les théories de l'action et de l'activité

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1 Les théories de l'action et de l'activité Laurent Veillard Master didactique et Interactions Université Lyon II

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Les théories de l'action et de l'activité. Laurent Veillard Master didactique et Interactions Université Lyon II. Plan du cours. 1) Pourquoi s'appuyer sur une théorie de l'action ou de l'activité ? 2) Les théories de l'action et philosophie 3) L'action en sciences sociales - PowerPoint PPT Presentation

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Page 1: Les théories de l'action et de l'activité

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Les théories de l'actionet de l'activité

Laurent Veillard

Master didactique et Interactions

Université Lyon II

Page 2: Les théories de l'action et de l'activité

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Plan du cours

1) Pourquoi s'appuyer sur une théorie de l'action ou de l'activité ?

2) Les théories de l'action et philosophie

3) L'action en sciences sociales

4) Approches de l'activité en psychologie

5) Exemple d'usage de théories de l'action et de l'activité dans des recherches sur la formation professionnelle

Page 3: Les théories de l'action et de l'activité

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Partie 1 : Pourquoi s'appuyer

sur une théorie de l'action ou de l'activité ?

Page 4: Les théories de l'action et de l'activité

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La nature des questionnements en didactique professionnelle Objet de la didactique professionnelle : étude de la formation et de

l'apprentissage au sein de dispositifs de formation professionnelle

En formation professionnelle : les élèves sont souvent mis en situation de " faire " et pas seulement

d'écouter, de manipuler des concepts ou d'en discuter ex : manipuler une machine lors d'un TP ; simuler un entretien ; faire un cours

dans une classe lors d'un stage dans une école, etc. Les formateurs n'expliquent pas tout par des mots, mais donnent à voir

des manières de faire (démonstration, geste, manières d‘interagir, etc.)

Question : comment étudier la transmission et l'apprentissage de connaissances dans ces situations, sachant que ces processus comportent une bonne part d'implicite ?

Page 5: Les théories de l'action et de l'activité

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Justifications psychologiques Psychologie cognitive : 2 types de connaissances

Déclaratives : connaissances sur des faits, des phénomènes (ex : concepts explicatifs sur un phénomène physique, chimique, biologique, un fait social)

Procédurales : connaissances sur des manières de faire (ex : procédure d'utilisation d'un appareil technique).

Apport de la psychologie du travail et de l’ergonomie : « La compétence est le système de connaissances qui permettra

d'engendrer l’activité répondant aux exigences des tâches d'une certaine classe [..] Elles sont finalisées et se caractérisent par la mise en oeuvre de connaissances en vue de la réalisation d un but » (Leplat, 1991).

« La notion de compétence peut se définir comme le système d'explication de la performance observée, qui décrit l'organisation des connaissances construites par le travail et pour le travail » (Samurçay et Pastré, 1995).

« ll ne peut être question, d'un point de vue méthodologique, de chercher à identifier hors de !'activité, les composantes des compétences par interrogation directe de l'opérateur (et encore moins de sa hiérarchie) [..] les compétences sont inférées à partir des résultats de l’analyse de l'activité (De Montmollin, 1995).

Page 6: Les théories de l'action et de l'activité

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Justifications psychologiques Les compétences sont des systèmes de connaissances :

Composés à la fois de connaissances déclaratives et procédurales Développées par une activité dans des domaines professionnels

particuliers et adaptés à des contextes sociaux et techniques spécifiques Inférables à partir :

des formes symboliques (mots-schémas-dessin – oral/scriptural) produites dans le cours de l’activité

de l’observation des actes (des manières de faire, de s’exprimer, d’interagir, etc.)

Conséquence : une analyse de l'activité des apprenants et/ou des formateurs est nécessaire pour étudier la transmission et l'apprentissage

Questions: Comment caractériser théoriquement l'action ou l'activité ? Comment analyser les connaissances à partir de l'action ?

Page 7: Les théories de l'action et de l'activité

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Partie 2Le problème de l’action

en philosophie

Page 8: Les théories de l'action et de l'activité

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Premières réflexions sur l'action dans la philosophie grecque Qu’est ce qu'une action juste ?

Aristote : L’âme est le principe animant du corps (« Car l'âme est l'essence et

l'acte d'un corps » ) Elle n’est pas toujours en acte dans le corps (comme dans le

sommeil par exemple), Opposition entre différentes parties de l‘âme.

