LES TRAVAUX ACTUELS DE

PAR D. CHOLLET

Si les premiers travaux de recherche sur les activités physiques et sportives ne relèvent pas d'un phénomène récent, l'intégration universitaire des STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) a très forte­ment accéléré le processus de recher­che dans notre pays.

Parmi les sujets de travaux de troisième cycle (DEA ou thèse), il apparaissait ex­ceptionnel, il y a encore cinq ans, de voir figurer la natation. Aujourd'hui cette situa­tion a considérablement évolué. Pour exemple, sur la seule Université de Mont­pellier I, quatre étudiants situent en 1989, leurs programmes de recherche en nata­tion : un en pharmacologie (Collomp) [29] et trois en STAPS (Tourny [46], Madani [32], Caterini [2]). Il en est de même pour les publications et communications de tra­vaux scientifiques : alors qu'au Congrès international d'Amsterdam, en juin 82 (Publications Human Kinetics en 1983), seules deux équipes françaises présen­taient leurs travaux (Cazorla et coll. [5], Chatard et coll. [15]), au Congrès suivant de Bielefeld, en juillet 86 (Publications Human Kinetics 1988), six équipes fran­çaises présentaient leurs travaux (Bouzou et coll. [1], Cazorla et coll. [8], Chatard et coll. [20]. Chollet et coll. [28] Pelayo et coll. [31], Rouard et coll. [45]). Bien des travaux et publications concer­nant la natation existent actuellement sans pour autant qu'ils puissent être considérés comme travaux de recherche. Parmi les très nombreux critères plus ou moins objectifs, nous considérerons que le qualificatif de « travail de recherche » sera attribué à un travail dont les finalités et méthodes ré­pondent aux exigences scientifiques. Il se doit : de contribuer à la connaissance scientifique ; d'être communiqué (exposé ou « poster » en congrès) ou publié (revue ou ouvrage scientifique) : de répondre à des conditions méthodologiques recon­nues (procédure expérimentale, traitement statistique des résultats, bibliographie...). De ce fait, seuls les travaux satisfaisant à ces critères ont été retenus.

L'ORIENTATION DES TRAVAUX L'orientation des travaux en France est essentiellement physiologique et bioméca­nique. Dans les autres domaines (psycho­logique, sociologique, historique...), les • sujets d'étude sont rarement spécifiques à la natation. Ils abordent l'activité dans un contexte général. Par exemple, certaines recherches sociologiques sont orientées sur la représentation sociale des pratiques

physiques de manière transversale ou s'in­téressent au rapport social à l'eau. Faure, en 1983, par exemple, compare les rapports à l'eau des enfants issus de classes sociales différentes [30]. Il en est le plus souvent de même de l'approche historique. Les recherches psychologiques sont plus spécialement centrées sur l'apprentissage, la motivation, la personnalité, la résistance au stress... Bien que très riches sur la connaissance de la natation, elles couvrent le plus souvent un ensemble d'activités physiques et sportives. C'est notamment le cas de « l'adaptation psychologique à la haute performance » (Missoum, 1987 [33]). Si nous retenons les critères préalablement définis concernant les travaux de recher­che et si nous analysons les modalités de publication, tels que diplômes universitai­res ou revues scientifiques, une dizaine de personnes ou d'équipes apparaissent ac­tuellement en France.

LA PHYSIOLOGIE APPLIQUÉE A LA NATATION Un des premiers à avoir consacré sa thèse de médecine (1974), mais surtout l'origina­lité de ses recherches physiologiques à la natation, a été Charbonnier [10], [11]. Ac­tuellement, son travail est plus orienté vers la médecine du sport, particulièrement l'athlétisme. Il maintient toutefois un contact scientifique avec la natation par l'intermédiaire de l'ARN (Association de Réflexion sur la Natation) dont il fait partie. Il a publié en 1986 un article sur l'intérêt de la consommation maximale d'oxygène et les facteurs qui la limitent, facteurs individuels ou liés à l'entraîne­ment [12]. Jusqu'à présent, l'auteur le plus marquant est, sans nul doute, Cazorla qui, depuis son mémoire INSEP en 1978 [3], contribue largement à enrichir les travaux de recher­che dans ce domaine. A partir d'une étude très large sur la performance en natation, il s'est préoccupé plus particulièrement de l'évaluation, comme en témoigne bon nombre de ses publications : - la méthodologie de la mesure directe de la consommation maximale d'oxygène au cours de la nage réalisée en étroite collabo­ration avec Fouillot et Cervetti [4] ; - des résultats d'expériences sur l'influence de la récupération active sur l'élimination du lactate sanguin après un effort supra-maximal en natation - travail réalisé avec Dufort et Montpetit [5] ; - l'évaluation des nageurs de haut niveau et la détection des talents avec Montpetit, Prokop et Cervetti [6] ; - les aspects biologiques de la natation de compétition avec Montpetit et Chatard [7]; - la comparaison des réponses cardiaques

