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IUFM DE BOURGOGNE Concours de recrutement : Professeur des écoles Les difficultés dans l’apprentissage de la lecture REGAN-BOURGEOIS Karine Directeur de mémoire : Madame NICOLLE ANNEE 2004 Dossier 03STA00119 Nu

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IUFM DE BOURGOGNE

Concours de recrutement : Professeur des écoles

Les difficultés dans l’apprentissage de la lecture

REGAN-BOURGEOIS Karine

Directeur de mémoire : Madame NICOLLE

ANNEE 2004 Dossier 03STA00119

Nu

mér

SOMMAIRE

Introduction pages 1 .2

Partie I : Etre lecteur. Les Instructions officielles. page 3. Définition du savoir-lire. pages 3.4. Comment apprend-on à lire ? pages 4.5. Méthodes. pages 5.6. Quand apprend-on à lire ? pages 6.7. Compétences à acquérir en matière de lecture. pages 7.8.9

Partie II : Les difficultés. Un terme récent. page 10. Profil des lecteurs en difficulté. pages 10.11. Le code et la compréhension. pages 12 à 16. Des difficultés, pourquoi ? page 16

- Le langage pages 17.18- Le milieu familial pages 18.19- Relations écoles/parents. Enseignants /élèves pages 19.20- Des enfants psychologiquement fragilisés pages 20.21- La faute à la télévision ? page 21- La maturité pages 22.23- L’hétérogénéité, les cycles pages 23.24- Des concepts non acquis pages 25 à 28

Partie III : Quels supports de remédiation et dans quels objectifs ?

. Prendre conscience de l’utilité de l’ écrit, des conventions : - Ecrirepages 29 à 35

. Aider à intégrer les concepts liés à l’écrit : - La maison de l’alphabetpages 35 à 40 - Les animaux extraordinaires

- Le calendrier de Noël

. Travailler la conscience phonologique, le principe alphabétique : pages 40 à 42 - Les lettres mobiles

- Les rimes

Conclusion pages 43.44

Bibliographie

Nu

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Introduction

Compétence visée à la fin du cycle II dans les programmes 2002 en matière de

lecture-écriture :

« L’élève doit pouvoir lire aisément , comprendre des textes simples et écrire une dizaine de

lignes en maîtrisant les problèmes de vocabulaire, d’orthographe et de syntaxe. ».

Pourtant dix enfants sur cent vont à l’école pendant plus de dix ans et en sortent

sans savoir lire un texte court et simple. Dix autres peinent pour en tirer les

informations les plus évidentes.

Le problème n’est pas nouveau et interroge tous les acteurs de l’éducation depuis

de nombreuses années. Luc Ferry dès son arrivée au ministère a affirmé que la lutte

contre l’illettrisme serait l’une de ses priorités en proposant diverses actions :

l’obligation de consacrer 2h30 par jour aux activités de lecture-écriture au cycle II

puis 2h au cycle III, l’ édition d’un livret destiné aux enseignants de CP afin de les

aider à diagnostiquer les principales difficultés et leur permettre de mettre en place

des remédiations. Enfin, la création de classes « pilotes » destinées aux élèves en

grandes difficultés qui ont la particularité d’accueillir seulement une dizaine

d’élèves qui seront testés sur deux ans.

N’ignorant pas que l’apprentissage de la lecture pouvait poser problème à quelques

élèves, j’ai pu en mesurer l’importance au cours de l’année scolaire 2002/2003.

Affectée au sein d’un RASED (réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté),

j’ai été interpellée par le grand nombre de demandes de prises en charge ne

concernant que la lecture.

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Si pour la majorité des enfants qui sont repris dans une plus petite structure, une

aide de quelques semaines suffit pour réintégrer leur classe sans problème, pour

d’autres les perspectives sont moins évidentes et immédiates. Ce sont les mêmes

enfants que l’on retrouve au cycle III et pour lesquels les enseignants demandent

cette fois-ci une prise en charge en lecture toujours mais axée sur la

compréhension, lecture de consignes , énoncés de problèmes.

Ma rencontre avec ces élèves et ces enseignants est à l’origine de ce travail. Ces

quelques mois sur le terrain face à des enfants en grandes difficultés et des

professionnels qui n’ont pas toujours au sein du groupe classe des réponses à

apporter ont suscité un certain nombre de questions :

Pourquoi certains enfants qui ne présentent aucun handicap intellectuel ou

physique, qui comme leurs camarades ont passé trois ans à l’école maternelle,

éprouvent autant de difficultés à entrer dans le monde de l’écrit ?

Comment faire, quel supports et quels outils pédagogiques privilégier à l’entrée au

CP afin d’installer un certain nombre de concepts qui leur sont étrangers et dont

on ne peut faire l’économie ? En effet, dès les premiers mois les écarts se creusent

et en même temps on peut craindre un risque de démotivation si chacun n’a pas

d’espoir de réussir.

Toutes les écoles ne bénéficient pas de structures d’aides susceptibles de prendre en

charge certains enfants, est-il toujours bénéfique d’extraire chaque jour ces enfants

de leur classe ? Ne risque t-on pas de les marginaliser ? N’y a-t-il pas des moyens à

l’intérieur même de la classe pour les faire progresser ? Quels supports de

remédiation mettre en place ?

Nu

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I.1 Les instructions officielles

Les instructions officielles de1887 donnent une définition de l’acte de lire qui peut

se résumer selon la formule : lire c’est déchiffrer et oraliser.

Celles de 1985 reprises en 1995 déclarent : « lire c’est trouver le sens d’un texte

c’est-à-dire découvrir et interpréter la signification de ce qui est écrit. Lire est une

activité complexe d’analyse et de synthèse conduisant à la compréhension d’une

pensée à partir de la combinaison de signes écrits. »

Les instructions officielles soulèvent deux aspects de l’activité de lecture :

. un travail sur le sens

. un travail sur le code

A ceux- là doit se rajouter l’aspect culturel qui porte sur les usages et les fonctions

de l’écrit.

Les nouveaux programmes de 2002 insistent sur la place réservée en termes de

temps à la lecture-écriture soit 2h30 par jour au cycle II et sur le fait que lecture et

écriture sont les socles de la réussite scolaire.

La définition du savoir-lire a véritablement évolué dans les instructions officielles,

elle est en phase avec les idées développées par différents spécialistes.

I.2 Définitions du savoir-lire

Savoir lire, selon Isabelle Legay (1), est un enjeu scolaire et social essentiel pour

tous. Selon Alain Bentolila (2), savoir lire c’est être capable de comprendre

mentalement un texte lu, de l’énoncer à voix haute en le comprenant et en le

paraphrasant si nécessaire avec ses propres mots.

___________________________________________________________(1) Former des enfants lecteurs, tome 1 Groupe ECOUEN

(2) Idem

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Savoir lire c’est aussi attribuer du sens à un écrit en prélevant tous les indices

possibles et en construisant des hypothèses de sens vraisemblables et vérifiables. (3)

Savoir lire c’est savoir adapter sa lecture au type d ‘écrit lu. En effet, on ne lit pas

de la même manière un récit, une recette ou un documentaire.

Mais c’est encore adapter sa lecture au but recherché : on peut lire par plaisir, pour

rechercher une information. Le savoir-lire ne peut se résumer à une simple activité

de réception et de décodage : le questionnement de l’élève, son comportement actif

face à l’écrit apparaissent comme essentiels dans toute activité de lecture

compréhension .

Pour accéder au sens, le savoir-lire n’est pas suffisant, il faut lui associer l’aimer-lire

pour générer le vouloir-lire.

I.3 Comment apprend-on à lire ?

Les enfants n’ayant jamais été confrontés à l’apprentissage de la lecture et de

l’écriture, comme d’ailleurs les adultes analphabètes, pensent qu’il existe un lien

direct entre la manière dont on écrit un mot et sa signification. Ils ne peuvent

considérer l’arbitraire du signe qui sépare la forme et le sens. Le nombre de lettres

par exemple serait plus important dès lors que l’on évoquerait un objet long ou

gros. Le mot ‘locomotive’ par exemple sera attribué à l’image correspondant au

train, le train étant plus long que la locomotive.

Il existe trois phases dans l’apprentissage de la lecture, celles-ci ne se succèdent pas

dans le temps, on observe des imbrications ou des alternances de ces moments

d’apprentissage. (4)

____________________________________________________________________________

(3) Regards sur la lecture et ses apprentissages (ONL Observatoire national de la lecture)

(4) Idem

Nu

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. La phase logo ou idéographique :

Dans cette phase qui commence bien avant le CP, l’apprenti lecteur fait

correspondre un mot oral à un indice présent dans l’environnement immédiat,

exemple : un logo publicitaire. Il s ‘agit là d’un apprentissage global.

. La phase alphabétique (déchiffrage) :

Durant cette phase qui intervient à des périodes différentes selon les enfants,

l’élève va découvrir les analogies graphèmes/phonèmes. Cette maîtrise grapho-

phonémique est importante car dès qu’elle sera acquise, la mémoire et

l’attention pourront se libérer et s’axer sur le sens .

. La phase orthographique :

L’enfant ne fait plus appel systématiquement à la conversion phonologique sauf

pour des mots inconnus qui sont alors déchiffrés. Il a les mots en mémoire ainsi

que leur signification. L’automatisation est sans doute l’un des phénomènes les

plus importants dans l’apprentissage de la lecture. C’est grâce à elle que le

lecteur expert peut consacrer la quasi totalité de son effort de réflexion aux

informations apportées par le texte. Le seul moyen pour automatiser la lecture

est de lire fréquemment.

