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P. Silvio G. Moreno, IVE
Les églises de Tunisie, un patrimoine en pèril
Chers amis, nous publions à continuation un article de Lilia Blaise, journaliste de Middle
East Eye, sur le patrimoine en péril des églises catholiques en Tunisie
(photos de l'article P. Silvio Moreno).
Eglise de Sainte Croix, médina de Tunis
Lorsque l’accord datant de 1964 entre le Vatican et la République tunisienne prévoyant la
cession de la majorité des biens de l’Église à l’État a été signé entre le Vatican et Habib
Bourguiba, les 125 églises que comptaient la Tunisie ont été remises à l’État tunisien. Seules
appartiennent encore au diocèse la cathédrale de Tunis, l’église Jeanne-d’Arc, la Goulette,
l’église-chapelle de Lavigerie à la Marsa, l’église de Hammamet, celle de Sousse et celle de
Djerba, chacune avec son presbytère.
Dans sa petite maison à Sfax, où sont affichées de vieilles photos de la Tunisie et des portraits
de religieux qui ont marqué la chrétienté, le père Yvon Jutard se souvient du moment où les
églises ont été « rendues » à l’État tunisien.
« C’était normal mais ça ne s’est pas toujours fait facilement. Même les Tunisiens ont été
choqués, lorsque les autorités ont descendu la croix de l’église de Bab Bhar dans la médina de
Tunis », raconte-t-il. Né en Tunisie, d’un père français militaire, sous le protectorat, le père
Yvon devient prêtre à Tunis dans les années 1960 avant de revenir s’installer à Sfax en 1968.
À aucun moment, même à l’indépendance, il ne songe à quitter la Tunisie même si, il y a cinq
mois, le saccage du cimetière chrétien de Sfax l’a beaucoup choqué.
En Tunisie, après la révolution, le patrimoine religieux juif, catholique, orthodoxe et même
plus d’une centaine de mausolées ont souvent été la cible d’actes de vandalisme et de pillages.
Mais dans le cas des églises, ces attaques s’accompagnent d’un abandon qui dure depuis
plusieurs décennies, la plupart des biens et des sites une fois cédés à l'État par l’église
catholique.
Le père Yvon regarde depuis plusieurs années, impuissant, la disparition progressive de ce
patrimoine. Il a assisté dans les années 1960 à l’exode progressif des chrétiens et à l’abandon
des églises et des paroisses, un patrimoine dont personne ne sait que faire aujourd’hui.
« C’est un patrimoine qui n’existe pour personne. En tant qu’Église, nous ne pouvons regarder
qu’avec souffrance sa dégradation. L’État tunisien n’a pas le budget pour restaurer ou
réhabiliter celles qui tombent en ruines, surtout que la plupart ont été abandonnées », relève
avec dépit Ilario Antoniazzi, archevêque de Tunis, à Middle East Eye. Selon lui, de 20 000 à
30 000 chrétiens vivent aujourd’hui en Tunisie, contre environ 200 000 à 300 000 sous le
protectorat français.
D’après François Dornier, qui a écrit dans les années 2000 Les Catholiques en Tunisie au fil
des jours, les origines du christianisme en Tunisie sont difficiles à dater mais remontent au
moins au Ier siècle après Jésus-Christ. Au IIIe et IVe siècles, l’Église s’étend avec l’influence
des Romains en Afrique du Nord comme en témoignent les traces de leur présence sur le site
de Carthage en Tunisie. Cette période est aussi archivée dans les fameuses Confessions de
Saint-Augustin.
Café culturel ou musée archéologique
Chaque région de Tunisie est aujourd’hui imprégnée de l’histoire de la chrétienté dans le pays
via les sites archéologiques comme celui de Carthage mais aussi de Makhtar (centre-ouest du
pays), les basiliques chrétiennes de Bulla Regia (nord-ouest) et la présence de ces églises,
même si certaines tombent en ruines. Mais avec l’indépendance, de nombreux Tunisiens ont
associé l’Église à la colonisation, d’où le délaissement et une prise de distance avec son
patrimoine. La dernière restauration d’église avait été décidée après la visite du pape Jean-
Paul II en Tunisie le 14 avril 1996.
