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Entreprises Emploi Economie Direccte Mission Synthèse Nord - Pas-de-Calais LES PRATIQUES TARIFAIRES DES ORGANISMES D’AIDE À DOMICILE EN NORD - PAS-DE-CALAIS Premier panorama PÔLE

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EntreprisesEmploiEconomie

DireccteMission Synthèse

Nord - Pas-de-Calais

LES PRATIQUES TARIFAIRESDES ORGANISMES D’AIDE À DOMICILEEN NORD - PAS-DE-CALAIS

Premier panorama

PÔLE

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LES PRATIQUES TARIFAIRES DES ORGANISMES D’AIDE À DOMICILEEN NORD – PAS-DE-CALAIS

Premier panorama

Directrice de la publication : Marie Laure BALMÈSAuteurs : Florence Jany-Catrice et Sylvain Vatan (Clersé, Université Lille 1)

Nous remercions également Martin Delafosse et Pierre-Alain Simon, stagiaires au Clersé de janvier à mars 2010, pour leur collaboration à cette enquête et leur aide dans la collecte des données.Nous remercions également Bruno Clément-Ziza pour ses réactions constructives à la lecture d’une première version de ce rapport. Nous restons seuls redevables des maladresses et erreurs qui subsisteraient dans ce texte.

Les Synthèses de la Direccte • n°9 • Novembre 2011ISSN 2115-8452

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SOMMAIRE

Introduction ..........................................................................................................................................................4

Encadré 1. Le questionnaire et sa représentativité ............................................................................................61. Panorama de l’aide à domicile dans la région Nord-Pas-de-Calais ........................................................71.1. Structure de l’offre régionale d’aide à domicile ..........................................................................................71.1.1. Le statut des offreurs : le non lucratif domine l’offre................................................................................7Encadré 2. Les procédures d’agrément et d’autorisation .................................................................................81.1.2. L’hétérogénéité de l’offre ...........................................................................................................................91.1.3. Stabilité interdépartementale dans la répartition globale des agréments ..........................................101.2. Spécificités départementales dans la structure de l’offre .........................................................................111.2.1. Cadre réglementaire et effets de taille ...................................................................................................111.2.2. Un positionnement différencié du secteur lucratif .................................................................................121.3. La demande et les usagers des services d’aide à domicile ......................................................................141.3.1. La demande et le statut des consommateurs .........................................................................................141.3.2. Les usagers de l’aide à domicile dans la région Nord-Pas-de-Calais ...................................................14

2. Prix, pratiques de prix et cadre tarifaire...................................................................................................162.1. Le cadre tarifaire est un cadre institutionnel ............................................................................................. 162.1.1. Les « prix de marché » ...............................................................................................................................162.1.2. Les tarifs administrés (ou tarification) .......................................................................................................162.1.3. Les tarifs de référence ..............................................................................................................................182.2. Les pratiques de prix dans l’aide à domicile de la région Nord-Pas de Calais.......................................192.2.1. Modulations tarifaires : entre régularité et clivages interdépartementaux ..........................................192.2.2. Des niveaux de prix confirmant de fortes disparités départementales ................................................21

3. Formation des prix : entre contrainte interne, règles et normes .........................................................233.1. La contrainte interne ....................................................................................................................................233.1.1. Une valorisation commune fondée sur les coûts ....................................................................................243.1.2. Un secteur fortement marqué par la dimension sociale ........................................................................243.2. Des normes et règles variables ...................................................................................................................243.3. Articulation des contraintes et conflit des logiques ..................................................................................273.4. Conclusion : encastrement tarifaire, marges de manœuvre et fragilité sectorielle ................................29

4. La fragilisation économique du secteur de l’aide à domicile ................................................................304.1. Un contexte de plus en plus altéré ............................................................................................................304.1.1. Prix et diversité de logiques ....................................................................................................................304.1.2. Un secteur économiquement menacé ...................................................................................................304.1.3. Des institutions de moins en moins stables ............................................................................................314.2. L’enquête quantitative régionale confirme cette analyse ........................................................................314.2.1. Des différences entre les deux départements ........................................................................................314.2.2. Des différences selon le statut ? ..............................................................................................................314.2.3. Un degré de fragilité différent selon le type de convention de qualité, et le département,qui confirme le poids des régulations territoriales ...........................................................................................334.3. Conclusion. Une fragilité économique à l’épreuve des régulations nationales ......................................34

Conclusion générale ..........................................................................................................................................35

Index des tableaux et graphiques......................................................................................................................36

Bibliographie........................................................................................................................................................37

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Préambule

Le champ des services à la personne constitue une véritable opportunité de développement de l’emploi.La loi du 26 juillet 2005 relative au développement des services à la personne a généré une dynamique forte sur le secteur. Ainsi dans le seul Nord - Pas-de-Calais le nombre des structures a été multiplié par vingt depuis 2005.La Direccte Nord - Pas-de-Calais, en étroite collaboration avec l’Agence nationale des services à la personne (ANSP), impulse une politique volontariste en direction du secteur.Cela se traduit par la conduite d’actions concertées avec les organisations professionnelles et les collectivités territoriales visant à la fois la promotion du secteur, la création et le développement des entreprises de service à la personne et la qualité des emplois.Parallèlement, la Direccte est chargée de délivrer des agréments aux organismes prestataires de services à la personne et ainsi de garantir la qualité du service rendu et les compétences des salariés.Dans le cadre de sa stratégie régionale de développement des services à la personne, la Direccte s’est associée aux chercheurs Florence Jany-Catrice et Sylvain Vatan du Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé), laboratoire de recherche du CNRS. Cette première publication commune présente les résultats et analyses d’une enquête réalisée auprès des organismes de services à la personne sur la thématique de la tarification.La compréhension des mécanismes qui influent sur la détermination des prix est un sujet complexe et par conséquent source de nombreuses idées reçues. Elle est pourtant centrale pour appréhender les contraintes mais aussi les marges de manœuvre qui existent pour les différents acteurs.Cette publication offre l’occasion de partager ces travaux - les premiers du genre sur la région – avec l’ensemble des acteurs œuvrant dans le champ des services à la personne

Introduction

L’aide à domicile est constituée des activités de services ou d’aide aux familles, aux ménages et aux personnes fragiles, lorsque celles-ci sont réalisées au domicile du bénéficiaire. Au cours des dernières décennies, les politiques publiques se sont appropriées l’enjeu, à la fois du fait du vieillissement de la population, du potentiel de création d’emploi mais aussi de la perspective de dépenses publiques que ce groupe d’activités représente.

Résultat d’un travail réalisé par des chercheurs du Clersé, cette contribution vise à dresser un état des lieux des pratiques de prix dans les activités de l’aide à domicile et à faire émerger un certain nombre de vecteurs de détermination de ces prix dans un champ d’activité structuré à la fois par les particularités du financement de l’action sociale, par le poids des régulations territoriales, et par l’incitation, depuis 2005, à un mode de coordination et de régulation concurrentiel.Le périmètre de recherche est circonscrit à la région Nord-Pas de Calais et la population enquêtée est constituée de l’ensemble des organismes de services d’aide à domicile de la région, quel que soit leur statut juridique (CCAS, associations, entreprises à but lucratif). Le gré à gré est exclu de l’enquête ce qui constitue l’une des limites de ce travail puisque l’emploi direct représente environ 80% de l’emploi des services à la personne, et environ la moitié de l’emploi dans l’aide à domicile. Cependant, les connaissances autour des pratiques de rémunération dans cet emploi (déclaré) sont connues, grâce aux données Accoss et Urssaf. Or, dans cet échange spécifique, le prix se limite au versement du salaire et aux prestations sociales afférentes.

Les enjeux de cette enquête exploratoire, et presque inédite1 dans ce champ d’activité, sont évidemment importants. La question du prix se pose d’abord parce que le prix est délicat à repérer statistiquement dans ce secteur particulier. D’une part, il faut en théorie des unités de produit standardisées et de qualité homogène pour capter rigoureusement les niveaux de prix, et leur évolution dans le temps. Dans l’aide à domicile comme dans de nombreuses activités de service, les caractéristiques des services, leur personnalisation, leur singularité sont autant d’obstacles à cette identification des « prix ». Cette raison

1 A notre connaissance, seule l’ODASS (Observatoire national de l’action sociale décentralisée) explore également ces questions, mais plutôt sous l’angle des dépenses sociales des départements. La méthode élaborée ici peut constituer un complément à ce type d’enquête.

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se cumule avec une difficile identification, dans la formation des prix, entre des logiques institutionnelles, des logiques productives, des logiques d’échange et des logiques éthiques. Ensuite, le budget des ménages est impacté par le recours aux services du care, mais certainement de manière différente selon les cycles de la vie (Folbre, 2006), et selon les termes des politiques publiques : conditionnalité, importance portée au care selon les stades de la vie, degré de concernement individuel et collectif vis à vis du « reste à charge » pour les ménages etc.

Mais l’importance à traiter cette question du prix dans l’aide à domicile relève aussi de motifs d’analyse de l’économie politique globale du secteur. En effet, les services à la personne sont traversés par une crise sans précédent, que l’on peut en partie lier à des déséquilibres financiers intenses, surtout identifiés dans les associations, acteurs historiques du champ. En témoignent les successions de redressements judiciaires et de faillites économiques enregistrées, depuis 2009, dans de nombreux départements français. L’enquête confirme largement cette fragilité économique du secteur : 85% des organismes ayant répondu affirment être dans une situation économique fragile (72%) ou très fragile (13%), les organismes du Nord (90%) étant nettement plus concernés que ceux du Pas de Calais (75%).C’est aussi un fait marquant de l’enquête: les disparités inter-départementales sont significatives (l’échantillon est représentatif des organismes des deux territoires de la Région Nord-Pas de Calais). Celles-ci s’expliquent en partie par la constitution historique spécifique du champ de l’aide à domicile dans ces deux départements mais aussi par la marque que posent les départements sur la structuration du marché de l’aide à domicile sur leur territoire, en particulier via des stratégies différenciées dans les politiques d’autorisation du côté de l’offre, et de l’allocation de l’APA du côté de la demande.

Ces fragilités économiques et financières ne concernent pas tous les acteurs de la même manière et n’ont pas toujours existé. Il n’y a sans doute d’ailleurs pas un unique évènement qui permettrait d’en attribuer l’origine. Parmi les hypothèses possibles, celle de l’évolution des rôles attribués aux associations dans ce secteur peut être une piste intéressante à suivre : structurateur du secteur, facilitateur, manageur, animateur (Donzelot, Estèbe, 1994) d’un côté, acteur du social, innovateur, incubateur à idées et de process, entrepreneur du social, producteur de services, les associations ont endossé de nombreuses responsabilités, dont certaines entrent dans leur champ naturel de compétences, alors que d’autres leur ont été affectées plus récemment. De même, certaines de ces missions ont été suivies des financements nécessaires, d’autres moins.Mais la fragilité économique du secteur est aussi intimement liée à l’évolution des politiques publiques qui ont historiquement accompagné les innovations des acteurs associatifs dans ce champ. Celles-ci sont marquées par deux ruptures qui ont eu directement un impact sur les financements et la fragilisation économique des acteurs.

- D’une part, la loi de 2002-2 de modernisation de l’action sociale a eu, certes, des aspects positifs en termes de valorisation des compétences des salariés, et en termes de politique d’autorisation : obligation des services d’aide à domicile aux personnes âgées et handicapées d’être « autorisés » (voir encadré 2) pour dispenser leurs services (Debons, 2006) ; mais elle a aussi fragilisé les acteurs par la rationalisation économique des choix, et la mise en place d’outils de performance économique (Puissant, 2010).

- La loi du développement des services à la personne de 2005 a également contribué à cette fragilisation en regroupant dans un même ensemble des activités relevant de logiques différentes (activités de confort et activités d’action sociale), par l’incitation à la mise en concurrence de structures de statuts différents (notamment l’associatif vs. privé lucratif), et par l’ouverture d’un droit d’option entre l’autorisation (du Conseil général) et l’agrément qualité (de l’Etat).

Cependant, puisque l’on observe une fragilité quasi-généralisée dans les établissements du Nord, mais que cette fragilité n’est pas aussi marquée dans les établissements du Pas-de Calais, une hypothèse à consolider est qu’il existe, dans les départements, des marges de manœuvres politiques, institutionnelles et organisationnelles (Devetter, Jany-Catrice, Horn, 2012).

