les enfants de montevideo et de rio de janeiro : éléments de différentiation. in lucchini...
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Les enfants de Montevideo et de Rio de Janeiro : éléments de différentiation.
In Lucchini Riccardo : Sociologie de la survie. L’enfant dans la rue. Paris : PUF, 1996, pp.134-158
Table des matières
1. Difficultés majeures et enjeux d’une typologie 2. Définition du concept de déviance 3. Approche dialectique maison - rue4. Définition bidimensionnelle de l’enfant de la rue5. Approche interactionniste : notion de « carrière »6. Approche interactionniste : système « enfant - rue »
5.1 Dimension Physique / Spatiale et Temporelle5.2 Formes de sociabilité5.3 Aspect dynamique 5.4 Dimension identitaire 5.5 Dialectique entre la socialisation familiale et la socialisation–rue5.6 Aspect motivationnel
7. Conclusion8. Bibliographie
Difficultés majeures et enjeux d’une typologie de l’enfant de la rue
Difficulté majeure – Absence d’une définition précise de l’enfant de la rue
Enjeux du développement d’une typologie – Enjeux scientifiques et pratiques– Selon Herreros, si le sociologue d’intervention veut assumer les
implicites de sa pratique, il doit opérer des réorientations radicales dans ses choix.
Construction herméneutique entre pratique et théorie
Applicabilité plus aisée– Remise en question de l’image appliquée à l’enfant de la rue comme
personnage type de la scène urbaine
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Définition du concept de déviance selon deux approches
Approche fonctionnaliste– Selon K. Merton, « la déviance est le produit d’aspirations légitimes -
donc culturellement déterminées - induites au cours de la socialisation, mais qui ne peuvent pas être satisfaites ».
– Selon A. Cohen, la déviance, produite par des aspirations modelées et des valeurs de conformités, est le résultat d’un état de frustration sociale ressentie par les jeunes des classes populaires s’échappant dans une sous-culture de groupe en guise de solution.
Acteur : objet des contraintes du système
Approche interactionniste– La carrière déviante est toujours le fruit d’un discours sur la normalité de
la part du groupe stigmatisant, ainsi que des modifications identitaires et comportementales de l’individu qui est l’objet du contrôle social stigmatisant.
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Approche dialectique maison – rue
Construction négative faite par des adultes
Maison Rue
Unité familiale Enfant abandonné
Social Asocial
Morale Amorale
Normalité domestique Déviance de la rue
Enfant vivant à la maison, aimé Enfant de la rue, non aimé
Pureté, agréable à vivre Danger
Hygiène Saleté
Enfant Vermine
Lieu d’intégration Mauvaise et anomique
Enfant de la rue comme un produit de la structure environnante
Définition bidimensionnelle de l’enfant de la rue
Dans une tendance fonctionnaliste, plusieurs institutions s’en occupant définissent les enfants dit à risque par deux dimensions : physique et sociale.
Enfant de la rue comme un produit de la structure environnante
élevée
Dimension sociale Contacts avec
adultes responsables
faible élevé
B
âge
sexe
police/ répressions
Situation socio-économique
Identité / représentation
force des liens
affectifs
famille d’origine
Dimension physique Permanence dans la rue
AA : Enfant dans la rueB : Enfant de la rue
Approche interactionniste : notion de carrière chez H. Becker
Sociologie de la déviance
Carrière déviante : on ne devient pas déviant du jour au lendemain Déviance primaire : acte qui transgresse la norme Déviance secondaire : étiquette posée sur cet acte (déviance telle que la
considère les interactionnistes) Entrepreneurs moraux, 2 types de groupe :
– Ceux qui définissent les standards et les normes, qui s’engagent dans des groupes qui ont le pouvoir de faire passer des idées (classes favorisées)
– Une fois les idées acceptées, deuxième groupe fait respecter les normes établies sans y adhérer forcément (ex. policier)
Application intéressante au cas de l’enfant de la rue
Approche interactionniste : système « enfant-rue » posé par R. Lucchini
L’enfant n’est pas le simple produit de la structure environnante.
1 PHYSIQUE / SPATIALE
2 TEMPORELLE
3 DIALECTIQUE SOCIALISATION FAMILIALE / SOCIALISATION-RUE
4 FORMES DE SOCIABILITEDYNAMIQUE 5 (ACTIVITES)
IDENTITAIRE 6
MOTIVATIONNELLE 7
Dimensions s’influencent mutuellement
Conclusion
Dimension Physique / Spatiale et Temporelle
Ces dimensions incluent l’existence de territoires dans la rue, le mouvement progressif vers la rue et l’alternance de l’enfant entre la rue et un autre lieu (famille, institution).
