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Les phytomédicaments âyurvédiques G. Mazars Institut d’Histoire des Sciences, Université Louis Pasteur, 7, rue de l’Université, 67000 Strasbourg, France, e-mail : [email protected] Résumé : Parmi les médicaments utilisés en Inde au cours des siècles, ceux à base de plantes ont été les plus nombreux. La plus répandue des médecines traditionnelles de l’Inde, la médecine âyurvédique a utilisé plus de 3 000 espèces végé- tales, dont un bon millier entre dans la composition des remèdes encore prescrits de nos jours. À l’origine, ces médi- caments étaient généralement préparés par les tradiprati- ciens eux-mêmes. Aujourd’hui, beaucoup de préparations ancestrales sont produites à grande échelle par des firmes spécialisées et commercialisées dans toute l’Inde. Certaines ont même fait leur apparition sur des marchés étrangers. Le recensement et l’identification de la plupart des plantes utili- sées pour la préparation des remèdes décrits dans l’ancienne littérature médicale sanskrite ont été achevés dans les années 1970. En outre, certains laboratoires proposent de nouveaux médicaments âyurvédiques, mieux adaptés à la demande actuelle. La production et la mise sur le marché des médicaments traditionnels sont réglementées. L’évolution économique de l’Inde rend actuellement indispensable le recours à ces phytomédicaments qui intéressent aussi les scientifiques occidentaux. Mots-clés : Âyurveda, phytomédicament, plantes médicinales de l’Inde Abstract: The largest number of drugs recommended by Âyurveda are plant-based. In the course of the centuries, Âyurvedic medicine has used more than 3000 plant species, of which a good thousand still enter into the composition of the remedies prescribed today. Originally, these drugs were generally prepared by the traditional practitioners them- selves. Many preparations are currently produced and com- mercialised on a large scale and have even made their appea- rance in markets outside India. The cataloguing and identifi- cation of most of the plants used for the preparation of the remedies described in the ancient medical literature was completed in the seventies. Moreover, some laboratories have put on the market new Âyurvedic drugs better suited to the current demand. The production and sale of traditional drugs are regulated. The state of economic evolution of India at present makes the use of these plant-based medicines a necessity. They are also of interest to western scientists. Keywords: Âyurveda, plant-based medicine, medicinal plants of India Introduction En Inde, loin d’avoir disparu devant les succès de la méde- cine moderne introduite par les Européens, les médecines traditionnelles sont encore largement pratiquées. Depuis l’indépendance, en 1947, le gouvernement central et les gouvernements des États de l’Union indienne, reconnaissant les services rendus par les médecines traditionnelles, leur ont donné un nouvel essor. L’enseignement et la pra- tique en ont été réglemen- tés. Des collèges et des facultés de médecine tradi- tionnelle ont été fondés, ainsi que des centres de recherche [21]. La plus répandue de ces méde- cines, la plus célèbre aussi, relève de l’Âyurveda, le « Savoir (veda) sur la lon- Phytothérapie (2003) Numéro 6: 162-168 © Springer-Verlag 2003 Article original Publications du Central Council for Research in Ayurveda and Siddha (cliché G. Mazars) Ce texte a été préparé pour le 5e Symposium International d’Aromathérapie et Plantes Médicinales (Grasse, France, 21-23 mars 2003).

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Les phytomédicaments âyurvédiques

G. Mazars

Institut d’Histoire des Sciences, Université Louis Pasteur, 7, rue de l’Université, 67000 Strasbourg, France,e-mail : [email protected]

Résumé : Parmi les médicaments utilisés en Inde au cours dessiècles, ceux à base de plantes ont été les plus nombreux. Laplus répandue des médecines traditionnelles de l’Inde, lamédecine âyurvédique a utilisé plus de 3 000 espèces végé-tales, dont un bon millier entre dans la composition desremèdes encore prescrits de nos jours. À l’origine, ces médi-caments étaient généralement préparés par les tradiprati-ciens eux-mêmes. Aujourd’hui, beaucoup de préparationsancestrales sont produites à grande échelle par des firmesspécialisées et commercialisées dans toute l’Inde. Certainesont même fait leur apparition sur des marchés étrangers. Lerecensement et l’identification de la plupart des plantes utili-sées pour la préparation des remèdes décrits dans l’anciennelittérature médicale sanskrite ont été achevés dans lesannées 1970. En outre, certains laboratoires proposent denouveaux médicaments âyurvédiques, mieux adaptés à lademande actuelle. La production et la mise sur le marché desmédicaments traditionnels sont réglementées. L’évolutionéconomique de l’Inde rend actuellement indispensable lerecours à ces phytomédicaments qui intéressent aussi lesscientifiques occidentaux.

