencier les individus testés).
Une autre stratégie consiste à mettre le candidat en situation inconfortable afin que sa
personnalité et certains de ses comportements se révèlent. Il peut s’agir de faire attendre le
candidat plus que de raison, de le déstabiliser, de le provoquer, de poser des questions liées à
la vie privée, etc. Or un rapport de force trop marqué et inégal risque fortement de renfermer
un talent et de passer à côté. Il s’agit plutôt de lever certains doutes et de creuser. Charge au
recruteur de déceler les limites à ne pas atteindre et éviter ainsi toute forme de violence
inconsciente qui bloquerait l’échange. Il faut aussi admettre qu’il est difficile de connaître
totalement quelqu’un en quelques échanges et dans un contexte d’évaluation qui apporte son
lot de biais.
De même l’entretien doit être basé sur une relation de confiance, le recruteur doit aussi
donner l’envie candidat de venir travailler pour le groupe qui recrute. Ce n’est pas à sens
unique et le recruteur est la première approche et permet au candidat de se forger une idée sur
le groupe. Le mot phare pour le recruteur est alors « Respect ». Cette ligne de conduite
garantit la qualité des informations. Il peut également être question de briser une certaine
distance pour mettre ce dernier à l’aise et ainsi l’amener à se livrer.
Ces méthodes d’évaluations sont relativement stables contrairement à celles de
« sourcing » qui sont en pleine mutation.
Cette évolution s’explique par la puissance et la démocratisation d’internet et est
marquée par deux phases : le e-recrutement à partir de 1998, puis le recrutement 2.0 depuis
2007. Le premier est l’utilisation de technologie de communication et d’information (par
exemple informatiser les tâches intervenantes dans le processus de recrutement comme
l’installation de logiciels, la postulation online). Donc il s’agit de rendre virtuel le recrutement
pour un gain de temps. Le recrutement 2.0 quant à lui, rend interactifs ces outils via les
réseaux sociaux (viadeo, facebook, linkedin, …). Tant l’entreprise que le candidat gèrent leur
identité numérique, le premier en promouvant son enseigne et se donner une visibilité sur la
scène électronique, le second en se développant une communauté bénéfique à la réalisation de
son projet. On assiste aujourd’hui à une consolidation de cette voie par le recrutement 3.0 en
ce que l’exploitation de ces réseaux sociaux a fait ses preuves et dont la validité et l’efficacité
ne sont plus à prouver. Il s’agit alors de recruter via ce canal, les besoins sont ciblés et les
résultats précis.
Or cet outil engendre des effets pervers en ce qu’il confond la vie privée et la vie
professionnelle. C’est une porte ouverte à la discrimination. L’éthique voudrait qu’on limite le
recours aux réseaux sociaux (type Facebook, twitter ou copain d’avant) à la simple mise en
ligne d’informations. Donc sont exclues les démarches sans le consentement, à la place il
serait préférable de créer des pages références au cabinet de recrutement où les internautes
pourraient adhérer et s’en défaire librement.
18
Mais il ne faut pas oublier l’efficacité de ces réseaux. En effet, aujourd’hui on estime à
38,5% de français ayant un compte facebook sur un total de 900 millions d’inscrits dans le
monde. Ces chiffres sont concurrencés par l’essor des réseaux sociaux professionnels tels que
viadeo qui compte 35 millions de connectés et Linkedin avec 150 millions. Le recruteur doit
alors entrer en relation sur ce type de réseaux dédiés à la création de liens professionnels. 32
D’autres effets discriminants peuvent survenir si le portail social est destiné à récolter
des informations sur la vie strictement privée voire intime du candidat, même si celui-ci les
mets à portée des utilisateurs.
Si ces informations n’ont aucun lien avec la sphère professionnelle, il convient de ne
pas en tenir compte pour éviter dérive discriminante et réduction de l’égalité des chances.
Concernant les méthodes de sourcing, on peut également se demander dans quel
secteur vais-je chercher mes candidats. Même si rendre l’offre d’emploi publique est
obligatoire, il n’y a aucune directive quant au lieu de publication. Vais-je publier en interne ou
en externe ? Dans le choix de l’endroit de ma publication vais-je attirer le plus grand nombre
de profils différents où vais-je cibler une zone restreinte de potentiels candidats ? Vais-je
solliciter des personnes déjà en poste ou bien celles en recherche d’emploi ? Si mon vivier ne
comprend que des professionnels, ne risque-t-on pas de créer une boucle et impacter le
marché du travail en excluant les chômeurs ? Dans une logique éthique, il est essentiel
d’orienter ses actions pour l’égalité des chances et viser le maximum de personnes.
Lorsque le candidat a franchi toutes les étapes, le recruteur doit prendre une décision.
Dans le cas des recruteurs externes à l’entreprise, ces derniers n’ont pas le dernier mot, ils
doivent présenter les candidats qu’il aura sélectionné et respecter le choix de son client.
Le recruteur a toutefois un rôle important puisqu’il va effectuer un premier tri. En
faisant cela, il doit se poser quelques questions. Va-t-il se borner aux simples termes du
contrat, à savoir proposer un candidat, peut importe pourvu qu’il fasse correctement son
boulot. On élimine alors toute préoccupation concernant l’intégration du candidat, son
adaptation à la culture de l’entreprise, sa personnalité etc… ? Ou bien va-t-il aller dans une
logique d’accompagnement social et de développement ?
Nous l’avons vu, même le recruteur doit faire preuve d’allégeance envers le client,
mais il convient de se demander alors quelle place voulons-nous occuper dans le domaine du
recrutement, est-ce celle du recruteur qui fait un maximum de profit ou celui qui va prendre
des risques pour certaines valeurs ?
