les crampes musculaires essentielles

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Revue ge ´ne ´ rale Les crampes musculaires essentielles Primary muscle cramps G. Serratrice Service de neurologie et maladies neuromusculaires, Pr J. Pouget, ho ˆpital la Timone, 264, rue Saint-Pierre, 13385 Marseille cedex 05, France Les crampes musculaires, sympto ˆ me en apparence d’une extre ˆ me banalite ´ , sont de ´ finies cliniquement par une contrac- tion involontaire brutale et douloureuse d’un segment de muscle, d’un muscle ou de plusieurs muscles durant quelques secondes a ` quelques minutes, accompagne ´e d’un durcisse- ment intramusculaire focal palpable pouvant entraı ˆner un raccourcissement. L’e ´ tirement du muscle ou la contraction de son antagoniste ame ` nent souvent un soulagement. La revue neurologique 164 (2008) 416–425 info article Historique de l’article : Rec ¸u le 26 octobre 2007 Rec ¸u sous la forme re ´ vise ´e le 14 janvier 2008 Accepte ´ le 20 fe ´vrier 2008 Disponible sur Internet le 23 avril 2008 Mots cle ´s : Crampes musculaires essentielles Sujet a ˆge ´ Motoneurone Quinine Keywords: Primary muscle cramps Elderly Motoneuron Quinine re ´sume ´ Les crampes musculaires essentielles autrement dit sans cause apparente, sympto ˆme en apparence banal, sont d’une extre ˆ me fre ´ quence en particulier la nuit chez le sujet a ˆge ´ . Elles sont a ` se ´ parer des crampes secondaires survenant dans des conditions assez diverses. Elles doivent e ˆtre e ´ galement diffe ´ rencie ´ es des nombreuses douleurs musculaires abusivement e ´ tiquete ´ es crampes (n’ayant pas le caracte ` re spe ´ cifique de contraction musculaire brutale et involontaire entraıˆnant un durcissement douloureux palpable et accompagne ´ de de ´ charges re ´pe ´titives des unite ´s motrices sur l’e ´ lectromyogramme). La physiopathologie qui a e ´te ´ l’objet de nombreuses the ´ories, paraıˆt logiquement se rattacher a ` un point de de ´ part dans la portion distale du motoneurone. Le diagnostic diffe ´ rentiel se pose avec des formes be ´ nignes et surtout malignes comme la scle ´ rose late ´ rale amyotrophique. La the ´ rapeutique physique peut e ˆtre adjuvante. Il n’existe pas de traitement me ´dicamenteux efficace autre que la quinine dont l’action, malgre ´ quelques inconve ´ nients le plus souvent mineurs si on respecte la posologie, s’ave `re efficace dans les e ´tudes re ´cemment contro ˆle ´es. # 2008 Publie ´ par Elsevier Masson SAS. abstract Primary muscle cramps, without known cause, are very frequent especially in the elderly and during the night. They are different from secondary cramps. Likewise they are to be separated from several syndromes erroneously quoted as cramps. The pathophysiological mechanism seems due to result from an initial dysfunction in the distal part of the motoneuron. When the cramps are severe, differential diagnosis with amyotrophic lateral sclerosis may be difficult. Quinine is the best empiric treatment largely used in spite of moderate side effects. # 2008 Publie ´ par Elsevier Masson SAS. Adresse e-mail [email protected]. Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com 0035-3787/$ – see front matter # 2008 Publie ´ par Elsevier Masson SAS. doi:10.1016/j.neurol.2008.02.042

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Page 1: Les crampes musculaires essentielles

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 4 ( 2 0 0 8 ) 4 1 6 – 4 2 5

Disponib le en l igne sur www.sc iencedi rec t .com

Revue generale

Les crampes musculaires essentielles

Primary muscle cramps

G. Serratrice

Service de neurologie et maladies neuromusculaires, Pr J. Pouget, hopital la Timone, 264, rue Saint-Pierre, 13385 Marseille cedex 05, France

i n f o a r t i c l e

Historique de l’article :

Recu le 26 octobre 2007

Recu sous la forme revisee le

14 janvier 2008

Accepte le 20 fevrier 2008

Disponible sur Internet le

23 avril 2008

Mots cles :

Crampes musculaires essentielles

Sujet age

Motoneurone

Quinine

Keywords:

Primary muscle cramps

Elderly

Motoneuron

Quinine

r e s u m e

Les crampes musculaires essentielles autrement dit sans cause apparente, symptome en

apparence banal, sont d’une extreme frequence en particulier la nuit chez le sujet age. Elles

sont a separer des crampes secondaires survenant dans des conditions assez diverses. Elles

doivent etre egalement differenciees des nombreuses douleurs musculaires abusivement

etiquetees crampes (n’ayant pas le caractere specifique de contraction musculaire brutale et

involontaire entraınant un durcissement douloureux palpable et accompagne de decharges

repetitives des unites motrices sur l’electromyogramme). La physiopathologie qui a ete

l’objet de nombreuses theories, paraıt logiquement se rattacher a un point de depart dans la

portion distale du motoneurone. Le diagnostic differentiel se pose avec des formes benignes

et surtout malignes comme la sclerose laterale amyotrophique. La therapeutique physique

peut etre adjuvante. Il n’existe pas de traitement medicamenteux efficace autre que la

quinine dont l’action, malgre quelques inconvenients le plus souvent mineurs si on respecte

la posologie, s’avere efficace dans les etudes recemment controlees.

# 2008 Publie par Elsevier Masson SAS.

a b s t r a c t

Primary muscle cramps, without known cause, are very frequent especially in the elderly

and during the night. They are different from secondary cramps. Likewise they are to be

separated from several syndromes erroneously quoted as cramps. The pathophysiological

mechanism seems due to result from an initial dysfunction in the distal part of the

motoneuron. When the cramps are severe, differential diagnosis with amyotrophic lateral

cult. Quinine is the best empiric treatment largely used in spite of

.

sclerosis may be diffi

moderate side effects

# 2008 Publie par Elsevier Masson SAS.

Les crampes musculaires, symptome en apparence d’une

extreme banalite, sont definies cliniquement par une contrac-

tion involontaire brutale et douloureuse d’un segment de

muscle, d’un muscle ou de plusieurs muscles durant quelques

Adresse e-mail [email protected]/$ – see front matter # 2008 Publie par Elsevier Masson SAdoi:10.1016/j.neurol.2008.02.042

secondes a quelques minutes, accompagnee d’un durcisse-

ment intramusculaire focal palpable pouvant entraıner un

raccourcissement. L’etirement du muscle ou la contraction de

son antagoniste amenent souvent un soulagement. La

S.