Mots-clés : Âyurveda, phytomédicament, plantes médicinalesde l’Inde

Abstract: The largest number of drugs recommended byÂyurveda are plant-based. In the course of the centuries,Âyurvedic medicine has used more than 3000 plant species,of which a good thousand still enter into the composition ofthe remedies prescribed today. Originally, these drugs weregenerally prepared by the traditional practitioners them-selves. Many preparations are currently produced and com-mercialised on a large scale and have even made their appea-

rance in markets outside India. The cataloguing and identifi-cation of most of the plants used for the preparation of theremedies described in the ancient medical literature wascompleted in the seventies. Moreover, some laboratorieshave put on the market new Âyurvedic drugs better suited tothe current demand. The production and sale of traditionaldrugs are regulated. The state of economic evolution of Indiaat present makes the use of these plant-based medicines anecessity. They are also of interest to western scientists.

Keywords: Âyurveda, plant-based medicine, medicinal plantsof India

IntroductionEn Inde, loin d’avoir disparu devant les succès de la méde-cine moderne introduite par les Européens, les médecinestraditionnelles sont encore largement pratiquées. Depuis

l’indépendance, en 1947, legouvernement central etles gouvernements desÉtats de l’Union indienne,reconnaissant les servicesrendus par les médecinestraditionnelles, leur ontdonné un nouvel essor.L’enseignement et la pra-tique en ont été réglemen-tés. Des collèges et desfacultés de médecine tradi-tionnelle ont été fondés,ainsi que des centres derecherche [21]. La plusrépandue de ces méde-cines, la plus célèbre aussi,relève de l’Âyurveda, le« Savoir (veda) sur la lon-

Phytothérapie (2003) Numéro 6: 162-168© Springer-Verlag 2003

Article original

Publications du Central Council for Research in Ayurveda and Siddha (cliché G. Mazars)

Ce texte a été préparé pour le 5e Symposium International d’Aromathérapie etPlantes Médicinales (Grasse, France, 21-23 mars 2003).

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souffle, la chaleur animale, les liquides et les parties solides).Ces éléments, par leurs combinaisons, forment les sub-stances différenciées de l’organisme [13]. L’ensemble destransformations subies par ces substances est réglé par le jeuet l’équilibre du vent, du feu et de l’eau, présents et actifsdans le corps sous la forme de trois principes vitaux. Le« vent » organique est représenté par le « souffle vital » ouprâna, qui joue aussi un rôle très important dans les concep-tions et les pratiques du yoga. Le « feu » est représenté par unprincipe qui se collecte surtout sous la forme de la « bile » oupitta. L’eau se trouve sous la forme d’un principe commun àtoutes les sérosités et sécrétions corporelles, le « phlegme »ou kapha. Leur action concourt à un processus complexe etautonome d’équilibration qui maintient l’organisme en vieet en bonne santé [9, 13, 34]. Ces idées indiennes sont trèsproches de la notion moderne d’homéostasie. Tant que le« vent », la « bile » et le « phlegme » sont en équilibre, l’indi-vidu reste en bonne santé. Mais lorsque l’un de ces principesest excité ou, au contraire, quand son action diminue ou s’ar-rête, la maladie survient. C’est pourquoi, on a aussi donné àcette triade d’éléments vitaux le nom de tri-dosha, les « troistroubles ». L’altération d’un seul de ces éléments ou seule-ment de l’une de ses formes secondaires peut déclencher unemaladie en raison des dérangements entraînés dans le fonc-tionnement des autres. Souvent deux d’entre eux ou mêmeles trois sont simultanément mis en cause, à des degrésdivers, dans la production des maladies [16, 26]. Les doshapeuvent à leur tour affecter les autres constituants orga-niques, les articulations, le système vasculaire, etc., le désé-quilibre des uns entraînant le déséquilibre des autres. Lesperturbations dans les fonctions du « vent », de la « bile » etdu « phlegme » sont elles-mêmes rapportées à des causesappelées nidâna qui sont recherchées principalement dans lecomportement du malade et son régime alimentaire. L’objec-tif général de la phytothérapie âyurvédique est de rétablirl’équilibre des principes vitaux lorsqu’il est rompu. Pour yparvenir, les médecins indiens ont élaboré des milliers deremèdes à base de plantes, échafaudant des théories pourexpliquer les effets des substances naturelles sur l’orga-nisme. Ils ont établi des rapports entre les principes vitaux etles propriétés sensibles des simples telles que leur odeur, leurcouleur et surtout leur « saveur » (rasa). Ils ont aussi établides relations entre la dose et l’effet, observé des interactionsmédicamenteuses et noté les effets indésirables de certainessubstances [4]. D’après l’Âyurveda, il existe six saveurs : lesucré, l’acide, le salé, le piquant, l’amer et l’astringent [20].Pendant longtemps, la physiologie moderne n’en a reconnuque quatre (sucré, acide, salé et amer), mais on ne s’était pasavisé de vérifier expérimentalement leur caractère primaire.En fait, nous savons aujourd’hui qu’il n’existe pas de saveurfondamentale [11]. De son côté, l’Âyurveda ne prétend pasqu’il existe des substances ne possédant qu’une seule saveur.Lorsqu’il est question de la saveur d’une substance, il s’agitde la saveur qui est considérée comme prédominante. Parexemple, Terminalia chebula Retz. possède cinq saveurs(pañca-rasa), mais c’est l’astringent qui prédomine [35]. Les