Depuis, hormis la traditionnelle messe de Noël à la cathédrale de Tunis, ouverte à tous, y
compris aux musulmans, et la procession de la madone à l’occasion de l’Assomption le 15
août à l’église de la Goulette (arrêtée en 1960, la procession a repris cette année), les Tunisiens
n’ont pas souvent le loisir de découvrir le patrimoine chrétien hors des murs des églises.
« Nous avons pourtant une centaine de visiteurs par jour et beaucoup sont des Tunisiens qui
sont juste curieux », explique le père Silvio, vicaire de la cathédrale Saint-Vincent-de-Paul et
Sainte Olive de Tunis.
Certaines églises ont été transformées en bibliothèques, à l’image de l’église Saint-Pierre et
Saint-Paul de Sfax (est) ou celle de Ghar Melah à Bizerte (nord) transformée en café culturel,
ou en musée archéologique comme l’église chrétienne d’Enfida (nord-est).
Quand elles ne sont pas juste réduites à l’état de ruines, à l’instar de celle de Chemtou dans le
gouvernorat de Jendouba (nord-ouest du pays), elles peuvent être utilisées en local politique.
C’est le cas de l’église Sainte-Marie de Hamam Lif (banlieue-Sud de Tunis). Ou en salle
d’entraînement de boxe, comme celle de Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus à El Aouina, un
quartier au nord de Tunis, ou en salles des fêtes pour mariages fastueux.
La célèbre cathédrale Saint-Louis et Saint-Cyprien qui surplombe la banlieue-Nord de Tunis
et la zone historique de Carthage est quant à elle devenue un complexe culturel, appelée aussi
« Acropolium » pour les plus politiquement corrects qui évitent de dire le mot « cathédrale ».
Eglise du Sacré-Coeur à Tunis (poste de police)
Un commissariat de police dans une chapelle
« Le modus vivendi était pourtant clair là-dessus, les églises remises à l’État tunisien devaient
être transformées mais garder une certaine vocation sociale et culturelle, liée à l’identité de
ces lieux qui ont déjà perdu leur sacralité », regrette Ilario Antoniazzi.
En effet, aux archives de l’archevêché, où s’est rendu MEE, on peut trouver entre les photos
des églises, jaunies par le temps, des documents datant de l’indépendance comme la
correspondance entre Bourguiba et le Vatican stipulant le processus du modus vivendi par
lequel l’Église devait céder ses biens et meubles à l’État tunisien. Et il est mentionné à
plusieurs reprises que l’État tunisien s’engageait à respecter certaines clauses.
Les procès-verbaux de l’époque témoignent que si certains prêtres arrivent à remettre les clefs
non sans difficulté aux autorités tunisiennes, d’autres expriment leur inquiétude de voir les
lieux se transformer.
« Nous ne voulons pas qu’elles soient détruites. C’est notre plus grande peur aujourd’hui »,
atteste Illario Antoniazzi. Malheureusement, comme le montre la liste des églises catholiques
fournie par Wikipédia, à côté desquelles est souvent mentionné « abandonnée » ou « en
ruines » ou plus étrange, « à géolocaliser », les églises en Tunisie sont en voie de disparition,
en particulier dans les régions reculées.
« C’est normal », explique le père Yvon Jutard, « car certaines églises avaient été construites
dans des villages très reculés où vivaient des communautés agricoles, par exemple.
Aujourd’hui, il est très difficile de les retrouver, certaines ont dû être complètement détruites.
»
En regardant les photos d’archives, on constate que la plupart de ces églises ont chacune une
architecture qui leur est propre. Certaines datent d’avant le protectorat français (1881-1956),
d’autres ont été construites au début du XXe siècle.
