L E S C I N É M A S

d' ExtrêME orIENt

1019mars2 0 1 7

Fos-sur-mer Grans Istres mIramas Port-saInt-louIs-du-rhône

SOMMAIRE & éditoles soirées

les films

Sous sa belle appellation, le Panorama

consacré aux cinémas d’Extrême-Orient

Après la tempêtede Hirokazu Kore-Eda ...................................................... p. 24

Au-delà des montagnes de Zhang-Ke Jia ............................................ p. 25

Dernier train pour Busan

de Sang-Ho Yean .......................................... p. 26

Diamond Island

de Davy Chou ................................................ p. 27

Duch, le maître des forges de l’enfer

de Rithy Pan .................................................. p. 28

Harmonium de Kôji Fukada...................... p. 29

La Grande Muraille de Zhang Yimou ....... p. 30

Le Voyage de Chihiro

de Hayao Miyazaki ............................................................ p. 31

L’Image manquante de Rithy Panh ............. p. 32

Madame B, histoire d’une Nord-Coréenne de Jero Yun................................ p. 33

Mademoiselle de Park Chan-Wook ................. p. 34

Ma’Rosa de Brillante Mendoza ........................... p. 35

Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki ...... p. 36

Notre petite sœur de Hirokazu Kore-Eda.... p. 37

Panda Petit Panda de Isao Takahata .......... p. 38

Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki p. 39

Ran de Akira Kurosawa .............................................. p. 40

Sanjuro de Akira Kurosawa .................................... p. 41

Sayonara de Kôji Fukada .......................................... p. 42

Ta’Ang, un peuple en exil entre

Chine et Birmanie de Wang Bing ................. p. 43

Tampopo de Juzo Itami ............................................. p. 44

Tel père, tel fils de Hirokazu Koreeda ............ p. 45

The Strangers de Na Hong-Jin ........................... p. 46

Tunnel de Kim Seong-Hoon .................................... p. 47

Vers l’autre rive de Kiyoshi Kurosawa ......... p. 48

Your name de Makoto Shinkai ........................... p. 49

Yourself and yours de Sang-Soo Hong ...... p. 50

Soirée d’ouverture ............................................................... p. 4-5

« Les Cinémas d’Extrême-Orient dans le

Cinéma Mondial Contemporain »

Avant-première

Après la Tempête de Hirokazu Kore-Eda

Hommage à Kiyoshi Kurosawa ..................................... p. 6-7

Vers l’autre rive

Hommage à Hayao Miyazaki .......................................... p. 8-9

Le Voyage de ChihiroPrincesse Mononoké

Jeunesse et modernité ................................................ p. 10-11

Au delà des montagnes de Zhang-Ke Jia

Portrait de familles ......................................................... p. 12-13

Tel père, tel fils d’Hirokazu Kore-Eda

Saveur des sens ............................................................... p. 14-15

Tampopo de Juzo Itami

Hommage à Akira Kurosawa ..................................... p. 16-17

Ran

Chassé croisé amoureux sous domination ....... p. 18-19

Mademoiselle de Park Chan-Wook

Hommage au Chanbara ....................................................... p. 20

Sanjuro d’Akira Kurosawa

Ciné goûter ................................................................................ p. 21

Panda petit panda de Isao Takahata

Hommage à Rithy Panh ............................................... p. 22-23

« Cambodge, mémoire d’une terre »

Duch, le maître des forges de l’enferL’Image manquante

Panorama des jeunes cinéphiles ................................... p. 52

Passerelles artistiques ....................................................... p. 53

Grille horaire des séances ......................................... p. 54-55

2

renvoie à une mosaïque de films qui ont bouleversé le paysage cinématographique mondial de la fin du XXe siècle. Novatrice, iconoclaste, cette cinématographie a bousculé l’imaginaire des cinéphiles qui se fondait jusqu’à présent sur l’axe légendaire Europe-Hollywood.Jusque dans les années 1960, la production émanant d’Asie était essentiellement d’ori-gine japonaise. Amorcée par des maîtres tels que Akira Kurosawa, Yasujiro Ozu ou bien encore Kenji Mizoguchi, le cinéma du pays du Soleil Levant a connu un creux dans les années soixante-dix pour revenir aujourd’hui en force sur les écrans. Kiyoshi Kurosawa et Hirokazu Kore-Eda sont désormais des auteurs majeurs. Ces nouveaux venus font perdurer à leur manière le questionnement de leurs prédécesseurs en interrogeant avec finesse la fracture culturelle entre tradition et modernité.L’émergence la plus significative de la produc-tion asiatique, tant au niveau artistique qu’éco-nomique, est celle du cinéma sud-coréen. Avec près de 140 films par an, ce qui le situe à la troisième place du continent asiatique, juste derrière la Chine et le Japon, le cinéma de la Corée du Sud est courtisé par les grands festivals internationaux. Très à l’aise dans le registre intimiste, le blockbuster futuriste ou

SOMMAIRE & édito

Sous sa belle appellation, le Panorama

consacré aux cinémas d’Extrême-Orientle polar halluciné, ce cinéma a rapidement dépassé le succès critique pour trouver son public en Europe et aux États-Unis.Concurrencé par les audaces du cinéma venu de Hong-Kong, le cinéma chinois joue désormais la carte des coproductions américaines. Il vise à séduire le public intérieur mais aussi à s’exporter de manière massive. C’est à la marge que se dé-ploie désormais la créativité de ses cinéastes, dans la critique plus ou moins ouverte des institutions politiques et de leurs projets d’aménagement du territoire qui brisent les destins individuels. Ce sont des documentaristes comme Wang Bing qui tracent désormais la route du cinéma chinois de demain.Cette dimension politique est également au cœur du cinéma cambodgien qui revient sans cesse sur son passé douloureux (celui de la dictature des Khmers rouges) et qui interroge l’avenir des jeunes générations. Il en va de même pour le ci-néma philippin, dont Brillante Mendoza est devenu la figure de proue la plus innovante et la plus contestataire.Cette diversité est l’une des grandes forces de ce 9 e Panorama qui va entraîner le spectateur de la muraille de Chine à la petite fabrique de pâtes d’une modeste échoppe japonaise. Ces cinémas d’Extrême-Orient nous rappellent que désor-mais les frontières sont riches d’odyssées et de récits devenus le lot commun de l’humanité. Géographiquement loin de nous, les cinéastes réunis dans cette programmation contri-buent à notre compréhension du monde contemporain. Ils nous convient au voyage, de salles en salles, de films en films. Remercions les équipes des cinq cinémas de notre territoire qui ont su préparer cet événement riche en rencontres et en coups de cœur.

par Nicole Jouliaprésidente de Scènes et Cinés

3

soirée d'OuvERtuRE

cinéma le coluche istres

tarifs habituels du cinéma

ou pass’panorama

réservation conseillée

04 42 56 92 34

19hPrésentation du Panorama par Jean-Michel Frodon

LES CINéMAS D'ExTRêME-oRIENT DANS LE CINéMA MoNDIAL CoNTEMPoRAIN

L’Asie ? C’est si grand et si varié qu’il peut sembler absurde de l’englober dans l’unique formule de “cinéma asiatique”.

Pourtant les Asiatiques ont au moins une chose en commun : leurs profondes différences par rapport à nous.

Aux côtés de grands cinéastes d’hier et d’aujourd’hui, la découverte de leurs films est autant d’aventures du regard, d’ouvertures vers d’autres manières

de voir, de sentir, de raconter.Jean-Michel Frodon

Jean-Michel Frodon est journaliste et critique de cinéma, écrivain et enseignant. Il a notamment travaillé au quotidien Le Monde et dirigé Les Cahiers du

Cinéma. Il écrit aujourd’hui sur slate.fr. Il est professeur associé à Sciences Po Paris et Professorial Fellow au département de

Film Studies de St. Andrews (Écosse). Il a créé et animé le groupe de réflexion L’Exception.

Parmi de nombreux ouvrages il est notamment l’auteur de La Projection nationale, Conversation avec Woody Allen, Hou Hsiao-hsien (dir.), Au Sud du cinéma

(dir.), Horizon cinéma, Le Cinéma chinois, Le Cinéma et la Shoah (dir.), Deleuze et les images (codir.), Robert Bresson, La Critique de cinéma, Le Cinéma d’Edward Yang,

Le Cinéma français de la Nouvelle Vague à nos jours, Assayas par Assayas, L’Art du cinéma, Que fait le cinéma ?,

Le Monde de Jia Zhang-Ke, Cinemas of Paris (codir.), New York mis en scènes, Jafar Panahi Images/Nuages.

ven.

10 mars

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soirée d'OuvERtuRE

20h Buffet

20h45 Après la Tempêtede hirokazu kore-eda

japon - 2017 - 1h58

avec hiroshi abe, yoko maki,

yoshizawa taiyo

Après Notre petite sœur, (…), le Japonais Hirokazu Kore-Eda revient avec Après la tempête. D’emblée se dessine l’identité de son cinéma, cette attention aux gestes du quotidien et cette manière d’en décrire le fonctionnement et le sens sur les sentiments, sans jamais s’appesantir. Clément Ghys, Libération

la médiathèque sera présente durant la soirée avec une sélection de ressources.

avant-premièreproj ect ion u n iqu e

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hommage à kiyoshi KuROSAWA

cinéma l'odysséefos-sur-mer

tarifs habituels du cinéma

ou pass’panorama

réservation conseillée

04 42 11 02 10

19hPrésentation par Mathieu Macheret,

rédacteur en chef adjoint de Critikat et collaborateur des Cahiers du Cinéma et du journal Le Monde

Buffet 20h

Vers l'autre rive 20h30

france/japon - 2015 - 2h07

avec eri fukatsu,

tadanobu asano,

yû aoi

Devant des scènes aussi stupéfiantes, il apparaît

combien Kurosawa, toujours à la recherche

de nouvelles voies, forge un art solitaire, à la fois

poétique et théorique. Cahiers du Cinéma

sam.

11 mars

kiyo

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hommage à kiyoshi KuROSAWA

Passé comme nombre de ses contemporains par le Super 8 et le porno soft, Kiyoshi Kurosawa enchaîne les films plus ou moins aboutis avec des moyens de production trop fluctuants pour qu’il puisse développer un style qui lui soit propre. Il faudra attendre Cure, en 1997, pour qu’il installe avec panache son univers cruel et fantomatique. Portrait d’un Japon en proie aux spectres, le film est la métaphore d’un pays en pleine névrose civilisationnelle qui va être la marque de la première partie de sa filmographie, comme dans Charisma (1999) ou Kaïro (2001).

Ses films suivants connaîtront des fortunes variées : Doppelgänger (2003) n’est jamais sorti en salles tandis que Séance (2004) a été diffusé quatre ans après sa réa-lisation. En 2008, Tokyo Sonata marque une rupture dans sa carrière. Délaissant les spectres, il rompt avec sa fascination pour la claustration et dresse le portrait saisis-sant d’une famille en déliquescence dont chaque membre est muré dans ses secrets. Cette chronique familiale, saluée au Festival de Cannes, reçoit un excellent accueil de la presse mais n’est pas reconnue par le public japonais. Kurosawa décide alors de se tourner vers la télévision pour réaliser une série télévisée en cinq épisodes. Shokuzaï, plébiscité par les téléspectateurs, trouve le chemin des salles françaises en 2012 sous la forme de deux films : Celles qui voulaient se souvenir et Celles qui vou-laient oublier.