Un juste milieu existe dans toute chose, il n’est pas question pour le recruteur de faire
preuve d’inconscience et aller à l’encontre des ses propres intérêts mais d’adopter un
comportement de rééquilibrage. Il va proposer le candidat qui lui semble être le meilleur pour
ce poste et cela de manière objective et consciencieuse. Il ne faut pas non plus oublier que
32
Selon une étude réalisée en 2011 par Social Media.
19
chaque entreprise véhicule sa propre culture et ses propres valeurs, et qu’un même candidat
peut très bien évoluer dans une entreprise comme il peut ne pas se sentir à sa place dans une
autre. On peut même avancer que cette responsabilité envers le client prime sur les autres. Il
ne s’agit pas seulement de remplir le contrat et toucher sa rétribution, la responsabilité n’est
pas seulement contractuelle, elle est aussi sociétale puisque le recruteur doit trouver un
candidat en parfaite adéquation avec le poste sachant que, selon le poste à pourvoir, la
pérennité de l’entreprise et de ses salariés en dépend fortement. Un mauvais choix peut avoir
des conséquences considérables (un directeur d’usine qui fait chuter l’activité au risque de la
faire péricliter et de licencier les salariés par exemple).
Le recruteur a donc une responsabilité tant envers son client/entreprise, à qui il doit
certaines garanties et engagements, qu’envers le candidat qu’il doit accompagner et juger au
mieux.
Il faut également se demander pourquoi les entreprises font appel aux services d’un
chasseur de tête plutôt qu’à une autre instance de recrutement. C’est surement d’une part
parce que ces professionnels proposent un service différent. Les pratiques d’approche directe
demandent de la créativité et du savoir-faire, et d’autre part pour la personnalité du recruteur
en adhésion avec les valeurs et objectifs véhiculés par l’entreprise
De la même veine, quelles responsabilités a le recruteur par approche directe envers
les entreprises chez qui il débauche ? Après tout il attire des salariés déjà en poste afin de les
embaucher dans d’autres entreprises. Et bien souvent on vise le concurrent direct. Cette
pratique est souvent assimilée au débauchage. Or, selon l’article L122-15 du code du Travail,
le débauchage qualifie l'action d'un salarié qui a rompu abusivement le contrat le liant à son
employeur pour accepter d'être engagé par une autre entreprise, généralement concurrente. Le
salarié serait alors approché pour ses connaissances sur l’entreprise et non pas pour son
savoir-être/savoir-faire. Ce qui n’est pas systématiquement le cas pour tous les cabinets
intermédiaires. Le recrutement par approche directe c’est avant tout une rencontre des
volontés.
Il est indéniable que l’approche directe se montre généralement redoutable en ce
qu’elle permet d’atteindre des personnes qui correspondent au profil. Ces candidats ne sont
pas en recherche active d’un emploi mais peuvent se laisser séduire par la proposition. Sa
première limite est donc éthique le salarié n’intègre pas l’entreprise avec comme seuls atouts
son savoir faire et savoir être, il sait comment fonctionne l’adversaire et peut même détenir
des informations importantes ou sensibles. De plus, la décision finale appartenant au client et
le processus étant long, le recruteur doit veiller à ce que le salarié ne soit pas démasqué par
son entreprise. Il risquerait sa place et bien plus. Il faut aussi se demander ce qu’il adviendrait
si le candidat sélectionné pour rencontrer le client n’est finalement pas retenu. L’image du
cabinet et ses méthodes risqueraient d’être en périls si, par malveillance ou frustration, ce
candidat dévoile tout. C’est pourquoi le recruteur doit agir dans la confidentialité, la discrétion
absolue, et le respect.
Le chasseur de tête a également une responsabilité envers ses salariés qui marchent
continuellement sur des œufs et dont « l’omission » de certains faits est le fil directeur .
20
Au vu de ces éléments, est-ce la législation trop sécuritaire et peu flexible qui rendrait
les pratiques du recruteur sensibles ? N’est-ce pas teinté de contradiction de constater que des
salariés sont licenciés en grand nombre avec peu de considération, alors que le chasseur peu
rusé qui tente d’attirer un talent et lui fournir une situation qui conviendrait aux deux parties
prenantes33
risque d’être réprimé au titre de l’article L122-15 du Code du travail ?
Ainsi, dans sa recherche du bon candidat, au bon endroit et au bon moment, le
recruteur peut se laisser emporter par une série d’effets pervers. Même s’il est inconcevable
de vouloir tous les contrôler en permanence et spontanément, il est primordial de les identifier
et de se construire une méthodologie pour en maitriser les effets et rester dans la lignée des
objectifs fixés.
Il n’est pas impossible que le professionnel s’inscrive dans une attitude de déni en
étant persuadé que la discrimination ne le concerne pas. Pourtant la discrimination à
l’embauche est une réalité, 44% des réclamations déposées en 2006 à la HALDE concernent
le domaine de l’emploi et 1/3 d’entre elles est directement lié à l’embauche. On peut ajouter à
cela des chiffres34
: « 61% des acteurs de la fonction RH interrogés disent avoir été témoins
d’actes de discrimination, 31% en raison de l’origine ethnique et religieuse, 22% en raison du
sexe. »
Le recruteur va également essayer de transmettre ses valeurs à l’entreprise en
proposant des profils. Une simple prise de conscience est un bon début mais ne suffit pas, il
faut de réelles actions en appliquant à la lettre les objectifs fixés dans la recherche du
recrutement équitable et du développement humain.
33
Rappelons que le recrutement est basé avant tout sur le concensus. 34
Estimés par CEGOS, dans une étude publiée en 2005.
21
II / UNITE ET DIVERSITE, VERS UNE REDUCTION DES
ECARTS :
« Il ne faut pas penser l’entreprise en termes d’unité et de diversité. Une unité qui
permet une certaine diversité, mais une diversité qui ne désintègre pas l’unité » Edgar Morin.
