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N°2 - Juin 2005 Les archives seigneuriales Hier, aujourd'hui, demain les Archives de l'Essonne aux sources de l'histoire locale

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Page 1: Les archives seigneuriales - Essonne

N°2 - Juin 2005

Les archives seigneuriales

Hier, aujourd'hui, demain

les Archives de l'Essonne

aux sources de l'histoire locale

Page 2: Les archives seigneuriales - Essonne

Directeur de la publication :

Michel Berson

Directeur de la rédaction :

Frédérique Bazzoni,

Rédaction : Aude Garnerin

Recherches : Cécile Boulaire, Virginie Daulier, Mélanie

Jallerat, Jacques Carlier, Laurence Mayeur, Claudine

Michaud, Aude Garnerin, Frédérique Bazzoni.

Photos : Yves Morelle, Lisbeth Porcher.

Email : [email protected]

Téléphone : 01 69 27 14 14

Télécopie : 01 60 82 32 12

Mise en page : V. Douliez-Sala

Impression : imprimerie départementale

Direction artistique :

Direction de la communication du Conseil général

Valentin Beugin

Couverture : Sceau équestre de Béraud de Chailly,

connétable, 1305, 4H/20 (H2).

Sommaire

Seigneurie et système féodal . . . . . . . . . . . . . . . 3Définitions et évolutions historiques . . . . . . . . . . . 3

Seigneur vassal et seigneur foncier . . . . . . . . . . 9Devenir vassal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9Les droits seigneuriaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Gérer une terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

Lire les archives seigneuriales . . . . . . . . . . . . . 16Composition et construction types . . . . . . . . . . . . 16Lexique complémentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

Rechercher les archives seigneuriales . . . . . . 26Archives nationales et départementales . . . . . . 26Intérêts et limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27Autres sources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

Archives départementales de l'EssonneDomaine départemental de Chamarande38, rue du Commandant Arnoux91730 CHAMARANDE

INTRODUCTION

Les Archives départementales de l'Essonne

conservent vingt-deux fonds d’archives

seigneuriales laïques, sans compter les

innombrables dossiers concernant les seigneurs

et la vie dans la seigneurie, répartis dans des

fonds très variés comme les archives anciennes

ecclésiastiques.

Cette source est de première importance aussi

bien pour le généalogiste que pour l’historien :

- de par son ancienneté (documents remontant

au XIIe siècle, complétant les sources de

l’administration royale ou paroissiale qui

couvrent plutôt la période XVIe-XVIIIe siècles)

- de par la diversité et la qualité des informations

relatives au cadre social, économique et politique

que fut la seigneurie du XIIe au XVIIIe siècle.

S’interroger sur le contexte de production de ces

archives, les relations qui liaient les hommes

entre-eux et à leurs terres, permet de mieux

comprendre le contenu même des documents.

L’histoire des seigneuries en Essonne est un

vaste chantier de recherche ouvert à tous,

auquel ce numéro deux de la collection «Aux

sources de l’histoire locale» vous convie.

Frédérique Bazzoni, Directrice des Archives départementales

de l'Essonne

Extrait duterrier deMontéclin(Bièvres),1517,E/486

Page 3: Les archives seigneuriales - Essonne

Seigneurie et systèmeféodalLe seigneur, placé sous la protec-tion d’un plus grand, affirme sonautorité sur une terre qui luiconfère, selon son titre, desdroits plus ou moins importants,notamment en matière de jus-tice. Du Moyen-Age à la fin duXVIIIe siècle, l’aspect économiqueet foncier de la seigneuriedomine peu à peu le caractèrevassalique initial, fondé sur unerelation personnelle d’aide réci-proque. Les seigneuries esson-niennes ont la particularité, pen-dant toute cette période, de rele-ver souvent du domaine royal.

DÉFINITIONS ET ÉVOLUTIONS HISTORIQUES

Théorie : définitions générales

SEIGNEUR

De «senior» («plus âgé» en latin) oude «dominus» («maître» en latin). Il ya donc toujours une idée de supérioritémais les réalités peuvent être diverses. Un seigneur cumule :- la protection d’un plus grand seigneur,voire du roi en personne ;- l’exercice du pouvoir de commande-ment (ban) ;- la possession d’un domaine foncier

dont dépendent des tenures nobles(fiefs) ou roturières (censives) ;- la fidélité de personnes qui sont soussa protection ou sont non-libres.Il a de fait des obligations envers sonsuzerain (protection, services de couret de conseil, tenue d’office, aide dite«aide aux quatre cas» : rançon en casde capture, équipement du fils aîné,dot de la fille aînée, aide militaire de 40jours par an) et envers ses vassaux etgens (protection et fidélité, police, jus-tice), mais également de nombreuxdroits, plus ou moins importants selonsa qualité.

SEIGNEURIE

Terre et/ou droits possédés par un sei-gneur.«Forme coutumière d’encadrementdes hommes socialement, politique-ment, économiquement, établissantentre ses membres un contrat généraltacite d’aide et de protection récipro-que (contrat synallagmatique) en l’ab-sence d’un pouvoir public solidement

organisé» (définition de l’historienRobert Fossier ).

SUZERAINETÉ

Situation d’un individu placé au som-met de la hiérarchie féodale. Le suze-rain d’un vassal (du latin «superan-nus», «supérieur») se situe au-des-sus du propre seigneur de celui-ci.

SOUVERAINETÉ

Mot apparu au XIIIe siècle (du latin«superanus»). Caractère de celui quiest au-dessus de tout le monde, au-delà même du cercle des vassaux etdes arrière-vassaux. Donne le droit defaire les lois et de les modifier, d’insti-tuer les juges et magistrats chargés dela justice, de faire grâce, battre mon-naie, déclarer la guerre, conclure lestraités, percevoir les droits domaniaux.

LIEN FÉODO-VASSALIQUE

Ce qui caractérise la féodalité, c’est lelien qui existe entre un seigneur et sonvassal. Il s’agit au départ d’une hiérar-

Aux sources de l’histoire locale - Les archives seigneuriales 3

Hommage de la comtesse

d’Esclignac, dame de la châtellenie

de Marcoussis, au comte d’Orsay ,

1782, E/1115

Très haut très puissant seigneur, 1772, E/654

Page 4: Les archives seigneuriales - Essonne

chie personnelle qui s’est doublée au fildu temps d’une hiérarchie réelle fon-dée sur la possession d’une terreconcédée en fief par le seigneur enéchange des services rendus.

Théorie : les différentes catégories de seigneuries

Les théoriciens distinguent, malgréune réalité complexe et confuse :

LES SEIGNEURIES SOUVERAINES

Elles sont capables de «souveraineté»(droit d’exercer la justice, de battremonnaie et de lever des armées) etpossèdent un titre de dignité donnépar le roi («fief de dignité» ou «hon-neur»). Ce titre est attaché à une terrequi, érigée en terre de dignité par let-tres royales enregistrées auParlement, devient la propriété de celuiqui la possède (en général l’aîné de lafamille).

Le duché est une terre d’étendueconsidérable, à l’origine d’au moinsquatre comtés, érigée par le roi enduché.

Il doit rapporter au moins 8000 écus derevenus annuels (assiette fixée par unarrêt d’Henri III en 1582).

Certains ducs sont aussi pairs deFrance, titre honorifique accordé par leroi et enregistré par les cours souverai-nes, donnant le droit de siéger auParlement, de relever du Parlementpour toute affaire judiciaire, d’avoir uneplace d’honneur à la cour, d’assister ausacre du roi et de transmettre le titreau fils aîné.

Les ducs non pairs, ou «Grands» n’ontpas le droit de siéger au Parlementmais sont admis à la cour et leur titreest héréditaire. Les ducs à brevet nepeuvent pas transmettre leur titre : ils’agit d’un honneur attribué par le roi

personnellement, non reconnu par lescours souveraines.

Le marquisat et le comté sont deuxseigneuries souveraines de moindreimportance territoriale, qui disposentdu droit de haute justice. Le premierest à l’origine un fief situé sur la fron-tière, puis devient une terre attachéeau titre de marquis, seigneurie de troi-sième rang après le duché : ildemande, en théorie, trois baronnieset trois châtellenies ou deux baronnieset six châtellenies (ordonnance de1575) ; le second est une terre attachéeau titre de comte, qui veut, en théorie,deux baronnies et trois châtellenies, ouune baronnie et six châtellenies.

Les titres deviennent peu à peu honori-fiques, le roi limitant les prérogativesseigneuriales. Seuls demeurent le titrede «haut et puissant seigneur», lesarmoiries timbrées, le droit de créationde fiefs et de censives, celui de justice,ainsi que des droits identiques à ceuxdes seigneuries de seconde catégorie.

LES SEIGNEURIES POSSÉDANT UN TITRE

MAIS NON SOUVERAINES

Elles donnent le droit de posséder des

églises, abbayes, hôpitaux ou châ-teaux, d’instituer des notaires, de tenirmarchés et foires, d’exercer la hautejustice (nomination d’un bailli ou pré-vôt) et la police (règlement applicableaux habitants) mais non celui de battremonnaie ou de lever des armées. Lesdroits de préséance qui y sont liéssont moindres que ceux liés aux sei-gneuries de première importance.

La baronnie est une terre apparte-nant à un baron (du germanique«bar», «homme»), homme libre, pro-che du roi ou d’un très grand, ayantune force armée, plusieurs forteres-ses ou châteaux. Elle regroupe troischâtellenies.En l’absence de définition juridiqueprécise, il s’agit plutôt d’un termegénérique qualifiant tout grand sei-gneur.

La châtellenie est le ressort territorialdu château. Le seigneur châtelain adroit de défense d’un secteur et de sesroutes, de posséder des péages ettaxes de marchés, de délivrer des sauf-conduits, de réquisition et de gîte, decorvée d’entretien mais doit en contre-partie maintenir la paix et réprimer lesviolences.

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Haut et puissant seigneur, 1781, E/1129

Marquis, 1730, E/1115

Page 5: Les archives seigneuriales - Essonne

La vicomté est la terre relevant d’unvicomte, à l’origine lieutenant d’uncomte ; à ne pas confondre avec la juri-diction d’un officier de robe chargé derendre la justice pour le roi.

La vidamie est une terre relevant d’unvidame (du latin «vice-dominus»,remplaçant du seigneur), défenseur etadministrateur des biens (temporel)d’un monastère ou officier de la mai-son d’un évêque.

LES SEIGNEURIES SIMPLES

Sans titre ni souveraineté, elles sontsimplement dotées d’un droit de bassejustice pour les petits délits.

Evolutions historiquesLe système seigneurial résulte du mor-cellement territorial : il s’agit là de l’undes caractères essentiels de la féoda-lité, l’autre étant le lien féodal.

AUX ORIGINES

Les souverains mérovingiens, puiscarolingiens, s’attachent personnelle-ment des soldats, qui en échange deleurs services, reçoivent protection,récompense en argent ou dons d’ar-mes. Un serment est prêté lors d’unecérémonie.

Peu à peu, le fidèle reçoit des terres quilui permettent d’avoir des revenus suf-fisants pour s’équiper.

A leur tour, les fidèles du roi dévelop-pent leur propre système de fidélité.

AU MOYEN-AGE

A partir du Xe siècle, la puissance deschefs politiques dans le ressort desprincipautés s’affaiblit très nettement,permettant au «pagus», circonscrip-tion administrative et unité territorialede base administrée par les comtes,de s’affirmer comme le seul cadre devie sociale ayant résisté à l’effondre-ment d’un système politique supé-rieur.

C’est dans ce contexte (X-XIe siècles)que naît et se développe la seigneuriebanale, concentrée autour d’un châteauou d’un sanctuaire, et seul refuge desdernières traces de l’autorité publique.

On assiste à une nouvelle concentra-tion du pouvoir à partir du XIIe siècle,profitant à la fois à la royauté françaiseet aux grands princes. Ce phénomènes’est appuyé sur une double corréla-

tion de personnes et des terres : le sei-gneur territorial (qui exerce les droitsde la puissance publique, jadis exercéspar le roi, sur un territoire donné) tienttoujours sa seigneurie en fief d’un sei-gneur féodal (ayant droit de justice etde ban) dont il est le vassal.

Dès le XIIe siècle, le pouvoir du seigneurs’est institutionnalisé et fixé. Pourtant,la géographie seigneuriale reste insta-ble, la reconquête du pouvoir royal pro-voquant peu à peu le regroupementdes seigneuries sous une même auto-rité, celle du roi.

L’ANCIEN RÉGIME

Le système seigneurial s’affaiblit pro-gressivement dès le XIII-XIVe siècle.Sous l’Ancien Régime, une seigneuries’acquiert surtout par hérédité ou parachat. Les obligations vassaliques sontbeaucoup moins importantes et lapuissance centralisatrice de la monar-chie absolue a considérablementréduit les prérogatives des seigneurs.

La féodalité est abolie le 4 août 1789.Les tenures foncières sont suppriméesen décembre 1790, avec possibilité derente, mais abolies définitivement etsans indemnités en juillet 1793.