Petit recueil de traitements âyurvédiques (cliché G. Mazars)

gévité (âyur) », dont les principales théories étaient déjàfixées il y a près de deux millénaires [18]. Elles sont exposéesdans des traités médicaux sanskrits du début de l’ère chré-tienne qui nous offrent un système d’interprétation rudi-mentaire mais rationnel de la constitution du corps, desfonctions vitales et des maladies, selon une approche holis-tique de l’homme englobant toutes les manifestations soma-tiques et psychiques [13]. La médecine âyurvédique a fait unlarge usage de remèdes à base de plantes dont la réputation,dès l’Antiquité, avait gagné la Grèce, l’Empire romain et unebonne partie de l’Asie [12]. C’est dire que la phytothérapieâyurvédique a une longue histoire [21]. Au cours des siècles,elle a utilisé plus de 3 000 espèces végétales dont un bonmillier entre dans la composition des remèdes encore pres-crits de nos jours. À l’origine, ces médicaments étaient géné-ralement préparés par les tradipraticiens eux-mêmes.Aujourd’hui, beaucoup de phytomédicaments âyurvédiquessont produits à grande échelle par des firmes spécialisées etcommercialisées dans toute l’Inde. Certaines ont même faitleur apparition sur des marchés étrangers.

Les bases de la phytothérapie âyurvédiqueLa phytothérapie âyurvédique est basée sur des représenta-tions et des théories qui sont très anciennes [23]. D’après lesenseignements de l’Âyurveda, la matière du corps humain,comme tout ce qui existe dans l’univers, est constituée parcinq éléments : le vide, le vent, le feu, l’eau et la terre (repré-sentés respectivement par le vide des organes creux, le