1.4 Méthodes pour apprendre à lire

Il existe trois méthodes pour apprendre à lire :

. La méthode syllabique : l’entrée dans l’écrit se fait par le signe oral ou écrit.

L’acquisition du code est première.

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. La méthode globale : L’entrée dans l’écrit s’oriente sur le texte, sur la phrase

puis progressivement sur les mots que l’élève mémorise ou qu’il infère grâce au

contexte. Celle-ci est très peu pratiquée. Elle est très controversée, on demande

dans les nouveaux programmes de ne pas l’utiliser. Aujourd’hui les enseignants

optent pour :

. La méthode mixte : l’apprentissage est abordé par une approche globale qui

laisse la place en quelques semaines ou quelques mois à une méthode phonique.

L’idée est d’assurer une continuité avec la maternelle où l’enfant a déjà

mémorisé quelques mots. Le procédé est dénoncé par certains chercheurs et

orthophonistes qui pensent que cela risque d’enfermer les élèves dans une

conception erronée de la lecture, certains enfants en effet essaient de deviner des

mots.

Gérard Chauveau note que la méthode phonique comporte elle-même des

risques : faire de la combinatoire une fin en soi, sans accès au sens. Les

programmes 2002 insistent sur l’importance du code mais également sur le

travail qui doit être mené en parallèle en termes de compréhension.

1.5 Quand apprend-on à lire ?

L’apprentissage de la lecture ne peut se faire que lorsque les discriminations

perceptives visuelles fines qu’il requiert sont en place (vers l’âge de sept ans).

L’enfant cependant dès la moyenne section développe ses premières stratégies

de lecture comme par exemple :

. la discrimination visuelle par la reconnaissance de son prénom, des jours

de la semaine.

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. la discrimination auditive par la reconnaissance de certaines analogies

entre les mots, par exemple « Marie » qui commence comme « Manon »,

« lundi » qui se termine comme tous les autres jours de la semaine sauf

dimanche. Les comptines sont un support intéressant, elles permettent de

sensibiliser aux sonorités de la langue.

. la mémorisation de lettres, de mots.

. La compréhension du sens par le classement d’images séquentielles.

Le cycle 11 est une étape cruciale, c’est à ce moment que l’enfant acquiert les

codes de la langue écrite qui conduisent à la construction du sens.

Le cycle 111 permet de consolider l’apprentissage de la lecture en amenant

l’enfant à une perception plus fine du sens des textes écrits, au développement

de la maîtrise des différents types de lecture (lectures suivies, expressives ou en

diagonales), à un meilleur niveau orthographique, pour finalement s’étendre à

tous les autres enseignements.

La seconde partie de ce mémoire s’attachera à montrer que ces différentes

étapes ne peuvent être franchies par tous les enfants et ce pour des raisons qui

seront également développées. Il est cependant important de ne pas perdre de

vue les compétences à acquérir en matière de lecture.

1.6 Compétences à acquérir :

. En maternelle, les enfants rencontrent des situations nombreuses et variées qui

nécessitent la pratique de l’acte de lire comme les événements à célébrer, les

projets …. Ils acquièrent des compétences en découvrant que l’écrit est porteur

de sens que les supports peuvent être variés et que les éléments du texte

(indices) permettent d’accéder au sens.

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. Au cycle des apprentissages fondamentaux, les enfants doivent devenir maîtres

du code de la lecture en sachant reconnaître rapidement la plupart des mots,

donner du sens à ces suites de mots, déchiffrer un mot qu’ils ne connaissent pas,

proposer une écriture phonétiquement correcte pour un mot régulier. Ils

doivent pouvoir reconnaître les différents types d’écrits, saisir le sens même du

texte pour donner des renseignements ponctuels sur son contenu à savoir le

fond et la forme. Ils doivent avoir compris et retenu le système de codage de

l’écriture , les correspondances régulières entre graphèmes et phonèmes.

Selon Gérard Chauveau, l’apprenti lecteur doit être capable d’effectuer sept

opérations mentales simultanément pour réussir :

- repérer le support et définir le type d’écrit , pouvoir dire s’il s’agit d’une

recette, d’une histoire d’une annonce etc …

- questionner le contenu pour savoir ce qui se passe et ce que le texte veut

dire.

- explorer une quantité d’écrit porteuse de sens, à savoir une ligne, une

phrase ou un groupe de mots.

- identifier les formes graphiques, celles des mots, des syllabes et des lettres.

- anticiper des éléments syntaxiques ou sémantiques.

- organiser logiquement les éléments identifiés.

- mémoriser les informations sémantiques, la signification du texte étudié

Ces étapes élaborées par Gérard Chauveau entrent dans le cadre des instructions

officielles. Elles ont la particularité d’être bien définies et peuvent être un outil

pour l’enseignant dont le souci majeur est de former des enfants lecteurs. Elles

forment un tout que l’enfant doit maîtriser pour accéder au savoir-lire et pour

détenir les compétences de lecteur que l’on attend de lui au cours de son

apprentissage.

Nu

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. Au cycle des approfondissements, les enfants doivent acquérir une bonne maîtrise

de la lecture en accédant, sans que cela ne pose de réels problèmes au niveau du

déchiffrage, au sens des textes de quelque nature qu’ils soient mais adaptés à leurs

possibilités.

Ils doivent pouvoir réagir au texte, par exemple en exécutant une consigne ou en

répondant à des questions et être disposés à donner des renseignements précis et à

restituer des données essentielles pour montrer qu’ils ont compris le texte. Ils

doivent pouvoir choisir entre la pratique d’une lecture sélective ou intégrale dans le

but d’adapter leur lecture à la situation.

L’école a mis au centre de ses préoccupations la lecture et l’écriture. Malgré des

objectifs, des compétences bien déterminés, des chiffres alarmistes et alarmants

montrent que tout ne se passe pas aussi simplement. En effet, selon les années 21 à

42% des élèves en début de cycle 111 ne maîtrisent pas le niveau minimal de

compétences dites de base en lecture.

Entre 10 et 15% ne parviennent pas à l’entrée en sixième à comprendre le sens de

ce qu’ils lisent tant l’effort de déchiffrage est intense.

« On ne peut pour autant en déduire que le niveau baisse, les élèves lisent et écrivent mieux

aujourd’hui qu’ils ne l’ont jamais fait à âge équivalent. (5)

La seconde partie de mon travail consiste à cerner les différentes difficultés

auxquelles peut être confronté l’apprenti lecteur en m’appuyant sur les différentes

situations rencontrées lors de ma pratique professionnelle.

___________________________________________________________(5) Maîtrise de la langue

Nu

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II .1 Difficultés : un terme récent

Les difficultés dans l’apprentissage de la lecture intéressent et interrogent depuis

longtemps les spécialistes, nous trouvons des textes qui signalent ces difficultés

bien avant l’école obligatoire, ce qui est nouveau c’est la conscience qu’on en a car

savoir lire est devenu nécessaire à une bonne adaptation sociale.

Ces quinze dernières années témoignent d’une accélération du phénomène et d’une

inquiétude croissante, les publications des revues spécialisées ont gagné les

journaux à grands tirages destinés à un public plus large.

La prise de conscience des difficultés dans l ‘apprentissage de la lecture correspond

à l’augmentation des exigences demandées à l’école primaire. Jusqu’à la libération,

son objectif était de former des élèves capables de lire un texte sans trébucher en

mettant le ton et celà en huit ans.

L’obligation scolaire à seize ans et la création du collège unique en 1975 ont

radicalement modifié les missions de l’ école primaire, il faut à l’heure actuelle

former en cinq ans des élèves aptes non seulement à lire mais aussi à se servir de

l’écrit pour aborder les activités intellectuelles que requiert la scolarisation au

collège.

Tous les élèves en difficulté ne présentent pas les mêmes caractéristiques, les

mêmes profils.

II. 2 Profils des lecteurs en difficulté

Le lecteur centré uniquement sur le code : Il découpe laborieusement les mots, ne

peut pas faire d’hypothèses sur les mots rencontrés et lorsqu’un mot est masqué il

ne peut faire de prédiction, trop mobilisé qu’il est par le déchiffrage.

Nu

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Le lecteur centré uniquement sur le sens, le devineur : Il parvient à identifier

globalement plusieurs mots. Les erreurs qu’il commet sont acceptables du point de

vue syntaxique et sémantique mais ne correspondent en rien à la pertinence du

décodage grapho-phonologique qui est ignoré.

Le lecteur centré sur la reconnaissance lexicale : Proche du précédent, il se

contente d’un survol visuel sans se soucier du sens, il invente des mots ayant une

graphie proche.

Le lecteur centré en priorité sur le code : Le déchiffrage est complété par de vrais

mots devinés mais qui ne tiennent pas compte du sens. L’enfant propose un mot

que le déchiffrage non abouti lui évoque, même si ce mot est sans rapport avec le

contexte.

Une évaluation effectuée en 1985 sur 5000 enfants de CE2 (Académie des

Bouches du Rhône) montre que 18% d’entre eux ne maîtrisent pas les mécanismes

fondamentaux de la lecture. Pour ces élèves, l’identification des mots n’est pas

automatisée, leur vocabulaire est pauvre, ils n’ont aucune conscience de la diversité

des types de textes et ne peuvent adapter leur lecture aux exigences spécifiques d’un

texte narratif ou d’un énoncé de mathématiques.

10% se trouvent en détresse profonde de lecture.

