les sondes spatiales première partie : vers la...
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ADAPR 30-1-2020 LES SONDES SPATIALES
LES SONDES SPATIALES
Première partie : vers la Lune
D’un point de vue historique, c'est en 1926 que l'Américain Robert Goddard lance une fusée
qui s'élève à 12 m de hauteur avec une vitesse de 96 km/h. Cette expérience marque vrai-
ment le début de l'histoire des fusées spatiales. Et il a fallu attendre la fin de la seconde
guerre mondiale pour que les ingénieurs puissent bénéficier des compétences acquises en
matière de fusées pour envisager des lancements spatiaux.
La conquête spatiale a toujours permis à l'Homme de mieux comprendre l'Univers. Satellites,
télescopes, stations spatiales... Il existe aujourd'hui de nombreux outils de recherche et de
découverte. Mais une telle aventure humaine n'aurait jamais pu être aussi grande sans les
sondes spatiales.
Finalement, en 1958, une telle première sonde spatiale a été lancée dans l’espace, chose
courante aujourd'hui. Fin 2019, on comptait plus de 370 sondes ayant été lancées vers des
corps du Système Solaire, sans parler des satellites tournant autour de la Terre.
Depuis les débuts de la conquête spatiale, de nombreuses sondes ont quitté la Terre pour
explorer le Système Solaire et des planètes, des plus proches aux plus lointaines, leurs
lunes, des astéroïdes, des comètes, et même le milieu interplanétaire ou encore interstel-
laire. La plupart ne sont jamais revenues et ont fini échouées sur l’astre qu'elles espionnaient
parfois quelques heures, voire quelques mois, quelques années. Certaines en revanche ont
poursuivi leur chemin à travers notre Système Solaire et ne s'arrêteront peut-être jamais, en
route vers d’autres régions de la Galaxie.
Une sonde spatiale est un véhicule sans équipage lancé dans l’espace pour étudier à plus
ou moins grande distance les différents objets célestes. Elle se distingue des autres engins
spatiaux habités ou non qui restent en orbite terrestre. Les sondes spatiales prennent un
grand nombre de formes pour remplir leur mission :
- orbiteur placé en orbite autour du corps céleste observé ;
- atterrisseur qui atterrit au sol de la planète ciblée ;
- impacteur qui vient percuter la surface.
Une sonde peut emporter des engins autonomes pour accroître son champ d'investigation :
par exemple sous-satellite, rover, ballon, et être amenée à franchir de grandes distances, à
fonctionner loin de la Terre et du Soleil, ce qui impose des équipements spécifiques à
chaque mission.
Elle doit ainsi disposer de suffisamment d'énergie pour fonctionner dans des régions où le
rayonnement solaire ne fournit plus qu'une puissance limitée.
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Bien sûr, il lui faut une grande autonomie de décision car l'éloignement du centre de contrôle
ne permet plus aux opérateurs humains de réagir en temps réels aux événements.
Elle doit aussi résoudre des problèmes de télécommunications rendus difficiles par les dis-
tances qui réduisent les débits et résister au rayonnement et à des températures extrêmes
qui malmènent l'électronique embarquée et les mécanismes.
Enfin, pour parvenir à destination à un coût et dans des délais acceptables, la sonde est
amenée à utiliser des méthodes sophistiquées de navigation et de propulsion comme :
l’assistance gravitationnelle, l’autofreinage, la propulsion ionique.
Pour tout corps voulant quitter notre atmosphère, on sait qu'il lui faut atteindre une certaine
vitesse, dite vitesse de libération, permettant d'échapper à la force de gravitation terrestre.
Une fusée quittant notre atmosphère doit donc atteindre au moins la vitesse de 10.2 km/s.
Et, bien sûr, tout lancement des fusées porteuses de sonde ne peut se faire que d'une base
adaptée et si possible située le plus proche possible de l'équateur pour bénéficier de l'effet
de fronde de la rotation de la Terre.
Il y a de nombreuses bases de lancement dans nombre de pays, mais les principales sont la
Française Kourou en Guyane (la mieux placée du fait de sa position près de l'équateur),
l'Américaine Cap Canaveral en Floride (créée en 1950), bien sûr la Russe du cosmodrome
de Baïkonour (créé en 1956) qui est désormais au Kazakhstan, et évidemment celles des
nouveaux pays émergeant comme la Chine, le Japon, l'Inde, la Corée du Sud...
