les mutations du secteur de l’eau potable et de l...
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Les mutations du secteur de l’Eau
Potable et de l’Assainissement en
Haïti: la place du CPH
Spécialité « Gestion des risques et développement»
Parcours : Gestion des risques dans les pays du sud et
coopération internationale et développement »
2010 – 2011
Malaïka Bécoulet
Mémoire de stage pour le
Master
Sous la Direction de Pierre-Jean ROCA
Responsable du Parcours Coopération
Internationale et Développement
Fonction du directeur du mémoire
Mention « Etude Politiques
Internationales »
BECOULET MALAÏKA| CID-GRPS | Mémoire de fin d'études | 2010-2011
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Sommaire
SOMMAIRE ....................................................................................................... 2
REMERCIEMENTS ........................................................................................... 3
RESUME – MOTS CLES .................................................................................. 4
INTRODUCTION ............................................................................................... 5
UN STAGE AU SEIN D'UNE STRUCTURE HAÏTIENNE ............................... 8
LE CPH: UN ACTEUR DU DEVELOPPEMENT HAÏTIEN AU CŒUR DES
MUTATIONS DU SECTEUR EPA. ................................................................. 12
LES CONSEQUENCES DE LA MUTATION DU SECTEUR EPA A
L'ECHELLE DU CPH ...................................................................................... 20
L'IS EN HAÏTI: UN ENGOUEMENT A RELATIVISER ................................. 27
CONCLUSION ................................................................................................. 30
BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................... 33
ANNEXES ........................................................................................................ 34
LES ORGANIGRAMMES DU CPH .......................................................... 35
QUESTIONNAIRE ..................................................................................... 36
INDEX ........................................................................................................ 42
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Remerciements
Un merci à l'ensemble du personnel du CPH qui m'a permis de réaliser mon stage
dans les meilleures conditions.
Un merci plus particulier à Gerrit Desloovere qui a suscité mon intérêt pour
l'ingénierie sociale.
Et enfin, merci à l'équipe pédagogique de Sciences Po Bordeaux pour le suivi et la
disponibilité dont elle a fait preuve.
BECOULET MALAÏKA| CID-GRPS | Mémoire de fin d'études | 2010-2011
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Résumé – mots clés
Résumé :
Dans le cadre du stage de fin d'étude réalisé au Comité Protos Haïti, Malaïka
Bécoulet a été chargée du diagnostic-évaluation du service d'ingénierie sociale et
du secteur de l'eau potable ainsi que du monitoring et reporting des différents
projets. Le Comité Protos Haïti, ONG active en Haïti depuis 30 ans, est un acteur
du paysage du développement haïtien notamment dans le secteur de l'eau potable
qui cristallise des enjeux importants en Haïti.
Dans le contexte de la reconstruction post séisme et touchée par la réflexion
mondiale autour de l'efficacité de l'aide, l'ONG questionne ses interventions
passées et ses orientations futures. Le présent rapport de stage dresse un état des
lieux en se focalisant principalement sur les thèmes des l'ingénierie sociale
(approche participative et communautaire) et le secteur de l'eau potable en Haïti.
Ces deux thématiques sont ici mobilisés pour présenter à la fois les enjeux de la
redéfinition des rôles des acteurs privés, publics, non gouvernementaux dans une
réforme menée par l'Etat et met en lumière le service ingénierie sociale qui semble
être un des atouts d'une ONG haïtienne telle que le CPH.
Mots clés :
EPA. Haïti. Ingénierie Sociale. Développement. Acteur. Réforme.
Accompagnement. Efficacité de l'aide. Renforcement. Mutations.
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Introduction
La provision de Services Sociaux de Base (SSB) et les déficits qu'elle accuse sont
des problématiques centrales en Haïti. Les faiblesses et l’insuffisance des systèmes
d'eau potable sont d'autant plus préoccupantes qu'elles impliquent des problèmes
de santé majeurs. Bien avant le choléra qui s'est déclaré en octobre 2010 et dont le
principal vecteur est l'eau contaminée, en 2008, les maladies diarrhéiques étaient la
première cause de mortalité chez les enfants en Haïti.1 Si Haïti dispose d’une
grande quantité d'eau disponible au vu du nombre important de rivières, de sources
et d’étangs, on estime cependant que seulement 10% du potentiel hydrique est
réellement exploité sur tout le territoire. Les ressources en eau du pays ne sont
donc pas suffisamment mises en valeur pour accroître l’accès de la population à
l’eau potable.
Jusqu'en 2009, l'Etat absent ou faible dans sa gestion de la politique de l’Eau
Potable et de l’Assainissement a laissé le champ libre aux acteurs non-étatiques qui
ont, à leur façon, tenté d'apporter des solutions diverses à la problématique de l'eau
potable en Haïti. Il convient de noter que ce constat est valable aussi pour
l'ensemble des Services Sociaux de Bases qui étaient assurés à 80%2 par des
prestataires non-étatiques avant le 12 janvier 2010.
Les enquêtes menées en 2000 dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le
Développement et de l'efficacité de l'aide ont dressé un bilan plutôt mitigé des
interventions, notamment pour la zone de Port-au-Prince où l'approvisionnement
en eau potable s'est considérablement dégradé. Les investissements et les
politiques mises en place n'ont pas pu répondre à une urbanisation anarchique et
accélérée.
Ce bilan mitigé a poussé à une réflexion collective, tant au niveau des bailleurs de
fonds qu'au niveau des ONG ou de l'Etat, sur la nécessité d'une meilleure
coordination et uniformisation des interventions dans le secteur. L'Etat a depuis
2009 repris l'initiative dans le domaine et intégré cette réflexion, notamment en
1 Ces constats ont été dressés par l’Unicef et le PNUD dans le cadre des OMD et du bilan à mi-parcours 2 Statistiques émises dans le cadre de la préparation de l’Atelier de l’OCDE sur le renforcement de l’Etat haïtien dans la provision des SSB
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centralisant la gestion et les orientations de l'ensemble des interventions et
initiatives (publiques ou privées dans le domaine) au sein de la Direction Nationale
de l’Eau Potable et Assainissement (DINEPA), une structure créée par la loi cadre
sur l'EPA en 2009.
Cette mutation s'inscrit aussi dans le sillage de la réflexion autour de d'efficacité
de l'aide (Déclaration de Paris3). Les nouveaux paradigmes de l’efficacité de l’aide
s’appuient sur cinq grands axes que sont l’appropriation, l’alignement,
l’harmonisation, une gestion axée sur les résultats, et la responsabilité mutuelle.
Ces nouveaux paradigmes ont aussi réaffirmé la nécessaire participation et
implication des bénéficiaires en vue d’un transfert réel des conna issances et des
outils proposés par les projets de développement.
Le «faire faire», l’accompagnement, la prise en compte des besoins,
l’empowerment sont devenus, depuis, de nouveaux mots d’ordre dans les champs
de la coopération et du développement et sont aussi inscrits dans la réforme du
secteur EPA en Haïti. De nouveaux profils naissent à la faveur d’une quête
d'efficacité facilitant ainsi l'émergence d’une nouvelle spécialité: l'ingénierie
sociale, distincte des équipes techniques. Le CPH dispose par exemple aujourd'hui
d'un service transversal d'ingénierie sociale.
