les personnes handicapees mentales

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ACTIVITÉ PHYSIQUE ADAPTÉE L'auteur, dans cet article nous fait part de la publication de quelques travaux visant à intégrer la population des handicapés mentaux par le biais de l'EPS en la rendant motivante, en adaptant les contenus et enfin en évaluant certains paramètres. MIEUX CONNAÎTRE LES PERSONNES HANDICAPEE PAR Y. EBERHARD A travers les recensements et les statistiques utilisées dans les pays dits « économiquement riches » on trouve dans la population générale, estimée à environ six millions d'humains sur la planète en l'an 2000. un pourcentage d'envi- ron 15% de personnes dites physiquement ou mentalement inadaptées, déficitaires ou handi- capées. Si l'on élimine les personnes âgées (1) soit 3 à 4 %, il reste 10 à 12 % de personnes dites handicapées physiques, organiques, phy- siologiques et 2.12 % de personnes ayant un handicap dû à un retard mental. Pour être plus précis les personnes retardées mentales, donc en retard des processus men- taux, représentent dans le monde par exemple les populations de la France ou de l'Italie plus celle de la Belgique ou du Portugal et de l'Es- pagne réunies, soit 106 millions de sujets (2). Suivant une intéressante observation statis- tique, un rapide calcul dénombre 3.02 mil- lions de personnes avec un retard mental très profond, quotient intellectuel (QI) inférieur à 20. Ce chiffre est remarquablement constant : il correspond à 3 personnes pour 1000 (quelle que soit l'époque et pour tous les pays), et représente concrètement la somme des popu- lations des villes de Bruxelles, Lyon, Turin (3). La pauvreté qui se perpétue est un facteur aggravant dans l'étiologie du retard mental, étiologie à différencier de la maladie mentale dont l'évolution reste caractéristique d'une forme de pathologie de l'individu normal. Comment motiver, adapter des contenus et évaluer cette population ? Motiver Dans la déficience mentale le principal écueil rencontré est d'arriver à motiver ces sujets qui. sur un fond de maladresse générale, sont et restent toujours en échec de réalisation motrice dans l'accès aux habiletés. Dans la littérature on trouve des instructions générales en sept points qui concernent les « stratégies » de motivation. Elles visent à développer l'envie des déficients mentaux à bouger physiquement ou à se mouvoir (4) (encadré 1). Adapter Ces dernières années, le mouvement sportif spécialisé (Fédération française du sport adapté) aux handicapés mentaux a l'ait un réel effort d'adaptation des contenus éducatifs au niveau des « capacités » des personnes défi- cientes mentales. C'est une importante évolu- tion qui renverse la manière de voir, d'appré- hender cette personne non plus dans ses manques, dans ses « incapacités à ». mais dans les potentialités qui existent malgré les manques. On raisonne désormais en terme « d'aptitude à ». Classification Les personnes handicapées mentales dites « légères » Filles ont un QI au-dessous de 70. mais vivent de manière indépendante, travaillent, condui- sent une voiture, se marient, élèvent des enfants, etc. • En Sport, elles comprennent les principales notions : règles principales, départ, arrivée, sens de la compétition, du classement, notion d'attaque et de défense, tactiques, stratégies, le dosage de l'effort. Elles sont tout aussi capables de se situer et de se contrôler dans les relations sociales : partenaire, adversaire, arbitre, officiels. Les personnes handicapées mentales dites « modérées » Elles ont un QI entre 35 et 55 et sont employées dans un monde protégé. Files ont encore à acquérir des habiletés personnelles (nourriture, habillement, propreté) ; la majo- rité d'entre-elles a des problèmes avec le dis- cours et le langage social, elle peut être vic- time de désordres psychiatriques. • En sport on peut leur proposer deux niveaux : - des activités aux règles adaptées, avec des récompenses liées aux classements et aux per- formances, - de « l'activité physique adaptée » (APA) avec des programmes excluant la notion de sport, mais toujours avec une récompense pour la participation. Les personnes handicapées mentales dites « sévères » Elles ont un QI entre 20 et 40, éprouvent des difficultés dans la vie de tous les jours et sont sujettes à des multihandicaps. En APA l'objectif plancher peut s'obtenir par une activité motrice avec des tâches concrètes individuelles ou collectives simples. • En sport, on peut envisager l'intégration dans l'atmosphère d'une rencontre sportive. On peut simplement les récompenser d'être là, de participer, sans souci d'évaluer et/ou de 1. Stratégies de motivation avec les per- sonnes déficientes mentales (5) 1 - Changer fréquemment les activités, par exemple faire du vélo durant 5 minutes, marcher ou courir sur une piste durant 5 minutes ou utiliser les ateliers sur cir- cuit training des salles de remise en forme. 2 - Donner lentement les instructions : expliquer très lentement et très clairement. 3 - Donner peu de consignes verbales, donner une direction spatiale... et attendre patiemment pour la réponse motrice. 4 - Répéter et revenir souvent : la démonstration serait souvent la meilleure technique pour éprouver la com- préhension. 5 - Utiliser des aides visuelles, des milieux aménagés avec un matériel incitatif à l'action motrice, des affiches, des illustrations peuvent aider à la compréhension. 6 - Utiliser les sensations kinesthésiques, guider la per- sonne à travers les séquences ressenties dans l'exécu- tion du mouvement, 7 - Établir des programmes de niveaux, des routines d'apprentissage. Deux attitudes dans les réponses comportementales des personnes déficitaires peuvent être repérées. Il y a celles qui préfèrent : - une variété d'activités, - ou au contraire celles qui exigent que le programme d'activité change peu. donnant la préférence à un cer- tain comportement répétitif qui ressemble au condition- nement. EPS N° 269 - JANVIER-F É VRIER 1998 67 Revue EP.S n°269 Janvier-Février 1998 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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Page 1: LES PERSONNES HANDICAPEES MENTALES