Le souci premier des entreprises est de se conformer à la législation, remplir les
obligations légales pour éviter une paralysie juridique avec de graves conséquences. On
constate pourtant au cours des siècles passés qu’elles ont su s’adapter et évoluer avec leur
environnement en constante mutation. Elles sont capables alors d’en faire autant avec la
thématique d’égalité des chances, et aller au-delà de la loi en s’engageant dans des
recrutements de profils élargis et diversifiés. Avant de faire dans la diversité pour faire dans la
diversité et répondre peut-être à un phénomène de mode, il faut en comprendre les enjeux (A)
puis adopter une mise en œuvre réaliste et applicable (B).
A. ENJEUX DU RECRUTEMENT DIVERSIFIE POUR
L’ENTREPRISE :
La sélection est l’essence même du recrutement. Le recruteur doit faire un choix entre le
« bon » et le « mauvais » candidat. Il faut repérer celui qui saura s’intégrer dans l’équipe et sa
fonction, qui saura s’adapter aux objectifs fixés et celui qui contribuera à la réussite de
l’entreprise.
Avec 18 767 295 femmes35
, 18 276 523 d’hommes, 19% (soit 11,8 million) de personnes
immigrées ou descendantes d’immigrés, et autant de diplômes, formations différents, la
France dispose de talents fortement diversifiés qui ne cessent de s’accroître avec entre autre
l’ouverture des marchés internationaux. Le terme « diversité » est souvent associé aux
personnes de culture différente. Pourtant, dans le langage de l’entreprise, la diversité désigne
la pluralité des salariés ; genre, âge, diplômes, état de santé, origines, orientation sexuelle,
parcours, travailleurs avec responsabilités familiales, etc. Et c’est cette diversité qui est
souvent à l’origine de la discrimination.
35
Entre 20 et 64 ans, source INED au 1er
janvier 2012
22
En plus de rendre les personnes égales entre-elle, il est réellement question de valoriser et
de reconnaitre les compétences et les différences de tous. C’est ici que réside le rôle du
recruteur responsable.
Selon quelques clés que nous donne la psychologie sociale, c’est par sécurité que le
recrutement tombe dans la reproduction sociale ou le « clonage ». Par peur du risque, les
entreprises se rassurent et recrutent en fonction de critères qui sont jugés par elles « solides »,
« fiables » et qui ont fait leurs preuves au sein de l’organisation. On aura alors tendance à
favoriser certaines écoles, ou encore quand il est question de remplacer un départ, prendre le
même profil que l’ancien collaborateur, ou bien recruter dans le même style en pensant que la
différence entrainera des conflits au sein des équipes ou rendra le management difficile. C’est
un traitement injustifié. On pense bien souvent que la discrimination réside dans le salaire
inégal entre hommes et femmes alors que la discrimination réside dans la prise de décision. Il
est rare qu’un seul candidat se présente à un poste et convient directement, aussi, dès qu’il y
aura plus d’un postulant, il y aura forcément différenciation puisque tout le monde ne pourra
être retenu. Le véritable problème réside encore dans les jugements biaisés sur la différence.
Celle-ci répond pourtant à plusieurs enjeux fondamentaux.
1. UN ENJEU JURIDIQUE :
En effet, la discrimination est réprimée par la loi par l’article L 1132-1 du Code du
travail cité ci-dessus. Loi qui est complétée par un accord national Interprofessionnel relatif à
la diversité dans l’entreprise de 2006 :
« ARTICLE 6 : RECRUTEMENT :
Afin d'assurer un égal accès de chacun à l'emploi, les critères retenus pour le recrutement
doivent être strictement fondés sur la possession des compétences et des capacités
professionnelles requises, appréciées objectivement en dehors de tout pré-supposé tenant à
l'apparence physique, le patronyme, le lieu de résidence ou le lieu de naissance ...Les
expérimentations de dispositifs visant à préserver l'anonymat des candidatures (au sens de
l'article 24 de la loi du 31 mars 2006 sur l'égalité des chances) participent de cette démarche.
Ces expérimentations feront l'objet par les signataires du présent accord, avant le 31 décembre
2007, d'un 1er bilan d'évaluation de ces pratiques et de leur intérêt. Celui-ci sera également
l'occasion de faire le point sur d'autres expérimentations mises en place par les entreprises ».
Le Collège de la HALDE précise, dans la Délibération n° 2010-126 du 14 juin 2010,
que « les pratiques de recrutement doivent s’inscrire d’abord et avant tout dans le cadre du
droit commun. Plus généralement, le Collège de la haute autorité précise que la procédure
d’embauche doit répondre à trois principes majeurs :
23
- l’objectivation, qui permet de justifier qu’une décision de recrutement est fondée sur des
éléments sans lien avec un critère de discrimination prohibé
- la transparence, qui permet d’informer les candidats à l’embauche des procédures de
recrutement, des caractéristiques du poste à pourvoir (missions, compétences exigées,
conditions d’emploi…), du respect du principe de non discrimination par l’employeur
- la traçabilité, qui permet d’assurer le suivi des candidatures reçues et des embauches
réalisées ».
Les pratiques par approche directe sont tolérées par la loi du moment que le choix final
appartient à l'employeur et sans que le recruteur prenne le rôle d'intermédiaire.
2. UN ENJEU ETHIQUE ET BASE SUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE :
Le recrutement est la voie royale pour favoriser l’intégration et la diversité. La
discrimination à l’embauche intervient dans l’échec d’intégration de certaines communautés
créant ainsi des tensions sociales36
. Non seulement l’entreprise est un lieu de développement
de compétences, elle est aussi le lieu du développement personnel et de l’enrichissement de
soi-même à travers la collaboration et l’appartenance à une organisation œuvrant pour un
même but. La diversité est synonyme d’équilibrage.