La réforme de 2009 touchant le secteur EPA et s'inspirant de l'ensemble de ces
réflexions va, de fait, impulser des changements majeurs tant dans la gestion et la
politique dans le secteur de l'EPA que dans la répartition et la définition des rôles
des intervenants dits traditionnels: les ONG. Cette réforme doit aujourd'hui être
appréhendée afin de mieux saisir les transformations qui vont s'opérer tant du point
de vue des opérateurs professionnels, des maîtres d'oeuvres que des usagers. Une
réflexion d'autant plus importante qu'elle intervient dans un contexte où les
institutions haïtiennes sont de moins en moins sollicitées au vue de l'offre
internationale présente en Haïti.
L'analyse qui suit se focalisera uniquement sur le CPH et nous nous demanderons
dans quelles mesure la réforme du secteur EPA a t-elle obligé une ONG telle que
le CPH à redéfinir son champs d'intervention ?
3 La Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide au développement a été approuvée le 2 mars 2005
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Une présentation du CPH et du cadre dans lequel s'est réalisé le stage fera l'objet
d'une première partie. Dans une seconde partie, les enjeux et les conséquences de
la réforme de l'EPA en Haïti seront mis en lumière, introduisant la dimension
stratégique du repositionnent du CPH comme expert en ingénierie sociale et faisant
l'objet de la troisième partie.
Dans une partie critique, nous questionnerons l'avenir de l'ingénierie sociale dans
un pays comme Haïti.
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Un stage au sein d'une structure haïtienne
Dans le cadre de mon stage de fin d'études clôturant une spécialisation en « gestion
des risques dans les pays du sud et coopération internationale et développement »
j'ai intégré pendant 6 mois une Organisation Non-Gouvernementale haïtienne, le
Comité Protos Haïti (CPH). Cette ONG a pris naissance à partir des interventions
de certains coopérants belges dans le secteur de l'Eau Potable en Haïti au début des
années 80’. Filiale de l’ASBL belge PROTOS jusqu’en 2000, le CPH est devenu
une organisation haïtienne qui a obtenu le statut d’ONG d’aide au développement
le 23 juillet 20034.
Le CPH s’inscrit principalement dans deux champs d’activité:
l’Eau potable et l’assainissement avec le renforcement organisationnel et la
formation des acteurs locaux, la sensibilisation et la responsabilisation des
usagers, la préparation et l'exécution des projets. Le CPH propose dans ce
domaine une ingénierie technique pour la mise en place d’infrastructures
d'eau potable en milieu rural, dans les villages ou les villes secondaires
défavorisées.
L’Agriculture avec un appui aux filières économiques de produits agricoles.
Et une ingénierie technique et sociale dans le domaine de l'irrigation.
La préparation et le suivi-évaluation des programmes ou projets de développement
ont beaucoup évolué ces dernières années en Haïti sous l’impulsion des bailleurs
de fonds, de l’importance grandissante des subventions octroyées et de la
nécessaire reddition de compte des Organisations Non Gouvernementales (ONG).
La professionnalisation concomitante des ONG haïtiennes ne s’est pas opérée au
même rythme que celle des ONG internationales, et le doute s’installe dans leurs
capacités à être des partenaires compétents et fiables. Les bailleurs de fonds
recourent de plus en plus aux ONG internationales pour exécuter leurs programmes
directement sur le terrain, et aucun transfert de compétences n’est fait en direction
de leurs homologues nationaux.
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Dans ce contexte-là, j'ai été chargée d'accompagner l'ensemble du personnel à
améliorer les outils de travail (rapport, formats, planification). Dans le cadre de ce
stage, j'ai aussi été chargée du suivi, du reporting et de planification des activités
et des projets. Plus précisément, il s'agissait pour moi tout au long de ce stage de
préparer un module de formation sur l’élaboration d’un rapport d’activités ,
d'appuyer les consultants en charge du suivi technique dans le monitoring d’un
projet (lecture d’un cadre logique et avancement des résultats). De manière très
ponctuelle, j'ai élaboré avec les acteurs et le personnel concernés la note succincte
du nouveau projet de filières qui sera soumis début 2012 à CORDAID5 (Pays-Bas).
Pour réaliser l’ensemble des ces tâches, j’ai entrepris des visites de suivi sur le
terrain, des rencontres avec le personnel des projets, les partenaires institutionnels
et les bénéficiaires, des sessions de travail avec le personnel cadre et les
consultants du CPH. Selon les projets et le travail demandé, je suis intervenue
régulièrement au sein du service d’ingénierie sociale, de l'administration, de la
direction et du service du suivi/évaluation. Il convient de noter que si je n'ai pas
travaillé directement sur un projet en particulier, j'ai régulièrement été amenée à
travailler avec l'ensemble du personnel y compris dans les bureaux décentralisés.6
L'atelier de formation n'a pu être réalisé. Après quelques séances individuelles et
d'appui méthodologique, le Conseil de direction n'a pas souhaité que je vienne en
appui formel aux cadres par crainte d'une certaine gêne.
Dans le cadre des remaniements et des réorientations stratégiques prévus au sein
du CPH (nous les aborderons dans une autre partie), j'ai été amenée à réaliser deux
missions d'évaluation/diagnostic sur le service d'ingénierie sociale du CPH et sur
ses interventions en eau potable. Sans être des audits, il s'agissait de comprendre le
mode d'insertion que le CPH pouvait espérer à travers la valorisation de
l'ingénierie sociale dans le contexte actuel.
Le diagnostic/évaluation du service d’IS a pour principaux objectifs de caractériser
les forces et les faiblesses du service d’ingénierie sociale du CPH. Les contraintes
et les opportunités se présentant sur le court/moyen terme seront elles aussi mises
4 La reconnaissance légale d’une ONG est accréditée en Haïti par l’institution UCAONG. 5 CORDAID est membre du réseau mondial Caritas. 6 Depuis 2007, le CPH a fait le choix de décentraliser les activités liées la mise en œuvre des projets.
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en lumière. Pour cet exercice, l’ensemble des documents disponibles relatant,
planifiant, décrivant les activités et les orientations du service d’ingénierie sociale
du CPH a été passé en revue. Il s’agissait dans un premier temps d’avoir
l’historique du service et de ses interventions. Sur le plan interne, les chefs de
projet, les animateurs, les cadres du service d’IS et les principaux partenaires/
clients ont été mobilisés sous la forme d’entretien collectif ou individuel, ou par le
biais d’animation SWOT. Ils ont pu faire valoir leur perception du service et aider
à en identifier les principales caractéristiques.
En ce qui concerne le diagnostic en Eau Potable et Assainissement, 47 personnes ont été
interrogées dans 10 sections communales différentes. En plus des membres des
CAEPA, j'ai pu m'entretenir avec deux maires, la responsable du bureau de l’eau et
assainissement de Camp Perrin, un opérateur professionnel, une animatrice relais et un
ancien employé de CONCERN WW.
Pour le Plateau Central, nous avons mobilisé les CAEPA de Madame Jacques, Destin-
ville, de Lamarre et ceux du centre-ville de Saut d’Eau et de Croix Fer. Dans le Sud, les
membres des CAEPA de Cavaillon, de Rhé, Mersant, Marceline et du centre-ville ont
eux aussi été interrogés. Le COGEPAC, structure cordonnant les activités des différents
CAEPA de Camp Perrin (centre-ville et sections communales) a aussi participé à ce
diagnostic.
Les entretiens ont suscité la méfiance de certains acteurs politiques des zones
sélectionnées. Certains entretiens ont par ailleurs fait l’objet d’une véritable supervision
(surveillance?) avec par exemple la volonté de certains hommes politiques d’être
systématiquement présents.
Dans deux cas, il m'a été impossible de questionner les membres du CAEPA
individuellement et nous avons eu aussi deux autres cas où les présidents avaient choisi
de ne pas inviter les autres membres.
