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Les Échos de Saint-Maurice Nouvelles de l’Abbaye Numéro 6 • Décembre 2002

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Les Échos de Saint-MauriceNouvelles de l’AbbayeNuméro 6 • Décembre 2002

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Comité de rédactionChanoinesOlivier RoduitJean-Bernard Simon-VermotYannick-Marie Escher

ExpéditionFrère Serge Frésard

AdministrationChanoine Jean-Paul Amoos

AbonnementsA votre bon cœur !

CCP 19-192-7Échos de Saint-Maurice

ImpressionRhôneGraphic SA Saint-Maurice

Toute correspondance relativeaux Échos doit être adressée à :Les Échos de Saint-MauriceAbbaye Case postale 34CH-1890 Saint-Maurice

CouvertureLe clocher enneigé et illuminépar une soirée d’hiver. Photo deR. Lafarge

Crédit photographiqueArchives de l’Abbaye : 22, 23, 24, 25, 30, 31,32, 34, 35, 37, 39, 54, 55. Famille Lovis : 33.L. Maillard : 1. O. Roduit : 6, 8, 9, 10, 11, 14,15, 16, 40, 41, 43, 44, 48, 50, 55, 56. A.Salina : 45, 46, 47. M. Schubiger : 26, 27, 28,29. W. Stebler : 13, 18.

Les Échos de Saint-MauriceNouvelles de l’Abbaye

Revue éditée parl’Abbaye de Saint-Maurice97e année.Quatrième sérieNuméro 6. Décembre 2002

Sommaire1. Valeurs et vertus

Mgr Joseph Roduit2. Les brebis perdues

Guy Gilbert3. Chronique de l’Abbaye

Jean-Bernard Simon-Vermot18. Homélie pour la fête de la saint Maurice

Mgr Denis Theurillat22. Hommage au P. Emmanuel Gex-Collet

Jean-Bernard Simon-Vermot24. Hommage au chne Henri Pralong

Mgr Joseph Roduit26. Fond Detstvo, Bulgarie

André Bruttin30. Sur les pas de saint Augustin

Jean-Bernard Simon-Vermot33. De professore meo

Bernard Lovis40. Chronique du Collège

Michel Galliker45. Aventure arctique au Groenland48. Anne-Marie Martin (Hommage)

Thierry Bueche49. Bernard Fararik (Hommage)

Aloys Jordan50. Chne Paul Mettan (Hommage)

Myriam Aubert-Yerly.52. Chronique des Anciens54. A la bibliothèque et aux archives

Olivier Roduit56. Travaux et générosités

Franco Bernasconi

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ABBAYE DE SAINT-MAURICEAvenue d’Agaune 15Case postale 34CH-1890 Saint-Maurice

Tél. : [0041] (0)24 486 04 04Fax : [0041] (0)24 486 04 05Site internet : www.stmaurice.chE-mail : [email protected]

PORTERIE DE L’ABBAYE

La Porterie de l’Abbaye est ouverte tous les joursde 7h30 à 12h00, de 13h00 à 19h00et de 19h45 à 21h00

MESSES ET OFFICES

Dimanche7h00 Messe8h30 Office du matin (Laudes)9h00 Messe conventuelle11h30 Office des Lectures18h00 Office du soir (Vêpres)19h15 Office des Complies19h30 Messe

En semaine6h30 Office du matin (Laudes)11h30 Office des Lectures18h05 Messe conventuelle et vêpres20h15 Office des Complies(Samedi : messe à 11h00)

Jours de fêteMesse pontificale à 10h00Fête-Dieu et Saint Maurice : messe à 9h30le reste comme le dimanche

TRÉSORET FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES

Horaire des visites :

Janvier, février, mars, avril (jusqu’à Pâques) :15h00.Après Pâques, avril, mai, juin :10h30, 15h00, 16h30.Juillet, août : 10h30, 14h00, 15h15, 16h30.Septembre, octobre : 10h30, 15h00, 16h30.Novembre, décembre : 15h00.

Dimanches et des jours de fête : fermé le matinLundi : fermé toute la journée

Groupes : uniquement sur entente préalable,par écrit à l’adresse suivante :Chancellerie de l’AbbayeCase postale 124CH-1890 Saint-Mauriceou par Fax : [0041] (0)24 486 04 05

Groupes : CHF 2.- par personneVisites individuelles : offrande libre.Toutes les visites sont guidées.

PÈLERINAGES

Organisation et accueil :Chanoine Gaby Stucky, SacristeTél. : [0041] (0)24 486 04 04 ou 486 04 10Fax : [0041] (0)24 486 04 05

LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE. NOUVELLES DE L’ABBAYE

Revue éditée par l’Abbaye de Saint-Maurice à l’intention de ses amis

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Les Échos de Saint-Maurice, Case postale 34, 1890 Saint-Maurice

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Frère Serge Frésard, Case postale 34,CH-1890 Saint-Maurice

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ABBAYE DES CHANOINES RÉGULIERS DE SAINT-MAURICE

CASE POSTALE 34CH-1890 SAINT-MAURICE

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1LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

VALEURS ET VERTUS

Il est devenu banal de dire que nous vivonsdans un monde qui a perdu ses repères, qui n’aplus l’estime des vraies valeurs. Encore faut-ilsavoir citer au moins certaines de ces valeurs, leurdonner un nom. Il est devenu banal de se plain-dre de tout ce qui va mal dans notre société etdans le monde. Encore faut-il savoir reconnaîtrece qui va bien sans retomber dans la facilité de laplainte continuelle.

Si les valeurs ne sont qu’économiques, il y ade quoi se poser des questions dans un pays où enune année plus de la moitié des grandes entrepri-ses ont changé de directeur. Sans compter que ceuxqui s’en vont bénéficient de parachutes leur ga-rantissant l’atterrissage en douceur. Si les valeursne sont qu’affectives et émotionnelles, il y a dequoi se poser des questions sur un monde où onn’a jamais autant communiqué sans pouvoir

mieux se rejoindre, jamais autant cherché la fusion pour découvrir encore plus deconfusion.

Certes les valeurs de la santé sont très importantes, santé physique et psychiques’entend. Mais à quand la santé relationnelle dans la recherche de la complémentaritéet l’acceptation de la différence ? Les valeurs morales doivent sans cesse être rappeléesdans l’éducation, comme dans la presse ou toute forme de société. Car tout être humainest tenté d’ériger sa propre loi depuis l’origine de l’humanité. Et si l’homme veut déciderlui-même ce qui est bien ou mal, c’est l’origine de tant de maux. Chaque soir le Téléjour-nal nous montre les conséquences de cette forme de péché où la raison du plus fort sevoudrait la meilleure, quitte à le démontrer par la violence et l’irrespect de toute vie.

Péchés capitaux aussi qui vont à contre-sens du bonheur humain. Paul Claudeldisait : « L’orgueil raidit, l’avarice ferme, l’envie ronge, la luxure corrompt, la gour-mandise abrutit, la colère défigure et la paresse paralyse. » Et les valeurs spirituelles nesont-elles pas des forces, des vertus ? Théologales quand elles sont tournées vers Dieu :foi, espérance et charité. Cardinales quand elles sont tournées vers l’homme : Prudence,force, justice et tempérance. Puissent les lecteurs des Échos de Saint-Maurice s’en souve-nir un peu quand ils chercheront des valeurs et des vertus.

+ Joseph Roduit, Abbé de Saint-Maurice

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2 LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

LES BREBIS PERDUES

L’Église, forte de son milliard de chrétiens, cherche très loin d’elle ses fameusesbrebis perdues, vers lesquelles elle se doit d’aller en priorité. Mais prend-elle le risque deles chercher tout près d’elle ?

L’évêque, paumé dans son diocèse, muré dans ses seules certitudes et coupé de sonpeuple, en prônant une pastorale dirigiste qui divise ses prêtres, n’est-il pas la brebisperdue de l’Évangile ?

Le jeune prêtre, priant, mais qui reste enfermé dans des lois ecclésiastiques, néces-saires certes, mais qui, appliquées sectairement, font fuir de l’Église, ne fait-il pas partiedes brebis perdues ?

Le fringant vicaire, passionné par sa tâche ecclésiale, mais jetant aux orties bré-viaire, chapelet et retraites, en se perdant dans de multiples activités qui n’ont, commeparavent, que le mot apostolique, n’est-il pas à mettre dans le troupeau des brebis qui seperdent ?

Le prêtre brillant, coqueluche de sa paroisse, vivant secrètement le drame d’uncélibat qui n’a, pour lui, plus de signification, n’est-il pas une brebis égarée, sans quepersonne n’en ait conscience ?

Le croyant non pratiquant, lui, sait bien qu’il est une brebis perdue ! Autantpaumé lors du baptême, simple rituel exigé pour ses enfants, qu’au jour de son mariagereligieux vécu comme un sacrement de surface, il se rend compte que tout cela ne collepas avec ce qu’il voudrait faire et vivre.

Quant au militant estimant que seule sa sensibilité chrétienne, incarnée dans sonmouvement ecclésial, est la vérité, il se plante sans savoir qu’il est une brebis qui sefourvoie.

À partir du moment où chacun d’entre nous se considérera comme une brebisperdue, l’Église ira de l’avant, se remettra en cause et perdra de sa superbe de brebisgrasse. Elle sera évangélique jusqu’au bout des ongles, cette Église-là.

Quant à moi, chargé d’un immense troupeau de brebis perdues, je tente de lessauver. Mais quand je veux aller plus loin que leur seule apparence, je me sens, moi-même, souvent perdu face aux Béatitudes de pauvres qu’elles vivent avec une véritééclatante. Et reviennent alors le Christ et sa phrase qui me sauve : « Ta faiblesse sera taforce. » Au fond, les brebis grasses ne paîtront paisiblement qu’au paradis. En atten-dant ces verts pâturages, laissons-nous saisir par la pauvreté de nos refus, de nos tâton-nements, de nos trahisons et de notre orgueil de croire qu’il faut toujours aller cherchertrès loin les brebis perdues.

Guy Gilbert, Prêtre éducateurTexte paru dans La Croix du 4 septembre 2002, p. 27

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3LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

Vendredi 4 avril

Nous poursuivons notre chroniqueabbatiale, dont le dernier écho remon-tait à Pâques. Il est de tradition que pen-dant l’octave de Pâques se tienne unChapitre général : toute la communautése réunit donc le vendredi 4 avril, pourentendre d’abord un message spiritueldu Père-Abbé. Message d’espérancetourné vers l’avenir : en dépit des om-bres évidentes qui assombrissent lemonde aussi bien que l’Église, il fautconstater des signes réjouissants de re-nouveau, témoignant de l’action de l’Es-prit ; c’est pourquoi nos efforts doiventporter dans ce sens positif de l’ouver-ture à l’Esprit : dans notre vie commu-nautaire, garder une entière fidélité à laprière chorale et à la vie régulière, et dansle domaine apostolique, chercher enparticulier à renouveler la pastorale dejeunes. Ensuite le Procureur FrancoBernasconi présente le plan de réfectiondu bâtiment central de l’abbaye, dontles travaux commenceront cet automneet M. le Prieur donne diverses informa-tions. Dans l’après-midi, nous visitonsle nouveau local des archives sis au 4eétage de l’internat, pourvu d’un scan-ner et autres instruments informatiques.

Visite aussi au carillon pour ceux dontles jambes sont encore vaillantes…

Lundi 8 avril

Nous accueillons ces jours plusieurshôtes, entre autres M. Dominique Lam-bert, professeur de philosophie dessciences à l’université de Namur ; ildonne deux remarquables conférencesà la grande salle, destinées aux étudiantsmais ouvertes à tous, sur le sens de l’uni-vers selon les découvertes actuelles etdans la perspective de la Révélation.

Lundi 15 avril

Nouveau pas en vue de la restaura-tion de la basilique : récurage du sol àgrandes eaux, tous les bancs ayant étéretirés, opération qui dure trois joursmais ne gène pas la présence des fidèlesà la messe.

Samedi 20 avril

Une veillée de prière nous prépareà la journée mondiale des vocations :l’office des lectures du bon Pasteur estamplifié en vigile, et suivi d’une adora-tion silencieuse. Le Père-Maître RolandJaquenoud nous exhorte à prier pour les

CHRONIQUE DE L’ABBAYE

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4 LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

vocations, à l’abbaye comme dans lesparoisses, la prière est fondamentale,plus importante que les autres initiati-ves, si judicieuses soient-elles.

Dimanche 21 avril

Selon une coutume maintenantbien établie, des pèlerins, jeunes surtout,partant du Val d’Illiez, des régions deMartigny et d’Aigle, font une marcheconvergeant sur Saint-Maurice, où ilsarrivent l’après-midi pour une messecélébrée avec une joyeuse ferveur.

Dimanche 28 avril

Messe radiodiffusée présidée parM. Jean-Paul Amoos et chantée, fortbien, par le chœur de Collonges : lesparoisses sont ainsi associées au minis-tère de l’abbaye sur les ondes. Ce jour-là, plusieurs confrères concélèbrent lamesse présidée par le Père-Abbé à Saint-Sigismond, en la fête patronale de laparoisse, puis fraternisent avec la popu-lation par le verre de l’amitié et une ra-clette dans la salle paroissiale de la cure.

Mercredi 1er mai

L’invitation habituelle des PèresCapucins à la mi-carême a dû être ren-voyée en raison d’importants travaux derestauration entrepris au Foyer francis-cain : une dizaine de confrères y répon-dent aujourd’hui et participent à cetterencontre toujours sympathique et em-preinte de simplicité franciscaine.

Vendredi 10 mai

Nous sommes entrés dans le « jolimois de mai » sous la pluie qui, sou-vent fraîche, nous tiendra fidèle com-pagnie un peu tout le mois. Ce qui ne

nous empêche pas, le vendredi 10, d’êtreréjouis par un concert donné magistra-lement à la basilique par le chœur ducollège et l’orchestre des Jeunesses cul-turelles en hommage à Michel Roulin,qui a redonné vie à ce chœur il y a justevingt ans. Pour son 150e concert sous labaguette de M. Roulin, le Chœur duCollège interprète des motets de Mo-zart, puis la grande messe de Cherubinicomposée pour le sacre de Louis XVIII.

Mercredi 22 mai

Nos confrères chanoines réguliersdu Grand-Saint-Bernard nous invitentà passer une journée dans leur maisonde Saint-Oyen, centre de rencontres etde ministère paroissial. Nous sommesnombreux à nous y rendre en voiture,

par les lacets qui montent au tunnel duGrand-Saint-Bernard. Peu après le tun-nel, dans le haut de la vallée d’Aoste,voici Saint-Oyen. L’accueil chaleureuxnous fait oublier le temps maussade etnous admirons la belle et spacieuse mai-son, dont les couloirs soigneusemententretenus sont agrémentés de peintu-res aux couleurs expressives dues à l’art

La maison d'accueil « Château Verdun »de Saint-Oyen.

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5LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

du chanoine René Giroud, qui y résidaplusieurs années. Le chanoine Jean-Pierre Voutaz retrace l’histoire de ce so-lide bâtiment plusieurs fois restauré, quiremonte au XIIe siècle. Après le repasde midi, c’est un moment récréatif pleind’humour, puis nous visitons les chan-tiers de ce qui deviendra bientôt unmonastère de moniales bénédictines ita-liennes. Les vêpres chantées ensuite dansl’église paroissiale achèvent cette jour-née de chaude et sympathique amitiéqui rend tangible le ecce quam bonum etquam jucundum habitare fratres in unumde l’idéal canonial : « oui, il est bon, ilest doux pour des frères de vivre ensem-ble et d’être unis ! » (Ps. 132,1)

Mercredi 29 mai

Notre confrère François Roten, àla suite d’un examen, est admis en classede virtuosité au conservatoire de Fri-bourg ; il prépare cette année deux ré-citals afin de clôturer ses études.

Jeudi 30 mai

Fête-Dieu : messe suivie de laprocession sous le soleil enfin revenu.L’approche des importantes votationssur l’avortement a donné l’occasionau Père-Abbé, dans son homélie, desouligner la beauté et la grandeur dela famille, et d’exhorter à dépasser lasuperficialité d’une vie toute centréesur le rendement. La veille, un pèle-rinage à Notre-Dame du Scex a étéfait à ces intentions.

