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Les voitures de patrouille de la Sûreté du Québec font partie du paysage québécois depuis des décennies. C’est d’autant plus évi- dent de nos jours puisque le parc actuel en compte près de 2 100. Elles parcourent annuel- lement en moyenne, quelque 90 millions de kilomètres sur les autoroutes et routes des MRC (municipalités régionales de comté). Outils importants du travail policier, ces véhicules sont conçus selon des critères spécifiques aux exigences du mandat de la police. Si on y prête attention, on pourra même constater que la plupart des services de police nord-américains ont des véhicules semblables. Le choix des modèles résulte d’une multitude de tests de sécurité et de per- formance effectués sur les nombreux véhicules offerts par les grands fabri- cants de l’industrie automobile. Les débuts de la surveillance routière L’accroissement des véhicules automobiles sur les routes du Québec au début du XX e siècle donne lieu à des problèmes de circulation. Malgré l’existence d’un premier code de la route vers 1906, son application s’avère diffi- cile en raison d’un manque d’effectifs. Ce n’est qu’en 1925 qu’une première unité de surveillance policière sur les routes du Québec est créée. Nommée Police de la circu- lation, cette unité est rattachée au départe- ment de la voirie provinciale. Les premiers agents de la paix qui la composent portent un uniforme kaki. Ils commencent à pa- trouiller sur les grandes routes rurales, mandat jadis confié à des policiers municipaux. Volume 1 numéro 4 À ses débuts, la surveillance routière est un travail saisonnier effectué par des policiers-motards (« spotters ») qui s’éche- lonne du printemps jusqu’aux aux premières neiges. Graduellement, cette fonction, « très politisée » à l’époque, prend de l’importance et de plus en plus de patrouilleurs sillonnent les artères principales de la plupart des régions du Québec. En 1938, ces motards sont rattachés pour la première fois à la Police provinciale. Ils ont pour mandat de faire respecter les règlements de la circulation et de mener des enquêtes sur les accidents et les vols de véhicules. Durant cette même période, des postes de police ainsi que des postes de pesée sont implantés sur tout le territoire québécois, à des endroits stratégiques du réseau routier. Les appareils de radiocommunication dans les véhicules n’existent pas, à cette époque. Pour joindre les patrouilleurs, les postes doivent compter sur la collaboration de citoyens qui allument une ampoule, habituellement à l’extérieur de leur maison, pour signifier au patrouilleur qu’il doit s’arrêter pour prendre Les véhicules de patrouille Par Martin Caron, agent patrouilleur Poste autoroutier de Québec Motards “spotters”

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Les voitures de patrouille de la Sûreté duQuébec font partie du paysage québécoisdepuis des décennies. C’est d’autant plus évi-dent de nos jours puisque le parc actuel encompte près de 2 100. Elles parcourent annuel-lement en moyenne, quelque 90 millions dekilomètres sur les autoroutes et routes desMRC (municipalités régionales de comté).

Outils importants du travail policier,ces véhicules sont conçus selon descritères spécifiques aux exigences dumandat de la police. Si on y prêteattention, on pourra même constaterque la plupart des services de policenord-américains ont des véhiculessemblables.

Le choix des modèles résulte d’unemultitude de tests de sécurité et de per-formance effectués sur les nombreuxvéhicules offerts par les grands fabri-cants de l’industrie automobile.

Les débuts de la surveillanceroutièreL’accroissement des véhicules automobilessur les routes du Québec au début du XXe siècledonne lieu à des problèmes de circulation.Malgré l’existence d’un premier code de laroute vers 1906, son application s’avère diffi-cile en raison d’un manque d’effectifs.

Ce n’est qu’en 1925 qu’une première unitéde surveillance policière sur les routes duQuébec est créée. Nommée Police de la circu-lation, cette unité est rattachée au départe-ment de la voirie provinciale. Les premiersagents de la paix qui la composent portentun uniforme kaki. Ils commencent à pa-trouiller sur les grandes routes rurales, mandatjadis confié à des policiers municipaux.

Volume 1 numéro 4

À ses débuts, la surveillance routière estun travail saisonnier effectué par despoliciers-motards (« spotters ») qui s’éche-lonne du printemps jusqu’aux aux premièresneiges. Graduellement, cette fonction, « trèspolitisée » à l’époque, prend de l’importanceet de plus en plus de patrouilleurs sillonnentles artères principales de la plupart desrégions du Québec.

En 1938, ces motards sont rattachés pour lapremière fois à la Police provinciale. Ils ontpour mandat de faire respecter les règlementsde la circulation et de mener des enquêtessur les accidents et les vols de véhicules.Durant cette même période, des postes depolice ainsi que des postes de pesée sontimplantés sur tout le territoire québécois, àdes endroits stratégiques du réseau routier.