Aux sources de l’histoire locale - Les archives seigneuriales 5

Baron, 1711, E/531

Gravure «Convoi de très haut et très puissant seigneur des abus», [XVIIIe siècle], 4Fi/152

Page 6: Les archives seigneuriales - Essonne

- d’églises collégiales : Saint-Merry deLinas, Saint-Spire et Notre-Dame àCorbeil... ;- de commanderies de l’Ordre de Malte :Saint-Jean de Lisle à Corbeil, le Délugeà Marcoussis, Balisy à Longjumeau,Saclay...

Les seigneuries ecclésiastiques sontsouvent issues de donations royales,complétées ensuite par donation ouachat. Les plus grands établissementsparisiens (à l’origine, grands proprié-taires de terres essonniennes) peu-vent posséder entre 2000 et 4000arpents de terre (un arpent de Pariséquivaut à 3417m2).

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Seigneurs et seigneuries en Essonne

Une histoire globale des seigneuries enEssonne reste encore à faire, en com-plément des très nombreuses mono-graphies existant sur le sujet :

LE DOMAINE ROYAL

L’alleu est une terre libre qu’on «netient de nului fors de Dieu». Cependant,du IXe au XIIe siècle, l’alleu a été sanscesse sollicité pour devenir soit un fief,soit une censive (pour les terres demoindre niveau). C’est essentiellementdans les régions septentrionales quecette intégration des terres allodialesau sein d’un système de dépendanceféodale s’est faite le plus rapidement.

Sauf rare exception, il n’y a pas de ter-res «libres» (francs alleux) enEssonne : toute terre dépend d’un sei-gneur. Le plus important de ces sei-gneurs est le roi ; de nombreux fiefsessonniens dépendent en effet duChâtelet de Paris ou des châtelleniesroyales de Chateaufort, Montlhéry,Corbeil ou Etampes.

Nombre d’autres ont été confiés par leroi à des fidèles pour sécuriser lesaccès au domaine royal, et certainsenfin ne sont pas tenus en direct par leroi, mais donnés à un seigneur enga-giste qui perçoit les profits, enéchange d’un prêt financier. Le roi pos-sède un droit de perpétuel rachat.Ex : François 1er engage Corbeil à l’évê-que de Béziers le 21 avril 1559.

Les fiefs peuvent être aussi donnés enapanage (portion du domaine royalaccordée par le roi à ses cadets, pourassurer leur subsistance selon leurcondition). L’apanagiste n’est qu’usu-fruitier : l’apanage retourne au roi s’iln’y a pas d’héritier mâle direct. Lecomté de Dourdan a par exemple étéapanage du duc d'Orléans au XVIIe siècle.

LES SEIGNEURIES ECCLÉSIASTIQUES

Les plus grandes seigneuries sont sou-vent ecclésiastiques. Nombreuses enEssonne, elles relèvent de :- l’évêque de Paris (domaine deWissous) ;- du chapitre de Notre-Dame de Paris(Orly) ;- de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés (Montéclin à Bièvres) ;- de l’abbaye de Saint-Denis, de Sainte-Geneviève (Palaiseau) ;- d’abbayes rurales : Vaux-de-Cernay(Athis, Limours, Montlhéry, abbaye deGif-sur-Yvette, prieuré des AugustinsSaint-Eloi à Longjumeau, Célestins deMarcoussis...) ;

Publication pour faire rendre les fois, hommages et devoirs dus par les vassaux au roi, pour le château de Montlhéry,

apanage royal revendiqué par le duc d’Orléans, 1643, E/2715

Page 7: Les archives seigneuriales - Essonne

Aux sources de l’histoire locale - Les archives seigneuriales 7

Lorsque l’Eglise acquiert un héritage,étant donné qu’elle ne meurt jamais, lesdroits de mutation sont perdus pour leseigneur. Pour compenser cette perte,l’établissement ecclésiastique acquéreurdoit soit amortir l’héritage (voir infra),soit verser le tiers de la valeur du fief ou lecinquième de la valeur de la roture au sei-gneur, soit désigner un propriétaire fictif,l’«homme mourant et vivant», à la mortduquel le relief, taxe équivalant à environune année de revenus du fief, sera payé,comme pour une succession laïque.

Tout héritage ne pouvant être tenu quepar autorisation royale, les nouveauxacquêts ou «entraînent» sont desdroits à payer sur les immeubles etdroits hérités, en échange d’une garan-tie provisoire de détention. L’amor-tissement est un droit à payer quiconcède une garantie de possessiondéfinitive des héritages.

LES SEIGNEURIES LAÏQUES

Tout fief relève soit du roi, soit d’un sei-gneur laïc ou ecclésiastique.Les seigneurs sont d’origines différentes :- familles d’ancienne noblesse (Yvonde Karnazet, seigneur de Lardy,Leudeville, Saint-Vrain au XIIe siècle) ;- conseillers et fidèles du roi (lesGraville à Marcoussis, Jehan du Moulin,seigneur de Briis, Jean Mesme àMarolles-en Hurepoix, Jean Budé àYerres...) ;- favorites du roi (Anne de Pisseleu,duchesse d’Etampes, reçoit Limoursdu roi en 1545) ;- roturiers (bourgeois, marchands,quelques paysans).

A partir du XIIIe siècle, les changementsde propriétaires sont très fréquents.Les fiefs éclatent sous la pressiondémographique. L’hérédité du fief estcertes admise, mais il n’y a pas d’indi-

visibilité au profitde l’aîné (seule-ment le «parage» :l’aîné seul prêtel’hommage) et lefief devient aliéna-ble.Les fiefs passentdonc à une no-blesse de robe ou àdes bourgeois dès

le XIVe siècle, s’ils payent un droit defranc-fief (une année de revenus sur20) au roi, qui s’assure ainsi de leursoutien (exemption générale du droitde franc-fief en 1721). L’acquisition dufief peut précéder ou suivre l’anoblis-sement.

Quand le fief est mis en vente, le sei-gneur vendeur doit payer le droit dequint (1/5e du prix mais parfois seule-ment 1/16e de la valeur payé par levendeur) et de requint (1/5e du quinten plus, si c’est l’acquéreur qui payeles droits et non le vendeur) au roi.

Dans les autres cas, (mariage, dona-tion...), il lui faut payer le droit de reliefou de rachat (cf supra).

Les fiefs laïcs ont des dimensions trèsvariables, de quelques arpents à 1500arpents (la Norville, 1567 arpents en1567, Marcoussis, 1286 arpents, Gif,197 arpents).

Les plus importants sont souventconstitués un peu en dehors du village,autour d’un hôtel seigneurial ou d’unmanoir (rarement un château, détruitau cours des guerres), avec un colom-bier, des granges, étables, pressoir,four, cellier, foulerie, jardin, vignes,voire vivier, le tout enclos de murs etde fossés. Les alentours sont formésde terres, vignes, prés et bois en plu-sieurs parcelles, souvent de 100 à 200arpents.

Les plus petits, inférieurs à 50 arpents,sont constitués dans le village autourd’une maison maniable («manable»,c’est-à-dire habitable, du latin«manere» : «demeurer, habiter»)avec masure (habitation misérable).Parfois, le fief consiste simplement enun droit ou une rente (ex : un seigneurrend hommage pour tout muid de selqui passe le pont de Corbeil sur lequel ilperçoit un droit).

Information concernant l’inféodation d’une maison àPierre Poussepain,notaire du roi, parles religieux duprieuré de Saint-Eloide Longjumeau(dépendant du couvent Sainte-Catherine du Val des Ecoliers à Paris), seigneursen partie d’Orsay, 1583, E/1129

Page 8: Les archives seigneuriales - Essonne

Seigneuries ecclésiastiques (série H)

Seigneuries laïques (série J)

Seigneurie laïque (série A) : BRUNOY

MILLY LA FORET

ONCY

SUR ECOLE

RIS -

ORANGIS

SOISY

S/SEINE

COUR COURONNES

EVRY

ETIOLLES

TIGERY

St GERMAIN

LES CORBEIL

CORBEILESSONNES St PIERRE

DU-PERRAY

LISSES

VILLABE

SAINTRY

S/SEINE

MORSANG

S/SEINEORMOY

COUDRAYLE

MONTCEAUX

AUVERNAUX

CHEVANNES

MENNECY

ECHARCON

FONTENAY

LE VICOMTE

VERT

LE PETIT

St VRAIN

ITTEVILLE

BALLANCOURT

S/ESSONNE

CHAMPCUEILNAINVILLE

LES ROCHES

SOISY

S/ECOLE

DANNEMOIS

COURANCESMOIGNY

S/ECOLE

BONDOUFLE

ANGERVILLE

PUSSAY MONERVILLE

MEREVILLE

GUIL LERVAL

ESTOUCHES

SACLAS St CYR la

RIVIERE

ARRANCOURT

ABBEVILLE

LA

RIVIERE

FONTAINE LA RIVIERE

ORMOY

LA RIVIERE

ETAMPES

BOISSY

LA RIVIERE

CHALO

St MARS

MEROBERT

CHALOU

MOULINEUX

CONGERVILLE

THIONVILLE

MAROLLES

ENBEAUCE

LA FORET

Ste CROIX

PUISELET

LE MARAIS

BOIS

HERPIN

ROINVILLIERS

MESPUIS

BLANDY

VALPUISEAUX

MAISSE

GIRONVILLE

SUR ESSONNE

PRUNAY

SUR ESSONNE

CHAMPMOTTEUX

BROUYBOIGNEVILLE

St ESCOBILLE

AUTHON

LA PLAINE

CHATIGN ONVILLERICHARVILLE

LE PLESSIS

St BENOIST

BOUTERVILLIERS

St HILAIRE

BOISSY

LE SEC

VILLECONIN

BRIERES

LES SCELLES

SOUZY

LA BRICHE

CHAUFFOUR

LES

ETRECHY

ETRECHY

MORIGNY

CHAMPIGNY

BOUVILLE

BUNO

BONNEVAUX

MAUCHAM PS

CHAMARANDE

AUVERS

St GEORGES

VILLENEUVE

S/AUVERS

BOISSY

LE CUTTE

ORVEAU

CERNY

D'HUISON

LONGUEVILLE

VAYRES

S/ESSONNE

GUIGNEVILLE

LA FERTE ALAIS

BAULNE

BOUTIGNY

S/ESSONNE

VIDELLES

MONDEVILLE

COURDIMANCHE

S/ESSONNE

CORBREUSE

LES GRANGES

LE ROI

DOURDAN

LA FORET

LE ROI

ROINVILLE

SERMAISE

St CHERON

St CYR

S/DOURDAN

LE VAL

ST GERMAIN

ANGERVILLIERS

St MAURICE

MONTCOURONNE

BREUX

JOUY

BREUILLET

COURSON

MONTELOUPVAUGRIGNEUSE

FORGES

LES BAINS

LIMOURS

PECQUEUSE

BOULLAY

LES

TROUXLES

MOLIERES

BRIIS

s/s FORGES

FONTENAY

LES BRIS

JANVRY

BRUYERES

LE CHATEL

MARCOUSSIS

St YON

St SULPICE

DE

FAVIERES

BOISSYs/s

St YON

TORFOU

JANVILLE

S/JUINE

BOURAY

S/JUINE

LARDY

CHEPTAINVILLE

AVRAINVILLE

EGLY

OLLAINVILLE

LINAS

NOZAY

LA VILLE

DU BOIS

MON TLHERY

LONGPONT

S/ORGE

ARPAJON

LA NOR VILLE

GUI BEVILLE

MAROLLES

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HUREPOIX

GE RMAIN

ARPAJON

LES

LEUV ILLE

S/ORGE

BRETIGNY

S/ORGE

LEUDEVILLE

VERT LE GRAND

LE PLESSIS

PATE

GOMETZ

LA VILLE

GOMETZ

LE CHATEL

GIFS/YVETTE BURES

S/YVETTE

St JEAN DE

BEAUREGARD

ULIS

ORSAY

St AUBIN

VILLIERS

BACLELE

SACLAYVAUHALLAN

BIEVRES

IGNY

VERRIERES

LEBUISSON

VILLEJUST

VILLEBONS/YVETTE

PALAISEAU

SA ULXL ES

CHAR TREUX

EPINAY

S/ORGE

LONGJUMEAU

CHILLY

MAZARIN

WISSOUS

CHAMPLAN

MASSY

BALLAIN-

-VILLIERS

St MICHEL

S/ORGE

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GENEVIEVE

DES BOISFLEURY-

MEROGIS

VILLEM OISSON

MORSANG

S/ORGE GRIGNY

SAVIGNY

MO RANGIS

JUVISYS/

ORGE

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PARAY

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CHATILLON

VILLIERS

S/ORGE

DRAVEIL

VIGNEUX

S/SEINE

MONTGERON

CRO SNE

YERRES

BRUNOY

EPINAY

S/S.

