les infractions au 00 re is

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ROYAUME DE SERBIE LES INFRACTIONS AUX LOIS iT mmmn m u mm COMMISES PAR LES ENNEMIS DE LA SERBIE DEPUIS LA RETRAITE SERBE DE 1915 RÉSUIWÉ DE L'ENQUÊTE EXÉCUTÉE SUR LE FRONT DE MACÉDOINE R. A. R E I SS PARIS LIBRAIRIE BERNARD GRASSET 61, HUE DES SA.INTS-PÈRES, 61 1918

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  • ROYAUME DE SERBIE

    LES INFRACTIONSAUX

    LOIS iTmmmn m ummCOMMISES

    PAR LES ENNEMIS DE LA SERBIEDEPUIS LA RETRAITE SERBE DE 1915

    RSUIW DE L'ENQUTE EXCUTE SUR LE FRONT DE MACDOINE

    R. A. R E I S S

    PARISLIBRAIRIE BERNARD GRASSET

    61, HUE DES SA.INTS-PRES, 61

    1918

  • oc

    LES INFRACTIONS AUX LOIS

    &

    CONVENTIONS DE LA GUERRE

    COMMISES PAR LES ENNEMIS DE LA SERBIE

    DEPUIS LA RETRAITE SERBE DE 1913

  • ROYAUME DE SERBIE

    LES INFRACTIONS

    AUX LOIS & CONVENTIONS

    DE LA GUERRECOMMISES PAR LES ENNEMIS DE LA SERBIE

    DEPUIS LA RETRAITE SERBEDE 1915

    RSUM DE L'ENQUTE EXCUTE SUR LE FRONT DE MACDOINE

    PAR

    R. A. REISSDocteur es Sciences, Professeur l'Universit de Lausanne (Suisse)

    PARISLIBRAIRIE BERNARD GRASSET

    61, RIE DES Saints-Pres, 61

    1918

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    littp://www.archive.org/details/lesinfractionsauOOreis

  • LES INFRACTIONS AUX LOIS^ &

    CONVENTIONS DE LA GUERRECOMMISES PAR LES ENNEMIS DE LA SERBIE

    DEPUIS LA RETRAITE SERBE DE 1915

    J'avais t charg par le gouvernement serbe, enautomne 1914, d'tudier sur place les atrocits commisespar l'es Austro-Hongrois lors de leur premire invasionen Serbie, en aot et septembre 1914. Le rapport que j'aidress de mes constatations fut publi par le gouverne-

    ment en langue anglaise, sous le titre : Austro-Hun-garian Atrocities Report . Ce rapport est suffisammentconnu et je ne reviendrai pas sur son contenu.

    Le prsent travail est un rsum de l'enqute quej'ai mene, aprs invitation du mme gouvernement,sur le front macdono-serbe depuis septembre 1916,c'est--dire peu prs depuis la reprise des hostilits

    par l'arme serbe reconstitue Corfou et Saloniqueaprs la douloureuse retraite d'Albanie. Pour pouvoirme rendre compte de la faon d'agir des ennemis desSerbes, j'ai suivi l'arme du vieux roi Pierre pendantles combats et je suis entr avec elle dans les villageset la ville dlivrs par la bravoure des soldats serbes etde leurs allis.

    J'ai interrog immdiatement les quelques habitantsqui n'ont pas voulu abandonner leurs pauvres demeuresmalgr le danger de mort qu'il y avait pour eux.

    Ainsi, j'ai pu connatre la vrit sans qu'elle ait tdforme par l'excitation de gens qui causent de leursmalheurs entre eux. D'autre part, j'ai vit aussi de cette

    5

    2049536

  • faon, au moins partiellement, les rticences qui, dansune longue guerre comme celle que nous subissons,

    sont invitables par le fait que les habitants, ne connais-

    sant pas encore le vainqueur dfinitif, ne veulent pas semettre mal avec celui qui vient d'tre chass et qui peutrevenir. Les Macdoniens, ayant subi de longs siclesd'oppression, sont tout spcialement enclins aux rti-cences. Comme j'ai pu les interroger aussitt aprs leurlibration d'un joug qu'ils ont trouv insupportable, ilsse sont dpartis de leur ancienne habitude de prudenceextrme et ils ont racont franchement ce qui s'taitpass. Cependant tous mes tmoins n'ont pas spontan-ment cont ce qu'ils ont souffert. Leurs dpositions, pleinesd'omissions voulues, ont t compltes par d'autrestmoins, moins prudents ou moins peureux. Confrontsavec ces derniers, ils ont bien t forcs d'avouer qu'ils

    avaient oubli de rapporter ces faits.

    11 ne faut pas ngliger non plus le fait que la grandemajorit de mes tmoins taient des paysans et que lespaysans de tous les pays sont connus pour leur prudencedans leurs dpositions devant les autorits, prudence qui estsouvent pousse jusqu' la cachotterie. Est-il tonnant alorsque les paysans macdoniens, qui ont encore beaucoupplus de raisons d'tre sur leurs gardes que les autres,

    n'aient pas toujours dit tout ce qui pouvait les compro-mettre aux yeux des Bulgares, de la dfaite dfinitive des-

    quels ils ne sont pas encore certains?

    Il est possible que je n'aie pas toujours pu savoir toutela vrit, prcisment par suite de la peur qu'ont les gensde se compromettre vis--vis d'un ennemi qui peut reveniret redevenir le matre du pays. Les Macdoniens sontpays pour savoir ce qu'il en cote d'avoir t l'ami desadversaires des Bulgares! Toutefois, j'ai cherch viterdans la mesure du possible cet inconvnient en interro-geant sparment autant de tmoins que j'en trouvais.La comparaison des dpositions et, en cas de besoin, laconfrontation des tmoins m'ont fourni la -possibilit d'ta-blir l'exactitude des renseignements obtenus. D'ailleurs, la

    peur mme qu'ont les paysans de se compromettre aux

    - 6

  • yeux des Bulgares est un garant que les renseignementsfournis peuvent tre au-dessous de la ralit mais ne sontsrement pas exagrs.Chaque fois que cela tait possible, j'ai contrl par une

    inspection sur les lieux les faits avancs par mes tmoins.J ai ainsi vrifi personnellement des traces de pillage, desmarques provoques par les mauvais traitements sur lescorps des victimes, la prsence des tombes des mas-sacrs, etc.

    Lorsque je le pouvais, je n'ai jamais manqu d'interrogeraussi les habitants connus par leur attachement la causebulgare lors de la domination turque ou pendant le rgimeserbe. Il est vrai que le nombre de ces anciens bulgarisantstait relativement trs petit, car tous ceux qui se jugeaienttrop compromis par leur attitude, sont partis avec l'armebulgare. Les autres, ayant maintenant got du rgime bul-gare, ne veulent plus en entendre parler.En dehors des tmoins civils de la partie de la Macdoine

    serbe qui est aujourd'hui libre, x'ai procd aussi l'inter-rogatoire de nombreux tmoins militaires^: prisonniers deguerre bulgares et allemands et soldats serbes vads de laSerbie envahie ou de la captivit. Ceux-ci m'ont aussi misau courant de ce qui se passe dans les pays serbes qui sontencore aujourd'hui aux mains des adversaires de 1 Entente.Il va sans dire que je ne pouvais pas vrifier personnelle-ment les faits concernant ces contres et rapports pareux. Je me suis cependant efforc de constater leur ralitpar la comparaison des divers tmoignages faits indpen-damment les uns des autres. Les faits que je rapporteraidans ce rsum d'enqute sont contrls de cette faon etont t reconnus authentiques.

    En ce qui concerne le bombardement de villes ouvertes,celui des formations sanitaires, etc., dfendu par les lois etles conventions de la guerre, les faits rapports dans cetravail ont tous t constats par moi personnellement.Pour pouvoir les constater je me suis rendu dans lesvilles, etc., bombardes et j'y ai procd une enquteaussi approfondie que possible et en utilisant tous lesmoyens d'investigation ma disposition. Ainsi pour

  • savoir si, une certaine hauteur, on pouvait distinguer lescroix indicatrices d'une formation sanitaire j'ai utilis unaoplane, pour tudier raction des gaz asphyxiants je mesuis rendu aux endroits o taient jets les engins conte-nant ces gaz, etc.

    J'ai divis le prsent rsum en deux parties. La premireconsacre mon enqute propos des infractions aux loiset conventions de la guerre commises par les adversairesdes Serbes et de leurs Allis sur le front macdono-serbe

    ;

    la seconde renfermant celle qui a trait aux infractions com-mises en Serbie encore envahie. La premire partie con-tient tous les tmoignages [que j'ai recueillis sur le terri-toire aujourd'hui libr, augments de mes observationspersonnelles et d'un certain nombre de documents prove-nant de l'Etat-Major serbe et des Ministres serbes de laGuerre et de l'Intrieur. La seconde partie est forme pardes tmoignages contrls par leur concordance et produitsou bien devant moi, ou bien devant les autorits serbescomptentes. Elle se base galement sur des documentsauthentiques provenant de l'ennemi et tombs entre nosmains.

    Toutefois il n'a pas t possible de procder une spa-ration stricte de l'enqute concernant la petite partie de laSerbie libre l'heure actuelle, de celle relative la Serbieencore envahie. Beaucoup de sujets se confondent un telpoint qu'il tait impossible de les traiter sparment.

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  • PREMIRE PARTIE

    J'ai fait une enqute personnelle dans la plupart des vil-lages et dans la seule ville serbe aujourd'hui repris auxenvahisseurs. Les endroits visits par moi sont les sui-vants :

    Petalino, Grunichte, Budimirtzi, Jivonja, Sovitch, Batch,Dobreveni, Slivitza, Polog, Gniletch, Brod, Kremian-Kojnari, Tepavtzi, [Skotchivir, Veleselo, Kenali, Medzidli,Donie-Egri,Srednie-Egri, Negotini,ouNegotchani, Jarotok,Lajetz, Velouchina, Dragoch, Gradechnitza, Porodine,Barachanine, Kanina, Ostretz, Holleven, Bistritza, Zabjani,Iven, Rapeh, Brnik ; Makovo, Souvodol, Paralovo, Vran-jevtzi, Orechovo, Dupeni, Loubojna, Krani, Stbovo, Har-vati, Bradutchina. Nakoletz, Bitolj.Dans ce rsum d'enqute, qui est destin la publica-

    tion, je suivrai la mthode employe dans [mon premierrapport concernant les atrocits commises 'par les Austro-Hongrois en Serbie en 1914 et j'y dsignerai mes tmoinsbulgares et allemands par des numros. En effet, connais-sant la manire d'agir des Centraux et de leurs vassaux, jecrains des reprsailles envers ces prisonniers, s'ils viennent rentrer dans leur pays. Leurs noms sont dposs dansle rapport remis au Gouvernement royal de Serbie.

  • ASSASSINATS ET EXCUTIONS DE NON COMBATTANTS

    Quelques dpositions de prisonniers de guerre.

    N" 1 , du 12''"' rgiment d'infanterie bulgare : A Dbar,ils ont tu un homme parce qu'on disait qu'il tait Bulgareet faisait de la propagande serbe. Ce prisonnier a entendudire que, prs de Skopli, on a excut d'autres personnesqu'on prtendait tre des espions et des propagandistesserbes.

    A^" 2, du 12'"'' rgiment d'infanterie bulgare : DesSerbes de Macdoine ont t excuts par des comitadjispour avoir soutenu le Gouvernement serbe. Les comitadjistuaient les villageois en tirant par les fentres. On appelaitles victimes des espions. Ces excutions ont t faites dansles environs de Koumanovo et de Skopli.

    A'" 3, sergent-major au 45""' rgiment d'infanterie bul-gare: Le tmoin a Jet six mois Pristina. Dans cetteville les soldats ont tu beaucoup d'Albanais " parce quece sont des voleurs. Il n'a pas vu personnellement ces ex-cutions, mais les soldats qui en ont t chargs les lui ontracontes. Une fois, on a amen une centaine d'hommes.Il ne sait pas ce qu'on a fait d'eux, mais il suppose qu'onles a tus, parce qu'ils ont tu des Bulgares sur lesroutes .

    A^" 4, sergent au 2"'" rgiment d'infanterie bulgare : Lessoldats bulgares affirment qu'on a [tu beaucoup de mondeen Serbie.