Lundi 4 juin

A peine rentré de la session deprintemps à Einsiedeln de la Confé-rence épiscopale suisse, Mgr Roduit

se joint aux pèlerins de « l’Eau vive » enroute pour Lourdes. Il préside et prê-che ce pèlerinage.

Passage du P. Abel, de Madagascar,qui après quatre ans d’études à Rome eten Belgique s’apprête à rentrer dans lagrande île malgache.

Samedi 8 juin

La fanfare du collège donne pourla dixième fois son concert annuel à laGrande Salle, sous la direction de DarioMaldonado ; un concert de qualité quitémoigne de la persévérance et de l’en-thousiasme des jeunes instrumentistesautant que de la maîtrise, acquise au fildes ans, de son dynamique directeurguatémaltèque.

Mercredi 12 juin

Nous accueillons à table, à midi,un groupe d’anciens étudiants qui fê-tent leur 60e anniversaire de maturité ;M. Michel Campiche exprime un motde reconnaissance en leur nom.

Mgr Joseph Roduit présidant une célébrationavec les pèlerins de L’Eau Vive.

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6 LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

Dimanche 16 juin

Depuis longtemps les chrétiensafricains vivant en Suisse souhaitaienttrouver un lieu de culte où ils pourraientse rassembleret vénérer lesreliques deleurs martyrsde l’Ouganda,C h a r l e sLwanga et sescompagnons.L’idée de choi-sir Saint-Maurice, lieudu martyred’une légiond’origine afri-caine, leurplut. Dansl’après-mididu dimanche16 juin, desreliques de cestémoins de lafoi en terreafricaine sontapportées so-lennellementet déposéesdans la châsse de la chapelle Saint-Si-gismond (haut de la nef orientale de labasilique). Désormais chaque année, ily aura le premier dimanche de juin unpèlerinage des Noirs de Suisse à « SaintMaurice l’Africain ».

Mardi 18 juinNous fêtons les 85 ans de

M. Marcel Dreier ; en dépit de quelquesinfirmités, sa tâche d’hôtelier, son sou-rire et ses marches le maintiennent

jeune ! M. Imesch, suite à un accroc desanté, doit faire un séjour à la villa No-tre-Dame de Montana ; il en rentre re-vigoré par ce repos… et par la beauté

de ce site al-pin. Quant àM g r He n r iSalina, ilpoursuit avecune vaillancequi n’exclutpas l’humourune suite detra i tementschimiothé–r a p i q u e séprouvants, serendant pério-diquement àl’hôpital deMonthey de-puis La Pe-louse où il ré-side pour lem o m e n t .MM. RaphaëlGross et Mar-cel Heimo, at-teints euxaussi dans leursanté, s’ar-

ment de patience, et M. MariusPasquier enfin remis d’une hernie dis-cale enthousiasme à nouveau ceux quisuivent ses cours de chant grégorien.

Dimanche 22 juin

La Fraternité romande des mala-des et handicapés, qui tient sa journéeannuelle à Saint-Maurice, est présenteà la messe présidée par M. l’abbé An-dré Kolly, leur aumônier dévoué.

La mise en place des reliques dans la châsse de marbreréalisée par François Birbaum.

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7LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

Mercredi 26 juin

M. Antoine Salina, dans un café-contact, nous expose, carte à l’appui, leprojet de l’expédition au Groenlandqu’il dirigera prochainement pendantdeux semaines. Une trentaine de jeu-nes y participeront, ils ont été longue-ment entraînés dans un esprit chrétiende solidarité et avec des exigences dediscipline (lire p. 45).

Jeudi 27 juin

Clôture de l’année scolaire. Nosconfrères enseignants, comme les pro-fesseurs laïcs et les étudiants, ont de quoise réjouir : l’année se termine, pour lesmaturistes, avec 138 réussites et 5 échecsseulement. Il est vrai que dans son mes-sage d’adieu aux étudiants, le recteurGuy Luisier, leur montre que tout suc-cès n’est qu’un point de départ. Et deleur citer, imagé comme il sait l’être, unépisode de la quête du Graal où l’on voitque pour réussir, il faut chercher en pro-fondeur, se poser les questions essentiel-les sur le sens de la vie : « J’espère quevous serez dans la vie des gens qui sa-vent poser les bonnes questions ». Maispour qui est-elle finie, la quête de Celuiqu’on ne trouve, comme dit saintAugustin, que pour le chercher encore ?

Du lundi 1er au mercredi 3 juillet

Une vingtaine de membres de sixCongrégations de chanoines réguliers seréunissent au Foyer franciscain pour lestudium canonial, réservé cette annéeaux chanoines de langue française. Di-vers thèmes concernant l’engagementpastoral dans ses relations avec la vie li-turgique et la vie commune sont discu-

tés. Des conférenciers nourrissent la ré-flexion et les échanges : Mgr NorbertBrunner, évêque de Sion, parle de lacollaboration entre l’évêché et les cha-noines vivant dans son diocèse, le PèreBruno Giuliani, Abbé général du La-tran développe le thème central men-tionné ci-dessus, M. Gabriel Ispérianfait un exposé sur « Saint Augustin etl’anthropologie » et MM. GiovanniPolito et Patrick Bosson témoignent deleur expérience auprès des jeunes del’université de Lausanne. Ces journées,vécues dans le cadre de plusieurs officesliturgiques au Foyer franciscain et àl’Abbaye, resserrent les liens entre lesconfrères des diverses Congrégationscanoniales, tout en préparant le Con-grès prévu pour 2004.

Samedi 20 juillet

Attiré par la vie communautaireabbatiale, Sébastien Bauer, un jeuneAlsacien qui a fait plusieurs années deséminaire à Strasbourg, a demandé à êtreadmis au postulat ; il arrive aujourd’huiet nous l’accueillons avec joie ; la retraiteannuelle, dans quelques jours, marquerale début de son engagement dans la viereligieuse.

Tandis qu’Antoine Salina se rendavec son équipe au Groenland, GuyLuisier s’envole pour Madagascar, où ilrestera un mois. En apprenant à con-naître le pays et sa population, il pren-dra contact avec les Sœurs de SaintMaurice et examinera les possibilitésconcrètes d’aide. De leur côté, RolandJaquenoud et Yannick-Marie Escheraccompagnent un fort groupe partici-pant aux Journées mondiales de la Jeu-nesse à Toronto.

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8 LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

Du 8 au 14 juillet

La Semaine romande de musiqueet de liturgie se déroule cette année se-lon une formule renouvelée, qui permetaux participants de travailler dans un cli-mat détendu. Et en choisissant le thèmequi leur convient. Toute une suite d’ate-liers leur sont proposés : liturgie et ca-téchèse, chant liturgique, pose de voix,proclamation de la parole, chant grégo-rien, accompagnement d’orgue, symbo-les visuels, etc. Le nouveau manuel fran-cophone Chants notés de l’assemblée estaussi utilisé avec profit.

Samedi soir, les sessionistes don-nent à la basilique un concert ouvert aupublic ; une formule originale est adop-tée : des antiennes grégoriennes alter-nent avec un morceau de musique clas-sique, tous deux sur un même textecommençant par « O » : o vos omnes, oOriens, o Traurigkeit, o salutaris Hostia,ô Père… Dimanche ils chantent la messeradiodiffusée.

Lundi 15 juillet

Le lundi 15 arri-vent trois prêtres bre-tons de Quimper ; ilsresteront deux semai-nes, apportant un peude l’air du pays à no-tre confrère FrançoisCuzon, originaire decette région ; ils ontl’agréable surprise, unjour, d’entendre unchœur breton de 50personnes, de passageà Saint-Maurice,chanter à notre messeconventuelle.

Dimanche 21 juillet

Le Père-Abbé conclut un pèleri-nage à Saint Maurice d’un style parti-culier : des groupes venant de cinqpoints différents de Suisse font unemarche d’une semaine « en étoile », con-vergeant vers la cité agaunoise.

Lundi 22 juillet

Voici le temps de grâce de la re-traite annuelle, qui réunit la grandemajorité des confrères et plusieurs prê-tres diocésains ou religieux. Elle est prê-chée par le Père carme Marie-Domini-que Balmel, du couvent de Fribourg.Développant le thème : « Vivred’Amour avec sainte Thérèse de l’En-fant-Jésus », il nous fait entrer, avec cha-leur et sens du concret, dans ces voiesde l’enfance spirituelle dont la carmé-lite de Lisieux s’est si bien fait l’apôtre.Voies qui, bien au-delà de toute senti-mentalité, font pénétrer, grâce à une ra-dicale purification du cœur et de l’es-prit, dans les profondeurs de l’union à

Le chanoine Cuzon et Mgr Roduit entourés de trois prêtresbretons en séjour valaisan durant quelques jours estivaux.

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9LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

Dieu, et entraînent une charité frater-nelle attentive et délicate. Le samedi,jour de clôture de la retraite, nous fê-tons les 50 ans de prêtrise de MM.Henri Pralong, Georges Athanasiadès etClaude Martin, dont la longue fidélitésacerdotale nous encourage tous.

Lundi 29 juillet

Le « noviciat » (c’est-à-dire les deuxprofès Cédric Chanez et Jean-BaptisteFarquet ainsi que le postulant SébastienBauer, tous trois accompagnés par lePère-Maître Roland Jaquenoud) monteau chalet des Giettes où il fait un séjourd’une quinzaine de jours.

Dimanche 4 août

A Martigny, à l’occasion du Festi-val international folklorique d’Octodure(FIFO), une célébration œcuménique

est présidée par Mgr Joseph Roduit etle pasteur de la ville.

Dimanche 11 août

Visite de Mgr Clerici qui renou-velle le petit séjour estival qu’il aime fairedans nos murs, nous apportant, avecl’exemple de la fidélité à la prière de l’Of-fice divin, sa joie expansive tout ita-lienne. Un jeune chartiste d’Avignons’arrête aussi près d’un mois parmi nouspour travailler aux archives.

Mardi 13 août

Lors d’un café-contact, Guy Luisiernous donne des détails de son séjour àMadagascar. Une expérience des plusenrichissantes qui lui a fait connaître del’intérieur un peuple attirant, plus in-donésien qu’africain. Le pays sort d’unecrise politique grave avec l’espérance

Les chanoines Georges Athanasiadès, Henri Pralong et Claude Martin ont été fêtés àl’occasion de leurs 50 ans de sacerdoce.

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10 LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

d’un réel renouveau.Notre confrère a priscontact avec les sixcommunautés danslesquelles se répartis-sent une quarantainede Sœurs de SaintMaurice, presque tou-tes malgaches. Ellessont très attachées à laspiritualité de la mai-son-mère et font untravail remarquabledans les écoles etauprès des pauvres. Il arencontré égalementles étudiants de l’uni-versité de Mahajanga(à qui nous avions pro-curé de l’aide pourl’achat d’ordinateurs).Ce voyage confirmel’ouverture mission-naire de notre monas-tère et prépare peut-être, si Dieu le veut, unengagement plus mar-qué.

Mercredi 14 août

Le soir, l’office desVigiles de l’Assomp-tion s’ouvre par le ritedu lucernaire suivi de l’hymne, des psau-mes et lectures auxquels les fidèles, quiemplissent peu à peu la nef, mêlent leursvoix. Puis toute l’assemblée se déplaceen procession vers la cour Saint-Josephet s’arrête devant la source abondantequi jaillit du rocher. Cette source ins-pire la prière : « Source pure, ViergeMarie, avec toi l’espérance renaît » ;

prière où sont présentes spécialement lesfamilles touchées par le problème de ladépendance : alcool, drogue, toxicoma-nie… Au retour, après une station aucloître où est mimé le récit de la Sama-ritaine, et une célébration pénitentiellejusqu’à minuit, un petit nombre de pè-lerins montent à Notre-Dame du Scexpour la veillée animée par les novices.

Notre buste-reliquaire de saint Victor a été la vedette de l’affichequi a été placardée dans toute la ville italienne de Trente pourannoncer la grande exposition internationale « Il Gotico nelleAlpi 1350-1450 » qui a eu lieu cet été. L’Abbaye avait encore

prêté l’instrument de paix polychrome du XVe siècle.

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Dimanche 18 août

Mgr Joseph Roduit bénit, au coursd’une cérémonie œcuménique, la croixapportée au sommet du GrandMuveran à l’occasion du 50e anniver-saire de la cabane Rambert.

De nombreux hôtes sont de pas-sage cet été, entre autres un jeune quis’intéresse à la vie canoniale et qui resteune quinzaine de jours à l’abbaye.

Samedi 24 août

La fin de l’été annonce la reprisedes classes au collège : l’habituelleconférence des professeurs quidonne impulsion et orientation àtoute l’année a lieu le samedi 24,et l’année scolaire s’ouvre deuxjours après, avec une célébrationreligieuse à la basilique.

Mardi 27 août

La châsse des enfants de SaintSigismond, restaurée avec grandsoin dans les ateliers du Muséed’art et d’histoire de Genève pen-dant quatre ans est arrivée hier :ce soir, les reliques des Martyrs, dé-posées dans trois « capsae » à lachancellerie y sont replacées solen-nellement par le Père-Abbé et lechancelier Gabriel Stucky en pré-sence de plusieurs confrères enhabit de chœur ; la vénération denos Martyrs s’exprime par unehymne à Saint Maurice et le chantdu Magnificat.

Mercredi 28 août

Le congé des étudiants mer-credi après-midi nous permet

d’être moins à l’étroit pour fêter notrebienheureux Père saint Augustin ; unecirconstance rehausse la célébration : lachâsse qui vient d’être restaurée est ame-née au chœur où elle reste exposée pen-dant les vêpres et la messe pontificale.Elle est reportée ensuite, dans un cli-mat de recueillement et de foi, dans la« salle tibétaine », désormais nommée« chapelle thébéenne ». L’un des por-teurs est M. François Schweizer lui-même, l’un des responsables de la res-tauration avec Mme Denise Witschard.Les autres restaurateurs, dont plusieurs

Le professeur François Schweizer a reporté lui-même dans la nouvelle chapelle thébéenne la châsse

restaurée de saint Sigismond et de ses enfants.

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spécialistes venus d’Allemagne ou d’An-gleterre, protestants pour la plupart,sont très sensibles à ce geste religieux.Nous les accueillons pour le repas dusoir à l’internat.

Pendant une dizaine de jours, unBelge d’origine espagnole vient seressourcer spirituellement dans notremonastère et approfondir sa foi.

Samedi 6 septembre

A l’occasion de la Journée euro-péenne du patrimoine, des visiteursnombreux s’intéressent à ces témoinsmuets du passé que sont nos stalles, lesruines du Martolet et les documents desarchives abbatiales : des explications leursont données, l’accent étant mis sur lesmesures prises pour assurer leur bonneconservation.

Vendredi 13 septembre

Au Foyer des Trois Sapins àTroistorrents où il était hospitalisé de-puis son retour de l’Inde, le Père Em-manuel Gex-Collet, qui s’était dévoué50 ans comme missionnaire, est appeléà Dieu. Nous l’apprenons avec tristesse,heureux pourtant de savoir que pour lui,après la grosse épreuve de son infirmité,s’ouvre l’éternité bienheureuse en Dieu.L’ensevelissement aura lieu le 17 à Saint-Maurice (voir article p. 22).

Samedi 14 septembre

Célébrée en principe tous les deuxans à la fin septembre, la journée de lausperennis a été fixée cette année au Jeûnefédéral. Elle débute samedi après-midipar le chant des vêpres à la chapelle deVérolliez, et se poursuit pendant24 heures à la basilique : des équipes

formées par des groupes paroissiaux, desgroupes de jeunes, en particulierEucharistein, des communautés reli-gieuses dont la nôtre, se relayent tour àtour pour une « heure » de psalmodie,de chant ou de méditation. Cette prièrecontinue, tel un bourdonnementd’abeilles, crée un climat qui rappelleles origines de notre monastère, lorsquedes « troupes de moines » (turmae) sesuccédaient pour maintenir ininterrom-pue la louange et la supplication au nomde tout le peuple. Rappel combien sug-gestif : même si la « louange perpé-tuelle » n’est plus pratiquée de nos jourssous sa forme stricte, mais est ramenéeaux Heures canoniales chantées, sonesprit reste l’axe central de notre cha-risme communautaire, source de mul-tiples activités pastorales.

