les visages de la république

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L’Adresse Musée de La Poste Conservation du Patrimoine 1 P. Rabier Mai 2011 Marianne, les visages de la République sur le timbre-poste français Lors de la Première République, la Convention nationale décide que « le sceau de l’Etat serait une figure de la liberté ». Les républicains radicaux associent l’image de la République avec le bonnet phrygien, tandis que les républicains modérés l’associent avec une couronne végétale (le bonnet phrygien étant jugé subversif). Vers 1890, le régime républicain de la France est associé avec la déesse au bonnet de la liberté. Il faut donner un nom à la République. Le nom de Marianne, titre d’une chanson politique d’un jacobin, apparaît en 1792. C’est la contraction de deux prénoms sacrés : Marie, pour un catholique et Anne, prénom usuel dans le monde rural, femme du peuple (donc de la Révolution). Dans le nord de la France, des sociétés secrètes républicaines l’utilisent comme nom de code de la République à défendre. Le nom de Marianne se popularise donc dans la France entière. En 1848, la seconde République s’installe mais sans violence. Deux tendances s’affrontent : celle de la République sage, de l’ordre, de la loi, celle préférée des bourgeois ; l’autre, la République révolutionnaire violente, du mouvement, des barricades, celle préférée du peuple. Mais comment représenter la République ? Une République rouge avec le bonnet phrygien ou une République modérée avec une couronne végétale ? Pour les premiers timbres-poste émis en 1849, la République est représentée par Cérès, déesse romaine des moissons, qui incarne la vision nourricière d’une France encore rurale. Le symbole du bonnet phrygien n’est pas retenu, car il est jugé trop révolutionnaire. . République (Cérès), 1849

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Page 1: Les visages de la République

L’Adresse Musée de La Poste Conservation du Patrimoine

1 P. Rabier Mai 2011

Marianne, les visages de la République

sur le timbre-poste français

Lors de la Première République, la Convention nationale décide que « le sceau de l’Etat

serait une figure de la liberté ». Les républicains radicaux associent l’image de la

République avec le bonnet phrygien, tandis que les républicains modérés l’associent avec

une couronne végétale (le bonnet phrygien étant jugé subversif). Vers 1890, le régime

républicain de la France est associé avec la déesse au bonnet de la liberté. Il faut donner

un nom à la République. Le nom de Marianne, titre d’une chanson politique d’un jacobin,

apparaît en 1792. C’est la contraction de deux prénoms sacrés : Marie, pour un

catholique et Anne, prénom usuel dans le monde rural, femme du peuple (donc de la

Révolution). Dans le nord de la France, des sociétés secrètes républicaines l’utilisent

comme nom de code de la République à défendre. Le nom de Marianne se popularise

donc dans la France entière.

En 1848, la seconde République s’installe mais sans violence. Deux tendances

s’affrontent : celle de la République sage, de l’ordre, de la loi, celle préférée des

bourgeois ; l’autre, la République révolutionnaire violente, du mouvement, des

barricades, celle préférée du peuple.

Mais comment représenter la République ? Une République rouge avec le bonnet

phrygien ou une République modérée avec une couronne végétale ?

Pour les premiers timbres-poste émis en 1849, la République est représentée par Cérès,

déesse romaine des moissons, qui incarne la vision nourricière d’une France encore

rurale. Le symbole du bonnet phrygien n’est pas retenu, car il est jugé trop

révolutionnaire.

. République (Cérès), 1849

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2 P. Rabier Mai 2011

A la fin du XIXème siècle, après le timbre-poste intitulé « le Commerce et la Paix unis et

régnant sur le monde » dit type Sage, du nom de son créateur, la République décide de

s’identifier à une femme ailée portant la balance de la Justice et le miroir de la Vérité,

dessinée par Joseph Blanc et également « Les Droits de l’Homme », œuvre d’Eugène

Mouchon. En 1903, la Semeuse, création d’Oscar Roty incarne la « République en

marche, semeuse d’idées et soleil levant ». Coiffée d’un bonnet phrygien, elle préfigure

Marianne.

La Semeuse, 1903 Marianne de Dulac, 1944

La série des Marianne commence en exil. A Londres, la Marianne de Dulac porte dans

l’angle supérieur gauche, le monogramme RF (République française) et, à droite, une

Croix de Lorraine, emblème de la France libre.

