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Dossier LES JEÛNES DOSSIER RÉALISÉ PAR KARIN AUJAY A la veille des vacances, certains (et certaines) s'inter- rogent sur leur silhouette. Même si L'IMPATIENT ne suit pas les modes, il n'écarte aucune question. Ainsi, pages 22 à 25 vous apprendrez comment le jeûne peut être l'allié de votre taille... Mais aussi de votre santé : choles- térol, diabète, hypertension, acné, asthme, constipation... Au menu encore de ce dossier : - Un reportage sur la pratique du jeûne partiel par paliers (pages 20-21). - Les aspects émotionnels (page 26) et spirituels du jeûne (interviewpage 22). Nous vous proposons aussi à la carte : - La durée du jeûne (pages 25-26). - Les fiches pratiques sur son déroulement, les différents jeûnes (monodiète, jeûne hydrique, etc) et un choix de lieux (pages 28 à 32). Un menu «jeûne », finalement très complet ! L'IMPATIENT MAI 1997 N° 234 19

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Dossier

LES JEÛNES DOSSIER RÉALISÉ PAR KARIN AUJAY A la veille des vacances, certains (et certaines) s'inter­rogent sur leur silhouette. Même si L'IMPATIENT ne suit pas les modes, il n'écarte aucune question. Ainsi, pages 22 à 25 vous apprendrez comment le jeûne peut être l'allié de votre taille... Mais aussi de votre santé : choles­térol, diabète, hypertension, acné, asthme, constipation... Au menu encore de ce dossier : - Un reportage sur la pratique du jeûne partiel par paliers (pages 20-21). - Les aspects émotionnels (page 26) et spirituels du jeûne (interviewpage 22).

Nous vous proposons aussi à la carte : - La durée du jeûne (pages 25-26). - Les fiches pratiques sur son déroulement, les différents jeûnes (monodiète, jeûne hydrique, etc) et un choix de lieux (pages 28 à 32). Un menu «jeûne », finalement très complet !

L'IMPATIENT MAI 1997 N° 234 19

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UNE MAISON DE JEÛNES • REPORTAGE

Le centre « Nature et Vie », situé dans le Morbihan, propose un jeûne partiel qui s'effectue par paliers alimentaires.

Une ma ison s imp le à t ro is étages, située dans le villa­ge de P loemeur , près de Vannes. C'est ici que Dési­ré Mérien, hygiéniste, a instal-lé il y a vingt-trois ans son centre « Nature et vie » Au

premier : des chambres, une cuisi­ne ainsi qu'une pièce de lecture et de relaxation. La cuisine est à la dispo­sition de tous. Aliments végétaux et biologiques attendent au réfrigéra­teur. La pièce de détente donne sur un verger. Un téléviseur, sur une table des l ivres : « Les clefs de la nutri­tion », « L'hygiène vitale pour votre santé », œuvres de Désiré Mérien, des numéros de sa revue trimestrielle : « Nature et vie » où l 'on peut en apprendre plus long sur « Le lait, ami ou ennemi ? », « Jeûner pour grossir », « Préparer la naissance » . . . Une dizai­ne de matelas pour les séances de b io resp i ra t ion , technique d'hyper-venti lat ion.

En cette froide journée de février, deux personnes part icipent à la séance. El les inspirent puis expirent par la bouche, de façon très intensive et pendant un peu plus de vingt minutes. Ensuite, elles disposent d'une demi-

heure environ pour se détendre sur fond de musique relaxante. Les deux cur istes s 'endorment presque. « // s'agit-là d'une autre façon de se détoxi-neret d'évacuer des blocages émotion­nels. Les gens attendent souvent ce moment avec impatience », précise l 'hygiéniste. Le deux ième étage est également réservé aux curistes.

« Mes maux de tête s'estompent peu à peu »

Marie-Claire, jeune retraitée, est là depuis six jours, elle a opté pour le régime liquide avec fruits et légumes : « Je suis arrivée ici avec des maux de tête importants qui me font souffrir depuis presque quarante ans. Dès le premier jour, j'ai arrêté tous les médi­caments anti-migraine que je prenais régulièrement. J'ai eu alors des vomis­sements et j'ai pas mal "dégusté" pendant trois jours. Depuis, mon état s'améliore doucement. Je suis enco­re fébrile et fatiguée, mais mes maux de tête s'estompent peu à peu. » L'en­trée dans le jeûne est fonction des beso ins et du ry thme de c h a c u n . D. Mérien laisse les gens extrême­

ment l ibres. Cer ta ins lui reproche­ront peut-être ce qu' i ls ressentent comme un « abandon », d'autres, au contraire, lui sauront gré de ne pas trop intervenir dans leur « chemin ».

Première étape : le jeûne partiel

Le jeûne part iel (encadré page 21) prat iqué au centre s 'e f fec tue par paliers a l imenta i res. Comme dans tous les endro i ts que nous avons sélect ionnés (voir f iches pratiques pages 28 à 32), il est recommandé d'y « entrer » et d'en « sort ir » douce­ment. Dans un premier temps, les excitants sont éliminés, puis D. Mérien consei l le de suppr imer les l ip ides (graisses animales et végétales) et les amidons ( p â t i s s e r i e s , pâ tes , pommes de te r re . . . ) . Les cur is tes ne c o n s e r v e n t que les f ru i t s , les légumes crus et cuits et quelques protéines (œuf, noix, yaourt) . C 'est le régime cellulosique avec protéines. Ce dernier est poursuivi tant que les gens perdent du poids. « Quand le poids se stabilise, on peut supprimer les protéines pour que le processus de détoxination continue. Les pension­naires passent alors au régime cellu­losique qui comprend les fruits et les légumes entiers », précise D. Mérien. Enfin, ces derniers passent au stade non cellulosique en ne consommant plus que des jus détruits et de légumes (crus et cuits). « Les personnes les plus "mal en point" ne peuvent pas dépasser ce stade. Seules celles dont la vitalité est bonne pourront adop­ter le jeûne hydrique, que je préco­nise seulement pendant trois ou quatre jours. Tout en lui préférant de plus en plus, le régime non cellulosique, qui garantit un apport de minéraux plus important que l'eau seule ».

Des séances de bioanalyse La durée des séjours à « Nature et vie » varie d'une semaine à dix jours, en moyenne. Toutefois certains entre­prennent de longues cures : t ro is s e m a i n e s , vo i re p lus . A ins i J . L., 45 ans, atteint de spondylar thr i te anky losante , est là pour quarante

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Conditions Prix à la journée : 200 F. La biores­piration est en plus : 130 F (une heure environ) ainsi que la bioanalyse. Des réductions peuvent être accordées en fonction de la durée de la cure et des situations particulières. Le centre est ouvert toute l'année et peut accueil l ir environ vingt-cinq personnes.

jours. «J'ai déjà pratiqué cinq jeûnes, précise-t- i l . C'est la deuxième fois que je viens à "Nature et vie". En plus de la maladie qui me bloque tout le dos, je dois régler un certain nombre de conflits qui encombrent mon esprit. Après chaque cure, au fil des années, je constate que je n'obtiens pas des résultats spectaculaires, mais je vois que je vais dans le bon sens. » Dans cette optique psychosomat ique, D. Mérien propose des séances de bioana­lyse, technique qui permet de recher­cher les causes psychologiques qui engendrent l '« énervat ion », entraî­nant une insuffisance d'énergie vita­le. Sur ses conseils, les pensionnaires peuvent, une fois rentrés chez eux, adopter les « compatibi l i tés alimen­taires » : n'associer les glucides ou les protéines qu'avec les légumes, les l ipides qu 'avec les g lucides et consommer les fruits seu ls . Selon certains naturopathes, cette théorie est crit iquable, parce qu'entraînant des déséqui l ibres. On est donc libre de la suivre ou non.