L’une des plus vieilles églises en Tunisie (sa construction date de 1662) et la dernière en date
à avoir été restaurée avec le soutien financier de l’ambassade d’Italie est celle du presbytère,
l’église Sainte-Croix, a été inaugurée par la municipalité de Tunis, l’Association de
sauvegarde de la médina de Tunis et une délégation italienne le 3 octobre à Tunis. Elle est
destinée à devenir le Centre méditerranéen des arts appliqués. L’Italie a fourni 2,3 millions
de dinars supplémentaires (784 306 euros) pour restaurer le reste de l’église. Une partie de la
chapelle, avoisinante, est malgré tout devenue un commissariat de police.
Le sort des églises en Tunisie ne laisse pas indifférents les professeurs en architecture et en
patrimoine de l’École nationale d’architecture d’urbanisme de Tunis. « Cette année, nous
faisons travailler nos étudiants sur des projets de restauration de ces espaces et des projets
d’architecture recréée, surtout pour les églises rurales qui sont très intéressantes
architecturalement et qui risquent de disparaître », confie à MEE Adnen ben Nejma,
professeur à l’ENAU et conservateur à la édina de Tunis pour l’Institut national du patrimoine
(INP).
D’églises devenant des jardins partagés à des centres socio-culturels, chaque étudiant a le
droit de rêver à une reconversion de ces espaces afin qu’il reste une trace, même dessinée de
ce patrimoine matériel. « Mais je pense qu’au-delà de sensibiliser les Tunisiens à ce
patrimoine – et certains le sont déjà – il faut encourager les partenariats public-privé si on
veut vraiment restaurer certains espaces, car l’État n’a pas le budget pour le faire », souligne
Adnen ben Nejma
Eglise de Sfax (avant 1964)
Eglise de Sfax aujourd'hui (salle de sport)
Un moratoire, un inventaire et l'application du code du patrimoine
Pour d’autres comme l’architecte Adnen El Ghali, il y a une vraie responsabilité de l’État qui
ne peut se dédouaner du sort réservé aux églises. « Avant de parler de réhabilitation ou de
restauration, on doit parler de règlementation. Prendre les mesures de protection qui
s’imposent ne coûte rien et cela éviterait que des églises, chapelles et oratoires continuent à
disparaître à Tunis sans que personne ne s’en rende compte », atteste-t-il.
Qui sait aujourd’hui en Tunisie que l’hôtel Sheraton de Tunis a été construit à l’emplacement
de la chapelle Notre-Dame, sacrifiée pour l’occasion ? Ou que la chapelle Saint-Louis, située
dans l’ancien Fondouk des Français, rue de l’Ancienne-Douane, abandonné par les autorités
françaises à l’époque du protectorat, abrite désormais une boutique de chaussures, à l’instar
de l’église Saint-Georges, rue de la Verrerie, qui fut jusqu’en 1905 le principal lieu de culte
orthodoxe de Tunis ?
« La règlementation passe par plusieurs aspects : l’adoption d’un moratoire sur la démolition
de tout bâtiment antérieur à 1967, en attendant d’avoir une connaissance suffisante et de
développer une vision prospective de notre patrimoine, et la réalisation d’un inventaire
exhaustif des bâtiments construits avant 1967, que l’on connaisse enfin ce qui existe encore
et ce qui a disparu, l’application aussi de notre code du patrimoine, texte complet, mais
dépourvu de décrets d’application », renchérit Adnen El Ghali.
En attendant, seules restent les archives et la mémoire vivante de paroissiens. Dans la médina
de Tunis, la bibliothèque diocésaine, autrefois école des sœurs et hôpital, abrite des livres sur
toutes les religions, et un lieu pour l’association de préservation du patrimoine Carthagina.
