les promesses delaville«fertile» construire durable

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Décembre 2011 CRESCENDO # 12 Comment relever le défi de l’énergie ? Les murs s’exposent Hydromedia TM , le béton drainant nouvelle génération Itinéraire d’un jeune maçon en Équateur Construire durable Les promesses de la ville «fertile»

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Page 1: Les promesses delaville«fertile» Construire durable

Décembre 2011

CRESCENDO# 12

Comment relever le défi de l’énergie ? Les murs s’exposent

HydromediaTM, le béton drainant nouvelle génération

Itinéraire d’un jeune maçon en Équateur

Construiredurable

Les promesses de laville«fertile»

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BRUNO LAFONTPrésident - directeurGénéral de Lafarge

n 2050, les deux tiers de la population vivront en zone urbaine. D’ici là, les villes vont setransformer, et des centaines de millions d’hommes et de femmes vont adopter de nou-veaux modes de vie.Pour le secteur de la construction, cela représente à la fois un formidable défi et uneimmense opportunité. Un défi parce que les besoins en logements de cette nouvelle popu-lation urbaine se conjuguent avec une alerte de plus en plus pressante sur la raréfactiondes ressources naturelles. Une opportunité parce que cette situation nous pousse à inven-ter des solutions nouvelles pour construire autrement.En tant qu’acteur de la construction, nous sommes concernés au premier chef par laconstruction de villes plus durables. Pour y parvenir, nous nous sommes engagés à réduirel’empreinte carbone de nos produits et des bâtiments, à améliorer leur efficacité énergé-tique et, enfin, à optimiser le coût de la construction. Notre atout majeur, c’est le béton. Doté d’une faible empreinte environnementale, il estdisponible partout dans le monde à un coût raisonnable. Il traverse les siècles tout enoffrantun potentiel d’innovation et de progrès sans limites. Le béton d’aujourd’hui ne ressembleguère à celui d’hier et offre encore des perspectives prometteuses. Notre enjeu aujourd’huiest d’optimiser ses qualités pour en faire le matériau essentiel aux solutions de construc-tion durable. Notre activité de recherche et développement est tendue vers cet objectif.En parallèle, nous avons entrepris une démarche de fond avec les acteurs du bâtiment, enparticulier avec ceux qui les conçoivent : architectes et urbanistes. Se tenir à l’écoute deleurs besoins, travailler avec eux, jour après jour, sur des solutions leur permettant derévéler tout le potentiel architectural, technique et économique de leurs réalisations, telleest notre façon de prendre une part active à la construction d’un monde durable et adaptéaux nouveaux modes de vie.

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Construire autrement les villes de demain “

6 doSSier — Les promesses

de la ville « fertile »

9 Entretien avec — Pascal Cribier,

jardinier paysagiste

10 Comment relever — le défi de l’énergie?

12 Trois questions à— Olivier Appert, président

d’IFP Énergies nouvelles

14 Biocombustibles : — le pari de l’énergie verte

16 Les murs s’exposent —

20 doSSier — Construire

durable 25 Trois questions à — Rodolphe Villion, chargé

de développement deproduits spéciaux bâtimentde l’Activité Béton de Lafargeen Ile-de-France

26 Les bétons innovants — font place nette

28 Hydromedia™, — le béton drainant de

nouvelle génération

30 Itinéraire d’un jeune — maçon en Équateur :

dans les règles de l’art

Couverture> Des citadins cultivant des jardinsagricolescommunautaires à New York.

© Stephan Gladieu / Figarophoto

4 en bref—

Décembre 2011

# 12CRESCENDO

Sommaire

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Un nuage blancsur la vigne rouge de Saint-Émilion

UN CURSUS DE FORMATION DANS LE DOMAINE DESMATÉRIAUX DE CONSTRUCTION EST PROPOSÉ DEPUIS 2006PAR L’ÉCOLE DES PONTS PARISTECH grâce à la chaireLafarge « Science des matériaux pour la constructiondurable » (SMCd). Le master du même nom développeune approche interdisciplinaire (chimie, mécanique,physique…) unique au monde, axée sur l’empreinteécologique des matériaux. il prépare les étudiantsà contribuer, au sein d’entreprises ou d’organismesde recherche, aux avancées scientifiques de demain.Grâce au soutien de Lafarge, la formation est ouverteaux étudiants étrangers par un système de bourseset propose d’assister à des conférences internationales,ainsi que de réaliser une partie de son cursus à l’étranger.en majorité, les participants au master ont choisid’approfondir leurs recherches en préparant une thèse. ❙

inGénierieL’ÉCOLE DES PONTS PARISTECH ET LAFARGE, PARTENAIRES DE L’INNOVATION DE DEMAIN

IBM ET LAFARGE ONT PUBLIÉ UNE ÉTUDE CONSACRÉE À LA VILLE « INTELLIGENTE ». intitulée « La ville et le numérique », elle porte sur l’utilisationdes nouvelles technologies pour favoriser undéveloppement urbain responsable et respectueux de l’environnement et se base sur des expériencesinnovantes menées en France. Bruno Lafont, P-dG de Lafarge, a lui-même remis le rapport au maire deChongqing lors de la cinquième réunion annuelle duConseil consultatif économique international (CMia). ❙

PUBLiCationLA VILLE, VERSION 2.0

Chaque année, le Carbon Disclosure Project (CDP) évalue 500grandes entre-prises au regard de leurs stratégies et actions en matière de lutte contrele changement climatique. En 2011, Lafarge est membre du top 10 mondialpour la deuxième année consécutive, tous secteurs confondus. I LAFARGE est classépremier industriel et premier cimentier mondial et reste au premier rang des entreprises françaises à l’indice CDP.

PAR-DELÀ DES CEPS DU DOMAINE CHEVAL-BLANC, À SAINT-ÉMILION (FRANCE), UN CHAI SOMPTUEUX A SURGI. Palais blanc du vin rouge, l’édifice offre aussi un espace intérieur entièrement consacré au travail de maturation de ce vin de légende. Sa ligne douce et ondulée, résolument originale, a la légèreté d’un nuage. L’architecte Christian de Portzamparc, qui a conçu le bâtiment, souhaitait que le chai donne l’impression de « flotter en douceur au-dessus des vignes ». Une sensation de mouvement parfaitement rendue,grâce à quatre voiles incurvés de 40 cm d’épaisseur coulés en béton agilia®.Cette structure complexe abrite un cuvier et un chai à barriques, où tout a été pensé pour le travail d’un atelier du vin. Là, les dimensions, le choix de matériaux bruts et les colonnades invitent à la sérénité et à la méditation. Un écrin luxueux pour ce premier grand cru particulièrement prisé. ❙

réaLiSation

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Photo page de droite> Passante dans un jardin public

à Mumbai (Bombay), Inde.en bref

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urant des siècles, la ville s’est construite par opposition à la nature.L’espace urbain, si ce n’était pas sa seule fonction, a longtemps consti-tué pour l’homme une forme de protection contre les intempéries, lavégétation envahissante, la faune sauvage… Certes, au fil du temps,des espaces de verdure ont été préservés ou créés dans le tissu urbain.Mais, la plupart du temps, avec une volonté d’ordre, de maîtrise etune délimitation marquée entre espaces bâtis et plantés. et sans réelleconsidération écologique. Cette conception a atteint son apogée avecle développement des villes industrielles et postindustrielles. depuisquelques années, les mentalités évoluent. Une conséquence directe

de la montée en puissance des préoccupations environne-mentales et des craintes que provoque l’urbanisation galo-pante de la planète. née dans les pays scandinaves etanglo-saxons, cette tendance s’appuie sur une conception dif-férente du rapport entre la ville et la nature, plus particulière-ment avec sa forme la plus visible, la végétation. de nombreux projets d’urbanisme, qu’il s’agisse de la créationde nouveaux quartiers, d’opérations de rénovation de zones

densément peuplées ou de réhabilitation de friches industrielles, reven-diquent ainsi une autre articulation entre l’espace bâti et le milieu natu-rel vivant. des villes comme Berlin, Munich, Copenhague ou Helsinki,pour ne citer que quelques exemples, ont ainsi adopté des schémasdirecteurs qui font la part belle aux écoquartiers et à des espaces plan-tés plus « sauvages ». Cette place donnée à la végétation va bien au-delà de considérations ornementales ou du plaisir des habitants

dans de nombreuses métropoles à travers le monde, l’idée d’accroître les espacesplantés au sein du tissu urbain fait son chemin. Un mouvement guidé par lespréoccupations environnementales qui concerne également les surfaces cultivées.

« fertile »

Les promesses de la ville

De nombreux projets d’urbanismerevendiquent uneautre articulationentre l’espace bâti et le milieunaturel vivant.

> Kings Park,un îlot vert dans le centre-ville de Perth, en Australie.

2/3de la populationmondiale vivront en ville en 2050.Pour la première fois dansl’histoire de l’humanité, la population des villes a dépassé en 2007 celledes campagnes, selon la Banque mondiale.

d’ici à 2050, le nombre decitadins devrait quasimentdoubler pour atteindre

6,3milliardsd’habitants, au lieude 3,4 milliardsactuellement.

DES « POUMONS » VERTS

LE PHÉNOMÈNE DES ILOTS DE CHALEUR URBAINE (ICU)

La surface bâtie des villes stocke et amplifie la chaleurdu rayonnement solaire. Des études par caméras

thermosensibles menées par la Nasa au-dessus de la villed’Atlanta (surnommé « Hot-lanta » pour l’intensité

de sa vie nocturne autant que pour la rudesse de ses étés) ont montré que, durant les périodes de fortes chaleurs,

les écarts de température entre zones plantées et zones urbaines pouvaient atteindre 20 °C!

