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... Dieu, après avoir achevé son œuvre, se reposa le septième jour de tout son travail. Les origines du dimanche Dans les débuts du livre de la Genèse, le récit mythique de la création de notre monde, rien de ce que crée Dieu n'est sacré. La première mention de quelque chose de sacré dans la Bible concerne le temps : le Sabbat, jour de repos, que Dieu bénit et consacre au verset 3, à la fin du récit qui institue notre semaine de sept jours. Abraham Heschel écrit dans Les Bâtisseurs du Temps :«...avoir davantage ne signifie pas être davantage. Le pouvoir que nous acquérons dans le domaine de l'espace s'arrête brusquement aux limites du temps. Et le temps et le cœur de l'existence... le Sabbat, jour de repos, jour où l'on s'abstient de tout labeur, n'a nullement pour but de permettre aux hommes de recouvrer leurs forces perdues et de s'apprêter, reposés, à de nouveaux travaux. Le Sabbat est le jour de la vie. L'homme n'est pas une bête de somme dont le rendement serait accru par le repos sabbatique... Le Sabbat n'a pas été créé en vue des six jours de la semaine ; ce sont les six jours de la semaine qui ont pour but le Sabbat... Le septième jour est un palais dans le temps que nous-mêmes bâtissons avec les matériaux que nous tirons de notre âme, de notre joie, de tout ce qui est incommunicable... Nous avons tous part au temps, nous possédons l'espace. Par ma possession de l'espace, je suis un rival pour tous les autres êtres ; par ma vie dans le temps, je suis un contemporain pour tous les autres êtres. Nous traversons le temps, nous occupons l'espace.» Livre de la Genèse, chapitre 2, versets 1à 3. La Bible : Comment s'y retrouver ? voir au dos Le Sabbat juif est à l'origine du dimanche chrétien, que le syndicalisme naissant du début du XXe siècle a sécularisé en jour de repos hebdomadaire. Le dimanche est du temps qui nous est donné. À nous de le donner à notre tour : à nous-mêmes, à nos proches, aux causes qui nous ont émus, à Dieu. Notre responsabilité, c'est comme le dit Abraham Heschel, de bâtir dans ce temps de vie qui nous est donné le palais de notre âme. Heschel, Abraham. 1957. Les Bâtisseurs du temps. Les Editions de Minuit, Paris. (1) (1)

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Page 1: Les origines du dimanche - lavieaunsens.comlavieaunsens.com/download/3_fiches_bible.pdf · Et le temps et le cœur de l'existence... le Sabbat, jour de repos, jour où l'on s'abstient

... Dieu, après avoir achevé son œuvre, se reposa le septième jour de tout son travail.

Les origines du dimanche

Dans les débuts du livre de la Genèse, le récit mythique de la création de notre monde, rien de ce que crée Dieu n'est sacré. La première mention de quelque chose de sacré dans la Bible concerne le temps : le Sabbat, jour de repos, que Dieu bénit et consacre au verset 3, à la fin du récit qui institue notre semaine de sept jours.Abraham Heschel écrit dans Les Bâtisseurs du Temps :«...avoir davantage ne signifie pas être davantage. Le pouvoir que nous acquérons dans le domaine de l'espace s'arrête brusquement aux limites du temps. Et le temps et le cœur de l'existence... le Sabbat, jour de repos, jour où l'on s'abstient de tout labeur, n'a nullement pour but de permettre aux hommes de recouvrer leurs forces perdues et de s'apprêter, reposés, à de nouveaux travaux. Le Sabbat est le jour de la vie. L'homme n'est pas une bête de somme dont le rendement serait accru par le repos sabbatique... Le Sabbat n'a pas été créé en vue des six jours de la semaine ; ce sont les six jours de la semaine qui ont pour but le Sabbat... Le septième jour est un palais dans le temps que nous-mêmes bâtissons avec les matériaux que nous tirons de notre âme, de notre joie, de tout ce qui est incommunicable... Nous avons tous part au temps, nous possédons l'espace. Par ma possession de l'espace, je suis un rival pour tous les autres êtres ; par ma vie dans le temps, je suis un contemporain pour tous les autres êtres. Nous traversons le temps, nous occupons l'espace.»