Après Real, film à gros budget, et Seventh Code, petite production en forme de remake d’En quatrième vitesse de Robert Aldrich, Kurosawa fait dévier son cinéma vers un romanesque existentiel en tournant Vers l’autre rive, portrait envoûtant d’un couple séparé par la mort.

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cinéma le coluche istres

tarifs habituels du cinéma

ou pass'panorama

réservation conseillée

04 42 56 92 34

Présentation par Mathieu Macheret rédacteur en chef adjoint de Critikat

et collaborateur des Cahiers du cinéma

dim.

12 mars

hommage à hayao MIYAZAKI

Goûter 17h

Princesse Mononoké 17h30japon - 2000

2h15 - vostf

à partir de 10 ans

Non content d’être une formidable fable écologique, cette œuvre d’une richesse visuelle permanente témoigne

d’un imaginaire complexe et foisonnant, tout en décri-vant avec un luxe de détails la vie

dans un village fortifié. Vincent Ostria, L’Humanité

Le Voyage de Chihiro 14h30

japon - 2002

2h - vostf

à partir de 8 ans

Le Voyage de Chihiro est un poème en prose, une épopée foisonnante, un conte philosophique, une œuvre

beaucoup plus ambitieuse qu'un simple roman d'ap-prentissage destiné à la jeunesse, qui confirme le talent

unique de son auteur, Hayao Miyazaki. Olivier Père, Les Inrockuptibles

8

Longtemps le cinéma animé japonais eut mauvaise réputation. Considéré comme un sous-produit destiné au public enfant, il gagna ses lettres de noblesse grâce à Hayao Miyazaki. En quarante ans de carrière il accéda à une reconnais-sance universelle et marqua définitivement l’histoire mondiale du dessin animé et du cinéma.

Au sein d’abord de la Toêi, avec Isao Takahata, associé et complice de tou-jours, de 1963 à 1986, puis du Studio Ghibli, qui fut déterminant pour la suite de sa carrière, Hayao Miyazaki construisit une œuvre de la plus haute exigence artistique dont la patte se devine à chaque plan, dans la construction graphique comme dans le sens du détail animé. Dessinateur prodigieux, conteur fabuleux, il touche le spectateur au plus profond de lui-même, réveillant sa part d’enfance, avec des histoires où se retrouvent des éléments universels propres aux grands récits fondateurs.

Le public français découvrit son œuvre en 2000 avec Princesse Mononoké réa-lisé en 1997, puis Mon voisin Totoro, réalisé en 1988. Au vu du succès qui s’en suivit Disney acheta en exclusivité les droits de diffusion des films du Studio Ghibli, les anciens et les nouveaux, jusqu’au dernier, Le Vent se lève, en 2014. À l’occasion de sa sortie, Hayao Miyazaki annonça qu’il prenait sa retraite. Puis, en 2016 il confia qu’il travaillait sur une nouvelle animation, Boro, la petite chenille et peut-être encore une autre...

hommage à hayao MIYAZAKI

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g-K

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jeunesse & MODERNItÉ

espace gérard philipe

port-saint-louistarifs habituels du cinéma

ou pass‘panorama

réservation conseillée

04 42 48 52 31

18h30Présentation par Mathieu Macheret

rédacteur en chef adjoint de Critikat et collaborateur des Cahiers du cinéma

lun.

13 mars

Buffet 19h30

Au-delà des montagnes 20h30de jia zhang-ke

chine-japon-france - 2015 - 2h06

avec zhao tao, yi zhang,

jing dong liang…

C’est d’une confrontation entre des disparités techniques d’images qu’est parti le souhait

de filmer une épopée en trois époques et trois esthétiques, cherchant une traduction

visuelle aux changements brutaux de modes de vie qui ont parcouru la Chine en quelques décennies. Pourtant, par-dessus ce temps linéaire à l’esthétique changeante, ce que met en scène le ballet des personnages entre chez eux et le vaste monde, c’est surtout le conflit entre un temps immuable

(…) et un temps linéaire qui croit au progrès du miracle économique. Critikat.com

De l'histoire, des sentiments forts, le temps qui passe et les personnages qui vieillissent,une intelligence des paysages et des mouvements des cœurs :

Jia Zhang-Ke nous a encore surpris, entraînés, et pris dans les mailles de sa toile d'araignée de maître du cinéma.

Les Inrockuptibles

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jeunesse & MODERNItÉ

À 46 ans, Jia Zhang-Ke est devenu l’un des grands maîtres du cinéma chinois contemporain. Dès son premier film en 1997, Xiao Wu artisan pickpocket, il est sélectionné au Festival de Berlin. La plupart de ses films connaîtront les honneurs des grands festivals internationaux, de Cannes à Venise en passant par Vancouver. Les trois films qu’il tournera ensuite seront en revanche interdits de diffusion sur le territoire chinois.

Il faudra attendre 2005 et The World pour que l’interdiction soit levée. Cette autorisation n’empêche pas le cinéaste de poursuivre sa description critique de la société chinoise contemporaine amorcée dans ses premiers films. L’année sui-vante, Still Life, Lion d’Or à la Mostra de Venise, ancre son récit dans le barrage ti-tanesque des Trois Gorges, engloutissant au passage la vie des laissés-pour-compte. Entre fiction et documentaire, le film dévoile la face sombre du progrès orchestré en haut lieu. En 2008, la charge contre le pouvoir de 24 City n’a rien perdu de sa force avec le récit de la destruction d’un habitat villageois au profit d’une ré-sidence de luxe.

En 2010, Jia Zhang-Ke revient au documentaire en dressant le portrait de Shangaï à partir de dix-huit habitants qui reviennent sur le passé de la ville. Com-mandé pour l’exposition universelle de 2010, le film I Wish I Knew n’a pas été dif-fusé pour l’inauguration officielle mais projeté peu après en catimini dans le pa-villon chinois. Grand cinéaste de l’enfance, des classes populaires et des oubliés du régime en place, Jia Zhang-Ke tend à son pays un miroir d’un réalisme cinglant.

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hir

okaz

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cinéma le comœdia miramas

tarifs habituels du cinéma

ou pass‘panorama

réservation conseillée

04 90 50 14 74

18h30Présentation par Mathieu Macheret

rédacteur en chef adjoint de Critikat et collaborateur des Cahiers du Cinéma et du journal Le Monde

Buffet 19h30

mar.

14 mars

portrait de FAMILLES

Tel père, tel fils 20h30

de hirokazu kore-eda

japon - 2013 - 2h01

avec masaharu fukuyama,

machiko ono, rirî furankî

En évitant les clichés et en rejetant tout sentimentalisme, le réalisateur tient jusqu'au bout le fil de l'émotion grâce à une mise en scène à l'image de la vie, faite

de moments simples passés en famille et de dilemmes personnels,

de fous rires et de larmes (...) Bouleversant.

Le Journal du Dimanche

À petits pas, Kore-Eda explore la filiation, s'interroge sur la place de l'enfant dans la famille, et tout simplement sur ce qui fait un parent

(les gènes ou la transmission ?). Une émouvante fable moderne. Les Fiches du Cinéma

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portrait de FAMILLESL’intérêt de Kore-Eda pour la famille japonaise a conduit la presse à le com-

parer systématiquement à Ozu, l’autre grand cinéaste de la cellule familiale. Par-fois lassé de cette comparaison, Kore-Eda revendique plutôt une filiation avec Mikio Naruse du fait de la proximité de son cinéma avec des récits portant sur des héros issus des classes moyennes et populaires. Le cinéaste est également influen-cé par Ken Loach et François Truffaut, notamment pour leurs films sur l’enfance.

Nouvelliste devenu cinéaste après avoir été assistant réalisateur pour la té-lévision, Kore-Eda tourne son premier long métrage en 1995 : Marabosi. Mais sa reconnaissance internationale date de 2004 avec la sélection cannoise de Nobody Knows, l’histoire d’une famille dont les enfants sont laissés à l’abandon. Retour à Cannes en 2013 pour Tel père, tel fils, un drame familial dans lequel un échange d’enfants à la maternité remet en cause les liens du sang. Fidèle à sa thématique de la famille soumise à des vents violents, Kore-Eda signe avec Notre petite sœur, l’épopée douloureuse d’un père de famille. Écrivain raté devenu détective désar-genté, celui-ci tente de reconquérir l’affection des siens qui se retrouvent malgré eux pour se mettre à l’abri d’un puissant typhon.

La grande cohérence de Kore-Eda n’est pas que thématique, elle est égale-ment formelle. Ce grand directeur d’acteurs plonge avec pudeur ses personnages dans des situations complexes sans pour autant les brutaliser. Mais sous son appa-rente douceur, la mise en scène de Kore-Eda n’épargne pas le mode de vie de ses contemporains. Les enfants, même maltraités, y font toujours preuve d’une rési-lience à toute épreuve. « Même dans les situations extrêmes, il reste une part d'enfance irréductible : le jeu, l'imaginaire » confiait-il à Libération en 2004.

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juzo

IT

AM

I

saveur des SENS

espace robert hossein

granstarifs habituels du cinéma

ou pass'panorama

réservation conseillée

04 90 55 71 53

18h30GASTRoNoMIE ET CINéMA

par dominique Chansel, historien et enseignant

mer.

15 mars

Tampopo 19hde juzo itami

japon - 1985 - 2h

avec nobuko miyamoto,

tsutomu yamazaki,

ken watanabe

Respectant à la lettre l’éthique samouraï et le sens du rituel japonais,

Tampopo est une hilarante parodie dans laquelle

mijotent de bidonnantes digressions, tout aussi

gastronomiques. Un régal ! Jean-Michel Frodon, Le Point

Soupe de nouilles 21h

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saveur des SENS

Juzo Itami (1933-1997) a débuté sa carrière en tant que comédien (comme dans Les 55 Jours de Pékin de Nicolas Ray où il joue le rôle du colonel Shiva) avant de réaliser Funérailles, son premier film en 1987. Programmé à la Quinzaine des réalisateurs, il portait un regard cynique sur les rites funéraires au Japon. Cet “eth-nologue-bricoleur du Japon d’aujourd’hui”, comme le définissait Louis Skorecki, s’est ensuite penché sur la relation de son peuple avec la nourriture (Tampopo) puis sur son rapport à l’argent (Marusa no onna distribué sous le titre français L’Inspectrice des impôts).

Ces trois premiers films ont fait de Juzo Itami un dynamiteur du bon goût. Cet humoriste paillard, qu’on pourrait situer entre Jean-Pierre Mocky et Federico Fellini, avait l’art d’aborder les sujets les plus tabous avec irrespect et loufoquerie. Son humour mordant déplut fortement à la pègre japonaise qui ne supporta pas son regard acéré sur la mafia dans Mimbo No Ona réalisé en 1992. Il fut agressé au couteau par trois yakuzas qui lui entaillèrent le visage. Il se suicida à l’âge de 64 ans suite à des rumeurs d’affaires de mœurs colportées par la presse.