ACTIVITÉ PHYSIQUE ADAPTÉE L'auteur, dans cet article nous fait part de la publication de quelques travaux visant à

intégrer la population des handicapés mentaux par le biais de l 'EPS en la rendant motivante, en adaptant les contenus et enfin en évaluant certains paramètres.

MIEUX CONNAÎTRE

LES PERSONNES HANDICAPEES MENTALES

PAR Y. EBERHARD

A travers les recensements et les statistiques utilisées dans les pays dits « économiquement riches » on trouve dans la population générale, estimée à environ six millions d'humains sur la planète en l'an 2000. un pourcentage d'envi­ron 15% de personnes dites physiquement ou mentalement inadaptées, déficitaires ou handi­capées. Si l'on élimine les personnes âgées (1) soit 3 à 4 %, il reste 10 à 12 % de personnes dites handicapées physiques, organiques, phy­siologiques et 2.12 % de personnes ayant un handicap dû à un retard mental. Pour être plus précis les personnes retardées mentales, donc en retard des processus men­taux, représentent dans le monde par exemple les populations de la France ou de l'Italie plus celle de la Belgique ou du Portugal et de l'Es­pagne réunies, soit 106 millions de sujets (2). Suivant une intéressante observation statis­tique, un rapide calcul dénombre 3.02 mil­lions de personnes avec un retard mental très profond, quotient intellectuel (QI) inférieur à 20. Ce chiffre est remarquablement constant : il correspond à 3 personnes pour 1000 (quelle que soit l 'époque et pour tous les pays), et représente concrètement la somme des popu-la t ions des villes de Bruxe l l e s , Lyon, Turin (3).

La pauvreté qui se perpétue est un facteur aggravant dans l'étiologie du retard mental, étiologie à différencier de la maladie mentale dont l'évolution reste caractéristique d 'une forme de pathologie de l'individu normal. Comment motiver, adapter des contenus et évaluer cette population ?

Motiver Dans la déficience mentale le principal écueil rencontré est d'arriver à motiver ces sujets qui. sur un fond de maladresse générale, sont et res tent toujours en échec de réa l i sa t ion motrice dans l'accès aux habiletés. Dans la littérature on trouve des instructions générales en sept points qui concernent les « stratégies » de motivation. Elles visent à développer l'envie des déficients mentaux à

bouger physiquement ou à se mouvoir (4) (encadré 1).