Samedi 21 septembre

A l’occasion du 40e anniversaire desa fondation, l’Ensemble Vocal chanteles premières vêpres de Saint Maurice à16 h 30 déjà, des vêpres amplifiées pardes textes et des mélodies composées

pour la circonstance. Puis une cérémo-nie festive et colorée se déroule à lagrande salle du collège : les représentantsd’une dixaine de communes portant lenom de Saint Maurice, de France sur-tout (env. 200 personnes), se sont ras-semblés cette année à Agaune ; chaque

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commune tour à tour présente son his-toire, ses us et coutumes souvent pitto-resques, sa vie de tous les jours. Plus tardle soir, nous chantons les Vigiles de lafête à la chapelle de Vérolliez, suiviesd’une adoration silencieuse.

Dimanche 22 septembre

La fête de Saint Maurice, en fai-sant mémoire de l’événement fondateurde notre abbaye, nous rappelle que les

Martyrs participent à la Passion duChrist, alors que la journée de lausperennis, il y a quelques jours, évoquaitplutôt la Résurrection, la dimension es-chatologique du mystère pascal. Cematin du 22, la foule emplit l’église, denombreux concélébrants, dont sept évê-ques venant entre autres du Canada,d’Afrique et de France, entourentMgr Denis Theurillat, qui préside. Dans

son homélie, il nous ramène à l’essen-tiel, vite perdu de vue lorsqu’on se laissetrop absorber par les organisations etinstitutions ecclésiastiques : « Il me sem-ble important de retrouver la commu-nion de vie intime et solide avec le Sei-gneur. Il est urgent de donner consis-tance à notre vie spirituelle, de la nour-rir… C’est cette vie spirituelle qui per-mettra de donner à nouveau corps à lavie de l’Église, et à la vie du monde…

C’est cette base-là qui motivera les chré-tiens à faire souffler l’Esprit du Seigneurau cœur du fonctionnement et de l’or-ganisation de l’Église. » (Voir p. 18)Après la messe, on peut faire de justessela procession par un temps pluvieux (parprécaution les châsses sont recouvertesde voiles rouges), au son d’un morceaude fanfare renouvelé…

La procession de la Saint-Maurice a lieu cette année par temps incertain.C’est pourquoi, par précaution, les châsses sont recouvertes de voiles rouges.

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Jeudi 26 septembre

Nous sommes heureux d’accueillirM. André Bruttin, de retour à l’abbayeaprès des ministères variés en de nom-breuses paroisses. Il sera désormais auxi-liaire de la paroisse de Lavey, M. Jean-Pierre Liaudat étant nommé curé deFinhaut (M. Charles Neuhaus, curé deSaint-Sigismond, devient administra-teur de Lavey). Un changement en en-traîne un autre : M. Calixte Dubossona été nommé curé de Vernayaz, rempla-çant M. Pierre Cardinaux qui, habitantdésormais l’hospice Saint-Jacques, estauxiliaire de la communautéEucharistein.

Mercredi 2 octobre

Visite de l’abbaye par une partie desclasses de première année du collège, qui

s’arrêtent au cloître, à la basilique, auMartolet, etc., et parcourent les princi-paux couloirs de la maison. Visite quisera répétée le mercredi suivant pour lesautres classes.

Samedi 5 octobre

Après un mois de postulat, Sébas-tien Bauer, en prévision de la maîtriseen théologie qu’il doit passer l’automneprochain à Strasbourg, commence déjàmaintenant son noviciat. Il revêt l’ha-bit religieux avant les vêpres. Ses parentset de nombreux amis sont venus d’Al-sace pour l’entourer. Notre prière l’ac-compagne ainsi que nos souhaits frater-nels pour une année pleine des grâcesdivines.

Dimanche 6 octobre

Dans le cadrede « Parole et Mis-sion », une journéede réflexion et deprière est offerte àde nombreux laïcsdésireux de faire dumois d’octobre unmois missionnaire,en préparation dela Journée mon-diale de la mission,le 20. Conférences,ateliers, témoigna-ges et échanges sesuccèdent au col-lège, et s’achèvent à15 h 30 par uneEucharistie prési-dée par le Père-Abbé.Le nouveau novice Sébastien Bauer, entouré de sa famille

au jour de sa prise d’habit.

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Lundi 14 octobre

Le Père-Abbé se rend en Italie pourposer les jalons du parcours du pèleri-nage qui, d’étape en étape doit achemi-ner une trentaine de pèlerins vers Rome,où ils arriveront en 2006.

Mardi 15 octobre

MM. Hubert Ruckstuhl et JosephHofstetter s’envolent pour le nord del’Inde où ils passent quelques semaines,retrouvant avec joie des lieux et des vi-sages chers : ils ont vécu là-bas, commemissionnaires, de nom-breuses années qui les ontmarqués.

Jeudi 17 octobre

Installation à la courSaint-Joseph d’une gruegéante en vue des travauxde restauration de l’ailecentrale de l’abbaye, quivont commencer bien-tôt : ces prochains mois,le calme abbatial seratroublé par le va-et-vientdes ouvriers de diversesentreprises, efficacesautant que discrets, par lapoussière, et certains jourspar le bruit assourdissantdes marteaux-piqueurs ;mais enfin une vraie sallecapitulaire à l’emplace-ment de l’ancienne bi-bliothèque, des chambresplus convenables pour lesnovices, les confrères, leshôtes, cela vaut bien cesquelques désagréments !

Samedi 19 octobre

L’Association des anciens élèvesdu Collège de l’Abbaye tient sa ren-contre annuelle. Après l’accueil et l’as-semblée générale au collège, tous serendent à la basilique, où M. GeorgesAthanasiadès donne une conférencepublique intitulée : « l’Aigle et le Ruis-seau » (l’aigle se référant évidemmentà l’apôtre Jean et ruisseau étant la tra-duction française de Bach). Dans cetteconférence illustrée par des pièces d’or-gue, il nous fait découvrir l’étonnant

La quiétude de la cour Saint-Théodule est troublée par legrand chantier de la future salle capitulaire.

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symbolisme des nombres présent dansl’évangile de saint Jean comme dans lamusique de Jean-Sébastien Bach.

Lundi 21 octobre

Rencontre récréative des évêquesde Suisse romande : après une brèveséance de travail matinal et une visite

des archives, ils se rendent dans le bourgmédiéval de Saillon (dont est originairenotre Père-Abbé). Ils y passent le restede la journée. La détente est bonne con-seillère aussi pour ceux qui ont de hau-tes responsabilités !

M. Yannick-Marie Escher accom-pagne 80 paroissiens de Bex dans unpèlerinage de trois jours à Rome. Touten faisant un travail apprécié de tousdans la catéchèse et l’animation des jeu-nes à Bex, il prépare une licence en his-toire à l’université de Fribourg. C’est àFribourg également que nos deux pro-fès, Cédric Chanez et Jean-Baptiste

Farquet reprennent leurs cours de théo-logie dès la fin octobre.

Mercredi 23 octobre

Le matin à 10 h 30, nous chantonsl’office des défunts suivi de la messeconventuelle et de la sépulture de notreconfrère Henri Pralong, décédé à l’hô-pital de Martigny ; il y avait été admisquelques jours auparavant, sa santé dé-clinait beaucoup depuis plusieurs mois.(Voir article p. 24).

L’après-midi à 14 heures s’ouvre leChapitre général. Dans son messagespirituel, le Père-Abbé s’inspire du ré-cent document romain consacré à la viereligieuse, qui souligne toute l’actualitéde la vie consacrée en ce début du troi-sième millénaire. Elle doit reprendreconscience d’elle-même avec une fer-veur renouvelée, en s’appuyant sur leChrist. En lui elle puisera courage pouraffronter les épreuves, celles en particu-lier du vieillissement et de la diminu-tion des vocations, et pour lutter à con-tre-courant de la mentalité jouisseuse etindividualiste de notre époque. C’estl’Esprit du Christ qui donnera aux reli-gieux de témoigner de son Amour àtous, surtout aux petits.

La question de la restauration dela basilique est ensuite longuement dis-cutée ; l’architecte J.-M. Dutilleul expli-que, sur la base de plans figurés à l’écran,le projet qu’il a conçu d’entente avec lacommission de restauration. Un projetillustré par une maquette suggestive,auquel la communauté donne le feu vertquant à l’essentiel : le chœur et l’avant-chœur ; la réflexion se poursuivra à pro-pos d’autres aspects, comme une éven-tuelle crypte, etc. Le Chapitre s’achève

Au terme de sa conférence-concert, M. Athana-siadès est félicité par un ancien étudiant.

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17LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

par une communication du Père-Maî-tre et des informations données parM. le Prieur.

Dimanche 27 octobre

La paroisse de Lavey fait ses adieuxà M. Jean-Pierre Liaudat, lui exprimantson attachement et sa reconnaissance ;en même temps, elle souhaite la bien-venue à M. André Bruttin : depuis l’ab-baye où il réside maintenant, il desser-vira cette paroisse comme auxiliaire, lecuré de Saint-Sigismond CharlesNeuhaus en étant l’administrateur.

Ce même jour, rentrant de vélo àl’abbaye, Frère Laurent heurte malen-

contreusement une voiture sous le tun-nel de la voie ferrée : blessé, il est soi-gné à l’hôpital de Monthey ; heureuse-ment il se remet assez rapidement etbientôt on le voit à nouveau en habitde travail, circulant de l’atelier à l’ab-baye ou au collège.

Et voilà que la fête de la Toussaintnous fait entrer dans le mois de novem-bre, nous acheminant vers l’Avent,aurore d’une nouvelle année liturgique.Que ce Temps nous prépare, dans laconfiance et la générosité, à une venuerenouvelée du Christ dans notre cœur,dans notre vie et dans le monde.

Chne Jean-Bernard Simon-Vermot

M. le cardinal HenriSchwery, chanoine d’hon-neur de l’Abbaye, a fêté enjuillet ses 25 ans d’épisco-pat et ses 40 ans de sacer-doce. Ses amis avaientprévu de lui offrir à cetteoccasion un « opuscule »,mais c’est finalement unmagnifique livre de fête —332 pages et 164 illustra-tions — qui lui a été pré-senté le 10 octobre à Sion.Intitulé Le cardinal HenriSchwery, Prêtre, évêque, cardinal. Unquart de siècle d’épiscopat, ce livre à lacouverture imitant avec exactitude lapourpre cardinalice est un florilège desouvenirs et de témoignages d’amis quiont côtoyé l’ancien évêque de Sion danstoutes les étapes de sa vie (Saint-Mau-rice : Éditions Saint-Augustin, 2002).

M. Serge Tornay a pu-blié le résultat de ses recher-ches anthropologiques enEthiopie dans un magistrallivre intitulé Les Fusils jau-nes, générations et politiqueen pays Nyangatom (Ethio-pie), Nanterre : Sociétéd’ethnologie, 2001, 363 p.(Collection Sociétés africai-nes ; 14)

REÇU À LA RÉDACTION

Anne Maillard, Dieu à la croisée denos questions. L’évangile de Jean témoi-gne. Poliez-le-Grand : Éditions du Mou-lin, 2002, 91 p.

Michel Leplay, La Bible entre leculte et la culture. Vingt siècle de vitalitéet de résistance. Poliez-le-Grand : Édi-tions du Moulin, 2002, 91 p.

CHRONIQUE DES LIVRES

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18 LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

Chers confrères, chères sœurs etchers frères,

Parmi beaucoup de questions quenous avons à poser dans la vie de notreÉglise, il en est une,qui, me semble-t-il,devient de plus enplus urgente : « Lebon fonctionnementet l’organisation effi-cace à l’intérieur denotre Église ne sont-ils pas en train deprendre le pas surl’accueil de la Parolede Dieu et son habi-tation dans lescœurs ? »

En effet, il fautque notre Églisefonctionne et qu’ellefonctionne bien.Dieu sait si c’est im-portant. Mais est-cequ’un tel fonction-nement aide tou-jours à annoncerl’Évangile et à le par-tager avec nos frèreset nos sœurs. Je mepose cette question,car je suis impressionné de constatercombien nous passons parfois d’uneactivité à une autre, d’une séance à uneautre, d’un rendez-vous à un autre ren-

dez-vous, d’un dialogue à un autre, sansavoir touché à la Parole de Dieu ou àun partage sur la vitalité ou non de no-tre foi. Ne sommes-nous pas en train

de devenir « uneterre asséchée » ?

Dans la mêmeligne, ne sommes-nous pas en train demettre trop en valeurl’organisation dans lavie de l’Église ? Dieusait si c’est importantaussi. Il le faut. Maisest-ce qu’une telleorganisation aidetoujours à vivre unerelation personnelleet forte en présencede Dieu et avec lui.Je me pose encorecette question, car jesuis impressionnépar le temps que l’ondonne à l’organisa-tion presque inces-sante à l’intérieur del’Église, que cela soitdans sa dimensionuniverselle, diocé-saine ou locale. Le

danger est grand de désirer et de tra-vailler aux plus beaux schémas, aussiattractifs soient-ils, sans pour autantnous laisser de plus en plus saisir par

HOMÉLIE POUR LA FÊTE DE LA SAINT-MAURICE

Mgr Denis Theurillat.

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l’Évangile du Christ. Ne sommes-nouspas en train de devenir « une terre assé-chée ».

Oui, hélas ! Fonctionnement etorganisation dans la vie de l’Église, voilàqui occupe ou peut occuper une grandepartie de notre temps. Qu’il soit alorsainsi, si nous n’oublions pas de demeu-rer fixés sur l’essentiel et d’en vivre, àsavoir : rayonner l’Évangile et le fairerayonner autour de nous. Et comment ?Il y a différentes manières, c’est sûr. Lafête de ce jour en est une.

La fête de ce jour ne vient-elle pasnous recentrer sur l’essentiel. Que nousrévèle-t-elle cette fête de Saint-Maurice ?Elle nous révèle, d’année en année, que,seule, la foi vécue et pour certains êtreshumains, la foi vécue jusqu’au bout, jus-que dans le martyre, seule une telle foipeut toucher les cœurs, les bousculer etles faire changer de vie.

La foi vécue et… jusqu’au bout.La foi de saint Maurice et de ses

compagnons, et selon la légendethébaine, je n’oublie pas la foi d’autrescompagnons de la même époque : saintOurs et saint Victor, patrons de notrecathédrale de Soleure, cette foi vécue,c’est un choix de vie : choisir Dieu etl’annoncer à temps et à contre-temps.Elle est impressionnante la professionde foi de saint Maurice qui nous rap-porte ces mots : « Nous avons d’abordprêté serment à Dieu, puis nous avonsprêté fidélité à l’empereur. Sache bien,empereur, que notre second serment estillusoire, si nous violons le premier. Tunous ordonnes de mettre au supplice deschrétiens. Tu n’as pas besoin de cher-cher plus loin : nous voici ! Nous pro-fessons notre foi : ‘nous croyons en

Dieu, Père et Créateur de toutes cho-ses ; nous croyons en son Fils JésusChrist, notre Dieu‘. »

Comment Maurice, chef de la lé-gion thébaine, aurait-il pu professer unetelle foi, s’il n’avait pas été rempli de lavie de Dieu. Je pense alors que l’auteurdu livre de la Sagesse nous aide à réflé-chir quand il écrit : « La vie des justesest dans la main de Dieu, aucun tour-ment n’a de prise sur lui ». La vie deMaurice et la vie de ses compagnonsétaient dans la main de Dieu. En effet,nous avons l’impression, même davan-tage, nous avons la conviction, qu’il n’yavait pas de distance entre les chrétiensde la légion thébaine et Dieu. Il y avait,oui, tout au contraire, une unité de vie,une communion de vie et de ce fait, unrayonnement de vie. C’est remplis dela vie de Dieu qu’ils s’avancent vers lemartyre, en disant à haute voix : « Tunous ordonnes de mettre au supplice deschrétiens, tu n’as pas besoin de chercherplus loin, nous voici. » C’est tellementfort que, comme une évidence nouspouvons toujours mieux comprendreces paroles de l’Apocalypse : « Tous cesgens vêtus de blanc viennent de lagrande épreuve ; ils ont lavé leurs vête-ments, ils les ont purifiés dans le sangde l’Agneau. Oui, tous ces gens, qui sontallés jusqu’au bout de leur vie de foi etqui ont résisté aux attaques du mal. Ouitous ces gens martyrisés. Ils sont vêtusde blanc et ils se tiennent devant le trônede Dieu et le servent jour et nuit dansson Temple. »

Une telle foi vécue ne se réalise pasd’un jour à l’autre. Elle se façonne, ellese construit. Elle vise, chaque jour, l’es-sentiel : à savoir Dieu et son message

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d’amour. Elle donne lieu à un engage-ment courageux, qui dépasse tout ce quel’on peut imaginer. Une telle foi vécuene peut devenir que témoignage pourtoutes les générations.

