les compagnons batisseurs d'espoir -...

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Chers amis et fidèles soutiens, Voici déjà deux ans que notre école Saints Jean et Benoît a été inaugurée à Sédhiou –c’était le 10 novembre 2012- et environ 3 ans qu’ont commencé les premières opérations de défrichage du terrain de Manato. Nous sommes bien sûr en retard sur notre tableau de marche, et vous êtes d’ailleurs tenus régulièrement informés de nos avancées, de nos regrets et de nos espoirs. Aujourd’hui, nos 2 classes permettent d’assurer un enseignement de qualité à 18 élèves de Casamance, chrétiens, musulmans et animistes tous unis dans le même projet. Quant à l’exploitation agricole, nous y investissons 5.000€ dès cette année de façon à augmenter ses superficies plantées. Vous le savez, l’originalité de notre projet –son principal intérêt aussi- est de créer en Casamance, au sud du Sénégal, une école privée, catholique et financière- ment autonome grâce aux bénéfices à venir d’une exploi- tation agricole. Il faut savoir que ce projet est unique au Sénégal parce qu’il associe ses deux volets complémentaires et indisso- ciables: l’école et l’exploitation agricole. On croise souvent dans ce pays de nombreux bénévoles ou représentants d’organisations éducatives ou humanitaires, provenant de nationalités européennes ou nord-américaines les plus variées. Certaines ONG, qui disposent de budgets plus importants que le budget de l’Etat sénégalais lui-même, ressemblent plus à des entreprises multinationales qu’à des associations ! D’autres en revanche, sont minuscules – au regard des problèmes que connaît ce pays- et com- pensent leur manque de moyens par des trésors de dé- vouement et de générosité. Mais nulle part, nous n’avons encore rencontré d’association qui ait pour projet de créer et de faire vivre une école sénégalaise de façon autonome grâce au travail de la terre et du travail des hommes séné- galais. C’est ce projet que nous essayons de réaliser. Nous approchons maintenant du Carême et je vous sou- haite une très bonne montée vers Pâques. Vous êtes au- jourd’hui plus de 600 à nous aider régulièrement chaque année et je vous remercie du fond du cœur pour l’aide que vous nous apportez. Vous voyez qu’au-delà d’un pro- jet éducatif et économiquement sain, il s’agit d’une belle aventure humaine et spirituelle. Votre soutien est toujours aussi vital pour ce projet qui est aussi le vôtre. 5 LES COMPAGNONS BATISSEURS D'ESPOIR JOURNAL À PARUTION SEMESTRIELLE - FEVRIER 2015 JOURNAL À PARUTION SEMESTRIELLE - FEVRIER 2015 11 EDITO par Bernard DELMOND

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Chers amis et fidèles soutiens,

Voici déjà deux ans que notre école Saints Jean et Benoît a été inaugurée à Sédhiou –c’était le 10 novembre 2012- et environ 3 ans qu’ont commencé les premières opérations de défrichage du terrain de Manato. Nous sommes bien sûr en retard sur notre tableau de marche, et vous êtes d’ailleurs tenus régulièrement informés de nos avancées, de nos regrets et de nos espoirs. Aujourd’hui, nos 2 classes permettent d’assurer un enseignement de qualité à 18 élèves de Casamance, chrétiens, musulmans et animistes tous unis dans le même projet.

Quant à l’exploitation agricole, nous y investissons 5.000€ dès cette année de façon à augmenter ses superficies plantées. Vous le savez, l’originalité de notre projet –son principal intérêt aussi- est de créer en Casamance, au sud du Sénégal, une école privée, catholique et financière-ment autonome grâce aux bénéfices à venir d’une exploi-tation agricole.

Il faut savoir que ce projet est unique au Sénégal parce qu’il associe ses deux volets complémentaires et indisso-ciables: l’école et l’exploitation agricole. On croise souvent dans ce pays de nombreux bénévoles ou représentants

d’organisations éducatives ou humanitaires, provenant de nationalités européennes ou nord-américaines les plus variées. Certaines ONG, qui disposent de budgets plus importants que le budget de l’Etat sénégalais lui-même, ressemblent plus à des entreprises multinationales qu’à des associations ! D’autres en revanche, sont minuscules – au regard des problèmes que connaît ce pays- et com-pensent leur manque de moyens par des trésors de dé-vouement et de générosité. Mais nulle part, nous n’avons encore rencontré d’association qui ait pour projet de créer et de faire vivre une école sénégalaise de façon autonome grâce au travail de la terre et du travail des hommes séné-galais. C’est ce projet que nous essayons de réaliser.

