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Les départs de la profession enseignante en Afrique subsaharienne: aspect négligé de la question de l'offre d'enseignants Analyse de la littérature Février 2010 Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour l'

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Les départs de laprofession enseignante en Afrique subsaharienne:aspect négligé de la question de l'offre d'enseignants

Analyse de la littérature

Février 2010

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Les départs de la professionenseignante en Afrique

subsaharienne:aspect négligé de la question de l'offre d'enseignants

Analyse de la littérature

Février 2010

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P r é f a c e

ors du Forum mondial sur l'éducation en 2000 (Dakar, Sénégal, avril 2000), la communauté internationale a défini le

programme Éducation pour tous (EPT) comme se rapportant à six domaines : (i) la protection et l'éducation de la petite

enfance, (ii) l'enseignement primaire, (iii) les besoins de formation des jeunes et des adultes, (iv) l'alphabétisation, (v)

l'égalité entre les sexes et (vi) la qualité de l'éducation. Trois objectifs quantifiables ont été fixés pour 2015 : réduire de

moitié le nombre d'adultes analphabètes, assurer l'éducation primaire universelle et aboutir à l'égalité entre les sexes. Ces deux

derniers objectifs sont repris dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Des enseignants en nombre et

qualité suffisants constituent un préalable à la réalisation de tous ces objectifs.

À seulement cinq ans de l'échéance de 2015 fixée pour la réalisation des OMD, le déficit en matière d'enseignants demeure

important. Les projections faites à partir des chiffres de 2007 (source ISU) indiquent que 1,9 million de postes d'enseignants

supplémentaires doivent être créés afin d'atteindre les objectifs de l'EPT d'ici à 2015. En sus, environ un million d'enseignants

doivent être remplacés chaque année pour compenser les départs liés aux retraites et déperditions. De nombreux pays

n'étant pas préparés ou n'étant pas en mesure d'augmenter régulièrement le nombre de leurs enseignants, s'exposent au

risque de ne pas atteindre les objectifs de l'EPT. Le manque d'enseignants n'a pas seulement un aspect quantitatif. Pour tous

les niveaux d'éducation et pour toutes les innovations, pour une éducation inclusive et durable, pour atteindre les

marginalisés, pour l'éducation formelle et non formelle, pour toutes les matières et tous les sujets, il faut non seulement

des enseignants en nombre suffisant, mais aussi des enseignants suffisamment qualifiés et motivés..

C'est pour essayer de résoudre ces problèmes que l'Equipe spéciale internationale sur les enseignants pour l'EPT a été lancée

en Décembre 2008, lors de la 8ième réunion du Groupe de haut niveau sur l'EPT à Oslo et a été établie en 2009. L'Equipe

spéciale internationale sur les enseignants pour l'EPT est une alliance mondiale volontaire de partenaires de l'EPT travaillant

ensemble pour accroître les efforts visant à combler le déficit en matière d'enseignants au niveau mondial. Elle s'est engagée

à coordonner et à soutenir les efforts visant à remédier au déficit en enseignants dans le monde. Elle compte actuellement

parmi ses membres 64 pays et environ 18 organisations internationales ayant un intérêt particulier pour les enseignants.

L'Equipe spéciale a identifié trois lacunes importantes par rapport à la question des enseignants qui doivent être prises en

compte si l'on veut réaliser l'EPT. Il s'agit du déficit en matière de politiques (lié à la nécessité de formuler et de mettre en

œuvre des politiques nationales intégrées et fondées sur des données fiables) ; le déficit en matière de capacités (lié aux

données et informations concernant les enseignants ainsi qu'à la capacité de planifier, de mettre en œuvre et d'évaluer les

politiques relatives aux enseignants) ainsi que le déficit en matière de financement.

L'équipe spéciale aborde ces défis à travers : (a) le plaidoyer sur les questions relatives aux enseignants, en particulier pour

mobiliser des ressources additionnelles et des financements innovants en vue du recrutement en nombre suffisant

d'enseignants ; (b) le renforcement ou la création de partenariats Nord-Sud-Sud et Sud-Sud (c) l'accompagnement des pays

demandeurs en vue de combler le déficit en enseignants ; (d) l'appui à l'élaboration de politiques éclairées pour la

formulation ou le renforcement des stratégies et des plans nationaux visant à combler le déficit d'enseignants, et ; (e)

l'appui au développement des capacités nationales en matière de statistiques, d'élaborations, de la mise en œuvre et

d'évaluation de politiques.

La présente revue de littérature constitue le cadre ces deux derniers engagements. Elle est mise à la disposition de tous les

Membres de l'Équipe spéciale internationale sur les Enseignants pour l'EPT, et au-delà. L'Equipe spéciale souhaite une large

et fructueuse utilisation de ce rapport.

Christine Wallace Dr Agus Sartono

(Commission européenne) (Gouv. de l'Indonésie)

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LP r é f a c e

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R e m e r c i e m e n t s

Cette étude a été préparée dans le cadre du secrétariat de l'Équipe Spéciale

Internationale sur les Enseignants pour l'EPT par Aidan Mulkeen et Nuala Crowe-Taft.

Les vues et opinions exprimées dans cette publication sont ceux des auteurs et ne

représentent pas nécessairement les points de vue de l'Équipe Spéciale Internationale

sur les Enseignants pour l'EPT et de ses membres.

Remerciements pour leurs contributions et révisions:

Georges Haddad, Directeur ED/HED UNESCO

Edem Adubra, Chef ED/HED/TED UNESCO

Aux Comité de Direction de l'Équipe Spéciale Internationale sur les Enseignants pour

l'EPT:

A.K. Singh

Alain Masetto

Anshu Vaish

C. Maoudi Johnson

Cesar Uribe Neyra

Gerd-Hanne Fosen

Karin Jahr de Guerrero

Khalifa Musbah Khalifa

Lucia Fry

Monique Fouilloux

Olav Seim

Pauline Chabbert

Purna Shrestha

Rita Bissoonauth

Sally Gear

Tove Kvil

William Ratteree

L'UNESCO héberge le secrétariat de l'Équipe Spéciale Internationale sur les Enseignants

pour l'EPT sous la section de formation des ensiegnants, division d'éducation supérieur.

Amina Osman, chef d'equipe

Ilse Voss-Lengnik

Gabrielle Bonnet

Gogot Suharwoto

Aminatou Diagne

Sandrine Regiec

Conception graphique: Barbara Brink (www.barbara-brink.com)

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R e m e r c i e m e n t s

T a b l e d e s m a t i è r e s

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Résumé

1. Introduction

2. Taux d'attrition des enseignants

3. Les causes de l'attrition

4. Les tendances de l'attrition

5. Les conséquences de l'attrition

6. Des mesures pour faire face à l'attrition

7. Conclusions

Annexe A: Attrition des enseignants dans certains pays d'Afrique

sélectionnés

Annexe B: Profil d'age des enseignants dans plusieurs pays d'Afrique

sélectionnés

Bibliographie

vii

1

7

13

31

37

41

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T a b l e d e s m a t i è r e s

R é s u m é

SU

Somalia

R é s u m é

e présent document est une analyse de la littérature consacrée aux départs de la

profession d'enseignant, et plus particulièrement en Afrique subsaharienne. Pour

les besoins de l'analyse, on entend par " départ de la profession " ou " attrition "

toute perte définitive d'enseignants, qu'elle qu'en soit la raison. La perte d'enseignants

entraînant la nécessité de recruter des enseignants remplaçants, la compréhension de

l'ampleur et des tendances en relation avec l'attrition des enseignants est un préalable

indispensable à la planification de l'offre d'enseignants. La présente analyse formule un

certain nombre de messages à l'intention des responsables de l'éducation.

Il est nécessaire de procéder à un suivi plus efficace de l'attrition des enseignants dans

de nombreux pays. Pour être efficace, la planification de l'offre d'enseignants exige des

informations actualisées sur le taux d'attrition par catégorie d'enseignants - niveau

d'enseignement primaire ou secondaire, répartition géographique, domaine de

spécialisation et, dans certains cas, origine ethnique ou linguistique - ainsi que sur la

raison du départ. Dans beaucoup de pays d'Afrique subsaharienne, l'insuffisance des

données collectées sur les départs de la profession d'enseignant ne permet pas d'obtenir

le degré d'analyse requis, d'où il s'ensuit que les mesures prises sont parfois fondées sur

des taux d'attrition hypothétiques et sur des rapports fragmentaires. Il est nécessaire de

disposer de données plus détaillées et plus fiables afin de gérer correctement les

systèmes éducatifs, en particulier pendant les périodes d'expansion rapide. Il

conviendrait de tirer parti des instruments existants, comme les enquêtes annuelles

auprès des écoles et les services de ressources humaines, afin d'obtenir des données sur

les tendances de l'attrition qui soient plus fiables et pertinentes du point de vue des

politiques.

Les taux d'attrition des enseignants varient selon les pays et ont tendance à évoluer

dans le temps. Dans la plupart des pays, les deux principaux facteurs de l'attrition des

enseignants sont les départs en retraite et les départs volontaires. La diminution du

nombre d'enseignants due aux départs en retraite varie en fonction de la répartition par

tranches d'âge du corps enseignant et des politiques relatives aux retraites, elle est

relativement prévisible. Les départs volontaires, qui représentent plus de la moitié des

départs dans de nombreux pays disposant de données, varient en fonction des

perspectives d'emploi, il s'agit donc d'un facteur hautement imprévisible.

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L

SU

Beaucoup de pays d'Afrique subsaharienne affichent actuellement des taux d'attrition

des enseignants très faibles, qui ne pourront probablement pas être maintenus dans la

durée. Si l'on exclut les départs volontaires, les systèmes éducatifs devraient pouvoir

tabler sur un taux d'attrition annuel compris entre 3 et 4 % et résultant simplement des

départs en retraite, des maladies et des décès. Compte tenu du fort pourcentage de

départs volontaires, il serait plus réaliste que les planificateurs considèrent un taux

d'attrition de 5 % comme le taux le plus bas pouvant être maintenu sur la durée. De

nombreux pays d'Afrique subsaharienne affichent des taux d'attrition inférieurs à 5 %, ce

qui témoigne à la fois de l'extrême jeunesse du corps enseignant et de l'absence d'autres

perspectives d'emploi. À moyen terme, ces taux d'attrition devraient augmenter.

L'attrition des enseignants, un processus sélectif. Dans les pays où les données sont

disponibles, le taux d'attrition varie selon les catégories d'enseignants. Il est ainsi

généralement plus élevé parmi les enseignants les plus qualifiés, ainsi que, semble-t-il,

parmi les enseignants spécialisés en mathématiques et en sciences. Le taux de départ est

également plus prononcé dans les écoles les moins prisées par les enseignants, en

général dans les zones rurales. Ce mode sélectif a tendance à entraîner le départ des

enseignants dont le système éducatif a le plus besoin, en particulier les enseignants les

plus qualifiés et les enseignants spécialisés en mathématiques et en sciences.

Les effets négatifs de l'attrition des enseignants touchent en général de manière

disproportionnée les élèves les plus pauvres et les plus vulnérables. L'attrition entraîne,

selon un processus sélectif, la perte des enseignants expérimentés, des enseignants les

plus qualifiés et des enseignants spécialisés en mathématiques et en sciences.

Conséquence de la répartition géographique et de la mobilité entre établissements,

l'incidence de la pénurie d'enseignants est beaucoup plus forte dans les écoles situées

dans les régions les moins prisées. Les écoles situées dans les régions rurales difficiles

d'accès et les établissements qui accueillent les enfants les plus pauvres doivent faire

face à des pénuries d'enseignants plus importantes, les délais d'attente des enseignants

remplaçants y sont plus longs et on y trouve un pourcentage plus élevé d'enseignants

dépourvus de qualifications et d'expérience.

L'attrition des enseignants peut être, du moins partiellement, infléchie par une réforme

des politiques. Les départs volontaires des enseignants sont en partie déterminés par le

marché du travail et par l'attrait relatif des autres possibilités d'emploi. Le départ des

enseignants traduit en outre, dans certains cas, un mécontentement provoqué par les

affectations, une mauvaise gestion et des facteurs divers tels que le paiement irrégulier

des salaires. D'autre part, les enseignants les plus dévoués sont motivés par la réussite

viii

de leurs élèves et découragés par les conditions qui rendent cette réussite impossible.

Certaines mesures politiques pourraient avoir un impact sur l'attrition des enseignants,

en particulier l'amélioration des politiques relatives aux affectations, un recours accru au

recrutement local, l'amélioration des conditions de travail des enseignants, la régularité

du versement des salaires et une meilleure gestion au niveau de l'école.

L'attrition des enseignants est liée à tout un ensemble de politiques relatives aux

enseignants qui exigent l'attention des responsables politiques. Nombre de ces

problèmes sont interdépendants et peuvent produire des effets pervers. Ainsi, les efforts

visant à améliorer la qualité de l'éducation qui passent par le relèvement du niveau de

qualification des enseignants peuvent, de façon bien involontaire, accentuer le taux de

départ, entraînant ainsi un recours accru à des enseignants dépourvus de qualifications.

Étant donné la complexité des politiques relatives aux enseignants, il est indispensable

que les données concernant l'attrition des enseignants soient collectées de manière

systématique et fiable afin d'éclairer l'élaboration des politiques.

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Indonesia/I. Voss-Lengnik

ien que le rôle central joué par les enseignants pour garantir la qualité de

l'éducation soit largement reconnu, même les systèmes éducatifs les plus

développés et les plus stables connaissent des périodes de pénurie ou d'excédent

d'enseignants. Une analyse des politiques relatives à la profession d'enseignant réalisée

par l'OCDE (2002) relève ainsi des pénuries d'enseignants dans un certain nombre de

pays. En Australie, le nombre de nouveaux enseignants diplômés ne correspondait qu'à

70 % de la demande projetée (Preston, 2000). La Finlande a atteint avec peine les

objectifs d'inscription fixés pour les enseignants de certaines matières, en particulier en

mathématiques, en chimie, en informatique et en physique (Conseil national finlandais

de l'éducation, 2000). Aux États-Unis, les projections portant sur le nombre de nouveaux

enseignants qualifiés étaient inférieures de 8 % aux prévisions sur les besoins

d'enseignants supplémentaires pour les dix années suivantes, établies à 2,5 millions

(Education Committee of United States, 2001). Ces pénuries d'enseignants se sont

traduites par un abaissement des conditions d'admission aux instituts de formation des

maîtres, par une augmentation du rapport élèves/enseignant, par un nombre croissant

de postes " difficiles à pourvoir " et par un recours accru à des enseignants non qualifiés.