Le travail de recherche présenté ici n’a pas pour ambition de fournir des réponses à toutes les questions relatives aux financements. Il vise à dresser, raisonnablement, quelques faits stylisés sur les pratiques de prix dans le secteur de l’aide à domicile, pratiques sur lesquelles l’information est marquée du sceau de la grande parcimonie. Ce premier panorama devrait pouvoir être consolidé par d’autres enquêtes, en particulier pour mieux saisir les liens économiques, financiers, mais aussi symboliques qui unissent les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) et l’action publique dans l’aide à domicile.

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Encadré 1. Le questionnaire et sa représentativité

Le taux de retour du questionnaire Un questionnaire portant sur les pratiques tarifaires des services d’aide à domicile régionaux a été administré par voie postale en janvier et février 2010 2. Des relances ont été effectuées jusque mai 2010. Sur une population mère de 579 établissements 3, 156 organismes ont renseigné le questionnaire (soit un taux brut de répondants de 27%). Parmi ces répondants, certains ont livré des informations centralisées, soit parce que leur fédération (d’associations) a renseigné le questionnaire pour tous les établissements, soit parce que l’organisation est une organisation en réseau et centralisée. Les 156 questionnaires récoltés concernent en fait l’activité de 197 services d’aide à domicile 4. Le taux de réponse ajusté est donc de 34%, ce qui constitue un très bon taux de retour, en particulier si l’on s’en tient à la sensibilité du thème abordé dans le questionnaire, c’est-à-dire les « pratiques de prix ».

La représentativité territoriale La répartition des répondants de l’échantillon est sensiblement équivalente à celle de la population mère (65,5 % pour le Nord et 34,5 % pour le Pas-de-Calais). C’est dans le département du Nord que la pratique de renseignements « centralisée » a été la plus pratiquée, ce qui s’explique largement par la part plus grande des autorisés dans ce département 5.

La représentativité des statuts des offreurs 60% des organismes répondant ont un statut associatif. 16% sont des CCAS et 23% sont des entreprises à but lucratif. Cette répartition est très comparable à celle de la structure de la population-mère. Les données administratives de la Direccte font en effet état d’une offre de services à la personne déclinée en 60% d’associations, 29% d’entreprises, et 11% de CCAS.

Le volume d’activité L’enquête a permis de capter 8,7 millions d’heures travaillées en 2009. Cela représente 35 % de l’ensemble du volume d’activité du secteur des services à la personne dans le Nord-Pas de Calais, selon les données de la Direccte. Ces 8,7 millions d’heures de travail se répartissent pour moitié (4,3 millions) dans le Nord. Cette répartition entre départements est très proche de la situation de la population-mère puisque 53% des 24,7 millions d’heures travaillées sont réalisées dans le Nord. Si l’on restreint l’échantillon à l’aide à domicile (c’est-à-dire aux organismes autorisés et agréés qualité), ce taux de couverture échantillonnaire atteint 37% des heures travaillées. Dans les deux cas, le taux de couverture est meilleur dans le Pas de Calais (resp. 38% 6 et 41% 7) que dans le Nord (resp. 33% et 33%). L’échantillon est donc représentatif des activités régionale et départementale relativement à cette variable également. Bien que le questionnaire portât sur une problématique sensible, celle des prix dans l’aide à domicile, le taux de réponse est plutôt élevé (34%). Le taux de volume d’activité capté par l’enquête l’est également (37% si on se limite à l’activité des organismes agréés). De manière plus décisive encore, la représentativité de l’échantillon est assurée, tant sur la répartition des répondants entre les deux départements que sur celle du statut des organismes. Même si ces premiers résultats doivent s’accompagner d’enquêtes complémentaires, en particulier sur la question des financements et des pratiques de prix, cette expérimentation vaut sans doute d’être multipliée dans d’autres régions françaises.

2 Voir en annexe le contenu du questionnaire. 3 Selon la source administrative Direccte du Nord-Pas-de-Calais, la population mère des organismes interrogés représente 579

établissements. Cette base de données a été mise à jour par S. Vatan. Les principaux traitements sur cette base de données ont été les suivants. 1. Suppression des organismes qui avaient disparu en janvier 2010 par rapport à la base 2007. Suppression des organismes si l’activité ne concernait pas à titre principal le ménage au domicile des particuliers ou l’aide à domicile. On a ainsi fait le choix de supprimer de la base le soutien scolaire, l’assistance informatique, et les activités de jardinage. Quelques organismes ont été ajoutés à la liste par la collecte directe d’informations auprès des Clic, des têtes de réseaux associatives et par exploration des pages jaunes de l’annuaire régional.

4 Ce phénomène d’agrégation permet donc de mettre en lumière des stratégies de mutualisation des moyens administratifs et comptables par le biais de fusion d’organismes d’aide à domicile ou d’intégration au sein de fédérations. La structure fédérative devient ici véritable siège centralisateur et décisionnel sur les questions administratives et comptables.

5 94% des ajustements concernent des associations sous autorisation du Conseil général du Nord. 6 Tous organismes.7 Seulement les organismes d’aide à domicile.

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1. PANORAMA DE L’AIDE À DOMICILE DANS LA RÉGION NORD – PAS-DE-CALAIS

Appréhender les prix et pratiques de prix dans l’aide à domicile nécessite au préalable une connaissance relativement précise de la structuration de l’offre dans ce champ 8. Cette cartographie de l’offre doit nécessairement être remise dans la perspective du cadre réglementaire dans lequel les organismes d’aide à domicile évoluent, cadre qui a beaucoup évolué sur les trois dernières décennies (Gardin, 2008 ; Devetter et al., 2009).

1.1. STRUCTURE DE L’OFFRE RÉGIONALE D’AIDE À DOMICILE

1.1.1. Le statut des offreurs : le non lucratif domine l’offre

61% des organismes répondant ont un statut associatif. 16% sont des CCAS et 23% sont des entreprises à but lucratif. Le secteur non lucratif qui regroupe les CCAS (public) et les associations (privé à but non lucratif) est donc largement majoritaire, 77 % des services d’aide à domicile étant ainsi à but non lucratif. Cet état de l’offre est principalement lié au processus historique de construction de ce champ au sein duquel les associations ont joué un rôle moteur (Noguès, 2002).

Si les répartitions divergent sensiblement entre département, l’offre non lucrative reste, pour chacun d’eux, largement majoritaire et le poids des associations est équivalent dans les deux départements.

Tableau 1. Répartition des organismes répondant selon la nature et le département

Nord Pas-de-Calais Région

CCAS 14% 21% 16%

Associations 60% 63% 61%

Entreprise 26% 16% 23%

Total 100% 100% 100%

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

Graphique 1. Répartition régionale des organismes selon le caractère lucratif de l’activité

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

Cette prépondérance du secteur non lucratif se renforce sur le plan régional et dans chaque département en fonction de l’agrément retenu (voir encadré 2 infra sur le cadre réglementaire).

8 Le rôle de la demande sera étudié infra.

23%

77%

Lucratif Non lucratif

18%

33%49%

Simple Qualité Autorisation

Simple Qualité Autorisation

6%

34%60%

27%

20%8%

13%

9%

23% 18%7%8%

6%8%

53%

APA Carsat

Aide sociale CG PCH

Autres plans d’aide Sans plan d’aide

APA Carsat

Aide sociale CG PCH

Autres plans d’aide Sans plan d’aide

23%

48%

20%9%

Sans plan d’aide Prise en charge CG

Carsat Autres plans d’aide

Sans plan d’aide Prise en charge CG

Carsat Autres plans d’aide

53%32%

7% 8%

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Encadré 2. Les procédures d’agrément et d’autorisation

Le cadre législatif et réglementaire régissant le champ de l’aide à domicile structure largement le secteur. Différents niveaux de régulation s’y enchevêtrent, délimitant, en particulier, le périmètre de liberté tarifaire pour les organismes d’aide à domicile. Les agréments simple et qualitéDès 1991, deux types d’agréments ont, dans ces activités, été mis en place et ce, pour deux raisons : d’abord pour éviter que les exonérations de cotisations sociales mises en place ne soient distribuées indument. Mais aussi en considérant que n’importe qui ne peut pas s’installer pour offrir des services d’aide aux personnes fragiles, et qu’un minimum d’encadrement et de contrôle ex-ante sur cette offre sont nécessaires. Ces deux agréments sont délivrés par la préfecture du département (et donc par l’Etat) après instruction des demandes par la DRTEFP (aujourd’hui la Direccte).L’agrément simple est facultatif et ouvre droit à une série d’avantages fiscaux et d’exonérations de cotisations sociales 9. Il régit l’ensemble résiduel des activités d’aide à domicile (ou hors du domicile 10) qui ne tombent pas sous le coup de l’agrément qualité.L’agrément qualité, ouvrant également droit à déductions fiscales et à exonération de cotisations sociales s’adresse quant à lui à certaines activités spécifiques visant les publics fragiles. Ces publics regroupent les enfants de moins de 3 ans (activité de garde d’enfants), les personnes de plus de 60 ans et les personnes handicapées (dans le cadre du maintien de l’autonomie) ainsi que les familles en difficulté (dans le cadre de l’aide aux familles dispensée lorsqu’un des parents est dans l’impossibilité d’assurer ses tâches familiales). L’obtention de l’agrément qualité nécessite l’avis du président du Conseil général et est délivré pour une duréede 3 ans. Cet agrément a pour objectif de vérifier la capacité de l’organisme demandeur à assurer une prestation de qualité mettant en œuvre les moyens humains, matériels et financiers proportionnés à cette exigence. L’autorisationL’autorisation est délivrée par le Président du Conseil général aux organismes exerçant leur activité en mode prestataire qui en font la demande. Cette autorisation est délivrée pour une durée de 15 ans et vaut agrément qualité. Cette autorisation avait été rendue obligatoire par la Loi de 2002-2 et, trois ans plus tard, l’ordonnance de décembre 2005 a mis cette autorisation en option avec l’agrément qualité (Debons, 2006). L’autorisation ne s’applique qu’aux organismes prestataires et pas aux mandataires 11.

Les critères de décision sont au nombre de quatre selon P. Debons (2006) :

- compatibilité du projet avec les objectifs et réponse aux besoins sociaux fixés par le schéma départemental d’organisation sociale et médico-sociale ;

- compatibilité avec les règles d’organisation et de fonctionnement prévues par la loi 2002-2 et aux procédures d’évaluation ;

- coût de fonctionnement « qui n’est pas hors de proportion avec le service rendu ou les coûts des établissements et services fournissant des prestations comparables » ;

- coût de fonctionnement compatible avec le montant des dotations fixées par l’Etat, les Conseils généraux et les organismes de Sécurité sociale.

Ainsi, si l’on retient l’ensemble des organismes agréés qualité, la part du non lucratif passe de 77 % à85 %. Elle atteint même 90 % des organismes dits « autorisés » (voir encadré 2). Le décalage est encore plus important lorsqu’on prend en compte le volume horaire déclaré. Les organismes à but non lucratif concentrent ainsi 95 % des heures captées par l’enquête (97 % pour les heures réalisées par les organismes agréés qualité 12).

9 Pour les usagers : crédit d’impôt équivalent à 50% des dépenses engagées (dans le respect d’un plafond de12 000 e à 15 000 e), TVA à 5,5% sur les prestations. Pour les organismes offreurs : exonération des cotisations sociales patronales à hauteur du SMIC. Pour les entreprises préfinançant les Cesu à destination de leurs salariés : exonération de cotisations sociales sur ces aides (dans le respect d’un plafond de 1830 e par an et par salarié) et crédit d’impôt sur les bénéfices à hauteur de 25% des aides versées (dans le respect d’un plafond de 500 000 e).

10 Le champ d’activité en question est donc ici celui des services à la personne au sens large, que ces services soient réalisés au domicile (aide-ménagère ou jardinage qui impliquent nécessairement l’activité au lieu du domicile) ou à l’extérieur du domicile (coaching sportif ou soutien scolaire qui peuvent se réaliser à l’extérieur du domicile).