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traduction electromyographique de la contraction involon-

taire est une decharge repetitive a haute frequence (200 a

300 Hz) de potentiels d’unites motrices. Le nombre d’unites

motrices activees augmente progressivement lors de la

crampe, s’etend a des regions de plus en plus etendues du

muscle, puis est suivie d’une decharge irreguliere precedant la

fin de la crampe et le retour par trace electrique a la normale.

Une crampe essentielle, encore dite benigne ou sans cause

apparente ou commune, doit etre differenciee d’une crampe

secondaire, elle-meme consecutive a des causes variees soit

benignes, soit severes, l’exemple le plus frequent et le plus

grave etant celui de la sclerose laterale amyotrophique. Bien

que les crampes soient un phenomene douloureux en

apparence banal, leur mecanisme reste incertain ou

complexe, leur frequence tres importante en particulier chez

le sujet age (Abdulla et al., 1999 ; Miller et Layzer, 2005), avec

des degres d’intensite variable, leur therapeutique limitee.

Elles sont particulierement observees dans le troisieme

trimestre de la grossesse au cours de laquelle, malgre l’usage,

il est impropre de les considerer comme essentielles (Simchak

et Pascuzzi, 1991).

1. Nomenclature : crampes et etats deraccourcissement musculaire

L’appellation de crampe, phenomene moteur et sensitif doit

etre stricte, correspondant a la definition precedente : cepen-

dant, elle n’est souvent pas respectee et le terme de crampe est

applique a des etats tres differents les uns des autres.

Doivent etre eliminees du cadre des crampes authentiques

(Serratrice et Rowland, 1999) :

� le

s myalgies pures, tres frequentes, de la douleur musculaire

simple a la « polymyalgia rheumatica » ou pseudopolyarth-

rite rhizomelique et aux myalgies sans substratum

anatomique ;

� le

s spasmes musculaires, contractions involontaires habi-

tuellement dues a une activite nerveuse comme le spasme

hyperalgique du syndrome de l’homme raide ;

� le

s mal nommees « crampes professionnelles », dont

l’exemple le plus courant est la crampe des ecrivains, qui

sont des dystonies ;

� le

s crampes d’effort, egalement mal nommees car ne

s’accompagnant jamais d’activite electrique. Il s’agit en fait

de contractures musculaires liees le plus souvent a un

trouble du metabolisme glycolytique, illustrees par la

maladie de Mac Ardle due a un deficit en phosphorylase

musculaire ;

� le

s contractures antalgiques au cours desquelles la douleur

precede habituellement la rigidite musculaire cette derniere

ayant pour effet de bloquer la douleur par le mecanisme

d’un reflexe nociceptif, les contractures rachidiennes etant

les plus frequentes ;

� e

nfin, les appellations de myogelose, points gachettes,

cordons palpables, zones indurees, zones nodulaires,

fibromyosites sont des termes dont l’utilisation n’est pas

justifiee. Ils tendent a definir un etat douloureux des

muscles qui sont cependant normaux cliniquement, mais

aussi du point de vue electromyographique et biopsique. Ces

termes qui ne reposent sur aucun substratum prouve

s’appliquent souvent a des etats psychogeniques et sont

totalement independants des crampes essentielles.

Malgre cette recherche d’une nomenclature stricte, restent

des etats de crampes vraies associees a d’autres symptomes, le

plus representatif etant le syndrome crampe – fasciculations

benignes, forme de transition qui ne doit pas conserver sa

place parmi les crampes essentielles.

2. Physiopathologie des crampes musculairesessentielles

La physiopathologie des crampes est mal connue (Rowland,

1985), en particulier leur point de depart topographique. Il est

interessant de rappeler que de longue date (Jansen et al., 1990),

diverses theories ont ete avancees, afin de tenter d’expliquer

ce symptome en apparence banal.

Un desordre psychosomatique a ete initialement suspecte

(Holmes, 1951), incriminant un terrain anxieux, insatisfait

avec sentiment d’humiliation et de menace, la crampe ayant la

signification d’un etat d’alerte et de protection vis-a-vis de

l’environnement et s’installant peu a peu dans un cercle

vicieux. D’autres auteurs avaient suspecte des relations

reciproques entre reves, cauchemars et crampes (Vold,

1921 ; Nacke, 1901) et aussi avec l’hysterie (Kehrer, 1923).

Ces hypotheses ne paraissent pas avoir ete confirmees, encore

qu’un facteur anxieux puisse etre favorisant de meme qu’une

insomnie rebelle.

Une origine vasculaire a egalement ete suggeree : etirement

du perimysium obstruant les vaisseaux perforant les fascia,

creant une acidose lactique (Erben, 1928), l’etirement muscu-

laire retablissant la circulation et eliminant l’acide lactique. La

frequence des crampes nocturnes serait ainsi expliquee par

les habitudes d’extension des pieds pendant la nuit, ce qui

raccourcirait les mollets et etirerait les fascia. La stase

veineuse, (Moss et Herrmann, 1947) ou l’etirement des

dilatations variqueuses (Rivlin, 1973) seraient egalement en

cause dans les crampes nocturnes.

Des anomalies posturales modifiant la statique des

membres inferieurs predisposeraient a une fatigue anormale

et a des crampes (Gonce et Delwaide, 1982 ; Perchuk, 1964).

