Les espèces invasives par-delà le seuil de l’émotion...Les espèces invasives par-delà le seuil de l’émotion Jacques Tassin Parc Naturel Régional des Grandes Causses . Salle
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Les espèces invasives par-delà le seuil de l’émotion Jacques Tassin Parc Naturel Régional des Grandes Causses Salle René Rieux - Millau 07 décembre 2017 1
1. une notion indéfinissable 2. le jeu des amalgames 3. les jeux de rhétorique 4. les causes profondes 5. les liens avec le changement
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Plan
1. une notion indéfinissable 2. le jeu des amalgames 3. les jeux de rhétorique 4. les causes profondes 5. les liens avec le changement
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John Steven Henslow
perte de contrôle
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réduction du regard au « temps bref de la chronique »
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La grande vague de Kanagawa, du peintre Hokusai. Liée au temps de l’après expansion européenne. Plusieurs façons de regarder le monde : l’écume fugace, la crête, ou le reste de l’océan, plus constant, moins remuant. On fixe son regard sur les manifestation récentes des invasions biologiques. R. Larrère : « le temps bref de la chronique » : on se situe dans la partie la plus mouvante, la plus visible, où le changement est le plus apparent, mais le changement est alors pris pour un dysfonctionnement. On ne s’intéresse qu’aux exotiques.
assertion non validée évaluer l’impact d’une invasive : une tâche jamais dénuée de valeurs
Îles et milieux aquatiques les plus exposés ; Pourtant risques + élevés ; Baie de San Francisco, US Fish & Wildlife, Herbicide Polaris (imazapyr) ; Spartina alternifolia ; Baie de San Francisco, US Fish & Wildlife, Herbicide Polaris (imazapyr) ; Déclin Clapper rail (Rallus crepitans) de 50 % entre 2005 et 2011
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S’en tenir aux principes (exotique, intégrité) ne légitime pas l’intervention (Mark Davis) : il faut regarder l’impact, mais quoi ? Souvent approche sélective, subjective. Quand ? Comment ? Construction sociale - santé, économie : c’est simple, mais sur l’environnement ? Comment penser « à la place » de la nature ? Evaluer l’impact sous toutes ses composantes (services, fonctions, temps…). Accepter diversité de regards… ou bien endosser le costume de l’apprenti sorcier.
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Présentateur
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Les invasions, elles-mêmes, changent. Si on se retourne en arrière, sans aller jusqu’aux migrations anciennes : caulerpe dont on ne parle plus. On ne dit pas non plus que le déclin des herbiers de posidonies était antérieur à l’invasion de la caulerpe. Elodée du canada en GB. Lantana en NC. On ne dit pas non plus comment les espèces se fondent dans leurs milieux.
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le brouillage par l’amalgame
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Pas neutre du tout : on fait plus que mélanger des choux et des carottes. Procède par induction : syllogism: “as the species A shows, invasive species have negative effects. Consequently, if species B is also an invasive species, it also has negative effects ». Même type : induction ds îles vers les continents. Renforce l’idée de changement global. Ourtant, caractères idiosyncratique, et niveau de similarité entre espèces invasives ou entre invasions est très bas.
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le brouillage par l’amalgame
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Tient du topos : que l’on croit formule obligée. objets hybrides, multiformes, complexes, mais réduits et simplifiés en une seule phrase (é »les invasions biologiques représentent la deuxième cause mondiale d’érosion de la biodiversité »), véritable sésame, laissez-passer, pour introduire un article ou l’annonce d’une conférence. Première réflexion : c’est sans doute vrai, mais cela tient à l’effet des invasions dans les iles, où les effets sont les plus flagrants, et sachant que 80% des extinctions d’espèces se manifestent dans les îles, où l’endémisme est élevé et où les effectifs sont faibles (espèces de ce fait vulnérables). Deuxième réflexion : cela entretient la décontextualisation des invasions biologiques ; pourtant, une invasion est le produit de la rencontre d’une population déplacée, d’un milieu, et d’une histoire. De même, chaque invasion se manifeste dans un contexte socio-économique particulier, qui détermine des perceptions, des niveaux d’impact, des coûts de contrôle… L’invasion est donc contexte-dépendante, et donc toujours locale et historicisée. Non représentable, non tangible dans une dimension globale. Remarque : on oublie les cas d’extinctions évitées (rousserolle de Rodrigues, espèces rares devenues invasives), C’est aussi la rhétorique du consensus alors qu’en réalité, il n’y a même pas consensus entre les experts (voir Humair et al 2013)
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invasion : un terme neutre ?