Lors de ces missions, j'ai aussi du mobiliser la matrice SWOT et des techniques
d'interviews. J'avais eu l'occasion de me familiariser avec ces outils dans le cadre
de ma troisième année pour les techniques d'entretiens et dans le cadre de ma
cinquième année pour la matrice SWOT. L’application de ces outils appréhendés
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dans le cadre universitaire, n’a toutefois pas été chose simple dans la mesure où ils
demandaient à être adaptés au contexte et aux interlocuteurs.
C'est la thématique de l'eau potable et de l'assainissement que nous allons aborder
à travers l'exemple des mutations qui s'opèrent dans le secteur d'intervention
historique du CPH.
Il convient de souligner pour la suite que nous n'aborderons pas la thématique de
l'assainissement parce que le CPH est très peu intervenu en assainissement. Sur
l’ensemble des CAEPA et des zones visitées, nous avons identifié une intervention
physique se rapportant à l’assainissement. Par le biais d’un financement d’ICCO,
le CPH a construit deux blocs sanitaires pour deux groupes scolaires situés dans la
section communale de Rhé (Sud).
La sensibilisation et la vulgarisation de techniques d’hygiène sont par contre
systématiquement intégrées dans les formations que dispensent l’équipe
d’ingénierie sociale ou/et ses consultants.
Dans le secteur dit EPA (Eau Potable et Assainissement), nous nous concentrerons
donc principalement sur les interventions du CPH en eau potable.
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Le CPH: un acteur du développement haïtien au
cœur des mutations du secteur EPA.
Les premiers engagements de PROTOS, qui deviendra plus tard CPH, dans le secteur
hydraulique en Haïti interviennent entre 1976 et 1985 dans le cadre de l'initiative de
plusieurs ingénieurs belges pour des études de faisabilité de projets d’alimentation en
eau potable à La Gonâve (Ouest), à Dérac et à Fort-Liberté (Nord-Est), à Marmont, à
Hinche (Centre), et pour la construction d’une centrale hydroélectrique à Bassin-Zim
(Centre).
De 1985 à 1990, dans un contexte de fin de dictature et de renforcement de la société
civile, les groupes de base vont être associés faisant alors participer les bénéficiaires.
Les précédentes interventions et les difficultés rencontrées avaient déjà montré la
nécessaire implication des bénéficiaires et les limites de la gestion centralisée et
bureaucratisée.
Des Comités de Gestion composés d’acteurs locaux commencent alors à faire leur
apparition. Ces comités viennent en appui à l’équipe technique et sont chargés, pendant
l’exécution des travaux, de mobiliser la population. La composition, la formation et
l’accompagnement de ces comités, qui devaient par la suite assurer la gestion des
réseaux, étaient confiés aux paroisses. Ce sont les prémisses de l'ingénierie sociale.
L'Eglise chargée de l’accompagnement des Comités de gestion va petit à petit
s’approprier la gestion des systèmes, et cette tendance est renforcée par le fait que ces
comités n’ont pas de reconnaissance légale.
Entre 1990 et 1994, le CPH va revenir sur le bilan des précédentes interventions et
dresser quelques constats :
-La participation des bénéficiaires dès le départ est une condition sine qua non au bon
déroulement du projet et à une mobilisation communautaire ;
-La gestion des systèmes requiert des comités villageois bien formés et motivés,
indépendants des paroisses ;
-Les interventions et les projets en eau potable doivent être identifiés à l’échelle
nationale pour éviter la superposition des moyens.
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Ce sont ces constats qui pousseront le CPH à innover et à promouvoir la constitution de
groupes de bases et le renforcement des capacités notamment de gestion dans le cadre
des projets d’EPA. Les futurs usagers participent dès lors plus activement à la
préparation et à l’exécution de leur projet : préparation de route, creusement du réseau
de distribution, apport en matériaux locaux, etc.
Dès le milieu des années 90’, les Comités de Gestion reçoivent systématiquement un
accompagnement organisationnel et technique de la part du CPH pendant l’exécution et
après la remise du projet.
A partir de 1999 et après plus de 20 ans d'activités, par souci de redéfinir ses stratégies
d’intervention, et à un moment où les thèmes Réforme, Genre et Décentralisation
résonnaient de plus en plus fort dans le concept du développement local, le CPH avait
jugé opportun de procéder à une réflexion critique sur son programme hydraulique.
Cette évaluation réalisée par des auditeurs externes avait mis en lumière l’efficacité du
CPH ainsi que la pertinence de son approche (nouvelle à l’époque) en matière
d'ingénierie sociale. Il convient toutefois de noter que si l'engagement du CPH auprès
des bénéficiaires a largement été valorisé dans cette étude, on y mentionne aussi ce qui
semble être à l’époque une pratique accusant un déficit de méthodologie et d’outils
spécifiques au secteur EPA, avec en plus une absente criante de stratégie visant à la
promotion de la participation des femmes.
Il faut imaginer que dans les années 80-90 l'intervention auprès des bénéficiaires et leur
accompagnement sont placés sous le signe de l’engagement des acteurs du
développement auprès des plus nécessiteux. C’est d’autant plus vrai que pour le CPH la
thématique de l’eau potable se superpose à la pauvreté et à la vulnérabilité des zones les
plus enclavées.
La démarche visant à appuyer ces communautés et à leur permettre d’accéder à de
nouveaux services de base, dont l’eau potable, relève jusqu’à la fin des années 90 ’
à du militantisme. Cela se ressent aussi à l’échelle de CPH où le travail social
stricto sensu n’est pas valorisé et n’est pas appréhendé comme une profession. Les
profils d’intervenants sont divers (juriste, économiste, éducatrice). Ce n’est qu’en
1997 que la première travailleuse sociale fait son entrée au sein du service d’IS du
CPH.
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Il faudra attendre plusieurs années pour que, sous l’impulsion d’une
restructuration, une planification stratégique détermine les orientations à donner au
service notamment par le biais d’une véritable approche professionnelle du service
et de ses intervenants.
Aujourd'hui, après trente ans d'activités, le bilan des interventions du CPH est
plutôt positif. Au fil des années, l'institution a diversifié ses partenaires
(CORDAID, Misereor, AVSF, CONCERN WW) et a aussi pu capitaliser une
expérience dans la gestion de projet en systématisant son approche et ses modules
de formation. De 1982 à 2011, le CPH a construit et/ou réhabilité 36 systèmes
d’approvisionnement en eau potable dans les départements du Centre, du Nord -Est,
des Nippes, du Nord-Ouest, du Sud, du Sud-Est et de l’Ouest qui desservent plus
de 285,300 usagers. On notera que le plus grand système d'eau potable construit est
celui de Poste-Métier (37 km), et le plus petit, celui de Bois-de-Laurence (1km).
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Interventions du CPH en EPA
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L'efficacité du CPH est reconnue à l'échelle nationale et participe à donner de la voix à
l'institution dans le débat national. Actif dans les années 90’ sur la formation et
l'accompagnement des structures de gestion, le CPH est un peu plus tard à l'origine de la
création de la Plate-forme Eau Potable et Assainissement (PEPA). Aujourd'hui, si le
Cluster WASH (UN) mobilise principalement des ONG « urgentistes » à forte capacité
de mobilisation notamment en vue des plans de contingence, la DINEPA reste vigilante
et s’attache à répertorier l'ensemble des intervenants en EPA avec l'édition d'un accord
cadre que le CPH a déjà entrepris de ratifier.
En ce qui concerne la construction des ouvrages, le CPH bénéficie d’une bonne image
auprès des bénéficiaires qui lors des différentes rencontres ont beaucoup mis l’accent
sur la durabilité des ouvrages construits. Visibles et utiles, ces infrastructures participent
à la crédibilité de l’institution.