Dans un autre sens, un reflexe segmentaire a point de depart

squelettique (deformations osseuses, arthrites) creerait des

decharges d’influx sur les jonctions myoneurales (Gootnick,

1943). Cette theorie aurait pour interet de rendre compte d’une

part, de la frequence des crampes chez le sujet age dont les

lesions osseuses degeneratives sont frequentes, en particulier

pour les membres inferieurs et d’autre part, de la predomi-

nance nocturne, la contraction diurne intermittente des

mollets maintenant un certain degre de tonus disparaissant

lors du decubitus (Nicholson et Falk, 1945).

Une origine musculaire pure fut suggeree par Strumpell

(1921) qui comparait les crampes a de violentes coliques issues

non pas des contractions des myofibrilles, mais du sarco-

plasme. Par la suite, des anomalies metaboliques ont ete

invoquees sur la base des frequentes crampes des dialyses

(Chillar et Desforges, 1972). Mais cela ne concerne pas les

crampes essentielles.

Page 3: Les crampes musculaires essentielles

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Le tonus musculaire lui-meme, qui normalement disparaıt

pendant le sommeil, ne paraıt pas intervenir directement dans

la production des crampes et l’intervention directe du fuseau

neuromusculaire dans celles-ci n’a pas ete prouvee. Les

fuseaux sont des sortes de ressorts dont les extremites se

contractent sous l’effet des motoneurones gamma ce qui

stimule les terminaisons nerveuses sensitives (fibres IA pour

les fuseaux a sac nucleaire articules avec les neurones alpha

toniques de la moelle, fibres II pour les fuseaux a chaınes

nucleaires articules par voie polysynaptique avec les neurones

alpha toniques qui sont ainsi sous un controle continu et

innervent les fibres musculaires a fonction tonique). Les

motoneurones alphatoniques sont adaptes a la posture. On a

invoque leur bistabilite (Baldissera et al., 1994) par stimulation

des afferences IA (en dessous du seuil des afferences motrices)

creant crampes et myokimies ulterieurement arretees par

stimulation des afferences inhibitrices. L’organe tendineux de

Golgi a un effet inhibiteur par l’intermediaire des fibres IIB qui

modulent les effets precedents ce qui aurait pu expliquer que

l’abolition de la crampe par etirement serait due a la mise en

jeu des afferences inhibitrices nees dans l’organe de Golgi et

venant inhiber le motoneurone. Toutefois, ce systeme

intramusculaire et regulateur, n’a jamais ete prouve comme

intervenant dans les crampes musculaires. En particulier,

l’etirement de l’organe tendineux de Golgi n’a pas ete retenu.

Si le siege intramusculaire de l’origine des crampes paraıt

peu probable, divers arguments sont en faveur de la naissance

des decharges spontanees dans le nerf moteur : experimen-

talement, le declenchement des crampes par stimulation du

motoneurone (Lanari et al., 1973) ; cliniquement, une lesion

musculaire pure, au contraire d’une lesion du nerf periphe-

rique, ne s’accompagne pas de crampes ; du point de vue

electromyographique, les decharges spontanees de potentiels

d’unite motrice a haute frequence sont caracteristiques d’une

activite nerveuse et non musculaire ; il en est de meme pour

les fasciculations de point de depart commun aux crampes qui

sont souvent presentes sur le trace en debut et en fin de

crampes. Il apparaıt ainsi indiscutable que le point de depart

de la crampe se situe dans le motoneurone peripherique.

Reste a determiner si le siege initial se situe dans la portion

proximale, plus specialement dans la corne anterieure de la

moelle epiniere ou au contraire dans la portion distale du

motoneurone. Une origine proximale, dans le perikaryon du

motoneurone, a naguere ete consideree comme possible

(Norris et al., 1957), ne serait ce que par analogie avec les

crampes secondaires de la sclerose laterale amyotrophique ou

du syndrome de Kennedy. Un argument etait que la sedation

obtenue par contraction des antagonistes s’expliquait par un

reflexe spinal inhibiteur. Le role des interneurones GABAergi-

ques a ete soupconne au cours d’atteintes de la corne

anterieure de la moelle (sclerose laterale amyotrophique et

syndrome de Kennedy en raison de la sedation des crampes

sous l’effet des agonistes du GABA A (diazepam) dont les

recepteurs se situent dans les lames I–X de la corne anterieure

et des agonistes du GABA B (baclofene) dont les recepteurs se

situent dans les lames I–IV de la corne anterieure).

Du fait que la crampe persiste pendant le sommeil,

l’anesthesie generale ou spinale et le blocage du tronc

nerveux, une origine peripherique soupconnee de longue date

paraıt plus probable (Layzer, 1980). Cette hypothese fut en effet

initialement proposee par Wernicke, 1904 qui decrit la

« crampus neurosis » survenant au mouvement passif ou

actif, bloquant la respiration. Il invoquait un reflexe spinal

declenche par l’irritation des terminaisons sensitives intra-

musculaires, parfois favorise par des toxiques. L’examen

electrophysiologique de ses patients le conduisit a decrire un

etat « subneuritique ». Bittorf (1910) se rattache egalement a

une atteinte des terminaisons du motoneurone, alors que

Klimke (1936) suggere une stimulation excessive du systeme

nerveux sympathique, hypothese qui n’a jamais fait sa preuve.

Ce sont surtout Denny-Brown et Foley (1985) qui montrent les

relations entre crampes et fasciculations, ces dernieres etant

presentes en debut de crampes et devenant des potentiels de

haute frequence. Ils estiment que l’activite naıt probablement

d’une excitabilite anormale et de la propagation spontanee des

influx a partir des terminaisons distales du motoneurone,

diffusant aux portions adjacentes des muscles. Les fascicu-

lations sont de forme variable selon que leur origine est

proximale ou distale. Ces donnees sont definitives selon

Lambert (1968) qui fait naıtre des crampes par stimulation

distale a un bloc nerveux peripherique, ce qui est ulterieure-

ment confirme par Bertolasi et al. (1993). Ces auteurs

provoquent des crampes par stimulation du nerf a haute

frequence, meme apres bloc distal. La crampe n’est induite

qu’apres un certain seuil de stimulation. Inversement l’etire-

ment musculaire arrete la crampe meme apres bloc, ce qui

elimine un reflexe spinal et montre qu’il s’agit d’un effet

peripherique.