Ne pas confondre avec Lourdes

L'association « Nature et vie », offre la possibilité de jeûner à toute person­ne bien portante ou malade si celle-ci sent qu'elle possède les ressources suf f isantes. « Je n'accepte pas les malades au dernier degré. Ma maison n'est pas médicale. D'ailleurs, vien­nent ici beaucoup de gens en bonne santé. A l'arrivée, je propose un "bilan" afin d'évaluer l'énergie vitale. Je véri­fie l'état des principaux organes excré­teurs : foie, reins, poumons et peau. Un blanc d'ceil jaune indique que le foie est fatigué, des petits vaisseaux rouges dans la sclérotique (le blanc de l'œil) que les reins sont fragilisés... Si ces organes, qui vont être parti­culièrement sollicités pendant la cure, montrent des signes de fragilité, il faudra être plus prudent. Grâce à la réflexologieje vérifie aussi l'état géné­

ral de la personne et je l'interroge sur ses maladies passées ou présentes ». Pendant la cure, les jeûneurs sont invités à noter leur poids, leur pouls, le régime précis qu' i ls suivent et à observer l 'aspect de leurs sel les, de leurs urines, de leur langue, l'état de leursommei l , leur vitalité, l 'odeurde leur haleine. Autant de points de repè­re pour une bonne conduite du jeûne. Le repos est la principale « activité » proposée, mais les cur istes ont la possibil i té de partir en balade, vers la mer qui se trouve à trente minutes à pied ou arpenter des sent iers de randonnée aménagés à leur intention. En guise de conclusion, laissons la parole au maître des lieux : « Les gens repartent en meilleure santé, mais attention, on ne doit pas venir ici comme on va à Lourdes ! »

Menus à la carte • Diète : régime alimentaire prescrit par le médecin limitant ou excluant certains aliments ou comprenant un apport enrichi de certains aliments (ex. diète protéinée).

Monodiète : diète qui consiste à n'absorber qu'un seul type d'ali­ment.

Jeûne partiel ou modifié : régime qui comprend certains aliments (fruits et légumes) et en exclut d'autres.

• Jeûne hydrique ou total : à l'eau. (Voir également les fiches pratiques pages 28 à 32).

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• RAISON DE SANTÉ

PLACE AUX JEÛNES Pourquoi jeûne-t-on ? Pour de multiples raisons, préventives ou curatives... Pour maigrir aussi.

Le jeûne est une thérapeutique ancienne. On l'a parfois appe­lé « médecine sans bistouri ». On peut j eûne r quand un ou plusieurs repas ont été trop abon­

dants, pour se sentir mieux. On peut aussi pratiquer, « chaque semaine, comme Gandhi, par mesure d'hygiè­ne générale, une journée de jeûne hydrique (à l'eau) et verbal (ne pas parler) », précise Yolande Buyse, natu-ropathe. La frugalité fait partie de la culture de divers peuples, tels les Hounzas, dans les montagnes de l'Hi­malaya, ou les Indiens de la Vallée des centenaires en Equateur. On jeûne encore pour se « détoxiquer ». Réduire son alimentation va permettre de limiter, voire de diminuer la quan­tité de toxines en circulation dans le corps, par exemple un surplus de choles­térol ou d'acide urique (attention ce dernier augmente en début de jeûne et ne s 'abaisse qu'après). Le jeûne d iminue éga lement la quant i té de toxiques : résidus de pesticides, d'en­grais, de métaux lourds, de nitrates, de conservateurs , de colorants ou même de médicaments. Une étude de l'INRA (Institut national de la recherche agronomique) révélait que, déjà en 1978, chaque Français absorbait en moyenne un kilo et demi de produits chimiques par an (médicaments non compris). De quoi s'alourdir !...

Des cristaux de cholestérol... à éliminer.

« Le but de cette thérapie élémentaire est d'éliminer les "surcharges de l'or­ganisme", provoquées par les désé­quilibres alimentaires, une mauvaise nutrition ou la surnutrition », précise le P r Henri Joyeux, cancérologue à la clinique du Val d'Aurelle (Montpellier). « Les Occidentaux absorbent deux, voire trois fois plus de nourriture qu'ils n'en ont besoin », remarque le Dr Chris­tian Tal Shaller. Le jeûne permet aussi de remédier à des maladies bénignes, en aidant le corps à lutter contre les bactéries et les v i rus. C 'es t connu, un orga­nisme qui souffre refuse générale­ment la nourriture. Ainsi les enfants et les animaux qui d'instinct rejettent la nourriture lorsqu'ils sont malades, en particulier en cas de fièvre. « C'esf par une aberration de l'accoutuman­ce, que la personne parfois réclame

Le rôle de l'alimentation dans certains cancers « Nous savons aujourd'hui que 30 % des cancers ont une origine alimentaire, certains avancent même le chiffre de 80 %», précise le D' Alain Bondil, prési­dent de l'Association médicale Kousmine internationale. Tous les médecins sérieux s'accordent aujourd'hui à reconnaître le rôle déterminant de l'ali­mentation dans la prévention des cancers. La possibilité de stopper la progres­sion de la maladie grâce à une alimentation équilibrée est également mise en avant. Le P r Henri Joyeux, cancérologue à la clinique du Val d'Aurelle (Mont­pellier), précise : « Certains de mes patients cancéreux ont déjà pratiqué des jeûnes. Je leur demande, moi, de modifier leurs mauvaises habitudes alimen­taires, de consommer moins de graisses animales, de sucre au bénéfice des fruits et des légumes. J'estime que le jeûne ne guérit pas le cancer, mais il a été démontré sur l'animal qu'il réduit les tumeurs. » K. A.

des aliments », remarque André Passe-becq, naturothérapeute. « Certains médecins préconisent avec succès, comme seul traitement, le jeûne hydrique (à l'eau) ou la diète (par exemple du bouillon de légumes) en cas de syndrome grippal ou d'otites », note Bénédicte Contamin, dans sa thèse de médec ine « Le jeûne en médecine » (1991). « S'alimenter pendant les périodes de troubles aigus conduit généralement à une recrudescence des symptômes et peut même compromettre le réta­blissement », souligne A. Passebecq. En cas de fièvre, courbatures, angines, oti tes, le repos et le jeûne à l 'eau, pendant deux ou trois jours, peuvent être particulièrement bénéfiques.

Contre le cholestérol et l'hypertension...

On peut aussi décider de jeûner pour diminuer l'hypercholestérolémie (éléva­tion du taux de cholestérol dans le sang), l 'hypertension, l 'hyperlipidé-mie (élévation du taux de lipides dans le sang) , le manque d 'exerc ice, le surmenage. On constate que le jeûne total ou modifié apporte une amélio­ration dans tous ces cas, à condition d 'être suivi sér ieusement , par un thérapeute spécial iste du jeûne, et que la reprise alimentaire soit progres­sive.

Le célèbre Dr Edward H. Dewey, auteur de « Le jeûne qui guérit » (1) , fut l'un des premiers à util iser le jeûne pour soigner les malades. Dès 1880, i l l 'employa avec succès dans les g r i p p e s , les t roub les d i g e s t i f s , la pneumon ie , la d iph té r ie , les infections à streptocoques ou sta­phylocoques, ou encore les rhuma­tismes ou l'épilepsie. Il prônait même simplement la suppression d'un repas par jour. Parmi les indications du jeûne figu­rent encore le tabag isme, l 'hyper-uricémie (ou goutte liée à l'élévation du taux d'acide urique dans le sang,), le diabète (de type II) et l 'obésité. Le diabète de type II se présente en

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Interview

Au-delà de 25 % du poids estimé normal, on se trouve avec un problème d'obésité.

général dans le cadre du « syndrome métabolique » (hypertension, obési­té abdomina le , hyper l ip idémie et hyperuricémie). Il est une indication de choix du jeûne. « Le traitement de cette maladie exige un suivi médi­cal et l'aide d'autres disciplines, telles qu 'exercice physique, thérapie compor­tementale et enseignement nutri-tionnel », p réc ise le D r Franço ise Wilhelmi de Toledo.

Une recette ancienne contre l'obésité

L'obésité est une augmentation ou un excès du t issu adipeux de l'or­ganisme accompagné d'un excédent de poids, plus de 25 % du poids esti­mé normal. Elle peut être traitée avec succès par des jeûnes répétés. Dès la fin du X I X e s iècle, de nombreuses études ont montré l ' intérêt d 'une restriction alimentaire par rapport à l 'obésité, en particulier avec le jeûne hydrique. La première étude moder­ne a été menée en 1959. Elle fait état de neuf patients qui ont suivi un jeûne d'une semaine et qui ont perdu en moyenne 8,4 kilos. Dans les années 60, d 'autres essa is ont suivi avec des jeûnes plus longs, jusqu 'à onze semaines, qui ont entraîné des pertes de 15,7 kilos.