SENART

BOUSSY

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VARENNES

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QUINCY

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St

Origine géographique des principaux fonds seigneuriaux

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PRINCIPAUX FONDS SEIGNEURIAUX CONSERVÉS AUX ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE L’ESSONNELAÏQUES- Athis : Seigneurie. 211 art. 1397-1936. 26J.- Ballainvilliers et Villebouzin : Seigneuries. 9 art. 1733-1772. 107J.- Bouray-Sur-Juine : Seigneurie de Mesnil-Voisin. En cours de classement.- Buno-Bonnevaux : Seigneurie de Bonnevaux. 23 art. 1485-1845. 137J.- Chamarande : Seigneurie et domaine. 131 art. 1600-1971. 39J.- Courances-Dannemois : Seigneurie. 106 art. 1353-1855. 12J.- Courdimanche : Seigneurie de Bellebat. 27 art. 1400-1902. 106J.- Étrechy : Seigneurie de Vaucelas. 5 art. 1480-1724. 6J.- Fleury-Merogis : Domaine. 26 art. 1733-1772. 59J.- Fontenay-le-Vicomte : Domaine. 21 art. 1574-1862. 33J.- La Norville : Seigneurie. 98 art. 1328-1847. 134J.- Le Coudray, Tilly-Maison-Rouge et annexes (Saint-Fargeau, Villiers, Les Salles) :

Chartrier. 40 art. 1383-1819. 47J.- Limours-en-Hurepoix : Seigneurie de Pommeret. 4 art. 1349-1759. 133J.- Longpont et Saint-Michel-Sur-Orge : Seigneuries de Lormoy et de Launay, devenues

domaine de Lormoy. 74 art. 1329-1863. 4J.- Maisse : Seigneurie. 15 art. 1384-1781. 122J.- Marcoussis : Seigneurie. 20 art. 1312-1784. 13J.- Morigny-Champigny : Seigneurie de Morigny. 19 art. 1447-1889. 136J.- Morigny-Champigny : Fief de Vaudouleurs. 31 art. 1452-1902. 31J.- Morsang-sur-Orge, Sainte-Geneviève-des-Bois et Villemoisson : Seigneuries.

44 art. 1252-1811. 7J.- Saint-Cyr-la-Rivière : Seigneurie (famille d’Astorg). 127 art. 1321-1922. 30J.- Sainte-Geneviève-des-Bois (voir Morsang-Sur-Orge)- Saint-Michel-sur-Orge (voir Longpont)- Savigny-sur-Orge : Seigneurie. 151 art. 1208-1930. 149J.- Souzy-la-Briche : Seigneurie de la Briche. 111 art. 1329-1932. 57J.- Villebouzin (voir Ballainvilliers)- Villemoisson (voir Longpont)

Tilly-Maison-Rouge, Saint-Farjeau, Villiers, Les Salles, Provins : Seine-et-Marneart. : article

ECCLÉSIASTIQUES- Arpajon : Hospices et hôpitaux. 2 art. 1612-1785. 86H.- Ballancourt : Commanderie du Saussoye. 7 art. 1653-1789. 80H.- Cerny et Provins : Cisterciennes, abbaye de Villiers-la-Joie à Cerny et abbaye du

Mont Notre-Dame à Provins. 40 art. 1181-1792. 71H.- Chauffour-lès-Étréchy : Commanderie. 1 art. 1773-1773. 77H.- Corbeil : Commanderie de Saint-Jean-en-L’Isle. 1 art. 1588-1590. 84H.- Corbeil : Hospices et hôpitaux. 1 art. 1669-1759. 90H.- Dourdan : Hospices et hôpitaux. 1 art. 1756-1789. 91H.- Essonnes : Bénédictins, prieuré Notre-Dame-des-Champs. 5 art. [XIIIe]-1792. 17H.- Étampes : Tiers ordre de Saint-François, Capucins. 2 art. 1581-1790. 32H.- Étampes : Tiers ordre de Saint-François, Cordeliers. 2 art. XVI-XVIIIe. 27H.- Étampes : Trinitaires de Saint-André. 8 art. 1391-1790. 52H.- Étampes et Chalou-Moulineux : Commanderie d’Étampes et de Chalou-Moulineux .

17 art. 1664-1783. 81H.- Étampes : Hospices et hôpitaux. 2 art. 1638-1782. 92H.- Étampes : Chartreux de Saint-Pierre. 4 art. 1374-1788. 58H.- Gif-sur-Yvette : Bénédictines de l’abbaye. 12 art. 1201-1791. 62H.- Limours : Tiers ordre de Saint-François, Pénitents. 4 art. 1325-1790. 37H.- Longjumeau : Augustins, prieuré de Saint-Éloi. 30 art. 1236-1790. 4H.- Longjumeau : Commanderie de Balizy. 1 art. 1619-1792. 82H.- Longpont : Augustins, prieuré Notre-Dame. 29 art. 1151-1790. 13H.- Marcoussis : Célestins. 1 art. 1406-1778. 42 H.- Marcoussis : Commanderie du déluge. 1 art. 1789-1790. 83H.- Milly : Hospices et hôpitaux. 1 art. 1758-1759. 98H.- Montlhéry : Bénédictins, prieuré de Saint-Laurent. 1 art. 1409-1785. 14H.- Morigny : Bénédictins, abbaye La Sainte-Trinité. 9 art. 1243-1789. 10H.- Petit-Bourg (Évry) : Hospices et hôpitaux. 1 art. 1782-1782. 100H.- Saint-Yon : Bénédictins, prieuré Notre-Dame. 1 art. 1756-1766. 19H.- Saulx-les-Chartreux : Chartreux. 6 art. 1387-1774. 59H.- Varennes-Jarcy : Augustines de Jarcy. 13 art. 1261-1791. 61H.- Yerres : Bénédictines de l’abbaye. 71 art. 1133-1789. 63H.- Yerres : Camaldules dits de Grosbois. 4 art. 1506-1777. 26H.

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Aux sources de l’histoire locale - Les archives seigneuriales 9

Seigneur vassal et seigneur foncier

Le seigneur devient vassal d’unplus puissant que lui par la pres-tation de foi et hommage qui luipermet d’entrer en possessiond’une terre, le fief. Cette terre estgérée grâce à l’établissementd’un terrier, document qui énu-mère les nombreux droits perçuspar le seigneur, tant sur les cultu-res, les hommes, que les structu-res économiques. En contrepar-tie, le seigneur protège hommeset églises de sa seigneurie, en yassurant l’ordre public et ladéfense militaire.

DEVENIR VASSAL

Aux premiers temps féodaux (IX-Xe siè-cles), un seigneur territorial possèdeune seigneurie (demeure entourée deterres), sur lesquelles il exerce les pou-voirs de la puissance publique qui luisont échus du fait de la désagrégationdu pouvoir royal.

Le seul moyen de renforcer sa puis-sance locale, foncière, consiste donc àse placer sous la protection d’un sei-gneur plus puissant : il lui prête alorsun serment de foi et d’hommage, devaleur religieuse, qui engendre pour lesuzerain et le vassal des obligationsréciproques :

- protection et soutien (par l’accueil etla nourriture), voire la concessiond’une terre en fief, pour le premier ;- services (aide militaire et pécuniaire,conseil en matière de justice notam-ment) et l’obligation de ne pas nuire,pour le second.

Le vassal ne peut pas se faire repré-senter pour prêter serment. En casd’impossibilité majeure (successionqui touche des enfants mineurs), undélai peut être accordé par un acte desouffrance.

Le lien vassalique créé peu à peu parcette cérémonie d’investiture s’estdoublé d’un lien féodal, né de laconcession en fief d’une terre (inféo-dation), pour permettre au vassal devivre : acte formaliste, effectué aprèsla prestation d’hommage et le sermentde fidélité, signifié d’abord par ungeste symbolique (remise d’un fétu depaille, «montrée» du fief), puis par larédaction d’un «aveu et dénombre-ment» : inventaire du contenu du fief,précisant l’objet de la concession, mis

en place à partir du XIIe siècle etdevenu obligatoire au XIIIe siècle.

Un fief était tout d’abord une terre,puis, avec l’extension du systèmeféodo-vassalique, le renforcement del’élément matériel (le fief) dans la rela-tion entre vassal et suzerain estdevenu un objet de concession en fieftout ce qui pouvait s’approprier : église,droits ecclésiastiques (dîme), rentes(fief-rente) ; à ce stade, les obligationsmajeures du vassal n’étaient plus justi-fiées que par l’élément réel du lien vas-salique, et non plus par l’élément reli-gieux et juridique initial.

Chaque seigneur pouvant à son tourconcéder tout ou partie de son fief en«arrière-fief» à des vassaux qui rele-vaient de lui, s’est ainsi construite touteune pyramide féodo-vassalique qui astructuré toute la société à partir desXIIe et XIIIe siècles, en dépassant le strictcadre politique, pour donner à l’aspectéconomique de ce système relationnelune importance prépondérante.

Foy et hommaged’Antoine Giraud

au seigneur de Marolles,

pour le fief du Gaillon,

1668, E/2487

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LES DROITS SEIGNEURIAUX

Au début du Moyen-Age, les droits sei-gneuriaux sont d’ordre :- militaire : droits exercés par les hom-mes de la «poesté» («hominus depotestate» en latin), placés en la puis-sance du seigneur : à ne pas confondreavec les vassaux du seigneur, qui sontliés à lui non pas par cette emprisebanale, mais par le lien féodo-vassali-que (cf infra) ;- judiciaire ;- fiscal : perception des redevances,généralement en nature ;- économique : perception de droits ettaxes sur les moyens de communica-tion, les hommes et les moyens de pro-duction.Ces quatre éléments caractérisent leban, pouvoir d’ordonner et de com-mander, issu de prérogatives royalesconcédées ou usurpées.

Droits de ban ou banalités (seigneurie dite «justicière» ou «politique»)

DROITS À CARACTÈRE MILITAIRE

Le seigneur a le droit de :- construire un château avec défenses ;- lever le ban et l’arrière-ban : levée del’armée, guet, garde, logement de trou-pes ;- exiger la chevauchée : 40 jours sanssolde dus au seigneur (service depolice et militaire) ;- exiger l’estage : tenue de garnison auchâteau seigneurial.

DROITS À CARACTÈRE POLICIER ET JUDICIAIRE

Le seigneur a le droit : - d’édicter des règlements et publica-tions (disparu au profit du roi) ;- de rendre la justice, c'est-à-dire denommer les officiers de justice, rendredes jugements et sentences, les faireappliquer, prélever les amendes et dis-poser des biens confisqués. Ce droit

est le plus revendiqué par les sei-gneurs, car prestigieux (titre de sei-gneur justicier, droit d’édifier un audi-toire...) et économiquement important(perceptions d’amendes).

On distingue :- la justice supérieure : relève d’unduc, comte ou baron, donne droit dejuger en appel les affaires jugées parles seigneurs, et d’élever pilori, gibetou fourches patibulaires, de 4 à 8piliers ;- la haute justice : donne droit deconnaître les causes nobles, les cau-ses majeures, crimes de sang, délitspassibles de peine de mort (viol,fausse monnaie...), de condamner àmort, d’avoir une juridiction conten-tieuse, de nommer des tuteurs et cura-teurs, de faire des cris (annoncespubliques), de posséder une fourchepatibulaire à trois piliers et/ou carcan,de confisquer les biens des condam-nés à mort, de bénéficier du droitd’épaves. Le seigneur haut justicierdoit avoir prisons et geôliers ;- la moyenne justice : donne droit deconnaître les délits et crimes punissa-bles de légères corrections corporel-les, du bannissement temporel oud’une amende de 75 sols, les actionsciviles, l’inspection des poids et mesu-res. Elle donne possibilité d’avoir unsiège et un juge ;- la basse justice : est limitée aux cau-ses mineures et aux cas dont l’amendene dépasse pas 60 sous parisis ;- la justice de la voierie : donne droitd’assurer la police des chemins et desrues ;- la justice foncière : donne droit dejuger les causes concernant les censi-ves et la conservation des droits féo-daux ;- la justice ecclésiastique : donne droitde juger les causes concernant lescroisés, veuves, orphelins, les maria-ges, les affaires d’adultère ...

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Extrait d’un placard imprimé ordonnant la réfection du terrier de la seigneurie d’Yerres et autres lieux, 1728, A/982

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L’exercice de la justice est source d’im-portantes recettes : amendes, droit desceau (ou de scel) et d’écriture perçusur chaque acte validé par le sceau duseigneur.

La geôle est également source de reve-nus (droit de geôlage : droit dû au geô-lier pour l’entrée et la sortie des pri-sons, pour la garde et le soin des pri-sonniers).

Droits sur la terre et sur les hommes

SUR LA TERRE

Le seigneur a le droit de percevoir destaxes et redevances. Certaines rede-vances, usurpées ou non, font l’objetde nombreuses et longues procéduresjudiciaires.CENS : redevance fixe et perpétuelle dueau seigneur direct pour une tenureroturière, le plus souvent en argent.Voir aussi rente.CHAMPART : redevance non fixe, propor-tionnelle à la récolte.DÎME : redevance sur les fruits de laterre due à l’église. Grosses dîmes surles grains (blé, orge, avoine) et le vin,menues dîmes ou dîmes vertes sur lespois, fèves, lin, chanvre, laine, dîme decarnage ou de charnage sur les ani-maux (veaux, cochons, agneaux, che-vreaux et oisons).DROITURE : combinaison de différentesredevances en nature.GROS DU CURÉ : part revenant au curé surune dîme inféodée (donnée en fief àun laïc).LODS ET VENTES : taxe de mutation entrevifs sur une tenure, due au seigneur. (3à 6 % du prix de vente).RENTE : croît de cens sur un chef-cens(cens primitif), menu-cens (cens éta-bli séparément sur chaque partie d’hé-ritage) ou gros cens (établi sur la tota-lité de l’héritage et non à l’arpent).