Une activite des terminaisons axonales pouvant creer des

fasciculations peut etre determinee par la deshydratation qui

rapprochant les terminaisons, favoriserait une activite elec-

trique ectopique. De meme, l’ischemie apparaissant lors de la

crampe augmenterait egalement cette activite electrique en

liberant des ions et de l’acetylcholine (Hong et al., 1977).

Inversement cela pourrait rendre compte des effets de

l’etirement qui ameliorerait le flux sanguin et separerait les

foyers ectopiques.

L’explication de la douleur particuliere qui accompagne la

contraction du muscle dans lequel siege la crampe a ete

diversement concue. Les hypotheses anciennes comme

l’irritation des racines anterieures soutenue par Brown

Sequard ou l’excitation des fibres sensitives proposee par

Vulpian ne reposent pas sur des bases precises. L’etude

experimentale des fibres amyeliniques cutanees (Collins et al.,

1960) a montre que la douleur est provoquee par la stimulation

des fibres les plus fines A delta, puis C en particulier. Pour les

afferences amyeliniques musculaires (Serratrice et al., 1980)

deux types de recepteurs sont en presence, les recepteurs

nociceptifs, pour la plupart polymodaux et les recepteurs

« silencieux » dont le role dans le muscle est mal connu. Le flux

sanguin etudie apres injection de Xenon 133 se modifie apres

activation chimique des afferences III et IV musculaires. Cela

s’ajoute a un effet de facilitation des motoneurones par les

afferences de petit calibre. Une application pourrait en

decouler dans l’interpretation de certaines crampes muscu-

laires. Le role des fibres C (fibres IV) paraıt particulierement

important (Tableau 1).

Sous l’effet de la liberation de substances algogenes (KCl,

lactates), les fibres IV stimulees facilitent les motoneurones

homonymes ce qui est a l’origine d’une contraction soutenue.

Page 4: Les crampes musculaires essentielles

Tableau 1 – Role des fibres C dans les crampesmusculaires : le cercle vicieux des crampesRole of C fiber in muscular cramps: the vicious circle ofcramps

Facilitation des motoneurones alpha par les fibres C (fibres IV),

elles-memes stimulees par les polypeptides algogenes (KCl,

lactates)

Contraction musculaire soutenue consommant de l’ATP

L’epuisement de l’ATP cree une contracture silencieuse

L’effet de la contraction musculaire est celui d’un garrot interne a

l’origine d’une ischemie

Liberation des polypeptides algogenes KCl et lactates stimulant les

fibres C, ce qui cree un cercle vicieux

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Celle-ci consomme de l’ATP dont l’epuisement est a l’origine

d’une contracture silencieuse. Mais elle est aussi a l’origine

d’un effet de garrot interne dont la consequence est une

ischemie et la liberation des memes substances (KCI ou

lactates), donc d’une sorte de cercle vicieux pouvant etre a

l’origine des crampes. Ainsi, l’etude des fibres amyeliniques

cutanees et musculaires, si elle confirme leur fonction

nociceptive, apporte cependant quelques nuances a la theorie

de la « porte » et suggere manifestement une fonction non

nociceptive a seuil bas. Cette fonction qui est mieux connue

pour les visceres (Serratrice et al., 1978), s’applique vraisem-

blablement a la peau pour des thermo- et des mecanorecep-

teurs a seuil bas et aussi au muscle dans des regulations

segmentaires a la fois motrices et vasculaires.

3. Semiologie des crampes essentielles

Les crampes essentielles, crampes vraies, sans cause appa-

rente surviennent a tout age, chez les adolescents (Nicholson

et Falk, 1945) et plus particulierement chez les sujets ages

(Abdulla et al., 1999 ; Naylor et Young, 1994 ; Oboler et al., 1991 ;

Butler et al., 2002) chez lesquels il s’agit tres souvent de

crampes nocturnes. Les crampes apparaissent ainsi au repos,

eveillent le patient, siegent sur les muscles du mollet, parfois

des pieds et de la racine des membres inferieurs en particulier

les adducteurs. La douleur est insupportable, a type de

broiement. La contraction violente entraıne un durcissement

du muscle qui se tend et devient d’une durete ligneuse. Cette

diminution de volume se fait sous forme d’un creusage du

muscle, formant une veritable fossette profonde a bords

reguliers ou encore d’une retraction plus ou moins sinueuse de

la peau. L’apparition est soudaine ; si le debut est nocturne, le

muscle peut rester endolori pendant plusieurs heures. Des

crampes violentes peuvent arracher des insertions tendineu-

ses distales et, laissant persister des douleurs permanentes,

sont considerees a tort comme des gonalgies. La palpation des

muscles de la cuisse eveille parfois des douleurs persistantes

et peut evoquer le diagnostic.

Les facteurs de declenchement de la crampe sont mal

connus (Young et al., 1989). Toutefois, certains sont parfois

determines – notamment posturaux. Par exemple une posture

inhabituelle prolongee, accroupissement, abduction des cuis-

ses lors d’un long trajet en motocyclette peuvent etre suivis de

crampes nocturnes dans les territoires etires. Un exercice

nouveau peut egalement declencher des crampes persistant

pendant quelques jours ou quelques semaines. Les crampes

vraies sont a ne pas confondre avec les crampes d’effort

signalees precedemment et imparfaitement nommees puis-

qu’il s’agit de contractures d’exercice sans activite electrique.

Un muscle age peut etre rendu susceptible a des crampes

d’exercice par plusieurs mecanismes : perte moderee de

motoneurones de la corne anterieure de la moelle par le

phenomene anterieurement denomme tephromalacie, dimi-

nution des telomeres, reduction d’activite des cellules

satellites musculaires, rarefaction des capillaires avec ische-

mie, alteration des complexes de la chaıne respiratoire des

mitochondries, foyers ectopiques en relation avec une des-

hydratation locale. Les crampes de la grossesse sont souvent

classees a tort parmi les crampes essentielles puisqu’elles

surviennent dans le troisieme trimestre de la gestation, chez

30 % des femmes et sont dues a une hypo-osmolarite.

Parmi les examens complementaires utiles, le dosage de la

creatine kinase serique doit etre normal ou peu augmente en

cas de crampes essentielles.