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CONQUÊTE DE LA LUNE
Dans un premier temps, les programmes lunaires n'apparaissent que comme le fer de lance
d'un effort tous azimuts pour maîtriser l'accès à l'espace. Et c'est d'abord l'orbite terrestre
que les premiers programmes spatiaux ont visé.
Ce sont les Soviétiques avec Spoutnik 1 qui, le 4 octobre 1957, devient le premier satellite
artificiel à circuler autour de notre planète. Ce lancement marque l'an 1 de l'ère spatiale, car
dès l'année suivante 28 tentatives de lancement de satellites ont lieu, dont 5 réussies.
L'événement a un retentissement planétaire et constitue un énorme choc pour l'opinion amé-
ricaine, démontrant l'avance prise par les soviétiques dans ce domaine. Les dirigeants sovié-
tiques, surpris par l'écho rencontré par l'événement, feront de leur programme spatial la clé
de voute de la propagande du régime.
Dans cette période de guerre froide opposant États-Unis et Union soviétique, la course à
l'espace est lancée. Les deux pays tenteront durant les décennies suivantes de prouver la
supériorité de leur forme de gouvernement à travers leurs réalisations spatiales. Les diri-
geants américains s'attacheront à rattraper leur retard en créant en juillet 1958 une agence
spatiale dédiée au programme spatial civil (la NASA) dotée d'énormes moyens financiers.
La Lune et l'année 1959
La première sonde spatiale Luna est lancée vers la Lune par
l'Union soviétique. Le programme Luna regroupe toutes les mis-
sions automatiques lancées par l’Union soviétique vers la Lune
entre 1959 et 1976. Vingt-quatre sondes spatiales font officielle-
ment partie de ce programme mais il y en eut en réalité 45 en
tout. Quinze de ces missions ont atteint leurs objectifs.
Le premier lancement des sondes Luna date du 2 septembre
1959, le premier survol de la Lune du 9 mai 1965, et le dernier
vol non réussi du 9 août 1976.
Luna 1 URSS 4 janvier
1959 Survol
Succès
partiel
Première sonde dans le voisinage de la
Lune (survolée à 5995 km, mais un im-
pacteur était probablement prévu)
Luna 2 URSS
14 sep-
tembre
1959
Impacteur Succès Premier impact sur un corps du sys-
tème solaire : la Lune
Luna 3 URSS 7 octobre
1959 Survol Succès
premières images de la face cachée de
la Lune
La même année 59, Pioneer 4 fait le 4 mars un survol lointain de la Lune. Le programme
Pioneer est celui de la NASA d'exploration du Système Solaire à l'aide de sondes spatiales.
Luna 1
361 kg
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Entre 1958 et 1978, 19 sondes Pioneer ont été envoyées avec des missions et des configu-
rations différentes vers la Lune, le Soleil, Jupiter, Saturne et Vénus.
Donc, la fin de la décennie 1950 a vu 18 lancements de fusées, mais il n’y a eu seulement 4
succès pour la Lune, dont 3 dus à l’URSS et 1 pour la NASA par un survol lointain, et 14
échecs imputables soit au lanceur, à l'épuisement du carburant, aux explosions...
Puis nous arrivons dans les années 1960
Alors que la guerre froide s’installe durablement au début des années 1960, la rivalité entre
l’URSS et les USA s’étend à l’espace. Le succès de Spoutnik puis celui rencontré par le pro-
gramme Vostok avec la mise en orbite de Youri Gagarine, poussent les soviétiques dirigés
alors par Nikita Khroutchev vers d’autres objectifs plus lointains.
La conquête de l'espace semblait aux mains des Soviétiques. Le vol de Youri Gagarine,
premier humain à atteindre l'espace, le 12 avril 1961, change quelque peu la donne. Ainsi
l'administration américaine, par la voix du président John Kennedy, le 2 septembre 1962,
affiche sa volonté d'envoyer des humains sur la Lune avec le programme Apollo avant la fin
de la décennie. Cela va modifier la stratégie des deux pays. Après la proposition de Kennedy
à l'URSS de collaborer, la compétition va être permanente et, somme toute, fertile car faisant
progresser considérablement les techniques et technologies spatiales.
Ainsi, la mise en place du programme Apollo exacerbe les tensions entre les deux géants.
