les apports de l’approvisionnement en eau du sous …
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UNIVERSITÉ D’ANTANANARIVO________________
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines________________
Département de GEOGRAPHIE_________________
HOLIMALALA RABEMANAMBOLA Irène Marie
LES APPORTS DE L’APPROVISIONNEMENT EN EAU DU SOUS-ESPACE
D’ANDRANOMANELATRA DANS LE VAKINANKARATRA
Mémoire en vue de l’obtention duDIPLÔME D’ETUDES APPROFONDIES
de GEOGRAPHIE
Sous la direction du Professeur RANDRIANARISON Josette
Antananarivo, 12 Avril 2006
i
TABLE DES MATIÈRES
Remerciements 1
Résumé 2
INTRODUCTION 3
LA DÉMARCHE DE L’ÉTUDE 5
Première Partie. LES CARACTERISTIQUES DU SOUS ESPACE D’ANDRANOMANELATRA 14
Chapitre I. Les conditions du milieu naturel 15I.1. Le cadre générall du sous espace d’Andranomanelatra 15
1. L’évolution morphologique de l’Ankaratra et du Vakinankaratra 152. L’émergence du bassin volcano-lacustre d’Antsirabe 15
I.2. La prédominance des sédiments lacustres dans les formations géologiques 16I.3. La pédologie 19
1. Les sols ferralitiques humifères bruns 202. Les sols ferralitiques bruns rouges 203. Les sols alluvionnaires 21
Chapitre II. Un couvert végétal dégradé et un climat assez spécifique 22II.1. Un couvert végétal dégradé
1. Une formation herbacée assez étendue 222. Quelques reboisements épars de mimosas 22
II.2. Les conditions climatique d’Andranomanelatra 231. Des précipitations quasi-permanentes 232. Des températures assez douces 27
Chapitre III. Organisation spatiale du sous espace d’Andranomanelatra 29III.1. Présentation générale du sous espace d’Andranomanelatra 29
1. Le sous espace d’Andranomanelatra 292. La localité d’Andranomanelatra 29
III.2. Un sous espace bien mis en valeur et organisé 32 1. L’occupation actuelle du sous espace 322. Les types de cultures pratiqués et les productions 37
Deuxième Partie. LES RESSOURCES EN EAU DE LA ZONE ’ANDRANOMANELATRA ET LEURS TYPES D’EXPLOITATION 40Chapitre IV. La disponibilité des ressources en eau 41IV.1. Les eaux de surface 41
1. Caractéristiques du réseau hydrographique 412. Les cours d’eau 42
IV.2. Les eaux souterraines 431. Les sources résurgentes 432. Les nappes phréatiques 46
ii
Chapitre V. Les différents types d’utilisation de l’eau 47V.1. L’eau et les activités agricoles 47
1. Un calendrier cultural assez caractéristique 482. Les techniques de maîtrise de l’eau 48
V.2. L’importance de l’eau dans les activités industrielles 501. TIA : un gros consommateur d’eau 512. La place de l’eau dans les activités de la KOBAMA 513. Le projet FIFAMANOR 52
V.3. L’alimentation en eau potable pour la consommation 541. La situation actuelle de l’approvisionnement en eau 552. Les usages prioritaires de l’eau 56
Chapitre VI. Les besoins en eau des types d’exploitation 57VI.1. La demande en eau potable 57
1. Etude démographique 572. Les perspectives d’extension de l’habitat 583. Etude de l’évolution de la demande en eau 604. Description sommaire du projet d’AEP de la localité d’Andranomanelatra 61
VI.2. La demande en eau pour l’agriculture 621. Les ouvrages hydro agricoles 622 L’évaluation des besoins en eau d’irrigation 64
VI.3. Demande en eau pour l’industrie 651. Besoins en eau de la KOBAMA 652. Besoins en eau de TIA 66
Troisième Partie. LES IMPACTS DE L’APPROVISIONNEMENT EN EAU 68
Chapitre VII. Des apports bénéfiques de l’approvisionnement en eau à Andranomanelatra 69VII.1. Les atouts de la mise en place d’un système d’irrigation 69VII.2. L’alimentation en eau : un facteur déterminant pour l’essor industriel 70VII.3. Les apports bénéfiques de l’approvisionnement en eau potable 71
