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Les moyens d'information dans la société Nécessité de développer la recherche par James Halloran Directeur du Centre de recherches sur les moyens de grande information Université de Leicester Unesco

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Les moyens d'information dans la société

Nécessité de développer la recherche

par James Halloran Directeur du Centre de recherches sur les moyens de grande information Université de Leicester

Unesco

Achevé d'imprimer dans les Ateliers de l'Organisation des Naiions Unies pour l'éducation. la science et la culture.

place de Fontenoy, Paris-7e

OUnesco 1970

COM/ 70.XVII.59 F

P R E F A C E

Les progrès récents de l'électronique et de la tech- nologie spatiale font que la société d'aujourd'hui se trouve aux prises avec une véritable "révolution des communications" qui pourrait aboutir à ce que, sous peu, les moyens d'information, nationaux et inter- nationaux, offrent à l'homme des possibilités d'ac- tion jamais imaginées auparavant et en meme temps conduisent à des changements d'une grande portée, à la fois dans les structures et dans les fonctions de La société elle-m&me.

Alors que la technologie de l'information pro- gresse à un rythme toujours plus rapide, les re- cherches sur les conséquences de ce progrès ne suivent pas le mouvement. Si de nombreuses études ont porté sur l'efficacité des nouvelles techniques, peu de recherches, jusqu'à maintenant, ont eu pour objet les effets sur la société de ces nouveaux ins- truments de communication.

La Conférence générale de l'Unesco, à sa quin- zième session (novembre 1968) teur général à entreprendre, en coopération avec les organisations compétentes, nationales et inter- nationales, tant gouvernementales que non gouver- nementales, un programme de recherche à long terme sur les progrès technologiques accomplis dans le domaine de l'information et à encourager l'étude du rôle et des effets des moyens de grande information dans la société moderne.

a autorisé le Direc-

En juin 1969, le Directeur général a organisé à Montréal, avec le concours de la Commission na- tionale canadienne pour l'Unesco, une réunion d'ex- perts chargés d'examiner le rôle actuel et futur de l'information dans la société et de renseigner le Se- crétariat sur l'état actuel de la recherche concer- nant l'information ainsi que sur les tendances pro- bables dans ce domaine, afin d'orienter l'action future entreprise ou recommandée par l'Unesco.

Un document de travail a été rédigé pour cette réunion par M. James Halloran, directeur du Centre de recherches sur les moyens de grande informa- tion de l'université de Leicester (Royaume-Uni). La première partie de la présente publication est une version modifiée et augmentée de ce document de travail. M.Halloran s'efforce de donner un aperçu général de l'influence des moyens d'information sur le monde moderne et de l'état et de l'organisa- tion actuels de la recherche concernant l'informa- tion, et fait valoir la nécessité d'entreprendre des recherches dans de nouveaux domaines. I1 indique égaiement les possibilités d'une action concertée aux échelons national et international.

La seconde partie de cette publication est le rap- port finai adopté par la réunion d'experts de Montréal, qui contient un résumé des débats et l'exposé des suggestions et des recommandations concernant l'ac- tion future

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~ ~ .

TABLE D E S M A T I E R E S

PREMIERE PARTIE . LES MOYENS D'INFORMATION ET LA SOCIETE .

Section A . L'uifluence des moyens d'information . . . . . . . . . . . . .

Section B . L'état et l'organisation actuels de la recherche en matière d'information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Qu'est-ce que la recherche en matière d'information

La recherche dans les pays en voie de développement . . . . .

Recherches sur l'emploi des moyens d'information aux fins d'éducation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

nous a appris jusqu'à présent ? . . . . . . . . . . . . . . . .

L'organisation de la recherche en matière d'information . . .

Section C . Nécessité d'introduire la recherche dans des domaines nouveaux . . . . . . . . . . . . . . . .

Les moyens d'enseignement . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

La communication internationale et les satellites . . . . . . .

L e rüle des moyens d'information dans les sociétés de transition . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Violence et agression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

L'influence des moyens d'information sur la société

La recherche et le producteur Recherche et formation . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Les méthodes de la recherche

. . .

. . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . .

Section D . Nécessité d'une action concertée aux niveaux national et international . . . . . . . . . . . . .

Encouragement de la recherche au niveau national . . . .

La coopération à l'échelon international . . . . . . . . . . . .

L e r61e de l'Unesco . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

DEUXIEME PARTIE . RAPPORT DE LA REUNION D'EXPERTS SUR LES MOYENS D'INFORMATION ET LA SOCIETE (Montréal. 21-30 juin 1969) . . . . .

ANNEXE . LISTE DES PARTICIPANTS

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PREMIERE PARTIE

LES MOYENS D'INFORMATION ET LA SOCIETE

SECTION A INTRODUCTION - L'INFLUENCE DES MOYENS D'INFORMATION

Au cours des deux dernières décennies, la techno- logie de l'information a progressé à un rythme tou- jours plus rapide et l'on s'est beaucoup interrogé sur l'influence que les nouveaux instruments de communi- cation - que nous connaissons déjà, ou encore à l'étude, ou prévisibles - exerceront sur l'homme et sur la société dans laquelle il vit. On a souligné à la fois leurs avantages intrinsèques et les dangers qui leur sont inhérents ; des prédictions tour à tour optimistes ou pessimistes ont été formulées.

Selonle point de vue le plus optimiste, les moyens d'information de l'avenir se caractériseront par la miniaturisation, la souplesse, l'accessibilité totale et l'utilisation au gré de chacun ; les ordinateurs, les vidéophones, les téléviseurs et les émetteurs individuels de poche seront alors aussi courants que les radios à transistors le sont aujourd'hui. On nous parle de systèmes de communications spatiales par satellites capables de transmettre simultané- ment des émissions vers toutes les parties du monde, ainsi que de relier par télégraphe, téléphone et bé- linographe tous les foyers et bureaux. Grace aux ordinateurs, la somme des connaissances du monde entier sera à la libre disposition de chacun,et l'édu- cation, librement accessible à domicile, aura été adaptée aux besoins individuels et sera considérée par tous comme un processus continu. L e système de communications sera un service public doté d'une capacité suffisante non seulement pour assurer à

et par télégraphe, mais aussi pour lui faire parve- nir son courrier, ses journaux et ses revues par des dispositifs électroniques ; en outre, l'abon- né pourra aussi bien envoyer que recevoir des informations.

Chacun pourra choisir librement dans une gamme de possibilités sans précédent, car c'est le spec- tateur - et non l'organisme de radiodiffusion - qui décidera ce qu'il verra dans son domicile de lamé- galopolis, équipé pour l'emploi de tous les moyens d'information, tout comme le lecteur choisit

I chaque abonné des liaisons directes par vidéophone

aujourd'hui le livre qu'il veut lire et le moment où il le lira. Pour la plupart des hommes, les satel- lites, si importants soient-ils, ne seront plus fi- nalement qu'un maillon du complexe réseau de com- munications du service public d'information.

très intelligents et instruits ; ils auront l'esprit mûr, auront beaucoup lu et beaucoup voyagé ; ils vivront dans l'aisance et auront des loisirs ; ils se- ront très individualistes, polyglottes et participe- ront à plusieurs cultures ; bref, ils constitueront une élite de masse, avisée et exigeante.

tude probable de ces prévisions pour les années 2060, c'est-à-dire dans cent ans environ, ni de s'attarder à déterminer le nombre d'étapes déjà parcourues sur le chemin passionnant de la tech- nologie. Nous savons que nous sommes à l'3ge des communications spatiales par satellites et qu'on parle beaucoup des possibilités que ce nouvel et merveilleux instrument offre pour 1' éducation. Au cours des dix dernières années, nous avons assis- té, dans certains pays développés, à une extension prodigieuse non seulement de l'emploi de la télé- vision pour l'éducation, mais aussi de l'utilisation de nouveaux systèmes pour rassembler,. stocker et dépister les informations. L'apparition de l'or- dinateur et de dispositifs de fac-similé et d'enre- gistrement magnétique et optique nous permet de manier plus rapidement un nombre accru de don- nées sous un plus grand nombre de formes. En outre, la mise au point de "réseaux de transfert d'informations'' signifie que nous avons presque atteint le stade où tout ce qui est dit, écrit ou ob- servé peut &tre transformé en impulsions élec- triques, transmis en tout lieu et reproduit sous une forme identique ou sous toute autre forme, à notre gré. Dans certains pays, les spécialistes de l'éducation commencent déjà à parler d'un "en- vironnement d 'apprentissage" entièrement nouveau et de structures et de méthodes pédagogiques complè-

I tement transformées. Sur le plan de la technologie du moins, naus sommes peut-étre en vue delal'so- ciété nouvelle'' prévue par certains optimistes.

Les citoyens de ce monde des super-cités seront

I1 n'y a pas lieu de s'interroger ici sur l'exacti-

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I1 existe cependant d'autres plans que celui de la technologie, et la mise au point technique n'est certainement pas la même chose que l'utilisation. C'est là un fait que les commentateurs les plus op- timistes semblent passer sous silence dans leur enthousiasme à l'égard des avantages éducatifs et sociaux qui, ils en sont certains, découleront auto- matiquement des progrès de la technologie des communications.

Quand les premiers satellites spatiaux ont été lancés, nous avons envisagé un libre échange des idées à une échelle qui n'avait jamais encore pu @tre atteinte. On a affirmé que cette nouvelle réa- lisation technique développerait la compréhension internationale à un rythme inconnu jusqu'alors et améliorerait les perspectives de paix. On a soutenu aussi qu'elle permettrait de s'attaquer victorieuse- ment à l'analphabétisme dans le monde entier, de- viendrait l'une des principales armes contre l'igno- rance et une source vive de progrès pour toute l'humanité.

Ces possibilités existent probablement, mais les anticipations utopiques ne sont plus tout à fait aus si nombreuses qu ' elles 1' étaient précédemment . Meme les prévisions relatives àl'évolution possible sur le plan national sont devenues plus prudentes à la lumière des réalités économiques et politiques. En fait, on soutient maintenant que nous ne pour- rons utiliser largement les satellites dans l'ensei- gnement ou pour l'éducation que si nous réussis- sons à donner à notre pensée des dimensions nou- velles et différentes. Pour pouvoir utiliser les satellites de façon à obtenir les résultats souhaités, les éducateurs, les gouvernements et tous les inté- ressés doivent concevoir leurs responsabilités na- tionales et internationales d'une manière entière- ment nouvelle. En fin de compte, il s'agit de faire en sorte que l'éducation et l'assistance reçoivent un plus haut degré de priorité dans les efforts in- ternationaux des pays développés. Cependant, la production de 1' équipement requis est extremement con centrée . L I initiat ive ,.evient d ' or dinaire aux grandes puissances, à celles qui ont les possibili- tés financières et connaissent les procédés tech- niques. Mais ces puissances hésitent souvent àou- vrir les vannes, à moins de pouvoir exercer un con- tr8le sur la circulation de l'information. Il n'est donc pas surprenant que celle-ci soit généralement à sens unique. Dans l'ensemble, les grandes puis- sances ne se sont pas montrées disposées à affron- ter les conséquences d'un échange d'informations. Nous sommes tous prets à influencer les autres, mais peu d'entre nous acceptent d'être influencés par les autres. A l'immensité du ciel ne corres- pond pas toujours une grande largeur d'esprit.

Nous avons le droit de faire des rêves utopiques et il est assurément important de regarder vers l'avenir, mais nos réflexions ne seront pas très fructueuses si nous ne tenons pas compte des dures réalités du moment. Quelle est la situation actuelle s'agissant des organes d'information du grand pu- blic ? Comment cette situation évoluera-t-elle

probablement dans l'avenir, proche et plus loin- tain ? Le monde est divisé, il y a des guerres, gé- néralisées ou localisées, des conflits intérieurs et internationaux, des nations riches et des nations pauvres. Les pays aussi sont fractionnés et là en- core nous trouvons les privilégiés et les défavori- sés, les meneurs et les menés, les participants et les exclus, les instruits et les illettrés, etc. Ence qui concerne les moyens de grande information, il existe des différences d'un pays à l'autre, ainsi qu'entre particuliers et entre groupes d'un même pays. Dans les termes les plus simples qui soient, l'une des principales taches du chercheur consiste à définir le groupechpointdevuede ces différences d'utilisation, et il reste dans ce domaine de nom- breux problèmes - depuis la peinture de la violence jusqu'au développement du goût et à la réduction des préjugés - qui pourraient &tre étudiés avec fruit .

Les recherches sur l'information portent égale- ment sur le rôle de "l'informateur'', ainsi que sur la nature de son message. Elles doivent également comprendre 1' étude des institutions de radiodiffu- sion et autres moyens d'information (leur organi- sation, leur structure, le soutien dont elles béné- ficient et l'autorité à laquelle elles sont soumises). Nous devons etre renseignés sur leurs valeurs, leurs buts, leurs objectifs, leurspolitiques,leurs possibilités et leurs limites. Ces recherches de- vraient étre effectuées, tant sur le plan national que sur le plan international.

Les réflexions et les recherches concernant l'in- fluente des organes d'information sur les pays en voie de développement n'ont souvent eu pour résul- tat que des campagnes d'information sur certains aspects particuliers du problème ou sur des pro- grammes d'éducation particuliers. Ce sont là des taches importantes, assurément, mais l'influence plus étendue qu'exercent sur les plans social et culturel les organes d'information à orientation commerciale a sans doute plus- d'importance du point de vue du changement et du développement sociaux. En général, les chercheurs s'intéressent surtout aux possibilités offertes par ces organes d'information, à leur utilisation optimale pour l'éducation, à leurs avantages incalculables et au progrès global. Ils mentionnent rarement le pro- blème de l'exploitation et semblent hésiter à ad- mettre que certaines personnes peuvent réagir aux efforts d'éducation comme s'ils faisaient partie d'une offensive commerciale ou même d'une offen- sive idéologique plus vaste.

Or, sihagmenté que soit notre monde, iln'est pas douteux que nous devrons tous, d'une manière ou d'une autre, faire face aune situation changeante où les moyens électroniques joueront. un rBle de plus en plus prédominant. Les pays développés doivent se rappeler également que ce changement et ci:tte influencepeuvent dans certains autres pays précéder l'alphabétisation. A cet âge de l'électro- nique, certains soutiennent que l'information, le savoir et l'éducation peuvent être dispensés sans

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alphabétisation. Cela est-il, en fait, possible ou souhaitable ?

La nature et l'ampleur de ce r61e des moyens électroniques, ainsi que les répercussions possibles de cette technologie moderne sur denombreuxplans suscitent de multiples spéculations. Nous serons peut-être tentés de suivre ces spéculations et d'es- sayer de prévoir l'évolution future, que ce soit sous la forme du "village mondial'' et d'utopies pédago- giques, ou de la dépersonnalisation et de l'appauvris- sement affectif. Mais commençons par prendre fer- mement appui sur le sol, en reconnaissant que le pre- mier pas essentielpour comprendre l'avenir consiste à approfondir au maximum notre compréhension du passé et du présent, c'est-à-dire, dans le cas con- sidéré ici, du fonctionnement des systèmes d'infor- mation dans le cadre contemporain.

SECTION B : L'ETAT ET L'ORGANISATION ACTUELS DE LA RECHERCHE EN MATIERE D'INFORMATION

Qu'est-ce que la recherche en matière d'information

I1 n'est pas .nécessaire d'avoir une longue expé- rience de la recherche en matière d'information pour se rendre compte que c'est là un domaine oil les méthodes semblent être très en avance sur les théories et où certains secteurs (par exemple, les effets) ont bénéficié d'une attention considérable, tandis que d'autres (par exemple, le processus de production) ont été relativement négligés. Ces deux facteurs ne sont pas indépendants et il est possible de considérer que l'un résulte de l'autre. L'un et l'autre deviennent plus aisément compréhensibles si on les situe devant la toile de fond de l'évolution historique générale des études dans ce domaine. Cette évolution reflète naturellement les progrès de différentes disciplines dans le champ plus vaste des sciences sociales et montre également l'in- fluente de différents modèles de la société et de différentes images de l'homme. Elle illustre aussi les réactions des humains à ceux des problèmes ac- tuels dont ils ont conscience, ainsi que les manifes- tations connexes d'inquiétude ou d'espoir. La re- cherche est liée à ces considérations.

Les débuts de la recherche sur les moyens de grande information ont colhcidé avec l'apparition d'une image de la société de masse ("une vaste masse d'individus isoles n'ayant pas d'objectif uni- ficateur") qui devait influer pendant de nombreuses années sur les recherches et les réflexions concer- nant ces moyens. Lorsqu'une telle image de la so- ciété est rattachée au principal courant de lapsycho- logie de cette époque (une théorie de l'instinct, qui met l'accent sur le non-rationnel et sur une nature humaine fondamentale relativement uniforme) et est considérée par rapport au besoin permanent d'un bouc émissaire facilement identifiable et àla lumière

de l'efficacité manifeste de la propagande pendant la Seconde Guerre mondiale, il devient plus facile de comprendre comment l'idée de l'omnipotence des moyens d'information a pu prévaloir àl'époque.

Selon cette première conception, les organes de grande information seraient en mesure de faire adopter par les masses à peu près tout point de vue que souhaiterait "l'informateur''. Sous sa forme brute, cette conception n'a plus de partisans,mais elle a encore des incidences sur les conceptions actuelles - tant pessimistes qu'optimistes. Nous constatons toujours, d'une part, qu'on reproche aux moyens d'information d'être superficiels, d'abaisser le niveau culturel, de diminuer l'apti- tude à la pensée critique, de réduire à néant les conquêtes sociales et de travailler contre la parti- cipation sociale, tandis que d'autre part, on nous parle des grands avantages que l'humanité pourrait retirer de "l'utilisation judicieuse et appropriée" de ces moyens. I1 est intéressant de noter que les vues optimistes sur les possibilités des moyens d'information sont souvent exprimées par des habi- tants de pays développés à propos de l'utilisation de ces moyens dans les pays en voie de développe- ment. Les habitants de ces derniers semblent main- tenant modérer leur propre optimisme du début étant donné qu'ils savent par expérience quelusage réel a été fait de ces moyens, et peut-@tre égale- ment sous l'influence des prédictions et conjectures des pessimistes des pays développés.

Les modèles de la société, les conceptions de la nature humaine et les images de l'homme semo- difient. La théorie de l'apprentissage, les études sur les mobiles et les attitudes, le développement de la théorie de la personnalité, l'intéret accordé au caractère sélectif de l'attention et de la percep- tion, la part plus grande faite aux différences entre individus, l'établissement de modèles psychodyna- miques de la persuasion, l'utilisation des catégo- ries sociales dans les enquetes et les études expé- rimentales en général, la redécouverte du groupe primaire, l'acceptation de l'influence des liens non officiels au sein des groupes, l'élaboration de notions telles que celle de groupe de réfé- rence et l'accent mis sur la diffusion de l'informa- tion et l'interaction sociale - tous ces éléments ont contribué à la création de méthodes plus perfection- nées et complexes et de théories plus développées que celle dont il a été question plus haut.

On peut se demander s'il convient de parler de "théories" à ce sujet et plus encore si nous avons le droit de parler de théories de l'information. I1 est évident que le champ d'étude quinous intéresse ne s'inscrit pas dans le cadre d'une seule science; il s'agit d'un domaine plut8t que d'une discipline. De plus, les méthodes polyvalentes et interdisci- plinaires se prêtent mal à des développements théo- riques globaux. Cette question n'est pas nouvelle, mais il se peut que les recherches sur l'informa- tion aient été moins fructueuses qu'elles auraient pu l'&re parce qu'on ne s'est jamais attaqué à la question de savoir si l'on peut se contenter de

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développements théoriques dans les diverses disci- plines qui composent le domaine considéré, ou s'il est impossible de faire des progrès satisfaisants dans une théorie fondamentale de l'information.

I1 faut être conscient de l'insuffisance des études fragmentaires et des dangers qu'il ya à concentrer son attention sur tel ou tel élément isolé de ce qu'il faudrait considérer comme un processus social unique dans lequel celui qui diffuse l'information et celui qui la reçoit font partie d'un système so- cial plus vaste. D'une façon générale, il semble raisonnable de dire que ni les "informateurs'', ni les processus de production et de décision, ni les facteurs économiques, sociaux ou politiques de sou- tien ou d'autorité n'ont bénéficié de l'attention qui leur est due. Ce manque d'attentionn'est peut-@tre pas sans rapport avec le fait que dans les cas oh ces importants éléments ont été étudiés, le tableau d'ensemble qui en résulte n'est pas très encoura- geant pour ceux qui considèrent la liberté d'accès aux moyens d'information comme un principe es- sentiel. L'intégration, la concentration et la cen- tralisation, la réduction du nombre des organes (par exemple dans la presse) et la prédominance croissante de ce qu'on appelle la présentation ob- jective des diverses opinions, et le développement et l'influence de la "valeur des nouvelles'' dans le choix et la présentation de celles-ci ne constituent qu'une partie des tendances qui appellent une étude plus poussée, ainsi qu'il ressort des recherches faites dans un grand nombre de pays développés.