Les restrictions budgétaires, les suspensions de fonds ont parfois contraint le CPH
à écourter ou à restreindre ces interventions. Ces situations ont provoqué des
malentendus qui accroissent le climat de défiance et de méfiance des communautés
envers les ONG.
Cette situation de dépendance à des bailleurs de fonds est une réalité commune à
l'ensemble des structures haïtiennes qui aujourd'hui pâtissent en plus de
l'internationalisation du marché haïtien avec l'arrivée depuis le 12 janvier de
plusieurs centaines d'opérateurs internationaux.
Les visites de terrain ont aussi attiré notre attention sur l’importance des travaux et
des réalisations physiques dans la relation entre les ONG et les communautés.
Impatients et particulièrement vigilants, les acteurs locaux s’attachent beaucoup à
suivre de près ou de loin le chantier, ce qui leur permet aussi de mesurer les
progrès effectués.
Les nouvelles modalités d’intervention proposées dans le cadre du plan stratégique
de la DINEPA font aujourd’hui penser à une diminution en nombre des
interventions du CPH dans les constructions physiques. Les ONG voulant
s’impliquer dans la construction devront elles-mêmes disposer de fonds puisque
dans le cadre des appels d’offre de la DINEPA, ce sont principalement les bureaux
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d’étude et les firmes qui seront (qui sont déjà) mobilisés pour la construction. Il
s’agit d’un choix institutionnel visant à s’inspirer d’une dynamique mondiale où
les partenariats public/privé ont témoigné de leur efficacité. Le recours au secteur
privé est effectif tant au niveau de la construction des ouvrages hydrauliques que
de la gestion des systèmes.
Comme c’est déjà le cas dans le programme EPAR (Eau Potable et Assainissement
en milieu Rural) du SNEP/DINEPA, le CPH est dans cette configuration
principalement chargé de la sensibilisation, de l’accompagnement et de la
formation des usagers, des Comités d’Approvisionnement en Eau Potable et
d’Assainissement (CAEPA), et des Opérateurs professionnels. Les travaux
techniques sont alors du ressort des firmes. L'ingénierie sociale intégrant les
phases de préparation, de diagnostic, de faisabilité socio-économique et
d'accompagnement/formation devient alors le principal champ d'activité d'une
institution qui jusque-là intervenait sur l'ensemble des phases. Si cela représente
une opportunité et une solution pour le maintient du CPH (et d'autres institutions
haïtiennes) dans le paysage du secteur EPA en Haïti, la dissociation entre le
technique et le social pourrait handicaper le service d’Ingénierie Sociale du CPH
qui se retrouverait alors en difficulté devant des communautés qui n’accordent que
peu de crédit à cet aspect du projet, ou du moins qu’elles considèrent comme
secondaire.
Il convient pourtant, au regard de l'encadré présenté ci dessous, de relativiser en
nombre les activités de construction. Les activités d'accompagnement, de
sensibilisation et de diagnostic sont plus nombreuses et plus longues, ce qui
suppose donc pour le CPH un volume d'activité important avec toutefois des
enveloppes budgétaires moins conséquentes.
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*Seules les activités en rouge sont du ressort de la construction d'ouvrages
Ce constat n’annule pas l’inquiétude de plusieurs ONG haïtiennes de se voir petit à
petit écartées du paysage du développement au nom de la performance et de la
solidité financière des ONG internationales.
Le maintien du CPH et des structures haïtiennes dans un créneau tel que
l’ingénierie sociale pose aussi le problème de la marge de manœuvre de ces
institutions sur le terrain. Souvent mobilisées pour des contrats de sous-traitance,
ces ONG ont beaucoup de difficultés à faire valoir leur connaissance du terrain
dans le cadre de l’élaboration des budgets. Peu concertées, elles sont souvent
contraintes de composer avec des enveloppes qui minimisent la phase et
l’importance de l’ingénierie sociale.
de l’intervention de l’ingénierie sociale dans un projet et s'il y
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pendant la phase de diagnostic. Les solutions qui seront apportées, les activités qui
seront mené
contraintes de la tarification de ce service, notamment parce qu’on parvien
par exemple: les crises
organisationnelles).
L’exclusion progressive de structures telles que le CPH au sein des processus de
décision et de mise en œuvre des projets EPA en Haïti font craindre une annulation
de tous les efforts entamés jusque-là et soutenus, a priori, encore aujourd’hui par la
déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide.
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Les conséquences de la mutation du secteur
EPA à l'échelle du CPH
Comme on l'a vu précédemment, les structures haïtiennes sont de plus en plus
confrontées à la compétition internationale avec en plus en ce qui concerne le
secteur EPA une préférence pour les firmes dans le cadre des appels d'offre pour la
construction des systèmes d'eau potable. Le CPH jusque-là chargé de l'ensemble
des composantes du projet (construction et accompagnement) est d'ores et déjà
exclusivement mobilisé pour la partie ingénierie sociale. Cette tendance permet
d'envisager que le CPH ne sera pas écarté du secteur EPA mais suppose une
redéfinition de ses orientations.
La période post-duvaliériste apporte un nouvel éclairage sur les problématiques
d'ingénierie sociale, notamment sur le nécessaire retour de l’Etat au centre des
projets de développement. Le point d’entrée de ce nouveau paradigme est l’échec
des tentatives de tarification des services en eau potable. Les intervenants du CPH
sont dès lors conscients que seul l’Etat peut, de par sa fonction régalienne,
apporter une solution à l’absence de consensus autour du paiement de l’eau.
C’est dans ce contexte aussi qu’on assiste à une montée en puissance de la société
civile et des organisations et associations de base. L'ingénierie sociale au CPH
connait un succès grandissant car, n’ayant jamais cessé d’intervenir dans le
domaine, elle bénéficie aussi de son ancrage au sein des communautés. Le
développement humain et la prise en compte des besoins sont les clés d’une
coopération avec les communautés qui sollicitent de part et d’au tre les formations.
L’éducation populaire est donc une des activités du service d’ingénierie sociale
qui, dans un contexte plus mondial est valorisée par toutes les théories de la
théologie de la libération que l’on retrouve un peu partout en Amérique latine.
Jusqu'à 1996-97, on ne parle pas véritablement d'ingénierie sociale mais de
sensibilisation/information/accompagnement incluant également un travail auprès
des acteurs institutionnels et politiques locaux. Le terme "ingénierie sociale" naîtra
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du désir d'efficacité et de crédibilité d’un service qui veut faire valoir sa
méthodologie propre.7
Le service d'ingénierie sociale, devenu central dans les activités de CPH, bénéficie
surtout de la grande expérience de l’institution dans ce domaine. Les multiples
engagements du CPH envers les groupes de population les plus défavorisés,
l’expérience du transfert et de la gestion des petits périmètres irrigués par les
organisations d’usagers, l’appui donné à la professionnalisation des organisations
de producteurs sont autant d’éléments qui participent à l’expertise du CPH en
matière d’ingénierie sociale. On peut dater les premières interventions du CPH au
début des années 80’. Trente ans plus tard, le CPH détient tous les atouts pour être
un leader haïtien en ingénierie sociale.
La conjoncture mondiale et particulièrement celle d’Haïti, jointe aux résultats des
évaluations réalisées et les impulsions données par la Déclaration de Paris,
appellent le CPH à poursuivre son travail d’accompagnement.