Chers frères et chères sœurs, mêmesi aujourd’hui beaucoup de nos contem-porains ont soif et faim de spiritualité,il nous faut constater et admettre ce-pendant que la vie profondément spiri-tuelle, c’est-à-dire l’alimentation de lafoi et l’engagement courageux à l’égardde nos frères et sœurs les humains man-quent tellement en notre temps.

Il me semble important de retrou-ver la communion de vie intime et so-lide avec le Seigneur. Il est urgent dedonner consistance à notre vie spiri-tuelle, de la nourrir par trois chemins.

Le chemin de la prière, c’est-à-direle chemin de l’écoute et du dialogue avecle Seigneur, le chemin de l’adoration,c’est-à-dire le temps de la veillée avec leSeigneur, et la lecture spirituelle, c’est-à-dire le temps de l’approfondissementdes choses de Dieu.

C’est cette vie spirituelle-là quipermettra de donner à nouveau corps àla vie de l’Église, et à la vie du monde.

C’est cette base-là qui permettra àtoutes nos personnes dévouées à la tâ-

che de l’Église, de ne pas sombrer dansla fatigue et dans la résignation.

C’est cette base-là, qui motivera leschrétiens à faire souffler l’Esprit du Sei-gneur au cœur du fonctionnement etde l’organisation de l’Église.

C’est cette base-là, qui leur don-nera de laisser transpirer la transcen-dance, en laquelle ils croient, dans toutce qui fait les discussions à assumer etdans les grandes décisions à prendre.

Frères et sœurs, il faut que nousnous laissions questionner.

Il est bien clair que si les humainsne reprennent pas souffle de cette ma-nière-là, ils risquent de mourir étouf-fés. Si par contre ils redressent la tête,et qu’ils s’abreuvent à la source de la vie,alors le témoignage l’emportera etl’Église, dans son fonctionnement etdans son organisation, triomphera grâceà l’espérance qu’elle proclame à tempset à contre-temps.

Je viens de passer la nuit de prièrede vendredi à samedi à Disentis avec lesjeunes de la Suisse alémanique qui pourla plupart ont vécu la Journée mondialede la jeunesse à Toronto. Ils étaient en-viron 300. Qu’attendent-ils ? Ils sont là,ils écoutent, ils prient, ils chantent leSeigneur. Ils attendent de nous que nous

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21LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

leur parlions de Dieu que nous lesaidions sur le chemin de la foi, que noussoyons ces témoins, de sorte qu’en nousvoyant vivre, ils puissent à leur tourporter le témoignage de la foi autourd’eux.

Il est bien évident, que tous lessaints et saintes du ciel, qui vivent dansle face-à-face avec le Seigneur et doncparticulièrement en ce jour saint Mau-rice et ses compagnons, nous invitent,nous convoquent à vivre une telle foi,de façon à transformer le monde, enpensant tout particulièrement aux en-fants et aux jeunes.

En ces temps où l’Église vit desévénements extrêmement durs et trou-blés, mais où en même temps, elle ouvreà beaucoup d’espérance et de confiance.

En ces temps où l’Église vit d’om-bres et de lumière, puissent saint Mau-rice et ses compagnons nous aider à vi-vre notre relation tellement profonde àDieu, que chaque parole et que chaqueacte que nous réalisons soit en vue duplus grand bien de tous, ici ou ailleurs.Là nous devenons des témoins de Dieu.

Le monde a toujours eu besoin detémoins passionnés de Dieu.Aujourd’hui encore plus que jamais.Essayons alors d’en être toujours davan-tage. Et nous en serons, si devant leshommes nous nous déclarons pour leSeigneur. Si nous ne craignons ceux quituent le corps, mais ne peuvent tuerl’âme. Amen !

+ Mgr Denis Theurillat

Du 20 au 24 février 2003, Saint-Maurice accueillerades chrétiens du Moyen-Orient venant rencontrer deschrétiens d’Occident. En un temps où les chemins dela paix semblent fermés, il importe que chez nous desvoix osent s’élever pour clamer des valeurs évangéliquesmontrant que le Christ est le Messie annoncé et qu’ilvient apporter l’amour et la paix. Le jeudi 20 février, aucollège, les étudiants pourront entendre des conféren-ces de Ruben Berger, juif messianique, Victor Hashweh,pasteur palestinien et Jacob Abdennour, prêtre catholi-que palestinien. Le vendredi 21 permettra aux prêtres,pasteurs et autres personnes engagées en Église de ren-contrer ces conférenciers à la Maison de la Famille àVérolliez. Et le samedi ces mêmes intervenants assistésque quelques autres témoins parleront au grand publicà la Grande Salle du Martolet au Collège.

Pour tout renseignement ou pour obtenir des dé-pliants s’adresser au Secrétariat abbatial au 024 486 0445 ou Fax 024 486 04 55.

SÉMINAIRE AVEC DES CHRÉTIENS DU MOYEN-ORIENT

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22 LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

EN MÉMOIRE

D’UN MISSIONNAIRE

LE PÈRE

EMMANUEL

GEX-COLLET

(21 JANVIER 192113 SEPTEMBRE 2002)

Depuis qu’il était confiné auFoyer des Trois Sapins àTroistorrents, tout près deMorgins, le village de son enfance,le Père Emmanuel Gex-Collet,par suite d’une attaque cérébraleétait incapable de parler, mais onaimait aller le voir et la commu-nication par les yeux et l’expres-sion du visage était chaleureuse.Maintenant que Dieu l’a appelé àlui, son souvenir reste bien vivant. Sou-venir d’un religieux, d’un prêtre toutdonné à son Seigneur et aux autres — àces montagnards du nord de l’Inde auxquelsl’appel missionnaire l’avait été envoyé.

Né à Champéry en 1921, il avaitétudié dans un pensionnat à Évian etau petit séminaire de Sion. Entré à l’ab-baye de Saint-Maurice en 1939, il ob-tint sa maturité au collège de l’abbayeen 1942. Après son ordination sacerdo-tale le 6 avril 1946 et une année en An-gleterre, il s’embarqua avec trois con-frères pour la mission confiée aux cha-noines, la préfecture apostolique du Sik-kim, dans les contreforts de l’Himalaya,où il demeura 50 ans. Il fut successive-ment curé de Mariabasti, de Mérik-Algarah et de Pudong, villages de mon-tagne entourés d’épaisses forêts. On lui

confia ensuite les paroisses de SainteThérèse et de Marie Mère de Dieu àKalimpong.

Ce qui le frappait surtout, danscette Inde aux immenses richesses hu-maines et spirituelles, c’était la pauvretéet la misère des gens, trop réelles en dé-pit des grandeurs de ce pays, et son cœurnaturellement compatissant s’ouvraitlargement à tous, pour chercher à leurvenir en aide autant que pour les récon-forter moralement. Cela, sans faire dedistinction entre chrétiens et hindousou bouddhistes, car il comprenait d’ins-tinct que la grâce de Dieu agit dans tousles cœurs, quelle que soit sa race ou sareligion. C’est pourquoi il était aimé detous. Il n’en prêchait pas moins avec zèlel’évangile du Christ et il se dévoua en-tièrement à la communauté chrétienne

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dont il était chargé, instruisant le peu-ple, le rassemblant pour l’Eucharistie,soignant les malades. Il eut à cœur deconstruire des écoles etdes couvents, ainsi quedeux églises en style dupays, dont l’une dans lehaut de Kalimpong.

Dans les labeursmissionnaires souventingrats, il connutcomme ses confrèresdes épreuves, et àl’image du pays qui neprésente que des mon-tées et des descentes, ilavait des momentsd’enthousiasme et destemps où il devait s’ac-crocher à Dieu pour nepas céder au pessi-misme ; mais toujours il repartaitvaillamment sans ménager sa peine, vi-sitant les familles à pied ou à cheval, partous les temps, fréquemment fort tard

le soir (on l’appelait plaisamment« l’oiseau de nuit »). Il prenait souventparti pour les plus faibles, et se voulait

aussi proche du peu-ple que possible. Fina-lement sa santé com-mença à fléchir etbientôt il fut frappéd’aphasie, ce qui lecontraint à rentrer enSuisse en 1997. Hos-pitalisé dans un homede Troistorrents, il yvécut encore 5 ans,mais son cœur restaitauprès de ses chersNépalis et Lepchas,dont il recevait desnouvelles avec émo-tion. Il s’est éteint pai-siblement le 13 sep-

tembre 2002 ; en restant en commu-nion avec lui, nous nous réjouissons depenser qu’il trouve en Dieu qui est au-delà de toute parole la plénitude de la joie.

Du fait de l’éloignement,peu de personnes en Suisse l’ontconnu, mais une exposition dueà l’écrivain-photographe BenoîtLange, montée en automne2000 à Monthey puis à Vérollieza rendu populaire cette belle fi-gure de missionnaire. En Indemême, son souvenir est resté trèsvivant : une messe a été concélé-brée en sa mémoire le 2 octobre2002 par 40 prêtres, et ses pa-roissiens, faisant allusion à sonnom « Emmanuel », aimaient àdire que par lui Dieu étaitcomme présent parmi eux.Chne J.-Bernard Simon-Vermot

Le 11 novembre 1947, au jour de leur départ pour leSikkim, les chanoines Pittet, Gex-collet, Gressot et

Simon-Vermot entourent Mgr Haller.

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24 LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

Peu après la mort de notreconfrère Emmanuel Gex-Col-let, une nouvelle séparationnous rend plus sensible la réa-lité de l’au-delà et nous met plusdirectement en communionavec ceux que Dieu a appelés àlui : le 19 octobre, le chanoineHenri Pralong, qui avait été hos-pitalisé peu auparavant à l’hô-pital de Martigny, nous quittait,emporté par un accident céré-bral lié à sa maladie de cœur.

Originaire de Salins, Henri Pralongest né tout près de Sion, le 6 juillet 1927.

LE CHANOINE

HENRI PRALONG(6 JUILLET 1927

19 OCTOBRE 2002)

Jeune garçon, il participe à l’exploita-tion agricole familiale tout en poursui-vant ses études. Après l’école primairedans son village de Maragnénaz etl’école industrielle à Sion, il vient au col-lège de Saint-Maurice où il passe sa ma-turité en 1949 après son noviciat et laprofession temporaire (8 septembre1947). Ses cours de théologie suivis àSaint-Maurice et à Rome étant termi-nés — il a été ordonné prêtre le 20 sep-tembre 1952 —, il va faire des étudesen sciences à Fribourg, études couron-nées par une licence en 1958. Aussitôtengagé comme professeur au collège, ilassurera parallèlement le poste de pré-fet de l’externat durant 8 ans, avant dediriger le Foyer Jean XXIII dans l’an-cien Institut des Pères Blancs à Saint-Maurice pendant 5 ans.

Durant tout ce temps, il exercerale ministère pastoral dans les paroisses,

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si bien qu’il put assumer fa-cilement ensuite ladesservance des paroisses deSaint-Sigismond à Saint-Maurice (1971-1984) etcelle de Vollèges (1984-1990) pendant presque 20ans. Aumônier de la commu-nauté des Sœurs de SaintMaurice à La Pelouse encoredurant 7 ans, il rentre à l’ab-baye déjà marqué par desproblèmes de santé en 1997.Il fera encore un bref séjourcomme aumônier du HomeNotre-Dame du bon Accueilaux Mayens de Sion en1999-2000.

Ces dernières années,on le vit marcher à pas lents ;c’était sans doute déjà dû àla maladie cardiaque qui de-vait lui être fatale. Mais sespas lents étaient aussi ceux dela méditation du chapelet

qu’il priait régulièrement dans les couloirs del’abbaye. Les vocations lui tenaient à cœur :constater les défections du clergé et la raréfac-tion des vocations était pour lui une épreuvedouloureuse, qu’il s’efforçait de la surmonterdans la foi et la fidélité à l’Église. Les évolu-tions et les changements de notre temps dansle monde et dans l’Église était parfois aussi pourlui une source de questionnements ; c’est grâceà la persévérance dans la prière communau-taire et à la célébration de la messe quotidiennequ’il trouvait la sérénité. Maintenant qu’il estlà où « il n’y aura plus de pleurs ni de cri ni depeine car l’ancien monde s’en est allé » (Ap 21,4), nous prions pour qu’il reconnaisse au cielle Christ lumineux des noces éternelles et par-ticipe au banquet eucharistique de l’éternitédans la gloire du Ressuscité.

+ Mgr Joseph Roduit

Les chanoines Henri Pralong et Abel Fumeaux devant leFoyer Jean XXIII (Bâtiment Lavigerie).

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Quelques mots d’histoireL’année 1989 marque un tournant

dans l’histoire de la Bulgarie : c’est lachute du régime totalitaire.

Dès cette année-là, au mois dejuillet, se crée à Sofia une œuvre sociale«Fond Detstevo», association à but so-cial non lucratif. Elle sedonne un but : venir enaide à tous les enfantsorphelins, abandonnésou handicapés, pourleur donner non seule-ment de meilleures con-ditions de vie et de santémais aussi une éduca-tion et une formationpour leur avenir. Unnombre important deces enfants vivent dansdes maisons créées par legouvernement. Il fautdonner à ces maisons lapossibilité de remplir aumieux leur mission. Ilfaut aussi envisager d’aider nombre defamilles vivant dans la pauvreté totale.

Pour cela, il faudra de l’argent,beaucoup d’argent pour la nourriture,l’habillement et tout le reste… FondDetstvo s’adresse à toutes les représen-tations diplomatiques en poste à Sofia.A l’ambassade de Suisse, l’ambassadeur,

« FOND DETSTVO »

UNE HISTOIRE D’AMOUR QUI DURE DEPUIS 13 ANS

ENTRE LA PAROISSE CATHOLIQUE DE VILLARS/CHESIÈRES ET LES MAISONS

D’ENFANTS ORPHELINS, ABANDONNÉS OU HANDICAPÉS EN BULGARIE

Monsieur Harald Borner, prête uneoreille attentive à cet appel. Lorsqu’ilvient en Suisse, Monsieur Borner a unerésidence à Villars s/Ollon et c’est toutnaturellement qu’il adresse un appel àsa paroisse qui promet de faire quelquechose. Et ainsi commença une longue

histoire d’amour !1990 : en septembre

350 kg de marchandisessont transportées ; puisen décembre, suite à unappel d’urgence, avecl’aide du CHUV à Lau-sanne, des médicaments(achetés avec le produitde la quête de Noël) sontenvoyés en quantité suf-fisante pour sauver unevingtaine d’enfants en fa-veur desquels cet appelétait arrivé.

1991 : le curé deVillars, le chanoine Mau-rice Schubiger, est invité

à venir voir sur place. Ce sera le pre-mier voyage et la visite d’une premièremaison. Puis, dès le retour en Suisse,tout se met en place très vite et réguliè-rement marchandises, habits, chaussu-res sont récoltés et acheminés, sanscompter la cerise sur le gâteau : les jouetset le chocolat.

Le chanoine Schubiger entouréd’enfants bulgares.

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Quelques chiffres pour résumer 13 ans d’activitéSur 325 maisons, 298 ont été aidées. On a effec-

tué 407 visites dans les maisons. 190 maisons ont reçudes colis, 81 ont reçu une aide financière. 40’863 en-fants ont reçu une aide lors des visites, 26’521 ontreçu des colis et 8’377 ont reçu une aide financièresupplémentaire. 120’000 kg de marchandises ont étéenvoyées de Villars où l’on a récolté Fr. 1’100’000.00

Maintenant une partie des marchandises et dumatériel peut être achetée sur place, ce qui diminued’autant les frais d’envoi. Mais la Paroisse continue lacollecte de colis et d’argent.