L e véritable problème réside moins dans le manque d'6tudes ou dans leur nombre insuffisant, mais dans le fait que la plupart des études faites jusqu'ici ont été limitées auniveau inférieur du fonc- tionnement des moyens d'information. I1 se peut qu'on possède une documentation abondante sur le rôle du rédacteur de nuit et sur d'autres catégories analogues du personnel de presse, mais on n'a pra- tiquement pas étudié les échelons supérieurs où s'élabore la planification économique et où se dé- cide la politique à suivre. Peu d'efforts systéma- tiques ont été tentés pour étudier "l'informateur'' en tant que professionnel reflétant les valeurs de sa profession qui occupe une position centrale im- portante dans un réseau social et qui écarte ou choisit les informations pour répondre à diverses pressions qui s'exercent toutes au sein d'un sys- tème social donné. Bref, on n'a pas encore étudié systématiquement "l'informateur'' aux différents niveaux où il agit. I1 nous reste encore à mettre au point une théorie qui prévoit 1' analyse systématique de la décision au niveau de "l'informateur''.

L'une des raisons, mais certainement pas la seule, de ce déséquilibre ou retard réside dans le fait que les professionnels se sont fréquemment op- posés aux enquetes sur la façon dont ils conçoivent leur travail de rédaction et de production, ainsi que sur la manière dont ils prennent des décisions. A de nombreux égards, cela n'est pas surprenant, étant donné surtout que certaines des recherches effectuées semblent indiquer que ceux qui ont pour

tâche de nous alimenter en informations sont loin d'&re pleinement au courant desbesoins, des réac- tions, des possibilités et des problèmes de déve- loppement personnel de leur public. Certains "créa- teurs" estiment qu'eux-mêmes et leur travail sont au-dessus de la recherche, qu'ils ne peuvent en faire l'objet. D'autres craignent que les enquêtes ne mettent en question leurs hypothèses fondamen- tales, ne contestent leurs prérogatives ou simple- ment ne révèlent la vraie nature des choses que, pour de bonne raisons qui leur sont propres, ils préféreraient ne pas voir révélée. Souvent, ils se défendent en accusant la recherche d'&tre inadap- tée, inapplicable, trop vague et théorique. Le fait que ce sont là fréquemment des rationalisations ne veut pas dire que la recherche ne mérite aucun re- proche à cet égard. Nous devons tous être prêts à encourager une plus grande compréhension mutuelle, une plus grande solidarité entre le chercheur etle professionnel. Ce n'est pas en restant inébranlables sur nos positions que nous yparviendrons. Les pro- fessionnels devront reconnaître que leurs propres définitions de la situation et leurs diagnostics des problèmes ne sontpas nécessairement les seu1s;les chercheurs doivent se rendre compte, en particu- lier s'ils veulent bénéficier d'une aide ou de faci- lités pour leurs recherches, que les journalistes se heurtent à des problèmes qui exigent .des déci- sions quotidiennes. Ils ont besoin d'information en retour et ils ne peuvent pas l'attendre éternellement. I1 nous faut admettre que certaines personnes ou certains pays puissent ne pas apprécier ou ne pas pouvoir s'offrir des "chercheurs travaillant dans l'abstrait, dans un esprit spéculatif". Dans bien des régions du monde, la recherche en matière d'information, de même que les organes d'informa- tion eux-mêmes seront vus, et peut-être exclusi- vement, dans le contexte de l'unité nationale, de l'édification de la nation et de l'épanouissement in- dividuel des habitants jusque-là défavorisés et qui commencent à se manifester.

Pour en revenir au déséquilibre ou àladispro- portion constatés dans la recherche concernant l'in- formation des pays développés, cette question n'est pas sans rapport avec le fait que la structure insti- tutionnelle de la recherche interdit souvent de po- ser des questions qui vont au fond des choses. Assez naturellement, il y a peu de chance pour que ces institutions, comme n'importe quelles autres institutions, apportent leur appui à des enquetes qui peuvent mettre en .question leurs hypothèses fondamentales et menacer leurs prérogatives. Fré- quemment, des journalistes se sont appuyés sur les résultats de ces recherches (ou l'absence de résultats, ou sur leur insuffisance) pour s'oppo- ser aux changements, défendre le statu quo et, par- fois, soutenir que ceux qui prennent les décisions et fixent la conduite à suivre ne sont pas respon- sables des effets de leurs réalisations,

Parmi les diverses généralisations qui ont été faites au sujet des moyens de grande information, il en est une oudeux (celles quitendent àminimiser

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l'influence de ces moyens) qui semblent avoir sus- cité plus d'attention que les autreS.Nous entendons souvent dire que les moyens d'information exercent rarement une influence directe sur le public, qu'ils agissent par l'intermédiaire de nombreux facteurs (expérience acquise, intéréts et attachements ac- tuels, et aspirations pour l'avenir), qu'ils n'ont probablement guère d'influence dans les secteurs où il existe des attitudes et des valeurs solidement établies et que, dans l'ensemble, ce ne sont que des éléments qui en complètent ou en renforcent d'autres, et non pas la cause unique des effets constatés.

En tant qu'essais de généralisation découlant des recherches qui ont été effectuées, surtout aux Etats- Unis, ces idées ont une certaine validité. Ilimporte cependant de les évaluer, non en elles-mêmes,mais en les rapprochant d'autres généralisations connues et en tenant compte de la nature des recherches dont elles résultent. I1 faut faire une nette distinc- tion entre l'efficacité et les effets, ceux-cipouvant bien sûr être fortuits ou non voulus . Cependant, une grande partie des recherches mentionnées ci- dessus ont été concentrées sur l'influence ou l'im- pact de messages particuliers. On est en droit de se demander si des modèles appropriés du processus d'information ont été utilisés.

I1 est particulièrement important de tenir compte des questions qui n'ont pas été posées dans le cadre des recherches qui ont été faites, ainsi que des re- cherches qui n'ont pas été faites. C'est ainsi qu'on a très peu étudié le r81e des moyens de grande in- formation aux premiers stades du développement de l'enfant, et que les études de développement à long terme ont été rares. En outre, il n'a pas été possible d'adjoindre à ces généralisations de nom- breux renseignements relatifs à l'influence du genre du contexte ou du mode de présentation, car nous ne savons justement rien à ce sujet ; enfin la gamme étendue des interactions entre les moyens de grande information et les valeurs culturelles n'a pratiquement pas été étudiée jusqu'ici. I1 faut sou- ligner aussi que les facteurs dont on dit souvent qu'ils filtrent le message peuvent intervenir ou non et que, s'ils interviennent, leur effet n'est pas tou- jours nécessairement celui d'un "filtre", car ils peuvent agir dans le meme sens que les moyens

I1 est également intéressant de noter quebeau- I d'information.

coup de recherches sur l'information reposent en- core sur l'hypothèse fondamentale de la nature "atomiste" du public, d'après laquelle les membres du public ne sont que des individus isolés et privés de relations primaires satisfaisantes. Depuis quel- ques années, il y a, semble-t-il, une nette tendance à s'écarter de cette conception atomiste, mais cer- tains continuent à soutenir que nous ne sommespas encore allés assez loin. Dans la pratique, par exemple, c'est l'individu qui est encore souvent l'unité de recherche et d'échantillonnage. On s'en tient toujours implicitement au modèle atomiste et, si Ilon prend en considération les influences de groupe, on étudie plus souvent l'individu que le

phénomène de groupe. C'est la réaction verbale de l'individu dans un "face à face" inhabituel avec un enquéteur qui est généralement notée et analysée. Très rares sont les études sociologiques qui si- tuent l'action des moyens d'information dans un cadre social plus large ou qui font appel à des no- tions telles que celles de structure sociale,de r81e ou de groupe de référence.

I1 se peut aussi qu'on ait trop utilisé l'attitude et le changement d'attitude comme premiers cri- tères d'efficacité. Un changement de comporte- ment, n'est pas toujours précédé d'un changement d'attitude ; l'influence des moyens d'information dépend peut-etre plus de l'intérêt qu'on porte per- sonnellement aux problèmes qu'ils exposent. La plupart des études sur lesquelles reposent les gé- néralisations mentionnées précédemment concernent des secteurs où le degré d'engagement est élevé, c'est-à-dire où les problèmes qui se posent ont une grande importance pour l'individu.

sur une situation de conflit (un message nouveau en conflit avec une attitude ancienne) et sur l'hypo- thèse que le changement d'attitude précède norma- lement le changement de comportement.Mais lorsque l'intérêt est faible (et il y a beaucoup de ques- tions importantes qui suscitent peu d'intér@t), on

Ces études semblent être généralement fondées

pourrait constater des modifications progressives des attitudes. Ces modifications pourraient être favorisées par la répétition et accélérées par la personne obligée de choisir un comportement - la modification d'attitude faisant suite au choix. I1 est important de ne pas confondre engagement et importance sociale. Bien des gens peuvent ne pas se sentir très concernés par des questions socia- lement importantes, mais leur attitude sur ces questions peut se former progressivement. Un grand nombre de méthodes utilisées jusqu'à pré- sent en matière de recherche n'ont probablement pas permis de détecter ce type important de chan- gement progressif et cumulatif.

La notion m é m e d'attitude, qui passe générale- ment pour &tre à la base d'une grande partie de la psychologie sociale, est mise en doute de plus en plus, et notamment sa valeur comme variable dé- pendante dans les recherches en matière d'infor- mation. On conteste également l'utilité des théories de la cohérence ou de l'équilibre, ainsi que leprin- cipe connexe, qui a eu jusqu'ici de nombreuxpar- tisans, selonlequell'exposition àl'action des moyens de grande information est sélective au bénéfice du matériel qui conditionne les dispositions an- térieures du public. On pense aujourd'hui que le désir d'être informé est lié à l'usage que l'on compte faire de l'information et que le comporte- ment attendu nous renseigne peut-&tre mieux que la structure cognitive existante sur l'utilisation probable des moyens d'information.Selon certains, il serait plus profitable d'étudier le public et d'ob- server directement son comportement à l'égard de l'information que de continuer à se préoccuper essen- tiellement de la notion "désincarnée" d'attitude.

Par ces réserves et ces questions sur lanature

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et la direction de la recherche en matière d'infor- mation, nous ne cherchons pas à prouver que les moyens d'information ont, ou n'ont pas, plus d'in- fluence que la recherche ne nous a amenés à le croire, encore que cela pourrait être une question importante. Du point de vue de la recherche, c'est encore plus fondamental que cela.En termes simples voilà ce dont il s'agit : Posons-nous les bonnes questions ? Utilisons-nous les outils appropriés ? Employons-nous les modèles adéquats du processus d'information ? N e confondons-nous pas effets et efficacité, influence et changement ? Faisons-nous les distinctions nécessaires entre les effets à long terme et les effets à court terme ? Posons-nous c o m m e principe qu'une attitude inchangée (d'après les critères d'une des méthodes conventionnelles) implique qu'il n'y a aucun changement du tout ?

de la causalité dans le domaine des sciences so- ciales, mais on peut raisonnablement soutenir qu'en ce qui concerne la recherche sur l'information, nous avons probablement consacré trop de temps à rechercher ce qu'on peut appeler les relations de cause à effet directes et que, lorsque ces relations ne pouvaient pas être établies, nous en avons con- clu qu'il n'y avait "aucune différence sensible".Il n'y a guère de doute que l'information peut exercer son influence de nombreuses manières, par exemple en présentant des modèles, en offrant des défini- tions sociales, en favorisant les stéréotypes, en conférant un rang déterminé aux personnes et aux types de comportement, en suggérant des compor- tements appropriés,en indiquant ce qui est approuvé et ce qui est désapprouvé ; et de plusieurs autres manières indirectes, en association avec d'autres agents du processus de socialisation, tels que la famille, l'école et le groupe de m @ m e niveau. C'est la connaissance du fonctionnement de ces influences complexes, étroitement reliées entre elles, dont fait partie l'information, qui est essentielle à notre compréhension de l'effet que peut avoir celle-ci sur les attitudes et le comportement. I1 faut nous efforcer de ne pas considérer le travail des cher- cheurs uniquement en tant qu'il est susceptible de déceler ce qui est directement provoqué par télévision.

Si nous examinons brièvement un champ d'étude particulier qui a fait l'objet de nombreuses re- cherches, à savoir la manière dont les moyens d'in- formation représentent la violence et l'agression, nous voyons apparaftre très clairement certains problèmes caractéristiques des moyens de grande information (par exemple, l'absence de théorie, la conceptualisation simpliste, etc. ). O n a sévèrement critiqué les recherches expérimentales dans ce do- maine en leur reprochant notamment d'être arti- ficielles et de ne pas être applicables aux situations de la vie réelle. En outre, les résultats sont con- tradictoires. Ce qui ressort peut-être le mieux des résultats apparemment contradictoires et confus qui ont été obtenus, c'est l'erreur que l'on commet en essayant d'appliquer un seul concept à un en- semble extrêmement complexe et varié de relations.

Le moment est mal choisi pour étudier lanature

la

Au sujet du stimulus c o m m e au sujet de laréponse, nous devrions nous demander : Qu'est-ce que la violence ? Qu'est-ce que l'agression ? Nous avons aussi besoin de savoir ce qui est considéré comme réel et ce qui est imagination, et comment les dif- férentes formes de violence sont perçues, évaluées et abordées par différents individus, groupes et sociétés.

Si perfectionnées que puissent devenir les tech- niques de recherche, la qualité de la recherchene peut jamais @tre supérieure à celle des questions posées initialement. Dans ce domaine particulier, on se rend compte peu à peu que la question :"La violence engendre-t-elle la violence ? 'I n'est pas la seule question pertinente. Nous pourrions de- mander si la violence est une cause d'anxiété ou d'autres formes de perturbation ou d'angoisse , quels sont les effets sociaux possibles ou les con- séquences positives de la représentation de la vio- lence et de l'agression (la démonstration des hor- reurs de la guerre pouvant servir de signal de danger à la société) ou quels sont les effets pos- sibles à long terme tels que l'accoutumance, la désensibilisation, la légitimation de la violence proposée c o m m e solution possible ou c o m m e iné- vitable, ou présentée c o m m e plus acceptable ou moins condamnable de m ê m e que la déviation ou la cruauté. La présentation de l'information peut aussi aboutir à une vue exagérée ou déformée de la violence dans la société et par conséquent à une définition inadéquate des problèmes sociaux.

C o m m e d'habitude, les problèmes sont plus nombreux que les solutions ; mais ce qu'il faut souligner c'est qu'on ne remédiera à cette situa- tion que si l'on continue les recherches. I1 serait certainement malavisé d'accepter, avec ce qu'elle implique, la thèse qui a été, dit-on, sousmise à la Commission nationale des Etats-Unis, sur les causes et la prévention de la violence, selon la- quelle la recherche dans ce domaine doit attendre la mise au point d'une méthode vraiment sûre . (C'estun autre exemple de l'utilisation de critères inadéquats.)En tout cas, la meilleure manière d'amé- liorer les méthodes est d'entreprendre des re- cherches. I1 ne fait aucun doute que si l'on pose les questions adéquates et si l'on étudie les divers phénomènes non pas isolément, mais dans un con- texte social plus étendu, on disposera alors des méthodes qui permettront d'approfondir et d'élar- gir notre connaissance des moyens de grande infor- mation en tant qu'institution sociale et de l'informa- tiondu grandpublic en tant que processus social

La recherche dans les pays en voie de développement

L a plupart des recherches dont il est question ici ont été faites aux Etats-Unis ou dans d'autrespays développés, et la question qui vient immédiatement à l'esprit est de savoir dans quelle mesure leurs résultats sont valables pour les pays moins déve- loppés. Le risque qu'il y a à transférer d'un con- texte culturel à un autre les données de la recherche,

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en particulier dans un domaine où les connaissances théoriques sont aussi minces, est trop connu pour qu'il soit nécessaire de s'étendre là-dessus. Mais on n'admet pas encore au m é m e point l'importance que présentent à cet égard certains facteurs plus fondamentaux et de portée plus vaste : idéologiques, structuraux et institutionnels. Si nous voulons sa- voir ce que la recherche effectuée dans les pays développés peut nous apprendre sur la situation des pays en voie de développement, il nous faut poser un certain nombre de questions relatives au con- texte, aux objectifs et à la nature de la recherche dans les pays développés. Quels sont les grands problèmes qui ont été cernés ? Qui s'interroge sur quoi, et pourquoi ? Quels diagnostics ont été pro- noncés et quels remèdes proposés ? Sur quels cri- tères s'est-on fondé ?

Nous avons déjà vu que la recherche en matière d'information est un domaine où la théorie est en retard par rapport à la technique. Peut-@tre cela est-il dû surtout au fait que, dans les pays où les plus gros efforts de recherche ont été faits, ces efforts avaient pour but essentiel de. répondre aux besoins des services administratifs et commer- ciaux. De façon générale, une grande partie de cette recherche administrative se caractérise par son caractère plus descriptif qu'analytique, par un choix de variables assez limité, par des classifi- cations et des analyses qui demeurent assez rudi- mentaires et, dans l'ensemble, par le fait qu'elle ne repose sur aucune théorie sociologique ou psychologique.

textes qui ont vu prédominer, sous une forme ou une autre, ce type de recherche conçue pour ré- pondre aux besoins de l'administration ou des ser- vices publics et commerciaux. A la situation so- ciale de notre époque correspond un ensemble de définitions dictées principalement par des consi- dérations pratiques et un souci d'efficacité. Ce sont souvent ces considérations qui dictent l'orientation de la recherche, dont les résultats prennent de ce fait une forme quantitative (en général pour des be- soins commerciaux ou administratifs) où il n'est pas tenu compte de la nature des phénomènes so- ciaux étudiés. I1 n'est pas inutile de rappeler de temps à autre que la recherche n'est pas simple- ment mesure de l'objet étudié car, c o m m e l'a sou- ligné Aaron Cicourol, les événements historiques et les idéologies d'une époque peuvent influencer la composition de cet objet et la façon dont il faut le percevoir, l'évaluer, le décrire ou le mesurer. I1 convient de ne pas oublier cet état de choses et de tenir compte de tous les autres facteurs perti- nents - idéologiques, institutionnels et structuraux- lorsqu'on examine les résultats et les généralisa- tions dont il_&té fait éLat plus haut. I1 le faut d'autant plus impérativement qu'on a l'intention de cher- cher à tirer la leçon de ces travauxpourl'appliquer à d'autres pays ayant une culture et un stade de dé- veloppement différents. De meme, des techniques de recherche qui peuvent @tre acceptables dans une

I1 y a d'autres leçons à tirer de l'étude des con-

société ne le sont pas nécessairement dans une autre où règnent des normes et des valeurs différentes.

11 va sans dire que des recherches ont été effec- tuées dans de nombreux pays en voie de dévelop- pement et que celles qui l'ont été dans des paysdé- veloppés ne sont en aucune façon l'unique source d'information disponible. On a étudié les relations et les interactions entre le développement écono- mique, l'évolution sociale et l'information ens 'atta- chant plus particulièrement aux différentes fonc- tions de l'information,à ses limites, auxproblèmes de transition, aux possibilités de heurts, de tension et de conflit culturels et Bun certainnombre d'autres questions c o m m e l'innovation, l'orientation de l'opinion, les élites au pouvoir, les systèmes d'in- formation, l'influence des relations de groupe, le flux de l'information et sa diffusion, etc. D'assez nombreuses études ont été faites, mais le carac- tère rudimentaire de la conceptualisation et de la théorie peut nous inciter à nous demander si nous en savons assez sur l'innovation, la diffusion et l'adoption en matière d'information pour énoncer des théories sur le fonctionnement de ces proces- sus, chez l'individu ou dans la société.

Là encore, toutefois, nous devons nous deman- der,en faisant l'inventaire des travaux de recherche effectués dans les pays en voie de développement: de queile sorte de recherche s'agit-il ? Qui l'a menée, et pourquoi ? Sur quelles hypothèses re- pose-t-elle et dans quel contexte idéologique s'in- s ère- t-elle ?