La même ambition existe à partir de cet instant en Union soviétique, même si le programme
lunaire de vols habités va s'y élaborer dans le secret. Afin de contrer la NASA, le programme
Soyouz (Union en russe) est élaboré dès fin 1962. La conception du lanceur remonte aux
années 1950 et c'est peu ou prou ce même lanceur amélioré qui sera utilisé pour lancer les
vaisseaux avec un équipage (mais non vers la Lune) dans toutes les années suivantes (y
compris aujourd'hui pour emporter des hommes sur l'ISS).
Bien que cela soit intéressant, nous n’évoquerons pas ici les vols habités mais uni-
quement des sondes qui, avec succès, sont allées vers ou sur la Lune.
Les sondes vers la Lune des années 1960
Le programme Ranger de l'agence spatiale américaine se déroule entre 1961 et 1965 dont
l'objectif est d'obtenir des photographies détaillées du sol de planètes grâce à l'envoi de
sondes spatiales équipées de caméras et conçues selon les mêmes plans. C'est le premier
programme réussi d'exploration de la NASA, issu d'un projet proposé dès 1959 destiné à
explorer non seulement la Lune, mais aussi Vénus et Mars. Mais la réorientation de la poli-
tique spatiale américaine en 1962 a conféré à ces sondes une vocation plus spécifiquement
lunaire.
Pioneer 4 NASA/ 4 mars 1959 Survol Succès partiel
Survol lointain de la Lune ; pre-
mière sonde américaine en or-
bite solaire
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Le programme Ranger a permis la mise au point à la fois de technologies, des procédures à
appliquer en vol, des méthodes de sélection des expériences scientifiques et d'intégration
ainsi que des méthodes de conduite de projet, qui seront ensuite mises en œuvre pour le
développement des missions d'exploration du Système Solaire de la NASA.
Chaque sonde Ranger emporte 6 appareils photo ne différant que par le temps d'exposition,
le nombre de vues, l'objectif et la vitesse de transmission de l'image vers la Terre. Les
images fournies sur place ont une définition mille fois meilleure que celle qui peut être obte-
nue depuis la Terre. Les sondes sont lancées entre 1961 et 1965, mais seules les quatre
dernières atteignent leur objectif.
Ranger 6 NASA 30 janvier -
2 février 64 Impacteur
Succès
partiel
Impact réussi, mais pas de
photos reçues à cause d'une
panne
Ranger 7 NASA 28 juillet -
31 juillet 1964 Impacteur Succès
Renvoie des photos avant
l'impact
Ranger 8 NASA 17 février -
20 février 1965 Impacteur Succès
Renvoie des photos avant
l'impact
Ranger 9 NASA 21 mars -
24 mars 1965 Impacteur Succès
Images retransmises en
direct à la télévision avant
l'impact
Zond (en russe : Зонд, « sonde ») est le programme spatial soviétique qui s'est déroulé
entre 1964 et 1970. Son objectif du deuxième type de mission était d'envoyer deux cosmo-
nautes faire le tour de la Lune, en réalisant ainsi une nouvelle première avant les Etats-Unis
préparant l'atterrissage de deux hommes à la surface de la Lune dans le cadre d'Apollo.
L'échec des premiers lancements (dont un devait surveiller les Américains sur la Lune), fera
que le programme sera reconverti pour valider des technologies de sondes futures.
Seule Zond 3 arrivera à survoler la face cachée de la Lune. Les autres feront un tour de la
Lune et reviendront vers la Terre.
Zond 3 URSS 18 juillet 1965 -
3 mars 1966 Succès
Survol le 20 juillet, photos puis orbite
héliocentrique
Surveyor 1 est la première sonde spatiale américaine à se poser sur un sol extra-terrestre, 4
mois après la sonde soviétique Luna 9. Le programme Surveyor, outre l'observation et
l'analyse du sol lunaire, avait pour objectif de tester les dispositifs d'alunissage en douceur
d'un engin spatial sur un corps extra-terrestre.
Surveyor 1 NASA 30 mai 1966 -
7 janvier 1967 Atterrisseur Succès
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Et bien sûr, pendant que les Américains préparent leur
débarquement sur la Lune, les Soviétiques continuent
à envoyer leurs sondes Luna avec des succès et
même quelques autres premières.
Luna 9 URSS 31 janvier–
6 février 1966 Atterrisseur Succès
Premier atterrissage sur une
surface d'un corps céleste :
la lune
Luna 10 URSS 31 mars–
30 mai 1966 Orbiteur Succès
Premier satellite artificiel de
la Lune
Luna 11 URSS 24 août -
1er octobre 1966 Orbiteur Succès
Étude composition chimique,
gravitation...