On ajoute volontiers le concept de Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE) qui
dépasse celui de la diversité. Les entreprises disposent d’une influence et d’un pouvoir
considérable sur le fonctionnement de la société. De part ce pouvoir, elles ont une grande
responsabilité vis-à-vis des personnes : responsabilité écologique et responsabilité sociale. De
ce fait, l’unique enjeu économique ne doit en aucun cas primer sur l’engagement pris sur le
capital humain.
Ainsi, recruter responsable c’est une action citoyenne qui contribue à une société
saine, au progrès humain et à plus petite échelle, à une organisation saine.
3. UN ENJEU ECONOMIQUE :
Il ne faut pas être naïf, notre société ancrée par le capitalisme a pour conséquence la
raison première d’être d’une entreprise, qui est purement économique et basée sur la pérennité
de l’entreprise.
Toutefois, cette idéologie sociétale répond également à l’exigence économique
puisque bien souvent, la clientèle se fait selon qu’elle partage ou non les valeurs véhiculées
36
Cf les dernières élections 2012.
24
par l’organisation et ses méthodes pratiquées. C’est donc l’image et la réputation de
l’entreprise ou du cabinet qui sont en jeux. Il est incontestable que ces deux éléments
détiennent une forte part dans le capital. Les plaintes pour discrimination entachent
sérieusement la publicité de l’enseigne et non seulement l’attractivité sera amputée, mais cela
peut entrainer une baisse sur le marché avec de sérieuse répercussions financières et
budgétaires pour l’entreprise (et donc pour le cabinet, collaborateur professionnel).
Le recruteur doit garder cela à l’esprit et a un rôle important à jouer lors de
l’élaboration de la fiche de poste (avec ou sans le dirigeant de l’entreprise).
A titre d’exemple, le cas L’Oréal, en 2000, qui a refusé d’embaucher certaines jeunes
femmes d’origine africaine, arabe et asiatiques dans le cadre d’une campagne pour un produit.
SOS racisme a saisi les tribunaux et obtenu ainsi la 1ère
condamnation pour discrimination
raciale à l’embauche de France. Depuis, L’Oréal mène une politique plus qu’exemplaire en
matière de RSE.
De même, l’homogénéité qui atteint son paroxysme, nuit à la performance économique
et à la compétitivité. La pluralité des profils encourage la créativité et optimise les capacités
de réflexion et apporte alors des solutions mieux adaptées et parfois nouvelles. L’innovation
est reconnue pour sa qualité de moteur de l’entreprise or la stratégie du recrutement « clone »
se heurte rapidement à des limites.
« L’addition des différences, l’apprentissage de l’autre, l’oxygène des opposés
engendrent l’amplitude de la respiration, le renouvellement des êtres, en un mot, la certitude
de la pérennité »37
.
Ainsi, un bon sourcing est un sourcing diversifié qui ne rejette pas les profils atypiques
non plus. Il s’agit alors pour le recruteur de continuer à rendre plus efficace le recrutement, à
faire progresser sa politique et de faire adhérer les parties prenantes à sa démarche. Cette
démarche responsable permettra d’être en conformité avec la loi, de ne pas rater des talents,
de créer un tremplin à la diversité et de réagir face à une population vieillissante (Papy
Boom).
Bien sûr, elle est moins sécurisante que l’embauche d’un diplômé d’école reconnue
par exemple, elle peut avoir un coût plus élevé avec l’éventuelle formation du candidat, le
coaching ou le tutorat, et elle vise sur le long terme. Mais elle indispensable et en vaut
réellement la peine.
De même certaines discriminations sont admises. Il est spécifié que l’article L1132-2
du code du travail38
« ne fait pas obstacle aux différences de traitement, lorsqu’elles répondent
à une exigence professionnelle essentielle et déterminante et pour autant que l’objectif soit
légitime et m’exigence proportionnée ». Comme c’est le cas pour l’âge du candidat par
37
Jean-Pierre Helfer, Richesse de la diversité - Regards croisés en l’honneur du professeur Jacques Orsoni,
Vuibert, 2006 38
Edictant l’interdiction d’écarter une personne d’une procédure d’embauche sur des critères listés.
25
exemple et comme le dispose l’article L1133-2 : « Les différences de traitement fondées sur
l’âge ne constituent pas une discrimination lorsqu’elles sont objectivement et raisonnablement
justifiées par un but légitime, notamment par le souci de préserver la santé ou la sécurité des
travailleurs, de favoriser leur insertion professionnelle, d’assurer leur emploi, leur
reclassement ou leur indemnisation en cas de perte d’emploi, et lorsque les moyens de réaliser
ce but sont nécessaires et appropriés ».
Il est toutefois nécessaire et primordiale que le processus de recrutement soit placé sous le
signe de la promotion de l’égalité, et de la diversité. Certaines méthodes ont fait leurs preuves,
d’autres mériteraient d’être améliorées ou doivent encore se faire une place. Mais il faut être
réaliste sur cette promotion de l’égalité. Il ne s’agit pas de recruter une femme pour recruter
une femme, ou de recruter un handicapé pour les mêmes raisons. Il est surtout question de ne
pas fermer la porte à ce type de candidat mais de garder en tête que l’on cherche un candidat
performant et correspondant au profil (compétences, savoir-être) qu’il soit noir ou blanc,
musulman ou chrétien, etc.
B. UNE JUSTICE ORGANISATIONNELLE ET DES ACTIONS SUR
LES PARTIES PRENANTES:
Suite à ces apports théoriques, on peut aborder maintenant des actions positives visant à
encourager le recrutement responsable.