A la Libération, le général de Gaulle choisit la Marianne de l’artiste Pierre Gandon. C’est

une Marianne au port de tête énergique. En 1955, elle cède la place à la « République de

l’Espérance » créée par Louis Muller. C’est une Marianne sans bonnet phrygien, un

symbole de paix, sans olivier. Pour l’avènement de la Vème République, le général de

Gaulle souhaite un timbre symbolique : c’est la « Marianne à la nef », à nouveau coiffée

du bonnet phrygien et qui se tient debout à la proue d’un bateau. Une Marianne tête nue

dessinée par Decaris lui succède en 1960.

Puis en 1961, on commande à Jean Cocteau le profil d’une Marianne au bonnet phrygien

orné d’une cocarde tricolore, sur un air du 14 juillet. La Marianne de Cheffer affranchit le

courrier de 1967 à 1970.

En janvier 1971, le président Georges Pompidou choisit une Marianne résolument

contemporaine dessinée par Béquet. En 1977, l’effigie choisie par le Président Valéry

Giscard d’Estaing est créée par Pierre Gandon d’après un célèbre tableau de David. En

1982, le visage du timbre-poste du septennat de François Mitterrand a les traits de « la

Liberté guidant le peuple » peinte par Eugène Delacroix. Puis, en 1989, c’est sur

ordinateur que Louis Briat compose la Marianne du Bicentenaire.

En 1997, le président Jacques Chirac, choisit pour la première fois l’œuvre d’une femme,

Eve Luquet, et en 2005, après un concours national, il désigne le lauréat de la

« Marianne des Français ». Enfin, en janvier 2008, le président de la République Nicolas

Sarkozy distingue le dessin de l’artiste graveur Yves Beaujard pour illustrer la nouvelle

Marianne et l’Europe. L’héritière de la lointaine Cérès.

« Marianne s’affirme plus que jamais, républicaine, pérenne et européenne. »

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3 P. Rabier Mai 2011

Marianne de Gandon, 1945

Dessin : Pierre Gandon

Gravure : Henri Cortot Impression : typographie rotative Emission du 15 février 1945 au 15 octobre 1955

Parmi les projets de trois artistes - Henry Cheffer, Charles Mazelin et Pierre Gandon - le

général de Gaulle choisit la Marianne de Gandon pour symboliser la nouvelle France

républicaine.

« C’est pendant la Libération de Paris que j’ai fait le dessin de la Marianne » dira Pierre

Gandon. En fait, il recevra la commande en septembre 1944. C’est le portrait de Mme

Raymonde Gandon qui a posé pour le timbre. Mais, ne voulant pas exécuter un portrait

fidèle, il garde d’elle les grandes lignes du visage, le port de tête, l’expression des yeux

regardant plus loin que l’horizon.

Cette « Marianne des barricades », très aimée des Français affranchira le courrier

jusqu’en 1954. Elle célèbre la IVème République en cours d’instauration, la victoire en

marche, la reconstruction commencée.

Dix ans après son émission, l’artiste évoque sa Marianne en ces termes : « On a

beaucoup critiqué cette Marianne, son air hagard, ses yeux cernés. Ce n’est pas, il est

vrai , une image de la vie facile. Si je faisais une autre effigie de Marianne aujourd’hui,

elle ne ressemblerait pas à celle-là. »

Marianne, maquette du timbre-poste, Epreuve de luxe collective comprenant dessinée par Pierre Gandon, 1945 (Inv. 3267) 9 timbres de la série d’usage courant, 1945

(Inv. Yv.712.4)

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4 P. Rabier Mai 2011

Le concours de 1954 Le ministre des PTT, Pierre Ferri, à la recherche d’un nouveau symbole pour exprimer

« l’âme de la France » et traduire « la grandeur impérissable du pays », organise en

1954 un concours ouvert aux principaux artistes travaillant pour la Poste. La direction

générale des postes demande des conseils à des académiciens, notamment Emile

Henriot, Georges Duhamel, André Siegfried pour résumer les principaux thèmes de la

France qui seront soumis aux artistes. Les thèmes retenus sont : la France au travail, le

labeur journalier (agriculture et industrie), la reconstruction, les arts et les sciences, la

France reste la lumière du monde, le symbole : homme ou femme. De nombreux artistes

sont consultés. Le musée de La Poste possède tous les projets de ce concours.

