les bâtiments d’élevage de porcs en france - ifip.asso.fr · d’une enquête et de diagnostics...

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3 TechniPorc, Vol. 30, N°6, 2007 - la revue technique de l’IFIP Synthèse La présente étude dresse un état des lieux pré- cis de l’âge, de l’état et de la cohérence des bâti- ments d’élevage porcin en France en 2006. Le retard d’investissement est mesuré par rap- port aux préconisations techniques et régle- mentaires et est traduit en une évaluation de l’effort financier de modernisation nécessaire. La diversité des situations régionales est prise en compte au travers de nombreux partena- riats : Chambres Régionales d’Agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire, CER France Bretagne, UGPVB (Bretagne), INPAQ (Aquitaine), MIDIPORC (Midi-Pyrénées). L’étude a bénéficié du soutien financier de l’Office de l’Élevage et du Ministère de l’Agriculture (CASDAR). Des progrès techniques importants et un potentiel génétique à valoriser Entre 1990 et 2006, la productivité des truies est passée de 17,7 à 20,8 porcs produits par truie présente et par an. L’introduction des lignées hyper-prolifiques en élevages de pro- duction dans la deuxième moitié des années 90 a accéléré ce gain de productivité, déjà per- mis par une meilleure maîtrise de la conduite et les choix génétiques antérieurs (Graphique 1). L’impact sur les bâtiments est fort. En tenant compte uniquement du gain de productivité des truies, un élevage de 175 truies aurait dû construire 100 places de post-sevrage et 200 places d’engraissement pour pouvoir éle- ver tous ses porcs produits en plus. Sur la période 1990-1998, les vitesses de crois- sance en post-sevrage et en engraissement (GMQ 8-30kg et GMQ 30-115kg) ont été amé- liorées respectivement de 4 % et 12 %. Dans le même temps, la productivité de l’aliment a augmenté de 9 % pour les deux stades. Par contre, depuis 1998, l’amélioration de ces cri- tères marque le pas (Graphique 1), ce qui peut s’expliquer par des conditions d’élevage inadap- tées. Ainsi, en l’absence de constructions suffi- santes, la densité accrue dans les bâtiments nuit aux performances et à la maîtrise sanitaire. Les performances en élevages de production appa- raissent d’ailleurs bien moindres qu’en élevages de sélection, ce qui, au-delà du décalage dans la diffusion du progrès génétique, rend compte de conditions d’élevages non optimales. Le respect des normes européennes de surface par animal est aussi rendu plus difficile. Enfin, l’augmenta- tion de 10 kg du poids des carcasses en 16 ans (116 kg de poids vif en 2006 contre 106 kg en 1990) renforce encore ces difficultés. Les bâtiments d’élevage de porcs en France : quel besoin d’investissement au regard de leur état ? Christine ROGUET Patrick MASSABIE Claudie GOURMELEN Georges DOUGUET* * CER France Bretagne Résumé En 2006, l’IFIP a réalisé un état des lieux du parc de bâtiments porcins en France au moyen d’une enquête et de diagnostics en élevages**. Les données éco- nomiques et financières ont été analysées et le besoin d’investis- sement nécessaire à la moder- nisation et mise aux normes a été chiffré. Le niveau d’investis- sement a fortement diminué, de + de 500 €/truie en 1991/92 à 187 € sur 2003/06 dans les Côtes d’Armor. Cette diminution four- nit une indication du retard d’in- vestissement que les élevages de porcs français accumulent. En 10 ans, la valeur des immobilisa- tions/truie en dehors du foncier a diminué de 22%. En 2005, les immobilisations en bâtiments d’élevage s’élèvent à 1 250 €/ truie (naisseurs-engraisseurs bretons) et 974 €/truie (natio- nal). Maintenir la compétitivité de la production porcine fran- çaise nécessite de moderniser les porcheries. Le montant des investissements de modernisa- tion et de mise aux normes des bâtiments d’élevage de porcs en France est évalué entre 2,5 et 2,9 milliards d’€ : rénovation ou reconstruction à neuf -hors gestantes (1 691 M€), -gestantes (666 M €), construction de places manquantes (96 M €) et rapa- triement (409 M €) ou moder- nisation (99 M €) des places d’engraissement à façon. L a libéralisation des échanges va exposer plus directement la filière porcine fran- çaise à des concurrents très efficaces (Brésil, Canada, USA…) et fera pression sur les prix du porc. Mais déjà, l’application des réglementations européennes (environne- ment, bien-être, traçabilité…) génère des surcoûts. La compétitivité de la production porcine française nécessite d’améliorer les coûts de revient, en exploitant les marges de progrès existant au niveau des performances. Mais, les structures de production permettent-elles de tirer pleinement parti des pro- grès de la génétique et des techniques d’élevage ? Le parc de bâtiments est-il adapté aux nécessités de la compétitivité internationale ? 85 90 95 100 105 110 115 120 90 92 94 96 98 00 02 04 06 Porcs produits par truie GMQ 8-30 GMQ 30-115 IC 8-30 IC 30-115 Base 100 en 1990 Graphique 1 : Évolution des performances zootechniques Source : IFIP, GTE-naisseurs-engraisseurs, France ** Voir article de Massabie et Ramonet, Techniporc, Vol 30, N°5, 2007.