    11

  • N 5, sergent an 10""' rgiment d'infanterie bulgare, pre-mier bataillon : '< Il y avait un ordre du gnral Protoghe-roft'detuer tous les suspects. Le gnral a ainsi mis lapopulation l'entire discrtion de la soldatesque, qui en atu une grande partie. Les soldats tuaient sans distinctionhommes, femmes et enfants. Le tmoin a vu RoudnaGlava (district de Gornji Milanovatz, arrondissement deNgotine, Vieille Serbie) dix quinze femmes et enfantsqui taient prs d'une maison et qui furent aperus par dessoldats. Ceux-ci tirrent immdiatement sur eux et lesturent. Le sergent arrivait sparment de l'autre ct et,lorsqu'il demanda qu'on lui ft connatre les raisons de cemassacre, les soldats lui rpondirent qu'ils avaient ordrede tuer toutes les personnes qu'ils rencontreraient en route.Ces soldats appartenaient au g""" rgiment et taient com-mands par le sous-lieutenant Christo Vassilief, qui taitaccompagn du capitaine Petar Moutakof. Dans les rap-ports de la police, dont le tmoin faisait partie, on mention-nait souvent des caspareils. On a excutaussi desmassacressemblables dans beaucoup de fermes de l'arrondissementde Ngotine. On procdait ces excutions pour forcer lapopulation, par la peur, payer et, en mme temps, pouravoir l'occasion de piller. C'est Boljevatz et Bor que l'ona tu le plus de gens. L'officier qui a command les massa-cres dans ces endroits, le lieutenant Koitcheff du 9'" rgi-ment, avait promis ses soldats de leur distribuer20.000 lves du produit du pillage dans ces villages. Maisau lieu de tenir sa promesse, il ne leur a donn que dessommes minimes et les soldats ont alors racont partoutce qui s'tait pass et ils ont rvl aussi que cet officieravait envoy i5o.000 lves sa famille Plevna. Ces mas-sacres ont eu lieu au mois de mars 1917, ceux de BoudnaGlava au mois de mai ou de juin. Dans les districts deKoutchevo et de Donji Milanovatz, les soldats bulgaresont souvent simul des coniitadjis serbes. Ces soldatsappartenaient aux 9' , 11* et 12""* rgiments d'infanterie. Le12"' rgiment tait command par le colonel Kostoff. Legnral Protogheroft a donn l'ordre tous les comman-dants de fusiller sans autre forme de procs tous les habi-

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  • tants qui paraissaient suspects aux soldats. Le tmoin nesait pas si le colonel Tassotf, qui a remplac le gnral Pro-

    togheroff depuis le mois de juillet, a donn un ordre iden-tique... Les soldats ordonnaient souvent aux villageois de

    prendre leur argent, ils les tuaient et leur prenaient tout ce

    qu'ils avaient-

    Malgr les rticences des Bulgares, rticences d'ailleurscomprhensibles dans leur position, il rsulte donc nette-ment des dpositions des prisonniers que beaucoup decivils furent massacrs. Le prtexte de ces massacres a t

    le prtendu espionnage exerc par ces civils, espionnageimpossible dans un pays compltement isol de ses amiscomme le fut et l'est encore la Vieille Serbie. Les vraies rai-

    sons des massacres sont indiques par les tmoins i et 5: lahaine des Bulgares pour tout ce qui est serbe et le dsir de

    s'enrichir par le pillage des biens de ceux qu'on a pralable-

    ment tus. A relever aussi la dposition du tmoin 3 disantque les soldats ont tu, Pristina, beaucoup d'Albanais.Dans ce cas, il s'agit srement de Serbes que le tmoin n'apas os dsigner comme tels de peur de reprsailles. L'ex-cuse que ces excutions ont eu lieu parce que les Alba-nais sont des voleurs est assez curieuse dans la bouched'un Bulgare, dont les compatriotes ont commis d'innom-brables pillages qui ne sont autre chose que des vols.

    Quelques dpositions de tmoins civils

    de la rgion de Bitolj

    Village de Batch. Les Bulgares ont tu deux hommesdu village : Petko Krstovitch, 33 ans et Petar Talevitch,45 ans. Il les ont tus parce qu'ils se disaient Serbes. Leur

    excution a eu lieu il y a plus de (S mois (interrogatoire du8 novembre 1916) et les deux hommes furent tus hors duvillage. C'est le kmet du village de Batch, Dbo Talevitch.un Bulgare, qui a donn l'ordre de les tuer. Traiko Yova-

    l3

  • NoviTCH,40ans; et Stoyan Stoikovitch,55 ans, tous les deuxde Batch, de mme que tous les autres tmoins du villageentendus.

    Village de Kenali. Personne ne fut tu au village ;mais la population sait que des musulmans furent tusdans les environs de Bitolj. Omer Rachid, 35 ans, dpo-sition confirme par les autres tmoins du village.

    Village d Ostretz. Les villageois ont trouv, tu aumoulin, Demir Bayram, g d'environ 70 ans. Ils ne saventpas qui l'a tu ; en tout cas ce ne sont pas eux. HalimHassan, 60 ans.

    Le tmoin a vu le cadavre de Demir Bayram qui at tu avec un poignard. Il tait pauvre et les habitantsne peuvent pas s'expliquer pourquoi il a t tu. >> RisvanRedjep, 72 ans.

    Village d'iven. Deux personnes du village ont ttues, mais les villageois ne savent pas qui les a tues.C'taientJovan Ristovitch, 55 ans, et sa femme Sava, environ5o ans. On a pill [d'abord leurs biens et on les a tusensuite. Le mari avait trois balles dans la poitrine et troiscoups de couteau dans le dos. La femme a t tue coups de bton et sa tte tait crase. Ce ne sont pas lesvillageois qui les ont tus, les gens d'iven en sont srs, etil n'y avait pas d'autres habitants de la contre sur place.Ce massacre a eu lieu au moment de l'entre des Bulgaresdans le pays, mais les soldats n'taient pas encore arrivsau village, il n'y avait que des comitadjis bulgares. Risto-vitch tait en bons termes "avec les Serbes. Il tait riche etses enfants ont hrit de lui. > Bojin Seveitch, 5o ans ;Georges Petrgvitch, 67 ans ; Traiko Ristovich, 5o ans, etRjsTO Stgyangvitch, 45 ans.

    Village de Rapech. Elia Romanovitch, 49 ans, a ttu par les comitadjis parce qu'il avait montr le chemin quelques soldats serbes qui s'enfuyaient. Stoyan Na-DOViTCH ; 54 ans, kmet (maire) du village ; NAmE Traiko-viTCH, 69 ans ; Petko Mitrevitch, 70 ans ; George Koule-viTCH,49ans; Kosta Yovanovitch,67 ans; Petko ^istovitch,67 ans ; Mio Petkovitch, 19 ans.

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  • Village de Brnik. La femme Zveta Mladnova, 3o ans,et Stoyan Trajkovitch ont t tus par George Stoyanoffqui appartenait l'organisation bulgare et avait fait beau-coup de mal aux villageois. Zveta a laiss trois enfants. Stoyan Stoikovitch, 65ans, kmet du village; AthanaseYocHEViTCH, 26 ans ; Yasne Nedelkovitch, 5o ans, et VelikaNedelkova, 45 ans.

    Village de Mahovo. Vers le milieu du mois denovembre 191 5, pendant la nuit, George Stoyanoff estarriv avec une dizaine d'hommes, a enfonc la porte dela maison du tmoin et lui et ses gens ont commenc tirer. Ainsi fut tu son frre Risto Naidevitch et sa belle-sur Jasna. Lui-mme a pu se sauver par la fentre malgrles coups de feu qu'on a tirs sur lui. Sa femme SvetaMitreva, 46 ans, fut blesse la main. -^ Temian Naido-viTCH, 62 ans, dposition confirme par Jovan Koito-viTCH, 65 ans ; jTale Kolevitch, 65 ans ; Risto Krstevitch,62 ans, et Nikola Damianovitch, 60 ans.

    Village de Novatzi. Le kmet (maire) de Novatzi,Stoyan, a t tu par les Bulgares lorsqu'ils sont arrivsdans la contre . Krsta Ilitch, 34 ans, prsident de lacommune de Velouchina.

    Ville de Bitolj . Une cinquantaine de Turcs ont ttus Bitolj et dans ses environs. On les a trouvs mortssur les champs et mme dans les maisons. MehmetNaili, moufti de Bitolj, et Hadji Ahmet Mouderis.

    Mon mari tait Florina, o il est rest environ, uneanne. Il est venu ensuite s'installer Bitolj et a lou unepetite boutique de coiffeur prs du pont de pierre. Au boutde trois mois, un Turc est venu chez lui et s'est dit chargde lui transmettre des salutations de Hadji, de Florina, etde lui demander s'il n'avait pas une lettre pour Hadji. LeTurc tait le cocher iMoustafa, qui faisait le trajet entreBitolj et Florina. Mon mari, Vanko, ne voulait pas le croire,mais Moustafa lui donna le mot convenu avec Hadji :sucre, th et craie. Vanko remet alors une lettre au cocher,lettre dans aquelle il parle de la force des troupes Bitolj.

    i5

  • Moustafa la transmet immdiatement aux autorits deBitolj. Celles-ci envoient une rponse apocryphe Vanko,font une enqute, l'arrtent et, aprs sept mois de prison,l'excutent. Pour la pendaison de' mon mari, les Bulgaresm'ont convoque avec mes deux enfants et ils nous ontforcs de regarder le spectacle. Nous nous dfendions,mais les soldats nous ont pousss et ainsi nous avons dvoir la mort de mon pauvre Vanko. La cour de la prfec-ture tait pleine de personnes qui avaient des menottes auxmains. Aprs le supplice de Vanko, on a jet son cadavresur le pav et on m'a dit : Si tu ne viens pas dans uneheure chercher le cadavre, nous allons le donner auxchiens. Des officiers bulgares et allemands, ainsi que leprfet BojadieflF, assistrent la pendaison. Bojadiefffrappa avec sa cravache ma fille Chrisoula, parce qu'elle

    pleurait. Pendant la pendaison, les officiers bulgares etallemands se moquaient de nous. Lorsque la petite Chri-soula est all chercher les effets de son pre, l'officier semoqua d'elle en disant : Tu veux que j'appelle ton pre.Vanko, Vanko ! Quand on m'annona la condamnationde mon mari, je suis alle lui porter un gteau. Les gar-diens me l'ont arrach. Les Bulgares ne m'ont pas permisd'aller sur la tombe de mon mari. > Helena, femme deVanko Gligorovitch.Le rcit de cette ignoble excution est confirm par

    nombre de tmoins monastiriotes, que j'ai entendus. Untmoin oculaire, prisonnier des Bulgares lui-mme,NiKOLA Blachitch, 48 ans, de Dbra, actuellement attach la station militaire de Bitolj, la dcrit de la faon sui-vante : Vanko Gligorovitch, coiffeur, a t pendu laprison devant tous les dtenus et en prsence de sa femmeet de ses enfants comme espion franco-anglais. J'ai vul'excution. Vanko fut pendu une potence devant la pr-fecture, o se trouvait la prison. C'tait au mois d'octobre1916, 8 heures du matin. Des officiers allemands et bul-gares assistrent l'excution. Au moment o l'on hissaitle patient sur la potence, les officiers riaient entre eux. Lafemme et les enfants du condamn pleuraient, suppliaientet se jetaient genoux devant le prfet.

    16

  • Giigorovitch n'est pas la seule victime des Bulgaro-Alle-mands Bitolj :

    Le 6 novembre 1916, les Bulgares vacuaient Bitolj. lestroupes allies tant arrives tout prs de la ville. Quel-ques dtachements se battaient mme dj dans les ruesavec les arrire-gardes bulgares. Riza Tanasovitch, femmede 40 ans, tait sortie de sa cour pour voir ce qui se pas-sait. Elle tut tue sur le seuil mme de sa maison par lessoldats bulgares en retraite. Le mme jour et de la mmefaon, fut tu aussi un aubergiste du village de Vrbeni,qui se trouvait Bitolj. On n'a pu constater l'identit ducadavre, parce que les Bulgares rests encore en ville pen-dant la nuit du 3 au 6 novembre (v. st.) l'ont cach.Tachko Konievitch, marchand fripier, tait connu depuis

    longtemps comme un propagandiste zl de la cause natio-nale serbe. Pour cela il tait not comme dangereux .par les comitadjis bulgares. Il fut d'abord mis en prisonet ensuite, le 26 novembre igiS, tu par Petar Lazarevitch,dit Assas, qui a t dsign pour cette besogne par lescomitadjis. La mre de Tachko, une vieille femme de plusde 60 ans, est devenue folle aprs la mort de son fils.