et métaboliques de nageurs, de pentathlè-tes et de joueurs de water-polo durant une nage maximale en crawl [8] ; - la dépense énergétique durant le crawl de vitesse en comparant hommes et femmes [34]. Installé depuis plusieurs années au CREPS de Talence (Bordeaux) où il est équipé d'un laboratoire extrêmement performant en matière d'évaluation, il continue, tout en s'intéressant à d'autres activités sporti­ves, d'évaluer les nageurs des équipes nationales en relation étroite avec J.-P. Cervetti, médecin de la Fédération de natation et auteur d'un article sur le contrôle de l'entraînement en natation par la mesure de la lactatémie [9]. Par ailleurs, parmi d'autres travaux remar­quables dans le domaine de la physiologie appliquée à la natation, citons ceux de : • Chatard, assistant du Professeur Lacour (St-Etienne), qui a publié, en particulier, un travail sur les effets physiologiques de 24 heures de nage [15]. Ancien internatio­nal universitaire de natation, il a toujours gardé un contact étroit avec l'entraînement et le suivi de celui-ci. Ses travaux dans ce cadre, portent sur l'intérêt de la mesure de la lactacidémie après les compétitions [14]. Il présente également le suivi de Thomas Fahrner, recordman olympique en 1984 et une application de ce suivi avec son en­traîneur M. Paulin [16], [17], [18]. Après un an de stage au centre d'entraînement et au laboratoire de Bakersfield aux USA (Pr Maglischo), il oriente actuellement ses recherches vers les aspects physiologiques et biomécaniques de la natation de haut niveau [19]. • Pelayo, entraîneur à l'Université club et au Centre universitaire fédéral de Lille, actuellement maître de conférences, axe ses travaux sur des aspects concrets : - les variations de l'équilibre acido-basique et les charges d'entraînement chez le na­geur de compétition [35], [37] ;

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RECHERCHE EN FRANCE - la mise au point d'un test progressif de nage en rapport à l'équilibre acido-basique [38]; - l'évaluation, la sélection et le suivi mé­dico-sportif de nageurs espoirs, travail à partir duquel il soutient sa thèse en STAPS [36].

LES ÉTUDES ÉLECTROMYOGRAPHIQUES ET BIOMÉCANIQUES EN NATATION • Rouard qui a présenté au Congrès de Beilefeld (RFA) un système télémétrique d'analyse de l'activité musculaire dans la nage [45], a progressivement élargi son travail vers l'analyse biomécanique de la nage [44]. • Ria qui, après son mémoire de l'INSEP, portant sur l'analyse biomécanique de la force propulsive du nageur et l'application d'un plan d'entraînement à sec [39], a poursuivi son travail à Clermont-Ferrand et soutenu sa thèse de doctorat en STAPS sur la validation d'une méthode d'analyse en biomécanique du mouvement en nata­tion [43]. Celle-ci définit et analyse trois mesures : la force maximale du nageur, la mesure de la résistance hydrodynamique du nageur tracté, la vitesse instantanée et l'évolution de la force résultante, appli­quée au centre de gravité du nageur [40], [41], [42].

En ce qui nous concerne, après avoir tra­vaillé sur les référentiels vestibulaires et le segment céphalique dans l'équilibration au cours de la nage [21], [22], [25], nous avons mis au point avec Micallef, au laboratoire biomécanique du professeur Rabischong (Montpellier), un dispositif expérimental : les plaquettes de nage informatives [23]. Celles-ci ont la particularité de prendre en compte la valeur des forces de pression de la main dans son trajet propulsif, de trans­former cette information en signal auditif et de le renvoyer au nageur au cours de la réalisation de son action. Ce matériel et son évaluation expérimentale ont été pré­sentés la première fois en 1985 à Canet [23], puis au Congrès de Bielefeld en 1986 [28], suite à quelques améliorations et expéri­mentations complémentaires. Jusqu'en 1988, notre travail s'est orienté sur l'auto-contrôle des actions motrices par bouclage bio-rétroactif externe [24], [26], [27]. Nos responsabilités pratiques (entraî­neur du centre d'entraînement universi­taire de Montpellier et de l'Equipe de France universitaire - FNSU) et théoriques (responsable de la formation des options natation à l'UFRSTAPS) nous amènent progressivement vers l'évaluation biomé­canique et la contribution à l'amélioration technique. Dans cette optique, notre pro­gramme de recherche 89/92 sera appliqué, en plus de nos propres nageurs, à ceux des

sections sport-études de Font-Romeu, de Natation 66 Canet, des Dauphins du TOEC..., soit un nombre intéressant de nageurs de niveaux national et internatio­nal.

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Alors qu'il était facile de dresser un inven­taire des travaux de recherche en natation il y a encore une dizaine d'années, actuel­lement cela devient de plus en plus diffi­cile. Malgré une recherche bibliographique la plus complète possible, il est probable que quelques travaux aient pu être oubliés, que les auteurs ne nous en tiennent pas grief. Plus les sources de publication s'étendent, particulièrement au niveau in­ternational, plus les secteurs d'application sont diversifiés, et plus il devient complexe de réaliser une analyse exhaustive.

L'évolution des performances de la nata­tion française au niveau international, et le niveau des publications scientifiques des chercheurs français en natation sont signi-ficativement progressives. Il existe sans aucun doute une corrélation entre ces deux secteurs. L'interprétation de cette relation, qui resterait subjective, ne m'appartient pas ici. Espérons que le dialogue qui existe réellement, en natation en France, entre les chercheurs et les entraîneurs - ce qui est loin d'être le cas dans tous les pays et dans toutes les disciplines - se renforce. Cette relation privilégiée pourrait non seulement avoir des conséquences sur la compétitivité sportive internationale mais également contribuer à une meilleure connaissance scientifique de la discipline « natation », aboutissant à des progrès didactiques ap­préciables.

Didier Chollet Maître de Conférences

Université de Montpellier PHOTOS : AUTEUR

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