Nous approchons maintenant du Carême et je vous sou-haite une très bonne montée vers Pâques. Vous êtes au-jourd’hui plus de 600 à nous aider régulièrement chaque année et je vous remercie du fond du cœur pour l’aide que vous nous apportez. Vous voyez qu’au-delà d’un pro-jet éducatif et économiquement sain, il s’agit d’une belle aventure humaine et spirituelle. Votre soutien est toujours aussi vital pour ce projet qui est aussi le vôtre.

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LES COMPAGNONS BATISSEURS D'ESPOIR

JOURNAL À PARUTION SEMESTRIELLE - FEVRIER 2015 JOURNAL À PARUTION SEMESTRIELLE - FEVRIER 201511

EDITOpar Bernard DELMOND

Le point sur l’exploitation agricole Yakaar ManatoBernard Delmond

Nous avons versé 5.000 € à l’ASBK pour investir sur le ter-rain de Manato qui devraient permettre de planter envi-ron 2 hectares de maraîchage, par exemple des oignons et du piment. Cet effort a été rendu possible grâce à vos dons, et cela devenait indispensable, non seulement pour étendre les superficies plantées de l’exploitation, mais aussi pour encourager l’élan de nos paysans sur place. L’enjeu humain est en effet important : il s’agit de créer une coopérative de paysans-producteurs et, pour cela, de convaincre un certain nombre de paysans –l’idéal serait de 4 coopérateurs par hectare- de travail-ler pour leur propre compte sur un terrain que nous leur louerions. Ils seraient ainsi intéressés aux fruits de leur travail et verseraient à Yakaar-Manato une redevance en

contrepartie de la location de la terre, du coût de l’irri-gation et d’une petite marge destinée à contribuer au budget de l’école Saints Jean et Benoît. En effet, le versement de bénéfices provenant de l’exploi-tation agricole au profit du budget de fonctionnement de l’école, ce qui serait le début de son autonomie finan-cière, ne pourra être envisagé que lorsque nous aurons atteint notre seuil de rentabilité. Or, pour atteindre ce point mort, nous estimons qu’il nous faudrait disposer d’une superficie plantée d’environ une dizaine ou une douzaine d’hectares à Yakaar-Manato. Le tableau ci-des-sous vous montre qu’en investissant 5.000 € cette année 2015, notre rythme est très inférieur à ce qui serait né-cessaire de réaliser chaque année.

Mais, ne soyez pas effrayés. Ainsi que je vous l’ai déjà dit, notre expé-rience nous a permis d’apprendre la patience. Nous avons compris que le chemin serait long, « sablon-neux, malaisé », et nous ne sommes pas découragés par la lenteur des choses.

Venez visiter notre site : http://ecoles-senegal.lescbe.fr/ et en-voyez vos dons à : « Les Compa-gnons Bâtisseurs d’Espoir » 2, route du château 33710 COMPS (chèques à l’ordre de CBE). Vous recevrez un reçu fiscal ouvrant droit à réduc-tion d’impôts à hauteur des deux tiers de votre don.

(1) Le défrichage est déjà réalisé sur les 10 premiers hectares.

Coût approximatif de la mise en culture sur 3 ans (en euros)

Pour 1 hectare 2015 2016 2017 Total sur 3 ans

2.400 € + 7,5 hectares 18.000 € (1)

+ 10 hectares 24.000 €

+ 10 hectares 24.000 €

+ 27,5 hectares 72.000 €

 

La fermeture de CBE Eco et ses conséquences

Notre Assemblée Générale de novembre dernier a dé-cidé de mettre fin aux activités de notre filiale, la SAS « CBE Eco ». Les circonstances du marché ne nous ont pas permis de développer cette structure avec la rentabilité nécessaire. La gestion d’une telle structure imposait des frais et l’immobilisation de fonds qui obéraient notre action auprès de nos amis de l’ASBK (l’Association Saint benoît de Kolda).

Nous avions créé CBE Eco fin 2011 dans l’objectif de ren-forcer l’apport de nos généreux donateurs, et d’assurer les fonds nécessaires au remboursement d’un emprunt de 100K€ engagé pour la construction des bâtiments de l’école de SEDHIOU. Cette structure nous a permis, entre autres, de vous proposer l’achat de quelques bouteilles de vin pour les fêtes de fin d’année 2013 ainsi que le sup-port d’opération de conseil.

Malheureusement, la conjoncture économique ne nous a pas permis de développer d’autres projets. Il est inutile de vous dire que cette décision nous impose d’envisager

de nouvelles sources de revenus afin d’assurer le déve-loppement de notre projet.