11 « Le service mandataire ou placement de travailleurs a pour objet de mettre à la disposition de particuliers un aidant à domicile salarié par eux. Le mandat consiste pour l’organisme à proposer un intervenant à domicile et à prendre en charge les démarches administratives. La personne aidée est donc juridiquement l’employeur. La relation contractuelle est encadrée par la convention collective du particulier-employeur » (Devetter et al., 2009).

12 Il s’agit ici des heures réalisées par les organismes agréés qualité (toutes activités confondues) et non pas des heures réalisées dans le cadre d’activités relevant de l’agrément qualité.

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1.1.2. L’hétérogénéité de l’offre

Même en limitant l’analyse à l’offre structurée (dans cette étude, les emplois de gré à gré sont laissés de côté), celle-ci est relativement effritée (Devetter, Jany-Catrice, 2010) : la moitié des organismes a moins de 50 salariés. On compte par ailleurs 29 organismes de plus de 100 salariés dans l’échantillon (soit 15% des organismes).

Tableau 2. Répartition régionale des organismes selon le nombre d’intervenants

Nombre d’intervenants Nb Organismes Fréquence Fréquence cumulée

[1;10[ 27 14% 14%

[10;30[ 44 23% 36%

[30;50[ 26 13% 50%

[50;100[ 69 35% 85%

[100;150[ 15 8% 93%

[150;350[ 13 7% 99%

350 et + 1 1% 100%

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

D’autre part, il n’y a pas de concomitance simple entre la part du type d’organisme dans l’offre globale, et leur part dans le volume d’activité car, globalement, les organismes sous agrément simple sont de plus petite taille que les autres.

Graphique 2. Répartition des organismes selon l’agrément et volumes horaires réalisés

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

Dans l’échantillon, le volume moyen annuel de l’offre d’heures de travail d’un organisme sous agrément simple est de 17 000 heures environ, contre 57 500 pour un organisme agréé, et 60 200 pour un organisme autorisé. Cela est cohérent avec d’autres informations que livre l’enquête13 : les organismes agréés simple ont une moyenne de 43 intervenants par organisme, pour un temps de travail annuel de 400 heures par salarié. Les organismes agréés qualité ont 73 intervenants en moyenne par organisme, pour un temps de travail annuel de 800 heures par salarié, et les organismes autorisés ont 61 salariés en moyenne, pour un temps de travail annuel par salarié d’environ 1000 heures.

13 Confirmant aussi des informations issues de données administratives.

23%

77%

Lucratif Non lucratif

18%

33%49%

Simple Qualité Autorisation

Simple Qualité Autorisation

6%

34%60%

27%

20%8%

13%

9%

23% 18%7%8%

6%8%

53%

APA Carsat

Aide sociale CG PCH

Autres plans d’aide Sans plan d’aide

APA Carsat

Aide sociale CG PCH

Autres plans d’aide Sans plan d’aide

23%

48%

20%9%

Sans plan d’aide Prise en charge CG

Carsat Autres plans d’aide

Sans plan d’aide Prise en charge CG

Carsat Autres plans d’aide

53%32%

7% 8%

23%

77%

Lucratif Non lucratif

18%

33%49%

Simple Qualité Autorisation

Simple Qualité Autorisation

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6%8%

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APA Carsat

Aide sociale CG PCH

Autres plans d’aide Sans plan d’aide

APA Carsat

Aide sociale CG PCH

Autres plans d’aide Sans plan d’aide

23%

48%

20%9%

Sans plan d’aide Prise en charge CG

Carsat Autres plans d’aide

Sans plan d’aide Prise en charge CG

Carsat Autres plans d’aide

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7% 8%

Répartition des volumes horaires selon l’agrémentRépartition des organismes selon l’agrément

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Tableau 3. Quelques caractéristiques des organismes selon le type d’agrément

Nombre moyen d’intervenants

Volume horaire moyen par organisme

Volume horaire global réalisé

Volume horaire moyen par organisme

Simple 43 16 976 492 312 398

Qualité 73 57 525 2 991 286 787

Autorisation 61 60 190 5 236 548 995

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

1.1.3. Stabilité interdépartementale dans la répartition globale des agréments

Les répondants bénéficient, sans exception, d’un agrément, qu’il soit simple ou qualité 14.

Près de 82 % des organismes de l’échantillon dispose de l’agrément qualité ou de l’autorisation 15. Les différents agréments se répartissent de façon identique entre les départements : près de la moitié ont une autorisation, un tiers un agrément qualité, et, dans les deux départements, 18% ont un agrément simple.

Graphique 3. Répartition départementale des organismes selon et le type d’agrément

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

14 Cela n’est pas surprenant, puisque la base de départ était celle de la direction régionale du travail (qui jusqu’à présent collecte les agréments des organismes). Pour simplifier la lecture des données et éviter l’enchevêtrement des agréments, on considèrera ici comme organismes bénéficiant de l’agrément simple les organismes bénéficiant exclusivement de cet agrément. De même on qualifiera les organismes détenteurs de l’agrément qualité uniquement ceux qui en sont détenteurs, mais qui n’ont pas d’autorisation. Concomitamment, les organismes autorisés ne sont pas comptabilisés dans les organismes bénéficiant de l’agrément simple et qualité.

15 Cette part est supérieure aux données de la population de référence. Cette surreprésentation est cependant en partie inhérente à la démarche de cette enquête puisque les organismes agréés qualité ont été privilégiés lors de la relance des enquêtés.

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Simple Qualité Autorisation

Nord Pas-de-Calais

Nord Pas-de-Calais

Nord Pas-de-Calais

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Simple Qualité Autorisation

44% 41%

15%

55%

36%

9%

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Simple Qualité Autorisation

Nord Pas-de-Calais Nord Pas-de-Calais

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1.2. SPÉCIFICITÉS DÉPARTEMENTALES DANS LA STRUCTURE DE L’OFFRE

L’identification des particularités de l’offre de chaque département éclaire le poids du cadre réglementaire dans la structuration de l’offre de services et d’aide à domicile.

1.2.1. Cadre réglementaire et effets de taille

Les organismes du Nord et du Pas-de-Calais sont en moyenne de taille similaire : le nombre médian 16 d’intervenants est de 50 dans le Nord, contre 49 dans le Pas-de-Calais. D’une manière générale, on constate que la taille des organismes est plus élevée dans les organismes agréés qualité et surtout autorisés. Mais le phénomène est, concernant ces organismes, plus marqué dans le Pas-de-Calais que dans le Nord.

Graphique 4. Nombre médian d’intervenants selon le département et le type d’agrément

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

Ce constat sur la taille des organismes se retrouve de façon assez logique lorsqu’on retient la variable des volumes horaires réalisés par les organismes (celle-ci étant largement corrélée à celle du nombre d’intervenants).Le graphique 5 corrobore l’idée d’une taille structurelle plus importante dans le Pas-de-Calais mais de façon plus prononcée que lorsqu’on retient la variable du nombre d’intervenants. On passe ainsi d’une taille médiane d’environ 40 000 heures dans le Nord à une médiane de 70 000 heures dans le Pas-de- Calais.

16 La médiane est ici retenue comme indicateur qui permet de mieux appréhender un effet de structure générale même si elle estompe dans le même temps une partie de l’effet de concentration économique.

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Simple Qualité Autorisation

Nord Pas-de-Calais

Nord Pas-de-Calais

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Simple Qualité Autorisation

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Simple Qualité Autorisation

Nord Pas-de-Calais Nord Pas-de-Calais

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Graphique 5. Volume horaire médian réalisé selon le type d’agrément

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

Les effets de taille peuvent être mis en lien avec des exigences plus fortes, en termes réglementaires dans l’aide à domicile. Précisons. Dans l’aide à domicile, les normes administratives et comptables requises dans les relations avec les financeurs sont fortes, en particulier lorsqu’il s’agit de prendre en charge des usagers divers et fragiles, et nécessitent un appui important (en termes quantitatif, et en termes de qualification) dans les organisations. Les entretiens semi-directifs réalisés avec les acteurs du secteur (producteurs et financeurs) soulignent que, dès lors que les organismes s’inscrivent dans le cadre de l’autorisation, les exigences administratives s’accroissent. Les organismes doivent se doter d’organes administratifs et comptables (coûteux) dans la perspective de la tarification, pour mettre en place les contrats d’objectifs et de moyens passés entre le financeur et eux-mêmes, dans le cadre de l’application des schémas départementaux 17. Ils sont alors incités à accroitre la taille de leur organisation pour amortir ces coûts organisationnels et administratifs. Ainsi, à travers la politique d’autorisation du Conseil général, le département du Pas-de-Calais opère une sélection et un suivi des organismes visant à leur faire atteindre une « taille critique » de viabilité (cette taille critique est estimée critique par le Conseil général et par les associations elles-mêmes). Les relations entre financeurs et opérateurs conduiraient donc ces derniers à opérer certains choix stratégiques en termes de taille.

1.2.2. Un positionnement différencié du secteur lucratif

Tout en étant minoritaire dans les deux départements, le secteur lucratif est proportionnellement plus important dans le Nord que dans le Pas-de-Calais (26% contre 16%). Parmi les hypothèses possibles de ce déséquilibre entre les deux départements, figure celle d’une urbanisation supérieure dans le département du Nord. Un tiers des organismes déclarant leur zone d’activité comme principalement urbaine sont des entreprises privées à but lucratif 18. Autre hypothèse possible : celle d’un accueil politique plus favorable (facilité d’agrément qualité, acceptation de l’autorisation) dans le Nord que dans le Pas-de- Calais vis-à-vis des entreprises lucratives.Si le cadre réglementaire semble avoir un impact sur la taille des organismes, il en a un également sur le choix des activités selon les statuts.

On note d’abord que la distribution des organismes à but non lucratif au sein des trois cadres réglementaires est quasiment équivalente dans chaque département.

17 Les schémas départementaux sont des plans quinquennaux qui fixent, après délibération et vote du Conseil général, la politique du département en matière d’action sociale et médico-sociale ainsi que les principaux axes de sa mise en œuvre.

18 Alors que ces dernières ne constituent que 23% de l’échantillon.

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Simple Qualité Autorisation

Nord Pas-de-Calais

Nord Pas-de-Calais

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Simple Qualité Autorisation

44% 41%

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Simple Qualité Autorisation

Nord Pas-de-Calais Nord Pas-de-Calais

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13

Graphique 6. Répartition des organismes à but non lucratif dans les trois types d’agrément

Lecture : 8% des Organismes à but non lucratif (ONL) du Nord ne disposent que de l’agrément simple ; 58% des ONL du Pas-de-Calais bénéficie de l’autorisation

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

Mais ce constat peut être nuancé : alors que dans le Pas-de-Calais les organismes à but lucratif sont implantés pour plus de la moitié dans le champ des activités de l’agrément simple (55%), ils ne sont que 44% dans le département du Nord (graphique 7).

Graphique 7. Répartition des organismes à but lucratif dans les trois types d’agrément

Lecture : 55% des Organismes à but lucratif (OL) du Pas-de-Calais sont implantés dans le champ de l’agrément simple ; 15% des OL du Nord bénéficient de l’autorisation

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

La pénétration des activités les plus réglementées (soumises à agrément qualité ou à autorisation) par les organismes à but lucratif est plus élevée dans le Nord que dans le Pas-de-Calais (41% contre 36% concernant l’agrément qualité et 15% contre 9% concernant l’autorisation). Il semble donc que les régulateurs du département du Nord accèdent plus favorablement aux demandes d’agrément qualité et d’autorisation en faveur de ces organismes, et/ou que, les stratégies des organismes à but lucratif divergent selon les départements.

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Simple Qualité Autorisation

Nord Pas-de-Calais

Nord Pas-de-Calais

Nord Pas-de-Calais

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11%

32%

58%

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Simple Qualité Autorisation

44% 41%

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Nord Pas-de-Calais Nord Pas-de-Calais 0

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Simple Qualité Autorisation

Nord Pas-de-Calais

Nord Pas-de-Calais

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8%

31%

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58%

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Simple Qualité Autorisation

44% 41%

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Simple Qualité Autorisation

Nord Pas-de-Calais Nord Pas-de-Calais

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14

1.3. LA DEMANDE ET LES USAGERS DES SERVICES D’AIDE À DOMICILE

1.3.1. La demande et le statut des consommateurs

Dans ce secteur, ce que l’on appelle « demande » renvoie à une multiplicité d’acteurs tout comme l’offre, on l’a vu, renvoie à une mosaïque d’opérateurs. Cette demande combine en fait à la fois des financeurs, des consommateurs et des usagers. Plusieurs cas sont possibles :

- la demande d’aide à domicile peut émaner des usagers, finançant eux-mêmes les services qu’ils consomment ou dont ils ont besoin. Il s’agit du cas le plus simple (où consommateur et financeur sont confondus) mais pas pour autant du plus courant.