Dans une délibération du 14 juin 2010, la Halde, dans le cadre de sa politique de
prévention des discriminations et de promotion de la diversité, pose trois principes majeurs de
sélection que les entreprises devront respecter. Il s’agit de :
« - l’objectivation, qui permet de justifier qu’une décision de recrutement est fondée sur
des éléments sans lien avec un critère de discrimination prohibé
- la transparence, qui permet d’informer les candidats à l’embauche des procédures de
recrutement, des caractéristiques du poste à pourvoir (missions, compétences exigées,
conditions d’emploi…), d respect du principe de non-discrimination par l’employeur
- la traçabilité, qui permet d’assurer le suivi des candidatures reçues et des embauches
réalisées.
Les recruteurs, managers et responsables RH seront aussi sensibilisés et formés à la lutte
contre les discriminations et à la promotion de la diversité à l’aide de plusieurs dispositifs :
- les actions de sensibilisation et de formation
- l’évaluation des recruteurs. »
26
1. VERS UNE NORMALISATION :
Ainsi, le processus de recrutement gagnerait à être normalisé et rationalisé.
Cette démarche interviendrait en priorité dans les phases de définition de poste/profil et
l’entretien. Phases qui sont primordiales puisqu’elles vont déterminer la suite. Pour ne pas
passer à côté de cet impératif, il faut que les recruteurs, en collaboration étroite avec les
décisionnaires et/ou mangers, établissent des critères et objectifs clairs en fonction des
besoins. Ces critères doivent être pertinents par rapport au poste évitant ainsi les risques
de surqualification du profil et de discrimination indirecte.
La précision est ici de rigueur, il faut se poser certaines questions sur l’activité et son
contexte :
Quels sont les outils utilisés, les connaissances mobilisées, quelle est la position
hiérarchique dans l’organisation, etc. ?
Ces questions augmenteront l’adéquation des profils des candidats au poste à pourvoir. On
peut ajouter à cela deux approches différentes, une définition de poste en fonction des
activités ou une définition de poste en fonction des buts à atteindre.
Plusieurs méthodes ont fait leurs preuves dans ce cas la :
La méthode « les 4 facettes de l’emploi » selon Georges EGG39
:
« Sa raison d’être aujourd’hui et dans l’avenir ;
Sa définition : son contenu, son insertion par rapport aux autres emplois ;
Sa mise en oeuvre : horaire rythmes statuts variants.
Les conditions de son travail : lieu de travail, conditions physiques- psychologique,
sociales. »
« La définition de fonction liée à l’évaluation des emplois » selon Michel DEGUY40
« Que fait le titulaire du poste ?
Comment le fait –il ?
Où le fait- il ?
Pourquoi le fait-il ? »
Selon C. Bessayre Des Horts :
« Dénomination du poste
Mission du poste
Position dans la structure
Liste des principales responsabilités
39
Auditeur social français 40
Professeur de lettres français
27
Critères de performance du poste. »
Mais la méthode la plus connue est la « Méthode HAY » connue sous le nom de « Méthode
des finalités » :
« Raison d’être du poste.
Dimension du poste
Nature et étendu des activités
Finalités du poste ou domaines de responsabilité ».
La description de poste est un outil permettant de réduire les risques d’erreurs et de bien
cerner les problèmes, peut importe la méthode utilisée.
Concernant la diffusion de l’offre, le groupe ADECCO a rédigé un guide « Rédaction
d'annonce et non discrimination » :
« Les annonces d'emploi sont le 1er support de communication de l'entreprise. Attractives,
elles valorisent l'image de l'entreprise. Détaillées, elles attirent les talents en adéquation avec
les offres publiées. Conformes aux dispositions légales, elles sont le reflet de la politique de
non discrimination et favorisent la diversité dans l'entreprise ».
Ce guide propose des principes de la diffusion d'annonces ayant pour principe le respect
des candidats. Certaines annonces ont pour effet de décourager une partie des candidats qui ne
postuleront pas. C’est quelque part de l’autocensure puisque ces candidats potentiels
s’évaluent eux-mêmes à la lecture de l’annonce.
Sans revenir sur les méthodes dites d’approche directe précités ainsi que sur leurs
conséquences, plusieurs actions peuvent être menées pour assurer une ouverture aux candidat.
Encore faut-il s’ouvrir aux viviers méconnus ou non traditionnels. Par exemple recruter en
interne via annonces sur intranet ou des réunions d’informations. Ou encore recruter en
externe à la sortie d’écoles différentes que celles habituellement citées en tant que références
et prendre conscience que 100 00041
jeunes diplômes sont confrontés au chômage de longue
durée à la sortie des études. La participation à des forums emploi, les partenariats avec des
associations ou autres organismes sont de bons moyens d’élargir les champs de recherche et
de diffusion. Il faut faire preuves d’initiatives innovantes.
De même, la phase de tri des CV est importante et déterminante. Elle est le premier
vecteur de discriminations. C’est pourquoi il faut se référer aux grilles de sélection et
d’évaluation précises, détaillées et objectives élaborées en fonction des définitions de poste et
de profil. On revient ici à l’idée de traçabilité qui permet une sécurité juridique et les
déviances dues aux stéréotypes ou biais cognitifs.
Enfin, l’entretien est déterminant dans la prise de décision.
41
Chiffres estimés par le MEDEF en 2010
28
Selon les recruteurs, les évaluations sont plus ou moins standardisées, formalisés. Lors de
cette étape, on cherche à avoir une idée du niveau de motivation du candidat pour le poste, à
vérifier le CV et à clarifier certaines parties, à évaluer certains comportements et aptitudes du
candidat, à évaluer ses compétences, à confirmer une première impression et à confirmer ou
infirmer les résultats d’éventuels tests passés.
Ces pratiques sont néanmoins susceptibles de dérives comme les entretiens inquisiteurs où
le recruteur pose beaucoup de questions sur la vie privée (questions interdites) ou pour
l’entretien provocateur où le recruteur tente de déstabiliser le candidat et où règne une
atmosphère sous tensions.