Au Portugal, en Nouvelle-Zélande, au Luxembourg et au Mexique, moins de 80 % des

enseignants du secondaire exerçant à plein temps seraient pleinement qualifiés (Base de

données PISA de l'OCDE, 2001). Les pénuries d'enseignants entraînent également des

effets difficilement perceptibles, par exemple lorsque des enseignants enseignent des

matières pour lesquelles ils ne sont pas qualifiés. Alors que certains pays de l'OCDE

connaissaient une pénurie d'enseignants, d'autres, à l'instar du Japon et de la France, ont

dû faire face à un excédent, d'où le nombre élevé d'enseignants sans emploi.

L'offre d'enseignants est plus problématique encore en Afrique subsaharienne. La

progression rapide de la scolarisation a entraîné et accéléré l'augmentation des besoins

en enseignants. On estime ainsi qu'en Gambie, pour réaliser les objectifs convenus

internationalement dans le domaine de l'éducation, il faudra plus que doubler le nombre

d'enseignants d'ici à 2015 (VSO, 2007). Parallèlement à cette expansion, un certain

nombre de changements ont été constatés dans les tendances établies. Le

développement rapide de la scolarisation s'est accompagné d'une modification des

besoins en termes de répartition géographique, un nombre accru d'enseignants exerçant

dans les écoles des zones rurales isolées. Les réformes de l'éducation nécessaires à cette

1

BI n t r o d u c t i o n

Intr

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ion

expansion ont modifié l'équilibre des matières enseignées dans les établissements

secondaires, ce qui a eu une incidence sur les besoins en enseignants. En l'absence des

modèles stables établis de longue date dans les pays développés, les systèmes éducatifs

en pleine croissance de l'Afrique subsaharienne se sont trouvés aux prises avec un fort

déséquilibre entre l'offre et la demande d'enseignants. Les conséquences de tels

déséquilibres sont aisément perceptibles. Au Lesotho, il ressort d'une étude de 2007 que

40 % des enseignants du primaire étaient dépourvus de qualifications (Internationale de

l'éducation, 2007). Cette même année, on comptait 40 000 enseignants qualifiés sans

emploi au Kenya et 15 000 autres en Zambie (Internationale de l'éducation, 2007).

En Afrique subsaharienne, l'impact de la pénurie d'enseignants touche de manière

disproportionnée les groupes les plus pauvres et les plus marginalisés de la société. En

cas de pénurie, il est en général très difficile d'affecter les enseignants dans les écoles les

plus isolées. Lorsque, pour combler les postes vacants, on fait appel à des enseignants

non qualifiés, en raison d'une répartition inégale, c'est dans les établissements les moins

prisés que ces derniers sont les plus nombreux. De même, l'augmentation de la taille des

classes touche plus fortement les populations les plus marginalisées, qui ont plus

difficilement accès au soutien pédagogique, que ce soit à la maison ou au moyen de

cours de soutien scolaire.

Une planification adéquate des besoins en enseignants exige une bonne compréhension

du phénomène de départ de la profession. Les mesures prises pour faire face aux

difficultés de recrutement consistent souvent à modifier le nombre de nouveaux

enseignants formés, mais il est tout aussi important de comprendre et de surveiller le

phénomène de l'attrition. De toute évidence, l'attrition est en partie due au départ des

enseignants ayant atteint l'âge légal de la retraite mais ce phénomène relève également

d'un choix délibéré, dans la mesure où il résulte pour une large part des départs

volontaires. Ces départs volontaires, souvent motivés par une réorientation

professionnelle, ne sont pas fortuits et concernent en priorité les enseignants ayant

accès à d'autres perspectives d'emploi ou ceux pour qui l'enseignement n'a pas été une

expérience professionnelle positive. Le départ volontaire peut également être la

conséquence de changements politiques, de sorte qu'une meilleure compréhension des

tendances et des causes de ce phénomène pourra contribuer à remédier aux problèmes

liés à l'offre d'enseignants. L'attrition des enseignants devra donc faire l'objet d'un suivi

qui tienne compte de variables telles que le sexe, l'âge, les qualifications, l'origine

ethnique, la situation géographique, les domaines de spécialisation, la réintégration

dans la profession, le climat économique et la mobilité au sein du corps enseignant

(Forojalla, 1993).

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Insuffisance des données

En dépit de l'importance que revêt l'analyse suivie de l'attrition des enseignants, les

données disponibles, peu fiables, n'ont qu'une portée limitée. Macdonald (1999) conclut

ainsi que l'attrition des enseignants doit faire l'objet d'un examen plus approfondi, dans

la mesure où : " les paramètres de ce que l'on entend par " attrition " sont rarement

formulés et où les statistiques sont considérées comme étant approximatives ". Aux

États-Unis, Guarino et al. (2004) constatent eux aussi la carence de données fiables sur

la rétention et l'attrition des enseignants et l'importance des études longitudinales pour

analyser l'emploi des enseignants. Macdonald (1999) a mis en évidence un certain

nombre de difficultés afférentes aux données sur l'attrition des enseignants. Tout

d'abord, la définition de ce qu'est un enseignant manque de clarté et inclut les

enseignants non qualifiés ou exerçant à temps partiel, ce qui peut fortement altérer les

tendances observées. Deuxièmement, on confond parfois la mobilité des enseignants

entre établissements avec l'attrition. Troisièmement, parce qu'elles ne sont pas

suffisamment détaillées, les données ne permettent pas d'analyser les écarts importants

pouvant être associés à l'âge, au sexe, aux qualifications, aux matières enseignées et à la

situation géographique. Quatrièmement, les données ne permettent généralement pas

de repérer les enseignants qui réintègrent la profession après l'avoir quittée.

Les difficultés que pose la collecte des données sont encore plus importantes en Afrique

subsaharienne, où les capacités de collecte et de vérification de l'information sont plus

limitées. Les données sur l'attrition des enseignants proviennent essentiellement de

deux sources. Il s'agit tout d'abord des données statistiques fournies par les écoles et

généralement réunies au moyen d'une enquête écrite annuelle, dans le cadre d'un

système d'information pour la gestion de l'éducation (EMIS). Complétés au niveau de

l'école, ces formulaires présentent des lacunes. Le taux de réponse est ainsi très faible

dans les écoles privées et communautaires, moins disposées à fournir des informations

qui seront utilisées au niveau ministériel. Les formulaires de recensement scolaire ne

collectent pas toujours des données sur l'attrition des enseignants. Le cas échéant, les

écoles ne sont de toute façon pas suffisamment équipées pour déterminer les causes du

départ et la destination de l'enseignant concerné, ou pour faire la distinction entre la

mobilité entre établissements et l'abandon de la profession. D'autre part, ce mode de

collecte de l'information ne permet pas de repérer les enseignants qui réintègrent la

profession et il n'est pas suffisamment détaillé pour suivre l'attrition par matière ou par

niveau de qualification. On trouvera ci-dessous deux exemples de la question relative

aux départs de la profession d'enseignant tirée des formulaires de l'enquête scolaire

annuelle menée en Tanzanie et au Malawi. Si le nombre et le sexe des enseignants ayant

3

Intr

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ion

quitté la profession sont indiqués dans chacun des formulaires, ni leur âge ni leur domaine de

spécialisation ne sont mentionnés.

Tanzanie : Extrait du formulaire du recensement annuel conduit auprès des écolessecondaires (2009)

3.5. Baisse des effectifs d'enseignants

3.5.1: Enseignants retraités, par motif et niveau de qualification

3.5.2: Enseignants décèdes, par motif et niveau de qualification

3.5.3: Depart ou licenciement de l’enseignant, par motif et niveau de qualification

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MotifCertificat Diplôme Mention TB Autres TOTAL

H F Total H F Total H F Total H F Total H F Total

Maladie longue durée

Maladie courte durée

Accident

Autres

TOTAL

MotifCertificat Diplôme Mention TB Autres TOTAL

H F Total H F Total H F Total H F Total H F Total

Maladie longue durée

Faute disciplinaire

Absentéisme

Aucun motif invoqué

Autres

TOTAL

MotifCertificat Diplôme Mention TB Autres TOTAL

H F Total H F Total H F Total H F Total H F Total

Maladie courte durée

Maladie longue durée

Aucun motif invoqué

Âge de la retraite

Autres

TOTAL

Malawi : Extrait du formulaire du recensement annuel de 2006 conduit auprès des

écoles primaires et secondaires

Les données relatives aux ressources humaines constituent une seconde source

d'information. La quasi-totalité des pays disposent de services de ressources humaines,

par exemple une commission des services éducatifs ou un service du personnel, qui

tiennent des registres sur les enseignants au moment de leur recrutement et au terme

de leur carrière. Dans certains pays, comme au Lesotho, ces registres contiennent des

informations sur les raisons du départ. De tels registres permettent d'analyser les

parcours professionnels habituels des enseignants et de mesurer l'ampleur des départs

en retraite anticipés. Cependant, les registres relatifs aux ressources humaines ne

précisent pas toujours le lieu d'affectation des enseignants ou leur domaine de

spécialisation. Dans certains cas, ils n'indiquent même pas si les enseignants exerçaient

au niveau primaire ou secondaire.

Même dans les cas où les données relatives aux départs de la profession d'enseignant

sont collectées, que ce soit au moyen des recensements scolaires ou des registres sur les

ressources humaines, on ignore dans quelle mesure ces informations éclairent la

planification des besoins en enseignants et l'élaboration des politiques relatives aux

enseignants. Les rares données publiées sur l'attrition des enseignants indiquent que

dans de nombreux cas, ces informations ne sont généralement pas analysées et qu'elles

ne font l'objet d'aucun rapport.

5

F.2. Personnel enseignant - Motif du départ de cette école (l'an dernier)

Motif du départ Nombres d’enseignants

Homme Femme Total

Décès

Muté à un poste dépourvu de fonctionsd'enseignement

Démission

Départ en retraite

Maladie de longue durée

Licenciement

Affecté à un autre poste d'enseignement

Motif inconnu/Autre

TOTAL

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Yemen/I. Voss-Lengnik

es taux d'attrition des enseignants recensés sont très variables d'un pays à l'autre.

Dans les pays de l'OCDE, ils varient de 2 à 14 % par an, le taux le plus bas étant celui

de la Corée, le plus élevé celui des États-Unis. Les taux d'attrition nationaux varient,

eux, sur la durée. En Nouvelle-Zélande, le taux d'attrition des enseignants du primaire

est passé de 8,5 % en 1996-1997 à 10,4 % en 2000-2001. Aux États-Unis, le taux d'attrition

des enseignants des établissements publics est passé de 5,6 % en 1988-1989 à 8,4 % en

2004-2005. Ces variations peuvent traduire un changement du profil d'âge des

enseignants ou encore les évolutions du marché de l'emploi.

Synthèse des taux d'attrition des enseignants établis dans les pays de l'OCDE (OCDE,

2002, p. 75, sauf mention contraire)

7

L

Lieu Taux d'attrition annuel Observations

Angleterre 9% Tous établissements, 1999-2000

Pays-Bas 7% Écoles primaires, 2000

Australie 5% secondaire4% primaire

1999

Allemagne 5% 1999/2000

Canada 2.4%Tous établissements,

moyenne 1988 et 1998

Japon 2-3% 1997

Corée 2% 2001

États-Unis 8,4 écoles publiques13,6 écoles privées

2004-2005 Source NCES 2007

T a u x d ' a t t r i t i o n d e s e n s e i g n a n t s

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Taux d'attrition des enseignants en Nouvelle-Zélande, 1996-1997 (OECD 2002,

p.74)

Taux d'attrition des enseignants aux États-Unis, 1988-2005 (NCES 2007, p.7)

Les données disponibles indiquent que le taux d'attrition est souvent élevé au cours des

premières années de la carrière des enseignants (Bobbitt et al., 1994 ; Boe et al. ; Stinebrickner,

1998, 1999, 2001 ; Theobald, 1990, Quartz, 2008). Une étude réalisée au Texas (Kirby et al.,

1999) a décrit ce phénomène d'attrition comme une courbe en U, le taux d'attrition est élevé

en début de carrière, il diminue en milieu de carrière et remonte en fin de carrière, lorsque les

enseignants se rapprochent de l'âge de la retraite. Selon cette étude, le taux d'attrition était

compris entre 11 et 13 % environ chez les jeunes enseignants, il s'élevait à 5 % seulement chez

les 40-54 ans et progressait fortement chez les enseignants âgés de 55 ans et plus, en raison

des départs en retraite. Dans l'ensemble des États-Unis, on a pu mettre en évidence des

tendances similaires où les taux d'attrition sont élevés en début de carrière, 11 % des

enseignants quittant la profession au bout de la première année, mais seuls 6 % d'entre eux

cessant d'exercer une fois passée la cinquième année.

CH

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E

2

8

Établissements publics Établissements privés

1988-1998 5,6 12,7

1991-1992 5,1 12,3

1994-1995 6,6 11,9

2000-2001 7,4 12,5

2004-2005 8,4 13,6

Enseignants du primaireEnseignants

du secondaire

1996-1997 8,5 9,3

1997-1998 9,6 9,0

1998-1999 9,4 9,3

1999-2000 10,0 9,4

2000-2001 10,4 9,9

Taux d'attrition des enseignants et expérience professionnelle aux États-Unis en

1994-1995 (Ingersoll, 2002, in OCDE, 2002, p. 74)

Les taux d'attrition affichés par les pays d'Afrique subsaharienne sont dans l'ensemble

analogues à ceux des pays de l'OCDE. Il est difficile de se procurer des données fiables sur

l'attrition des enseignants et, pour une large part, les chiffres publiés proviennent

d'estimations. Selon une étude de l'Internationale de l'éducation (2007) consacrée aux

enseignants en Gambie, au Kenya, au Lesotho, en Tanzanie, en Ouganda et en Zambie,

le taux d'attrition moyen des enseignants s'élevait à 4 % dans ces six pays. En Namibie,

Kubberund (1999) a fait état d'un taux d'attrition total de 11,7 %. Selon des études

réalisées par la Banque mondiale entre 2006 et 2007, les taux d'attrition étaient compris

entre 2 et 10 % (Mulkeen, 2010). Certains pays en situation de conflit affichent un taux

d'attrition des enseignants plus élevé encore, mais la collecte des données manque

souvent de rigueur (UNESCO, 2007).