Pour autant, le Seigneur ne nous a pas abandonnés dans l’adversité, nous accordant grâce à la générosité de vos dons les capacités d’honorer nos engagements sans toutefois nous assurer de grandes marges pour conti-nuer à développer le projet sur le terrain. Cette année 2014 nous avons ainsi pu remettre un chèque de 5.000€ à l’ASBK pour le renforcement du système d’irrigation de l’exploitation agricole de MANATO.

Le budget prévisionnel disponible pour l’exercice 2015 est à ce jour d’environ 27 000€. Cette somme nous per-mettra de couvrir les mensualités de remboursement de l’emprunt, soit environ 24.000€, ainsi que les frais d’ex-pertise comptable et les quelques frais administratifs nécessaires au fonctionnement de l’association (réalisa-tion du bulletin de liaison et frais d’envoi). En revanche à ce jour, il est difficile d’envisager pour cette année une autre aide à l’ASBK, sauf à hypothéquer le rembourse-ment de notre dernière annuité d’emprunt. En ce début d’année je vous remercie de votre généro-sité sans laquelle nous n’aurions pu réaliser ce que nous avons fait. En vous souhaitant une bonne et heureuse année 2015, en ma qualité de Trésorier je ne peux que vous redire combien votre générosité est importante dans la réussite de ce projet et vous invite à nous aider à le faire connaître autour de vous.

par Emmanuel FOUCAULT

Trésorier de l’association

Interview de M. Paul SAGNAFrédéric MunozDirecteur de l’école Saint-Jean Saint Benoit de Sédhiou

- Bonjour Paul, après 2 ans de fonctionnement, quel bi-lan tirez-vous du fonctionnement de l’école Saint Jean - Saint Benoit de Sédhiou ?

- Avant toute chose, permettez-moi de remercier les «  compagnons bâtisseurs d’espoir  » et leurs donateurs pour leur engagement en faveur du développement du Sénégal. Le bilan du fonctionnement de l’école est positif même si les résultats obtenus sont perfectibles.

- Qu’est ce qui est positif à vos yeux ?

- Le premier point positif est celui de l’enracinement de l’école dans son environnement. Située à l’Est de Sédhiou, tout près du petit village de Badandiang-Mankagne, cette école est une bénédiction pour un voisinage très pauvre. Les frais de scolarité mensuels très raisonnables, de l’ordre de 3.500 CFA, permettent à des familles pay-sannes très modestes d’y scolariser leurs enfants tout en bénéficiant d’un enseignement de qualité. Comme en France, les parents n’hésitent pas à mettre le prix pour que leurs enfants reçoivent ce qu’il y a de mieux. Il y a une crise de l’enseignement public au Sé-négal qui font que les établissements d’enseignement catholique sont recherchés, quelle que soit d’ailleurs la confession des parents (je rappelle que le Sénégal est un pays à 90 % musulman).

Qu’est ce qui est aujourd’hui perfectible ?

L’éloignement relatif de la ville de Sédhiou (2,5 km), faute de ramassage scolaire, ne nous permet pas de nous déve-

lopper comme nous le souhaiterions. En effet, les parents ne consentent pas à laisser leurs enfants (en âge d’être scolarisé à l’équivalent de votre cours préparatoire) aller seuls à l’école et c’est bien légitime. Nous avons donc pu seulement scolariser 2 enfants la première année (du fait d’une ouverture tardive de l’école), 8 la deuxième et 18 pour cette année scolaire 2014-2015. Cette montée en puissance nous permet aujourd’hui de mettre en œuvre deux classes équivalentes à votre CE1 et à votre CE2 avec un seul enseignant. Localement, nous commençons aujourd’hui à bénéficier d’une certaine notoriété qui va nous aider à poursuivre notre croissance. Les parents d’élève ne doutent pas du succès de notre démarche et nous incitent à persévérer. M. Mamadou BARRI, professeur de l’enseignement public, nous fait confiance et constitue un relais efficace en direction des parents d’élèves.

- Quelle est votre plus grande satisfaction dans votre travail d’enseignant à l’école Saint Jean – Saint Benoît ?

- Ma plus grande satisfaction est de pouvoir offrir une scolarité de qualité à une génération d’élèves et de ci-toyens en devenir. Enseigner le goût du travail bien fait, le respect de l’autre sous le regard de Dieu, cela n’a pas de prix où que l’on se trouve.

- Merci Paul pour ce beau témoignage plein d’espérance en l’avenir qui constitue pour nous un encouragement à poursuivre notre engagement à vos côtés. Merci pour votre dévouement au service des enfants.