L’electromyogramme entrepris lors de la crampe enregistre

la survenue involontaire d’une decharge repetitive de poten-

tiels d’action d’unites motrices pulsant a haute frequence

(superieure a 150 Hz) dans une portion etendue de muscle,

habituellement associee a une contraction musculaire dou-

loureuse. La frequence de la decharge et le nombre de

potentiels d’unite motrice augmentent progressivement lors

du developpement de la crampe, puis se reduisent peu a peu

disparaissant lorsque la crampe cesse. L’electromyogramme

est normal entre les episodes de crampes. Les crampes sont

souvent accompagnees de fasciculations au debut ou dans

leur deroulement.

Une decision delicate, objet de discussions recentes, est

celle de l’indication d’une biopsie musculaire au cours des

myalgies et des crampes. Dans une etude retrospective de 240

patients presentant des douleurs musculaires isolees (dou-

leurs simples, crampes ou les deux), Filosto et al. (2007) ont

releve les chiffres suivants : 19 % de biopsies normales, 80 %

d’anomalies histologiques, mais seulement 20 % aboutissant a

un diagnostic precis et 6 % une myopathie specifique. Cela

montre les limites de la signification de la biopsie musculaire.

Dans le detail, l’etude de Filosto et al. (2007) a montre donc

dans 81 % des cas, des anomalies minimes (variation de taille

des fibres, parfois necrose, noyaux internes, fibres mangees

aux mites), mais parmi celles-ci, des lesions myopathiques

chez huit patients : agregats tubulaires, central core, fibres

lobulees, anomalies des types de fibre. Des anomalies

mitochondriales etaient presentes dans 47 cas. Enfin, un

aspect neurogene (groupement de fibres, fibres anguleuses)

etait constate chez 17 patients. Les auteurs ont separe ces

resultats en quatre groupes : lesions heterogenes dans la

moitie des cas sans anomalie specifique (caveoline, calpaıne,

sarcoglycans notamment) ; anomalies mitochondriales (fibres

rouges dechiquetees, deficit en cytochrome oxydase), mais ne

permettant pas le diagnostic de mitochondriopathie ; aspect

neurogene ; le groupe le plus significatif etant celui des peu

nombreuses myopathies metaboliques.

Ainsi, la decision d’une biopsie musculaire est

« douloureuse » (a painful decision, Kissel, 2007), car il est

difficile de savoir a l’avance si elle sera informative. Nean-

moins, il paraıt logique d’entreprendre cet examen chez des

Page 5: Les crampes musculaires essentielles

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sujets particulierement genes par des crampes qui ne font pas

leur preuve et qui constituent un handicap dans la vie

courante, en sachant qu’en cas de negativite on en reviendra

au diagnostic de crampes essentielles et a un traitement

purement symptomatique.

L’evolution des crampes essentielles est mal connue. Chez

le sujet jeune, chez lequel elles sont souvent secondaires a un

exercice inhabituel de par la position qu’il entraıne ou en

raison de sa duree prolongee, les crampes cessent en general

apres quelques jours de repos. Chez le sujet age, les crampes

surviennent parfois par periodes et sont mal ressenties par le

patient. Le declenchement de ces periodes peut etre favorise

par un desequilibre alimentaire, une fatigue inexpliquee ou un

facteur nerveux, les relations avec le sommeil etant signalees

precedemment.

On ne connaıt pas d’etudes a long terme sur l’evolution des

crampes essentielles, en particulier par l’analyse de cohortes.

D’une maniere generale, les crampes benignes deviennent

rarement invalidantes et permettent une activite physique

normale. Elles n’ont pas de relation avec les contractures

d’effort.

Il va de soi que la severite des crampes est variable et que

cette variabilite doit guider la therapeutique. Des crampes

n’interferant pas avec les activites ou avec le sommeil ne

justifient pas de traitement medicamenteux, de meme que des

crampes a l’exercice n’ayant pas d’autre retentissement. En

revanche, des crampes continues limitant les activites

journalieres et entraınant des troubles du sommeil justifient

des explorations et un traitement.

La rare « maladie des crampes » est un veritable etat de mal

survenant chez les hommes adultes apres un episode de

surmenage. Les crampes a debut insidieux, puis evoluant par

acces subsistants, sont localisees aux membres inferieurs et a

la paroi abdominale et evoluent pendant plusieurs mois ou

plusieurs annees. Elles s’accompagnent parfois de signes

neuropathiques frustes : paresthesies, hyporeflexie.

Le syndrome de Satoyoshi, egalement rare, associe

des spasmes musculaires douloureux (dont le caractere

de crampe est incertain) remontant a l’enfance, des

anomalies osseuses avec destruction epiphysaire, une

diarrhee avec malabsorption intestinale, une amenorrhee

et une alopecie. Les crampes intermittentes sont groupees

en acces, d’abord sur les membres, puis diffus, creant un

opisthotonos. Elles sont declenchees par stimulation elec-

trique, sauf si celle-ci est distale apres bloc nerveux.

L’origine serait une hyperexcitabilite du motoneurone. Le

diazepam est sans effet. L’association de phenytoıne, de

quinine et de chlorpromazine est active. Une origine

immunologique est possible et une amelioration a ete

rapportee chez certains cas traites par tacrolimus et

corticosteroıdes (Endo et al., 2003).

Les formes hereditaires de crampes generalisees de

transmission autosomique dominante (Ricker et Mosley,

1990) sont connues avec des crampes severes debutant dans

l’adolescence (Hanson et Mincy, 1975). Parfois les crampes ont

une predominance distale (Jusic et al., 1972). Le taux de

creatine kinase est moderement eleve. L’electromyogramme

est plutot de type neurogene ; mais, dans une famille, la

biopsie musculaire etait de type myopathique (Hanson et

Mincy, 1975).

4. Diagnostic differentiel : les crampessecondaires

Il est essentiel de reconnaıtre les crampes secondaires, en

particulier celles revelatrices d’affections severes comme la

sclerose laterale amyotrophique au cours de laquelle les

crampes sont souvent inaugurales, souvent diffuses, surtout

chez le sujet age puis disparaissent peu a peu avec l’evolution.