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Page 1: Les bâtiments d’élevage de porcs en France - ifip.asso.fr · d’une enquête et de diagnostics en élevages**. Les données éco-nomiques et financières ont été analysées

RésuméL’arti

3 TechniPorc, Vol. 30, N°6, 2007 - la revue technique de l’IFIP Synthèse

La présente étude dresse un état des lieux pré-cis de l’âge, de l’état et de la cohérence des bâti-ments d’élevage porcin en France en 2006.Le retard d’investissement est mesuré par rap-port aux préconisations techniques et régle-mentaires et est traduit en une évaluation de l’effort financier de modernisation nécessaire.La diversité des situations régionales est prise en compte au travers de nombreux partena-riats : Chambres Régionales d’Agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire, CER France Bretagne, UGPVB (Bretagne), INPAQ (Aquitaine), MIDIPORC (Midi-Pyrénées). L’étude a bénéficié du soutien financier de l’Office de l’Élevage et du Ministère de l’Agriculture (CASDAR).

Des progrès techniques importants et un potentiel génétique à valoriserEntre 1990 et 2006, la productivité des truies est passée de 17,7 à 20,8 porcs produits par truie présente et par an. L’introduction des lignées hyper-prolifiques en élevages de pro-duction dans la deuxième moitié des années 90 a accéléré ce gain de productivité, déjà per-mis par une meilleure maîtrise de la conduite et les choix génétiques antérieurs (Graphique 1). L’impact sur les bâtiments est fort. En tenant compte uniquement du gain de productivité des truies, un élevage de 175 truies aurait dû construire 100 places de post-sevrage et 200 places d’engraissement pour pouvoir éle-ver tous ses porcs produits en plus.

Sur la période 1990-1998, les vitesses de crois-sance en post-sevrage et en engraissement (GMQ 8-30kg et GMQ 30-115kg) ont été amé-liorées respectivement de 4 % et 12 %. Dans le même temps, la productivité de l’aliment a augmenté de 9 % pour les deux stades. Par contre, depuis 1998, l’amélioration de ces cri-tères marque le pas (Graphique 1), ce qui peut s’expliquer par des conditions d’élevage inadap-tées. Ainsi, en l’absence de constructions suffi-santes, la densité accrue dans les bâtiments nuit aux performances et à la maîtrise sanitaire. Les performances en élevages de production appa-raissent d’ailleurs bien moindres qu’en élevages de sélection, ce qui, au-delà du décalage dans la diffusion du progrès génétique, rend compte de conditions d’élevages non optimales. Le respect des normes européennes de surface par animal est aussi rendu plus difficile. Enfin, l’augmenta-tion de 10 kg du poids des carcasses en 16 ans (116 kg de poids vif en 2006 contre 106 kg en 1990) renforce encore ces difficultés.

Les bâtiments d’élevage de porcs en France :

quel besoin d’investissement au regard de leur état ?