Nu

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11. 3 Les difficultés dans l’apprentissage de la lecture : le code et la

compréhension

Première difficulté : le code

« Plus que les connaissances sur les caractéristiques de l’écrit et de sa fonctionnalité, ce sont

les connaissances méta-linguistiques qui font défaut aux lecteurs en difficulté, au premier rang

les capacités métaphonologiques. » (6)

Au CP, les enfants découvrent de manière explicite les modalités du langage écrit.

Le principe alphabétique et les règles de la combinatoire nécessitent une capacité

de mémorisation de toutes ou presque les transcriptions phonèmes-graphèmes que

tous les élèves ne peuvent assimiler en si peu de temps.

Sans insister sur les irrégularités de la langue, exemples « ent » dans content et

nagent, on observe déjà des difficultés dès lors que l’on aborde les graphèmes d, b

q, p qui par leurs graphies et leurs orientations déstabilisent les élèves les plus

fragiles. On peut évoquer les phonèmes qui se ressemblent comme [g] [k], [f] [v].

Autant d’exemples qui peuvent expliquer que l’apprentissage du code peut mettre

en difficulté un bon nombre d’enfants de six ans. A la fin du cycle 2, beaucoup

d’entre eux ne parviennent pas à mettre en place les mécanismes de l’identification.

Aussi difficile soit-il, il apparaît clairement aujourd’hui que cet apprentissage

indirect (déchiffrage) même s’il ne constitue pas une fin en soi, permet dès lors

qu’il est maîtrisé de libérer les ressources intellectuelles pour accéder au sens. On

ne peut aimer lire quand cette activité demande autant d’efforts de déchiffrage.

___________________________________________________________(6) Profession enseignant : Manuel de psychologie pour l’enseignement coordonné par Daniel Goanac’h et

Caroline Golder . Hachette éducation. 1995

Nu

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« Certaines méthodes proposent de faire l’économie de l’apprentissage indirect des mots

comme la méthode globale, de manière à éviter que certains élèves ne s’enferment dans cette

phase de déchiffrage réputée peu efficace pour le traitement de la signification des textes. On

considère aujourd’hui que ce choix comporte plus d’inconvénients que d’avantages. » (7)

La maîtrise du code n’est cependant pas suffisante, certains élèves éprouvent des

difficultés quant à la compréhension des écrits : ils déchiffrent tous les mots sans

difficulté mais ne font aucun lien, ils ne peuvent dégager le sens du message qui

leur est adressé.

Deuxième difficulté : la compréhension

Pour Jocelyne Giasson :

« La compréhension résulte de l’interaction entre le lecteur, le texte et le contexte (…). Pour

favoriser la compréhension, il faut s’assurer que les trois variables sont adéquatement agencées.

. Le lecteur possède t-il les connaissances nécessaires pour comprendre le texte ?

. Le texte présenté est-il adapté au niveau d’habileté du lecteur ?

. Le contexte psychologique, social ou physique favorise t-il la compréhension ? » (8)

Lorsque ces trois conditions ne sont pas totalement remplies, certains élèves

manifestent de réelles difficultés de compréhension, comme le relève Alain

Bentolila « Lire s’apparente à un jeu de devinettes. » (9)

Ils tentent alors d’inventer en s ‘appuyant sur quelques indices reconnus, ils ont

toutes les peines du monde à avoir le réflexe de rechercher les informations

susceptibles de les aider.________________________________________________________________________________

(7) Nouveaux programmes 2002

(8) La compréhension en lecture. Jocelyne Giasson

(9) De l’illettrisme en général et de l’école en particulier. Alain Bentolila

Nu

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Par exemple au cycle III, Mélanie après avoir lu le texte « les sangliers » (annexe 1)

répond à la question 2 : « elle appelle sa maman », je lui pose la question

oralement : même réponse. Je lui demande si elle a trouvé sa réponse dans le texte,

elle ne semble pas déstabilisée et me répond : « oui ! ». Quand je lui demande où

dans le texte, elle me dit : « je me suis trompée ».

Peut-être a-t-elle voulu expédier le questionnaire en répondant rapidement ou

peut-être pense t-elle qu’on a le droit d’inventer ?

Le texte devient le prétexte à imaginer des histoires dont le sens vient largement

d’ailleurs.

Certains indices ou paramètres susceptibles d’aider à la compréhension ne sont pas

toujours pris en compte par le lecteur débutant, comme par exemple :

. Les caractéristiques extra-linguistiques ou typographiques : mise en page,

longueur des mots, ponctuation … qui peuvent être porteurs de sens.

. La syntaxe : certains élèves n’ont aucune idée des connecteurs

grammaticaux, ceux-ci peuvent être explicites, dans ce cas ils seront plus facilement

compris ou implicites comme les connecteurs de cause, de temps qui posent

problème dans la compréhension. La syntaxe est une des clés essentielles de la

compréhension des phrases.

. Le lexique : certaines difficultés propres au vocabulaire employé par l’auteur

d’un texte peuvent être très handicapantes pour la compréhension de celui-ci. Le

recours au contexte et à l’anticipation s’impose souvent.

. L’orthographe lexicale ou grammaticale : elle peut constituer une aide

considérable à la lecture. « La graphie des mots étant déterminée par leur sens dans un

contexte et non par la phonétique ». (10)

____________________________________________________________________

(10) Former des enfants lecteurs, tome 1. Groupe ECOUEN

Nu

mér

. Les procédés de reprise : ils ne sont pas évidents à gérer pour certains élèves

qui n’établissent pas de liens entre le substitut et le mot qu’il remplace. Exemple de

Cyndi élève de CM1 : nous avons travaillé sur le texte « Ulysse et le cyclope »

(annexe 2), après deux lectures, les élèves ont été sollicités afin de raconter

l’histoire ; Après avoir retravaillé quelques mots de vocabulaire, la compréhension

globale était assez bonne. J’ai souhaité aller plus loin en demandant qui racontait

… ensuite j’ai demandé de qui l’on parlait : (emploi de « elle » dans « mais juste

derrière les animaux, apparut une créature qui les glaça d’effroi. Elle tenait … ».

Réponse de Cyndi : « la dame ».

. Les informations implicites : elles font appel à des connaissances antérieures

ou extérieures à la lecture avec lesquelles il est nécessaire que l’enfant établisse un

lien pour comprendre le non-dit ou le sous-entendu. Il s’agit là pour l’élève d’une

lecture inférentielle. Cela pose problème aux élèves en difficulté qui ne traitent

pour la plupart que ce qui est clairement énoncé.

« ( …) un autre aspect indispensable à la reconstruction des relations entre phrases, il s’agit

de l’inférence (…) pour parler d’inférence, il faut que le lecteur dépasse la compréhension

littérale.

La capacité à inférer n’atteint pas sa pleine maturité au primaire (…).

La capacité à faire des inférences augmente avec l’âge mais les jeunes enfants sont capables de

faire des inférences lorsque les éléments sont localisés les uns près des autres. S’il y a d’autres

informations intercalées, les élèves ont besoin de l’enseignant pour organiser » (11)

Exemple : lors d’une évaluation au CM1, à la question : « La maman de Mireille

écoute la météo à la radio. Elle passe l’aspirateur dans la chambre de Mireille puis

elle lui dit de prendre son parapluie et ses bottes. Pourquoi ? »

___________________________________________________________(11) La compréhension en lecture. Jocelyne Giasson

Nu

mér

Réponse de Laurie : « Parce que Mireille doit laisser maman travailler

tranquillement. »

Quelques hypothèses quant à la réponse de Laurie :

. Les éléments ne sont pas localisés les uns près des autres et Laurie n’a pas fait le

lien entre la météo et les bottes.

. Ces connaissances antérieures ne lui permettent pas de savoir ce que nous apprend

la météo à la radio.

. Peut-être se fonde t-elle sur son vécu et qu’en l’occurrence Mireille doit sortir

parce que sa maman fait le ménage.

Si le code est le problème majeur du cycle II dans l’apprentissage de la lecture, il

s’avère cependant très vite insuffisant pour accéder à la compréhension d’un texte.

A ce stade de mon travail, il me semble nécessaire de tenter de dégager les causes

possibles des difficultés rencontrées par un certain nombre d’enfants dans

l’apprentissage de la lecture.

II. 4 Des difficultés, pourquoi ?

Selon Luc Ferry (livret CP), les origines des difficultés sont l’accroissement dans

les classes d’exercices encourageant la spontanéité et l’expression de soi plutôt que

le respect de l’héritage ainsi que la prolifération de méthodes qui brouillent les

repères.

Je souhaite pour ma part évoquer d’autres raisons qui peuvent être à l’origine de ces

difficultés en m’appuyant sur l’expérience que je viens de vivre au sein d’un

RASED et sur les divers ouvrages et témoignages traitant de la question.

Nu

mér

. Le langage : Il constitue l’objectif prioritaire de l’école maternelle, malgré cela

c’est dans le langage que se marquent d’abord les inégalités. Un enfant sur dix

arrive au CP avec une maîtrise du langage oral qui ne lui permettra pas d’entrer

sans rupture dans le monde de l’écrit car sa langue orale est très éloignée de la

langue qu’il va rencontrer en apprenant à lire et à écrire.