Nous n'avons pas la prétention de répondre à ces questions (qui, en fait, pourraient opportuné- ment faire le thème de recherches futures) ; no- tons seulement que l'essentiel de la recherche dans les pays en voie de développement a porté jusqu'à présent sur des problèmes d'éducation, d'instruc- tion et de développement. O n n'a guère accordé à l'influence des moyens d'information dans le vaste domaine socio-culturel l'attention qu'elle mérite. O n a mené à bien plusieurs projets concernant des campagnes et programmes spéciaux dont le "succèd' pouvait @tre évalué par rapport à des objectifs pr6- cis ou en fonction de critères généralement, liés aux notions d'efficacité, de progrès, de réalisation, etc., et souvent fixés d'un point de vue exclusive- ment "occidental" ou étranger. D'aucuns affirmeqt parfois qu'on sait comment utiliser les moyens d'information pour parvenir à certains buts dans certaines situations, mais il semble que nous en sachions très peu sur l'utilisation qu'on en fait ac- tuellement dans beaucoup de pays en voie de déve- loppement et sur les répercussions de cette utili- sation dans le domaine socio-culturel. Peut-@tre con- naissons-nous en effet les possibilités des moyens d'information et avons-nous quelques idées gé- nérales quant au r61e qu'ils peuvent avoir pour hater une évolution sociale "souhaitable" ; peut- @tre m @ m e reconnaissons-nous à l'occasion que cette évolution peut s'accompagner d'une certaine tension ; mais en quoi cela nous aide-t-il à con- naître l'utilisation et les effets dans les pays en

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voie de développement de moyens d'information commerciaux qui, en toute probabilité, ont été mis au point dans des pays développés ?

Dans pas mal de régions du monde, le dévelop- pement technologique, l'évolution sociale, l'expan- sion économique et le développement de la société de consommation vont de pair avec la création d'un réseau de télévision commerciale financée par la publicité. I1 est des cas où l'offensive commerciale est plus évidente que l'effort d'éducation, et il en est naturellement où l'un et l'autre peuvent appa- raître comme les deux volets d'une m ê m e offensive idéologique.Les recherches effectuées dans d'autres domaines semblent indiquer que, si la prédominance accordée à la consommation et aux réalisations ma- térielles peut éventuellement favoriser l'expansion économique et le développement, cet apport se paie sur le plan social. Le prix peut en être particuliè- rement élevé et douloureux lorsque les aspirations et les attentes suscitées se trouvent frustrées. En- core ne parlons-nous que de prix purement maté- riel, et est-il significatif de l'ensemble du débat qu'il y ait si peu à dire du prix culturel, ou autre que purement matériel, que les sociétés en voie de développement peuvent avoir à payer pour jouir des bienfaits des moyens d'information commerciaux.

Recherches sur l'emploi des moyens d'information aux fins d'éducation

Nous n'avons guère fait qu'effleurer jusqu'àprésent le domaine plus restreint des moyens d'information aux fins d'éducation ou d'e,nseignement. Ces re- cherches ne sont évidemment pas entièrement dis- tinctes de celles que nous avons évoquées plus haut, mais elles posent des problèmes et ont des struc- tures qui leur sont propres. Elles constituent en outre une expérience riche en enseignements, même s'il ne nous est possible d'en parler que très briè- vement dans le cadre du présent exposé.On admet généralement que ceux qui s'intéressent à l'emploi des moyens d'information aux fins d'éducation doivent se préoccuper entre autres des besoins et des intérêts existants, des normes et affiliations de groupe, du soutien apporté par la société, de l'au- torité qu'elle exerce et du renforcement de cette utilisation grace aux relations entre individus. Les chercheurs ont souligné que les émissions de télé- vision et de radiodiffusion éducatives doivent être conçues en fonction de ce qu'on sait des motiva- tions, attitudes, façon de penser, langues diverses et connaissances antérieures du public visé. Nous en venons peu à peu à nous rendre compte que nous n'avons aucune chance de savoir quel accueil sera fait à la télévision éducative si nous n'étudions pas son fonctionnement dans le contexte social dans son ensemble.Autrement dit, les travaux de recherche sur l'utilisation et l'efficacité des moyens d'infor- mation aux fins d'éducation doivent tenir compte de facteurs comme le rôle assigné à l'école dans la société, les buts et objectifs de l'éducation natio- nale, les programmes d'études, l'importance du

système d'examens, les ressources disponibles , le degré de centralisation du système d'enseigne- ment, les rôles respectifs de l'enseignant et du producteur, la structure de la radiodiffusion en tant qu'industrie, son historique, son organisation et ses rapports avec le système d'enseignement national. De plus, tout effort tendant à évaluer l'emploi des moyens d'information aux fins d'édu- cation, s'il ne tient pas compte du degré d'enga- gement de l'élève à l'égard des normes et des va- leurs du système d'enseignement, sera fatalement inadéquat.

I1 semble généralement admis qu'une bonne part des travaux de recherche qui ont été effectués dans le domaine général de la télévision éducative et ins- tructive n'ont pas été aussi fructueux qu'ils eussent pu l'@tre -et c'est le moins qu'on puisse dire. A notre avis, s'il en est ainsi, c'est tout simplement parce que dans la plupart des cas on ne s'est pas posé les questions qu'il fallait. M@me en tenant compte des erreurs initiales de conception,de l'im- précision des techniques et des instruments, de la complexité du problème et de l'existence d'un grand nombre de variables inconnues, force nous est de re- connaître que, tous ces obstacles auraient-ils été le- vés, ce serait encore gaspiller du temps, du talent et de l'argent que de poursuivre dans cette voie sans au préalable se préoccuper davantage des fonde- ments théoriques, du contexte social dans son en- semble et de la nature des questions posées. I1 n'est guère douteux que nous avons jusqu'ici dé- ployé beaucoup d'efforts pour des choses qui n'en valaient guère la peine, Dans ce domaine de re- cherches, comme dans tous les autres, on ne ré- pétera jamais assez qu'il faut consacrer davantage de temps que nous ne l'avons fait jusqu'ici à défi- nir les objectifs de la recherche et à justifierleur choix.

L'organisation de la recherche en matière d 'inform ation

I1 a été plusieurs fois question de l'organisationde la recherche en matière d'information et de l'in- fluence qu'elle peut avoir sur le genre de questions posées, sur les domaines étudiés, les méthodes employées, la présentation des résultats,etc. Cette insistance sur l'importance du contexte idéologique ou structural n'implique nullement que certains chercheurs pourraient être soupçonnés de préjugé ou de manque d'intégrité. Son seul objet est d'appe- ler l'attention sur le fait, extrêmement important, que l'orientation globale de l'effort de recherche est nécessairement infléchi par tout un ensemble d'attitudes axiologiques, de pressions structurales et de préoccupations sociales..

mais le cas qui s'est présenté dans un des pays dé- veloppés illustre fort bien ce qui précède et permet en outre de souligner diverses concernant l'organisation de la recherche.

La situation varie certes d'un pays à l'autre,

autres questions

Au début des années soixante, en Angleterre,

devant l'inquiétude croissante suscitée par l'in- fluente supposée des moyens d'information sur la criminalité, un ministère a organisé une conférence sur ce thème. A l'issue de la conférence, le gou- vernement chargea un comité d'entreprendre et de coordonner des recherches sur l'influence exercée par les moyens d'information sur la jeunesse(man- dat qui allait au-delà des préoccupations initiales), et 1'Independent Television apporta un soutien fi- nancier totalement désintéressé à ces recherches. Le comité comptait parmi ses membres des uni- versitaires appartenant à plusieurs disciplines, ainsi que des non-universitaires, et bénéficiait des services d'un sociologue qui venait de publier des travaux sur la question (l'un des rares sociologues du Royaume-Uni, incidemment, à avoir écrit un ouvrage sur l'information). Au cours de ses tra- vaux, le comité élargit la portée de son mandat, ébaucha une stratégie de la recherche, en accen- tua progressivement le caractère interdisciplinaire, créa ,Un centre de recherches en matière d'infor- mation, finança des recherches dans les facultés de psychologie et de sociologie ainsi que des études sur la culture contemporaine dans diverses univer- sités, enfin, fit au gouvernement des recommanda- tions quant à l'avenir de la recherche en matière d'information.

L'intérêt de cet exemple est de montrer qu'en Angleterre, l'organisation actuelle de la recherche universitaire en matière d'information est grande- ment influencée par les travaux du comité qui, lui- même, l'a fortement été par tout un ensemble de facteurs, dont l'absence de toute recherche de cette nature dans les universités anglaises, l'existence d'un problème ouvertement posé (les organes d'in- formation et la criminalité), qui est vrai ou qui ne l'est pas, l'attitude à un moment précis d'une chafne de télévision, etc. I1 est probable que, dans un autre pays, on eût abouti à un résultat tout à fait diffé- rent. Aux Etats-Unis, par exemple, les mêmes ques- tions ont été posées, des préoccupations identiques ont été maintes fois exprimées, mais les facteurs historiques,culturels et économiques qui intéressent la recherche en matière d'information sont diffé- rents et ont fait qu'on a abouti à une structure dif- férente de cette recherche et à un résultat totale- ment différent.

Lorsque nous avancions, un peu plus haut, que très peu de sociologues en Angleterre faisaient des recherches en matière d'information, nous donnions évidemment à ces mots un senstrès restreint Peut- être eut-il été plus exact de préciser qu'ilne s'agis- sait que des sociologues et des psychologues tra- vaillant dans des universités. Il est bien certain en effet qu'en Angleterre comme dans beaucoup d'autres pays, des recherches sur l'information sont menées depuis longtemps pour le compte de services publics ou commerciaux ou pour celui de l'administration ; la BBC, par exemple, est bien connue pour son programme très complet de re- cherches sur le public.

On peut se demander si la recherche en matière

d'information ainsi conçue et la recherche en ma- tière de sciences sociales ne seraient pas une seule et m&me chose. Dans l'ensemble, nous l'avons dé- jà dit, la prédominance de la recherche à orienta- tion commerciale a peut-être été un facteur de pro- grès sur le plan méthodologique, mais n'a guère contribué à l'affinement de la théorie et de la conceptualisation.

matière d'information a subi une très forte influ- ence de la recherche commerciale et, dans certains cas, s'y ramène pour l'essentiel, est un élément dont il faut tenir compte pour l'étude des structures et de l'organisation de la recherche et celle de la nature et du type de cette recherche.

Nous avons vu que la recherche en matière d'in- formation avait subi diverses influences,notamment comme on pouvait s'y attendre, celles de la socio- logie et de la psychologie ; d'autres disciplines ont contribué à son évolution,par exemple la langue,l'art, lamusique, le théatre, le droit, lapédagogie et l'his- toire. I1 n'existe pas en la matière de schéma unique. Au sein même du monde universitaire, il arrive que plusieurs départements différents se livrent à des travaux de recherche plus ou moins assimilables à la recherche en matière d!information. C'est sou- vent le cas au sein d'une même université. I1 en va de m&me pour l'appui financier. I1 arrive que la re- cherche bénéÎicie de crédits répartis au niveau na- tional par un organisme centralisateur ; mais le plus souvent, ses crédits proviennent de sources diverses, depuis les fondations charitables et uni- versitaires jusqu'aux intérêts financiers soutenant les organes d'information, ministères.

Dans plusieurs pays, des universités ont créé des facultés de journalisme dont le programme d'études couvre la recherche, l'étude générale des moyens d!information et la formation de spécialistes. Les relations entre chercheurs et producteurs sont évidemment essentielles du point de vue de la re- cherche, et il pourrait être utile de tenter d'appré- cier ce que valent différents types d'institutions de ce point de vue. Peut-@tre l'école de journalisme constitue-t-elle à cet égard une formule valable. I1 se peut par ailleurs qu'elle comporte des inconvé- nients. C'est ce qu'il nous faut déterminer avant de recommander aux pays en voie de développement de s'orienter vers telle ou telle forme d'institution.

Les choses se compliquent encore du fait- que l'exécution et le financement des travaux de recherche sur l'utilisation des moyens d'information XJX fins d'éducation relèvent en général d'un autre secteur encore et s'effectuent le plus souvlnt dans, ou en association avec, des départements ou facultés uni- versitaires de pédagogie ou des établissements d'en- seignement et de formation pédagogiques. Ce sont en général 1esDépartements ou MiniSteres de l'édu- cation qui fournissent l'essentiel des crédits et, dans l'ensemble, les travaux effectués semblent porter davantage sur l'efficacité des moyens d'information que sur leurs effets proprement dits. L'évolution

Le fait que, dans tant de pays, hrecherche en

en passant par les

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récente et prévisible des techniques d'enseignement (comme les circuits fermés de télévision, le ma- gnétoscope électronique, etc. ), entraînera vrai- semblablement une prolifération des travaux de re- cherche de ce genre.

est probablement loin d'embrasser la totalité des multiples formes d'organisations et d'intérets à l'oeuvre dans ce vaste domaine qu'est celui de la recherche en matière d'information.

La description de la façon dont la recherche en matière d'information s'est développée et de son état actuel est intéressante en soi. Toutefois, les connaissances de base qu'elle nous fournit sontpar- ticulièrement utiles à deux égards, d'une part par- ce qu'elles permettent de répondre aux deux ques- tions : qui a fait ces recherches ? Pourquoi les a-t-on faites? Et d'autre part parce qu'elles nous renseignent sur diverses formules institutionnelles, dispositions financières et catégories de recherche, de sorte que nous pourrons éventuellement déter- miner quels types d'organisation et de financement sont les plus aptes à susciter l'effort soutenu de recherche indépendante de niveau élevé dont le be- soin se fait si gravement ressentir. Les connais- sances de ce genre pourraient se révéler extréme- ment utiles dans tous les cas où l'on envisage la création de nouvelles institutions.

Le tableau ainsi dressé, pour divers qu'il soit,

SECTION C : NECESSITE D'INTRODUIRE LA RECHERCHE DANS DES DOMAINES NOUVEAUX

La section précédente a amplement montré la né- cessité d'accroître les efforts de recherche, tant sur le plan général que sur le plan particulier, dans le vaste domaine des moyens d'information.

Mais quand on passe en revue ce qu'on sait déjà, on s'aperçoit vite de tout ce qu'on ignore encore. Certaines des lacunes sont patentes : d'autres sont moins évidentes mais elles pourraient avoir une importance égale sinon supérieure. On trouvera donc dans la présente section quelques suggestions sur les domaines dans lesquels il y aurait intérét à faire de nouveaux efforts de recherche. On n'a toutefois pas essayé de les énumérer tous.

Les moyens d'enseignement

Pour ce qui est de la télévision éducative, il est évident qu'elle peut avoir de l'efficacité, mais il est évident aussi qu'il serait nécessaire d'en sa- voir bien davantage sur l'utilisation optimale des moyens. 0ì1 et quand la télévision (ou tout autre moyen d'information) peut-elle @tre utilisée au mieux ?Quelle est la meilleure manière de. p ~ é - senter à la télévision des idées nouvelles, des mé- thodes pédagogiques modernes,de nouvelles formes de relations ? Comment peut-on l'utiliser pour mieux comprendre les processus d'acquisition des connaissances,de pensée et de communication? Les considérations exposées à la section précédente

devraient faire apparaftre combien il est essentiel de planifier la recherche en ce domaine pour tenir compte du cadre général de référence sur le plan idéologique et sociologique et, en particulier, des fonctions qui ont été assignées aux moyens d'infor- mation et au système d'enseignement.

les découvertes techniques, mais il ne fait aucun doute que nous sommes au seuil d'une période qui pourrait etre marquéepar des modifications pas- sionnantes de l'enseignement. L'évolution dépendra en grande partie de la manière dont nous saurons saisir les occasions qu'offrira la technique. Allons- nous nous contenter de faire entrer de force lesinno- vations dans les structures existantes ou en profite- rons-nous pour réexaminer de manière approfondie et complète nos différents systèmes d'éducation afh de les réviser totalement si cela se révèle nécessaire. Les moyens modernes d'information pourraient nous donner une occasion unique de revoir les pratiques et structures classiques de l'enseignement, modes de communication sont en train de se modifier et quand ils évoluent, ciété changent également. Certains soutiennent que pour utiliser au mieux la technologie dont nous dis- posons désormais, il nous faudra peut-etre rejeter bien des choses du passé et repartir à zéro pour édifier un monde pédagogique entièrement nouveau. I1 faut que les chercheurs soient au moins pr&ts à examiner ces possibilités.

Parmi ceux qui s'interrogent sur les occasions qu'offre la technologie pour l'enseignement, il y a des optimistes et des pessimistes. Pour les opti- mistes, les merveilles de demain sont à la portée de la main, à condition qu'on sache faire preuve de sagesse et de prévoyance. Malheureusement, il est rare qu'on précise en détail ce qu'il faudrait faire (surtout dans les pays en voie de développement) et l'on feint trop souvent d'ignorer les obstacles et les empechements qui pourraient surgir, aux différents échelons, dans le domaine de l'économie, de la po- litique et d'autres domaines concurrentiels, sur le plan national comme sur le plan international . Malheureusement, les chercheurs et les penseurs doivent se résigner à la réalité d'un monde morcelé et divisé. I1 n'y a guère à gagner à se fonder sur l'hypothèse que "toutes choses sont égales dailleurs".

D'autres attirent l'attention sur l'appauvrisse- ment affectif, le manque d'enthousiasme, l'inhibition des talents somatiques de communication, la déper- sonnalisation qui, à leurs yeux, découleront inévi- tablement des nouvelles situations pédagogiques que pourrait amener le progrès de la technique. Us soulignent que c'est l'expérience en quelque sorte mécanique qui est enrichie, au détriment de la ré- flexion ("la télévison est le domaine des apparences et non des explications"), que par essence la télé- vision a un contenu pauvre du point de vue de l'in- formation, qu'elle réduit la portée de ce qu'elle présente et- dans la mesure OU les possibilités de réponse sont extrêmement limitées - que le courant d'information ne se fait pratiquement que dans un sens. On peut bien entendu admettre tout cela et

Certes, d'aucuns exagèrent les possibilités qu'offrent

Les

les structures de la SO-

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-

I considérer néanmoins que la télévision est un moyen idéal pour certaines formes d'enseignement. Dans la mesure m@me où son contenu seraitpauvre sur le plan de l'information, où elle permet de faire participer davantage de gens et où elle sus- cite une réaction "tempérée", quelques-uns ont été amenés à penser qu'elle convient parfaitement pour l'instruction.

On a beaucoup écrit en ce sens mais. malheureu- sement, l'imagination prend trop souvent le pas sur la réalité. I1 faut néanmoins convenir que certaines des idées émises peuvent montrer les voies dans lesquelles la recherche. pourrait s'engager tant dans les pays développés que dans les pays en voie de développement. Ce qui est essentiel, c'est assu- rément de trouver la manière la plus efficace d'uti- liser les nouveaux moyens d'information, quoique, nous l'avons souligné plus haut, le chercheur celui qui est appelé à répondre à cette questiondoit non seulement avoir une idée claire de ce qu'il en- tend par efficace, mais doit aussi tenir compte des différents moyens d'information, des différents sys- tèmes pédagogiques, économiques et sociaux et des rapports entre ces systèmes dans le pays considéré,

Bien d'autres problèmes essentiels méritent de retenir l'attention, Par exemple, il faut savoir com- ment des personnes d'ages différents et d'horizons culturels et éducatifs différents retiennent et inté- riorisent les renseignements qu'on leur présente. Comme nous l'avons dit, l'action même de la télé- vision éducative sera influencée par toute une série de facteurs et notamment par le rale que la société assigne à l'école ainsi que par les rapports qui existent entre les systèmes d'information et les systèmes d'enseignement. I1 convient d'étudier ces rales, objectifs, fonctions, rapports et possibilités de conflit pour @tre en mesure de déceler rapide- ment les problèmes, et peut-@tre de les prédire et d'en faciliter la solution. I1 faut préciser tant les conditions que les conséquences d'un enseignement et d'une information efficaceS.La recherche montre que l'introduction d'idées et de méthodes nouvelles donne les meilleurs résultats quand la préparation a été suffisante et quand il n'y a pas d'effet de sur- prise. I1 faut faire des recherches pour prévoir les problèmes qui se poseront inévitablement dans le sillage des innovations et avoir le temps de prendre les mesures voulues. Cette remarque vaut d'ailleurs . autant pour les pays développés que pour les pays en voie de développement. I1 arrive souvent que ces derniers sachent utiliser de manière plus systéma- tique et plus efficace les talents de leurs spécia- listes des sciences sociales que certains pays dé- veloppés où les chercheurs dispersent parfois leurs efforts dans des travauxfragmentaires et secondaires.