Luna 12 URSS 22 octobre 1966-
19 janvier 1967 Orbiteur Succès Images télévisées
Luna 13 URSS 21 décembre -
28 décembre 1966 Atterrisseur Succès Analyse du sol
Le programme Lunar Orbiter de la NASA cartographie le sol de la lune afin de repérer les
zones d’atterrissages des missions futures Apollo.
Le programme Explorer est un autre programme de la NASA dont l'objectif est la réalisation
de missions scientifiques à coût modéré et à fréquence rapprochée. Il s'agit du programme
spatial le plus ancien de l'agence spatiale : le premier satellite de ce programme, Explorer 1,
est lancé en 1958 et est également le premier satellite artificiel américain. Les Exploreurs
vont aussi être utilisé pour repérer et sélectionner les sites d'atterrissage de la mission Apol-
lo.
Lunar Orbiter 1 NASA 10 août -
29 octobre 1966 Orbiteur
Succès, cartographie surface
pour futurs atterrissages, impact
volontaire
Lunar Orbiter 2 NASA 6 novembre 1966 –
11 octobre 1967 Orbiteur Succès Idem
Explorer 35 NASA 19 janvier 1967 –
24 juin 1973 Orbiteur Succès Champ magnétique, etc.
Luna 9
1580 Kg
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Lunar Orbiter 5 NASA 5 août 1967 –
31 janvier 1968 Orbiteur Succès Idem
Surveyor 5 NASA 8 septembre –
17 décembre 1967 Atterrisseur Succès
Préparation des
futurs atterrissages
Apollo
Surveyor 6 NASA 10 novembre – Atterrisseur
14 décembre 1967 Succès Idem
Surveyor 7 NASA 10 janvier – Atterrisseur
21 février 1968 Succès Idem
Luna 14 URSS 7 avril –
24 juin 1968 Orbiteur Succès
Zond 5 URSS 14 septembre -
21 septembre 1968 survol Succès
Expériences de bios-
ciences avec orga-
nismes terrestres. Con-
tournement de la
Lune.1er retour sur
Terre réussi
Zond 6 URSS 10 novembre -
17 novembre 1968 survol Succès
Photos haute définition,
mais crash sur Terre
Zond 7 URSS 7 août -
14 août 1969 survol Succès
Distance minimum
1980 km ; retour sur
Terre le 14 août 1969
Sur 59 sondes envoyées vers la Lune dans les années 60, 34 sont des échecs et 25 des
succès, dont 15 sondes de la NASA et 10 de l’URSS.
Lunar Orbiter
3 NASA
5 février –
9 octobre 1967 Orbiteur Succès
Idem autres Lunar
Orbiter
Surveyor 3 NASA 17 avril –
4 mai 1967
Atterris-
seur Succès
Préparation des futurs
atterrissages Apollo
Lunar Orbiter
4 NASA
4 mai -
18 août 1968 Orbiteur Succès
Idem autres Lunar
Orbiter
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Les sondes vers la Lune des années 1970
A nouveau, les lancements soviétiques se suc-
cèdent avec seulement 4 échecs sur 11 suc-
cès.
Et on assiste à une nouvelle première des So-
viétiques : celle de rovers automatiques sur la
Lune.
Pendant ce temps, les Américains sont toujours
fort occupés avec leur programme Apollo.
Cette décennie-là, il y a eu 15 lancements et 9
succès, dont 8 soviétiques, et le seul Explorer
des Américains.
Luna 16 URSS
12 septembre -
24 septembre
1970
Retour
d'échantillons Succès
Premier retour sur Terre
d'échantillons d'une sonde
automatique
Zond 8 URSS 20 octobre -
27 octobre 1970 Survol Succès
Distance minimum 1110 km.
Retour sur Terre le 27 octobre
1970
Luna 17 URSS
10 novembre
1970-
4 octobre 1971
Atterrisseur Succès
Premier rover Lunokhod 1 qui
parcourt plus de 10 km sur la
Lune
Luna 19 URSS
28 septembre
1971 – 30 octobre
1972
Orbiteur Succès
Luna 20 URSS 14 février - 25
février 1972
Retour
d'échantillons Succès 2
e retour d'échantillons réussi
Luna 21 URSS 8 janvier 1973 –
mai 1973 ? Atterrisseur Succès
Lance le rover Lunokhod 2
qui parcourt 37 km sur Lune
Explorer 49 NASA 15 juin 1973 –
juin 1975 Orbiteur Succès
Observations radio-
astronomiques ; dernière mis-
sion américaine avant 1994
Luna 22 URSS 29 mai 1974 –
2 novembre 1975 Orbiteur Succès
Étude champ magnétique,
composition sol...