Quelques cas de décès rapportés, après plus de trois mois de jeune, ont st igmatisé le jeûne hydrique (à

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« Une pause indispensable pour la vie spirituelle »

Françoise Wilhelmi de Toledo, médecin, est vice-présidente de l' « Association médicale jeûne et nutrition », composée de médecins, et coordinatrice des cliniques Buchinger à Uberlingen (Allemagne) et Marbella (Espagne).

L'IMPATIENT : Quel est le rôle de l'« Association médicale jeûne et nutrition » ?

Françoise Wilhelmi de Toledo : Notre associat ion travail le activement à la mise au point des c r i tè res de contrôle de qualité : recueil d'indi­cations sur la fréquence des jeûnes pratiqués, questionnaires envoyés aux patients après le jeûne, de façon à connaître l 'évolution de leur état de santé. Nos thèmes de recherche principaux sont la démonstration de l'innocuité du jeûne, l'évaluation de l 'amélioration de la qualité de vie par sa pratique et les médecines naturelles qui l 'accompagnent. L'associat ion centralise toute l'in­formation scientifique ou empirique sur le jeûne. Nous organisons égale­ment des congrès, dont nous publions les « abstracts ». Enfin, nous dispen­sons des cours de formation pour médecins et nous sommes en contact

Françoise Wilhelmi de Toledo.

avec divers mouvements non médi­caux, te ls que « La marche de la paix » ou des groupes de jeûne non-thérapeut ique comme « Jeûne et randonnée » (voir f iches pratiques pages 28 à 32).

Que pensez-vous de la pratique du jeûne face au cancer ?

Ma pratique à la clinique m'a montré qu'un jeûne modifié « de transition » peut être bénéfique pour les patients cancéreux, sur une courte durée, de trois jours à une semaine, grâce à la pause du système immunitai­re qu'i l entraîne. Nous préconisons ensui te l 'a l imentat ion Kousmine, et conjointement, nous recherchons tous les foyers infectieux qui affai­b l i ssent la personne, nous nous interrogeons sur son hygiène de vie, son nombre d'heures de sommeil . . . Enf in nous é t a b l i s s o n s un bi lan psychique.

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C\\

Et pour la séropositivité ?

Peu de cas de jeûnes thérapeu­tiques sont connus chez des séro­posit i fs. Il n'y a pas de raison a priori de commencer par une tech­nique si radicale chez des immu-no-déprimés. A plus forte raison, bien entendu, si la vitalité de la personne es t t rès en tamée . D'autres méthodes, telle Kous-mine me semble plus appropriées. Néanmoins, pour des gens ayant corrigé leur al imentation, adop­té un style de vie sain et capables d 'autod isc ip l ine, des pér iodes brèves de jeûne ne sont pas à exclure. Dans ce cas, elles doivent se pratiquer en clinique et sous contrôle médical.

Pourquoi accorde-t-on au jeûne si peu de crédit ? Devant tous ces effets posit i fs, on ne peut en e f fe t qu 'ê t re perplexe, surtout dans nos socié-

Un antidote à notre société

de consom­mation.

tés de consommation, qui, plus que toute au t re , en aura ient besoin. Le jeûne régulièrement répété supprimerait bien des maux et des médicaments et offrirait la pause indispensable pour la vie spirituelle, si négligée aujour­d 'hui . Une des explications est la peur, la peur de l ' inconnu, du manque. Et pourtant cette peur est injustifiée si le jeûne est bien conduit et supervisé. L'idéal est que le jeûne soit guidé par un ou plusieurs thérapeutes bien formés. De cette façon, il pourrait repré­senter une des dernières aven­tures du X X e s iècle, une sorte de « néoascèse » (nouvelle ascèse) thérapeutique et régénératrice. •

Adresse de l'association : Wilhelm-Beck-Strasse 27, 88662 Überlingen. Allemagne. Tél. : (00 49) 75 51 807 805. Un congrès aura lieu sur les thèmes : « Contrôle de la qualité du jeûne thérapeutique et des médecines naturelles » et « Jeûne et nutrition en rhumatologie » les 26 et 27 avril à Überlingen.

RAISON DE SANTE l 'eau) comme dangereux, à cause, pensa-t-on, d'une dénutrition protéi-nique trop importante. C 'est pour­quo i , dès 1966-1967, la d iè te protéinée a souvent été préférée par certains médecins, notamment par le P r Apfelbaum (France). Pour ces pa t ien ts o b è s e s , qui p résen ten t souvent des troubles du cœur asso­ciés, une survei l lance médicale est de rigueur.

En cas d'allergies, d'asthme,

de migraines...

Le jeûne peut améliorer une santé dé f i c i en te . Ses ind ica t ions sont nombreuses . Les af fect ions de la peau : a l l e r g i e s , acné , e c z é m a , (d'ailleurs le jeûne embellit la peau) ; les affections des voies respiratoires :

asthme bronchique (le médecin russe Kokosov, à Saint-Pétersbourg, a publié de nombreux art icles sur les succès du jeûne dans cette maladie), sinu­site et bronchi te chroniques ; les maladies cardiovasculaires : artério­sclérose, troubles de la circulation veineuse et ar tér ie l le , ulcère vari­queux, migraine, glaucome. Le jeûne possède également la facul­té d'améliorer les affections du systè­me digestif : const ipat ion, troubles hépath iques , co l i tes . . . La sphère d igest ive est en effet la première bénéficiaire des effets curatifs d'un jeûne. « La mise au repos du tube digestif et la vidange intestinale entraî­nent la modification de la flore intes­tinale. Cette dernière pourra être par la suite reformée et améliorée par une réalimentation et une alimenta­tion post-jeûne plus saines. De plus, en cessant d'ingérer de la nourritu-

Jeûner pour maigrir On peut jeûner pour maigrir. Mais les effets ne seront durables que si la reprise alimentaire progres­sive et équilibrée comporte des aliments de bonne qualité, et accorde une large place aux végétaux. Sinon, les kilos en trop auront vite fait de réappa­raître. « J'étais ravie, j'avais perdu neuf kilos en dix-sept jours de jeûne partiel, raconte Sophie. J'ai réussi à maintenir ce nouveau poids pendant plusieurs mois, ensuite les habitudes anciennes sont revenues et j'ai repris mes kilos envolés. Je me suis promis à l'avenir de me tenir à certains principes alimentaires. » Elémen­taire mon cher Watson ! Le poids perdu varie d'une person­ne à l'autre. On observe qu'en général les hommes en perdent plus que les femmes : pour deux semaines, en moyenne 10,2 kilos pour les premiers et 7,7 pour les secondes. Pourquoi ? Sans doute

parce que les hommes « pèsent plus et donc ont plus à perdre, mais aussi parce qu'ils possèdent un métabolisme plus "actif" », précise Nicole Boudreau, biologiste, auteur de « Jeûner pour sa santé » (1). Plus l'on avance en âge, plus la perte de poids est lente, car le métabolisme se ralentit. Enfin, cette perte de poids est « plus marquée chez les personnes très fatiguées et intoxiquées, parce que les réactions de détoxicatlon intenses qui se dérou­lent alors demandent beaucoup d'énergie. Ces personnes brûlent énormé­ment de calories pour nettoyer leur organisme », observe N. Boudreau. (1) Éd. Le Jour.

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re, le corps est soulagé d'un impor­tant front d'invasion de toxines. Au lieu de s'affairer à leur neutralisa­tion, le système immunitaire peut s'attaquer aux déchets déjà emma­gasinés dans les tissus ou se consa­crer à d'autres tâches telle la lutte contre les maladies », précise F. W. de Toledo. « J'ai pratiqué un jeûne partiel pendant onze jours. J'ai ainsi, de façon spectaculaire, amélioré mon état digestif qui était plutôt dégradé, depuis plusieurs années. Pendant trois mois, je me suis sentie comme neuve, je n'ai plus ressenti aucun trouble », témoigne Emma.