SUR LES HOMMES

Des hommes de statuts divers (les unslibres, les autres serfs) peuvent setrouver placés sous la puissance(«poesté») du seigneur, où leur statutn’apparaît plus de façon aussi nette ;les serfs, rares en Essonne, restenttoutefois plus lourdement taxés queles autres (par la taille et corvées àmerci, le chevage).AUBAINE (jusqu’au XVIe siècle) : droit duseigneur sur la succession d’un«aubain», personne étrangère venuedemeurer dans la seigneurie, décédéesans héritier et sans avoir fait l’aveu ;droit du roi sur la succession d’unétranger venu en France.BÂTARDISE : droit sur les biens parentauxdes bâtards non légitimés.CHEVAGE : redevance sur les personnesdépendantes.

DÉSHÉRENCE : droit de confisquer lesbiens de personnes décédées sanshéritier ni testament.FORMARIAGE : à l’origine, interdiction de semarier hors de la seigneurie, puis taxesur les dépendants pour mariage avecune personne hors de la seigneurie oude condition différente.MAINMORTE : à l’origine, interdiction detransmettre des biens à cause demort, puis droit perçu par le seigneursur la succession d’une personnedépendante.TAILLE À MERCI : à l’origine exceptionnellepuis régulière, levée sur la tenure rotu-rière pour compenser la faiblesse ducens, et devenue la taxe du nouveauservage. (A ne pas confondre avec lataxe homonyme levée par le roi à partirdu XIe siècle).

Aux sources de l’histoire locale - Les archives seigneuriales 11

Sentence ordonnant au chapitre de Saint-Spire de Corbeil la construction d’une prison et d’un auditoire pour rendre la justice, 1756, G/1088

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Droits à caractère économique

Le seigneur a le droit de se réserverdes monopoles artisanaux et commer-ciaux : BANVIN : privilège du seigneur de vendreson vin avant les autres producteurs,complété par le ban de vendanges :défense de vendanger avant la datefixée par le seigneur.BOUCHERIE : droit pris par bête abattue(ex : un pied par bête), droit de fairevisiter les bêtes par un expert.COUTUMES : droits sur la vente des mar-chandises.DROIT DE PÉAGE, DROIT D’ENTRÉE ET D’ISSUE :droit sur la circulation des produits per-çus en certains lieux (entrées deville...).DROITS SUR LES FORÊTS : vente de bois,amendes pour délits, taxes sur les pro-duits de la forêt (paissons et glan-dées).DROITS SUR RIVIÈRES, ÉTANGS : amendes pourdélits, taxes sur les produits de lapêche.ÉPAVE : objet ou animal trouvé, confis-qué au profit du seigneur, en l’absencede propriétaire connu.ÉTALAGE : droit perçu pour l’entretien deshalles et marchés.ÉTALONNAGE : contrôle de contenances decertaines mesures.FOIRE : droit de créer toute foire ou marché.FORAGE : taxe payée par les taverniers etdébitants de vin au détail (vendre parforage : vendre au détail).GARENNE : lieu où il est défendu de chas-ser ou de pêcher sans l’autorisation duseigneur.HAVAGE : droit de prendre dans les mar-chés une poignée de ce qui s’y vend.MAIERERIE : droit payé au seigneur pour le«maiere», le menu bois ; levain quisert à fermenter la bière. MESURAGE : pinte à vin étalonnée que doitacheter tout vendeur de vin ou degrains, sous peine d’amende et deconfiscation de la denrée.MINAGE : droit perçu par le seigneur qui

fournit la mine (le poids) ou la mesureet qui paye un mesureur pour faireconstater légalement la quantité degrains que vendent les marchands.MOULIN, FOUR SEIGNEURIAUX : obligation pourles habitants de les utiliser, sauf à«s’abonner», c’est-à-dire payer undroit annuel pour pouvoir cuire le painchez soi (1/16e ou 1/20e du grainmoulu retenu).PASSAGE, TRAVERS, PONTONNAGE, DROIT DE PRÉ-VÔTÉ... : droit sur la voie commerciale, enéchange de l’entretien des voies.PRESSOIR SEIGNEURIAL : obligation pour leshabitants de l’utiliser, à laquelle s’ad-joint une redevance par tonneau puis àl’arpent (le pressorage). ROUAGE : droit sur tout véhicule traver-sant la seigneurie ; taxe sur le vinvendu en gros.TAXE SUR LES DENRÉES : limitation du prix duvin dans les auberges par exemple.TONLIEU : droit sur les transactions oupour avoir le droit de vendre sur les foi-res et marchés (hallage, plaçage).TONTURE : droit de fauchaison.

GÉRER UNE TERRE

La seigneurie foncière

Elle se compose :- d’un domaine ou «directe» : terre du«maître» avec le château (et sesdéfenses : tourelles, guérites, canon-nières), le manoir, la maison, la rési-dence abbatiale ou épiscopale, sesdépendances (jardin, verger, colom-bier, auditoire, parc, ferme, vignes...) etles terres travaillées par des servi-teurs ou par des tenanciers lors de cor-vées (prêt d’instrument de labour,journées pour la moisson, charroi,entretien de bief, c’est-à-dire du canalde dérivation de moulin...). Les terressont de plus en plus souvent donnéesà des fermiers (bail à ferme à courtterme, de 1 à 28 ans, bail à deux outrois vies, accordé aux héritiers, ou bailperpétuel, de plus en plus rare, enéchange d’un loyer en nature ou enargent et d’obligations : réparations,

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Moulin de Saint Sire [Saint-Cyr-La-Rivière], appartenant à la dame de Grassin, an VII, 30J/82

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gîte, labourage...). Le loyer peut êtrefaible s’il s’agit d’une période dereconstruction. Le métayage (réparti-tion des profits et des dépenses, le sei-gneur avançant l’équipement agricole,les troupeaux et les semences) estrare en Essonne pour les grandes sei-gneuries ;- de tenures, rotures ou censives(«domaine utile») : terres confiées àdes roturiers (en théorie) en échanged’un cens, redevance fixe en argent ouen nature, ou du champart (partagedes fruits). La rente annuelle, ennature ou en argent, vient compenserl’insignifiance du cens. Cette rente sei-gneuriale ne doit pas être confondueavec la rente obtenue par un tenancierqui cède sa tenure à un tiers enéchange d’une rente foncière. Letenancier est soit héritier de l’anciendétenteur, soit nouvel acquéreur,auquel cas il doit payer une taxe demutation : il s’agit du droit de lods etventes. Après avoir été mis en posses-sion de sa censive (procédure d’ensai-sinement), il peut prétendre aux droitsliés à la censive en usage sur la sei-gneurie : ramassage de bois mort,coupe de fougères... Si la terre ne rap-porte pas ou plus, il peut «déguerpir»en payant une indemnité au seigneur.Il y a alors autorisation de déguerpis-sement donnée par le seigneur ;

- de fiefs : pour les seigneuries impor-tantes, terres (et droits éventuelle-ment) données à un noble qui prête foiet hommage et rend aveu et dénom-brement. Faute de foy et hommage,d’aveu ou dénombrement ou encorepour cause de droits non payés, le roipeut saisir la seigneurie, qui est alorsplacées dans la main du roi. Lorsqueles actes ont été rendus ou les droitspayés, le roi peut rétablir le seigneurpar un acte de main levée de saisie.

La seigneurie peut s’étendre sur plu-sieurs paroisses voire plusieursrégions. Différents types d’archivespermettent de mieux la cerner :- les papiers privés sont constitués desactes de propriété rassemblés au fildes siècles par la famille, de corres-pondances, contrats de mariage, testa-ment, dossiers de succession, arbresgénéalogiques, etc ;- dans les livres de compte, l’intendantdu seigneur reporte par mois ou parannée, de manière plus ou moinsdétaillée, les recettes et les dépenseseffectuées sur le domaine : frais de jus-tice (honoraires au juge, aux gardes,frais de nourriture des prisonniers),rémunération des artisans (maçon,couvreur, menuisier, tapissier, jardi-niers, bourrelier, maréchal-ferrant...),achat de matériaux (tuiles, chaux, plâ-

tre...), salaires des domestiques,nature et provenance de la nourritureetc. ;- en fonction de sa qualité, le seigneura droit de nommer certains officierspour sa justice : bailli, prévôt, procu-reur fiscal... Les lettres de nominationpermettent d’en savoir un peu plus surces hommes proches du seigneur.

Le principal document reste cepen-dant, à partir du XVIe siècle, le terrier,dont l’établissement a été rendunécessaire par l’éparpillement des par-celles et les troubles liés aux guerres :

Le terrier

Le terrier a une double fonction : c’est àla fois un acte prouvant l’autorité d’unseigneur et le résultat de cet acte,savoir le recensement des terres.

DÉFINITION

Le papier terrier ou registre terriercontient le dénombrement et la condi-tion des particuliers, la description desterres qui relèvent d’une seigneurie, saloi et ses usages, et les redevances etobligations auxquelles sont soumis lestenanciers.

Certains registres terriers contiennentdes plans représentant la répartitiondes terres au sein d’une seigneurie : lesplans terriers. Ils renvoient à un textepar un système de numérotation et detables : les clefs d’applications. Des documents contiennent des infor-mations similaires au terrier, mais seulce dernier est un acte authentique,reçu par notaire et qui, de ce fait, faitfoi en justice. Le censier ne concerneque les censives (terres non nobles,soumises au paiement du cens) ; lecartulaire, recueil de copies d’actes,titres et autres papiers contenant lesdroits temporels d’un monastère, d’unchapitre, d’une église, mais aussi d’unecommunauté ou d’un particulier laïcs ;

Aux sources de l’histoire locale - Les archives seigneuriales 13

Etat général des biens appartenant à Giraud de Gaillon, dans la seigneurie de Marolles, [après 1780], E/2487

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le cueilleret ou cueilloir désignant lelivre de recettes, dans lequel on inscritles cens et les rentes dus au seigneurpar ses tenanciers.

ÉVOLUTION HISTORIQUE

Les Mérovingiens tentent de conserverla méthode des registres romains,mais très rapidement, les documentsne reflètent plus la réalité du régimed’imposition. Sous les Carolingiens, lesystème est réorganisé. Quelquesabbayes et seigneurs font établir despolyptyques pour avoir une traceécrite de leurs droits.

Le régime de la propriété évolue rapi-dement. Une fois les grands domainesseigneuriaux établis, le problème sepose de nouveau : il devient indispen-sable de faire l’état des redevances.Les terriers se multiplient.

Au moment de la Révolution, on peutestimer à 1/30ème la surface du terri-toire français couvert par les terriers.Jusqu’au XVIIIe siècle, seule la confec-tion du terrier peut permettre de récla-mer légalement les droits de cens.

PROCÉDURE

Pour établir un terrier, leseigneur doit d’abord endemander l’autorisationauprès de la chancelle-rie. Il doit obtenir des«lettres de terrier» ou«lettres à terrier» : cesont des lettres de petitsceau (expédiées parles petites chancelle-ries établies auprès descours souveraines, paropposition aux lettresde grand sceau expé-diées par la grandechancellerie placéesous la responsabilitédu chancelier, garde dusceau de France),nécessaires pour avoir

le droit d’appeler devant notaire les vas-saux débiteurs.

La lettre de terrier est concédée au sei-gneur par le roi et fait l’objet d’un pro-cès-verbal de publication. Elle est affi-chée sur la porte de l’église et lue à l’is-sue de la messe paroissiale.

Après avoir prévenu les tenanciers parces proclamations publiques, le sei-gneur attend que ceux-ci se présententchez le notaire (seigneurial le plus sou-vent) pour l’authentification de l’acte.Le notaire reçoit ensuite les tenanciersqui déclarent leurs biens et redevan-ces devant témoins.

Pour les seigneuries importantes, laprocédure peut s’échelonner sur plu-sieurs années, le temps d’obtenir lesdéclarations de tous les tenanciers. Unterrier ne se corrige pas. Le seigneurest donc amené à le refaire tous lesvingt-cinq ans environ, sauf événe-ments exceptionnels qui en requièrentla révision dans un délai plus court.

FORME

Les terriers les plus anciens se présen-tent souvent comme de simples inven-taires sur parchemin.

Ce n’est qu’à partir de 1740 que de nou-veaux appareils permettent de donnerdes mesures relativement précises etd’établir des plans.

Le terrier est souvent généralementsoigné dans sa présentation : écriturelisible non raturée, espacement deslignes, mise en paragraphes, lettrines,décorations à la plume voire à l’encrede couleur, ou aquarelle et lavis. Lesseigneurs les plus aisés peuvent com-mander des enluminures. Les plans,surtout à partir du XVIIIe siècle, sontsouvent en couleur, aquarellés, avecune fantaisie dans la rosace (ornementen forme de courbes inscrites dans uncercle), dans le cartouche (ornementsouvent en forme de feuille à demidéroulée destiné à recevoir du texte)ou en bordure (dessins de personna-ges, par exemple).