1. L’amélioration de l’hygiène 712. L’amélioration des conditions de vie de la population 723. L’AEP : un levier de développement spatial 73
Chapitre VIII. Les points faibles de l’approvisionnement en eau 74VIII.1. L’AEP et les limites de la croissance rurale 74
1. Le déficit de la production rizicole 742. Désorganisation du fonctionnement du terroir agricole 76
VIII.2. Impacts sur les ressources en eau 771. La baisse du niveau des ressources en eau 772. La dégradation de la qualité de l’eau 77
VIII.3. L’eau : source de rivalités 78
Chapitre IX. Les scénarii d’harmonisation de l’approvisionnement en eau 80IX.1. Le cadre juridique, institutionnel et organisationnel 80
1. Le cadre juridique et institutionnel 802. Le cadre organisationnel 82
IX.2. Les scenarii d’harmonisation 831. Du point de vue institutionnel et juridique 832. Du point de vue organisationnel 83
iii
3. Du point de vue technique 84
CONCLUSION GENERALE 86
BIBLIOGRAPHIE 88
GLOSSAIRE 93
TABLE DES ILLUSTRATIONS 94
ANNEXES 95
iv
REMERCIEMENTS
Ce mémoire intitulé « Les apports de l’approvisionnement en eau du sous espace
d’Andranomanelatra » n’aurait pu être mené à bon escient sans le concours de bon
nombre de personnes. Aussi, que tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la
réalisation de ce travail de recherche veuillent bien trouver présentement l’expression de
mes vifs remerciements.
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude au Professeur RANDRIANARISON Josette,
mon encadreur et rapporteur pour ses conseils judicieux, pour ses directives et ses
critiques très constructives qu’elle m’a prodiguées avec clairvoyance, beaucoup de
patience et de compréhension exemplaires afin de m’orienter dans l’élaboration de ce
mémoire.
Mes remerciements vont également à Madame RAMAMONJISOA Josélyne, Présidente
du Jury et à Monsieur RAVALISON James, membre du Jury qui ont accepté de juger ce
travail.
Que Monsieur RAKOTONIMANANA Lantomandimby Gabriel, Maire de la Commune
Rurale d’Andranomanelatra, ainsi que tous les divers techniciens agricoles, les agents du
Génie Rural d’Antsirabe qui n’ont pas manqué de me prêter assistance trouvent ici ma
reconnaissance.
Enfin, je ne saurais oublier ma famille, en particulier mon mari, mon frère, mes parents
pour leur soutien moral durant les moments les plus durs.
Que tous veuillent bien trouver ici le témoignage de ma profonde gratitude.
1
RESUME
Régi par un climat tropical d’altitude caractérisé par de températures douces et de
précipitations quasi - permanentes quoique assez invariables, Andranomanelatra dispose
de ressources en eau souterraines abondantes. Les eaux de surface étant limitées par
l’ampleur des latérites et la macroporosité des sols ferralitiques, et malgré le fait que cette
zone est drainée par un réseau hydrographique assez dense, l’eau y a toujours généré
des conflits d’usage.
Par rapport aux besoins toujours croissants de l’irrigation, des industries qui accaparent ici
d’énormes quantités d’eau, les enjeux de la mise en place d’un système d’Alimentation en
Eau Potable (AEP) restent minimes. En effet, malgré quelques inconvénients comme la
désorganisation du fonctionnement du terroir agricole, le fléchissement de la nappe
phréatique et la persistance des conflits d’usage, ses apports ne peuvent être dans
l’ensemble que bénéfiques en améliorant les conditions de vie de la population et en
valorisant le sous espace. Par contre, l’irrigation pourrait à terme de nuire au
développement des autres activités si aucune mesure de réaffectation des ressources en
eau ne serait prise.
