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Tous droits réservés © Santé mentale au Québec, 1986 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 27 août 2021 07:17 Santé mentale au Québec Les médecines douces : alternatives ou compléments à la médecine traditionnelle Holistic medicine : alternatives or complements to traditional medicine François Leduc Politiques et modèles II (1) et La psychosomatique (2) Volume 11, numéro 2, novembre 1986 URI : https://id.erudit.org/iderudit/030356ar DOI : https://doi.org/10.7202/030356ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Revue Santé mentale au Québec ISSN 0383-6320 (imprimé) 1708-3923 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Leduc, F. (1986). Les médecines douces : alternatives ou compléments à la médecine traditionnelle. Santé mentale au Québec, 11(2), 160–174. https://doi.org/10.7202/030356ar Résumé de l'article La médecine officielle, telle que nous la connaissons maintenant, date d'environ cent cinquante ans. Parallèlement, la véritable médecine traditionnelle est celle dont les origines se perdent dans la nuit des temps. Nous avons assisté depuis plus d'un siècle à des jeux de pouvoirs très importants de la part des médecins formes en faculté universitaire dans une orientation allopathique afin que des lois restrictives sanctionnent leur contrôle et leur quasi-monopole dans la dispensation des soins de santé. Il est donc normal d'être surpris face à d'autres types de médecine qui s'avèrent elles aussi efficaces dans Ie traitement de la maladie et dans le maintien de la santé. Cela demande d'abord une clarification de certains mots clés : médecine douce, médecine traditionnelle, médecine holistique, médecine officielle. Sept grandes idées animent l'approche holistique et cinq grands courants thérapeutiques s'y rattachent : l'énergétique chinoise, l'homéopathie, l'ostéopathie, les stratégies énergétiques et les stratégies psychologiques. Au delà d'informations descriptives, des indications sont proposées pour s'y retrouver quant à leur valeur scientifique et leur valeur de vérité. Enfin, l'application des médecines douces est envisagée dans les centres hospitaliers, en considérant les besoins de la population, l'organisation législative et réglementaire et la compétence des professionnels impliqués.

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Tous droits réservés © Santé mentale au Québec, 1986 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation desservices d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politiqued’utilisation que vous pouvez consulter en ligne.https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/

Cet article est diffusé et préservé par Érudit.Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé del’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec àMontréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.https://www.erudit.org/fr/

Document généré le 27 août 2021 07:17

Santé mentale au Québec

Les médecines douces : alternatives ou compléments à lamédecine traditionnelleHolistic medicine : alternatives or complements to traditionalmedicineFrançois Leduc

Politiques et modèles II (1) et La psychosomatique (2)Volume 11, numéro 2, novembre 1986

URI : https://id.erudit.org/iderudit/030356arDOI : https://doi.org/10.7202/030356ar

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Éditeur(s)Revue Santé mentale au Québec

ISSN0383-6320 (imprimé)1708-3923 (numérique)

Découvrir la revue

Citer cet articleLeduc, F. (1986). Les médecines douces : alternatives ou compléments à lamédecine traditionnelle. Santé mentale au Québec, 11(2), 160–174.https://doi.org/10.7202/030356ar

Résumé de l'articleLa médecine officielle, telle que nous la connaissons maintenant, dated'environ cent cinquante ans. Parallèlement, la véritable médecinetraditionnelle est celle dont les origines se perdent dans la nuit des temps. Nousavons assisté depuis plus d'un siècle à des jeux de pouvoirs très importants dela part des médecins formes en faculté universitaire dans une orientationallopathique afin que des lois restrictives sanctionnent leur contrôle et leurquasi-monopole dans la dispensation des soins de santé. Il est donc normald'être surpris face à d'autres types de médecine qui s'avèrent elles aussiefficaces dans Ie traitement de la maladie et dans le maintien de la santé. Celademande d'abord une clarification de certains mots clés : médecine douce,médecine traditionnelle, médecine holistique, médecine officielle. Sept grandesidées animent l'approche holistique et cinq grands courants thérapeutiques s'yrattachent : l'énergétique chinoise, l'homéopathie, l'ostéopathie, les stratégiesénergétiques et les stratégies psychologiques. Au delà d'informationsdescriptives, des indications sont proposées pour s'y retrouver quant à leurvaleur scientifique et leur valeur de vérité. Enfin, l'application des médecinesdouces est envisagée dans les centres hospitaliers, en considérant les besoinsde la population, l'organisation législative et réglementaire et la compétencedes professionnels impliqués.

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Santé mentale au Québec, 1986, XI, 2, 160-174.

Les médecines douces: alternatives oucompléments à la médecine traditionnelle

François Leduc*

La médecine officielle, telle que nous la connaissons maintenant, date d'environ cent cinquante ans. Parallèle-ment, la véritable médecine traditionnelle est celle dont les origines se perdent dans la nuit des temps. Nous avonsassisté depuis plus d'un siècle à des jeux de pouvoirs très importants de la part des médecins formes en facultéuniversitaire dans une orientation allopathique afin que des lois restrictives sanctionnent leur contrôle et leurquasi-monopole dans la dispensation des soins de santé, H est donc normal d'être surpris face à d'autres typesde médecine qui s'avèrent elles aussi efficaces dans Ie traitement de la maladie et dans le maintien de la santé*Cela demande d'abord une clarification de certains mots clés: médecine douce, médecine traditionnelle, méde-cine holistique, médecine officielle. Sept grandes idées animent l'approche holistique et cinq grands courante thé-rapeutiques s'y rattachent: l'énergétique chinoise, l'homéopathie, l'ostéopathie, les stratégies énergétiques et lesstratégies psychologiques* Au delà d'informations descriptives, des Indications sont proposées pour s'y retrouverquant à leur valeur scientifique et leur valeur de vérité. Enfin, l'application des médecines douces est envisagéedans les centres hospitaliers, en considérant les besoins de la population, l'organisation législative et réglemen-taire et la compétence des professionnels Impliqués.

J'ai été très heureux d'apprendre que le person-nel de l'hôpital1 a exprimé un intérêt marqué àl'égard des médecines qu'on dit douces, alternati-ves ou holistiques. J'y perçois là un goût de con-naître et aussi de mieux comprendre ces médecinesnouvelles. C'est pourquoi j 'ai accepté de relever ledéfi formulé par le Comité des activités du person-nel. J'ai dû faire une synthèse assez complexe etje me suis très souvent demandé s'il n'était pas il-lusoire de présenter un exposé sur un sujet aussi vas-te que les médecines douces de par leur diversité,leurs impacts variés et la profondeur de leurs pers-pectives. J'ai donc pris le parti de vous communi-quer ma compréhension personnelle de ce sujet, den'engager que moi-même par mes propos et de vousinviter à compléter ma présentation par vos propresréflexions.

Sachant que vous êtes exposés à des degrés di-vers depuis au-delà de vingt ans à des émissions deradio ou de télévision, à des articles de revue et àdes livres sur le sujet des médecines douces, je pré-sume que vous avez déjà une certaine connaissan-ce de ces médecines. Je crois bien que plusieursd'entre vous sont déjà au courant de plusieurs for-

* François Leduc, psychologue, est consultant senior en étu-des sociales et en évaluation de programme à la firme Eco-nosult Inc., filiale de Lavalin.

mes de médecine douce, informés par des collègues,des amis ou de la parenté, ou par des personnes quioffrent des services thérapeutiques nouveaux, ou en-core par des malades qui sont allés les consulter etqui se sont impliqués dans l'une ou l'autre de cesformes de pratique ou de traitement. Ce qui risqued'être nouveau maintenant, c'est le fait de réfléchirensemble sur la place de ces médecines douces faceà la médecine officielle et sur le comment certai-nes d'entre elles pourraient être offertes ou mieuxutilisées dans votre centre hospitalier.

Au départ, il m'apparaît important de définir cer-tains mots clés et de les situer dans une perspectivehistorique.

MÉDECINE «DOUCE »

Lorsqu'on qualifie une médecine de douce, le pe-tit Larousse définit cet adjectif comme étant une sa-veur agréable; qui produit une impression agréa-ble; qui plaît au coeur et à l'esprit; qui indique labonté; qui est tempéré et modéré.

Ainsi, une relation thérapeutique entre un profes-sionnel et un patient qui serait empreinte de respect,d'écoute et de considération bienfaisante pourraitêtre appelée de la médecine douce. L'on peut voirpar cette première définition que la qualité de con-tact et de présence attentive à un patient permet de

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démarquer ce type de médecine de celle qui est vé-hiculée par les stéréotypes courants, à savoir unemédecine individualiste, expéditive, froide, imper-sonnelle, axée exclusivement sur le diagnostic et letraitement de symptômes et peu sensible à la glo-balité du malade.

Un deuxième trait caractérise généralement lesmédecines douces: elles sont douces parce qu'ellesne sont pas chirurgicales et qu'elles n'emploient pasune pharmacologie synthétique agressante, dont leseffets secondaires de déséquilibre et de maladiesnouvelles sont encore aujourd'hui mal connus.