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saveurs complexes de la plupart des substances sont inter-prétées comme des combinaisons de plusieurs saveurs debase. La médecine âyurvédique enseigne que les substancesà saveur sucrée, acide ou salée apaisent le « vent » mais irri-tent le « phlegme ». Au contraire, celles qui sont piquantes,amères ou astringentes combattent les effets nocifs du« phlegme » mais excitent le « vent ». Quant à l’activité de la« bile », elle est réduite par des substances sucrées, amères ouastringentes et augmentée par des substances acides, saléesou piquantes [20]. C’est la saveur sucrée qui apparaît commela plus importante, car on a considéré qu’elle favorisait lalongévité. Mais un excès de remèdes ou d’aliments de saveursucrée, en perturbant le « phlegme », provoque l’obésité,favorise la paresse, affaiblit le pouvoir de digestion etentraîne toutes sortes de maladies. Constatant que des ali-ments et des remèdes ne provoquaient pas les effets annon-cés par la théorie des saveurs, les médecins indiens de l’Anti-quité ont recherché d’autres explications pour rendrecompte des propriétés de toutes les substances. Ils ont étéainsi conduits à établir pour chaque substance : 1) son effet« post-digestif » (vipâka, littéralement « après cuisson » –par le « feu digestif »), qui découle de sa saveur ; 2) sa « qua-lité » (guna) ; 3) sa « potentialité » (vîrya). Enfin, pour expli-quer les exceptions à ces règles, on a abouti à la notion deprabhâva ou « action spécifique ». En ce qui concerne la« potentialité », par exemple, la pharmacologie âyurvédiqueprend en considération les qualités thermiques des alimentset des remèdes. Ainsi, les plantes médicinales sont caractéri-sées comme « froides » ou « chaudes », selon la sensationqu’elles provoquent lorsqu’on les absorbe. Ces différentesconceptions ont conditionné les modalités de choix, derecommandation et de préparation des remèdes. Parexemple, les substances à saveur sucrée sont recommandéespour la préparation de remèdes destinés à combattre l’asthé-nie, les troubles du « vent » et de la « bile ». Les substancesacides ont pour principales indications les maladies du« vent », la perte d’appétit, les dyspepsies. Les ingrédientssalés ont les mêmes indications. Les substances piquantes etamères entrent dans la composition de médicaments contreles troubles du « phlegme » et du « vent », l’obésité, les affec-tions respiratoires, les maladies de peau... Les remèdes âyur-védiques doivent être administrés dans un certain ordre, sui-vant leur saveur prédominante et les dosha affectés. En casde trouble du « vent », on doit d’abord prescrire des remèdessalés, puis acides et enfin sucrés. Si c’est la « bile » qui estaffectée, les médicaments sont à administrer dans l’ordresuivant : amers, sucrés, astringents. Enfin, en cas de dérange-ment du « phlegme », on utilisera des remèdes piquants,amers, puis astringents [35].

La valeur des conceptions âyurvédiquesLes observations des théoriciens de l’Âyurveda sur lessaveurs ne manquent pas d’intérêt car cela les a pratique-ment conduits à classer les substances suivant leurs proprié-tés chimiques. L’exemple le plus simple est celui des sub-

stances à saveur acide. Ce sont des acides au point de vuechimique. Certes tous les acides n’ont pas un goût acide.Ainsi, l’acide salicylique est sucré. L’acide picrique est amer.D’autres n’ont pas de saveur particulière. Mais, d’une façongénérale, c’est bien la fonction chimique qui est la cause del’acidité de la saveur. Pour la saveur salée, c’est déjà pluscomplexe. Tous les corps salés sont des sels, mais tous les selsne sont pas salés et, à l’exception du chlorure de sodium, ilspeuvent être à la fois salés et sucrés, salés et amers, seule-ment sucrés ou amers. Cela permet de comprendre pourquoiil n’a pas été possible aux théoriciens de l’Âyurveda d’expli-quer toutes les propriétés des substances sur la seule base deleurs saveurs. Ce qui les a amenés à concevoir d’autres expli-cations pour interpréter des effets de certaines substances,différents de ceux annoncés par leur théorie des saveurs.Mais l’ensemble des règles qu’ils sont parvenus à établir, avecleurs exceptions, a abouti à un système de classement et desélection des substances naturelles qui constitue en fait une« chimiotaxinomie ». Dans le système de la pharmacognosieâyurvédique, la notion de « saveur » a donc joué un rôlecomparable à celui des « principes actifs » dans la pharma-cognosie moderne. On sait que l’action d’une drogue ne seramène jamais à celle de son constituant actif principal etque, d’autre part, à côté des « principes actifs », il existe dessubstances dites « adjuvantes » qui peuvent en renforcer l’ac-tion, la prolonger et la modifier. Parfois aussi, il existe unvéritable « antagonisme » entre les constituants d’une mêmeplante [28]. La pharmacognosie âyurvédique est parvenue àdes constats du même ordre. Aujourd’hui encore, c’est en sefondant sur leurs saveurs que le praticien de l’Âyurvedacombine les différents ingrédients d’un remède, de manièreà contrebalancer, accroître ou prolonger les effets des unspar les propriétés des autres.