Christine ROGUETPatrick MASSABIEClaudie GOURMELENGeorges DOUGUET*

* CER France Bretagne

RésuméEn 2006, l’IFIP a réalisé un état des lieux du parc de bâtiments porcins en France au moyen d’une enquête et de diagnostics en élevages**. Les données éco-nomiques et financières ont été analysées et le besoin d’investis-sement nécessaire à la moder-nisation et mise aux normes a été chiffré. Le niveau d’investis-sement a fortement diminué, de + de 500 €/truie en 1991/92 à 187 € sur 2003/06 dans les Côtes d’Armor. Cette diminution four-nit une indication du retard d’in-vestissement que les élevages de porcs français accumulent. En 10 ans, la valeur des immobilisa-tions/truie en dehors du foncier a diminué de 22%. En 2005, les immobilisations en bâtiments d’élevage s’élèvent à 1 250 €/truie (naisseurs-engraisseurs bretons) et 974 €/truie (natio-nal). Maintenir la compétitivité de la production porcine fran-çaise nécessite de moderniser les porcheries. Le montant des investissements de modernisa-tion et de mise aux normes des bâtiments d’élevage de porcs en France est évalué entre 2,5 et 2,9 milliards d’€ : rénovation ou reconstruction à neuf -hors gestantes (1 691 M€), -gestantes (666 M €), construction de places manquantes (96 M €) et rapa-triement (409 M €) ou moder-nisation (99 M €) des places d’engraissement à façon.

La libéralisation des échanges va exposer plus directement la filière porcine fran-çaise à des concurrents très efficaces (Brésil, Canada, USA…) et fera pression sur

les prix du porc. Mais déjà, l’application des réglementations européennes (environne-ment, bien-être, traçabilité…) génère des surcoûts. La compétitivité de la production porcine française nécessite d’améliorer les coûts de revient, en exploitant les marges de progrès existant au niveau des performances. Mais, les structures de production permettent-elles de tirer pleinement parti des pro-grès de la génétique et des techniques d’élevage ? Le parc de bâtiments est-il adapté aux nécessités de la compétitivité internationale ?

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Porcs produits par truie

GMQ 8-30

GMQ 30-115

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** Voir article de Massabie et Ramonet, Techniporc, Vol 30, N°5, 2007.

Page 2: Les bâtiments d’élevage de porcs en France - ifip.asso.fr · d’une enquête et de diagnostics en élevages**. Les données éco-nomiques et financières ont été analysées

4 Synthèse TechniPorc, Vol. 30, N°6, 2007 - la revue technique de l’IFIP

L’amélioration des performances zootechniques, et sa poursuite, nécessitent donc d’adapter les bâtiments.

Baisse des investissements et perte de valeur de l’outilL’investissement par truie a

diminué de moitié

L’investissement en produc-tion porcine a une composante conjoncturelle avec un niveau fai-ble lors des années de crise (1993, 1994, 1999) et plus élevé à la suite de bonnes années.

En Bretagne, l’investissement annuel par exploitation porcine spécialisée naisseur-engraisseur fluctue avec la conjoncture autour d’une tendance stable à 40 000 € sur la décennie 1995-2005 (euros constants de 2005). Dans le même temps, la taille des exploitations est passée de 166 à 202 truies en moyenne (+22 %). Ramené à la truie, l’investissement diminue de 14 % en tendance (Graphique 2).

Dans les Côtes d’Armor, l’histori-que des investissements est dis-ponible depuis 1988. Au delà de l’aspect conjoncturel, le niveau d’investissement par truie et par

an a été réduit de plus de moitié entre les années 88-92, où il se situait entre 400 et plus de 500 € et ces dernières années, où il s’est stabilisé autour de 200-220 € par truie. Ramené au kilo produit, l’in-vestissement a été divisé par trois entre 1988/92 (0,320 €) et 2002/06 (0,115 €) en raison du gain de pro-ductivité des truies (1 450 kg de carcasse produits par an en 1990, 1 900 kg en 2006 chez les élevages naisseurs engraisseurs bretons sui-vis en GTE).

Hors Bretagne, la diminution de l’investissement commence plus tardivement, à partir de 1997 (417 € par truie) pour tomber en 2005 à 144 € par truie (Graphique 3). Les niveaux d’investissement en 2004 (170 €) et 2005 (144 €) sont très inférieurs à ceux observés en Bretagne (autour de 200 €). D’une part, la mise aux normes environ-nementales y est moins coûteuse. On peut aussi faire l’hypothèse que les efforts de rénovation et de restructuration des élevages sont plus faibles hors Bretagne. Enfin, les investissements hors Bretagne sont évalués à partir du Tableau de Bord de l’IFIP qui ne retient que ceux directement affectés à l’ate-lier porc de l’exploitation, soit une définition plus restrictive que celle du CER utilisée pour la Bretagne

(ensemble des investissements de l’exploitation spécialisée).