Un troisième élément relève de deux faits histo-riques: le premier est que depuis quarante ans, lamédecine scientifique pratiquée par des médecinslicenciés a pleinement et légalement eu droit de citécomme médecine officielle. Le deuxième concer-ne l'augmentation des connaissances cliniques et ladéfinition de nouveaux champs d'expertise qui ontpermis l'émergence de nouvelles professions de lasanté offrant de nouveaux services professionnels.Que l'on pense aux découvertes très importantes enpsychologie, en physiologie, en diététique et en nur-sing pour constater que d'autres professionnels dela santé sont à même d'offrir en milieu hospitalierdes services cliniques efficaces et pertinents. Danscette perspective historique, nous pouvons affirmerque les champs de la psychologie, du nursing, dela physiothérapie, de la diététique, pour n'en citerque quelques-uns, constituent, sous beaucoup d'as-pects, des formes de médecine douce. Elles sontalors des stratégies cliniques différentes et complé-mentaires à celles de la médecine officielle.

Sous un autre aspect, il nous faut inclure dans lesmédecines douces toutes celles qui ne sont pas pra-tiquées ou, si elles le sont, elles le sont encore trèspeu, par le corps médical. Nous aurons l'occasionde mieux les décrire ultérieurement, mais retenonspour le moment que ce sont des types de médecinequi ont été développés pour la plupart en dehors desidéologies institutionnelles ou des méthodes scien-tifiques de la science médicale occidentale.

MÉDECINE «TRADITIONNELLE»

Une autre expression qui mérite qu'on s'y arrêteest celle de médecine traditionnelle. La médecineofficielle, telle que nous la connaissons maintenant,date de plus de cent cinquante ans. Son omnipré-sence et son pouvoir dans notre société actuelle sont

tels qu'il est aisé de croire qu'il en fut toujours ain-si et donc que l'on pourrait qualifier cette médeci-ne de traditionnelle.

Je crois personnellement que la véritable méde-cine traditionnelle est celle dont les origines se per-dent dans la nuit des temps et qui était pratiquée parcertaines de nos mères, par des herboristes, par desramancheurs, par des sages femmes, par des gué-risseurs populaires ou par des shamans amérindiensqui utilisaient la naturopathie, les techniques ma-nuelles ainsi que les connaissances énergétiques.Cette médecine populaire de souche lointaine cons-titue, à mon point de vue, la vraie médecine tradi-tionnelle. À preuve, il s'agit de lire les rapports trèsfouillés de l'Organisation mondiale de la Santé, par-ticulièrement ceux provenant du bureau régional del'Afrique (O.M.S., 1979) et du bureau régional del'Amérique Latine, pour comprendre que les ob-jectifs de l'Organisation des Nations Unies (ONU),visant à améliorer la santé à l'échelle de la planète,passent par la reconnaissance et l'utilisation offi-cielle des médecines autochtones. En Afrique seu-lement, au-delà de vingt pays ont intégré les gué-risseurs, les sages femmes, les herboristes et lessorciers au sein de l'institution médicale. On leurdonne le très beau nom de tradipraticiens et ils oeu-vrent de façon parallèle et complémentaire avec lamédecine blanche occidentale à l'intérieur du ré-seau de santé.

Il faut savoir aussi qu'en Grande-Bretagne lesguérisseurs sont reconnus officiellement depuis1951 et qu'ils peuvent prodiguer leurs soins danstous les établissements de santé à la demande d'unpatient. La National Federation of Healers les re-groupe et les certifie selon leur curriculum de for-mation et avec preuves cliniques à l'appui.

Ici, au Québec et en Amérique du Nord, nousavons assisté au cours du siècle dernier à des jeuxde pouvoirs très importants de la part des médecinsformés en faculté universitaire afin que leurs gou-vernements locaux et nationaux passent des lois res-trictives leur permettant d'exercer un contrôle et unquasi-monopole dans la dispensation des soins desanté. Ils parvinrent à faire adopter des lois d'exer-cice exclusif dans toutes les provinces canadienneset tous les états américains et ainsi à canaliser unetrès grande partie des fonds publics en faveur dudéveloppement de leurs recherches, de la créationde services médicaux, du financement de leurs équi-

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pements et même du paiement de leurs honorairesdans plusieurs cas. De plus, l'ensemble de ces loisa toujours eu le caractère de lois d'ordre public. Parexemple, la loi médicale québécoise stipule très clai-rement que le diagnostic et le traitement constituentdes actes exclusifs à la profession médicale. En con-séquence, il suffît simplement de prouver qu'unepersonne non médecin a posé de tels gestes à l'égardd'autrui pour qu'elle soit reconnue coupable etqu'elle soit condamnée à l'emprisonnement ou à uneamende.

Je vous invite fortement à vous procurer à votrePalais de Justice des copies de jugement de la Courdans des causes impliquant des guérisseurs ou dessages femmes (Brunei, 1979). Vous constaterezavec étonnement que la compétence, le savoir-faire,l'éthique ou la qualité thérapeutique des gestes po-sés par des guérisseurs traditionnels ne sont jamaisconsidérés. C'est ainsi que nous devons constaterque des guérisseurs efficaces et que des sages fem-mes expérimentées, tout comme des charlatansd'ailleurs, ont été condamnés non pas sur la foi deleur compétence ou de leur incompétence, mais es-sentiellement parce qu'ils avaient soit diagnostiqué,soit traité un patient. Au-delà de huit cents juge-ments existent actuellement au Québec!!!

Il devient alors très compréhensible que la mé-decine officielle soit maintenant appelée ici méde-cine traditionnelle et qu'en contrepartie, noussoyons étonnés ou surpris d'apprendre que d'autrestypes de médecine s'avèrent elles aussi efficacesdans le traitement de la maladie et dans le maintiende la santé.

MÉDECINE «HOLISTIQUE »

J'aimerais maintenant m'arrêter sur une autre no-tion utilisée dans le domaine de la santé; celle dela médecine holistique. Le mot holistique est unetraduction presque littérale de l'anglais. En anglais,ce mot possède deux significations principales, dé-pendant de son orthographe: wholistic: qui signifiecomplet, il s'agit d'un type de soins axé sur une vi-sion du patient perçu dans sa totalité, dans sa glo-balité et non pas réduit seulement à la ou les mala-dies dont il souffre. /Mistic, d'autre part, quisignifie entier, il s'agit alors de voir l'être humaincomme un organisme complexe, composé de plu-sieurs dimensions qui s'avèrent toutes essentiellesau maintien de la santé. La maladie est vue comme

une dysfonction du système total et la santé est as-sociée à un équilibre, à une harmonie tant à l'inté-rieur de l'individu que dans les relations de l'indi-vidu avec son environnement.

Voici, brièvement résumées, sept grandes idéesde Y approche holistique (Baunan et al., 1981):

1. Tout être humain est un organisme vivant douéde vie et de mort, dynamique et en mouvement. Ilinteragit constamment avec lui-même et avec sonenvironnement. Il est au départ un système ouvert.C'est une grande illusion de concevoir l'être humaincomme un individu indépendant, séparé et enfer-mé dans un sac de peau.

2. Tout être humain est composé de quatre di-mensions essentielles qui sont intimement interdé-pendantes:

a) la dimension organique, c'est-à-dire notrecorps physique avec son architecture biologiquecomplexe, raffinée et intelligente.

b) la dimension psychologique, c'est-à-dire no-tre faculté subjective d'être conscient, de dire «Je»,d'exercer notre intelligence à la fois de façon analy-tique et intuitive, de coordonner notre vie tant enfonction des pressions extérieures, de nos besoins,de nos aspirations et des ressources disponibles.

c) la dimension émotive, par laquelle nous som-mes sensibles aux effets que les autres produisentsur nous, et sur les effets que nous produisons surnous-même et chez autrui. Son enjeu fondamentalconsiste à rechercher notre propre intégrité, à êtrereconnu, apprécié et aimé dans des relations inter-personnelles nourrissantes.

d) enfin, la dimension spirituelle, vers laquelletout notre être tend afin de trouver le sens de notrepassage sur Terre et afin de clarifier notre rôle dansla communauté humaine et dans l'organisation denotre société. Cette dimension est beaucoup plus lar-ge que la notion de religion ou de pratique religieu-se, en ce qu'elle englobe tout le sens de notre vie,et non pas seulement des pratiques et des rituels àheure fixe ou à un jour donné. La spiritualité se tra-duit par un engagement quotidien dans la réalisa-tion de valeurs éthiques.

3. Une troisième idée repose sur la reconnais-sance de la vie comme étant intelligente et douéede formidables forces de croissance, de récupéra-tion et de régénération. En conséquence, l'appro-che holistique affirme que tous les individus ont uneressource naturelle innée, mais trop souvent négli-

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gée, à se maintenir en santé, à s'impliquer dans leurpropre guérison et à se régénérer.