I1 est manifestement indispensable de réexaminer le problème de la coopération entre chercheurs,in- formateurs et éducateurs. I1 faut tenir compte de la recherche avant m@me la mise en place des ins- titutions, et poursuivre les travaux de recherche parallèlement au développement de ces institutions. I1 est assurément dans l'intéret de tous que ceux qui

ou

sont chargés de mettre au point des moyens nou- veaux fassent dans leurs plans la place voulue à la recherche. En fait, la recherche peut et doit montrer la voie à suivre. Est-il déjà trop tard,par exemple, pour élaborer une vaste stratégie de rer cherche comparative en vue de la production, de la mise au point, de la diffusion et de l'utilisation générale d'une innovation telle que le magnéto- scope électronique(E. V. R. ) ?

La communication internationale et les satellites

Pour ce qui est de la communication par satellite, il est manifestement trop tard pour penser à pré- voir l'exécution de travaux de recherche dès le départ. Quand on songe à la recherche dans ce do- maine spécialisé, plusieurs problèmes se pré- sentent à l'esprit, depuis ceux des infrastructures disponibles, du rapport coût/bénéfices ou des droits d'auteur jusqu'à ceux du contact avec des cultures étrangères, de la liberté à l'égard des systèmes nationaux officiels et de l'apparition possible de nouvelles formes de contrôle et de censure. Cer- tains de ces problèmes, et par exemple celui du contact avec des cultures étrangères, ne sont pas nouveaux ni particuliers à la communication par satellite, et ils sont en fait abordés dans d'autres parties du présent document. D'autres, comme ceux qui touchent aux émissions directes de radio, dépendent tellement de facteurs sociaux, politiques, économiques et juridiques encore inconnus qu'étant donné le peu de ressources dont on dispose,iln'est peut-@tre pas sage au stade actuel de gaspiller trop d'efforts en ce domaine,

I1 importe une fois de plus d'envisager la re- cherche de manière aussi réaliste que possible. 11 faut tenir pleinement compte du potentiel offert par les moyens considérés, de leur utilisation optimale et de l'éventualité de"modifications incroyables de l'ordre social"; toutefois, il ne faut pas oublier non plus les facteurs déterminants de la division actuelle du monde et de la puissance des intérêts commer- ciaux. 11 est difficile en effet de dissocier puissance, sphères d'influence et technologie.

Les possibilités d'utilisation de satellites dé- pendront en partie du stade de développement du pays considéré. Tous les travaux de recherche envisagés à cet égard doivent @tre établis en fonc- tion de cette donnée. Toutefois, la principale réa- lité à admettre actuellement à cet égard est assu- rément celle des incertitudes qui subsistent sur les plans politique, juridique et économique. La re- cherche pourrait porter sur la nature des entraves et des obstacles qui s'opposent a la coopération dans ce domaine, avec l'objectif idéal de les sup- primer. 11 est assez facile de déterminer les sources de la puissance, les possibilités de lan- cement de satellites, etc., mais il serait bon d'essayer aussi de suivre les discussions qui ont lieu à l'intérieur des différents pays intéressés sur la manière dont ils se proposent dbtiliser leur

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puissance ou sur les avantages qu'ils attendent de ces innovations. En faitJ'ensemble du problème des entraves à toutes les formes de communication in- terculturelle vaudrait la peine d'@tre étudié. Quels sont les facteurs - d'ordre social, économique, po- litique, juridique, etc. - qui déterminent la nature et l'importance des phénomènes d'importation et de distribution du matériel d'information ? En outre, on part généralement du principe que les échanges interculturels et l'amélioration de la compréhen- sion internationale vont de pair. Quels sont les fac- teurs qui expliquent cette association ? Rienne nous autorise à supposer que celle-ci découle automa- tiquement de ceux-là.

Le r61e des moyens d'information dans les sociétés de transition

Toute innovation évidemment peut provoquer des tensions et des conflits dans tout système et, bien entendu, ce sont parfois les innovations et les modes de communication ou d'enseignement les plus effi- caces qui provoquent le plus de tension. Sans vou- loir revenir sur les arguments présentés plus haut, il n'est pas inutile de rappeler qu'ici comme dans beaucoup d'autres domaines difficiles, le premier problème à résoudre est celui de la définition de la notion d'efficacité. I1 faudrait @tre plus précis, peut-@tre m@me plus honnéte, dans notre définition des besoins essentiels et des objectifs primordiaux et tenir compte des aspirations nationales légitimes des peuples et des sociétés aux différents stades de leur développement.

Pour déterminer l'influence globale des moyens d'information dans les pays en voie de développe- ment, il ne suffit pas d'étudier telle ou telle cam- pagne particulière menée, par exemple, dans le domaine de la santé publique, ou dans celui de l'agriculture, ou de l'éducation. (Les programmes de ce type ont aussi des effets indirects ou im- prévus. ) Ce qu'il faut, c'est essayer d'évaluer quelle est l'influence plus vaste et sans doute plus profonde des moyens d'information commerciaux, notamment en étudiant le développement des as- pirations, les sources possibles de frustration et de conflit, la transformation des formes de consom- mation et des styles de vie, l'affaiblissement des liens traditionnels, l'évolution de la structure de l'autorité, les images et idées toutes faites rela- tives aux autres pays, etc.

L'hypothèse émise par Daniel Lerner il y aquel- ques années- à savoir queles moyens d'information donnent aux populations des pays en voie de dévelop- pement la possibilité de concevoir des situations et des modes de vie entièrement différents de ceux qu'ils connaissent - pourrait encore donner lieu à bien des précisions concrètes. Le passage de la communication orale à l'imprimerie puis à la com- munication électronique (le stade intermédiaire de l'imprimerie étant parfois absent), l'emploi simul- tané des moyens traditionnels et des moyens élec- troniques, la diffusion ou la transformation des

formes culturelles, voilà quelques-uns seulement des nombreux problèmes fascinants qui pourraient étre examinés.

Nous pourrions aussi nous demander s'ilest iné- vitable que tout vienne ensemble. Est-il nécessaire que l'aide économique et technique s'accompagne toujours d'une imagerie à l'eau de rose ? Non que cette dernière soit la seule représentation du monde que donnent les moyens d'information de type com- mercial, car ils peuvent également apporter à ceux qui vivent dans les pays en voie de développement des photographies et des récits sur l'actualité et la situation des pays développés. I1 est possiblede faire voir les manifestations, les bagarres, les ré- volutions, la pauvreté, la misère et l'aliénation en m@me temps que les aspects séduisants de la so- ciété de consommation. Quel peut en étre l'effet sur les jeunes des villages d'Afrique ou d'Amérique latine ? Que savons-nous de leurs réactions de- vant ce genre d'informations ? A cet égard, il est également bon de ne pas oublier que la représen- tation de la violence peut fort bien avoir des con- séquences "positives" ou "sociales" valeurs et les définitions) en servant de catalyseur ou de signal de danger.

L'un des principaux problèmes qui a toujours troublé les responsables des pays en voie de dé- veloppement est l'opportunité de consacrer une partie des ressources déjà limitées à ce qu'on a pris l'habitude d'appeler "l'évaluation''. C'est là une activité souvent considérée comme un luxe, un luxe que ces pays peuvent difficilement se permettre. I1 existe toutefois dans ces m@mes pays des parti- sans d'une autre thèse, selon laquelle m@me siles ressources sont limitées, on les utilisera mieux en fin de compte si on en consacre ne serait-ce qu'une partie à "l'évaluation''. C'est là un exemple particulier du problème du professionnel M A v i s du chercheur, dont nous avons déjà parlé. Dans quelle mesure cette évaluation est-elle en fait une recherche orientée vers la programmation et l'ac- tion ? Dans quelle mesure s'agit-il d'un exercice purement théorique - rarement utile aux adminis- trateurs, dont on attend des "résultats" ? Les spé- cialistes des sciences sociales participent-ils plus que les journalistes au développement national ? Peut-on compter sur des professionnels très con- cernés pour fournir une bonne définition de leurs problèmes ? Ou bien s'agit -il de deux catégories protégées qui s'adonnent à leurs fantaisies et sa- tisfont leur ego et celui des "membres de leur club" tandis que les administrateurs sont auxprises avec les problèmes véritables avec pour seule arme leur expérience personnelle ét leur bon sens ?

les décisions (par exemple les commissions de planification), les chercheurs devront peut-étre répondre à certaines questions d'ordre fondamen- tal ou fonctionnel. La plus importante étant bien entendu celle du coût par rapport aux avantages attendus. La science de la communication est-elle en mesure de le faire ? Ou bien doit-on admettre

(selon les

Pour convaincre ceuxqui sont chargés de prendre

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franchement qu'au stade actuel elle est incapable de fournir des critères de mesure précis en cequi concerne les "inputs" et les "outputs" ? D'un autre côté, si les spécialistes de l'information sont con- vaincus que la télévision, par exemple, contribuera au développement de l'agriculture, de la planifica- tion familiale, etc. , expriment-ils seulement leurs propres idées préconçues ou peuvent-ils fournir des preuves à l'appui de leurs affirmations ? Dans ce dernier cas, comment peuvent-ils le faire? Quels seront les pays dont ils tireront des données d'ex- périence ? S'agit-il-également de pays en voie de développement ou bien s'agit-il de pays qui étaient déjà avancés sur le plan agricole avant l'introduc- tion de la télévision ? En l'absence de données'lhis- toriques" (car la communication est une science nouvelle), comment peut-on répondre à ces ques- tions évidemment pertinentes ? L'intensification des recherches permettra-t-elle nécessairement de résoudre le problème, et si oui, quand ?

D'autre part, on peut soutenir que ce n'est pas le bon moyen d'aborder la recherche dans ce do- maine, ni dans n'importe quel autre d'ailleurs. L'accord serait quasi unanime pour reconnaftre que nous sommes genés par l'absence d'une théorie, et beaucoup affirmeraient qu'il en est surtout ainsi parce que la recherche a trop fréquemment été do- minée par des considérations pratiques. Ce qui est évident, immédiat et bien connu n'est pas nécessai- rement fondamental. On prétend que cette tendance à se concentrer sur ces aspects, tels qu'ils sont définis par le professionne1,a non seulement pour résultat de favoriser le développement de sciences sociales médiocres, mais également de ne pas ré- pondre aux besoins pratiques du specialiste, meme tels qu'il les perçoit. Si la situation n'est pas bien définie ou diagnostiquée en tout premier lieu, (il est sous-entendu que de bonnes définitions doivent nécessairement découler d'une base théorique appro- priée),il yapeu de chances de trouver les remèdes fondamentaux.

Tout cela est fort bien, mais étant donné l'état actuel des sciences sociales et les problèmes immé- diats auxquels se heurtent ceux qui doivent prendre des décisions opérationnelles, ce n'est pas un ar- gument susceptible de rencontrer la faveur des journalistes et des administrateurs qui doivent payer la note. Une "recherche sur les buts" qui porterait sur les divers objectifs existants et pos- sibles des systèmes d'information et, ce faisant, contribuerait Fi. des mises au point Ala fois pratiques et théoriques, apporterait peut-etre une solution à cette difficulté. I1 n'y a aucune raison pour que la recherche ne puisse atteindre ces deux objectifs - et la controverse qui oppose recherche fondamen- tale et recherche appliquée, controverse qui, pour dire le moins, n'est pas particulièrement utile, ne devrait pas empecher le développement dans cette direction et dans d'autres directions analogues.

Violence et agression

Comme nous l'avons déjà vu dans cet article, il est certain que le problème de la représentation de la violence et de l'agression par les .moyens d'information est une grande source d'inquiétude sociale dans bien des pays développés. Si l'onveut s'attaquer convenablement ä ce problème complexe, il faudra savoir réviser les conceptions et aborder la question avec imagination.

I1 ne s'agit pas uniquement de l'incitation à des actes de violence, comme beaucoup semblent le penser. Outre l'éventualité de conséquences posi- tives ou sociales, il faudrait étudier les effets à long terme sur le plan de l'augmentation del'agyes- sivité, de l'approbation de systèmes déviants de croyances, de la tolérance envers les cas de dé- viation et de violence, de la désensibilisation et de la naissance de phénomènes d'anxiété et d'autres formes d'angoisse. De plus, les recherches doivent également porter sur les reportages concernant la violence et la déviation, leur importance, l'appro- bation, ou la désapprobation de différentes formes de violence dans le comportement, différentes dé- finitions et perceptions, la présentation des ques- tions pertinentes et la nature du problème luim8me. Les rapports information/violence ne peuvent pas étre étudiés comme il convient isolément ; il faut les placer dans l'ensemble du contexte social.

sion données par les moyens d'information sus- citent une grande inquiétude dans le public ;mais ce qu'on sait de l'étiologie, de l'importance et des circonstances de la délinquance en général et de la violence en particulier, donne à penser qu'il serait erroné de borner les recherches au domaine particulier de la valeur, à l'exclusion de tous les autres. On peut soutenir que toute société humaine compte sur le maintien de certaines valeurs dans la vie privée de ses membres et dans leur vie col- lective et qu'elle s'appuie sur elles pour se perpé- tuer. Parmi ces valeurs, on peut citer le respect de la personnalité individuelle, la tolérance, le respect d'autrui, l'honn&teté dans l'action et dans les rapports avec autrui, l'exactitude de l'informa- tion et l'incitation à la pensée rationnelle et à la critique constructive. I1 est essentiel que les cher- cheurs se demandent si les moyens d'information ont pour effet général de renforcer ou d'inhiber ces valeurs fondamentales.

Les nombreuses images de violence et d'agres-

L'influence des moyens d'infocmation sur la société

I1 faut poursuivre les recherches sur les aspects tant positifs que négatifs des moyens d'information et s'interroger sur leurs possibilités, par exemple sur la façon dont on pourrait s'en servir pour élar- gir les intéréts ou former le goût du public, accroitre sa participation aux activités sociales, améliorer la compréhension internationale et contribuer à l'élimination des préjugés.

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Peut-etre certaines des expériences tentées en laboratoire afin de déterminer les conséquences des représentations de la violence et de l'agression sur l'écran et à la télévision pourraient-elles @tre ré- pétées à propos de sentiments positifs l'amour et l'affection. Un autre secteur dans lequel des recherches pourraient utilement aider la télé- vision à exploiter pleinement ses possibilités est l'étude de la façon dont le goût se forme. I1 y a quelques années, le professeur Himmelweit avait posé comme hypothèse de travail, pour une étude qu'il envisageait de faire, qu'il ne suffisait pas de donner de "bonnes" émissions sur une chame pour modifier le goût du public, car les enfants préfèrent dans ce cas regarder des émissions moins difficiles qu'on leur propose sur l'autre chaîne. Le but de l'étude que se proposait d'entreprendre le profes- seur Himmelweit était de déterminer de quelle fa- çon on pouvait inciter les enfants à modifier leurs habitudes en matière de télévision (au moyen d'ac- tivités planifiées par les professeurs, les parents, etc. et dotées d'une récompense quelconque) et à regarder davantage les émissions de meilleure qua- lité. I1 prévoyait à cette fin de menerune expérience contrôlée sur place en faisant varier systématique- ment la force et la nature de l'incitation et en met- tant en rapport les résultats obtenus avec la person- nalité des enfants, leur milieu social, etc. De toute évidence, l'école occupe une place essentielle dans cette expérience, et il convient de mentionner à ce propos que l'étude de l'influence de l'enseignant sur les gouts de ses élèves en matière d'information. ainsi que les relations entre les cultures populaires et la culture scolaire constituent d'autres secteurs vers lesquels la recherche pourrait s'orienter avec profit.

En Angleterre, on a récemment entrepris des travaux de recherche sur l'influence d'un type de radiodiffusion nouveau (du moins en Angleterre) : "la radiodiffusion locale d'intérbt public". Le prin- cipal but de cette expérience est de vérifier cer- taines des assertions des tenants de la radiodiffu- sion locale, à savoir que celle-ci est en mesure d'éveiller chez les auditeurs une conscience accrue de leur appartenance à une collectivité, d'accroître leur connaissance des affaires locales, de les in- citer à y prendre une part plus active et de repré- senter un service appréciable pour les groupes et int ér 8ts minorit air e s. Cette radiodiffusion d'un "nouveau genre'' constitue une tentative intéressante pour contrebalancer la tendance en faveur de la centralisation et de la primauté de la métropole ; reste à voir quel succès elle rencontrera. C'est en tout cas un domaine de recherche dont l'intérét est évident pour les pays développés, et qÙi pourrait permettre d'établir une comparaison intéressante avec l'utilisation qu'on fait de la radiodiffusion, les objectifs qu'on lui assigne et l'influence qu'elle exerce sur les relations et les structures commu- nautaires dans un pays en voie de développemenr. De façon générale, il convient d'encourager les études transcultureiles différents schémas de diffusion et de quéte de

tels que

et les comparaisons entre

l'information dans des contextes culturels et struc- turaux différents.

La recherche et le producteur

Dans le second rapport que le Comité de recherches sur la télévision vient de publier sur l'état de ses travaux figurent les recommandations ci-après : "La recherche devrait aussi se préoccuper du pro- cessus de production. Nos travaux montrent qu'il est important de savoir comment les producteurs en matière d'information (le terme ''producteur'' étant utilisé dans son sens le plus large) conçoivent leur rôle, de connaftre leur sentiment des valeurs, leurs attitudes, leurs objectifs, leurs conventions, leurs intentions, leurs conditions de travail, et de savoir, de façon générale,de quel genre d'hommes il s'agit. La façon dont s'effectue le recrutement demande également à @tre étudiée.

Le produit de l'information, et par conséquent son influence, sont fonction (au moins en partie) du système de propriété, de contrôle et de finan- cement de cette information. I1 faudrait étudier, dans le cadre de travaux plus vastes de recherche interdisciplinaire tenant compte des aspects éco- nomiques, juridiques et politiques de la question, quels sont les rapports entre la programmation et le contrôle de l'information. L'établissement des programmes d'émissions et la répartition du temps et des crédits entre les différents types d'émission ne sont que deux aspects de ce vaste problème qui demande, comme nous l'avons vu à l'occasion de nos propres recherches, à étre étudiés de plus près et plus en détail.

La difficulté et la complexité de la tache qui consiste à étudier l'influence des moyens d'infor- mation sur les attitudes et les valeurs sociales ne devraient pas décourager les chercheurs d'élargir leur quete au-delà du domaine généralement cou- vert par la recherche en matière d'information. I1 conviendrait qu'ils s'interrogent sur l'influence comparée de diverses formes de présentation des nouvelles, des affaires cour%mtes et des problèmes politiques, et qu'ils étudient le contenu de l'infor- mation afin d'en déterminer l'aspect positif,la façon dont il peut pécher par action ou par omission, son ca- ractère superficiel et son aspect de vulgarisation ex- cessive;la recherche, pour etre complète, ne devrait pas non plus négliger la possibilité que les moyens d'information,au lieu d'€!tre l'instrument d'une démo- cratie caractérisée par la "participation'' active des citoyens, agissent dans le sens opposé. "

Certaines de ces questions ont été reprises et amplifiées par un groupe de spécialistes et de cher- cheurs de la radiodiffusion lors d'une réunion ré- cente de l'Institut international de radiodiffusion à Bellagio (Italie)/l. 11s ont groupé les questions

i. La collaboration prévue enmatière de recherche entre 1'IBI et le Centre de recherches sur les moyens de grande information de l'université de Leicester (ramification du Television Research Committee) est un bon exemple de coopération dans ce domaine.

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demandant à &tre étudiées sous quatre grandes ru- briques : ( i ) Quest-ce que l'information ? (2) Quels sont les problèmes techniques particuliers à la té- lévision ? (3) Aspects axiologiques et humains du reportage et (4) Problèmes politiques, problèmes de gestion et de rédaction.

tain nombre d'élements mériteraient de retenir notre attention : facteurs qui influent sur la façon dont prend forme et se maintient ce que l'on consi- dère comme matière à information ; c'est ainsi qu'il faudrait faire une étude, si possible compa- rative, des pressions extérieures, des conventions des processus de sélection, des préjugés, des dis- torsions, de la superficialité et du sensationnalisme qui interviennent ici, à la fois pour différents moyens dlinformation et dans différents pays.

Les techniques et l'organisation de la production télévisée posent des problèmes qui leur sont propres. Quels sont ces problèmes ? Quelles sont les con- vention types qui régissent cette production,et quels sont leurs effets ? Que savons-ngus de l'influence des différents modes de présentation, qu'est-ce que cette "bonne télévision" dont on parle tant, et que savons-nous de l'effet des stimuli verbaux et visuels, considérés séparément et ensemble ?