Tradipraticien de l’Âyurveda donnant des instructions pour la confection d’un remède(cliché G. Mazars)

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Les spécialités âyurvédiques sur le marchéDans le passé, les remèdes âyurvédiques étaient préparés parles tradipraticiens. Mais au cours des dernières décennies,des préparations prêtes à l’emploi ont été mises sur le mar-ché. On peut se procurer ces préparations dans des bou-tiques spécialisées ou dans des pharmacies. En 2001, il y avaiten Inde environ 7 000 fabricants de produits âyurvédiques,depuis les toutes petites entreprises, les plus nombreuses, neproposant qu’un seul produit, jusqu’aux grandes firmes, enpetit nombre, pouvant produire des dizaines de spécialités.Moins de 200 seulement étaient regroupées au sein del’Ayurvedic Drug Manufacturing Association (ADMA) [1]. Laproduction des médicaments traditionnels est réglementée.Elle est soumise au « Drugs and Cosmetics Act » de 1940 etaux « Drugs and Cosmetics Rules » de 1945 et à leurs amen-dements plus récents, au même titre que les médicamentsmodernes. Depuis 1964, il faut obtenir une licence pourfabriquer un médicament traditionnel. À partir de 1970, lecontrôle des licences a été renforcé. Le numéro de licenceainsi que la composition du médicament et la posologie doi-vent figurer sur l’emballage. Il y a actuellement deux typesde phytomédicaments âyurvédiques sur le marché : des

Un détaillant de spécialités âyurvédiques dans un quartier de Delhi (cliché G. Mazars)

Préparation de remèdes traditionnels dans un dispensaire âyurvédique (cliché G. Mazars)

médicaments classiques et des spécialités modernes. Lespremiers sont ceux dont la préparation est décrite dans lesanciens traités médicaux sanskrits. Ils ont gardé les nomssanskrits sous lesquels ils ont été transmis par la tradition.Leurs recettes sont dans le domaine public et tout labora-toire peut en produire. Il y avait par exemple, en 2001,25 compagnies qui fabriquaient la fameuse « poudre destrois fruits » (triphalacûrna) qui est un mélange des poudres(cûrna) des fruits séchés des trois myrobalans : Emblica offi-cinalis Gaertn., Terminalia chebula Retz. et Terminalia belli-rica Roxb. [7]. Les formules et les modes de préparation deces remèdes âyurvédiques sont complexes, avec diversesmodalités d’extraction et de concentration des substancesmédicinales à l’aide de solvants variés. On a dénombré desmilliers de recettes. Leur multiplication au cours de l’histoirepeut s’expliquer par l’étendue de la période d’élaboration del’Âyurveda, par la multiplicité des lieux d’élaboration, sansdoute aussi par le manque d’efficacité de certaines d’entreelles qui a poussé les médecins indiens à en rechercherconstamment de plus actives, tout en conservant les for-mules anciennes jugées efficaces. Ces préparations sontregroupées en quatre grandes catégories : les « extraits »(kashâya), les préparations à base de corps gras, les produitsde fermentation, et une quatrième catégorie qui regroupetous les autres types de préparations. Sont rangés parmi les« extraits » : les sucs et jus de plantes fraîches, les poudres etpâtes, les décoctions, les macérations, les infusions. Ladeuxième catégorie de préparations comprend les remèdespréparés avec des huiles végétales ou des graisses animales,dans lesquelles sont mis à cuire divers mélanges de plantes.Quant aux préparations fermentées, elles sont de deuxsortes. Les unes, appelées âsava, sont obtenues en laissantfermenter des plantes médicinales dans de l’eau. Les autres,dénommées arishta, sont obtenues par fermentation dedécoctions. La dernière catégorie de préparations regroupeles confections, les pilules, les sirops, les alcalis, etc. Avantd’être administrés ou incorporés dans un mélange, certainsingrédients, notamment des plantes toxiques comme l’aco-nit, doivent faire l’objet d’un traitement spécial destiné àréduire ou à éliminer leurs effets indésirables [19]. En dehors