La plupart de ses films n’ont jamais été diffusés en Europe. Pour beaucoup de cinéphiles, Tampopo est perçu comme son unique film. Largement diffusé aux États-Unis où il rencontra un accueil exceptionnel auprès du public, ce film culte a fait date dans l’histoire du cinéma japonais du XX e siècle.

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cinéma l'odysséefos-sur-mer

tarifs habituels du cinéma

ou pass’panorama

réservation conseillée

04 42 11 02 10

18h30Présentation par dominique Chansel,

historien et enseignant

Buffet 19h15

jeu.

16 mars

hommage à akira KuROSAWA

Ran 20hjapon/france

1985 - 2h42

avec nezu jinpachi,

tatsuya nakadai,

masayuki yui

« La splendeur des couleurs, le luxe des costumes, l'ex-

traordinaire complicité (…) des paysages et des âmes,

font de Ran une expérience très singulière et salutaire. »

Le Monde

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Né en 1910 à Tokyo, ce fils de militaire débute sa vie professionnelle dans la calligraphie et la peinture. Initié au cinéma par son frère bonimenteur (commentateur en direct) de films muets, il débute comme assistant-réalisateur avant de signer son premier film en 1943 : La Légende du judo. Dix ans plus tard, le Lion d’Or décerné au Festival de Venise pour Rashomon le fait connaître au monde entier et permet à l’Occident de prendre conscience de la richesse du cinéma japonais jusque-là invisible sur les écrans occidentaux. Il opère d’ailleurs des fusions audacieuses entre ces deux cultures en s’inspirant de grands classiques de la littérature, adaptant par exemple L'Idiot de Dostoïevski ainsi que plusieurs pièces de Shakespeare.

Akira Kurosawa s'attache à décrire dans ses films la dure condition des hommes (Les Bas-fonds ou Dodeskaden), la violence au cœur des villes (Chiens enragés), la des-truction de l'environnement (Rêves) ou encore la vieillesse (Madadayo). Le cinéaste est également passé maître dans la mise en scène de fresques médiévales (Les Sept sa-mouraïs, Kagemusha, Ran)qui restent sa marque de fabrique. Son œuvre est en outre marquée par ses nombreuses collaborations avec l’acteur Toshirô Mifune.

Sur la forme, Kurosawa assume une mise en scène épique et humaniste dont la violence n’est jamais absente. Il aime développer les scènes d'exposition afin de mettre en valeur les objectifs de ses personnages. Il use parfois d’effets stylistiques osés en recourant à des décors de toiles de soie peintes. En dépit de quelques échecs com-merciaux dans les années soixante-dix, il lègue à sa mort en 1998 une filmographie d’exception, tant au plan formel qu’au plan narratif, qui inspira nombre de cinéastes.

hommage à akira KuROSAWA

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chASSÉ cROISÉ AMOuREuxsous domination

cinéma le comœdia miramas

tarifs habituels du cinéma

ou pass’panorama

réservation conseillée

04 90 50 14 74

18h30Présentation par dominique Chansel,

historien et enseignant

ven.

17 mars

Buffet 19h15

Mademoiselle 20hde park chan-wook

corée du sud - 2016 - 2h31

avec kim min-hee,

kim tae-ri,

ha jung-woo

Le cinéaste prend un malin plaisir à nous balader dans un conte en trois actes qui se contredisent et s'enrichissent, où chaque personnage, tour à tour manipulateur et

manipulé, avance vers sa vérité. À chaque scène son envers, et le sexe, d'abord présenté comme une fascination vénéneuse et toxique, tourne, grâce aux femmes,

à la révélation libératrice. Télérama

park

Ch

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-WO

OK

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chASSÉ cROISÉ AMOuREuxsous domination

Depuis la scène culte dans laquelle on apprenait à déguster du poulpe vivant (Old Boy, 2003), on sait que Park Chan-Wook est capable de toutes les audaces. Après avoir étudié la philosophie et publié plusieurs essais sur le cinéma, il réalise son premier long métrage en 1992 Moon is the Sun's Dream. Après ce film de gangsters, il signe en 1997 une comédie (The Trio) puis s’oriente vers des films beaucoup plus sombres comme Joint Security Area (2000) ou Sympathy for Mr. Vengeance (2002). Un an plus tard, avec Old Boy, il obtient le Grand Prix à Cannes. Son récit d’un homme kidnappé durant quinze années a beaucoup impressionné le jury alors présidé par Quentin Tarantino.

Ses films suivants seront tous des succès publics, qu’il s’agisse de Thirst, ceci est mon sang en 2009, revisitation gothique du Thérèse Raquin de Zola, ou encore de Je suis un cyborg (2007), étrange histoire d’amour entre deux résidents d’un hôtel psychiatrique. Son succès en Corée et sur la scène internationale lui vaut d’être appelé par Hollywood. Il tourne alors Stoker en 2013 pour la Fox, avec Nicole Kidman et Mia Wasikowska dans les rôles principaux. Il retourne ensuite en Corée pour y tourner Mademoiselle, le film le plus sulfureux de la compétition cannoise de 2016.

La référence absolue de Park Chan-Wook est Vertigo d’Alfred Hitchcock. Cette vénération a nourri une œuvre aux couleurs chatoyantes traversée de sombres histoires de manipulation et d’enfermement. Le cinéma de Park Chan-Wook peut être comparé à une rose noire et sulfureuse dont la contempla-tion ravit les cinéphiles du XXIe siècle.

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*Le Chanbara est un genre cinématographique hérité du théâtre traditionnel, qui met à l’honneur les films de sabre japonais. Le nom vient de la contraction des onomatopées chan-chan bara-bara qui désignent le bruit de la lame tranchant la chair.

hommage au chANbARA*

18h30Présentation par Pascal-Alex Vincent

Cinéaste et enseignant à l'université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle, Pascal-Alex Vincent a longtemps travaillé dans la distribution du cinéma japonais en France. Il vient de publier un ouvrage intitulé L'Âge d'or du cinéma japonais.

19h30 Buffet

20h30 Sanjurode akira kurosawa

japon - 1962 - 1h36

avec toshiro mifune, tatsuya nakadai,

yûzo kayama

Le film passionne d’abord dans la conduite d’un récit habile et soutenu par la fine et

tendre ironie du ton adopté. La superbe mise en scène du grand maître nippon vient

épauler ce projet, ainsi que le montage, irréprochable, et la géniale utilisation

de la musique. aVoir-aLire.com

espace gérard philipe

port-saint-louistarifs habituels du cinéma

ou pass'panorama

réservation conseillée

04 42 48 52 31

sam.

18 mars

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hommage au chANbARA*

14h30 Panda Petit Pandade isao takahata

sur un scénario de hayao miyazaki

japon - 1973 - 1h11

deux histoires : Panda Petit Panda Le Cirque sous la pluie

 La petite orpheline Mimiko habite dans la maison de sa grand-mère. Alors que cette dernière s'absente quelques jours, un bébé panda et son papa, échappés du zoo voisin, pénètrent dans la mai-son... et s'y installent, friands qu’ils sont des bambous du jardin ! Tous trois deviennent rapidement les meilleurs amis du monde... même si le petit panda se révèle être un habitué des bêtises…

Jusqu'au jour où il découvre un intrus couché dans son lit : un tigre qui ne retrouve pas le chemin de son cirque.

Œuvres de jeunesse de deux génies du genre, on retrouve déjà dans ces deux moyens métrages la préfiguration de personnages familiers comme Totoro et Tigrou. 

pour prolonger la séance  et ton panda, comment est-t-il ?

avec du papier découpé, un peu de noir et un peu de blanc, les enfants pourront

composer leur panda, et raconter à leur tour leurs propres histoires.

robert hossein

l’odyssée

à partir de 3 anstarifs habituels

+ 1 € pour le goûter

réservation conseillée,

nombre de places limité

espace gérard philipeport-saint-louis04 42 48 52 31

mer.

15 mars

mer.

22 mars

mer.

29 mars

dim.

26 mars

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hommage à RIthY pANhcambodge, mémoire d’une terre

espacerobert hossein

grans tarifs habituels du cinéma

ou pass'panorama

réservation conseillée

04 90 55 71 53

Présentation par Vincent thaboureyVincent Thabourey est coordinateur de Cinémas du Sud, et

critique à la revue Positif.

Buffet 20h30

L’Image manquante 21hcambodge/france - 2015 - 1h32

avec randal douc

 Au-delà de l’histoire familiale, au-delà même de l’histoire cambodgienne dont Rithy Panh rend compte avec une grande acuité, L’Image man-

quante tend à une forme d’universalité. Et, en cela, marquera les mémoires.

François Ekchajzer, Télérama

dim.

19 mars

Duch, le maître des forges de l'Enfer 18h30france /cambodge - 2012 - 1h43

D'une ampleur comparable au Shoah de Claude Lanzmann, Duch rappelle que les atrocités de l'histoire

sont commises par des êtres banals. (...) et que les victimes de génocides ne crient jamais vengeance, ne recherchant

que la justice et la vérité. Serge Kaganski, Les Inrokuptibles

rith

y P

An

h

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hommage à RIthY pANhcambodge, mémoire d’une terre

L’enfance de Rithy Panh est entrée en collision avec l’Histoire. Né en 1964 à Phnom Penh au Cambodge, il a en effet été emprisonné à l’âge de 11 ans dans un camp de réhabilitation par le travail supervisé par les Khmers rouges. Sa famille est décimée mais il parvient à s’enfuir pour la Thaïlande avant de rejoindre la France. À vingt-et-un ans, il est accepté à l’IDHEC (Institut des Hautes Etudes Cinématographiques) et se lance dans une carrière de cinéaste dans laquelle le Cambodge devient le centre de son œuvre : « Sans cette guerre, je ne serais jamais devenu cinéaste. Je témoigne pour rendre aux morts ce que les Khmers rouges leur ont volé. Je suis un passeur de mémoire en dette vis-à-vis de ceux qui ont disparu. »

Amorcée par Site 2 en 1989, un film portant sur les camps de réfugiés en Thaïlande, la filmographie de Rithy Panh se consacre au documentaire, à l’exception des Gens de la rizière (1994). Le public découvre sa démarche exigeante et dérangeante —il laisse s’exprimer des bourreaux sans jamais les réfréner— à l’occasion de la sortie en 2002 de S21, La Machine khmère rouge. On y découvre avec effroi le “bureau de la sécurité” où 17000 prisonniers furent torturés ou exécutés.

Après avoir abordé dans  Les Artistes du théâtre brûlé la difficulté éprouvée par les artistes à trouver leur place dans la société cambodgienne contemporaine, il dénonce l’ostracisation des prostituées dans Le Papier ne peut pas envelopper la braise avant d’effectuer un bref retour vers la fiction en adaptant Un barrage contre le Pacifique de  Marguerite Duras. Le travail de mémoire de Rithy Panh dépasse le cadre de ses réalisations  : il a créé au Cambodge un centre d’archives audiovisuelles afin de documenter l’histoire de son pays.