Quelles sont les valeurs et les considérations humaines auxquelles se réfèrent les producteurs (au sens le plus large du terme). Quels sont leurs critères, quelle idée se font-ils du public, de leur r61e et de leur fonction, quels sont leurs objectifs et leurs buts ? Quels sens donnent les spécialistes de l'information (là aussi de branches et de pays dif- férents) aux termes "liberté", "autonomie", "in- dépendance", "droit à l'information'', "objectivité", "fait'', ''opinion'', "vie privée", etc ? Sur un pian plus vaste, c'est toute la question de la liberté de l'information, y compris sa libre circulation et le libre accès aux moyens d'information, qui exige une vigilance constante et une étude systématique.

Recherche et formation

Pour ce qui est de la première rubrique, uncer-

En ce qui concerne la quatrième des rubriques men- tionnées plus haut, l'un des domaines dans lesquels des études plus poussées sont suggérées est celui de la formation de spécialistes de la radiodiffusion. Voici ce qu'en dit le TeleVisionResearch Committee :

"Tout en reconnaissant qu'il est nécessaire de sauvegarder la liberté et l'autonomie des spé- cialistes de la radiodiffusion et des autres moyens d'information, nous tenons à souligner que cette liberté comporte de lourdes responsabilités . Dans le-cas qui nous occupe, ces responsabilités exigent qu'on se préoccupe davantage de donner aux journalistes de tous genres une formation qui leur permette de connaftre le point de vue des spécialistes des sciences sociales sur les moyens d'information en tant qu'institution so- ciale et sur l'information en tant que processus social ; il est indispensable que tous ceux qui ont pouvoir de décision, au niveau de la politique

de l'information ou des produits de cette in- formation, fassent tout leur possible pour se tenir constamment au courant de l'évolution et des résultats de la recherche dans ce do- maine, notamment en ce qui concerne toutes les formes de représentation de la violence et de l'agression. I1 est essentiel que les codes, politiques et règles pratiques qui régissent ces représentations soient constamment et systéma- tiquement revus en fonction des résultats de la recherche en la matière. 'I Un autre problème à ne pas négliger est celui

de la formation des chercheurs. Quelle est actuel- lement la situation dans les pays développés et en voie de développement, et,quels sont les besoins ? La façon américaine, ou même européenne, de con- cevoir cette formation en termes d'instituts univer- sitaires et de diplômes supérieurs a-t-elle un sens pour les pays en voie de développement, compte tenu de leur situation et de leurs besoins ? Quelle peut être à cet égard la contribution des pays dé- veloppés ? Quelle leçon peut-on tirer de leur ex- périence et de leurs erreurs ? Quels sont les in- convénients des chercheurs et des idéologies "d'ex- portation" ? Nous pénétrons, avec ces questions et un certain nombre d'autres, dont celle de la coopération entre chercheurs et producteurs, dans un autre domaine essentiel de la recherche.

Les méthodes de la recherche

Une dernière remarque à propos de la méthodolo- gie des sciences sociales : nous ne saurions, dans un document d'information comme celui-ci, pour- suivre notre propos comme si les questions de m é - thodologie n'avaient aucune importance, lancer au contraire dans un débat sur les avantages et les inconvénients respectifs de diverses méthodes de la recherche.Aussi nous contenterons-nous de faire quelques remarques ayant valeur d'avertissement.

I1 y a dans toute méthode un élément de tyrannie; qu'est-ce en effet qu'une méthode, au fond, sinon une façon de percevoir, d'organiser, de définir, d'analyser et d'interpréter la réalité qui exclut sou- vent toutes les autres. I1 est donc utile de se rap- peler que la méthode, pour essentielle qu'elle soit, n'est en somme qu'une façonparmibeaucoup d'autres de voir et d'interpréter le monde qui nous entoure. Pour aborder un certain nombre de situations, nous avons mis au point un ensemble de règles, et peut- être, dans certains cas, la façon dont nous inter- prétons ces situations n'est-elle guère plus que le produit des règles et procédés que nous avons con- çus et imposés. Les procédés, nous l'avons vu, ne sont pas nécessairement exempts de toute influence idéologique et il convient de ne pas l'oublier, sur- tout lorsqu'il s'agit des moyens d'information et de la recherche en matière d'information dans les pays en voie de développement.

ni nous

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SECTION D : NECESSITE D'UNE ACTION CONCERTEE AUX NIVEAUX NATIONAL ET INTERNATIONAL

Encouragement de la recherche au niveau national

En ce qui concerne les diverses possibilités d'ac- tion, il semble raisonnable d'établir une distinction entre le niveau national et le niveau international . Nous nous proposons, en un premier stade, de dé- crire brièvement les méthodes qu'ont adoptées deux pays développés (la Suède et le Royaume-Uni) lors- qu'ils ont dQ résoudre, ces dernières années, des problèmes relatifs à la politique et à l'orientation de la recherche. I1 va sans dire que chaque pays est un cas à part et que ce qui convient à la Suède et au Royaume-Uni peut ne pas convenir à laFrance ou à l'Italie,et encore moins au Nigeria ou au Pérou. En un second stade nous traiterons à part, pour brièvement que ce soit, certains problèmes rela- tifs à l'évolution de la recherche dans les pays en voie de développement. Pour l'heure, notre exa- men portera sur les deux exemples ci:après.

Le mandat du Comité suédois de radiodiffusion (1969- 1965) mentionnait expressément la nécessi- té d'approfondir les recherches sur l'influence de la radio et de la télévision. I1 soulignait que les autorités publiques et celles qui, à l'Office de ra- diodiffusion suédoise, décidaient des programmes, ne pouvaient agir qu'en fonction d'hypothèses gé- nérales, alors qu'elles devraient pouvoir se fon- der sur un ensemble cohérent de données scienti- fiques. Aussi le Comité a-t-il été chargé d'étudier le problème et de faire des suggestions quant aux moyens d'encourager et de soutenir la recherche dans ces domaines.

La section pertinente du rapport commence par souligner pourquoi le Comité a jugé necessaire d'6largir la portée de Ilenquete dans deux directions I1 est apparu tout d'abord que les autres moyens d'information (surtout la presse-et le cinéma) de- vraient normalement @tre étudiés dans le m@me contexte que la radio et la télévision. Ensuite, il n'est pas souhaitable de limiter au domaine des sciences sociales les recherches sur la radiodif- fusion, dans la mesure où d'autres secteurs impor- tants, d'ordre politique, littéraire, musical, artis- tique, linguistique et sémantique méritent également d'&tre étudiés. C'est pourquoi le rapport examine la radiodiffusion dans le contexte plus large des moyens d'information dans leur ensemble et termine par un certain nombre de propositions précises. I1 y est dit que l'Office de radiodiffusion suédoise de- vrait disposer, dans le .cadre de son département d'archives, d'un service de recherche dont les ca- pacités dépasseraient ses besoins propres. Les ar- chives devraient pouvoir conserver des bandes ma- gnétiques, des disques, des bandes video et des films, m@me lorsqu'iln'estpas prévu de les réuti- liser pour des programmes futurs. Un personnel

auxiliaire devrait être mis à la disposition des chercheurs, et un index du matériel disponible de- vrait &tre régulièrement établi et diffusé. I1 faudrait prévoir et équiper des salles pour l'écoute de disques et de bandes sonores et pour la projection de bandes video et de films. Une partie des fonds perçus au titre des redevances devrait @tre affectée dans ce but à l'Office de radiodiffusion.

Les recommandations les plus importantes du rap- port ont trait à l'étude et à l'enseignement de la radio- diffusion dans les universités. Les auteurs recon- naissent qu'il faut procéder par étapes et qu'il serait prématuré au stade actuel d'organiser des cours uni- versitaires spécialisés (dans le cadre d'un enseigne- ment menant à la licence OU à un grade supérieur).

La littérature qui existe sur la question demeure essentiellement anglo-américaine, alors que cet en- seignement doit, dans une large mesure, reposer sur les conclusions de la recherche faite directement en Suède. On propose donc un plan de développement en trois stades.

En un premier stade, il conviendrait de créer un certain nombre de postes de "forskardocenter'', cor- respondant à peu près aux boursiers de recherche britanniques ou aux chargés de cours aux Etats-Unis. Cela permettrait à un certain nombre de titulaires du grade de Ph. Ds'intéressant particulièrement à la radiodiffusion et aux autres moyens d'information de se concentrer, dans le cadre général d'études de science politique, de sociologie, de psychologie ou de littérature par exemple, sur des projets concer- nant les moyens d'information. Ils devraient se voir accorder tout le matériel (voir ci-dessus) dont ils auront besoin pour mener à bien leurs recherches . Une partie de leur temps devrait être consacrée à l'enseignement dans leurs départements respectifs et, dans tous les cas où cela est possible, les ré- sultats de leurs recherches devraient être publiés.

Le second stade devrait voir la création d'un ou plusieurs "instituts d'information'' constitués en tant qu'unités indépendantes dans le cadre administratif d'une ou plusieurs universités, afin d'encourager la recherche "inter-départementale" et de permettre à un certain nombre d'hommes de science de niveau universitaire normal ou supérieur de tr.availler dans un milieu stimulant et avec un matériel satisfaisant. Le directeur devrait @tre choisi parmi les enseignants de l'une des disciplines apparentées. Les chercheurs rattachés à l'institut ne rompraient pas pour autant tout lien avec leurs facultés respectives. Ils consa- creraient au contraire une partie de leur temps à y enseigner. Ils seraient également tenus d'enseigner les établissements spécialisés en matière d'infor- mation qui existent déjà ou qui seront créés : écoles de journalisme, institut du cinéma, école d'art dra- matique et, ultérieurement peut-être, institut de radiodiffusion. Les auteurs du rapport estiment que les effets positifs de cette formule - enrichissement mutuel et conditions de travail favorables - contre- balanceront amplement le fait que les chercheurs seront isolés et quelque peu à l'écart de l'activité universitaire normale.

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Pour le troisième stade, le rapport prévoit la création d'une nouvelle matière d'enseignement ou d'un nouveau département universitaire, les "études sur les moyens de grande information". Avant de pouvoir passer à ce stade, il faudra attendre que soient publiés des résultats de recherches faites en Suède sur les moyens d'information, et cela en quantité assez importante pour qu'on puisse éta- blir une liste équilibrée de textes de lecture à l'usage des étudiants du premier cours universi- taire? La chose sera sans doute possible d'ici à dix ou quinze ans,à condition qu'une aide financière généreuse ait permis de réaliser les deux premiers stades. I1 ne peut pas et il ne doit pas être établi de plans détaillés pour cette dernière phase ; mais on n'en prévoit pas moins qu'une matière comme les études sur les moyens d'information pourrait fort bien avoir autant de succès que la science po- litique et la sociologie auprès des jeunes étudiants désireux de faireune carrière äans divers domaines de l'éducation, de l'administration publique, des communications, de l'industrie privée, etc. et na- turellement aussi dans le journalisme SOUS ses diverses formes.

vision (1963) de Grande-Bretagne était beaucoup plus restreint que celui du Comité suédois. Le Comité britannique a été simplement chargé d'organiser et coordonner les recherches sur l'influence de la té- lévision et des autres moyens d'information sur les" attitudes sociales et les concepts moraux des jeunes.

Cependant, en dépit de ces différences dans leurs mandats, il semble que ces deux comités aient abordé le problème de façon assez semblable. Le Comité britannique a également insisté sur l'inté- ret qu'il y aurait à étudier tous les moyens d'infor- mation, à tous les niveaux, dans un contexte social plus vaste et il a souligné qu'il fallait procéder à des innovations d'ordre institutionnel, assurer une formation professionnelle appropriée et établir une coopération entre chercheurs et producteurs. 1966, le Comité a créé un centre universitairepour les recherches sur les communications de grande diffusion, tandis que des projets de recherche effec- hiés dans d'autres universités bénéficiaient d'un concours financier. En 1967, le Comité a également fourni les fonds nécessaires à la mise sur pied, dans une autre université, d'un service de recherche sur les moyens d'information et les changements d'atti- tude. Auparavant, il n'existait pas en Grande-Bre- tagne de base institutionnelle pour les recherches sur les moyens de grande information.

nels,le Comité a pris en considération des problèmes tels que la formation des chercheurs et leurs pers- pectives de carrière, la nature interdisciplinaire des recherches sur les moyens d'information, l'in- téret qu'il y aurait à coopérer avec les chercheurs des domaines connexes (sociologie, psychologie, etc. ) et surtout, peut-etre, la nécessité d'élaborer des théories. Le Comité n'a pas opté en faveur de la création d'un institut central unique ; en fait ila suggéré qu'il pourrait y avoir plusieurs services

Le mandat du Comité de recherches sur la télé-

En

En examinant la question des progrès institution-

ou départements de ,recherche sur les moyens d'information.

La nécessité pour les chercheurs de coopérer avec les organes d'information a été reconnue d'emblée ; néanmoins, le Comité s'est également dit convaincu que tout centre de recherche quipour- rait etre mis sur pied devait échapper à tout con- trôle ou à toute influence des organes d'information. C'est pourquoi il faut organiser ce centre dans le cadre d'une université. Cela est évidemment plus important que d'obtenir rapidement des réponses aux types de questions qui découlent du mandat du Comité en créant pour cela quelque institution pra- tique chargée d'effectuer régulièrementJ'une après l'autre, des études sur les effets. On a jugé qu'une partie beaucoup trop grande des travaux faits dans ce domaine avaient été caractérisés par le rassem- blement de faits insignifiants.

Cette décision (organisation de tels centres dans le cadre de l'université) avait été inspirée notam- ment par un facteur important - le fait que les re- cherches passées auraient gagné à se fonder sur des théories élaborées avec soin et aussi qu'un grand nombre de projets ont un caractère spécial, en quelque sorte administratif. Le Comité a pensé qu'en donnant aux recherches des fondements uni- versitaires solides, on contribuerait à éliminer cet inconvénient. Ultérieurement (en 1969), le Comité a adressé au gouvernement les recommandations suivantes :

(i) Le gouvernement devrait accorder, de pré- férence par l'intermédiaire du Conseil de recherches sur les sciences sociales et de la Commission des subventions universitaires, un concours financier à long terme ayant pour but d'assurer de façon per- manente le développement et l'expansion des re- cherches sur les moyens d'information.

(2) La BBC, l'ITA, les entreprises privées de télévision, la presse, les maisons d'édition, le ci- néma, les firmes de publicité et d'autres organes d'information devraient fournir un concours finan- cier sous la forme de subventions de recherche, de bourses d'études, de bourses de perfectionnement, etc., afin de permettre que des recherches indé- pendantes soient effectuées dans des universités et dans d'autres établissements d'enseignement su- périeur, selon les principes indiqués dans le pré- sent rapport.

(3) Les ressources offertes par l'un quelconque des organismes dont il est question ci-dessus ne devraient pas etre dispersées pour financer de nombreux projets sans lien les uns avec les autres; elles devraient servir à renforcer les structures institutionnelles existantes et à financer des "centres d'excellence'' là où le Comité a déjà procédé à des investissements considérables.

A l'époque de la rédaction du présent document, on ne savait pas encore dans quelle mesure les re- commandations du Comité suédois avaient été mises en oeuvre ; mais en Angleterre, le Centre de re- cherches sur les moyens de grande information de l'université de Leicester offre désormais un pro- gramme d'études supérieures, le premier de ce

23

genre dans le pays. Cependant, ce programme en question est presque entièrement destiné à des chercheurs ou des spécialistes qui feront proba- blement carrière à l'université. En dehors de la coopération en matière de recherche, les univer- sités ne collaborent pas officiellement avec les or- ganes d'information pour assurer la formation pro- fessionnelle sous quelque forme que ce soit. Les universités anglaises n'ont pas de département ou d'école de journalisme, bien qu'il ait été recom- mandé de "porter plus d'attention à la formation professionnelle de spécialistes des moyens de grande information, afin que cette formation leur permette de se familiariser avec le point de vue des spécialistes des sciences sociales sur les moyens d'information en tant qu'institution sociale et sur l'information en tant que processus social".

Les deux situations qÜi viennent d'être exposées sont l'une et l'autre extremement différentes aussi bien de celles des Etats-Unis d'Amérique que de celles de plusieurs autres pays européens. semble pas très utile de faire ou demander que soient faites des comparaisons globales. Toutefois, l'examen de trois ou quatre types différents de sys- tèmes, fondé sur des facteurs tels que la forma- tion professionnelle, les liens avec l'industrie de moyens d'information, la planification et la coor- dination des travaux, l'origine des crédits, le genre des recherches et l'application des résultats, pour- rait présenter quelque utilité lorsqu'on en viendra à envisager quels travaux de recherche et quelles innovations institutionnelles pourraient convenir aux pays en voie de développement.

pement, il n'est pas douteux que la solution idéale à longue échéance serait qu'ils forment et financent leurs propres chercheurs. Mais que faudrait-il faire dans l'intervalle ?On pourrait résoudre ce pro- blème par un empnint auprès des pays plus pros- pères ou par l'octroi d'une aide de brève durée à des spécialistes des moyens d'informationpour leur permettre d'exécuter des projets administratifs. Comme nous l'avons déjà vu, nous aurions tortde trop critiquer ces expédients à court terme.

A propos de l'évolution de la politique suivie en matière de recherches sur la télévision éducative, nous pourrions mentionner les propositions avancées, lors d'une récente conférence, par le professeur Himmelweit qui a recommandé les changements suivants :

(i) Les chercheurs appartenant à l'industrie de la télévision devraient participer activement aux séances de planification et y exprimer leurs vues, &tre attachés à des équipes de production particu- lières et se voir accorder un budget leur permettant d'expérimenter diverses manières de produire et de présenter les programmes.

l'orientation et de la production des programmes de télévision (producteurs ou enseignants), il fau- drait consacrer du temps pour les familiariser avec les conditions exigées par la recherche, la nécessité

I1 ne

En ce qui concerne les pays en voie de dévelop-

(2) Dans la formation de Feux qui s'occupent de

24

d'entreprendre des recherches et les avantages à en attendre.

(3) Cette industrie devrait prendre conscience plus qu'elle ne le fait actuellement qu'il est indis- pensable de placer le programme de télévision dans l'ensemble du contexte pédagogique et que la con- tribution et la collaboration des enseignants à la fois sur le plan de la production et sur celui de la recherche devraient @tre vivement encouragées.

(4) Les chercheurs devraient établir des con- tacts étroits avec les départements de psychologie, de pédagogie et de sociologie afin d'acquérir des connaissances sur les principes généraux du dé- veloppement de l'enfant, de l'apprentissage, du changement d'attitude et du conflit des r8les.

nelles appropriées pour ceux qui font ce type de recherche.

Les conclusions de la Carnegie Commission on Educational Television et la loi de 1967 sur la ra- diodiffusion publique sont des exemples de l'approche nationale globale pratiquée aux Etats-Unis. Lors- qu'on étudie la situation propre à ce pays, on se pose immédiatement la question de savoir si un centre ou un programme de recherches pédago- giques véritablement nationaux y sont vraiment né- cessaires. On a dit qu'un centre ou des centres de ce genre procéderaient à la plupart des travaux de recherche importants en matière de télévision édu- cative, à peu près comme les centres actuels de recherches sur les communications de certaines universités (Illinois, Stanford, Etat du Michigan, Wisconsin, Boston, etc.)qui effectuent d'excellents travaux de recherche dont la quantité est tout à fait hors de proportion avec le nombre des cher- cheurs en cause. I1 pourrait y avoir intér&t à créer ces centres nouveaux dans les grandes villes, pour ne pas continuer à généraliser àpartir d'expériences faites sur des étudiants vivant dans des localités de la "prairie" qui sont isolées et assez dépourvues de moyens de grande information. La création de centres supplémentaires pour l'étude des moyens d'information et de leur utilisation à des fins péda- gogiques permettrait de choisir le personnel chargé des recherches dans un cercle moins fermé et de se prémunir contre l'éclosion éventuelle de "coteries'' comme celles qui ont été le fléau de la psychiatrie. Mais cette idée pourrait aussi avoir des inconvé- nients. Si les conclusions du rapport Carter, ré - cemment présenté à 1'"American Council on Edu- cation", sont corroborées par les faits, la concen- tration de la recherche dans un petit nombre d'ins- titutions aura pour effet de réduire progressive- ment l'aptitude de toutes les autres institutions à offrir un enseignement de premier plan dans ce domaine.