Elles ont ete classees par Eymard (2007).

4.1. Crampes diffuses par atteinte du neurone moteur

Le syndrome crampes-fasciculations benignes entre dans le

cadre des hyperexcitabilites neuromusculaires et, comme la

crampe essentielle, releve d’une origine distale, mais en

differe par un mecanisme dysimmun.

Le syndrome crampes-fasciculations benignes (Recordier

et Serratrice, 1964 ; Hudson et al., 1978 ; Tahmoush et al., 1991 ;

Lagueny, 2005) est fait de douleurs et de crampes, localisees

aux muscles inferieurs, exacerbees par l’exercice avec

fasciculations et myokimies (Denny-Brown et Foley, 1948).

Une hyperexcitabilite nerveuse s’accompagne d’after dischar-

ges sur l’electromyogramme (decharges suivant la stimulation

nerveuse), sans activite veritablement continue des unites

motrices. La carbamazepine les ameliore partiellement. La

benignite de l’evolution est de regle.

Ces formes different des fasciculations isolees avec electro-

myogramme normal, evoluant sur un terrain anxieux, plus

souvent chez l’homme adulte, (11 fois sur 12) a un age moyen de

46,3 ans (Serratrice et al., 2004). Elles doivent surtout etre

distinguees de la sclerose laterale amyotrophique debutante

d’evolutionulterieure gravissime(Eisenetal., 1992 ;DeCarvalho

et Swash, 2004). Le diagnostic est ainsi primordial et diverses

methodesanalysees par Lagueny (2005) tententd’aboutir a cette

separation. Notamment la frequence de decharges elevees et la

forme stable des potentiels s’opposent a la frequence moindre

et a l’instabilite des potentiels dans les muscles deficitaires de la

sclerose laterale amyotrophique. Recemment encore, plusieurs

travaux methodologiques ont ete publies dans ce sens : Miller et

Kenneth, 2007 soulignent la valeur de la stimulation electrique

et proposent un protocole reduisant les douleurs provoquees

par l’examen ; Harrison et Benatar, 2007 utilisent egalement la

stimulationnerveuse repetitive dunerf tibial ; Kleine et al. (2007)

preconisent l’electromyographie de surface a haute densite, en

analysant les intervalles entre les diverses decharges, poten-

tiels et fasciculations, doublets, multiplets.

Le syndrome crampes-fasciculations benignes est a ratta-

cher a une canalopathie potassique. Il est le degre le plus benin

des hyperexcitabilites neuromusculaires improprement

denommees neuromyotonies dont les varietes d’intensite

progressive sont les formes pseudomyotoniques avec contrac-

tures distales paroxystiques (tetanie normo calcemique avec

spasmes carpopedieux et meme larynges), les formes rigides

avec contracture permanente (chevalier en armure) et surtout,

celles avec manifestations centrales (insomnie majeure,

hallucinations, confusions, delire, dysautonomie evoluant

vers la mort) correspondant a la choree fibrillaire de Morvan.

La physiopathologie commune a ces formes d’hyperexcitabi-

lite neuromusculaire est une canalopathie potassique

auto-immune due a un blocage des canaux potassium

Page 6: Les crampes musculaires essentielles

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voltage-dependant par des autoanticorps (Newsom-Davis et

Mills, 1993).

Ainsi, le syndrome crampes-fasciculations benignes

occupe une place strategique, parfois difficile a determiner,

en etant soit d’evolution benigne, soit en s’integrant dans des

formes plus importantes d’hyperexcitabilite neuromusculaire

et de neuromyotonie, soit en marquant le debut d’une sclerose

laterale amyotrophique d’issue rapidement fatale.

Soupconner une sclerose laterale amyotrophique devant

un tableau de crampes musculaires est un acte grave. Les

elements pouvant attirer l’attention sont l’importance des

crampes qui s’attenueront peu a peu avec l’evolution, la

diffusion des fasciculations notamment a la langue et

progressivement une faiblesse et une amyotrophie d’un

membre superieur, une participation bulbaire, la rapidite de

l’aggravation. L’electromyogramme montre la diffusion des

traces de denervation au moins dans trois territoires bulbaires

et spinaux.

Une autre forme, bulbospinale beaucoup moins grave, le

syndrome de Kennedy lie a l’X comporte des crampes,

d’importantes fasciculations, un tremblement d’attitude,

une gynecomastie et un deficit proximal. Il est en rapport

avec une mutation du gene des recepteurs aux androgenes.

Le syndrome postpolio comporte parfois des crampes et

des fasciculations sans gravite par dysfonctionnement mineur

du motoneurone.

4.2. Crampes localisees a un territoire radiculaire ouplexique

Ces crampes localisees a un territoire radiculaire (sciatique,

nevralgies cervico-brachiales) sont associees a des douleurs a

type de decharge electrique, troubles sensitifs, areflexie,

parfois fasciculations. Les crampes d’origine plexique, surtout

mecaniques ou postradiques, s’accompagnent souvent de

myokimies.

4.3. Crampes des neuropathies peripheriques

Carentielles ou diabetiques, elles portent sur les mollets et

s’accompagnent de troubles sensitifs et reflexes.

4.4. Crampes localisees et isolees

Frequentes, elles ne sont pas pathologiques et portent surtout

sur les mollets sans atteinte du motoneurone ; elles sont

souvent declenchees par la grossesse, la fatigue en particulier

la natation, la deshydratation, le froid et certaines postures.

Les derives quininiques les ameliorent (Eymard, 2007).

4.5. Crampes d’origine medicamenteuse ou toxique

Les anticholinesterasiques et la 3-4 diaminopyridine, creent

une hyperexcitabilite de l’unite motrice par accumulation

d’acetylcholine dans la jonction neuromusculaire. Les

modifications sodique et potassique des diuretiques, des

laxatifs, des corticoıdes sont egalement en cause de meme

que les organophosphores inhibant l’acetylcholinesterase et

certains venins de serpent declenchant des crampes avec

fasciculations.