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Après la tempêtede hirokazu kore-eda

japon - 2017 - 1h58

avec hiroshi abe,

yoko maki,

yoshizawa taiyo

AVANT PREMIÈRE

Dans son nouveau film, Hirokazu Kore-Eda poursuit son portrait de la famille japonaise en se concentrant à nouveau sur la figure du père. Ryota, écrivain raté, gagne difficilement sa vie en tant que détective privé. Son maigre salaire est englouti dans les paris hippiques, l’empêchant de verser une pension alimentaire à sa femme pour son fils de onze ans. Il tente maladroitement de renouer avec lui et avec son ex-femme. La situation lui échappe jusqu’à l’arrivée brutale d’un typhon qui va les contraindre à passer une nuit ensemble.

Le film compile trois images du père  : celui qui a disparu, une figure pa-ternelle immature et une sorte de père de substitution. Pour écrire son scénario, le cinéaste s’est inspiré de la disparition de son père et de la difficulté à l’aimer lorsque ce dernier était en vie : « La vision de la paternité exposée dans le film m’est très personnelle. J’ai toujours eu l’impression que l’amour du père venait trop tard. C’est mon vécu en tant que fils mais cela correspond aussi à ce que j’ai pu voir autour de moi. J’ai commencé à vraiment aimer mon père une fois qu’il était mort. »

Avec Après la tempête, Hirokazu Kore-Eda tranche avec la douceur mélanco-lique de ses précédents films au profit d’une certaine noirceur. Le double portrait de ce perdant magnifique et de cette famille déconstruite permet au cinéaste d’aborder certains aspects sordides de l’existence sans renoncer à son humour dé-licat. Ce beau film sur la transmission se déroule en une nuit, magique, complexe, mais riche de promesses.

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Au-delà des montagnes de jia zhang-ke

chine/france/japon

2015 - 2h06

avec zhao tao,

yi zhang,

jing dong liang

Entre Liang le modeste mineur et Zhang le riche promoteur, le cœur de Tao balance. Courtisée par ses deux amis d’enfance, la jeune femme hésite à choisir le bon compagnon pour construire sa vie. L’histoire, qui commence en 1999, va se dérouler sur un quart de siècle, permettant à Jia Zhang-Ke de dresser en creux un portrait de la Chine contemporaine et de mettre en relief les fractures sociales de la société.

C’est en comparant des images filmées en numérique distantes d’une di-zaine d’années que le cinéaste a pris conscience de l’évolution de son pays. Grand cinéaste de la mémoire et de l’oubli, Jia Zhang-Ke ausculte l’évolution des senti-ments dans la durée et se demande comment les émotions fluctuent en fonction de l’âge et des événements extérieurs : « Quand on est jeune on ne pense pas à la vieil-lesse, quand on se marie on ne pense pas au divorce, quand on a ses parents on n’envisage pas qu’ils vont disparaître, quand on est en bonne santé on ne pense pas à la maladie, Mais à partir d’un certain âge, on entre dans ce processus, qui est celui du présent mais aussi de projections dans l’avenir. »

Ce voyage temporel est l’occasion de nous faire visiter différents paysages, de la Chine à l’Australie, de la campagne à la ville. Mais Fenyang, la ville natale du cinéaste, reste l’épicentre de son récit comme ce fut notamment le cas pour Platform. Cet ancrage contribue au charme de cette œuvre intense saluée comme il se doit par la presse, comme c’est le cas de la critique des Inrocks sous la plume de Jean-Baptiste Morain : « De l’histoire, des sentiments forts, le temps qui passe et les personnages qui vieillissent, une intelligence des paysages et des mouvements des cœurs : Jia Zhang-Ke nous a encore surpris, entraînés, et pris dans les mailles de sa toile d’arai-gnée de maître du cinéma. » 25

Dernier train pour Busande sang-ho yeon

corée du sud - 2016 - 1h58

version française

et version originale

avec gong yoo,

yumi jung, dong-seok ma

INTERDIT AUX

MoINs DE 12 ANs

Les zombies aiment le cinéma. Depuis La Nuit des morts-vivants de George A. Romero en 1968, ils hantent notre imaginaire avec plus ou moins de bon-heur. Sang-Ho Yeon renouvelle le genre en invitant des macchabées à infecter les passagers d’un train à grande vitesse. Comme dans tout bon film catastrophe, le cinéaste prend le temps de nous décrire une petite communauté avant qu’elle ne soit pourchassée par ces morts-vivants terriblement véloces.

À moins de quarante ans, Sang-Ho Yeon a déjà une longue carrière dans le cinéma en tant que réalisateur, producteur, acteur et scénariste. On lui doit quatre longs métrages dont trois sont des films d’animation : King of Pigs (2011), The Fake (2013) et Seoul Station (2016) dont Dernier train pour Busan est la suite en prises de vues réelles. Ce changement de registre a suscité le doute chez le cinéaste : « Au début, je n’étais pas sûr d’en être capable, je leur ai même suggéré d’engager un réalisa-teur plus expérimenté, mais j’ai fini par me laisser convaincre. »

Comme dans ses précédents films, Sang-Ho Yeon inscrit ses fictions dans la réalité de la Corée d’aujourd’hui. Il n’oublie pas d’ancrer ses personnages dans des situations très réalistes, comme ce père trader, toujours débordé, qui, sous la me-nace des monstres, prend enfin le temps de se rapprocher de sa fille. « J’ai imaginé des personnages dans lesquels les Coréens puissent se reconnaître » confie le réalisateur. Les morts-vivants apparaissent comme des exclus du capitalisme, des parias de la société coréenne. Ils subliment ainsi le film de genre en le faisant dévier vers le brûlot politique.

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Diamond Island de davy chou

france/cambodge/

allemagne/qatar/thaïlande

2016 - 1h43

avec sobon nuon,

cheanick nov, madeza chhem

Révélé en 2006 avec son court métrage Le Premier film de Davy Chou, Davy Chou a réalisé en 2011 Le Sommeil d’or, un documentaire décrivant comment le cinéma cambodgien a été laminé par les despotiques Khmers rouges en 1975. Pour son deuxième long métrage, Davy Chou pose sa caméra dans une faille temporelle, à Diamond Island, un lieu dépourvu de mémoire où il explore les conditions de vie précaires et les risques encourus par de jeunes ouvriers venus de la campagne. On suit le parcours de Bora qui se lie d’amitié avec d’autres précaires en mal d’amour et d’avenir.

Cette île sablonneuse et herbeuse située en bordure de Phnom Penh, autre-fois occupée par de modestes pêcheurs, fait l’objet d’un programme immobilier agressif et moderniste. La toponymie frelatée de cet espace en voie de construc-tion renvoie aux fantasmes standardisés de l’urbanisme occidental. On y rêve d’immeubles de luxe portant les noms d’Elite Town, d’Elysée ou de Riviera. « Pour moi, c’est un lieu qui incarne plus que tout autre le rapport, passionnel et cruel entre la jeunesse et le mythe de la modernité en marche du pays » confie le réalisateur.

Fragmentant son écran, recourant à des travelings voluptueux ainsi qu’à des plans larges parfois tournés à l’aide de drones, Davy Chou dresse dans un élan de poésie chatoyante le portrait d’une génération qui semble échapper au réel. À partir de cette histoire aux angles morts vénéneux, le cinéaste construit une œuvre romanesque singulièrement envoûtante. Telle une Alice en version pop, le jeune cinéaste franco-cambodgien nous invite à l’accompagner sans retenue dans cette chute vers un ailleurs terriblement séduisant.

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Duch, le maître des forges de l’Enferde rithy panh

france /cambodge

2012 - 1h43

« Accepter la ligne du parti, c’était accepter le fait d’interroger et de torturer » déclare placidement Duch. Cet ancien enseignant francophile (il aime citer Alfred de Vigny), respecté de ses élèves, assume son passé de tortionnaire dans un ancien lycée de Phnom Penh où périrent de manière sordide plus de douze mille personnes. Duch fut le premier bourreau à être poursuivi par un tribunal cambodgien qui le condamna à trente-cinq ans de réclusion criminelle.

Face au discours sinueux et énigmatique de Duch, le cinéaste semble absent. Il laisse dérouler une parole folle qui oscille entre repentance et déni, un flot d’auto-justification non dénué de sentiments ni d’émotion. Il aura pourtant fallu une connaissance aigüe du contexte historique pour que Rithy Panh parvienne à circonscrire le discours de Duch qu’il a filmé pendant plus de trois cents heures. Plutôt que de le contrer par la parole, le cinéaste lui oppose des documents d’ar-chive qui poussent Duch dans ses retranchements.

Ce documentaire hors-norme s’inscrit dans une démarche au long cours qui vise à documenter l’histoire cambodgienne du XX e siècle dont S21, la machine de mort khmère rouge (2001) est l’une des pièces maîtresses. À ce titre, Duch, le maitre des forges de l’enfer apparaît comme une suite indispensable, un témoignage d’une force exceptionnelle. En dépit de sa très grande connaissance du drame, Rithy Panh ne cesse d’être surpris par les mots de ces petits soldats de l’horreur. Dans un livre d’entretien paru en même temps que le livre, Duch confie en effet que ses nuits n’ont jamais été hantées par les milliers de victimes décédées sous ses ordres.

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Harmonium de koji fukada

japon/france - 2017 - 1h58

avec tadanobu asano,

mariko tsutsui,

kanji furutachi

Koji Fukada a fait très forte impression sur le public cannois de 2016 en raison de l’impeccable maîtrise de sa réalisation, à la fois limpide et mystérieuse, mise au service d’un récit troublant de cruauté. Un modeste entrepreneur em-bauche un ancien ami qui va s’avérer être un employé parfait, docile et obéissant. Il va même devenir un membre de la famille à part entière, initier la fille de son patron à l’harmonium, jusqu’à ce qu’il devienne l’amant de la mère de famille et que la situation dérape. La fillette est alors victime d’une mystérieuse agression qui la handicape lourdement. Huit ans plus tard, alors que l’employé modèle a disparu, le fils de celui-ci se fait embaucher et révèle les horreurs du passé.

Ce polar fantastique qui se déploie dans différentes strates temporelles dé-voile toute l’hypocrisie de la société japonaise, qui sous son aspect policé dénonce un faisceau de multiples névroses. La famille est ainsi décrite comme le lieu de la solitude absolue. Refusant toute approche psychologique, Koji Fukada élabore son récit de manière complice avec ses acteurs, chacun devant créer son propre espace, laissant le temps aux spectateurs de développer leur propre imaginaire.

Conçu comme une tragédie, Harmonium questionne la violence dans sa banalité de tous les jours  : « En fait, la violence est inexplicable. Comme dans une catastrophe naturelle où les causes ne relèvent ni du bien ni du mal, le criminel, au moment de commettre son crime, ne peut expliquer avec précision les motifs de son action. Je pense que nous vivons dans une certaine ambiguïté ordinaire, loin du concept du bien et du mal ». Au-delà de sa portée philosophique, cette œuvre singulière fascine et inquiète d’une manière quasi hitchcockienne.