Pour enrayer les phénomènes inflammatoires

Le jeûne « corr ige » également les affections ostéo-articulaires, tels les r huma t i smes a r t i c u l a i r e s , les arthroses ou les affections dégéné-ratives de la colonne vertébrale. Au dépar t , les indicat ions proposées par les cliniques de jeûne allemandes, dont la tradit ion remonte au début du s ièc le, étaient précisément les malad ies in f lammato i res et chro­niques : celles des voies digestives et celles des articulations, tout parti­culièrement la polyarthrite. « Le jeûne peut diminuer les phéno­mènes inflammatoires », remarque B. Contamin . En 1984, une étude américaine montre que 43 patients atteints d 'une polyarthr i te rhuma-toïde et soumis à un jeûne hydrique de six à sept jours ont amélioré tous les paramètres de la maladie : temps de douleur, gonflement art iculaire, fo rce de la po ignée de ma in . . . Un groupe de chercheurs d 'Oslo ont montré l'amélioration de cas de poly­arthrite avec un jeûne modifié (dans la revue médicale The Lancet (2) . Ce jeûne d'une durée de sept à dix j o u r s , compo r ta i t un iquement des jus et des bouillons de légumes, pour un total de 190 à 300 calories par jour. Ces amél iorat ions ont pu être maintenues avec un régime végé-talien (à base uniquement de végé­taux ) pendant t ro is mois puis végétarien et ce pendant une à deux années. •

(1) Ed. Le Courrier du livre. (2) The Lancet 338, 1991.

DUREE

LE TEMPS DU JEÛNE Jeûner une journée, une semaine, quinze, vingt, voire quarante jours ? Les effets du jeûne varient en fonction de sa durée.

'une façon généra le, plus la durée du jeûne est importan-

Dte, plus grande est la détoxi-cation, surtout s' i l s 'agit d'un jeûne hydrique (à l 'eau). Mais

il faut savoir que la durée du jeûne, au-delà de quatre j ou rs , ex ige un cadre approprié ou la présence d'un personnel compétent. Choisir de jeûner en sautant un seul repas ou bien une à deux fois par semaine relève d'une saine préven­tion. La détoxication ne sera pas très profonde, « mais le système diges­tif sera mis au repos, ainsi que le système nerveux, si le jeûne se dérou­le dans le calme », précise Nicole Boudreau. Des études sur des souris ont montré qu'un jour de jeûne par semaine augmente leur durée de vie de 33 % ! L' important est toujours de maîtriser l 'après cure. I l ex is te autant de j eûnes que de personnes. Les données suivantes ne sont donc fournies que de façon indicative.

- Le jeûne de sept jours est couram­ment pratiqué. Les phénomènes d'éli­minat ion les plus i n tenses se produisent pendant les trois-quatre premiers jours. « A chaque jeûne, les trois premiers jours sont les plus difficiles, relate Christian, je me sens surtout fatigué. Je suis aussi submer­gé par des sensations contradictoires, parfois je me sens euphorique, parfois triste. Je dois m'adapter à ce chan­gement. » Même court, le jeûne entraî­ne des améliorations intéressantes. Selon Désiré Mér ien, une cure de cette durée favorise l'élimination des tox ines si tuées dans le sang et la lymphe. Selon Nicole Boudreau : « Les reins se nettoient, le système diges­

tif se désengorge, les voies respira­toires se décrassent. » Il s 'ensuit en général de nombreux phénomènes d'élimination propres au jeûne: langue chargée, haleine amère... Les réac­tions du jeûneur sont proportionnelles au degré d' intoxication de ses diffé­rents organes. Sept jours représente la durée idéa­le pour « autolyser » (annihiler) les infections bactériennes et virales de type grippe, otite, etc.

- Le jeûne de quinze jours. « En deuxiè­me semaine de jeûne, le corps est le plus souvent débarrassé de ses toxines et de ses infections. Ce sont alors les tissus secondaires de l'or­ganisme : muscles, ossature, peau qui se détoxinent. Les dommages chroniques, tels fibromes, kystes, arthrite, affections de la peau, sinu­site chronique se réparent », selon N. Boudreau. En fonct ion de l 'an­cienneté de la maladie et de la vita­lité de la personne, l'amélioration de l'état de santé sera toutefois plus ou moins long. Pour D. Mér ien, la deuxième et la t ro is ième semaine régénèrent également le foie et les reins. suite p. 26 >

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DUREE

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- Le jeûne de vingt jours et au-delà. « Les jeûnes longs permettent à l'or­ganisme de corriger les déséquilibres internes causés par la toxémie. Ainsi ceux qui souffrent d'hypertension, ont le cœur et les reins fatigués. Les personnes arthritiques montrent une acidité du tube digestif », relève N. Boudreau. En trois semaines, tout le corps se détoxique. En quatr ième semaine, précise D. Mérien : « C'est l'harmonisation des fonctions de l'organisme, puisque les organes sont solidaires entre eux, tels le foie et le rein, par exemple. La régénération de l'un entraîne donc celle de l'autre. » Ce jeûne s'adres­se aux personnes les plus « intoxi­quées ». Il faut rappeler ici que le Christ jeûna quarante jours pour se mettre à l 'épreuve. On peut lire dans l 'Evangi le : « Après quarante jours

Mieux vaut commencer

par des jeûnes courts afin

d'apprendre à en maîtriser

toutes les subtilités.

et quarante nuits, il eut faim ! » La limite physiologique du jeûne, pour un individu de poids normal, est située à 40 jours , pour un jeûne se dérou­lant sans s t ress . Les grèves de la faim ne peuvent aller au-delà de 35 à 40 jours, sans effets graves. En guise de conclusion : « Mieux vaut commencer par des jeûnes courts afin d'apprendre à en maîtriser toutes les subtilités », comme le précise le D r C. Tal Schaller. De plus, en fonc­tion de votre état de santé, optez pour la solitude ou la présence d'une instan­ce médicale. Plus la cure est longue, plus elle présente de risques. C'est pourquoi, pour un jeûne hydrique long, il est nécessaire d'évaluer sa vitali­té (afin d'éviter un affaibl issement trop important) et si poss ib le ses réserves minérales et vitaminiques. •

(1) Auteur de « Jeûner pour sa santé », éd. Le Jour.

PHYSIOLOGIE

LE JEÛNE ACCENTUE LES ÉMOTIONS

Le jeûne permet une plus grande disponibilité et une réceptivité accrue

au monde environnant.

Les combustibles du corps humain sont le glucose et les graisses. Les cellules du système nerveux central (SNC), fonctionnent avec du glucose. Pendant le premier

jour de jeûne, c'est-à-dire pendant 24 heures, le glycogène hépathique et musculaire est mobilisé pour alimen­ter les cel lules. Ensuite, les acides gras vont commence r à se rv i r de combustible. « Toutefois, pendant les deux premières semaines de jeûne et surtout dans les tout premiers jours, le SNC éprouve quelque diffi­culté à passer de la combustion du glucose à celle de la graisse. Les cellules du SNC obtiendront alors leur glucose en transformant une certai­ne quantité de protéines. Cette mobi­lisation des protéines ira en décroissant au fur et à mesure que le SNC s'habituera à brûler les

graisses », explique le D r Françoise Wi lhe lmi de To ledo . « La perte en protéines est donc plus importante au début. Elle diminue pour atteindre un plateau relativement stable vers le 14e jour de jeûne. Au bout de quin­ze jours, 90 % de l'énergie provient du tissu adipeux », précisent les méde­cins de l 'Associat ion médicale jeûne et nutrition (voir page 23).

La perte en protéines : un bienfait pour le cœur ?