4.6. Crampes des affections endocriniennes

Il s’agit surtout de l’hypothyroıdie avec crampes et elevation

du taux de creatine kinase serique, souvent enraidissement

douloureux, myo-œdeme. Les crampes sont frequentes

egalement dans l’insuffisance surrenale avec hyperkaliemie

et hyponatremie.

La maladie de Flier, de transmission autosomique reces-

sive, est caracterisee par des crampes et des myalgies de

longue duree associees a un acanthosis nigricans et a une

hypertrophie des extremites. La maladie est due a un

hyperinsulinisme par anomalie des recepteurs.

4.7. Crampes de l’intolerance a l’effort

Elles constituent un groupe particulier (Ziltener et Leal, 2006)

deja ecartees du cadre des crampes vraies dans le paragraphe

de nomenclature. Les plus connues sont les crampes des

glycogenoses musculaires au premier rang desquelles, le

deficit en phosphorylase (maladie de Mc Ardle). Debutant dans

l’enfance ou l’adolescence lors d’un effort bref, precedees de

douleurs, elles sont dues a un blocage energetique secondaire

a l’absence de degradation du glycogene. Le phenomene du

second souffle est classique, mais relativement rare, du au

relais metabolique qui constitue l’oxydation des graisses. Le

taux de creatine kinase serique est eleve. L’acide lactique ne

s’eleve pas a l’effort. La biopsie musculaire montre une

accumulation de glycogene et l’absence de phosphorylase.

Certaines dystrophies musculaires genetiques a forme pseudo

metabolique sont revelees par des crampes d’effort, en

particulier les dystrophinopathies, par une elevation du taux

de creatine kinase, associee a des discrets signes cliniques et

surtout a des anomalies de la biopsie musculaire. Des crampes

peuvent egalement survenir au cours de certaines formes de

myopathies avec agregats tubulaires, du syndrome de Brody et

dans une forme localisee de certains syndromes de loge.

4.8. Crampes survenant dans un tableau de contracturesmusculaires

Elles surviennent notamment lors du retard de relaxation

myotonique, dans certaines canalopathies sodium (paramyo-

tonie congenitale) ou du chlore (myotonie congenitale), dans le

syndrome de l’homme raide (spasmes et crampes hyper-

douloureuses sur un fond de contracture permanente par

hyperexcitabilite neuronale induite par des anticorps anti-

GAD) et aussi dans le tetanos ou des crampes douloureuses du

dos et de l’abdomen precedent une contracture diffuse avec

trismus.

Le rippling muscle syndrome qui pourrait se traduire par

« ondulations musculaires », comporte des crampes et des

myalgies, mais est surtout caracterise par des sortes d’inden-

tations declenchees par la percussion et traversant le muscle.

Le silence electrique est habituel. La transmission, auto-

somique dominante, est liee a une mutation du gene de la

caveoline-3.

Ainsi, si la crampe est un symptome tres banal, le plus

souvent sans signification pathologique (Eymard, 2007), elle

peut reveler une affection neuromusculaire grave qu’il est

indispensable de diagnostiquer.

Page 7: Les crampes musculaires essentielles

Tableau 2 – Therapeutique des crampes essentiellesTreatment of primary muscle cramps

Symptomatique

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 4 ( 2 0 0 8 ) 4 1 6 – 4 2 5422

Les donnees precedentes sont schematisees dans un arbre

decisionnel simple (Fig. 1) resumant les situations les plus

frequentes et la conduite a tenir devant des crampes.

Etirement du muscle

Quinine

Principe actif ayant fait l’objet du plus grand nombre d’etudes

dans les crampes essentielles

Posologie recommandee : 160 a 480 mg par jour, a reduire ou

arreter selon l’amelioration

Efficacite superieure au placebo

Autres traitements pharmacologiques

Anticonvulsivants, toxine botulique, verapamil. . .

Une crampe isolee ne justifie pas de traitement

5. Traitement des crampes essentielles

5.1. Traitement symptomatique

Il est surtout fait de methodes physiques empiriques etirant

le muscle et activant les antagonistes (Daniell, 1979). La

station debout est parfois utile pour calmer une crampe

nocturne. Parfois, l’etirement preventif des mollets dans la

journee previent les crampes du coucher. L’utilisation de

gouttieres pendant la nuit peut empecher l’extension passive

des mollets. Ces methodes simples sont preconisees par

certains, afin de retarder le traitement medicamenteux

(Tableau 2).

5.2. La quinine

Les premiers benefices de la quinine sur les crampes

musculaires ont ete mis en evidence au cours des annees

1930 par Wolf (1936) qui avait constate un soulagement de la

douleur sous quinine chez des patients atteints de dystrophie

myotonique. Se basant sur ces observations, Moss et Herr-

mann en 1940 ont ete les premiers a mettre en evidence le

benefice de la quinine chez des patients presentant des

crampes musculaires nocturnes. Par la suite, de nombreuses

etudes cliniques ont permis de conforter l’interet de la quinine

dans les crampes musculaires essentielles.

La quinine a pour effet de diminuer l’excitabilite de la

plaque motrice apres stimulation nerveuse et son action est

apparue efficace des les premiers essais (Moss et Herrmann,

1940). La quinine est rapidement absorbee par voie digestive.

Le pic de concentration est obtenu en une a trois heures. La

quinine plasmatique est presque entierement liee aux pro-

teines. Elle est transformee par le foie en metabolite inactif,

Fig. 1 – Demarche diagnostique devant une crampe.

Diagnostic approach in patients with cramps.

puis est eliminee par les urines et disparaıt en 24 heures apres

arret du traitement.

Deux meta-analyses ont evalue l’efficacite de la quinine

dans les crampes nocturnes des sujets ages. La premiere

(Man-Son-Hing et Wells, 1995) a reuni 107 patients ambu-

latoires a partir de six etudes randomisees en double insu,

avec le but de determiner si la quinine etait superieure au

placebo, ce qui n’avait pas ete etabli anterieurement. Il

est apparu que la quinine diminuait le nombre des crampes

nocturnes des membres inferieurs et reduisait egalement le

nombre de nuits pendant lesquelles surviennent les cram-

pes. En revanche, il n’etait pas observe d’effet sur la duree

ou l’intensite d’une crampe constituee. Dans une meta-

analyse ulterieure, Man-Son-Hing et al. (1998) ont reuni

659 patients ambulatoires, presentant regulierement des

crampes des membres inferieurs. Ils ont confirme l’efficacite

de la quinine dans la prevention des crampes essentielles,

avec toutefois une relative moindre frequence que dans la

premiere etude. Par ailleurs, ils ont signale l’eventualite de

bourdonnements d’oreille desagreables pour le patient.