Cette dernière a commencé à digitaliser les livres de la bibliothèque afin que ce patrimoine
aussi ne soit pas perdu. La partie chapelle est devenue une salle de conférence pour les
colloques portant sur le dialogue inter-religieux. Mais le tabernacle et la structure de la
chapelle sont restés intacts.
« Parmi nos étudiants, 90 % sont des musulmans, des Tunisiens qui étudient à la Zitouna ou
à l’Université du 9-Avril », explique à MEE le père Léonard, qui était en charge des lieux.
« Ils viennent lire des livres sur place. Nous avons toujours cohabité avec les habitants de la
médina. Même si le local est désacralisé, j’ai l’impression qu’il a gardé une vocation qui reste
liée à l’église… »
Source: par Lilia Blaise, http://www.middleeasteye.net/fr/reportages/les-glises-de-tunisie-un-
patrimoine-en-p-ril-919692865
P. Silvio G. Moreno, IVE | novembre 20, 2017 à 10:22 | Étiquettes : archeveche de tunis, eglise
catholique tunisie, eglises, patrimoine tunisie, tunisie | Catégories : PATRIMOINE | URL
: https://wp.me/p5FzU9-b8
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Le Cimetière Saint AntoineLa Cathédrale est bâtie sur l’ancien cimetièrede la mission catholique des frères capucins.Le terrain fût donné au XVIIème siècle par lesBeys de Tunis à la communauté catholique.Tout d'abord destiné à l'inhumation desesclaves des bagnes, il devient par la suite lecimetière de la colonie européenne de Tunis.
Le Père Jean Le Vacher, disciple de saintVincent de Paul, devenu vicaire apostolique etConsul de France à Tunis dès 1648, le faitentourer d'un mur et y édifie une chapellesous le vocable de Saint Antoine, abbé, en1655 ou 1659. Cette première chapelledevient vite insuffisante et elle est rebâtie en1773-74 par le Père Sébastiano de Cortone,préfet apostolique de la mission des capucins.
La Cathédrale provisoireDès le 27 novembre 1881,Monseigneur Lavigerie entreprend laconstruction d’une Cathédraleprovisoire sur une parcelle du terrainqui n'a pas été transformée encimetière, située à l'angle de lapromenade de la Marine et de la rued'Alger. Elle est inaugurée ledimanche 2 avril 1882 sous lepatronage de saint Vincent de Paul.
Ayant rencontré des oppositions pourle transfert du cimetière dans unautre lieu, Monseigneur Lavigeriesuggère à la fin de 1881, en février1882 et en juin 1883, de décréterofficiellement l'interdiction de toutenouvelle sépulture à Saint Antoine. Ilfinit par obtenir satisfaction le 7octobre 1885.
La pose de la première pierreEn 1890, le cardinal Lavigerie,sentant les approches de lamort, veut bénir lui-même lapremière pierre de la futureCathédrale, qui sera ensuiteposée à sa place définitive surl’ancien cimetière.
C'est à cette occasion que leCardinal donne comme titulairesà la Cathédrale, un saintfrançais: Saint Vincent dePaul, et une sainte italienne :Sainte Olive, tous deux ayantvécu à Tunis. Dans l'esprit duCardinal, ce double patronagesymbolise l'union qui doitdésormais exister entre lesfrançais et les italiens résidant àTunis. A la fin de 1891, le plande la Cathédrale est mis enconcours.
C'est d'ailleurs le Cardinal Lavigerie qui a choisi le
dessin architectural, en se référant aux ruines de laBasilique chrétienne byzantine découverte dans l'Henchir Rhiria, près de Béja en Tunisie.
L'inauguration de la Cathédrale
En la fête de Noël, 25 décembre 1897, Monseigneur Combes livre auculte une Cathédrale inachevée. C'est un édifice sans tours, ni cloches,ni orgues, ni sacristie. Les niches réservées aux images des saints sontdépourvues de leurs icônes, l'autel majeur n'est pas encore paré de sonbaldaquin. Dans son allocution, l'Archevêque révèle que les travaux ontcoûté jusqu'à ce jour plus de un million, et pourtant seuls les 2/3 del'oeuvre sont accomplis.