Parties rationnelles de l’âme

Versant savant /

théorique

Versant pratique / calculateur : confronté au champ du contingent (les choses qui peuvent être autres qu’elle ne le sont) et donc astreint à la délibération

Parties irrationnelles de l’âme

Partie désirante qui peut être raisonnable ou déraisonnable (convoitise) ou encore mal comprendre la raison (emportement)

Partie végétative Dévolue à la subsistance -Aucun lien avec le principe raisonnable

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Premières réflexions sur l'action dans la philosophie grecque Opposition Praxis / Poesis :

Praxis : action n’ayant pas de fin autre que l’accomplissement de l’homme (art, politique, musique,connaissance). Associée à la Phronésis : prudence ou capacité à délibérer ce qui est bon pour chacun et mène à la vie heureuse.

Poesis : Action dont la finalité est de faire advenir des objets extérieurs à soi. Délibération possible mais orientée vers des choix techniques

Quel héritage ? "Processus clos sur un certain type d'accomplissement, suite à des

délibérations mobilisant la part calculatrice de l’âme, choix opérés en fonction de ce qui peut conduire à une existence heureuse à travers les incertitudes de la vie, mise à distance des actes de production industrieux et ses passages à l'acte multi-déterminés : Aristote a circonscrit un champ cohérent aux futures théories de I’action ; déplaçant quelques concepts, avec des préoccupations éthiques un peu décalées, elles s‘interrogeront sur les processus de choix rationnels, avantageux, opérés sur la base de croyances et sanctionnées par des actes déterminant clairement un nouvel « état » du monde. » (Y. Schwartz – philosophe français)

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Questionnements et débats actuels « Comment rendre compte des actions humaines dans le champ de

l’analyse scientifique, compte-tenu des propriétés changeantes du domaine et de la situation dans laquelle elles sont accomplies, de leur nature propre, en particulier de leur caractère intentionnel ? » (Ladrière, Pharo, Quéré, 1993)

Quelques points de débat :

Contingence Régularité

Causalité Intentionnalité (Heidegger, Searle)

Neutralité du langage Détermination par le langage (Wittgenstein)

1 seul bon niveaude description

Multiplicité de niveaux possibles

Analyse logique desphrases d’action

Approche phénoménologique(référence des états mentaux à des objets concrets du monde)

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Modèle causal classique Modèle désir / croyance (Davidson – 1980)

Organes moteurs

Déclenchement de l’action X

Croyance instrumentale : si action X dans la situation S alors résultat Y

Croyance d’orientation : ce que je vois me fait croire que je me trouve dans la situation S

États mentaux

Désir ou attitude positive (pro-attitude) pour une fin Y

Page 12: Les théories de l'action et de l'activité

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Critiques du modèle classique

Désir + croyance ne sont pas des conditions nécessaires de nombreuses actions (automatismes et routines)

Désir + croyance ne sont pas des conditions suffisantes pour qu’un acte constitue une action (rôle des émotions) : déviance antécédente (exemple de l’alpiniste) déviance conséquente (exemple du bandit)

Le modèle ne permet pas de distinguer entre l’intention de faire et le désir de faire

Le modèle ne rend pas compte de la manière dont l’action est accomplie

Il donne une explication incomplète de l’action : problème des mouvements inappropriés

Il ne donne pas de critères pour différencier mouvement passif et une action volontaire

Page 13: Les théories de l'action et de l'activité

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Révisions du modèle classique

Exemple : l’intentionnalité selon Searle

Raisonnement pratique

Intention préalable de faire X

Avant l’action

Intention en action Consciente ou non – avec expérience ou pas

Contexte

Action

Ajustement

Pendant l’action

Croyance instrumentale = si action X alors résultat Y

Désir ou attitude positive (pro -attitude) pour une fin Y

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Partie 3 L’action dans

les sciences sociales

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L’action (individuelle) causée par le social ? Ou le social conséquence des actions ? Bourdieu (1930 – 2002) – « La reproduction » (1972) ; les Héritiers (

Nécessité de mettre en évidence les régularités sociales cachées dans les situations ordinaires = structures sociales objectives

Ces structures sociales sont incorporées par socialisation dans l’enfance Constitution d’un habitus qui structure à son tour les perceptions, oriente les

désirs et finalement détermine l’action individuelle et plus largement l’ordre social et les rapports sociaux

Boudon (1934 - …) – « La logique du social » (1979) Les structures et phénomènes sociaux sont la conséquence de l’agrégation

des actions individuelles : le bon niveau d’analyse est l’individu Chaque acteur est doté de 3 type de rationalités à portée limitée :

La rationalité psychologique fait intervenir les émotions et les passions La rationalité économique fait intervenir l’intérêt, l’utilité (utilitarisme) La rationalité axiologique fait intervenir les valeurs sociales, donc morales

Page 16: Les théories de l'action et de l'activité

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Quelle place à l’intention et à la réflexivité dans l’action ?