Au lieu de promouvoir quelques institutions d'élite, il serait beaucoup plus profitable, sur le plan social et sur le plan professionnel, de favo- riser la possibilité pour tous les spécialistes de la télévision éducative d'organiser, de diriger et d'évaluer la recherche. Le meilleur moyen d'y

(5) I1 devrait exister des structures profession-

parvenir est peut-etre de modifier les programmes universitaires afin de prévoir des cours obligatoires dans le domaine des sciences sociales, cours qui seraient orientés vers la recherche et destinés aux futurs spécialistes de l'information utilisée à des fins éducatives. Ils seraient organisés en dehors des écoles professionnelles. Dans le cadre de ces cours, des recherches seraient entreprises qui compren- draient diverses méthodes (expérimentale, d'ana- lyse de contenu, etc. ) et des sujets (.psychologie sociale, sciences politiques, etc. 1, répondant à des critères convenables de validité et de fiabilité. En outre, comme le dit élégamment Adkins, étant donné que "l'aptitude à exploi-cer un important tra- vail de recherches et la capacité d'écrire des ar- ticles intéressants n'atteignent pas toujours le m&me degré dans une m@me personne", il conviendrait que les élèves apprennent à rédiger des comptes rendus clairs et précis :et &interpréter les résultats de recherches.

Cette clarté des comptes rendus suggèreun autre problème important, celui de la présentation et de la diffusion des résultats de la recherche en général. Les méthodes actuelles sont-elles appropriées ?Fa- cilitent-elles ou entravent-elles l'application des découvertes ? Si ces méthodes ne conviennent pas, comment peut-on les améliorer ? Cela pose à son tour la question beaucoup plus vaste de la documen- tation, des bibliothèques, des archives, des publi- cations, des conférences, des stages d'études, etc. Qu'est-ce qui est nécessaire dans ce domaine ?

La coopération à l'échelon international

Les problèmes que la diffusion des résultats de la recherche et la coordination des travaux de recherche posent à l'échelon national deviennent beaucoup plus aigus à l'échelon international. Et combien com- plexes sont les relations réciproques de nombreuses organisations régionales et internationales qui s'in- téressent d'une façon ou d'une autre aux recherches sur les moyens d'information. Nombre de ces or- ganisations, dont la recherche n'est pourtant pas la raison d'@tre essentielle, sont néanmoins extre- mement utiles parce qu'elles mettent en relations chercheurs et producteurs et qu'elles favorisent l'exécution de projets conjoints et d'études com- parées. Sans tenter d'en établir une liste exhaus- tive, on peut mentionner les organisations qui décernent des prix (Prix Italia, Prix Japon et Prix jeunesse internationale, etc. ), les associa- tions professionnelles de journalistes et les unions régionales de radiodiffusion, ainsi que le Conseil international du cinéma et de la télévision et ses organisations affiliées qui représentent nombre d'intérêts variés. L'"International Broadcast Ins- titute", qui vient d'&re créé, a déclaré qu'il con- sidère comme particulièrement important le fait d'@tre un organisme utile et indépendant qui vise à promouvoir le dialogue entre les divers intérêts de la radiodiffusion (en particulier,entre chercheurs et producteurs), tant dans les différents pays qu'à l'échelon international.

En plus de ces organismes qui s'intéressent aux moyens d'information, il existe diverses orga- nisations internationales dont l'activité appartient au vaste domaine des sciences sociales et qui ont donc dans leur domaine de compétence des recherches sur les moyens d'information. Et la liste ne s'arrete pas 15 : le Conseil international de la musique, par exemple, a patronné des stages d'études sur le r61e des moyens électroniques d'information dans l'évolution de l'opéra et du ballet.

pléthore d'organisations internationales, le besoin d'un organisme central de quelque sorte s'est fait sentir depuis longtemps. En 1957, l'Association internationale d'études et de recherches sur l'in- formation a été créée pour promouvoir les échanges d'informations et la coordination de recherches ; 1'AIERI est une association d'institutions et de par- ticuliers dont le Bureau est composé de membres bénévoles et qui est financée par les cotisations de ses adhérents. I1 reste à savoir s'il y a place pour une institution centrale,dotée d'un personnel appro- prié et de crédits suffisants pour assurer le fonc- tionnement d'un dispositif de coopération interna- tionale dans le domaine des recherches sur les moyens d'information. Dans l'affirmative, quels devraient'etre son mandat, sa structure et ses rap- ports avec les organismes spécialisés dont il aété question plus haut ? Est-il possible d'envisager la création d'une banque mondiale de renseignements sur les recherches concernant les moyens de grande. information et, dans l'affirmative, quelles ressources lui faudrait-il pour fonctionner ? L'établissement d'un réseau de centres régionaux d'échange de tels renseignements serait-il un premier pas dans la voie de la réalisation de ce "grand dessein'' ?

Le rôle de l'Unesco

Etant donné cette multiplicité d'intérets et cette

Si l'on admet qu'une stratégie de la recherche et un ensemble de priorités de recherche puissent @tre mis au point pour les dix prochaines années, qu'est-ce que l'Unesco pourra faire pour faciliter la traduction dans les faits de cette stratégie et de cette politique ? Telle est la principale question. Plus précisément, l'Unesco doit-elle entreprendre ses propres recherches, ou s'en remettre à des institutions extérieures, ou encore combiner ces deux possibilités ? Comment devra-t-elle résoudre le problème de la coordination et de l'intégration des activités de recherche si largement dissémi- nées ? Comment devra-t-elle s'y prendre pour assurer aux recherches sur les moyens d'informa- tion les installations appropriées et les concours financiers nécessaires ? Comment devra-t-elle coopérer avec les organisations et les institutions qui procèdent déjà à des recherches dans ce do- maine ? Et que devra-t-elle faire pour se prémunir contre les chevauchements, les doubles emplois et les pertes de temps et d'argent ?

Une possibilité évidente, qui a souvent été sug- gérée, consiste à rassembler des producteurs, des

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auteurs, des chercheurs et d'autres personnes s'in- téressant aux moyens d'information ou travaillant dans ce domaine afin de leur permettre d'examiner ensemble cette vaste question, de procéder à des échanges de vues et d'engager une fructueuse col- laboration. On a également mentionné que l'Unesco pourrait jouer un rale en matière de stockage et de diffusion de documents; elle pourrait aussi faire fonction de centre d'échanges d'idées et prendre l'initiative de faciliter les recherches comparées ou les recherches interculhirelles.

Cependant, la plus importante des missions qui incombent à l'Unesco est sans doute d'éliminer les barrières et les obstacles qui s'opposent aux

communications internationales et à la libre cir- culation de l'information. admis aujourd'hui que les principaux obstacles ne sont plus d'ordre technique, mais bien d'ordre so- cial, économique, politique et institutionnel. En fait l'utilisation optimale des techniques dépend de la disparition de ces barrières. Malheureuse- ment, il semble difficile, dans la conjoncture internationale actuelle d'arriver aun large accord sur ce qu'est cette utilisation optimale. Peut- etre l'Unesco pourrait-elle remédier à cet état de choses et, ce faisant, ouvrir la voie à des activités de recherches plus authentiquement internationales.

I1 est généralement

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DEUXIEME PARTIE

RAPPORT DE LA REUNION D'EXPERTS SUR LES MOYENS D'INFORMATION

ET LA SOCIETE

Montréal, 21-30 juin 1969

Une réunion d'experts sur les moyens d'informa- tion et la société, organisée par l'Unesco avec le concours de la Commission nationale canadienne pour l'Unesco, s'est tenue à Montréal du 21 au 30 juin 1969.

Les séances de travail ordinaires ont été pré- cédées, le samedi 21 juin, à l'université McGill, par une table ronde sur le rôle présent et futur de l'information dans la société. Cette table ronde, à laquelle le public avait été invité, a été présidée par M. Eric W. Kierans, ministre del'information du gouvernement canadien. Les trois principaux orateurs ont été les suivants : le professeur Jean Meynaud (France), le professeur Ayo Ogunsheye (Nigeria) et M. Alfred E. Davidson (Etats-Unis). Les exposés présentés par les orateurs et par le Président ont été suivis d'un échange de questions et de réponses.

Les questions très diverses qui ont été abordées pendant la table ronde ont été reprises ultérieure- ment lors des séances de travail et examinées d'une manière plus détaillée. Ces questions comprenaient notamment les suivantes :l'état actuel des sciences sociales et la mesure dans laquelle elles permettent d'étudier les valeurs humaines et les éléments du comportement ; la nature interdisciplinaire de la recherche concernant l'information ; les difficultés que l'on rencontre dans la recherche comparative et transnationale du fait que les conditions diffèrent d'une société à l'autre et que la recherche sociale est souvent enracinée dans les valeurs culturelles; le manque de coordination dans la recherche sur l'information ; la nécessité d'etudier l'effet de la technologie dans un cadre social donné ; les carac- téristiques particulières de l'information dans les pays en voie de développement et l'importance re- lative des moyens humains de communiquer dans ces pays ; les problèmes que pose la communica- tion entre les pays, notamment les barrières éco- nomiques et politiques ; les effets des moyens d'in- formation sur la jeunesse et la représentation de la violence ; le r61e que peuvent jouer les moyens d'information pour favoriser la compréhension internationale.

En résumant les exposés, le Président a émis l'idée que les immenses progrès technologiques réa- lisés dans le domaine des moyens d'informationpour- raient amener la société moderne à passer de l'ère actuelle de l'information collective à une ère d'in- formation individuelle où chacun pourrait choisir ce qui l'intéresse parmi un très grand nombre de do- maines spécialisés. Ces progrès présentent des avantages et des inconvénients, I et il est urgent d'étudier leurs incidences sociales.

La première séance de travail de la réunion a eu lieu le lundi 23 juin, après l'élection du Bureau ci-après: M. J. Alphonse Ouimet (Canada) président ; M m e Gloria D. Feliciano (Philippines) vice-pré-

M. Doudou Gueye (Sénégal) vice-président ; M. William. Hachten (Etats-Unis) rapporteur.

1. L'effet de l'information sur la société. 2. L'état et l'organisation actuels de la recherche

concernant l'information. 3. Nécessité d'entreprendre des recherches dans

de nouveaux domaines. 4. Nécessité d'une action conjuguée aux échelons

national et international. Pour orienter les débats, l'Unesco avait établi

un document de travail, qui avait été distribué aux participants avant l'ouverture de la réunion.

Après quatre jours de débats, les participants se sont répartis en trois petits groupes pour établir d'une manière détaillée- des recommändations précises fondées sur les opinions exprimées par la majorité d'entre euxlors des séances plénières. groupes ont examiné les questions suivantes :

Les progrès technologiques dans le domaine de l'information et la nécessité d'entreprendre des recherches dans de nouveaux secteurs.

Les besoins particuliers des pays en voie de développement en ce qui concerne les nouveaux pro- cédés techniques ainsi que la recherche et la formation.

La nécessité d'une action conjuguée aux éche- lons national et international.

nière de cl6ture, le lundi 30 juin.

sidente ;

L'ordre du jour était le suivant :

Ces trois

1.

2.

3.

Le présent rapport a été adopté à la séance plé-

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INTRODUCTION

Les participants ont estimé que l'importance de l'information pour la société n'a pas encore été re- connue et évaluée aussi largement qu'il le faudrait. Cela tient peut-8tre en partie au fait que l'étude de l'information dans le cadre général des sciences sociales et des sciences humaines est d'origine re- lativement récente, mais cela pourrait aussi s'ex- pliquer dans une large mesure par le fait que cette étude n'a pas encore abouti à I des théories parti- culières suffisamment développées. L'information touche à plusieurs disciplines et dépend donc des progrès d'ordre théorique qui y sont réalisés.

D'un point de vue plus pratique, ce domaine a souffert de l'appui insuffisant accordé à certains types de recherche et, parfois, du fait qu'on hési- tait à permettre l'étude des moyens d'information à certains stades essentiels de la production et des prises de décision. D'autre part, on peut dire éga- lement que. lorsque la recherche bénéficiait d'une aide, les chercheurs et ceux qui les soutenaient s'intéressaient surtout à la recherche et aux tech- niques appliquées ou orientées vers l'action, ce qui ralentissait l'établissement de théories, quoique les progrès d'ordre théorique aient souvent été un résultat accessoire de recherches essentiellement appliquées ou orientées vers l'action.

Etant donné l'intéret croissant que suscitent les moyens d'information et la généralisation de leur emploi dans des secteurs essentiels du développe- ment économique et social, ainsi que l'importance accrue accordée au r61e que ces moyens jouent dans les problèmes sociaux, la recherche en ma- tière d'information bénéficie d'une aide de plus en plus grande. Cependant, il est urgent et capital de disposer d'un appui plus soutenu ; étant donné la rapidité des progrès technologiques dans ce do- maine et de l'évolution sociale aux échelons natio- nal et international, il est notamment indispensable d'intensifier l'étude des méthodes et des effets de ces institutions sociales essentielles que constituent les organes d'information. A cette fin, il faudrait établir des fondements théoriques plus solides,mais il demeurerait également nécessaire de poursuivre les recherches orientées vers l'action et des objectifs définis, afin de fournir aux administrateurs et aux responsables des directives concernant l'emploi des moyens d'information dans le cadre d'activités de dé- veloppement,notamment dans les pays du monde qui sont peu développés.

Les participants ont souligné lanécessité d'attirer l'attention des organisations internationales, des gouvernements, des fondations, des autorités univer- sitaires, etc., sur la manière dont ils peuvent fa- voriser l'emploi de l'information en vue du progrès social, en reconnaissant I'importance des études effectuées à ce sujet par des spécialistes compé- tents et en fournissant un appui moral et matériel à la recherche dans ce domaine et à la formation des chercheurs.

NECESSITE D'ENTREPRENDRE DES RECHERCHES DANS DE NOUVEAUX DOMAINES

Les participants ont jugé qu'en d-épit de l'am- pleur des recherches effectuées dans le domaine de l'information, notamment dans les pays indus- trialisés et, à une petite échelle, dans les pays en voie de développement d'Asie, d'Afrique et d'Amé- rique latine, les progrès rapides de la technologie, l'évolution des sociétés, ainsi que l'existence dans nos connaissances de lacunes décelées par les é m - dits, obligent les chercheurs spécialisés dans l'in- formation à explorer de nouveaux secteurs, tout en approfondissant leurs travaux dans ce domaine. Les recherches nouvelles devraient porter sur les ques- tions suivantes : effets des progrès technologiques sur les sociétés et sur l'information ; emploi des moyens d'information pour l'éducation ; r61e des moyens d'information dans les sociétés en évolution; r8le de la communication nationale et internationale dans le développement et la solution des conflits mondiaux ; influence de l'information sur la jeu- nesse ; relation entre l'information d'une part, la violence et l'agression d'autre part; etc.

D'une manière générale, les participants ont reconnu la nécessité d'entreprendre des recherches quantitatives et qualitatives, notamment des re- cherches de caractère interdisciplinaire, sur un certain nombre de questions qui, de l'avis des ex- perts, présentent un intér@t particulier.

(a) On a jugé que l'éducation - considérée dans le cadre social le plus large et du point de vue non seulement dela place des moyens d'information dans l'éducation, mais aussi des incidences de l'édu- cation sur l'information - est une question d'intér@t capital pour la recherche concernant l'information. La masse d'information que les jeunes reçoivent maintenant en dehors de l'enseignement scolaire par l'intermédiaire des moyens d'information re- met en question l'ensemble du contenu des pro- grammes scolaires. D'autre part, les participants ont été d'avis que les écoles devraient aider les élèves à faire preuve d'esprit critique à l'égard des moyens d'information, afin qu'ils puissent exiger et obtenir des programmes de meilleure qualité, Ac- tuellement, cette éducation n'est guère donnée que dans les écoles consacrées au journalisme et à 1 'information. Les chercheurs devraient étudier dans quelle mesure les incidences pédagogiques des programmes des moyens d'information peuvent per- mettre d'atteindre les objectifs de la société. Pour mieux comprendre les écarts existant actuellement entre les élèves et les maîtres, on pourrait éga- lement faire des recherches sur l'emploi que les uns et les autres font des moyens d'information. Le r61e des moyens d'information devrait etre étudié non seulement dans le cadre de l'enseignement sco- laire, mais aussi du point de vue de l'action édu- cative plus vaste de ces moyens à l'égard des adultes.

28

(b) En ce qui concerne les nouveaux moyens d'in- formation, la recherche devrait viser à faciliter l'assimilation et intervenir de préférence avant l'adoption de ces moyens, surtout dans les pays en voie de développement. Tous les pays ne sont pas encore prêts à utiliser les nouveaux moyens d'in- formation. Lorsque certaines sociétés adoptent des techniques nouvelles, elles ont besoin de directives claires sur la manière d'utiliser ces techniques.

(c) Au titre des recherches prioritaires, il con- vient notamment d'étudier le r81e des moyens d'in- formation dans la diffusion de renseignements sur les autres peuples et les autres pays et dans la for- mation des attitudes à l'égard de ces peuples et pays. Les moyens d'information ont la possibilité d'améliorer et d'étendre la compréhension interna- tionale,. mais la communication interculturelle n'a- boutit pas nécessairement ou automatiquement à une meilleure comprhénsion internationale. On a déclaré au contraire, qu'actuellement, ce qu'on appelle la ''libre circulation de l'information'' est, en fait, souvent un mouvement à."sens unique" piu- t6t qu'un véritable échange d'informations. En con- séquence, on a tendance à souligner la nécessité de préserver son "intimité culturelle" et l'on juge indispensable que les pays protègent leur intégrité culturelle contre les atteintes venant de l'extérieur. Cependant, les participants ont reconnu qu'il est dangereux de bloquer la libre circulation de l'infor- mation, et ils ont estimé qu'il y a lieu d'approfon- dir l'ensemble de la question.

(d) D u mCme ordre est l'étude de l'échelle deva- leurs des journalistes et autres spécialistes de l'in- formation, et de la conception qu'ils ont de leur rôle dans la société. Les participants ont estimé qu'il est nécessaire d'entreprendre de vastes recherches concernant les facteurs sociaux, économiques, po- litiques, juridiques et structuraux qui déterminent la nature et l'intensité de la circulation des infor- mations d'un pays à l'autre, ainsi que les incidences qui en découlent. Ils ont jugé également qu'il fau- drait effectuer des recherches sur le raie joué par les moyens d'information dans la création des sté- réotypes nationauxDes études de ce genre devraient porter non seulement sur les moyens d'information, mais aussi sur les produits culturels populaires que constituent les bandes dessinées, les films et les romans destinés au grand public.On pourrait éva- her le contenu de ces divers éléments afin de dé- gager, pour chaque pays, des 'indicateurs culturels" permettant de mieux comprendre sa culture et d'amé- liorer ainsi les possibilités de communication.

(e) La transmission des nouvelles proprement dites- tant à l'échelon national qu'à l'échelon inter- national - mérite une attention particulière. I1 con- vient d'étudier avec soin la manière dont sont pré- sentés non seulement les évenements, mais aussi les problèmes, afin de déceler toute erreur éven- tuelle d'orientation ainsi que ses causes.la recherche exagérée du ''sensationnel", l'absence d'indication sur les origines des faits et sur le contexte dans le- quel ils se situent. I1 faudrait étudier également les

valeurs adoptées à l'égard des nouvelles par ceux qui s'occupent des moyens d'information. mettre au point les meilleures méthodes à employer pour examiner ces problèmes.

(f) I1 importe d'étudier le rôle joué par les moyens d'information en ce qui concerne les problèmes so- ciaux. A cet égard, on a noté qu'il se pose d'autres problèmes sociaux que ceux qui ont trait aux rapports sexuels, à la violence et au fossé entre les généra- tions, que les valeurs et les normes aberrantes ne sont pas les seules qui existent et que les moyens d'information peuvent avoir des influences positives aussi bien que négatives. Par exemple, la présen- tation d'incidents dont le contenu émotionnel est né- gatif peut, dans certaines conditions, remplir une fonction sociale positive en servant de signal d'alarme.

(g) Lorsqu'on étudie l'influence des moyens d'in- formation sur les normes et les valeurs - et donc, indirectement, sur le comportement - il ne faut pas se contenter d'examiner les effets immédiats. I1 faut faire des études à long terme, notamment dans les domaines suivants : le rôle des moyens d'information dans les premières étapes du développement des jeunes enfants et dans le processus des adaptations sociales ; la mesure dans laquelle ils peuvent modi- fier les normes, mettre à l'honneur telle ou telle catégorie sociale, approuver certaines formes de comportement et d'attitudes, et en désapprouver d'autres.

ci- dessus, il y aurait intérêt à adopter des méthodes interdisciplinaires. Non seulement les sciences so- ciales et celles du comportement, mais aussi les sciences humaines, ainsi que les sciences exactes et naturelles, ont apporté des contributions impor- tantes à ces études. Toutefois, le chercheur spécia- lisé dans l'information doit conserver son identité propre et ne pas oublier que le principal objet de son étude est l'information.