Taux d'attrition annuels des enseignants dans un groupe de pays d'Afriquesubsaharienne sélectionnés (Mulkeen, 2010, données recueillies entre 2005 et 2007)

9

Pourcentage Pourcentage cumulé

Après 1 an 11 11

Après 2 ans 10 21

Après 3 ans 8 29

Après 4 ans 4 33

Après 5 ans 6 39

Érythrée 2%

Gambie 3%

Lesotho 3 % dans le primaire, jusqu'à 10 % dans le secondaire

Libéria Estimé à 1,6 %

Malawi 5 % dans le primaire, 10 % dans le secondaire

Ouganda 5 % dans le primaire, 6 % dans le secondaire

Zambie 9 %, mais peut-être surestimé en raison de la mobilité entreécoles

Zanzibar 5 % dans le primaire, 6-7 % dans le secondaire

Ta

ux

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tio

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es

en

seig

na

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En Afrique subsaharienne, les taux d'attrition inférieurs à 5 % ne pourront

probablement pas être maintenus à moyen terme. On constate l'existence d'un

rapport inverse entre la durée moyenne de la carrière d'un enseignant et le taux

d'attrition. Dans un système stable, une carrière professionnelle d'une durée moyenne

de 50 ans devrait entraîner chaque année le départ en retraite d'un cinquantième des

enseignants et un taux d'attrition de 2 %. De la même façon, une carrière d'une durée

moyenne de 25 ans devrait entraîner un taux d'attrition moyen de 4 %. Les

enseignants ayant en général plus de 20 ans (et ils sont nombreux à avoir largement

dépassé cet âge) au moment de leur recrutement, et l'âge de la retraite se situant

entre 55 et 60 ans, les départs en retraite devraient représenter près de 3 % de la baisse

des effectifs annuelle. Étant donné que les départs en retraite représentent en général

moins de la moitié de l'attrition totale, et que les données indiquent un taux

d'attrition élevé en début de carrière, il semble peu probable qu'un pays puisse

soutenir un taux d'attrition très inférieur à 5 % (on notera qu'un taux d'attrition de 5

% implique que les enseignants recrutés exercent en moyenne leur profession

pendant 20 ans).

Lorsqu'un pays affiche un taux d'attrition très inférieur à 5 %, la cause est à rechercher

dans des politiques à caractère exceptionnel ou dans un profil d'âge des enseignants

inhabituel. En Érythrée, en 2006, mû par la crainte d'une pénurie d'enseignants, le

gouvernement a temporairement imposé un quasi-gel des départs en retraite. Plus

généralement, un faible taux d'attrition est imputable à des profils d'âges

inhabituellement bas dans le corps enseignant en raison d'une expansion rapide de

l'éducation. À Zanzibar par exemple, en 2006, 12 % seulement des enseignants avaient

plus de 50 ans (Mulkeen, 2010). Toutefois, un faible taux d'attrition dû au profil

démographique du corps enseignant constitue un phénomène temporaire. De fait,

plusieurs pays d'Afrique subsaharienne constatent déjà que le nombre d'enseignants

qui abandonnent la profession est en progression. En Zambie, par exemple, le taux

d'attrition des enseignants du primaire est passé de 3 % en 2002 à 5 % en 2004 et à 12

% en 2008.

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AP

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2

10

Zambie : attrition des enseignants dans les écoles primaires, 2002-2008 (Bulletin

statistique, EMIS, 2008)

11

Départs de laprofession

2002 2003 2004 2008

Hommes 665 811 1 259 3 918

Femmes 467 632 936 2 827

Total 1 132 1 443 2 195 6 745

Taux d'attrition

Hommes 3,4 3,9 5,8 13,3

Femmes 2,6 2,2 4,7 10,3

Total 3,0 3,6 5,3 11,9

Les causes de l 'attrition3Le

s ca

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'att

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CH

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ITR

E

3

Malawi/I. Voss-Lengnik

es causes de l'attrition des enseignants sont multiples et, dans chaque cas

particulier, la décision d'abandonner la profession enseignante peut être motivée

par divers facteurs. Du point de vue des politiques, les causes des départs de la

profession seront réparties en quatre grandes catégories. La première catégorie

concerne les départs en retraite et dépend pour une large part du profil d'âge du corps

enseignant et des politiques en vigueur relatives à la retraite. La seconde catégorie

regroupe les facteurs personnels ou familiaux, comme le mariage, les enfants à charge

ou les problèmes de santé. La troisième réunit les facteurs incitatifs, comme l'attrait

exercé par d'autres choix professionnels. Enfin, la dernière catégorie a trait aux facteurs

de répulsion découlant d'une insatisfaction professionnelle.

Classification des causes de l'attrition

Les catégories utilisées pour recenser les causes du départ des enseignants varient et la

fiabilité des méthodes de collecte des données est discutable. Dans certains cas, les

données proviennent d'une enquête auprès d'enseignants ayant quitté la profession. En

Afrique subsaharienne, les données sont souvent recueillies auprès des directeurs

13

L

Catégorie Facteurs possibles

Facteurs démographiques Âge de la retraite et politiques relatives à la retraite

Profil d'âge du corps enseignant

Facteurs personnels Mariage

Responsabilités familiales

Maladie

Facteurs incitatifs - nouvelle

orientation professionnelle

Conditions du marché de l'emploi

Salaire relatif des enseignants

Progression relative de la rémunération des enseignants

Facteurs répulsifs - insatisfaction

des enseignants dans leur travail

État des écoles

Conditions de vie sur le lieu d'affectation

Gestion au niveau de l'école

Gestion au niveau du secteur éducatif

Mauvaise ambiance scolaire

Faible degré de satisfaction professionnelle

L e s c a u s e s d e l ' a t t r i t i o n

Les

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n

d'établissements, lorsqu'ils répondent aux recensements scolaires annuels, d'où la

possibilité de jugements subjectifs. En outre, le faible taux de réponses et le nombre

élevé d'enseignants cessant d'exercer pour des raisons inconnues diminuent la valeur

des données disponibles. Il n'en reste pas moins que les données disponibles mettent en

évidences des tendances révélatrices :

1. En Afrique subsaharienne, le départ volontaire est souvent la cause majeure de

la baisse du nombre d'enseignants, les départs en retraite représentant un

pourcentage plus faible que dans d'autres régions. Dans les pays africains

disposant de données, les départs en retraite représentent un pourcentage

relativement faible de l'attrition des enseignants. À Zanzibar, les départs en

retraite constituent 9,8 % des départs, contre 6 % en Ouganda et 11,5 % au

Malawi. Ces chiffres donnent à penser que dans certains pays d'Afrique

subsaharienne, le pourcentage d'enseignants qui exercent leur profession

jusqu'à l'âge de la retraite est plus faible; ils indiquent peut-être en outre que

les enseignants des écoles africaines se situent dans une tranche d'âge plus

jeune.

2. La part des décès dans l'attrition des enseignants en Afrique subsaharienne est

importante, mais moins cependant que les démissions ou les départs en retraite.

Dans certains pays d'Afrique, les décès des enseignants constitue l'un des principaux

facteurs de l'attrition, soit presque 30 % au Malawi pour les enseignants du

primaire, ou encore 15 % en Zambie et 11 % en Ouganda.

3. Dans certains pays, on constate un transfert important vers les postes dépourvus de

fonctions d'enseignement, en particulier chez les enseignants du secondaire. À

Zanzibar, 9 % de l'attrition est attribuée à " l'affectation vers d'autres postes de la

fonction publique ". Les mutations vers des postes dépourvus de fonctions

d'enseignement représentaient 8 % de l'attrition chez les enseignants du primaire

et 16 % chez les enseignants du secondaire en Ouganda, ou encore 6,5 % et 15 %

respectivement au Malawi.

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3

14

Pourcentage de l'attrition des enseignants attribué aux départs enretraite, aux décès et aux départs volontaires dans un groupe de paysafricains sélectionnés

Les départs volontaires, une des causes de l'attrition des enseignants

Dans la plupart des pays d'Afrique disposant de données, les départs volontaires

représentent la cause majeure de l'attrition des enseignants. En Afrique du Sud, les

démissions constituaient près de la moitié des départs de la profession (Cadre national

pour la politique de formation et de perfectionnement des enseignants, Afrique du Sud,

2006). Au Lesotho, les démissions représentaient en 2004 55 % de l'attrition des

enseignants, alors que les causes involontaires, comme les décès, la maladie et la retraite

représentaient moins de la moitié des pertes d'enseignants. De même, en Zambie, en

2007 (selon les données recensées dans les statistiques de 2008), les démissions

représentaient près d'un tiers de l'ensemble des pertes. La retraite, la maladie et les décès

ne représentaient que 24 % des pertes d'enseignants. Dans la mesure où les enseignants

démissionnent en général pour changer d'emploi, les taux de départs volontaires ont

tendance à être corrélés aux possibilités d'emplois accessibles aux enseignants sur le

marché du travail.

Lesotho : Départs de la profession enseignante, par motif, 2004

15

Départ en retraite Décès Démission

Malawi, primaire, 2006 12 30 11

Malawi, secondaire, 2006 6 15 29

Ouganda, primaire, 2005 8 11 30 (dont licenciements)

Ouganda, secondaire, 2005 6 10 34 (dont licenciements)

Zambie, établissements publics 23 15 3.5

Zambie, écoles communautaires 1 4,5 51

Zanzibar 10 8 25

Motif du départ Nombre % du total

Démission 362 55

Départ en retraite 140 21

Décès 131 20

Abandon de poste 17 3

Départ en retraite pour raisons de santé 4 1

Total 654 100

Source : Archives de la Commission des services éducatifs.

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Zambie : Départs de la profession enseignante, par motif, 2007 (Bulletin

statistique, EMIS, 2008)

Les départs en retraite comme cause de l'attrition des enseignants- structure démographique du corps enseignant

Nombre de pays de l'OCDE expriment leur inquiétude devant le vieillissement du corps

enseignant, un fort pourcentage d'enseignants se trouvant en effet dans les tranches

d'âge les plus élevées. En 2000, près de 50 % des enseignants du premier cycle du

secondaire en Allemagne et en Italie et 40 % des enseignants du primaire en Suède et en

Allemagne étaient âgés de plus de 50 ans. Ce vieillissement devrait entraîner une hausse

du taux de départs en retraite. En France, en 2001, les prévisions tablaient sur le départ

en retraite de 78 % des enseignants du secondaire entre 2000 et 2009 (OCDE, 2002).

Dans les pays d'Afrique disposant de données, bien que la répartition par tranches d'âge

varie, le nombre de jeunes enseignants est plus élevé que dans la moyenne des pays de

l'OCDE, situation qui reflète l'expansion récente de la scolarisation. Près de la moitié des

enseignants des écoles élémentaires avaient moins de 30 ans en Érythrée, et moins de

40 ans au Lesotho et à Zanzibar. Le Libéria comptait en revanche un pourcentage plus

élevé d'enseignants de plus de 40 ans, ce qui s'explique par un recrutement insuffisant

pendant la période de conflit.

Conséquence de la jeunesse relative du corps enseignant, la baisse des effectifs

imputable aux départs en retraite devrait être exceptionnellement faible pour

s'accélérer ensuite, une fois normalisé le profil d'âge des enseignants.

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E

3

16

Nombre % of total

Démission 2 191 32,5

Autre/motif inconnu 1 626 24,1

Départ en retraite 851 12,6

Expiration du contrat 692 10,3

Décès 502 7,4

Licenciement 454 6,7

Maladie 242 3,6

Affecté à des fonctions dépourvues d'enseignement 187 2,8

Total 6 745 100,0

Répartition des enseignants par tranches d'âge dans plusieurs pays d'Afrique

sélectionnés

Répartition des enseignants par tranches d'âge en Érythrée, au Lesotho, au

Libéria et à Zanzibar

L'impact du VIH et du SIDA sur l'attrition des enseignants

Les premières études réalisées tablaient sur une baisse considérable du nombre

d'enseignants en Afrique en raison de la pandémie du VIH et du SIDA. On avait ainsi

prévu en 1999 qu'en l'espace de dix ans, l'ensemble de la région africaine pourrait perdre

jusqu'à 9,4 % du nombre total d'enseignants employés, les deux tiers des décès

d'enseignants liés au SIDA se produisant au Kenya, au Nigéria, en Afrique du Sud et en

Ouganda (Bennell, 2003). Les enseignants ont certes payé un lourd tribut à la pandémie.

17

ÉrythréePrimaire

2005

Érythrée1er cycle

secondaire2005

ÉrythréeSecondaire

2005

ÉrythréeTous

niveaux2005

Lesotho2005

Libéria2007

ZanzibarPrimaire

2006

ZanzibarSecondaire

2006

Moins de30 ans

49,5 27,8 40,5 43,9 23,2 2,9 31,.2 23,3

30-39 ans 36,5 49,6 30,8 38,3 38,0 13,9 30,5 33,1

40-49 ans 9,9 11,6 14,0 10,8 23,3 45,5 29,7 31,6

50-59 ans 3,5 9.,7 12,6 6,0 11,3 29,2 8,2 11,7

60+ ans 0,6 1,3 2,3 1,0 4,3 8,6 0,4 0,5

< 3030-3940-4950-5960+

Érythrée Lesotho Libéria Zanzibar ZanzibarPrimaire Secondaire

50

45

40

35

30

25

20

15

10

5

0

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En Ouganda, au moment où les décès d'enseignants liés au SIDA atteignaient leur point

culminant, entre 1995 et 2000, jusqu'à 25 % de l'attrition était due à la mortalité des

enseignants.

Cependant, au cours des dernières années, la mortalité des enseignants a été

inférieure aux prévisions initiales, et cela en raison d'une diminution de la prévalence

et de l'effet des traitements antirétroviraux (TARV) sur la survie. Gregson et al. (2006)

constatent une réduction de la prévalence du VIH dans l'est du Zimbabwe entre 1998

et 2003 en raison de la modification des comportements sexuels dans quatre couches

socio-économiques, en particulier au sein des populations ayant un niveau d'études

plus élevé. De même, il ressort d'une enquête conduite auprès de 29 écoles primaires

et de neuf écoles secondaires situées dans un grand district urbain du Malawi

(Blantyre) et dans une région voisine essentiellement rurale (Chiradzulu), que les taux

de mortalité, là aussi, commencent à décliner parmi les principaux groupes

d'enseignants (Bennell et Kadzamira, 2003).