4. Une quatrième idée consiste à reconnaître quechaque individu est doué de conscience, de libertéet de libre-arbitre. Elle se fonde sur l'idée qu'unepersonne peut être responsable d'elle-même etqu'elle est très bien placée pour comprendre sa si-tuation, exprimer ses besoins et choisir des moyensqui lui semblent appropriés pour maintenir ou res-taurer sa santé. Il s'agit alors non plus seulementde se demander ce que nous pouvons faire pour uneautre personne, mais aussi et d'abord de lui deman-der directement ce qu'elle peut faire pour elle-même. En ce sens, cette approche cherche délibé-rément à impliquer au maximum le patient afin qu'ilmobilise ses capacités, ses forces physiques etpsychologiques pour renverser sa maladie et res-taurer sa santé.

5. L'approche holistique est très ouverte aux dé-couvertes de la physique, de la relativité et de lamécanique quantique, selon lesquelles la matière denotre corps constitue la condensation et la manifes-tation d'un niveau énergétique plus subtil (Capra,1975; Reeves, 1983; Charon, 1980). Nous sommesd'abord réseaux d'énergie, vibrations, fréquenceset amplitudes. Nous sommes fait autant de matièreque de vide. Ce vide n'est pas de la vacuité, maisil est l'espace entre deux événements. C'est le videqui permet les mouvements vitaux, selon les jeuxmagnétiques de la matière, à savoir l'attraction etla répulsion, l'émission et la réception, la contrac-tion et la dilatation, l'assimilation et l'accommo-dation.

6. L'approche holistique est aussi un mouvementsocial d'individus qui ont à coeur une même pers-pective fondamentale à l'égard de la vie. Ces indi-vidus sont en général soucieux de leur intégrité etils expriment leur bonne foi et leur bonne volontédans l'appréciation des forces de croissance de toutorganisme vivant.

7. L ' approche holistique est aussi une intention,une attitude et une discipline personnelle qui s'ap-profondissent et se réalisent par la pratique et parl'action concrète (Pelletier, 1984). Cette préoccu-pation première a permis la création et l'édition deplusieurs articles et de livres, décrivant le commentfaire et le savoir être afin d'augmenter la présenceà soi, à autrui et à l'environnement humain et so-cial. Cette panoplie inclut une multitude de sujets,

tels la relaxation, la méditation, les techniques deconscience et de communication entre notre espritet le subconscient de notre corps, l'alimentation etla diététique, la condition physique et l'expressioncorporelle, les relations interpersonnelles saines,nourrissantes et créatrices, la conscience commu-nautaire, sociale et planétaire, l'écologie et finale-ment la démarche spirituelle.

Enfin, il est intéressant de savoir qu'il existe auxÉtats-Unis une association regroupant les praticiensde la médecine holistique: l'American Holistic Me-dical Association2. Leur revue, intitulée Journal ofHolistic Médecine, contient une définition qui dé-crit bien l'esprit de leur association: «la santé ho-listique est définie par un état de bien-être dans le-quel le corps d'un individu, son esprit, ses émotionset son âme sont en harmonie avec l'environnementnaturel, cosmique et social.

La médecine holistique est définie comme unsystème de soins de santé qui met l'accent sur laresponsabilité personnelle et qui cherche à créer desrelations de coopération parmi tous ceux impliqués,c'est-à-dire tant le malade que sa famille et les pro-fessionnels concernés, afin de rétablir une syntoni-sation optimale du corps, de l'esprit, des émotionset de l'âme de cette personne. La médecine holisti-que utilise toutes les méthodes contemporaines dediagnostic et de traitement, incluant la chirurgie etla pharmacologie, en mettant l'emphase sur uneperspective d'ensemble du malade. Cela inclut doncl'analyse des valeurs du patient à l'égard de soncorps, de sa nutrition, de son environnement, de sesémotions, de ses valeurs spirituelles et de son stylede vie».

Avec une telle perspective, il n'est pas surpre-nant de retrouver, entre autres dans ce journal, desarticles sur l'application de la diététique à certai-nes maladies, de l'acupuncture, de l'homéopathie,des thérapies électromagnétiques, de la phytothé-rapie, etc.

Au-delà de ces quelques grandes lignes de pen-sée de l'approche holistique, il convient maintenantde faire ressortir en comparaison certaines carac-téristiques de la médecine officielle.

MÉDECINE «OFFICIELLE»

II ne s'agit pas pour moi de critiquer abusivementla médecine officielle. Comme tout bon citoyen, j 'y

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ai eu recours à plusieurs occasions dans ma vie. J'aipu bénéficier ou être informé des immenses pro-grès scientifiques et cliniques qu'a permis une telleapproche fragmentée de la santé. Il m'importe iciseulement de souligner que la logique scientifiquede la médecine officielle est cohérente avec elle-même dans sa façon de concevoir la maladie, d'éta-blir un rapport avec le patient et de traiter la vie.

C'est depuis le 18e siècle, c'est-à-dire ce qu'ona appelé l'âge de raison et le positivisme scientifi-que, que le corps et l'esprit ont été considérés com-me deux réalités distinctes et que l'on a, bien en-tendu, évacué du discours médical toute notion despiritualité. C'est donc une tendance fondamentalede la médecine scientifique orthodoxe de penser quela maladie physique est causée principalement pardes facteurs physiques. En conséquence, les traite-ments développés et utilisés se sont appuyés sur desméthodes physiques, fondées sur la biochimie et lapharmacologie synthétique ainsi que sur la chirur-gie. Considérant que le corps et l'esprit sont deuxentités séparées, même s'ils partagent le même es-pace vital, très peu de traitements médicaux utili-sent l'interaction du corps et de l'esprit pour vain-cre une maladie. Même le mot «psychosomatique»signifie dans leur langage courant des maladies réel-les dont la cause est une imagination débordante ouquelque peu morbide. Avoir une maladie psycho-somatique n'est pas bien reluisant et laisse planerdes doutes sur la véracité de la maladie ou sur lasanté mentale du patient. Rarement nous entendonsun discours médical qui reconnaît que le corps etl'esprit sont indissociables et inséparables.

La médecine officielle est souvent appelée unemédecine allopathique. Elle s'appuie sur une visionréductionniste de la vie, à l'effet que l'univers estconstitué de parties indépendantes et distinctes. Ladémarche scientifique vise donc à isoler les élé-ments, à les considérer en eux-mêmes et à les analy-ser de façon indépendante. Cette démarche s'appuiesur une philosophie des sciences qui est très biendécrite par Mario Bunge (1980). Dans son livre TheMind-Body Problem, il fait clairement ressortir quela seule approche philosophique valable pour la re-cherche scientifique orthodoxe s'appelle du «mo-nisme matérialiste». Dans un tel contexte, pour êtrevalable scientifiquement, il ne s'agit pas seulementde traiter de faits rigoureusement observés, ni dedévelopper un modèle explicatif, mais aussi et sur-

tout de pouvoir intégrer ces faits et ces modèles dansune théorie qui puisse elle aussi s'intégrer à l'édifi-ce scientifique des connaissances. Il y a donc là unejustification intrinsèque qui exclut d'emblée beau-coup de découvertes pourtant rigoureuses et de trai-tements efficaces, mais qui ont le malheur de ne pass'appuyer sur le mode de connaissance institution-nel de la science. Celle-ci n'est définie officielle-ment que par le monisme matérialiste.

Dans une stratégie scientifique allopathique, ilfaut lutter contre la maladie de façon mécanique,soit par des médicaments développés par l'indus-trie pharmaceutique, soit par de la chirurgie locali-sée. Cette stratégie repose sur l'une des grandes il-lusions de notre vie moderne à l'effet que l'on peutabuser de notre véhicule, de notre corps à volontéet que l'on peut recourir aux services d'entretienet de réparation de la médecine mécanique spécia-lisée. Pour ce faire, la médecine officielle s'appuiedans une très large mesure sur l'industrie pharma-ceutique. La classification et la compartimentationactuelle des maladies font en sorte qu'il y a toujoursl'espoir de trouver un remède spécifique à chaquemaladie. Malheureusement, cette approche ignorela délicatesse et la complexité de la chimie organi-que. Y van Illich et bien d'autres ont souligné lesconséquences d'une telle situation: les effets secon-daires sont souvent très importants et ils génèrentde nouvelles maladies, appelées maladies iatrogè-nes. De plus, la médecine devient de plus en plusprisonnière de la puissante industrie pharmaceuti-que qui a adopté, depuis vingt ans, des stratégiesde mise en marché extrêmement agressives. Pre-nons un seul exemple.

Les douze antibiotiques utilisés communément parla médecine se trouvent maintenant disponibles dansplusieurs centaines de formulations chimiques etsous autant de marques de commerce. Un seul deces antibiotiques, la pénicilline, est disponible sousplus de 300 formules chimiques. Quelqu'un pour-rait dire que de la pénicilline, c'est de la pénicilli-ne et donc que toutes ces marques de commerce sontéquivalentes. Ce n'est pas le cas, puisque la péni-cilline peut être associée à au moins 24 ingrédientsactifs différents, produisant tous, par la combinai-son de leurs potentiels, des effets thérapeutiquesspécifiques. Il devient alors souvent impossible dedépartager la portée réelle de ces divers produitset les médecins doivent alors s'en remettre aveu-

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glément aux informations transmises par les com-pagnies pharmaceutiques.