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des préparations aqueuses, l’excipient habituel est l’huile oule beurre clarifié. Quant aux modes d’administration de cesremèdes, ils dépendent de la nature du médicament et/ou dela localisation du mal. À côté des remèdes âyurvédiques clas-siques, des laboratoires produisent de plus en plus de spécia-lités âyurvédiques nouvelles mieux adaptées à la demandeactuelle. La législation en garantit l’exclusivité aux labora-toires qui les commercialisent sous des appellations à conso-nance moderne. Elles sont aussi préparées avec de nom-breuses plantes [31]. Pour donner un exemple, une formulede dragées contre les hémorroïdes ne comprend pas moinsde quinze ingrédients d’origine végétale, d’après les indica-tions fournies par le fabricant : Balsamodendron mukulHook. ex Stocks, Melia azedarach L., extraits de Berberis ari-stata DC., Phyllanthus emblica L., Terminalia chebula Retz.,Terminalia belerica Roxb., Arisaema wallichianum, Cassiafistula L., Bauhinia variegata L., préparés dans des jus etdécoctions de Commelina salicifolia Roxb., Mimosapudica L., Acorus calamus L., Blumea lacera DC., Caesalpiniabonducella Fleming, Amorphophallus campanulatus Blume[19, 22]. Parmi les préparations réservées à l’usage externe,on peut citer une pommade contre les entorses et les fou-lures, utilisée aussi bien en médecine humaine que chez lesanimaux [23]. Elle est préparée avec des huiles extraites desplantes suivantes : Abrus precatorius L., Acorus calamus L.,Celastrus paniculatus Willd., Hyoscyamus niger L., Moringaoleifera Lam., Nardostachys jatamansi D.C., Ocimum sanc-tum L., Saussurea lappa C.B. Clarke, Vitex negundo L. À ceshuiles sont ajoutés des extraits de sept autres plantes : Ana-cyclus pyrethrum D.C., Colchicum luteum Baker, Curcumaamada Roxb., Gloriosa superba L., Litsea sebifera Pers.,Myrica nagi Thunb., Nerium odorum Sol.

Les remèdes âyurvédiques populaires

Dans les familles indiennes, les propriétés de certainesplantes médicinales sont bien connues et elles sont utiliséescorrectement dans des cas banals où les soins d’un médecin

Spécialités âyurvédiques produites par différents laboratoires indiens (cliché G. Mazars)

ne sont pas nécessaires [10, 27]. Pour combattre la dysente-rie, par exemple, on utilise l’écorce d’Holarrhena antidysen-terica (Roxb.) Wall. (Apocynaceae). Elle est réduite enpoudre et prescrite à raison d’une cuillerée à café trois foispar jour. Elle est aussi employée en décoction. On saitaujourd’hui que le principe actif de cette plante est un alca-loïde à propriétés antiamibiennes, la conessine, qui s’estrévélé toxique pour certains protozoaires responsables desdysenteries. Il a également des propriétés anthelminthiques,notamment vis-à-vis des oxyures [29]. Les diarrhées infan-tiles sont traitées avec différentes plantes. La plus communé-ment utilisée est Cyperus rotundus L. (Cyperaceae). On enutilise la racine frottée sur une pierre jusqu’à l’obtentiond’une pâte. La dose recommandée est d’environ 130 mg, troisou quatre fois par jour. Les parasites intestinaux sont com-battus avec un mélange de graines d’Embelia ribes Burm.f.(Myrsinaceae) et Butea monosperma (Lam.) Taub. (Papilio-naceae) réduites en poudre. On doit en prendre une cuilleréeà café trois fois par jour avec une tasse d’eau chaude [10]. Lajaunisse est traitée avec un mélange de racines d’Operculinaturpethum (L.) A. Silva Manso (Convolvulaceae) et de rhi-zome de Picrorhiza kurroa Royle ex Benth. (Scrophularia-ceae) réduits en poudre. La dose est d’une à deux cuillerées àcafé deux fois par jour dans une tasse d’eau chaude. Un autreremède efficace est le jus de Phyllanthus amarus Schum. &Thonn. (Euphorbiaceae) à raison d’une cuillerée à café troisfois par jour. Les hématuries et les lithiases des voies uri-naires sont souvent soignées par des décoctions de Tribulusterrestris L.(Zygophyllaceae) [10, 36]. Les épices, qui ont faitla renommée de l’Inde et qui ont un rôle très important dansla cuisine indienne, ont aussi leur place dans la phytothéra-pie âyurvédique. Elles entrent notamment dans la composi-tion de remèdes contre les affections de l’appareil digestif[22]. Le traitement le plus simple de la bronchite consiste àprendre une cuillerée à café de Curcuma longa L. dans unetasse de lait, deux à trois fois par jour. En cas de bronchitechronique, on utilise le jus des feuilles d’Adhatoda vasicaNees à la dose de 2 cuillerées à café trois fois par jour. Leremède populaire le plus courant contre l’insomnie est unebanane mûre écrasée avec une cuillerée à café de poudre degraines de cumin qu’on a fait revenir dans de l’huile, àprendre avant de se coucher [10].