Projet de timbre-poste République, Paul Lemagny, 1954 (Inv. 17589)

Projet de timbre,

Projet de timbre, Decaris

Projet de timbre-poste République, A.Spitz, 1954 (Inv.2008.161.17)

Projet de timbre, R.Serres,

Projet de timbre,

Page 5: Les visages de la République

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5 P. Rabier Mai 2011

Marianne de Muller, 1955

Dessin : Louis-Charles Muller Gravure : Jules Piel Impression : typographie rotative Emission du 22 février 1955 au 18 février 1961

En juin 1954, le nouveau secrétaire d’Etat aux PTT André Bardon examine les dessins du

concours lancé par son prédécesseur. Il retient en décembre 1954 un des projets de

Louis-Charles Muller. La Marianne de Gandon est ainsi remplacée par celle de Muller

désignée par la presse philatélique la « République de l’espérance ».

C’est le profil droit d’une jeune femme sans bonnet phrygien couronnée des feuilles et

des fruits du chêne. C’est un symbole de paix sans olivier mais avec le chêne, symbole

de force. On dit qu’elle symbolise la République idéale : celle « de la paix, du progrès

social et du progrès humain ». Cette Marianne au « long cou » est un peu solennelle.

République, projet du timbre-poste dans le cadre du concours de 1954, dessiné par Louis Muller, 1954 (Inv.9213/3)

Maquette du timbre-poste, Muller (Inv MP AT 957.1)

Feuille modèle de carnets de 20 timbres d’usage courant, 1956 (Inv. Yv 1011.1)

Essai de couleur (Inv. 2009.0.104)

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6 P. Rabier Mai 2011

République (ou Marianne) à la nef, 1959

Dessin : André Regagnon

Gravure : Jules Piel Impression : typographie rotative

Emission du 27 juillet 1959 au 18 février 1961

En 1959, le ministre des PTT Bernard Cornut-Gentille souhaite doter la France d’un

timbre-poste de grande consommation, obtenu en typographie, mais en deux couleurs

vert-noir et rouge-brun. Le peintre André Regagnon réalise son unique timbre-poste. La

République se tient à la proue d’un navire qui représente l’Etat. Ce timbre sera surchargé

« Fréjus + 5 F » en décembre 1959 pour aider les victimes de la catastrophe du barrage

de Fréjus. A l’apparition du nouveau franc, le 1er janvier 1960, la Marianne à la nef est à

0,25 NF avec de nouvelles couleurs : du bleu pour Marianne et son bateau, du rouge

pour le fond. Ce timbre qui ne plaît pas, appelé « la batelière » ou « la figure de proue »

ou « la bonne femme au bateau », est très vite, remplacé par la Marianne de Decaris.

Marianne à la nef, maquette du timbre-poste, dessinée par André Regagnon, 1959 (Inv.10112)

Marianne à la nef, émission en nouveau franc, timbre-poste, 1960

Feuille modèle pour 8 carnets de timbres (Inv. 2009.0.102)

Page 7: Les visages de la République

L’Adresse Musée de La Poste Conservation du Patrimoine

7 P. Rabier Mai 2011

Marianne de Decaris, 1960

Dessin : Albert Decaris

Gravure : Jules Piel Impression : typographie rotative Emission du 15 juin 1960 au 17 juillet 1965

Le ministre des PTT Michel Maurice-Bokanowski décide que le timbre dont la valeur

correspond à l’affranchissement de la lettre simple doit être désormais imprimé en taille-

douce : si le procédé typographique est plus économique, il donne en effet un aspect

moins séduisant.

En attendant, Albert Decaris dessine un timbre pour se substituer provisoirement à la

République à la nef. C’est une Marianne « pure qui présente un joli profil aristocratique »

ou « une gentille ».

La Marianne de Decaris, tête nue, « Marianne aristocratique » affranchira les lettres

pendant cinq ans.