Les surfaces plantées des zones urbaines contribuent à la qualité de l’air, à l’absorption du CO2 et, pluslargement, au confort des habitants. elles jouent aussiun rôle de régulation des températures et influent donc sur la consommation d’énergie des bâtiments.dans certaines villes, notamment dans les pays endéveloppement, les espaces verts se muent en surfacesagricoles, indispensables à la survie des populations. ❙

LES PLANTES, PIÈGES À CARBONE La végétation urbaine est une ressource largement sous-estimée pour réduire les émissions de CO2des villes. telle est la conclusion d’une étude publiée en juillet 2011 dans le Journal d’écologie appliquéede la British Ecological Society, qui a mesuré la quantitéde gaz carbonique susceptible d’être absorbée par la végétation dans les zones urbaines européennes. ❙

La biodiversité menacée. LE CENTRE AUSTRALIEN DE RECHERCHE SUR L’ÉCOLOGIE URBAINE A MENÉ UNE ÉTUDE SUR

LE TAUX D’EXTINCTION DES ESPÈCES DE PLANTES DANS 22MÉTROPOLES

DANS LE MONDE. ELLE A MONTRÉ QUE DES VILLES TRÈS DENSES,

COMME new York ET Singapour, AVAIENT PERDU PLUS DE90 % de leur flore d’origine. EN REVANCHE, LES

MÉTROPOLES LES PLUS « vertes », TELS San diego,etats-Unis OUdurban,afriquedu Sud, EN CONSERVENTENCORE PRÈS DES DEUX TIERS.

En un Coup d’œIL

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à vivre dans des villes plus vertes. À une époqueoù la réduction des émissions de Co2 est unepriorité, les plantes constituent en effet de for-midables pièges à carbone. elles contribuent

à la qualité de l’air et sont aussi d’excellents régulateurs de tempéra-ture grâce au phénomène d’évapotranspiration (voir ci-dessous).« Plusieurs études ont démontré les apports écosystémiques des

surfaces plantées dans les zones urbaines,souligne élisabeth dorier-apprill, géographespécialiste de l’environnement urbain et pro-fesseur à l’université de Provence. diminutiondes écarts thermiques, mais aussi lutte contrela pollution, perméabilité des sols, limitationdu stress, diminution des maladies, etc. »

Du vert et des vertus régulation de la température, lutte contrela pollution et effets bénéfiques sur la santédes citadins ne sont pas les seuls avantagesdes parcelles naturelles en milieu urbain. Lesespaces verts, lorsqu’ils sont cultivés, permet-tent aussi de se nourrir. Car, un peu partoutdans le monde, des habitants des villes culti-vent leur potager. Sept cents millions, selon lesestimations de l’organisation des nations uniespour l’alimentation et l’agriculture (ou Fao pourFood and Agriculture Organization). « dans lespays à climat tropical humide, on trouve ainsisouvent un arbre fruitier et un lopin de terredevant la maison pour nourrir la famille »,explique élisabeth dorier-apprill. Ces agriculteurs citadins se trouvent en grandemajorité dans les pays émergents ou en voie

Les plantes constituent de formidables pièges à carbone et contribuent à la qualité de l’air.

OUTRE LEUR FONCTION DE RETRAITEMENT DU CO2, LES PLANTES PERMETTENT ÉGALEMENT DE LUTTER CONTRE LES PICSDE CHALEUR EN VILLE. CE QUI RÉDUIT AUSSI LES ÉMISSIONS DE CO2…UN CERCLE VERTUEUX.

sont coûteux en énergie. « densité urbaine etréchauffement climatiquese combinent pour créerdes conditions extrêmes en période de forte chaleur,affirme Stuart Gaffin,chercheur associé au EarthInstitute de l’universitéColumbia. À new York, les 30 °C sont dépassésenviron quinze fois dansl’année, et la situationdevrait empirer dans lesprochaines décennies. »d’où l’intérêt des toituresou façades végétalisées qui

fleurissent dans nos cités.« Cependant, ces solutionsne sont pas adaptéesà toutes les situations età tous les climats, tempèreélisabeth dorier-apprill. Les transposer tellesquelles sous des climatssemi-arides comme celaa été fait à Marrakech au Maroc ou à new Cairoen egypte peut êtrecatastrophique pour lesressources en eau. Mais,sous nos latitudes, l’effetrégulateur des espacesverts est très efficace. »

La présence d’espacesverts limite les excès du thermomètre. Grâce au phénomèned’évapotranspiration desvégétaux, la températuredans et à proximité des jardins est régulée.Cette fonction peuts’avérer précieuse dansdes villes où la surfacebâtie amplifie la chaleurdu rayonnement solaire(de 30 % environ) et où les systèmes declimatisation, qui tournentalors à plein régime,

Des espaces urbains bien tempérés

UNE VISION RADICALE REVENDIQUÉE, UN DISCOURS VOLONTIERS À CONTRE-COURANT, LE PAYSAGISTE PASCAL CRIBIER DÉFEND DES CONVICTIONS SINGULIÈRES. INTERVIEW D’UN ICONOCLASTE PERSUADÉ QU’ON PEUT CONCILIER POÉSIE ET EFFICACITÉ URBANISTIQUE.

PASCAL CRIBIERJardinier paysagiste

Un rêve de jardins

de développement. Mais les surfaces cultivées regagnent du terraindans les métropoles occidentales. Sur le modèle des jardins ouvriers créésà la fin du XiXe siècle et au début du XXe, de nouveaux espaces agricolesse développent à la périphérie des villes. Voire au cœur de certains éco-quartiers. on y cultive, souvent selon des techniques d’agriculture bio,des fruits et légumes pour sa consommation propre ou pour une commer-cialisation en circuit court. de nombreux organismes travaillant dansle domaine de la réinsertion ont aussi choisi cette voie pour remettrele pied à l’étrier à des personnes exclues du marché du travail, sur leprincipe des Jardins de Cocagne, réseau européen d’associations favo-risant la production et la distribution de fruits et légumes biologiques.

Des fermes dans la ville? difficile, pourtant, d’imaginer subvenir aux besoins alimentaires de troismilliards et demi de citadins par ce biais. Mais un nouveau concept,celui des fermes verticales, ouvre de nouvelles perspectives à l’agricul-ture urbaine. Le principe? des bâtiments de plusieurs étages destinésà la culture hydroponique (hors sol) de fruits et légumes, mais aussi àl’élevage de volailles ou de crustacés. dans ces buildings high-tech, onproduit en toute saison grâce à un système d’éclairage à ultra-basseconsommation, à un circuit fermé d’irrigation très économe en eau età des engrais issus du recyclage des déchets végétaux. « on peut obtenir dans ces fermes verticales des rendements jusqu’àtrente fois supérieurs à ceux de l’agriculture intensive classique, quioccupe de plus en plus de terres au détriment de la biodiversité, assure

dickson despommier, professeur de micro -biologie à l’université Columbia, à new York, etinventeur du concept. Produire au plus prèsdes besoins évite le transport de denrées ali-mentaires sur de longues distances, donc limiteles émissions de Co2. » Les premiers proto-types de ces fermes verticales fonctionnent déjàau Japon (nuvege, à Kyoto), aux Pays-Bas(PlantLab, à ’s-Hertogen bosch) ou en Corée(un projet gouvernemental à Séoul). Face àl’accroissement de la population mondiale et àla raréfaction des terres arables, l’idée du pro-fesseur despommier pourrait bien constituerune solution propre et durable pour, demain,nourrir les habitants de la planète. ❙

Que pensez-vous de la tendanceconsistant à réintroduire, dans les villes,des espaces verts plus naturels?Pascal Cribier : C’est un mirage. dès lors qu’il y a une intervention humaine,l’idée même de nature n’existe plus. il faut être lucide : le jardin, c’est l’artificeabsolu, l’exact contraire de la nature.

Surprenant discours, de la partd’un paysagiste…P. C. : J’aime la nature, la vraie, celle qui se développe de façon spontanéeparce que les graines se ressèment, au rythme des saisons. Mais le paysagen’a rien de naturel, justement. il est le fruit de décisions politiques,économiques et culturelles. il s’agittoujours de quelque chose de fabriqué,avec une logique d’efficacité.

Comment sont « fabriqués » vos jardins, justement?P. C. : tous mes projets sont fondés sur une vision contextuelle : je vais sur le terrain, je touche la terre, j’observe ce qui pousse déjà. de tropnombreux projets s’exonèrent de ceschoses pourtant fondamentales. enfin, je défends une vision assez radicale en concevant de vrais jardins, pas du « service à la personne ».

C’est-à-dire?P. C. : aujourd’hui, on installe souvent des aires de jeux, une piste deskateboard, des paniers de basket… et un peu de verdure autour. Ces lieux ne dégagent aucune poésie. Je crois que les gens ont autant besoin d’admirerune superbe floraison que de regarderdes gamins jouer au basket.

Des exemples de parcs ou de jardins qui correspondent à vos critères…P. C. : Les jardins de Londres, notammentHyde Park, sont une réussite. Lesréservoirs de Central Park, à À new York,ou les Buttes-Chaumont, à Paris, sont des endroits sublimes, qui nous entraînentaussi hors de la ville, hors du temps.

Aucun projet contemporain ne trouvegrâce à vos yeux…P. C. : Bien sûr que si ! J’adore la HighLine, cette ancienne voie ferrée en hauteur

que la municipalité de new York a transformée en promenade plantée. Je pourrais aussi citer leCultuurpark Westergasfabriek, latransformation radicale d’un anciensite industriel à proximité d’amsterdamimaginée par Kathryn Gustafson.

Votre idéal de jardin urbain, ce serait quoi?P. C. :Mon rêve ultime, ce serait de créer un jardin de quelquesdizaines d’hectares avec des plantesqu’on laisserait croître à leur rythme,en éteignant l’éclairage urbain durant la nuit… À l’intérieur, il y auraitun vrai espace de vraie nature, interdit aux habitants du quartier. Un sanctuaire pour les scientifiquesqui pourraient observer la faune et la flore, et nous la raconter. on ne me l’a jamais proposé, mais je ne désespère pas… ❙

“Un nouveauconcept, celui desfermes verticales,ouvre de nouvellesperspectives à l’agricultureurbaine. ”

> Jardin potager biologique cultivé par un habitant de Caracas au Venezuela.

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Pour les entreprises industrielles, la hausse des prix de l’énergie et les enjeux liés aux émissions de C02 constituent un double défi. tous les secteurs ont adopté des politiques destinées à optimiser leurs consommations. tout en continuant d’explorer d’autres voies de recherche et développement…

En 1973, les réservespétrolières exploitablesétaient estiméesà trente ans deconsommation.Mais,en 2003, la quantitéconsommée avait atteint150 % de ces réservesestimées! et les expertsconsidèrent que lesréserves représententaujourd’hui quaranteans de consommation.Grossière erreur decalcul? Pas vraiment.Le progrès technologiquepermet de puiser dansdes réserves auparavantinaccessibles, grâceaux forages offshoreprofonds, par exemple.et l’évolution des prix a rendu rentables desexploitations jugées tropcoûteuses lorsque lecours du baril était bas.