Certaines études montrent que les personnes ayant un niveau d'études élevé sont plus

réceptives aux campagnes sur la santé sexuelle et qu'elles sont dorénavant moins

exposées que l'ensemble de la population (Hargreaves et Glynn, 2000). De Walque et al.

(2005) ont montré que les taux d'infection au VIH en Ouganda diminuent plus

rapidement chez les groupes ayant un niveau d'études élevé. Bennell (2003) constate

que, dans les établissements scolaires d'Afrique, le taux de mortalité est plus faible chez

les universitaires que chez le personnel de soutien, résultat qui s'explique sans doute par

le meilleur statut éducatif et social du corps enseignant.

Taux d'infection au VIH et niveau d'études en Ouganda (de Walque et al., 2005)

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3

18

Sans formation Primaire Secondaire

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

Années

18%

16%

14%

12%

10%

8%

6%

4%

2%

0%

Prév

alen

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IH

Bien que la mortalité des enseignants, qui demeure élevée, contribue de façon non

négligeable à l'attrition des enseignants, il ne s'agit pas de la cause majeure. Selon une

étude réalisée entre 2006 et 2008 dans huit pays africains, les décès des enseignants

(toutes causes confondues) représentaient une perte annuelle d'effectifs comprise entre

0,66 et 3 % (Mulkeen, 2010). En Tanzanie, les données provenant de l'EMIS 2009 révèlent

un taux de décès de 0,36 % chez les enseignants du secondaire. Bennell (2003) constate

que les décès d'enseignants représentent 4% des pertes d'effectifs en Tanzanie, au

Rwanda et au Botswana.

Part des décès et de la maladie dans l'attrition des enseignants (Mulkeen 2010)

Tanzanie : Décès des enseignants du secondaire, par sexe et par cause (Enquête

EMIS 2009 ; décès survenus en 2008).

19

Causede l'attrition

Nombre Totalenseignants

% du corps

enseignant

Décès et maladieen % du corps

enseignant

Lesotho, primaireet secondaire 2004

Décès 131 13 500 0,97

Longue maladie 4 13 500 0,03 1,00

MalawiPrimaire 2006

Décès 618 43 197 1,43

Longue maladie 149 43 197 0,34 1,78

MalawiSecondaire 2006

Décès 157 10 386 1,51

Longue maladie 173 10 386 1,67 3,18

OugandaPrimaire 2005

Décès 721 144 832 0,50

Longue maladie 443 144 832 0,31 0,80

OugandaSecondaire 2005

Décès 191 42 673 0,45

Longue maladie 91 42 673 0,21 0,66

ZambieÉcoles publiques2005

Décès 607 48 125 1,26

Longue maladie 121 48 125 0,25 1,51

Homme Femme Total

Accident 15 7 22

Longue maladie 22 5 27

Maladie courte durée 30 12 42

Autre 25 7 32

Total 92 31 123

Nombre d'enseignants du secondaire 22 972 10 982 33 954

Taux de décès 0,40 0,28 0,36

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Bien que la mortalité soit inférieure aux prévisions, la pandémie a de vastes

répercussions qui vont bien au-delà de la mortalité. Le VIH a provoqué la maladie d'un

grand nombre d'enseignants, cause d'une baisse invisible des effectifs : certains de ces

enseignants ont cessé de travailler mais, souvent avec le soutien de leurs collègues, ils

conservent leur emploi. La pandémie entraîne en outre le départ d'un nombre accru de

personnes plus âgées, dans la mesure où le personnel qualifié quitte le secteur de

l'éducation pour des postes laissés vacants en raison des décès liés au SIDA dans d'autres

secteurs de l'économie (Kelly, 2005).

Le genre et les responsabilités familiales

Des données en provenance des Etats-Unis indiquent que le taux d'attrition est plus fort

chez les enseignantes que chez leurs homologues masculins (Guarino et al., 2004). Cela

peut être la conséquence de l'inclination supérieure des enseignantes à quitter la

profession pour s'occuper de leurs enfants (Aux Etats-Unis, près de 25 % des enseignants

qui renoncent à l'enseignement indiquent que la grossesse et les enfants sont des

facteurs qui ont lourdement pesé sur leur décision (NCES, 2007). En second lieu, il

semblerait que les hommes continuent à avoir de plus grandes chances d'être promus

que les femmes, ce qui contribue sans doute à un taux de rétention plus faible chez les

enseignantes (Quartz et al., 2008).

En Afrique subsaharienne, la situation est variable. Il semblerait qu'au sein du corps

enseignant, les femmes soient plus nombreuses à partir que les hommes. Les

affectations dans des régions isolées suscitent souvent la réticence des enseignantes, ce

qui pourrait les conduire à renoncer à l'enseignement en début de carrière. Dans certains

régions de Gambie, il arrive que les communautés s'opposent à l'arrivée d'une

enseignante célibataire, ce qui n'encourage pas les femmes à accepter des affectations

dans les zones rurales (Banque mondiale, 2007). D'autre part, les enseignantes ont sans

doute davantage tendance à quitter leur emploi ou à changer d'établissement si elles ne

parviennent pas à trouver un poste à proximité du lieu de travail de leur conjoint (Boe et

al., 1997 ; Henke, Chen et Geis, 2000). À l'inverse, dans certaines communautés, les

femmes ont moins de perspectives d'emploi dans d'autres secteurs, ce qui pourrait se

traduire par un taux d'attrition plus faible chez les enseignantes (Mulkeen, 2010).

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3

20

Facteurs incitatifs - nouvelles perspectives d'emploi

Rémunération et perspectives d'emploi

Il a été clairement établi que le lien entre la rémunération des enseignants et les

possibilités d'emploi avait une incidence non négligeable sur la réduction du nombre

d'enseignants. Des études réalisées aux États-Unis montrent qu'il existe une corrélation

entre salaires élevés et taux d'attrition faibles (Guarino et al., 2004). Une étude

longitudinale révèle qu'une forte revalorisation salariale (par rapport à l'échelle des

salaires locale) était corrélée à une augmentation de plus de quatre ans de la durée

médiane de l'exercice de l'enseignement (Murnane et Olsen, 1989 et 1990).

Cependant on trouve un phénomène opposé dans certains pays Africains. Dans le

contexte de l'amélioration de l'accès à l'éducation dans les pays à faible revenu, en

termes réels, les salaires des enseignants ont souvent diminué (OCDE, 1998). En Afrique,

entre 1985 et 2000, les salaires des enseignants sont ainsi passés de 6,3 à 4,4 fois le PIB

par habitant (Lambert, 2004). Malgré une telle baisse, les salaires des enseignants

restent supérieurs aux moyennes mondiales lorsqu'ils sont exprimés en multiple du PIB

par habitant et pourraient donc continuer à diminuer (par rapport au PIB).

Salaire moyen des enseignants du premier degré (par rapport au PIB parhabitant) par région, 1975-2000 (pays dont le PIB par habitant était inférieur à 2 000

dollars des États-Unis en 1993)

21

1975 1985 1992 2000

Tous pays ayant un PIB par habitant

inférieur à 2 000 dollars des États-Unis

6,6 4,6 4,3 (3,7)

Afrique

Anglophone

Francophone

Sahel

8,6 6,3 6,0 4,4

4,4 3,5 3,6 4,2

11,5 8,0 6,3 4,8

17,6 11,8 8,2 6,4

Asie 3,7 2,7 2,5 (2,9)

Amérique latine 2,7 2,9 2,3 (2,3)

Moyen-Orient et Afrique du Nord 5,6 2,8 3,3 (3,3)

Source: Lambert (2004), tiré de Mingat, 2002 (Mingat et Suchaut, 2000, pour les années 1975 à1992, et estimations établies dans le cadre de l'exercice de chiffrage des coûts relatifs à l'EPTpour l'année 2000).

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Salaire des enseignants du primaire (par rapport au PIB par habitant) dans ungroupe de pays africains sélectionnés, 1970-2000

Les niveaux de rémunération perçus comme étant peu élevés peuvent entraîner une

forme cachée de la baisse des effectifs, lorsque les enseignants abandonnent leur

poste pour exercer d'autres activités génératrices de revenu. Ainsi, au Malawi, les

enseignants sont, selon les recherches, souvent peu disposés à quitter officiellement

leur poste si les offres d'emploi sont rares mais, lorsque les salaires sont bas et parfois

payés en retard, les enseignants cherchent parfois à compléter leurs revenus, ce qui

peut être source d'absentéisme (Kadzamera, 2006). La Commission présidentielle

d'enquête, créée au Malawi dans le but d'enquêter sur les raisons des mauvais

résultats obtenus par les étudiants aux examens du MSCE (certificat de fin d'études

secondaires), a mis en évidence un niveau croissant d'absentéisme et d'indiscipline

chez les enseignants (Commission présidentielle d'enquête, 2000). Les étudiants

interrogés dans le cadre de l'enquête ont également indiqué que la plupart de leurs

enseignants pratiquaient le travail au noir afin de percevoir des revenus

supplémentaires (Kadzamera, 2006).

Flux du primaire vers le secondaire

En Afrique subsaharienne, l'enseignement dans le second degré exerce un plus grand

attrait, ce qui, conjugué à la pénurie d'enseignants du secondaire, a entraîné une baisse

du nombre d'enseignants du primaire, qui partent enseigner dans les établissements

secondaires. En général, les enseignants du secondaire sont mieux rémunérés que ceux

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3

22

1970 1980 1990 2000

Cameroun - 4,2 2,6 3,4*

Ghana 2,7 0,9 1,3 3,6*

Kenya 5,5 3,6 3,4 5,3*

Madagascar 4,4 3,4 3,0 3,3**

Sénégal 11,6 9,7 7,2 4,9

Tanzanie 7,8 3,7 3,6 3,6*

Ouganda 3,4 1,3 1,1 2,9

Source: Lambert (2004) citant Mingat et Suchaut, 2000, pour les années 1970 à 1990, etUNESCO (2003) pour l'année 2000.Les chiffres suivis d'une * renvoient à l'année 1998, les chiffres suivis de ** renvoient à l'année1997.

du primaire, ils jouissent d'un statut plus élevé, ils ont plus de chances d'avoir des heures

libres dans leur emploi du temps et d'exercer dans les écoles situées près des centres de

population. L'expansion rapide de l'enseignement secondaire dans beaucoup de pays

d'Afrique a entraîné une pénurie d'enseignants du second degré, ce qui provoqué un flux

des enseignants du primaire vers le secondaire. Dans certains pays, cette migration se

produit à grande échelle. En Érythrée, 66 % des enseignants du premier cycle du

secondaire des établissements publics n'ont qu'une qualification correspondant au

niveau élémentaire. Au Malawi, 61,5 % des enseignants des établissements secondaires

ont en réalité suivi la formation des enseignants du primaire. Ces flux aboutissent à une

baisse significative du nombre d'enseignants dans le primaire. En Gambie, le nombre

annuel d'admissions aux cours de mise à niveau, qui permettent aux enseignants du

primaire d'exercer dans le secondaire, équivaut à près de 25 % du nombre des

enseignants formés chaque année (Mulkeen, 2010).

L'enseignement vu comme un tremplin

Certains enseignants choisissent la profession d'enseignant avec l'intention délibérée de

la quitter dès que possible. Dans beaucoup de pays d'Afrique, la formation au métier

d'enseignant est une porte d'accès à l'enseignement supérieur pour les étudiants

dépourvus des acquis scolaires ou des moyens financiers nécessaires pour entrer à

l'université. Les programmes de formation continue, qui permettent aux enseignants

d'obtenir des congés de formation afin de poursuivre leurs études à l'université ou de

suivre des cours d'enseignement ouvert, donnent aux enseignants la possibilité

d'acquérir des qualifications supplémentaires puis de quitter la profession d'enseignant.

Au Ghana, par exemple, les enseignants ont le droit de prendre un congé de formation

dès lors qu'ils ont enseigné pendant une durée de trois ans, à condition de réussir

l'examen d'entrée à l'université dans une matière liée à l'éducation. Ils peuvent alors

poursuivent leurs études universitaires pendant trois ans tout en continuant à percevoir

l'intégralité de leur salaire. En général, le congé de formation n'est pas considéré comme

une possibilité de perfectionner les compétences d'enseignement dans le primaire mais

plutôt comme un moyen de quitter définitivement le secteur ou de devenir enseignant

dans le secondaire (Hedges, 2002 ; Mereku, 2002 : 2). À l'issue d'entretiens avec 23

enseignants ghanéens récemment qualifiés, Hedges (2002) a découvert que tous les

enseignants interrogés citaient le congé de formation comme une raison de choisir la

profession. Ces possibilités viennent conforter l'idée que l'enseignement est un métier

temporaire plutôt qu'une véritable carrière.

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Migration internationale

Dans un contexte de pénurie d'enseignants dans les pays développés, un marché du

travail international des enseignants s'est développé, ce qui a contribué à une perte

d'enseignants dans les pays à faible revenu (Hamett, 2007). Le nombre d'enseignants

migrants est relativement faible. Arends (2007) observe que quelque 8 812 enseignants

originaires d'Afrique du Sud travaillent au Royaume-Uni, ce qui représente environ 5 %

du nombre d'enseignants formés en Afrique du Sud. En Jamaïque, on estime que 300

enseignants émigrent chaque année, sur un effectif total de 23 000 enseignants.

Cependant, les offres d'emploi internationales sélectionnent en général les enseignants

les plus qualifiés (Appleton, 2006), ainsi que les enseignants spécialisés dans les

matières clés que sont les mathématiques, les sciences et les langues internationales

(Association des enseignants jamaïcains, in Appleton, 2006).

Bien qu'en valeur absolue le nombre des enseignants migrants paraisse modeste, les

migrations internationales ont une incidence disproportionnée sur le système. Selon une

étude menée en Afrique du Sud, 27 % des élèves enseignants prévoyaient de partir

enseigner à l'étranger. Anticipant ces migrations, la demande de formations

supplémentaires augmente. En Zambie, on a pu observer que l'obtention de certificats et

de diplômes supplémentaires avait souvent pour corollaire l'exode des cerveaux,

l'émigration des professionnels vers des emplois mieux rémunérés dans d'autres pays.