Le jeûne est fréquemment critiqué à cause de cette perte en protéines. Comme nous venons de le dire, elle est en soi modeste et s 'abaisse au fur et à mesure. En se basant sur des jeûnes très longs imposés autrefois aux grands obèses (jusqu'à 250 jours), certains médecins considèrent que

L'ascèse au fil des temps A toutes les époques, d'un bout à l'autre du monde, on a jeûné. Sept cents ans avant J . - C , à Delphes, la pythie, prêtresse d'Apollon, jeûne 24 heures avant de consulter l'oracle. On retrouve la même démarche en Egypte chez les initiés des mystères d'Isis et d'Osiris ou encore en Chine chez les taoïstes chinois. En 500 av J . - C , Hippocrate, le père de la médecine occidentale, théorise sur le jeûne en son école de Cos (Grèce). Il en restera la célèbre sentence : « Quand le corps est chargé d'humeurs, faites-lui supporter la faim car le jeûne purifie le corps. » Dans l'église primitive (155-220), le jeûne est indissociable de la prière et de la recherche de Dieu. Au I I I e siècle, le théologien Tertullien, lui attribue une valeur singulière : « Une chair plus légère ressuscitera plus vite... » Dans l'Égli­se d'Orient, Saint-Athanase, évêque d'Alexandrie ( I V e siècle) écrit : « Le jeûne sanctifie le corps et transporte l'homme sur le trône de Dieu. » On pour­rait en citer bien d'autres... Dans la tradition juive, le jeûne accompagne la prière et, en purifiant le corps, la renforce. Le Talmud précise : « Quiconque prie sans être exaucé doit se mettre au jeûne. » L'Eglise catholique demande à ses fidèles de jeuner deux jours par an : le mercre­di des Cendres, correspondant au début du Carême et le Vendredi saint. Dans l'Islam, le 9e mois lunaire correspond au jeûne du Ramadan. Enfin, l'hindouis­me est certainement la religion où le jeûne tient la plus grande place. J.-C. M.

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Le jeûne permet une plus grande réceptivité au monde environnant.

cette perte protéique peut être dange­reuse. D'autres médecins, comme le D r F. W. de Toledo, ne constatant pas d'effets négatifs si le jeûne est prati­qué selon les règles de l'art et sous contrôle médical, estiment que « pour une durée de deux à quatre semaines de jeûne, la perte protéique ne repré­sente pas de danger. Ensuite il faut savoir que la musculature peut perdre un peu de protéines, sans que sa contractibilité et sa capacité de fonc­tionnement soient entamées ». De plus, comme l'ont observé les méde­cins de l 'Associat ion médicale jeûne et nutrition : « Cette consommation des protéines a même un effet théra­peutique notamment dans le traite­ment des maladies chroniques, telles qu'allergies, et inflammatoires, telles que la polyarthrite. Par ailleurs, le jeûne soulage le travail du muscle cardiaque et exerce une influence bénéfique sur l'insuffisance cardiaque et les troubles du rythme du cœur. » On peut enfin ajouter que : « La fonte musculaire participe aux mécanismes de désintoxication et à la régénéra­tion tissulaire », comme le précise le D r Michel Duverney-Guichard dans sa thèse de médecine (A propos d'un jeûne volontaire de 42 jours, 1986). Attention toutefois à une trop grande perte en protéines. Il peut être inté­ressant d'évaluer ses réserves, selon les cas , au-delà de deux , t ro is semaines dé jeune, grâce à un bilan azoté et, si besoin, de s'accorder une supplémentat ion. « Théoriquement, le jeûne peut se poursuivre tant que

la masse adipeuse le permet, excep­té chez les grands obèses qui auront, dans certains cas, épuisé leurs réserves protéiques, vitaminiques et minérales avant », précise le Dr F. W. de Toledo. Enfin, on peut aussi limi­ter la fonte de ses muscles (et donc économiser des protéines) en entre­tenant sa musculature, par l 'exerci­ce physique quot id ien pendant le jeûne et après celui-ci : une demi-heure de marche au grand air et une demi-heure d 'exercices au sol sont recommandés si l 'état physique le permet.

Un bienfait pour le tube digestif

« Avec le jeûne hydrique, au-delà de quinze jours, on ne sait pas si des carences existent ou pas, mais on sait que, pendant le temps de la cure, l'organisme réclame moins de vita­mines et de minéraux », précise le

D r M . Duverney-Guichard. De plus, si l'on a choisi de faire un jeûne hydrique à l'eau minérale, on absorbe des sels minéraux. Mais on peut également util iser de l'eau plate ou de l'eau de source. Si on est carence au départ, on risque de l'être aussi à l 'arr ivée. Avec un jeûne modifié, le risque est moindre, dans la mesure où les végétaux appor­tent des nutr iments. Pratiquer des bi lans sangu ins permet d 'éva luer d'éventuels manques. Il est essen­tiel de survei l ler le déroulement de la cure. Une trop grande fatigue peut expr imer une carence ou une sub­carence. Toutefois le jeûne peut être utile car il nettoie le tube digestif qui, dans certains cas, assimile mal ou partiel lement. La thèse réalisée par le D r M . Duverney-Guichard révèle même une élévation de la zincémie (taux de zinc dans le sang) chez le jeûneur étudié. Ce qui avait déjà été démontré par une autre étude, en 1984, auprès de cinq personnes ayant jeûné quatre jours.

Une légèreté de vivre Parmi les réactions psychologiques entraînées, on observe une constan­te : le jeûne accentue les émotions. Les différents récits et témoignages des jeûneurs relatent une plus gran­de disponibilité ainsi qu'une plus gran­de réceptivité au monde environnant. L'éveil des sens est décuplé : on voit mieux, on a la faculté de sentir des odeurs, les goûts prennent une saveur nouvelle, on entend des sons jusque-là imperceptibles. « Quand le corps jeûne, c'est l'âme qui a faim », préci­sait Otto Buchinger, le fondateur du jeûne portant son nom. C'est donc le moment idéal pour lire, rêver, prati­quer un art, s 'adonner à la créativi­té ou d ia loguer avec les au t res . « Pendant mon jeûne, je me suis initiée à l'aquarelle, raconte Denise, je me sentais dans une grande disponibili­té et beaucoup plus sûre de moi qu 'à l'accoutumée, j'en ai profité, je me suis découvert un talent caché. » De plus, le jeûne entraîne une réduction du temps de sommei l , on cherchera donc à « employer » au mieux ce temps « retrouvé ». Attention, dans la mesu­re où le jeûne provoque une accen­tuation des émotions, si votre tendance est à la peine, vous verrez sans doute de la tristesse ou des conflits anciens resurgir ou une dépression apparaître. A l ' inverse, si la joie vous habite, ce moment sera propice à de beaux émer­vei l lements. •

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Fiches pratiques

LE DÉROULEMENT DU JEÛNE

CONSEILS PRÉLIMINAIRES

• Dans sa pratique tradition­nelle, le jeûne se déroule en groupe. Il est indispensable d'être accompagné lors d'un jeûne quelle que soit sa durée et tout particulièrement s'il s'agit d'une première expé­rience. Toute personne prenant des médicaments ou souffrant d'une maladie chronique devra avoir un suivi thérapeutique (dans l'idéal avec un méde­cin ayant l'expérience dujeûne thérapeutique).

Jeûner à plusieurs est stimu­lant. « Nous avons décidé de nous retrouver à quatre dans ma maison de campagne pour y entreprendre une cure de rai­sin pendant quatre jours. Tous les aliments qui auraient pu nous tenter ont été supprimés. Nous avons établi un emploi du temps précis : yoga et re­laxation le matin, balade et vélo l'après-midi. De cette façon, notre attention était cap­tée par autre chose que par la nourriture. Auparavant, nous avions tenté l'expérience sans rien organiser... Nous avons craqué au bout d'une journée et demie », raconte Arielle. » Le choix du cadre est es­sentiel, plus il sera agréable, éloigné du quotidien, propice à la détente, plus vous aurez des chances de réussir.

• Choisissez le bon moment : en hiver, comme les animaux qui hibernent (ours, mar­mottes...) et qui se nourris­sent de leurs réserves, ou bien selon une autre théorie, et si vous êtes frileux, au printemps, « Lorsque la longueur des jours augmente, le surplus de lu­mière stimule toutes nos fonc­tions nerveuses et glan­dulaires », précise Nicole Boudreau, biologiste.