Luna 24 URSS 15 août -
22 août 1976
Retour
d'échantillons Succès
3ème
et dernier retour d'échan-
tillons automatisé
Le rover de 756 kg Lunokhod 1 trans-
porté par Luna 17
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Les sondes vers la Lune des années 1980 et 1990
Curieusement, il n'y a pas de lancement vers la Lune dans les années 80, le Programme
Apollo étant passé par là. La conquête des planètes plus lointaines devient plus intéres-
sante.
De même, dans la décennie 90, seules 5 sondes iront vers la Lune, et souvent involontaire-
ment suite à des aléas divers, avec 4 succès.
Hiten ISAS 24 janvier 1990 -
10 avril 1993
Orbi-
teur Succès
D'abord en orbite terrestre de-
puis janvier 1990, puis transféré
en orbite lunaire après l'échec
d'Hagoromo. Impact volontaire à
la fin de la mission
Clementine BMDO /
NASA
25 janvier -
14 mai 1994
Orbi-
teur Succès
Observation de la Lune (1ère
image du pôle sud) et de la Terre
AsiaSat 3
AsiaSat
(Hong
Kong)
24 décembre 1997
- juillet 2002
Succès
invo-
lontaire
Satellite de communications
errant, survole la Lune à
6200 km lors d'une manœuvre
de correction d'orbite. Placé en-
suite sur orbite géostationnaire
Lunar Pros-
pector NASA
7 janvier 1998 –
31 juillet 1999
Orbi-
teur Succès
Cartographie. Impact volontaire
pour observer la présence d'eau
dans un cratère (non détectée)
Cette vue de la Lune montre les positions des engins spatiaux ayant atteint le sol lu-naire. Les triangles rouges sont les sondes sovié-tiques Luna, les jaunes les sondes américaines Surveyor, et les verts les lieux d'atterrissage des Apollo. On re-marque certaine cor-respondance avec les
Surveyor...
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Les sondes vers la Lune dans la décennie 2000
Tous les pays sont désormais très actifs dans la conquête spatiale, et on s'intéresse à nou-
veau un peu plus à la Lune, avec
une arrière pensée de colonisa-
tion, encore lointaine, certes,
mais bien présente. Six lance-
ments ont lieu.
La Chine, l'Inde, le Japon, et
même l'Europe, lancent ainsi
leurs premières véritables mis-
sions lunaires, alors que les
États-Unis restent encore relati-
vement passifs, préférant l'envoi
de sondes au delà de la Lune.
Mais les Américains vont bientôt
revenir dans la course à la Lune.
SELENE JAXA
14 septembre
2007 -
10 juin 2009
Orbiteur Succès
Accompagnée de 2 sous-
satellites. Observations mi-
néralogiques, géogra-
phiques, magnétiques et
gravitationnelles
SMART-1 ESA
27 septembre
2003 –
3 septembre 2006
Orbiteur Succès
Propulsion ionique. Études
géologiques. Impact volon-
taire à la fin de la mission
Chang'e 1 CNSA 24 octobre 2007 –
1er
mars 2009 Orbiteur Succès
1er
mission d'observation
lunaire chinoise
Chandrayaan-
1 ISRO
22 octobre 2008 -
30 août 2009
Orbiteur Succès
partiel 1er
mission lunaire indienne.
Perte de contact fin août
2008 Impacteur Succès
LCROSS NASA 18 juin -
9 octobre 2009 Impacteur Succès
Détection d'eau dans les
cratères suite à l'impact
LRO NASA 18 juin 2009 -
en cours en 2019 Orbiteur Succès
Orbite basse polaire. Relevé
topographique
Première sonde lunaire
chinoise Chang'e 1
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Les sondes vers la Lune dans la décennie 2010
En 2007, la fondation X Prize lance un concours parrainé par Google : les équipes non inté-
grées dans une agence spatiale qui parviendront à poser un petit rover sur la Lune avant fin
2015, prolongé ensuite à fin 2018, recevront quelque 20 millions de dollars. Le pari n'a pu
être tenu à temps, mais 5 équipes ont poursuivi leurs travaux. L'Israélienne SpaceIL a ainsi
lancé Beresheet ("au commencement" en hébreu) le 21 février 2019 qui a réussi à se mettre
en orbite lunaire mais raté son atterrissage sur le sol lunaire le 11 avril.