QUELQUES GRANDS COURANTSTHÉRAPEUTIQUES DEL'APPROCHE HOLISTIQUE

II n'est point besoin de dire alors que les méde-cines douces s'inscrivent dans une autre perspecti-ve, une autre stratégie et une autre façon de guérirla maladie. Essayons maintenant de voir clair tantsoit peu dans ces autres approches. Je ne suis passpécialiste dans aucune d'elles et je ne les connaispas toutes. Cependant mes études et mon question-nement des 15 dernières années dans le domaine dela santé mentale et physique me permettent de vousprésenter tout l'intérêt que je porte aux grandesperspectives de ces médecines. Pour ce faire, je vaisaborder rapidement cinq grands courant thérapeu-tiques que je connais bien pour les avoir étudiés defaçon théorique ou pratique, soit l'énergétique chi-noise; l'homéopathie; l'ostéopathie; les stratégiesénergétiques; et les stratégies psychologiques.

1. L'énergétique chinoiseAlors que nous sommes portés à croire que no-

tre médecine a fait des progrès immenses depuis àpeine cent cinquante ans, il est absolument renver-sant de découvrir que les plus anciens textes chi-nois relatant de l'énergétique chinoise datent du 28e

siècle avant Jésus-Christ (Soulie de Morant, 1957).Cette approche thérapeutique existe donc depuisprès de quatre mille cinq cents ans et elle n'a pascessé de se perfectionner tout au long de ces an-nées. Même si dans notre langage occidental, nouspourrions être portés à considérer l'acupuncture etles autres techniques reliées comme n'étant passcientifiques à proprement parler, nous ferions preu-ve de chauvinisme et de mauvaise foi de les discré-diter par de tels arguments somme toute assez sim-plistes.

L'acupuncture est une médecine issue de cettelongue culture et elle n'est compréhensible que sinous la situons dans la philosophie (Wilhem, 1973)et la mathématique qui lui ont donné naissance (Ma-rolleau, 1979).

L'énergétique chinoise se base sur un système lo-gique qui est binaire, soit le YING et le YANG.Le YING et le YANG ne sont pas à proprement par-ler des concepts opposés car ils sont vus de façon

complémentaire. Pour le comprendre, prenonsl'exemple du jour et de la nuit. Ils ne sont pas op-posés et fondamentalement différents: ils sont plu-tôt deux facettes d'une même réalité que nous ap-pelons une journée. Ces deux facettes de la journéese distinguent par le degré de lumière et par le de-gré de chaleur mais elles se comprennent commeun tout. Il en va de même pour le devant et l'arriè-re, le haut et le bas, le profond et le superficiel,l'énergie et la matière.

Selon cette perspective, l'homme est un être vi-vant à la surface de la Terre et il est soumis à denombreux cycles qui l'influencent constamment.Tout diagnostic est donc constamment relativisé parla saison dans laquelle nous sommes, par la pres-sion atmosphérique, par le climat qui prévaut au mo-ment de l'intervention, par le moment de la jour-née ainsi que par les caractéristiques du sujet.

Ce système de pensée considère que les énergiessubtiles provenant du Ciel, appelées forces cosmi-ques, et de la Terre, appelées forces telluriques, mo-dulent constamment notre comportement. Il y adonc comme corollaire le postulat que les niveauxénergétiques sont prédominants et préalables aucomportement de la matière. Parler de niveaux éner-gétiques, veut dire parler des jeux magnétoélectri-ques d'attraction et de répulsion, d'émission et deréception, de résonnance et de syntonisation. À ceniveau, tout est fréquence, vibration et battementpulsatoire mus par le principe vital de la contrac-tion et de la dilatation.

Sans entrer dans les détails de ce système éner-gétique, nommons-en certaines composantes. Cesystème reconnaît dans le corps des générateursd'énergie (trois foyers), six structures psychocor-porelles YING (coeur, poumon, rein, foie, rate,système orthosympathique), six structures psycho-corporelles YANG (intestin grêle, estomac, vessie,vésicule biliaire, gros intestin, système sympathi-que), un double circuit de méridien pour chacunedes douze structures, ce qui donne vingt-quatre mé-ridiens principaux, et au-delà de cinq cents pointsénergétiques répartis sur le corps entier et rattachésà l'un ou l'autre des méridiens.

Tous ces méridiens sont liés entre eux dans unsystème total selon des cycles de génération et d'in-hibition. C'est dire que toute perturbation de l'undes méridiens (par excès ou insuffisance) se réper-cute sur tous les autres. Ce système de pensée et

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d'analyse démontre aussi le principe de la résonan-ce et de la similitude. Cela veut dire que tout équi-libre ou déséquilibre interne se manifeste par unesérie variée de signes analogiques concordants avecle comportement psychologique ainsi qu'avec plu-sieurs parties du corps. Par exemple, une personneva très bien pendant une saison, ou très mal pen-dant une autre; elle aimera ou non le vent, le chaud,le froid, le sec ou l'humide et sera sensible ou pasà des maladies des os, des muscles, de la peau, desnerfs ou des vaisseaux sanguins. Elle aimera ou nonporter du bleu-vert, du rouge, du jaune, du blanc,du noir, aimer ou détester l'acide, l'amer, le doux,le piquant ou le salé; elle aura de l'insomnie en secouchant, au milieu de la nuit ou tôt le matin; elledéveloppera des points précis et localisés de sensi-bilité et de douleur et sera sensible ou pas à la colè-re, à la joie, à l'anxiété, à la tristesse, à l'angoisse,etc.

L'ensemble de ces indices et bien d'autres s'ajou-tent au diagnostic par la prise des pouls. Il y a dou-ze pouls chinois auxquels l'on peut attribuer unevingtaine de qualité. C'est suite à ce portrait d'en-semble que se dégage un diagnostic de la personneet l'amorce d'une stratégie thérapeutique appropriéevisant, par stratégies de dispersion ou de tonifica-tion, à rétablir l'harmonie du corps. Les interven-tions sont faites sur l'un ou quelques points éner-gétiques par des aiguilles ou des moxas (morceauxd'ardoise dégageant de la chaleur), par un contrôlede l'alimentation, par l'expression de sentimentsspécifiques, par des types d'activités précises ou parde la modification de comportement.

Essentiellement, plusieurs stratégies thérapeuti-ques se rattachent à ce courant: l'acupuncture, l'ac-cupressure, le Shiatsu, le DO-In, et d'autres, l'onpeut aussi rattacher à ce même courant de penséedes stratégies diagnostiques particulières: l'iridolo-gie, la réflexologie, l'auriculothérapie (Nogier,1981), etc. Il y aurait encore beaucoup à dire del'énergétique chinoise, mais je crois préférable dem'arrêter ici afin d'aborder une deuxième perspec-tive, celle de l'homéopathie.

2. L'homéopathieLa thérapie homéopathique est une forme de trai-

tement médical qui fut très largement utilisé depuisle Moyen Âge jusqu'à la moitié du 19e siècle et quiregagne sa popularité depuis quelques décennies.

La base de la médecine homéopathique repose surle concept de champs énergétiques existants en nouset autour de nous et qui peuvent être stimulés parles champs énergétiques de substances naturelles etcela, en vue de rétablir la santé et d'induire le pro-cessus de guérison.

Il faut attribuer à Hippocrate, le père de la mé-decine, le terme d'homéopathie. Il signifie traiterpar le semblable. Il revient cependant à un méde-cin allemand qui vécut de 1755 à 1843, le Dr Sa-muel Hahnemann d'avoir articulé l'homéopathie enun sytème clinique cohérent. Il croyait aux princi-pes d'Hippocrate et de Paracelsus, à l'effet quel'être humain a la capacité de se guérir et que dessubstances naturelles pouvaient faciliter ce proces-sus de guérison. Selon lui, il devait correspondreune substance naturelle pour enrayer chacun desportraits de symptômes et il nomma ce principe laLoi des similaires. Il croyait aussi qu'un seul mé-dicament devait être pris à la fois, (ce qui est la Loidu remède unique) et qu'une dose minimale de lasubstance naturelle appropriée était suffisante pourproduire une cure (Loi de la dose minimale). Ilcroyait que si le pouvoir de guérison de la naturepouvait être libéré, la plupart sinon toutes les ma-ladies pourraient être guéries.