Les phytomédicaments âyurvédiques et la recherche scientifiqueL’évolution économique de l’Inde rend actuellement indis-pensable le recours à la phytothérapie âyurvédique car il y atrop peu de praticiens de la médecine moderne en dehorsdes grandes villes. D’autre part, l’exploitation judicieuse desressources de la pharmacopée traditionnelle contribue àréduire la charge financière qu’imposent à l’Inde les impor-tations de produits pharmaceutiques coûteux. C’est pour-quoi les recherches sur les plantes médicinales se poursui-vent et s’intensifient. D’après les nombreuses études cli-niques réalisées en Inde, les phytomédicaments âyurvé-

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diques anciens et modernes seraient très efficaces. Mais ladétermination des principes actifs des préparations âyurvé-diques, par les méthodes de la pharmacologie moderne, seheurte à des difficultés qui résultent de la complexité de cesremèdes. En effet, la plupart des spécialités âyurvédiquescomporte souvent plusieurs dizaines d’ingrédients. De plus,une même préparation peut être utilisée contre des affec-tions très différentes. Il n’est pas facile, dans ces conditions,de déterminer exactement les indications thérapeutiques dechaque ingrédient et d’en apprécier les effets possibles.Cependant, certaines plantes sont plus souvent indiquéespour une même affection ou contre des maladies se tradui-sant par des symptômes voisins. On peut alors leur supposerune action propre relativement spécifique qu’il reste àconfirmer par des études en laboratoire. Les plantes utiliséesont été étudiées et leurs principes actifs sont connus [3, 5, 6].Parmi les premiers travaux, il convient de rappeler ceuxconsacrés à Rauwolfia serpentina (L.) Benth. ex Kurz. (Apo-cynaceae) et qui aboutirent à la découverte de la réserpine[30]. Le recensement et l’identification de la plupart desplantes utilisées pour la préparation des remèdes décritsdans l’ancienne littérature médicale sanskrite ont été ache-vés dans les années 1970. Parallèlement on en a entreprisl’étude chimique. En Inde, c’est l’activité essentielle du« Central Drug Research Institute » de Lucknow où ont déjàété étudiées plus de 3 000 espèces végétales. Plusieurs cen-taines se sont révélées actives. Par exemple, une activité car-diovasculaire a pu être mise en évidence chez Calotropis pro-cera (Ait.) R. Br., une plante de la famille des Asclépiadacéesmentionnée de nombreuses fois dans les plus anciens traitésmédicaux sanskrits. La médecine traditionnelle de l’Inde enutilise les fleurs et les feuilles en application sur les blessureset contre les inflammations. Elles entrent aussi dans des pré-parations contre la jaunisse et différentes affections quel’Âyurveda range parmi les « troubles du sang ». Plusieursautres espèces, dont Colchicum luteum Baker (une Liliacée),présenteraient une activité anticancéreuse. Chez d’autresplantes, comme Aristolochia bracteata Retz (famille des Aris-tolochiacées), c’est une activité spasmolytique qui a pu êtremise en évidence. On utilise la plante entière à laquelle onprête également des vertus apéritives et digestives. Une pâtepréparée avec la racine est utilisée en application externecontre les morsures et les piqûres d’animaux venimeux.Parmi les plantes actives, on peut encore citer Melia azeda-rach L. (famille des Méliacées) qui, d’après la tradition âyur-védique, passe pour avoir une action spécifique sur leshémorroïdes [18]. Il y a quelques années des études effec-tuées sur une espèce de Coleus ont permis d’isoler la forsko-line, un diterpène très actif. Un autre exemple est celui de labanane (Musa paradisiaca L.), utilisée dans le traitement desulcères de l’estomac. Il a été démontré que cette action estdue aux glucosides stéroïdiques qu’elle contient [33]. Un der-nier exemple est celui de Momordica charantia L. (Cucurbi-taceae), dont le fruit est employé comme antidiabétique,usage qui se rencontre dans de nombreux pays tropicaux.L’action hypoglycémiante de cette plante a été confirmée.