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La Grande muraillede zhang yimou

etats-unis/chine

2017 - 1h44

version française

avec matt damon,

jing tian, pedro pascal

Ayant accédé à la reconnaissance internationale par le biais de deux films majeurs, Épouses et concubines en 1991 et Le Secret des poignards volants en 2004, Zhang Yimou s’affiche désormais comme un spécialiste du blockbuster (on lui doit également la mise en scène des Jeux Olympiques de Pékin). Le budget de La Grande muraille, aventure relevant de la fantasy historique, est évalué à plus de 135 millions de dollars, soit le film le plus cher de l’histoire du cinéma chinois (même s’il s’agit d’une coproduction américano-chinoise). Le casting est lui-même com-posé de comédiens des deux pays  : Matt Damon, Willem Dafœ, Pedro Pascal, Andy Lau, Tian Jing et Zhang Hanyu. Une polémique s’est développée en Chine, certains professionnels du cinéma jugeant illégitime de confier le rôle principal à un acteur blanc pour une histoire purement chinoise. Idem pour les seconds rôles attribués à un Américain et à un Chilien.

Cette polémique a fini par s’essouffler car nous sommes davantage plongés dans un univers à la mode type Game of Thrones que dans une fresque histo-rique. La Grande Muraille, merveille architecturale et fierté nationale, a ici pour vocation de protéger la Chine des monstres légendaires : « La Grande Muraille est le seul rempart pour sauver le monde » annonce avec panache la bande annonce. L’enjeu pour une faction armée d’élite, des archers de haute volée, est ni plus ni moins de sauver l’humanité.

Zhang Yimou décrit La Grande Muraille comme un « gros film de monstres hollywoodiens » mais il tient à faire savoir que ceux-ci sont « issus de la Chine ancienne ». Il va même jusqu’à dire que « tout y est filmé d’une façon très réaliste ». D’où une très forte attente pour ce film tout public qui devrait permettre à l’industrie cinématographique chinoise de s’affirmer sur le marché mondial des super-productions.

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Le Voyage de Chihiro de hayao miyazaki

japon - 2002 - 2h02

version originale

et version française

coNsEIllé

à PARTIR DE 8 ANs

Sen to Chihiro no Kamikakushi (Le Voyage de Chihiro) nous conte l’histoire de Chihiro, une petite fille japonaise de 10 ans dont les parents sont transformés en cochon. Elle se retrouve livrée à elle-même dans un monde de dieux, d’esprits et de monstres, dans une ville de bains régie par une sorcière. Dans ce lieu étrange et fantastique, les humains inutiles sont changés en cochons ou disparaissent. Pour survivre, Chihiro doit abandonner son nom et commencer à travailler.

Déjà annoncé fin 1999 et objet de toutes les attentes, Le Voyage de Chihiro est sorti dans les salles japonaises en juillet 2001. Il remporte un triomphe sans pré-cédent, battant tous les records d’entrées (plus de 23 millions), devançant même Titanic. Le Voyage de Chihiro connaît également hors du Japon un succès sans pré-cédent pour une production animée nipponne, réunissant près de 1,5 millions de spectateurs en France, et remportant l’Ours d’or au festival international du film de Berlin en 2002 et l’Oscar du Meilleur film d’animation en 2003.

« Ce film s’apparente à un récit d’aventures, mais sans agitation d’armes, ni su-per-pouvoirs. Et même si je parle d’aventures, le sujet n’est pas la confrontation entre le bien et le mal, mais c’est plutôt l’histoire d’une petite fille qui, jetée dans un monde où se mêlent braves gens et personnages malhonnêtes, va se discipliner, apprendre l’amitié et le dévouement, et va mettre en œuvre toutes ses ressources pour survivre. » Hayao Miyazaki

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L’Image manquantede rithy panh

cambodge/france

2015 - 1h32

avec randal douc

Produit pour la télévision, puis sélectionné à Cannes, ce documentaire ex-ceptionnel a bien failli ne jamais sortir en salles. Il constitue pourtant une pièce maîtresse de l’œuvre de Rithy Panh, l’une des plus complètes et des plus puis-santes filmographies consacrées au Cambodge de l’ère Khmer rouge. Le cinéaste y raconte avec une pudeur non dénuée d’humour la destruction de sa famille alors qu’il était âgé de onze ans. « Mon enfance, je la cherche, comme une image per-due. Ou plutôt, c’est elle qui me réclame. Est-ce parce que j’ai 50 ans ? » questionne-t-il en préambule.

Rithy Panh évoque « le monde d’avant, de la musique, de la douceur, de la fa-mille », celui d’avant les camps de travail, les mises à mort arbitraires et la pauvreté assassine. Pour mettre à distance l’horreur et pour rendre visible la mémoire in-time et collective, le cinéaste a eu recours à de frêles personnages sculptés dans la glaise et placés dans des décors d’une grande minutie : « Avec de la terre et de l’eau, avec les morts, les rizières, avec des mains vivantes, on fait un homme. Il suffit de pas grand-chose. Il suffit de vouloir. Son costume est blanc, sa cravate sombre. Je voudrais le tenir contre moi. C’est mon père. »

Co-écrit avec l’écrivain Christophe Bataille, le commentaire retient l’atten-tion par sa douceur et sa capacité à donner vie à ces figurines inanimées. Il est en outre très émouvant de voir Rithy Panh laisser filtrer sa sensibilité, lui qui s’était toujours si bien dissimulé derrière des documentaires exigeants dépourvus d’émotion palpable. Ce grand film de la mémoire est à (re)découvrir de toute urgence.

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Madame B, histoire d’une Nord-Coréenne de jero yun

france/corée du sud

2017 - 1h11

film documentaire

Après avoir suivi une formation cinématographique en France, Jero Yun, jeune cinéaste sud-coréen, réalise avec Madame B, histoire d’une Nord-Coréenne son deuxième long métrage. Alors qu’il envisageait de tourner une fiction, sa rencontre avec Madame B le détourne de son projet initial et le conduit sur les rivages escarpés du documentaire. Passant d’une Corée à l’autre, il va suivre cette femme à la destinée houleuse.

Ayant quitté la Corée du Nord de manière clandestine, Madame B est ven-due par ses passeurs à un paysan chinois, contrainte d’abandonner son mari et ses enfants restés dans son pays d’origine. Elle devient à son tour passeuse et trafiquante de drogue sans perdre l’espoir de retrouver les siens. Cette vie hors du commun rend compte d’une situation géopolitique complexe. Elle met en lumière les interactions entre la Chine, le Laos, la Thaïlande et les deux Corées. Mais son histoire dépasse le cadre local pour faire de Madame B une égérie de tous les migrants du XXIe siècle.

Tourné caméra à l’épaule, ce documentaire saisissant bruisse de l’urgence de sa réalisation, des dangers encourus par le cinéaste pour un tournage qu’on imagine très tourmenté. Jero Yun filme les situations les plus complexes sans les juger et adopte un point de vue empreint de respect et de dignité pour aborder des personnages en proie à des dilemmes existentiels. Le portrait de Madame B prend alors des allures de fresque philosophique et déjoue avec brio les clichés habituellement associés aux migrants.

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Mademoisellede park chan-wook

corée du sud - 2016 - 2h31

avec kim min-hee,

kim tae-ri,

ha jung-woo

Érotique, féministe, gothique, ludique, tels sont les adjectifs qui ont accom-pagné la projection cannoise de Mademoiselle, le thriller de Park Chan-Wook adapté du roman Du Bout des doigts de Sarah Waters, paru au Royaume-Uni en 2002. Ce conte en trois actes prend plaisir à démultiplier les identités de ses per-sonnages pour échafauder un récit à tiroirs, jubilatoire, non dénué d’humour.

Dans la Corée des années trente, alors colonisée par le Japon, Sook-hee est engagée comme servante au service d’une riche japonaise qui vit sous la coupe d’un oncle tyrannique et érotomane au sein d’un magnifique manoir isolé dans la campagne. Il va s’avérer que Sook-hee est en mission commandée au profit d’un escroc se faisant passer pour un comte japonais afin de ruiner son maître. Mais la servante va être rattrapée par ses sentiments …

S’il a tourné en numérique, Park Chan-wook  a eu recours à un objectif anamorphique. L’effet chromatique et formel ainsi obtenu lui a permis de subli-mer son décor d’époque. Le cinéaste n’hésite pas non plus à utiliser de manière ostentatoire des panoramiques circulaires ou des zooms vertigineux. Mais son audace et son inventivité se retrouvent aussi dans sa capacité à créer des situations étranges comme celle de l’oncle dont la langue a été noircie à force de lécher l’encre d’estampes coquines. Le fétichisme portant notamment sur les gants, les chapeaux ou une paire de boucles d’oreilles qui passe d’une oreille à l’autre sans oublier les lanières d’un corset, ferait presque oublier que cet opéra sexy et terri-blement toxique est avant tout une belle histoire d’amour dont les femmes sont les grandes gagnantes.

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Ma’ Rosa de brillante mendoza

philippines - 2016 - 1h50

avec jaclyn jose,

julio diaz,

felix roco

Manille est le terrain de jeu favori du cinéaste Brillante Mendoza. Un terrain de jeu particulièrement sombre et désespérant. Au cœur de l’un de ses quartiers les plus pauvres, officie Ma’Rosa, commerçante décomplexée qui, sous couvert de son épicerie de proximité, organise un trafic de méthamphétamine. Repérée par la police, la revêche quinquagénaire est emprisonnée avec son mari. Leurs enfants doivent réunir la somme de 400 000 pesos afin d’obtenir sa libération. Pour payer ce pot de vin, ils vont alors quémander de l’argent auprès de leur famille élargie.

L’innocence semble avoir déserté les Philippines. La corruption gangrène la société, de la cellule familiale aux cercles du pouvoir et contamine toutes les générations. La mère dealeuse permet à l’un de ses fils de se droguer et pousse ses autres enfants à une mendicité dégradante. La pauvreté les enferme dans des cercles douloureux âprement filmés par Brillante Mendoza qui s’est basé sur une histoire vraie pour construire son scénario. Caméra à l’épaule, il scrute quelques heures de la nuit d’un bidonville en se positionnant au plus près des corps et des âmes. Il tire du réel une fable policière sans concession, une diatribe contre la politique de son pays.

Ce récit d’une noirceur absolue est parfois illuminé par quelques scènes humoristiques mais surtout par des éclats d’humanité qui émanent le plus sou-vent des femmes. Il en va ainsi du personnage de Ma’Rosa (Jaclyn Jose, prix d’in-terprétation féminine à Cannes) qui, sous sa carapace, laisse filtrer des bribes de tendresse. Après Lola, Brillante Mendoza confirme qu’il est un grand portraitiste des villes et des femmes.

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Mon voisin Totorode hayao miyazaki

japon - 1988/1999 - 1h27

version française

coNsEIllé

à PARTIR DE 5 ANs

Une petite camionnette circule sur une route de campagne, dans un paysage printanier et ensoleillé, avec ses rizières, ses arbres, son ciel zébré. Deux petites filles et leur père vont emménager dans une nouvelle maison pour se rappro-cher de l’hôpital où est soignée leur mère et lui offrir un cadre reposant pour sa convalescence. La maison et la nature environnante recèlent pour les petites filles des mystères insoupçonnés…

L’intention de Miyazaki avec Mon voisin Totoro fut de réaliser un film s’adres-sant aux enfants, de revenir à l’innocence d’une enfance à la campagne avec une histoire de voisinage entre humains située dans le Japon rural des années cin-quante, mais aussi avec des créatures sauvages vivant dans les bois anciens. Le regard émerveillé sur la beauté, la diversité du monde et de la nature, sont en harmonie avec une description souvent minutieuse du quotidien, le naturalisme des décors, l’animation réaliste d’éléments comme l’eau et le vent.