- la demande d’aide à domicile peut également émaner des usagers mais en étant cette-fois-ci soumise à un financement extérieur via une allocation directe (c’est le cas de l’APA 19). Le principe est que cette allocation directe soit utilisée par l’usager selon son « libre choix ».

- la demande d’aide à domicile peut enfin émaner des usagers en étant financée directement par un tiers payeur. Ne reste alors pour l’usager que le « reste à charge » à payer. Ce « reste à charge » varie surtout en fonction de ses revenus et de son degré de dépendance.

Les schémas de la prise en charge sont les plus courants car l’aide à domicile est très largement financée par les dépenses publiques de l’Etat et des collectivités territoriales (voir partie 3.3 infra).

1.3.2. Les usagers de l’aide à domicile dans la région Nord-Pas-de-Calais

Les données concernant les usagers sont celles qui sont fournies par les organismes prestataires d’aide à domicile. La demande de services est donc appréhendée à travers le prisme de l’offre. Le premier constat est que l’activité d’aide à domicile est largement diversifiée dans la mesure où seulement 12% des organismes déclarent n’avoir qu’un seul type d’usager.

A l’inverse, 45% ont déclaré intervenir auprès des 6 profils d’usagers référencés dans le questionnaire. Le type d’usager le plus fréquemment cité est celui d’un usager sans aide publique (sans « plan d’aide »). Cette figure est présente dans 92% des organismes suivi du bénéficiaire de l’APA, cité par 81% des services répondants.

Ce constat est nuancé, si l’on tient compte non seulement de l’existence d’usagers différents, mais aussi du poids qu’ils ont dans la demande des organismes. On remarque d’une part que les organismes à but non lucratif ont un panel d’usagers nettement plus équilibré que les organismes à but lucratif (graphique 8). On observe également que les bénéficiaires de l’APA ont 1,4 fois plus de poids que les bénéficiaires de la Carsat dans les organismes de l’échantillon 20. Ce coefficient est de 1,2 pour les usagers sans plan d’aide. Avec ce même système, les bénéficiaires de l’APA compteraient pour 14% de plus que les usagers sans plan d’aide.

19 Allocation personnalisée d’autonomie. Cette allocation de 2002 a été substituée à la PSD (prestation spécifique dépendance), créée en 1997. Toutes deux visaient à rendre le consommateur souverain de son propre recours aux services, faisant passer le secteur d’une régulation tutélaire à une régulation quasi-marchande (Laville, 1992 ; Dutertre, 1999 ; Enjolras, 1996).

20 Par un système d’attribution de points en fonction des rangs de citation, on propose une mesure cardinale du poids des usagers. Si l’on pose comme base indicielle le poids des bénéficiaires de la Carsat (catégorie d’usagers historiques des organismes).

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15

Graphique 8. Poids des différents types d’usagers dans la clientèle des organismes répondants

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

Cette diversité d’usagers n’offre pas pour autant une plus grande sécurité financière car l’activité de ces organismes est très largement dépendante de quelques financeurs, le plus important d’entre eux étant le Conseil général. Si être tributaire des vicissitudes du marché est une position délicate pour les organismes à but lucratif, dépendre d’un financeur principal fixant les tarifs peut, parfois, se révéler être une position inconfortable (voir infra).

Graphique 9. Poids des financeurs à travers le type de prise en charge au sein de la clientèle

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

23%

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Lucratif Non lucratif

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Simple Qualité Autorisation

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Autres plans d’aide Sans plan d’aide

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Aide sociale CG PCH

Autres plans d’aide Sans plan d’aide

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Sans plan d’aide Prise en charge CG

Carsat Autres plans d’aide

Sans plan d’aide Prise en charge CG

Carsat Autres plans d’aide

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7% 8%

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Lucratif Non lucratif

18%

33%49%

Simple Qualité Autorisation

Simple Qualité Autorisation

6%

34%60%

27%

20%8%

13%

9%

23% 18%7%8%

6%8%

53%

APA Carsat

Aide sociale CG PCH

Autres plans d’aide Sans plan d’aide

APA Carsat

Aide sociale CG PCH

Autres plans d’aide Sans plan d’aide

23%

48%

20%9%

Sans plan d’aide Prise en charge CG

Carsat Autres plans d’aide

Sans plan d’aide Prise en charge CG

Carsat Autres plans d’aide

53%32%

7% 8%

23%

77%

Lucratif Non lucratif

18%

33%49%

Simple Qualité Autorisation

Simple Qualité Autorisation

6%

34%60%

27%

20%8%

13%

9%

23% 18%7%8%

6%8%

53%

APA Carsat

Aide sociale CG PCH

Autres plans d’aide Sans plan d’aide

APA Carsat

Aide sociale CG PCH

Autres plans d’aide Sans plan d’aide

23%

48%

20%9%

Sans plan d’aide Prise en charge CG

Carsat Autres plans d’aide

Sans plan d’aide Prise en charge CG

Carsat Autres plans d’aide

53%32%

7% 8%

23%

77%

Lucratif Non lucratif

18%

33%49%

Simple Qualité Autorisation

Simple Qualité Autorisation

6%

34%60%

27%

20%8%

13%

9%

23% 18%7%8%

6%8%

53%

APA Carsat

Aide sociale CG PCH

Autres plans d’aide Sans plan d’aide

APA Carsat

Aide sociale CG PCH

Autres plans d’aide Sans plan d’aide

23%

48%

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Sans plan d’aide Prise en charge CG

Carsat Autres plans d’aide

Sans plan d’aide Prise en charge CG

Carsat Autres plans d’aide

53%32%

7% 8%

Organismes à but non lucratif

Organismes à but non lucratif

Organismes à but lucratif

Organismes à but lucratif

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16

2. PRIX, PRATIQUES DE PRIX ET CADRE TARIFAIRE

Le cadre tarifaire des prestations d’aide à domicile et les principes qui le guident sont multiples.

2.1. LE CADRE TARIFAIRE EST UN CADRE INSTITUTIONNEL

Les pratiques de prix dans ce secteur sont très étroitement insérées dans un contexte institutionnel, des règles, des normes et des pratiques sociales qui les modèlent. L’encadré 2 (supra) a mis en exergue les exigences de qualité différente entre les agréments et a identifié le périmètre des activités entrant dans le champ de chaque agrément. Ce contexte institutionnel ne régule pas seulement les activités, mais réglemente également les « prix ». On en distingue, dans ce secteur, trois types : les prix de marché, les tarifs administrés et les tarifs de référence.

2.1.1. Les « prix de marché »

Les prix de marché sont les prix au sens commun du terme, c’est-à-dire des « taux d’échange » observables et, a priori, fixés librement par les organismes qui offrent leurs services. Si leur évolution fait l’objet d’un contrôle de la DGCCRF (un arrêté ministériel annuel fixe, en effet, le taux maximal d’évolution des prix) leur niveau est établi par les prestataires sans contrainte réelle 21. Cette idée de liberté de fixation des prix est, dans les faits, à nuancer. La fixation des prix par les prestataires des services s’inscrit dans un cadre institutionnel plus large, et contingent. Celui-ci se caractérise par l’état de la concurrence, la qualité, le type d’usagers, et plus généralement la dynamique des rapports sociaux entre acteurs (Jorion, 2010). Ces facteurs interagissent dans le processus de valorisation à toutes les étapes de la production (Vatin, 2009).

2.1.2. Les tarifs administrés (ou tarification)

La tarification est une procédure qui vise à ce qu’un tiers entre l’offreur et le demandeur (ici, le régulateur public) fixe le prix, ou le co-élabore avec le producteur. Dans le secteur de l’aide à domicile, la tarification administrée intervient dans le cadre de l’autorisation et suit, généralement 22, une procédure, tantôt contradictoire, tantôt négociée, entre le régulateur qui fixe le tarif et le service d’aide à domicile qui est tarifé, à partir de documents écrits tels que la transmission du bilan prévisionnel.L’organisme autorisé est dans l’obligation de pratiquer le prix ainsi co-défini pour toutes les interventions auprès des usagers bénéficiant d’une prise en charge du financeur en question. Il s’agit donc d’un tarif opposable (l’usager et le financeur sont en mesure d’exiger l’application de ce tarif) et individualisé (chaque organisme tarifé se voit attribuer un tarif en fonction de ses propres caractéristiques).

21 L’arrêté ne concerne que les contrats en cours qui sont en général d’une durée maximale de quelques mois. A l’échéance du contrat, des prix peuvent être fixés en dehors de la marge d’évolution réglementaire.

22 « Généralement » signifie ici que la procédure est codifiée juridiquement, mais qu’elle n’est, dans la pratique, pas toujours respectée.

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17

Graphique 10. Schéma de la procédure de tarification

Si la procédure de tarification est fixée réglementairement 23, les financeurs respectent plus ou moins les textes dans la pratique. Les Carsat (en charge de la gestion de l’aide-ménagère dans le cadre de l’action sociale de la CNAV) continuent à appliquer le tarif national de la CNAV à 18,46 € (tarif forfaitaire). Premiers bailleurs de fond de l’aide à domicile, les Conseils généraux ont chacun leur lecture du décret, et ont, dans la pratique, une très large autonomie vis-à-vis de leurs procédures tarifaires (Bony, 2008). Ainsi, tandis que le département du Pas-de-Calais applique à l’ensemble des organismes qu’il autorise un tarif individualisé (c’est-à-dire qu’il est propre à chaque service) et unique (c’est-à-dire que ce tarif est valable pour l’ensemble des tâches prestées au domicile), le Conseil général du Nord ne tarifie pas l’ensemble des organismes autorisés, et pratique deux tarifs individualisés : l’un relevant d’interventions d’aide aux tâches domestiques et l’autre relevant des « gestes aux corps » 24.

Dernière précision. Le tarif individualisé résulte d’une convention entre le financeur et le producteur qui contraint ce dernier à pratiquer le prix prédéfini faute de quoi la convention devient caduque avec le risque de perdre l’autorisation délivrée par le Conseil général et le financement par tiers payant 25. Pour la convention Carsat, il n’y a pas de risque de perte de l’autorisation mais le risque tout de même de se voir déconventionner.

23 Décret n°2003-1010 du 22-10-2003 relatif à la gestion budgétaire, comptable et financière, et aux modalités de financement et de tarification des établissements et services sociaux et médico-sociaux. Ce texte appelé couramment décret tarifaire et budgétaire fixe les modalités d’application du code de l’action sociale et des familles.

24 Les « gestes aux corps » regroupent sous cette appellation toutes les interventions qui ont pour objet non pas l’environnement de la personne aidée mais la personne elle-même. On y retrouve donc les interventions liées à la toilette, à l’habillement, au lever et au coucher de la personne c’est-à-dire tous les actes de manipulation de la personne (actes nécessitant des aptitudes particulières de la part des intervenants au domicile). Dans les faits, on sait depuis longtemps que les glissements de tâches entre les unes et les autres de ces activités sont extrêmement fréquentes (Dussuet, 2005 ; Ennuyer, 2006 ; Gadrey, Jany-Catrice, Pernod, 2004).

25 Dans la pratique, le financement se fait souvent par tiers payant.

FINANCEUR

USAGERServices d’aideà domicile

(1) (2)

(4’)

(4’’)

(3)

(4)

(1) Transmission du bilan prévisionnel et application d’un tarif opposable.

(2) Demande de prise en charge par l’usager et évaluation du plan d’aide par les équipes médico- sociales.

(3) Intervention au domicile.(4) Paiement directe de l’intervention par le financeur (tiers payant)

au tarif conventionné.(4’) Versement du plan d’aide au bénéficiaire par allocation

directe.(4’’) Paiement de l’intervention par l’usager au tarif administré.