Les appareils de radiocommunication dansles véhicules n’existent pas, à cette époque. Pourjoindre les patrouilleurs, les postes doiventcompter sur la collaboration de citoyens quiallument une ampoule, habituellement àl’extérieur de leur maison, pour signifier aupatrouilleur qu’il doit s’arrêter pour prendre

Les véhicules de patrouillePar Martin Caron, agent patrouilleur Poste autoroutier de Québec

Motards “spotters”

un message, parfois même urgent ! Cette pra-tique persiste durant de nombreuses années.La notion de gestion du temps de réponse estalors inexistante. Servir les citoyens sur

l’ensemble du territoire estdéjà un grand pas en avant !

Les premiersvéhicules depatrouille et leuréquipementAssez curieusement, la toutepremière automobile acquisepar la Police provinciale n’estpas destinée à la patrouille.Elle sert plutôt aux déplace-ments des détectives du bu-reau de Montréal. Cette voi-ture, achetée en 1924 pour

1 775 $, est une Studebaker Touring Light Six.

C’est en mars 1945 que la Police provincialeacquiert ses premières voitures de patrouillede marque Plymouth, au coût unitaire de1900 $. On en trouve en périphérie de Montréalet de Québec, puis ensuite à Trois-Rivières età Sherbrooke. Certains de cesvéhicules sont équipés de radiosde communication de marque« Northern Electric CompanyLtd ».

Vers les années 60, l’automobiledevient le moyen privilégiépour la patrouille. C’est à partirde cette période qu’on com-mence à marquer les véhiculesutilisés par la Police de la route.Les lettres et les chiffres sontd’abord blancs et ensuite noirsjusqu’en 1963.

L’équipement d’urgence del’époque est plutôt rudimen-taire. Il se limite à une sirèneactionnée manuellement et àun feu clignotant sur le toit,qui pointe vers l’avant, un peu à la manièred’un phare. Puis, l’invention du feu rotatifpermet d’accroître sa visibilité à 360 degrés.

La modernisation des années 60En 1961, la Loi concernant la Sûreté provincialedu Québec donne lieu à une période de moder-nisation des services policiers. Les effectifs etle nombre de postes sont en croissance et ce,de façon substantielle. Le service continu, 24heures sur 24 est envisagé.

Un premier véritable parc automobile per-mettant de répondre aux besoins particuliersde toutes les fonctions policières est implanté.La Sûreté qui, en 1962, possède 582 voituresde patrouille et motocyclettes en 1962 encompte 928 en 1968.

Vers 1965, l’installation d’unradiotéléphone dans certainsvéhicules permet à la Sûretéd’être à l’avant-garde en matièrede communications. Des équi-pements plus modernes telsque le radar apparaissent en1963 et permettent de mieuxcontrôler la circulation. À cetteépoque, et ce jusqu’en 1973,le numéro de flotte du véhiculeidentifié se trouve uniquementà l’intérieur de l’automobile,sur le tableau de bord. Parexemple, M143MR, signifiait :Montréal; voiture 143, mar-quée, pourvue d’une radio decommunication. Sur la photo

ci-haut, on peut apercevoir la radio de com-munication, un extincteur au centre, ainsi quedeux lampes de poche.

L’une des premières voitures en 1945

Saviez-vous qu’à l’origine, les sirènesétaient actionnéesdirectement par le

moteur du véhicule etque leur tonalité étaitproportionnelle à lavitesse. Ces sirènes

ont été remplacées pardes modèles

électriques activés par le pied

au moyen d’un bouton-poussoir.

Premières identifications dansles véhicules vers 1960

Identification et modèlesÀ partir d’avril 1963, des autos-patrouille vertolive à portières jaunes confèrent une nouvelleimage à la Sûreté provinciale.

La numérotation des véhicules selon les régionsadministratives du Québec, telle qu’on laconnaît encore aujourd’hui, commence en1973. La modernisation des systèmes decommunication permet aux patrouilleurs, àpartir de 1976, de répondre aux appels dupublic à l’aide de radio-téléphones, installésdans leur véhicule. Ce type d’appareils estutilisé jusqu’en 1987.

En 1972, le parc de véhicules de la Sûretécompte 1 247 véhicules, dont 1 073 automo-biles, 54 motocyclettes, 75 motoneiges, 9fourgons cellulaires, 9 autobus, 5 camions, 6véhicules tout-terrains, 14 voitures familiales(station wagon) et 2 embarcations. L’importancede la flotte de la Sûreté occupe le sixième rang

dans l’ensemble des corps policiers en Améri-que du Nord alors que l’OPP (Ontario ProvincialPolice) occupe le cinquième.

À partir de 1970, les premières voitures à quatreportières font leur apparition. La diversifica-tion des types de véhicules fait suite au dévelop-pement des services spécialisés.

En 1978-1979, le parc automobile compte1 700 véhicules soit 700 de plus qu’en 1970.Cette augmentation est liée à celle des effec-tifs qui passent, au cours de cette période, de3 096 à 4 585 membres.