L’imaginaire de Miyazaki est présent dans les mangas qu’il a dessinés bien avant de pouvoir les faire vivre dans ses films. Mon Voisin Totoro voit apparaître les Totoros pour la première fois, et ils ont un air de famille avec les pandas “magiques” de Panda Petit panda. Totoro deviendra la mascotte du studio Ghibli et, retour au réel, grâce aux licences pour la commercialisation de jouets et autres peluches, apportera de précieux financements pour la réalisation de nouveaux films.

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Notre petite sœur de hirokazu kore-eda

japon - 2015 - 2h07

avec haruka ayase,

masami nagasawa,

kaho

« Aussi rafraîchissante qu’une salade d’algues subtilement assaisonnée, cette chro-nique familiale se déguste avec de délicates baguettes comme un mets raffiné » écrivait Alain Spira dans Paris Match. Cette métaphore culinaire laisse deviner que le der-nier film de Kore-Eda est moins sombre que les précédents. Adapté d’un roman graphique, Notre petite sœur est à nouveau le récit d’une famille contemporaine dont l’intégrité va être remise en question.

Lorsqu’elles se rendent à l’enterrement de leur père, Sachi, Yoshino et Chika, ses trois filles, découvrent l’existence de Suzu, leur demi-sœur, fille d’une pre-mière épouse abandonnée quinze ans plus tôt. Les trois sœurs décident d’ac-cueillir l’adolescente et initient la jeune campagnarde à leur mode de vie urbain. Kore-Eda s’est beaucoup questionné sur la question de l’adaptation. Si au départ, le cinéaste souhaitait se contenter d’en modifier la chronologie, il a finalement épuré le récit en limitant les décors et les personnages. Mais comme souvent chez lui, le film s’est vraiment écrit par le biais du casting. Au final, Kore-Eda fait le bilan suivant : « Pendant le tournage, la distinction entre livre et film s’est atténuée. Je me demandais si telle scène figurait dans le roman ou si je l’avais inventée : je considère que c’est la preuve que j’ai pu m’approprier l’œuvre d’origine. »

Moins cruel que ses précédents films, Notre petite sœur scrute à nouveau les errements de la cellule familiale japonaise et déploie toujours la même élégance quant à la mise en scène. « Mais qui, mieux que Kore-Eda filme une visite au cimetière sous la pluie, qui mieux que lui capte la mélancolie des gares et des trains, qui aussi bien que lui fait du visage de ses personnages des paysages aux variations infinies  ? » interroge la revue Positif.

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Panda Petit Pandade isao takahata

sur un scénario

de hayao miyazaki

japon - 1973 - 1h11

version française

coNsEIllé

à PARTIR DE 3 ANs

Panda Petit Panda est composé de deux moyens métrages sortis au Japon en 1972 et 1973. Quoique seul crédité pour leur réalisation, Takahata a étroite-ment collaboré avec Miyazaki sur ces films ; il lui doit le scénario original et bon nombre d’idées graphiques. À l’origine de cette collaboration, deux événements : la démission des deux hommes des studios d’animation de la TOEI, où ils se sont connus et appréciés, et le rétablissement des relations diplomatiques entre le Japon et la Chine, à l’occasion duquel un couple de pandas est offert au Japon par la Chine.

De manière prépondérante, l’univers visuel décrit dans Panda Kopanda est celui de Miyazaki. Le papa panda préfigure très clairement ce qui deviendra la figure emblématique de son œuvre, à savoir le personnage-titre de Mon voisin Totoro (1988). Un projet d’adaptation de Fifi Brindacier d’Astrid Lindgren avait dû être abandonné faute d’en obtenir les droits, mais pour le personnage de la fillette elle a constitué la veine principale d’inspiration des auteurs.

Des thèmes récurrents dans l’œuvre de Miyazaki apparaissent, comme l’ab-sence de la mère, la montée des eaux. Le mélange “ordinaire-extraordinaire” se trouve au cœur du projet de mise en scène de Panda Kopanda, dans tous les dé-calages, jeux et glissements imaginables, et pour un résultat qui a conquis les enfants. Ainsi, vingt ans plus tard, Miyazaki pouvait-il évoquer cette expérience en ces termes : « Je crois que cette adhésion des enfants a déterminé jusqu’à la direction dans laquelle j’allais travailler par la suite. »

38

Princesse Mononoké de hayao miyazaki

japon - 1997/2000 - 2h15

version française

et version originale

coNsEIllé

à PARTIR DE 10 ANs

Princesse Mononoké nous conte l’histoire du jeune prince Ashitaka qui, frap-pé d’une malédiction mortelle, doit quitter son village. Ashitaka sera alors té-moin de la guerre que se livrent les humains et les dieux de la forêt. Ce conflit entre civilisation et nature est symbolisé par la lutte opposant San, jeune fille élevée par les loups, à Dame Eboshi, chef du clan des forgerons et responsable de la destruction de la forêt. Ashitaka s’efforcera de concilier les intérêts de chacun.

À la fin des années soixante-dix, Hayao Miyazaki avait écrit un scénario et réalisé des croquis pour un film mettant en scène une princesse vivant dans la forêt avec une bête sauvage. Le récit, ancré dans l’histoire et le folklore japonais, faisait écho au conte de fée occidental La Belle et la Bête. Publié une première fois en 1983, dans un recueil réunissant divers projets de films non aboutis, ce conte illustré est réédité en 1993. Mais lorsque Hayao Miyazaki décide de reprendre le projet, Disney venait de sortir La Belle et la Bête et surtout le monstre du projet de 1980 se retrouvait de façon trop évidente, scindé en deux personnages (Totoro et le chat-Bus) dans Mon voisin Totoro, sorti en 1988. Le récit se transforme alors en une œuvre plus complexe et plus ambitieuse, puisant son inspiration dans les légendes et la mythologie.

Princesse Mononoké sera l’événement cinématographique de la décennie au Japon et le second film de Hayao Miyazaki à être distribué en France en 2000, tout de suite après Mon voisin Totoro, et, à l’échelle mondiale, avec un succés qui imposera Miyazaki comme le “ grand ” de l’animation.

39

Rande akira kurosawa

japon/france - 1985 - 2h42

avec tatsuya nakadai,

nezu jinpachi,

masayuki yui

En japonais, ran signifie chaos. Dans le film de Kurosawa, le chaos est à la fois intime — de nombreux personnages ont des comportements névrotiques — et politique du fait des luttes claniques qui déstabilisent la société féodale japo-naise. Le scénario de Ran doit autant à l’histoire d’un légendaire chef de guerre du XVIe siècle qu’au Roi Lear de Shakespeare.

Sentant ses forces l’abandonner, Hidetora Ichimonji, vieil autocrate d’un clan très puissant, confie la succession de son royaume à ses trois fils, Taro, Jiro et Saburo. Selon la tradition, la division des biens se fait à l’issue d’une partie de chasse et chacun d’eux hérite d’un château. Saburo réfute cette répartition car il craint que ses frères ne respectent pas le partage. Bien que fondée, son intuition lui vaut d’être déshérité par son père. Taro et Jiro se livrent une guerre sans merci. Les épouses s’en mêlent et le clan se retrouve au bord de l’implosion.

Cette fresque sanglante (le film abonde en scènes de crimes, amputations et mutilations de toutes sortes) qui se déroule sur les versants du Mont Fuji impres-sionne par sa maîtrise et son souffle épique. Après un passage à vide dans les an-nées soixante-dix, Akira Kurosawa a retrouvé l’intérêt du public avec Kagemusha (1980), parfaite illustration du jidaï-geki, genre mettant en scène le Japon médié-val. Avec Le Château de l’araignée, libre adaptation de Macbeth réalisée en 1957, Kurosawa dessine une impressionnante trilogie dont Ran apparaît comme le film le plus abouti des trois. La presse de l’époque salua ce chef d’œuvre comme il se doit « une prodigieuse beauté » pour Les Cahiers du Cinéma, « une expérience très sin-gulière et salutaire » pour Le Monde et « un sens de la narration parfait » pour Positif.

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Sanjuro de akira kurosawa

japon - 1962 - 1h36

noir & blanc

avec toshirô mifune,

tatsuya nakadai,

yûzô kayama

Neuf jeunes et braves samouraïs d’une touchante naïveté se rebellent contre un seigneur corrompu. Ils sont épaulés par Sanjuro Tsubaki (interprété par To-shirō Mifune), un guerrier vagabond ironique et curieusement très expérimen-té. Sanjuro, qui va se révéler être un tacticien de génie, les aide à affronter le chambellan cynique qui détient le pouvoir. L’ordre sera rétabli à l’issue d’un mé-morable combat de sabres.

Le scénario de Sanjuro est une adaptation de Jours de Paix, un roman de Shu-goro Yamamoto dont Kurosawa adapta également Barberousse et Dodes’Ka-Den. Sanjuro est par ailleurs la suite de Yojimbo (1961) dont le succès public conduisit les producteurs à poursuivre le récit de ce samouraï non-conformiste. Derrière Sanjuro et ses allures de va-nu-pieds, se cache un génie des armes qui terrasse les grands mythes héroïques. « Voir le héros Mifune emplir son giron de camélias a dû provoquer chez les Japonais un effet pour le moins étrange ; un peu comme si on avait montré aux Américains John Wayne en train de faire du jardinage. Ce que Ford n’a ja-mais osé, Kurosawa, lui, l’a fait » écrit Aldo Tassone dans son livre consacré à Akira Kurosawa (Edilig, 1983).

Reprenant à son compte tous les codes du film de samouraï, Akira Kurosawa opère un détournement ironique du genre pour le faire dériver vers la parodie. Ce cinéma excessif, bourré d’effets, influença notamment Sergio Leone pour la réalisation de ses westerns-spaghettis.

41

Sayonarade koji fukada

japon - 2017 - 1h52

avec bryerly long,

geminoid f,

hirofumi arai

AVANT PREMIÈRE

Dans un avenir proche, le Japon est victime d’attaques terroristes sur ses cen-trales nucléaires. Irradié, le pays est peu à peu évacué vers les états voisins. Tania, atteinte d’une longue maladie et originaire d’Afrique du sud, attend son ordre d’évacuation dans une petite maison perdue dans les montagnes. Elle est veillée par Leona, son androïde de première génération que lui a offert son père. Toutes deux deviennent les derniers témoins d’un Japon qui s’éteint à petit feu et se vide par ordre de priorité, parfois selon des critères discriminatoires. Mais doucement, l’effroi cède la place à la poésie et la beauté.

C’est une très courte pièce de théâtre d’Oriza Hirata, Sayonara, qui est à l’origine du film. Elle met en scène deux personnages : un vrai robot et une jeune femme. Le dramatique souvenir de Fukushima est présent comme une évidence et la prise de conscience que le Japon avait bâti son succès économique sur un progrès technologique qui contenait aussi la potentialité de sa destruction. Le réalisateur, en voyant la pièce, est impressionné par le texte qui décrit ce qu’est la mort à travers cette conversation entre un robot qui ne sait pas mourir et une jeune femme qui va mourir ; comme une sorte de memento mori qui donnera au film sa tension. En filigrane, est posée la question du statut des immigrés qui, comme ailleurs à travers le monde, crispe le pays.