L’outil de production est

amorti et perd de la valeur

Depuis 1992, le niveau des amor-tissements par truie baisse dans les élevages porcins costarmoricains, phénomène accentué depuis 1999 (Graphique 4). Les constructions du début des années 1990 arrivent en fin d’amortissement.

Conséquence de la diminution des investissements par truie, le capi-tal d’exploitation hors foncier perd de la valeur, passant de près de 3 000 € par truie en 1995 à 2 550 € en 2005 (-14 % en euros constants de 2005). Les immobilisations hors foncier (bâtiments, équipements, matériel de culture et cheptel reproducteur) diminuent encore plus fortement, de 22 % en 10 ans. En 2005, hors cheptel reproducteur et matériel de culture, le niveau d’immobilisations nettes en bâti-ments tombe à 1 250 € par truie présente dans les élevages nais-seurs-engraisseurs bretons (CER France Bretagne). A l’échelle natio-nale, il est de 974 € par truie pré-sente, en baisse de 20 % en 2005 sur 2001 (IFIP, Tableau de Bord). A titre de comparaison, une chaîne de bâtiments neufs coûte environ

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Côtes d'ArmorBretagneMoy. mobile 5 ans (Bretagne)Moy. mobile 5 ans (Côtes d'Armor)

€ par truie

457

201229 210

254231

Bâtiments et matériel d’élevage et de culture, en euros constants de 2006L’effet de l’inflation a été corrigé par l’indice du coût

de la construction (BT 01 de l’INSEE)

Graphique 2 : Bretagne, évolution des investissements par truie

Source : IFIP d’après CER France Bretagne, exploitations porcines spécialisées, naisseurs-engraisseurs

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Graphique 3 : Hors Bretagne : évolution des investissements par truie depuis 1993

Source : IFIP d’après GTE-TB, élevages naisseurs engraisseurs, Hors Bretagne

Le niveau

d’investissement par

truie et par an a été

réduit de moitié entre

les années 88-92 et

ces dernières années.

Conséquence de

la diminution

des investissements

par truie, le capital

d’exploitation hors

foncier perd

de la valeur.

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5 TechniPorc, Vol. 30, N°6, 2007 - la revue technique de l’IFIP Synthèse

5 300 € par truie présente en 2005 (IFIP, Porcs par les Chiffres).

Les emprunts du début

des années 90 en fin de

remboursement

Depuis 2004, le montant des annui-tés par truie, à peu près stable sur 1995-2004, diminue très sensible-ment pour les élevages bretons. Leur composition, 80 % de capital et 20 % d’intérêt en 2006, indique aussi que la fin de rembourse-ment est proche (Graphique 5). De nombreux éleveurs terminent de rembourser les prêts contrac-tés au début des années 90 pour développer les ateliers.

En 2005, la durée théorique de remboursement des emprunts en cours est de 4,8 ans, contre 8,4 en 1992 (Graphique 6). Sans nouvel emprunt, tout le capital restant dû serait donc remboursé en 5 ans, en moyenne.

Sommes à investir pour moderniser et mettre aux normes le parc françaisAu vu de l’état des bâtiments en 2006 (article Massabie et Ramonet, Techniporc, Vol 30, N°5, 2007) et des aménagements nécessaires, le besoin d’investissements a été chif-fré. Le chiffrage repose sur un cahier

des charges qui liste les améliora-tions à apporter et sur des règles de décision qui orientent vers trois types d’aménagement, la recons-truction à neuf, la rénovation lourde ou aucun aménagement.

Le coût de modernisation prend ainsi en compte :• La remise en état des bâtiments

par la rénovation ou la recons-truction à neuf

• La mise en conformité avec les réglementations sur la protection des animaux

- Normes de surface : construc-tion des places manquantes

- Conduite en groupe des truies en gestation confirmée

• Le rapatriement ou la rénovation des places d’engraissement à façon (TAF).

Les règles de décision définissant l’aménagement nécessaire ont été établies à partir des résultats des diagnostics en élevages et appli-quées aux bâtiments des élevages de l’enquête postale. Elles per-mettent de déterminer, par stade physiologique, la part des places à reconstruire, celle à rénover et celle ne nécessitant aucun travaux à court terme. L’aménagement nécessaire (reconstruction à neuf, rénovation lourde ou rien) dépend de la date de construction de la structure, des rénovations effec-tuées poste par poste et d’une

note d’état attribuée lors des dia-gnostics en élevages.