« Le langage écrit contraint plus fortement la compréhension que ne le fait le langage oral, de

ce fait l’attention du lecteur est plus mobilisée que celle du participant à un échange oral. Les

tâches mises en œuvre requièrent donc un plus haut niveau d’abstraction. Cet effort sera

d’autant mieux accepté que l’enfant se trouvera précocement dans un environnement où l’écrit

occupe une grande place, où son utilité est évidente et où le plaisir obtenu à son contact

compense largement l’effort fourni.. » (12)

Il est admis que mieux on parle une langue, plus efficace est l’acquisition de son

code écrit. En effet, l’écrit impose des structures plus complexes, un vocabulaire

plus riche et plus précis et son accès sera d’autant plus difficile que le langage sera

déficient. Les insuffisances lexicales et syntaxiques à l’oral handicapent les enfants

dans leur apprentissage tout au long du CP.

J’ai pu constater que la majorité des demandes de prise en charge par le RASED

font état d’un langage pauvre et d’enfants dont le discours se réduit à la

désignation, à la demande. Les expériences de communication pour les enfants sont

limitées en partie par le fait que leurs parents anticipent leurs désirs et leurs

pensées leur supprimant ainsi la possibilité de s’exprimer verbalement.

Par ailleurs, quand un enfant ne possède pas les mots ou ne peut pas utiliser le

supports du langage pour dire ce qu’il éprouve, pour traduire ses émotions, il ne

peut que réagir par des manifestations du comportement telles que l’agressivité,

l’instabilité, l’agitation qui entravent également leurs capacités d’apprentissage.

___________________________________________________________(12) Profession enseignant : Manuel de psychologie pour l’enseignement. D Gaonac’h et C Golder. 1995

Nu

mér

Le jeune enfant arrive à l’école maternelle avec un bagage culturel et lexical acquis à

l’extérieur de l’école et notamment dans le milieu familial. Le langage sera d’autant

plus riche que le milieu sera porteur. La famille joue donc un rôle important dans

l’acquisition du savoir lire.

. Le milieu familial : Il donne à l’enfant certaines représentations des valeurs de la

lecture. Si ces valeurs ne sont pas véhiculées, l’enfant manque de repères quant à

l’importance et l’utilité du savoir lire.

Lors d’évaluations avec des enfants début novembre, à la question « pourquoi dois-

tu apprendre à lire ? » la majorité ne savait pas répondre ou alors ne considérait la

lecture que dans le cadre de l’école : « pour bien travailler en classe ». Ils s’engagent

dans l’apprentissage par obligation et pensent que pour y parvenir « il faut être

sage et bien écouter la maîtresse . »

On constate que lorsque la lecture fait partie de son environnement, l’enfant a

souvent moins de mal à entrer en contact avec l’écrit, imitant ses proches lecteurs.

Un trop grand écart entre ce qui est véhiculé à la maison et à l’école déstabilise. Le

principe de loyauté qu’il a envers sa famille fait qu’il ne se sent pas toujours

autorisé à apprendre.

L’exemple de Sacha en CP qui jusqu’en janvier présentait de réelles difficultés : il

ne parvenait pas à mémoriser de façon durable les phonèmes et n’avait pas compris

la combinatoire. Avant les vacances de février, ses progrès étaient considérables,

l’enseignante et moi sentions qu’il s’accrochait de nouveau, après être passé par des

phases de découragement et un comportement agressif. Au retour des vacances, il

accrochait à tous les mots, répétant à chaque fois « attends ! » comme pour me

signifier qu’il allait y arriver mais ce n’était pas sans peine.

Nu

mér

A la fin de la séance, je lui ai demandé s’il avait lu un peu pendant les vacances, de

manière très naturelle et en riant, il a répondu : « Ben non ! On était à la maison »

Compte-tenu de son importance la famille doit être un partenaire pour les

enseignants et des relations doivent être entretenues afin d’aider les élèves.

. Les relations école-parents, enseignants-élèves : Pour apprendre l’enfant a besoin

de se sentir en confiance et non pas tiraillé d’un monde à l’autre, avec des adultes

capables de communiquer et de se respecter. Les échanges entre ces deux

partenaires sont déterminants :

« L’apprentissage de la lecture ne saurait être efficace sans relations étroites entre l’école et la

famille (…) tout ce qui tend à combler la distance entre l’environnement familial et l’école est

de nature à favoriser la réussite scolaire (…) (13)

Cette relation est compliquée dès lors qu’il s’agit d’évoquer les difficultés, les

parents que l’on rencontre sont rarement ceux dont les enfants posent problème. Il

est très difficile d’instaurer un dialogue avec des parents pour qui l’école ne

représente que le lieu de leur échec ou un lieu où ils se sentent jugés. Ceux que j’ai

rencontrés étaient affligés, pensaient que tout était joué : « Il va chez

l’orthophoniste, le RASED le suit depuis deux ans, la maîtresse se plaint de lui ! »

Une maman m’a dit « c’est de ma faute, je n’ai pas fait attention, trop occupée avec

la petite ». Les parents se découragent et culpabilisent. Il est donc important de

parler aussi des progrès si infimes soient-ils afin qu’ils ne repartent pas sans

perspectives. Tout malentendu pédagogique entre enseignant et parents peut être à

l’origine de difficultés d’apprentissage.

___________________________________________________________

_(13) Programmes 2002

Nu

mér

Plusieurs rencontres peuvent dissiper ces malentendus, peuvent permettre de

souligner les étapes franchies, d’identifier les principales difficultés, de définir

ensemble des activités complémentaires qui peuvent être mises en œuvre à la

maison.

Le rôle de l’enseignant est fondamental dans la dynamique de la réussite ou de

l’échec. « Plus que jamais la seule règle est le regard positif porté sur l’enfant même en

extrême difficulté » (14)

A l’âge de l’apprentissage de la lecture, les enfants ont besoin de trouver en la

personne de l’enseignant un équivalent de ce qu’ils trouvent dans leurs premières

relations en la personne de leur mère pour contenir les manifestations de leurs

angoisses et ainsi arriver à mieux y faire face. Le rejet et l’agressivité ne peuvent que

renforcer les angoisses et rendre l’enfant encore plus indisponible aux

apprentissages.

Le sentiment d’échec installé bloque l’apprentissage en bloquant la disponibilité

intellectuelle. L’affectivité a un rôle important dans l’acquisition des connaissances.

L’enfant construit sa personne en même temps qu’il construit son savoir.

. Des enfants psychologiquement fragilisés : Les demandes de prise en charge

faites au RASED par les enseignants comportent en général des annotations

récurrentes : « écoute difficile, problème d’attention, mémoire incertaine, pas de

structuration espace-temps, impulsivité … »

Il s’agit d’enfants dont les familles sont dans un mal être (rupture, drames

familiaux, précarité, violence …), ils ne sont pas disponibles pour l’ apprentissage

___________________________________________________________

_(14) Programmes 2002

Nu

mér

de la lecture qui demande une attention, une capacité de concentration, une

sérénité dont ces enfants ne disposent pas tant ils sont accaparés par la gestion de

leur quotidien.

C’était le cas de Bastien dont la petite sœur était handicapée et qui était toujours

très angoissé à l’idée de mal faire, de se tromper et qui ne manifestait pas le désir

d’apprendre à lire.

. La faute à la télévision : Il serait injuste de dire que les programmes télévisés sont

responsables des difficultés de lecture. Néanmoins, certains spécialistes pensent

qu’ils développent une attitude passive. La plupart de ces programmes sont

construits sur le même modèle, ne laissant aucun doute sur ce qui va se passer, sur

les personnages, tout y est prévisible. On retrouve cet aspect prévisible dans

certaines lectures par exemple le genre policier ou les séries mais la lecture

demande une attitude active et entraîne le plus souvent le lecteur vers l’inconnu où

il prend le risque d’être déçu, de ne pas comprendre.

« En ce monde incertain dans lequel peu de gens savent de quoi demain sera fait, qui

refuserait ces moments de tranquille certitude ? » (15)

Je viens d’évoquer des phénomènes qui peuvent expliquer les difficultés dans

l’apprentissage de la lecture, phénomènes liés à l ‘entourage de l’enfant. Il est

important à mon sens de s’arrêter sur l’enfant lui-même, sur son développement

psychique et physique.

__________________________________________________________(15) De l’illettrisme en général et de l’école en particulier. Alain Bentolila

Nu

mér

. La maturité : L’entrée dans le monde de l’écrit n ‘est pas naturelle contrairement

à l’apprentissage du langage oral et contrairement à certains apprentissages qui

peuvent se faire par imitation. Cet apprentissage suppose des efforts et une certaine

maturation psychologique pour dépasser ses satisfactions immédiates.

Un manque de maturité peut expliquer les difficultés dans l’apprentissage de la

lecture, le désir d’apprendre à lire est encore ambivalent et certains enfants ont des

difficultés à accepter les limites, les codes, les règles.

Des changements dans la structuration de l’enfant doivent intervenir pour qu’il soit

à même d’apprendre à lire.

Il doit accepter qu’une distance symbolique s’installe entre lui et sa mère . Christian

Bobin dans « Une petite robe de fête » relate cet état dans lequel se trouve l’enfant,

en symbiose avec sa mère « sans rupture, sans déchirure (…) On n’est séparé de rien, par

rien (…) La lecture entre bien plus tard (…) on apprend sa solitude lettre après lettre (…)

L’enfant va devoir accepter de quitter une part d’imaginaire et se confronter à la

réalité, celle du plaisir ou du déplaisir, des contraintes des limites. S’il se maintient

essentiellement dans l’imaginaire, il ne peut accéder à la lecture qui fait appel à des

symbole et un code. Ce passage peut être difficile pour l’enfant parce qu’il est

confronté à la perte. Il doit renoncer à un plaisir immédiat. On assiste à ce moment

de l’apprentissage à un repli, une peur de ne pas être à la hauteur, c’est l’âge où les

enfants se laissent rebuter par la peur de l’inconnu. Il est donc important de ne pas

rompre la relation affective d’échange avec l’adulte. Cette relation que l’enfant

appréhende de perdre avec sa nouvelle autonomie.