    Vandjel Vanevitch, de Bitolj, a t soldat serbe et futfait prisonnier par les Autrichiens, qui le remirent auxBulgares. Ceux-ci, avant de l'incorporer dans leur arme,l'ont laiss aller chez lui Bitolj. Mais l, la suite d'unordre du comit, il fut tu par le voivode Naoum et quatreautre comitadjis. Sa maison fut pille. Vanevitch laisse samre, une vieille femme, et deux petits" enfants.Stoyan Ristitch Mizevitch tait, pendant le rgime serbe,

    kmet (maire) du village de Novatzi. N'osant pas attendreles Bulgares chez Tui, il s'est fait vacuer avec les troupesserbes jusqu' la frontire grecque et, de l, il est alls'installer Florina. Le 27 novembre (v. st.) 1915, il estrevenu de Florina Bitolj et le mme jour il a t tu, aumilieu del ville, parles comitadjis bulgares iXasta Tocheft,de Pojechevo, et Petar Lazareff, de Dobromir. Stoyan at dnonc aux comitadjis comme ardent patriote serbeet. par consquent, comme dangereux pour les Bulgarespar un certain George Vantchevitch, de Bitolj. Ce dernier.

  • craignant les suites de sa trahison, est parti avec les Bul-

    gares lorsqu'ils ont vacu Bitolj. La \ictime laisse unefemme et des enfants.Koutze Janevitch, de Bitolj, tait pendant le rgime

    serbe le garde-champtre des environs de Bitolj et du vil-lage de Novatzi. Il n'a pas voulu abandonner son poste lorsde l'vacuation de la ville par l'arme serbe. Immdiate-ment aprs le dpart de cette dernire, une bande de comi-

    tadjis bulgares, commande par les vovodes Krsta Leondaet Pandil Chichkoflf, est entre dans la ville et a commencle pillage. Ces comitadjis avaient pour tche de rechercherles Serbes rests en arrire et de les tuer. Ce sont eux qui

    ont trouv Koutze et l'ont dclar suspect comme Serbe.

    Il fut tu le 26 novembre dans un jardin prs de Bitolj. Soncadavre resta sans spulture pendant quelques jourscomme exemple jusqu' ce que des citoyens se soientdcids l'ensevelir en cachette. L'assassinat fut excut,

    suivant les ordres du comit (voir plus loin au chapitre Organisation ), par les comitadjis, Nasta Tochefl dePojechevo, Pavle Todoroff, de Topoltchani, Karanhl, deStoitche, Karanfilovitch et quatre autres comitadjis.Mthode Ristitch tait l'instituteur serbe du vfllage de

    Sleptche. Aprs l'vacuation par les Serbes, il est rest Bitolj. Suivant un ordre du comit, il fut conduit hors dela ville et tu au village de Donje Orizare par des comi-tadjis inconnus. Son cadavre ne fut couvert que d'un peu

    de terre et les chiens en ont dvor une grande partie.Dans la petite partie du territoire serbe aujourd'hui dli-

    vre, il y a donc eu un certain nombre de tueries, que lesBulgares ont souvent qualifies d'excutions. Certes, la

    pendaison de Vanko (iligorovitch tait une excution tout fait justifie leur point de vue la femme de Vankoelle-mme dit que son mari a envoy ou plutt a vouluenvoyer des renseignements aux adversaires des Centraux mais la manire dont les Bulgares ont procd cetteexcution est tout fait caractristique de leur mthodebarbare de faire la guerre. Cet homme tait un patrioteserbe, dangereux pour eux c'est entendu, mais met-on mort les patriotes de cette faon? Les simple^ principes

    i

  • de morale n'enseignent-iis pas respecter la mort, ft-cemme celle du pire des criminels? Et pourquoi martyriserencore des innocents comme la femme et les enfants dusupplici, si ce n'est pas pour assouvir un vil besoin devengeance ou une ignoble passion sadique ? La conduitedes officiers allemands et bulgares, venus l comme pourassister un spectacle amusant, semble indiquer que lesadisme ne leur est pas tranger.Le moufti de Bitolj, Mehmet Naili, et un autre notable

    Turc de la mme ville, Hadji Ahmet iMouderis, m'ontaffirm qu' Bitolj et dans ses environs une cinquantainede Turcs, c'est--dire des habitants de religion musulmane,auraient t tus par les Bulgares. Je n'ai pas pu trouvertrace de ces tus, en dehors du musulman Demir Bairam.D'autre part, tous, musulmans et chrtiens, sont d'accordsur la parfaite honntet de mes tmoins de Bitolj. D'ovient alors la contradiction entre leurs affirmations et le

    rsultat de mon enqute? Je crois pouvoir l'expliquer parle fait que beaucoup de villages des environs de Bitoljhabits par des musulmans, sont encore aux mains desBulgaro-Allemands, de sorte que je n'ai pas pu y procder une enqute. C'est dans ces villages que des Turcs ontpeut-tre t tus par les envahisseurs. Le moufti a euconnaissance de ces massacres pendant l'occupation de laville par les Bulgares, grce des coreligionnaires villa-geois qui venaient en ville pour faire leurs achats ou pourvendre des produits agricoles. Il est d'ailleurs trs possibleque, sans la faute du inoufti, le chiffre des morts ait texagr par les racontars. Tout cela fait que, malgr macertitude qu'il y a un fonds de vrit dans l'affirmation dumoufti, je ne puis la donner ici que sous toutes rserves.Le nombre des massacres dans la rgion de Bitolj

    reprise, l'heure actuelle, aux Bulgares, n'est pas norme.Quand on se rappelle la faon d'agir des soldats du Cobourgdans les guerres balkaniques et aussi celle de leurs allisaustro-hongrois en Serbie, on peut mme tre tonn de lamodestie de ce nombre. Cependant il s'explique aismentpar la considration suivante. La tactique des Bulgarespour faire appuyer par l'Lurope leurs prtentions sur la

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  • Macdoine fut toujours l'attinnation du caractre entire-ment bulgare de ce pays et tout spcialement de la rgionde Bitolj. Pouvaient-ils sedonner eux-mmes un dmentiplus formidable qu'en massacrant en masse de prtendus< frres de race " ? Ils ont t assez prudents dans ces con-tres, reprises par leurs lgitimes possesseurs, pour viter

    cet cueil, mais ils se sont rattraps d'une autre faon,comme le dmontreront les chapitres suivants.

    Toutefois, dans d'autres parties de la malheureuse iMac-doine, parties qui sont encore en leurs mains, ils ont tmoins prudents et ils ont massacr la population en grandcomme ils l'avaient fait en 191 3 lors de la guerre serbor

    grco-bulgare.Voici ce que dit ce propos Vasilie Trbitch, 35 ans.

    vovode des volontaires serbes, qui a pntr en Mac-doine occupe, y est rest cinq mois et est revenu dans leslignes serbes. Il a t dans les districts de Vels, Prilep, etPoretch.

    v< Dans ces trois districts, plus de 2.000 personnes ontt tues. Ce sont surtout des femmes et des enfants. Lorsde leur entre, les Bulgares ont massacr tous ceux qu'ilsrencontraient sur les routes et dans les champs. Les der-niers massacres effectus par eux ont eu lieu la date du20 janvier 1916 (v. st.). Au village d'Izvor, Athanase Schoppa t tu. Au village d'Omorani, 18 personnes furent tues:au village de Martovtzi, 8 personnes ; au village de Tovo,i3 personnes dont 2 femmes, Maria Nikousch Stojano-vitch et Sofia Pane Arsitch; au village de Mokreni, 12 per-sonnes furent tues ; au village de Bogomil, 95 personnesdont 20 hommes, les autres victimes tant des femmes etdes enfants ( un endroit 40 personnes furent tues la fois) ;au village de Nogilovo, 3 hommes ; au village d'Oroche,1 homme; au village de Gostirachna, 65 personnes, dont10 hommes et le reste compos de femmes et d'enfants : auvillage du Strovi, 80 personnes parmi lesquelles il n'yavait que i5 hommes (dans la maison du pope Ilia Dimitchle pre, la mre, ses frres, etc., furent tus, en tout 9 per-sonnes) ; au village de Dolgavatz, 280 personnes dont20 hommes de plus de 5o ans, le reste est presque exclusi-

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  • vement form par des femmes et des enfants ; au villagede Margari, 5o personnes dont 3 hommes et 40 femmes etenfants ; au village de Kostentzi, 60 tus, dont S hommeset 52 femmes et enfants ; au village de Brod, sous-prfec-ture de Poretch, le 12 25 dcembre I9i5, io5 personnesfurent tues pendant la nuit dans la maison de la sous-pr-fecture ; le lendemain, lOO autres furent excutes sur laroute de Brod Dobrech ; au village de Stounje, 18 per-sonnes. Ces villages sont ceux oij il y a eu des massacresen masse. Ces derniers furent excuts par les soldats etles comitadjis '>.

    Voici un autre vad des Bulgares, Bojidar Mladeno-viTCH, de Skopli, 24 ans, soldat au bataillon musulman dela division de la Drina, fait prisonnier par les Autrichiens Liousch, prs de iMitrovitza, et ensuite livr aux Bul-gares et incorpor dans leur arme, qui raconte ce quis'est pass Skopli o il a sjourn pendant l'occupationbulgare : Les Bulgares ont institu leurs autorits, com-

    poses surtout de comitadjis et ont intern tous les no-tables, dont ils ont tu un grand nombre. Environ vingtpersonnes de Skopli furent tues : Angel Kralo Sotevitch,environ 28 ans, boulanger; Savo Smokovitch, maire deMirkovatz ; Tchedomir Naoumovitch, directeur de la suc-cursale de la Banque de Belgrade; Gapo, menuisier, etc.Dans le Poretch, les Bulgares ont tu beaucoup de monde.Dans chaque village, ils ont massacr quatre ou cinq per-sonnes et ils voulaient les dporter toutes. Un groupe desept cents dports de Poretch a t enferm dans unemosque Skopli et ensuite, Koumanovo, on a tuquatre-vingts de ces malheureux. Le mdecin grec, D' Athanasiads, au service du gouver-

    nement serbe comme mdecin de l'arrondissement deGratchanitza, rest en Serbie pendant l'occupation bulgareet vacu aprs plus d'une anne de sjour, fait la dposi-tion caractristique suivante : La sentinelle qui se trou-

    vait sous la fentre de ma cellule (le docteur, en attendantson vacuation, fut emprisonn Nich) m'a dit qu'elle avaitvu de ses propres yeux l'ordre d'envoyer deux popes, uninstituteur et une autre personne serbe Sofia, mais que

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  • l'escorte devait revenir quatre heures aprs son dpart. Lesoldat ajouta qu'on pouvait facilement comprendre queces personnes taient destines tre tues en route, carpar aucun moyen, sauf peut-tre en aroplane, on ne pou-vait aller Sofia et en revenir en quatre heures. J'ai en-tendu dire qu' Svilainatz les Allemands ont fusill trente-quatre personnes et qu' Krouchevatz, ils ont fait pendretrois paysans, sous prtexte qu'ils avaient attaqu des sol-dats allemands. On m'a dit aussi que, parmi ces personnes,il y avait des femmes.

    Mon dossier contient encore une srie de dpositionspareilles, dpositions que je ne puis pas reproduire dansce rsum d'enqute et cela faute de place. Elles figurerontdans mon rapport au Gouvernement royal serbe, o ellespourront toujours tre consultes. Cependant, les quelquestmoignages que je viens de citer montrent dj que lesBulgares ont tu beaucoup de civils dans la Macdoinequ'ils dtiennent encore aujourd'hui. La dposition duD'' Athanasiads est tout spcialement intressante, parcequ'elle montre l'hypocrisie des autorits bulgares qui en-voient des civils serbes soi-disant Sofia pour les fairemassacrer en route par l'escorte. Elle dmontre galementque les Allemands en Serbie envahie n'ont gure agi autre-ment que leurs allis bulgares en Macdoine.

    Vasilie Trbitch dit que, dans les seuls districts de Vels,Prilep et Poretch, les Bulgares ont tu plus de deux millepersonnes parmi lesquelles il y avait un grand nombre defemmes et d'enfants. Il numre une srie de villages o,en tout, neuf cent neuf personnes furent massacres. Il fautajouter que les trois districts visits par Trbitch ne sontqu'une partie relativement petite de la Macdoine serbe.Pourquoi cette diffrence de traitement par les Bulgaresentre la rgion de Bitolj et les trois districts susnomms?Les envahisseurs n'avaient-ils pas la inme raison d'par-gner les Macdoniens de Prilep, Poretch et Vels que ceuxdes environs de Bitolj? Certes ils l'avaient, mais leur hainedu Serbe l'a emport sur leur prudence. En effet, les dis-tricts de Prilep et de Poretch sont parmi les contres de la

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  • Macdoine o le caractre serbe du pays est le plus pro-nonc. Les Bulgares, une fois matres de la Macdoine, ontvoulu dtruire ce caractre et, pour atteindre leur but, ils

    ont procd au massacre des gens se rclamant de la natio-nalit serbe, les ont dports et ont encore employ toutesorte d'autres moyens mentionns dans les chapitressuivants.