Pour mieux comprendreOrganisation des maisons d’enfants :

Maisons pour enfants abandonnés ou orphelinsMaisons «Mères et enfants» de 0 à 2 ansMaisons pour enfants en âge préscolaire de 3 à 6 ansMaisons pour enfants en âge de scolarité de 7 à 14 ansMaisons pour des jeunes fréquentant les écoles professionnelles

et les lycées de 14 à 20 ansMaisons pour enfants handicapés

Handicaps légersMaisons «Mères et enfants» de 0 à 2 ansMaisons pour enfants en âge préscolaire de 3 à 6 ansMaisons pour enfants en âge de scolarité mais ne pouvant

suivre l’école publique de 7 à 14 ansMaisons avec formation professionnelle dans des ateliers

protégés de 14 à 20 ansHandicaps lourds

Maisons «Mères et enfants» de 0 à 2 ansMaisons médicalisées et hôpitaux spécialisés de 2 à 20 ans

Maisons pour enfants atteints de surdité de 4 à 20 ansMaisons pour enfants atteints de cécité de 4 à 20 ansInternats pour enfants avec des difficultés relationnelles

Internats pour enfants en âge scolaire de 7 à 14 ansInternat avec formation professionnelle de 11 à 20 ans

Ces enfants sont envoyés dans ces internats à la suite d’unedécision prise par une commission composée de parents,d’éducateurs, de juristes et des services sociaux

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Essayez donc d’imaginer le nom-bre d’heures de dévouement nécessai-res pour cela, le nombre de bonnes vo-lontés qui se sont mobilisées pour queça suive, pour que ça vive, soit de la partde Madame Ivanka Vasileva et de sonéquipe en Bulgarie, soit dela part du chanoineSchubiger et de sa paroisse.

Et Madame Vasilevapeut écrire : « Les comptessont régulièrement contrô-lés. Nous pouvons certifierque nous n’avons constatéaucune irrégularité ou dispa-rition et que tous les secours- argent et matériel - sont ar-rivés directement dans lesmaisons grâce au travail in-

fatigable des amis de «Fond Detstvo» ».Dans le récit de son dernier

voyage, en octobre 2002, le chanoineSchubiger relève plusieurs points im-portants, présents déjà du reste lors derapports précédents :

• La pauvreté a augmenté. Le pou-voir d’achat a diminué d’environ 17 %.Dans les maisons il y a diminution depersonnel et le budget du gouverne-ment a été réduit.

• On sent une discrimination parrapport à un certain nombre d’enfants,en particulier vis-à-vis de ceux qui sontd’origine tzigane. Il y a là un gros pro-blème d’intégration à améliorer peu àpeu.

• 70 % des frais de nourriture sont

Budget 2002

Colis (transport, emballages et frais de manutention) 18’000 frAide directe aux maisons pour achats sur place 65’000 frBourse à des étudiants (pour leur permettre de faire

des études ou un apprentissage) 12’000 frAide pour l’organisation d’un grand camp de vacances

et pour le recyclage du personnel du camp 15’000 frSoit au total 110’000 fr

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pris en charge par desbienfaiteurs. Pour leshabits et les chaussures,les maisons dépendenttotalement des bienfai-teurs.

• Le chanoine seplaît à relever la bonnetenue des maisons qu’ila visitées et la qualitédu travail accompliauprès des enfants mal-gré les réductions depersonnel et les dimi-nutions d’allocationsfinancières de la part de l’État. Certesquelques problèmes se posent mais ilmet beaucoup d’espoir dans une nou-velle loi, récemment votée, sur la pro-tection de l’enfance.

Pour conclureAu long des années, des liens se

sont créés, liens d’amitié très forts avecles membres de l’équipe «FondDetstvo», mais aussi, et c’est sans doutetrès important, liens avec les autorités,les maires des communes dans lesquel-

les sont implantées les maisons, et aussiavec le gouvernement central ; et le cha-noine rencontre régulièrement les mi-nistres concernés et même, au moinsune fois, le président de la Républiquede Bulgarie. Pour faciliter ces contacts,il a appris le bulgare.

Il a reçu au nom de la Paroisse deVillars 2 décorations à titre de remer-ciement et vient d’être nommé mem-bre d’honneur de l’association des vil-les de Bulgarie.

Mais ce que l’on ressent le plus àtravers ses articles, c’estla joie, la joie d’aider, lajoie de voir et de ressen-tir profondément lajoie des enfants à cha-cune de ses visites quisont devenues de véri-tables fêtes.

Puissent ces fêtescontinuer et se multi-plier !

Chne André Bruttin

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30 LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

Se retremper dans la spiritualité deson Ordre est pour un religieux à la foisun devoir, une joie profonde et une forcequi le revigore dans son cheminementspirituel. Comme on se plaît à parcou-rir du regard le pays natal, trouvant sesmoindres détails toujours nouveaux,toujours plus beaux, comme on aime àse pencher sur des souvenirs de famille,continuons, après avoir esquissé la phy-sionomie desVictorins, à parcou-rir un à un les as-pects divers et lesécoles qui formentle visage spiritueldes chanoines régu-liers ; l’analyse dechacun d’eux nouspermettra d’avoir àla fin une vue d’en-semble de la spiri-tualité de notre Or-dre et d’en vivre.Nous nous arrêtonsmaintenant à celuique l’on pourraitappeler le maîtrepar excellence denotre tradition,saint Augustin ;autant dire que ce ne sera qu’une pâleet lacunaire évocation de ce génie uni-versel dont beaucoup de familles reli-gieuses se réclament.

La spiritualité de saint AugustinSans avoir été fondés par saint

Augustin de façon stricte comme lesFranciscains par saint François d’Assiseou les Chartreux par saint Bruno, leschanoines réguliers se réclament pour-tant à juste titre du docteur d’Hippone,et leurs traits spirituels ont été de touttemps profondément marqués par l’es-prit de leur « bienheureux Père ». Il est

donc naturel de re-garder d’abord verssaint Augustinpour comprendrenotre spiritualité.

Le rayonne-ment de saintAugustin débordeil est vrai de beau-coup le cadre deschanoines régu-liers : personnalitéprodigieusementriche, il est une desgrandes lumièresde l’Occident chré-tien. Son esprit, sesidées ont imprégnéla vie des chré-tiens ; tout un cou-rant théologique

est né de lui, l’augustinisme, qui a faitl’objet d’une multitude de travaux. Ilne s’agit pas de reprendre ces savantesétudes, mais plutôt, en cette redécou-

SUR LES PAS DE SAINT AUGUSTIN

SPIRITUALITÉ CANONIALE

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31LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

verte de notre patrimoine spirituel quenous tâchons de faire, de vivre de l’es-prit de saint Augustin, de nous péné-trer de sa doctrine, de retrouver par lui,pure, la source de l’Évangile.

L’Évangile est certes unique, et leVerbe en s’incarnant offre à nos regardset à notre imitation la totalité des per-fections divines. Mais chaque saint,homme limité par son tempérament,par le climat, l’époque, la culture, nesaurait reproduire toutes les perfectionsdu divin modèle : il entend d’une ma-nière qui lui est propre l’appel du Christ,et avec une fidélité par-fois héroïque s’efforcede réaliser l’idéal où lagrâce l’attire, en toutesoumission aux repré-sentants de l’autorité di-vine. Or les grands con-ducteurs d’âme, lessaints qui, comme no-tre bienheureux PèreAugustin ont creusé laglèbe de l’Église de pro-fonds sillons, ontorienté les hommes précisément dansle sens de leurs dons personnels, de leurcharisme. De là sont nés des courantsde spiritualité multiples, entremêlés sou-vent, qui ont soulevé et continuent desoulever les hommes pour la construc-tion du royaume de Dieu.

Quel est alors le trait dominant duvisage spirituel de saint Augustin ? Quelest l’esprit qu’il nous lègue ? On l’a re-connu depuis longtemps, c’est la cha-rité, une charité vibrante et concrète,fruit de son brûlant désir de Dieu : «no-tre cœur est inquiet tant qu’il ne reposeen Toi». Tout en lui est centré sur la cha-

rité, et elle s’exprime de mille manières,comme la lumière de l’arc-en-ciel se dif-fracte en couleurs multiples. Parmi cescouleurs, ces traits spirituels, nous en choi-sirons deux, dont l’actualité n’échappe àpersonne : l’intériorité contemplative et lesens des réalités concrètes.

L’intériorité contemplative.La vie d’Augustin a été une recher-

che perpétuelle : recherche effrénée desplaisirs terrestres dans ses folles annéesde jeunesse, puis, une fois qu’il en com-prit la vanité, recherche de la vérité par

l ’approfondisse-ment de tous les sys-tèmes philosophi-ques de son époque.La grâce finalementlui montra dans leChrist la voie de lasagesse. Cette sa-gesse chrétienne,dont le signe estl’humilité de l’Incar-nation, il cherchaalors à la pénétrer

toujours plus avant. Des beautés dumonde visible et des corps il passe auxmerveilles de l’homme intérieur, dontla sensibilité délicate, la mémoire et tou-tes les subtiles arcanes de l’esprit l’en-chantent. Il découvre dans l’esprit et sesfacultés une image de Dieu. Mais cetteimage est encore imparfaite : Dieu estplus à l’intérieur, dans une région de to-tal silence, et c’est là qu’il s’élève pour letrouver : « S’il existe une âme en qui rè-gne le silence, silence des sens, silence desimages de la terre, des eaux, de l’air, si-lence des cieux, silence de l’âme elle-même, qui sache ne point penser à soi…

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silence absolu de tout ce qui passe… et siLui seul nous parle, non par les créatu-res, mais par Lui-même, si nous enten-dons sa propre voix… : tout cela n’est-cepas (le mot du Christ) réalisé : ‘ entre dansla joie de ton Seigneur ‘ (Mt 25, 21) ? »Tel est le silence contemplatif auquel par-vient, selon saint Augustin, celui qui s’estéveillé à son moi profond, le mens, la « rai-son supérieure » qui est la vraie dignitéde l’homme. Là il pressent la Face deDieu, et l’Amour infini peut se commu-niquer à lui : « Parfois tu me pénètres d’unsentiment fort étrange, de je ne sais quelledouceur, qui, si elle s’établissait parfaiteen moi, serait je ne sais quoi qui ne seraitplus la vie présente » (Conf. L. X c. 11).

Spiritualité incarnée.Cette intériorité est tout le contraire

d’une évasion. En parvenant au centre del’âme, Augustin touche en profondeur lesréalités terrestres.

On est habitué à voir en lui le pen-seur de génie ; certes il l’est, et c’est par làqu’il a exercé une influence aussi profondeet durable sur tout l’Occident chrétien.Il ne faut pourtant pas perdre de vue qu’ils’est formé au contact des hommes de sontemps. Dans sa jeunesse il est vrai il a cher-ché passionnément une solitude où, àl’instar des platoniciens il eût pu vaquerexclusivement à l’étude et à la prière. Maisau fur et à mesure qu’il mûrissait, con-traint aussi par les circonstances (c’estbien malgré lui qu’il a été nommé évê-que), il a voulu se mêler au peuple, s’en-gager dans les problèmes humains jusqu’àaccepter tous les tracas de l’administra-tion d’un diocèse. L’idéal de sainteté qu’ilnous offre, c’est celui d’une sainteté in-carnée, mêlée aux luttes, aux tendances,aux espoirs d’une époque, là où la Provi-dence nous place. Nul ne se sanctifie enserre chaude, il faut accepter tout ce queDieu envoie : « ne rien demander, ne rienrefuser », selon la formule si pratique etsi exigeante à la fois de saint François deSales. Ce qui rejoint la « petite voie » desainte Thérèse de Lisieux, avec qui saintAugustin a plus d’un trait commun.

L’exemple du docteur d’Hipponenous apprend ainsi à nous engager tota-lement dans les réalités quotidiennes,mais en gardant le sens de l’éternel, dudivin au sein du temporel. Il nous ap-prend à ouvrir notre cœur à tout venant,pour qu’il trouve en notre accueil et no-tre sympathie une invitation à devenirpleinement lui-même en se donnant àDieu qui l’appelle. Il nous apprend à ac-cepter toutes les tâches, mais à les accom-plir sous l’inspiration divine qui seulepeut les unifier, les faire fructifier par l’Es-prit du Christ.

Chne Jean-Bernard Simon-Vermot

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33LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

DE PROFESSORE MEO (XAVIER DE COCATRIX)

EXTRAITS DU JOURNAL D’ÉTUDIANT DE BERNARD LOVIS

ÉCHOS DE L’INFIRMERIE

Par l’intermédiaire de Mgr HenriSalina, Mme Jeanne Lovis nous a faitparvenir le journal d’étudiant de sonpère Bernard Lovis. Il s’agit d’un petitcarnet noir de 9 x 14 cm contenant 170pages remplies d’une petite écriture ser-rée. Ce document, intitulé Mon jour-nal : Échos de l’infirme-rie, est agrémentéd’amusantes caricatu-res de la main del’auteur. Ce cahier, ac-compagné de sa trans-cription dactylogra-phiée (83 pages A4)par Mme ClaireLoriol-Lovis, est dé-posé aux Archives his-toriques de l’Abbayesous la cote AASMCSM 000 025 002.

Bernard Lovis estné le 27 août 1898 àLa Racine, communede Saulcy (JU). Il estdécédé d’un cancer le15 mai 1950. Aprèsavoir suivi les écolesprimaires dans son vil-lage jusqu’à 15 ans, il va un an àArlesheim (BL) pour apprendre l’alle-mand. En 1914 il commence son col-lège à Saint-Maurice, en vue de devenirprêtre. La mort dans l’âme, il quitterale collège à Noël 1919 définitivement

malade. Entre temps, il a effectué surordre médical des séjours de santé àArosa, Davos et Hospental ainsi quechez ses parents, au hameau de La Ra-cine. Son désir de se consacrer auxautres, en devenant prêtre s’est mani-festé durant toute sa vie par une dispo-

sition naturelle àaider ceux qui étaienten difficulté. ÀSaulcy, une voisinetémoigne qu’il n’y apas une famille qui nelui soit redevabled’un service rendu oud’une aide matérielletangible. Et c’estd’abord dans son vil-lage qu’il a créé le pre-mier syndicat agri-cole. Il a ensuite di-rigé à Delémont lapremière Associationagricole du district,jusqu’à sa mort en1950.

Nous reprodui-sons ici les 13 pagesqu’il consacre à son

professeur titulaire de sa classe de Syn-taxe, M. le chanoine Xavier de Cocatrix.

Né le 1er décembre 1860 à Saint-Maurice, il fit profession solennelle le9 août 1883 et fut ordonné prêtre le7 juin 1884. D’abord professeur au

Bernard Lovis étudiant en 1919.

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34 LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

Collège, il est ensuite nommé curé deBagnes, puis auxiliaire à Vétroz en1910 ; malade, il revient à l’abbaye en1913 et reprend l’enseignement de 1915à 1918. Il meurt le 14 décembre 1919.

Durant l’année scolaire 1917-1918, sur un programme hebdomadairede 27 heures, le chanoine X. de Cocatrix

était chargé de 18 heures d’enseigne-ment dans la classe de Syntaxe : languefrançaise, 4 h., langue latine, 6 h., lan-gue grecque, 5 h., histoire, 2 h., géo-graphie, 1 h.

L’hommage paru après sa mortdans le Palmarès du Collège pour 1919-1920, nous permet de mieux compren-dre les allusions de M. Lovis dans soncarnet. « M. de Cocatrix paraissait d’unevigueur de corps et d’esprit immuable.Redevenu professeur de Syntaxe en1916, après un court passage à Vétrozcomme chapelain, il y montra encorecette extraordinaire activité qui fut undes traits dominants de sa personnalité ;pourtant, petit à petit, ses forces troppeu ménagées l’abandonnaient. Au boutde deux ans, il devait faire le péniblesacrifice de quitter l’enseignement où ils’était si largement dépensé. »

DE PROFESSORE MEO(X. de Cocatrix)

Sans vouloir dire de mal de monvénérable professeur de syntaxe, je vaisen quelques lignes dévoiler mes penséesà son sujet et parler un peu de cet illus-tre, jadis, qui nous verrons comment,est devenu un peu troublé. Avant d’en-trer en syntaxe, j’avais beaucoup en-tendu parler de M. de Cocatrix, maiscomme tout me parvenait de ses élèvesd’alors, je ne les croyais qu’à moitié etj’avais toujours désapprouvé leur médi-sance.