Dans le sillage de la professionnalisation du champ du développement, l’ingénierie
sociale trouve sa légitimité dans le « sur-mesure » et la prise en compte de la
complexité des problématiques et des enjeux de développement. La quête d'une
« véritable efficacité » de l'aide et le retour de la participation et de l'appropriation
des bénéficiaires a permis de structurer un champ d'intervention dédié à un
accompagnement spécifique qui a pour objectif l'autonomisation des bénéficiaires.
Appliquer au secteur EPA, l'ingénierie sociale tente de trouver des solutions visant
à la pérennité et à la durabilité des investissements en proposant dans le même
temps un transfert de connaissance pour une bonne gestion des systèmes.
L’accompagnement des Comité d'Adduction d'Eau Potable et Assainissement
(CAEPA) et de tout autre opérateur professionnel est une composante déterminante
pour la bonne gestion de l’eau et l’effectivité du transfert de gestion prévu dans le
cadre de la réforme menée par la DINEPA. Cet accompagnement inclut la phase
d’identification des acteurs et leur recrutement ainsi que les étapes de
renforcement et de formation.
7 Le terme ne fait pas consensus et fait encore l’objet de débat tout en englobant déjà une multitude d’approches : « développement communautaire », « développement local », « développement rural. »
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Nos rencontres de terrain ont révélé combien l’accompagnement est crucial et
influence l’ensemble du processus de délégation de la gestion des systèmes.
Les formations que le CPH propose au CAEPA durant le projet concernent la
gestion technique, administrative et financière d’un réseau d’eau, le renforcement
organisationnel du Comité, et la prévention en hygiène des usagers. L'équipe
d’ingénierie sociale du CPH intervient aussi bien dans les phases de mobilisation,
de sensibilisation, que lors du montage du CAEPA ou dans le processus de
renforcement de capacités et la formation en gestion.
L'équipe basée à Port-au-Prince est composée de deux travailleuses sociales de
niveau universitaire. Elles interviennent sur l'ensemble des projets (au moins 50%
de leur temps de travail doit être réalisé sur le terrain) apportant un appui
méthodologique ou organisationnel lorsque c’est nécessaire. Elles sont aussi
chargées de l’encadrement des animateurs, de la planification/coordination, du
suivi et des rapports mensuels dans le cadre des comptes rendus fournis aux
bailleurs de fonds, aux partenaires et aux clients. Le service d’IS est représenté en
permanence sur le terrain par les animateurs. Ces animateurs présents sur le terrain
sont choisis pour leur connaissance des zones d'intervention. Principalement
formés aux techniques d’animation sur le tas, ils présentent l'avantage d’être
ancrés culturellement, de connaître, au plus près, les enjeux et les réalités des
communautés concernées. Le CPH tient néanmoins à ce que l’animateur ne soit
pas directement issu de la communauté dans un souci de neutralité par rapport aux
enjeux du projet. Ce constat m’a permis de découvrir combien l’aide au
développement et les projets faisaient l’objet de chantage et de convoitise au sein
même des bénéficiaires.
L’ancrage culturel est donc une composante essentielle qu’il convient de ne pas
écarter. La réalité haïtienne complexe et codifiée demande une compréhension des
implicites pour laquelle l’approche méthodologique ne suffit pas.
La diversité des profils instituée au sein du service d’IS du CPH semble vouloir
répondre à l'hétérogénéité des interlocuteurs. Elle permet d'optimiser les résultats
attendus des interventions.
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Tout au long du stage, mes rencontres avec d’autres opérateurs en Eau Potable
m’ont permis de constater que le recrutement d’expatriés à certains postes nuisait à
l’efficacité du travail d’ingénierie sociale. Formés à la gestion sociale de l’eau
ou/et aux techniques d’animation, ces « travailleurs sociaux » se retrouvent
pourtant très vite en difficulté face à des communautés voulant tirer profit de la
méconnaissance du terrain de leur interlocuteur. Des chantages peuvent même en
découler.
Le CPH a, dans certains projets, été écarté de ce processus de formation des
CAEPA. Accaparé dans certaines situations par l’Eglise ou par le SNEP,
l’accompagnement des CAEPA peut parfois faire l’objet d’une improvisation ou
d’une instrumentalisation, ce qui compromet leur efficacité.
Lors de nos visites, nous avons constaté que le déficit d’accompagnement ou un
accompagnement mal outillé compromettait la bonne gestion des systèmes.
En questionnant la viabilité des CAEPA, nous avons constaté que de manière
générale ils se maintiennent au moins sur 2 à 3 mandats (4 à 8 ans). On note qu’il y
a une tendance, lors des élections, au renouvellement des mandats des anciens
membres. Les personnes interrogées expliquent cette tendance par la nécessi té de
conserver au sein du CAEPA «une mémoire» des travaux et des activités réalisés
sur le réseau.
La mémoire des CAEPA serait donc incarnée par les anciens, ce qui pose le
problème de l’archivage des comptes rendus (et autres documents narratifs) qui
n’est pas (ou peu) systématique. Les membres s’appuient sur des ressources clés et
anciennes (le premier président du CAEPA, un ancien maire, un agent
communautaire, un ancien animateur du projet, etc.) pour restituer l’histoire du
système.
Le non renouvellement ou le renouvellement partiel des membres nous interroge
sur ce qui semble être la «captation» des CAEPA par des individus qui occupent
par ailleurs des postes politiques ou publics. Dès lors, on peut douter de
l’indépendance des CAEPA et de leur efficacité, notamment parce que les
personnes interrogées ont fait état d’une utilisation abusive des ressources du
CAEPA (motocyclettes, locaux) qui seraient à première vue souvent mobilisées à
BECOULET MALAÏKA| CID-GRPS | Mémoire de fin d'études | 2010-2011
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des fins personnelles.
Il convient de noter que le déficit d’accompagnement après le projet expose les
CAEPA à un risque de récupération politique comme c’est le cas dans certaines
zones aujourd’hui. Le CAEPA devient un tremplin notamment du fait du caractère
crucial de l’eau potable. Il nous a été dans certains cas difficile, voire impossible,
de rencontrer les membres du CAEPA sans la présence du maire qui a par ailleurs
monopolisé l’entretien.
La gestion des CAEPA visités est relativement efficace sur le plan de l’entretien
du système, du suivi des infrastructures et de la mise à jour des comptes. Les
membres des CAEPA connaissent bien les difficultés de leur réseau et ont dans la
plupart des cas une idée précise des dysfonctionnements et de leurs causes. Ces
membres ont pour la plupart d’entre eux un sentiment de responsabilité vis-à-vis
de la communauté et s’attachent à aller visiter régulièrement les ouvrages du
système. Ces visites sont aussi pour eux une façon de faire la preuve de leur
« activisme ».
En ce qui concerne les formations proposées par le CPH, les acteurs interrogés
qualifient la démarche méthodologique d’utile et d’appropriée, et ils soulignent
pour ceux qui ont connu des formateurs différents ou un changement de personnel
au sein du CPH une continuité méthodologique au sein du service d’IS du CPH.
Les interviews ont dans l’ensemble mis en lumière que les CAEPA fonctionnaient
encore pour beaucoup d’entre eux grâce aux compétences acquises lors des
formations du CPH, puisqu’il n’y a pas en dehors des projets d’eau potable , des
formations en gestion ou en entretien des systèmes. A première vue, la réforme en
cours n’a pas apporté de réponse à ce problème : les formations sont encore et
toujours dispensées dans le cadre de projets limités dans le temps. Un
accompagnement de courte durée implique de fait une détérioration des conditions
de gestion du système notamment en cas de changement au sein des membres du
CAEPA. Depuis l’apparition du choléra fin 2010, plusieurs CAEPA ont interpelé
la DINEPA sur une nécessaire réactualisation des protocoles d’hygiène.