    23

  • II

    PILLAGE

    Il n'est pas toujours ais de distinguer le pillage desrquisitions. En effet, le pillage est le vol du hien descivils en employant la force ou la ruse. Les rquisitions,qu'on ne paie pas ou qu'on ne paie que par un rcpissqui ne sera jamais chang contre de l'argent, sont unautre genre de pillage et constituent, comme le pillageordinaire, un vol. La diffrence entre ces deux sortes devols rside uniquement dans la forme apparemment lgaleque prend le pillage par rquisition. Dans le prsent tra-vail, j'ai pris comme critre, pour sparer le pillage duchapitre II des rquisitions du chapitre III, le fait d'avoirdonn soit de l'argent, soit des bons de rquisition pavsou non pays. Tout ce qui a t pris, sans le consentementdes propritaires lgitimes et uniquement par la force, esttrait dans le chapitre II, tout ce qui a t enlev sousforme de rquisition plus ou moins rgulire sera numrdans le chapitre III. Cependant les consquences d'ordregnral rsultant du pillage et des rquisitions ne peuventtre traites qu'en prenant en considration ceSxleuxactions ensemble. Les conclusions se trouveront donc latin du chapitre III.Pour dmontrer le mode de pillage employ par les

    adversaires des Serbes en Macdoine aujourd'hui libre,je reproduirai un certain nombre de dpositions typiquesrecueillies dans les villages et Bitolj.

    Village de Boiidimirtzi. Pendant le sjour des Bul-gares Boudimirtzi il restait encore quelque chose aux

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  • habitants, mais maintenant que les soldats sont partis, ilsont tout enlev. Les > illageois une fois vacus, les soldatsrevenaient au village et chargeaient tout ce qui avait unpeu de valeur sur des chevaux et des voitures. Ensuite ilsmettaient le feu une dizaine de maisons . Ilko Sive-MTCH, 52 ans; et Dimitrie A'asilijevitch, 43 ans.

    Village de Jiz'onja. Un mois et demi avant leurdpart dfinitif, les Bulgares ont tout ramass et enlevsans payer un sou. En partant, ils ont pris avec eux sansles payer : cinquante bufs, douze nes et deux chevaux . Vasilj GEORGEvncH, 56 ans; Risto Lazarevitch,53 ans;George Petritch, 38 ans; et Danas Kouljevitch, 60 ans.

    Village de Sliintza. Les Bulgares ont enlev sanspayer : cent bufs, vingt-cinq nes et plus de deux millemoutons. Ils ont aussi pris toute la laine sans rien payer.

    Depuis le mois de mai les \ illageois n'ont plus pu boire delait ni manger de .fromage, car les Bulgares prenaienttout . Ilia GEORGEvrrcH, 37 ans, dposition confirmepar les autres tmoins du village.

    '< Lorsqu'il tait loin, les Bulgares ont pris au tmointoute sa farine, son bl et son argentmalgr la prsencede sa femme la maison. Ils ont menac sa femme. Eneffet, l'officier commandant les soldats, qui avaient labaonnette au canon, disait sa femme qu'on allait la tuer,si elle ne donnait pas son argent. Ainsi elle leur a remiscinq ou six napolons. A lui, on lui a pris tout ce qu'il avaitsur lui, mme sa montre >^ Grigor Traikovitch, popetiu village, 45 ans, dposition confirme par Vovan Traiko->rrcH, 55 ans; Lazar Traikovitch, 48 ans, et NedelkoToLEviTCH, 60 ans.

    Village de Batch. < Les soldats bulgares, en partant,ont tout pris : nourriture, btail, etc. Pendant tout le tempsde leur occupation, les soldats ont rafl tout ce dont ilsavaient besoin et, lorsqu'ils sont partis, ils ont pris le

    reste . Traiko Vovanovitch, 40 ans, et Stovan Stoiko-viTCH, 55 ans.

    " Nos tapis, les couvertures, deux chevaux, deux vaches,

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  • trois bufs, tout le bl furent enlevs par les soldats et lekmet (un comitadji bulgare, Dlo Taleft) sans rien payer. Mitra, femme de Dlo Vragomtch, 66 ans.

    Village de Kreinian-Koinari . 11 y avait des soldatsbulgares au village. Ces soldats ont tout pris sans payer nidonner de rcpisss. A Ramadan Osman, ils ont enlevainsi deux vaches et deux moutons. Ils n'ont pas laiss uneseule charrette de foin au village, tout a t pris par eux. Ramadan Osman, 3o ans, et Mefail Ahmet, 40 ans.

    Village de Tepavtzi. Les Allemands prenaient toutce dont ils avaient besoin : porcs, btail, bl, etc. Ils nepayaient jamais. Bogoje Travanovitch, 53 ans, kmetdu village, dposition confirme par Yovan Petrovitch,86 ans.

    Village de Skotchivir. Les Bulgares ont pris Ristich : vingt bufs, deux cents moutons, son cheval et sonne sans les payer. Ils ont de mme enlev chez tous lespaysans le btail et les crales sans payer et sans donnerde rcpisss. Une partie de leurs biens fut prise au cou-rant de l't 1916, le reste quand les soldats ont quitt levillage. A Riste Koulevitch, on a pris cinquante moutons,un ne, un buf et toutes les crales; Riste Tcheblako-vitch : quatre-vingts moutons, huit bufs et son bl; Riste Kotevitch : quarante moutons, quatre bufs et sonbl. Stoitcho Ristich, 65 ans; Riste Koulevitch,60 ans; Riste Tcheblagovith, 62 ans, et Riste Kotevitch,39 ans.

    Village de Veleselo. Pendant tout l't, les Bul-gares ont pris les moutons et les nes sans les payer. AAnton Petkoft on a pris ainsi : deux nes, vingt-six moutons,quatre bufs, onze porcs, 4.000 kilos de bl et quinze louisd'or. Ristitch a perdu vingt moutons, un buf, 800 kilosde bl et du bois. Un Bulgare de Bitolj, nomm Ilia, aenlev A. PetkoflF cinq bufs sans donner d'argent.Markoff a perdu 3.000 kilos de bl, trente moutons et septporcs. Les Bulgares lui ont pris tout ce qu'il possdait.C'est Philippe Atanasoft"(ou Indoff) de Brod, qui est venu

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  • avec ses hommes au village, o ils ont rafl dans toutesles maisons tout ce dont ils avaient besoin. TrajanRisTiTCH, 60 ans, kmet du village; Bojin Markovitch, aliasiMarkoff, 70 ans, et Trajan Traikoff, 17 ans.

    Village de Boukri. Vers la mi-septembre, les habi-tants furent vacus d'abord Donje Egri, ensuite Bitolj.Tout fut pris par les Bulgares. Nous sommes partis de chez nous avec nos seules mes, tout nous a t pris ,dit le tmoin, qui a perdu : une paire de bufs, un chevalet 3oo kilos de bl. Tal Ristevitch, 33 ans, kmet deBoukri.

    Village de Donje-Egri. Les Bulgares entraient dansles maisons et prenaient tout ce qu'ils voulaient. LazarPavleff, 52 ans; Mitre Kotevitch, 58 ans; Nikola Mile-viTCH, 38 ans ; Nikola Ristevitch, 37 ans; Vasilie Dimo-viTCH, 55 ans, et Riste Roitcheff, 65 ans.

    Village de Srednie Egri. Les Bulgares ont tout pris :nourriture et btail. Les Allemands aussi ont ramass toutce qu'ils trouvaient et n'ont rien pay. 11 y a des villageoisqui n'ont plus rien. Tout ce qui tait en cuivre fut enlevdans le village et les soldats ont pris toutes les ruches. Lespaysans avaient des granges pour conserver leurs vivres.Elles furent dtruites par les soldats pour en utiliser lebois pour le chauft'age. Partout les soldats avaient leurnourriture, mais ils ont transport ailleurs les vivres prisaux habitants. Athanase Dlmitrieff, 58 ans, kmet duvillage; Spase Toleff, 32 ans; Nedelko Vasilievitch,40 ans; Trajan Nedelkovitch, 40 ans; Dimitrie Stovano-vitch; Pavle Petkovitch, 40 ans, et Angel Hoff, 16 ans.

    Village de Yarotok. Les Bulgares ont tout pris auxvillageois et les ont chasss du village pendant dix jours. Lorsqu'ils sont rentrs, ils n'ont plus rien retrouv. Il y avait au village des trains d'quipages bulgares et alle-mands. YovAN Petkoff, 52 ans ; Stoiko Ritkoff, 81 anset Bojin Stoikovitch, 17 ans.

    Village de Lajetz. Soldats et comitadjis ont pris au

    - 27

  • village tout ce qu'on y pouvait prendre. Une partie duproduit du pillage fut transporte Bitolj, le reste futgard par les soldats et les comitadjis. " Nikola Todo-RoviTCH, 36 ans, kmet du village; Andria Ilivitc-h, 38 ans,pope du village.

    '< Quant aux musulmans, il n'y a pas une seule de leursmaisons dans le village qui n'ait t pille, dit le tmoinmusulman. A la fin on a chass les musulmans de leursmaisons et les soldats ont charg sur des voitures tout cequ'ils trouvaient. Yachai Ali, 6o ans.

    Village de Velouchina. La maison du tmoin futentirement pille. Les soldats ont mme pris les poutresde son habitation. En somme, les soldats bulgares ont toutpris. - Spira Veljanovitch, 5o ans, pope du village.

    Village de Dragoch. Les Bulgares ont fait vacuerla population, qui ne pouvait rien prendre avec elle. Quandles gens sont revenus, ils ne trouvrent plus rien, toutavait t pill. Lorsque les habitants ne voulaient pas don-ner de plein gr leurs biens, demands par les soldats, ilstaient forcs de s'en dessaisir. Pavle Ristich, 55 ans;Athanase Stgvangvitch, 3/ ans, kmet du village.

    Village de Kanina. Les Allemands s'amenaientdans les maisons, prenaient ce qu'ils voulaient, chargeaientleur butin sur des chevaux et s'en allaient. Lorsque lesoprations militaires ont commenc, les villageois furentvacus Bitolj et alors Bulgares et Allemands ont toutpill. Les habitants n'ont plus que ce qu'ils ont pu empor-ter avec eux Bitolj. Ainsi furent pris dans le village, sansle moindre paiement : 3oo chariots de foin, environ autantde paille, 40. 000 kilos de bl, 28 bufs, 8 chevaux, environ80 moutons, 25o porcs, plus de 5o ocques de laine, tousles tapis et couvertures qui taient rests, toute la volaijleet 7 voitures. Il y avait beaucoup de pommes de terre auvillage, environ 5.000 6.000 ocques. Les Allemands ontdfendu d'y toucher et ils les ont enleves dans des cha-riots . DiMiTRiE IvANoviTCH, 39 aus, kmct du village;Stevan Xikolgevitch,62 ans, kmet du temps des Bulgares;

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  • Petar Spassevitch, 36 ans; iMarko Vovanovitch, 63 ans;KosTA RisTEFF, 70 ans, et Spasse Boveff, 6o ans.

    Village d'Ostretz. Lorsque les combats ont com-menc, on a vacu la population Bitolj et les soldats ontcompltement pill les maisons. Il y avait aussi des soldatsallemands qui prenaient tout ce qu'ils voulaient sanspayer. > Chali.m Hassan, 6o ans, et Risvan Redjep,72 ans.

    Village de Holleven. " Les deux tmoins ont t auvillage pendant toute l'occupation bulgare, sauf pendantun mois, lorsque, durant les combats, les habitants furentvacus Bitolj. Aprs cette vacuation, les soldats onttout pill. On ne nous a pas mme laiss une cuillre pour manger >, dit l'un des tmoins. A leur famille furentpris sans payer : 3 grandes malles pleines d'effets, 3 ou4 tonneaux, tous les ustensiles de mnage, 3 porcs et40 poules. De plus, on leur a dmoli 3 granges pour enprendre le bois. Tous les haricots du village furent enlevs.Les Bulgares ont mme vol les cuves en bois pour lelavage du linge et les portes. Au moment du dpart desBulgares, les tmoins taient de nouveau au village et lessoldats leur ont dit : Nous n'allons rien laisser aux Franais et aux Serbes. Nous allons tout prendre ". LesFranais leur ont donn du pain pendant que les Bulgaresleur prenaient celui qu'ils avaient. - Mara et MitraKrsteva, 19 et 16 ans, clibataires.