FINANCEUR

USAGERServices d’aideà domicile

(1) (2)

(4’)

(4’’)

(3)

(4)

Flux réglementaires

Flux financiers

Flux de services

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2.1.3. Les tarifs de référence

Les tarifs dits « de référence » sont également fixés par les financeurs, au niveau départemental 26. A la différence des tarifs administrés, ils ne sont pas opposables aux organismes d’aide à domicile. Ces tarifs servent de référence dans le cadre de l’évaluation des plans d’aide. Ce sont en quelque sorte des tarifs indemnitaires destinés à l’allocataire avant d’être destinés aux organismes. Lorsque l’aide est versée sous forme d’allocation directe au bénéficiaire, il est nécessaire d’évaluer le montant qu’il faudra alors verser à la personne en perte d’autonomie.Le plan d’aide fixé par les équipes médico-sociales correspond à un volume d’heures d’aides à domicile. Le bénéficiaire recourt ensuite à un service tarifé ou non.

- Si le service choisi est tarifé, le montant du plan d’aide se règlera au taux du tarif applicable au service prestataire d’aide à domicile en question.

- Si l’usager choisit une autre solution (par exemple il recourt à un service prestataire non tarifé ou à l’emploi direct), alors le montant du plan d’aide se règlera au taux du tarif de référence en vigueur. Dans le cas où le prix du service serait supérieur au tarif de référence, c’est-à-dire que le montant du plan d’aide ne suffirait pas à financer l’ensemble du service réalisé, l’usager devra alors s’acquitter de la différence : c’est le reste à charge.

Tableau 4. Synthèse régionale des tarifs administrés en vigueur en 2010

Nord Pas-de-Calais

Organismes autorisés par le CG 71 80

Organismes tarifés par le CG 61 80

Tarifs individualisés (APA-PCH) oui oui

Tarifs uniques (APA-PCH) non oui

Tarif individualisé moyen pour l’aide aux tâches domestiques

18,58 €/h20,11 €/h

Tarif individualisé moyen pour les «gestes aux corps»

21,44 €/h

Tarif de référence (APA-PCH) 17,50 €/h 17,56 €/h

Tarif de référence CNAV 18,46 €/h 18,46 €/h

Sources : entretiens auprès des Conseils généraux du Nord et du Pas-de-Calais

S’il existe a priori des prix libres, les activités d’aide à domicile restent donc largement insérées dans des cadres institutionnels qui interviennent de manière relativement importante dans la formation des prix et des tarifs. Les organismes autorisés représentant la moitié de l’échantillon et 64% des volumes horaires. 93% des organismes autorisés étant tarifés, on peut mesurer l’importance que revêt ce cadre tarifaire.

26 La CNAV (Caisse nationale d’assurance vieillesse) a aussi un tarif de référence. Celui-là est national.

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2.2. LES PRATIQUES DE PRIX DANS L’AIDE À DOMICILE DE LA RÉGION NORD – PAS DE CALAIS

D’une manière générale, les prix pratiqués par les organismes d’aide à domicile sont des prix horaires. Si des variations de prix et certaines « innovations » peuvent exister ici ou là (par exemple à l’acte plutôt qu’à l’heure), tous les organismes pratiquent une tarification horaire 27.

2.2.1. Modulations tarifaires : entre régularité et clivages interdépartementaux

Si 32% des organismes répondants affirment pratiquer un prix horaire unique, l’exploitation des données de l’enquête et les recoupements issus de différentes questions permettent d’affirmer que 75 % des enquêtés pratiquent des prix différenciés.Une grande partie des organismes (73 %) différenciant leurs prix appliquent des majorations pour les dimanches et jours fériés (voir tableau infra). A l’image de la différenciation des prix en fonction des types d’usagers ou des forfaits souscrits, la modulation des prix selon les jours d’intervention est commune aux deux départements de la région.Ces majorations sont de 30% pour les activités d’aide aux tâches domestiques et de 22% pour l’aide aux actes essentiels par rapport aux prix de base (prix pratiqués en semaine). La majoration les dimanches et jours fériés pour l’aide aux actes essentiels est plus fréquemment observée mais en moyenne moins élevée (47 organismes qui pratiquent une majoration moyenne de 22%) que pour l’aide aux tâches domestiques (39 organismes pratiquant une majoration moyenne de 30%). Cette majoration plus élevée pour les activités d’aide aux tâches domestiques peut s’expliquer par le fait que ces dernières sont moins indispensables les dimanches et jours fériés (le ménage peut attendre la semaine et, de plus, les « aidants naturels » sont plus présents les week-ends). Cette aide est donc plus facilement assimilable à une forme d’aide de confort. Le lucratif se distingue d’ailleurs particulièrement sur ce point. A l’inverse, l’aide aux actes essentiels n’entre pas dans cette catégorie du confort.Le caractère lucratif de l’organisme est un facteur d’accroissement pour ce type de majorations comme l’indique clairement le tableau suivant. Dans l’aide aux actes essentiels, les organismes à but lucratif appliquent une majoration moyenne de 30% supérieure au prix de base. Pour les autres organismes, cette majoration n’atteint que 19%. Dans l’aide aux tâches domestiques, les organismes lucratifs appliquent une majoration de près de 50%, alors que les organismes non lucratifs la limitent à 27% en moyenne.

Tableau 5. Majorations appliquées aux prix horaires selon le jour d’intervention

Nature juridique de l’organisme

Nombre de prix majorés observés

Majoration moyenne*

Aide aux actes essentiels

non lucratif 35 1,19

lucratif 12 1,30

Total 47 1,22

Aide aux tâches domestiques

non lucratif 33 1,27

lucratif 6 1,49

Total 39 1,30

*Les résultats sont exprimés sous forme indicielle calculée par rapport au prix de base (c’est-à-dire le prix pratiqué en semaine). C’est ainsi qu’en moyenne, les services d’aide à domicile pratiquant une majoration les dimanches et jours fériés facturent 1,22 fois le prix de base.Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

27 La seule exception notable concerne les portages de repas ; les organismes facturent alors les repas tout en pratiquant des prix horaires pour le reste de leur activité.

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Au-delà de ces différenciations touchant l’ensemble des organismes, on observe des pratiques très clivantes entre les deux départements. Dans le Nord, la variation selon le type de tâche est particulièrement marquée : 72% des organismes différenciant leurs prix affirment le faire en fonction des tâches, contre moins de la moitié des organismes dans le Pas-de-Calais.Le clivage entre Nord et Pas-de-Calais est également très net dans le cas de la qualification de l’intervenant même si globalement –et de façon un peu surprenante– à peine un tiers des organismes de la région (32%) déclarent différencier leurs prix selon ce critère.

Graphique 11. Motifs de variation dans la pratique des prix selon les départements

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

Une grande partie de l’explication de cette variation interdépartementale provient du lien entretenu par les organismes d’aide à la personne avec leur Conseil général, et à la différence de politique tarifaire de ces deux Conseils généraux (voir en particulier supra, tableau 4). Ainsi, 88% des organismes autorisés du Nord différencient leurs prix selon les tâches effectuées par les intervenants contre seulement 30% des organismes autorisés du Pas-de-Calais. Le différentiel est également important lorsqu’on observe le déterminant de la qualification de l’intervenant (55% contre 25%). Ces écarts sont surtout marqués pour les organismes autorisés et concernent peu ou pas les autres formes d’agrément.Le cadre tarifaire du Conseil général du Nord qui pratique deux tarifs individualisés (aide ménagère et gestes aux corps) pour les organismes tarifés conduit ces derniers à moduler leurs prix en fonction de la tâche de l’intervenant, et, lorsque cela est lié, en fonction de sa qualification.

Tableau 6. Motifs de variation dans la pratique des prix pour les organismes autorisés

Nord Pas-de-Calais

Nombred’organismes

FréquenceNombre

d’organismesFréquence

Tâches 49 88% 6 30%

Jours d’intervention 33 59% 14 70%

Qualification de l’intervenant

31 55% 5 25%

Type d’usagers 20 36% 11 55%

Forfaits dégressifs 4 7% 1 5%

Nombre de répondants = 56 Nombre de répondants = 20

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

72%

61%

35%

24% 17%

44%

63%

24% 32%

22%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80%

Tâches Joursd’intervention

Qualificationde l’intervenant

Typed’usagers

Forfaitsdégressifs

Nord Pas-de-Calais

16,50 €

17,00 €

17,50 €

18,00 €

18,50 €

19,00 €

19,50 €

20,00 €

16,50 €

17,00 €

17,50 €

18,00 €

18,50 €

19,00 €

19,50 €

20,00 €

CC

AS

asso

ciat

ion

entr

epri

se

CC

AS

asso

ciat

ion

entr

epri

se

CC

AS

asso

ciat

ion

entr

epri

se

CC

AS

asso

ciat

ion

entr

epri

se

Nord Pas-de-Calais Nord Pas-de-Calais

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21

2.2.2. Des niveaux de prix confirmant de fortes disparités départementales

L’observation des niveaux de prix pratiqués met d’emblée en contraste deux activités : les activités d’aide-ménagère et l’aide aux actes essentiels (c’est-à-dire des actes proches du soin tels que la toilette) avec un écart d’un euro entre ces deux prix moyens. En cela, les niveaux de prix observés confirment les données déclaratives précédemment analysées mettant en avant une différenciation des prix en fonction des tâches.

Concernant l’aide-ménagère, le prix moyen pratiqué par les organismes de l’échantillon est de 18,28€/h. Cette moyenne est assez proche du tarif de référence de la CNAV fixé à 18,46€. Pourquoi retenir ce tarif de la CNAV ? Car, par l’intermédiaire de l’action sociale des Carsat, elle est le financeur historique de l’aide à domicile. Son tarif national, repris par les Conseils généraux, a constitué la base du financement du maintien de l’autonomie dans le cadre de la PSD puis dans le cadre de l’APA et de la PCH. Par ailleurs, les Carsat continuent de financer les services d’aide à domicile, pour les bénéficiaires caractérisés par un faible niveau de dépendance.On constate néanmoins, des différences notables en fonction du département et du statut juridique de l’organisme. En moyenne, sur la région, ce sont les CCAS qui pratiquent les prix les plus bas. L’écart entre lucratif et non lucratif dans le Nord est bien moins prononcé que dans le Pas-de-Calais. Il en va de même pour l’aide aux actes essentiels.

Graphique 12. Prix horaires moyens des interventions selon la nature juridique des organismes et le département

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

Il ressort de ces prix moyens deux autres constats.

D’une part, et contrairement à une idée communément admise chez les acteurs du secteur, les prix pratiqués par les entreprises privées à but lucratif sont globalement plus élevés que ceux des associations et des CCAS. Il ne semble pas y avoir de comportement moyen « tirant » les prix vers le bas. Ce constat a déjà été observé dans de nombreux autres secteurs ayant été ouverts à la concurrence du privé lucratif. Généralement cette ouverture s’accompagne d’une hausse moyenne des prix pratiqués. Ni l’aide à domicile ni les activités de ménage ne semblent déroger à ces constats. D’autre part, le comportement tarifaire des associations diverge sensiblement entre le Nord et le Pas- de-Calais puisque les associations du Nord ont des niveaux de prix très comparables aux entreprises privées à but lucratif tandis que leurs homologues du Pas-de-Calais se rapprochent plutôt des niveaux de prix des CCAS et ce, pour les deux types d’activité (aide-ménagère et aide aux actes essentiels).

72%

61%

35%

24% 17%

44%

63%

24% 32%

22%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80%

Tâches Joursd’intervention

Qualificationde l’intervenant

Typed’usagers

Forfaitsdégressifs

Nord Pas-de-Calais

16,50 €

17,00 €

17,50 €

18,00 €

18,50 €

19,00 €

19,50 €

20,00 €

16,50 €

17,00 €

17,50 €

18,00 €

18,50 €

19,00 €

19,50 €

20,00 €

CC

AS

asso

ciat

ion

entr

epri

se

CC

AS

asso

ciat

ion

entr

epri

se

CC

AS

asso

ciat

ion

entr

epri

se

CC

AS

asso

ciat

ion

entr

epri

se

Nord Pas-de-Calais Nord Pas-de-Calais

Aide ménagère Aide aux actes essentiels

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22

En conclusion, les prix semblent bien être déterminés par la qualité des temps 28 dans le sens où cette qualité (« temps du week-end » « travail de nuit » etc.) intervient pour valoriser l’intervention. Pour une même tâche, l’intervention les jours de semaine n’est pas valorisée de la même manière que les interventions les dimanches ou jours fériés. Il n’y a donc pas une valeur objectivée de la qualité du temps d’intervention mais des valeurs objectivées, des interventions qualifiées différemment selon qu’elles concernent des organismes à but lucratif ou non, qu’elles s’inscrivent dans le département du Nord ou du Pas-de-Calais.La question se pose, en conséquence, d’identifier qui qualifie ces temps ?