C'est par l'ingestion expérimentale d'infimes do-ses de substances diverses que lui et ses élèves fi-rent la recherche des effets et des symptômes. C'estainsi que ces travaux, ainsi que ceux de l'homéo-pathe américain, James Tyler Kent, permirent derépertorier les effets physiologiques et psychologi-ques spécifiques de plus de 800 substances naturel-les. Au début, l'administration de ces substances àdes patients produisait chez eux des réactions tropfortes et il envisagea alors de les diluer. Mais lesdilutions ne semblaient plus produire d'effets, cequi semblait s'opposer à sa loi de la dose minima-le. Une anecdote rapporte qu'étant un soir frustréde cette situation, il se mit à frapper la paume desa main avec un contenant de dilution. Ce seraitalors que lui aurait surgi l'idée qu'il était possiblede libérer l'énergie vitale de la substance en la bras-sant. Ainsi, une substance pourrait être diluée au-delà de toute trace matérielle de sa présence maisconserver quand même son potentiel énergétique.Il est aujourd'hui prouvé qu'une dilution au-delà dedouze fois rend à toute fin pratique impossible laprésence de traces matérielles de la substance. Or,

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il découvrit que plus une substance était diluée eténergisée par le brassage, plus elle s'avérait puis-sante.

Il appliqua alors sa loi des similitudes afin de trou-ver les substances énergisées correspondantes à desmaladies spécifiques. Voici un exemple: la gastro-entérite s'apparente dans ses manifestations à l'in-gestion d'une dose d'arsenic (une diarrhée brûlan-te, des vomissements, de la fièvre, des frissons, unesoif profonde accompagnée de peur et d'anxiété).C'est dire ici que les symptômes créés par l'absorp-tion d'une infime dose d'arsenic par une personnesaine s'avèrent être très similaires aux mêmessymptômes d'une personne malade de la gastro-entérite.

C'est ainsi que naquit la science homéopathique.Il s'ensuivit des recherches systématiques sur lessubstances curatives ainsi que sur leur degré de po-tentialisation. Il est courant maintenant de trouverdes remèdes homéopathiques dont la dilution po-tentialisée est de 1 partie pour 10 000. Ces expéri-mentations eurent lieu non seulement avec des êtreshumains, mais aussi avec des animaux, ce qui per-mit de rejeter l'hypothèse de l'effet placebo.

L'homéopathie fut introduite en Amérique dès1825 et c'est dans les années 1830 que fut créée latoute première société médicale américaine, l'Ame-rican Institute of Homeopathy. Au début de notresiècle, vers 1900, il existait aux États-Unis onze hô-pitaux homéopathiques, vingt-deux écoles médica-les d'homéopathie, plus de mille pharmacies ven-dant les produits homéopathiques et il y avaitenviron 20 à 25% des médecins qui pratiquaientl'homéopathie. Trente ans plus tard, vers 1935, tousles hôpitaux et toutes les écoles homéopathiquesavaient soit fermé leur porte, soit modifié radicale-ment leur orientation au bénéfice de la médecineallopathique que nous connaissons bien encore denos jours. Que s'était-il donc passé?

Vous comprendrez aisément que les résultats dejeux de pouvoirs très importants de la part de l'Ame-rican Medical Association provoquèrent cette situa-tion. C'était la victoire de la médecine officielle etde la vision mécanique et compartimentée de laperspective dite positive et rationnelle. Notons ce-pendant que l'homéopathie est pleinement recon-nue entre autres en France et en Angleterre.

Le retour de la perspective holistique a permisla reconnaissance en Amérique du Nord de l'ho-

méopathie et cette stratégie thérapeutique est main-tenant disponible au Québec. En terminant cet ex-posé trop bref sur cette approche, je désiresimplement souligner que la propriété thérapeuti-que d'un produit homéopathique ne tient pas du do-maine de la matière car les dilutions sont si gran-des que toute trace matérielle de la substance esttotalement disparue de la fiole. Elle tient en effetde l'univers énergétique et de ses champs vibratoi-res (Tyller, 1983).

3. L'ostéopathieLa paternité de l'ostéopathie revient à Andrew T.

Still. En 1864, ce médecin-chirurgien et ingénieurperdit trois de ses enfants, emportés par une mé-ningite cérébro-spinale. Outré de l'impuissance dusavoir médical, il se retira de la pratique, à la re-cherche d'une nouvelle façon de voir la santé et lamaladie.

Selon lui, la responsabilité de la maladie n'ap-partient pas aux effets détectables, mais bien auxcauses qui s'inscrivent dans le terrain biologique.L'étude des squelettes s'avère être une anatomiemorte, parce qu'il n'y a plus de vie. Le mouvementdans la création constitue la différence essentielleentre la vie et la mort. Mais qu'est-ce donc qui lan-ce les rythmes dans le corps? Si le mal atteint quel-qu'un, cela se traduit toujours par une privation demouvements et une restriction dans les rythmes desfonctions.

L'adaptation de l'homme à toutes les circonstan-ces est l'expression de la santé. Le mouvement estla santé. «En l'homme, on trouve matière, mouve-ment et esprit» (A.T. Still). S'il y a maladie oudysfonction, les sytèmes internes atteints se blo-quent, créent un ralentissement local ou global dansle mouvement des fonctions, ce qui oblige le corpsà développer un nouvel équilibre de circonstanceafin de compenser cette insuffisance. Cette personnepeut, si elle est capable de s'y accommoder, vivreavec ces compensations internes. Dans le cas con-traire et dans des situations où cet équilibre circons-tantiel s'avère inadéquat, la dysfonction survientcomme un signal d'alarme. Un 4ième degré s'an-nonce, si les trois premiers s'avèrent organiquementinsuffisants: il y a passage à la désespérance, à ladécompensation, à l'apparition de tumeurs ou demaladies malignes. Ultimement, la mort consacre-ra cette séparation entre l'esprit et la matière et plus

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aucun mouvement ne sera possible.L'ostéopathie considère quatre niveaux de réali-

té chez l'être humain: 1. le physique, 2. le mental,3. l'émotion profonde, 4. l'esprit. Précisons ces ter-mes dans le langage ostéopathique.

1. Le physique. C'est l'anatomo-physiologique,observé sous le point de vue de sa structure. Nonpas juste la grosse charpente osseuse et musculai-re, mais aussi les trames, les fibres et les micro-structures. La structure est faite de travées, de li-gnes de force qui permettent aux fonctions d'exis-ter et d'exprimer leurs rôles. Bien orientées, desstructures, même légères, peuvent supporter delourdes tâches alors qu'au contraire, des structurestrès solides mais dont les lignes de force sont malorientées peuvent littéralement céder et s'effondrer.Ainsi, l'ostéopathie croit que la structure et ses li-gnes de force gouvernent la fonction de l'organe.

L'ostéopathie s'intéresse particulièrement auxtressages des tissus dans le corps, à leurs rythmeset à leurs mouvements. Elle porte attention à l'apo-névrose et aux tissus conjonctifs qui enveloppent lesveines, les artères, les muscles, les nerfs, les orga-nes, le cerveau. Ce tissu protège et nourrit les fonc-tions, en plus de les soutenir et de les modeler. Lestrames de ce tissu constituent le substratum, le corpscausal sur lequel la matière va s'organiser, tant se-lon des critères phylogénétiques que selon l'histoi-re et les critères uniques à chaque individu. C'estsur cette toile de fond physiologique modelablequ'interagissent aussi les trois autres niveaux de laréalité biologique.

2. Le mental. Il s'agit des pensées de la person-ne, qu'elles soient conscientes ou pas. Il s'agit iciautant de l'activité mentale supérieure liée au cer-veau que de la conscience des cellules de la matiè-re qui vivent selon la façon dont elles sont animéeset informées. En ce sens, notre corps pense tout au-tant par son aorte, ses intestins, ses orteils que parson cerveau. C'est l'unité fonctionnelle de l'être hu-main, selon laquelle il est aberrant de dissocier l'uni-vers de la pensée et celui du monde physique. Ilssont imbriqués l'un dans l'autre. La pensée donneforme et le mental, pour une très large part, est in-dépendant de la volonté propre de l'individu.

3. L'émotion profonde. Il faut ici se référer aumot grec «pathos», tel qu'Esculape l'entendait, à sa-voir: «le sentiment émotionnel profond que l'êtrecherche à exprimer». Ce sont les souhaits profonds

d'être et de se réaliser concrètement selon notrevoie. L'extension du sens de «pathos» dans le mot«pathétique» tient «à la souffrance vécue» lorsqu'unepersonne est incapable d'exprimer ou de réaliser sestendances intérieures de réalisation et d'actualisa-tion. D'ailleurs, l'angoisse est souvent liée à unenon-reconnaissance, c'est-à-dire d'être reconnu etlégitimé. Ce niveau est donc beaucoup plus profondque ses manifestations symptomatiques, tels l'émo-tivité et les pleurs par exemple. Il s'agit du niveauessentiel de la réalité profonde que chaque indivi-du vit en particulier.

4. L'esprit. Dans toutes les civilisations, il y ale besoin de chaque individu de croire en quelquechose et de s'intégrer à un ordre de grandeur plusgrand que lui-même. Ce besoin spirituel peuts'orienter vers la religion, la religiosité, la supers-tition ou vers la recherche de soi. C'est la démar-che de l'ouverture de la conscience à ce que l'onest, comme individu, comme groupe, comme pays,comme collectivité humaine, comme être cosmique,et cela pour rejoindre un sens universel qui existeau fond de nous-mêmes.