La reliure, contemporaine au documentou postérieure, atteste du souci deconservation (fondamental eu égard aucaractère probatoire du document) etde prestige : reliure à plats décorés,papiers à la colle ou marbrés...

Dans certains terriers, des copies nota-riées qui attestent par exemple unéchange de terre ou un héritage, appa-raissent en pièces annexes.

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Extrait du terrier de Montéclin (Bièvres), 1517, E/486

Seigneurie de Villebouzin, plan, 1733, 107J/9

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Le seigneur dans la paroisse

Les rapports du sei-gneur avec l’Églisesont très importants.Le seigneur devientpeu à peu, de par saposition sociale, legarant du respect de lareligion sur ses terres.

LE SEIGNEUR, PREMIER

DES PAROISSIENS

A ce titre, il a des droitsmais aussi desdevoirs. Il doit, parexemple, rémunérerchaque année le cha-pelain, payer des ren-tes à la fabrique(conseil chargé de gérer le temporeld’une église) et aux communautésreligieuses environnantes. Il peut faireériger ou fonder une chapelle soit enfournissant un terrain, soit en faisantun don en argent pour la construction.Il en devient alors le «patron laïc»(personne qui fonde, bâtit ou dote uneéglise, avec l’accord de l’évêque).

Ce patron a :- le droit de présenter un ecclésiastiqueà l’évêque pour pourvoir le bénéficevacant (droit de nomination ou de colla-tion à la tête d’un établissement reli-gieux), de présider les cérémonies etles processions, de recevoir l’encense-ment (le nombre de coups d’encensoirest proportionné à la qualité de la per-sonne), l’eau bénite, le pain bénit et lebaiser de la paix en premier, d’avoir unbanc en permanence réservé à sa per-sonne et à sa famille dans le chœur, debénéficier de prières nominales auprône, d’être inhumé dans l’église, defaire décorer l’église d’une litre ou cein-ture funéraire, (des bandes armoriéespeintes sur les murs ou réalisées en

velours noir, au dedans et au dehorsl’église : la largeur et le nombre de ban-des dépendent de la qualité du sei-gneur).

Ces droits sont de peu d’importance,mais leur caractère honorifique engen-dre contestations et litiges.

- l’obligation de défendre l’église, d’enêtre le tuteur ou curateur, de nourrir lespauvres. Un seigneur est aussi sou-vent le parrain «de la grosse cloche dela paroisse...».

LE SEIGNEUR ET LES AUTRES PAROISSIENS

Les rapports du seigneur avec les villa-geois des paroisses qui dépendent deson fief varient d’un seigneur à l’autre,ce qui explique plus tard les différen-ces sensibles rencontrées lors de larédaction des cahiers de doléances àla Révolution.

Certains livres de comptes font appa-raître des frais de chirurgien et de

médicaments pour soigner les domes-tiques et les fermiers, ou la mention depain, de bois et d’argent remis aux pau-vres des villages environnants. Par ail-leurs, en cas de mariage d’une femmedans la seigneurie, le seigneur reçoitles mets (« maictz » : plats, vin, pain)le jour de la cérémonie, sous peined’amende. Il peut être aussi parrain del’un des enfants des villageois etsigner ainsi le registre paroissial.

Les relations du seigneur avec ses«gens» sont aussi largement attes-tées par le grand nombre d’actes nota-riés passés entre le seigneur et sesvassaux, ses fermiers ou ses paysans,qu’il s’agisse de baux, de rentes, deventes ou d’acquisition, d’échanges.

Le seigneur est également très procé-durier, et les procédures qui s’étendentsur des dizaines, voire des centainesd’années, ne sont pas rares.

Aux sources de l’histoire locale - Les archives seigneuriales 15

Lettres patentes par lesquelles Philippe Le Bel se déclare patronet fondateur de l’église Saint-Spire de Corbeil, 1307, Edépôt1/GG405

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Lire les archivesseigneurialesLes archives seigneuriales sontnombreuses. Connaître lesconstructions et expressionstypes permet de parcourir lestextes plus rapidement. Le voca-bulaire, pour le plus souventd’origine médiévale, est récur-rent et doit être connu pour unemeilleure compréhension globaledes documents consultés. Une

bibliographie générale et spécia-lisée apporte des précisions surle contexte et les institutionsconcernées.

COMPOSITION ETCONSTRUCTION TYPES

Le fonds seigneurial

A quelques variantes près, le cadre declassement d’un fonds seigneurial res-pecte l’ordre chronologique par grandefamille, répartissant les documents dela manière suivante :1- documents généraux concernant lafamille : généalogie, titres, droits, pro-cès... ;

2- papiers particuliers ;3- pièces concernant la seigneurie :titres de propriétés, terriers, cartulai-res, droits seigneuriaux... ;4- autres fiefs et arrières fiefs.

Les actes courantsLa construction des actes le plus sou-vent rencontrés dans les fonds d’archi-ves seigneuriales présente un grandnombre de similitudes avec d’autresactes formels ; mais l’analyse diploma-tique qui en est faite ici vise à présen-ter, de la manière la plus pédagogiquepossible, la structure habituelle desdocuments qui peuvent aider à établirl’histoire d’une seigneurie et de sesdétenteurs.

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FOI ET HOMMAGEPrésentation de la juridiction (si confirmé par une juridiction)ou du roi

Présentation du vassal

Présentation du seigneur

Pour quelles terres

Clauses finales (date,lieu, validation)

À tous ceux qui ces présentes [lettres] verront, nom + prénom, fonction de tellieu, salut. Savoir faisons que /par devant tel notaire de tel lieu/par devant nous/

Prénom + Nom + titre ou métier + demeurant à + lieu + situation familiale [fils,femme, héritier, enfant de... telle personne]

Titre honorifique [sage, honorable, noble, maître...] + prénom + nom + fonctions,(contrôleur, écuyer, panetier, examinateur, conseiller...) + seigneur de tel lieu, àcause de [tel hôtel, terre, seigneurie, vicomté...].

A cause des choses/des héritages ci après déclaré(e)s, à cause du décès, trépaset succession de feu telle personne/biens lui appartenant en propre...Nombre [en chiffres romains ou en toutes lettres] + mesure [arpents, quartiers,perches, quartes...] + nature [bois, terre, pré, friches, jardin...] + nombre de pièces + sis/séant à + lieudit/terroir/finage/chantier/lieu de tel nom + voisins[tenant d’une part à telle personne + fonction ou position, + d’autre part à telle personne + fonction + aboutissant sur/par haut/par bas à telle personne + fonction]

Fait et passéLe (date en chiffres romains ou en toutes lettres)Lieu (pas toujours) Signatures ou mention de signature si minute

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Aux sources de l’histoire locale - Les archives seigneuriales 17

AVEU ET DÉNOMBREMENTPrésentation de la juridiction(si confirmé par une juridiction)

(si confirmé par une juridiction)

Présentation de celui qui rendl’aveu

Présentation de celui à qui estrendu l’aveu

Pour quelles terres

Pour quels droits

Garanties de l’acte

Clauses finales (date, lieu,validations)

1 - Minute : original2 - Grosse : copie

A tous ceux qui ces présentes [lettres] verront, nom + prénom, fonction de tellieu, salut.

Savoir faisons que par devant tel notaire de tel lieu

Fut présent en sa personnePrénom + nom + titre ou métier + demeurant à + lieu + situation familiale [fils ,femme, héritier, enfant de telle personne]avoua et avoue à tenir en fief /à tenir en foi et hommage

De + titre honorifique [sage, honorable, noble, maître...] + prénom + nom + fonctions, [contrôleur, écuyer, examinateur, conseiller...] + seigneur de tel lieu, àcause de tel hôtel, terre, seigneurie, vicomté.

Les choses/les héritages ci-après déclaré(e)s, à cause du décès, trépas et suc-cession de feu telle personne/biens lui appartenant en propre...Et premièrement + paragraphes annoncés par Item, construits en général de lamanière suivante :Nombre [en chiffres romains ou en toutes lettres] + mesure [arpents, quartiers,perches, quartes...] + nature [bois, terre, pré, friches, jardin...] + nombre de piè-ces + sis/séant à + lieudit/terroir/finage/chantier/lieu de tel nom + voisins(tenant d’une part à telle personne + fonction ou position, + d’autre part à tellepersonne + fonction ou position + aboutissant sur/par haut/par bas à telle personne + fonction ou position sociale)

Somme + type de monnaie [deniers parisis, livres tournois...] ou nombre dedenrées dues + périodicité [chacun an, deux fois par an] + jour de paiement[Saint Rémy, Saint Martin d’hiver...]

Très abrégées si c’est une minute1, développées si c’est une grosse2

Promettant, obligeant, renonçant,

Fait et passéLe [date en chiffres romains ou en toutes lettres]Lieu [pas toujours) Signatures ou mention de signature si minute

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BAILPrésentation de la juridiction,si confirmé par une juridiction

Présentation du ou despreneur(s)

Présentation du bailleur

Droits et obligations du preneur

Garanties de l’acte

Clauses finales(date, lieu, validations)

A tous ceux qui ces présentes [lettres] verront, nom + prénom, fonction de tellieu, salut. Savoir faisons que par devant tel notaire de tel lieu

Fut présent en sa personne/a comparuPrénom + nom + titre ou métier + demeurant à + lieu + confesse avoir pris àtitre de ferme/à titre de loyer + durée

de Prénom + nom + titre ou métier + demeurant à + lieu

Entre autres choses faire ce qui ensuit... c’est à savoir (exemple : prendre tel droit sur telle terre)cette prise faite moyennant tel prix ou telle part de produit à payer au bailleur àtelle date

Promettant ledit preneur de bonne foi sous condition de tous les biens et deceux de ses hoirs... et avoir le contenu ci-dessus pour agréable à toujours etsans y contrevenir sous peine de dépenses, intérêts et dommages payer...

Fait et passéLe [date en chiffres romains ou en toutes lettres]Lieu En présence de telles personnesSignatures ou sceau de la juridiction

Bail à cens, 1480, E/1128

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Aux sources de l’histoire locale - Les archives seigneuriales 19

DÉCLARATION À CENSPrésentation de la juridiction, siconfirmé par une juridiction

Présentation du déclarant

Présentation du seigneur

Présentation des bienschargés de cens

Pour quels droits

Garanties de l’acte

Clauses finales (date, lieu,validations)

1 - Minute : original2 - Grosse : copie

A tous ceux qui ces présentes [lettres] verront, nom + prénom, fonction de tellieu, salut. Savoir faisons que par devant tel notaire de tel lieu

Fut présent en sa personnePrénom + nom + titre ou métier + demeurant à + lieu + situation familiale [fils,femme, héritier, enfant de telle personne] quia volontairement reconnu qu’il tient à titre de cens

de + titre honorifique [sage, honorable, noble, maître...] + prénom + nom + fonctions + seigneur de tel lieu, à cause de, tel hôtel, terre, seigneurie, vicomté...

les choses/les héritages ci-après déclaré[e]s, à cause du décès, trépas et succession de feu telle personne/biens lui appartenant en propre...Maison, nature, mesure, situation... ou Terres : Nombre [en chiffres romains ou en toutes lettres] + mesure [arpents,quartiers, perches, quartes...] + nature [bois, terre, pré, friches, jardin...] + nom-bre de pièces + sis/séant à + lieudit/terroir/finage/chantier/lieu de tel nom +voisins [tenant d’une part à telle personne + fonction ou position sociale + d’autrepart à telle personne + fonction ou position sociale + aboutissant sur/parhaut/par bas à telle personne + fonction ou position sociale].

chargé[es] de tant de cens : somme + type de monnaie [deniers parisis, livrestournois...] ou nombre de denrées dues + périodicité [chacun an, deux fois paran, en quatre termes] + jour de paiement [Saint Rémy, Saint Martin d’hiver...]envers telle personne suivant tel bail ou telle acquisition, rappel nom du bailleurou du vendeur, date de l’acte, notaire...

Très abrégées si c’est une minute1, développées si c’est une grosse2

Lequel cens reconnaissant, promet, s’oblige à payer, continuer et fournir sous peine de...

Fait et passéLe [date en chiffres romains ou en toutes lettres]Lieu [pas toujours] En présence de telles personnesSignatures ou mention de signature si minute

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LEXIQUE COMPLÉMENTAIRE

ARRÉRAGE : rente ou redevance dont lepaiement est en retard. ALLEU : voir franc-alleuBRANDON : étoffe ou paille tortillée pla-cée au bout de bâtons, plantés autourd’un bien pour en marquer la saisiejudiciaire. SAISIE-BRANDON : saisie de fruitspendants par branches et racines.CARTOUCHE : ornement souvent en formede feuille à demi déroulée destiné àrecevoir du texte, présent dans les ter-riers.CENS : redevance que le possesseurd’une terre paye au seigneur. CENSIVE : terre chargée de cens.CHANTIER : bord de rivière navigable, lieuoù l’on entasse le bois coupé.CHAPITRE : assemblée de moines ou dechanoines.CHÂTELAIN : seigneur ayant droit d’avoirun château fort et de rendre justice.