Citons les considérations de ce chef d'établissement à propos de ses nombreux collègues

ayant quitté la Zambie : " C'est que, là-bas, les conditions étaient très bonne... Presque

tous nos amis qui étaient partis sont revenus, et maintenant ils ont des maisons, et ils ne

semblent pas avoir envie de retourner à l'enseignement ".

Facteurs répulsifs - mauvaises conditions

Outre l'attrait exercé par un changement de profession, la baisse du nombre

d'enseignants est en partie imputable à des facteurs négatifs liés à l'enseignement. En

Afrique, l'une des causes de mécontentement les plus fréquemment citées a trait aux

mauvaises conditions de vie des enseignants (Moleni et Ndalama, 2004). Le logement

n'est généralement pas fourni, et certains enseignants ont parfois du mal à se loger. Les

conditions peuvent être particulièrement ardues dans les zones rurales, où les

enseignants doivent parfois faire face à des logements inappropriés et à l'absence des

commodités auxquelles ils sont habitués, telles que l'eau potable, l'électricité et l'accès aux

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soins de santé et au réseau téléphonique. Il ressort d'une étude sur la Gambie (VSO, 2007)

que très peu d'écoles disposent d'une salle des professeurs et que, le cas échéant, le chef

d'établissement est souvent le seul à en profiter. Dans l'une des écoles, les enseignants

songeaient à s'installer dans une salle de classe désaffectée par temps de pluie. Ailleurs, ils

évoquaient leur toit qui menaçait de s'effondrer et l'absence de toilettes dans leur

logement. Sur les 24 écoles visitées, une seulement disposait d'une salle des professeurs

jugée confortable par les enseignants ainsi que d'un logement convenable. Nombre

d'enseignants évoquent l'impact des mauvaises conditions de logement sur

l'enseignement en classe: des retards qui se répercutent sur les heures de cours ou

encore l'absence de conditions adaptées pour la préparation des cours. Et surtout, ils

soulignent que : " Lorsqu'on ne dort pas bien, quand on arrive en classe, on ne peut pas

bien faire son travail ".

Il s'ensuit que les enseignants sont nombreux à refuser catégoriquement toute

affectation dans une école rurale, ce qui entraîne une perte d'enseignants récemment

qualifiés (Bennell et Akyempong, 2007). Une grande partie des autres emplois

accessibles aux personnes ayant un niveau d'études suffisant pour enseigner, par

exemple au sein des forces de police ou dans l'administration, se trouvent dans les

grands centres de population et offrent par conséquent des conditions de vie plus

séduisantes. Comme le note un observateur zambien : " Les enseignants vivent dans

des conditions épouvantables. Ils travaillent de longues heures pour des écoles en

sous-effectif, dans des classes surpeuplées et mal équipées, et tout cela pour un

salaire insuffisant " (Kebabe et al., 2007; Sinyolo in Internationale de l'éducation,

2007.)

Les mauvaises conditions des écoles rurales alimentent un cycle vicieux. Selon une

étude portant sur douze pays à faible revenu, les écoles rurales doivent souvent faire

face à un renouvellement important du personnel et affichent les taux de postes

vacants les plus élevés. Dans ces écoles, les enseignants doivent faire face à des

classes plus nombreuses, à une surcharge de travail et à un environnement scolaire

plus difficile (Bennell et Akyempong, 2007). En règle générale, les enseignants des

écoles rurales accèdent plus difficilement aux possibilités de formation continue,

cause aggravante de démoralisation et de mécontentement au travail (Kadzamera,

2006).

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Le mauvais état des infrastructures scolaires n'incite pas non plus les enseignants à

poursuivre leur carrière (Moleni et Ndalama, 2004). En Afrique du Sud, le mauvais état

des infrastructures contribue, selon les données disponibles, à la faible rétention des

enseignants :

" L'état matériel des écoles dans lesquelles les recherches ont été menées n'est

pas propice, loin s'en faut, à l'apprentissage sur la durée. Dans les classes, on a

pu voir des fenêtres cassées, des murs fissurés, et pas de porte pendant des

périodes prolongées; certains bâtiments s'effondrent, tandis que d'autres, qui

ne sont pas achevés mais disponibles, n'ont pas de toit, ce qui oblige à

supprimer les cours lorsqu'il fait mauvais. " (Lumandi, 2008)

Mauvaise gestion, mauvaise administration

Outre le mauvais état des infrastructures, les enseignants sont découragés par la

mauvaise gestion et l'insuffisance du soutien administratif. L'un des problèmes majeurs

concerne le paiement des salaires. Les retards de paiement, les paiements ne

correspondant pas au montant convenu et l'impossibilité d'avoir accès à son salaire en

temps voulu, tous ces éléments mettent les enseignants à rude épreuve, en particulier

ceux qui viennent d'être nommés, ceux qui sont très faiblement rémunérés et ceux qui

exercent dans des régions où le crédit n'est pas facilement accessible. Les problèmes liés

au paiement des salaires contribuent à entretenir l'idée que l'enseignement est un

métier sans prestige (Hedges, 2002 ; Francis et al. ; 1990).

Autre motif de démotivation, les enseignants ont le sentiment qu'ils n'ont aucun pouvoir

en matière d'affectations, de mutations et de promotions. Un rapport réalisé pour VSO

au Ghana observe que : " On peut critiquer une personne et elle sera mutée

immédiatement ". Les décisions paraissent arbitraires, elles ne donnent pas l'impression

d'être prises selon un système d'évaluation juste et transparent. D'autre part, les

enseignants ne sont pas informés des procédures de recours dont ils disposent pour

contester les décisions. Comme ils l'expriment eux-mêmes, en ce qui concerne les

affectations, parfois, " les enseignants sont le jouet de la politique " (VSO, 2007).

L'insuffisance de la formation à la gestion des chefs d'établissement peut aboutir à de

mauvaises pratiques de gestion et à une faible participation des enseignants à la prise

de décisions, source d'une baisse de moral chez les enseignants et d'une hausse de

l'attrition (Quartz et al., 2008 ; Mpkosa et Ndaruhutse et al., 2008). Des procédures de

promotion jugées injustes contribuent à réduire l'attrait de la profession. En Afrique du

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Sud par exemple, Arends (2007) suggère que la répartition inégale des hommes et des

femmes dans les affectations aux postes les plus élevés du secteur de l'éducation,

directeurs et sous-directeurs d'établissement par exemple, est une cause de

démotivation chez les enseignantes.

Efficacité des enseignants

On a pu constater que la réussite de leurs étudiants était pour les enseignants une source

de satisfaction et de motivation. Il s'ensuit que l'enseignement dans des contextes

difficiles, où la réussite est moins visible, est moins gratifiant, ce qui contribue à accroître

l'attrition et la mobilité entre établissement. Aux États-Unis, la baisse du nombre

d'enseignants est forte dans les écoles très pauvres situées en milieu urbain (NCTAF,

2003). Selon une étude réalisée au Texas, les enseignants des établissements publics

sont moins enclins à quitter les écoles fréquentées par des élèves relativement

performants (Hanushek, Kain et Rivkin, 2004). Il a même été avancé que la mobilité entre

établissements pouvait en partie être décrite comme une quête " des écoles où il est

possible de bien enseigner " (Johnson et Birkeland, 2003).

En Afrique, il semble également que les enseignants soient motivés par la réussite de

leurs élèves. Un rapport réalisé par VSO, (2002) met en évidence l'importance de la

réussite des étudiants dans la motivation des enseignants. Comme le déclare un

enseignant d'une école secondaire de Zambie : " Ce qui me fait aimer mon travail, c'est

quand je vois que les élèves apprennent. En 1998, je me plaignais beaucoup. J'ai eu un

groupe qui a eu de bons résultats aux examens, et cela m'a vraiment motivé " (VSO,

2002 : 35).

Climat scolaire et soutien aux enseignants

Les recherches menées aux États-Unis indiquent que le climat scolaire peut être un

facteur d'attrition. Une enquête a été réalisée auprès de 400 enseignants, 200

continuant à enseigner, l'autre moitié ayant quitté l'enseignement. Les enseignants du

premier groupe avaient davantage tendance à déclarer qu'ils avaient la possibilité

d'influencer le programme et de prendre des décisions relatives à leur enseignement,

qu'ils bénéficiaient du soutien du personnel administratif et d'autres professionnels et

que l'enseignement avaient été sources d'expériences positives au début de leur carrière

(Boggenschild et al., 1988). À l'inverse, certains chercheurs avancent que les enseignants

travaillant dans de grands établissements urbains dotés de structures administratives

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fortement centralisées ont davantage tendance à délaisser la profession (Louis, Marks et

Kruse, 1996 ; Weiner, 2000).

En Afrique, une enquête réalisée en 2007 par VSO montre que les enseignants ne se

sentent pas respectés par les autorités chargées de l'éducation, ce manque de respect se

manifestant selon certains d'entre eux par le traitement qui leur est réservé. Par

exemple, lorsque les enseignants ne reçoivent pas d'informations exactes ou régulières

ou qu'ils ne sont pas consultés à propos des changements en cours, ils ont l'impression

que c'est parce que leurs supérieurs n'attachent pas d'importance à leurs avis et qu'on

éprouve si peu de respect à leur égard que l'on n'estime pas nécessaire de les prendre en

considération et de les informer correctement. Les jeunes enseignants ont parfois

l'impression que leurs aînés ne les respectent pas et qu'ils ne les traitent pas

équitablement.

Statut de la profession enseignante

Le statut des enseignants et la façon dont leur profession est considérée jouent un rôle

important dans la perception qu'ils ont de leur propre travail. On affirme souvent que le

statut des enseignants s'est dégradé (Internationale de l'éducation, 2007), et que ce

faible statut se répercute sur la réussite des étudiants (Kubberund et al., 1999). Au

Ghana, dans certains cas, les enseignants ont eu l'impression de ne pas être les

bienvenus dans les communautés où ils ont travaillé (Hedges, 2002).

L'absence de perspectives sur le marché du travail, un frein à l'attrition

En Afrique subsaharienne, l'absence d'autres perspectives d'emplois pour les

enseignants a une forte incidence sur l'attrition. Dans une étude portant sur 12 pays,

Bennell et Akyaempong (2007) font ressortir que le très faible taux de démissions relevé

dans l'ensemble de ces pays ne résulte pas d'un degré élevé de satisfaction

professionnelle mais plutôt de l'extrême rareté des perspectives offertes sur le marché

du travail. Ils laissent entendre que, dans un contexte de démotivation généralisée, le

faible taux d'attrition ne fait qu'aggraver la situation car les enseignants mécontents

sont dans l'impossibilité de quitter la profession.

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Les données relatives à l'Afrique du Sud indiquent que près des trois quarts des

enseignants de la province du Cap-Occidental avaient envisagé de quitter la profession

pour les raisons suivantes : démoralisation, lourde charge de travail, mécontentement

professionnel et meilleures perspectives d'emploi ailleurs (Hall et al., 2005). Au Lesotho,

l'abandon de l'enseignement serait relativement peu fréquent car peu d'emplois salariés

sont accessibles aux enseignants. Au Soudan, un responsable politique a décrit

l'enseignement comme " une salle d'attente. Ce n'est pas une profession. Les enseignants

ne restent que lorsqu'ils n'ont rien d'autre à faire. Mais dès qu'une occasion se présente,

ils s'en vont. De fait, la plupart des enseignants qualifiés changent de profession. Ils

partent travailler pour des ONG. Dès qu'ils trouvent une occasion, ils filent " (Sommers,

2005).

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Netherlands/H. Wagner

'attrition des enseignants n'est pas fortuite, en effet, dans de nombreux cas, elle

découle de l'intention délibérée de quitter la profession. De façon générale, deux

catégories d'enseignants ont davantage tendance à franchir le pas. Les enseignants

les plus qualifiés et ceux qui ont les compétences et les qualifications les plus valorisées

sur le marché du travail semblent plus enclins à quitter la profession, sans doute en

raison des possibilités d'emplois plus séduisantes qui s'offrent à eux. À l'autre bout de

l'échelle, l'attrition est souvent importante chez les enseignants non qualifiés, ceux qui

travaillent sur la base de contrats informels et ceux qui sont affectés aux postes les

moins prisés.

Un taux d'attrition plus élevé chez les enseignants les plus qualifiés

En général, il apparaît que le niveau élevé des taux d'attrition chez les enseignants plus

diplômés est lié aux meilleures perspectives qui s'offrent à eux sur le marché de l'emploi.

On relève des tendances analogues en Afrique subsaharienne. En Namibie, les taux

d'attrition les plus élevés sont recensés parmi les enseignants ayant un niveau d'études

plus élevé, qu'ils soient ou non qualifiés; en 1997, près d'un quart des enseignants ayant fait

plus de deux années d'études supérieures ont quitté l'enseignement. Au Lesotho, en

Ouganda, au Malawi et à Zanzibar, les taux d'attrition des enseignants étaient plus élevés

dans le secondaire que dans le primaire. En outre, au Lesotho et au Malawi, quelques

éléments montrent que le taux d'attrition est plus élevé chez les enseignants pourvus d'un

diplôme universitaire supérieur que chez les enseignants titulaires d'un diplôme d'un

niveau moins élevé (Mulkeen, 2010). En Tanzanie, il apparaît à la lumière des données de

2008 que les enseignants du secondaire diplômés de l'enseignement supérieur quittaient

la profession (départs volontaires) à un rythme quatre fois plus rapide que les enseignants

du secondaire moins qualifiés.

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Tanzanie : Nombre d'enseignants du secondaire recensés comme ayant quitté la

profession, par niveau de qualification (Enquête EMIS 2009; départs survenus en 2008).

Un taux d'attrition plus élevé chez les enseignants du secondaire

Les résultats d'une étude longitudinale menée aux États-Unis indiquent que l'attrition des

enseignants est plus importante dans le secondaire que dans le primaire car, compte tenu

de leur niveau de qualification plus élevé, les enseignants du second degré ont accès à de

meilleures perspectives d'emploi (Quartz et al., 2008). Par conséquent, les efforts visant à

améliorer la qualité en relevant le niveau de qualification risquent d'aboutir à une

augmentation du taux d'attrition. Pour citer Quartz et al. (2008) : " Ironiquement, alors que

la demande d'enseignants hautement qualifiés augmente, beaucoup déplorent le fait que

ces candidats semblent partir plus tôt et en plus grand nombre que leurs homologues

moins diplômés ".