Projet du timbre de la Marianne de Decaris, 1959, (Inv.10152)

Poinçon typographique, Decaris (Inv.2009.0.112)

Marianne de Decaris, bon à tirer du timbre-poste pour la production industrielle, signé Vanet, chef du bureau des émissions, 20 mai 1960 (Inv. Yv 1263.1)

Poinçon typographique , Decaris (Inv.2009.0.113)

Page 8: Les visages de la République

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8 P. Rabier Mai 2011

Marianne de Cocteau, 1961

Dessin : Jean Cocteau

Gravure : Albert Decaris Impression : taille-douce rotative Emission du 23 février 1961 au 27 juillet 1967

Sous l’impulsion d’André Malraux, ministre des affaires culturelles, le nouveau timbre-

poste d’usage courant est demandé à Jean Cocteau. Le ministre des PTT Michel Maurice-

Bokanowski suit personnellement l’affaire. De nombreuses relations épistolaires

s’ensuivent, avec de nombreux croquis, esquisses et dessins réalisés par l’artiste. La

Marianne est l’un de ses sujets de prédilection. Au résultat, la Marianne est un profil de

jeune éphèbe au long cou, la tête casquée d’un bonnet phrygien orné d’une cocarde

tricolore, sur un fond de guirlandes, de fleurs, de drapeaux et de RF (République

française) qui fait souffler « un petit air du 14 juillet ». Cocteau est ravi de son œuvre

« une Marianne poétique » préférant « ce visage familier à quelque froide Minerve ».

C’est le premier timbre-poste, petit format, d’usage courant imprimé en taille-douce sur

les presses six couleurs. Il affranchit les cartes postales.

Marianne, dernier projet du timbre-poste, dessiné par Cocteau, 1960 Inv. 2008.37.14

(Recto)

Bon à tirer du timbre du 22 septembre 1960 signé Jean Cocteau (Inv. 2008.37.1)

Page 9: Les visages de la République

L’Adresse Musée de La Poste Conservation du Patrimoine

9 P. Rabier Mai 2011

Lettre de Jean Cocteau du 13 juin 1960 adressée au ministre des PTT (Inv. 2008.37.1)

(Verso)

République (ou Marianne) de Cheffer, 1967

Dessin : Henry Cheffer

Gravure : Claude Durrens Impression : taille-douce rotative Emission du 6 novembre 1967 à janvier 1971

En 1967, le nouveau ministre des PTT, Yves Guéna, lance un concours pour renouveler le

timbre-poste d’usage courant. Parmi les artistes, Claude Durrens échoue. Yves Guéna

propose à celui-ci de reprendre les dessins du concours de 1954 réalisés par Henry-

Lucien Cheffer, décédé en 1957. Il réadapte la Marianne de son confrère. Treize ans

après, l’administration postale lui rend donc un hommage posthume. Le nouveau timbre

reçoit le grand prix de l’art philatélique français.

Plus Cérès que Marianne, mais sans l’aspect rural ; cette Marianne respire la confiance et

la prospérité.

Elle sera là pour illustrer la réforme du système tarifaire de la poste en 1969 : deux tarifs

différenciés par les couleurs rouge (tarif lettre) et verte (tarif économique).

Projet de timbre Marianne de Cheffer, C. Durrens, Inv

Marianne de Cheffer, épreuve de luxe collective modèle, 1969 (Inv.2000.199.1716)

Page 10: Les visages de la République

L’Adresse Musée de La Poste Conservation du Patrimoine

10 P. Rabier Mai 2011

Marianne de Béquet, 1971

Dessin et gravure : Pierre Béquet Impression : taille-douce rotative

Emission du 2 janvier 1971 au 7 juillet 1978

C’est une véritable création philatélique, malgré un cahier des charges très précis

puisque le timbre-poste répond exclusivement à des considérations utilitaires. C’est le

timbre message ou « le timbre numéro » déclare le ministre des PTT, Robert Galley.

Depuis la réforme du système tarifaire de janvier 1969, il est en effet nécessaire de

pouvoir séparer rapidement les deux catégories de correspondances : lettres (timbre-

poste rouge avec trois barres phosphorescentes) et plis non urgents (timbre-poste vert

avec une barre phosphorescente). Ce timbre-poste avec une valeur faciale indiquée en

gros caractères parfaitement lisibles se distingue facilement. C’est la « Marianne

utilitaire ».

Mais le public ne l’apprécie pas. On l’appelle « le ticket-prime » ou « le roi des

laiderons ». Les lettres de protestations affluent à la nouvelle présidence de la

République en 1974.