D’une manière générale, les outils et les savoir-faire apportés lors des formations
du CPH dans le cadre d’un projet doivent être réactualisés. Il convient de souligner
BECOULET MALAÏKA| CID-GRPS | Mémoire de fin d'études | 2010-2011
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auprès des acteurs étatiques l’importance d’une approche à long terme pour les
formations qui doivent être pensées au delà des phases de construction ou de
réhabilitation. Les modalités de financement devront être précisées, puisque
comme nous l’avons signalé précédemment, les ONG haïtiennes de disposent pas
de fonds propres pouvant faire face à de telles initiatives. Elles n’ont pas non plus
l’opportunité comme dans des pays plus riches de procéder à des levées de fonds
(fundraising).
Les outils utilisés par le service d’IS sont aussi utilisés à l’échelle nationale et
internationale. J’ai ainsi pu retrouver lors des séances de sensibilisation et de
formation des outils tels que le MARP (Méthode Accélérée de Recherches
Participatives), le focus groupe, la Méthode PHAST (participation à la transformation
de l’hygiène et de l’assainissement) pour ce qui est du diagnostic de la problématique
de l'eau dans les zones-cibles. La Planification des Interventions Par Objectif
(PIPO), et l’analyse FFOM (Forces-Faiblesses-Opportunités-Menaces) sont elles
aussi mobilisées lors de la définition des grandes lignes d’un projet de concert avec
les différentes entités impliquées.
Si j’ai pris connaissance de l’existence de ces outils méthodologiques dans le cadre
des mes cours, je n’en mesurais pas la portée ni l’utilité effective. J’ai réalisé lors
de différentes rencontres combien et comment ils étaient mobilisés et utilisés
différemment selon que le public était lettré ou non, féminin ou masculin, et selon
le contexte d’intervention.
Toujours dans le sillage de la réflexion autour de l'efficacité de l'aide au
développement et fort de son expérience sur le terrain, le CPH associe la
population au début du projet pour l'identification des problèmes, des besoins. Une
grande partie des personnes interrogées témoignent de la dimension participative
de l’implantation du projet. Environ 8 CAEPA sur 10 déclarent avoir fait des
demandes pour l’exécution d’un tel projet auprès du CPH ou auprès d’un
partenaire plus présent dans la zone (PROTOS pour le Sud, CONCERN pour le
Plateau central).
Les usagers jouent aussi un rôle important pendant le projet puisqu’ils participent
aux travaux lors de la construction des réseaux. La dynamique d'embauche
BECOULET MALAÏKA| CID-GRPS | Mémoire de fin d'études | 2010-2011
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impulsée par le projet est importante pour les acteurs locaux qui par ailleurs
déplorent que certaines ressources soient embauchées à l'extérieur (en dehors de la
localité concernée par le projet). Dans des cas extrêmes, cela a généré des conflits
pouvant amener par exemple certains élus à ouvertement s’opposer au CPH ou à
ses partenaires. Les pressions exercées par les Maires ou les CASEC pour que
seules des ressources locales soient embauchées font craindre une véritable prise
en otage du projet aux dépends du bon déroulement des activités. Les pressions
sont nombreuses, pouvant aller jusqu’à la pose de scellés sur les véhicules de
l’institution. Interrogé à ce sujet, un maire a rappelé qu’il avait pour «devoir» de
contrôler et d’orienter les projets réalisés dans la zone dont il a la responsabilité
administrative et politique. Cette posture est dangereuse et expose les ONG à des
chantages en tous genres.
.
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L'ingénierie sociale en Haïti: un engouement à
relativiser
Depuis le début des années 90’, face aux limites de l'interventionnisme des ONG,
une nouvelle approche valorisant la participation des bénéficiaires est mise en
avant. Il s'agit ici d'associer de manière systématique les bénéficiaires d'un projet
aux activités de ce dernier pour que le transfert de connaissance soit effectif. Le
concept initial était dénommé : "développement participatif". Il associait le ou les
partenaires à la base dans toutes les phases du cycle de projet : diagnostic et
identification des besoins (conception), exécution d’activités, pilotage, et
évaluation.
La vision est idéale. Les bailleurs de fonds lorsqu’ils procèdent par appel à
proposition (l’UE par exemple) ne laissent pas plus de 60 jours pour élaborer et
soumettre un projet (document complet). Les études préliminaires sont donc
renvoyées en début de projet, ce qui n’est pas plus mal pour établir les lignes de
base, mais cette approche n’est viable du point de vue participatif qu’avec des
partenaires à la base déjà connus du demandeur (l’ONG leader ou ses partenaires
institutionnels).
Si le modèle participatif de ces dernières années tente de pallier les difficultés que
rencontrait le mode interventionniste, il n'échappe pas pour autant aux handicaps
structurels haïtiens.
Le sous-développement haïtien se vérifie à tous les échelons de la société et dans
tous les secteurs, et dès lors le modèle participatif demande à être repensé.
L'adhésion des bénéficiaires ne dépend pas uniquement de l’organisation
intermédiaire qui accompagne le projet. Le consensus autour de l'importance de la
participation des bénéficiaires ne semble pas être remis en question, mais les
moyens de cette participation doivent faire l'objet d'une vraie réflexion.
En accompagnant les acteurs d’un projet avec son service d'ingénierie sociale, le
CPH semble avoir intégré cette réflexion à sa démarche. Les solutions et les outils
trouvés intègrent les disparités constatées sur le terrain. Les ressources humaines
BECOULET MALAÏKA| CID-GRPS | Mémoire de fin d'études | 2010-2011
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engagées pour faciliter cette participation diffèrent selon le cadre de l'intervention
et le public concerné.
On doit cependant noter que ces efforts sont contrariés par une réalité haïtienne
peu favorable au consensus. Société de conflit, Haïti regorge de situations peu
propices à la collaboration. Les craintes superstitieuses, le sentiment d'insécurité
permanente, et la méfiance généralisée sont autant d'éléments qui favorisent un
climat de tensions que l'on retrouve au sein des communautés. Cela favorise de
facto que l’on relègue l'intérêt général au second plan.
Cette déstructuration haïtienne se traduit aussi par une absence de normes.
L'absence d’une justice efficace, la corruption et la faible présence d'un système
répressif étatique tendent à favoriser des comportements individuels peu
respectueux du bien commun. Dès lors, les responsables de projet doivent arbitrer
des situations difficiles laissant difficilement place à l'autonomie des groupes de
bénéficiaire. Ce constat est aussi applicable au secteur EPA au sein duquel
aujourd'hui encore les tentatives de paiement de l'eau potable échouent dans un
bon nombre de zones rurales.
La déliquescence de l’Etat d'hier et d'aujourd'hui explique en partie que l’Etat ne
soit pas présent dans le milieu rural. Les institutions étatiques considérées comme
faibles sont à bien des égards impuissantes (voir inactives) dans leur domaine
d'intervention. Pour l’heure, la peur des représailles et l’isolement des CAEPA
freinent par exemple la réforme visant à la non-gratuité de l’eau distribuée dans les
fontaines, dans les prises privées et dans les kiosques. Bien que le CPH associe les
collectivités locales et les sensibilise à l'importance de la tarification de l'eau et si
le même effort est mis en oeuvre auprès des populations, le paiement de l'eau
suscite encore et toujours de vives tensions et rencontre des oppositions parfois
violentes.
Ces éléments participent durablement à freiner les progrès en ingénierie sociale et
entrave son efficacité. L'Etat, seul représentant de la force, n'a pas encore les
moyens de mettre en oeuvre la totalité de ses ambitions.