Par ailleurs, l’apprentissage peut être fragilisé chez des enfants qui sont prêts

psychologiquement mais qui sur le plan physique ont beaucoup de mal à assumer

Nu

mér

le rythme soutenu de la journée. C’est parfois le cas lors des passages anticipés

demandés en général par les familles .

Compte-tenu des grandes différences entre enfants du point de vue de la maturité

et dans le souci de respecter le rythme de l’enfant, la création des cycles peut être

une réponse. En effet, c’est accepter que l’âge biologique ne fait pas tout et

admettre que chaque enfant peut avoir un développement différent dans un temps

plus ou moins long.

. L’hétérogénéité, le travail par cycle : « Contrairement à la classe rurale, la classe

urbaine contemporaine est à un seul niveau, peu à peu les enseignants ont adopté des

pratiques organisant les programmes année par année. Ce système marque fortement les écarts

entre élèves. » (16)

Bien qu’inscrite dans la loi d’orientation de 1989, la pratique du travail par cycle

n’est pas forcément courante, un CP reste un CP.

« Le CP est le temps fort de l’enseignement de la lecture, il incombe néanmoins à l’ensemble

des maîtres du cycle d’établir une progression qui donne de la cohérence à ces différentes

phases. » (17)

J’ai observé, lors de mon année sur le terrain, que les enseignants de grande section

assistaient rarement aux réunions de cycle II, souvent il n’y avait pas de

concertation sur le travail qui devait être engagé avant l’entrée au CP. Les grandes

lignes concernant le minimum de pré-requis à installer n’étaient pas dégagées et

inversement les maîtres de CP étaient peu informés des acquisitions et méthodes de

maternelle. Cette rupture maternelle – élémentaire peut mettre en échec certains

élèves qui après quelques semaines passées au CP sont mis en marge des

apprentissages prévus par l’enseignant , sont perdus, se découragent.

___________________________________________________________

_(16) Maîtrise de la langue. (17) lire au CP

Nu

mér

Plus le temps passe, plus ces élèves se démotivent. Le succès de la remédiation

dépend très souvent de la précocité des interventions.

Quand ils existent, les moyens mis à la disposition des enseignants (RASED) ne

sont pas toujours suffisants et les aides qui pourraient être mises en place dans le

cycle comme le décloisonnement demandent aux enseignants une grande capacité

d’échange, de concertation et de travail en équipes.

L’enseignant doit à la fois gérer l’hétérogénéité et les contraintes scolaires

accentuées par la pression parentale.

Lors de mon stage en responsabilité dans une classe de CP de 16 élèves fin

novembre 2003, on pouvait observer quatre niveaux : un groupe d’élèves capables

de lire un texte court, même si les phonèmes n’avaient pas été tous travaillés, ils

s ‘appuyaient sur de analogies, sur le contexte sans problème. Un second groupe

qui avait plus besoin d’encouragements, de présence mais qui avait compris le

principe de la combinatoire. Un troisième groupe qui avait énormément de mal,

dans ce groupe les difficultés étaient très diverses. Un enfant enfin, seul, que je ne

comprenais pas et qui était en très grande difficulté ayant vécu des choses très

difficiles dans son milieu familial.

J’ai pu mesurer la difficulté de faire progresser chaque groupe en fonction de son

niveau, en effet, en plus des problèmes matériels que cela peut poser, le manque

d’autonomie des enfants à cet âge accentue les difficultés .

« Il est normal d’observer un décalage entre les élèves en début de CP mais l’école doit tout

faire pour que ces différences initiales ne se transforment pas en échec. Les compétences

élémentaires doivent être évaluées afin que les élèves ne se détournent pas des apprentissages.»

(18)

_______________________________________________________________________________

(18) Lire au CP

Nu

mér

. Un certain nombre de concepts que l’on pense acquis, des malentendus qui

perdurent

Léa, 7 ans semblait être une petite fille pour qui la lecture ne posait pas de

problème jusqu’au mois de décembre. A la rentrée de janvier, confrontée à un autre

support que le livre GAFI, elle se montre incapable de déchiffrer un seul mot, elle

avait jusqu’alors appris par cœur les textes et pensait que c’était comme cela qu’il

fallait faire, elle n’avait pas compris le principe de la combinatoire à l’insu de tous.

Même si on apprend à lire toute sa vie, l ‘échec de l’enfant au moment crucial de

l’apprentissage des bases en lecture ne se surmonte pas facilement. L’efficacité

repose sur la connaissance des obstacles, le MEDIAL (Moniteur pour l’évaluation

des difficultés de l’apprenti lecteur) est un support intéressant pour une évaluation

diagnostique.

Les évaluations que j’ai fait passer début novembre à trois enfants en difficulté (Cf

annexes 3.4.5) montrent des déficits concernant certains domaines, ceux-ci peuvent

être à l’origine des difficultés.

Analyse des résultats du Médial :

. projet de lecteur : Ces élèves ne savaient pas, en dehors d’un objectif

scolaire, dire à quoi cela servait d’apprendre à lire. Ils pensaient qu’il fallait bien

écouter et faire des exercices sur GAFI ou sur le tableau, qu’il fallait répéter ce que

la maîtresse disait.

. Conceptualisation de la langue : Le sens conventionnel de la lecture-

écriture n’était pas acquis pour ces trois enfants, ils se repéraient difficilement dans

l’espace de la page, ils ne faisaient pas de relations entre quantité d’oral et quantité

d’écrit ou entre nombre de mots à l’oral et à l’écrit. Ils avaient manifestement des

Nu

mér

lacunes en ce qui concerne le métalangage (mot, chiffre, lettre, majuscule, première

lettre, dernier mot, ligne, phrase …), confondaient mot, lettres.

Cette méconnaissance du métalangage peut être un facteur important

d’incompréhension entre l’enseignant et l’élève. (Cf annexes 6.7)

. Facteur de développement des capacités d’identification :

Lexique initial : Il est un facteur important pour la réussite de l’apprentissage, si de

nombreux mots sont connus, la tâche s’en trouve soulagée du fait qu’ils sont très

fréquents. Il constitue le corpus constamment disponible pour repérer les analogies

et aide à la compréhension du principe alphabétique.

Les trois élèves évalués avaient un lexique initial très faible, ils connaissaient

environ trois prénoms prélevés dans la liste de la classe et cinq mots (certains jours

de la semaine, Noël …). Les petits mots « le », « la », « un » n’étaient pas connus.

Reconnaissance des lettres : L’expérience montre qu’il s’agit d’une variable

fortement corrélée avec la réussite ou les difficultés dans l’apprentissage de la

lecture. La connaissance des lettres au début de l’année scolaire constitue la

compétence la plus prédictive de la réussite en fin d’année. Ce n’est pas tant la

connaissance isolée qui explique une plus grande réussite mais la possibilité

d’épellation qui permet de stabiliser et de décontextualiser le souvenir des mots. En

prenant des indices sur les lettres qui composent un mot, l’enfant peut le distinguer

de ceux qui lui ressemblent par la silhouette.

Les trois élèves évalués connaissaient en moyenne 5 à 7 lettres, les voyelles

essentiellement.

Nu

mér

Conscience phonique :

La syllabe : C’est l’item le mieux réussi , il l’est pat 95% des élèves en difficulté.

Le phonème : Bien que le déchiffrage lettre à lettre ne soit guère opérant dans le

décodage de mots nouveaux, la compréhension du principe alphabétique suppose

l’accès au phonème.

Les enfants évalués avaient énormément de difficultés à extraire les phonèmes à

l’intérieur même d’une syllabe.

Lorsqu’il est pratiqué dans les premiers mois du CP, le travail explicite et

systématique sue les relations grapho-phonologique n’est pas toujours de nature à

favoriser l’apprentissage de tous les enfants. C’est particulièrement vrai pour les

enfants qui n’ont pas construit un lexique initial suffisamment étendu au début de

l’apprentissage et ne connaissent pas de syllabes graphiques. S’ils accordent toute

leur attention au déchiffrage lettre à lettre, ils risquent de ne voir dans le mot que

de petits morceaux, de ne pas le considérer comme totalité au terme de ce

déchiffrage.

Anticiper l’approche grapho-phonologique risque de les décourager de la lecture

elle-même.

A quel moment enseigner les relations graphèmes-phonèmes ? La décision est

délicate et rejoint le problème de l’hétérogénéité car la réponse ne peut être la

même pour tous les élèves.

L’évaluation des capacités instrumentales (discrimination visuelle, phonologique,

organisation spatio-temporelle, mémoire immédiate) ne peut suffire à l’entrée au

CP. En effet, on tient quasiment pour acquis un certain nombre de pré-requis

lexiques alors que ceux-ci font souvent défaut aux élèves.

Nu

mér

Il est donc important se s’enquérir des idées qu’ont les enfants sur le système

d’écriture, les fonctions des écrits, la manière d’apprendre à lire, la nature de l’acte

de lire (comment code t-on par écrit le langage ?)

« Il faut bien se persuader que pour la plupart des enfants entrant au cours préparatoire, la

lecture relève d’un monde étrange et étranger . » (19)

___________________________________________________________

_(19) Psychologie cognitive de la lecture

Nu

mér

« L’illettrisme est un phénomène multiforme compliqué à définir, il résulte d’histoires

personnelles trop différentes pour qu’il soit uniquement imputable à l’école.