Plus sérieusement, notons que la Chine s'impose comme puissance. Elle va faire un essai
avec un modeste rover puis atterrir pour la première fois sur la face cachée de la Lune avec
cette fois un rover plus ambitieux, créant la surprise.
.
Chang'e 2 CNSA 1 octobre 2010 –
juin 2011 Orbiteur Succès
2ème mission
d'observation lu-
naire chinoise
GRAIL NASA 10 septembre 2011 -
17 décembre 2012 Orbiteur Succès
Cartographie du
champ de gravité
Chang'e 3
CNSA
1 décembre 2013 -
mars 2015 Atterrisseur
Succès
Étude du sol lu-
naire, astronomie
ultraviolet
Yutu 14 décembre 2013 -
25 janvier 2014 Rover
Parcourt 114 m à
la surface de la
Lune
Chang'e 4
CNSA 7 décembre 2018
Atterrisseur
En cours
180 m parcourus à
la surface cachée
de la Lune Yutu 2 Rover
Chandrayaan-2 ISRO 22 juillet 2019 Orbiteur +
atterrisseur En cours
Recueil de don-
nées scientifiques
En tout, il y a eu environ 110 sondes envoyées vers la Lune avec un peu plus d'une quaran-
taine de succès, surtout dans les derniers temps. Les progrès de la technique des lanceurs
et la technologie des sondes font qu'aujourd'hui l'exploit est à la portée de nombre d'équipes,
même non gouvernementales.
La sonde chinoise Chang'e 4 avec son petit rover sur la face cachée
de la Lune
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La Lune en ligne de mire
Nous arrivons en 2020 … des projets gigantesques vont être rendus possibles par la main
de l’homme. Ils concernent la Lune et bien sûr d'autres corps célestes. Cela dépasse le
cadre de notre présent exposé, bien que de nombreuses sondes accompagneront ces pro-
grammes que nous ne citons ici que très brièvement.
L'Agence Spatiale Américaine a lancé des projets de recherche avec le programme spatial
habité Artemis et le vaisseau spatial Orion. Il s'agira essentiellement de préparer les futures
missions vers Mars qui passent d'abord par la Lune. D'abord un vol non-habité dès 2020, un
tour de la Lune avant de revenir sur Terre aux alentours de 2021, l’envoi d’astronautes sur la
Lune en 2024, et enfin la mise en place d’une base permanente et autonome en 2028.
Parmi les différentes projets (mais combien seront finalement retenus ?) figure le lancement
de divers sondes dont LISTER qui servira à mesurer les niveaux de chaleur à l’intérieur de la
Lune en perçant le sol, mais aussi l’envoi d’un rover baptisé MoonRanger qui effectuera une
cartographie en 3D de tous les terrains sur lesquels l'homme devrait s’aventurer.
La Russie, elle, songe elle-aussi à établir une base d’observation sur la Lune.
Du côté chinois, pour la première fois depuis 1976, une sonde partira récolter des échantil-
lons lunaires. Chang'e 5 devrait décoller à la fin de l'année, se poser dans la partie nord-
ouest de l'océan des Tempêtes, une région jusqu'ici restée inexplorée. Elle doit ramener sur
Terre plus de deux kilogrammes de roches lunaires.
Mi-2020, l'agence spatiale Japonaise (Jaxa) devrait de son côté lancer son minuscule atter-
risseur Omotenashi (Outstanding MOon exploration TEchnologies demonstrated by NAno
Semi-Hard Impactor), pesant à peine 700 grammes. La mission doit prouver la faisabilité
d'un exploreur miniature à bas coût.
N'oublions pas les projets d'Elon Musk qui sont souvent plus des déclarations que de véri-
tables intentions.
Et bien sûr l’Europe unie dans l’exploration spatiale, l'ESA, n'est pas en reste. Plus que ja-
mais elle a les yeux tournés vers nos deux astres voisins : la Lune et Mars. Pour cela, de
nouvelles sondes et de nouveaux robots se préparent pour leurs missions d’exploration et
d’investigation avant que l’être humain n’y débarque.
Dossier préparé par Lili Dancette