Etant un facteur structurant non négligeable dans tout processus de développement
spatial et économique, l’eau doit être gérée de manière rationnelle, équitable et durable
afin qu’elle soit optimisée au bénéfice de tous les usagers de l’eau. Par ailleurs, dans un
esprit d’équité, un reclassement des priorités d’usage serait impératif. Mais en attendant
cette disposition, l’usage agricole peut passer en premier pour atteindre l’objectif fixé dans
le DSRP qui est de réduire la pauvreté en milieu rural en améliorant la productivité
agricole.
MOTS CLES
Vakinankaratra - Andranomanelatra - Sédiments lacustres - Cuirasses latéritiques -
Sources résurgentes- Terroir agricole - Approvisionnement en eau - Demande en eau -
Industries - Irrigation - Rivalités - Conflits - Scénarii
2
INTRODUCTION
Depuis quelques années, l’accès à l’eau potable reste faible. Actuellement, un peu plus de
la moitié de la population de Madagascar (56%) est desservie en eau potable. Le taux de
desserte est d’environ 63,02% en milieu urbain contre 12,74% seulement en milieu rural.
Fin 2003, conformément aux orientations stratégiques du Document de Stratégie pour la
Réduction de la Pauvreté (DSRP), les efforts de redressement et de relance du processus
économique et social engagés par l’Etat après la crise politico-économique et
conjoncturelle de 2002 ont fait du secteur de l’eau parmi l’une de ses priorités. La mission
assignée à cette fin au Ministère de l’Energie et des Mines est de promouvoir l’accès de
tous à l’eau potable d’ici 2020 en mettant en place des infrastructures structurantes
appropriées, en privilégiant tout particulièrement les projets ruraux d’Alimentation en Eau
Potable (AEP), s’inscrivant dans le contexte du processus d’accélération du
développement rural.
Dans ce cadre, nul n’est sans savoir que 80% de la population malgache tirent leur
subsistance de l’agriculture et notamment de la riziculture irriguée qui, répondant à des
besoins toujours croissants du fait de la forte poussée démographique, nécessite une
parfaite maîtrise de l’eau. Des efforts sont déjà entrepris dans ce sens par l’Etat pour
dynamiser ce secteur vital et clé pour l’économie en focalisant les actions dans les projets
de réhabilitation des ouvrages hydroagricoles, d’extension des périmètres irrigués dans le
cadre du Projet de Soutien au Développement Rural (PSDR).
Partie intégrante du Vakinankaratra oriental, le sous espace d’Andranomanelatra est
délimité au Nord Ouest par les massifs de Famoizankova, à l’Est par l’Escarpement de
Betampona, au Sud par la limite administrative de la Commune d’Ambohimiarivo, à
l’Ouest par la Commune d’Ambano. Il est localisé entre 47°06’ de longitude Est et 19°47’
de latitude Sud.
Bien que drainée par un chevelu hydrographique dense et dotée de conditions physiques
plus ou moins favorables, l’approvisionnement en eau a toujours soulevé des situations
3
litigieuses entres les divers usagers de la région du Vakinankaratra et notamment à
Andranomanelatra. Les expériences démontrent que l’on a souvent tendance à ignorer les
apports d’un approvisionnement en eau et de vouloir souvent sacrifier l’agriculture.
Pourtant, devant l’importance accordée actuellement aussi bien pour le développement
rural que pour l’accès universel à l’eau potable, il n’est pas opportun de minimiser l’un ou
l’autre usage afin de relever le défi du développement rapide et durable.
Face au problème d’approvisionnement en eau actuel, se pose alors la question suivante
"Comment assurer un partage équitable des ressources en eau aux différentes entités utilisatrices et dans quelle mesure peut-on harmoniser l’approvisionnement en eau, dans le sous espace d’Andranomanelatra?"