Bref, en ayant entendu on ne peutplus sur le compte de mon futur pro-fesseur, je m’attendais à tout même auxplus grandes folies de sa part puisqu’onle traitait de fou, d’insensé, etc. Ce quime fâchait le plus, car reconnaissant enlui le prêtre avant tout, il était très im-poli et malhonnête de lui appliquer cesnoms.

Mon journal. ECHOS DE L’INFIRMERIE.Anno millesimo nongentesimo decimo

septimo. Bernardus Lovis frater justitiae etjuris. Le rédacteur : Bernard Lovis, fleur de

grammaire.

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Mais quel fut mon étonnement envoyant les premières semaines de monannée 1917-1918, comme le dit pro-fesseur était doux, patient et très calme.Aussi ne tardai-je pas à reconnaître enlui un homme très savant, un érudit,car tous les élèves restaient la boucheouverte quand il nous donnait de ceschiffres de l’histoire la plus reculée, etc.Il savait de même rendre la classe trèsagréable en nous contant une histoireou l’autre, et en savait-il !

Tout marche à merveille pendantla moitié du premier trimestre et les élè-ves de l’an dernier étaient surpris denous voir si contents alors qu’eux étaienttoujours à se plaindre. Mais lorsquenous vîmes notre cher maître se rendreen classe à 8 h. 5 avec un paquet de li-vres énorme, comme un cheval qui sentl’orage, nous nous mîmes à secouer la têteet à nous dire l’un à l’autre : Ça va mal.

En effet, notre grammaire latinedevient trop petite, c’est-à-dire incom-

plète, il fallut à tout mo-ment tracer ceci, ajoutercela, coller des feuilles, in-venter de nouvelles règles,etc. Ceci, vous le compren-drez, mécontenta fort lesélèves, surtout quelques-uns un peu têtus et animéssans cesse d’un esprit decontradiction ; BoinB. par exemple. Je ne lui enveux pas, au contraire,nous sommes de bons amiset nous occupions alors lemême banc. Pensez-vousqu’un professeur rusécomme le nôtre n’allait pasremarquer cela ? Vous voustrompez. Quelques joursplus tard, il y eut déjà descrises diplomatiques et jevous assure que les piqû-res étaient cuisantes pourceux qui étaient atteints.Bref, autre chose : les thè-mes latins. Lorsque notreprofesseur s’aperçut denotre faiblesse dans cettebranche-là, il ne se lassapas de nous faire étudier

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notre grammaire, prose latine, prosodie,etc. Chaque jour il répétait : « Sachez àfond déclinaisons et conjugaisons », puisil fit écrire au tableau : Nomina et verbadeclinare pueri sciant ; Barbarissmifoeditas absit, etc. Les devoirs affluantainsi que les leçons, certains élèves parmiles faibles arrivèrent en classe sans sa-voir leur grammaire latine ou la prose.C’est ce qui donne source à d’horribilestempestates qui se renouvelèrent souvent.

— Allez, allez, je veux du mot àmot, je prends la grammaire en main etj’écoute… asseyez-vous… un autre…mais, mais… mais… mais… un autre,etc.

Après que le manège ait duré 5 ou10 minutes, le maître se fâche, fermeson livre et va s’asseoir. Après deux outrois secondes, il commence un sermon,mais quel sermon ! Comte, je vous ledéclare, vous êtes par terre, par terre,etc. cela continue pendant 1/4 d’heureet l’heure passée, il s’en va tout rougede colère. L’après-midi il revient, toutdoux et fait même des excuses publi-ques s’il a eu le malheur d’avancer quel-ques mots trop piquants. Bref, tout vabien : du français on n’en fait presquepas, de la géographie deux minutes parsemaine, de l’histoire deux heures etmême du chant une heure, mais pasavec lui.

Nous voilà déjà à mercredi jour dethème latin. C’est facile, très facile, maisje parie qu’il y en a 15 en deuxième note.Bon, on fait le thème aussi bien qu’onpeut et on le donne, croyant n’avoirguère de fautes. L’après-midi, M. le pro-fesseur prend sa liste en main et dit :« Thème de ce matin : Hering 6, Du-pont 5, Künzle 5, etc. Lovis 3 et des 2

et des 0 tant qu’on en veut. » Bref, aprèsavoir rendu les cahiers on corrige ; lespremières phrases vont bien, mais voiciqu’on arrive à un fameux barbarismeque trois ou quatre n’ont pas oublié.« — Eh ! le datif de totius, Grange, c’esttotae, pas vrai ? etc. » Ça y est, le mo-teur est en marche, la correction étaitarrêtée et tous les regards tournés versnotre maître en furie. Il va sur sa chaise,c’est mauvais signe ; il parle, il crie, il sefrotte la tête, relève ses quelques che-veux tout blancs, etc. Puis, serrant satête entre ses mains, il commence deperdre espoir et s’écrie : « Mais où al-lons-nous, mais où allons-nous mesbons amis ? C’est à tout abandonner.Enfin, vous corrigerez vous-mêmes.Récitons la grammaire… ou bien, non,la traduction. Voyons, qui en veut ?Vezin. » Il ne sait plus où il est, ce qu’ilfait, tellement il est bouleversé par lethème. La semaine se passe assez tran-quillement jusqu’au samedi.

Le samedi, dis-je, nous étions sûrsde faire du latin pendant les trois heu-res et chacun interrogeant du regard soncamarade, on se disait partout : il va yfaire chaud. La première heure, tout al-lait bien, la deuxième, déjà moins etnotre maître furieux d’entendre lireRoland s’écriait : « — Ah ! oui, c’est celaRoland, Romanos, pacàta… enfin unautre, oui votre petite sœur est dans lesbras de sa nourrice. »

La deuxième heure passée, tous lesélèves regardaient leur montre pour fairecomprendre à M. le professeur quec’était bientôt le moment de commen-cer autre chose. Mais lui, malin, s’enapercevait bien et sans paraître étonnéil disait : « Voyons, vite encore un peu

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de grammairelatine, ah ! cettegrammaire, jevous le répèteencore, sachez àfond conjugai-sons et déclinai-sons. Oui,10 minutes seu-l e m e n t …d’ailleurs, lagéographie vousla savez et n’ayezcrainte on voustrouvera auxexamens. Vousc o n t i n u e r e zplus loin,l’Amérique po-litique, c’est fa-cile. Voyons qui en veut… Rey-Mermet. »

Je me dis de suite, ça y est, nousallons entendre un nouveau sermon, carl’élève interrogé ne récitait ses leçonsqu’avec la grammaire ouverte. C’est uneexplication sans vouloir le blâmer, ohnon.

— Ah ! M. Rey-Mermet que fai-tes-vous ?

— J’ai étudié, M’sieur ; et il sortquelques phrases fausses.

— Ah ! voilà mon Rey-Mermet denouveau par terre, mais, mais, mais,mais, quand donc voulez-vous faire at-tention ? Non, on n’étudie pas ses le-çons et que voulez-vous que j’y fasse ?Asseyez-vous. Ah ! mais, mais, mais,voyons, moi je ne peux pas étudier pourvous. (Plus fort). Ca ne m’étonne pas,on ne sait pas sa grammaire et l’on faitdes thèmes affreux, affreux, affreux…

Vous savez, après deux ans, si on nepasse pas, vous êtes exclu du collège.Vous devriez être en rudiments, oui, enrudiments et je vous défie d’y arriver lepremier. Non, c’est trop fort !

Jetant sa grammaire sur le pupitredans une crise de désespoir : « Faites ceque vous voudrez, je ne veux pas me ren-dre malade pour vous, quand on fait toutce qu’on peut et qu’on voit, enfin. »

Comme il ne restait que cinq mi-nutes, nous bavardions un peu et l’heurearrivée, notre maître se sauva sans direla prière. De suite on entendait danstoutes les bouches : « il est fou, il estfou ». Un autre : « Pacàta ». En voilàassez sur le latin…

Voici pour terminer sur le latin unmodèle de correction dans un cahier oùà la première ligne se trouvait un bar-barisme. Le professeur, furieux, le sou-ligne de quatre traits, barre tout le thème

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de deux croix de Saint-André et pourterminer la bénédiction roule un groszéro au bas de la page, avec cette petitefaveur : « Pendant que vous irez de cetrain-là, je ne corrige plus vos devoirs.Où allons-nous ? » Il y aurait encore dequoi remplir des pages rien que sur lelatin mais craignant d’en trop dire jem’arrête pour passer au français qui necomptait guère comme branche princi-pale.

M. notre professeur prenait lesnotes dans nos brouillons de thèmes oudans tout autre écrit français. Il allamême jusqu’à corriger des feuilles quine le regardaient pas ; par exemple labotanique, la religion, etc. Je ne puisrien avancer sans dire le nom d’un élèvequi fut la cause de beaucoup de crises,car il était très faible pour l’orthogra-phe. C’est ce qui lui a donné la note 1pour le français au premier trimestre.Ah ! Quels moments il a passés ce pau-vre Antoine et son frère aussi. Bref, unjour M. le professeur arrive en classe, faitla prière et un billet à la main nous dit :« Ecoutez. Voici comment B. Ant.écrit », etc. je ne sais plus quels mots.Tous se mettent à rire, il n’y a queB. Boin qui feint ne rien entendre et latête entre ses mains il a l’air boudeur.Le maître s’en aperçoit et rien ne le fâ-che plus que de voir un élève quin’écoute pas.

— Vous écoutez Bernard… ça nevous va pas, hein…

— J’écoute Monsieur ! (d’un airtêtu).

— Oh ! vous savez, je vois bien quevous faites la mauvaise tête, mais je vaisvous en passer l’envie. Ah ! parce qu’ilssont deux frères et que l’un se croit à la

septième lune, oh, oh ! moi je me chargede le faire descendre à la première. Al-lez donc à l’académie de Saint-Imier. Onveut faire le petit saint, aller à la messe,et l’on croit remplir ses devoirs. Je vousle déclare, B. A., si vous ne changez pas,vous êtes de nouveau par terre, par terre,par terre. »

Rendu muet par la colère, notremaître prend ses livres et se sauvecomme un voleur. Le cri de fou pleu-vait de nouveau et A. ne s’en faisait pas.

Bien que notre maître fût toujoursen classe avant nous parce que l’on nele retenait, il n’en était pas de mêmequand il s’entretenait avec M. le Direc-teur. Très souvent il arrivait un quartd’heure en retard et soufflant commeun bœuf mal saigné, il disait : « M. leDirecteur m’a retenu ». Mais nousétions loin d’avoir gagné un quartd’heure, car la classe était d’autant pluspénible. Sans cesse notre maître répé-tait : « M. le Directeur me l’a encore ditce matin : tenez-les, tenez-les. Et bienon vous tiendra, soyez tranquilles ». Ah !j’avais de la chance d’avoir le gros Boillatdevant moi, car il me fallait rire des heu-res entières avec mon camarade B. Boin.Je crois que si M. le professeur m’avaitvu, car c’était toujours pendant ses plusfortes crises que je riais le plus, je croisdis-je qu’il m’aurait fait passer la porte,mais il n’a jamais rien dit et je ne merepens pas d’avoir ri pourquoi avoir peurcomme certains, il ne voulait pas nousmanger.

Voilà que le 1er mars je tombai ma-lade et après avoir passé trois belles se-maines à l’infirmerie, je fus obligé d’in-terrompre l’étude pour un mois aumoins. Mais ce mois s’est passé, un autre

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après et le troisième passe en ce momentet je ne suis pas encore retourné au col-lège. Pendant les six semaines passées àla maison, j’ai reçu des nouvelles de monprofesseur qui me disait que tout allaitassez bien. Bref, je partis pour Arosa oùje suis depuis un mois ; deux fois monprofesseur daigne m’écrire mais en la-tin. La première fois il me disait que plu-

sieurs de mes condisciples allaient êtresurpris à la fin de l’année ; la deuxième,après m’avoir mis au courant des affai-res de la classe, il finit par ceci : Horribilistempestas fuit in schola die 24 maii, sedpatientiam habes, omne tibi narrabo.Mais, me demandai-je, quelle tempêtepeut-il y avoir eu à Saint-Maurice, il n’ya ni lac ni mer. Ah ! je sais, c’est unenouvelle crise en classe. Je n’en sus pasdavantage jusqu’à ce que deux lettres ve-nues de deux amis m’eurent mis tout àfait au clair. Oui c’était bien une criseet une terrible. De nouveau avec BoinB. puisque son frère A. n’est plus là. J’aiappris que le professeur avait dit à

B. que s’il avait su le premier jour à quiil avait affaire, il aurait pris son vase denuit et le lui aurait versé sur la tête en lerenvoyant chez Monseigneur : I adepiscopum. Bref, la tempestas a donné lieuà de vives plaintes chez M. le Directeuret chez Monseigneur. Trois ou quatrejours après, M. X. de Cocatrix était dé-posé de sa place de professeur de syn-taxe. Donc j’ai fini avec lui et certes jen’en suis pas fâché. Cependant, consi-dérant les choses sérieusement, je nepasserai plus sous les ordres d’un pro-fesseur aussi savant. D’une façon il està regretter car il aurait après 3 ou 4 ansréformé un peu l’enseignement et re-mis dans les élèves un autre systèmed’étude très louable, mais trop rigide ettrop pénible. En terminant je dis quen’ayant pas la tête ni le flair pour arri-ver au stade où est parvenu M. deCocatrix, nous nous contenterons denotre petit savoir et nous ne risqueronsnullement de perdre la tête. Il fautl’avouer et l’approuver, c’est le trop detravail et d’émulation qui a jeté l’illus-tre professeur dans l’état malheureux oùil est. N’oublions pas qu’il a été mem-bre du Conseil de l’instruction publi-que et que le Valais lui doit l’admirableinstitution des écoles primaires qu’ilpossède. Si donc rien ne lui était arrivé,on ne citerait que lui en Valais et cha-cun se vanterait de l’avoir vu, entenduou eu comme professeur, mais on letraite de fou, ce qui me fâche beaucoup,car s’il est un peu troublé, il n’en est nul-lement la cause et étant prêtre nous luidevons autant de respect qu’à ses con-frères.

Arosa, le 8.11.1918

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La fin de l’année 2001-2002

Ouverture au mondeLes rencontres médias Nord-Sud

du printemps (le 11 et 12 avril), orga-nisées par le professeur de françaisChristophe Gaillard en collaborationavec la ville de Saint-Maurice se sontpenchées sur le thème « Sport et paysen voie de développement ». Deux mo-ments forts de ces journées : un débatavec le footballeur Basile Boli et surtoutla découverte du film Women facing war.Sous la direction de MonsieurBurkhalter de Terre des Hommes, plu-sieurs élèves du Collège ont formé, avecdes étudiants de l’École de commercede Brigue, un jury qui eut pour respon-

sabilité de primer un film parmi unetrentaine de documentaires africains ouasiatiques. L’œuvre retenue dresse un ta-bleau sombre mais réaliste de la situa-tion des femmes face à la guerre. Lorsdu débat, il fut aussi question de l’ex-ploitation des succès sportifs de tel outel athlète du Tiers-Monde.

Vie musicaleGrand mo-

ment d’émotionau mois de mai.Le chœur et l’or-chestre du Col-lège rendaienthommage au pro-fesseur MichelRoulin pour son

150e con-cert à latête du chœur, dont il assure ladirection depuis 1979. Plus de100 anciens choristes ont voulupar amitié s’unir à l’effectif ac-tuel du chœur. Sous la conduitede MM. Michel Roulin et JanDobrzelewski, furent interpré-tés trois motets à la Vierge deMozart et, de Luigi Cherubini,la Messe du couronnement, ouMesse solennelle en sol composéepour le sacre de Louis XVIII.

CHRONIQUE DU COLLÈGE

Juste avant d’entrer en classe…

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SportAu 24e tournoi de Football

Intercollèges franco-suisses romands,qui se tenait à Saint-Maurice le 16 mai,l’équipe du Collège obtint une

deuxième place honorable derrière celledu Collège Saint-Michel de Fribourg.