(i) A tous les niveaux et dans tous les secteurs, il faut entreprendre dans le domaine de l'information des recherches plus complètes et orientées vers les systèmes. I1 convient d'analyser l'organisation des moyens d'information, leur propriété et les appuis financiers dont ils bénéficient, la manière dont sont prises les décisions concernant leur production, les codes de morale professionnelle, les échelles de va- leurs utilisées effectivement par ceux qui s'occupent des moyens d'information, ainsi que les conceptions qu'ils ont de leur rôle dans la société. La façondont ces facteurs influent sur le processus créateur qui intervient dans la production des moyens d'informa- tion présente un intérêt particulier. I1 peut êtreutile aussi de déterminer s'il est souhaitable de modifier éventuellement les structures de la production et de l'information afin de permettre au personnel des or- ganes d'information de participer plus largement aux activités de gestion et aux décisions. spéciale des pays en voie de développement mérite une attention particulière.

(j) En plus du processus effectif de l'information, il faut étudier les objectifs des systèmes d'information

I1 faut

(h) Pour étudier les problèmes mentionnés

La situation

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et ce que pourraient Etreleurs objectifs futurs. Cette 'kecherche des objectifs" pourrait contribuer à cla- rifier les politiques et les objectifs par rapport à une société donnée, à offrir aux responsables dela politique et aux professionnels de l'information des bases nouvelles d'action dans ce domaine et à fa- voriser l'établissement de théories plus complètes concernant l'information en général.

sultats de la recherche sur l'information. Ces ré- sultats sont-ils vraiment exploités ? Dans quelles conditions sont-ils acceptés ou rejetés ? Quels sont les genres de relations entre chercheurs et prati- ciens qui favorisent de fructueux échanges d'idées et l'application des résultats de la recherche ? Les participants ont jugé qu'il faut établir un lien plus étroit entre la recherche et les pratiques en usage dans le domaine de l'information.

Après avoir souligné la nécessité d'entreprendre de nouvelles recherches dans les divers secteurs de l'information, les participants ont jugé qu'en ma- tière de recherche, une des tâches lës plusurgentes est de rassembler, collationner et comparer lies études déjà faites, afin que les chercheurs des di- vers pays puissent parvenir à s'entendre sur les dénominateurs communs à appliquer en ce qui con- cerne la méthodologie, la terminologie, la théorie, etc. A leur avis, cette entreprise pourrait contri- buer à intensifier la coopération et la coordination dans le domaine de la recherche sur l'information.

(k) Enfin, il faudrait étudier l'application des ré-

BESOINS PARTICULIERS DES PAYS EN VOIE DE DEVELOPPEMENT

Tout en reconnaissant que la plupart des problèmes concernant l'état actuel de la recherche et de la for- mation professionnelle en matière d'information ont un caractère universel, les participants ont 4té d'avis que quelques-uns de ces problèmes sont, par cer- tains côtés, particuliers aux pays en voie de déve- loppement. S'il en est ainsi, ce n'est pas seulement parce que, dans ces pays, les recherches relatives à l'information manquent d'ampleur ; c'est aussi parce que le rôle des moyens d'information et les fonctions de l'information y diffèrent sensiblement de ce qu'ils 'sont dans les pays industrialisés.

Les moyens d'information font partie intégrante du développement national ; ils ont m ê m e un rôle essentiel à jouer dans ce domaine. Pendant encore un certain temps, le principal souci du chercheur sera donc de faire servir l'information à l'essor du pays. Les questions à étudier d'une manière conti- nue comprennent notamment : la promotion de l'unité nationale ; le rôle de l'information dans les campagnes de développement concernant l'agriculture, la santé, l'éducation, la planification familiale, l'alphabétisa- tion des adultes, etc.

Etant donné le peu de personnel qualifié dont on dispose et la pénurie des crédits, il faudrait quela recherche porte non seulement sur les facteurs in- ternes et externes qui entravent l'utilisation efficace

de l'information pour le développement, mais aussi sur des questions essentiellement pratiques et orientées vers l'action. C'est ainsi que les études sur l'efficacité des moyens d'information par rap- port à leur coût présentent un intérEt capital en ce sens qu'elles indiquent aux gouvernements de quelle manière ils peuvent affecter des ressources limitées à l'expansion de leurs services d'information. La recherche est également indispensable si l'on veut élargir l'éventail des motivations de manière à in- viter un public plus nombreux à participer au dé- veloppement du pays.

U n des facteurs qui limitent considérablement les progrès de l'éducation dans les pays en voie de développement est la compétence insuffisante des maftres, tant du point de vue de la culture géné- rale que de celui de la préparation professionnelle. I1 est donc indispensable que, dans ces pays, les spécialistes des moyens d'information entreprennent en collaboration avec les éducateurs, des recherches sur l'emploi des moyens d'information à des fins éducatives.

Bien qu'il faille consacrer des ressources ac- crues à la recherche orientée vers le développe- ment, ilne faut cependant pas négliger la recherche fondamentale. I1 y a lieu d'effectuer également des études sur la structure de la consommation concer- nant les moyens d'information, sur les attitudes à l'égard des organes d'information, notamment sur la place des communications interpersonnelles dans l'ensemble du réseau qui constitue l'infrastructure de l'information. Pour toutes les études de ce genre, les pays en voie de développement ont besoin de rassembler et de collationner systématiquement des données de base relatives aux facteurs sociaux,éco- nomiques et démographiques.

U n autre problème important se pose aux pays en voie de développement dans le domaine de l'in- formation : alors qu'un grand nombre d'entre eux s'efforcent délibérément d'utiliser les moyens d'in- formation pour le développement et Blaborent des programmes spéciaux à cette fin, leurs activités dans ce domaine restent dominées par des pro- grammes étrangers qui introduisent chez eux des va- leurs incompatibles avec leur culture traditionnelle.

Le fait que le matériel destiné aux moyens d'in- formation soit produit en grande partie par les prin- cipaux pays développés rend également ces moyens moins aptes à promouvoir la compréhension inter- nationale. La communication s'effectue actuellement "à sens unique", et les problèmes des pays en voie de développement sont vus par les yeux des jour- nalistes et des producteurs de régions développées; en outre, le matériel que ceux-ci produisent est destiné essentiellement au public de ces régions. En conséquence, l'image des pays en voie de dé- veloppement est souvent fausse, déformée et, qui plus est, c'est cette image fausse qui est présentée aux pays en voie de développement eux-mêmes.

De l'avis des participants,l'échange international des programmes d'information et d'autres produits culturels populaires en général, notamment de ceux

30

~

qui concernent les pays en voie de développement, I isque d'entraîner le déplacement ou la modifica- tion de certaines valeurs culturelles et de poser en outre des problèmes de compréhension mutuelle. I1 faut donc procéder à des recherches sur les modes de perception des divers groupes culturels et eth- niques, dont il faut tenir compte si l'on ne veut pas que les échanges internationaux de programmes suscitent des malentendus.

On s'est demandé si les pays en voie de dévelop- pement peuvent utiliser efficacement les techniques de recherche mises au point dans les pays indus- trialisés, ou s'ils doivent essayer de concevoir des techniques mieux adaptées à leurs besoins et à leur situation particulière, en se fondant sur la métho- dologie plus générale dont disposent déjà les cher- cheurs qualifiés. On a souligné les dangers qu'ily a à utiliser sans discernement des techniques pro- venant de l'étranger.

On a reconnu également qu'ily apénurie de cher- cheurs qualifiés et l'on a jugé qu'il faut s'efforcer d'accroitre les moyens de formation professionnelle tant nationaux que régionaux. On a suggéré que des bourses soient offertes aux jeunes chercheurs et professionnels afin que ceux-ci puissent recevoir une formation spécialisée à l'étranger. On a jugé que la plupart des boursiers devraient @tre envoyés dans d'autres pays en voie de développement, car il leur serait plus utile de poursuivre leurs études dans des régions ayant des problèmes et des carac- téristiques analogues à ceux de leur pays. Mais d'autres bourses pourraient être accordées pour des études de niveau supérieur dans des pays dé- veloppés. Réciproquement, on devrait encourager les jeunes chercheurs de pays développés à effec- tuer des stages dans les instituts des pays en voie de développement, afin de s'initier aux problèmes qu'y posent l'information et les recherches dans ce domaine.

Les participants ont recommandé que, grace à l'aide qu'elle pourra accorder, l'Unesco encourage les instituts de recherche et de formation profes- sionnelle dans le domaine de l'information à orga- niser, à l'échelon national, deg réunions annuelles de spécialistes des sciences sociales et d'experts en matière de culture nationale qui s'intéressent aux recherches concrètes entreprises dans les uni- versités et d'autres organismes,afin qu'ils puissent examiner, par exemple, les questions suivantes : effets de l'information ; techniques de recherche adaptées à la région; préparation d'études d'éva- luation et de recherches concernant l'information et autres problèmes pertinents. Actuellement, au- cun pays en voie de développement n'a encore de commission nationale de l'information chargée d'examiner ces problèmes.

Les participants ont noté qu'en raison du coût élevé de certains types de matériel dans les pays en voie de développement, notamment du matériel de télévision, toutes les possibilités des moyens d'information sont loin d'&tre exploitées.1ls ont re- connu qu'il est urgent de :-echercher des innovations

qui soient de nature à réduire les coûts et à mettre ainsi les moyens d'information à la portée des popu- lations intéressé es.

Etant donné la pénurie du matériel nécessaire aux organes d'information des pays en voie de développe- ment, les participants ont suggéré que l'Unesco et ses Etats membres encouragent l'Assemblée géné- rale des Nations Unies à créer un fonds qui per- mettrait à ces pays d'obtenir, à des taux d'intérét faibles (ou nuls), des pr&ts à long terme et à moyen terme destinés à l'acquisition du matériel de ce genre et à des investissements en vue de la produc- tion de ce matériel.

COOPERATION AUX ECHELONS NATIONAL ET INTERNATIONAL

Après avoir examiné l'expansion rapide dans le monde des améliorations technologiques apportées à la diffu- sion des informations, tant dans les pays développés que dans les pays en voie de développement,lesparti- cipants ont noté avec inquiétude qu'on ne connaft pas bien les conséquences sociales de ces innovations. Ils ont constaté que les recherches consacrées jus- qu'à présent à l'effet de l'information sur la société ont été variées mais très fragmentaires, et qu'elles n'ont pas été orientées d'une manière déterminée vers les problèmes que pose l'information dans la société.Une meilleure comm-éhension des nombreuses pressions sociales qui interviennent et du r61e de l'information dans ces systèmes en évolutionpour- rait aider grandement les sociétés à faire face aux problèmes que posent ces modifications.

On a été d'avis qu'il faudrait encourager les ser- vices gouvernementaux compétents, les fondations indépendantes et les milieux qui s'intéressent à l'in- formation à assurer l'appui financier à long terme de la recherche dans leurs pays respectifs. Ce sou- tien sera accordé dans la mesure oii les chercheurs sauront montrer aux organismes de financement leurs propres mérites ainsi que l'importance de la recherche pour l'orientation de la planification et du développement des moyens d'information.

Cependant, les participants ont jugé également que, s'il est essentiel que le chercheur reste en con- tact étroit avec le personnel des moyens d'informa- tion, il lui faut éviter de s'exposer à des pressions exagérées dans la poursuite de ses recherches.

Les participants ont reconnu que les recherches doivent être effectuées dans le cadre d'institutions particulières aussi bien qu'en dehors de ces orga- nismes. I1 faut entreprendre des recherches dans les services administratifs des organes d'informa- tion ou de l'Etat, car ces recherches peuvent &tre orientées vers l'action et leurs résultats être com- muniqués immédiatement à ceux qui sont appelés à prendre les décisions. Cette démonstration de l'effi- cacité de la recherche aura en outre pour effet d'ame- ner les administrateurs et autres responsables à prendre conscience de l'importance de la recherche.

Parallèlement à ces recherches menées par les

31

services administratifs, qui continueront d'@tre né- cessaires, les universités devraient intensifier la recherche fondamentale sur les moyens d'informa- tion en tant qu'institutions sociales et sur l'infor- mation en tant que phénomène social. actuellement un grave déséquilibre entre les cré- dits consacrés à la recherche d'ordre administra- tif ou commercial et ceux qui sont affectés à la re- cherche pure sur le rôle et les effets des moyens d'information.

I1 faut que les écoles de journalisme et d'infor- mation s'occupent non seulement de la recherche théorique, mais aussi de la formation profession- nelle dans ce domaine. Cette suggestion est fondée sur trois raisons : premièrement, les futurs pra- ticiens pourraient ainsi se rendre compte de lané- cessité et de l'utilité de la recherche;deuxièmement, les organes d'information et autres organismes fonc- tionnels pourraient être dotés d'un personnel ca- pable d'effectuer lui-même des recherches appli- quées ; troisièmement, ceux qui travaillent pour les organes d'information prendraient conscience de leurs responsabilités morales et sociales s'ils com-' prenaient et connaissaient mieux la méthode scien- tifique. Dans la mesure OU les chercheurs ont pour principal souci d'assurer le fonctionnement efficace des moyens d'information,il leur appartient de veiller à cë que les professionnels s'intéressent à la théorie et comprennent l'importance de la recherche.

qui forment des chercheurs dans le domaine del'in- formation devraient faire en sorte que leurs di- plômés acquièrent uni expérience professionnelle dans un ou plusieurs organes d'information, afin que les futurs chercheurs connaissent mieux les problèmes pratiques de la production.

à examiner la question de l'écart qui continue d'exister entre le chercheur et le praticien.Ils ont constaté avec inquiétude que cet écart est encore très général, bienqu'ïTyait ptus de trente ans qu'on ait entrepris des recherches dans le domaine de l'information. Une des taches les plus urgentes que doivent accomplir les chercheurs est donc d'entrer en contact avec les praticiens, afin que les uns et les autres puissent apprendre à se connaitre et à se respecter. De l'avis des participants, il faut s'efforcer de communiquer les résultats des re- cherches à ceux qui travaillent pour les organes d'information. On a émis l'idée que, parmi lespro- blèmes importants à examiner, utile d'étudier la manière dont les résultats de re- cherche actuellement disponibles sont transmis-ou ne sont pas transmis - aux praticiens.

I1 est urgent de trouver un moyen pratique efficace d'améliorer l'étude et la compréhension du rôle de l'information dans le monde - un moyen qui permette de tenir compte des différences cul- turelles, tout en étant parfaitement adapté aux di- vers problèmes qui se posent. Après avoir examiné un certain nombre de propositions, les participants ont estimé qu'une étude par pays et une étude globale

I1 existe

Inver sement, les départements univer sitair es

Les participants ont consacré un certain temps

il pourrait être

et

seraient toutes deux utiles, mais qu'il y aurait un avantage supplémentaire important à envisager les conséquences sociales de l'information à l'échelon régional. Un grand nombre de systèmes et de pro- blèmes culturels communs pourraient ainsi être analysés d'une manière efficace.

~

Les participants ont donc recommandé qu'on crée des centres régionaux (ou qu'on développe ceux qui existent) pour promouvoir et coordonner la recherche, assurer la diffusion des résultats de recherche etcontribuer à renforcer les programmes de formation professionnelle. On a suggéré que ces centres régionaux organisent des cours de forma- tion et des stages pour favoriser les échanges de vues et de données d'expérience entre chercheurs et praticiens du domaine de l'information. Ces or- ganismes devraient également suivre,d'une manière attentive et sélective, les principales tendances et l'évolution de la recherche en matière d'information.

Les centres régionaux devraient non seulement servir de liens essentiels dans les échanges d'ac- tivités de recherche et de formation à l'échelon na- tional, mais devenir en outre la base d'une inté- gration internationale plus vaste des connaissances concernant l'information. Ce rôle peut &tre facilité par des échanges de personnel - stagiaires ou cher- cheurs expérimentés - entre régions, ce qui per- mettrait d'aboutir à une fécondation mutuelle des idées et à l'acquisition de connaissances par des voies très diverses. Etant donné le rôle de plus en plus important que jouent les calculateurs élec- troniques dans la recherche sociale et la nécessité de favoriser l'analyse rapide des données, on a re- commandé que ces centres régionaux soient dotés de toutes les installations modernes nécessaires pour rassembler, emmagasiner et analyser les données. A cette fin, une assistance technique de- vra être fournie, au moins pendant laphase initiale, par les organismes internationaux compétents.

Les participants ont fermement recommandé que l'Unesco envisage d'effectuer une étude inter- nationale importante concernant les effets actuels et futurs de l'information sur les relations entre les sociétés et groupes sociaux en évolution,et sur les individus qui les composent. Ce programme de recherches devrait permettre de déterminer de quelles manières les moyens d'information peuvent le mieux répondre auxbesoins des sociétés actuelles et futures. Dans le monde contemporain, la commu- nication n'est pas limitée par les frontières na- tionales, et les progrès technologiques prévisibles renforceront encore davantage son caractère inter- national. Un programme de recherches établi sous les auspices d'une organis ation internationale cons- titue le moyen le plus efficace de comprendre les incidences de ces transformations.

L'expérience acquise dans l'organisation de la recherche dans d'autres domaines, notamment ce- lui des sciences exactes et naturelles, montre clai- rement qu'un vaste programme international d'études en commun permet de réaliser des progrès très importants. Les activités entreprises récemment

32

par l'Unesco, par exemple dans le cadre de la Dé- cennie hydrologique internationale, peuvent, avec les modifications nécessaires, servir de modèles pour la conception, la planification et l'administra- tion du genre d'activité recommandé ci-dessus.

De l'avis des experts, il importe qu'à toutes les étapes de la planification et de l'exécution des re- cherches, on obtienne la participation de tous ceux qui s'occupent des moyens d'information - adminis- trateurs responsables, artistes créateurs et tech- niciens. Cette participation est indispensable si l'on veut que la recherche soit pertinente et que les résultats aient un effet sur les pratiques et les pro-

1 grammes des organes d'information. On suggère que les recherches aient un carac-

tère très général, car il est évident que les effets des moyens d'information et ceux des autres insti- tutions sociales s'entremélent à l'échelon mondial, et que les aspects importants de cette interdépen- dance ne devraient pas se trouver exclus par l'adop- tion d'une définition arbitraire. En revanche, il va de soi que, lors de la préparation de l'étude inter- nationale proposée, on devra accorder une attention particulière à un certain nombre de questions plus spécialisées concernant la recherche. Certaines de ces questions ont été mentionnées dans lapartie du présent rapport où est examinée la nécessité d'en- treprendre des recherches dans de nouveaux do- maines. En voici d'autres 5 titre d'exemples :

Relations entre l'information et l'agitation des jeunes dans de nombreuses régions du monde ;

Incidences sociales de l'importation et de

l'utilisation de programmes conçus pour un public ayant des caractéristiques culturelles différentes;

Effets sur la compréhension internationale de la manière dont les autres ciiltures sont présentées par les organes d'information ;

Effets sur les attitudes de la façon dont sont traitées diverses formes de conflit existant dans les sociétés ;

établissements d'enseignement.

fonctions de direction, d'encouragement et de liaison. Des Etats membres ou des groupes d'Etats membres seraient invités à entreprendre des travaux de re- cherche les intéressant directement.Les recherches pourraient etre effectuées par des organismes offi- ciels, des universités, des organisations profes- sionnelles ou par les organes d'information eux- mémes. Sous l'égide de l'Unesco,des arrangem-ents seraient conclus en vue d'assurer la coopération gr%ce à des programmes bilatéraux, des comités d'experts, des spécialistes de la recherche et des organes d'information. Des institutions du système des Nations Unies, les unions régionales de radio- diffusion et d'autres organisations internationales seraient associées àlaplanification et à l'exécution.

I1 serait prématuré de suggérer des dispositions administratives et budgétaires détaillées. On pro- pose seulement que l'Unesco inscrive ce projet d'étude internationale dans son programme pour 1971- 1972 et qu'elle envisage d'en poursuivre l'exé- cution pendant dix ans.