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L’Adresse Musée de La Poste Conservation du Patrimoine

11 P. Rabier Mai 2011

Marianne de Béquet, projet du timbre-poste en hommage à Cheffer, dessiné par Pierre Béquet, 1970 (Inv. 17950)

Marianne de Béquet, maquette du timbre, 1970 (Inv.12606)

A la recherche d’un nouveau timbre-poste :

les essais de 1975 à 1977

Dessin : Roger Excoffon Gravure : Claude Durrens

Dessin et gravure : Pierre Béquet

Dessin : Compagnie de l’esthétique industrielle Gravure : Claude Durrens

Le nouveau président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, souhaite un autre

visage pour représenter la République. Une centaine de projets de timbre-poste sont

réalisés entre 1975 et 1977, dont certains iront jusqu’à la fabrication du matériel

d’impression et même jusqu’à l’impression en feuilles.

Parmi les artistes, Roger Excoffon est remarqué avec sa Marianne. L’administration des

postes retient deux modèles de la Marianne d’Excoffon, l’un avec la valeur faciale en haut

du timbre, l’autre avec la valeur faciale en bas. Les poinçons taille-douce sont gravés par

Durrens. Après les divers essais de couleurs, les timbres à 1,00 F sont imprimés en 1976

en monochromie rouge ou vert sur la rotative taille-douce six couleurs. Mais, l’Imprimerie

s’aperçoit que les cylindres d’impression s’usent trop vite. Le projet Excoffon est donc

abandonné.

D’autres essais, jusqu’au timbre imprimé, ont été réalisés en 1976 : un 0,80 F Marianne

dessiné et gravé par Béquet : un 0,80 F Marianne dessiné par la Compagnie de

l’esthétique industrielle et gravé par Durrens.

Marianne de Roger Excoffon, feuille d’essai du 1 F, non dentelée, 1976 (Inv. 18730/57)

Lettre adressée au ministre des PTT avec un projet de timbre réalisé par la Compagnie de l’Esthétique industrielle, 1973, (Inv.18722/23)

Page 12: Les visages de la République

L’Adresse Musée de La Poste Conservation du Patrimoine

12 P. Rabier Mai 2011

Sabine, 1977

Dessin et gravure : Pierre Gandon, d’après Jacques-Louis David

Impression : taille-douce rotative Emission du 17 décembre 1977 au 3 septembre 1982

Le remplacement de la Marianne de Béquet est à l’ordre du jour. Mais malgré deux

années passées à demander à de nombreux artistes des dessins et de réaliser des essais

infructueux, l’administration des postes sollicite le grand dessinateur - graveur de

l’époque, Pierre Gandon. Sa Marianne de 1945 restait la préférée des Français. Une de

ses anciennes maquettes est présentée. Le président Giscard d’Estaing choisit

personnellement cette « Sabine », d’après un tableau de Jacques-Louis David, conservé

au musée du Louvre : « les Sabines arrêtant le combat entre les Romains et les Sabins »,

de 1799.

C’est le symbole de la réconciliation nationale. Pierre Gandon a dû « redresser » la tête

de la Sabine pour le timbre-poste. Une autre version, non adoptée, montre le visage

moins en arrière mais levant le bras gauche.

De 1977 à 1981, tous les timbres au type « Sabine de Gandon » comportent la mention

« France » et non plus « République française ».

Page 13: Les visages de la République

L’Adresse Musée de La Poste Conservation du Patrimoine

13 P. Rabier Mai 2011

Les Sabines arrêtant le combat entre les Romains et les Sabins, tableau de Jean-Louis David, carte maximum, 1977 (Inv.2006.143.2)

Sabine, projet du timbre-poste, Sabine levant le bras gauche, dessinée par Pierre Gandon, 1977 (Inv.14362/2)

République, type Liberté, 1982

Dessin et gravure : Pierre Gandon, d’après Eugène Delacroix

Impression : taille-douce rotative Emission du 4 janvier 1982 au 20 septembre 1990

Le nouveau président de la République, François Mitterrand, demande à l’administration

des postes de lui proposer un choix d’effigies pour les timbres d’usage courant. On lui

présente les divers projets de timbres réalisés entre 1975 et 1977.

A cette époque, Pierre Gandon proposait deux maquettes : une « Sabine », d’après le

tableau de Louis-David et une « Liberté », d’après le tableau de Delacroix, « la Liberté

guidant le peuple (28 juillet 1830) » conservé au musée du Louvre. François Mitterrand

opte pour la seconde proposition. Pierre Gandon a incliné la tête de la figure centrale vers

la droite pour le timbre-poste.

La dénomination officielle de cette nouvelle figurine est « République, type Liberté », les

philatélistes la dénomment « Liberté de Gandon ».