Pour autant, celle-ci a une responsabilité majeure dans la prévention sur laquelle nous devons

nous concentrer (…) » Lire au CP

Les instructions officielles de 2002 précisent que le détour pédagogique est plus

efficace que la multiplication d’exercices. Une pédagogie différenciée dans les

premiers mois du CP est décisive. Les enseignants ne doivent pas hésiter à

prolonger les activités qui se déroulaient en grande section. En effet, c’est dès les

premiers apprentissages qu’il faut donner au plus grand nombre les moyens de

réussir car il y a corrélation quasi exacte entre les pourcentages d’échec aux

évaluations de CE2 et de 6ème. Les élèves en difficulté de lecture au CE2 le sont

encore le plus souvent en 6ème.

Lors de mon stage en responsabilité dans une classe de CP, j’ai déterminé trois

objectifs puis mis en place différents outils pédagogiques. Cela dans le but

d’asseoir certains concepts essentiels à une bonne entrée dans la lecture et qui font

défaut aux élèves en difficulté. (se référer aux annexes 3.4.5)

111. 1 Prendre conscience de l’utilité de l’écrit, des conventions de la langue

écrite

Ecrire :

Lors de mon année au RASED, avec les enfants dont les évaluations figurent en

annexes 3.4.5, j’avais engagé dans un premier temps un travail sur l’aspect

technique du langage écrit. Travaillant avec des lettres mobiles qu’un collègue

m’avait conseillées, j’ai rapidement constaté que ce travail sur les connaissances

grapho-phonologiques était voué à l’échec. En effet, les enfants ne mémorisaient

Nu

mér

aucun phonème /graphème même si en parallèle l’enseignante s’appliquait à faire

un travail sur les discriminations auditives et visuelles. Le constat était sans appel :

les enfants ne progressaient pas.

J’ai consulté de nouveau les évaluations afin de réajuster mon action.

Ces enfants avaient des insuffisances au niveau de la conceptualisation de la langue,

un lexique (*) initial très pauvre. J’ai donc proposé aux enfants d’écrire un livre .

Ne laissant que les illustrations de trois petits livrets dont les thèmes étaient : la

mer, le cirque, la ferme, ils ont à raison de deux séances par semaine, écrit avec mon

aide un livre qu’ils ont présenté à la classe.

Le fait de pouvoir le présenter a été une grande source de motivation et

d’investissement. Les premières séances ont été laborieuses, ils étaient tentés de ne

dicter que le minimum et de s’en tenir à une description sommaire de ce qu’ils

voyaient.

Si je devais refaire ce travail, je serais plus vigilante quant au choix du support car

les illustrations, il est vrai, invitaient à la description ( Il y a ….), les enfants ont

d’ailleurs utilisé très peu de connecteurs, la production n’était pas très riche.

Le travail sur les images séquentielles que j’ai proposé ultérieurement a été plus

satisfaisant.

Cependant l’élaboration des livres a été positive à bien des égards : si lors des

premières dictées, les enfants parlaient très vite, ils ont peu à peu ralenti leur débit

___________________________________________________________

(*) le seul facteur non directement métalinguistique qui à tous les niveaux est corrélé avec les

performances en lecture

Nu

mér

en se rendant compte que je ne pouvais pas suivre, que les mots étaient segmentés

par des « blancs ». Ces séances ont permis également un travail de langage :

. trouver le bon mot. Exemple : un élève dit « la tente » son camarade précise

« le chapiteau » le vocabulaire s’est enrichi.

. ne pas se contenter de dire : « il y a un clown » mais aller plus loin, aider

par le questionnement de la maîtresse « qu’est-ce qu’il fait ? ».

A chaque séance, les enfants relisaient ce qu’ils avaient écrit, cela leur a permis de

mémoriser un certain nombre de petits mots, exemple : quelques déterminants,

quelques connecteurs.

Ils ont pu également en me voyant écrire et en recopiant sur leur livre s’approprier

le sens conventionnel de la lecture-écriture.

L’aspect le plus positif à mon sens est qu’ils se sont sentis capables de réussir

quelque chose. Cela faisait des semaines, en effet, qu’ils quittaient chaque jour leur

classe et qu’aucun progrès ne se manifestait. Qualifiés d’enfants à problèmes, ils se

sont trouvés au centre de la classe, présentant leur travail à leurs camarades et à leur

maîtresse, montrant ainsi qu’ils ne sortaient pas de la classe pour ne rien faire. Ce

moment de partage a été très émouvant , je les ai sentis très fiers d’eux alors qu’ils

avaient sur eux-mêmes des qualificatifs toujours péjoratifs. Les parents selon les

retours que j’ai eus étaient très fiers d’eux et ont trouvé leurs livres « superbes » !

« La meilleure façon de convaincre quelqu’un qu’il peut réussir est de tendre vers

une pédagogie de réussite, importante dans les classes primaires, à l’âge où l’image

de soi va se construire. » (20)

________________________________________________________________________________

(20) Livret CP

Nu

mér

J’ai souhaité ensuite revenir sur la « technique » avec les lettres mobiles mais le

support ne convenait pas.

Une collègue maître E à qui j’avais fait part de mon souci m’a apporté « les

formules de la sorcières » (annexe 8). Je dois avouer ce jour-là mon scepticisme

voyant qu’il s’agissait de faire lire des syllabes qui n’avaient pas de sens.

Au mot sorcière, les élèves ont réagi : « j’y crois pas ! » « ça existe ? », tout une

discussion a émergé autour de ce personnage. J’ai écrit une formule au tableau,

après l’avoir lue un certain nombre de fois, ces élèves étaient capables de la relire.

Sur plusieurs séances, nous avons lu toute une série de formules, visiblement le

travail plaisait aux enfants.

Avant même que je ne lise, ils essayaient de décoder, la mémoire qui leur faisait

défaut avec les lettres mobiles semblait réactivée.

Je leur avais soumis l’idée qu’ils pourraient peut-être écrire eux-mêmes des

formules. Un jour, quand je suis arrivée dans la classe, ils m’attendaient tenant leur

ardoise sur laquelle ils avaient écrit des formules magiques qu’ils étaient capables

de lire. (la maîtresse ne les avait pas aidés).

J’ai tenté de comprendre leur enthousiasme à écrire ces formules. Ce travail était

probablement moins abstrait que la manipulation de lettres mobiles. L’écriture

avait un sens dans ce cas-là, un objectif qui était d’écrire des formules et non pas

d’écrire des syllabes comme je leur demandais de faire sans perspective.

Est-ce le personnage de la sorcière qui a motivé ? Avec tout ce qu’il comporte de

peur, de crainte, d’incertitude ou d’imaginaire …

Serge Boimare , un psychologue clinicien qui a travaillé avec des enfants plus âgés

Nu

mér

et en grande difficulté, a choisi de travailler sur des thèmes qui génèrent

l’inquiétude et des émotions, comme la mythologie.

« Plus le thème qui sert de support est neutre, plus il favorise le retour à l’inquiétude » (21)

Est-ce que le fait d’intégrer une tierce personne, en l’occurrence la sorcière, entre

l’enseignante et les élèves peut être positif , la maîtresse et moi-même ne renvoyant

les enfants finalement qu’à leurs difficultés ?

Lors de mon stage en responsabilité du 24 novembre au 13 décembre 2003 dans

une classe de CP, j’ai souhaité renouveler l’expérience « l’écriture au service de la

lecture » (annexes 9.10).

Autour du thème de la sorcière

Durant les trois semaines, j’ai sélectionné quatre albums qui traitaient ce thème :

Timothée, fils de sorcière – le problème avec ma mère – Hansel et Gretel – la main de la

sorcière.

En parallèle nous avons appris en éducation musicale « La sorcière Grabouilla » et

en arts visuels, j’ai demandé aux élèves de dessiner une des scènes de l’album « Le

problème avec ma mère »

Après avoir fait ce travail, les enfants me racontaient ce qu’ils avaient dessiné et me

dictaient ce qu’ils voulaient écrire afin que chacun de leurs camarades sache ce

qu’ils avaient représenté. Ensuite, chacun était invité à recopier le texte ou la

phrase.

Les élèves les plus en difficulté ont eu beaucoup de mal à exprimer leurs idées et se

montraient très expéditifs, il fallait sans cesse les solliciter afin qu’ils soient plus

précis dans ce qu’ils souhaitaient écrire.

___________________________________________________________ (21) De l’effet dynamique du récit mythologique face à l’échec d’apprentissage de la lecture.

Nu

mér

Pour la majorité d’entre eux, la production s’est réduite à une phrase. Benjamin,

que je ne comprenais que difficilement et dont le graphisme était illisible m’a

pourtant étonnée : pour la première fois je comprenais et tous nous pouvions lire

ce qu’il avait recopié.

Un matin, j’ai apporté une sorcière (annexe 9), elle n’avait pas de nom, tous, d’un

commun accord et après vote l’ont surnommée Grabouilla ! mais cette sorcière

n’avait pas de formule magique. J’ai expliqué aux enfants que je lui en avais trouvé

une mais que je comptais sur eux pour les autres, une formule c’est trop peu !!

Il y a eu beaucoup d’enthousiasme autour de ce travail. Les bons élèves , sans mon

aide ont écrit sur leur cahier d’essais une multitude de formules, en classe et à la

maison. Les enfants en difficulté manquaient d’idées et surtout ils ne savaient pas

comment les écrire.