    Village de Bistritza. On a pris au village sanspayer : 28 bufs, 3o cochons, tout le bl, la paille et toute

    la volaille. Les soldats ont fait du mal dans toutes les mai-sons et ont pris les vivres, les habits, les tapis, etc. Les

    habitants n'ont plus que ce qu'ils ont pu prendre avec euxlorsqu'on les a vacus du village. Quand ils sont rentrs,ils n'ont plus rien retrouv. Il y avait aussi des soldats

    allemands au village, qui se conduisaient aussi mal queles Bulgares. Le village est compltement ruin et il n'yreste plus rien. ' Zvetan Talevitch, 09 ans, kmet duvillage, et Dme Ristevitch, 67 ans.

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  • Village de Zabjani. Au mois de septembre, les vil-lageois ont t vacus Bitolj. Tout ce qui restait dansles maisons fut pill par les Bulgares. Les habitants n'ontplus que ce qu'ils ont pu emporter Bitolj. Les Bulgares

    ont dtruit i5 maisons pour en prendre le bois de la char-pente; dans d'autres maisons, ils ont coup les poutres. - Spassove YovANOvrrcH, 40 ans, kmet du village; Apos-roLE Sekoulovitch, 75 ans; Petkana Christoff, 5o ans.

    Village de Rapech. < Les militaires et les comitadjisont galement pris les habits des villageois. StoyanNaidevitch, 54 ans, kmet du village, dposition confirmepar les autres tmoins de Rapech.

    Village de Souvodol . Les Bulgares et les Allemandspillaient beaucoup. Les Allemands entraient dans les mai-sons, tuaient les cochons coups de fusil et personnen'osait s'opposer cette faon de faire . Stoyan Risto-

    viTCH, 45 ans, kmet du village du temps des Serbes, etNaoum Vesdinovitch. 3< Lorsque les Bulgares sontpartis, ils ont tout pill et, deux personnes, ils ont volde l'argent. Ainsi on a pris Spire Ilitch i.ooo francs. Lessoldats sont entrs dans sa maison et ont demand du vin.Pendant que la femme tait en train de leur en chercher,ils ont vol les i.ooo francs en papier serbe et bulgare dansune malle. A Kol Ristevitch, on a pris 18 napolons. NovAK Naoimovitch. 56 ans, kmet du village, dpositionconfirme par les autres tmoins de Bradoutchina.

    3o

  • Ville de Bitolj.

    Les comtadjis ont pill les meublesde tous ceux qui taient absents. Les Grecs qui ont tra-vaill contre les Bulgares pendant le rgime turc, ont tpills. Lors de la retraite des troupes bulgares, peu prstous les magasins grecs ont t pills. Chrisostomos,mtropolite grec de Bitolj.

    Lorsque les Bulgares ont vacu la ville, ils ont pilltous les magasins. Tout ce qu'ils pouvaient emmenerfut emport. Le reste fut dtruit. >' Mihailo BELrrcH,53 ans, commerant, et Gortcha Kourtevstch, 42 ans,htelier.

    Toutes les maisons de ceux qui sont partis Saloniqueont t squestres. Les eflts ont t vendus sur placeou transports en Bulgarie. > Dja.mila Kolonomas,53 ans.

    '< Les Bulgares sont partis le 5 novembre (v. s.), 5 heures du soir. Dans la matine, ils sont entrs dans tousles magasins de la ville et y ont enlev toutes les marchan-dises en laine et en coton. La plupart des magasins ont td'ailleurs pills compltement, sous prtexte qu'on avaitbesoin de ces marchandises Sofia. Les familles serbesqui ont laiss leurs meubles chez des personnes honntes,les ont sauvs. Ceux des autres ont t transports en Bul-garie ou vendus aux enchres, ou encore vols par lesfonctionnaires. Sotir Sekollomtch, 57 ans, com-merant.

    " En \acuant la ville, les Bulgares ont tout pill et ilsont abm les marchandises qu'ils ne pouvaient pas em-porter. Les Bulgares ont dmnag les maisons serbes. Leprfet Boyadjieff a pris les choses les plus jolies, le reste at envoy Sofia. On a galement vendu aux enchres l'glise franaise les objets provenant des maisonsserbes. > Bramslava Marinkovitch, 17 ans.

    La faon d'agir des Bulgares Bitolj est illustre par ladposition de Danka Popovitch, 22 ans, institutrice, dpo-sition faite au Ministre de l'Intrieur du Royaume deSerbie :

    3i

  • Ds leur arrive Bitolj, les Bulgares ont envoy desrondes par toute la ville et ont donn l'ordre que toutesles affaires appartenant aux Serbes partis de Bitolj leurfussent remises. Le mobilier de Milan Yovanovitch, juge,ayant t dpos chez nous, nous avons vu arriver quatresoldats bulgares arms, accompagns de deux chefs comi-tadjis, Itso Romanoflf et Georgi Pope Christoft. Ils avaientt amens par un certain Kosta, garon de bureau autribunal, qui leur a certainement dit que ces affaires setrouvaient chez nous, car c'est lui qui les avait transpor-

    tes. Nous avons refus de livrer le mobilier, allguantqu'il nous appartenait. Us ont perquisitionn et sont reve-nus plusieurs fois, mais nous n'avons cd qu' l'arrivedu commandant de la place, le lieutenant-colonel Radit-cheff

    ,qui tait accompagn d'un commissaire de police.

    Tout le mobilier des Serbes, ramass en ville, fut dposau consulat d'Italie, o les diflfrents commandants bulgaressont venus ensuite faire leur choix pour envoyer les objetsen Bulgarie; M. Ousonuski, par exemple, a envoy chezlui trois tapis persans et deux tables. Une certaine partiedes biens fut vendue au profit de la Croix-Rouge bulgare.Lorsque le commandant de la place Raditcheff est venupour prendre les affaires du juge, il nous a dit qu'il avaitdes ordres dans ce sens de son Ministre et que nous de-vions les cder.

    De tout ce qui prcde, il rsulte que les soldats ennemisdes Serbes, tant Bulgares qu'Allemands, ont largementpill dans la partie aujourd'hui dlivre de leur joug decette Macdoine que les propagandistes du Gouvernementde Sofia avaient l'habitude de prsenter au public euro-pen et amricain, trs peu ou pas du tout au courant desaffaires balkaniques, comme un pays ethnographiquementtout fait bulgare. Traite-t-on ainsi un peuple frre? vi-demment non, et les Bulgares ont eu eux-mmes le senti-ment de leur faute ; la preuve en est dans le document offi-ciel bulgare suivant, tomb entre les mains de l'armeserbe et qui constitue un aveu implicite du pillage et l'aveude leur faute.

    32

  • a 11*^ Division d'infanterie de la Thrace.Intendance N 2228

    Le 27 novembre I9i5,Stroumnitza.

    Au Commandant du 21^ rgiment Sredniagora(de Sofia) Neznokop

    En vertu d'une dpche reue de la 11^ arme (Direc-tion des services de l'arrire) sous N 353, le Commandantde la Division ordonne de vous communiquer, monColonel, qu'il a t constat de nombreux cas Vls, Stip et dans les environs, oi des units et des soldats nese conforment pas aux ordres prescrits pour la rquisitionet se Iwrett au pillage de la population, i^otamment dela population rurale, de sorte que c'est la confiance de lapopulation dans les autorits bulgares gui en souffreet gui est sur le point d'tre compltement anantie.Veuillez donc prendre les mesures les plus svres et lesplus promptes pour fairt cesser au plus \ ite cette faon de

    procder.L'Intendant : le Colonel

    Betcharoff. >

    Ce colonel-intendant Betcharoiil agissait au nom du'commandant de la Division d'infanterie de la Thrace-C'tait probablement un homme qui entendait faire laguerre honntement suivant les rgles tablies, au moinsen ce qui concerne le traitement des biens de la populationcivile ennemie. Peut-tre, aussi, n'avait-il en vue que dese concilier les bonnes grces de cette population que sesc

  • longtemps dsire, se sont appliqus par tous les moyens enleur pouvoir s'enrichir personnellement et ruiner com-pltement les habitants, occupation qui leur a t d'autantplus douce, qu'ils pouvaient assouvir en mme temps leurhaine de tout ce qui est serbe. Qu'on se rappelle la dpo-sition de ce sergent, du 10^ rgiment bulgare, qui raconteque le lieutenant Koitcheff, du 9^ rgiment, organisaitavec ses hommes des massacres de civils pour pouvoirtranquillement piller ensuite. Dans ce travail on trouvera

    encore une quantit de preuves de la cupidit des Bul-gares. Il va sans dire que l'exemple des chefs a t suivi

    par les simples soldats. Cependant, j'ai parfois constatque ces derniers avaient des scrupules l o leurs sup-rieurs se comportaient en vrais brigands. Toutefois, enrgle gnrale, chefs et soldats ont pris part aux exactions

    de toute sorte, avec cette diftrcnce pourtant que la culpa-

    bilit des chefs, parce que chefs, est bien plus consid-rable que celle des subordonns.Comme je l'ai dit dj, les soldats allemands ont parti-

    cip au pillage absolument au mme titre que ceux del'arme bulgare. Ces soldats de la Kultur " ont laisschez les simples paysans macdoniens, traits avec tant dempris par eux, le souvenir de brutes.Je discuterai dans le chapitre Rquisitions , comme il

    est mentionn plus haut, les consquences pour le pays dupillage et des rquisitions bulgaro-allemands. Ici, je mecontenterai de constater qu'on a enlev sans aucun ddom-magement et mme sans utiliser la forme lgale de larquisition, donc par le pillage, aux tmoins entendus parmoi :Bufs, vaches, veaux, 294 ; moutons, 2.754; chevaux, 25;

    porcs, 3it ; nes, 123; mulets, 3; bl, 7i.35o kilog. ; foin,

    3.400 kilog.; orge, 5oo kilog.; laine, 9.43y kilog. ; paille,

    3.400 kilogr., etc.

    Ce sont l des chiffres, mais la plupart du temps mestmoins ne prcisaient pas et me disaient simplement : on nous a tout pris , ou bien m'amenaient dans leursgranges et leurs curies, jadis pleines de crales et de bes-tiaux, aujourd'hui presque toutes vides.

    -34 -

  • Ainsi qu'il rsulte des dpositions cites, la faon dessoldats ennemis de s'approprier le bien d'autrui fut fortsimple : si les habitants ne donnaient pas de plein gr cequ'ils demandaient, ils employaient la force. A noter aussila mthode des Bulgares d'vacuer les habitants des vil-lages pour pouvoir piller ensuite librement toutes les mai-sons abandonnes. Les soldats n'taient, d'ailleurs, pas lesseuls piller, beaucoup de mes tmoins nous rapportentque les comitadjis bulgares ne sont pas rests en arrire etont maintenu aussi, cette occasion, leur vieille renommede pilleurs et d'assassins.La ville de Bitolj n'a pas chapp au pillage, tout au

    contraire. J'y tais aussitt aprs sa reprise aux Bulgareset j'ai parcouru toute la ville pour m'assurer de l'tat danslequel se trouvaient les magasins. La trs grande majoritde ceux-ci taient entirement pills. Connaissant leurshommes et prvoyant le pillage au moment du dpart desBulgares, les commerants avaient ferm les boutiques.Mais cela n'a servi rien. La soldatesque a fait sauter lebas des volets en fer et a pris tout ce qu'elle pouvait em-porter. Dans les grandes rues commerantes, il n'y avaitpresque pas de boutiques ne montrant pas des tracesd'effraction. Encore aujourd'hui, les volets en fer tordustmoignent du zle des pilleurs bulgares.Je suis entr dans beaucoup de magasins pills. Le spec-

    tacle y tait navrant. Tous les rayons taient vides et leurcontenu ou enlev ou parpill, souill, bris, inutilisablepar terre. A plusieurs reprises j'ai fix ce spectacle sur laplaque photographique, notamment dans un magasind'horlogerie formant angle avec la rue du Roi Pierre etvis--vis du Consulat d'Autriche-Hongrie, o la dvastationtait tout spcialement typique.

    La dposition de Sotir Sckoulovitch nous dit que lesBulgares, pour excuser leur pillage, prtextaient le besoinde marchandises Sofia, o on en manquait. Pour qu'onpuisse bien apprcier sa valeur cette excuse, je dois dire, cette place, que AL S. Sekoulov itch, notable de la ville,a t longtemps, du temps turc, membre du comit bulgarede Bitolj et, comme tel, naturellement bulgarophile. Vis-

  • -vis de cet ancien ami de leur cause, les Bulgares eux-mmes sentaient le besoin d'excuser en quelque sorteleur conduite injustifiable. En tout cas. le pillage de la\ilie de Bitolj est absolument en contradiction avec toutesles lois et conventions de la guerre. La destruction desobjets qu'on ne pouvait emporter prouve qu'il est d lasidit des soldats de tout grade et au besoin de fairedu mal une population qui chappait aux Bulgares.