Les coûts de construction à neuf par place (Tableau 1) reposent sur des référentiels de prix bâtis à dires d’experts (IFIP, Porc par les Chiffres). La rénovation lourde comprend ici : • le remplacement intégral du sys-

tème d’alimentation et d’abreu-

vement ainsi que des aménage-

ments intérieurs (100 % du coût à neuf ),

• 50 % du coût à neuf de la ven-

tilation et de l’électricité car le câblage n’est refait qu’à l’intérieur des salles ; les cheminées de ven-tilation sont conservées. En mater-nité, le coût de rénovation de ce poste représente 66 % du coût à neuf car les installations intérieu-res comprennent des prises élec-triques et de l’éclairage propor-tionnellement plus importants.

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BretagneCôtes d'ArmorFrance entière

€ par truie

Bâtiments et matériel d’élevage, hors matériel de cultures, € constants de 2005, indice BT01

Graphique 4 : Évolution des amortissements par truie

Source : IFIP d’après CER France Bretagne et GTE-TB France entière, élevages naisseurs-engraisseurs

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En € constants de 2006 par truie

60% capital40% intérêt

80% capital20% intérêt

Graphique 5 : Évolution des annuités à long et moyen terme

Source : CER France Bretagne, exploitations porcines spécialisées,

naisseurs-engraisseurs

0123456789

88 90 92 94 96 98 00 02 04Année de clôture comptable

Nombre théorique d'années

Graphique 6 : Nombre moyen théorique d’années de remboursement d’emprunts

Source : CER des Côtes d’Armor, exploitations porcines spécialisées, naisseurs-engraisseurs

De nombreux éleveurs

terminent de rembourser

les prêts contractés

au début des années 90

pour développer

les ateliers.

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6 Synthèse TechniPorc, Vol. 30, N°6, 2007 - la revue technique de l’IFIP

• 30 % du coût à neuf du poste

« soubassement » en post-sevrage

et engraissement et 26 % pour les

places avec truies (hors maternité) pour le remplacement des caille-

botis. En maternité, la partie caille-botis est déjà comptabilisée dans les aménagements intérieurs.

Modernisation des

bâtiments hors gestantes

La répartition des places selon l’aménagement nécessaire, déter-minée à partir des diagnostics en élevages et de l’enquête postale, a été appliquée à la « ferme porcine France » pour estimer le besoin total d’investissement (Tableau 2).

Le nombre total de places par sta-de physiologique pour la « ferme porcine France » est calculé à partir

des effectifs porcins de l’enquête « Cheptel » du SCEES de mai 2006, pour une conduite en sept ban-des (la plus répandue) et des per-formances zootechniques dans la moyenne nationale (GTE).

Le coût de remise en état des pla-ces existantes, hors bâtiments d’at-tente saillie-gestation, atteint près de 1,7 milliard d’euros (Tableau 3).

Cas des bâtiments

d’attente saillie-gestation

En plus d’éventuels aménage-ments de modernisation, les bâti-ments de gestantes doivent se conformer à trois décisions de la directive 2001/88/CE : - l’interdiction d’utiliser des stalles

individuelles pour les cochettes

et truies en gestation confirmée.

- l’augmentation de l’espace dis-

ponible pour les cochettes et

truies, respectivement à 1,64 m2 et à 2,25 m2.

- la nécessité de disposer d’un

enclos individuel (« infirme-

rie ») dans lequel un animal peut se retourner facilement, soit une surface de près de 4 m2.

En 2013 au plus tard, toutes les places de gestantes confirmées devront être en groupe, soit au moins 60 % des places de gestan-tes. Dans les élevages de notre enquête postale, 12,5 % des pla-ces de gestantes sont en groupe. En fait, la plupart des élevages

n’ont aucune place en groupe (Figure 1). La minorité d’élevages pratiquant la conduite en groupe compte 59 % de ses places de ges-tantes en groupe et est donc pro-che du seuil de 60 %. Mais, au sein de cet échantillon, on distingue deux populations :- des élevages conduisant en

groupe 60 % et plus de leurs

gestantes (91 % en moyenne). Il s’agit souvent de petits ateliers qui pratiquent ce type de conduite depuis toujours souvent dans de vieux bâtiments sur paille. Ils sont aux normes pour ce qui est de la conduite. Par contre, le respect de la surface minimale réglementaire par truie n’a pas été contrôlé ; le