En 1988, la poste émettra un timbre à 2,20 F surchargé 0,31 ECU, unité monétaire

européenne. La France est ainsi le premier Etat membre de la Communauté à manifester

son engagement pour l’Europe.

Page 14: Les visages de la République

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14 P. Rabier Mai 2011

République, type Liberté, maquette du timbre-poste, dessiné par Pierre Gandon, 1982 (Inv.1983.3.1)

Marianne du Bicentenaire, 1989

Dessin : Louis Briat

Gravure : Claude Jumelet Impression : taille-douce rotative Emission du 31 décembre 1989 au 12 mars 1998

En janvier 1989, un concours est ouvert à tous, dans le cadre du renouvellement du

timbre-poste d’usage courant et du bicentenaire de la Révolution française. Plus de 700

projets sont reçus. Un jury retient après sélection, sept maquettes. Ces dernières sont

présentées à l’exposition philatélique mondiale Philexfrance 89.

Le président François Mitterrand retient la maquette, composée sur ordinateur de Louis

Briat, professeur à l’Ecole supérieure des arts décoratifs. Le graveur Claude Jumelet est

dans l’obligation d’adapter la maquette aux impératifs de l’impression taille-douce.

Appelée officiellement la « Marianne du Bicentenaire », elle paraît à l’occasion du

changement de tarif prévu pour le 1er janvier 1990.

Pour la première fois, Marianne regarde de face. « Les trois bandes verticales et la

cocarde suffisent à affirmer le caractère républicain de l’effigie. Pour la coiffure, j’ai voulu

suggérer plus que montrer le bonnet, afin de donner au visage un caractère aussi

contemporain que possible » précise Louis Briat.

Le timbre sans valeur faciale, à validité permanente, apparaîtra en 1993.

Page 15: Les visages de la République

L’Adresse Musée de La Poste Conservation du Patrimoine

15 P. Rabier Mai 2011

Marianne du Bicentenaire, épreuve ORMAG du poinçon sans valeur faciale, 21 août 1989, (Inv. Yv.2614.1)

Epreuve de luxe collective de 11 timbres-poste, 1989

(Inv. Yv 2614.3)

Marianne du 14 juillet, 1997

Dessin : Eve Luquet

Gravure : Claude Jumelet Impression : taille-douce rotative Emission du 14 juillet 1997 au 27 mai 2005

En 1996, un concours est ouvert à une trentaine de créateurs familiers des techniques du

timbre-poste. Après sélection, le jury national retient la maquette d’Eve Luquet, choix

confirmé par le président de la République, Jacques Chirac.

C’est le premier timbre d’usage courant créé par une femme, dessinateur-graveur. A

l’exception des timbres « Arc de Triomphe » imprimés aux Etats-Unis en 1944, c’est le

seul timbre-poste à porter la devise de la République : « Liberté, Egalité, Fraternité ».

Cette nouvelle Marianne affiche également sa fibre européenne, symbolisée par les

étoiles qui parsèment le ciel du timbre.

La date symbolique du 14 juillet, jour de la fête nationale, est retenue pour le

changement d’effigie du timbre d’usage courant.

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L’Adresse Musée de La Poste Conservation du Patrimoine

16 P. Rabier Mai 2011

Marianne du 14 juillet, gravure collective de 3 timbres-poste, impression en bleu nuit, 1997 (Inv. PO AT 997.868)

Concours Marianne des Français, 2004

Pour le renouvellement du timbre Marianne, La Poste lance, en décembre 2003, un

concours national invitant l’ensemble des Français à devenir les créateurs du futur

timbre-poste qui sera choisi par le Président de la République. Pour la toute première

fois, le concours est ouvert à tous, de 4 à 94 ans.

Sur le thème « L’engagement de Marianne en faveur de l’environnement et des valeurs

fondamentales de la République », plus de 50 000 dessins sont adressés à La Poste. Des

sélections régionales retiennent 500 dessins, puis un jury national présidé par une

comédienne Véronique Genest, choisit les 100 finalistes. Puis un vote du public recueillant

250 000 participants désigne les 10 projets finalistes. Ces derniers sont exposés sur les

grilles de l’Assemblée nationale, à Paris.