• Le jeûne favorise le retour

sur soi, il doit être un moment de calme. Il est difficile de mener d'autres activités, travailler ou avoir en charge ses enfants. Il est nécessaire de faire confian­ce à ce que l'on sent. Dans la mesure où « le système inter­ne est ralenti, tout demande plus de temps », précise le Dr Hellmut Lützner. Prudence donc si l'on doit conduire, par exemple.

• Si vous choisissez un lieu de cure, un critère pour repérer un endroit sérieux : que l'on ne vous laisse pas repartir sans vous avoir donné un certain nombre de conseils sur la façon saine de vous nourrir après le jeûne.

CONTRE-INDICATIONS • Une vitalité trop entamée est une contre-indication au jeûne. A l'inverse quand elle est bonne, il favorise la santé. Dans certains cas extrêmes, il peut aggraver la maladie, c'est donc un outil à « manier » avec précaution. Des personnes cancéreuses, trop affaiblies, ont précipité leur mort en jeû­nant. On ne doit pas jeûner au-delà du troisième mois de gros­sesse, ni pendant l'allaitement (le jeûne par contre permet d'arrêter sans problème la pro­duction du lait). Il est déconseillé d'entreprendre un jeûne en cas de : • Dépression, ou maladie men­tale dans la mesure où le jeûne, accentue les émotions, réac­tive parfois des phases dé­pressives ou tout au moins un certain bouleversement. • Vieillesse, là encore si la force vitale est trop affaiblie. Lejeûne partiel, voire les mo­nodiètes sont plus adaptés. • Maigreur, si elle est extrê­me. Mais à l'inverse, elle peut

être une indication car le jeûne « rénove la fonction d'assimi­lation qui peut être perturbée chez des personnes trop mai­gres », précise D. Mérien (voir pages 20 et 21). Et attention à ne pas descendre en des­sous d'un poids de « réserve ». • Problèmes cardiaques dans les cas où le cœur est trop af­faibli pour supporter un afflux de toxines. • Cancer ou séropositivité, lorsque la personne ne possè­de pas l'énergie vitale suffi­sante.

LES DURÉES DE TRANSITION IDÉALES Deux phases de transition sont indispensables. Avant un jeûne total ou partiel, voire une mo­nodiète (voir encadré page 21), il est important d'alléger son alimentation, de même qu'il faudra recommencer à manger progressivement. Trois jours avant et après représentent une bonne moyenne, mais dans l'idéal « La durée des transi­tions devrait être égale à la durée totale du jeûne ou du régime », précise J.-Marie Her-tay, responsable du Centre Har­monie vitale. Si l'on pratique un jeûne hydrique (à l'eau) pen­dant une journée, on respec­tera un jour de transition avant et après. Il en sera de même pour deux jours, etc.

QUE MANGER PENDANT LES JOURS

DE TRANSITION ? On commencera par supprimer ce qui est superflu pour l'or­ganisme, en particulier le café, le thé, le cacao, le tabac et l'al­cool. Ensuite, les lipides, puis les protéines et les glucides, en même temps et dans les mêmes proportions. On sup­primera tout d'abord les pro­téines d'origine animale (viandes), ainsi que les fro­mages, les sucres dits rapides : pâtisseries, confitures... On éliminera ensuite les sucres dits lents : féculents, légumi­

neuses. On ne gardera pour ces journées de transition que les fruits et les légumes en­tiers, puis lesjus de légumes. Une cuillerée de graines de lin facilitera la transition, car : « Ces graines fixent les toxines et les impuretés intestinales », précise le Dr H. Lûtzner. Les lé­gumes seront encore à l'hon­neur pour la reprise alimen­taire. Certains thérapeutes ou hygiénistes préconisent éga­lement les fruits, d'autres pas, car ils estiment que ces der­niers entraînent la production d'acétone (substance issue d'une mauvaise dégradation des lipides) et fragilisent la mu­queuse intestinale. Pendant le jeûne, l'organisme ne pro­duit plus de sucs digestifs. Respecter une reprise lente va lui permettre de redémarrer cette production de façon pro­gressive.

QUAND ARRÊTER LEJEÛNE

Si l'on a pas d'obligation de date, et que l'on peut donc suivre le rythme de son corps, la langue et l'haleine sont deux bons indicateurs, elles per­mettent : « de contrôler la né­cessité d'un jeûne, son effi­cacité et sa durée. Lorsqu 'une personne après deux jours de jeûne voit sa langue se couvrir d'un épais vernis blanchâtre, elle peut estimer que la cure s'impose d'autant plus que le vernis est épais et que l'ha­leine est fétide », relève B. Contamin, dans sa thèse « Le jeûne en médecine » (1991). « Le jeûne doit être ar­rêté lorsque l'haleine redevient fraîche et la langue propre », affirmait Paul Carton, méde­cin naturiste, dans son « Trai­té de médecine et d'hygiène naturiste ». Attention toutefois, on peut avoir épuisé ses ca­pacités à jeûner avant que la langue soit redevenue propre. Un autre critère intervient pour repérer le moment où il est né­cessaire d'arrêter : « Lorsque la faim physiologique revient (à différencier de la faim

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psychologique). Il s'agit d'une sensation d'euphorie associée à des picotements dans l'ar­rière-gorge indiquant la né­cessité de stopper le jeûne », remarque B. Contamin.

UN SUIVI MÉDICAL INDISPENSABLE

Herbert Shelton, hygiéniste, physiologiste, qui a mené le jeûne sur la voie du modernisme (il a supervisé 60 000 jeûnes au tout début du vingtième siècle) estimait que l'on doit interrompre toute prise médi­

camenteuse. C'est excessif, mais d'une façon générale, on peut envisager de restreindre la prise médicamenteuse, sur recommandation de son mé­decin. « J'ai vu un jeûneur qui n'a pas voulu arrêter la prise de ses anticoagulants être vic­time d'une hémorragie intra-oculaire, raconte André Pas-sebecq, naturothérapeute, // faut savoir que les légumes et les fruits sont des anticoa­gulants naturels », Le jeûne possède donc en soi un effet anticoagulant.

Tout jeûneur prenant aupara­

vant des médicaments doit être suivi médicalement afin d'adap­ter le cas échéant les dosages. « // est nécessaire d'arrêter ou de diminuer les antidiabétiques oraux, de diminuer les anti-hy-pertenseurs, parce que le jeûne en soi abaisse la tension, sinon le jeûneur pourrait tomber en hypotension », précise le Dr F. Wilhelmi de Toledo. La prise de la pilule contracepti-v e doit être maintenue ( l e j e û n e renforce la fertilité).

(1) Auteur de : « Le jeûne ». Éd. Le Courrier du livre.

SOINS ACCOMPAGNATEURS

Pour aider la détoxication, l'hy­drothérapie (bains, douches...) est particulièrement bienvenue ainsi que les exercices phy­siques. A la clinique Buchinger (Uberlingen, Allemagne), cer­tains patients adoptent la thé­rapie Kneipp, qui utilise l'eau à différentes températures et à différentes pressions. Pen­dant le jeûne, la pression ar­térielle s'abaisse, les fonctions du corps se ralentissent. Les hygiénistes pensent que le repos total est la meilleure façon de

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Fiches pratiques détruire ses toxines. D'autres thérapeutes estiment qu'il est bon, au contraire, de stimuler le corps. « Si les gens sont af­faiblis ou amaigris, il est im­portant d'adapter la quantité d'exercices. L'exercice, est, par contre, tout à fait adapté dans les maladies métabo­liques : obésité, diabète de type II, hyperlipidémie, hyperten­sion... », remarque le Dr F. W. de Toledo. Le yoga, la gym­nastique douce, la marche à pied, le vélo sont recomman­dés. Les massages, qui acti­vent le métabolisme vont eux aussi dans le sens de la dé-toxication. Des compresses sur la région hépatique, par exem­ple, pour stimuler l'action de filtrage du foie, sont utiles. Cer­tains lieux, comme les cliniques Buchinger, pratiquent les la­vements afin que rien ne stag­ne dans le gros intestin, et que l'eau du lavement entraîne une stimulation réflexe des parois intestinales, ce qui parfait la dêtoxication. Lejeûne est éga­lement propice à la méditation qui apporte le calme mental nécessaire à une bonne condui­te de la cure.