28 Sur la question de la diversité dans la qualité des temps (et leur incomparabilité parfois), voir Beneria, 1999.

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3. FORMATION DES PRIX : ENTRE CONTRAINTE INTERNE, RÈGLES ET NORMES

Deux grandes catégories de déterminants dans la construction du prix sont identifiées. L’une renvoie à des logiques internes dont on peut isoler deux principaux éléments : les coûts de production et l’importance accordée à une forme d’utilité publique, qui peuvent aussi être traduits par une éthique de l’activité et de l’engagement (voir infra). L’autre est liée au contexte institutionnel, aux règles et aux normes qui ont jalonné l’histoire du secteur, et qui, accumulées, constituent une contrainte pour les acteurs. Il est sans doute excessif d’évoquer cette contrainte comme seulement externe car l’histoire du secteur montre bien que les acteurs, en particulier associatifs, ont souvent été associés à l’élaboration de ces règles et de ces normes, et dans certains cas, ont été source majeure de proposition. Néanmoins, ces règles et normes agissent aujourd’hui comme une contrainte à intégrer dans les pratiques de formation des prix.

3.1. LA CONTRAINTE INTERNE

La formation des prix dépend surtout, selon les acteurs, du coût réel de l’intervention, et d’une sensibilité à l’intérêt général, ce dernier se traduisant par un degré d’accessibilité aux usagers ayant peu de ressources. On qualifiera cette contrainte d’« interne » dans le sens où elle ne provient pas totalement de l’extérieur mais est fixée par l’organisme lui-même selon ses caractéristiques propres et son projet entrepreneurial 29.Autant le coût réel de l’intervention est considéré par tous les organismes comme un déterminant majeur de la formation du prix, autant le degré d’accessibilité des usagers selon leurs ressources est un déterminant variable. On montre, dans le graphique suivant, qu’il varie notamment en fonction du caractère lucratif de l’organisme : 88% des organismes à but non lucratif considèrent que ce déterminant est important dans la formation des prix, tandis qu’ils ne sont que la moitié à l’affirmer dans le cas des organismes à but lucratif.

Graphique 13. Importance des facteurs internes de détermination des prix

selon le caractère lucratif de l’organisme

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

29 Le projet associatif est ici appréhendé indistinctement du projet entrepreneurial entendu au sens de la mise en mouvement des puissances d’agir individuelles orientées vers un objet collectif et ce, quel que soit le caractère lucratif ou non du projet.

94% 95% 88%

98% 93%

55%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90%

100%

Coût réel de l'intervention au

domicile

Coût de fonctionnement

général de l'organisme

Accessibilité aux usagers ayant peu

de ressources

Organismes à but non lucratif Organismes à but lucratif

95% 94% 81%

69%

53% 51% 43%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90%

100%

Co

ût r

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nter

vent

ion

au

do

mic

ile

Co

ût d

e fo

ncti

onn

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Car

sat

Tari

f d

e ré

fére

nce

du

CG

Tari

f d

e ré

fére

nce

de

la C

NA

V

Contrainte interne Contrainte externe

64%

50%

38% 34%

81%

59%

76%

62%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90%

Conseil général

Conseil général Conseil général

Conseil général

Conseil général Conseil général

Carsat CNAV

Conventionnement Tarif de référence

Nord Pas-de-Calais

82%

61% 54%

49%

26% 24%

38%

21%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90%

Carsat CNAV

Conventionnement Tarif de référence

Organismes à but non lucratif Organismes à but lucratif

26% 29% 23%

13%

63%

29%

63% 51%

88%

67%

52% 48%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90%

100%

Carsat CNAV

Conventionnement Tarif de référence

Simple Qualité Autorisation

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3.1.1. Une valorisation commune fondée sur les coûts

Les résultats sont sans équivoque. Le critère principal de détermination des prix est le coût de production. Que ce soit le coût réel de l’intervention au domicile ou le coût de fonctionnement global de l’organisme (qui intègre les coûts de fonctionnement administratifs et comptables), ce critère est jugé déterminant par plus de 9 organismes sur 10 (voir graphique 14 infra). Quelle que soit la nature de l’organisme, le caractère lucratif ou non de son activité, ou bien encore de département d’appartenance, ce critère est cité dans les mêmes proportions. Il apparait donc comme le référentiel de base commun à tous les producteurs.

On peut penser que les coûts de production sont contraignants à double titre. D’une part les organismes bénéficiant de la liberté formelle de fixation des prix fixent ces derniers par rapport à cette contrainte interne. D’autre part, dans le cadre de la tarification administrée, ce sont les bilans prévisionnels et donc les coûts de production anticipés qui constituent la base de discussion du tarif qui sera appliqué par le financeur au service prestataire d’aide à domicile. Que ce soit dans le cadre des « prix de marché » ou des tarifs administrés, le prix est toujours assis sur le coût de production qui constitue une contrainte interne indépassable, en tout cas à long terme.

3.1.2. Un secteur fortement marqué par la dimension sociale

Malgré le double processus de marchandisation (Enjolras, 1995 ; Chauvière, 2007) et de banalisation (Jany-Catrice, 2010) auquel elle doit faire face, l’aide à domicile reste dans l’ensemble placée sous le sceau de l’action sociale, qu’elle soit publique ou privée. Outre le fait que le secteur soit composé de 77 % d’organismes à but non lucratif, la dimension sociale de l’aide à domicile s’exprime par le fait que 80 % des organismes souhaitent préserver un accès à l’ensemble des publics, quelles que soient leurs ressources. Cette contrainte éthique reste une préoccupation très marquée du secteur social et solidaire puisque près de 90 % des organismes associatifs jugent ce critère déterminant (et même 100 % des CCAS); la moitié le jugeant même « crucial ». L’écart est conséquent avec les organismes non lucratifs qui ne sont que 55% à considérer que ce facteur éthique est important.

Même si cette donnée est peut-être entachée d’un biais de désirabilité sociale, le degré de concernement des entreprises lucratives pour « l’accès à des usagers ayant peu de ressources » révèle aussi l’ancrage de l’aide à domicile dans l’économie du care où les rapports marchands sont encastrés de façon très complexe dans des relations interindividuelles, des rapports sociaux et politiques où l’éthique (individuelle et collective) joue un rôle important.

Tableau 7. Proportion d’organismes jugeant l’accès universel au service comme critère déterminant dans la formation des prix

CCAS Associations Entreprises

100 %* 87 % 55 %

*Chiffre corrigé à 100 % après recoupement des données mettant en doute la cohérence des réponses d’un organisme.

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

3.2. DES NORMES ET RÈGLES VARIABLES

La contrainte des normes et règles est multiforme et délicate à saisir. Elle agit conjointement avec un ensemble d’éléments contextuels qui constitue en quelque sorte l’environnement de l’organisme. Dans le secteur de l’aide à domicile, l’introduction de règles, normes, et labels a jalonné l’histoire du secteur, et a complexifié non seulement son analyse et son interprétation, mais surtout a complexifié le jeu des acteurs.Comment les logiques institutionnelles et plus particulièrement le cadre tarifaire est intégré par les organismes dans la formation de leurs prix ? Quelle est l’ampleur des déterminants des prix relevant des logiques institutionnelles par rapport à d’autres logiques, par exemple internes ?

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Le graphique 14 montre que lorsque la contrainte relève des règles et normes, elle est moins déterminante dans la formation des prix que semble l’être la contrainte interne. Les coûts et l’éthique semblent être plus décisifs dans cette formation, tandis que les tarifs administrés et les tarifs de référence agissent comme une contrainte plus diffuse. La contrainte interne est la plus importante aux yeux des organismes de services. Bien sûr, les logiques internes s’insèrent nécessairement dans un environnement, car l’organisme n’est pas un îlot de production isolé (cela est vrai de toute entreprise, et peut être plus vrai encore dans ce secteur). Mais si les organismes peuvent parfois s’accommoder de la contrainte des normes et règles, ils semblent plus contraints encore par les exigences internes.

Graphique 14. Répartition des organismes selon le caractère déterminant du facteur cité

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

Alors que la logique de coûts (coût réel de l’intervention au domicile, coût de fonctionnement général de l’organisme) s’impose à tous les organismes avec la même acuité, on observe à l’inverse des disparités très sensibles dans le poids qu’exerce la contrainte institutionnelle dans les décisions tarifaires. Des écarts interdépartementaux sont ainsi aisément repérables : le Pas-de-Calais semble beaucoup plus sensible à la contrainte institutionnelle que le Nord. Que l’on prenne en compte les tarifs administrés ou les tarifs de référence, et quel que soit le financeur, les organismes du Pas-de-Calais déclarent plus souvent le cadre institutionnel, en particulier les conventionnements ou les tarifs de référence….) comme déterminant dans la fixation de ses prix que leurs homologues du Nord.Malgré les écarts interdépartementaux et conformément aux attentes, les tarifs administrés qui entrent dans le cadre des conventionnements avec les financeurs sont beaucoup plus structurants pour la formation des prix, que les tarifs de référence. C’est du côté des tarifs de référence que les résultats sont les plus surprenants. Ainsi, le tarif de référence du Conseil général est jugé déterminant pour près des trois quarts des organismes du Pas-de-Calais, avec un écart de près de 40 points par rapport au département du Nord. Le tarif de référence de la CNAV est également très différemment pris en compte entre organismes du Nord et du Pas-de-Calais (près de 30 points d’écart).

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Graphique 15. Importance des facteurs externes de détermination des prix selon le département

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

Les organismes à but non lucratif sont également plus sensibles aux contraintes institutionnelles que les organismes à but lucratif. Cela est peu surprenant et est lié à la faible proportion d’organismes privés lucratifs dans le champ de l’autorisation 30. Seul le tarif de référence du Conseil général est pris en compte de façon significative pas les entreprises lucratives.

Graphique 16. Importance des facteurs externes dans la détermination des prix selon le caractère lucratif

de l’organisme

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

Le poids du cadre tarifaire est enfin très sensible au champ d’activité dans lesquels se positionnent les organismes. Du côté des autorisés, le conventionnement du Conseil général (et donc le tarif individualisé) est un déterminant comparable au coût de production puisque près de 9 autorisés sur 10 le jugent déterminant. A l’inverse, les organismes ne bénéficiant que de l’agrément simple ne semblent pas se référer aux différents tarifs en vigueur. Pour ce qui est des organismes bénéficiaires d’un agrément qualité, les tarifs de référence sont jugés déterminants par plus de la moitié d’entre eux.

30 On rappelle que, dans l’échantillon, 6% des autorisés sont des organismes lucratifs dans le Nord et 3% dans le Pas-de-Calais.

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Graphique 17. Importance des facteurs externes de détermination des prix selon l’agrément

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

Ces résultats permettent d’émettre l’hypothèse d’un désencastrement tarifaire d’une partie de l’activité de l’aide à domicile. Si l’hypothèse d’un ancrage des prix sur les tarifs paraît justifiée dans l’ensemble, cet ancrage est plus ou moins lâche selon le contexte dans lequel s’inscrit l’activité. Lorsqu’on demande aux organismes de s’exprimer sur leur sentiment de liberté tarifaire, leurs réponses corroborent les résultats précédemment exposés. Tandis qu’environ 30 % de l’ensemble des organismes déclarent pouvoir augmenter leurs prix, cette proportion atteint 53 % pour les agréés simples. A la question « pouvez-vous augmentez vos prix ? », le « non » ferme est, en outre, sensiblement plus important dans le Pas-de-Calais (58 % contre 42% dans le Nord).

Les trois facteurs de modération des prix les plus souvent cités sont le Conventionnement du conseil général (69 %), le conventionnement de la Carsat (58 %) et le risque de perte d’activité lié à la concurrence (52 %).