Plusieurs styles d’entretiens existent ; le non directif, le semi directif ou le directif (le
recruteur va plus ou moins guider l’entretien et attend des réponses plus ou moins précises).
En plus de ces trois styles, subsistent trois types d’entretiens ; l’entretien classique l’entretien
structuré, et l’entretien situationnel. Le premier consiste à tirer des conclusions du profil et
des informations dont dispose le recruteur.
Or ces informations sont souvent le fruit d’un échange verbal et dont l’interprétation
peu relever de l’opinion commune ou des théories implicites de la personnalité (TIP). Le
second est érigé selon une analyse du travail, on croise les tâches à accomplir pour le poste et
les compétences qui en découlent. Le troisième est basé sur le même modèle mais ajoute à
cela non pas la réponse des compétences mais la méthode des « incidents critiques » qui
consiste à croiser les tâches à accomplir et une analyse du travail fondée sur les avis des futurs
collègues et managers.
Selon que le recruteur a une haute estime de son jugement, il va plus ou moins adopter
un style d’entretien très personnel basé sur ses propres critères d’évaluation. Or un entretien
équitable, responsable et éthique se doit d’être structuré au maximum. L’outil de recrutement
sera considéré en fonction de sa capacité à montrer sa « valeur prédictive ». Cette validité
établit le degré d’efficacité et la pertinence de la méthode en attribuant un score à chaque
méthode. La validité différentielle suppose quant à elle que la même pratique ait une validité
différente selon le groupe de candidat auquel elle est soumise (hommes/femmes par exemple).
Il faut alors que les résultats diffèrent de façon significative en fonction des groupes. Cette
dernière pratique peut avoir des effets négatifs selon que l’utilisateur se base sur les résultats
des différents groupes pour l’évaluation des personnes et non des méthodes.
A noter que les entretiens classiques sont pourtant plus répandus à cause du moindre
coût qu’il engrange et de la relation plus « humaine » qui s’installe.
Les cabinets peuvent pousser la normalisation en s’imposant une charte éthique42
.
42
Voir annexe 1.
29
2. SENSIBILISATION A L’ANALYSE DU TRAVAIL :
L’analyse du travail est généralement utilisée en ergonomie, en psychologie du travail
et en sociologie. Cette démarche vise à étudier le fonctionnement des situations de travail via
le recueil de données et cela en s’intéressant à :
- L’opérateur,
- La tâche à accomplir,
- L’activité mise en ouvre pour la réalisation de la tâche,
- Le contexte dans lequel la tâche et l’opérateur vont évoluer,
Schéma : « Les 4 objets d’une situation de travail » selon Guérin et al, 1991.
Cette démarche éviterait les recrutements à l’aveugle et constituerait une bonne maitrise
du poste et donc une très bonne appréciation des candidats et cela en toute objectivité.
Elle mériterait d’être complétée par une formation des recruteurs et des consultants.
Rappelons qu’aucune formation ni aucun diplôme spécifique au recrutement ne sont exigés.
30
3. UN SYSTEME DE GARANTIE :
Le processus de recrutement ne se finalise qu’avec la fin de la période d’essai. Le
recrutement ne se termine pas avec la décision finale du recruteur mais avec l’intégration du
candidat dans l’organisation d’une part et son adaptation d’autre part. Le candidat va
confronter ses valeurs et sa personnalité avec celles que véhicule et détient l’entreprise. Les
instances représentatives du personnel reprennent le relais. Le recruteur a néanmoins une
responsabilité et doit s’assurer du bon déroulement de l’intégration. Les cabinets peuvent
proposer un tutorat aux entreprises ou aux candidats et peuvent pousser la responsabilité en
renouvelant (à la charge du cabinet) le recrutement si cette intégration s’avère être un échec.
Il faut également intégrer le principe de la justice organisationnelle qui est le regard
que portent certains acteurs dans une organisation sur les pratiques de cette dernière. Le
candidat peut avoir un sentiment d’injustice face à certaines pratiques et il est important d’en
tenir compte dans un souci d’équité et d’efficacité. Ainsi, l’utilisation des méthodes sollicitant
le moins l’intervention du recruteur et mettant le moins possible l’accent sur les qualités
personnelles du candidat écarterait plus facilement la discrimination ; Et cela puisqu’elles sont
moins axées sur le jugement humain souvent biaisé, et parce qu’elle permet l’objectivation.
4. DES TABLEAUX DE BORDS :
Il serait peut être judicieux pour les grandes organisations de tenir un suivi sur les
recrutements effectués et le type (âge, sexe, expérience, diplômes etc.) de candidats
approchés, rencontrés, sélectionnés puis recrutés. Il n’est pas question de remplir les quotas et
d’installer une pression du pourcentage mais plutôt d’avoir une visibilité sur les profils
recrutés et ainsi peut être prendre conscience d’un dysfonctionnement ou d’une habitude
contraire aux principes.
5. INSTAURER UNE RELATION DE SUIVI AVEC LE CANDIDAT :
Proposer une relation de confiance avec les candidats en leur proposant un « partenariat ». Le
candidat livre ses informations personnelles (expérience, formation, coordonnées,
rémunération, mobilité, etc.) et aspirations professionnelles et en échange, le recruteur
s’engage à le solliciter ultérieurement, lors d’une nouvelle offre d’emploi plus pertinente pour
le candidat. L’intermédiaire ne serait plus perçu comme un démarchant parfois même
démarchant malveillant, mais comme un annonceur d’opportunités nouvelles.