Depuis le début desannées 2000, les prixde l’énergie ont trèsfortement augmenté.La progression de la demande mondialetire les prix vers le haut. Ce qui pèse sur lescoûts de l’industrie.

rise économique ou pas, la consommation mon-diale d’énergie, dopée par le développement desmarchés émergents, progresse de 3 % par an,entraînant des tensions sur les marchés. Pour lesentreprises, en particulier les industries grandesconsommatrices d’énergie (acier, ciment, verre,aluminium, chimie, raffinage, papier, etc.), il s’agitd’une question stratégique majeure. Pour la com-pétitivité d’abord, la dépense énergétique pou-vant représenter de 10 à 30 % des coûts deproduction. Pour la sécurité d’approvisionne-ment ensuite, notamment sur les marchés émer-gents, où les infrastructures ne permettent pastoujours de garantir le transport. enfin, parceque la lutte contre le réchauffement climatiqueleur impose une réduction de leurs émissionsde Co2. tous les secteurs énergivores ont donclancé des programmes de maîtrise de leursdépenses énergétiques.

Énergie : le bon mixCharbon, gaz, pétrole ou électricité ne connais-sent pas les mêmes variations de cours. afin degarantir les approvisionnements et limiter lesconséquences des fluctuations de prix, certainesactivités peuvent recourir à plusieurs types d’éner-gie, dans des proportions variables en fonction

des opportunités. Soucieuses de réduire leurdépendance aux hydrocarbures et leurs émis-sions de Co2, des entreprises associent mêmedes énergies renouvelables (déchets recyclés,biocarburants…) à leur bouquet énergétique.dans un contexte de grande volatilité des prix, il est aussi possible de s’assurer un prix d’achatconstant en négociant des contrats sur le longterme avec les fournisseurs. et, lorsque l’activité

le permet, des dispo-sitifs spécifiques contri-buent à limiter lescoûts : les usines tour-nent quand l’électricitéest bon marché et sontmises en stand-by auxheures de pointe. Unprincipe qui peut s’ap-

pliquer aux énergies « stockables », en consti-tuant des réserves lorsque les prix sont bas.« on peut bien sûr obtenir des gains à la margeen gérant intelligemment ses approvisionne-ments, affirme emmanuel Haton, directeur euro-péen des affaires publiques du groupe BP. Mais,pour les industriels, la seule voie probante surle long terme, c’est l’efficacité énergétique, c’est-à-dire l’amélioration des processus afin de pro-duire autant en utilisant moins d’énergie.L’énergie la moins chère et la moins polluantereste celle que l’on n’a pas consommée. »

cCONTEXTE

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« L’énergie la moins chèreet la moinspolluante reste celle quel’on n’a pasconsommée. »

EXPLORER La qUeStion

Comment relever le défi de l’énergie?

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> Aire de stockage des coques de riz utilisées commecarburant alternatif dans les fours de la cimenteried’Arasmeta, en Inde.

REPÈRES

D’ici à 2030, la consommation d’énergie devrait s’accroître de

40 %sur les marchésémergents.

L’approvisionnementénergétique mondial est assuré à

85 %par des énergies nonrenouvelables.

En juillet 2008, le baril a atteint le cours record de

144,27$

Plus de

65%des émissions de gaz àeffet de serre proviennent de la consommationénergétique mondiale.

Source : Agence internationale de l’énergie.

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La piste des combustibles alternatifs

L’optimisation des processusau fil des ans, les réductions de consomma-tion d’énergie obtenues en adaptant les outilset les procédés de production ont été considé-rables. ainsi, dans l’industrie de l’aluminium,la consommation d’énergie par tonne produitea diminué d’un tiers depuis 1950. Même chosedans la sidérurgie, où la rationalisation desprocessus a donné d’importants résultats.« entre 1990 et 2005, en améliorant nosméthodes de production, en augmentant lerecyclage et en adaptant nos procédés, noussommes parvenus à réduire de 18 % nos émis-sions de Co2 par tonne de fonte produite »,note emmanuel rodriguez, directeur générald’arcelor-Mittal chargé de l’énergie. de même, dans l’industrie du raffinage, oùl’énergie représente environ un tiers des coûts,les compagnies présentes en europe sont par-venues à conserver leur compétitivité en dépitd’une réglementation plus contraignante.résultat ? « alors que les outils industriels lesplus récents sont souvent les plus efficaces,les raffineries du Vieux Continent, relativementanciennes, comptent parmi les plus perfor-mantes du monde », affirme emmanuel Haton. « quel que soit le secteur d’activité, les progrèssont le plus souvent dus à un perfectionnementdes outils, des procédés et des façons de faireexistants, estime thierry Berthoud, directeur

général du World Business Council for Sustai -nable Development (WBCSd) chargé de l’éner-gie et du climat. Les ruptures techno logiquesmajeures sont rares dans le monde industrieldes matières premières. » Un avis partagé pardenis Petit-Maire, directeur technique interna-tional de Saint-Gobain Glass, un secteur où l’éner-gie représente un quart des coûts de production :« depuis les années 1980, nous disposonsd’une structure de r&d dont la mission est detrouver l’innovation majeure qui nous donnera dixans d’avance sur nos concurrents. Finalement,trente ans plus tard, c’est notre politique d’amé-lioration continue qui nous a permis de réduirenos consommations de près de 25 %. Mais nouscontinuons à investir en r&d, dans l’espoird’une avancée technologique. »

Vers une avancée technologique?Cet espoir pourrait bien se concrétiser dans lasidérurgie, grâce à un programme de rechercheeuropéen lancé il y a dix ans par quarante-huit entreprises et organisations du secteur.Baptisé Ulcos (Ultra-Low Carbon Dioxide Steel -making), ce programme vise à réduire les émis-

•••

L’énergie représenteenviron

30%du coût de production du ciment.

94%de l’énergie consomméepar le Groupe est utilisée pour la fabricationdu ciment.

LAFARGE A ENGAGÉ UN PROGRAMME AMBITIEUX DE VALORISATION DES DÉCHETS COMME SOURCE D’ÉNERGIE. EXPLICATIONS.

EXPLORER La qUeStion

sions de Co2 d’au moins 50 %.Les innovations attendues, cen-sées révolutionner l’ensemblede la chaîne de production,devraient donner lieu à des

premières applications industrielles en 2016…« réduire notre dépendance aux énergies fos-siles, notamment au gaz et au pétrole, est unenécessité, assure Jean-Paul Bouttes, direc-teur de la stratégie et de la prospective dugroupe edF. Moins pour des raisons de raretéphysique, car les ressources existent, que pourdes raisons géopolitiques, économiques etenvironnementales. dans cette optique, l’élec-tricité, qui peut être produite à partir de nom-breuses sources d’énergie primaire, est unvecteur énergétique performant. » L’électricitépeut permettre de réconcilier sécurité d’ap-provisionnement, compétitivité et climat, àcondition d’adopter des technologies adap-tées, notamment dans les pays en développe-ment. L’hydraulique, l’éolien terrestre et lenucléaire n’émettent pas de Co2. et certainestechnologies prometteuses, comme l’éolienoffshore ou l’énergie solaire, devraient gagnerdu terrain. autant de solutions qui, combinéesà des technologies de capture du Co2 et, bienentendu, aux efforts d’efficacité énergétique,permettent d’envisager un avenir plus propreet plus durable. ❙

« Quel que soit le secteur d’activité,les progrès sont le plus souvent dus à un perfectionnement des outils et des façons de faire existants »

Une énergie de plusen plus chère, descombustibles fossilesen voie d’extinction,des émissions de Co2en augmentation… C’est sur la base dece triple constat queles équipes techniquesde Lafarge ont commencéà explorer la piste descombustibles alternatifs.Objectif : remplacerles sources d’énergietraditionnelles pardes déchets dans les

processus de production.Le Groupe a ainsi menéplusieurs initiatives pourbrûler dans ses fours despneumatiques usagés,des boues, des solvants,des huiles usagées, de la biomasse et diversdéchets industriels enremplacement du gaznaturel ou du charbon… En septembre 2011, cesdéchets couvraient 15 %de sa consommationénergétique, au lieu de 11,7 % en 2010.

Pour progresser, le Groupe est désormaisdoté d’une entité tournéevers les stratégiesd’écologie industrielle,chargée d’organiser les filières de récupérationet d’approvisionner ses différents sites encombustibles alternatifs.Un projet lancé par Lafargeet WWF au Canada étudieégalement la possibilité de créer une filière deproduction de biocarburant(lire page suivante).

> 2,7 millions de tonnes de déchets et de biomasse sont valorisés chaque année par les usines de Lafarge à travers le monde.

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La question de l’énergie est-elle plus complexe à aborder pour les entreprises que par le passé ?Olivier Appert : Sans aucun doute. Les entreprises sont

confrontées à un paysage énergétique de plus en plus complexe,

qu’elles ont du mal à appréhender. Or les stratégies industrielles

s’accommodent mal de l’incertitude. De plus, la question

de l’énergie devient plus importante pour elles parce que le prix

de l’énergie augmente et qu’il y a peu de raisons pour que cette

tendance amorcée au début des années 2000 ne se poursuive pas.

D’où provient cette incertitude ?O. A. : Elle s’explique par plusieurs facteurs. Fukushima ou l’accident

de la plate-forme pétrolière dans le golfe du Mexique peuvent remettre

en question les politiques énergétiques, comme on l’a constaté

récemment en Allemagne. Le printemps arabe et ses développements,

en Libye et ailleurs font courir un risque de déstabilisation des

régions de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, où sont concentrées

les deux tiers des réserves pétrolières… C’est à l’évidence une source

d’inquiétude. Les nouvelles technologies permettant d’extraire du gaz

de schiste ou du gaz de charbon ont modifié la donne en matière de

mix énergétique. Il faut y ajouter les perspectives d’évolution de la

> Exploitation de gaz de schiste dans l’Étatdu Texas, aux États-Unis. Ce procédé,dont l’impact environnemental fait débat, n’a pas été autorisé par tous les pays.

IFP ÉNERGIESNOUVELLES iFPen est un organismepublic d’innovation et de formation. Sa mission est d’apporteraux acteurs publics et à l’industrie dessolutions pour relever lesdéfis liés au changementclimatique, à ladiversification énergétiqueet à la gestion desressources en eau. Les programmes derecherche et l’expertise de l’iFPen ont acquis unedimension internationale.