3.3. ARTICULATION DES CONTRAINTES ET CONFLIT DES LOGIQUES

Les producteurs de services d’aide à domicile sont donc pris en tenaille entre leurs contraintes internes d’ordre éthique et financière et les contraintes, plus externes, liées au cadre réglementaire et tarifaire du champ. Les organismes poursuivent leur projet entrepreneurial tel des funambules le long d’un équilibre précaire entre ces deux contraintes. L’équilibre peut s’effondrer lorsque la logique qui sous-tend le cadre tarifaire entre en conflit trop aigüe avec la logique de coûts de l’organisme. Si l’organisme n’est pas en mesure de faire valoir ses coûts dans la co-construction des tarifs, seule une réorganisation interne de son modèle productif peut lui permettre de retrouver l’équilibre, cela passant nécessairement par une révision du projet entrepreneurial.

Cette délicate articulation des contraintes et cette confrontation des logiques, accentuées par les contradictions des lois de 2002 et 2005, ont été soulignées par les usagers et professionnels du secteur lors de la table ronde de décembre 2009 sur le financement de l’aide à domicile (conduisant à la présentation du rapport Rosso-Debord en 2010). Selon les professionnels du secteur, les efforts fournis par les organismes à la demande des régulateurs n’ont pas été suivis par les financements nécessaires dans un contexte de maîtrise des dépenses publiques.

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Derrière le cadre tarifaire se pose en fait la question du financement du secteur, car le prix fixe le montant des recettes. Par la tarification administrée, la collectivité finance directement l’activité des producteurs autorisés et, par la tarification de référence, elle finance une partie de l’activité de façon indirecte. En 2008, le secteur a bénéficié de près de 4,7 milliards d’euros à travers les différents systèmes de prise en charge 31 (action sociale de la Cnaf et de la CNAV, APA et PCH versées par le département).

Graphique 18. Poids des différents systèmes de prise en charge dans le financement de l’aide à domicile (en pourcentage du volume global exprimé en euros)

Sources : Calculs à partir des données de 2008 publiées par la Cnav, la Cnaf, l’ADF et la Drees.

Tableau 8. Les montants financiers de l’intervention

Financeur Intervention/prise en charge Volume (2008) (en milliers d’euros)

CAF Aide à domicile (AVS + TISF) 141 906 €

CRAM Aide-ménagère à domicile 228 200 €

CGAPA (destinée à l’aide à dom. = hors

hébergement)3 100 000 €

CG PCH 1 200 000 €

Volume total des prises en charges 4 670 106 €

Sources : Calculs à partir des données de 2008 publiées par la Cnav, la Cnaf, l’ADF et la Drees.

Selon ces calculs, 92% des dépenses transitent par les Conseils généraux. Si l’on ajoute à ces données le fait que les usagers bénéficiant d’une prise en charge comptent pour 76 % de l’activité des organismes, on saisit toute la nécessité que les producteurs ont de concilier la logique de coûts avec cette contrainte externe (cf. graphique 9, page 15). Cela est valable principalement pour les organismes à but non lucratif puisque les entreprises lucratives, rappelons-le, comptent 53 % de leur activité liée à des usagers ne bénéficiant pas de plan d’aide.

31 Selon les calculs effectués à partir des données issues du rapport de la Cour des comptes sur la politique en faveur des services à la personne, des données administratives et comptables de la CNAF, de la CNAV, de l’Assemblée des départements de France, et de la Drees. Si l’on prend en compte les exonérations de cotisations patronales des rémunérations des aides à domicile pour les publics fragiles, c’est plus d’1,5 milliards d’euros qu’il convient d’ajouter.

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26%

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Sans plan d’aide

CRAM

Prise en charge CG

Autres plans d’aide

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3.4. CONCLUSION : ENCASTREMENT TARIFAIRE, MARGES DE MANŒUVRE ET FRAGILITÉ SECTORIELLE

En conclusion, on peut parler d’un ancrage des prix (appliqués aux usagers) sur les tarifs (co-élaborés entre les différents acteurs) même si dans certains cas, l’encastrement tarifaire est plus ou moins fort, notamment en fonction du département et de l’agrément. Ce contexte institutionnel, fait de règles, normes et repères cognitifs structurant pour les prix, reste néanmoins second par rapport à la logique de coût qui apparaît vraiment la base commune de valorisation et de formation du prix.Ces deux contraintes peuvent aussi s’avérer contradictoires. On observe alors deux effets. Certains organismes n’hésitent plus à contourner ou éviter la contrainte que constituent les règles et certains dispositifs de valorisation cognitifs. Des associations du Nord, par exemple, ont décidé d’appliquer des majorations auprès des usagers dans le cadre de la prise en charge de l’aide-ménagère par la Carsat, choisissant ouvertement de se mettre dans l’illégalité vis à vis de la convention signée avec ce financeur. Par cette action collective, les organismes s’affranchissent de la contrainte institutionnelle et cherchent à construire ainsi un rapport de force 32 qui œuvre pour une modification des règles. Les organismes tarifés peuvent également choisir de sortir du cadre de l’autorisation afin de retrouver une liberté tarifaire.

Mais plus généralement, au-delà des crises identitaires qui peuvent survenir de ces restructurations dans un champ marqué par la spécificité des producteurs relevant de l’économie sociale et solidaire, l’intensification des contradictions entre la logique de coûts et le cadre tarifaire qui fixe le niveau de financement des trois quart de l’activité du secteur peut conduire à la fragilisation de tout un secteur d’activité. C’est ce qu’explore la partie suivante.

32 En fait entre l’associatif et l’Etat.

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4. LA FRAGILISATION ÉCONOMIQUE DU SECTEUR DE L’AIDE À DOMICILE

4.1. UN CONTEXTE DE PLUS EN PLUS ALTÉRÉ

4.1.1. Prix et diversité de logiques

Comme on a commencé à l’esquisser dans ce document, la formation des prix dans l’aide à domicile est largement prise en étau entre des logiques institutionnelles, des logiques productives, des logiques d’échange et des logiques éthiques. Dans un contexte de pression concurrentielle généralisée et de maîtrise des finances publiques par l’évolution de la tarification, la construction des prix semble déséquilibrer les acteurs de la production (les associations) en ce que les prix constituent la variable de financement de l’activité. Cette remise en question des équilibres se traduit souvent par une répercussion sur les conditions de travail des salariés (IGAS et IGF, 2010).

4.1.2. Un secteur économiquement menacé

L’aide à domicile est l’une seulement des activités du secteur des «services à la personne ». Ce champ est en fait un ensemble très éclectique (de l’aide à domicile auprès de personnes dépendantes, en passant par le soutien scolaire et le ménage) ainsi nommé depuis la mise en application du plan Borloo dit «de cohésion sociale» (Devetter et al., 2009). En regroupant des activités relevant d’une part de l’action sociale (l’aide à domicile auprès des personnes âgées dépendantes) et, d’autre part, d’un marché lucratif de services pour ménages aisés (les services de ménage, et plus généralement de confort, cible principale du plan Borloo), de nombreux dispositifs publics ont visé à «rationaliser» l’activité indistinctement. C’est le cas lorsque le secteur est invité à accroitre la division du travail sans tenir compte de l’enjeu de la polyvalence inhérente aux activités du domicile, et aux urgences auxquelles les intervenantes doivent souvent faire face dans cette activité spécifique. C’est le cas lorsque le secteur est invité à accroitre les gains de productivité industrialiste, ce qui conduit à réduire les temps d’intervention, sans tenir compte ni des missions des intervenants ni du sens de l’activité, opérant ainsi souvent contre la qualité des prestations.

Les processus de gestion qui ont été mis en œuvre sous couvert de rationalisation ont ainsi souvent mis en danger les associations qui œuvrent dans ce champ, et qui ne fondaient pas leur action sur une logique gestionnaire 33. En effet, cette rationalisation a d’abord rimé avec l’ouverture du marché, invitant les usagers à «choisir leur offre», provoquant une véritable «chalandisation» du social (Chauvière, 2007). Ensuite, par l’extension du chèque emploi-service universel et par la banalisation du recours au «gré à gré» (situation dans laquelle l’usager est son propre employeur, et le salarié est couvert par une convention collective minimaliste), le plan Borloo a stimulé l’emploi direct qui est d’abord caractérisé par son faible cout.

Cet emploi a été laissé en dehors du périmètre de cette recherche portant sur les prix, mais des travaux ont montré que c’est sur les salariés en emploi direct que pèsent les emplois de plus médiocre qualité (Devetter et al., 2009; Lefebvre, 2010). Cette offre de services de gré à gré contribue à aggraver les distorsions dans l’accès aux services. Bien que financeurs de la principale aide sociale du champ (par l’intermédiaire de l’aide personnalisée à l’autonomie), les Conseils généraux n’ont aujourd’hui plus la possibilité de s’opposer au développement d’un certain nombre de ces emplois qui permettent de véhiculer un « prix » plus faible, et sont même souvent sommés par les préfectures de laisser le «libre choix» aux usagers. Dans ces conditions, les associations peinent à faire face à cette concurrence provoquée par cette multiplication d’emplois directs. Elles y répondent en intensifiant la concurrence les unes par rapport aux autres, faisant fi des logiques de coopération, en particulier territoriale, qui ont marqué leur développement antérieur.

33 Voir Florence Jany-Catrice, « Silence on ferme ! », Le Monde, 25 février 2010.

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4.1.3. Des institutions de moins en moins stables ?

La fragilité des organismes est également accentuée par la sédimentation de lois, pas toujours complémentaires, qui ont modifié des règles du jeu à peine mises en place (Gardin, 2008). Donnons-en des exemples.En souhaitant favoriser la professionnalisation des salariés du champ, la loi de modernisation de l’action sociale de 2002 invitait les employeurs à entrer dans des programmes de qualification diplômante de leurs salariés, en particulier en favorisant, souvent par la validation des acquis et de l’expérience, l’accès au diplôme d’Etat d’auxiliaire de vie sociale. Trois ans plus tard, le plan de développement des services à la personne a fragilisé cette logique de professionnalisation diplômante, en centrant son dispositif sur la professionnalisation des structures, et nettement moins sur celle des personnels de service au contact direct des usagers.

En ouvrant largement l’offre des services, y compris relevant de l’action sociale, aux entreprises à but lucratif, l’Etat contribue à segmenter le marché. D’un côté, une demande solvable peut être tentée de recourir à des services plus chers. C’est ce que montrent d’ailleurs les résultats de la partie 3 (différences de prix pour un « même service » entre lucratif et non lucratif), laissant aux CCAS ou aux associations le soin de prendre en charge les plus démunis économiquement. C’est ainsi, notamment dans les associations, tout un équilibre financier qui est fragilisé.

4.2. L’ENQUÊTE QUANTITATIVE RÉGIONALE CONFIRME CETTE ANALYSE

4.2.1. Des différences entre les deux départements

L’enquête confirme largement cette fragilité économique du secteur : 85% des organismes ayant répondu affirment être dans une situation économique fragile (72%) ou très fragile (13%). Les organismes du Nord sont nettement plus touchés (89% des organismes du Nord déclarent être en situation économique fragile ou très fragile) que ceux du Pas-de Calais (75%).

Tableau 9. Situation économique des organismes d’aide à domicile selon le département

Situation économique… Nord Pas-de-Calais Total

Confortable 11% 25% 15%

Fragile 77% 62% 72%

Très fragile 12% 14% 13%

Total 100% 100% 100%

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

4.2.2. Des différences selon le statut ?

Tous les organismes, quel que soit leur statut, sont touchés par cette fragilité économique. Les CCAS affirment être dans la situation la plus fragile. Ils ne sont que 6% à se considérer en situation confortable, contre respectivement 16 et 17% pour les entreprises et associations. Les entreprises à but lucratif et les associations sont dans une situation comparable : dans les deux cas, plus de 8 sur 10 déclarent être dans une situation économique fragile ou très fragile.