Nuclear bombs Ecological explosions Threat Bursting out
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Terme soigneusement choisi par Charles Elton qui ne se prive pas de métaphores. Oppose invasive et native. Aujourd’hui google interrogation « invasive species versus natives species » : 40 000 accessions.
Beaucoup d’effets >0, mais très difficiles à publier
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l’argument pétitionnaire
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la dispersion est un processus vital
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quatre groupes de facteurs prédisposants
• variation de la ressource trophique
• levée de pression des agents régulateurs
• perturbations (aggravantes ou déclenchantes)
• traits biologiques (variabilité, évolution)
fact
eurs
éc
olog
ique
s fa
cteu
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bio
logi
ques
Présentateur
Commentaires de présentation
Dernière partie peu traitée (capacité de dispersion, durée de la phase juvénile, prolificité, plasticité écologique ou alimentaire), puisque exposés de Henri Darmency (plantes adventices) et Thomas Guillemaud ou Arnaud Estoup (rôle de l’évolution)
Présentateur
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Ce faisant, on ne s’intéresse pas aux causes, Archétype = algues vertes. Soigner la rougeole en traitant les boutons. Stratégie de la bouc-émissarisation.
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Canal de la Crau : ce qui apparaît sous les jussies arrachées à la pelle mécanique. Même si, heureusement, toutes les situations ne sont pas équivalentes à celle-ci.
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penser le mouvement
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conclusion : effets attendus du changement climatique ?
Processionnaire du Pin en Serra Nevada (Thaumetopoea pityocampa)
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Pour finir : effet des changements globaux, changement climatique. Processionnaire du pin en progression constante vers le nord-est de la France, attaques nouvelles sur Pinus sylvestris nevadensis ; en Espagne (Sierra Nevada) : infestation d’une espèce boréale par un ravageur méditerranéen ; lié à hivers plus doux ; migration de l’insecte plus rapide que celle de la végétation.
Espèce invasive serait flottante, échappant aux processus écologiques, non insérée dans les réseaux d’interaction. « Hors de la nature » (un peu comme nous, finalement ? ) La supprimer ramènerait l’antériorité : d’où interventionnisme : il n’y a qu’à crever les bulles, ou en réduire significativement le nombre. Risque d’éliminer une solution, un remède.
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Conséquences fâcheuses de penser de cette manière. Parfois la conséquence de la suppression d’un herbivore. Exemple Amsterdam (TAAF), après éradication du mouflon : invasion d’herbacées Regrets des instigateurs (JL Chapuis). Montre qu’on ne remonte pas le temps, et que notre perception des invasions biologiques n’est pas bonne parce que renvoyant à un temps qui n’est pas le temps biologique (plutôt mécaniste).
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80 % d’insectes en moins en 24 ans
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300 000 colonies d’abeilles par an
Présentateur
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Le point de vue des abeilles ? 300 000 colonies disparaissent chaque année ; Les pesticides hautement toxiques pour les abeilles, bourdons et autres insectes bénéfiques sont : les carbamates (ex. : aldicarbe, benomyl, carbofurane, methiocarbe), les organophosphorés (chlorpyrifos, diazinon, dimethoate, fenitrothion), les pyréthroïdes (ex. : cyfluthrine, cyhalothrine) et les néonicotinoïdes que l’on croyait écologiques et dont on enrobe les semences (ex. : imidaclopride, thiamethoxam, clothianidine).