Les recherchess’articulent autour de cinq axesprioritaires :énergies renouvelables,ressources durables,production éco-responsable, procédés éco-efficients et innovation dans les transports.

est une stratégie gagnante » trois questions à Olivier Appert, présidentd’IFP Énergies nouvelles.

réglementation sur les émissions de CO2,

qui font peser une épée de Damoclès

sur les industries grandes consommatrices

d’énergie, et enfin les aléas concernant

la dérégulation des marchés de l’énergie.

Quelle stratégie adopter pour faire face à ces bouleversements ? O. A. : Face à la volatilité des prix,

les entreprises ont développé

une expertise et se sont dotées d’outils

pour s’approvisionner au meilleur prix.

Par exemple, en profitant des opportunités

de marché nées de la dérégulation

ou en substituant une énergie à une autre –

c’est le cas aux États-Unis, où l’exploitation

des gaz de schiste a créé un effet d’aubaine.

Mais la seule voie valide sur le long

terme est celle de l’efficacité énergétique.

Elle répond à deux enjeux cruciaux pour

les entreprises – le coût de l’énergie et la

sécurité d’approvisionnement –, tout en

leur permettant d’anticiper sur l’avènement

de réglementations plus contraignantes

sur les émissions de CO2. C’est une stratégie

gagnante car, en s’intéressant à tout

ce qui peut lui permettre de réduire

sa consommation, donc ses émissions,

l’entreprise finit par rendre l’ensemble de

son processus industriel plus performant. ❙�

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les fours de la cimenterie ont ainsi fonctionné avecdu charbon auquel on avait ajouté des plantesbroyées cultivées sur les terrains de l’usine.L’usage de la biomasse comme carburant de sub -stitution n’est pas une idée neuve. « Mais elle reposeaujourd’hui sur une démarche d’écologie industrielle,qui consiste à récupérer des fragments de plantes(cosses, coques, tiges…) non utilisés par d’autresactivités locales », nuance Steven Price, directeurdu département des sciences de la protection de

Biocombustibles : le pari de l’énergie verte

Engagé depuis plusieurs années dans le développement des combustibles alternatifs, Lafarge étudie aujourd’hui, en partenariat avec WWF, la possibilité de créer une filière agricole de production de biocombustible au Canada. L’initiative, qui répond à un enjeuenvironnemental et industriel essentiel, livre aujourd’hui ses premiers résultats.

En octobre 2010, un étrange ballet a pu être observéautour de la cimenterie de Bath, au Canada, dansla province de l’Ontario. De nombreux engins agri-coles allaient et venaient vers l’usine pour achemi-ner des bottes de plantes et les réduire en copeaux,tandis que, sur place, des fermiers de la régionsuper visaient les opérations… Il ne s’agissait pas dereconvertir la cimenterie en coopérative agricole,mais de réaliser un test à grande échelle sur la diver-sification des sources d’énergie. Pendant trois jours,

WWF Canada. La disponibilité de ces combustiblesalternatifs dépend donc de l’activité d’autres sec-teurs. Le projet lancé au Canada en 2008 va plusloin, puisqu’il vise à organiser une filière de produc-tion spécifique.

> ASSURER L’APPROVISIONNEMENTEn collaboration avec WWF et l’université Queen’s, àKingston, Lafarge étudie les possibilités offertes par lacréation de cette activité à la jonction des secteursagricole et industriel. Mais ouvrir la voie à une produc-tion de biocombustible viable économiquement néces-site de faire dès le départ les bons choix. Les variétésde végétaux, les techniques de transformation en bio-carburant et les modes de production les plus res-pectueux de l’environnement doivent être déterminésde façon scientifique. « Si elle n’est pas réfléchie, lacréation d’une nouvelle filière agricole risque d’ac-croître la consommation d’eau, de détruire des habi-tats naturels ou encore d’empiéter sur les surfacescultivées pour l’alimentation humaine », souligneSteven Price. Lafarge et WWF analysent ces ques-tions pour mettre au point un modèle de développe-ment responsable. Le Groupe n’en est encore qu’auxprémices de ce processus, mais l’expérience acquiseaujourd’hui lui permettra de disposer d’une avanceprécieuse en ce domaine. En effet, il s’est engagé,

dans le cadre de son partenariat avec WWF, à réduireses émissions de gaz à effet de serre et, plus large-ment, son impact sur l’environnement. Or l’usage decarburants fossiles a une forte empreinte écologiqueet contribue au changement climatique. « Si déve-lopper une nouvelle infrastructure de production decarburant prend dix ans, alors il vaut mieux s’y pren-dre dix ans à l’avance, résume Rob Cumming. Sur desquestions d’une telle importance, il est indispensa-ble d’avoir une vision à long terme. » ❙

> Plusieurs hectares de terrainappartenant à la cimenterie de Bath ont étécultivés par des fermiers de la région afinde fournir les végétaux nécessaires au testde diversification énergétique.

Comment se sont déroulés les essais?Nous avons acheminé les plantes à la cimenterie, puis nous les avonsdécoupées sur place. Ensuite, nous avonsinjecté cette biomasse dans les fours. Une compagnie indépendante est venue effectuer des relevés d’émissionscomparatifs, avec les combustibleshabituels et avec l’apport de biomasse.

Le test a-t-il été concluant?La part de combustible alternatif a été de 10 % pendant trois jours, et l’analysedes résultats n’est pas complètementterminée, mais on peut déjà dire que c’est un succès. En effet, nous n’avonsconstaté aucune diminution de laperformance de nos fours. En revanche,les émissions de CO2 produit par lescombustibles ont chuté d’environ 8 %.

Les communautés locales ont-elles été associées à cette opération?Bien entendu. Ce sont les fermiers de la région qui ont cultivé les plantes sur les terrains appartenant à lacimenterie. Leur participation estessentielle à deux titres : d’abord, parcequ’une initiative pour l’environnement esttoujours beaucoup plus efficace lorsqueles communautés y sont sensibilisées,ensuite, parce qu’à l’avenir les fermierspourraient bien devenir nos fournisseurs.

LAFARGE ET WWF, PARTENAIRES DEPUIS DIX ANS, SE SONT ASSOCIÉS SUR LE PROJET DE DÉVELOPPEMENT D’UNE FILIÈRE DE BIOÉNERGIE AU CANADA. POINTS DE VUE ET ANALYSES.

ROB CUMMING,directeur environnement et affaires publiques de l’Activité Ciment de Lafarge pour l’Ontario

Performance et faibles émissions

Comment WWF Canada en est-il venu à participer à ce projet?Lafarge et WWF sont partenaires depuisdix ans. En 2008, lorsque Lafarge a lancéce projet d’étude d’une filière de productionde biocarburant, le Groupe a naturellementcontacté WWF au Canada. Et nous avonstout de suite été intéressés par cetteinitiative, car nous aussi, nous croyons enl’avenir de ce type de carburant alternatif.

Le partenariat s’est encore élargi par la suite…En effet, l’université Queen’s, le Collègemilitaire royal ainsi que les administrationsfédérale et régionale ont souhaités’associer à l’étude. La diversité de points de vue et d’approches permetd’enrichir nos recherches et d’aboutir à de meilleurs résultats.

Quelles seront les prochaines étapes?Nous souhaitons créer un modèle de production de biocombustibles qui soit à la fois viable économiquementet respectueux de l’environnement. WWF contribue à définir des standardspour encadrer cette activité, afin de limiter notamment les consommationsd’eau et les émissions de CO2 liées à cettenouvelle filière. À l’avenir, Lafarge exigerades fournisseurs qu’ils respectent cescritères, afin que se développe une filière énergétique responsable.

STEVEN PRICE, directeur du département des sciencesde la protection de WWF Canada

Un partenariat largeet enrichissant

La science des plantesDes chercheurs de l’université Queen’s, à Kingston, participent aux travaux menés parLafarge et WWF pourcomparer différentesespèces végétales en fonction de leurrendement énergétiqueou de leur consommationd’eau. Mais les plantespeuvent aussi avoir des vertus cachées : « Certains des végétaux étudiés ont la particularité deréinjecter du carbonedans le sol, note lachercheuse Erin Jaggard.C’est très intéressant, car un taux élevé decarbone rend les terrainsriches et fertiles. »

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Stigmates de conflits séculaires, vestiges de la guerre froide ou obstacles au terrorisme et à l’immigration, les murs quadrillent la surface du globe. au fil du temps, activités artistiques et culturelles ont ouvert des brèches dans ces écrans destinés à isoler ou à exclure.

Les murs s’exposent

hénomène récurrent de civilisation, des limes antiques à la ligneMaginot, en passant par les remparts médiévaux ou la Grande Muraillede Chine, la construction de murs a jalonné l’histoire, laissant sonempreinte dans le paysage et dans la mémoire collective. Preuves d’uneincapacité à résoudre les conflits, les murs du monde contemporainmatérialisent parfois le tracé des frontières, comme le mur dressé entrele Koweït et l’irak. Mais tous ne délimitent pas des pays; ils fragmententaussi des régions, des villes, voire des quartiers. Le mur de Berlin a séparépendant trente ans les citoyens du bloc soviétique de ceux de l’ouest,le mur de nicosie, à Chypre, isole les parties grecque et turque de lacapitale depuis 1974. de même, en irlande, au nord de Belfast, catho-liques et protestants continuent à s’affronter par murs interposés : alorsque le conflit est officiellement terminé et que les combattants ont déposéles armes, les deux communautés perpétuent la logique de séparationen construisant ce qu’ils appellent des « lignes de paix ». Même aucimetière, un mur sépare les victimes de cette guerre fratricide. et si,selon un sondage réalisé en 2008, 60 % de la population souhaite ladestruction de ces murs, elle ne l’envisage que dans un avenir lointain.