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L'ingénierie sociale est aussi handicapée par le maintien de certaines pratiques au
sein même des structures de développement. Bien que le volet d'ingénierie sociale
soit clairement explicité dans les documents de projets notamment pour le projet
EPAR, la difficulté est liée aux chefs de projets qui demeurent réticents (pour
certains) vis-à-vis de l'ingénierie sociale; l'intervention de cette équipe est parfois
perçue comme une perte de temps.
Ce rapport à l'ingénierie sociale et d'une manière plus générale le peu de crédit
accordé à la médiation sociale peuvent ou pourraient être appréhendés comme un
héritage des pratiques interventionnistes encore récentes. L'interventionnisme des
exécuteurs de projets (chefs de projet, techniciens, animateurs.) laissait peu de
marge de négociation aux bénéficiaires.
Le service d’ingénierie sociale est même parfois perçu comme un invité au sein
des projets subventionnés. Cette perception du service tient en partie au faible
poste budgétaire qui lui est attribué. Cet élément participe à affaiblir l’ingénierie
sociale qui s’en retrouve limitée dans son action. La rédaction des documents de
projet est ici en cause, et on constate une sous-évaluation des besoins en ingénierie
sociale dans certains projets et/ou par certains partenaires.
L’improvisation en ingénierie sociale est aussi un frein à l’efficacité des
interventions car elle occulte la composante méthodologique des interventions.
Le CPH est appelé à poursuivre son travail d’accompagnement tout en s’attachant
à défendre auprès des partenaires l’ingénierie sociale comme un outil permettant
de mieux prendre en compte les besoins des communautés.
BECOULET MALAÏKA| CID-GRPS | Mémoire de fin d'études | 2010-2011
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Conclusion
L'analyse de la conjoncture actuelle laisse à penser que le CPH interviendra de
moins en moins dans la construction d'ouvrages hydrauliques. La fin du partenariat
avec PROTOS prévue pour 2012 renforce cette idée puisque cette ONGI était
jusque-là le principal « partenaire-bailleur » du CPH pour les projets d’eau
potable. On note cependant que favorisée par l'émergence à l'échelle mondiale
d'une nouvelle réflexion sur l'accompagnement social, l'ingénierie sociale est une
perspective intéressante pour les ONG telles que le CPH.
Il convient cependant de noter que le CPH en plus de la construction d'ouvrage,
intervient déjà dans l'accompagnement des CAEPA et des opérateurs , et que depuis
2007 cette expérience a été valorisée dans le cadre de la prestation de services.
Cette expertise et la qualité d'un travail reconnu seront des atouts à faire valoir
dans ce nouveau cadre d'intervention régi par la DINEPA.
C'est un élément d'autant plus important que les besoins en ingénierie sociale sont
immenses dans le secteur EPA en Haïti. La formation et l'accompagnement sont
encore et toujours primordiaux puisqu'ils permettent d'assurer une bonne gestion
des systèmes. Cet accompagnement combiné à une conscientisation et une
responsabilisation des opérateurs mais aussi de la population sont d'autant plus
nécessaires qu'aujourd'hui la réforme du secteur EPA rencontre des réticences et
des oppositions notamment en ce qui a trait à la tarification de l'eau potable.
Dans un premier temps, il convient de rappeler que les activités du CPH au travers
des projets subventionnés via des ONGI (Protos, Cordaid, Concern, Misereor) ne
participent pas à couvrir la totalité des frais de gestion. Conscient de ce handicap,
le CPH a fait le choix en octobre 2007 de multiplier les sources de revenus en
contractant un premier contrat de service. Ce choix permettant de couvrir les
déficits de gestion du CPH avait aussi comme objectif de consolider le fond de
roulement de l’ONG, très souvent sollicité pour le préfinancement des activités.
Cet objectif est d’autant plus important que le CPH, une ONG haïtienne, n’a pas
un volume de projets subventionnés suffisant et n’a pas accès à une ligne de crédit
bancaire. C’est dans ce contexte que le CPH multiplie des contrats de serv ice avec
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comme principaux clients le ministère de l’agriculture (MARNDR) et des
consortiums d’entreprises privées.
Capitalisant sur son expérience en tant qu’ONG intervenant dans le domaine de
l’ingénierie sociale, le CPH a donc développé un nouveau type de partenariat avec
les prestations de service. Cette nouvelle orientation ne se substitue pas à la
démarche principale de l’institution qui intervient en Haïti en tant qu’acteur du
développement. Cependant, cette stratégie visant à diversifier les sources de
revenus suscite quelques inquiétudes et pose problème notamment sur la lecture
que les partenaires doivent avoir du CPH et de ses actions. Les clients s’inquiètent
notamment d’une ambiguïté qui nuirait à l’objectivité des partenariats. L'ambiguïté
relevant ici de la confusion entre l'activité à but non lucratif de l’ingénierie sociale
et la prestation de service vendue par le CPH.
Il convient ici de rappeler que chacune de ces activités relève d’une démarche et de
stratégies différentes. L'ingénierie sociale intégrée au projet subventionné connait
les difficultés (communication, faiblesse de l’encadrement des animateurs, déficit
de planification) mais elle ne pâtit pas de la compétition qui pourrait exister sur le
marché haïtien. Elle ne pâtit pas non plus des relations parfois difficiles avec le
client.
L’équipe d’ingénierie sociale chargée de la prestation de service et celle qui
intègre les projets subventionnés sont les mêmes. La superposition des activités et
des équipes rajoute à la difficulté pour les partenaires dans la lecture qu’ils ont du
CPH et de sa nature.
Cette superposition est d’autant plus problématique qu’elle brouille aussi la lecture
que les employés ont de leur travail, ce qui amènent donc à une occultation de
l’approche client pourtant nécessaire dans un contrat de prestation de service.
L'ingénierie sociale sous la forme de prestation de service au CPH est confrontée à
une logique de rentabilité et de compétitivité qui demande une approche plus
mécanique et plus rationalisée.
Si cette activité est jusqu’à ce jour importante pour l’équilibre des bilans
d’exercice, elle reste minoritaire dans le portefeuille global des activités du CPH.
BECOULET MALAÏKA| CID-GRPS | Mémoire de fin d'études | 2010-2011
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Lors de la prochaine assemblée générale de l'institution, les membres devront se
prononcer sur la multiplication des contrats de service et ce que cela implique
notamment en termes de déviation méthodologique. La déviation méthodologique
mentionne ici une approche par objectifs (le projet ayant déjà établi ses finalités)
au sein de laquelle l’ingénierie sociale est chargée de faire «atterrir le projet».
Cette approche «par objectifs» contraste avec la démarche valorisée par le CPH et
à travers laquelle la priorité était, jusque-là, accordée à l’identification des besoins
par les communautés. L’approche «par objectifs» suppose aussi des contraintes et
des délais imposés par les firmes, ce qui réduit la marge de manœuvre d’une
équipe d’ingénierie sociale qui doit souvent composer avec de nombreux aléas.
Le risque image n’est pas à négliger: l'ingénierie sociale du CPH bénéficie, encore
aujourd’hui, du capital d’expertise et de confiance que l’institution a acquis en tant
qu’acteur du développement haïtien (et non pas en tant que prestataire de service) .
L'ingénierie sociale doit être aussi perçue comme une spécialisation intéressante
pour le CPH dans le cadre de l’internationalisation et de la professionnalisation du
secteur des ONG en Haïti. Profondément bousculées par l'arrivée massive des
ONG internationales, les structures haïtiennes doivent aujourd'hui se positionner
en restant compétitives.