Son fruit contiendrait donc une « insuline végétale » [2, 15,25, 40]. On pourrait ainsi multiplier les exemples montrantque les usages traditionnels sont souvent vérifiés. Bien queles investigations chimiques et pharmacologiques et lesétudes cliniques se soient multipliées au cours des dernièresdécennies [8, 14, 32, 37, 38, 39, 41], on est encore loin d’avoirfait le tour de toutes les ressources de la pharmacopée âyur-védique. Plusieurs laboratoires indiens sont actuellementengagés dans des recherches sur les plantes médicinales enliaison avec des hôpitaux et des dispensaires âyurvédiquesoù sont quotidiennement employés des remèdes préparésavec ces plantes. Ces travaux se poursuivent sous l’égidenotamment du « Central Council for Research in Âyurvedaand Siddha » (CCRAS). Parmi les plantes médicinales del’Inde les plus étudiées figurent par exemple Abrus precato-rius L. (Leguminosae), Azadirachta indica A. Juss. (Melia-ceae), Bacopa monnieri Pennel (Scrophulariaceae), Psoraleacorylifolia L. (Leguminosae) et Semecarpus anacardium L.(Anacardiaceae). Compte tenu de leurs multiples usages enmédecine traditionnelle, il pourrait rester à découvrir denouveaux créneaux d’activité. Ainsi, Bacopa monnieri, étu-diée en Inde, aux États-Unis et en Europe, pourrait trouverdes applications dans le traitement de la maladie d’Alzhei-mer [17]. On sait que la maladie d’Alzheimer se traduitnotamment par une perte progressive de la mémoire. Or, desrecherches en cours à l’université de Strasbourg sur Bacopamonnieri confirment que cette plante agit sur la mémoire.En Occident, la médecine âyurvédique bénéficie de l’engoue-ment du public pour les médecines dites « douces », « alter-natives » ou « parallèles ». Au cours des dernières années, despratiques âyurvédiques (ou présentées comme telles) ontcommencé à se répandre en Amérique et en Europe, notam-ment en Allemagne, en Italie et en France, et il est aujour-d’hui possible de se procurer, via Internet, diverses prépara-tions âyurvédiques. Les pharmacologues occidentaux, deleur côté, continuent d’explorer la pharmacopée indienne àla recherche de nouvelles substances naturelles susceptiblesd’enrichir l’arsenal thérapeutique moderne. Ce qui expliqueaussi l’intérêt manifesté par l’industrie pharmaceutique.Découvrir des activités d’extraits ou des molécules éventuel-lement originales n’est cependant pas la seule motivation deschercheurs. Ces travaux répondent aussi aux demandes d’or-ganismes nationaux et internationaux soucieux de valoriserles pharmacopées traditionnelles et les ressources des paysdu Sud [24].

RemerciementsL’auteur remercie les organisateurs d’en avoir autorisé la publication dansPhytothérapie.

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Quelques sites internet à visiter. Pour en savoir plus :

Organismes gouvernementaux :

Indian Council of MedicalResearch, New Delhihttp://icmr.nic.in/

Dept. of Indian Systems of Medecine & Homopathy, Ministryof Health & Family Welfare, Govt of Indiahttp://indianmedicine.nic.in/

Central Council for Research in Âyurveda and Siddhahttp://www.ccras.org/index.htm

Central Drug Research Institute, Lucknowhttp://www.cdriindia.org/

Quelques fabricants de phytomédicaments âyurvédiques :

The Arya Vaidya Pharmacy Limited, Coimbatorehttp://avpayurveda.com/

Shree Baidyanath Ayurved Bhawan LTD, Calcuttahttp://www.baidyanath.com/

Surya Herbal Limited, New Delhihttp://www.suryaherbal.com/

The Himalaya Drug Company, Bangalorehttp://www.himalayahealthcare.com/