L'ostéopathe traite la structure de la matière vi-vante afin que chaque être humain puisse exprimersa structure profonde. Notre structure est animéede rythmes de base.

Ces rythmes se modulent sur le mécanisme de larespiration primaire (MRP), par lequel tous les tis-sus du corps ont une pulsation d'expansion et derétraction de 12 cycles par minute. Elle varie enqualité avec la respiration thoracique, dont elle estindépendante pour le nombre de cycles. Le MRPs'observe de façon expérimentale particulièrementdans le liquide céphalo-rachidien et les 12 chaînesde myo-fasciales. L'ostéopathe palpe, perçoit la res-piration primaire, teste les rythmes et fait confian-ce à ce qu'il perçoit. S'il veut soigner, il doit se cen-trer en lui-même, développer son écoute pour mieuxpalper, interpréter les tensions, les blocages, les sta-ses, dans une attitude de neutralité bienveillante.Dans son intervention proprement dite, il agit parajustement sur la structure afin de ré-équilibrer ladynamique des fluides, des ensembles ostéo-articulaires et des fascias dans le corps et ainsi per-mettre un nouveau réinvestissement des tissus.

L'ostéopathie est à la fois très pragmatique et trèsconsciente de l'importance de l'esprit. Elle est fon-cièrement éthique par sa recherche humaine pro-

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fonde.Il est donc essentiel que l'ostéopathe soit très sen-

sible à ses propres systèmes de dérives de sens. Ilest sur une corde raide fondée sur l'ouverture à l'au-tre et sur l'humilité, avec une bonne dose d'intran-sigeance quant aux dérives et aux complaisancespossibles.

Voilà donc succinctement présentées certainesidées dominantes de l'ostéopathie. Abordons main-tenant les stratégies énergétiques.

4. Les stratégies énergétiques.Après avoir parlé de l'énergétique chinoise puis

de l'homéopathie et de l'ostéopathie, je voudraisprendre quelques instants pour tenter de situer d'au-tres stratégies thérapeutiques qui ont des points com-muns et des racines historiques autres que ces troiscourants.

Je veux parler de la guérison par imposition desmains, de la thérapie de la polarité, de l'utilisationde champs magnéto-électriques ainsi que de la gué-rison psychique à distance.

En ce qui concerne l'imposition des mains surquelqu'un sans qu'il y ait de contact physique, jepense que la meilleure façon d'en prendre connais-sance de façon sérieuse pourrait être par les travauxbien documentés concernant le Toucher thérapeu-tique (Krieger, 1979). Cette stratégie thérapeutique,créée par Madame Dolorès Krieger, Ph.D.R.N.,professeure de nursing au New York City Univer-sity, est avant tout une adaptation de l'impositiondes mains. Ses travaux ont permis d'identifier clai-rement et de développer par la pratique le diagnos-tic du rayonnement énergétique d'un patient et desmanipulations précises de ce champ énergétique afinde décongestionner des segments chargés et de to-nifier d'autres segments manifestant une insuffisan-ce énergétique. Plusieurs recherches rigoureuses ontdémontré l'effet du Toucher thérapeutique sur l'hé-moglobine et sur des signaux physiologiques. Àmon avis, ces travaux méritent une prise de con-naissance sérieuse de la part du personnel cliniqued'un centre hospitalier.

Une autre source de référence très intéressanteconcerne les travaux du biologiste montréalais Ber-nard Grad (1965). Par des protocoles de rechercherigoureux, il a démontré l'effet de l'imposition desmains sur de l'eau stérilisée utilisée dans l'arrosa-ge de graines et dans la croissance des plantes. Ila aussi démontré l'effet sur le rythme de guérison

des souris.Il va sans dire qu'une volumineuse littérature exis-

te sur le sujet de l'imposition des mains, mais rete-nons certaines caractéristiques de ce type d'inter-vention clinique: la personne qui traite rapportegénéralement qu'elle se met d'abord dans un cer-tain état d'esprit caractérisé par de l'écoute, de laréceptivité et de la neutralité personnelle. Elledit aussi la plupart du temps qu'elle se met en con-tact avec l'énergie vitale, ou l'énergie cosmique,ou avec Dieu. Elle se perçoit alors comme un con-densateur, un attracteur de cette énergie qu'elle di-rige alors par le rayonnement biologique de sesmains vers le patient. Cette énergie émise n'a pasd'effet spécifique, sinon que de revitaliser et de re-lancer les processus de guérison du patient.

En ce qui concerne la thérapie de la polarité, jene la connais pas suffisamment, sinon que pour lasituer comme une autre stratégie d'intervention axéesur le balancement du champ énergétique selon desprocédures bien définies.

En ce qui concerne l'utilisation de champs ma-gnéto-électriques ou électro-magnétiques, rappelonsrapidement l'application de courants électriques fai-bles sur des fractures (Becker, 1972), l'utilisationd'appareils émettant des champs magnétiques, etl'utilisation d'aimants dans certaines thérapeuti-ques3.

Enfin, l'autre volet que je veux vous présenterconcerne la guérison psychique à distance. Essen-tiellement, la personne qui veut vraiment aider au-trui se met dans un état d'esprit clairvoyant suiteà une période plus ou moins courte de centrationsur soi et de méditation. Dans une deuxième étape,elle cherche à visualiser, donc à se donner des ima-ges et des impressions mentales de la personne vi-sée. Dans un troisième temps, elle laisse venir desimages et des impressions mentales décrivant unefusion entre elle et la personne visée, afin de pou-voir transmettre à la cible une intention de guéri-son et un désir de la voir ajuster l'ensemble de sesharmonies internes sur la grande harmonie vitale.

Mon langage peut apparaître étrange à certainsd'entre vous. J'en suis conscient. Pour ceux qui veu-lent en savoir davantage, les travaux des psycholo-gues américains Lawrence Le Shan (1966) et Joy-ce Goodrich4 vous permettront d'y voir plus clairdans cet autre niveau de réalité. D'autre part, cettenotion même de guérison à distance, c'est-à-dire de

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réception ou de transmission d'informations oud'énergies en dehors des canaux connus, a été trèsbien expérimentée par tous les chercheurs en radies-thésie et aussi par des millions de «pendulologues»amateurs. Vous savez tout comme moi que ces cho-ses ne sont pas sensées être sérieuses, véridiqueset valables! Elles sont classées dans le sombre re-gistre de la parapsychologie ou de l'ésotérisme. Jecrois personnellement, pour en avoir été témoin etpour avoir investigué ce domaine, que des preuvescliniques existent bel et bien et qu'elles témoignentde l'efficacité thérapeutique de plusieurs de ces per-sonnes dans le soulagement de la souffrance, dansl'arrêt de processus pathologiques et dans le réta-blissement de la santé. Nous sommes encore maléquipés pour les investiguer ou les comprendre,mais elles méritent d'êtres respectées.

Abordons la dernière catégorie: les stratégiespsychologiques.

5. Les stratégies psychologiquesII existe une quantité phénoménale de découver-

tes en psychologie, tant en psychophysiologie et enneuropsychologie que dans de nombreuses écolesde pensée du champ clinique.

Trois grandes écoles de pensée prévalent enpsychologie clinique: l'approche psychodynamique,associée à Freud et à tous ceux qui s'y rapportent,l'approche behaviorale/cognitive, associée à Pav-lov, à Skinner et à la modification du comportement,l'approche humaniste, associée à Carl Rogers,Gendlin, Maslow et centrée sur une perspective decroissance du potentiel humain.

Par delà ces grands types d'approches, l'acte pro-fessionnel du psychologue vise en général à établirune relation de confiance et de confidence avec leclient, selon les règles d'usage de la pratique et enaccord avec la déontologie professionnelle. Cet actepeut se définir par ses étapes: la clarification du mo-tif de consultation, l'évaluation clinique et/ou psy-chométrique, la formulation d'une opinion profes-sionnelle ou d'un diagnostic, l'élaboration et la réa-lisation d'un plan d'intervention, l'évaluation duprocessus global.