CHEVALIER (ABRÉVIATION : CHLIER) : hommeadoubé, a le droit de porter les armeset de servir à cheval.CHEVALIER BANNERET : celui qui a droit deporter la bannière, a au moins 50 hom-mes sous ses ordres.COMMISE : saisie d’un fief pour forfaitureou félonie ou en cas de désaveu de fief.CUIVRE : 12ème partie d’un sou. DAME : à l’origine, désigne une femmede rang très élevé, supérieur à celui dedemoiselle. Au XVIIIe siècle, désignetoutes les femmes en général.DAMOISELLE : à l’origine, fille de damenoble ou châtelaine, puis femmemariée de noblesse inférieure. Puis,terme étendu à toutes les femmes.DENIER : un denier d’argent = 240èmepartie d’une livre d’argent ECUYER (ABRÉVIATION : ESC) : jeune hommeaspirant à la chevalerie et qui portel’écu du seigneur. Puis à partir du XVIesiècle, titre de noblesse de plus en plususurpé par les roturiers.ENSAISINEMENT : mise en possession d’unbien tenu en roture.

FEUDISTE : homme versé dans la matièredes fiefs («feud»= fief en ancien fra-çais). FEU : par extension, signifie une chemi-née, donc une maison, un ménage. FIEF : domaine concédé à titre detenure noble par le seigneur à son vas-sal, à charge de certains services.FINAGE : territoire que limite une juridic-tion (ex : paroisse, commune).FOLIO : synonyme de feuillet, se dit enparlant de registres ou de manuscrits. FRANC-ALLEU : héritage franc ou libre detous devoirs féodaux (bien allodial).FRANC-FIEF : taxe due par un non noblepour obtenir la permission de tenir uneterre noble.GÉOMÈTRE : arpenteur géomètre, audépart personne qui connaît les mathé-matiques, puis homme chargé de bor-ner un terrain, d’estimer la valeur d’unbien, appelé pour expertise en cas deconflit. Parfois, il est chargé de l’élabo-ration de plans terriers. GRUERIE : juridiction du gruier, gardeforestier.

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SAISIEPrésentation de l’huissier

Présentation du fief

Cause de la saisie

Apposition de la main du roi

Clauses finales (date, lieu,validations)

Date, Nom, prénom, fonctionSur présentation de lettres royauxa fait prendre, saisir et mettre en sa main un fief

qui appartient à Prénom + nom+ titreet comporte tels biens et terres

Hommage et devoirs non faits

Me suis transporté à tel endroit en présence de tels témoins, Ai mis et apposé la main du roi et l’ai confortée par la main de tel seigneuret fais défense à telles personnes de s’opposer à cette main du roi tant que lesdevoirs n’ont pas été faits et les droits non payés.

Date, sceau, signature.

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HACHE : pièce de terre qui pénètre enforme de hache dans une autre piècede terre (terme d’arpenteur).HORSIN : tenancier qui possède des ter-res au-delà des limites de son fief oude sa paroisse. INFÉODATION : acte de donner en fief uneterre, une dignité, une charge, un bienmeuble ou immeubleLICENCIÉ (ABRÉVIATION : LIC) : personne qui aobtenu le grade universitaire de lalicence. Généralement «es lois», qui afait des études de droit.LIVRE : monnaie servant aux comptes :une livre tournois (lt) = 20 sous ; unelivre parisis (lp) =25 sous.NOBLE : qui appartient à la noblesse, depar ses qualités (honneur, courage,générosité), acquise par lignée ou paranoblissement royal. La noblesse s’op-pose à la roture. Elle donne des obliga-tions (service militaire) mais aussi desprivilèges, de type honorifique (port del’épée, armoiries, préséances auxcérémonies, encensement, droit dechasse, de colombier...), judiciaire(exemption des tribunaux inférieurs,décapitation en cas de condamnation àmort) ou fiscal (exemption de taille).La noblesse titrée (princes de sang,ducs, marquis, comtes, vicomtes,barons) s’oppose à la simple noblesse.OBOLE : petite monnaie de cuivre =4/8ème de denier. PAISTERIE : droit de pâture.PITE OU PITTE : 2/8ème de denier. POLYPTYQUE : dénombrement des pos-sessions d’une maison religieuse(synonyme : pouillé).ROSACE : ornement en forme de courbesinscrites dans un cercle, que l’ontrouve sur les plans terriers.SAISINE : le droit d’un seigneur à prendrepossession d’un héritage établi sur sesterres, parfois malgré l’existence d’héri-tiers ; dans ce cas, il leur donne uneautre terre. SAISINE : prise de possession d’un héri-tage par un acquéreur, qui doit signalercette acquisition au seigneur dont

relève le bien. Droit dû au seigneurpour prendre possession de ce bien.SEIGNEURIAGE : droit de battre monnaie.SEMI-PITE OU SEMIPITTE : 1/8ème de denier. SERGENTERIE : office des sergents, offi-ciers de justice.SIEUR (SR) : titre donné à un simple sei-gneur.SOL OU SOU (S) : subdivision de la livretournois ou parisis.SUZERAIN : qualité de celui qui possèdeun fief dont d’autres relèvent.SOUVERAIN : qui est au-dessus desautres. Qualifie un seigneur qui a droitd’exercer la justice, battre monnaie etlever des armées.TENURE : portion d’une seigneurie ruraleoccupée et cultivée par un tenancier etsa famille.TERROIR : le sens de ce mot varie sou-vent. Il peut signifier «terrain agricole»mais aussi «domaine».VOL DE CHAPON : le chapon est la portion deterre revenant de droit à l’aîné et quientoure généralement le manoir paternel.

BIBLIOGRAPHIELes ouvrages notés d’un * sont enaccès libre en salle de lecture. Pour lesautres, la cote est indiquée en fin denotice, lorsque l’ouvrage est conservéaux Archives départementales del'Essonne.

Ouvrages généraux

BARTHELEMY Dominique. L'Ordre sei-gneurial XIe - XIIe siècles, NouvelleHistoire de la France médiévale. Paris,Editions du Seuil, 1990. Collection«Points Histoire». 16°/977.BLOCH Marc. La Société féodale. Paris,Albin Michel, 1968. 16°/109.BLOCH Marc, Les Caractères originauxde l’histoire rurale française. Paris, 2e

édition, 1955.*BOURIN Monique, DURAND Robert.Vivre au village au Moyen-Age. Rennes,

P.U.R, 2000. Collection Didact Histoire.8°/3306.BOUTRUCHE Robert. Seigneurie et féo-dalité, I Le Premier âge des liensd’hommes à homme, 2e éd.. Paris,Aubier, 1968, II, L’Apogée (XI-XIIIe siè-cles), 1970. Collection historique.*DELSALLE. Paul (dir). La Recherche enarchives XVIe- XVIIe- XVIIIe. Paris :Ophrys, 1993.*DELSALLE. Paul (dir). La Recherchehistorique en archives du Moyen-Age.Paris, Ophrys, 1995. 8°/3070. DUBY Georges. La Société aux XI et XIIe

siècles dans la région mâconnaise.Paris, 1953. [dépasse de beaucoup lecadre régional].FOSSIER Robert. Histoire sociale del’Occident médiéval. Paris, Colin, 1970.Collection U. GANSHOF Fl. Qu’est-ce que la féodalité.Bruxelles, 4e édition, 1968.GARRIGOU-GRANDCHAMP Pierre. De-meures seigneuriales dans la Francedes XIIe-XIVe siècles : Etudes sur lesrésidences rurales des seigneuries laï-ques et ecclésiastiques. Paris, SociétéFrançaise d'Archéologie, 1999.4°/2222.*GIRY Alfred. Manuel de diplomatique.New-York, Burt Franklin, 1893. LE BRAS, G.. Institutions ecclésiasti-ques de la Chrétienté médiévale. Paris,Bloud et Gay, t. XII d’histoire de l’Eglise,1re partie, 1959 (2e éd. 1965), 2e partie1964.LE GOFF Jacques. Les Intellectuels auMoyen-Age. Paris, 1960.LOT Ferdinand, FAUTIER Robert.Histoire des institutions françaises,Moyen-Age. Paris, PUF, 1957-1962, 3vol.PACAUT Marcel. Les Structures politi-ques de l’Occident médiéval. Paris,Colin, 1969. Collection U.PETIT-DUTAILLIS Charles. La Monarchieféodale en France et en Angleterre, X-XIIIe siècles. Paris, Albin Michel, 2e édi-tion, 1950. Collection Ecole de l’huma-nité, tome 41.

Aux sources de l’histoire locale - Les archives seigneuriales 21

Page 22: Les archives seigneuriales - Essonne

ROLLAT, Michel. Genèse médiévale dela France moderne (XIV-XVe siècles).Paris, Colin, 1970. Collection U.

Ouvrages spécialisés

LES PAYSANS

BEZARD Yvonne. La Vie rurale dans lesud de la région parisienne de 1450 à1560. Paris, Firmin Didot, 1929, 8°/87.DUBY Georges. L’Economie rurale et lavie des campagnes dans l’Occidentmédiéval (France, Angleterre, Empire,IXe-XVe siècles). Paris, Aubier, 1962, 2vol.. 16°/188.DUBY Georges, WALLON Armand.Histoire de la France rurale. Paris, LeSeuil, 1976, 4 vol., 8°/1177.FARCY Jean-Claude. Les Paysans beau-cerons au XIXe siècle. Chartres, SociétéArchéologique d’Eure-et-Loir, 1989. 8°/2554.FOSSIER Robert. Villages et villageoisau Moyen-Age. Paris, EditionsChristian, 1995. 8°/ 2966.FOURQUIN Guy. Les Campagnes de larégion parisienne à la fin du Moyen-Age, milieu XIIIe-début XVIe siècle. Paris,PUF, 1964. 8°/ 564.GOUBERT Pierre. La Vie quotidienne despaysans français au XVIIe siècle. Paris,Hachette, 1982. 16°/839.GROUPE DE SOCIOLOGIE RURALE. Atlasde la France rurale. Paris, Presses de laFondation Nationale des SciencesPolitiques, 1968. F°/126.JACQUART Jean. Société et vie ruralesdans le sud de la région parisienne dumilieu du XVIe siècle au milieu du XVIIe

siècle. Lille, Université de Lille III, 1973.8°/878.JACQUART Jean. La Crise rurale en Ile-de-France, 1550-1670. Paris, ArmandColin, 1974. 8°/1091.LACHIVER Marcel. Vin, vigne et vigne-rons en région parisienne du XVIIe auXIXe siècle. Pontoise, Société Historiqueet Archéologique de Pontoise, du Vald’Oise et du Vexin, 1982. 8°/1798.

*LACHIVER Marcel. Dictionnaire dumonde rural : les mots du passé. Paris,Fayard, 1997. LEFEVRE Simone. Les Banalités dansles seigneuries religieuses de la régionparisienne (Xe-XIIIe siècles) : extrait desActes du 105e congrès national dessociétés savantes à Caen, 1980. Paris,Bibliothèque nationale, 1984.PBR/1744.MORICEAU Jean-Marc. Les Fermiers del’Ile-de-France, XVe-XVIIIe siècle. Paris,Fayard, 1994. 8°/2865.Paris et ses campagnes sous l’AncienRégime : mélanges offerts à JeanJacquart. Paris, Publications de laSorbonne, 1994. 8°/2894.Seigneurs et seigneuries au MoyenAge. Paris, éditions du CTHS, 1993.8°/2851.Un village au temps de Charlemagne :moines et paysans de l’abbaye deSaint-Denis du VIIe siècle à l’an mil.Paris, Ministère de la Culture, 1988.8°/2473.

LES SEIGNEURS

BARTILLAT Christian de. Histoire de lanoblesse française (1789-1989) : 1,Les aristocrates de la Révolution auSecond Empire. Paris, Albin Michel.8°/2514.BIANCHI Serge, et al.. Histoire d’undomaine : du château seigneurial deDraveil à la cité coopérative Paris-Jardins, Draveil, Association les Amisde l’Histoire du Château de Draveil,1984. 8°/1988.BLUCHE François. La Vie quotidiennede la noblesse française au XVIIIe siè-cle. Paris, Hachette, 1973. 16°/429.*CHAIX D’EST-ANGE Gustave. Dic-tionnaire des familles françaises ounotables. Paris, réédition Vendôme,1983. CHAUDRE Christian. Les Seigneuries duchapitre de Notre-Dame de Paris ausud de Paris de 1436 à 1500. 1980.Mémoire de maîtrise, sous la directionde Robert Fossier. Université de Paris I,dactylographié. 4°/1995.