Les données provenant d'Afrique subsaharienne révèlent-elles aussi un taux d'attrition plus

élevé chez les enseignants du secondaire. Dans plusieurs cas étudiés en Afrique

anglophone, l'attrition des enseignants du secondaire était supérieure à celle des

enseignants du primaire, et ce dans tous les pays où des données séparées sont disponibles.

Au Lesotho, le taux d'attrition des enseignants du secondaire est plus de trois fois supérieur

à celui qui a été relevé chez les enseignants du primaire. En outre, dans le secondaire,

l'attrition était en grande partie imputable aux départs volontaires. Au Malawi, la

démission représentait ainsi 29 % de l'attrition des enseignants dans le secondaire, contre

11 % seulement dans le primaire. En Ouganda, la démission ou le licenciement

représentaient 33 % des causes de l'attrition des enseignants dans le secondaire, contre 29

% seulement dans le primaire. Ces données rejoignent l'hypothèse selon laquelle le marché

du travail offre de plus grandes perspectives aux enseignants du secondaire (Mulkeen,

2010).

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Niveau dequalification desenseignants

Nombre d'enseignants quittant laprofession

A noter que les autres causes del'attrition (retraite, décès, maladie) ne

sont pas recensées dans ce tableau

Nombred'enseignants

%

Certificat 161 5 836 2,8

Diplôme 141 20 032 0,7

Mention TB et autre 106 8 086 1,3

Total 408 33 954 1,2

Taux annuels d'attrition chez les enseignants du primaire et du secondaire

(Mulkeen, 2010)

Un taux d'attrition plus élevé chez les enseignants spécialisés dans lesmatières clés

L'attrition est plus prononcée chez les enseignants spécialisés dans certaines matières. Il

est établi que les enseignants de mathématiques et de sciences sont plus nombreux à

quitter la profession que les enseignants spécialisés dans d'autres matières en raison des

plus grandes perspectives d'emplois dont ils bénéficient (Boe, Bobbitt, Cook, et Whitener,

1997 ; Murnane et Olsen, 1990 ; Rumberger, 1987 ; Scafidi, Sjoquist, et Stinebrickner,

2005). En 1994-1995, le taux d'attrition des professeurs de mathématiques et de sciences

aux États-Unis était supérieur de 33 % à celui de l'ensemble du corps enseignant

(Ingersoll, 2002). Ces résultats confirment l'opinion de l'OCDE (2002) selon laquelle la

pénurie peut être plus prononcée dans les matières comme les sciences et les

mathématiques.

Attrition des enseignants et matières enseignées aux Etats-Unis (OCDE, 2002,

p. 74)

En Afrique subsaharienne, selon toute probabilité, le nombre d'enseignants de sciences

et de mathématiques est appelé à diminuer plus fortement que celui des autres

enseignants. Des pénuries de professeurs de mathématiques et de sciences ont été

constatées en Afrique anglophone (Mulkeen, 2010), tout comme en Afrique francophone

(Caillods, 2001). Alors qu'il existe encore peu de données sur le taux d'attrition des

enseignants spécialisé dans d'autres disciplines, les faits semblent indiquer une plus

forte attrition chez les enseignants de sciences et de mathématiques en Ouganda et au

Lesotho (Mulkeen, 2010).

33

Lesotho 3 % dans le primaire, jusqu'à 10 % dans le secondaire

Malawi 5 % dans le primaire, 10 % dans le secondaire

Ouganda 5 % dans le primaire, 6 % dans le secondaire

Zambie 9 %, mais peut-être surestimé en raison de la mobilité entre écoles

Zanzibar 5 % dans le primaire, 6-7 % dans le secondaire

Pourcentage annuel

Mathématiques et sciences 1994-95 16

Toutes matières confondues 1994-95 14

Employés, toutes professions confondues (début années 1990) 11

Niveau élevé de l'attrition chez les enseignants non qualifiés

Alors que l'attrition des enseignants les plus qualifiés est importante, on constate

également un taux d'attrition exceptionnellement élevé chez les enseignants dépourvus

de qualifications officielles. En Namibie, également, les rapports montrent que les

enseignants non qualifiés quittaient l'enseignement à un rythme deux fois plus élevé

que les enseignants qualifiés (Kubberund et al., 1999), conséquence sans doute d'une

moindre sécurité de l'emploi. Les données provenant de Zambie indiquent que le taux

d'attrition et de renouvellement des enseignants travaillant dans les écoles

communautaires, mal payés, employés au bon vouloir de la communauté et souvent

dépourvus de qualifications, est beaucoup plus élevé que dans les écoles publiques.

Zambie : Attrition des enseignants dans les écoles publiques et

communautaires, 2005 (Données EMIS, 2006)

Un taux d'attrition plus élevé dans les lieux les moins prisés

Les enseignants ont davantage tendance à quitter les écoles situées dans les régions

peu prisées. En Afrique subsaharienne, de la même façon, on constate que le taux

d'attrition est plus élevé dans lieux les moins prisés, mais la tendance géographique

est inversée car les postes les moins convoités se trouvent généralement dans des

écoles des régions rurales difficiles d'accès. En Namibie, le taux d'attrition le plus

faible a été relevé à Windhoek et le plus élevé dans la région rurale de l'Okavango

(Kubberund, 1999). De même, au Malawi, les taux d'attrition se révèlent légèrement

supérieurs dans les écoles rurales (Kadzamira, 2006). Ces tendances ne sont pas

parfaitement cohérentes. En Zambie, par exemple, il semble que le taux d'attrition

soit plus élevé dans les régions rurales que dans les villes de province mais il est

également plus élevé dans la capitale, Lusaka, que dans beaucoup de villes de

province.

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Écoles communautaires Écoles publiques

Tous enseignants confondus 6 441 45 060

Départs de la profession 2 376 4 056

Taux d'attrition 36,9 9,0

Taux d'attrition des enseignants en Namibie, par région (Données EMIS, 1997)

Zambie : Taux d'attrition des enseignants dans plusieurs districts sélectionnés,

2007 (Bulletin statistique, EMIS, 2008)

Mobilité entre établissements

La préférence pour les écoles situées dans certaines régions favorise également la

mobilité entre établissement. Bien que techniquement ce phénomène ne relève pas de

l'attrition des enseignants, puisque les intéressés restent dans l'enseignement, il

entraîne, dans les lieux les moins prisés, une perte d'enseignants ainsi que des

conséquences analogues à celles de l'attrition. L'ampleur de la mobilité entre

établissements est très révélatrice. Pris ensemble, les changements d'établissement et

l'attrition se traduisent par le fait que plus de 15 % des enseignants quittent leur poste

chaque année (Luekens et al., 2004).

35

Taux d'attrition (%) Écoles ayant accès à l'électricité

Namibie total 11,7 33,9

Rundu/Okavango 16,7 24,6

Ondangwa West 12,3 15,8

Ohangwena 12,4 13,2

Windhoek 7,5 87,8

Keet-manshoop 12,6 70,4

Province District Contexte Homme Femme Total

Lusaka Lusaka Capitale 16% 8% 11%

Occidentale Mongo Capitale provinciale 6% 7% 7%

Occidentale Shangombo Rurale 13% 9% 12%

Méridionale Livingstone Grande ville 6% 6% 6%

Méridionale Namwala Rurale 14% 11% 13%

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Sri-Lanka/I. Voss-Lengnik

'attrition des enseignants a un coût pour les systèmes éducatifs. Aux États-Unis, on

estime que chaque départ d'enseignant coûte à l'employeur près de 30 % du salaire

annuel (remplacement, recrutement, affectation). À cela s'ajoute le coût, beaucoup

plus élevé, de la formation et de la préparation des nouveaux enseignants qui seront

amenés à pourvoir les postes vacants.

Mais, plus grave assurément, un taux d'attrition élevé nuit à la qualité de

l'enseignement. Les établissements affichant un taux de renouvellement élevé risquent

davantage d'employer des enseignants inexpérimentés (Rockoff, 2004 ; Rivkin,

Hanushek et Kain, 2005 ; Kane, Rockoff et Staiger, 2006), voire non qualifiés, qui se

révéleront sans doute moins efficaces (Darling-Hammond, 2000). Même si les

remplaçants sont pleinement qualifiés, le recrutement absorbe une part importante du

temps consacré à la gestion (Rosenholtz, 1985) et, en raison du changement de

professeur, la continuité de l'enseignement est affectée (Quartz et al., 2008). Les effets

perturbateurs de l'attrition sont inégalement répartis, dans la mesure où ce sont les

enseignants exerçant dans les écoles les plus difficiles (aux postes les moins prisés) qui

sont les plus enclins à quitter la profession et qui seront généralement remplacés par des

enseignants fraîchement qualifiés ou sous-qualifiés.

Les conséquences de l'attrition des enseignants en Afrique subsaharienne

En Afrique subsaharienne, de la même façon, l'attrition des enseignants a un coût

non négligeable pour les systèmes éducatifs. Premièrement, le coût lié à la formation

de nouveaux enseignants. La formation des enseignants est souvent financée sur

fonds publics. En outre, dans la mesure où il s'agit habituellement d'une formation

en internat, elle équivaut en général à un multiple des coûts par étudiant de

l'enseignement primaire, voire secondaire. Deuxièmement, l'incapacité de nombreux

pays à former un nombre suffisant d'enseignants aboutit au recours généralisé à des

enseignants non qualifiés, ce qui a une incidence non négligeable sur la qualité.

Troisièmement, en raison de la longueur des délais de recrutement des remplaçants,

l'attrition se traduit par des postes vacants et par une perte de temps

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d'enseignement pouvant se prolonger plusieurs mois. Enfin, un taux de

renouvellement élevé accroît en conséquence la dépendance à l'égard d'enseignants

inexpérimentés.

Le recours à des enseignants non qualifiés ou insuffisamment qualifiés est bien

documenté. En Gambie, il ressort que les élèves enseignants envoyés en stage

pratique dans les écoles sont souvent chargés de classes entières et ont les mêmes

responsabilités et la même charge de travail que les enseignants qualifiés (VSO,

2007). De même, au Ghana, faute d'enseignants qualifiés, dans les écoles rurales, ce

sont des enseignants non qualifiés qui " assurent la permanence " (Hedges, 2002). En

Gambie, un directeur d'établissement raconte que tous les enseignants de son école,

soit six au total, sont partis en l'espace d'une année et que, sur six remplaçants, deux

seulement étaient des enseignants qualifiés (VSO, 2007). L'impact d'un taux de

renouvellement élevé est lui aussi bien connu. Au Malawi, comme le révèle une

étude, les élèves d'un établissement secondaire se plaignent d'avoir vu défiler plus de

trois enseignants en l'espace d'un trimestre (Kadzamira, 2006).

Un plus grand impact sur les étudiants les plus défavorisés

L'impact de l'attrition des enseignants affecte généralement de façon disproportionnée

les étudiants les plus pauvres et les plus défavorisés, et ce pour diverses raisons. Tout

d'abord, les pénuries d'enseignants aboutissent souvent à une inégalité de la répartition,

les enseignants qualifiés étant en mesure de trouver un poste dans les lieux les plus

prisés et d'éviter les affectations dans les écoles situées dans les régions rurales isolées.

Il en va de même en cas de pénurie d'enseignants pourvus de qualifications spécifiques

ou spécialisés dans certaines matières. Comme l'illustre la figure ci-dessous, les rapports

élèves/enseignants varient de façon considérable à l'intérieur d'un même pays, ce qui

traduit une incapacité à assurer une répartition équitable.

Deuxièmement, l'attrition des enseignants favorise la mobilité entre établissements, qui

aboutit souvent à des vacances de postes dans les écoles les moins prisées. Dans les

établissements des zones urbaines convoitées, les postes vacants sont rapidement

pourvus, dans la mesure où les enseignants affectés à des postes peu prisés peuvent

prendre des dispositions pour changer d'école. Les postes des écoles des régions isolées

et peu prisées sont plus difficiles à pourvoir, ils restent parfois vacants pendant de

longues périodes et peuvent être pourvus par des enseignants non qualifiés.

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38

Troisièmement, lorsque les taux d'attrition et de mobilité des enseignants sont élevés,

les écoles situées dans les régions les plus isolées doivent souvent faire face à un

renouvellement important du personnel qualifié, les enseignants qui y ont été affectés

cherchant en effet à être mutés le plus vite possible. Sous l'effet conjugué de ces

facteurs, dans les écoles des régions les plus isolées, les enseignants inexpérimentés ou

non qualifiés sont plus nombreux et les postes d'enseignants restent vacants plus

longtemps (Mulkeen, 2010).

Variations selon les districts entre les rapports élèves/enseignants (REE) moyens

dans les écoles primaires (Mulkeen 2010)

39

REE + faible 30 30 38 36 32 37 26

REE + élevé 53 42 47 120 93 100 54

Érythrée Gambie Lesotho Malawi Ouganda Zambie Zanzibar

(2004-05) (2005-06) (2005) (2006) (2006) (2006) (2006)

140

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100

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Latin America

41

'attrition des enseignants peut être en partie atténuée par la réforme des politiques

et des pratiques. Le débat s'est essentiellement intéressé aux moyens de contrer

l'attrait exercé par un changement professionnel en augmentant la rémunération

des enseignants. Il n'est peut-être pas impossible, toutefois, de remédier à quelques-uns

des autres facteurs, en agissant sur les facteurs répulsifs et en renforçant l'attrait de la

profession enseignante.

Aux États-Unis, bien l'attrition, une augmentation généralisée des salaires ne constitue

peut-être pas une solution viable si l'on souhaite accroître la rétention (Quartz et al.,

2008). Hanushek, Kain et Rivkin (2001) estiment qu'aux États-Unis, les secteurs scolaires

devraient aller jusqu'à augmenter de 50 % le salaire des enseignants des zones urbaines

pour les convaincre de rester à leur poste.

Aux États-Unis, les résultats de la recherche montrent que certaines mesures prises au

niveau scolaire sans rapport avec la rémunération favorisent le maintien en poste des

enseignants :

1. Tutorat et initiation. Les établissements qui offrent des programmes de tutorat aux

enseignants débutants, en particulier lorsque le tutorat est proposé par les autres

enseignants, semblent enregistrer des taux de renouvellement du personnel moins

élevés (Guarino et al., 2004 ; Quartz et al., 2008).