50 % d’oiseaux en moins en 30 ans
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Le point de vue des oiseaux ? Reflète disparition des invertébrés. + espèces gourmandes de mauvaises herbes : serin cini, linotte mélodieuse, verdier, chardonneret… France : STOC programme de Suivi Temporel des Oiseaux Communs mis en place par le MNHN. Pan-European Common Bird Monitoring Scheme : Chute de populations de 50 % ; en Europe ; Meadow pipit : pipit farlouse ; Corn bunting : bruant proyer ; Turtle dove : Tourterelle des bois ; whinchat : tarier des prés ; yellow wagtail : bergeronnette printannière ; Ortolan bunting : bruant ortolan. Chute d’effectifs de 89 % pour le pipit farlouse en France entre 1989 et 2011 ; Les populations d’oiseaux sont directement touchées par empoisonnement aux organophosphorés ou aux insecticides carbamates et aux rodenticides anticoagulant. L’intoxication sublétale des oiseaux par les organophosphorés peut provoquer des changements néfastes dans leur comportement. • Les herbicides à large spectre menacent des espèces d’oiseaux rares et en danger en réduisant l’abondance des mauvaises herbes (mangées par les oiseaux) et des insectes abrités par ces mauvaises herbes. Les insecticides réduisent le nombre d’insectes, qui sont une source de nourriture importante pour les oiseaux.
Le point de vue du lombric
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le point de vue du lombric ? Ver plat de Nouvelle-Guinée Platydemus manokwari 20% / 95%, Annélides très sensibles aux fongicides. F. Ramade : « la sensibilité des annélides aux fongicides constitue une des conséquences les plus préoccupantes de la pollution des sols par ces substances ».
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Droit des écosystèmes / droits des animaux ; Brodifacoum : jusqu’à 1 semaine (ex : oppossum), spectre large ; Phosphore jaune : cochons sauvages, 2 à 4 jours ; 1080 (monofluoroacetate de sodium): asphyxie en qqs heures ; PAPP para-aminopropriophenone, avec effets similaires au CO, utilisé contre hermines en NZ
Présentateur
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Piscicides - Topmouth Gudgeon Pseudorasbora parva (Faux Gardon) originaire Asie orientale, introduit en Europe dans les années 1960 ; rotenone utilisée par Environmental Agency
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Lutte biologique : 15 extinctions d’insectes à Hawaii ; parfois herbicide = seul moyen de lutte (ex : fluridone contre plantes aquatiques, notamment Hydrilla verticillata) ; Simberloff : Floride : jacinthe d’eau contrôlée par 2-4D. Certes, sans doute traitement massif au début, mais permet de traiter moins aujourd’hui. Glenn Canyon Park (Californie), aminopyralide, contre sweat pea Roundup (glyphosate), très dangereux pour batraciens, modifie cortèges fongiques du sol Garlon (triclopyr), dangeureux / faune et flore aquatique Polaris (imazapyr), très persistant, santé humaine (yeux, système respiratoire) Milestone (aminopyralide), encore plus persistant
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Présentateur
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Limite des vertus expiatoires. « C�’est une bonne chose pour payer sa dette » (arrachage Séneçon du Cap). Effort citoyen suggéré pour réduire la pollution biologique = stratégie bouc émissaire. Forêt de Fontainebleau. Paradoxe de la part de personnes qui certainement aiment les plantes exotiques, en cultivent dans leurs jardins, leur donnent un valeur positive. Démarche non spontanée, elle est liée à une démarche sociale, apprise, encouragée, entretenue. On peut aussi s’interroger sur la légitimité de telles opérations à court terme. Une nouvelle moralité environnementale… Condamne tout émerveillement sur la capacité du vivant à réajuster sans relâche ses prouesses dans un monde que nous bouleversons
séparer le réel de l’émotion
• rhétoriques du trésor et de la santé • brouillage des faits et des valeurs • métaphores utiles… si bien utilisées • séparer science et émotion • désinstrumentaliser la confusion
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Termes inappropriés : on débat de valeurs au lieu d’informations
Reprendre prise avec le réel
• contextualiser les discours • chercher les causes premières • préserver la construction sociale du
regard sur les espèces invasives • préserver les enfants d’une vision
normative
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Termes inappropriés : on débat de valeurs au lieu d’informations
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Voir les plantes invasives comme des indicatrices, des émetteurs de signaux. Comme en agriculture.
Merci de votre attention
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Berkeley : que reste-t-il du réel si on supprime le perçu ?