C’est ainsi que l’étude se propose en premier lieu de déterminer les caractéristiques du
sous espace d’Andranomanelatra, en second lieu de procéder à l’étude des ressources en
eau et ses types d’exploitation. En dernier lieu, elle mettra l’accent sur les perspectives de
la dynamique du développement des ressources en eau d’Andranomanelatra et d’en faire
ressortir les apports de l’approvisionnement en eau pour la localité.
4
LA DEMARCHE DE L’ETUDE
Dans l'ensemble, la démarche adoptée pour cette étude est de type linéaire inductif
permettant d’induire des résultats des investigations à partir de l’analyse d’un certain
nombre de facteurs interdépendants et liés par un fil conducteur tout en considérant
quelques hypothèses de base. Elle permet entre autres de suggérer quelques
perspectives d’amélioration d’un cas précis. Pour pouvoir apprécier l’évolution des
paramètres mesurables, cette première approche sera combinée à une approche
participative et une étude prospective permettant d’analyser la situation à court, moyen et
à long terme.
La mesure des impacts et des enjeux de l'approvisionnement en eau du sous espace
d'Andranomanelatra conduit tout d'abord à l’étude/diagnostic des systèmes existants
faisant état des conditions naturelles qui puissent rendre compte de la disponibilité des
ressources en eau. Cela implique :
i) une étude des régimes pluviométriques ;
ii) un inventaire des ressources en eau que ce soit superficielles ou souterraines ;
iii) l’identification de tous les différents types d’exploitation de l’eau, notamment
l’agriculture, l’industrie et l’alimentation en eau potable, pour en évaluer les besoins à
court, moyen et long terme en prenant en compte tous les divers facteurs qui les
conditionnent et pour aboutir enfin aux impacts d'ordre spatial, social et économique, que
ce soit négatifs ou positifs de l’alimentation en eau sur la zone d'étude.
A cette fin, après identification de toutes les composantes du milieu naturel et humain
susceptibles d’être affectées par les projets d’Alimentation en Eau, il s’agit de procéder à
l’analyse des interactions entre les facteurs qui exercent une influence sur les ressources
en eau, la qualité de vie des individus et de la localité étudiée. Cette étude permettra de
déterminer les opinions, les réactions, les préoccupations de la population concernée
grâce à l’approche participative.
.
Du point de vue spatial, l’étude sera hiérarchisée en deux : une approche multiscalaire du
sous espace d’Andranomanelatra permettant d’avoir une vue générale puis une autre plus
détaillée pour faire ressortir les forces et les faiblesses de chaque type d’usage.
5
Partant de l’hypothèse qu’une localité donnée ne peut se développer indépendamment de
ses arrières pays ruraux, la présente étude essayera d’apporter des éléments de réponse
à la question :« L’Alimentation en Eau Potable (AEP) favorise-t-elle le développement
d’une région ou au contraire pourrait-elle nuire à son expansion ? ».
1. Délimitation de la zone d'étude
Le choix délibéré du sous espace d’Andranomanelatra n’a pas été fait au hasard. Etant
agencée autour du château d’eau d’Ankaratra, il est souvent perçu que la région de
Vakinankaratra, dispose intrinsèquement de ressources en eau abondantes et
inépuisables ; par conséquent ne peut connaître de problèmes d’insuffisance et de
répartition d’eau pouvant compromettre les activités économiques. Or, la situation actuelle
semble montrer que l’eau n’est pas toujours disponible en quantité suffisante et en temps
voulu pour assurer les besoins de l’agriculture, de l’industrie. C’est ainsi que lors de la
prospection des ressources en eau susceptibles d’alimenter la localité
d’Andranomanelatra, la JIRAMA a rencontré des problèmes et a dû faire des accords avec
les autres usagers pour que l’utilisation de cette eau ne portera pas préjudice aux activités
agricoles de la zone environnante. De même comme dans le cas de la source de
Tsararano ou d’autres ressources, l’eau a toujours suscité des situations conflictuelles
entre tous ses utilisateurs potentiels. Dans le choix de notre zone d’étude, nous voudrons
connaître si l’alimentation en eau potable peut compromettre ou favoriser le
développement de la riziculture et les autres activités nécessitant l’usage de l’eau et vice-
versa.