    Il faut aussi retenir des dpositions, le fait que l'Etatbulgare a squestr en sa faveur tous les biens des citoyensserbes partis en fuyant l'invasion. En faisant cela, 'lesgau\ ernants de Sofia n'ont fait qu'appliquer les mthodesde confiscation employes par eux en Serbie encoreoccupe, comme je le dmontrerai plus loin. Je discuteraialors les causes de ces confiscations. Ici je me conten-terai de fixer leur nature parfaitement illgale, nature quetous les ergoteurs de Sofia et d'ailleurs ne pourront paschanger.

    Ces dpositions nous montrent galement les fonction-naires de Ferdinand de Cobourg, entre autres le prfetBoyadjieff, fils du gnral du mme nom, choisissant dansce butin provenant du pillage des maisons serbes les objetsle^ plus prcieux pour se les approprier. Le reste futen\ oy Sofia ou vendu aux enchres. Le code pnal detous les pays qualifie un tel acte de vol, et celui quiie commet, de voleur. Mais les fonctionnaires bulgares,comme on le verra par la lecture de mes tmoignages, nese sont pas embarrasss de telles considrations juridiqueset leurs chefs, qui ont t srement au courant de lachose, non plus.

    J'ai voulu connatre approximati\ ement le dommagesupport par les habitants monastiriotes du fait du pillagfebulgare. Les autorits serbes m'y ont aid en mettant ma disposition tous les documents officiels. Mais cetteenqute est forcment incomplte, beaucoup de pills, etn(tamment les plus riches, ayant quitt la ville volontai-rement ou comme dports par les Bulgares. Il ne m'a pasi possible de les retrou^er dans leurs lieux de refuge, Salonique. en Vieille Grce, l'tranger, etc.. et cela

    3(i ~

  • d'autant moins que, parmi eux et suivant le tmoignage lIiimtropolite grec Chrisostomos, il y avait galement uncertain nombre de Grecs..L'enqute officielle a pu dcouvrir parmi les habitants

    encore Bitolj, 335 commerants et artisans pills, .lerpte que les plus riches ne sont plus Bitolj. Le dom-mage subi par eux du fait du pillage est de 794. 48.? francs.Parmi ces pills, il va : 6t commerants, 42 lermiers,88 piciers. 16 cafetiers, 3 hteliers, 6 cordonniers, S tail-leurs. 9 marchands de tabac, 22 brocanteurs, 1 libraire,S marchands de fruits et lgumes, 2 marchands de farine,4 colporteurs, 4 ptissiers, 5 marchands de bois et char-pentiers, 4 charretiers, 3 bouchers, 12 teinturiers, quin-cailliers, ciseleurs, couteliers, serruriers, ferblantiers.

    3 marchands de \ in, 1 fourreur, 3 horlogers, 3 boulan-gers, etc.

  • mRQUISITIONS

    V^oici d'abord ce que disent les prisonniers bulgares propos des rquisitions faites par leurs troupes et cellesdes Allemands.

    iV'^ 6, capitaine au io' rgitrient : < Le tmoin n'a passque dans un seul village, et l on n'a pas fait de rqui-sitions. Cependant il a constat que ce village tait dansun tat misrable et qu'il n'y avait presque plus d'habi-tants. '

    A^*^ J, 21 ans, du 28'' rgiment tVinfanterie : Lorsqueles soldats prenaient quelque chose, ils payaient. Il ne saitcependant pas ce qu'ont fait les commandants. '

    A'^" 8 , 40 anSy du 43' rgiment : >( Les biens de ceux quisont partis pour la Serbie ont t employs par l'Etat, et ona dpos la mairie des rcpisss. >

    A" (), 20 ans, du 46'^ rgiment : < Son rgiment a pris levin et l'eau-de-vie sans payer. Lorsqu'on prenait desvivres, on donnait des bons, mais il ne sait- pas si ces bonsont t pays. -

    A' ' 10, 26 ans, du 2f rgiment : " A Prisren on a faitbeaucoup de rquisitions. On a donn beaucoup de bonsde rquisition et on a pay quand on avait de l'argent,mais on n'en avait pas sou^ent pour payer. "

    A'" //, sergent du 2" rgiment d^infanterie : Les Bul-gares rquisitionnent et les Allemands achtent aux Bul-

    38

  • gares. Les Bulgares ne paient pas les rquisitions. Les

    Allemands accaparent tout en Bulgarie et paient trs cher,mais en billets de banque.

    A^" 2, iS ans, du 2'- rgiment : Les rquisitions sontfaites par les Allemands, qui les paient. Ils paient enargent et donnent aux gens des rcpisss pour qu'on nerquisitionne pas une seconde fois. Mme en Bulgarie lesrquisitions sont faites par les Allemands, et il arrive queceux-ci ne veulent pas payer ce qu'ils prennent. On a formdes comits allemands pour faire les rquisitions. Ilsmettent tout en magasin et le distribuent ensuite.

    A^" i3, 25 ans, du 3' rgiment : Les paysans des vil-lages de Macdoine vivent trs mal parce qu'on leur a toutrquisitionn. Ce sont les Allemands qui rquisitionnent,et la population se plaint trs vivement d'eux. Les rqui-sitions ne sont pas payes.

    A' " /7, 2(^ ans, caporal sanitaire au 2' rgiment : >< Par-tout o il y a quelque chose, l'arme le prend. On dit bienaux paysans qu'on payera, mais on ne le fait jamais. >

    - A'" /5, 26 ans, sergent au 2" rgiment : Les paysansn'ont plus rien, on a tout rquisitionn. La commission derquisition ne leur paie rien.

    A'" /6. 32 ans, 21' rgiment : On a beaucoup rquisi-tionn. Parfois on paie. En Serbie, dans les contres o aeu lieu la r\ olte, on a tout pris sans payer.

    A' ' /J, 20 ans, du 2f rgiment : Tout a t rquisi-tionn. On a bien donn des bons de rquisition, mais ohne les paie pas. Ce sont les Bulgores qui ont rquisi-tionn. >>

    A^" /cS\ 2(j ans, du 10' rgiment : Les Bulgares ontrquisitionn tout ce qu'ils pouvaient. D'ordinaire, ils

    donnaient au Kmet des raspiske (bons de rquisition),qu'ils ne payaient pas.

    Les dpositions des soldats ennemis ne concordent pastoujours. Nous avons d'abord les prisonniers qui affirmentque tout s'est pass correctement. Parfois, peut-tre mme

    - 39 -

  • souvent, ils disent la vrit. La conduite des soldats dpendla plupart du temps de celle de leurs chefs. Si ceux-ci seconduisent avec correction et loyaut, leurs subordonnssont forcs de se concfuire de la mme faon. iNier qu'il y aitde tels chefs dans les armes ennemies serait absurde etinjuste, d'autant plus que mon enqute antrieure enSerbie m'a montr que, mme parmi l'arme des mas>a-creurs austro-hongrois, il y avait des chefs qui taient debraves gens.Toutefois cette affirmation de la correction des procds

    employs est souvent aussi inexacte et est le rsultat d'uncalcul de la part du tmoin. Celui-ci est prisonnier entreles mains de ses ennemis. Sa situation n'est pas dj trsagrable et il ne veut pas l'empirer encore en racontant ceque les siens ont fait de rprhensible, car il mesure lesautres sa propre mentalit et les Bulgares sont tout sp-cialement vindicatifs et trs durs envers les prisonniers.Le tmoin n' 12 et d'autres que, faute de place, je n'ai

    pas mentionns ici, prtendent que ce sont les Allemandsqui procdent aux rquisitions pendant que d'autres encoredisent que les rquisitions sont faites par les Bulgares.L'ensemble des dpositions contenues dans mon dossier,parat me permettre de conclure que ces affirmations sonttoutes deux justes. L o il y a beaucoup de troupes alle-mandes, mme en Vieille Bulgarie, les Allemands semblentavoir pris en main le ravitaillement des units des deuxarmes. LU o il n'y a que des soldats bulgares, les Bul-gares s'occupent eux-mmes de leur ravitaillement.La grande majorit de mes tmoins est d'accord pour

    dclarer qu'on a beaucoup rquisitionn. On a ramasstout ce qu'on pouvait, et la consquence de ce fait est,comme le dit le capitaine du 10' rgiment, que les villagesse trouvent dans un tat misrable, observation que je nepuis que confirmer pleinement d'aprs ce que j'ai vu dansles villages dlivrs.La plupart des prisonniers disent qu'on a donn des

    '< raspiske >, c'est--dire des bons de rquisition, mais beau-coup d'entre eux affirment aussi que ces bons ne furentjamais pays ou que, comme le dit le le tmoin n" 10, ces

    40

  • bons turent pays quand on avait de l'argent, mais on n'enavait pas souvent >. Ainsi qu'on le verra par ce qui suit, cefait est absolument exact. A noter aussi, dj cette place,raffirmation que les bons de rquisition, non pays natu-rellement, lurent dposs la mairie entre les mains dukmet (maire). Or, mon enqute m'a dmontr que lesBulgares, dans presque tous les villages, ont destitu leskmets du temps serbe pour les remplacer par des habitantsfavorables leiir cause ou, mme, par leurs comitadjis oupar des hommes amens de Bulgarie, Beaucoup de ceskmets ont suivi l'arme bulgare en retraite, emportant aveceux les raspiske >, de sorte que les villageois sontaujourd'hui sans aucune preuve permettant de forcer le>Bulgares leur payer ce qu'ils ont rquisitionn.Le tmoin n' S parle aussi de la squestration par l'tat

    des biens de ceux qui sont partis. J'aurai encore m'oc-cuper des squestrations dans ce travail. Pour le moment.Je ne fais que noter l'aveu de la part d'un prisonnier bul-gare de la ralit du fait.

    Quelques dpositions de tmoins civilsde la rgion de Bitolj

    Village de Ptalino. Les Bulgares ont rquisitionnles crales, les bufs et les moutons. D'abord ils ont payquelque chose, ensuite ils ont tout pris sans payer. Lesprix pays, pendant les premiers temps de l'occupation,taient minimes : par exemple, 2 fr. pour un agneau, et3 fr. pour un mouton. Ilia Traikovitch, kmet du vil-lage, 39 ans.

    Village de Grounichte. ' Les Bulgares ont rquisi-tionn le bl, la laine, les opantzis (espce de sandales), etc.Ils ont pris aux habitants tous les mulets, chevaux etvaches sans payer. Ils marquaient ces rquisitions dans unlivre la mairie, et donnaient un rcpiss pour tout levillage; mais les rcpisss n'ont jamais t pays. RiSTo .MiTAR Nedelkovitch, 39 ans.

    41

  • Tous les rfugis de Grounichte confirment que lesBulgares leur ont pris toutes les crafes, les animaux, etc.Ils n'ont presque jamais pay et, s'ils donnaient quelquechose, c'tait trs peu. Les rfugis dk Grounichte,interrogs Ptalino.

    Village de Boudimirtzi . < Ds leur arrive, les Bul-gares ont pris tout le foin, les animaux, etc., en disant : On va vous payer , mais ils n'ont jamais excut cettepromesse. Ils ne donnaient mme pas de bons de rquisi-tion ou de rcpisss, ils prenaient, simplement. " Ii.koSivEviTCH. 32 ans, et Di.mitrie Vasiljevitch, 43 ans.

    Village de Jivonja. Les Bulgares ont pris de lapaille, du foin, du bl, etc. Ils payaient parfois, mais tortmal. La plupart du temps, ils ne payaient pas du tout.Ainsi, lors de leur arrive au village, ils ont ramass toutle foin et le bl sans ddommager les paysans. A la mmepoque ils donnaient cependant encore parfois des rc-pisss ou bons qu'ils payaient, au moins partiellement,quelques mois plus tard. Mais cet t ils ne donnaient plusde rcpisss et prenaient pourtant tout. Lorsqu'ils

    payaient, ils donnaient pour un veau 12 17 tr., et pour unagneau 2 4 fr. Le mouton fut pay 10 fr., pendant que lesvillageois les vendaient ordinairement 40 fr. Le buf taitcot 100 fr., pendant qu'au march on le vendait 400 tr.Les Bulgares ont pris, sans la payer, toute la laine duvillage. Le tmoin Lazarevitch me montre deux bons de63o kilos de bl et de 700 kilos de paille non pays. Les

    bons que le kmet (maire), qui est parti avec les Bulgares, aemports sont d'une valeur, seulement pour le bl, dpas-sant 4.000 francs. Vasilie Georgevitch, 56 ans; RistoLazarevitch, 53 ans; Georges Petritch, 38 ans, et DanasKouLEviTCH, 60 ans.

    On m'a pris tout et on ne m'a pas donn une piastre. Djelil Ibrahi.m, 60 ans.