Tableau 1 : Coûts par place en 2005

Caillebotis intégral, € par place QuarantaineGestante

individuelle

Gestante

en groupeMaternité Post-sevrage Engraissement

Coût de rénovation 69 375 425 1 488 86 104

Coût de construction à neuf y.c. stockage et alimentation 235 1 082 1 252 3 241 272 328

Source : IFIP d’après Salaün et al. (1999) et Porc par les Chiffres (2006)

Tableau 3 : France, besoin d’investissement de modernisation hors bâtiments gestantes

En millions d’eurosQuarantaine Maternité Post-sevrage Engraissement

Total par

aménagement

Reconstruction à neuf 13 370 391 362 1 137

Rénovation lourde 3 172 139 241 554

Total par stade 16 542 530 603 1 691Source : calcul IFIP d’après enquête « Éleveurs » et enquête « Cheptel » du SCEES mai 2006

Tableau 2 : France, places à rénover ou reconstruire à neuf par stade

Quarantaine MaternitéPost-

sevrageEngrais-sement

Nombre théorique de places 170 000 334 000 4 680 000 8 900 000

Places « manquantes » (voir supra) 241 844 92 504

Places de TAF (voir supra) 1 246 000

Places à moderniser 170 000 334 000 4 438 156 7 561 496

dont reconstruction à neuf 33 % 34 % 32 % 15 %dont rénovation lourde 25 % 35 % 36 % 30 %

dont rien à faire 42 % 31 % 31 % 55 %TAF : Travail à façon Source : calcul IFIP d’après enquête « Éleveurs », enquête « Cheptel » du SCEES mai 2006

En 2013 au plus tard,

toutes les places de

gestantes confirmées

devront être en

groupe, soit au moins

60 % des places de

gestantes.

Page 5: Les bâtiments d’élevage de porcs en France - ifip.asso.fr · d’une enquête et de diagnostics en élevages**. Les données éco-nomiques et financières ont été analysées

7 TechniPorc, Vol. 30, N°6, 2007 - la revue technique de l’IFIP Synthèse

besoin éventuel de surface supplé-mentaire n’est donc pas chiffré.

- une majorité d’élevages condui-

sant en groupe moins de 60 %

de leurs gestantes (47 % en moyenne). A l’éventuel besoin de modernisation, s’ajoute la mise aux normes obligatoire pour atteindre 60 % des places de gestantes en groupe.

A partir du nombre de gestantes à passer en groupe, du type d’amé-nagement (reconstruction à neuf, rénovation, mise aux normes seu-le) et des coûts induits par place, le coût total de la modernisation et mise aux normes des bâti-ments d’attente saillie-gestation

est évalué à 666 millions d’euros (Tableau 4).

Selon les régions, l’effort de mise aux normes à consentir sera plus ou moins important. La Bretagne compte seulement 15 % de ses gestantes confirmées en groupe, les Pays de la Loire 30 %.

Construction des places

avérées manquantes

L’enquête postale de l’IFIP auprès d’éleveurs en 2006 révèle un manque de 7,4 % de places de post-sevrage et 1,6 % de places d’engraissement à l’échelle de l’échantillon des élevages nais-

seurs-engraisseurs. La modernisa-tion du parc de bâtiments intègre la construction à neuf de ces places manquantes, chiffrée à 96 millions d’euros (Tableau 5).

Places d’engraissement

à façon

Deux options sont envisagées pour la modernisation des 1 246 000 places d’engraissement à façon (14 % de 8 900 000 places) : la

reconstruction à neuf sur le site

des donneurs d’ordre (option 1) ou la modernisation de ces pla-

ces dans les élevages à façon (selon les mêmes règles de déci-sion du type d’aménagement que

Tableau 4 : France, besoin d’investissement de modernisation des bâtiments d’attente saillie-gestation

Bâtiments avec seulement

des places individuelles

Bâtiments avec < 60 %

de places en groupe

Bâtiments avec ≥ 60 %

de places en groupe

Tous bâtiments

de gestantes

Nature des travaux Nombre [%]de places

Coût par place (€)

Nombre [%]de places

Coût parplace (€)

Nombre [%]de places

Coût parplace (€)

Coût total(en millions d’€)

Reconstruction à neuf 154 000 [14] 1 260 22 000 [2] 1 262 11 000 [1] 1 322 236

Rénovation lourde 242 000 [22] 730 55 000 [5] 512 22 000 [2] 500 216

Mise aux normes seule 473 000 [43] 420 88 000 [8] 142 33 000 [3] 78 (a) 214

(a) construction des places d’infirmerie Source : calculs IFIP et enquête « Éleveurs » de l’IFIP de 2006 Soit au total 666