2. Autonomie. Il ressort que les établissements qui offrent aux enseignants une plus

grande autonomie en matière de gestion et d'application des programmes ont des

taux plus bas d'attrition et de migration (Guarino et al., 2004).

3. Soutien à la formation continue. Les établissements qui encouragent et soutiennent

la formation continue du personnel constatent généralement une amélioration de

la rétention (Quartz et al., 2008).

LDes mesures pour faire face à l 'attrition

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La recherche conduite aux États-Unis propose d'autres mesures politiques de plus vaste

portée pour améliorer la rétention des enseignants. Aux États-Unis, il existe une

corrélation entre l'origine ethnique des enseignants et les taux d'attrition. Plus

particulièrement, les écoles ayant un pourcentage élevé d'étudiants afro-américains

auront davantage tendance à retenir les enseignants afro-américains (Hanushek et al.,

2005). Toutefois, il semblerait que les conditions d'examen des enseignants nuisent à la

représentation des minorités dans le corps enseignant (Guarino et al., 2004). Ces

éléments donnent à penser que les politiques visant à faciliter l'accès des minorités aux

formations au métier d'enseignant pourraient avoir un effet positif sur la rétention des

enseignants, en particulier dans les écoles fréquentées par un fort pourcentage

d'étudiants issus des minorités. Il semblerait d'autre part que les personnes qui

commencent à enseigner à un âge plus avancé aient moins tendance à quitter la

profession. Quartz et al. (2008) observent ainsi que les femmes qui débutent une

formation d'enseignant lorsqu'elles sont plus âgées ont moins tendance à abandonner

la profession en début de carrière.

La mise en place d'un plan de carrière pour les enseignants semble elle aussi être un

moyen prometteur de favoriser le maintien en poste des enseignants. Dans de

nombreux systèmes éducatifs, les traitements des enseignants augmentent selon un

barème très progressif et les enseignants se rendent compte que s'ils veulent faire

progresser leur carrière, il leur faut soit abandonner la salle de classe et cesser

d'enseigner soit quitter le secteur de l'éducation. Darling-Hammond (1997) estime qu'il

convient de repenser la carrière enseignante pour que les connaissances et l'expertise

des personnes qui travaillent au plus près des enfants soient aussi bien récompensées

que les compétences de ceux qui sont les plus éloignés des enfants, et pour que ces

compétences soient plus largement accessibles, ce qui permettrait aux enseignants de

jouer le rôle complémentaire de directeur d'école ou d'études, de concepteur de

programme, de tuteur, de formateur, de formateur d'enseignant et de chercheur, et ce

tout en continuant à enseigner. Ce concept a été mis en pratique par le Career in

Teaching Framework à Rochester (New York). La carrière de l'enseignant se déroule en

quatre étapes : interne, résident, professionnel et professeur principal (Koppich, Asher,

et Kerchner, 2002). Ici, l'avancement n'implique pas de déserter la classe. Les

professeurs principaux, sélectionnés par un groupe d'enseignants et d'administrateurs,

accèdent aux fonctions de tuteur, de formateur et de spécialiste des programmes

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42

d'enseignement, tout en continuant à enseigner au moins à mi-temps. En

contrepartie, les professeurs principaux peuvent être mieux rémunérés que les

administrateurs. Comme l'expliquent Urbanski et O'Connell (2003), cette politique du

personnel donne " aux enseignants exemplaires la possibilité d'être des catalyseurs

d'excellence dans la profession, de partager leurs connaissances et leurs compétences

avec les autres et de participer activement à la prise de décision dans l'éducation sans

renoncer à l'enseignement ".

Incitations et récompenses

En Afrique subsaharienne, tout un ensemble de stratégies ont été mises en œuvre pour

favoriser le maintien en poste des enseignants, par exemple en récompensant

l'excellence dans l'enseignement, tentative dont les résultats ont été mitigés. Dans le

cadre d'un programme mis en place au Kenya, les enseignants dont les élèves

obtenaient des scores élevés aux examens recevaient une récompense comprise entre

21 et 43 % de leur salaire mensuel. L'effet de ces incitations financières sur les pratiques

des enseignants a été de multiplier le nombre de préparations aux examens. Les

chercheurs ont toutefois observé que ce programme incitait certains enseignants à

conseiller à leurs élèves de tricher aux examens ou encore à demander leur mutation

dans de " meilleures " écoles. Le programme n'a eu aucun effet sur le niveau

d'absentéisme des enseignants au Kenya (Glewwe et al., 2003). Au Ghana, la

récompense annuelle attribuée au meilleur enseignant de chaque région aurait un

effet positif sur le moral des enseignants. En Gambie, les recherches indiquent que la

Récompense du meilleur enseignant, décernée par le syndicat des enseignants

gambiens (GTU) était pour les enseignants une source de motivation. Cette

manifestation est si populaire que certains des chefs d'établissement interrogés dans le

cadre de l'étude envisagent d'attribuer des récompenses similaires au niveau de l'école

(VSO, 2007).

43

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Déploiement

En Afrique subsaharienne, l'attrition s'explique notamment par la réticence des

enseignants à accepter des postes dans les écoles des régions rurales isolées. Nombre

de pays d'Afrique, comme le Botswana, l'Ouganda, le Lesotho, la Zambie, et la Gambie

accordent des indemnités supplémentaires aux enseignants travaillant dans les écoles

difficiles (définies selon différents critères). Bien que non négligeables, ces indemnités

ne sont généralement pas suffisantes pour attirer les enseignants vers les postes

ruraux.

Plusieurs pays d'Afrique ont tenté de mettre en place un système de caution, qui

oblige les enseignants à exercer dans des écoles rurales au début de leur carrière.

Cependant, dans la plupart des cas, ces initiatives sont difficilement applicables.

L'exemple du Ghana est révélateur. Selon le programme mis en place, les enseignants

débutants doivent rembourser une caution s'ils ne demeurent pas en poste pendant

trois ans. Le temps passant, l'inflation a diminué la valeur de la caution et l'application

est devenue moins stricte, de sorte que la caution a perdu de sa force dissuasive

(Hedges, 2002).

Certains éléments indiquent qu'une réforme de la politique relative au déploiement

permettrait de freiner l'attrition. Au Lesotho, les établissements ont la possibilité de

choisir l'enseignant qui sera recruté, système qui favorise en général les recrutements

locaux et les enseignants considérés comme enclins à accepter le poste (Mulkeen, et

Chen, 2007). En général, le recrutement au niveau local accroît la satisfaction des

enseignants et freine les départs de la profession (Bennell et Akyeampong, 2007). Au

Ghana, il semblerait que les systèmes d'affectation qui autorisent les enseignants

débutants, les jeunes femmes en particulier, à prendre un poste dans une communauté

rurale où ils se sentent plus en sécurité, par exemple à proximité de leur famille, ou

encore qui nomment deux enseignants nouvellement qualifiés dans le même

établissement, pourraient aider les enseignants à s'installer dans des lieux où les

conditions de vie sont difficiles (Hedges, 2002).

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44

Dans les pays où travaillent un grand nombre d'enseignants non qualifiés, la possibilité

d'accéder à la formation continue peut contribuer à freiner l'attrition. Les enseignants

non qualifiés exerçant dans des régions rurales d'Afrique n'ont peut-être pas beaucoup

d'autres possibilités d'emploi salarié, mais leur statut d'enseignant non qualifié limite

leurs perspectives de promotion et, dans certains cas, d'emploi à long terme. Les

programmes de formation continue permettent d'établir un plan de carrière grâce

auquel les enseignants dépourvus de formation pourront obtenir les compétences et les

qualifications nécessaires.

45

C o n c l u s i o n s7Co

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Libya/I. Voss-Lengnik

e présent rapport a analysé la littérature disponible sur l'attrition des enseignants,

définie comme toute perte définitive d'enseignants, en particulier dans le cas de

l'Afrique subsaharienne. Quelques conclusions générales se dégagent des

documents examinés :

Les recherches publiées sur l'attrition des enseignants sont fragmentaires. De nombreux

articles traitant de ce sujet ont été publiés, dans le monde ou en Afrique subsaharienne.

Toutefois, nombre de ces articles sont en réalité des commentaires qui puisent aux

mêmes sources d'information, au demeurant peu nombreuses. Les données citées dans

les publications proviennent essentiellement de deux sources (i) les statistiques

officielles, qui mesurent l'attrition des effectifs de façon quantitative mais ne rendent

pas compte des causes ou même des tendances de ce phénomène et (ii) les études

quantitatives menées à petite échelle, qui proposent une explication partielle des

causes.

En Afrique subsaharienne, l'attrition des enseignants est peu étudiée. Les statistiques

publiées sur l'attrition des enseignants sont rares. Souvent, les pays, y compris les pays

développés, ne disposent pas de système fiable pour mesurer ce phénomène, à

l'exception notable des États-Unis, où la NCES a recueilli des données sur l'attrition des

enseignants et réalisé des études longitudinales. En Afrique subsaharienne, les

informations sur l'attrition des enseignants, lorsqu'elles existent, proviennent

principalement de deux sources : (i) le recensement scolaire annuel pour les systèmes

omniprésents d'information pour la gestion de l'éducation (EMIS) et (ii) les données en

provenance des services de ressources humaines. Ces deux sources présentent des

lacunes importantes. Les données EMIS ont parfois un taux de réponse plus faible parmi

les établissements privés, elles s'appuient sur l'opinion du directeur d'établissement

concernant les causes de l'attrition et ne distinguent généralement pas la véritable

attrition de la mobilité entre établissements. Les données provenant des systèmes de

ressources humaines ne concernent habituellement que les enseignants du secteur

public, elles n'établissent généralement pas de distinction entre les enseignants et le

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LC o n c l u s i o n s

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reste du personnel du secteur éducatif et ne collectent le plus souvent que très peu

d'informations sur les causes de la baisse des effectifs. La planification des besoins en

enseignants ne recourt pas de manière systématique aux données relatives à l'attrition

et, dans une large mesure, les projections s'appuient sur des hypothèses très

approximatives.

Il serait relativement aisé de modifier les systèmes en place pour obtenir des données

plus solides sur l'attrition des enseignants. Les formulaires de recensement scolaire

pourraient facilement être adaptés et comporter des questions sur l'attrition des

enseignants, ce qui permettrait de recueillir des données dans des domaines essentiels

du point de vue des politiques, comme le niveau de qualification des enseignants, le lieu

d'affectation, le sexe et le domaine de spécialisation. Les services des ressources

humaines pourraient également recenser ce type d'informations au terme de la carrière

de l'enseignant. La fiabilité des données sur l'attrition des enseignants permettrait de

mieux comprendre les conditions à remplir par les enseignants remplaçants et l'impact

des politiques sur le déploiement et la rétention.

Les taux d'attrition des enseignants sont variables, les faibles taux affichés par certains

pays n'étant vraisemblablement pas viables. Les taux d'attrition des enseignants varient

selon les pays et sur la durée, sous l'effet, notamment, des facteurs démographiques et

de la situation du marché de l'emploi. Les taux annuels d'attrition des pays africains,

lorsqu'ils ont été établis, sont compris entre 2 et 10 %. Au bas de l'échelle, il est peu

vraisemblable que ces taux puissent être maintenus; ils sont uniquement imputables

soit à un gel temporaire des départs en retraite (comme dans le cas de l'Érythrée) soit à

la jeunesse exceptionnelle du corps enseignant dans un contexte de faibles perspectives

d'emploi. En Afrique subsaharienne, en raison de l'amélioration récente de l'accès à

l'éducation, dans de nombreux pays le personnel enseignant est particulièrement jeune,

ce qui contribue à réduire le taux d'attrition.

Multiplicité des facteurs de perte des effectifs. La perte d'effectifs est en partie

involontaire, elle est la conséquence des départs en retraite à l'âge légal, de la maladie

ou des décès, et elle dépend essentiellement de l'évolution démographique, de la

situation sanitaire et des politiques relatives à la retraite. Mais l'attrition peut également

procéder d'un choix délibéré et découler en grande partie de facteurs personnels, qu'ils

soient incitatifs (perspectives d'emploi) ou répulsifs (insatisfaction professionnelle). Bien

que le débat sur l'attrition des enseignants concerne essentiellement le VIH et le SIDA

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ainsi que la mortalité des enseignants, dans la pratique, la mortalité ne représente

qu'une part minoritaire des pertes d'enseignants. On trouvera ci-après quelques

tendances générales relatives aux causes de l'attrition des enseignants :

1. L'attrition due aux départs en retraite devrait augmenter, dans la mesure où dans la

plupart des pays d'Afrique subsaharienne, le corps enseignant est à l'heure actuelle

exceptionnellement jeune, sans doute en raison de l'amélioration récente de l'accès

à l'éducation.

2. Bien qu'élevée, l'attrition due à la mortalité semble reculer en raison de

l'amélioration de la situation sanitaire et de la réduction de la mortalité liée au VIH

et au SIDA dans les populations ayant un niveau d'études élevé. La mortalité liée au

SIDA est inférieure aux prévisions, conséquence à la fois de l'efficacité des

campagnes d'information et de l'impact des TARV.

3. L'abandon de l'enseignement au profit d'autres emplois est très varié et fluctue en

fonction de la situation du marché du travail. Il s'agit d'une perte d'effectifs non

fortuite qui touche principalement les enseignants les plus qualifiés.

4. Les départs de la profession motivés par un mécontentement professionnel sont

vraisemblablement liés à l'offre d'emplois sur le marché du travail mais aussi aux

politiques relatives aux affectations, au développement de carrière et à la gestion

des écoles

L'un des messages qui se dégagent le plus clairement tient à l'importance de la réussite

dans la motivation des enseignants. Aux États-Unis comme en Afrique subsaharienne,

les recherches révèlent que les enseignants éprouvent une plus grande frustration

lorsqu'ils ne constatent pas de progrès chez leurs élèves. Il a donc été avancé que les

programmes irréalistes et les mauvaises conditions d'apprentissage pouvaient

contribuer à l'attrition des enseignants.