Bourdieu – Esquisse d’une théorie de la pratique (1972) ; Le sens pratique (1980) Critique des approches intellectualistes de l’action place trop importante

de l’intention, de la planification et de la réflexivité (analyse de sa propre action)

Rapport pratique à la pratique = compréhension immédiate, sans concept non intentionnelle et engagée dans l’urgence et les contraintes du monde du

monde

Schutz – Sociologie phénoménologique La notion centrale d’action est prise « au sens de la conduite humaine, en

tant que prévue à l’avance par son acteur, c’est-à-dire la conduite basée sur un projet pré - conçu » ;

à la notion de projet, orientée vers le futur, sont associées celles de conscience et de motifs.

Page 17: Les théories de l'action et de l'activité

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Quelle place à l’intention et à la réflexivité dans l’action ? M. Crozier et E. Friedberg - Analyse stratégique des Organisations

L’acteur et le système Etude de la dynamique concrète des organisations selon une approche

systémique (système constitué de sous-systèmes en équilibre) Distinction organisation formelle – organisation concrète réelle (Système

d’action concret) Moteur de la dynamique : garder, augmenter son pouvoir dans

l’organisation Développement de stratégies concrètes et basées sur une rationalité

limitée des individus ou groupes de personnes Sources du pouvoir : autorité hiérarchique ; maîtrise d’une partie de

l’organisation ; etc.

Page 18: Les théories de l'action et de l'activité

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L’amour et la justice comme compétences (L. Boltanski)

L’action en Sciences sociales

Approches récentes plus inductives et pragmatiques pour sortir du holisme et de ces dualismes

Sociologie des régimes d’action (Thévenot – Boltanski) Principe : les acteurs agissent différemment selon les situations dans

lesquelles ils se trouvent – notion de régime d’action

Paix

Dispute

Hors -équivalence

EquivalenceJustesse

Justice - justification

Agape

Violence

Etude des modes de coordination (Thévenot)• Familier : accommodement local à une situation par appui sur des repères constitués et largement inconscients• Téléologique : définition de buts ou projets, réflexion sur les moyens et les ressources• Conventionnel : appui sur des conventions sociales

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Partie 4 L’activité

en psychologie

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Behaviorisme : limitation au comportement Réduction au comportement :

inaccessibilité ou inutilité de l’analyse des processus psychiques pour comprendre l’action

L’action peut et doit être analysée en terme d’associations entre des actions / réactions de l’environnement du sujet (stimulus – réponse)

Ex : Approche de Skinner Conditionnement opérant (≠ conditionnement répondant) – « les hommes

agissent sur le monde, le transforment et sont transformés en retour par les conséquences de leurs actions »

Le milieu ne déclenche par les comportements, il les sélectionne en les entretenant ou les éliminant selon les contingences

ActionRenforcement

Action

Renforcement

Page 21: Les théories de l'action et de l'activité

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Cognitivisme : réduction à l’activité mentale Origine :

Travaux en logique et en mathématiques de Frege, Russel, Wittgenstein, etc. Tout concept, proposition, raisonnement peut se ramener à du calcul sur un

nombre limité de notions primitives Principes :

Penser traiter de l’information calculer et manipuler des symboles Cerveau – micro-ordinateur systèmes cognitifs composés de modules

spécialisés assurant le codage, le stockage et le traitement de l’information sous forme de représentations symboliques

Conséquence : l’activité découle d’un processus psychique préalable qui l’anticipe en la

préparant (notions de but, planification, processus de résolution de pb, etc.)

Réduction au système cognitif

Environnement

Emetteur de réponse(effecteur) Générateur de réponse

Mémoire de travail(limitée)

Récepteurs sensoriels(capteur)

Mémoire à long terme(illimitée)

Page 22: Les théories de l'action et de l'activité

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Psychologie cognitive ergonomique Distinction tâche prescrite / tâche effective / activité Exemple de modèle : SRK (Rassmussen)

3 niveaux de régulation cognitive, présents en proportions variables dans l’activité mentale

Niveau 1 : régulation par des automatismes liens réflexes constitués par répétition

Niveau 2 : régulation par des règles heuristiques constituées à partir de l’observation d’invariants de la situation et du constat de certaines manières de faire efficaces

Niveau 3 : régulation par des connaissances explicites définition de buts et appui sur des connaissances logiques

Correction du mouvement de soudure (N1)

Stratégies de chemin de soudure (N2)

Risques liés à la soudure sur certains matériaux (N3)

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Cognition distribuée - située