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Tableau 10. Situation économique des organismes d’aide à domicile selon le statut de l’organisme

Situation économique… CCAS Associations Entreprises Total

Confortable 7% 17% 16% 15%

Fragile 86% 72% 63% 72%

Très fragile 7% 11% 21% 13%

Total 100% 100% 100% 100%

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

Mais les raisons de cette fragilité sont sans aucun doute différentes. Dans un cas, elles sont le fait d’organismes installés très récemment sur le champ de l’aide à domicile, que ce soit pour de l’aide aux actes essentiels ou pour des activités d’aide-ménagère. Elles ont parfois été incitées à s’installer du fait des différentes campagnes communicationnelles de l’Etat allant dans ce sens, et du caractère promotionnel de manifestations tels que les « salons des services à la personne ». Dans l’autre cas, les associations, acteurs historiques du champ subissent de plein fouet la rationalisation économique qui a pris la forme d’une ouverture intense à la concurrence. Cette rationalisation a accompagné des rhétoriques institutionnelles qui oublient parfois que l’aide aux personnes fragiles et dépendantes ne se décrète pas. Elle s’élabore au contraire dans le temps long de l’ajustement aux besoins identifiés progressivement, adaptés –voire inventés- au fur et à mesure de la perte d’autonomie des personnes. Ces temps d’élaboration, d’ajustement, d’adaptation tâtonnante et d’invention, et qui font la richesse de la relation de service, n’ont justement pas de prix.

Les résultats les plus intéressants sont sans doute ici encore dans le contraste entre les deux départements, lorsqu’on compare la situation statut par statut. Ainsi, alors que près du tiers des associations du Pas-de-Calais affirment être dans une situation confortable, ce n’est le cas que de 9% des associations du Nord. Ces faisceaux d’indices laissent entendre que le modèle économique du territoire du Pas-de-Calais est sans doute moins déséquilibré que celui du Nord.

Graphique 19. La fragilité économique des organismes par département et selon le statut de l’organisme

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90%

100%

CC

AS

Ass

oci

atio

ns

Ent

rep

rise

s

CC

AS

Ass

oci

atio

ns

Ent

rep

rise

s

Nord Pas-de-Calais

Confortable Fragile ou très fragile

Confortable Fragile ou très fragile

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Simple Qualité Autorisation

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33

On retrouve ces contrastes départementaux lorsqu’on observe la variable organisme lucratif vs. non lucratif : 9% des organismes à but non lucratif (ONL) du Nord sont dans une situation confortable contre le quart des ONL du Pas-de-Calais. Cette distinction se retrouve, même si de façon moins nette dans les organismes à but lucratif 34 : 20% d’entre eux sont dans une situation confortable dans le Pas-de-Calais, contre 15% d’entre eux dans le Nord.

4.2.3. Un degré de fragilité différent selon le type de convention de qualité, et le département, qui confirme le poids des régulations territoriales

Le type de convention et de régulation de la qualité ne semble à première vue pas intervenir de manière nette sur la fragilité économique des organismes : les organismes agréés simples tout comme les autorisés sont très majoritairement dans une situation fragile ou très fragile.

Graphique 20. Fragilité économique et conventions de qualité : région Nord-Pas de Calais

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

Mais ici encore, les observations comparées entre départements produisent un contraste important, et confirment le poids des régulations territoriales. Ainsi, 90% des organismes autorisés du Nord sont dans une situation fragile et 3% dans une situation très fragile. Dans le Pas-de-Calais, ces chiffres sont respectivement de 61% et 15%.A contrario, 40% des organismes agréés simples sont dans une situation très fragile dans le Pas-de- Calais, contre seulement 27% dans le Nord.

34 Même s’ils sont peu nombreux dans l’échantillon.

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90%

100%

CC

AS

Ass

oci

atio

ns

Ent

rep

rise

s

CC

AS

Ass

oci

atio

ns

Ent

rep

rise

s

Nord Pas-de-Calais

Confortable Fragile ou très fragile

Confortable Fragile ou très fragile

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Simple Qualité Autorisation

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Tableau 11. La fragilité économique des organismes d’aide à domicile selon le type de convention et le département

Situation économique… Simple Qualité Autorisation Total

NORD

Confortable 9% 18% 7% 11%

Fragile 64% 65% 90% 77%

Très fragile 27% 18% 3% 12%

TOTAL 100% 100% 100% 100%

PAS-DE-CALAIS

Confortable 20% 27% 24% 25%

Fragile 40% 73% 61% 62%

Très fragile 40% 0% 15% 14%

TOTAL 100% 100% 100% 100%

Source : Vatan. Enquête effectuée par nos soins. Janvier-Mai 2010.

4.3. CONCLUSION. UNE FRAGILITÉ ÉCONOMIQUE À L’ÉPREUVE DES RÉGULATIONS NATIONALES

Les fragilités économiques présentées ici sont aggravées par le contexte institutionnel national, dont l’une des grandes caractéristiques –presque antinomique avec le concept même d’institution- est son mouvement permanent (Donzelot, 2008).Au moins trois éléments de contexte constituent, de ce point de vue, des facteurs d’incertitude supplémentaire, et de fragilisation du secteur de l’aide à domicile.La modification des exonérations de cotisations patronales dont bénéficiaient les associations et les structures agréées jusqu’au niveau du salaire minimum (Smic) pourrait également avoir un impact sur les coûts et donc les prix. Selon l’ADMR, cette suppression de l’exonération de cotisations patronales dont bénéficiaient ces organismes pourrait correspondre à un surcoût horaire de 0,50€. De même, les menaces de suppression du crédit d’impôt dont bénéficient certains usagers pourraient aussi avoir un impact sur le niveau des prix dans le secteur.

La directive service 35 ensuite, qui, dans sa transposition par la législation française, a considéré que les services à la personne, agréés simples ET qualité étaient dans le champ de la directive service et donc potentiellement ouverts à la concurrence européenne. Cette décision ne vaut pas pour les organismes autorisés (Uniopss, 2010). Pour mettre la législation nationale en conformité avec la directive service, « le régime de l’agrément qualité est en cours de réforme afin de supprimer les exigences interdites par la directive «services» que sont la condition d’activité exclusive, de forme juridique obligatoire et de siège social sur le territoire national. Enfin, le régime de l’agrément simple va être transformé en régime déclaratif » (Uniopss, 2010 36).Plus largement enfin, comment ne pas considérer que ces fragilités interagissent directement sur le projet de financement de la dépendance. Comme l’énonce de manière tout à fait pertinente Claudine Attias-Donfut 37, chercheur à la CNAV, « les places respectives des assurances privées et de la solidarité nationale sont un des enjeux importants de la réforme de la dépendance. Si les premières étaient privilégiées, un accroissement des inégalités sociales serait à craindre, sans que le problème des dépenses de l’Etat soit résolu pour autant ». Les préconisations du rapport Rosso-Debord (2010), qui achemineraient, si elles étaient retenues, la France vers un modèle de dépendance assuranciel privé, tendent à montrer que ces craintes sont fondées.

35 Cette directive a été adoptée fin 2006 par le Conseil et le Parlement européens. Elle vise à favoriser le libre établissement des opérateurs de services et la libre prestation. Elle devait être transposée en droit national pour le 28 décembre 2009 (Uniopss, 2010).

36 http://www.uniopss.asso.fr/section/unio_detail.html?publicationId=p631265192292764.37 Janvier 2011, « choisir la solidarité sociale », Le Monde.

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Conclusion générale

En sciences sociales, les comparaisons apparaissent souvent comme une heuristique utile pour mettre en relief des profils sectoriels différents, des dynamiques historiques contrastées, des choix institutionnels, et des sentiers de dépendance variés. Les résultats de cette recherche confirment l’intérêt de cette posture comparatiste. Ce rapport souligne en effet que des stratégies différenciées entre départements, notamment dans les politiques d’autorisation du côté de l’offre, et de l’allocation de l’aide personnalisée à l’autonomie du côté de la demande, conduisent à une structuration du marché de l’aide à domicile différente dans les deux départements.Ce sont ces représentations et ces conventions qui conduisent à fabriquer le tarif, dont on a montré l’importance vis-à-vis de tous les prestataires, qu’ils soient privés, ou publics, à but lucratif, ou non lucratif. Les prix pratiqués par ces acteurs sont en effet étroitement insérés dans un contexte institutionnel, dans des règles et des pratiques sociales qui les modèlent. Ils sont également liés à la qualité –conventionnelle, et sans doute négociée- des temps de prestation : le temps du soir, le dimanche, les matins… sont des temps identifiés différemment, valorisés différemment, et ils constituent même souvent l’un des déterminants majeurs dans les variations de prix.Ce rapport met également l’accent sur la présence de contradictions qui tendent à s’accentuer, ce qui rend incertaine la stratégie à suivre pour les acteurs. Ainsi, l’opposition entre une logique de coûts encastrée dans des contraintes internes aux organismes, et le cadre tarifaire qui fixe le niveau de financement du secteur et qui est largement contingenté par un contexte politique de « maitrise des dépenses publiques », conduit à une fragilisation économique de l’ensemble de l’aide à domicile.

Cette fragilité constitue un élément à la fois de conjoncture et structurel. L’enquête montre en effet qu’une grande majorité des acteurs du champ sont dans une situation économique critique ou en tout cas très déséquilibrée, et que ni le statut (CCAS, associations, entreprises privées), ni le type de conventionnement établi avec les départements (agréments simple, qualité, autorisation) ne protège véritablement de ces déséquilibres. Cependant, le département du Nord est nettement plus touché que le Pas-de-Calais. Et il faudrait sans doute approfondir les raisons de ce contraste, en identifiant mieux encore les représentations et les conventions vis-à-vis de l’aide sociale et de la solidarité, de ceux qui fabriquent réellement la décision politique de leur territoire.

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INDEX DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES

Tableau 1. Répartition des organismes répondant selon la nature et le département ........................................... 7

Graphique 1. Répartition régionale des organismes selon le caractère lucratif de l’activité ..................................7

Tableau 2. Répartition régionale des organismes selon le nombre d’intervenants .................................................9

Graphique 2. Répartition des organismes selon l’agrément et volumes horaires réalisés ......................................9

Tableau 3. Quelques caractéristiques des organismes selon le type d’agrément .................................................10

Graphique 3. Répartition départementale des organismes selon et le type d’agrément .....................................10

Graphique 4. Nombre médian d’intervenants selon le département et le type d’agrément ...............................11

Graphique 5. Volume horaire médian réalisé selon le type d’agrément .................................................................12

Graphique 6. Répartition des organismes à but non lucratif dans les trois types d’agrément .............................13

Graphique 7. Répartition des organismes à but lucratif dans les trois types d’agrément .....................................13

Graphique 8. Poids des différents types d’usagers dans la clientèle des organismes répondants ......................15

Graphique 9. Poids des financeurs à travers le type de prise en charge au sein de la clientèle ...........................15

Graphique 10. Schéma de la procédure de tarification ............................................................................................17

Tableau 4. Synthèse régionale des tarifs administrés en vigueur ............................................................................18

Tableau 5. Majorations appliquées aux prix horaires selon le jour d’intervention .................................................19

Graphique 11. Motifs de variation dans la pratique des prix selon les départements ...........................................20

Tableau 6. Motifs de variation dans la pratique des prix pour les organismes autorisés ......................................20

Graphique 12. Prix horaires moyens des interventions selon la nature juridique des organismes

et le département .........................................................................................................................................................21

Graphique 13. Importance des facteurs internes de détermination des prix selon le caractère

lucratif de l’organisme ..................................................................................................................................................23

Tableau 7. Proportion d’organismes jugeant l’accès universel au service comme critère déterminant

dans la formation des prix ...........................................................................................................................................24

Graphique 14. Répartition des organismes selon le caractère déterminant du facteur cité ..................................25

Graphique 15. Importance des facteurs externes de détermination des prix selon le département ...................26

Graphique 16. Importance des facteurs externes dans la détermination des prix selon le caractère

lucratif de l’organisme ..................................................................................................................................................26

Graphique 17. Importance des facteurs externes de détermination des prix selon l’agrément ...........................27

Graphique 18. Poids des différents systèmes de prise en charge dans le financement

de l’aide à domicile (en pourcentage du volume global exprimé en euros) ..........................................................28

Tableau 8. Les montants financiers de l’intervention ................................................................................................28

Tableau 9. Situation économique des organismes d’aide à domicile selon le département ................................31

Tableau 10. Situation économique des organismes d’aide à domicile selon le statut de l’organisme ................32

Graphique 19. La fragilité économique des organismes par département et selon le statut de l’organisme ......32

Graphique 20. Fragilité économique et conventions de qualité : région Nord-Pas de Calais ..............................33

Tableau 11. La fragilité économique des organismes d’aide à domicile selon le type de convention

et le département .........................................................................................................................................................34

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NOTES

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Direccte Nord - Pas-de-Calais

Document réalisé par la Mission Synthèse de la Direccte Nord - Pas-de-Calais

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