RBle des moyens d'information par rapport aux

On considère que l'Unesco devrait assumer des

33

ANNEX/ANNEXE

LIST OF PARTICIPANTS/LISTE DES PARTICIPANTS

I. PARTICIPANTS

Switzerland/Suisse

Professeur Jacques BOURQUIN Université de Lausanne

Ecuador/Equateur

Mr. Gonzalo CORDOVA G. Director-General Centro Internacional de Estudios Superiores

Ciudad Universitaria Apartado 584 - Quito de Periodismo para América Latina

Unit ed Stat es of Americ a/Et at s - Unis d 'Amérique

Professor William HACHTEN School of Journalism University of Wisconsin Madison - 53706 United Kin,gdom/Royaume Uni

Mr. James D. HALLORAN Director Centre for Mass Communication Research University of Leicester 104 Regent Road Leicester

USSR/ URSS

M. Valentin F. DVINn\TE Directeur des programmes du Comité de . radio-télévision du Conseil des ministres de l'URSS

l'Université d'Etat de Moscou Professeur à la Faculté de journalisme de

United States of America/Etats-Unis d'Amérique

Professor Alex EDELSTEIN School of, Communications University of Washington Seattle - 98105 Philippines

Dr. Gloria FELICIANO Director Institute of Mass Communication University of the Philippines Quezon City

Japan/ Japon

Mr. JSazuhiko GOT0 Assistant Chief of NHK Theoretical Research

Radio and Television Culture Research Institute 1-10 Shiba Atago-Cho Tokyo 105

Sene gal

M. Doudou GUEYE. Directeur des études Centre d'études des sciences et techniques de

Faculté des lettres et sciences humaines Dakar - Farm

Centre

l'information

Sweden/Suède

Prof e s sor Ulf HIMM EL STRAND Department of Sociology University of Uppsala Drottninggatan 1 Uppsala

Lebanon/ Liban

Mr. Bassem EL-JISR Institute of Mass Communication University of the Lebanon Beirut

France

M. Jacques LEAUTE Directeur Centre international d'études supérieures du

Strasbourg journalisme

Germany (Fed. Rep. )/Allemagne (Rép. Fed. 1

Mr. Gehrard MALETZKE German Development Institute Messedamm 22 1 Berlin

Fidand/Finlande

M r . Kaarle NORDENSTRENG Head of Research The Finnish Broadcasting Corporation Oy Yleisradio AB Kesäkotu 2 - Helsinki

35

Canada

Mr. J. Alphonse OUIMET 333 Roger Road Ottawa

III. OBSERVERS/ OBSERVATEURS

Peru/Perou

Mr. Andrew RUSZKOWSKI Director Institute for Social Communications Saint Paul University 223 Main Street - Ottawa 1

India/Inde

Mr. A. V. SHANMUGAM Professor of Research Indian Institute of Mass Communication 2 Ring Road, New Delhi 14

Canada

Mr. Dallas W. SMYTHE Chairman Department of Social Studies University of Saskatchewan Regina Campus - Regina

II. BOUND-TABLE mY-NOTE SPEAKERS/ CONFERENCIERSALATABLERONDE

Chairman/Président

The Hon. Eric W. KIERANS Minister of Communications Canada

Speakers/Conférenciers

Mr. Alfred E. DAVIDSON Paris, France

M . Jean MEYNAUD'? Professeur de sciences politiques Université de Montréal Montréal, Canada

Mr. Ayo OGUNSHEYE '' Professor Director, Institute of African Adult Education University of Ibadan Nigeria

(a) United Nations/Nations Unies

Professor Alexander SZALAI Deputy Director of Research, UNITAR 801 United Nations Plaza New York City - U. S. A.

(b) Non-governmental Organizations/ Organisations non gouvernementales

Asian Broadcasting Union/Union asiatique de radiodiffusion

Mr. Spencer MOORE International Liaison Officer Canadian Broadcasting Corporation 1500 Bronson Avenue, Ottawa (Ontario)

Catholic International Association for Radio and Television/Association catholique inter- nationale pour la radiodiffusion et la télévision

Abbé Lucien LABELLE Directeur national de l'Office des M C S

4635 rue de Lorimier Montréal 34, P. Q.

du Canada

European Broadcasting Union/Union europgenne de radiodiffusion

Mr. Spencer MOORE International Liaison Officer Overseas and Foreign Relations CBC Ottawa, Ontario

Inter- American Association of Broadcasters/ Association interaméricaine de radiodiffusion

M. Jacques FILTEAU Association canadienne des radiodiffuseur s, Montréal. P. Q.

International Broadcast Institute

Mr. Arthur D. MORSE Executive Director, 525 via del Corso Rome 00186

International Press ïnstitute/institut international de la presse

M. André BUREAU Vice-président exécutif La Presse 7 ouest, rue St. -Jacques, Montréal 126e. Canada

:K Also participated in the working sessions/ Participèrent également aux séances de travail

36

M. Jacques G. FRANCOEUR Président et éditeur Dimanche -Matin 5701 av. Christophe-Colomb Montréal 326e. Canada

M. Aurèle GRATTON Vice-président exécutif et Directeur général

Le Droit 375 rue Rideau, Ottawa 2e. Canada

Mr. Derek A. PRICE President, the Montreal Star 245 ouest, rue St. -Jacques Montréal 126e. Canada

M. Claude RYAN Directeur Le Devoir 424 est. rue Notre-Dame Montréal 127e, Canada

International Writers' Guild

Mr. Victor KNIGHT 53 Côte Ste.-Catherine Montreal

Union of National Radio and Television Or- ganizations of Africa/Union des radiodiffusions et télévisions nationales d'Afrique (URTNA)

World Association for Christian Communication/ Association mondiale pour la radio-télévision chrétienne

Rev. Philip A. JOHNSON 63 Church Lane Scarsdale N e w York 10583, U. S. A.

IV. SECRETARIAT OF THE MEETING/ SECRETARIAT DE LA REUNION

M. Pierre NAVAUX Directeur Division du développement des moyens

Unesco d 'information

M. Y.V.L. RA0 Division du développement des moyens d linformation

Unesco

Liaison Officer for the Canadian Government/ Chargé de liaison du Gouvernement canadien

Mr. David W. BARTLETT Secretary-General Canadian Commission for Unesco 140 Wellington Street Ottawa 4, Canada

Mr. Mohamed EL- BASSIOUNI Secretary-General of URTNA 101 rue Carnot, B. P. 3237, Dakar, Sénégal

37

PUBLICATIONS DE L’UNESCO ; AGENTS GÉNÉRAUX

Afghanistan Afrique du Sud

Albanie Algérie

Allemagne (Rép. féd). Antilles françaises

Antilles néerlandaises Argentine Australie

Autriche Belgique

Bolivie

Brésil Bulgarie

Cambodge Cameroun

Canada Ceylan Chili

Chine Chypre

Colombie

Congo (Rép. dém.) Corée

Costa Rica

Cöte-d’Ivoire Cuba

Danemark Republique dominicaine

EI Salvador Equateur

Espagne

Erats-Unis d’Amérique Ethiopie Finlande France Ghana Grèce

Guatemala Haïti

Hong kong Hongne

Inde

Indonésie Irak

Iran Irlande Islande Israël Italie

Jamaïque Japon

Jordanie Kenya Koweit Liban

Lib6ria Libye

Liechtenstein

Panuzai, Press Department, Royal Afghan Ministry of Education, KABUL. Van Schaik’s Bookstore (Pty.), Ltd.. Libri Building, Church Street, P. O. Box 724 PRETORIA. N. Sh. Botimeve Naim Frasheri. TIRANA. Institut pédagogique national, II, rue Ali-Haddad (ex-rue Zaâtcha). ALCEFI. R. Oldenbourg Verlag, Unesco-Vertrieb für Deutschland, Rosenheimerstrasse 145, MUNCHEW R. Librairie J. Bocage. rue Lavoir, B. P. 208, FORT-DE-FRANCE (Martinique). G. C. T. Van Dorp & Co. (Ned. Ant.) N. V. WILLEMSTAD (Curaçao N. A.). Editorial Sudamericana, S. A., Humbert0 I n.O 545, T. E. 30.7518. BUENOS Aim. Publications : Educational Supplies Pty. Ltd., Box 33. Post Office, Brookvale 2100, N.S.W.. Périodiques : Dominie Pty. Ltd., Box 33. Post Office, Brookvale 2100 N.S.W.. Sous-agent : United Nations Association of Australia, Victorian Division, 4th Floor, Askew House, 164 Lonsdale Street. MELBO-RNE IVictoriaì 1000. v&lag Georg Fromme & Co., Spengergasae 59. WIEN 5. Toutes les publications : Editions Uitneverii. Beleiëlei 147. ANTWERPEN i.

Labor I, 342. rue Royale, BR~ELLES 3. N. V. Standaard Wetenschappelijke

* Le-CouGier et les dia$ositiwes seulemeni : Jean D e Lannoy, I 12, rue du Trane, BRUXELLES 5. Comisión Nacional Boliviana de la Unesco, Ministerio de Educación y Cultura, casilla da correo n.O 4107, LA PAZ. Librería Universitaria, Univeraidad San Francisco Xavier, apartado 212, SUCRE. Fundaçâo GetÚlio Vargas. caixa postal .+081-zc-o~, RIO DE JANEIRO, (Guanabara). Raznoiznos. I Tzar Aseen, SOFIJA. Librairie Albert Portail. 14, avenue Boulloche, PHNOM-PENH. Papeterie moderne, Maller et Cle, B.P. 495. YAOUNDE. L‘Imprimeur de la Reine. OTTAWA (Ont.). Lake House Bookshop. Sir Chittampalam Gardiner Mawata. P. O. Box 244. COLOMBO 2. Toutes les publications : Editorial Universitaria, S. A., casilla IOZZO, SANTIAGO. a Le Coumèr 1 seulement : Comisión Nacional de la Unesco, Mac-Iver 764, dpto. 63, SANTIAGO. The World Book Co., Ltd.. gQ Chungking South Road, section I, TAIPEH (Taiwan/Formose). M A M I, Archbishop Makanos 3rd Avenue, P. O. Box 1722, NICOSIA.

Librería Buchhoiz Galería. avenida Jiménez de Queseda 8-40, BOGOTÁ. Ediciones Tercer Mundo, apartado aéreo 4817, BOGOTÁ. Distrilibros Ltda., Pío Alfonso García, carrera 4.’, n.o’ 36-119 y 36-125, CAnTAoma. J. Germán Rodriguez N., oficina 201, Edificio Banco de Bogotá, apartado nacional 83. GIRARDOT (Cundi- namarca). Librería Universitaria, Universidad Pedagbgica de Colombia, TUNJA. La Librairie, Institut politique congolais, B. P. 2307, KINSHASA. Korean National Commission for Unesco, P. O. Box Central 64, SEOUL. Toutes lespublicatrons: Librería Trejos, S. A., apartado 1313, SAN JosB. Telefonos 2285 y 3200. * Le Courrier i seuioncnf : Carlo Valerin Sien2 y Co. Ltda.. = El Palacio de las Revistas ., apartado ~924, SAN José. Centre d’édition et de difision africaines, B. P. 4541, AB~DIAN PLATEAU. instituto del Libro. Departamento Económico, Ermita y San Pedro, Cerro, LA H.~BANA. Ejnar Munksgaard Ltd.. 6 Norregade, 1165 KEIBENHAVN K. Librería Dominicana. Mercedes 49, apanado de correos 656, SANTO DOMINGO. Libreria Cultural Calvadorefia. S. A., Edificio San Martin, 6.8 calle Oriente n.o 1x8, SAN SALVADOR. Casa de la Cultura Ecuatoriana. Núcleo del Guayaa. Pedro Moncayo y 9 de Octubre. casilla de correo 354s, GUAYAQUIL. Tourer les publications : Libreria Cientifica Medinaceli. Duque de Medinaceli 4, MADRID 14. a Le Courrier rn seulement : Edicionea Iberoamericanas. S. A.. calle de Oñate 15, MADRID. Ediciones Liber, apartado de correos 17. ONDARROA (Vizcaya). Unesco Publications Center, P. O. Box 433, NEW YORK, N. Y. 10016. National Commission for Unesco, P. O. BOX 2996, DIS ABABA. Akategminen Kirjakauppa, 2 Keskuskatu, HELSINKI. Librairie de l’Unesco. p1ace.de Fontenoy, PARIS-7’; CCP 12598-48. Methodist Book Depot Limited. Atlantis House. Commercial Street, P..O. Box 100, CAPE COAST. Librairie H. Kaufmann, 28 rue du Stade, ATHINAI. Librairie Elefthemudakis, Nikkis 4, ATHINAI. Comisión Nacional de la Unesco, 6.9 calle 9.27. zona I. GUATEMALA. Librairie I A la Caravelle B, 36, rue Roux, B. P. III. PORT-AU-PRINCE. Swindon Book Co. 13-15 Lock Road, KOWLOON. AkadCmiai Könp&bolt, Vici u. zz. BmAPPST V. A.K.V. Köngvtbsok Boltja. Népköztársaság utja 16,

Orient Longmans, Ltd.: Nicol Road, BaUnrd Estate, BOMBAY I; 17 Chittaranjan Avenue, CALCUTTA 13; 36 A Mount Road, MADIUS 2; 315 Asaf Ali Road, NEW DELHI I. Sous-d¿ph .- Oxford Book and Stationery Co.. 17 Park Street, CALCUTiA 16. et Scindia House. New DELHI Indian National Comiqsion for Unesco, att. : The Librarian, Ministry of Education, * C I Wing, Room no. 214. Shastri Bhawan, NEW DELHI I. Indira P.T. Djl. Dr. Sam Ratulangic 37, DIAMTA. McKonzie’s’ BoohhoD, Ai-Rashid Street, BAGHDAD. University Bookstore. University of Baghdad,

Commission nationale iranienne pour l’Unesco, avenue du Musée, TEHBRAN. The National Pras, 2 Wellington Road, Bahbridge, DUBLIN 4. Snaebjörn Jonsson & Co., H. F.. Hafnarstnieti 9, REYKJAVIK. Emanuel Brown, formerly Blumstein’s Bookstores: 35 Allenby Road et 48 Nahlat Benjamin Street, TEL AVIV. Libresla Commissionaria Sansoni S.p.A., via Lamarmora 45, casella postale 552 50121 FIRXNZE. Libreria Internazionale Rizzo!¡. Galeria Colonna! Largo Chigi. ROF. Libreria ’Zanichelli. piazza Galvani rlh. BOLOGNA. Hoepli, via ULico Hoepli 5. MILANO. Libraine française. piazza Castello 9, TORINO. Diffusione Edizioni Anglo-Americane, via Lima 28, 00198 ROMA. Sangater’s Book Stores Lid.. P.O. Box 366, 101 Water Lane, KINGSTON. Maruzen Co., Ltd., P. O. Box 5050. Tokyo International. TOKYO. Joseph I. Bahous & Co., Dar-ul-Kutub, Salt Road, P. O. Box 66, AMMAN. ESA Bookshop, P. O. Box 30167. NAIROBI. The Kuwait Bookshop Co. Ltd., P. O. Box 2942, KUWAIT. Librairies Antoine A. Naufal et Frères. E. P. 656, BEYROUTH, Cole & Yancy Bookshops, Ltd.. P. O. Box 286. MONROVIA. Agency for Development of Publication and Distribution, P. O. Box 261, TRIPOLI. Eurocan Trust Reg., P. O. Box 5, SCHAAN.

BUDAPEST VI.

P. O. Box 75, BAGHDAD.

Luxembourg Madagascar

Malaisie Mali

Malte Maroc

Maurice Mexique Monaco

Mozambique Nicaragua Norvège

Nouvelle-Calédonie Nouvelle-Z&lande

Ouganda Pakistan

Paraguay Pays-Bas

Pérou Philippines

Pologne Porto Rico Portugal

Republique arabe unie

Rhodksie du Sud Roumanie

Royaume-Uni

Sénégal Singapour

Soudan Suède

Suisse Syrje

Tanzanie Tchécoslovaquie

Thaïlande Tunisie Turquie URSS

Uruguay Venezuela

République du Vi&-nam Yougoslavie

Librairie Paul Bruck, 22, Grand-Rue, LUXEMBOURG. Toutes lespublications: Commission nationaie de la République malgache, Ministère de l’éducation nationale, TANANARIVE. I Le Courrier n seulement : Service des œuvres post et péri-scolaires, Ministère de l’éducation nationale, TANANARIVE. Federal Publications Sdn Bhd.. Balai Berita, 31 Talan Riom, KUALA LUMPUR. Librairie populaire du Mali. B. P. 28, BAMAKO. Sapienza’s Library. 26 Kingsway, VALLETTA. Toutes lei publications: Librairie Aux belles images D, 281, avenue Mohammed V, RABAT (CCP 68-74). Le Courrier D seulement (pour les enseignants) : Commission nationale marocaine pour l’Unesco, io. Zenkat

Mourabitine, RABAT (CCP 324-45). Naianda Co., Ltd.. 30 Bourbon Street, PORT-LOUIS. Editorial H m e s , Ignacio Mariscal 41. MhICo, D . F. British Library, 30. boulevard des Moulins, MONTE-CARLO. Salema & Carvalho Ltda., caixa postai 192, BEIRA. Libreria CuiNrai Nicaragiiense, calle 15 de Septiembre y avenida Bolivar, apartado n,O 807, MANAGUA. Toutes les publications: A/S. Bokhjemet, Akersgt. 41. OSLO I. Le Courrier P seulement: A. S. Narvesens Litteraturjeneste. Box 6125, OSLO 6.

Reprex. avenue de la Victoire, Immeuble Painbouc, NOUMEA. Govemment Printing Office, Government Bookshops : Rutland Street, P. O. Box 5344. AUCKLAND ; 130 Oxford Terrace, P. O. Box 1721, CHRISTCHURCH; Aima Street, P. O. Box 857, HAMILTON; Princes Street, P. O. Box 1104. DUNEDIN; Mulgrave Street, Private Bag, WELLINGTON. Uganda Bookshop. P. O. Box 145. KAMPALA. The West-Pak Publishing Co., Ltd.. Unesco Publications House, P. O. Box 374 G.P.O. LAHORE Shouirooms : Urdu Bazaar, LAHORE, et 57-58 Murree Highway. G/6-I, ISLAMABAD. Pakistan Publications Bookshop : Sarwar Road, RAWALPINDI : Paribagh, DACCA. Melchor García, Eligio Ayala 1650, ASUNCION. N. V. Martinua Nijhoff. Lange Voorhout 9, ’s-GRAVENHAGE. Distribuidora INCA, S. A., Emilio Althaus 470, Lince, apartado 3 I I 5, LIMA. The Modern Boob Co., 928 Rizal Avenue, P. O. Box 632, MANILA. OSrodek Rozpowszecbniania Wydawnictw Naukowych PAN, Palac Kultury i Nauki, WARSZAWA. Spanish English Publications, Eleanor Rooieveit 115, apartado 1912, HATO REY. Dias & Andrade, Ltda.. Livraria Portugal, rua do Carmo 70. LISBOA. Librairie Kasr EI Nil, 38. N e Kasr El Nil. LE CAIRE. Sous-ddPôt : La Renaissance d’ggypte, g Sh. Adly Pasha. LE CAIRE. Textbook Sales (PVT) Ltd., 67 Union Avenue, SALISBURY. Carthex. P. O. Box 134-135. 126 calen Victorici, BUCURESTI (Télex: 226). H. M. Stationery 0ffice.P. O. Box 569, LONDON, S. E. I. Govemment bookshops: London, Belfast, Bimingham, Cardiff, Edinburgh, Manchester. La Maison du livre, 13. avenue Roume. B. P. 20-60, DAKAR. Federal~Plublications Sdn Bhd., Times House, River Valley Road, SINGAPORE 9. Al Bashir Bookshop, P. O. Box 1118, KHARTOUM. Touter les publications : A/B C. E. Fritzes Kungl. Hovbokhandei, Fredsgatan i, STOCKHOLM 16. *Le Courrim reulement: The United Nations Association of Sweden, Vasagatan 15-17, STOCXHOLM C Europa Verlag. Rämistrasse 5, ZURICH. Librairie Payot, 6, rue Grenus, 121 I GENEVE I I. Librairie Sayegh. Immeuble Diab. rue du Parlenient, B. P. 704, DAMAS. Dar es Salaam Bookshop, P. O. Box 9030. DAR ES SALAAM. SNTL. Spalena SI, PRAHA I (Exposition permanenie). Zahranícni literatura, II Soukenicka. PRAHA I. Suksapan Panit, Mansion 9, Rajdamnern Avenue, BANGKOK. Société tunisienne de diffusion, s. avenue de Carthage, Tunis. Librairie Hachette, 469 lstiklal Caddesi. Beyo~iu.,ïSTANBUL. Mdhdunarodnaja Kniga, MOSKVA G-zoo. Editorial Losada Uruguaya, S. A./Libreria Losada. Maldonado rpo~./Colonia 1340 MONTEVIDEO. Libreria Historia, Monjas a Padre Sierra. Edificio Oeste 2, n.o 6 (Frente al Capitolio), apartado de correos 7320. CARACAS. Librairie-Papeterie Xuân-Thu. 185-193. rue Tu-Do, B. P. 283, SAIGON. Juqoslovenska Knjka. Terazije 27. BEOGRAD. Drzavna Zaluzba Siovenije. Mestni Trg. 26. LJUBLJANA.