Je leur ai proposé de me dicter les formules et de les recopier ensuite en essayant à

chaque fois que cela était possible de les solliciter : « par quelle lettre ça

commence ? »

Après analyse, ce travail positif pour certains aurait nécessité pour les enfants en

difficulté un travail préalable dans le but de les remettre au niveau des autres et

éviter qu’ils ne soient mis en échec lors de la séance. Cette aide préalable est

préconisée dans le livret « lire au CP ». J’aurais pu, à partir du fascicule « les

formules de la sorcière » (annexe 8), leur proposer quelques formules et

onomatopées qu’ils auraient pu mémoriser puis réinvestir dans l’écriture.

La lecture de toutes les formules de notre sorcière Grabouilla a été un moment

d’échange et de plaisir, chaque élève ayant écrit une formule, le tout mis en

commun par un affichage dans la classe.

Nu

mér

Ces différents travaux d’écriture (écrire un livre, dictées à l’adulte) permettent de

prendre conscience que l’écrit est composé de mots séparés alors que l’oral est fait

d’énoncés continus, ils permettent de comprendre ce qu’est le code. Les enfants

peuvent constater que la taille des mots n’est pas en rapport avec l’importance

affective ou physique des objets désignés, que tout écrit recèle du sens, que l’on

doit observer une fidélité au texte, lire n’est pas inventer.

111.2 Aider à intégrer les concepts reliés à l’écrit (lettres, syllabes, mots, phrases)

La maison de l’alphabet (lettres) (annexe 11)

Dès le deuxième jour de mon stage en responsabilité, j’ai apporté dans la classe la

maison de l’alphabet.

Les élèves ont dans un premier temps pensé qu’il s’agissait de quelque chose dans

quoi nous rangerions des stylos , des gommes etc … J’ai insisté pour qu’ils

observent les inscriptions sur chaque tiroir. Ils ont découvert des lettres qu’ils

connaissaient, d’autres qu’ils ne connaissaient pas. Le terme « alphabet » n’était pas

connu de la majorité d’entre eux. Les gommettes collées pour distinguer les

voyelles les ont interrogés sans qu’ils trouvent la réponse. Les mots consonnes –

voyelles ont été donnés. Je leur ai expliqué que j’apporterais des images, eux aussi

s’ ils le souhaitaient, et que nous les rangerions dans le tiroir correspondant à la

première lettre de l’objet. Nous avons compté le nombre de consonnes et de

voyelles.

L’après-midi même, j’avais énormément d’images, tous les matins, trois d’entre elles

étaient montrées, un élève donnait le nom de l’objet bien fort en articulant, chacun

dans sa tête devait trouver le tiroir, trois élèves venaient ranger l’image après

discussion en commun.

Nu

mér

J’ai fait en sorte de sélectionner les images : au début, j’ai choisi des images dont la

première lettre correspondait aux phonèmes déjà travaillés, ensuite des phonèmes

dont on peut deviner le graphème rien qu’en les prononçant, exemples « toupie,

mouchoir, vélo » etc …

Lorsque les enfants avaient du mal à trouver le graphème, nous récitions en

pointant chaque lettre jusqu’au tiroir recherché.

Les élèves étaient motivés, tous les matins c’était en quelque sorte notre rituel. Au

début, le mot lancé, ils avaient tendance à essayer toutes les lettres possibles afin de

répondre les premiers. Une fois ce moment d’euphorie passé, ils se sont appliqués à

réfléchir , à se redire les mots dans leur tête.

Si au départ, les élèves fragilisés avaient du mal, peu à peu, j’ai pu constater des

progrès.

Clément par exemple : le mot « lait » était dit, il entendait « ai », il a mis quelques

jours avant de se concentrer sur la première lettre. Pour l’aider dans ce sens, je lui

proposais une série de mots ne variant que par la premier phonème. Par exemple :

boule, poule, coule, roule, moule, foule.

Des découvertes ont été faites à l’occasion de ce travail, nous travaillions le son

[K] , j’avais proposé l’image d’un citron, les élèves faisant l’analogie avec le s ont

tout de suite dit « tiroir du s » et là leur donnant la réponse, ils ont découvert que

la lettre c faisait [k] ou [s].

Ces séances ont permis de distinguer le nom de la lettre, le son qu’elle fait souvent

et sa forme. En effet, au début, même les élèves les plus habiles disaient :

« la lettre l, le son le. Pour la forme, sur chaque tiroir de la maison de l’alphabet,

les lettres étaient inscrites en majuscules d’imprimerie, cursive et script. Les élèves

ont ainsi pu comparer certaines lettres par exemple p/q . d/b – et ont été

sensibilisés à leur orientation.

Nu

mér

Au terme de ces trois semaines, les élèves ne récitaient pas l’alphabet de la même

manière, ils prenaient le temps d’observer chaque tiroir. Il aurait fallu plus de

temps aux élèves en difficulté afin qu’ils soient capables de nommer une lettre

montrée et de montrer une lettre nommée, associer la lettre à son image, cela pour

toutes les lettres de l’alphabet mais globalement ce travail est positif.

Cette maison de l’alphabet est un support précieux, il aurait pu faire l’objet

d’autres développements sur le plan didactique. Lister par exemple tous les mots

qui se trouvent dans la maison et demander aux élèves dans quels tiroirs ils se

trouvent.

La mise en œuvre de ce travail est d’autant plus importante pour moi que plusieurs

chercheurs spécialistes des questions traitant des difficultés dans l’apprentissage de

la lecture témoignent de l’intérêt de connaître l’alphabet :

« L’apprentissage du nom des lettres est intéressant car le nom de la lettre contient souvent le

phonème correspondant » (22)

« La connaissance de l’alphabet facilite l’apprentissage de la segmentation phonémique par les

enfants prélecteurs en leur fournissant des symboles » (23)

Les animaux extraordinaires (syllabes) (annexe 12)

« Le travail sur les syllabes : un point d’appui pour accéder aux unités sonores du

langage »(24)

En parallèle avec un travail en arts visuels dont le but était de créer un animal

extraordinaire, j’ai souhaité abordé la notion de syllabes.

Les enfants avaient chacun un animal (annexe 12) qu’ils devaient découper selon

un trait vertical au préalable matérialisé et échanger avec un camarade.

___________________________________________________________

(22) Observatoire national de la lecture

(23) Psychologie cognitive de la lecture

(24) Programmes 2002 de l’école maternelle

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Chacun se trouvait donc avec la tête et le corps de deux animaux différents.

Préalablement tous les animaux avaient été nommés.

Le travail d’arts visuels terminé, j’ai annoncé aux élèves qu’il fallait trouver un nom

à cet animal extraordinaire : exemple si j’ai la tête du cheval, je prends la première

syllabe du mot et le corps du renard la deuxième syllabe du mot. Ce travail s’est

avéré difficile au début, nous avons frappé les syllabes de chaque mot, repéré

chacune d’entre elles et repris le travail.

J’ai dû mettre un animal autre que ceux déjà existants et faire un premier travail en

collectif.

Les élèves qui étaient en difficulté ont dû travailler individuellement avec moi car

ils ne parvenaient pas seuls à isoler les quatre syllabes et en associer deux.

Un certain nombre de noms étaient amusants : le « coton, la torchon »… les

animaux ont été affichés, ce qui a permis de relire en collectif le travail et de

repréciser comment le nom de l’animal avait été formé.

L’exercice par manque de temps n’a pas été suffisamment exploité, les enfants en

difficulté auraient pu être pris en petit groupe et guidés davantage :

« Dis-moi la première syllabe du nom de cet animal, la deuxième de celui-ci. Si je

prends la tête de celui-ci, par quelle syllabe commencera son nom ? et si je prends

le corps de celui-là, par quelle syllabe finira son nom ? Comment s’appellera ce

nouvel animal ? »

Ce travail aurait permis à ces élèves de mémoriser un certain nombre de syllabes

graphiques utiles pour faire des analogies en présence d’un nouveau mot.

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Le calendrier de Noël (mots, phrases, majuscules, points) (annexe 13)

Le premier décembre, j’ai présenté aux enfants un calendrier de Noël, tous

pensaient que chaque fenêtre contenait un chocolat, eh bien non ! la maîtresse les

avait tous mangés. A la place, j’ai mis un mot pour chaque jour expliquant que le

treize décembre, jour de mon départ, tous ces mots constitueraient une phrase qui

leur indiquerait l’endroit où se trouverait la surprise que j’avais préparée.

A partir du quatorze et ce jusqu’au jour des vacances, ils découvriraient un mot

chaque jour, à la fin ils pourraient lire un petit message que je leur adressais.

Passée la déception des chocolats, tous les matins, un mot nouveau était découvert,

la curiosité qu’ils manifestaient leur faisait faire des hypothèses sur le mot du

lendemain.

Un élève ouvrait une fenêtre, essayait de lire dans sa tête, le montrait à la classe, les

hypothèses étaient validées ou pas.

Le deuxième jour par exemple, les enfants pensaient que ce serait le

mot « surprise » (le premier mot étant « la »), à l’ouverture de la deuxième fenêtre

l’élève lit « surprise », je l’invite à regarder davantage le mot et nous dire par quelle

lettre il commence.

L’élève constate qu’il commence par la lettre p, est-ce alors le mot

« surprise » ? Les discussions étaient intéressantes et très riches, ce calendrier a

permis à la fois de communiquer, de rappeler que la phrase commençait par une

majuscule, de mémoriser un certain nombre de mots et de sensibiliser sur le fait

qu’il est essentiel de regarder le mot avant de lire car certains indices peuvent aider.