Les automobiles acquises au cours des années70 marqueront à jamais l’histoire de la policeet de la Sûreté, surtout par leur puissantmoteur de 440 pouces cube.

Au début des années 80, le prix du pétroleaugmente de 40 %. Cette réalité, combinée àde nouvelles normes anti-pollution, principalementaux Etats-Unis, met unfrein à la fabrication deces bolides dans toutel’Amérique du Nord.

Les années 80La crise économique et lescompressions budgétairesgouvernementales du dé-but des années 80 amènela Sûreté à restreindre sesdépenses. Des coupures de l’ordre de plus de25 % sont imposées. Le kilométrage effectuépar les patrouilleurs en est d’autant réduit.Ces restrictions, qui durent quelques années,ont une incidence sur le choix des véhicules.Les véhicules seront dorénavant moins coû-teux, plus petits et… moins performants. C’estainsi qu’en 1982 et 1983 on fait l’acquisitionde Ford Fairmont, munis de moteurs de 255pouces cube et de Plymouth Reliant K dontle moteur ne fait que 135 pouces cube. Lespoliciers n’affectionnent pas particulièrementces véhicules ! On acquiert aussi les premiersvéhicules à traction avant de l’organisation.

Le meilleur compromis aura sans doute étél’achat d’un véhicule de taille intermédiaire,soit le Plymouth Caravelle. Version canadiennedu Plymouth Gran Fury américain, le modèle

Premiers radars dans les années 60

Chevrolet Biscayne en 1969

Divers modèles de véhiculesdans les années 80

de police A38, fabriqué par la compagnieChrysler, de 1981 à 1989, est probablementl’un de ceux dont on se rappellera le plus.Selon les années, le modèle retenu pour laSûreté avait un moteur de 318 pouces cubeet un carburateur double ou quadruple corps.

De 1987 à 1990, la Sûreté revoit l’identificationvisuelle de ses autos patrouilles. En 1987, elleacquiert ses 25 premières voitures blanchesqui selon des études américaines, réfléchissentmieux la lumière, soit à 81 %. Il faut environtrois ans pour que la flotte soit entièrementrenouvelée, exception faite des véhiculesspécialisés.

Après 1990Des ententes entre la Sûreté et le syndicat despoliciers (APPQ) donnent lieu à des améliora-tions en ce qui a trait au confort des véhiculesde patrouille. Dès 1988, les Chevrolet Capricesont équipés de sièges à commandes électri-ques. À partir de 1989, les « Police Pack » com-prennent des sièges, des vitres et des portièresà commande électrique, un climatiseur ainsiqu’une radio AM-FM.

À partir de 1991, les véhicules sont munis degyrophares beaucoup plus puissants, de sys-tèmes de contrôle des équipements lumineuxet de sirènes, fabriqués par l’entreprise Signaflexà Victoriaville.

De 1992 à 1996 la Sûreté n’achète que desvéhicules de patrouille de marque Caprice. Lemodèle 1993 muni d’un moteur de 5,7 litres estla dernière acquisition qui dépasse les 5 litres.

De 1997 à 2005, on opte plutôt pour des CrownVictoria de Ford appelés Police Interceptor. Cesvéhicules, pourvus d’un moteur de 4,6 litres,comptent assurément parmi les véhicules deservice les plus fiables et les plus robustesutilisés par les policiers nord-américains.

À partir de 2000, la Sûreté acquiert des véhiculessemi-identifiés et semi-banalisés de marqueChevrolet Impala munis d’un moteur de 3,8litres à la tenue de route surprenante.

Les véhicules semi-identifiés sont des voituresde patrouille qui comportent des inscriptionssur les côtés seulement. Les gyrophares sontremplacés par des feux alternatifs bleus etrouges munis de stroboscopes et situés dansle pare-brise du véhicule.

Les véhicules semi-marqués sont en apparencedes véhicules ordinaires mais ils sont pourvusà l’intérieur, d’un équipement standard d’auto-patrouille.

À partir de 2004, seul le modèle Police Interceptorde Ford sera utilisé par les postes autoroutiers.Ces véhicules munis d’un moteur de 4,6 litressont les seuls assez puissants pour bien fonc-tionner avec des accessoires aussi imposantsque la flèche directionnelle.

En 2005, la Sûreté profite de son 135e anni-versaire pour revoir l’identification visuelle desa voiture de patrouille. Même si l’améliorationde la sécurité est à la base de ce changement,la nouvelle identification ajoute une touchede modernisme et permet l’intégration denouveaux symboles institutionnels tels quel’écu à motif quadrillé. La nouvelle identifi-cation de la flotte devrait se terminer d’icitrois ans, au fur et à mesure du renouvellementdes véhicules.

L’un des premiers véhicules blancs en 1987

Nouvelle identification visuelle adoptée en 2005