Tableau 5 : Coût de la construction à neuf des places avérées manquantes

Total des places

chez les NEa

% de places à

construire

Places à

construire

Coût par place

(en €)

Coût total

(en millions d’€)

Post-sevrage 3 510 000 7,4 % 241 844b 272 66

Engraissement 5 874 000 1,6 % 92 504 c 328 30

(a) Le naissage-engraissement concentre 3/4 des places de post-sevrage et 2/3 de celles de porcs à l’engrais Soit au total 96(b) 3 510 000 / 1,074 x 0,074 (c) 5 874 000 / 1,016 x 0,016

Total des places de gestantes dans l’échantillon (100%)

Bâtiments associant places en groupe et

places individuelles

Réparties selon la part des places de gestantes en groupe

21 % des places

6 % 15 %

79 % des places

Bâtiments avec uniquement des places individuelles

Elevages avec 60% et plus de places

en groupe (91% en moyenne)

Elevages avecmoins 60%

de places en groupe (47% en moyenne)

Figure 1 : Répartition des places d’attente saillie-gestantes selon le mode de contention

Source : IFIP d’après enquête « Éleveurs » de 2006

Selon les régions,

l’effort de mise aux

normes à consentir

sera plus ou moins

important. La Bretagne

compte seulement 15 %

de ses gestantes

confirmées en groupe,

les Pays de la Loire 30 %.

Page 6: Les bâtiments d’élevage de porcs en France - ifip.asso.fr · d’une enquête et de diagnostics en élevages**. Les données éco-nomiques et financières ont été analysées

8 Synthèse TechniPorc, Vol. 30, N°6, 2007 - la revue technique de l’IFIP

les autres places d’engraissement, option 2). Les résultats sont don-nés dans le Tableau 6.

Au final, le montant total des inves-tissements nécessaires à la moder-nisation et à la mise aux normes des bâtiments d’élevage de porcs en France est évalué entre 2,5 et

2,9 milliards d’euros (Tableau 7).

Conclusion générale et perspectives

Les bâtiments d’élevages de porcs sont à une période charnière. Sur la décennie 1988-1997, la croissan-ce du cheptel d’une part (+25 % de truies à l’échelle nationale) et la disparition de près de la moitié des élevages avec truies d’autre part se sont concrétisées par un taux de construction et de renouvellement soutenu du parc des bâtiments. Depuis, avec l’arrêt du dévelop-pement de la production porcine, la dynamique est moins vive et le

parc de bâtiments vieillit même si de nouveaux bâtiments ont été construits. La diminution des som-mes investies par truie et par an alors que la part « improductive » (protection de l’environnement) s’est accrue fournit une indication du retard d’investissement que les élevages de porcs accumulent.

Pendant ce temps, l’Espagne, le Danemark et l’Allemagne ont affiché les plus fortes croissan-ces dans l’Union européenne sur les dix dernières années. Ce développement repose sur la construction de nombreux éle-vages neufs, souvent de grande taille comme en témoigne la mul-tiplication du nombre d’élevages de plus de 500 truies. Ces nou-velles constructions permettent d’intégrer les dernières avancées technologiques et de prendre en compte l’évolution des perfor-mances techniques et des régle-mentations. De fait, ces élevages

acquièrent, par leur structure, un avantage compétitif qui concerne une part croissante et importante de leur cheptel reproducteur.

Dans le même temps, la France dont la production porcine stagne, peine à restructurer ses élevages. Ce frein à l’évolution des structures de production compromet à terme leur compétitivité : les élevages n’intègrent pas les innovations et n’accèdent pas aux éventuelles économies d’échelle qui leur per-mettraient d’absorber les surcoûts liés aux contraintes.