Adapter Ces dernières années, le mouvement sportif spécialisé (Fédérat ion française du sport adapté) aux handicapés mentaux a l'ait un réel effort d'adaptation des contenus éducatifs au niveau des « capacités » des personnes défi­cientes mentales. C'est une importante évolu­tion qui renverse la manière de voir, d'appré­hender cette personne non plus dans ses manques, dans ses « incapacités à ». mais dans les potentialités qui existent malgré les manques. On raisonne désormais en terme « d'aptitude à ».

Classification Les personnes handicapées mentales dites « légères » Filles ont un QI au-dessous de 70. mais vivent de manière indépendante, travaillent, condui­sent une voi ture, se marient , élèvent des enfants, etc. • En Sport, elles comprennent les principales notions : règles principales, départ, arrivée, sens de la compétition, du classement, notion d'attaque et de défense, tactiques, stratégies, le dosage de l'effort. Elles sont tout aussi capables de se situer et de se contrôler dans les relations sociales : partenaire, adversaire, arbitre, officiels. Les personnes handicapées mentales dites « modérées » El les ont un QI en t r e 35 et 55 et sont employées dans un monde protégé. Files ont encore à acquérir des habiletés personnelles (nourriture, habillement, propreté) ; la majo­rité d'entre-elles a des problèmes avec le dis­cours et le langage social, elle peut être vic­time de désordres psychiatriques. • En sport on peut leur p ropose r deux niveaux : - des activités aux règles adaptées, avec des récompenses liées aux classements et aux per­formances, - de « l 'activité physique adaptée » (APA) avec des programmes excluant la notion de sport, mais toujours avec une récompense pour la participation. Les personnes handicapées mentales dites « sévères » Elles ont un QI entre 20 et 40, éprouvent des difficultés dans la vie de tous les jours et sont sujettes à des multihandicaps. En APA l'objectif plancher peut s'obtenir par une activité motrice avec des tâches concrètes individuelles ou collectives simples. • En sport, on peut envisager l ' intégration dans l'atmosphère d'une rencontre sportive. On peut simplement les récompenser d'être là, de participer, sans souci d'évaluer et/ou de

1. Stratégies de motivation avec les per­sonnes déficientes mentales (5)

1 - Changer fréquemment les activités, par exemple faire du vélo durant 5 minutes, marcher ou courir sur une piste durant 5 minutes ou utiliser les ateliers sur cir­cuit training des salles de remise en forme. 2 - Donner lentement les instructions : expliquer très lentement et très clairement. 3 - Donner peu de consignes verbales, donner une direction spatiale... et attendre patiemment pour la réponse motrice. 4 - Répéter et revenir souvent : la démonstration serait souvent la meilleure technique pour éprouver la com­préhension. 5 - Utiliser des aides visuelles, des milieux aménagés avec un matériel incitatif à l'action motrice, des affiches, des illustrations peuvent aider à la compréhension. 6 - Utiliser les sensations kinesthésiques, guider la per­sonne à travers les séquences ressenties dans l'exécu­tion du mouvement, 7 - Établir des programmes de niveaux, des routines d'apprentissage. Deux attitudes dans les réponses comportementales des personnes déficitaires peuvent être repérées. Il y a celles qui préfèrent : - une variété d'activités, - ou au contraire celles qui exigent que le programme d'activité change peu. donnant la préférence à un cer­tain comportement répétitif qui ressemble au condition­nement.

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classer. Il est démontré que ces personnes sont sensibles aux divers rituels de nos pratiques sociales. On les intègre dorénavant pour com­mencer à les accepter socialement (5).

Évaluer 11 s'agit désormais d'évaluer avec une attitude plus scientifique - et non par des impressions subjectives -, les effets des pratiques sportives reconnues utiles à ces personnes en retard des processus mentaux. Au moins trois domaines d'évaluation sont concernés : - les bénéfices des interactions humaines avec les autres ; - l'estime que les sujets retardés mentaux por­tent à leur propre personne (renforcement psy­chologique) lors de la pratique des activités physiques : - la mise en évidence de l 'amélioration de leurs facteurs biologiques supports de la condition physique.