31
CONCLUSION :
De nombreux biais guettent ainsi l’évaluation du candidat. En prendre conscience ne
suffira pas à tous les éradiquer, mais du moins à les maitriser et à mettre en place un processus
permettant d’en diminuer l’impact. Bruchon-Schweitzer met les professionnels en garde
contre la mauvaise utilisation des outils de recrutement visant à réduire l’incertitude. Il
conseille ainsi de ne sélectionner que les outils les plus pertinents, pour éviter les dépenses en
cas d’erreur de casting, et les plus éthiques, visant toujours le respect du candidat. Cette
démarche favorisera la réalisation d’une égalité de traitement et d’un recrutement responsable.
Il faut bien comprendre que la dimension éthique d’un recrutement ne réside pas dans
le nombre de réponses positives, ni dans le nombre de candidats atypiques et heureux d’avoir
été sélectionnés. Elle réside dans la nature de la relation. Relation qui se doit d’être
respectueuse.
Ce respect s’exprime tant par la qualité des informations fournies au candidat que par
son traitement. Gardons à l’esprit que le candidat se présente avec des aspirations, des
représentations, des valeurs, des compétences et une personnalité. Le recruteur doit en tenir
compte dans sa manière de procéder, de transmettre ses propres valeurs organisationnelles
ainsi que celles de l’entreprise, dans ses promesses et obligations mutuelles. Ces éléments
sont majoritairement tacites et sont pourtant le fil conducteur de la relation. Le candidat
gardera à l’esprit cette relation et peut l’influencer dans son comportement envers le recruteur
dans un premier temps, puis dans un second envers son employeur. D’où l’importance
cruciale pour le recruteur de rester vigilant aux techniques utilisées et orientations qu’il
choisira de prendre, puisque cela déterminera entre autre la bonne marche du processus
d’intégration dans l’entreprise.
Aussi, ces critères d’évaluation des techniques de recrutement doivent être larges. Il ne
s’agit pas seulement de réussir à mesurer l’adéquation des savoir-faire du candidat avec la
tâche à accomplir. Il faut également anticiper l’intégration sociale du candidat, son adhésion
aux valeurs de l’entreprise, sa compréhension de la fonction et son engagement.
De même, le recrutement par approche directe est souvent la bête noire des défenseurs
de la RSE, or il faut bien comprendre que la généralisation est mère de tous les vices.
L’approche directe est assimilée à du marketing direct. C’est donc une relation naissante
d’une rencontre des volontés, elle est basée sur un consensus après une proposition et
acceptation de l’offre. Encore une fois, l’éthique est ici dans la manière de procéder et le but
recherché. Va-t-on privilégier les candidats détenant des informations sensibles sur
l’entreprise ou les candidats avec un réel potentiel ?
32
Dans l’absolu, cette réflexion dresse un tableau plutôt pessimiste des méthodes de
recrutement utilisées et semble critiquer le manque de rationalisation des recruteurs.
Or ce n’est pas ce qu’il faut retenir. Le but n’est pas de rationaliser à outrance la
profession pour évincer la dimension intuitu personae et formaliser à l’extrême, jusqu’à la
standardisation et la disparition du recruteur.
L’objectif est de mettre en lumière dans un premier temps les mécanismes qui risquent
de s’enclencher lors d’un recrutement afin de mieux les maitriser, dans un second les valeurs
en jeu et enfin de valoriser la dimension éthique et la diversité.
Mais il ne s’agit pas non plus pour le recruteur de sélectionner un profil atypique parce
que justement il est atypique et qu’il répondrait à l’exigence de la diversité. Le recruteur va
recruter la personne dont la correspondance avec le poste sera optimale et génératrice de
performance et de résultats, l’enjeu éthique se situe selon que le professionnel va
automatiquement rejeter certains candidats sur des critères discriminants ou selon des critères
objectifs et valides.
A l’heure où la diversité et la RSE sont au cœur des manœuvres européennes, on peut
observer toutefois nos voisins américains qui ont légalisés l’élimination d’un candidat au vue
de ses données publiées sur un réseau social. On observe également une hausse de l’utilisation
de ce canal dans les méthodes de sourcing en France. Ajoutons à cela le principe qui voudrait
qu’on ne tient compte uniquement des réseaux destinés à la relation professionnelle (Xing,
viadeo, linked in, etc.). Encore une fois, il faut être réaliste et faire la part des choses par
rapport à ces pratiques. Recruter sur Facebook certes, mais recruter (encore et toujours)
responsable et pourquoi pas prendre l’initiative de créer des pages sur ces réseaux et cela dans
le but d’attirer les candidats (qui sont libre d’adhérer au groupe ou non) puis de les recruter.
Si l’on rappelle les enjeux du recrutement et les répercutions qu’il peut y avoir sur l’entreprise
en cas de mauvais casting, alors, et à partir du moment où les données sont rendues publiques
et risquerait d’entacher l’image de l’entreprise, peut-on vraiment considérer cette pratique
comme étant discriminante ?
33
BIBLIOGRAPHIE :
OUVRAGES :
FISKE S T., « Psychologie sociale », Ouvertures Psychologiques, De Boeck, 2008.
LABERON S., « Psychologie et recrutement ; modèles, pratiques et normativités »,
Ouvertures psychologiques, De Boeck, 2011.
MILGRAM S., « Soumission à l’autorité », Calmann-Lévy, Paris, 1974.
RICOEUR P., « Lectures », Seuil, 1991, p.258
RICOEUR P., « Le juste », Paris, Esprit, 1995.
GANGLOFF B., « Profession recruteur, profession imposteur », L’Harmattan, Paris et
Montréal, 2000.
CONFERENCES ET TRAVAUX :
COUGAR A., « Conférence : Ethique et recrutement », Estipa ; Ethique professionnelle, 16
décembre 2010.
DOLFUS L., « L’éthique dans le monde des cabinets de recrutement », Audencia EM
Nantes, 2010.
DUBOIS N., « La psychologie du contrôle, les croyances internes et externes », Presses
Universitaires de Grenoble, 1987.