Enfin, le CPH devrait dans les prochains mois s'appuyer sur sa crédibilité pour
travailler auprès de la Dinepa et de la PEPA et promouvoir la nécessité d'une
approche efficace et concertée de l'ingénierie sociale dans le secteur EPA.
Force est de constater que les modalités actuelles d'accompagnement et de
sensibilisation sont encore insuffisantes au vue des besoins et de l'ampleur de la
réforme et des tensions qu'elle suscite. ■
BECOULET MALAÏKA| CID-GRPS | Mémoire de fin d'études | 2010-2011
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Bibliographie
MINISTERE DE LA PLANIFICATION ET DE LA COOPERATION EXTERNE (MPCE)
OBSERVATOIRE NATIONAL DE LA PAUVRETE ET DE L’EXCLUSION SOCIALE
(ONPES) « Quel est le degré de réalisme qu’il faut donner aux OMD de la Déclaration du
Millénaire dans le cas d’Haïti ? » Dagobert ELISEE et Schmied ST FLEUR, juin 2009
LA DIMENSION HUMAINE DANS LES PROJETS DE DEVELOPPEMENT (traduit de
l'anglais) : LES VARIABLES SOCIOLOGIQUES ET CULTURELLES. Banque internationale
pour la reconstruction et le développement/ Banque mondiale. Michael M. Cernea (Auteur)
Broché: 592 pages Editeur : Karthala (1998) Collection : Economie et Développement
L'INGENIERIE SOCIALE DU DEVELOPPEMENT - A L'ECOLE DE L'EAU DE
JOSEPHINE ZIBI Auteur : Joséphine Zibi Editeur : L'harmattan Collection : Etudes
Africaines Parution : 01/04/2010 Nombre de pages : 297
DEVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE ET REDUCTION DE LA PAUVRETE DANS UN
CONTEXTE DE DECENTRALISATION. Claude OUATTARA, juin 2003.
BECOULET MALAÏKA| CID-GRPS | Mémoire de fin d'études | 2010-2011
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Annexes
BECOULET MALAÏKA| CID-GRPS | Mémoire de fin d'études | 2010-2011
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Les Organigrammes du CPH
Organigramme CPH
Organigramme du Service d'Ingénierie Sociale du CPH
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Questionnaire
Questionnaire réalisé dans le cadre du Diagnostic EPA
Diagnostic EPA
_______________________________________
Questionnaire
Ce questionnaire ainsi que les réponses aux questions sont confidentiels. Les
données récoltées et les analyses qui en découleront ne feront jamais ressortir les
identités des personnes interrogées.
Ce questionnaire a pour but d'alimenter une analyse globale qui ne porte pas sur
chacun des individus interrogés.
PORT-AU-PRINCE, Septembre 2011
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Présentation
Nom
Prénom
Sexe
Age
Profession
Connaissance du CPH/du projet
A quelle date le CPH est-il intervenu dans la zone?
Où et Comment?
Connaissiez-vous déjà le CPH ?
Comment avez-vous eu connaissance de ce projet?
Quelle a été la durée du projet ?
Avez-vous eu un rôle au sein de ce projet? Lequel?
Qui participait à ce projet (nom, fonction organisation, rôle)?
Quel était pour vous le rôle du CPH?
Rappelez-vous de l'un des responsables/animateurs/formateurs CPH du
projet?
Quand le CPH a-t-il quitté la zone ?
BECOULET MALAÏKA| CID-GRPS | Mémoire de fin d'études | 2010-2011
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Contexte
Ce projet a-t-il été demandé par la communauté ?
Qui vous a présenté ce projet? Comment?
Aviez-vous de l'eau avant le projet? Etait-elle potable ?
Buviez-vous l’eau? Comment accédiez-vous à l'eau avant le projet?
L'eau était-elle gratuite avant le projet?
Une autre organisation vous aidait-elle déjà? Dans quel secteur?
Le CPH travaillait-il avec d'autres organisations dans la zone? Lesquelles?
Dans quels domaines?
Le projet et le CPH
Qu'est-ce que le projet du CPH vous a apporté?
Quelles étaient les actions/objectifs du projet?
Des infrastructures ont-elles été construites ? Réparées ? Lesquelles ?
Apres les travaux les infrastructures étaient-elles fonctionnelles? La
population était-elle satisfaite ?
Il y a-t-il eu des formations? Lesquelles? Pour qui? Comment avez-vous
trouvé ces formations? Les participants étaient-ils satisfaits ?
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Quels ont été les points forts de ce projet?
Quels ont été les points faibles de ce projet?
Qu'est-ce qui vous a dérangé?
Qu'est-ce que vous avez aimé?
Il y a-t-il eu des problèmes ? Lesquels? Comment ont-ils été réglés?
Comment jugez/notez-vous l'intervention du CPH?
Comment échangiez-vous avec les responsables du projet? A quelle
fréquence?
Les structures locales?
Des associations d’usagers existaient-elles avant le projet ?
Des associations d’usagers ont-elles été montées/créées pendant le projet?
Comment ? Avec un encadrement ? Lequel ?
Pendant le projet les membres de(s) association(s) ont-ils reçus des
formations ? Lesquelles ? Ont-elles été utiles ? Pourquoi ?
Un comité de gestion existait-il avant le projet ?
Un comité de gestion a-t-il été monté/créé pendant le projet? Comment ?
Avec un encadrement ? Lequel ?
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40
Pendant le projet les membres du comité ont-ils reçu des formations ?
Lesquelles ? Ont-elles été utiles ? Pourquoi ?
Qu’est devenue l’association d’usagers à la fin du projet ?
Qu’est devenu le comité de gestion à la fin du projet ?
Qui gère le système aujourd’hui?
Qui choisit les membres du comité de gestion ? Comment ?
Depuis combien de temps ce comité est-il en place ?
Les membres ont-ils reçu des formations ? De qui ?
La population est-elle contente du comité ? Pourquoi ?
Après le projet?
A la fin du projet le CPH est-il parti?
Est-ce que le projet a rempli ses objectifs?
Aviez-vous de l'eau après le projet? Etait-elle potable ?
Buviez-vous l’eau? Comment accédiez-vous à l'eau après le projet?
Avez-vous de l'eau aujourd'hui? Est-elle potable ?
Buvez-vous l’eau? Comment accédez-vous à l'eau aujourd’hui?
L'eau était-elle gratuite à la fin le projet?
BECOULET MALAÏKA| CID-GRPS | Mémoire de fin d'études | 2010-2011
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L’eau est-elle gratuite aujourd’hui ?
Avez-vous revu le CPH dans la zone? Dans quel domaine ?
Avez-vous bénéficié d'autres projets en eau? En eau potable ? De Qui?
Votre dernier projet en eau potable date de ?
Au cours du projet, quelles ont été les interventions du CPH en matière
d’Hygiène? En matière d/assainissement?
Les pratiques d\hygiène et d’assainissement ont-elles évolué après le
passage du CPH? Dans quel sens?
_____________________________________
Merci.
BECOULET MALAÏKA| CID-GRPS | Mémoire de fin d'études | 2010-2011
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INDEX
Liste des sigles :
CPH Comité Protos d’Haïti
EPA Eau Potable et Assainissement
CAEPA Comité d’alimentation en EPA
DINEPA Direction Nationale de l’EPA
EPAR Eau Potable et Assainissement en milieu Rural
PEPA Plate-forme EPA
CAMEP Centrale Autonome Métropolitaine d’EP
SNEP Service National d’EP
OREPA Organisme Régional d’EPA