Livre de la Genèse, chapitre 2, versets 1à 3.

La Bible :Comment

s'y retrouver ?voir au dos

Le Sabbat juif est à l'origine du dimanche chrétien, que le syndicalisme naissant du début du XXe siècle a sécularisé en jour de repos hebdomadaire.Le dimanche est du temps qui nous est donné. À nous de le donner à notre tour : à nous-mêmes, à nos proches, aux causes qui nous ont émus, à Dieu. Notre responsabilité, c'est comme le dit Abraham Heschel, de bâtir dans ce temps de vie qui nous est donné le palais de notre âme.

Heschel, Abraham. 1957. Les Bâtisseurs du temps. Les Editions de Minuit, Paris.

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... Que celui d'entre vous qui n'a jamais péché lui jette la première pierre.

Être l'auteur de sa vie

Quand on dit que l'Évangile fait autorité pour les chrétiens, encore faut-il s'entendre sur ce que c'est que l'autorité. Dans La crise de la culture – au chapitre : Qu'est-ce que l'autorité ? – Hannah Arendt écrit : «Puisque l'autorité requiert toujours l'obéissance, on la prend souvent pour une forme de pouvoir ou de violence. Pourtant l'autorité exclut l'usage de moyens extérieurs de coercition ; là ou la force est employée, l'autorité proprement dite a échoué. L'autorité, d'autre part, est incompatible avec la persuasion qui présuppose l'égalité et opère par un processus d'argumentation. Là où on a recours a des arguments, l'autorité est laissée de côté. Face à l'ordre égalitaire de la persuasion, se tient l'ordre autoritaire, qui est toujours hiérarchique. S'il faut vraiment définir l'autorité, alors ce doit être en l'opposant à la fois à la contrainte par force et à la persuasion par arguments. (La relation autoritaire entre celui qui commande et celui qui obéit ne repose ni sur une raison commune ni sur le pouvoir de celui qui commande ; ce qu'ils ont en commun, c'est la hiérarchie elle-même, dont chacun reconnaît la justesse et la légitimité, et où tous deux ont d'avance leur place fixée.)». L'autorité est donc une relation hiérarchique librement acceptée entre un maître et un disciple, qu'il fait grandir (le mot autorité renvoie à la racine indoeuropéenne [aug] qui donne l'idée d'augmentation, de croissance). Dans ce récit de l'Évangile de Jean s'exprime toute l'autorité de Jésus face aux idées préconçues, aux carcans idéologiques, à l'absurdité de notre monde.

Évangile de Jean, chapitre 8, versets 1 à 11.

La Bible :Comment

s'y retrouver ?voir au dos

Comme l'illustre Lytta Basset dans son article Avoir de l'autorité : être l'auteur de sa vie :

Cette autorité authentique du message chrétien est à notre portée – pour mieux vivre ensemble.

Arendt, Hannah. 1972. La crise de la Culture. Gallimard, Paris.Basset, Lytta. 2010. La Chair et le souffle Vol. 5, n°2. Editions Novalis, Montréal.

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• L'authentique autorité est le fruit d'une descente au fond de soi Jésus baisse la tête et trace des signes sur le sol ;• L'authentique autorité est le fruit d'une réunification intérieure La peur domine la scène : il semble que dans son long silence Jésus retrouve son unité intérieure ;• L'authentique autorité "produit et fait croître" soi-même et les autres Jésus met les pharisiens et à la femme face à leurs choix ;• L'authentique autorité restaure le dialogue Jésus se met à égalité : celui d'entre vous,...moi non plus ;• L'authentique autorité rend la parole Jésus demande : "personne ne t'a condamnée ?".