Détournements artistiques Mais ces murs qui excluent et enferment ont une autre facette. Commetous les interdits, ils invitent à la transgression et suscitent des straté-gies de contournement. Si certains, en quête d’un monde meilleur,se risquent à les franchir, d’autres exercent leur liberté d’expressionsur ces parois mêmes qui entravent leur liberté de mouvement. ainsi,comme le mur de Berlin, tagué et graffé tout du long de ses 155 kilo-mètres, les murs de Belfast sont devenus des supports de contestationet de création. quelque mille quatre cents fresques, partie intégrantedu paysage urbain, constituent désormais la « signature » de la ville,tout comme le mur de Berlin, pourtant démantelé, appartient désor -mais au patrimoine culturel de l’allemagne réunifiée. Loin de l’europe,sur la ligne de démarcation israélo-palestinienne, artistes et anonymesont pris possession des kilomètres de surface vierge offerte par leursmécènes involontaires. ainsi, le très engagé street artist Banksy, réputépour ses graffs revendicateurs et subversifs, y réalise en 2005 neuf

La Grande Muraille en Chine reste à ce jour la ligne fortifiée la plus importante au monde en longueur, en superficie et en masse. destinée à défendre la frontière nord du pays, elle s’étend sur près de 6700 kilomètres, de la frontière coréenne jusqu’audésert de Gobi, et mesure de 5

à 7 mètres de large et de 6 à 8 mètresde haut. Ses dimensions sont à la mesure du temps consacré à son édification : entamée auiiie siècle avant Jésus-Christ, sa construction ne s’est achevée qu’au XViie siècle. durant ces deux mille ans de travaux, près de dix millions d’ouvriers seraientmorts et enterrés dans les environsimmédiats de la muraille, ce qui feraitaussi de cet ouvrage monumental le plus grand cimetière du monde.

pETATS-UNISLe muralisme, art fédérateurInspiré du mouvementartistique mexicain né dans les années 1920,le muralisme fait partiede l’identité culturellede Philadelphie depuis plus de vingt ans. Lancé en 1984 par l’artisteJane Golden, le Mural ArtsProgram invite les artistesconfirmés ou en herbeà peindre des fresques sur les murs de la ville. La finalité : favoriser ledialogue entre les habitants,les encourager à embellirleur environnement et détourner les jeunes de la délinquance. Le programme rencontra un tel succès que lamunicipalité l’a rapidementsoutenu et financé.aujourd’hui, environ troismille fresques ornentles murs de la ville, autrefoisréputée pour ses graffitiset sa criminalité, et fontla fierté des habitants.

CHINELa muraille de tous les records

peintures murales prônant la liberté : ellesreprésentent des enfants construisant des châ-teaux de sable, des paysages fantastiques ouencore une petite fille portée par des ballons.en 2007, c’est le photographe Jr qui organiseune exposition sauvage baptisée « Face 2Face » : des portraits d’israéliens et de Pales -tiniens, affichés face à face de part et d’autrede la barrière de sécurité, ont momentané-ment transformé ce « mur de la honte » enmanifeste pour la réconciliation.

Lieux de mémoire et de partagereliques d’une histoire plus ancienne, d’autresmurs ont traversé les époques, se chargeantpeu à peu d’une portée symbolique universelle.emblématique de ces murs sacralisés, le murdes Lamentations, à Jérusalem, est un lieu deculte et de recueillement pour les juifs et sertaussi de soutènement à l’esplanade desMosquées, le troisième lieu saint de l’islam

après La Mecque etMédine. À Paris, aucimetière du Père-Lachaise, le mur desFédérés, théâtre d’unépisode sanglant dela Com mune, estaussi devenu un lieude rassemblement,symbole de la lutte

pour la liberté. Cette dimension commémora-tive du mur se retrouve aujourd’hui dans denombreux monuments, comme le Mémorialde Caen ou celui de la Shoah. telles des pagesd’histoire posées à la verticale, ces murs offrentau regard des messages d’espoir et des invita-tions à se souvenir : une citation sur le premier,des noms de martyrs de l’Holocauste sur lesecond. dans le même esprit, la fresque

EXPLORER CULtUre

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En 2007, le photographeJR transformepour un temps le « murde la honte » en manifeste pour laréconciliation.

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commémorative en hommage à l’abbéPierre, inaugurée au début de l’année 2011 ausquare des deux-nèthes à Paris, vient rappe-ler aux passants la situation des mal-logés : letexte de l’appel lancé durant l’hiver 1954 faitapparaître le portrait du fondateur de l’organi-sation laïque de lutte contre l’exclusion emmaüs,une œuvre réalisée par l’artiste Jonone, sur l’ini-tiative de la ville de Paris et de la Fondationabbé-Pierre. en 2009 déjà, la fondation avaitdressé à Marseille un mur accueillant centvingt boîtes aux lettres donnant symbolique-ment une adresse aux personnes sans domicile.

Faire tomber l’indifférenceLeur visibilité fait ainsi des murs le support privilégié des artistes et un lieud’échange accessible à tous. en témoigne le « mur des je t’aime », situédans le square Jehan-rictus, place des abbesses à Paris. Sur 40 m2 delave émaillée, ces trois mots d’amour, écrits par la calligraphe Claire Kito,s’alignent en trois cent onze langues et dialectes. toutes ces écritures ontété recueillies au fil des ans par le parolier Frédéric Baron, qui a voulu fairede ce mur noyé dans la verdure un lieu de rêve et d’ouverture aux autres. qu’ils soient de terre, en bois, en tôle, en barbelés ou en béton, les rem-parts ont toujours marqué l’esprit des peuples qui vivent à leur pied. Leurdétournement vient rappeler que ce sont les murs invisibles, élevés parla haine et l’ignorance, moins tangibles mais bien réels, qu’il est impor-tant d’abattre. Le plus célèbre d’entre eux était le « rideau de fer », et ila mis quarante-cinq ans à tomber. ❙

•••

dans la région. ainsi, contre touteattente, le mur facilita l’intégration d’étrangers à la population locale.

�FRANCE Le mur pour la paixsème la discordeRéalisé par l’artiste Clara Halter etl’architecte Jean-Michel Wilmotte, ce mur, recouvert du mot « paix » en quarante-neuf langues, fait l’objet de vives polémiques depuis son

installation en mars 2000, devant l’école militaire, sur le Champ-de-Mars à Paris. érigée à l’origine pour une période de quatre mois, dans le cadre des célébrations de l’an 2000, cettecharpente métallique, habillée de bois, d’inox et de verre, est toujours enplace, plus de dix ans après. au granddam de ses détracteurs, qui contestentson emplacement, la légalité de soninstallation et même sa valeur artistique.triste ironie du sort pour cet hymne à la paix, inspiré du mur des Lamentationsde Jérusalem et lieu de rassemblementdes militants des droits de l’homme.

�CORÉE Un mur protecteurpour les oiseauxmigrateurs Dernier vestige de la guerre froide,la zone démilitarisée qui sépare lapéninsule coréenne en deux, le longdu 38e parallèle, est un drame pourles populations des deux pays. Maisune bénédiction pour les oiseauxmigrateurs. en effet, malgré la présencede nombreuses mines, des milliers dehérons et de grues blanches séjournentchaque hiver dans ce no man’s land.

�ANGLETERRE Le mur d’Hadrien, facteur d’intégrationConstruit en 122 après J.-C. sur ordre de l’empereur Hadrienpour protéger l’empire des attaquesdes tribus de Calédonie (l’actuelleécosse), ce mur fortifié s’étend sur120 kilomètres, du Solway Firthjusqu’à newcastle. au début duVe siècle, avec le déclin de l’empire,les neuf mille hommes de la garnisonabandonnèrent progressivement leur poste pour devenir paysans

> Tagué et graffé tout du long de ses 155 kilomètres, le mur de Berlin, en Allemagne, a été abattu en 1989.

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> Le Grand Stade du Havre, en France.

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répondre aux besoins en logements et en infrastructures tout en limitant l’impact écologique et énergétique des bâtiments incite les acteurs de la constructionà adopter de nouvelles façons de faire. ainsi, Lafarge a engagé une démarche globale afin de proposer aux professionnels du secteur un accompagnementspécifique, ainsi que des solutions performantes et innovantes.

> Premier muséecertifié LEED®(Leadership Energyand EnvironmentalDesign) catégorie Or, le Grand Rapids Art Museum (GRAM), dans l’État du Michigan,aux États-Unis, a été bâti en béton eten matériaux recyclés.

omment concilier maîtrise des émissions de gaz à effet de serre etforte urbanisation, alors que les bâtiments sont aujourd’hui la sourcede près d’un tiers des émissions mondiales de Co2? « Pour limiter l’im-pact écologique des constructions, on ne peut se contenter d’agir surun aspect isolé, comme simplement privilégier un matériauplutôt qu’un autre. Les phases de construction et de destruc-tion ne représentent en moyenne que 15 % des émissions deCo2 associées à un bâtiment. L’utilisation du bâtiment, notam-ment l’énergie dépensée pour le chauffage et la climatisation,a un impact environnemental bien plus important. il faut doncavoir une réflexion globale sur la conception, la réalisation etles usages », explique Bernard Fauconnier, directeur du pro-jet construction durable de Lafarge.C’est tout le sens de la démarche eFFiCient BUiLdinG™ engagée parle Groupe en 2010. au-delà de son métier de fournisseur de maté-riaux, Lafarge entend proposer des solutions efficaces d’un point de vueenvironnemental et économique, qui tiennent compte de l’ensembledu cycle de vie du bâtiment. Ces solutions consistent à optimiser lafonction constructive des éléments et à combiner différents matériauxaux propriétés complémentaires afin de réduire la consommation •••

Les phasesde construction et de destructionne représentent enmoyenne que 15 %des émissions deCO2 d’un bâtiment.

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Construction durable : un secteuren mutation

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AVANCER

REPÈRES

Lafarge. LAFARGE CONSACRE q LES 2/3 DU BUDGET

DE SA RECHERCHE À LA CONSTRUCTION DURABLE. LE GROUPE S’EST

FIXÉ POUR OBJECTIF DE CONTRIBUER À q500 PROJETS DE

CONSTRUCTIONS ÉNERGÉTIQUEMENT PERFORMANTES EN FRANCE ET À

L’ÉTRANGER ET DE DÉVELOPPER q10 GAMMESDE PRODUITS

ET SOLUTIONS INNOVANTES d’ici à 2015.DANS LE CADRE DE SESAMBITIONS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE 2020, LAFARGE S’EST ENGAGÉ

À réduire les émissions de Co2 PAR TONNE DE CIMENT

PRODUITE DE q33%PAR RAPPORT À LEUR NIVEAU DE 1990.

En un Coup d’œIL

› rÉgLEmEntAtIonS, normES Et LABELS

Les bâtimentsreprésentent près de

40 %de la demandeénergétique et

30 %des émissions de gaz à effet de serre.