Quoique l'on peut associer la psychologie dansle milieu hospitalier comme étant un service clini-que rattaché à la psychiatrie, il est très utile de sa-voir que la psychologie peut être au service de nom-breux autres départements cliniques. Mentionnons

rapidement en cardiologie les nouvelles stratégiesde comportement acquises par les patients après leurmaladie; en obstétrique le support post-partumd'adaptation au nouvel enfant; en oncologie lapsychothérapie de support visant tant à élucider lestrès grandes charges émotives liées à la maladie qu'àmobiliser le patient soit vers le retour à la santé ouà l'acceptation de sa transition; en chirurgie les in-terventions concernant une meilleure utilisation del'anxiété du patient; en neurologie et en physiatriele contrôle de la douleur par rétroaction biologiqueou par hypnose etc. Bien d'autres champs d'appli-cation s'avèrent possibles. Il existe en psychologie,tout comme en médecine, des approches mécani-ques, ou fragmentées de la personne. Pour le pro-pos de cet article, je vais m'attarder à l'un seul deces courants, soit les approches holistiques. Rete-nons certains aspects importants des stratégiespsychologiques holistiques:1. Les dimensions mentales, émotives et souventla dimension spirituelle sont considérées commeétant des aspects dynamiques impliqués dans la santéet la maladie.2. Tous les individus diffèrent l'un de l'autre quantà leur perception d'eux-même et d'autrui. En cela,chaque personne construit sa propre réalité (Glas-ser, 1981; Leduc, 1983).3. La maladie peut être considérée comme une ten-tative infructueuse de la personne de réorienter oude réorganiser ses perceptions, ses valeurs, ses prio-rités et ses mécanismes de contrôle de sa vie.4. La psychologie d'une personne est étroitementliée à son vécu intérieur et elle se manifeste dansl'ensemble de ses comportements. Par des psycho-technologies appuyées sur une très bonne connais-sance des processus de changement, il est possiblede rétablir la santé et le mieux-être de la personne.Ces psychotechnologies sont, entre autres, la mo-dification de comportement, l'acquisition de nou-velles stratégies cognitives, la relation humaine em-pathique, l'hypnose, le biofeedback, la résolutionde problèmes, l'expression des émotions et du vécu,la clarification des valeurs, la recherche du sens pro-fond, etc.

5. Un courant de pensée nouveau est mis de l'avantdepuis une vingtaine d'années, sous le nom de thé-rapie transpersonnelle (Roussel et Leduc, 1984).En un mot, c'est une psychologie qui accueille lesexpériences reconnues par la parapsychologie et la

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spiritualité comme étant un vécu normal, souventessentiel à la personne qui les vit. Elle puise auxsources du mysticisme chrétien, de la pensée orien-tale (yoga, zen, bouddhisme), des recherchespsychiques et spirituelles (Cari Jung, William Ja-mes, Allan Watts) ainsi qu'aux travaux scientifiquesportant sur les phénomènes psychiques. C'est doncune vision élargie et spiritualisée de l'humain (Le-duc, 1982).

LA VALEUR DE CES APPROCHES

Ce grand tour d'horizon a permis de mettre enlumière une variété impressionnante de stratégiesthérapeutiques associées à la médecine douce, ho-listique ou alternative. Comment maintenant s'y re-trouver quant à leur valeur scientifique, au contrô-le qualitatif de leur efficacité et à leurs aspectslégaux?

1. Leur valeur scientifiqueJe ne suis pas personnellement à l'aise lorsqu'on

stipule, par un argument d'autorité, que seule la re-cherche scientifique orthodoxe est valable pour ju-ger de la qualité ou de l'efficacité d'une stratégiethérapeutique et cela pour plusieurs raisons:1. Pour être scientifique selon les postulats de lascience institutionnelle, il faut avoir une idéologiemoniste matérialiste qui concorde avec l'édificescientifique des connaissances. À moins d'une ré-volution culturelle importante, ce type de scienceest très mal placé jusqu'à maintenant pour appré-cier plusieurs des phénomènes essentiels à la mé-decine douce, alternative ou holistique à savoir:

a) la qualité de l'expérience subjective entre lethérapeute et le patient;

b) l'établissement de diagnostic par des métho-des dites soit subjectives, soit énergétiques, soit glo-bales;

c) l'analyse simultanée des facteurs qui ont tou-jours été analysés à la pièce et de façon isolée, maisqui s'avèrent interreliés et interagissants, tels le cli-mat, l'environnement naturel, l'environnement cul-turel, la qualité de vie, le jeu des pressions socia-les, la perception de la réalité, l'influence du mentalet du psychologique sur notre organisme et son in-verse, à savoir l'influence des jeux énergétiques surnotre organisme et sur notre vie psychique;

d) l'efficacité de traitements qui utilisent avec

leurs logiques propres des niveaux immatériels etdifficilement cernables comme ceux de l'intuition,des états de conscience, des émotions, de la recher-che spirituelle et, physiologiquement, de l'utilisa-tion de champs bio-énergétiques ou d'interventionssur les réseaux énergétiques du corps humain.

À mon avis, c'est un défi immense d'adopter ladémarche scientifique institutionnelle à ces réalitéscliniques et de concevoir ces réalités cliniques se-lon une méthodologie d'investigation appropriée.

2. Leur valeur de véritéJe suis plutôt porté à rechercher un autre sens à

la question usuelle, à savoir «Quelle est sa valeurscientifique?» En ce sens, je me demande «Quelleest la valeur de vérité de ces approches?» Pour cefaire, je suggère l'approche suivante:1. Établir une observation rigoureuse des faits, destechniques employées, des diagnostics posés et destraitements utilisés.

• Si le symptôme ou la maladie disparaît ou siencore des signes vitaux indiquent un retour à lasanté, il y a là selon moi un premier niveau de vé-racité.

• Si au contraire, rien ne se passe, je peux met-tre en doute, après une période de temps raisonna-ble, l'efficacité de ce type d'intervention et ques-tionner sa vérité.2. Prendre connaissance des théories de la straté-gie investiguée, vérifier sa cohérence interne et savalidité externe, s'informer des preuves expérimen-tales accumulées et les vérifier si possible et, sur-tout, savoir reconnaître leurs limites pour s'empê-cher ainsi de généraliser à outrance.

3. Vérifier les valeurs prônées par ces théories etse demander à quel point ces théories expliquent lespratiques ou les techniques utilisées.4. Vérifier la compétence réelle du thérapeute. Oùa-t-il étudié? Avec qui? Applique-t-il un code d'éthi-que et de déontologie? Reconnaît-il des limites à sonapproche et réfère-t-il les patients à d'autres théra-peutes lorsque nécessaire? Le diagnostic formulécorrespond-il de façon raisonnable à la situationréelle du patient et les stratégies thérapeutiques uti-lisées ont-elles l'efficacité thérapeutique qu'il a an-noncée?

Voilà autant de préoccupations que j 'ai quant àla valeur de vérité de ces stratégies. Elles comman-dent à mon avis une attitude de consommateur aver-

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ti, une ouverture d'esprit et une attitude initiale derespect.

Quant aux aspects de reconnaissance légale ouprofessionnelle, nous devons admettre les forces etles faiblesses de notre système réglementaire actuel.Si un thérapeute est membre d'une corporation pro-fessionnelle, nous avons tout au moins l'assurancedu contrôle des compétences. S'il ne l'est pas, c'estplus problématique et il faut s'en remettre aux loisdu marché, à savoir: que pensent ses collègues delui, et a-t-il des clients qui peuvent témoigner sin-cèrement de l'efficacité ou de l'incompétence du-dit intervenant?

Quoiqu'il est fortement souhaitable que la métho-de expérimentale scientifique puisse en arriver à éta-blir la valeur scientifique des médecines douces,alternatives et holistiques, nous sommes culturel-lement dans une position telle que nous devons nousappuyer sur les autres formes d'investigation queje viens de mentionner.

À mon avis, lorsqu'il s'agit de nouvelles techni-ques, il est aussi important de se renseigner surcelles-ci, ses auteurs, sa théorie, ses preuves, etc.que sur ceux qui les pratiquent. C'est ainsi que nouspourrons distinguer entre l'expert, le thérapeute rai-sonnablement compétent, l'amateur à la petite se-maine ou le charlatan.

L'APPLICATION DANS LES CENTRESHOSPITALIERS

II m'est particulièrement ardu de pouvoir vousprésenter une perspective opérationnelle de l'inté-gration des médecines douces, alternatives et ho-listiques dans un centre hospitalier, tant sont nom-breux les paliers de décision et les personnes im-pliquées dans un tel processus. Malgré cela, je mepermets d'indiquer quelques pistes qui pourraients'avérer fructueuses.

Regardons d'abord le contexte d'ensemble, queje résumerais par trois grandes variables: les besoinsde la population, l'organisation législative et régle-mentaire et la compétence des professionnels im-pliqués.

Les besoins de la populationJe vous étonnerai peut-être en vous disant que

j'ignore quels sont les besoins réels de la popula-tion ainsi que leurs ordres de grandeur. À moins

de disposer d'outils très bien faits d'enquête et desondage et à moins de pouvoir déceler tous les jeuxde propagande qui visent justement à manipulerl'opinion publique en faveur de tel ou tel besoin,je suis incapable de parler adéquatement de ces be-soins. Je vous parlerai donc de ce que je perçoiscomme étant des nouveaux besoins et je vous lais-se le soin de les relativiser ou de découvrir leur vé-racité parmi la population de votre territoire.