La Cathédrale a 75 m. de longueur, 32 m. de largeur au transept et 11m.de largeur à la grande nef. La fondation est composée d'une massevéritablement imposante de 2.133 poutres provenant d'une forêtd'eucalyptus. On a atteint la roche à une moyenne de 15 m. de profondeur,mais à certains endroits il a fallu descendre jusqu'à 23 m. Le matériau deconstruction est du marbre de Djebel-Oust, ancienne carrière romaineque l'architecte remit en exploitation.
La Cathédrale est de style néo-roman, commetoutes les constructions de cette époque(roman, gothique ou byzantin). Ce fut le caspar exemple à Alger, Carthage, Marseille,Montmartre... et Tunis.
Cathédrale d’Alger
Cathédrale de Montmartre
Cathédrale de Marseille
Cathédrale de Saint Louis de Carthage
Le Style de la Cathédrale
Cathédrale de Carthage
Les VitrauxEn 1901, les vitraux sontplacés. Au dessus de lagalerie, à droite, Saint Jeande Matha, fondateur desTrinitaires, rachète desProvençaux, captifs à Tunis.Le Saint, accompagné d'unde ses religieux est debout, ils'adresse à un chefmusulman et indique lajustesse de la rançon dontla pesée est faite sur unebalance qu'un Maureagenouillé tient suspendue.
Le vitrail suivant représente Saint Louis, roi, débarquant àCarthage. Les barons, sous leurs lourds harnois de guerre querecouvre en partie la tunique blanche, font face au roi dontune des mains tient son pennon fleurdelisé, tandis que l'autres'appuie sur son bouclier.
La galerie de gauche relate tout d'abord une scène biblique : Jésusrépond aux pharisiens qui l'interrogent à propos de l'impôt :« Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».
Le deuxième vitrail retracela scène de Saint Vincent dePaul présentant à Richelieudes négociants françaisesclaves à Tunis. L'apôtre dela Charité montre auCardinal le contrat signéavec le Bey de Tunis pour lerachat des captifs français.Richelieu, revêtu de lapourpre, est assis auprèsd'une table. Derrière lui, lesmains appuyées sur ledossier du fauteuil, se tientcelui qu'on a appelél'Eminence grise, le PèreJoseph.
Les ClochersMars 1910, la Cathédrale est enfinterminée. Durant 10 ans, tronquée deses deux clochers, elle a présenté uneforme disgracieuse. C'est en 1908 queles tours de la Cathédrale sont donnéesen concours. Dès lors, on peut procéderà la bénédiction et au placement descloches. Le dimanche 20 mars 1910, à15 heures, a lieu la cérémonie. Le grosbourdon, Marie, d'un poids de 3.600kgrs, et d'un diamètre de 1 mètre 80,prend place dans le clocher de gauche,tandis que les autres cloches, pesantrespectivement : Pia, Carmela, et Rosa,se voient assigner pour résidence leclocher de droite. Elles ont été fonduespar Messieurs Georges et FrancisquePaccard, d'Annecy-le-Vieux. Ellessonnent pour la première foisl'Alléluia de Pâques 1910.
La fresqueLa fresque de la voûte: "L'apothéose deSaint Vincent de Paul"." L'artiste a vouluéquilibrer trois idées, à trois époquesdifférentes, et cela, dans un même cadre.A gauche, la Tunisie à l'arrivée du P. JeanLe Vacher, son plaidoyer en faveur desesclaves auprès du Bey de Tunis, et lessoins donnés aux malheureux esclaves,par le fils de Saint Vincent de Paul. Adroite, la Tunisie d'aujourd'hui, avec lesfilles de la Charité qui ont préparé leterrain au Cardinal Lavigerie, dont lastatue se détache sur le fond. Au centre,l'apothéose de Saint Vincent de Paul, samontée vers le ciel, où des angesl'accueillent.Les trois idées sont reliées entre elles, defaçon à former un ensemble. L'artiste avoulu exprimer une continuité et uneunité historique, lorsqu'il représente lesmurailles et les tours de la Kasbah, et,leur faisant face, la Cathédrale. La fresquese complète par des arcatures, oùfigurent des martyrs africains despremiers siècles.