85 %des émissions de gaz à effet de serre d’unbâtiment sont liées à son usage (chauffage,climatisation, eauchaude, entretien…).

RÉGLEMENTATION THERMIQUE (RT)Ensemble d’obligations légales visant à limiter

les consommations énergétiques des bâtiments neufs.

BBC-EFFINERGIE (bâtiment basse consommation)

Label français de performance énergétique apparuavec la RT 2005. Il exige une consommation inférieure à 50 kWh d’énergie primaire par mètre carré et par anpour le chauffage, l’eau chaude sanitaire, les auxiliaires,

l’éclairage et la climatisation. Il sera imposé par la prochaine RT 2012, applicable au 1er janvier 2013.

HQE®

(haute qualité environnementale)Démarche française volontaire de management de la qualité environnementale des opérations

de construction et de réhabilitation.

LEED®

(Leadership in Energy and Environmental Design)Certification nord-américaine de bâtiments de hautequalité environnementale et de haute efficacité

énergétique, aujourd’hui utilisée dans plus de 70 pays.

Le Groupe qualifie sa démarche, ses engagements et ses offres en faveur de la construction durable sous la bannière EFFICIENT BUILDING™ with Lafarge

Page 12: Les promesses delaville«fertile» Construire durable

> Chantier de construction de 29 logements destinés à l’habitat social dansla ville de Nanterre, en France, utilisant le nouveau béton Thermedia™ 0.6, qui réduit les déperditions thermiques des bâtiments.

LES SYSTÈMES CONSTRUCTIFS EN BÉTON PERMETTENT D’ATTEINDRE UN HAUT NIVEAU DE PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE, TOUT EN CONSERVANT UN BON BILAN CARBONE.

Présentant une granderésistance à l’érosion et aux pollutions, ainsiqu’une inertie thermiqued’excellent niveau, le bétonpeut également êtreadapté à des attentes trèsspécifiques, grâce à desvariations de formulation.

en novembre 2010,une étude menée en France par l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie(ademe) a comparél’impact carbone de

différents systèmesconstructifs, tels le bois, le béton ou la brique. il enressort que le bétonprésente un bilan carboneidentique ou meilleur quecelui des autres matériaux.

en effet, l’impact carboned’une maison individuelleconstruite en blocs bétonest de 150 kg d’équivalentCo2/m2, l’ensemble des systèmes constructifsse situant dans unefourchette de 140 à 200 kgd’équivalent Co2/m2. ❙

Produit à partir deressources disponibleslocalement, le béton a despropriétés économiques,de résistance et d’inertiethermique adaptées aux enjeux de laconstruction durable.

économique, le béton estun matériau composite, qui peut être produitpartout dans le monde,grâce à des minéraux d’origine naturelle ou recyclés, disponiblesen abondance.

Les atouts du béton

AVANCER Le doSSier

énergétique des bâtiments. avec unecontrainte de coûts, car les systèmes construc-tifs doivent rester accessibles à tous.

Une gamme de solutions« Les critères relatifs à la construction dura-ble englobent de nombreux facteurs, noteBernard Fauconnier. Certes, il y a la consom-mation d’énergie pour le chauffage et la clima-tisation, que l’on peut réduire en améliorantl’isolation, la ventilation ou, mieux encore,l’inertie thermique du bâtiment. Mais privilé-gier des matériaux résistant au temps qui gar-dent une forte valeur d’usage en fin de vie etaugmentent la longévité des bâtiments etconcevoir des édifices à usages multiples,avec logements, bureaux ou surfaces com-merciales, concourt également à limiter l’em-preinte environnementale. » actuellement, les exigences en matière deconstruction durable sont fixées par différentesnormes et réglementations, par exemple, lart 2012 en France, ainsi que par des labels(Leed®, Hqe®…). Ces cahiers des chargesoffrent un cadre qui aide à fixer les priorités età mesurer les progrès. depuis plus d’un an, les équipes d’ingénieursde Lafarge travaillent à la constitution d’un cata-logue de systèmes constructifs adaptablesaux normes et aux enjeux de la construction

France : la nouvelle donne

durable partout dans le monde. Ces systèmes repo-sent sur l’association de différents matériaux (y com-pris des composants complémentaires produits pard’autres entreprises, tels le verre ou des isolants) etdes principes de construction innovants. ainsi,Lafarge présente aujourd’hui une trentaine de sys-tèmes. et cinquante autres propositions sont en coursd’élaboration. « Cette offre est le fruit d’une collabo-ration étroite avec un panel d’acteurs de la construc-tion (architectes, bureaux d’études…). L’objectif est

de répondre à leurs besoins dès la phase de conception des projets,en tirant le meilleur parti de nos solutions », précise Bernard Fauconnier.

Enjeu planétaire, marché contrastéSi, par définition, la construction durable est un enjeu d’avenir, il sub-siste encore une grande disparité dans les usages, les normes et leslégislations. « À l’échelle internationale, la construction durable consti-tue un vecteur de croissance important pour le Groupe, estime BernardFauconnier. Mais la situation selon les zones géographiques est trèscontrastée. ainsi, dans certains pays émergents, la prise en compte envi-ronnementale reste réservée à quelques constructions emblématiques,qui servent de vitrine à ces nouveaux savoir-faire. Les critères deconstruction durable sont encore peu connus, mais certains signesprécurseurs annoncent une évolution prochaine, qui pourrait être rapide.tandis qu’en France, au royaume-Uni, aux états-Unis, au Canada ouen Chine, par exemple, la construction durable est déjà une réalité. » dans certains pays, la montée en puissance des critères d’efficacité éner-gétique et de construction durable dans l’évaluation des biens immo-biliers incite les investisseurs à anticiper sur les normes à venir pouréviter la dépréciation de leur patrimoine. ❙

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Face à une réglementation française de plus en plus exigeanteet des habitudes de prescription qui changent, Lafargeadapte ses modes opératoires et propose de nouvelles solutions.

“La constructiondurable constitue un vecteur de croissanceimportant ”

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collaborations avec les clients et les prescripteurs, le Groupeaffiche son ambition de redonner au béton et au cimentla place qu’ils méritent dans la construction durable.

> PRENDRE L’INITIATIVE« il s’agit aussi de rétablir la réalité des chiffres de nos pro-duits en matière d’empreinte environnementale. nous sui-vons de près la rédaction des décrets du Grenelle ii etmilitons en faveur d’indicateurs de performance comme leHqe®. dans le domaine de la communication, notredémarche Pro-éco simplifie et fédère nos initiatives enfaveur de la construction durable. nous avons recruté desexperts techniques et formé notre force commerciale afinque non seulement elle soit l’ambassadrice de nos sys-tèmes et solutions auprès des prescripteurs, mais

Le premier stade françaisà énergie positive réalisé etgéré selon la démarche HQE®devrait être inauguré fin 2012.

Situé à l’entrée de la ville, l’ouvrage, d’une capacité de25000 places, a été conçupour produire plus d’énergiequ’il n’en consomme.

Les matériaux ont été choisispour leur facilité d’entretienet leur faible empreinteenvironnementale.

Le béton a été privilégié :

43000 m3de ciment CEM Vprovenant de l’usine Lafargedu Havre ont été utilisés pour réaliser l’assise deslocaux techniques, des gradinset des tribunes, permettantde réduire de 22 % lesémissions de Co2 du béton.

L’édifice comprendra

1500 m2de panneaux photovoltaïquesinstallés sur le toit, une isolationthermique optimale desespaces fermés, la régulationde la température etde l’éclairage en fonction del’occupation des lieux…L’arrosage et les sanitairesseront alimentés parun système de récupérationdes eaux de pluie.

Le Grand Stadedu Havre

L’évolution de la réglementation relative à la constructiondurable (RT 2012) a bouleversé les équilibres sur le mar-ché des matériaux de construction. avec pour consé-quence directe la percée des constructions en bois ou enbrique. « Le Grenelle de l’environnement a fait l’effet d’unélectrochoc, parce qu’il a permis à des offres alternativesde se promouvoir rapidement. du côté des prescripteurs,on a commencé à voir naître des a priori sur la supérioritéde tel ou tel matériau d’un point de vue écologique. Cesidées, souvent sans fondement, ont profondément bous-culé le secteur », explique Sandra Boivin, directrice mar-keting de l’activité Béton pour la France. Face à la confusiondu marché, Lafarge a axé son action sur deux priorités :la maison individuelle et le logement collectif. Parallèlement,en se positionnant comme partenaire et en développant des •••

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> Maison Jambert-Lafarge, logement individuel conforme au label BBC-Effinergie des bâtiments à basse consommation énergétique.

énergétique pour les constructions neuves. et, dès2012, la législation devrait imposer de diviser par troisdes consommations d’usages (chauffage, eau chaudesanitaire, climatisation). en 2020, la réglementationthermique devrait franchir un nouveau cap et impo-ser que les constructions neuves soient à énergie posi-tive. « en trente ans, les bâtiments ont été rendus deuxfois plus économes en énergie. et cette évolution vas’accélérer, car les normes sont de plus en plus sévères.de ce point de vue, nous vivons en France une vérita-ble rupture réglementaire : en quatre ans, les bâtimentsvont diviser par trois leur consommation d’énergie »,confirme arthur Vinson, responsable des systèmesconstructifs de l’activité Ciment de Lafarge en France.

> LA PERFORMANCE DES MATÉRIAUXPour répondre à ces nouvelles contraintes, deux pro-jets innovants mobilisent l’attention : le bloc béton enpierre ponce, naturellement isolant, facile à poser etrespectueux de l’environnement pour les construc-tions de moins de trois étages, de type logement indi-viduel, et thermedia™ 0.6, un béton qui, sans changerde techniques constructives, réduitde plus d’un tiers les ponts ther-miques dans les constructions deplus de trois étages comme les loge-ments collectifs. « nous contribuonsaussi activement à de nombreux pro-jets de bâtiments écologiques. Cesréalisations prouvent par l’exemplela pertinence de nos matériaux etsystèmes constructifs du point de vue de la perfor-mance énergétique et des émissions de Co2 », indiqueSandra Boivin. Un travail de fond, qui devrait continuerde porter ses fruits sur le marché hexagonal. ❙

qu’elle sache aussi conseiller les entreprises,notamment les PMe », souligne Caroline nivelle, direc-trice marketing de l’activité Ciment pour la France.