    Village de Sovitch. Les Bulgares prenaient tout cequ'ils voulaient sans donner de rcpisss. Parfois ilspayaient, mais c'tait rare. S'ils ddommageaient les gens,

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  • ce n'tait jamais que partiellement. Ainsi ils ont pris Risto Gatchevitch, 180 moutons pour 180 fr. Risto ne vou-

    lait pas les donner ce prix ridicule, mais les soldats leslui prirent de force. Kole Deloff, 70 ans; Tal Chris-ToviTCH, 55 ans; Christo Gatchevitch, 68 ans; KrstaiNaoumovitch, 3oans; Jorgi Tachevitch, kmet, 59 ans, etDimitrie Delevitch, 56 ans.

    Village de Dobroveni. < La plupart du temps les Bul-gares ne payaient rien, et quand ils le faisaient c'tait trspeu; par exemple, un mouton, 3 fr. Parfois, ils donnaientdes bons, pour les crales par exemple, mais ils ne lespayaient pas. C'est dans les maisons o il y avait deshommes que les Bulgares distribuaient des bons; dans lesmaisons o il n'y avait que des femmes, ils prenaient toutsans rien donner. Jovanka Xam>anovitch, 38 ans;ToDOR Petrovitch, kmet du village, 68 ans; Naidan Todc-rovitch, 49 ans; Naoum PEtROViTCH, 41 ans: Bojin Naideff,60 ans.

    Village de Slivitza. Les militaires ne donnaient pasde rcpisss, mais prenaient, sans payer, ce qu'ils vou-laient. > Petar Serbovitch, 65 ans; Ilia Georgevitch,

    37 ans; Grigor Traikovitch, pope. 45 ans: Yovan Traiko- .vitch, 55 ans; Lazar Traikovitch. 48 ans ; NedelkoTolevitch. 40 ans.

    Village de Batch. Parfois, rarement cependant, lesBulgares ont pay. Par exemple, pour un objet valant40 fr. ils ont donn 4 fr. En gnral, ils n'ont rien pay.Ainsi, Stoikovitch, ils ont rquisitionn sans ddomma-gement : un cheval, un ne, deux boeufs, une voiture, etils ont emmen encore son garon de i3 ans, qui n'est plusrevenu. Ils ont rafl tout le bl et ont donn au kmet unrcpiss de l'ensemble de ce qu'ils ont pris au village;

    le kmet est parti avec eux. A Traiko, ils ont pris i.5oo kilosde bl sans rien payer. Traiko ^'ovanovitch, 40 ans, etStovan Stoikovitch, 55 ans.

    ( Au tmoin on a pris ses moutons, ses bufs, soncheval, la paille et le foin. Seuls, ses moutons lui furent

    - 43 -

  • pays, et encore moiti prix. Pour le reste il n'a rien reu,pas mme un rcpiss. Les militaires donnaient parfoisde ces rcpisss, les comitadjis jamais. KrstaNase;vitch, 5o ans.

    Village le Gnjilech. Les Bulgares ont pass irneanne au village. Au commencement ils ont pay ce qu'ilsont pris aux habitants, mais ils n'ont jamais donn la rellevaleur des choses. Ils payaient le tiers ou, au plus, lamoiti du prix. Plus tard, ils ne payaient plus rien du toutet ne donnaient que des bons de rquisition. Ces bons sontentre les mains du maire du village. A Toloft" on a pris100 moutons, 4 bufs et 2 chevaux. Le village comptait40 hommes et 40 femmes. Le tmoin ne connat pas la pertematrielle totale de tout le village. Seul, le kmet possdeles donnes ncessaires, mais il est parti avec les Bulgares.Cependant, Toloft' tait l'homme le plus riche du village,et il a aussi perdu le plus. Boiko Toloff, 58 ans.

    Mitroff a perdu 5o moutons. Les Bulgares lui don-nrent pour le plus grand lO lves, pour les autres 3 4 lves par tte. Ils lui ont galement pris 2 bufs etun cheval. Les bufs furent pays 20 lves chacun, pourle cheval il n'a rien reu. ) Axdon Mitroff, 3o ans.

    Village de Skotchivir. < Pendant tout l'hiver les habi-tants ont di nourrir les soldats. Ils ont t forcs gale-ment de couper le foin sur place et de l'amener directementaux soldats. Ils ont ainsi coup plus de 120 charrettes defoin. Celui de l'anne passe (i9i5) fut aussi pris.

    Stoitcho Ristitch, 65 ans; Risro Koulevitch, 60 ans;RiSTO TcHEBLAGOMTCH, 62 aus, et RisTO KoTEviTCH, 39 ans.

    Village de Kenali. " La population fut force d'ache-ter, Bitolj, une ocque de farine pour 4 francs et de larevendre ensuite aux soldats raison de fr. 5o, si ces der-niers payaient. Souvent ils n'ont rien donn du tout. Tousles chevaux, les bufs, les vaches et les vivres furent rqui-sitionns. Ce qui restait fut emport par les Bulgares lorsde leur vacuation du village. Au kmet on a pris 2 bufs,1 vache, 5 brebis avec leurs agneaux. Une partie seulement

    44

  • fut paye, trs mal. Les Bulgares prenaient beaucoup dechoses contre des rcpisss dont trs peu furent pays. Il

    y avait dans le village 207 (en ralit 3io) paires de bufs,forts et rputs dans toute la contre. II n'en reste plus que10 paires (en ralit 20). Les Bulgares ne permettaient pasaux villageois de couper le foin de leurs prs. Les soldatsle faisaient eux-mmes. Plus de 3. 000 charrettes de foinfurent ainsi prises aux habitants sans payement. O.merOsman, 40 ans, kmet du %'illage : Chaban Ah.mkt, 43 ans;Mahmoid Ali, 40 ans, et Adkm Cukriff, 3o ans.

    Village de Medzidli . Au tmoin on a pris sa pailleet son foin, un veau et deux chevaux. Dans tout le villageles Bulgares ont pris du btail et des crales. Ils ont payun peu pour la paille et pour le reste ils ont donn desbons qui n'ont pas t pays. Arif Abdlla, 47 ans." Tous les bufs, chevaux et moutons ont t pris sanspy veulent. De plus, les Bulgares sont alls de maison enmaison pour ramasser le bl, le foin, lorge, etc.. Il y avaitune compagnie du 36^ rgiment bulgare dans le village.c(jnipagnie que les habitants ont d nourrir. On leur pre-nait aussi tout leur bl et la farine^ Moustafa Rouchan,40 ans; Ibrahlm Osman. 43 ans: Ii.ia Ibrahim. 23 ans, etAbdoi'la Osman, 12 ans.

    Village de Sredeni Egri . < Les Bulgares ont tout pris,vivres et btail. Le premier btail qu'on leur a enlev futpay par des rcpisss, mais pour loo ocques on y notait40 ocques. Les rcpisss n'ont d'.ailleurs pas t pays.Ensuite on ne leur a plus rien donn du tout- 11 y avaitaussi des Allemands au village, des artilleurs. Ceux-ci ontramass tout ce qu'ils trou^'aient et n'ont rien pay. Pourprendre les objets ils usaient de la force. Au kmet on a prisainsi : 6 vaches, 6 chevaux. 4 bufs. 7 porcs, toute la\ olaille, 1.200 kg. de bl, 40 chariots de foin, 10 tas depaille: Spase Toleff : 3 >aches, 11 porcs, le foin, la paille.1.200 kg. de bl; Vasilievitch : 2 chevaux, 2 veaux.10 porcs, le foin, la paille, le bl; Nedelkovitch : 3 che-> aux, 3 bufs, tout le foin et la paille ; Stoyanovitch :10 vaches et vfsaux, 2 bufs, 10 porcs, iG moutons, 1.600 kg.

    4-'

  • de bl, le foin et la paille; Petkovitch : 1.400 kg. de bl,1 buf, tout le foin et la paille, de sorte qu'il n'a plus rien;

    il Hoft : 1.000 kg. de bl, 1 buf et tout ce qu'il avait encore.Les Bulgares n'ont pas permis de couper le foin. Ils l'ontcoup eux-mmes. Athanase Dimitrieff, 38 ans, kmetdu village; Spase Toleff, 32 ans; Nedelko Vasilievitch,40 ans; Trajan Nedelkovitch, 40 ans; Dimitrie Stovano-vrrcH, Pavle Petkgvitch, 40 ans, et Angel Hoff. 16 ans.

    Village de Negoiine ou Negotchani. Les Bulgaresont pris tout ce dont ils avaient besoin. Une partie des mar-chandises fut paye, cependant la plupart du temps ilsn'ont rien pay du tout. Ils ont donn quelquefois desbons, mais ceux-ci n'ont pas t pays. A Kitanotf les Bul-gares ont pris 5 bufs, 60 moutons, la paille et le foin. LesAllemands, en passant sur la route, lui ont enlev encoreune paire de bufs, naturellement sans payer. C'est lekmet. Mitre Athanasoff, nomm par les Bulgares, qui aprocd aux rquisitions. Le tmoin Dimo a perdu sa paille,son foin et son bl, 1 buf, 1 1 ruches, 23 moutons et on nelui a rien donn pour tout cela. Les paysans ont coup lefoin et les Bulgares l'ont enlev. Zvetko Dimo, 55 ans,et Tratche Kitanoff, 56 ans.

    Village de Lajetz. < Les soldats prenaient tout le blet les crales et ne les payaient pas. Trs rarement ilsdonnaient des rcpisss, qui ne furent pas pays. On apris au village lOO bufs et 540 moutons, tout ce qu'il yavait. Parfois ils payaient pour ces animaux, mais trs peu :10 francs pour un grand mouton, etc.. Le foin a t couppour les soldats. Nikola Todorovitch, 36 ans, kmet duvillage, et Andria Ilivitch, 38 ans.

    Village de Velouchina. Dans le village il y avait f\^?,soldats bulgares du 11^ rgiment et des soldats allemands(1 compagnie). On a rquisitionn. Les premiers temps,ils rquisitionnaient proportionnellement la fortune desvillageois, mais ensuite, ils prenaient tout. D'abord onpayait un peu, ensuite on ne donnait plus rien. Au kmeton a pris sans payer 5oo kg. de mas, 1 buf, 3.000 kg, de

    - 46 -

  • foin et 4.000 kg. de paille. A Kotcho Petrovitchon a enlevun hangar plein (avec le btiment), o il y avait jusqu'10.000 ocques de foin et 5.000 ocques de paille. En gnralon a pris tout le foin, la paille et les crales sans payer.On a galement pris sans payement environ 3oo moutonset 20 bufs. Il n'y a plus de moutons au village. >- PavleGeorgevitch, 3o ans, kmet du ^ illage.

    Village de Dragoch. Les soldats ont fait des rqui-sitions dans le village. La plupart des choses rquisition-nes furent payes, mais des prix trs bas. Deuxbuffles, un veau et i.ooo kg. de foin furent ainsi paysensemble 200 lves. Toutefois le foin, la paille, les vivresfurent trs souvent pris sans mme tre pays des prixdrisoires. On leur payait le bl 3o centimes l'ocque, etquelques jours plus tard les villageois taient forcs de leracheter 3 fr. ou 3 fr. 5o l'ocque. On a donn des bons derquisition, qui furent dposs chez le kmet, mais jamaispays. La plus grande partie du foin fut coupe par lesBulgares. > Pavle Ristitch, 33 ans, et Athanase Stova-NOvrTCH, 37 ans, kmet du village.

    \'illage de Gradechnitza. < Le foin et la paille ont tpris par les Bulgares sans payement. Il en fut de mmea^ec le btail, les bufs, les moutons, etc. Pour le bl on adonn quelque chose, mais trs peu. De plus, les villageoisont d nourrir pendant 2 mois les soldats. Les Bulgares ontainsi pris sans payer : 200 moutons, 60 bufs, 23 vaches et\eaux, t6 cochons. On a permis aux paysans de travaillerleurs champs, A ceux qui ont coup le foin, on leur adonn la moiti de la rcolte, aux autres on a tout pris. '> RisTE D1MITRIEFF, 60 ans, kmet pendant l'occupationbulgare; ^'ovan Petrovitch, 73 ans; et \ikola Stovanoff,68 ans.

    ' Il y avait aussi des Allemands au village. C'taient destlphonistes au nombre de dix environ. Ceux-l payaientce qu'ils prenaient. Le tmoin avait cach ses bufs.

    Panta .N'AOC.MOvrrcH. 3( ans, kmet du \ illage.