Notre Dame de CarthageEn 1881, le Père Delattre, Père Blanc et archéologue,découvre dans les ruines de la basilique Damous-el-Karita, à Carthage, un bas relief de marbre blanc endeux parties, très endommagé, où il identifie la ViergeMarie et l'Adoration de l'Enfant-Jésus par les Mages etl'Apparition de l'ange aux bergers.Il date le bas relief du IVème siècle. Ce bas-relief setrouve toujours au Musée national de Carthage.Plusieurs essais de reconstruction de lapartie supérieure du bas-relief, la mieux conservée,furent réalisés très tôt. La plus fidèle fut exécutée,semble-t-il, sous les indications du P. Delattre, sansque l'auteur en soit connu. Elle est actuellement dansla chapelle Lavigerie, à la paroisse Saint Cyprien deCarthage à La Marsa. C'est sur cette reproduction queS. Figlia s'inspira pour sculpter en 1914, en marbrede Carrare, l'actuelle statue de Notre Dame deCarthage, qui se trouvait à la basilique primatialeSaint-Louis de Carthage jusqu'en 1964. Elle estmaintenant à la Cathédrale de Tunis.
L’orgue de la CathédraleLe 28 octobre 1923 a lieu labénédiction des orgues. De marqueMUTIN-CAVAILLE-COLL, elles ont étéconstruites à Paris.
Elles possèdent quarante jeux réels,quarante deux boutons de régistre,répartis sur trois claviers de cinquante-six notes (ut à sol ), et un pédalier detrente notes ( ut à fa ).
L'instrument est évalué à l'époque, de21 à 22 millions de francs, et de l'avisde personnes autorisées, comme PaulFranck et le Comte de Saint-Martin,titulaires des grandes orgues de NotreDame de Paris, il est considéré commeles plus belles orgues d'Afrique.
Le reliquaire de Saint Louis Roi L’artiste a représenté, pour recevoir lesreliques du Saint roi, la Sainte-Chapelle deParis, construite par les ordres de Louis IXlui-même pour les reliques sacrées de laPassion. Deux anges, l’un symbolisant le géniede la Religion, l’autre celui de la France,tiennent chacun, sur l’un de leurs bras élevés,la Sainte-Chapelle, portée ainsi comme entriomphe entre le ciel et la terre.
Ils sont agenouillés sur un socle portant surses faces des bas-reliefs qui rappellent ledépart de Saint Louis pour la Croisade àAigues-Mortes, et sa derniére communion àCarthage.
C’est une grande oeuvre d’art religieux, etl’une de plus belles qui soit sortie des mainsd’un orfèvre de Lyon. Ce reliquaire estl’oeuvre de M. Armand Caillat.
La façade comporte un porche à triple baie;au-dessus se trouvent une arcade aveugle etla mosaïque du Christ Pantocrator. dominantcette arcature, se profile la représentation duPère Eternel due au ciseau du sculpteurFiglia. Deux clochers massifs, couronnés decoupoles en forme de tiare et surmontés dela croix archiépiscopale, surplombentl'avenue. Sur la façade on remarque quelquesdécorations d'inspiration orientale ouromane, ainsi que quelques statues d'anges.Dans deux niches, situées de chaque côté duporche, sont représentées l'Eglise couronnéeet la Synagogue aux yeux bandés. Ce thèmeest d'ailleurs fréquent dans l'iconographie duMoyen-âge.
www.cathedraledetunis.comCliquez sur l’image pour aller sur le site