> LE DÉFI DE L’EFFICACITÉConseiller les entreprises aujourd’hui, c’est aussi anti-ciper sur les normes de demain. au 1er janvier 2013,le label BBC-effinergie, jusque-là incitatif, deviendraobligatoire et fixera de nouveaux seuils d’efficacité

Maison positive Cécile Robin-LafargeLe projet de la maison de ville individuelle nonénergivore signé CécileRobin tire, entre autres,parti des vertus du béton. Les principales solutionstechniques retenues pour cette construction

de 130 m2avec patio : des fondationsen béton autoplaçant, dessoubassements en blocsbéton, des murs en blocspierre ponce isolés, unplancher bas isolé par desentrevous en polystyrène,des bétons drainants pour

le sol du patio et pour lavoie d’accès, des fenêtresà double vitrage, un patioconçu pour capter lachaleur en hiver et réduireles besoins énergétiques,un chauffe-eauthermodynamique, uneventilation simple flux, et

24 m2 de

panneaux photovoltaïques sur le garage. Lancé aucours de l’automne 2011pour une livraison prévueau printemps 2012, le chantier fait l’objet devisites et d’un suivi vidéo.

« En trente ans, les bâtiments ont été rendus deux fois plus économes en énergie »

rodoLPHe ViLLion

CONCEVOIR UNE MAISON INDIVIDUELLE ÉCONOME EN ÉNERGIE ET ADAPTÉEÀ L’URBANISME ACTUEL, TEL EST LE PARI DU CONSTRUCTEUR CÉCILE ROBIN.

> Dans le nord de Vancouver, au Canada, la résidence Brook, uneconstruction en béton à hautes performances Agilia®, a obtenu lacertification LEED® (Leadership in Energy and Environmental Design).

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Depuis la nouvelle stratégie marketing, qu’est-ce qui a évoluédans votre façon de travailler ?Rodolphe Villion : Nos métiers requièrent de plus en plus

de compétences techniques et d’accompagnement de projet.

Un produit, même très innovant, ne fait plus la différence face

à la concurrence. Nous devons démontrer que nos solutions

s’intègrent dans une démarche globale de construction durable.

Tout l’enjeu de la formation des commerciaux entamée en 2010

est donc non seulement de leur fournir une culture générale

en la matière, mais aussi toutes les connaissances réglementaires

nécessaires pour qu’ils soient capables de produire un dossier

environnemental, de calculer le bilan carbone d’une formule de

béton, etc. Chacun est aussi formé aux différents systèmes constructifs

de Lafarge de manière transversale à toutes les activités du Groupe

avec une spécialisation dans le segment sur lequel il travaille.

Les interlocuteurs ont-ils changé ?R. V. : Les clients ont besoin de rencontrer les commerciaux

pour discuter de leurs préoccupations, de leurs attentes et de leurs

Force de vente : les ambassadeurs de la construction durablequels sont concrètement les impacts des nouvelles règles environnementales? Les réponses de Rodolphe Villion, chargé de développement de produits spéciauxbâtiment pour l’activité Béton de Lafarge en ile-de-France.

contraintes. Soit parce qu’ils souhaitent

qu’on les aide à répondre aux notifications

environnementales de leurs cahiers des charges,

soit parce qu’ils recherchent des solutions

émettant peu de carbone et optimisant

les consommations d’énergie. C’est pourquoi

nous sommes désormais directement

consultés par les promoteurs, les pouvoirs

publics, les architectes ou les bureaux d’études.

Lafarge contribue-t-il à former ses clients ?R. V. : Effectivement, Lafarge organise

des sessions pour ses clients, entreprises

du bâtiment, artisans ou négociants,

destinées à faciliter leur compréhension de la

construction durable et à valoriser ses produits.

Ces initiatives les aident à prendre le virage

historique que vit actuellement notre secteur. ❙

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Grâce à un travail d’accompagnement et de recherche de solutions, Lafarge a su proposer des matériaux parfaitement adaptés à l’aménagementd’un vaste espace public à Valladolid, en espagne. Une expérience fructueusequi concilie audace esthétique et hautes exigences environnementales.

AVANCER rePortaGe

Les bétons innovants font place nette

naugurée en mai dernier, la nouvelle place du Milenio, à Valladolid, dansle nord de l’Espagne, a des allures futuristes. Cet espace public a étéfaçonné avec un béton artevia® désactivé vert et gris, et sa piste cyclableavec un béton poreux spécialement formulé. Une réalisation signée Lafarge. « La mairie avait de grandes ambitions pour l’aménagement de cetteplace, et avait décidé de placer les critères de développement durableau centre du projet, raconte Luis Felipe Garcia, responsable des pro-duits spéciaux de l’activité Granulats & Béton de Lafarge pour la régionnord de l’espagne. Comme nous savons que nos produits s’intègrentparfaitement dans une perspective écologique, nous sommes allésvoir Sacyr, l’entreprise chargée du projet, avec nos catalogues et nos

échantillons. Par la suite, les architectes ontvoulu nous rencontrer pour nous demander uneautre solution que celle qu’ils avaient choisie. »

Le choix des matériauxLes échanges entre les architectes et les équipestechnico-commerciales de Lafarge ont duréplusieurs mois. Une collaboration enrichissantequi a amené Lafarge à adapter ses matériauxafin de répondre parfaitement au cahier descharges. « Pour le pavement, nous avionsbesoin d’un matériau noble et jeune à la fois.nous voulions que le sol soit un élément natu-rel, une transition entre la végétation des riveset le dôme, précise Beatriz díaz López, ingé-nieur des routes et chef de travaux chez Sacyr.

« J’ai découvert les bétons Artevia®alors que les travaux de la place du Milenio avaient déjà commencé.C’était donc la première fois que noustravaillions avec ce type de bétons. nous cherchions un matériau qui soit à la fois esthétique, fonctionnel et durable.Cette triple exigence était très difficile àsatisfaire. avec les équipes de Lafarge,nous avons pu tester, comparer etperfectionner plusieurs solutions. Cela apris du temps, mais Lafarge a su adapterla formulation de ses produits pourrépondre à chacune de nos demandes. »

Beatriz díaz LóPez, inGénieUr,CHeF de traVaUX CHez SaCYr

Une qualité sans concession

Milenio écoloAu-delà du choixdes matériaux, les enjeuxenvironnementauxont guidé l’ensemble dela réalisation de l’ouvrage.ainsi, le site produit desénergies renouvelablessolaires et éoliennes. il comprend notamment140 m2 de panneauxphotovoltaïques. Certains éléments sont

issus de récupération,comme le dôme qui était celui du pavillon de la Soif lors de l’exposition de Saragosse. L’ensembledu système d’éclairagefonctionne grâce à des leds,plus économes en énergie.enfin, douze points derecharge de batteries devéhicules électriques ontété installés en sous-sol.

Le projet était très ouvert, mais notre objectif était clair : privilégier desmatériaux durables. après de nombreux tests, démonstrations et modi-fications, phase durant laquelle le travail des techniciens de Lafarge aété déterminant, nous avons trouvé les matériaux adéquats. »

Solutions sur mesure« quant à la piste cyclable, elle devait être identifiable sans détonner avecle reste de la place, poursuit Beatriz díaz López. et, surtout, il fallaitrégler le problème de la circulation par temps de pluie. Le béton drai-nant utilisé facilite une évacuation rapide de l’eau et évite que la chaus-sée devienne glissante. » Le système retenu permet même de recueillirles eaux de pluie, réutilisables ensuite pour l’arrosage des jardins. au-delà de la fourniture de matériaux sur mesure, la prestation com-plète offerte par Lafarge a constitué un avantage vis-à-vis de la concur-rence. « Grâce à aplytec, un service de béton fourni et posé qui regroupedes applicateurs spécialisés, non seulement nous fournis-sons les matériaux, mais nous procédons également à leurmise en œuvre sur le chantier », souligne Luis Felipe Garcia.

Un espace voué aux loisirsaujourd’hui, la place Milenio, qui, il y a peu de temps, n’étaitencore qu’un parking, jouit d’une grande fréquentation. Sonsurprenant dôme, qui abrite une salle destinée à divers évé-nements (concerts, conférences, rencontres sportives…),se dresse au milieu d’un vaste espace de loisirs. arbres, fontaines etembarcadères jalonnent le tracé d’une promenade et d’une piste cycla-ble le long du fleuve Pisuerga. Pour Luis Felipe Garcia, le succès de la place vaut tous les argumentairescommerciaux. « Cette expérience contribuera à la notoriété de nos bétons.en espagne, alors que le secteur de la construction traverse des momentsdifficiles, de plus en plus de clients se tournent vers les matériaux à valeurajoutée, car ils permettent d’imaginer des solutions nouvelles, impossi-bles à mettre en œuvre avec des bétons ordinaires. » ❙

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dans un contexte de changement climatique, alors que lesprécipitations s’intensifient, la gestion des eaux de pluie devientune question critique. Lafarge a mis au point Hydromedia™, un béton drainant performant, pour répondre à ce défi.

AVANCER CoMMent ça MarCHe?

La construction de parkings ou de voies de cir-culation crée des vastes surfaces imperméa-bles, susceptibles de perturber l’absorption deseaux de pluie par le sol. « or plusieurs pays,notamment les états-Unis, le Canada et leroyaume-Uni, manifestent un intérêt croissantpour la maîtrise des risques d’inondation »,explique Bruce Willmer, directeur du marketinget développement produits de l’activité Granulats& Béton. Une meilleure gestion des eaux deruissellement favorise aussi la préservation desressources hydrauliques. L’utilisation de bétondrainant capable d’absorber rapidement l’eaude pluie fait d’ailleurs partie des critères de la cer-tification américaine Leed® (Leadership Energyand Environmental Design) sur la performanceenvironnementale des constructions. dans sadémarche d’innovation au service de la construc-tion durable, Lafarge devait proposer un pro-duit qui réponde à ces enjeux.