Dans leur conclusion, ils conseillent d’entreprendre en

premiere intention un etirement passif regulier des muscles

siege de crampes (Daniell, 1979) et, si la qualite de vie reste

Page 8: Les crampes musculaires essentielles

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affectee, d’utiliser alors la quinine pendant au moins quatre

semaines.

Une etude controlee en double insu de Jansen et al. (1997) a

ete menee aupres de 102 patients recevant soit 300 mg

d’hydroquinine (n = 49), soit un placebo (n = 53). Soixante-cinq

pourcent des patients du groupe traite pendant deux semaines

ont presente une reduction d’au moins 50 % du nombre de

crampes contre seulement 19 % dans le groupe placebo. Ici

encore il n’a pas ete observe d’action sur la duree ou la severite

de la crampe constituee. De plus, existait un after effect apres

arret du traitement pouvant durer plusieurs mois. Les effets

secondaires etaient mineurs. Ces auteurs ont conclu a l’utilite

du traitement preventif et curatif des crampes essentielles par

la quinine.

Plus recemment, l’etude de Diener et al. (2002) a inclus 98

patients, ages de 18 a 70 ans, ayant presente plus de six

crampes au cours des deux semaines precedant l’entree dans

l’etude. Une superiorite de la quinine (400 mg par jour) par

rapport au placebo a ete mise en evidence sur la diminution du

nombre de crampes et le nombre de jours sans crampes.

Au total l’efficacite de la quinine sur les crampes

essentielles apparaıt indiscutable, meme si des inconvenients

moderes sont possibles, comme la survenue d’acouphenes.

En pratique, les doses de quinine recommandees dans la

prise en charge des crampes musculaires (Beyens et al., 1999)

se situent entre 160 et 480 mg par jour, sans depasser

environ un quart de la dose utilisee dans le traitement du

paludisme.

Certains effets indesirables des traitements a base de

quinine (Beyens et al., 1999) sont des reactions d’hypersensi-

bilite independantes du dosage : reactions cutanees (prurit,

erytheme, purpura, photosensibilisation et parfois reactions

anaphylactiques), reactions hematologiques (thrombopenies

favorisees par les boissons « toniques » et exceptionnellement

pancytopenies), coagulation intravasculaire disseminee rare-

ment hepatite granulomateuse ou hypoglycemie. Des troubles

psychotiques ont egalement ete rapportes.

Le cinchonisme est la denomination des effets toxiques du

sulfate de quinine (du nom de l’arbre « cinchona » dont la

quinine est derivee). Les signes apparaissent surtout au-dela

de 500 mg par jour. Les symptomes sont des troubles visuels

(amblyopie, diplopie, hemeralopie transitoire) et auditifs

egalement transitoires (hypoacousie, bourdonnement), des

vertiges, des troubles digestifs (nausees, vomissements,

diarrhee), de la fievre. A tres fortes doses, au-dela de

10 mg/l, des spasmes de l’artere centrale de la retine, une

cecite permanente ont ete signalees (Boland et al., 1985 ;

Prasad et al., 2003). Une thrombocytopenie a ete observee

(Reddy et al., 2004), ainsi qu’une interaction avec la warfarine.

Au-dela de 3 g par voie orale en une seule prise, une

depression centrale et des crises convulsives d’evolution

fatale peuvent se produire.

Malgre leur faible frequence, ces effets ont amene la FDA a

deconseiller en 1995 l’automedication par le sulfate de quinine

dans les crampes musculaires. En France, d’apres une enquete

nationale de pharmacovigilance (menee entre 1985 et 1996),

les patients traites par la quinine pour des crampes muscu-

laires et ayant presente des effets indesirables ont tous connu

une evolution favorable (Beyens et al., 1999). En effet, le

benzoate de quinine commercialise en France dans l’indica-

tion « crampes musculaires essentielles » sous differents noms

de marques, n’est pas accessible en automedication mais

uniquement sur prescription.

5.3. Autres traitements pharmacologiques

Les anticonvulsivants tels que carbamazepine et phenytoıne

sont sans action.

La gabapentine aurait ete efficace chez 30 patients dans un

essai ouvert (Serrao et al., 2000).

La toxine botulique injectee dans le mollet, diminuant la

liberation d’acetylcholine, aurait ete utile dans des cas

familiaux (Bertolasi et al., 1997), mais reste une therapeutique

agressive.

Le verapamil, bloqueur calcique, serait efficace dans les

crampes nocturnes du sujet age (Baltodano et al., 1988).

Les vitamines B et C, le calcium ou le magnesium, n’ont

aucun effet sur les crampes musculaires essentielles.

6. Conclusion

Les crampes musculaires essentielles sont un symptome

frequent, parfois invalidant, particulierement observe chez

le sujet age. Elles ne doivent pas etre confondues avec les

crampes secondaires, surtout dans leurs formes severes

comme la sclerose laterale amyotrophique. Leur physiopa-

thologie, mal connue, pourrait s’expliquer par une sorte de

cercle vicieux faisant intervenir la stimulation des afferences

de type IV par le KCl et les lactates. Leur semiologie doit etre

l’objet d’une etude precise pour laquelle les resultats des

examens complementaires apportent rarement des donnees

utiles. La therapeutique des crampes est limitee : les

etirements musculaires ont leur place, le seul traitement

medicamenteux actif actuellement reconnu etant les sels de

quinine. Du fait de leur frequence et de leur caractere

souvent invalidant, les crampes musculaires essentielles

doivent etre prises en consideration en sante publique et

justifient la poursuite d’etudes physiopathologiques et

therapeutiques.

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