Par extrapolation, je peux affirmer qu'il y a unecertaine osmose entre la médecine officielle et unebonne partie de la population. Comme je le men-tionnais, tous ceux qui croient que leur corps n'estqu'une machine, dont il faut soit enlever ou répa-rer les pièces qui font défaut ou soit prendre desmédicaments pour enrayer des maladies précises,peuvent trouver auprès de leurs médecins généra-listes ou spécialistes des interlocuteurs compétentsà vouloir régler leurs problèmes de santé. Dansbeaucoup de cas, cela s'avère pour ces personnesune médecine efficace, précieuse et utile.

D ne faut pas oublier un fait fondamental: un hô-pital a affaire avec la maladie. Or, la maladie sur-git dans nos vies la plupart du temps soit de façoninsidieuse et difficilement saisissable, soit de façonbrutale et accidentelle. Dans les deux cas, la per-sonne qui se percevait en santé ou qui tolérait as-sez bien ses petits travers réalise qu'elle a perdu sacapacité de contrôler sa propre vie et de se mainte-nir en santé. Très souvent, vous pouvez remarquerdes phénomènes et des comportements d'impuissan-ce, d'anxiété, d'ignorance quant au futur, d'orgueilblessé ou de désespoir très apparent. Dans tous lescas, il y a souffrance vécue et la personne deman-de alors d'être soulagée et d'être guérie.

Le personnel hospitalier est donc en contact avecde la maladie, de la souffrance, de l'impuissance,et même de la désespérance, de l'horreur et de l'ab-surdité. Son mandat social consiste à répondre à cesbesoins. Il faut donc de la part de tout le personnelclinique une réelle volonté humanitaire qui lui tienneà coeur, au-delà des questions de salaire, de sécu-rité d'emploi, de prestige social. Je pense qu'en seconsidérant simplement comme employés d'une ins-titution, il est très difficile à ce titre de demeurersensible à la douleur, à la souffrance et à toutes lesémotions qui y sont associées. Pour imager ce queje veux dire, je citerai un de mes amis qui me di-sait: «La mort n'est pas la tragédie ultime de la vie.

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La tragédie ultime est la dépersonnalisation. C'estmourir dans un environnement stérile et étranger,coupé de la nourriture spirituelle qui provient dela capacité d'être en contact avec des personnes ai-mantes».

Je pense donc qu'un besoin extrêmement impor-tant de la population consiste à recevoir des soinshumanisés, personnalisés et ayant du sens pour sapropre vie. Je crois aussi que des soins humaniséssignifient des soins qui répondent aux besoins or-ganiques, mentaux, émotifs et spirituels des pa-tients. Je constate aussi que des dizaines de milliersde québécois sont maintenant beaucoup mieux in-formés qu'ils ne l'étaient et qu'ils tiennent à êtreassociés et à être impliqués dans leur propre pro-cessus de guérison. S'ils ne trouvent pas réponseà leur pathos, à leur souffrance profonde dans lesystème officiel de santé, ils vont alors consulterdes ressources alternatives. Sans pouvoir avancerdes chiffres, je suis porté à croire que ce phénomè-ne social est très important, même si ces personnesdoivent payer de leur poche en plus de payer leursimpôts assurant la couverture des soins.

L'organisation législative et réglementaireLa Loi 27 et sa réglementation ont permis une

nouvelle autonomie aux établissements quant à l'éla-boration de leurs priorités et de leur organisation.Dans ce contexte, il vous appartient tous commeprofessionnels de faire valoir aux instances admi-nistratives et décisionnelles pertinentes votre souciet votre volonté d'améliorer la situation des mala-des et de favoriser leur retour à la santé. Dans cecontexte, je pense que le toucher thérapeutique,l'homéopathie, l'ostéopathie, l'acupuncture, l'au-riculothérapie bénéficient tous d'une validité clini-que suffisante pour pouvoir être intégrés dans lesservices professionnels offerts. Je ne crois pas quedes non-professionnels puissent en arriver à courtterme à offrir leurs services dans le réseau de san-té. Cela dit, nous devons cependant saluer avec es-poir le mouvement récent qui vise à faire reconnaî-tre les sages femmes. Je crois plutôt que lesmédecines douces pourront être offertes lorsque lespréoccupations de l'ensemble du personnel dans lessoins apportés aux malades généreront un souci suf-fisant pour qu'elles soient accessibles de façon com-plémentaire à la médecine officielle.

Dans cette recherche d'implantation de la méde-

cine douce, alternative ou holistique dans un cen-tre hospitalier, il peut être facile de maintenir le statuquo en succombant aux orthodoxies professionnel-les, ou aux poids des conventions collectives, ouaux lenteurs bureaucratiques ou aux restrictions éco-nomiques. Ces lourdes contraintes existent, mais ilne faut pas qu'elles paralysent nos esprits et qu'el-les modèlent abusivement nos comportements. Ilfaut avoir de la volonté, du courage et beaucoup decoeur pour changer sa propre mentalité et ensuitecelle de nos services. Il va falloir développer unnouveau langage administratif et professionnel pourfaire comprendre la profondeur de cet engagementhumanitaire et je crois que cela est possible.

La compétence des professionnels impliquésTout ce que j 'ai mentionné dans ce texte risque

probablement d'avoir heurté vos oreilles ou d'avoirbousculé vos connaissances. Cela à mon avis estparfaitement normal, car nous sommes pour la plu-part des personnes formées à être compétentes se-lon l'orthodoxie des connaissances institutionnali-sées. Il n'est pas à propos de vous parler de monpropre cheminement, sinon pour vous dire que j 'aieu à confronter plusieurs idées reçues qui me sem-blaient incomplètes et partiales et à constater queles services professionnels que je rendrais pourraientêtre beaucoup plus efficaces si je pouvais avoir ac-cès à une vision plus complète de la vie, de la santéet de la maladie.

Par cela, je veux vous dire que le système de santédans l'hôpital changera dans la mesure où chacunde vous, comme professionnel de la santé ou com-me bénéficiaire, demandera des services de santéplus respectueux de la totalité de l'être humain.C'est alors que, comme professionnels, vous irezapprendre, vous former et être compétent dans l'of-fre de nouveaux services selon cette nouvelle phi-losophie. C'est alors aussi que les bénéficiaires quile voudront et qui le pourront s'engageront totale-ment dans leur combat contre la maladie et dans leurprocessus de retrouver leur santé. Il s'agit en effetde voir le patient comme un être humain dans saglobalité et de l'aider à vaincre la souffrance aveclaquelle il est aux prises. Vous comprenez bienqu'ici je ne pense pas seulement aux médicamentsqui étouffent la douleur et égarent l'esprit sans vé-ritablement changer la nature du mal!

Dans une telle perspective, beaucoup de médeci-

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nés douces, alternatives et holistiques ont un largecaractère préventif qu'il faudra savoir utiliser. J'enprends pour preuve le vieil adage chinois qui ditqu'on paie son médecin pour qu'il nous garde ensanté et que c'est le médecin qui nous paie lorsqu'onest malade!

D'ici là, je pense que notre système de santé doitcontinuer de fonctionner et qu'il faudra peut-êtrepasser plusieurs lunes, sinon quelques années, avantque l'ensemble de mes propos ne retrouvent des ré-sonnances dans la réalité quotidienne des servicescliniques offerts dans l'hôpital. Il n'en demeure pasmoins qu'à défaut d'être une alternative, la méde-cine douce peut vraiment pénétrer ce milieu com-me étant un des services complémentaires à la mé-decine officielle.

Votre hôpital vient de passer allègrement le capde son centenaire. Je me plais à penser que lors desactivités de célébration de votre deuxième centenaireen l'an 2084, mes propos de ce soir apparaîtrontalors désuets!

NOTES1. Cet article reproduit presqu'intégralement le texte de la con-

férence publique donnée par l'auteur dans le cadre des acti-vités du Centenaire de l'Hôpital de Chicoutimi. Le lecteurvoudra bien considérer que ce texte s'adresse en quelquesendroits de façon plus particulière au personnel des centreshospitaliers.

2. American Holistic Medical Association, 6932 Little RiverTurnpike, Annandale, Virginia 22003, U.S.A..

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SUMMARYOfficial médecine, as we know it now, is about one hundred

and fifty years old. By the same token, the origins of the realtraditional médecine are lost in far away times. More than a cen-tury ago, we have seen doctors trained in a university settinginvolved in serious power games of allopathic orientation so thatrestrictive laws would sanction their control and their near totalmonopoly in the dispensation of health-care. It is therefore nor-mal to be surprised at the emergence of other types of médecinewhich also appear effective in the treatment of disease and inthe preservation of health. First of all, certain key words needto be clarified: «soft médecine», «traditional médecine», «holisticmédecine», «official medicine». There are seven main ideasbehind the holistic approach and five therapeutic currents link-ed to it: Chinese energetics, homeopathy, osteopathy, energeticstrategies and psychological strategies. Beyond the basic data,some guidance is provided as to their scientific value and validity.Finally, the application of these «new médecines» in the hospitalsis reviewed, taking into account the needs of the population, legaland legislative aspects and the competence of the professionnalsinvolved.