Effets psychosociologiques de la parti­cipation sportive En 1977. une des premières études effectuées sur ce sujet (6) auprès de 24 sujets handicapés mentaux, leurs parents, les éducateurs et les camarades de jeux ou d'entraînement a mon­tré que : - les éducateurs ont jugé que les sujets handi­capés mentaux part icipant aux « Spécial Olympics » présentaient une attitude nette­ment plus positive à l'égard des activités sco­laires et sportives que les non-participants ; - les camarades d 'ent ra înement ont eu un autre regard sur leurs compagnons handicapés mentaux et leur ont témoigné une attitude plus positive.

Par la suite, en 1986 (7). d'autres chercheurs ont constaté que 25 sujets, d 'âge chronolo­gique compris entre 12 et 18 ans, participant à un programme de natation de 10 semaines (2 fois, 1 heure 30 par semaine) obtiennent des résultats meilleurs à l'échelle d'auto-per­cept ion d 'Har r i s et Piers en regard d 'un groupe contrôle.

• En utilisant le même test d'auto-perception. (8) d'autres chercheurs américains ont analysé en 1989. les conséquences de la participation aux compétitions athlétiques organisées par le mouvement « Special Olympics ». sur le plan du sentiment de compétence personnelle et de l 'acceptation sociale auprès de 24 enfants handicapés mentaux de 9 à 13 ans. Les résul­tats consolident la thèse selon laquelle le fait de pouvoir s'adapter au stress des épreuves d'athlétisme peut engendrer une perception plus importante de sa propre compétence. Donc, il y aurait renforcement psychologique positif pour un sujet de ce profil. Il se sent alors valorisé par rapport à sa condition habi­tuelle de handicapé mental ce qui, par contre­coup, engendre une meilleure acceptation sociale et un meilleur regard de l'autre.

Évolution des connaissances bioénergé­tiques

Elles peuvent être étudiées au travers des pra­tiques d'entraînement physique et des tests de terrain dits « adaptés ». Par exemple on sail ( 9 ) . chez des sportifs entraînés approcher indirectement le coût énergétique de la course à pied en terrain plat, d'après la formule de R. Margaria (1963) :

VO2 max. indirect (ind.) (en ml/kg/mn) = 3,15 x 3,33 X X étant la vitesse de course dite « vitesse cri­tique » exprimée en km/h. (10). Qu'en est-il avec les sujets déficients men­taux ?

Il faut déterminer la valeur de X. vraisemblab­lement assortie de facteurs de pondération dif­férents de ceux présentés dans la formule déterminée pour les sujets normaux. C'est en cela que réside l'essai d'adaptation scienti­fique d'une condition spécifique. Certaines propositions ont été récemment formulées. A ce jour quels sont les résultats « adaptés » obtenus par quelques chercheurs (encadrés 2, 3, 4) ?

Commentaires

Même si les premières valeurs obtenues pour le VO2 max. ind. (25-38 ml/kg/mn) semblent décevantes, nous ne sommes, dans l'année 1998. qu'au début de la prise en compte par les institutions spécialisées de l'intérêt de la condition physique comme facteur d'intégra­tion sociale des personnes handicapées men­tales. Il y a. bien entendu, des progrès attendus en ce domaine. De plus, les éducateurs-chercheurs de terrain connaissent bien les limites des tests avec les personnes handicapées pour trouver : - une méthodologie adaptée au test lui-même. - le moyen pédagogique de faire terminer un test à quelqu'un qui n'y trouve que peu de signification. - un rythme optimum pour la production d'un travail musculaire conséquent, - une notion de motivation (dont dépend l'ef-

2. Test de Fernhall and Tymeson, 1988 ou test des 1,5 mile (2,4 km) marche et course. Test valide pour les adultes de 20 à 40 ans. Matériel : une piste de 220 yards (201 m), couverte et à température contrôlée. Protocole : après un entraînement à l'allure (footing à tempo doux) le sujet achève [épreuve avec l'aide d'un meneur de train. VO2 max. ind. (ml/kg/mn) = -1.0007X + 49,929. X = le temps mis pour effectuer les 2.4 km exprimé en minutes et secondes.

Exemple : si un sujet achève le test en 23,5 minutes. VO2 max. indirecte = (-1,0007 x 23,5) + 49,629 = 26,4 ml/kg/min.