Quelques grandes tendances se dégagent des données disponibles sur l'attrition des

enseignants : (i) S'agissant des enseignants qualifiés, que ce soit dans les pays

développés ou en Afrique subsaharienne, l'attrition se produit essentiellement en début

de carrière. Dans le cas des enseignants qui exercent pendant les trois premières années,

les taux d'attrition sont plus faibles jusqu'à l'âge de la retraite. (ii) L'attrition est plus

forte chez les plus qualifiés et chez les enseignants pourvus de compétences hautement

valorisées sur le marché de l'emploi. Conséquence de ce qui précède, l'attrition est

49

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beaucoup plus élevée chez les enseignants du secondaire que chez les enseignants du

primaire et, dans le premier groupe, les enseignants de mathématiques et de sciences

semblent abandonner la profession plus fréquemment que les autres. (iii) Les

enseignants affectés dans des lieux peu prisés, ce qui, en Afrique subsaharienne, signifie

habituellement dans des écoles situées dans des zones rurales isolées, montrent un taux

d'attrition plus élevé que les enseignants des écoles urbaines. (iv) On constate d'autre

part un taux de renouvellement élevé chez les enseignants non qualifiés et chez ceux qui

travaillent dans des écoles non formelles, comme les écoles communautaires en Zambie.

L'impact de l'attrition des enseignants touche de façon disproportionnée les enfants les

plus pauvres et les plus défavorisés, dans la mesure où la pénurie d'enseignants et le

renouvellement du personnel enseignant sont plus importants dans les écoles les plus

isolées.

En Afrique subsaharienne, l'attrition des enseignants est en partie invisible et se

manifeste sous forme d'absentéisme. La recherche sur l'attrition est étroitement liée aux

recherches sur l'absentéisme. Dans un contexte de ressources très limitées et en

l'absence d'autres perspectives, de nombreux facteurs qui, dans les pays développés,

contribuent à l'attrition, peuvent être une cause d'absentéisme dans les pays à faible

revenu. De nombreux rapports révèlent que lorsqu'un enseignant est gravement

malade, son directeur et ses collègues facilitent son absence et s'abstiennent de la

signaler, par sollicitude pour l'enseignant malade et sa famille. Dans certains cas, lorsque

les enseignants sont mécontents en raison du bas niveau des salaires, des retards de

paiement des salaires, du manque d'autonomie ou des mauvaises pratiques de gestion,

ils le manifestent par l'absentéisme. En outre, lorsque les enseignants ont la possibilité

de trouver un autre emploi sur le marché informel, ils l'acceptent tout en conservant leur

poste d'enseignant.

Les données donnent à penser que certaines mesures pourraient contribuer

efficacement à freiner l'attrition des enseignants.

l Les augmentations de salaire et la mise en place de plans de carrières des

enseignants auront vraisemblablement un impact sur l'attrition, bien que ces

améliorations entraînent des incidences budgétaires.

l L'attrition résultant de facteurs personnels pourrait être en partie jugulée par des

pratiques d'affectations " adaptées à la vie familiale " ou perçues comme

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garantissant une sécurité accrue- affectation d'un enseignant à proximité du lieu de

résidence de sa famille, dans une communauté de la même origine ethnique que

celle dont l'enseignant est issu, ou encore affectation des enseignants

nouvellement qualifiés par binômes. Le recrutement local constitue un autre

mécanisme qui offre aux enseignants une plus grande liberté dans le choix de leurs

affectations.

l L'attrition peut également être freinée par des politiques qui tentent de remédier

aux motifs de mécontentement - garantir une plus grande fiabilité du paiement des

salaires, établir des systèmes de promotion plus transparents, proposer des

possibilités de formation continue et améliorer les pratiques de gestion des

enseignants. De façon générale, les enseignants auront moins tendance à quitter

l'enseignement s'ils ont l'impression de réussir à instruire leurs élèves, si la

communauté y accorde de l'importance et s'ils sont appréciés de leurs supérieurs.

Par conséquent, l'amélioration de la qualité et de la pertinence de l'éducation, et

toute mesure de nature à " rendre la réussite possible ", devraient contribuer à

retenir les enseignants.

Mesures proposées pour freiner l'attrition des enseignants

a. Catégories : Facteurs démographiques

Motifs possibles :

Âge de la retraite et politiques relatives à la retraite.

Répartition par tranches d'âge du corps enseignant.

Actions possibles :

Modification de l'âge du départ en retraite ou réformes politiques permettant aux

enseignants retraités de continuer à travailler.

b. Catégories : Facteurs personnels

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Motifs possibles :

Mariage, responsabilités familiales, maladie.

Actions proposées :

Politiques relatives au déploiement attentives à la vie familiale. Recrutement accru

d'enseignants locaux.

c. Catégories : Facteurs incitatifs -autres emplois

Motifs possibles :

Situation du marché de l'emploi, salaire relatif des enseignants, évolution des salaires

relatifs.

Actions proposées :

Revalorisation salariale, amélioration de la progression de carrière. (Si abordable - ces

deux mesures ont une incidence financière non négligeable)

d. Catégories : Facteurs répulsifs- insatisfaction des enseignants au travail

Motifs possibles :

État des écoles, conditions de vie sur le lieu d'affectation, gestion au niveau de l'école,

gestion au niveau du secteur éducatif, mauvais climat scolaire, faible degré de

satisfaction professionnelle.

Actions proposées :

Paiement des salaires en temps voulu, systèmes de promotion transparents, possibilités

de formation et de perfectionnement, amélioration de la gestion au niveau de l'école et

de l'autonomie des enseignants, Conditions d'enseignement et d'apprentissage "

propices à la réussite ".

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Pour freiner l'attrition des enseignants, la solution passe peut-être en partie par le

recrutement délibéré des enseignants les plus enclins à rester dans le système. Dans le

contexte actuel, les enseignants les plus qualifiés sont les moins enclins à poursuivre une

carrière d'enseignant. Par conséquent, les efforts visant à améliorer la qualité de

l'éducation qui supposent de relever le niveau de qualification des enseignants risquent

sans le vouloir d'accélérer la baisse des effectifs, entraînant ainsi un recours accru à des

enseignants dépourvus de qualifications.

La planification des besoins en enseignants est d'autant plus complexe qu'il existe peu

de données fiables et détaillées sur l'attrition des enseignants. De nombreux pays qui

devront probablement faire face à une pénurie d'enseignants ne disposent pas de

données pertinentes qui pourraient servir de fondement à des stratégies appropriées.

L'amélioration de la collecte et de l'analyse des données relatives aux départs de la

profession d'enseignant permettrait d'élaborer des politiques pertinentes sur une base

plus solide.

53

AA

NN

EX

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A n n e x e A

Érythrée : Motifs recensés de l'attrition des enseignants, 2005 (Ministère de

l'éducation)

Malawi : Motifs recensés de l'attrition des enseignants du primaire, 2006

(EMIS)

Malawi : Motifs recensés de l'attrition des enseignants du secondaire, 2006

(EMIS)

55

A n n e x e A : A t t r i t i o n d e s e n s e i g n a n t s d a n s c e r t a i n sp a y s d ' A f r i q u e s é l e c t i o n n é s

Motif de l'attrition Nombre %

Motif inconnu 251 68,0

Expatriés 107 29,0

Décès 10 2,7

Libéré de ses obligations 1 0,3

Total hors expatriés 369 100,0

Motif de l'attrition Nombre %

Décès 618 29,8

Licencié 421 20,3

Motif inconnu/Autre 279 13,5

Départ en retraite 239 11,5

Démission 230 11,1

Longue maladie 149 7,2

Muté à un poste dépourvu de fonctions enseignantes 135 6,1

Total 2 071 100,0

Motif de l'attrition Nombre %

Démission 297 29

Longue maladie 173 17

Décès 157 15

Muté à un poste dépourvu de fonctions enseignantes 151 15

Licencié 138 14

Départ en retraite 63 6

Motif inconnu/Autre 35 3

Total 1 014 100

Ouganda : Motifs recensés de l'attrition des enseignants du primaire, 2005

(EMIS)

Ouganda : Motifs recensés de l'attrition des enseignants du secondaire, 2005

(EMIS)

Zambie : Motifs recensés de l'attrition des enseignants dans les écoles publiques

et communautaires (EMIS 2006)

AN

NE

XE

A

56

Total % du total

Motif inconnu/Autre 2 347 36,57

Démission/Licencié 1 894 29,51

Décès 721 11,23

Muté à un poste dépourvu de fonctions enseignantes 518 8,07

Départ en retraite 495 7,71

Longue maladie 443 6,90

Attrition totale 6 418 100,00

Total % du total

Démission/Licencié 632 33,8

Motif inconnu/Autre 541 28,9

Muté à un poste dépourvu de fonctions enseignantes 301 16,1

Décès 191 10,2

Départ en retraite 115 6,1

Longue maladie 91 4,9

Attrition totale 1 871 100,0

Motifs de l'attrition Écolespubliques

Écolescommunautaires

% écolespubliques

% écolescommunautaires

Autre 1 804 418 44,5 17,6

Départ en retraite 924 25 22,8 1,1

Décès 607 107 15,0 4,5

Expiration du contrat 330 198 8,1 8,3

Démission 140 1 202 3,5 50,6

Maladie 121 79 3,0 3,3

Muté à un poste dépourvu de

fonctions d'enseignement

105 110 2,6 4,6

Licencié 25 237 0,6 10,0

Total 4 056 2 376 100,0 100,0

Zambie : Attrition des enseignants du primaire, par motif et par âge (Enquête EMIS

2008, pertes de 2007)1

Zanzibar : Motifs recensés de l'attrition des enseignants, 2006 (EMIS 2006)

Pourcentage de l'attrition des enseignants attribué aux départs en retraite, auxdécès et aux démissions dans plusieurs pays d'Afrique sélectionnés

57

Hommes Femmes Totalenseignants

% du total,hommes

% du total,femmes

% dutotal

Démission 1 343 848 2 191 34,3 30,0 32,5

Autres 883 743 1 626 22,5 26,3 24,1

Départ en retraite 458 393 851 11,7 13,9 12,6

Expiration du contrat 407 285 692 10,4 10,1 10,3

Décès 268 234 502 6,8 8,3 7,4

Licencié 324 130 454 8,3 4,6 6,7

Maladie 124 118 242 3,2 4,2 3,6

Muté à un poste dépourvu defonctions d'enseignement

111 76 187 2,8 2,7 2,8

Attrition totale 3 918 2 827 6 745 100,0 100,0 100,0

Nombre d'enseignants,éducation de base, 2007

29 531 27 364 56 895

Taux d'attrition 13,3 10,3 11,9

Motif du départ Total % de l'attrition

Transfert vers le secteur privé 89 24,9

Maladie chronique ou de longue durée 85 23,8

Congé sans solde 63 17,7

Départ en retraite 35 9,8

Affecté à un autre poste de la fonction publique 31 8,7

Décès 28 7,8

Licenciement 26 7,3

Total 357 100,00

Départ en retraite Décès Démission

Malawi, primaire 2006 12 30 11

Malawi, secondaire 2006 6 15 29

Ouganda, primaire 2005 8 11 30 (dont licenciements)

Ouganda, secondaire 2005 6 10 34 (dont licenciements)

Zambie, écoles publiques 23 15 3,5

Zambie, écoles communautaires 1 4,5 51

Zanzibar 10 8 25

1 En Zambie, il est demandé aux écoles de signaler les départs d'enseignants, y compris dans les cas où les enseignantschangent d'établissement. Les enseignants qui sont affectés dans les établissements primaires ou secondaires nefigurent pas sur ce tableau car les changements d'établissements n'occasionnent pas de perte d'effectifs.

AN

NE

XE

B

A n n e x e B

Érythrée : Profil d'âge des enseignants (EMIS, 2004-2005)

Lesotho : Profil d'âge des enseignants (2005)

59

A n n e x e B : P r o f i l d ' â g e d e s e n s e i g n a n t s d a n sp l u s i e u r s p a y s d ' A f r i q u e s é l e c t i o n n é s

Nombred'enseignants

Moinsde 20

20-25 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60+

Élémentaire 20 1 855 1 667 1 696 917 440 265 154 94 45

Secondaire

1er cycle

- 246 364 665 424 141 114 121 92 28

Secondaire 4 241 365 271 193 109 102 99 91 34

Total 24 2 342 2 396 2 632 1 534 690 481 374 277 107

% d'enseignants

Élémentaire 0,3 25,9 23,3 23,7 12,8 6,2 3,7 2,2 1,3 0,6

Secondaire

1er cycle

0,0 11,2 16,6 30,3 19,3 6,4 5,2 5,5 4,2 1,3

Secondaire 0,3 16,0 24,2 18,0 12,8 7,2 6,8 6,6 6,0 2,3

Total 0,2 21,6 22,1 24,2 14,1 6,4 4,4 3,4 2,6 1,0

Nombre %

Moins de 25 126 3,6

25 to 29 687 19,6

30 to 34 728 20,7

35 to 39 608 17,3

40 to 44 495 14,1

45 to 49 322 9,2

50 to 54 233 6,6

55 to 59 165 4,7

60 to 64 87 2,5

65+ 62 1,8

Libéria : Profil d'âge du personnel enseignant dans les établissements publics

(dont directeurs et sous-directeurs), sur les 70 % d'enseignants dont l'âge a été

recensé, 2007 (ressources humaines)

AN

NE

XE

B

60

Nombre d'enseignants %

+ 70 111 1,6

65 à 69 148 2,1

60 à 64 350 4,9

55 à 59 625 8,8

50 à 54 1 443 20,4

45 à 49 1 820 25,7

40 à 44 1 399 19,8

35 à 39 818 11,6

30 à 34 160 2,3

25 à 29 160 2,3

20 à 24 39 0,6

Total (enseignants dont l'âge est

recensé)

7 073 100,0

Zanzibar : Profil d'âge des enseignants

61

Primaire Secondaire % Primaire Secondaire

Moins de 20 3 - 0,1 -

20 à 24 221 59 3,8 2,4

25 à 29 1 581 517 27,3 20,9

30 à 34 1 081 488 18,7 19,7

35 à 39 684 331 11,8 13,4

40 à 44 736 423 12,7 17,1

45 à 49 981 360 17,0 14,5

50 à 54 330 183 5,7 7,4

55 à 59 142 106 2,5 4,3

60 à 64 19 9 0,3 0,4

65+ 3 3 0,1 0,1

Total 5 781 2 479 100,0 100,0

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Siège de l’UNESCO7, place de Fontenoy

75352 Paris Cedex SP07, FranceTéléphone : +33145681558

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