Maintenir la compétitivité de la production porcine française nécessite de moderniser les por-cheries. Les enjeux de l’état du parc de bâtiments sont importants, à la fois économiques et humains. Il s’agit de disposer de bâtiments permettant d’obtenir les meilleu-res performances possibles dans des conditions optimales de travail,

Tableau 6 : Places d’engraissement à façon, besoin d’investissement de modernisation

PlacesCoût par place

(en €)

Coût total

(en millions d’€)

Option 1 Reconstruction à neuf sur le site du donneur d’ordre 1 246 000 328 409

Option 2

Modernisation des places d’engraissement à façondont reconstruction à neuf

dont rénovation lourdedont rien à faire

1 246 00015 %30 %55 %

328104

0

99

59400

Tableau 7 : France, besoin total d’investissementpour moderniser et mettre aux normes les bâtiments d’élevage de porcs

Coût en millions d’€

Modernisation des bâtiments hors attente saillie-gestation et hors places de TAF 1 691Quarantaine 16

Maternité 542Post-sevrage 530

Engraissement 603Modernisation et mise aux normes des bâtiments d’attente saillie-gestation 666Construction des places manquantes 96Places d’engraissement à façon : Option 1. Construction à neuf sur les sites des donneurs d’ordre Option 2. Modernisation sur le site du façonnier(1)

40999

Besoin d’investissement pour la modernisation et la mise aux normes : entre 2 552 et 2 862 millions d’€

selon le choix d’aménagement des places d’engraissement à façon (1) selon les mêmes règles de décision que pour la modernisation des autres places d’engraissement.

Source : calcul IFIP d’après enquête « Éleveurs » de 2006

L’Espagne,

le Danemark et

l’Allemagne ont

affiché les plus fortes

croissances sur les dix

dernières années.

Ce développement

repose sur la

construction de

nombreux élevages

neufs, souvent

de grande taille.

Page 7: Les bâtiments d’élevage de porcs en France - ifip.asso.fr · d’une enquête et de diagnostics en élevages**. Les données éco-nomiques et financières ont été analysées

9 TechniPorc, Vol. 30, N°6, 2007 - la revue technique de l’IFIP Synthèse

de maîtrise sanitaire et de respect de l’environnement. Sans moder-nisation, une stagnation voire une détérioration insidieuse des résul-tats techniques des élevages finira par se révéler et il sera alors déjà tard pour y remédier. Le maintien du potentiel de production de porcs en France passe aussi par l’at-trait du métier d’éleveur au travers de bonnes conditions de travail, par la gestion des transmissions d’outils parfois vétustes et par l’ac-ceptation sociétale des porcheries. La présente étude évalue entre 2,5 et 2,9 milliards d’euros le montant des investissements nécessaires en rénovation, reconstruction et mise aux normes des bâtiments.

Améliorer les structures d’éleva-ges pour les rendre compétitives,

respectueuses des besoins des éle-veurs et des contraintes sociétales passe par deux voies d’actions :

➊ Aménager les bâtiments d’éle-

vage existants, en fonction

des performances souhaitées

et des contraintes, restructurer

les élevages.

C’est l’action des éleveurs, aidés de leurs conseillers de terrain. Ce peut aussi être celle des Pouvoirs Publics pour rendre cette restructuration possible et éventuellement appor-ter un accompagnement financier à la modernisation des bâtiments d’élevage de porcs.

➋ Proposer des modèles d’éle-

vages optimisés et fournir aux

éleveurs des références techni-

ques et économiques pour les

accompagner dans les évolu-

tions de leur élevage.

C’est l’action de la recherche appli-quée (Instituts, Chambres…). A ce propos, le présent état des lieux des bâtiments d’élevage porcin constitue la première phase d’un projet plus vaste. La deuxième phase, associant les profession-nels et partenaires régionaux, vise à proposer des élevages de porcs de demain, répondant aux attentes et aux contraintes, dans différentes situations : souhaits et compétences de l’éleveur, disponi-bilité en main-d’œuvre, capital et foncier, particularités régionales. Les options porteront notamment sur la taille, l’organisation des sites, le niveau de technicité, d’automa-tisme et d’investissement, la ges-tion des effluents, etc. ■

Contact :[email protected]

Le maintien du potentiel

de production de porcs

en France passe aussi

par l’attrait du métier

d’éleveur au travers

de bonnes conditions

de travail,

par la gestion des

transmissions d’outils

parfois vétustes et par

l’acceptation sociétale

des porcheries.

Le parc des élevages de porcs en FranceÉtat des lieux, évaluation du besoin d’investissement

L’IFIP a réalisé un état des lieux du parc de bâtiments porcins en France par enquête et diagnostics en élevages.Le besoin d’investissement nécessaire à sa modernisation et mise aux normes a été chiffré. Les bâtiments d’élevage porcin en France sont âgés mais entretenus.Des adaptations restent nécessaires face à l’amélioration des performances et aux obliga-tions réglementaires.

45 € - 124 pages 21x29,7