CONSTANT Jean-Marie. La Vie quoti-dienne de la noblesse française auxXVIe-XVIIe siècles. Paris, Hachette,1985. 8°/2134.CONTAMINE Philippe. La Noblesse auMoyen Age, 11e-14e siècle. Paris, PUF,1976. 8°/1328.DUBY Georges. L’Economie rurale et lavie des campagnes dans l’Occidentmédiéval, France, Angleterre, Empire(IXe-XVe siècles). Paris, Aubier, 1962.16°/188.DUBY Georges, WALLON Armand.Histoire de la France rurale. Paris, LeSeuil, 1976. 8°/1177.DU PUY DE CLINCHAMPS, Philippe. LaNoblesse. Paris, Presses universitairesde France, 1959. 16°/505.FOURQUIN Guy, Les Campagnes de larégion parisienne à la fin du Moyen Age(milieu XIIIe-début XVIe siècle). Paris,PUF, 1964. 8°/564.LEMARIGNIER Jean-François. De l'im-munité à la seigneurie ecclésiastique :les territoires coutumiers d'églises enIle-de-France et dans les régions voisi-nes d'après les diplômes des premierscapétiens (987-1108). In Etudesd'Histoire du droit canonique dédiées àGabriel Le Bras, tome 1, p. 619-630.[Photocopie]. Paris, Sirey, 1965.PBR/160.*LEVANTAL Christophe. Ducs et pairs etduchés-pairies laïques à l’époquemoderne (1519-1790). Paris, éditionsMaisonneuve et Larose, 1996.MESQUI, Jean. Ile-de-France gothique 2 :les demeures seigneuriales. Paris,Picard, 1988. 8°/2466.Seigneurs et seigneuries au Moyen-Age. Paris, éditions du CTHS, 1993.8 °/2851.Archives Municipales d’Étampes.Héraldique et généalogie des sei-gneurs d'Étampes, XIIIe-XVIIIe siècles.Étampes : ville d'Étampes, septembre2000. 16°/991.Les Lieux et les images de la mort enEssonne. Deuxième rencontre desassociations historiques du sud et cen-

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Page 23: Les archives seigneuriales - Essonne

tre Essonne. Brétigny, 1er décembre2001. Étampes, Associations Histo-riques du sud et centre Essonne, 2003.GBR/2778.

LA CONFECTION DES TERRIERS

Actes du Colloque de Paris (23-25/11/1998), Terriers et plans-terriersdu XIIIe au XVIIIe. Paris, École desChartes et Association des SociétésRurales, 1995. 8°/3302. DUPAQUIER Jacques. Étude de la pro-priété et de la société rurale d’aprèsles terriers. In Actes du 89e CongrèsNational des Sociétés Savantes, TomeI. Paris, 1964. REV68. PLUQUET M., LALUCQ A.. Les Dames deSaint-Eutrope, histoire du monastèrede l’Annonciade de Saint- Germain-lès-Arpajon. Germain-lès-Arpajon, Maury,2001. 8°/3223. ROHMER Michel. Arpenteurs et livresterriers. Géomètre, n°10, octobre 1972,p. 25-41 et 71-73. GBR/1335.

SIGILLOGRAPHIE ET HÉRALDIQUE

*CHASSANT Alphonse, TAUSIN Henri.Dictionnaire des devises historiques ethéraldiques, tomes I-III. Genève, réédi-tion Slatkine Reprints, 1978. *DALAS Martine. Corpus des sceauxfrançais du Moyen-Âge : Les sceauxdes rois et de régence (tome 2). Paris,Archives Nationales, 1991, 340 p. DEURBERGUE Maria. Les Sceaux desdames jusqu’en 1350, spécialement enIle-de-France. In Positions des Thèses,1966, p 29-32. REV126.*GANDILHON René, PASTOUREAUMichel. Bibliographie de la sigillogra-phie française. Paris, Ed. A. et J. Picard,1982. MARSY, comte de. Sceaux ecclésiasti-ques du diocèse de Paris. Bulletin ducomité d’Histoire et d’Archéologie dudiocèse de Paris, n°3, juillet 1883, p358.STEIN, Henri. Liste de trente-huitsceaux, concernant le département deSeine-et-Oise, ne figurant pas dans lecatalogue de Demay, déposée à la

C.A.A.S.O. le 5 mai 1887. Bulletin de laC.A.A.S.O., Le Vol., 1943, p. 144. REV2.STEIN, Henri. Quelques sceaux inéditsdu Gâtinais. Annales du Gâtinais, tome13, 1895, p. 267-272. REV8.*PASTOUREAU Michel, POPOFF Michel.Les Armoiries, lecture et identification.Paris, Inventaire, Documents et métho-des, 1994.

Pistes d’histoire locale Liste non exhaustive, à compléter parla consultation de la base de données«Clara91», en salle de lecture desArchives départementales del'Essonne.

ALLAIN HG. Milly en Gâtinais, histoireanecdotique de ses seigneurs, le cen-tenaire de la révolution de 1789.Corbeil, Imprimerie Crété, 1889.PBR/1485.ASSOCIATION ART ET HISTOIRE du paysde Châtres. Les Seigneurs de Châtres.Arpajon, Association Art et histoire dupays de Châtres, 1983. 4°/1460.

Aux sources de l’histoire locale - Les archives seigneuriales 23

Terrier de Chamarande, le seigneur,

[XVIIè siècle], 39J

Terrier de Chamarande, rosace, 39J

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BASSIERE Dominique. Les Thomas deBrétigny, des seigneurs méconnus(avant 1392-vers 1430). Bulletin del'association historique et archéologi-que de Brétigny-sur-Orge et environs,2003, n° 5, p. 4-7. ART/316.BERNOIS abbé C. Histoire de Mérévilleet de ses seigneurs. Orléans, M. Marronéd., 1903. 8°/36.BOULAY abbé L. La Seigneurie deCourances (Seine-et-Oise). Annales duGâtinais, s.l., s.n., 1893, p. 329-366.PBR/610.CAVAILLER Paulette. Jacques Amyot,seigneur de Thivoin de la Tourd'Abbeville et de la Grange des Bois àAuvers-Saint-Georges. Bulletin de laSHACEH, s.l., s.n., 1972, p.51-56.PBR/677.CREUZET Emile. Histoire seigneuriale,civile et paroissiale de Saintry, arron-dissement de Corbeil. Paris, A. Picard etFils, 1907. 8°/122.

FIRON Anne-Marie. Pussay, ses sei-gneurs, ses manufacturiers, ses villa-geois. Le Mée-sur-Seine, Amattéis,1995. 8°/3298.FORTEAU Ch. La Seigneurie de Moret,près Boigny, en la paroisse deMéréville. Étampes, Impr. Lecesne-Allien, 1902. 16°/830.GENTY abbé A.E. Histoire de La Norvilleet de sa seigneurie. Paris, Sociétégénérale de librairie catholique, 1885.16°/256.JACQUART Jean. Racan, seigneur deBullion. Bulletin de la SHACEH, s.l., s.n.,1963, p.91-94. PBR/181.JEANNIOT Roger. Sur la trace des pre-miers seigneurs de Soucy. Fontenay-les-Briis, La lettre, Bulletin municipal,février 2004, n° 72, p. 8 et 11. ART/335.LAHAYE Maurice. La Seigneurie deQuincy-sur-Yerres en Brie, s.l. [Quincy-sous-Sénart], s.n., s.d. [v. 1958].PBR/911.

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Terrier de Marcoussis, les arpenteurs au travail,

[XVIIIe siècle], 1Fi/611

Page 25: Les archives seigneuriales - Essonne

MORIN Guillaume. Histoire généraledes pays de Gastinois, Senonois etHurpois contenant la description desantiquitez des villes, bourgs, chas-teaux, abbayes, églises et maisonsnobles desdits pays avec les généalo-gies des seigneurs et familles qui endespendent. Paris, Chez la veusvePierre Chevalier, 1630, réed. Pithiviers-Paris-Orléans, H. Laurent-Champion-Herluison, 1883, 3 tomes. 8°/3645,8°/3646, 8°/3647.

MOTTHEAU Charles. Brunoy, esquissehistorique, 2e partie : seigneurs et sei-gneuries. Mémoires et documents dela Société historique et archéologiquede Corbeil, d'Etampes et du Hurepoix T.X, Paris, Ecole des Chartes-Société his-torique et archéologique de l'Essonneet du Hurepoix, 1911, p 139, ART/164.PABIOT Alain. Chanteloup, domaineroyal à travers les âges (2). Bulletin del'Association Art et Histoire du Pays de

Châtres, 1982, n° 4, p. 47-50. ART/16.STAES Georges, CAVAILLER Paulette.Les Seigneurs d'Yerres. Bulletin de laSHACEH, 84ème année, 1978, s.l., s.n.,1979, p. 19-48., PBR/1236.THIBIERGE Marie-Madeleine. Sur les tra-ces des anciens seigneurs de Châtres,le Château de Malesherbes. Bulletin del'association Art et Histoire du pays deChâtres, n° 23, 1998, p 42-44. ART/114.

Aux sources de l’histoire locale - Les archives seigneuriales 25

Église de Souzy-la-Briche, 16Fi/170

Fragment du monument funéraire de Galéas de Salazar, église Sainte-Trinité à Morigny-Champigny, 1523, 16Fi /121-6

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Rechercherles archivesseigneuriales

Qu’ils soient conservés auxArchives nationales ou départe-mentales, les documents seigneu-riaux sont à rechercher en prioritédans les fonds antérieurs au XVIIIe

siècle. Les apports des sciencesauxiliaires de l’histoire (sigillogra-phie, héraldique, statuaire...) sontimportants, notamment lorsqueles sources écrites manquent.

ARCHIVES NATIONALESET DÉPARTEMENTALES

Nombreux sont les fonds demeurésdans les familles, notamment enEssonne. Toutefois, les principales pis-tes de recherches dans les archivespubliques sont les suivantes :

Quelques pistes aux Archivesnationales

Série H : comptes des Célestins.Série JJ : Trésor des chartes.Séries L et LL : archevêché et Église deParis : grandes abbayes de la régionparisienne ayant des biens enEssonne, (Célestins de Marcoussis).Série M : ordres militaires, hôpitaux,maladreries (Commanderie de Saint-Jean-de-l’Isle près Corbeil).Série Mc : minutier central, archivesnotariales de Paris.Série O : Maison du Roi : nombreux ter-riers, baux, estimations.Série P : hommages, aveux et dénom-brements.

Série Q : titres domaniaux (ensaisine-ment de Vert-le-Grand).Série S : archives des seigneuriesecclésiastiques, biens des corpora-tions supprimées (fief de Villeroy àMennecy, dîme de Chilly et Mazarin, LaNorville, Wissous, Epinay, Longjumeau,Célestins de Marcoussis, maladrerie deMontlhéry...).Séries R et T : archives des princes etémigrés.Série Z2 : juridictions ordinaires roya-les et seigneuriales.Bases de données ARNO sur le site desArchives de France, www.archivesna-tionales.culture.gouv.fr/arn : recherchepar mot matière, lieu ou nom de familleparmi les actes notariés passés àParis, en 1551, 1751, 1761, 1851.

Archives départementales de l’Essonne

Les séries les plus intéressantes àconsulter sont :

ARCHIVES ANCIENNES ANTÉRIEURES À 1800Série A (actes du pouvoir souverain) :apanages, seigneuries dépendant dudomaine royal.Série E (féodalité, communes, bour-geoisie, familles) : titres féodaux etactes notariés notamment pour Athis,Louans, Massy, Palaiseau, Orsay....Série G (clergé séculier) : titres deséglises collégiales et paroissiales(Saint Merry-de-Linas, Brétigny-sur-Orge, Wissous...)Série H (clergé régulier) : titres desprieurés Notre-Dame-de-Longpont,Saint-Eloi-lez-Longjumeau, Saint-Pierreet Saint-Laurent de Montlhéry, desBénédictins de Gif, de commanderies...

ARCHIVES TOUTES PÉRIODES

Sous-série 2E (archives notariales) :baux, contrats de mariage, testaments,inventaires après décès, successions ;archives seigneuriales confiées auxnotaires : relevés d’arpentage, déclara-tions de censives, terriers...

Série J (archives d’origine privée) : fondsde seigneuries, fonds d’érudits locauxcomportant parfois des originaux.

Des centaines de terriers sont disper-sées dans plusieurs séries.L’informatisation des instruments derecherches a permis de les localiser : laliste est disponible en salle de lectureou sur la base de données Clara91,accessible en salle de lecture.

Plus ponctuellement, des documentspeuvent se trouver dans les séries sui-vantes :

ARCHIVES ANCIENNES ANTÉRIEURES À 1800Série B (cours et juridictions) : appel desjustices seigneuriales, conflits de com-pétences, nomination d’officiers sei-gneuriaux...Série C (administrations provinciales) :plans d’intendance de la fin du XVIIIe

siècle, registres de formalité (muta-tions immobilières).Série D (instruction publique) : titresdes congrégations enseignantes.