Critique du cognitivisme : limitation du rôle des états mentaux beaucoup d’actions ne sont pas préparées par un processus mental

Rôle des artefacts dans la cognition : mémoires externes, repères pour ajuster un geste (affordances)

Déplacement de la réduction vers la situation

Page 24: Les théories de l'action et de l'activité

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Cognition distribuée Approche d’Edwin Hutchins

Etude de la cognition et de l’action du système « cockpit » ou « navire »

Radio

Acteur 1

Feuille de papier

Ordinateur

Acteur 2

Problématique : comment ce système traite l’information ? Méthodologie : étude des supports et transferts d’information successifs

entre ces supports

Page 25: Les théories de l'action et de l'activité

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Cognition située Travaux de Suchman, Greeno, Conein, etc.

L’activité est un processus d’adaptation à la situation locale par ajustement réciproque :

un plan est une ressource plus qu’une planification de l’action

Les représentations externes (artefacts cognitifs) jouent un rôle primordiale dans la cognition et l’action

Les connaissances construites pour répondre aux exigences de la situation ne sont pas facilement transférables à d’autres situations

S’adapter aux contraintes techniquesUtiliser les opportunités offertes par l’environnement

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La théorie de l’activité : origine A l’origine, les travaux de Vygostky

Critique des approches behvioristes Unité d’analyse = l’activité

« Activity theorists argue that consciousness is not a set of discrete disembodied cognitive acts (decision making, classification, remembering), and certainly it is not the brain ; rather, consciousness is located in everyday practice ; you are what you do » (Nardi, 1996)

L’activité du sujet comporte des composantes psychiques, corporelles et artefactuelles : elle est médiatisée par ces outils (cognitifs et matériels)

Les structures intrapsychiques (cognitions, émotions, motivations) se développent à partir des structures interpsychiques (langage, gestes) avec lesquelles l’homme est en interaction

Sujet

artefact(matériel

ou cognitif)

Objet

Activité médiate

Activité immédiate

Page 27: Les théories de l'action et de l'activité

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Développement de la théorie par Leontiev Structure hiérarchique de l’activité :

Rapports internes et tensions dialectiques entre ces 3 niveaux Dynamique de l’activité :

Transformation d’un niveau en un autre (opération action activité) Basculement possible d’une opération ou d’une action dans une autre action

ou activité 3 niveaux de régulation :

Efficacité = rapport entre buts visés et résultats obtenus Efficience = rapport entre buts et moyens Sens = rapport entre buts et mobile

Activité Objet - Motif - mobile Communauté

Action But Individu ou groupe

Opération Conditions - moyens Routines (homme - machine)

Niveau Orientation vers Réalisé par

Page 28: Les théories de l'action et de l'activité

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Poursuite de la théorisation par Engeström Schéma triangulaire de l’activité développant le triangle

initial : règles, communauté, division du travail, produit de l’activité

Les contradictions internes à un système et entre plusieurs systèmes comme moteur du changement

Page 29: Les théories de l'action et de l'activité

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Partie 5 :exemple d’utilisation

de théories de l’actionou de l’activité

dans des recherches en éducation

Page 30: Les théories de l'action et de l'activité

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Utilisation de la théorie de l’activité But de la recherche : étude du transfert et l’articulation de connaissances

Ces processus peuvent être favorisés par Des objets ou des acteurs dans une activité existante qui vont jouer le rôle de

médiateurs La mise en place d’une activité dont la finalité est le transfert / articulation de

connaissances

Module enseignement 11Situation interdisciplinaire.

Finalité = transfert et articulation

Stage en entreprise

Acteur / Objetmédiateur

Page 31: Les théories de l'action et de l'activité

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Appui sur des théories de l’action Recherche sur l’activité et les apprentissages lors de stages en entreprise

Action : séquence d’événements subjectifs causée par un but et orientée vers ce but (Searle).

Pluralité de modalités de coordination de l’activité avec l ’environnement (Thévenot)

Activité = flux d’événements subjectifs

Temps

But 1

Action 1 Action 2

But 2

Routinière Téléologique Conventionnelle

3 modalités de coordination avec l’environnement

Acte 1 Acte 2 Acte 1 Acte 2 Acte 3 Acte 4

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Appui sur des théorie de l’action

Unité(s) deProduction

Changement

Information

Auto- organisation

Supérieurs Fournisseurs

ClientsAutres services

Sollicitation Sollicitation

Information

Coordination

Analyse

Elaboration d’une catégorisation de types d’actions à partir : De référentiels métiers D’étude sur le métier d’ingénieur de production Des observations des élèves en stage