Le 24 mai, à l’initiative du groupede géographie, le guide de montagneCamille Bournissen, ancien responsablede la sécurité de La Patrouille des gla-ciers, partageait dans une conférence-débat sa passion de la montagne.

Du 2 juillet au 11 août, seize jeu-nes ont pris part, avec sixaccompagnants, à l’expédition auGroenland organisée par l’ASCA. Cevoyage dans le grand Nord, lancé en1981 par le chanoine Edgar Thurre,reste toujours une aventure exaltante.

La dernière MaturitéLe jeudi 27 juin, les derniers

maturistes diplômés de la « Maturité à

sections » recevaient des mains deM. Claude Roch, conseiller d’État, leursCertificats. Conçue au début des annéessoixante, cette Maturité mettait unterme aux études gymnasiales organi-

sées entre quatre sec-tions : littéraire,scientifique, socio-économique et lan-gues modernes. Cellede latin-sciences, quele collège de l’Abbayeproposa par la suiteaux meilleurs élèves,fut pour des centainesd’étudiants la voie del’excellence. Les résul-tats de cette dernièrevolée furent brillants :138 étudiants réussi-rent en juin ; au dé-but octobre, 4 des 5recalés purent excep-

tionnellement se présenter à une sessionde rattrapage couronnée de succès.

Départs de professeursAu terme de l’année scolaire 2001-

2002, plusieurs professeurs ont quittél’enseignement. Mme Anne-MarieMartin et M. Bernard Fararik firent va-loir leurs droits à une retraite anticipée.Venue de l’Institut Regina Pacis,Mme Martin enseignait au Collège de-puis 1986. Professeure de français et la-tin, excellente pédagogue, elle savait en-tourer les élèves d’une attention soute-nue et bienveillante. Quant àM. Fararik, des soucis de santé l’ontamené à mettre fin à une carrière pro-fessorale commencée à Saint-Mauriceen 1973 : le départ de ce professeur de

Sophie, Agnès, Lydia et Johanna.

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géographie exigeant et d’une grandeconscience professionnelle a attristénombre de ses collègues. Longtemps res-ponsable à l’internat, puis en charge dela demi-pension, l’infatigable chanoinePaul Mettan achève un long parcoursd’enseignant en mathématique débutéen 1965. Son esprit caustique et sabonne humeur communicative ont tou-jours fait merveille.

Accompagné de deux enseignantsdu Cycle de Monthey, notre confrèreXavier Putallaz a voulu mettre ses qua-lités de géographe au service de l’aven-ture. Bénéficiant d’une année sabbati-que, il a commencé au mois de septem-bre un long périple qui le mènera jus-qu’au mois d’août 2003 du Maroc auSwaziland à la rencontre des peuples del’Afrique de l’ouest.

Début de l’année 2002-2003

La nouvelle année scolaire a com-mencé sous d’excellents auspices. À larentrée 1043 élèves étaient inscrits, dont47 pour le Cycle. Mais la populationestudiantine féminine est désormaismajoritaire : sur les 997 étudiants duCollège, on y trouve 562 jeunes filles.Plusieurs enseignants sont venus com-pléter le corps professoral. Mme AnneDécaillet-Thétaz, de Vernayaz, a été en-gagée comme professeure d’anglais ;M. Cédric Fauchère, de Bramois, est unnouveau maître d’éducation physique ;MM. Stéphane Ganzer, de Veyras, etOlivier Rappaz, de Bottens (Vaud), ren-forcent le groupe des géographes ; en-fin, un jeune historien de Vérossaz, Léo-nard Barman, travaille au Cycle d’orien-tation privé du collège.

AumônerieL’encadrement spirituel du Collège

est renforcé avec l’arrivée du chanoineYannick-Marie Escher aux côtés du cha-noine Olivier Roduit. Plusieurs initia-tives montrent la volonté d’offrir auxétudiants un lieu d’écoute et de partagedans un climat de liberté et de respectde chacun.

Stand Up, nouveau petit journalpréparé par les étudiants, essaie de trans-mettre cet état d’esprit. Aux vacancesd’octobre, un petit groupe d’entre euxs’est attelé à la tâche de rendre les lo-caux plus conviviaux.

Ciné-clubLe Ciné-club entame sa 2e année.

Plusieurs dizaines d’élèves assistent ré-gulièrement à la projection de films pro-grammés par son comité. Au cours de

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ce premier semestre, les élèves décou-vrirent avec bonheur des grands classi-ques du Western : Rivière Rouge d’Ho-ward Hawks, Le Train sifflera trois foisde Fred Zimmermann, Jeremiah John-son de Sidney Pollack, La porte du Para-dis de Michaël Cimino entre autres.L’intérêt de cette programmation fut demontrer l’évolution de ce genre épiquedu cinéma américain.

ExpositionsDepuis la restauration du Collège,

une suite de 8 vitrines occupe le hallcentral du Collège ; elles servent à l’or-ganisation d’exposi-tions. Ce dernier tri-mestre, trois manifes-tations exceptionnel-les ont été tenues.

En septembre, laFondation Fellini, ri-che de milliers de do-cuments consacrés àl’œuvre du cinéasteitalien, installée auCollège des Creusets àSion, a prêté plusieursdizaines de pièces decette collection (pho-tographies prises lorsde tournages, affiches,articles de presse). Cette heureuse ini-tiation à ce génie du cinéma, poète etvisionnaire, fut conclue le 30 septem-bre par la projection de La Strada, cechef-d’œuvre plein d’une douceur fran-ciscaine avec l’inoubliable Giuletta Mas-sina dans le rôle de la jeune Gelsomina.

Au retour des vacances d’automne,la Fondation des Archives historiquesde l’Abbaye organisait une intéressante

présentation du travail accompli depuisplusieurs mois par les archivistes et leschercheurs. De nombreux actes et re-gistres de l’époque médiévale furent ex-posés pendant une semaine. Durant unweek-end « Portes ouvertes », un travaild’explication permit de saisir l’impor-tance de cette campagne d’archivage.Plusieurs classes, spécialement celles de2e année, ont bénéficié des commentai-res du personnel des archives, en parti-culier de Mme Claire Bonnélie, archi-viste-paléographe.

Dans la 2e semaine de novembre, àl’occasion de la première d’un oratorio,

consacré au Bienheureux MauriceTornay, Le Curé de Yerkalo, des lettres,des écrits, des objets personnels, des ha-bits, des documents sur son apostolatau Tibet, furent temporairement dépo-sés dans les vitrines. Le jeune adolescentdu hameau de la Rosière, sur les hautsd’Orsières, devenu missionnaire appa-raissait plus proche. Surtout il devenaitévident que ce jeune homme habité par

Les archives de l’Abbaye se sont exposées du 8 au 11 novembre.

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une foi si intense étaitappelé à une vocationexceptionnelle.

Journée des AnciensChaque année, à

l’automne, l’Associationdes Anciens Élèves duCollège de l’Abbaye or-ganise une journée derencontres. Cette réu-nion conviviale se veutaussi un moment de ré-flexion : écrivains, poli-tiques, scientifiques ontdonné à plusieurs repri-ses des conférences dehaut niveau. Le samedi 19 octobre, cefut au tour du chanoine GeorgesAthanasiadès, ancien professeur d’alle-mand et organiste de renommée inter-nationale, de prendre la parole. Ses ta-lentueux propos ont cherché à établirun parallèle entre deux grands espritsreligieux, Jean l’Évangéliste, à qui est at-tribuée la rédaction de l’Apocalypse, etle compositeur Jean-Sébastien Bach surle sujet de la symbolique des nombres.

Vie théâtraleUne nouveauté ! La Grande Salle

a changé de nom. Désormais les spec-tacles sont donnés dans le Théâtre duMartolet. Pour la saison 2002-2003, lesJeunesses culturelles du Chablais-Saint-Maurice ont préparé un programme detrès bonne facture, en privilégiant lesœuvres théâtrales. Le 9 octobre les co-médiens français Mathilde Seigner etPierre Santini jouaient L’Éducation deRita de Willy Russel.

Devoir de mémoireDepuis plusieurs années, la Con-

fédération se penche sur son passé. Leproblème des fonds juifs a pris une im-portance capitale dans la mémoire dupeuple suisse. Redécouvrir avec un re-gard critique la période tragique de laseconde guerre mondiale est désormaisune obligation. M. Yves Fournier, pro-fesseur d’histoire et proviseur, avait in-vité le 8 novembre plusieurs interve-nants (le journaliste Claude Torracinta,l’historienne Ruth Fivaz et le réalisateurde la SSR Bernard Romy). Le débatporta sur les passages clandestins, enparticulier des juifs, à la frontière franco-genevoise. Les témoignages, qu’un filmémouvant rendait avec une volonté desincérité et de vérité, interpellèrent lesétudiants. Le vécu des tragédies de l’his-toire bouleverse toujours les conscien-ces quel que soit le temps passé.

Michel Galliker

Pendant la pause au collège.

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Tous les 3 ans environ, le Collègede l’Abbaye organise une expédition enterre lointaine.

Une telle expédition nécessite uneimportante préparation. Nous vous li-vrons quelques instantanés de cetteaventure à partir d’un article paru dansle journal La Presse Riviera-Chablais du17 octobre 2002.

Un face-à-face avec la montagneTrois ans de préparation et d’en-

traînement n’ont pas été de trop pourles seize jeunes du Collège de l’Abbaye

et d’ailleurs partis escalader les paroisvertigineuses des montagnes du sud duGroenland. Munis de leurs 1800 kg dematériel et encadrés par des guides ex-périmentés, ils ont passé six semaines loinde toute civilisation, avec le granit, lesglaciers et les fjords pour tout horizon.

« On n’espérait pas avoir autant dechance que ça… » De toutes les expédi-tions organisées par l’association sportivedu Collège de l’Abbaye, la dernière endate restera l’une des plus mémorables.

En compagnie de trois guides, unchanoine, une intendante et un méde-

AVENTURE ARCTIQUE POUR 16 ÉLÈVES DU COLLÈGE

EXPÉDITION GROENLAND 2 JUILLET – 11 AOÛT 2002

Vue sur le sommet dont nous avons gravi la face de 900 mètres par trois voies différentes de26 longueurs environ.

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cin, 16 élèves agaunois sont partis, sixsemaines durant, faire leur Expé 02 auGroenland. « Le voyage en soi a déjà étéune aventure », explique le guide Phi-lippe Gay. « Une fois à Nanortalik, pe-tit village coupé de tout au sud duGroenland, nous sommes partis à la re-cherche d’un site de grimpe. La pre-mière bonne nouvelle fut de retrouversur place les 1800 kilos d’équipementqui nous avaient précédés. Ça ne s’estpas toujours déroulé comme ça. »

Et la moitié du groupe d’embar-quer pour chercher l’emplacement par-fait au gré des fjords. « Ça nous a jouéun tour », note le chanoine AntoineSalina. « Pendant qu’une équipe com-mençait à monter le camp de base à unecentaine de kilomètres du village, l’autreest restée bloquée à Nanortalik à causede la banquise flottante. Nous ne noussommes pas vus pendant une semaine.C’était un peu frustrant, car on savaitque les autres commençaient à grimper. »

De fait, après une journée de re-cherche en bateau, les plus chanceux ontdécouvert l’endroit rêvé. Un paysagealpin, un glacier, et un « big wall » de900 mètres de haut, idéal pour l’esca-lade. « En attendant les retardataires,nous avons monté le camp de base etcommencé à explorer la face. Ça s’estfait petit à petit, car il fallait équiper lesvoies », poursuit Philippe Gay. « Bienvite, nous avons pris nos repères. » Ilsseront bouleversés par l’arrivée im-promptue d’un hélicoptère : « les gla-ces dérivantes ne nous ont pas laissé lechoix », ajoute Antoine Salina. « C’étaitla voie des airs ou rien. Mais nous avonspu trouver un arrangement sur le prix.Lorsque nous avons rejoint nos cama-rades, c’était très particulier. Nous nevivions pas au même rythme. »

« Ils ont dû nous voir débarquercomme des extra-terrestres tellementnous étions contents d’arriver », enchaîneSandrine Bossy, l’une des participantes.

Vue en direction de la côte est du Prins Chritian Sund fjord. 60 km de perspective.

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47LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

« Et si nous avons chamboulé leurs habi-tudes, ils n’étaient pas fâchés de nous voirapporter de nouvelles rations de nourri-ture et un peu de chocolat… »

Se succèdent alors les excursions,les treks et les escalades. Trois voies dif-

férentes auront été ouver-tes sur le « big wall ». « Unvrai exploit qui a été fêtécomme il se doit », souli-gne Philippe Gay. « Nousavons vraiment découvertun autre monde. »

« Ce fut un succès àtous les niveaux, conclut lechanoine Salina. Tant sur leplan sportif qu’humain etspirituel, ce qui était aussiun de nos buts. »

Trois ans de préparation« Lors d’une sortie au

Simplon, j’ai appris que lecollège mettait régulière-ment sur pied ce genred’expéditions », raconteSandrine Bossy. « Je n’avaisjamais fait de grimpe et jeme suis inscrite aux entraî-nements en me disant quej’irai jusqu’où je pourrai.Finalement, j’ai été aubout. Et ça en valait vrai-ment la peine. »

Entre l’organisation, lalogistique, la récolte defonds et les exercices d’es-calade réguliers, la prépara-tion d’une telle aventureprend trois ans. « Sans lesguides Philippe Gay, de

Choëx, Samuel Lugon-Moulin, deFinhaut, et Christophe Moulin, deSaint-Gingolph, ainsi que le soutiend’entreprises et de particuliers, rienn’aurait été possible. »

Vue plongeante sur le camp de base en bas à droite aubord du Prins Christian Sund (Igdlorssuit Havn).

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48 LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

HOMMAGE AUX PROFESSEURS RETRAITÉS

Anne-Marie Martin estnée à Monthey en 1943, ellefit ses écoles et un diplômecommercial dans cette ville.Elle obtint le certificat de ma-turité à l’École Supérieure deCommerce de Sion. Elle fré-quenta ensuite l’Université deLausanne qui lui décerna lalicence ès lettres : philosophieen branche principale, latinet français.

De 1962 à 1965, elleenseigna au pensionnatSaint-Joseph à Monthey ; de1965 à 1967 à l’InstitutMontolivet à Lausanne. De1967 à 1986, le Collège Re-gina Pacis à Saint-Mauriceprofita de ses compétences. De1986 à 2002, elle enseigna le latin et lefrançais dans notre collège, à tous les de-grés. Durant sa dernière année au collège,elle accepta le mandat de Proviseur qu’elleremplit avec enthousiasme et compétence,comme toutes ses autres activités au seinde notre établissement.

Depuis près de 25 ans, j’ai lachance d’être son collègue. Durant tou-tes ses années, j’ai pu apprécier cettefemme qui incarne

- la virtus et la prudentia romaines,le courage et l’intelligence ;

- la patientia, cette endurance ;

- la sapientia, cette sagesse faite degoût ;

- la finesse et la culture, celles deMme de Sévigné et de Marguerite Your-cenar par exemple…

Elle a toujours été une collègue al-liant une très grande rigueur à l’amourdu savoir, et l’exigence souriante d’uneenseignante à une même exigence en-vers elle-même et ses collègues.

Comme bien des parents, j’ai puapprécier sa disponibilité et sa compré-hension de chacun de ses élèves : ellesavait les aimer et exiger d’eux lemeilleur d’eux-mêmes.

ANNE-MARIE MARTIN

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49LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

Et les étudiants, que disent-ilsd’elle ? « Du soleil à Saint-Maurice, c’estpas tous les jours… et pourtant, à chacunde ses cours, bizarrement, on n’en man-quait pas ! Elle était la première à nousécouter, la dernière à nous rabaisser et tou-jours là pour nous faire avancer, que cesoit sur le chemin du latin ou celui de lavie. Ses fameuses leçons de morale n’étaientpas de trop, mais mieux valait ne pas êtreconcerné ! Si son expérience forçait le res-pect, c’est aussi sans éclat de voix et tout

naturellement qu’elle s’imposait. Rayon-nante à chaque heure, toujours de bonnehumeur, elle nous prouvait chaque jourque, plus qu’un métier, elle vivait unepassion… » (Sandrine et Grégory)

Sa présence a toujours été unechance pour nous tous et nous lui sou-haitons une retraite aussi riche que celleardemment souhaitée par les sages ro-mains.