3. Test de course navette « modifié » par Montgomery et al. 1992, de Léger et Lam­bert, 1982. Rappel du test non modifié : - effectuer des aller-retour en courant sur une distance de 20 mètres à une allure contrô­lée par une cassette audio ; - débuter à 8,5 km/h et accroître de 0,5 km/h toutes les minutes. La performance est considérée atteinte lorsque le sujet est en retard sur l'allure de 5 mètres. VO2 max. ind. (ml/kg/mn) = 5.857X -19.45. X = vitesse obtenue en km/h. Test modifié : - avant le test, le sujet effectue 3 minutes de course avec une vitesse de base de 7 km/h. Cette modification introduit un coefficient de corrélation plus bas et une sous-estimation de 25 %.

4. Le Rockport fitness, ou test de marche de Rintala et al. 1992 permet de déterminer le pic de VO2 max. ind. : - sur piste couverte de 201 m balisée par des cônes ; - le sujet, encouragé par un éducateur, doit marcher le plus vite possible 1 mile (1,6 km) ; pic VO2 max. ind. (ml/kg/min) = (101,92 - 2.35X) -0.42Y. X = temps pour courir 1 mile en minutes et secondes. Y = poids du sujet en kg.

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ficacité physiologique) placée au centre de toute expérimentation. Il en ressort, évidemment, encore des difficul­tés à élaborer des procédures diagnostiques, des p r o g r a m m e s app rop r i é s et des tes ts « adaptés » à chacune des etiologies caractéri­sant le handicap mental.

Connaissances biologiques fondamentales sur les personnes trisomiques 21 (T21) Un exemple initié à partir de l'EPS précise ce domaine. Des spécificités peuvent être déga­gées au sein de la classification du handicap mental lorsqu'on s'attache à une étiologie pré­cise. Par exemple, depuis 1979. l'objet de nos travaux (11) sur les sujets porteurs de T21 en situation expérimentale de laboratoire, ont précisé quelques connaissances fondamen­tales concernant : un indice orthostatique plus bas, une consommation maximale indirecte d'oxygène plus basse, une durée plus courte de la performance et une charge de travail plus basse, un niveau plus élevé des catéchola­mines urinaires. une pression artérielle qui n'augmente pas régulièrement avec la charge de travail.

• Mais notre souci a toujours été de souligner et de prouver à diverses reprises que ces sujets T21 étaient capables : - de devenir actifs physiquement, - de suivre des cours d'éducation physique. - d'apprendre à faire un effort. - de suivre une méthodologie préparatoire à un effort triangulaire et à un effort prolongé, donc de suivre un entraînement. - de repérer leur fréquence cardiaque et de res­pecter une fréquence cardiaque cible à l'effort. - d'effectuer des tests en laboratoire (12). • En progressant sur le plan méthodologique de la mise en activité en EPS, nous avons pu mieux connaître en laboratoire les adapta­tions à l'effort de ces sujets porteurs d'une trisomie 21 : - estimer la valeur haute de l'urée de base, la glycémie et la lactacidémie basses à la fin d'un test triangulaire et la mobilisation lente des acides gras libres (AGL) (13), - suggérer quelques hypothèses à vérifier, par exemple qu'une faible adaptation de la pres­sion artérielle à laquelle on ajoute une glycé­mie et une lactacidémie basses et la mobilisa­tion lente des AGL. correspond à un possible

manque de sensibilité des récepteurs adréner-giques (14), - évoquer quelques modifications positives dues à l 'entraînement physique, que ce soit pour le métabolisme des lipides à l'exercice : Triglycérides normales . Total cholestérol (TC) bas, High density lipoprotein (HDL) basses. Very lovv density lipoprotein (VLDL) hautes au repos, l'inverse pour tous ces para­mètres après un entraînement physique (15), - noter les modifications de la Superoxydedis-mustase-1 (SOD-1) sous l'effet de l'entraîne­ment (16). Enfin actuellement nous poursuivons des tra­vaux sur l'influence conjuguée d'un régime alimentaire et de l'exercice sur le métabolisme des lipides, c'est-à-dire que sur 27 sujets T21 expérimentés nous avons trouvé un rapport TC/HDL abaissé qui s'expliquerait par une élévation des HDL. Par contre il n'y a pas de différences nettes entre la répartition des frac­tions HDL 2 et HDL 3.