2Prévention des inondations et préservation des ressources

Étape de perfectionnement Dès 2009, Lafarge Centre de recherche s’estattelé à améliorer les performances des bétonsdrainants. Car les matériaux existants présen-taient deux inconvénients majeurs : une miseen œuvre complexe et une surface peu robuste.« Les bétons drainants classiques sont difficilesà couler et sèchent très vite, analyse FabienPerez, ingénieur chargé de l’équipe projet pourle développement d’Hydromedia™ au LafargeCentre de recherche. Pour que Lafarge disposed’un matériau efficace partout dans le monde,nous avons cherché à créer des outils et descahiers des charges pour permettre à chaquefiliale de développer un béton drainant de qua-lité en sélectionnant les granulats et les liantsà leur disposition localement. »

Hydromedia™, le béton drainant

de nouvelle génération

> L’EAU EST ABSORBÉERAPIDEMENTBénéfices : le béton etle soubassement en granu-lats font office de réservoir tampon lors de fortes préci-pitations. agissant commedes filtres, ils limitent lesconcentrations en polluantsdes eaux de pluie, retenantnotamment les sédimentset les particules solides.

Deux ans de recherche et d’essais ont éténécessaires pour mettre au point Hydro media™.« nous avons eu la chance de travailler enétroite collaboration avec les équipes de ter-rain, se souvient Fabien Perez. nous avons putester différentes solutions en Grande-Bretagne,en France et au Canada, et obtenir des retoursimmédiats. Cette démarche empirique nousa fait gagner beaucoup de temps. » résultat?Un béton drainant d’une haute résistance pré-sentant une grande facilité de mise en œuvre.« notre réussite, c’est d’avoir fait d’Hydromedia™

un béton qui s’écoule, qui glisse, en mêmetemps qu’il se rigidifie en se mettant en place »,souligne Fabien Perez.

sur l’utilisation de ce béton drainant de nouvellegénération. 60 m3

de béton ont été coulés pour créer un parking,avec des canalisationsposées dans lesoubassement. Les flux et la qualité de l’eau transitant par ce réseau serontmesurés tout au long de l’année, jusqu’en2012. Une étude similaire est également menée

en France par l’institutnational des sciencesappliquées (insa) de Lyon,dans le cadre de sonprojet d’« éco-campus ».Hydromedia™ estnotamment préconisépour la réalisation de trottoirs, parkings, voies piétonnes, pistescyclables et chausséesà trafic léger. il est aussi adapté pour lescourts de tennis et lesoubassement des routes.

À Toronto, au Canada, le Kortright Centre forConservation, institutd’études consacré auxénergies renouvelables et aux questionsenvironnementales,s’intéresse de près à Hydromedia™. En partenariat avecl’université de Guelph, le centre a entrepris demesurer l’efficacité d’unsystème de récupérationdes eaux de pluie basé

Une solution pour les sols en extérieur

> L’EAU STOCKÉE EST RESTITUÉE DANS LES SOUS-SOLS Bénéfices : les sols res-pirent et conservent unehygrométrie normale. Unsol vivant est plus apte àdépolluer l’eau qui le tra-verse. en milieu urbain,des sous-sols humidesconservent leur portance,alors que, desséchés, ilsdeviennent un risque pourles immeubles.

Tests grandeur nature

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> LE MATÉRIAU PERMETDE CRÉER UN SYSTÈMED’ÉCOULEMENT DES EAUX DE PLUIE Bénéfices : la perméabilitédu revêtement et la capa-cité de stockage du soubas-sement évitent que l’eau depluie ne rejoigne le systèmed’évacuation de la ville. Lerevêtement reste praticable,et le réseau d’évacuationet de retraitement des eauxn’est pas saturé.

Le béton drainant de nouvelle générationHydromedia™ facilite une absorption rapide del’eau accumulée en surface à travers le sou-bassement de granulats, qui la restitue pro-gressivement aux sous-sols. Le béton drainant

agit comme un filtre, qui retient les sédimentset les fines particules, hydrate le sol et réali-mente les nappes phréatiques. Cette propriétéfiltrante contribue à réduire les quantités dematières en suspension, de particules solides,de métaux lourds, donc de polluants présentsdans les nappes phréatiques. en milieu urbain,où de fortes précipitations risquent de saturerle système de traitement des eaux usées, l’uti-lisation de béton drainant permet de créer unsystème d’écoulement spécifique pour l’eau depluie. Hydromedia™ peut ainsi contribuer à unemeilleure gestion des ressources en eau.

Vers un véritable système de gestion des eaux de pluie

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LES POSSIBILITÉS OFFERTES PAR L’UTILISATION DE BÉTONDRAINANT RÉPONDENT AUX BESOINS DE NOMBREUX USAGES.

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Se pencher sur le passé permet parfois d’aller de l’avant. Segundo Caiza Buñay, jeune équatorien d’origine indienne, a vu son destin basculer lorsqu’il a participé à la création du premier musée d’art précolombien du pays. récit d’une histoire singulière.

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embauché comme guachimán (mot dérivé del’anglais «watchman », qui signifie « gardien »),il est d’abord chargé de surveiller le site et d’exé-cuter des tâches variées. Mais le sérieux etles capacités de Segundo sont vite remarquéspar les responsables du chantier, et le jeunehomme ne tarde pas à devenir maçon. avantd’être définitivement embauché par le muséecomme technicien, dès la fin des travaux.

La rénovation, un métier à partaujourd’hui, le musée accueille une collectionde cinq mille pièces d’art précolombien héritéesdes peuples indiens d’équateur. Située en pleincentre colonial de quito, la Casa del alabado esttypique de l’architecture du XViie siècle :1800 m2, sur deux niveaux construits autour deplusieurs cours intérieures. Laissée à l’aban-don pendant des décennies, la bâtisse repré-sentait un véritable défi pour les restaurateurs.« J’avais l’habitude de travailler sur des chan-tiers d’immeubles neufs, précise Segundo. Là,c’était complètement différent. il a fallu associerdes techniques de construction modernes etanciennes, et optimiser la réutilisation de maté-riaux pour réduire les coûts de construction.Pour les murs, nous avons dû refaire de l’adobe[des briques de terre crue et de paille]. À l’étageet pour le toit, sur la charpente en bois, nousavons utilisé du bambou. et, dans les cours,nous avons refait les sols de galets. Pour conso-lider le tout, nous avons utilisé trois cents sacs(15 tonnes) de ciment Lafarge riche en pouz-zolane, plus écologique. Là encore, il a fallus’adapter et modifier les dosages pour obtenirun mortier qui convienne aux briques d’adobe. »Un travail technique et délicat, mais passion-nant, selon Segundo. et une expérience pré-cieuse : formés par des architectes et des

AVANCER renContre

e que je laisse dans cette maison, c’est le travail de mes mains. J’y ai misbeaucoup de moi-même. » L’édifice dont parle avec passion SegundoCaiza Buñay, c’est la Casa del alabado. Cette bâtisse coloniale construiteen 1671, à l’âge d’or de quito, la capitale de l’équateur, abrite aujourd’huile premier musée d’art précolombien du pays. La ville de quito est d’ail-leurs inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco pour son architecturecoloniale. Pendant près de seize ans, Segundo, ouvrier né de parentsindiens dans la région centrale de l’équateur, à Chimborazo, y a vécu ettravaillé. « J’ai trente-deux ans, et je suis arrivé à quito à l’âge de dix-sept ans pour chercher une vie meilleure », raconte-t-il. en 2004, ildécroche un poste sur le nouveau chantier de la Casa del alabado. •••

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dans les règles de l’artSegundo Caiza Buñay

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Directrice de la communication Groupe

alexandra rocca

Directrice de la publicationYolaine Galhié

Rédactrice en chefChristine nast

Conception-réalisationLafarge, textuel La Mine

RédactionLafarge, textuel La Mine

Impressione-Graphics

Au dos :

Sugar Beach sur le lac Ontario,aménagement des rives du lac, uneréalisation Artevia®, Claude Cormier,architecture de paysage et design,Toronto, Canada de l’Est.

© Claude Cormier (architecte),

ignus Gerber / Médiathèque Lafarge

ContaCtS

Les maçons forment enÉquateur une corporationinfluente sur les chantiersde construction. il n’est pasrare que l’ingénieur prenneconseil auprès du chefmaçon sur les produits àutiliser. en marge d’opérationspromotionnelles misesen place sur les pointsde vente, participer

au financement du film documentairede Gabriela Calvache étaitpour Lafarge l’occasionde mieux faire connaîtreses produits et de mettreen valeur le patrimoinehistorique de la ville. depuis 2006, le Groupesoutient également unprogramme de formationde jeunes maçons issus

des familles défavorisés,au sein de l’atelier-écolequito i. Un cursus de prèsde trois ans, qui comprenddes cours techniquessur l’utilisation du ciment et des travaux pratiquessur des chantiers. Les jeunes acquièrent lesqualifications de maîtresmaçons et deviennent vite décideurs d’achat.

Une corporation influente

> Le vaste bâtiment rénové accueille désormais le musée d’Art précolombien de Quito.

restaurateurs sur le chantier, Segundo etses collègues font figure de spécialistes trèsrecherchés. Car les projets de rénovation nemanquent pas. encouragée par le succès de laCasa del alabado, la municipalité a lancé unplan de rénovation du quartier.

Le temps de la reconnaissanceLe projet de rénover la Casa del alabado afinde la transformer en musée a éveillé l’intérêtde la documentaliste équatorienne GabrielaCalvache. Grâce au soutien financier de plu-sieurs partenaires, dont Lafarge, elle a pu sui-vre le travail des équipes chargées de larestauration sur le chantier. Son film, TheSilent Walls, a été projeté lors de la Biennaled’architecture panaméricaine de quito en

2010, en présence des ouvriers, urbanistes etarchitectes « nous avons été très fiers de voirnotre travail valorisé », note Segundo. Plusieurs extraits du documentaire ont été uti-lisés par Lafarge dans une vidéo pour un pro-gramme de formation de maçons, qui incluraune présentation technique des produits de lamarque, ainsi qu’un cours sur les consignesde sécurité (sujet très peu traité en équateur). aujourd’hui, Segundo Caiza Buñay a décrochéun emploi stable et peut se consacrer à d’autresprojets, plus personnels : « Construire une mai-son pour mon épouse et mon fils de huit ans, ettout faire pour lui permettre d’aller à l’école. » ❙

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http://www.precolombino.com/

« Il a fallu associer destechniques de constructionmodernes et anciennes. »

Page 17: Les promesses delaville«fertile» Construire durable

LAFARGE

61, rue des Belles-Feuilles, BP 40,75782 Paris Cedex 16, France

Tél. : +3314434 11 11Fax : +3314434 12 00

www.lafarge.com

Le magazine Crescendo présente les multiples facettes des métiers de Lafarge, sources dedéveloppement économique et socialet facteurs d’innovation au service de la construction de demain.