Thierry Bueche

Originaire de l’ex-Tchécoslova-quie, mais avec une empreinte éduca-tive et culturelle française, BernardFararik nous vint de l’Hexagone par laHaute-Saône où il paracheva sa forma-tion de géographe à Dijon. Affublé dutitre redoutable de premier spécialiste« es géographie » de notre collège, il eut,dès le début de son enseignement en1973, beaucoup de plaisir à faire valoirses compétences professionnelles et pé-dagogiques. « Sa » branche ne pouvaitêtre considérée comme secondaire, d’oùses exigences à l’égard des prestationsde ses élèves. Certes, certains de ceux-ci, « gratifiés » de notes insuffisantes, letrouvaient d’une sévérité excessive (cer-tains collègues aussi d’ailleurs !). Maisles élèves intéressés et assidus récoltaienttoujours la juste récompense de leur par-ticipation active au cours.

Grand voyageur, avec son épouseMaya, il a parcouru les continents, unpeu à la Bouvier, à la petite semaine, etnon pas comme un touriste prospère. Il

y cherchait la vérification, ou au con-traire l’erreur possible de ses thèses degéographe passionné par l’évolution hu-maine. La chute du totalitarisme del’Est, il l’attendait, mais, ironie féroce,

BERNARD FARARIK

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50 LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

il prévoyait aussi le totalitarisme écono-mique de l’Occident. En compagnie,plein de bonté, il savait doser son hu-mour à l’égard de son interlocuteur.Quelque peu fataliste, il donnait quel-quefois l’impression d’être assailli partous les aléas de la création !

Professionnellement, il y a trois ans,« sa vie a basculé » (selon ses propresdires) lorsque la commission cantonale

de maturité a remis en question la notede géographie d’une de ses élèves. De-puis lors, il a été très affecté dans sa santéet les ennuis médicaux se sont multi-pliés, au point de le pousser à mettreprématurément un terme à sa carrièreprofessionnelle.

Depuis la fin de l’année 2002, surla côte de Galice, il se refait une santé,avec l’Océan et son invitation au voyage.

Aloys Jordan

CHANOINE PAUL METTAN

PASSIONNÉ DE DIEU, PASSIONNÉ DE L’HOMME

Regardez le motpassion dans le Vocabulaire deThéologie Biblique (VTB), vousne le trouverez pas. Il vous ren-voie à d’autres termes : amour,chercher, colère, désir et zèle.Comme c’est étrange ! Ce n’estdonc pas si évident de parler depassion ; elle ne se voit pas au pre-mier abord.

« Amour désigne des réali-tés bien différentes, charnelles ouspirituelles, passionnelles ou ré-fléchies, graves ou légères… » Sivous y voyez quelque ressem-blance avec notre ami, tantmieux. Son expérience de l’agapéest toute chargée d’une expé-rience humaine dense et con-crète… Avec les élèves, amourpartagé des courbes mathémati-ques, pas monotones mais crois-santes, amour d’une science auservice de la rigueur et de l’esprit.

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51LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

Amour des mots grecs, latins, italiens,espagnols, patois, et d’autres encore, lesmots n’ont pas de secrets pour lui… Illes apprend, les compare, il s’en amuse.Amours du voyage : partez en pèlerinageavec lui à Sienne, à Rome ou dans toutrecoin d’Italie, forts de ses connaissan-ces, vous ne pourrez qu’en revenir pas-sionné.

Chercher… Chercheur de Dieu,chercheur de sa Parole, il y consacre savie. Combien de fois n’a-t-on pas en-tendu dans nos rencontres de groupe debranche Religion chrétienne-Sciencedes religions, Paul s’exclamer : « Maisenfin, peut-on encore parler de la Ré-vélation de Jésus-Christ ! » « Cherchezd’abord le Royaume de Dieu et sa jus-tice. » (Mt 6,33). Séduit par Dieu, il de-vient à son tour, séducteur de l’homme,il cherche aussi « à parler à son cœur »(Os 2,15 ss).

Que vient faire le mot colère avecpassion ? Le Vocabulaire nous dit : « Nulne peut sans scandale entendre parlerde Dieu en colère s’il n’a pas été un jourvisité par sa sainteté et son amour ». Cemystère de la colère de Dieu laisse unepetite place « aux saintes colères » denotre préfet des demi-pensionnaires. Ilse bat à longueur d’année avec l’organi-sation des repas et des études. Mais à lamanière de Jésus, il est facile de consta-ter qu’il passe très vite de la colère à lamiséricorde… Y a-t-il de la graine àprendre ?

Au chapitre I de notre VTB, onévoque les perversions du désir, mais

quand il s’agit de notre biologiste ama-teur, vous comprendrez tout de suitequ’elles peuvent avoir un sens fructi-fiant : « Parce qu’il est quelque chosed’essentiel et d’indéracinable, le désirpeut être pour l’homme une tentationpermanente et périlleuse. Si Ève a pé-ché, c’est pour s’être laissé séduire parl’arbre interdit, qui était bon à manger,agréable aux yeux, plaisant à contempler(Gn 3,6) ». Arbre de vie ou arbre de laconnaissance ? Promenez-vous avec PaulMettan dans les jardins du collège, dela grande allée, de l’abbaye, il vous diraquand il a planté, transplanté, greffé cesarbres ; il vous parlera aussi de ceux qu’ila dû déraciner. Et sa pépinière au pieddu rocher, n’est-ce pas un petit coin deparadis… terrestre ? Aussi peut-onconjuguer arbre interdit et passion del’arbre.

Quant au mot zèle, il est bienétrange. « Ce mot grec zélos vient d’uneracine qui signifie être chaud, entrer enébullition, il rend bien le mot hébreuqin’ah dont la racine désigne la rougeurqui monte au visage d’un homme pas-sionné. ». Mais il y a aussi une autre di-mension au zèle quand on parle du zèlede Dieu : « Yahvé a différents moyenspour susciter en Israël un zèle à l’imagedu sien… il communique sa propre ar-deur à tel ou tel élu ». Élus de la sur-veillance d’étude, reconnaissez-vous àPaul cette ardeur communicative ?

Paul, merci du fond du cœur pourtous les grands et bons moments parta-gés avec toi dans le Collège. Reste lepassionné que tu es.

Myriam Aubert-Yerly

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Quel suisse l’ignore ? La Confédé-ration sera présidée en 2003 par un an-cien du Collège, M. Pascal Couchepin,brillamment élu par les Chambres fé-dérales le mercredi 4 décembre.M. Couchepin sera reçu au Collège età l’Abbaye le 24 février. Nous revien-drons sur cette visite dans le prochainnuméro.

Mgr Gérard Daucourt, évêqued’Orléans depuis 1998 a été nomméévêque de Nanterre où il a été accueillisolennellement le 22 septembre 2002.

M. Frédéric Croset, 26 ans, a étéélu président du Conseil communal(exécutif ) de Montreux pour 2003.

M. André Altermatt, deCourfaivre, directeur des Services d’aideet de soins à domicile du canton du Juraa obtenu un mastère en administrationpublique (MPA) à l’Institut de HautesÉtudes en Administration Publique(IDHEAP) à Lausanne.

M. Yves Cretton, collaborateuréconomique à la Chancellerie de l’Étatdu Valais a également obtenu un mas-tère auprès du même institut.

Décès

M. Arthur Bender, ancien con-seiller d’État, est décédé à Fully le 27 oc-tobre à l’âge de 83 ans.

M. l’abbé Valentin Studer, décédéle 25 juillet 2002.

Père Noël Salamin, OFMCap,décédé le 28 juillet 2002

M. l’abbé Hermann Bodenmann,décédé le 7 septembre 2002.

Père Paul Schoenenberger (Pèreblanc), décédé le 20 octobre 2002.

Dr. Edoardo Piatti, décédé le28 octobre 2002.

50 ANS APRÈS

Samedi 12 octobre 2002, lesMaturistes de l’an 1952 se sont retrou-vés à Saint-Maurice pour leur rencon-tre jubilaire. Journée abbatiale et collé-giale, pourrait-on dire, puisque, aprèsla messe célébrée par le Chanoine Ma-rius Pasquier, ce furent la visite des Ar-chives, dirigée par le Chanoine OlivierRoduit et Madame Françoise Vannotti,

Nous ne publions dans cette rubrique que les nouvelles qui nous sont communi-quées ou que nous relevons dans la presse. Nous demandons à tous nos anciens élèves, àleurs familles et à nos amis, de nous communiquer systématiquement toutes les nouvel-les susceptibles d’intéresser nos lecteurs. Écrivez simplement à : Rédaction des Échos deSaint-Maurice, Abbaye, Case postale 34, 1890 Saint-Maurice

CHRONIQUE DES ANCIENS

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puis, l’après-midi, la dé-couverte ou redécou-verte des collèges —l’ancien et le nouveau— grâce à l’experte dis-ponibilité du ChanoineClaude Martin, ancienrecteur. Apéritif au Par-loir de l’Abbaye et repasà Lavey-les-Bains com-plétèrent cette réuniond’amitié et de culturesur les chemins croisésdu passé et de l’avenir.

Bernard Athanasiadès La classe de maturité 1952 entourant son professeur, le chanoineHenri Michelet.

Fidèle à la tradition, l’Associationdes anciens élèves du Collège de l’Ab-baye conviait ses membres et le publicaux Rencontre de Saint-Maurice 2002qui se sont tenues le samedi 19 octobresous la présidence de M. Jean-PierreGross. L’assemblée générale ordi-naire terminée les participants sesont rendus à la Basilique pour laconférence concert du chanoineAthanasiadès. L’apéritif, puis le re-pas des Anciens ont clos cette jour-née passionnante.

Intitulée L’Aigle et le Ruisseau,cette journée ne s’inspirait pourtantpas d’une fable de La Fontaine. « Ils’agit plutôt d’une sorte de paral-lèle — les termes se rejoignent àl’infini, dit-on — entre JeanL’Evangéliste et Jean-SébastienBach, l’un et l’autre très attentifs à

la symbolique des nombres ».Un nombreux public a pu écouter

notre confrère Athanasiadès et le Nou-velliste a consacré un bel article à cettejournée passionnante.

RENCONTRES DE SAINT-MAURICE 2002

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54 LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

A LA BIBLIOTHÈQUE ET AUX ARCHIVES

Du côté de la bibliothèqueLes travaux d’aménagement de la

bibliothèque de l’Abbaye avancent trèsbien depuis trois ans. Notre fidèle col-laborateur M. Michel Galliker a étéépaulé par M. Michel Maillefer, de fé-vrier 1999 à juin 2001, puis par M. YvesPetignat dès juin 2002.

Grâce au travail efficace de cetteéquipe, notre bibliothèque estaujourd’hui enfin quasiment entière-ment rangée. M. Petignat s’est attelédepuis quelques moisau catalogage des li-vres grâce au logicielBiblioMaker. Nousenvisageons à termede publier notre cata-logue sur Internet.Rappelons que la bi-bliothèque de l’Ab-baye possède environ100’000 volumes etqu’elle gère plusieurspetits fonds spéciauxcomme les Vallesiana(ouvrages concernantle Valais) et lesAgaunensiana (documentation sur saintMaurice, l’Abbaye et l’ordre canonial).

La réhabilitation de l’ancienne bi-bliothèque sera achevée dans le courantde cette année. Une des priorités desbibliothécaires sera le rangement dufonds ancien qui y sera déposé.

Aux archives : www.aasm.chDe plus en plus, le projet de la Fon-

dation des archives historiques de l’Ab-baye de Saint-Maurice fait parler de luiet attire les visiteurs. C’est la raison pourlaquelle nous avons organisé les 8, 9 et10 novembre derniers des « Portesouvertes aux archives ». Présentée dansles vitrines du collège, cette expositiontrès bien préparée grâce à l’engagementde nos collaborateurs, a attiré près de2’000 visiteurs. Le vendredi 8 a été l’oc-

casion d’une conférence de presse pourprésenter l’exposition et annoncerl’ouverture officielle de notre siteInternet. Les médias se sont à nouveaumontrés très intéressés par notre entre-prise ce qui nous a valu des articles trèsfavorables dans de nombreux journaux.

Le scanner des archives est un DIGIBOOK 6002RGB pouvantnumériser des documents jusqu’à un format de 85 x 60 cm

à une résolution de 250 dpi.

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55LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

Mais le vernissage de l’exposition, levendredi 8, nous a permis de remerciernos donateurs et amis par la remise desfameuses « clefs » promises depuis long-temps.

Depuis le 5 mars de cette année,notre belle équipe de collaborateurs tra-vaille dans de nouveaux locaux trèsagréables au 4e étage de l’Internat. Toutle travail se faitsur ordinateurvia Internet.Les documentssont d’abordn u m é r i s é sgrâce au trèsp e r f o r m a n tscanner pilotépar l’équipe deM. Lathion.MM. Turinpour le fondscontemporainet Hausmannpour la partiemédiévale diri-

Dans la salle des archivistes, 15 ordinateurs reliés à Internetpermettent à nos spécialistes de travailler dans de bonnes conditions.

gent les opérationsd’inventaire et letout, image et des-cription, est en-suite disponible surnotre site Internetw w w. a a s m . c hconstruit par la so-ciété ALRO deMartigny. Ne man-quez pas de nousvisiter via Internet :à ce jour, près de19’000 notices et80’000 images sontdéjà accessibles.

L’Abbaye remercie très chaleureu-sement tous les collaborateurs des ar-chives pour leur excellent travail — tra-vail qui devrait encore durer plusieursannées. Elle adresse un merci tout par-ticulier à la Fondation et à son infatiga-ble bureau qui ne manque pas d’idéeset de projets.

Chne Olivier Roduit

Lors des Portes ouvertes de novembre dernier de nombreux documentsont été présentés dans les vitrines du grand couloir du Collège.

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56 LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

Comme chaque année, nous avonsdemandé à M. le Procureur de nous in-former des travaux réalisés ou en cours.La liste est toujours impressionnante !

Les premiers mois de l’année 2002ont permis de réaliser à l’intérieur duMonastère quelques travaux d’impor-tance qui avaient occupéla COMET pendantbien des années antérieu-rement. En effet, la res-tauration d’une salled’eau au premier étagedevenait une nécessité,ainsi que la création d’unréfectoire pour les hôtesau rez-de-chaussée du bâ-timent principal. C’estmaintenant chose faite.

À l’Internat, la com-munauté abbatiale s’estbeaucoup investie pouraménager dans un anciendortoir, au quatrièmeétage, des locaux pour le travail des ar-chivistes. Cet emplacement très aérépermet ainsi à tout ce nombreux per-sonnel de poursuivre ses recherches dansun cadre reposant, lumineux et convi-vial.

À la Basilique, la première étape dela restauration est terminée. La commis-sion d’étude se penche maintenant surla suite des travaux, à savoir l’aménage-ment du chœur et du chancel, ainsi quel’éclairage de l’ensemble de l’édifice.

À l’entrée du Trésor de l’Abbaye,dans la « chapelle thébéenne », les visi-

teurs peuvent désormais se recueillirdevant les trois châsses harmonieuse-ment disposées.

Dès l’automne 2002, et pour unedurée d’un peu plus d’une année, l’Ab-baye a entrepris la restauration d’uncorps de bâtiment situé entre la cour

Saint-Théodule et le cloître : il s’agit làde restaurer l’ancienne bibliothèque au1er étage pour en faire une salle capitu-laire, d’aménager des chambres pour leNoviciat au 1er étage et pour les confrè-res ou les hôtes au 3e étage. Ces travauxont nécessité l’installation d’un impor-tant chantier vu la difficulté d’accès aubâtiment.

La Communauté remercie une foisencore toutes les institutions ainsi quetous les amis de l’Abbaye pour leur gé-nérosité.

Chne Franco Bernasconi

TRAVAUX ET GÉNÉROSITÉS

La première étape du chantier de la nouvelle salle capitulairea consisté à la démolition. Ici, à l’étage du noviciat.