Conclusion Nous avons besoin d'utopie et de beaucoup de rêves pour réaliser, à l'aube de l'an 2000 la meilleure insertion possible des personnes handicapées mentales. Il s'agit que les per­sonnes handicapées ou non vivent mieux ensemble à certains niveaux de notre hiérar­chie sociale au moins pour les espaces de l'école et de la vie sociale de tous les jours. L'éducation physique, le sport, par la diversité des approches possibles dont nous avons tenté de développer quelques exemples concrets, est à coup sûr un espace-champ qui participe au changement de nos regards subjectifs et/ou attitudes concernant finalement le plus grand hand icap connu : celui de l ' i n t e l l igence humaine.

Yves Eberhard Maître de Conférences.

Laboratoire de Bioénergétique fondamentale et appliquée.

Université Joseph Fourier - Grenoble.

(1) Pour les personnes âgées la fourchette est très variable suivant les pays, les tables de génération d'âge : l 'espérance de vie est. elle-même, dépendante de la qualité de la vie.

(2) En millions d'habitants : Allemagne. 81,7. Belgique, 10,2. Espagne. 39.5. France. 58,1 . Italie. 57,7. Pays-Bas, 15,5. Portugal. 9.9 (référence année 1995).

(3) En millions d 'habitants : Bruxelles, 1,35. Lyon, 1,2. Turin, 0.95 (référence année 1995).

(41 Rimmer J.H. Fitness and rehabilitation programs for special populations. W C B Brown and Benchmark. 275. 1994.

(5) « Ce sont des Personnes appartenant à notre Société ». Ce fait est réactualisé et rappelé aujourd'hui conformément à l'esprit de la déclaration des Droits de l 'Homme et du citoyen.

(6) Bell N.J.. Kozar. VV.. Martin A.W. The impact of Special Olympics on participants, parents, and the community. Research study funded by Special Olympics international. L ubbock. TX: Texas technical university 1977.

(7) Wright J.. Cowden J.E. Changes in selfconcept and car­diovascular endurance of mentally retarded youths in a Special Olympics swim training program. Adapted physi­cal activity quaterly. 3, 177-183. 1986.

(8) Gibbons S.I.. Bushakra F.B. Effects of Special Olympics participation on the perceived competence and social acceptance of mentally retarded children. Adapted physical activity quaterly, 6, 4Ó-51. 1989.

(9) Margaria R.. Aghetto. Piteras P., Linas F.A. Simple rela­tion between performance and running and maximal aero­bic power. Journal of applied physiology, 38. 2, 351-352. 1975.

(10) A l'effort, avec des sujets normaux entraînés ayant une fréquence cardiaque atteignant 200 pulsations par minutes, on peut atteindre des VO: max indirectes de 5 à 6 litres par minutes, valeurs qui semblent aujourd'hui impensables pour des handicapés mentaux.

(11) Eberhard Y . Eterradossi J.. Rapacchi B. Physical apti­tudes to exertion in chidren with down's syndrome. Journal of Mental Deficiency Research. 33. 167- 174. 1989.

(12) Eberhard Y., 1990. Etarradossi J., Therminarias. A. Biochemical changes and catecholamines responses in down's syndrome adolescents in relation to incremental maximal exenicc. Journal of mental deficiency research. 35. 140-146. 1991.

(13) Eberhard Y„ Eterradossi J. Facteurs physiologiques expliquant une diminution des réponses à l'exercice phy­sique chez les adolescents trisomiques 21 : un essai de syn­thèse et quelques perpectives. Sport. 141.6-33. 1993.

(14) Eberhard Y., Eterradossi J.. Foulon T., Groslambert P. Variations des lipoprotéines plasmatiques chez des adoles­cents trisomiques 21 en réponse à un test d'endurance phy­sique. Pathologie Biologie. 41 . 5, 482-486. 1993.

(15) Eberhard Y.. Flore P., Eterradossi J.. Foulon T.. Gros­lambert P. Influence conjuguée de conseils alimentaires et de l'activité physique d'endurance sur les lipoprotéines plasmatiques de jeunes sujets trisomiques 21. Sciences & Sport. 11, 145151. 1996.

(16) Eberhard Y., E ter radoss i J., Debû B. Biological changes induced by physical activity in individuals with down's syndrome. Adapted Physical Activity Quaterly. 14. 166. 175. 1997.

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