A lire. « Jeûner pour sa santé », N. Boudreau. Éd. Le jour.

« Comment revivre par le jeûne », D< H. Lùtzner. Éd. Terre vivante.

« Initiation à la santé inté­grale », A. Passebecq et Y. Buyse. Éd. Naturazur, 06620 Gréolières.

« Le Jeûne », H. M. Shel-ton. Éd. Le Courrier du livre.

« Le Jeûne qui guérit », Dr E. H. Dewey. Éd. Le Courrier du livre.

« Jeûne et santé », D. Mé­rien. Éd. Nature et vie.

« Le corps est son propre médecin ». Éd. G. Lacoste, 87170 Isle. Tél. : 05 55 05 04 84.

QUELS JEUNES CHOISIR ?

Du jeûne à l'eau au jeûne partiel (modifié) en passant par les monodiètes, la panoplie est large. A vos papilles !

• Jeûne hydrique. Ce jeûne, à l'eau, est pour la majorité des gens le plus difficile à supporter physiquement et psycho­logiquement. En revanche, d'autres personnes trouvent que manger très peu s'avère plus ardu que de ne pas man­ger du tout. « Pendant le jeûne hydrique, je me sentais vrai­ment bien, léger. Quand j'ai re­pris une alimentation à base

de crudités, légumes et fruits, je digérais moins bien, je me sentais moins en forme », témoigne Paul. Lejeûne à l'eau est celui qui entraîne les mo­difications physiologiques les plus rapides et les plus pro­fondes. Il peut s'ensuivre un plus grand nombre de phéno­mènes douloureux, que l'on nomme crises d'élimination. Cette dernière étant plus mas­sive, la mobilisation de pro­téines est aussi plus élevée. L'Association médicale jeûne et nutrition, composée de mé­decins spécialistes du jeûne

ne recommande pas le jeûne à l'eau. Elle favorise le jeûne Buchinger (pratiqué dans les établissements du même nom), accompagné d'exercices phy­siques, d'hygiène intestinale et conduit dans un contexte clinique. Cependant, certaines études ont rapporté qu'un jeûne hy­drique avec bouillon de légumes pendant sept à dix jours suivi d'une alimentation végétalienne puis végétarienne améliorait significativement les douleurs et la mobilité articulaire chez les personnes atteintes de po-

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lyarthrite rhumatoïde (Réf : Kjeldsen-Kragh G, Haugen et al, Controlled trial of fasting and one year vegetarian diet in rhumatoid arthritis, The Lan-cet, 1991, 338: 899-902). At­tention à l'appauvrissement éventuel en vitamines et mi­néraux au-delà de quinzejours.

• Jeûne partiel ou modifié. Un jeûne partiel ou modifié consis­te à n'absorber que certains aliments, en général en des­sous de 500 calories parjour. On consomme des jus de fruits et de légumes, des bouillons de légumes et un peu de miel. Dans cette catégorie, entre no­tamment le «jeûne Buchinger ». Ce jeûne prévient et améliore un certain nombre de maladies chroniques (voir pages 22 à 24). On peut être plus actif qu'avec un jeûne à l'eau, car le jus de fruit, et plus encore le miel apportent du glucose, carburant habituel de l'orga­nisme. Certaines écoles de jeûne ont parfois ajouté d'autres ingrédients, tels que protéines sous forme de fromage blanc ou bien des petits pains sè­ches avec du lait. Avec le jeûne partiel, la détoxication sera plus lente.

• Monodiètes. Elles consis­tent à ne manger qu'un seul aliment, pendant une période donnée. On peut jeter son dé­volu sur les fraises, les pommes, les pastèques, le rai­sin... Un conseil : si vous les absorbez sous forme solide, « Mastiquez-les bien afin de permettre une assimilation maximum et tromper, la faim si elle existe », conseille André Passebecq, naturothérapeute. Johanna Brandt, dans son ou­vrage La cure de raisin » té­moigne des bienfaits de ce fruit, après guérison d'un can­cer de l'estomac. Une enquê­te effectuée, en 1990, par le mensuel « Les Quatre Saisons du jardinage » (1) auprès de 500 lecteurs de leur revue et de L'IMPATIENT, ayant suivi une cure de raisin, a fait état de multiples améliorations de leur état physique. A noter qu'au-

cun n'était atteint de maladie grave. Parmi les « bienfaits » observés : baisse de la fatigue (90 % des cas), de la consti­pation (70 %), de la nervosité et de l'irritabilité (70 %), amé­lioration des problèmes de peau (80 %) et de divers autres pe­tits maux... Seulement 10 % des curistes n'ont constaté au­cune amélioration. Le raisin doit être bien mûr pour une aci­dité moindre, caractéristique valable pour tous les fruits. Les monodiètes peuvent permettre plus d'activité que le jeûne hy­drique, car les fruits apportent de l'énergie. Outre la monoto­nie que l'on peut éventuelle­ment ressentir à ne manger

Voici une sélection de lieux, où vous pouvez pratiquer le jeûne, qu'il soit total ou partiel, ainsi qu'éventuellement des mono­diètes. Ceux où la rédaction est allée sont précédés d'un astérisque.

• Centre Harmonie vitale Créé par J.-Marie Hertay, conseiller-hygiéniste et psy­chothérapeute, ce centre exis­te depuis quatorze ans. Il n'a aucun lien avec l'association « Vital Harmony ». Entouré de forêts, il se situe dans un ha­meau, le long d'une rivière, entre Brive et Cahors, en Cor-rèze. « Nous proposons des jeûnes avec jus de fruits, bouillons de légumes, ou eau, suivant les réactions du jeû­neur, précise J.-M. Hertay. Je privilégie souvent une formule intermédiaire à un jeûne total, car quelquefois, les gens ont pris une décision mentale très précise et l'organisme ne suit pas... Nous n'accueillons pas les personnes ayant des pro­blèmes de santé importants, car nous proposons plutôt un jeûne de bien-être, pour un net­toyage intérieur. Nous deman­dons au curiste d'apporter un certificat médical précisant qu 'il

qu'un seul type d'aliment, cer­tains, comme Désiré Mérien, estime que : « Ces cures ne respectent pas bien l'équilibre acido-basique (équilibre des acides et des alcalins dans le corps). C'est pourquoi je pré­fère donner deux tiers légumes, un tiers fruits. » André Passe­becq précise : « Les cures de fruits ne sont pas bien adap­tées aux grands nerveux, aux très maigres, aux lymphatiques, elles le sont davantage pour les gens obèses, les personnes florissantes ».

(1) A travers son centre « Terre vivante » a organisé de nom­breux « stages » de jeunes.

est en état de jeûner. Il est éga­lement bénéfique qu 'il s'y pré­pare deux mois avant, en com­mençant à réduire son alimentation, les protéines ani­males en particulier. » Le centre propose encore des cures de raisin (qualité bio) en septembre. Outre les «jeûnes », massages et soutien psychothérapeutique sont au programme. Des sé­jours à thèmes seront pro­chainement mis en place : re­laxation, balades... De 120 à 200 F par jour (par personne). Forfait par semai­ne avec activités : 1 800 à 2 250 F.

Lavaur Haute, Gagnac-sur-Cère, 46130 Bretenoux. Tél. : 05 65 33 85 83. Ouvert de mars à octobre.

• La Châbrerie Cet établissement, répertorié comme maison de repos et de convalescence, existe depuis vingt-huit ans. Jeûnes total et partiel ( l e j e û n e Buchinger) y sont proposés. Massages, ap­plication d'argile (en cas de rhu­matismes ou d'arthrose), bains bouillonnants, lavements sont également prodigués. Possibi­lité de promenades ressour­çantes. La durée du jeûne dé­

pend de l'état de santé du pen­sionnaire, elle peut aller de trois à quinze jours, voire plus. « Nous recevons des personnes bien portantes et des malades, sauf contre-indications médicales : trop grande fatigue, dépres­sion, maladies évolutives en phase aiguë... Avant le jeûne, nous effectuons un bilan de santé classique », précise le responsable médical de l'éta­blissement. Le lieu, un bâti­ment du XVI e siècle, est situé dans un parc, au cœur du Pé-rigord. A éviter : se précipiter sur une tranche de fois gras au sortir du jeûne ! Journée séjour : 203 F (chambre à deux) à 320 F (chambre individuelle). 24460 Château-L'Evêque. Tél. : 05 53 46 34 91. Ouvert toute l'année.