    Village de Kunina. Les Bulgares ont beaucoup rcjui-

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  • sitionn. Leurs rquisitions furent quelquefois payes,mais la plupart du temps elles restaient impayes. Le foin,la paille, le bl, par exemple, ne furent jamais pays. Lesprix qu'on donnait taient absolument insuffisants :10 francs un mouton. Ils payaient un mouton et en pre-naient 10 sans payer , disent les tmoins. Environ 20 bufset 8 che\aux furent pris sans payement. " Dlmitrie Iva-iNOViTCH. 39 ans, kmet du village; Stevan Nikolevitch,62 ans, kmet du temps des Bulgares; Petar Spasevitch,3G ans: Marko Ygvanovitch, 65 ans: Kosta Risteff, 70 ans,et Spase Boyeff, 60 ans.

    Village d'Ostretz. Les Bulgares ont tout rquisi-

    tionn sans payer les rquisitions. Ainsi ils ont pris

    40 boeufs, environ 200 moutons et environ 100 \aches etveaux. Au tmoin ils ont pris 4.000 ocques de foin,2.000 ocques de paille, 3oo ocques de mas, 1 vache. Il nelui reste qu'une vache. Partout dans le village ils ont ainsipris les biens sans rien payer. Ils nous ont ruins ,ajoute Chalim >. Chalim Hassan, 60 ans. et RisvanRed.iep.. 72 ans.

    Village de Holleven. * Il y avait dans le village dessoldats allemands et bulgares qui ont beaucoup rquisi-tionn sans payer. Pour le foin, ils donnaient quelquefoisdes bons de rquisition, qu'ils ne payaient pas. Au tmoinon a pris : des bestiaux pour une valeur de 400 napolons,80 charrettes de foin, un tas de paille de'i5 mtres de lon-gueur, 6 mtres de hauteur et 3 mtres de largeur, 2 bufs,1 vache, 3 chevaux, 12 cochons, i3 moutons, 5o poules.Tout cela fut pris sans payer. De plus, on a enlev aussi autmoin 200 kg. d'avoine et 100 kilos de haricots. Danstoutes les maisons on a ainsi pris tout ce qu'il y avait. Il nereste plus un mouton ni un porc au village. TleBoGOiEvrrcH, 54 ans.

    Village de Zabjani . Les Bulgares ont tout enlev :comestibles, bestiaux et crales, toujours sans payer.Ainsi on a pris : 5o bufs, 3o vaches, 100 chevaux, i5 nes,tous les porcs et toute la volaille, 25.000 ocques de paille et

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  • de loin, 20.000 ocques de bl, 100 ocques de laine. Le restede la laine tait cach, enterr dans la terre. Il y avaitaussi des soldats allemands au village. Ni Bulgares, niAllemands n'ont pay quoi que ce soit. Ils n'ont mme pasdonn de bons de rquisition. Les soldats disaient aux vil-lageois : ' Vous mourrez avant nous puisque nous-mmesnous n'avons rien manger, nous mourrons ensuite.

    Lorsque les Allemands arrivaient il n'y avait plus rien prendre, parce que les Bulgares avaient dj fait dispa-ratre presque tout ce qu'il y avait. A l'heure actuelle cinqou six maisons seulement ont encore un peu de btailqu'elles ont pu cacher. A Yovanovitch les Bulgares ontpris sans payer : 12 chevaux, 4 bufs, 2 veaux, 10 moutons,1.000 ocques de bl, 5.000 ocques de foin, 4.000 ocques depaille. Spasovf. Yovanovitch, 40 ans, kmet du village;Apostol Sekol'lovitch, 45 ans, et Petkana Risteff, 5o ans.

    Village d'iven. Les Bulgares ont beaucoup rqui-sitionn. Il n'y avait pas d'Allemands. Sur cinq chosesils en ont pay une au prix qu'ils voulaient. Ainsi on apay un mouton 4 francs. Ils n'ont pas donn de bons derquisition, A la fin ils n'ont plus rien pay. Furent prisdans le village sans payement : 200 bufs, plus de2.5oo moutons, 5o chevaux, i5 nes, 5.000 ocques decrales, plus de 20.000 ocques de foin, plus de 2.000 ocquesde paille, 400 ocques de laine. Il reste au village : 3o bufs,i5o moutons; il ne reste plus de porcs, car les Bulgares enont pris plus de 200, ni de volaille. Les militaires sontrests du mois de novembre I9i5 jusqu'au mois dejuillet 1916 et pendant tout ce temps la population a d lesnourrir ses frais. Le tmoin Sevetch a perdu : 120 mou-tons, i5 bufs et vaches, 4 chevaux, 7 porcs, plus de3o poules, i.5oo ocques de bl et 2.000 ocques de foin. Lefoin fut coup par les Bulgares. Bojin Sevetch, 5o ans;GeoRgEs Petrovitch, 67 ans; Traiko Ristevitch, 5o ans,et Riste Stovanovitch, 45 ans.

    Village de Souvodol . < Les Bulgares ont prispresque tout le btail et beaucoup de crales. Parfois ilspayaient, mais la majeure partie des marchandises enle-

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  • ves ne furent pas payes. Les prix donns taient peuprs un quart ou un cinquime des prix rels. Le bl, lefoin, la paille ont t enlevs sans payement. Les soldatsont ainsi pris au village : 70 bufs et vaches dont la plupartsans ddommagement, 1.000 moutons dont 200 pays aucinquime du prix, 60 porcs sans payer, 70 ocque's de lainesans payer, 60 chevaux sans payer, de mme que 6 nes,i3.000 kilos de bl, 100.000 kilos de foin et 140.000 kilos depaille. )> Stovan Ristevitch, 45 ans, kmet du village dutemps serbe, et Naoum VESDiNOvrrcH, 58 ans.

    Village de Paralovo. < Il y avait des Bulgares et desAllemands au village. Les Allemands ont pris 5o bufs,dont 10 seulement furent pays raison de 20-25 francspice. En outre, ils ont pris sans payer : 5o cochons et20.000 ocques de foin. De leur ct, les Bulgares ont enlev700 moutons pays raison de 6 francs pice. Bulgares et

    .Allemands se sont appropri, sans payer, 3oo chevaux,9 nes, 5o.OOO ocques de paille et 5o ocques de laine.

    MiTzo Ilitch, 45 ans, kmet du village, et Mitzo Yochevitch,61 ans.

    Village de Dupeni. Bulgares et Allemands taientau village. Les Bulgares ont beaucoup rquisitionn. Cesrquisitions furent payes, seulement en partie, trs basprix, beaucoup ne furent pas payes du tout; i5o moutonsfurent saisis sans ddommagement, I.OOO moutons furentpays raison de 3 4 francs pice, 10 chevaux furent prissans payer, de mme que 5o vaches et veaux, 5 paires debufs, 80.000 ocques de foin, 2.800 ocques de bl,i3o ocques de laine. Les Bulgares ont fait payer la dme enplus de toutes les rquisitions, la plupart du tempsimpayes. Vasilie Popovitch, 45 ans, kmet du village;Krste Popovitch, 46 ans; George Ristevitch, 40 ans, etKosta Todorovitch, 46 ans.

    Village de Loubojna. Il y avait des troupes bulgareset allemandes au village. Les Bulgares ont beaucoup rqui-sitionn. Parfois ils payaient, trs mal, parfois ils nepayaient rien du tout. Ils ont pris sans payer : 3o.OOO kilos

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  • de foin, 1 5.000 kilos de paille. Le bl fut pes, et sur100 kilos ils en payrent 5o des prix trs infrieurs.iS.OOO kilos ne furent pas pays du tout. On paya 400 mou-tons raison de 3 fr. le mouton. 35 paires de bufs n'ontpas t payes. On donna, pour 80 bufs et vaches, 40 fr.par tte. Les Allemands payaient un peu mieux que lesBulgares. Ainsi, ils donnrent pour 60 porcs de 60 80 kilos,20 25 fr. par pice. La laine, comme partout, fut enlevesans payement et ils prenaient mme la laine en fil. 3o che^vaux et 10 1 5 nes furent emmens sans avoir t pays. Spiro Lazarovitch, 55 ans, kmet du village: NikolaLazarovitch, 64 ans; Mitre Ya.nkovitch, 65 ans, et SekoulaLazarovitch, 45 ans.

    Village de Harvati. " Ont t pris sans payer :5.000 ocques de foin, 5.000 ocques de paille, 8 paires debufs et environ 100 ocques de laine. Les Bulgares pre-naient la dme du bl. 200 moutons furent pays raisonde 6 fr. la pice. 6 vaches raison de 25 fr. la pice. Il yavait aussi des troupes allemandes, mais c'taient lesBulgares qui traitaient avec la population. Z\etkoKrstinoff, 58ans; George Lazar,6o ans. et Ahkdin Chaban.47 ans.

    Ville de Bitolj . < Les Bulgares ont beaucoup rquisi-tionn. Les bons de rquisition ont t pays, mais bienau-dessous du prix rel des marchandises. A la campagneils ne payaient rien. Le kilo de foin fut pay i5 centimes,pendant que le prix du march tait de 25 .^0 centimes. MiHAiLO Belitch, 53 ans, commerant, et Gortcha Kol r-TEViTCH, 42 ans, htelier.

    Les troupeaux et les crales, trs abondants en tempsde paix, ont t tous rquisitionns par les .\llemands etles Bulgares. En partant, ces derniers ont enlev le reste.Trs peu fut pay. " Mihailo Belitch. 53 ans. djentendu.Tous ces tmoignages et les multiples autres, que j'ai

    encore dans mon dossier, prouvent d'une faon certaine etindiscutable que Bulgares et Allemands ont rquisitionntout ce qu'ils pouvaient rquisitionner. videmment les

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  • rquisitions des Bulgares sont bien plus nombreuses quecelles des Allemands, mais les troupes bulgares, au moinsdans la partie de la Macdoine o j'ai fait mon enqute, ontt galement beaucoup plus nombreuses que celles deleurs allis. En partie, les soldats paraissent avoir t forcspar le manque de ravitaillement de la part de leurs armes, faire ces rquisitions qui enlevaient tous les vivres auxhabitants : Vous mourrez avant nous puisque nous-mmes nous n'avons rien manger, nous mourronsensuite , disent les soldats aux paysans de Zabjani. Maisdans d'autres endroits les vivres, bestiaux, etc., pris auxhabitants, ne furent pas consomms sur place, mais trans-ports ailleurs comme le prouvent certaines dpositionscontenues dans le chapitre prcdent. Ainsi le kmet deSredeni Egri, Athanase Dimitrieff, et les paysans de cevillage disent : Pourtant, les soldats avaient leur nour-

    riture, mais ils ont transport ailleurs les vivres pris auxhabitants. > Nikola Todorovitch, etc., de Lajetz, dposent : Une partie du pillage fut transporte Bitolj, le reste futgard par les soldats et les comitadjis. Yacha Ali, deLajetz, ajoute : A la fin, on nous a chasss de nos mai-sons et les soldats ont charg sur des voitures tout cequ'ils trouvaient. >' A Kanina il y avait beaucoup depommes de terre au village, environ 3.000 6.600 ocques.Les Allemands ont dfendu aux paysans d'y toucher et lesont enleves dans des charrettes. Ces pommes de terreauront-elles pris le chemin de l'Allemagne? D'aprs ce quenous connaissons de la faon qu'ont les Allemands d'ex-ploiter illgalement les territoires occups provisoirement,cette supposition parat trs vraisemblable.Les dpositions prouvent galement qu'une trs grande

    partie des rquisitions furent faites sans dlivrer de bonsde rquisition, de sorte que, mine si les Etats bulgare etallemand ont l'intention de faire honneur la signature deleurs chefs militaires responsables, les paysans ne peuvent

    apporter la preuve lgale des fournitures faites par eux.Les rquisitions excutes de cette faon ne sont riend'autre que du pillage.Lorsque les militaires ennemis dlivraient des bons ou

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  • rcpisss des marchandises reues, la concordance par-laite des trs nombreuses dpositions recueillies dans desendroits diffrents, o les divers tmoins ne pouvaient passe concerter pour donner des rponses identiques, montreque la grande majorit de ces bons ne fut jamais paye.J'en possde personnellement un certain nombre dans mondossier et j'en ai vu beaucoup entre les mains des villageoisqui ne possdent aujourd'hui pour toute fortune que cespapiers sans valeur. videmment, les Bulgaro-Allemandsprtendront qu'ils avaient l'intention de les payer ultrieu-rement, peut-tre aprs la guerre, et que c'est seulementl'arrive des troupes allies qui les en a empchs. Cetteintention me parat tout fait douteuse, car j'ai vu beau-

    coup de bons datant de la fin de I9i5 et qui, malgr lesrclamations des intresss, taient rests impays jusqu'aumois d'octobre ou novembre 1916, c'est--dire jusqu' l'va-cuation de la rgion par l'ennemi. Si