Les élèves en difficulté ont eu du mal à observer les mots qu’ils découvraient, en

général, ils disaient « je ne sais pas » et souhaitaient rapidement une aide de leurs

camarades. A plusieurs reprises, j’ai dû insister pour qu’ils essaient tout seuls, cela

n’a pas fonctionné à chaque fois mais je faisais en sorte qu’ils lisent avec mon aide

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la première syllabe car une fois ce passage fait, il n’était pas rare, le contexte aidant,

que le mot soit découvert.

Ce travail qui suscite la curiosité et donne envie de savoir lire, serait à développer,

avec un travail de mise en confiance pour ces élèves qui ne se sentent pas capables.

En effet, dans ce cas là, savoir lire offre des perspectives de découverte de sens, ce

qui n’est pas inutile car les élèves en difficulté ne savent pas toujours à quoi cela

sert. J’ai pu en faire l’expérience le jour de mon arrivée, la majorité des enfants avait

bien du mal à trouver l’utilité de la lecture sauf Yvanna qui m’a répondu « à lire

des livres et pouvoir faire des recettes de cuisine », les autres enfants ont répondu

« pour lire GAFI ».

111.3 Intégrer le principe alphabétique. Travailler la conscience phonologique

« L’enfant qui saisit le principe alphabétique tout au début de l’apprentissage de la lecture

ouvre toutes grandes les portes de son désir de connaissances sur le monde de l’écrit » (25)

« Travailler avec des syllabes est intéressant dans la mesure où il s’agit de détourner l’attention

de la signification, en effet une des difficultés : les jeunes enfants traitent les énoncés qui leur

sont adressés pour en comprendre la signification et non analyser les constituants » (26)

Les lettres mobile s (annexe 14)

Même si ce support n’avait pas eu le succès escompté l’année dernière, j’ai souhaité

le mettre en place lors de ces trois semaines de stage.

Chaque élève avait une enveloppe dans laquelle se trouvaient les graphèmes qu’ils

avaient déjà travaillés, cette liste était mise à jour à chaque nouvelle leçon.

Tous les deux jours, nous travaillions sur des syllabes que j’oralisais et que chaque

élève devait écrire avec son matériel et retranscrire sur l’ardoise en cursive. ________________________________________________________________________________

(25) Livret CP

(26) Programmes 2002 de l’école maternelle

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Il s’agit là d’un aspect très mécanique de la lecture mais cela permet aux enfants de

faire le lien phonème – graphème, les aide à les mémoriser, à comprendre la

combinatoire et à travailler la motricité du graphisme.

Ce travail nécessite une attention soutenue et un gros effort pour certains élèves

qui ne savent pas toujours dans quel ordre présenter les lettres. Clément par

exemple à qui je demandais d’écrire « te » et qui écrit « et », ce travail permet de

distinguer des mots graphiquement proches (en, ne, pas, par …).

Je me suis rendu compte que tous les élèves ne pouvaient pas avoir devant eux

toutes les lettres mobiles, j’ai donc réduit pour certains le nombre de lettres. Par

exemple, j’ai demandé aux six élèves les plus en difficulté de mettre devant eux le c,

le l et le a, ce qu’ils ont réussi à faire et d’écrire « cal, lac et cla », cette phase a

nécessité un accompagnement soutenu par le questionnement : « qu’est ce-que tu

entends ? » « dis-le … ».

J’ai essayé quelque fois de faire deux groupes, un à qui je demandais d’écrire

« pou », l’autre à qui je demandais d’écrire « le », nous mettions les deux syllabes

ensemble et là encore le résultat n’ était pas toujours au rendez-vous .

Je reste persuadée que ce support est intéressant mais qu’il demande une mise en

oeuvre régulière afin que les élèves en difficulté se l’approprient. Le fait de pouvoir

manipuler ces lettres leur plaisait manifestement, ils étaient actifs dans ces

moments-là.

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Le cahier d’appel pour faire des rimes

Deux fois par semaine, lors de l’appel en début d’après-midi, je lançais le jeu :

Amélie la souris, Clément le petit faon… Les enfants éprouvaient beaucoup de

plaisir à faire cet exercice, tous en général réussissaient à trouver une rime. Ce

travail aurait mérité d’être affiché permettant ainsi la reconnaissance des prénoms

et un enrichissement du vocabulaire de la classe.

Ce travail sur les rimes permet de travailler la conscience phonologique et de jouer

avec les sonorités de la langue.

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ConclusionLes problèmes posés par l’apprentissage de la lecture sont très divers et complexes.

Ils ne peuvent en aucun cas être imputables à l’école uniquement.

Ce travail m’a permis cependant de dégager certaines pistes et réflexions :

. Le terme « difficultés » ne doit pas être nié mais tempéré en considérant que

l’entrée au CP nécessite une adaptation et représente une rupture importante dans

la scolarité et dans la vie de l’enfant.

. Si l’on souhaite que cette rupture ne soit pas radicale, le travail par cycle peut être

une réponse même si sa mise en place n’est pas évidente. Il permet de placer

l’enfant dans une continuité des apprentissages tout en respectant ses rythmes et

ses connaissances antérieures.

. Considérant que les enfants n’arrivent pas au CP avec les mêmes aptitudes et afin

de gérer au mieux l’hétérogénéité, les évaluations en début d ‘année peuvent

permettre d’orienter le travail de l’enseignant et de ne pas mettre certains élèves en

difficulté dès les premières semaines.

. Sans occulter l’importance des manuels dans l’apprentissage de la lecture, je me

suis rendu compte qu’ils ne peuvent suffire. Il est nécessaire de trouver d’autres

supports surtout pour les enfants qui ne savent pas pourquoi il faut apprendre à

lire et qui manifestement n’ont pas encore saisi certains concepts liés à l’écrit.

J’ai bien conscience qu’il n’existe pas de recette miracle et que ces supports doivent

être adaptés aux types de difficultés rencontrées.

Un certain nombre de choses peuvent être mises en place au niveau pédagogique

afin d’aider les élèves en difficulté dans l’apprentissage de la lecture mais la

pédagogie n’est pas toute puissante. En ce qui concerne les classes « pilotes », le

premier bilan au terme d’une année est plutôt mitigé.

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Dans certains cas, l’enseignant doit savoir faire appel à des personnes ressources

comme les psychologues ou les psychomotriciens qui peuvent aider l’enfant par

« d’autres entrées »

L’apprentissage de la lecture n’est pas une fin en soi mais le moyen de réussir sa

scolarité. Les statistiques sont alarmantes : 90% des enfants en échec scolaire ont

fait un mauvais CP. Même s’il est difficile de l’admettre, l’échec de la scolarité au

primaire laisse entrevoir l’échec au collège où la situation ne tend pas à s’améliorer.

On estime que 10 à 20% de la population est concernée à des degrés divers par

l’illettrisme. A terme, ce sont des personnes menacées par la précarité et pour qui

les mesures d’insertion s’avéreront peu efficaces.

Le manque de perspectives peut fragiliser un certain nombre d’entre elles qui

pourront être tentées de sombrer dans la délinquance et la violence. Mises en

marge de la société, ces personnes peuvent être sensibles aux discours extrémistes

qui prétendent apporter des réponses simples et immédiates.

Ce travail m’a d’autant plus motivée que l’on sait à quel point l’apprentissage de la

lecture détermine sur bien des plans l’avenir personnel de chaque adulte en devenir

et son intégration dans la société.

« Un enfant qui ne peut accéder à la maîtrise de la langue est un enfant blessé, humilié,

exclu. »

Programmes 2002

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Bibliographie

. Former des enfants lecteurs, tome 1. Groupe ECOUEN. 1992

. Regards sur la lecture et ses apprentissages. Observatoire National de la lecture. Edition

Odile Jacob 1998

. La maîtrise de la langue. CNDP. 1992

. Profession enseignant : Manuel de psychologie pour l’enseignement coordonné Daniel Gaonac’h

et Caroline Golder. Hachette éducation. 1995

. Les nouveaux programmes de l’école élémentaire 2002.

. La compréhension en lecture. Pratiques pédagogiques. Jocelyne Giasson. 1996

. De l’illettrisme en général et de l’école en particulier. Alain Bentolila. Edition Plon. 1996

. Lire au CP, repérer les difficultés pour mieux agir. Ministère de la jeunesse, de l’éducation et

de la recherche, octobre 2002

. De l’effet dynamique du récit mythologique face à l’échec d’apprentissage de la

lecture. Serge Boimare

. Psychologie cognitive de la lecture. PUF. M. Fayol, J. Emile Gombert, Pierre Lecocq, Liliane

Sprenger-Charolles, Daniel Zagar. 1992

. Les nouveaux programmes de l’école maternelle 2002.

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Les difficultés dans l’apprentissage de la lecture

Apprendre à lire ne va pas de soi pour certains enfants. Ce mémoire proposede dégager les points qui peuvent poser problème aux apprentis lecteurs etd’évoquer les causes possibles de ces difficultés à entrer dans le monde del’écrit.Des outils pédagogiques de prévention et de remédiation ont été testés puisanalysés. Aucune solution miracle ne se dégage de ce travail mais quelquespistes sont proposées et beaucoup d’autres restent à explorer afin d’installer uncertain nombre de concepts liés à l’écrit.

Mots clés : lecture, remédiation, outils pédagogiques, difficultés.

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