Kôji Fukada est né en 1980, il étudie le cinéma à la Film School of Tokyo où enseigne notamment Kiyoshi Kurosawa. En 2013, Au revoir l’été est sélectionné dans de nombreux festivals et obtient la Montgolfière d’or au Festival des 3 conti-nents à Nantes. En 2016, Harmonium est sélectionné à Cannes et remporte le prix du jury de la section “Un Certain regard”.

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Ta’Ang, un peuple en exil entre Chine et Birmanie de wang bing

chine/france - 2016 - 2h27

film documentaire

Documentariste unanimement salué par la critique internationale pour l’ampleur à la fois lyrique et réaliste de ses films, Wang Bing poursuit sans relâche le portrait des oubliés de la Chine contemporaine. Il s’intéresse ici à un groupe ethnique venant de Birmanie afin de fuir une guérilla civile à l’issue incertaine. Trouvant refuge en Chine, les Ta’Ang, composés pour la plupart de femmes, d’en-fants et de vieillards, luttent contre le dénuement. Dans ces montagnes reculées, le travail se fait rare, même dans les rizières toutes proches. Et le retour au pays de ces réfugiés reste un rêve lointain.

Contraint à la discrétion en raison d’une censure permanente, Wang Bing a tourné beaucoup de scènes de nuit, travaillant dans l’obscurité avec un grand savoir-faire. Ce maître du clair-obscur n’a pas son pareil pour filmer des visages minés par leur quotidien harassant ou des échanges entre femmes de différentes générations, éclairés à la lueur vacillante d’une bougie. L’angoisse est palpable car à quelques kilomètres de leurs habitats de fortune, des bombes pilonnent les montagnes. En dépit de cet univers anxiogène, les enfants jouent ensemble comme c’était déjà le cas dans le bouleversant documentaire Les Trois sœurs du Yunnan. Ces réfugiés sont décrits avec justesse et sobriété dans une captation épu-rée, la marque de fabrique de Wang Bing.

Tourné en catimini avec un cameraman et un assistant, Ta’Ang laisse éclore les confessions que Wang Bing a recueillies de manière spontanée sans jamais les provoquer : « Mais si eux, à un moment donné, me parlent, alors que je tourne, ça ne me pose aucun problème, je considère que c’est la réaction qu’ils ont eue à ce moment précis, et je n’ai aucune raison de l’exclure a priori. »

43

Tampopode juzo itami

japon - 1985 - 2h

avec nobuko miyamoto,

tsutomu yamazaki,

ken watanabe

Trente ans après sa sortie en salles, Tampopo revient sur les écrans dans une version restaurée en haute définition. Son auteur, Juzo Itami, définit son film comme un “ western-nouilles ” eu égard aux ressemblances plus ou moins iden-tifiables avec les “ westerns-spaghettis ”. Comme dans un film de Sergio Leone, un personnage mystérieux arrive en ville… Mais ici le vrai combat se déroule en cuisine.

Tampopo, veuve de fraîche date, fait vivoter son restaurant de ramen (plat japonais à base de nouilles et de bouillon) dans un quartier pauvre de Tokyo jusqu’à l’arrivée de Goro, un étrange routier aux allures de cow-boy dégingandé. Goro est un gourmet qui va réveiller l’appétit et les compétences de Tampopo. À partir de cette ligne narrative, le cinéaste va digresser en nous donnant à voir quelques scènes étonnantes : une femme a pour habitude de tâter des fruits et des camemberts dans des supermarchés fermés la nuit, un jeune couple pimente ses ébats dans une chambre d’hôtel en usant de crème chantilly, d’œufs ou de crevettes.

Cette grande bouffe à la japonaise a fortement impressionné le public et la presse notamment en raison de son pré-générique dans lequel un personnage s’adresse au public : « Tiens vous êtes au cinéma, vous aussi ? Moi, s’il y a une chose que je déteste, quand je regarde un film, c’est d’entendre un connard froisser un paquet de po-pcorn ou un truc comme ça. Ça me rend fou. » Entre série B et thriller, entre comédie et mélo surréaliste, Tampopo reste un must des “ food movies ”.

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Tel père, tel fils de hirokazu kore-eda

japon - 2013 - 2h01

avec masaharu fukuyama,

machiko ono,

rirî furankî

L’affiche de Tel père, tel fils laisse penser que les familles Nonomiya et Saiki sont l’image même de l’harmonie. Derrière cette photographie en trompe-l’œil se joue pourtant un drame existentiel : la famille Nonomiya vient de découvrir que leur fils de six ans n’est pas leur fils biologique mais l’enfant d’un autre couple. Les deux nouveaux-nés ont été incidemment échangés à la maternité. Cette découverte va entraîner une forte tension entre les deux familles de classes sociales différentes et poser la question de l’essence même de la paternité : est-elle affective ou biologique  ? Entre rejet et amour, les deux figures paternelles vont affronter la vérité de manière diamétralement opposée. De son côté, Ryota, architecte de renom, est un père autoritaire préoccupé par l’étiquette sociale, tan-dis que Yudai, boutiquier plein de fantaisie, assume sa paternité avec humour et décontraction. Tiraillé entre ces deux modes d’éducation, le petit Keita ne sait plus comment se comporter.

Pour éviter que Tel père, tel fils ne devienne un film à thèse, Kore-Eda a ac-cordé un grand soin à son casting en confiant les rôles paternels à des débutants dans le métier d’acteur. Masaharu Fukuyma, l’une des grandes figures de la scène pop japonaise, a abordé le rôle de Ryota avec appréhension : « Je ne me sentais pas père et j’avais peur que cela se voie immédiatement à l’écran ». Quant à Lily Franky (Yudai), romancier et musicien, il apporte une vraie fraîcheur à son personnage. Leur interprétation hésitante est certainement l’une des clefs de la réussite de cette chronique sensible et douloureuse qui a reçu un accueil unanime de la presse internationale lors de sa présentation au Festival de Cannes en 2013. Elle salua avec enthousiasme ce récit d’apprentissage, celui d’être un père envers et contre tout, naviguant entre l’inné et l’acquis.

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The Strangersde na hong-jin

corée du sud - 2016 - 2h36

avec kwak do-won,

hwang jeong-min,

chun woo-hee

INTERDIT AUX

MoINs DE 12 ANs

À sa sortie en salles, Libération titrait : « Effroi, sale et méchant ». Même en-thousiasme pour Mad Movies : « L’Exorciste du nouveau siècle. Carrément. » Ce film de genre coréen fit sensation lors de sa présentation en séance spéciale au Festival de Cannes en 2016. Ce n’est pas la première fois que Na Jung-jin frappe l’ima-ginaire des festivaliers. En 2008, il les avait effrayés avec Chaser, récit pittoresque d’un tueur en série dont l’arme était un marteau…

Dans un paisible village montagnard, des meurtres sauvages et cruels sont perpétrés par des habitants en proie à des pulsions irrépressibles. Ces actes bar-bares semblent résulter d’une malédiction lancée par un ermite japonais. Un brave policier, empoté et naïf, tente de conjurer le mauvais sort qui vient de s’abattre sur la petite communauté en proie à une effrayante fièvre meurtrière. C’est un chaman qui semble finalement le plus qualifié pour mettre fin à cette boucherie.

Pour ce polar horrifique interdit aux moins de douze ans, Na Hong-Jin s’est inspiré de L’Exorciste de William Friedkin et de Rosemary’s Baby de Roman Po-lanski  : « Je pense que ce sont précisément les deux films qui m’ont le plus influencé pour tourner celui-ci ». Il mélange en effet l’humour et l’horreur avec un certain brio pour nous offrir un film d’une rare cruauté. En trois films, The Chaser, The Murderer, The Strangers, Na Jung-jin est parvenu à imposer son univers déviant et rigolard dont le public coréen raffole.

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Tunnel de kim seong-hoon

corée du sud - 2016 - 2h06

avec doona bae,

ha jung-woo,

dal-su oh

AVANT PREMIÈRE

Depuis Hard Day découvert à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2014, Kim Seong-Hoon est l’un des nouveaux champions du divertissement coréen. La recette de son cinéma est un mélange de genres détonant, mêlant action, drame, suspense et comédie.

Son troisième film, Tunnel, est un film catastrophe dans lequel un homme, Lee Jung-soo (Ha Jeong-woo, également à l’affiche dans Mademoiselle), est en-seveli lors de l’effondrement d’un tunnel qu’il traversait en voiture. Le film se construit alors sur deux espaces. D’un côté cet homme, réfugié dans ce qu’il reste de sa voiture, qui devra survivre plusieurs jours avec un minimum de rations et le risque toujours présent d’un plus gros effondrement. De l’autre, l’avancée labo-rieuse de l’opération de sauvetage mise sous pression par la présence des médias et des politiques qui suivent l’affaire.

Si l’on devait comparer Tunnel à deux films, ce seraient immanquablement Le Gouffre aux Chimères (Billy Wilder, 1951), à la différence que le point de vue n’est pas celui du journaliste mais celui de l’homme coincé au fond du tunnel, pour la critique très amère des conséquences d’un emballement médiatique face à un drame humain, et Seul sur Mars (Ridley Scott, 2015) pour le parallèle entre le combat au quotidien de la victime et les efforts mis en place pour le secourir.

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Vers l’autre rivede kiyoshi kurosawa

france/japon - 2015 - 2h07

avec eri fukatsu,

tadanobu asano,

yû aoi

Bienvenue chez les fantômes ! Comme à son habitude, Kiyoshi Kurosawa nous convie dans un univers fantastique et fait vaciller nos certitudes en mélan-geant subtilement le rêve et la réalité. Nous sommes ici dans un entre-deux, dans les limbes ouatées de l’inconscient d’une jeune veuve. Une nuit, un jeune homme élégant rentre dans la maison de Mizuki en oubliant de retirer ses chaussures. Très naturellement, Mizuki, qui est en train de confectionner des beignets, demande au fantôme de son mari pourquoi il a oublié de se déchausser. C’est ainsi que débute l’étrange voyage du couple, une excursion dans l’au-delà, sans effets osten-tatoires, un duo slalomant entre le présent et le passé.

Jusqu’à présent, Kiyoshi Kurosawa nous avait accoutumé à la présence de fantômes inquiétants ou culpabilisants venus hanter le morne quotidien des vi-vants. Ici, il nous donne à voir un spectre apaisé même si la cause de sa mort était violente (le jeune homme s’est noyé en mer). Autre nouveauté dans le cinéma de Kurosawa : il déserte les villes au profit de la campagne pour signer un road-mo-vie romanesque et sentimental.

Vers l’autre rive apparaît comme un tournant dans la carrière de Kurosawa, le signe d’un apaisement, loin de la tension anxiogène de ses thrillers. Il nous offre un film d’une grande sensualité, une réflexion sensible et troublante sur le sens de la vie. Il confirme en outre ses talents de cadreur et de monteur qui font si bien cœxister le visible et l’invisible. Même s’il n’est pas dénué de noirceur, ce nouveau récit au pays des fantômes est d’une douceur inédite. Comme l’écrit Louis Guichard dans Télérama, « Arrivé à la soixantaine, Kurosawa réussit son premier film d’amour ».