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... Vanité des vanités, et tout est vanité.... Il y a un temps pour chaque chose...... Marche comme ton cœur te mène et selon le regard de tes yeux.

Lâcher prise ?

«Marche comme ton coeur te mène et selon le regard de tes yeux» : c'est la devise que s'était choisie Alexandra David-Néel, cette orientaliste et voyageuse infatigable, protestante convertie au bouddhisme. Elle fit graver ce verset au dos de la médaille que l'hôtel de la Monnaie de Paris fit graver pour son centenaire. Elle écrit à son mari le 8 juin 1917 de Kyoto, où le climat et la ville lui pèsent, et où elle regrette le temps passé dans les solitudes himalayennes : «Je songe à cela moi-même et la fin de mes pérégrinations m'apparaît comme une sorte de mise à la retraite et d'entrée dans la terne grisaille de l'antichambre funèbre. Pourquoi ? Je pourrais continuer ma vie d'écrivain, de conférencier. Sans doute, mais l'idée du "jamais plus" entrera en moi. "Jamais plus" se retrouver par les routes, "jamais plus" connaître les chevauchées à travers des pays presque inconnus du monde dit civilisé. Jamais plus parce que l'âge est là, qui raidit, ankylose, rend l'activité difficile et parce que aussi, sans doute, la dépense ne peut plus être supportée. Alors, à l'idée qu'une barrière impossible à jamais franchir encore s'interposera entre l'Asie et moi un frison de terreur me saisit, je sens que ce sera la fin de tout et le cœur me manque.J'ai vécu cela, vois-tu, après mon premier voyage en orient. Les années qui suivirent furent hypnotisées par le souvenir de Ceylan, de l'Inde et de l'Annam. En somme quand je récapitule : ces années de voyages, en tout une période de moins de dix ans auront composé toute ma vie, car je ne compte pour vie

Qoheleth (L'Ecclésiaste) :chapitre 1, verset 2chapitre 3, versets 1 à 8chapitre 11, verset 9.

La Bible :Comment

s'y retrouver ?voir au dos que le temps où quelqu'un agit vraiment selon son désir : « Marche comme

ton cœur te mène et selon le regard de tes yeux », comme dit mon vieil ami l'Ecclésiaste».C'est de Qohéleth (l'Ecclésiaste), au chapitre 2, que Bossuet extrait le «Vanité des vanités, et tout est vanité» de l'oraison funèbre de Henriette-Anne d'Angleterre des manuels de Français de notre enfance «Vanité des vanités, et tout est vanité ! Nous devrions être assez convaincus de notre néant : mais s'il faut des coups de surprise à nos cœurs enchantés de l'amour du monde, celui-ci est assez grand et assez terrible. Ô nuit désastreuse ! Ô nuit effroyable, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt ! Madame est morte ! Qui de nous ne se sentit frappé à ce coup, comme si quelque tragique accident avait désolé sa famille ?».Vanité traduit l'hébreu hevel, dont le sens premier est buée, et qui possède également le sens métaphorique de quelque chose d'éphémère, et sans résultat. Le prénom hébreu Abel (en hébreu B et V sont la même lettre beth, qui se prononce B ou V selon les cas) vient de la même racine, ce qui donne une autre perspective à l'histoire de Caïn et Abel (Genèse 4). Le chapitre 3 de Qoheleth : «un temps pour rire et un temps pour pleurer» résume toute cette œuvre qui peut paraître désabusée et nihiliste, mais que Jacques Ellul interprète au contraire comme un très beau lâcher prise du temps humain face au désir d'éternité, qui appartient à Dieu.

David-Néel, Alexandra. 1975. Journal de voyage • Lettres à son mari (11 août 1904 – 26 décembre 1917). Librairie Plon, Paris. p 426Ellul, Jacques. 1987. La raison d'être. Éditions du Seuil, Paris.

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