• L'Espérance Ce lieu existe depuis vingt-trois ans. « J'oriente de plus en plus les gens vers des jeûnes courts, avec une reprise d'alimenta­tion très progressive. Je pro­pose aussi fréquemment des cures de raisin. Je déconseille le jeûne en fonction des contre-indications habituelles, mala­dies dégénératives en phase aiguë, maladies contagieuses ou mentales... », précise le di­recteur Jacques Deretz, natu-ropathe et diplômé Heilprakti-ker (praticien de santé). Durée moyenne des cures : deux à trois semaines. J. Deretz effectue un bilan de santé par iridologie, qui permet notam­ment d'évaluer les réserves mi­nérales, l'état du système ner­veux, celui des organes excréteurs... Massages, aro-mathérapie, bol d'air Jacquier, application d'argile, shiatsu et balades complètent la cure. 230 F (une personne) à 350 F (deux personnes) la journée. Avec les presta­tions : 4 000 F la semaine. Le centre est situé au som­met d'une colline cernée par les bois. Barennac-Sionac, 19120 Beaulieu-sur-Dor-dogne. Tél. : 05 55 91 08 54. Ouvert toute l'année, ex­cepté certains jours fériés.

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OÙ ALLER ?

L'IMPATIENT » MAI 1997 •

Page 14: LES JEÛNESjeune-et-randonnee.com/Impatient_1997.pdf · 2010. 3. 8. · LES JEÛNES. DOSSIER RÉALISÉ PAR KARIN AUJAY. A la veille des vacances, certains (et certaines) s'inter rogent

Fiches pratiques • Jeûne et randonnée Voici une association, existant depuis douze ans, qui allie le jeûne et la randonnée. « Le mou­vement, de préférence doux et lent, est le compagnon idéal du jeûne », précise le responsable et guide des randonnées Chris-toph Michl. Il s'agit d'un jeûne avec eau nature ou citronnée, des tisanes, des bouillons de légumes, et des jus de fruits ou de légumes. Il s'effectue au cours des promenades dans toute l'Europe (Allemagne, Fran­ce, Italie, Grèce...). Sa durée varie de une à deux semaines. « Nous marchons environ cinq heures par jour, précise Nico­le Doutre, une curiste, les deux premiers jours sont les plus éprouvants (comme très sou­vent lors d'un jeûne), mais après on se sent vraiment très en forme ». L'association propo­se de jeûner à toute personne qui ne souffre d'aucun problè­me sérieux de santé. Le gîte peut varier d'un jour à l'autre, ou d'une semaine à l'autre. Pis­cine, sauna et méditation, dans certains cas, font partie des activités.

Prix indicatif : pour neuf jours : environ 1 640 F (sans le transport). Contact : C. Michl, Im Hagelgrund 2, D. 67659 Kalserslautern. Randonnées toute l'année.

Gertrud et Gisbert Bôlling, for­més par C. Michl, sur le prin­cipe de « Jeûne et randonnée » proposent également des cures. Seule différence : le gîte s'ef­fectue dans une ferme située sur la montagne d'Angèle dans la Drôme. Dessin, chant... sont possibles. La semaine : 1 900 F. Léoux, 26510 Villeperdrix. Tél. : 04 75 2 7 41 58. Ouvert toute l'année. Contact avec Nicole Doutre : 01 42 06 35 89.

*• Vie et action On ne présente plus « Vie et ac­tion » aux lecteurs de L'IMPA­TIENT (voir n° 232). « Nous sug­gérons aux curistes d'alléger leur menu plusieurs jours avant le jeûne à l'eau, que nous pré­conisons pendant trois jours

seulement », précise André Pas-sebecq, naturothérapeute. Dans cette première phase, les cru­dités sont à l'honneur. « Pen­dant le jeûne total, je conseille souvent d'absorber des hy-drolats (eau chargée par dis­tillation de principes végétaux volatils) de thym (un antisep­tique), ou de romarin. Certaines personnes viennent aussi pour pratiquer des monodiètes. «Bien portants et malades sont les bienvenus, mais attention nous ne guérissons pas, prévient A. Passebecq, nous enseignons les règles de la santé et les gens restent en contact avec leur médecin. » Prix : environ 250 Fia jour­née tout compris. Le Roc Fleuri, 06620 Gréolières. Tél. : 04 93 59 98 99. Cures pendant les stages d'été, de printemps et d'automne.

Centres situés à l'étranger

• Centre de santé La Corbière Ouvert depuis environ un an, ce centre de santé promeut une meilleure qualité de la vie, à travers deux approches thé­rapeutiques complémentaires : l'homéopathie et la diététique, selon la doctoresse Kousmine. Le lieu, situé sur une falaise qui domine les rives du lac de Neuchâtel (Suisse), est agréé

par l'Association médicale Kous­mine Internationale. Bien por­tants et malades sont accep­tés. Quatre médecins, tous généralistes homéopathes, spé­cialistes de la méthode Kous­mine pratiquent un bilan mé­dical, si besoin est. Lejeûne est suivi par une personne for­mée à la clinique Buchinger. Sa durée est de dix jours. Lave­ments et hydrothérapie du côlon sont au programme. Outre le jeûne, proprement dit, le centre propose diverses activités : re­laxation, promenades, cause­ries sur la diététique et soutien psychologique. Prix : 3 500 FF, pour dix jours. Réductions possibles pour les membres de l'Asso­ciation Médicale Kousmine ainsi que pour les lecteurs de L'IMPATIENT. La Corbière, 1470 Estavayer le Lac. Tél. : (00) 41 26 664 84 00.

* • Clinique Buchinger (Uberl ingen Al lemagne) Nous avions présenté la cli­nique Buchinger (Uberlingen) lors d'un reportage dans le nu­méro 174 de L'IMPATIENT (épui­sé). A son origine : le Dr Otto Buchinger, atteint d'une poly­arthrite, qui guérit grâce à un jeûne de trois semaines. En 1950, il fonde cette clinique, aujourd'hui de réputation in­ternationale et une méthode de jeûne thérapeutique com­posé de jus détruits, bouillons

de légumes, tisanes et miel. A ce jour, la clinique a reçu plus de 100 000 curistes. Sur place : un suivi médical très pointu par une équipe de médecins gé­néralistes qualifiés (notamment formés aux médecines natu­relles et à la psychothérapie), des kinésithérapeutes, des nu­trit ionnistes, des psycho­logues... Lavements intesti­naux tous les deux jours, possibilité d'hydrothérapie du côlon. Nombreuses activités sportives et culturelles. De 890 Fàl 500 F la jour­née. (Réduction pendant la période creuse). Wilhelm-Beck Strasse 27. 88662 Uberlingen. Allemagne.

Tél. : 00 49 75 51 80 70. Ouvert toute l'année. Jeûne Buchinger, également en Espagne, méthode Buchinger suivie comme à Uberlingen par une équipe interdisciplinaire. : Clinica Buchinger Marbella, APD068, 29600 Marbella/Malaga. Espagne. Tél. :(34) 52 77 27 00

En bref • Domaine de Faujas Ce lieu, récemment ouvert, sous la houlette de Tal Schal-ler, médecin, propose des jeûnes avec fruits et eau. « Nous prenons les gens qui se sen­tent capables de jeûner», pré­cise T. Schaller. 300 F la journée. 26770 Taulignan. Tél. : 04 75 53 60 05. Possibilité de jeûnes toute l'année, selon disponibilité, et cures organisées à Pâques et à l'automne.

* • Shalimar First Avenue, Frinton-on-Sea, Essex. Co 139 E7. Angleterre.

• Casa de Reposo Los Ma-dronos Dra Almudena Moreno. Julio Fernandez, 12594 Oropesa Del Mar. Castellon. Espagne. Tél. : (964) 76 01 51. Maison de cure hygiéniste.

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