ARCHIVES MODERNES 1800-1940Sous-série 2M et 3M (élections munici-pales) : listes d’élus (nombreux nota-bles).Sous-série 4N (bâtiments départe-mentaux) : titres de domaines acquispar le département.Sous-série 2O (administration commu-nale) : titres de domaines acquis parles communes.Sous-série 4O (dons et legs) : nom-breux dossiers de notables.Sous-série 3P (cadastre) : plans cadas-traux début XIXe siècle.Série Q (domaine, enregistrement,hypothèques) : vente des biens desémigrés, gestion des domaines appar-tenant à l’Etat, registre de formalités etd’hypothèques (mutations immobiliè-res, avec tables de vendeurs et desacquéreurs).Sous-série 8R (dommages de guerre) :dossiers d’indemnisation concernantdes anciens domaines.

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Série S (carrières, rivières, transports,bâtiments, chemins) : plans de domai-nes traversés par des travaux de che-mins de fer, lotissement de parcs,ouvertures de carrières et tourbières,dossiers de moulins.Série X (assistance et prévoyance),série Y (établissements pénitentiai-res), série Z (sous-préfecture) :anciens châteaux utilisés comme pri-son, établissements hospitaliers ou debienfaisance, établissements d’ensei-gnement.

ARCHIVES CONTEMPORAINES POSTÉRIEURES À

1940 Série W : dossiers de gestion des pro-priétés du Conseil général (domainesde Méréville, Chamarande,Montauger...).

BIBLIOTHÈQUE

PBR (petites brochures), GBR (grandesbrochures) : nombreuses monogra-phies et biographies.

INTÉRÊTS ET LIMITES

INTÉRÊTS

- généalogie : nom, titre et liens fami-liaux des personnes citées dans lesactes, actes familiaux et généalogiedes seigneurs ;

- structure de l’habitat : bâtiments d’ex-ploitation, nature, disposition etstructure des terroirs ;

- rapports juridiques, économiques etsociaux : entre tenanciers, entre voi-sins, entre le seigneur et ses gens ;

- mobilité sociale et géographique :ascension des roturiers ;- pouvoirs seigneuriaux ;- histoire générale : mention d’événe-

ments expliquant la réfection du terrier, l’abandon de terres (ex :guerre) ;

- alphabétisation rurale : présence ouabsence des signatures ;

- toponymie : noms de lieux dans lesdéclarations censuelles et dans lesterriers.

LES LIMITES

L’histoire d’une seigneurie doit parfoisêtre élargie : le hasard des mariages,des successions et des départs faitque, souvent, le seigneur possède desterres en dehors de la paroisse ou de laseigneurie. Les lacunes ou impréci-

Aux sources de l’histoire locale - Les archives seigneuriales 27

Orsay, bail à croît de cens, 1482, E/1128

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sions sont fréquentes dans les actes,notamment les plus anciens ou enpériode de troubles (pas de mesuresde terres, nom des voisins inconnus,etc.). De nombreux terriers sont par-tiels, ne correspondant qu’à une partiedu domaine seigneurial ou à une datedonnée.Il y a très peu de représentations figu-rées : les plans sont souvent inexis-tants ou manquants.

Par ailleurs, le vocabulaire persiste aufil des siècles, mais les réalités chan-gent : il convient donc d’être prudentdans l’interprétation d’un terme.

AUTRES SOURCES

Le patrimoine bâti

Sont à explorer : TRACES ARCHÉOLOGIQUES : rapports de fouil-les conservés à Direction régionaledes affaires culturelles, 98 Rue deCharonne à Paris, et parfois aux

Archives départementales del'Essonne.MONOGRAPHIE COMMUNALE : situation de lacommune au XIXe siècle, rédigée parl’instituteur, comprenant souvent unrésumé historique sur les seigneuriesde la commune : accessible sousforme numérisée en salle de lecturedes Archives départementales del'Essonne.CARTES ET PLANS (sous-série 1Fi) : planscadastraux...

GRAVURES ET DESSINS [sous-séries 3 et 4 Fi ] :vues de châteaux ou de parcs au XVIIIe

et XIXe siècle.VUES AÉRIENNES (sous-séries 7 et 44 Fi) :nombreux domaines.CARTES POSTALES (sous série 2Fi) : parcs,châteaux, manoirs ...PUBLICATIONS DES ASSOCIATIONS LOCALES (sériesPBR et GBR notamment) : petites etgrandes brochures.DOSSIERS DU PRÉ-INVENTAIRE (sous-série 2W) :descriptions, croquis et photographiesdu patrimoine mobilier et bâti établispar le comité départemental de pré-inventaire, entre 1970-1984, en prévi-sion de l’établissement de l’lnventairegénéral des monuments et richessesartistiques de la France, qui a pour butla protection du patrimoine d’intérêtnational.

Le mobilier

En Essonne, le seigneur est représentéprincipalement par le monument funé-raire : LA DALLE FUNÉRAIRE est une pierre longue,peu épaisse (Saint-Sulpice-de-Favières).LA STATUE FUNÉRAIRE au Moyen-Age (etjusqu’à la Renaissance) est appelée«transi» : il s’agit d’une représentationde l’effigie d’un mort à l’état de cada-

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Livre des plans de la maison d’Orangis, terres aux lisières, 1774, 1J/178

Château de Courances, 7FI

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vre, nu et se décomposant. Elledevient par la suite «gisant» ou«priant», selon la position du person-nage. L’effigie du défunt y est gravéeou en très faible relief.L’ÉPITAPHE est une inscription funérairequi mentionne la date de décès, par-fois la date de naissance, la situationmatrimoniale, la qualité (seigneur, dia-cre, etc.).LA LITRE est une bande horizontalepeinte (rarement sculptée) sur les élé-vations intérieures ou parfois extérieu-res de l’église, et porte des armoiries.La litre a souvent un caractère funé-raire : le fond est alors peint en noir.LES ARMOIRIES sont un ensemble d’emblè-mes symboliques (cf infra «Hé-raldique») distinguant les famillesnobles entre elles.LA BORNE est une pierre levée qui mar-que les limites d’une propriété, d’unterritoire ou les distances sur les rou-tes. On distingue la BORNE MILLIAIRE, quidonne la distance tous les mille paschez les Romains, de la BORNE DE JUSTICE

OU DE CORVÉE, qui matérialise la limite dela seigneurie ou de l’évêché.

L’héraldique

L’héraldique étudie les armoiries.Celles-ci sont des emblèmes en cou-leur, signes de reconnaissance d’unindividu, d’une famille ou d’une institu-tion, soumises à des règles codifiéesau XIIe siècle d’une manière immuable.

EVOLUTION HISTORIQUE

Entre le XIe et le XIIIe siècle, les cheva-liers occidentaux partant en croisade,rendus méconnaissables par leurs pro-tections, prennent l’habitude de fairereprésenter sur leur bouclier des figu-res servant de signes de reconnais-sance.Les figures représentées sont géomé-triques, animales ou florales. Ellessont peintes en couleur et deviennentde véritables armoiries dès l’instant où

leur emploi est constant chez unmême combattant.Le phénomène, d’abord à caractèremilitaire, s’étend rapidement auxautres catégories sociales. Toutes lesfamilles nobles et bourgeoises, lescommunautés civiles (villes, corpora-tions, confréries...) et religieuses(ordres, abbayes, paroisses...) portentdes armoiries jusqu’à la fin de l’AncienRégime. La Révolution, considérant lesarmoiries comme un apanage de lanoblesse, en interdit l’usage. NapoléonIer le rétablit tout en le réservant auxnobles ; Louis XVIII abolit les décisionsdu Premier Empire, et chacun est ànouveau libre de porter les armoiriesde son choix.

SIGNIFICATION

Les armoiries sont avant tout un lan-gage codé. Elles contiennent certainséléments mis en relation avec le nomde celui qui en fait usage. La relationpeut être directe (exemple : la familleLecoq porte un coq sur son écu), indi-recte (exemple : la famille Lepaureporte un porc sur son écu) ou tout-à-fait allusive (appartenance politique,production agricole, etc.).

SOURCES

Les armoiries seigneuriales peuventêtre gravées ou dessinées sur la cou-verture des registres terriers. On entrouve également parfois sur les car-touches des plans, les sceaux ouencore dans les généalogies dites«armoriées».D’autres sont assez bien conservéessous forme de clef de voûte sculptéeou gravée, voire de plaques de chemi-née, dans les anciens bâtiments,notamment dans les églises.

INTÉRÊT

Les sources du Moyen-Age étant pau-vres en représentations figurées, lesarmoiries sont parfois la seule illustra-tion connue. Elles permettent parfois

d’identifier le possesseur d’un bâti-ment, d’un tombeau ou d’un document,avec l’aide des ouvrages existants surle sujet ou l’avis de spécialistes (ser-vice de sigillographie aux Archivesnationales).

LIMITES

Toutes les armoiries ne sont pas identi-fiables. Seuls les seigneurs les plusimportants avaient les moyens de fairereprésenter leur blason sur leurs pos-sessions. Les armoiries ont en outresouvent été martelées à la Révolution,comme symbole de pouvoir.

La sigillographie

La sigillographie étudie les sceaux.

EVOLUTION HISTORIQUE

Le sceau est une galette de cire atta-chée à un document soit par placage,soit par suspension et portant l'em-preinte ornée d'une effigie ou d'unsymbole propre à une personne physi-que ou morale. Connu dès l'Antiquité,l’usage du sceau se répand à nouveausous les Carolingiens, tout d'abord

Aux sources de l’histoire locale - Les archives seigneuriales 29

Gisant de Jehan Monsalt, mort en 1376, église de Courances.

16Fi55/32

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dans la chancellerie royale, puis dansl'aristocratie et gagne ensuite unegrande partie des couches de lasociété.

Le sceau valide l'acte qu'il scelle etatteste ainsi la capacité juridique decelui qui le détient. Il est facilementreconnaissable par tous, même pardes illettrés. Le déclin réel du sceau alieu au XVIe siècle : le papier se substi-tue de plus en plus au parchemin, lenotariat se développe et la signatureautographe entre dans les mœurs.

TYPES

Les sceaux de cire peuvent être de for-mes différentes mais la forme rondedomine dans les actes des fonds d’ar-chives essonniens.

Le sceau de majesté représente le sou-verain assis sur un trône.Le sceau équestre est le type le plusrépandu dans l'aristocratie laïque. Ilreprésente le titulaire montant un che-val en course, armé pour la guerre etl'épée haute.Le sceau féminin est souvent en formede navette, ce qui permet de représen-ter la titulaire debout et de face.Le sceau épiscopal ou abbatial montrele buste de l'évêque ou du prêtredebout en train de bénir, ou la figure dedévotion. Le sceau héraldique représente lesarmoiries d'une famille.Le contre-sceau est une empreinte depetite taille au revers de la galette decire pour rendre la falsification dusceau plus difficile.

SOURCES

Les sceaux sont à rechercher dans lessources du Moyen-Age et d’AncienRégime, en particulier parmi les docu-ments de donation ou de confirmationde privilège (fonds royaux, ecclésiasti-ques et seigneuriaux).

INTÉRÊT

L’étude du sceau permet d’abord demettre une image sur un personnageou une institution. C’est aussi un bonmoyen de suivre l’évolution de sareprésentation, si plusieurs sceauxsuccessifs sont conservés. Enfin, lesceau indiquant la capacité juridiquedu sigillant, il peut venir appuyer uneétude sur le degré d’autonomie d’unecommunauté, d’une institution ou d’unindividu.

LIMITES

Très peu de sceaux nous sont parve-nus intacts. Les documents scellésconservés aux Archives départemen-tales de l'Essonne sont en cours denumérisation. Le support de substitu-tion ainsi constitué permettra ainsi deles communiquer sans risque pourl’original.

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Sceau de Maurice de Sully,évêque de Paris, 1233,

63H/59-H167

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Aux sources de l’histoire locale - Les archives seigneuriales 31

Sceau aux armes de Jean d’Yerres, 1269,

61H/8-H44

L’équipement du chevalier

Le heaume : casque qui recouvre la tête et le visage du chevalierL’ailette armoriée : placée sur l’épaule, elle représente les armoiries du chevalier qui permettent de le reconnaître.Le haubert : longue chemise en mailles d’acier que le chevalier portesous sa tunique. Il pèse environ 10 kg.Le surcot : ou bliaud ou cotte d’armes, tunique sans manche, en toileou en soie, souvent décorée d’armoiries. Elle recouvre lehaubert et permet au chevalier de combattre au soleil.Les solerets : pièces de métal qui protègent les pieds.Le caparaçon ou housse d’armes : housse de mailles de fer ou de drap qui recouvre le corps ducheval pour protéger le cheval des coups. Décorée avec lesarmoiries, elle permet de reconnaître le chevalier dans lestournois.La chaînette : elle relie l’épée à l’armure pour éviter qu’elle ne tombe àterre lors des combats.L’écu : petit bouclier décoré avec les armoiries du chevalier.La guiche : courroie qui retient l’écu au corps du chevalier

Sceau équestre de Béraud de Chailly, connétable, 4H/20 (H2), 1305

Page 32: Les archives seigneuriales - Essonne

Archives départementales de l'EssonneDomaine départemental de Chamarande

38, rue du Commandant Arnoux91730 CHAMARANDE

www.essonne.fr

Y aller :RN20 direction Étampes,

sortie Étréchy, et suivre Chamarande

RER C directionSt Martin d’Étampes, gare de Chamarande

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