Continuum entre deux pôles
qui marquent ces dimensions :
Indicateurs Rio de Janeiro Montevideo
Fugue/départ progressif
Départ progressif (choisi et comme processus)
Fugues répétées
Alternance/circuit entre les champs
Alternance entre deux champs : rue-famille et rue-institution
rue = champ pivot
Circuit entre différents champs (rue, famille, institution, école, etc.)
rue ≠ champ pivot
Programme d’assistance
Aucune comparaison, sauf un contrôle social informel moins fort
Plus fortement institutionnalisé, institutions d’assistance
Présence/absence de territoire groupal
Absence Absence
Àge 10 – 17 13 – 15
Départ choisi et progressif
Expulsion brutale et immédiate (A) (B)
Formes de sociabilité
Elles décrivent l’organisation sociale des enfants de la rue pouvant participer à plusieurs de ces groupes : bande, réseau, near-group ou dyade.
Indicateurs Rio de Janeiro Montevideo
Type de groupe Réseau, near-group Petit groupe, dyades
Présence de bande Absence de bande fortement organisée
Absence de bande fortement organisée
Identité collective Faible Quasi inexistante
Encadrement institutionnel Absence Présence
Violence institutionnelle Faible Faible
Présence d’adultes Présence d’adultes privés Présence d’adultes privés
L’organisation sociale dépend de stratégies de
survie centrées principalement sur la rue.
L’enfant entreprend une démarche plus individuelle que collective. Il recherche
des avantages dans les différents champs.
Aspect dynamique (Activités)
Il s’agit des activités lucratives et ludiques ainsi que consommatoires (drogues). Le degré d’institutionnalisation des enfants a une influence sur leur rapport à la rue en terme d’utilisation.
Indicateurs Rio de Janeiro Montevideo
Activités lucratives et ludiques
Peu de travail régulierPrésence partielle de travail
régulier
Consommation de drogues
Habituelle (inhalants) Peu habituelle
Degré d’institutionnalisation
Faible Fort
L’enfant observe, apprend puis utilise la rue, la rue est un champ pivot pour l’enfant.
L’enfant alterne entre différents champs et a un rapport plutôt provisoire à la rue (moyen de
chantage, instrument de travail)
Dimension identitaire
Dépendant de l’image qu’ils ont de la rue et de l’image de soi. Carrière de l’enfant de la rue : a) Eloignement progressif de l’enfant de chez lui
Rio de Janeiro Montevideo
b) Rue observée : enfant garde une certaine distance avec la rue
Rue est un moyen de chantage et de protestation passive
c) Rue alternante et assumée : avec ses contradictions et revendique son statut
Rue intermédiaire/alternante : entre protestation passive et utilisation active
d) Rue utilisée et refusée : enfant reconnaît que la rue ne lui offre plus de débouchés
Rue assumée (instrument de travail) et intégrée d’un point de vue identitaire
→ Progression d’un type à l’autre Alternance entre les différents rapports
Identification au champ « rue »
Forte : l’enfant se définit par des compétences : Rue utilitaire
Faible : l’enfant se distancie de l’identité d’enfant de la rue
Rue stigmatisante
Interaction entre enfants et avec
adulte
Négociations entre enfants : "enfant victime" et "enfant leader“Avec adultes : utilitaire
Très nombreuses négociations identitaires
Dialectique entre la socialisation familiale et la socialisation-rue
Processus de socialisation familial déficient arrivée dans la rue est une nouvelle étape du processus de socialisation
Rue est une « sous-culture » faite de règles que les enfants appliquent en fonction du contexte et de l’événement. Ils participent à cette « sous-culture » selon la façon dont ils perçoivent la rue, ce qu’ils y font, mais aussi selon leurs références familiales.
Rue est définie par 8 dimensions selon Lucchini (charge symbolique) :
Positive Négative Neutre
LudiqueAutonomie
Apprentissage
StigmatisanteEnnui
Mutante
RésiduelleTransitoire
Aspect motivationnel
Manière dont l’enfant perçoit la rue comme un moyen susceptible de résoudre ses problèmes. Elle comprend l’identité sociale et l’identité personnelle.
Deux aspects principaux de la motivation :– Aspect identitaire
Plus l’enfant s’identifie avec la rue et un style de vie et plus il est motivé par un séjour prolongé.
– Aspect utilitaire Avantages matériels que la rue offre par rapport à la maison
Indicateurs Rio de Janeiro Montevideo
Aspect identitaire de la motivation
Fréquent Quasi absent
Plan psychosociologique Hétérogénéité forte Hétérogénéité faible
Conclusion
Approche interactionniste
7 dimensions du système « enfant-rue »
Système transposable mais non universel
Retour
Bibliographie
Cohen, A. K. (1955). Delinquent Boys: the Culture of the Gang. New York : Free Press.
Lucchini, R. Déviance et enfants de la rue en Amérique latine. Les limites d’une approche fonctionnaliste. In M. H. Soulet (Ed.). De la non-intégration. Fribourg : Éditions universitaires 1994, pp. 137-149.
Id. Les enfants de Montevideo et de Rio de Janeiro : Éléments de différentiation. In R. Lucchini (Ed.). Sociologie de la survie. L’enfant dans la rue. Paris : PUF, 1996, pp.134-158.
Merton, R. K. (1968). Social Theory and Social Structure. New York : Free Press
Stoecklin, D. Cours sur les Théories et pratiques dans la sociologie d’intervention. Département des sciences de la société de l’Université de Fribourg, Fribourg 2005-06 (non publié).
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