ISAAC H., « Ethique ou déontologie : quelles différences pour quelles conséquences
managériales ? L’analyse comparative de 30 codes d’éthique et de déontologie », IXème
conférence international de management stratégique, Montpellier 24-25-26 Mai 2000.
LOIRE Y., « Regards croisés sur l’éthique », Chapitre 9 tiré d’ « Ethique du recrutement
dans les entreprises et les institutions ».
PASQUIER D., LUCOT J-C., « Une nouvelle échelle de localisation du contrôle interne-
externe » N.E.L.C-I.E, Pratiques Psychologiques, 1999, 1999-2, p 77-44.
THEPAUT O., « Evaluer les candidats avec éthique », IGS promotion RGPE 25, Août 2008.
34
« 1ère
conférence Ethique & Politique de recrutement », Cycle de conférences-débats Ethique
& valeurs dans les entreprises, HR Vaud, E2CO, HEG du canton de Vaud, Mardi 3 juin 2003.
« Charte éthique de recrutement V.4 », CAF de l’Aude, mai 2010.
« Guide de recrutement Séniors ; Recruter dans la diversité », Apec, Union des Industries,
2011.
« Lexique du Recrutement », www.phronesis.fr
« Maitriser les techniques de recrutement », Remédiance RH, catalyseur de Compétences.
« Sensibilisation à la démarche d’analyse du travail », Centre national de la recherche
scientifique, Direction des systèmes d’information, 27/07/00.
SITES INTERNET :
www.axone-rh.fr
www.cge.asso.fr
www.espace-ethique.org.fr
www.ethique-management.com
www.focusrh.com
www.Lerecrutement.blogspot.fr
www.psychologie-travail-rh.over-blog.com
www.rhdemain.com
www.Solutionsrh.blogspot.fr
www.vigeo.com
35
ANNEXES :
36
ANNEXES 1 :
Modèle de charte éthique du recrutement : « A compétences égales »
L’association « A Compétence Egale » a pour objet d’assurer la promotion de l’égalité des
chances dans le Conseil en Recrutement et de promouvoir l’échange sur les bonnes pratiques
en matière d’égalité des chances entre ses membres.
Elle réunit des cabinets de conseil en recrutement qui souhaitent porter ces valeurs.
Chacun des membres de l’association s’engage à lutter activement contre la discrimination
sous toutes ses formes durant toutes les étapes du recrutement en appliquant notamment tous
les principes fondateurs énoncés dans la présente Charte d’Ethique « A Compétence Egale ».
L’admission de tout nouveau membre à l’association « A Compétence Egale » est par ailleurs
subordonnée à l’adhésion à cette Charte Ethique.
Par la signature de la présente Charte, chaque cabinet membre de l’association A Compétence
Egale s’oblige à :
Sensibiliser et former l’ensemble de ses collaborateurs à la lutte contre les
discriminations et à la promotion de l’égalité des chances dans le recrutement.
Assister et former ses consultants de manière à leur permettre de répondre à leurs
clients sur les questions d’égalité des chances et de manière à rejeter toute demande
discriminatoire ;
Veiller à assurer la transparence et l’objectivité dans le traitement des dossiers de
candidatures durant toutes les étapes du recrutement.
Nommer un Correspondant Egalité des Chances en son sein qui veille à l’application
des présents principes et soit l’interlocuteur des candidats, clients et consultants sur les
questions d’Ethique.
Refuser pendant toute la phase de sélection (questionnaire – entretien – base de
données – note de présentation au client) de collecter et/ou prendre en compte toute
donnée qui n’aurait pas un lien direct et nécessaire avec l’appréciation des aptitudes
37
professionnelles du candidat et/ou sa capacité à occuper l’emploi proposé et qui ne
viserait pas à apprécier exclusivement ses performances.
Effectuer des audits réguliers sur la qualité des procédures de sélection des candidats et
sur le déroulement des missions de recrutement réalisées en son sein par le biais d’un
service d’audit interne , du Correspondant » Egalité des Chances » ou par des
organismes extérieurs afin de garantir qu’aucune candidature n’a été -ou ne peut être –
écartée sur la base de motifs discriminatoires.
Informer systématiquement les candidats dès réception de leur candidature sur leurs
droits d’accès, de modification et de suppression de leur candidature
Traiter toutes les plaintes et réclamations de la part de candidats qui s’estimeraient
discriminés.
Veiller à la bonne application des présents engagements au sein de ses équipes.
Partager entre tous les membres les bonnes pratiques leur permettant de lutter contre
toute forme de discrimination.
Mettre en place des pratiques visant à lutter activement contre la discrimination telles
que l’auto-testing ou un système de candidatures anonymes et ce, en fonction des
avancées légales.
Rédiger un apport annuel public sur les actions mises en oeuvre pendant l’année dans
le cadre de la lutte contre la discrimination et la promotion de l’égalité des chances
38
ANNEXE 2 :
Modèle théorique des processus psychologiques à l’œuvre dans la procédure de
recrutement :
Sources : LABERON S., « Psychologie et recrutement ; modèles, pratiques et normativités »,
Ouvertures psychologiques, De Boeck, 2011, p 344.
PROFIL DE POSTE Dimensions saillantes CANDIDAT
Théories implicites
de l’efficacité
professionnelle et
Normes sociales
Construction du
jugement social
Biais perceptifs
Heuristiques
CHOIX DES PRE-REQUIS
Ajustement en
fonction de
l’adéquation
CONSTRUCTION
D’EVALUATIONS
RATIONALISEES DU
CANDIDAT
DECISION
Dissonance cognitive
Désirabilité sociale
PRISE EN COMPTE DES
CARACTERISTIQUES
IDENTIQUES
MODIFICATION DES
CARACTERISTIQUES
DIFFERENTES
RATIONALISATION