Marianne des Français, projet de timbre-poste parmi

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L’Adresse Musée de La Poste Conservation du Patrimoine

17 P. Rabier Mai 2011

les 10 finalistes, dessiné par Dorothée Zuliani, 25 ans, 2004. (Inv.2004.73.8)

Marianne des Français, 2005

Dessin : Thierry Lamouche Gravure : Claude Jumelet

Impression : taille-douce rotative Emission du 10 janvier 2005 à juin 2008

Le 13 juillet 2004, le dessin retenu par le président Jacques Chirac est dévoilé sur la

colonnade de l’Assemblée nationale, à Paris. C’est celui créé par le graphiste Thierry

Lamouche. Une Marianne fleur, le visage tourné vers le ciel, qui « respire un air pur » est

élue. L’artiste précise « J’ai immédiatement pensé que Marianne devait être une fleur, car

c’est ce qu’il y a de plus beau pour représenter l’environnement. Pour fixer l’idée, j’ai fait

de nombreux croquis qui au début, ressemblaient plus à des cartoons. Les premières

esquisses, en effet, contenaient des feuilles, des pétales, des arbres disposés autour

d’une fleur au visage de femme, auxquels se sont ajoutées des silhouettes d’oiseaux.

Petit à petit, j’ai donc enlevé tous les éléments qui alourdissaient l’ensemble. Ainsi, le

dessin s’est peu à peu transformé en un simple profil ».

Page 18: Les visages de la République

L’Adresse Musée de La Poste Conservation du Patrimoine

18 P. Rabier Mai 2011

Marianne des Français, maquette du timbre-poste, dessiné par Thierry Lamouche, 2005 (Inv. 2004.92.1)

Solidarité Asie, timbre-poste Marianne avec vignette grevée d’une surtaxe de 0,20 € au profit de la Croix-Rouge française pour les sinistrés du raz de marée (tsunami) d’Asie du Sud, 14 janvier 2005

Marianne et L’Europe, 2008

Dessin et gravure : Yves Beaujard

Impression : taille-douce rotative Emission du 1er juillet 2008

Dans le second semestre de l’année 2007 et dans le plus grand secret, 41 artistes

réguliers du timbre concourent sur le thème de la République et l’Europe. Le nouveau

président de la République française, Nicolas Sarkozy, souhaite une nouvelle Marianne à

l’occasion de la présidence française de l’Union européenne le 1er juillet 2008. Cette

nouvelle iconographie veut affirmer le rôle moteur de la France dans la dynamique

européenne. Le président choisit le 17 décembre 2007, l’œuvre d’un dessinateur-graveur,

Yves Beaujard, dont une partie de sa carrière a été de créer des timbres et des billets de

banque pour les Etats-Unis d’Amérique. L’artiste a conçu une Marianne, de profil avec

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son bonnet phrygien et sans cocarde, mais cheveux aux vents, humaine et réaliste,

populaire et gentille. Sans doute sa fille l’a-t-il inspiré ? Pour l’artiste, c’est une

« Marianne de philatéliste, l’héritière lointaine de la Cérès ou de la Semeuse, de la

Marianne de Dulac ou de Cocteau ».

Marianne regarde l’avenir, un ciel constellé d’étoiles, symbole des nations européennes.

Marianne et l’Europe, maquette du timbre-poste, dessinée par Yves Beaujard, 2008 (Inv.2009.85.1)

Orientations bibliographiques

Bonte, Agulhon, Marianne, les visages de la République, éditions découvertes Gallimard,

1992

La République fête son bicentenaire à la Monnaie, catalogue de l’exposition, Musée de la

Monnaie, 1992

C.Laurent, « L’effigie postale de Marianne : une image austère de la République », Cultures

et folklores républicains, éditions du Centre des lettres et sciences humaines, Aix en

Provence, 1995, pp.243-352

La République au fil du timbre, livre timbré, La Poste, 1997

Le Patrimoine du timbre-poste français, éditions Flohic, 1998

M.Costes, Panorama des timbres, La Poste, 2002

JM.Renault, Les fées de la République, éditions création du Pélican, 2004

Impressions / Expressions, livre timbré, La Poste, 2004

Chronique du timbre-poste français, éditions Chroniques, La Poste, 2005

Catalogue de l’exposition du GAPS, 25ème

anniversaire du Cercle des Amis de Marianne,

Hors série, Association philatélique du Boulonnais, Boulogne sur Mer, 2010

http://amisdemarianne.free.fr

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Carnet de 12 timbres-poste auto-adhésifs émis en 2008