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Your Name de makoto shinkai

japon - 2016 - 1h46

version française

et version originale

coNsEIllé

à PARTIR DE 10 ANs

Plébiscité par plus de dix millions de spectateurs japonais, Your Name est en passe de devenir le cinquième plus gros succès de l’histoire du cinéma d’ani-mation au Japon. Sa diffusion dans 85 pays devrait lui permettre de continuer sa route vers le succès. Sorti en France depuis le 28 décembre 2016, le film est d’ores et déjà un grand succès critique : « un enchantement » pour Télé 7 Jours, « du cinéma total, transgenre et transcendantal » pour Première, « une merveille du cinéma d’ani-mation » pour Ouest France.

L’engouement pour Your Name émane de la virtuosité de l’animation et du trouble de son scénario dans lequel une jeune fille et un jeune homme changent de corps. Mitsuha, adolescente isolée dans ses montagnes rêve de vivre à Tokyo où vit un jeune homme qui supporte mal son quotidien. Comme par magie, leurs rêves se rencontrent et ils échangent leurs corps ! Ils décident alors de se rencon-trer pour remettre en ordre leur anatomie tandis que s’annonce un cataclysme.

Makoto Shinkai était jusqu’à présent considéré comme un réalisateur confi-dentiel. Né au début des années soixante-dix, le cinéaste débute sa carrière par un court-métrage en 1999 avant de devenir graphiste pour des jeux vidéo. Ses trois précédents longs métrages ont été bien accueillis par la presse japonaise mais n’ont pas connu de véritable diffusion internationale. Cette soudaine notoriété trouble fortement Makoto Shinkai  : « Ce n’est pas sain  » confie-t-il. La compa-raison avec les grands maîtres l’angoisse tout autant  : « Honnêtement, je ne veux sincèrement pas que Miyazaki le regarde, il verrait facilement tous ses défauts ! »

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Yourself and yoursde hong sang-soo

corée du sud - 2017 - 1h26

avec kim ju-hyeok,

lee yoo-young,

hae-hyo kwon

Quiconque ne connaît pas Hong Sang-Soo aura plaisir à découvrir sa singu-lière petite musique avec ce nouvel opus, aussi gracile et joyeux que les précédents. Auteur prolixe (dix-sept films en vingt ans), Hong Sang-Soo est un cinéaste de la répétition qui revient sans cesse sur la question de l’amour et du couple. Il aime digresser dans des vapeurs d’alcool et de création, mettre en scène d’éternelles jeunes filles et des cinéastes irrémédiablement angoissés. Souvent comparé à Eric Rohmer, le cinéaste coréen a rapidement accédé à la reconnaissance internatio-nale et ses films sont régulièrement sélectionnés à Cannes, Berlin ou Locarno.

Cette nouvelle variation sur le thème de l’amour tourne autour de Min-jung et de ses doubles. Réputée pour son addiction à l’alcool, cette jeune femme rompt avec son petit ami pour trouver refuge dans les bars de son quartier. Min-jung semble revêtir plusieurs identités. Ces dédoublements permanents lui per-mettent de séduire de jeunes hommes qui tombent sous le charme de cette jeune femme mystérieuse aussi confuse que sensuelle.

Il serait vain de chercher à savoir si Minjung est vraiment Minjung. A-t-elle une sœur jumelle ou s’agit-il d’une menteuse compulsive  ? On ne tentera pas d’interpréter ce dédoublement. Hong Sangs-Soo lui-même défie ses specta-teurs les plus fidèles : « La critique a tendance à trop vouloir expliquer mes films ». Les saynètes qui s’enchaînent de manière alerte offrent de beaux moments d’incom-préhension entre hommes et femmes et questionnent sans relâche le sentiment amoureux autour de quelques bonnes bouteilles. Il ne reste plus au spectateur qu’à goûter sans retenue aux joies de l’égarement, du verbe et de la déambulation éthylique.

50

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Your Name

The Strangers La grande Muraille Tunnel

Dernier train pour Busan

Sanjuro Le voyage de Chihiro

prenez contact avec votre salle !

cinéma l’odysséefos-sur-mer04 42 11 02 10 - 06 26 31 44 49

géraldine blanchet

gblanchet@scenesetcines.fr

espace robert hossein, grans04 90 55 71 53

anne le loët

aleloet@scenesetcines.fr

cinéma le colucheistres04 42 56 92 34

isabelle pointes

ipointes@scenesetcines.fr

cinéma le comœdiamiramas04 90 50 14 74

sonia arnaud

sarnaud@scenesetcines.fr

espace gérard philipe, port-saint-louis-du-rhone04 42 48 52 31

julien montagne

julien.montagne@ampmetropole.fr

écoles maternelles panda petit panda

écoles primairescp, ce1, ce2Mon voisin totoro

cm1, cm2Le voyage de chihiro

collèges : 6 e, 5 e

Your nameprincesse Mononoké

4 e, 3 e

tel père, tel filssanjuro

lycéesNotre petite sœurtel père tel filsAu-delà des montagnesRanL’Image manquanteDernier train pour busan

le panorama des

jEuNES cINÉphILES

Parents, enseignants, amateurs…TouS PASSEuRS DE CINéMA

Le Panorama constitue une opportuni-té de partager avec le public jeune la découverte de cultures lointaines au travers de la cinématographie des pays d’Extrême-Orient.

Les équipes des cinémas de Scènes et Cinés se sont attachées à repérer pour vous, ci-dessous, les films adaptés au jeune public selon ses tranches d’âges. Pour une large majorité il s’agit de productions japonaises, et l’on sait combien le pays du soleil levant béné-ficie d’un pouvoir de fascination sur nos jeunes générations occidentales. On y retrouve bien sûr les perles du cinéma d’animation, à découvrir et/ou à partager sur grand écran en ver-

sion originale, mais aussi des fictions qui dressent un portrait d’une société oscillant en permanence sur une frac-ture culturelle entre tradition et mo-dernité. Les lycéens pourront s’ouvrir à des productions du Cambodge et de la Corée du Sud, de quoi participer à leur construction d’un regard critique sur le monde.

Des dossiers de presse peuvent vous être remis pour vous aider à sensibili-ser les enfants et les jeunes. Les équipes des cinémas se tiennent à votre disposi-tion pour vous guider dans le choix des films, organiser des séances scolaires pour les élèves, et vous offrir le meil-leur accueil tout au long du Panorama.

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pASSERELLESartistiques

LA MéDIATHÈQuE INTERCoMMuNALE, PARTENAIRE Du PANoRAMAComme une invitation à poursuivre le voyage dans les cultures d’Extrême-Orient, la Médiathèque intercommunale proposera une sélection de documents (livres, dvd, cd...) dans les sept lieux de son réseau et sur son site web pendant toute la durée du Panorama.

clap ! sur le cinéma d’animation japonais Le samedi 4 mars à 15h à la médiathèque de Fos-sur-Mer Pour cette nouvelle édition du Panorama, la médiathèque s’associe en proposant une conférence, animée par Pascal Génot, intitulée

Le cinéma d’animation japonais : tout un art ! À l’issue de celle ci, Alain Bombon, Directeur Artistique des cinémas de Scènes et Cinés, viendra présenter le programme de cette 9 e édition du Panorama au public.

textes : vincent thabourey, rédacteur à la revue positif - conception et réalisation : le studio - impression : vallière

Shim Moon-Pil

En partenariat également, l’Artothèque intercommunale du Territoire Istres-Ouest Provence présentera une sélection d’œuvres de la collection en résonnance avec les cinémas d’Extrême-Orient :à la médiathèque de Fos-sur-Mer du 1er au 7 mars 2017,au centre culturel Marcel Pagnol à Fos-sur-Mer du 8 au 16 mars 2017.

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grille hORAIREVen. 10 Sam. 11 Dim. 12 Lun. 13 Mar. 14 Mer. 15 Jeu. 16 Ven. 17 Sam. 18 Dim. 19

Après la tempêteAvant-première

19h

Au-delà des montagnes 18h3016h 14h21h 21h

Dernier train pour BusanInt. -12 ans 14h15 VF 21h 18h30 21h VF 16h30

Diamond Island 18h30 21h 21h16h30

14h1018h45

Duch, le maître des forges de l’enfer

18h30

Harmonium 21h 18h30 16h1518h30

21h19h

21h 21h

La Grande MurailleVF

16h15 16h30 14h3016h30

21h 19h 21h

Le Voyage de Chihiro 14h3014h15 VF

14h15 VF14h VF

16h30 VF 16h15 VF

L’Image manquante 21h

Madame B, histoire d’une Nord-Coréenne

16h3019h

18h1519h

19h 21h

Mademoiselle 18h3018h15

16h1518h30

Ma’Rosa 14h10 21h 21h

Mon voisin Totoro VF

14h30 14h30 14h10 14h1016h30

16h30 14h30 16h3014h3016h30

Notre petite sœur 14h

16h1516h

21h 16h3018h15 21h

Panda Petit Panda VF 16h30 14h30

10h16h

Princesse Mononoké 17h30 14h VF

18h30 VF14h

16h VF 14h VF

Ran 18h30 14h30

cinéma l’odysseé espace gérard philipe espace robert hossein cinéma le comœdia cinéma le coluche

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grille hORAIRE

Ven. 10 Sam. 11 Dim. 12 Lun. 13 Mar. 14 Mer. 15 Jeu. 16 Ven. 17 Sam. 18 Dim. 19

Sanjuro 18h30

SayonaraAvant-première 18h30 19h 20h30 18h30

Ta’Ang, un peuple en exil entre Chine et Birmanie 16h30 18h45 16h20 21h 18h30

Tampopo 18h30 21h

Tel père, tel fils 18h30 18h30 18h30

The StrangersInt. -12 ans

20h4518h30

21hTunnelAvant-première 18h30 16h15 16h 21h 19h

Vers l’autre rive 19h 16h3018h30

14h1021h

Your Name14h10 VF 14h

17h VF 16h VF14h VF

14h VF14h VF14h15 VF 16h

16h30 VFYourself and Yours 18h 14h10 16h30

cinéma l’odysseé espace gérard philipe espace robert hossein cinéma le comœdia cinéma le colucheLes horaires indiqués en gras et en italique signalent les films proposés dans le cadre de soirées. Tous les films sont présentés en version originale sous-titrée, sauf indication contraire (VF).

TARIfs

tarifs habituels des cinémas

(pour la première place achetée).

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panorama, dans toutes les salles,

pour la somme de 3,60 € la place.

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panorama des cinémas-scènes et cinés

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cinéma l’odysséecentre culturel marcel pagnol

avenue rené cassin

13270 fos-sur-mer

04 42 11 02 10

odyssee@scenesetcines.fr

espace robert hosseinboulevard victor jauffret

13450 grans

04 90 55 71 53

espaceroberthossein@scenesetcines.fr

cinéma le colucheallées jean jaurès

13800 Istres

04 42 56 92 34

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cinéma le comœdiarue paul vaillant-couturier

13140 miramas

04 90 50 14 74

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espace gérard philipeavenue gabriel péri

13230 port-saint-louis-du-rhône

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