Etant donné l’objectif de recherche, la zone d'étude (Cf. Carte n°1) dépasse les simples
limites administratives d’une localité ou même d’une commune. De ce fait, elle concerne la
localité d'Andranomanelatra qui va être alimenter en Eau Potable mais également ses
arrières pays regroupant tous les villages ruraux situés en aval des ressources et points
d’eau prospectés et de tous les utilisateurs potentiels (agriculteurs et industries). Ainsi, sur
la carte n°1, la zone couvrira toute la Commune d’Andranomanelatra et une partie des
Commune d’Antsoatany et d’Ambano.
6
7
2. Les sources et les types de données exploitées
Les premières tâches ont consisté à la collecte et à l’analyse des données
démographiques, météorologiques, agricoles et techniques recueilles minutieusement
auprès de la Commune d’Andranomanelatra, des Ministères (Ministère de l’Energie et des
Mines, Ministère chargé de la Météorologie et de l’Hydrologie, Ministère de l’Agriculture) et
de tous les organismes étatiques ou privés et les entités concernées par l’étude.
Outre les résultats de ces investigations, la plupart des autres données présentées dans
ce document proviennent des enquêtes ménages et des entretiens semi-directifs menés
auprès des personnes ressources constituées notamment de techniciens agricoles de la
Direction Régionale du développement Rural et du Génie Rural d’Antsirabe, de conseillers
techniques auprès de la Commune, de responsables d’organismes non étatiques, de
Directeurs d’usine (TIKO, KOBAMA), de présidents des Associations des Usagers de
l’Eau (AUE). Les informations quantitatives et qualitatives découlent par contre des
observations directes et des enquêtes ménages.
3. L’analyse bibliographique
Après la phase de collecte de données, le travail a consisté à la lecture de tous les
ouvrages et travaux de recherche qui se rapportent à l’objet de l’étude ;
- Gérard MOTTET, dans son travail de thèse intitulé « Contribution à l’étude
géomorphologique de l’Ankaratra » publié en 1974, fournit une étude physique détaillée et
approfondie sur le relief, le climat, la végétation, les conditions pédologiques de
l’ensemble de l’Ankaratra et du bassin fluvio-lacustre d’Antsirabe auquel appartient
Andranomanelatra et dresse un état des lieux très intéressant et des plus complets.
- Par son centre de recherche permanent à Andranomanelatra, la FOFIFA, à travers une
série d’articles et publications de 2004, offre une étude complète sur les types de sols
qu’on trouve à Andranomanelatra et qui permettent d’apprécier la disponibilité des
ressources en eau.
8
- Chantal BLANC-PAMARD et Hervé RAKOTO, dans leur ouvrage « Le Terroir et son
double » sorti en 2000, ont fait une étude exhaustive du terroir de Tsarahonenana, une
analyse fine des formes d’aménagement et d’organisation de l’espace agricole définissant
plusieurs types de techniques culturales communes aux agriculteurs de l’ensemble de la
région de Vakinankaratra. En outre, une étude comparative entre le village originel et son
extension sur la montagne d’Andranomangamanga qui se focalise sur l’évolution du terroir
a été faite.
- Françoise LE BOURDIEC, dans ses travaux « Aspects géographiques de la riziculture
malagache » publié en 1968, focalise son étude sur l’importance de la riziculture dans le
paysage agraire malgache et présente l’infinité des nuances sur les techniques ainsi que
les calendriers culturaux appliqués dans toutes les régions productrices.
- Pierre LAVEDAN, en 1936, dans son ouvrage « Géographie des villes » des Editions
Gallimard sorti à Paris en 1959 traite sur les causes de l’émergence d’une ville et retrace
aussi ses conditions de développement.
- Vers le mois de Juin 2004, la JIRAMA par l’intermédiaire de la Direction Equipement
Eau, dans son rapport d’étude d’Avant Projet Sommaire sur l’Alimentation en eau Potable
de la localité d’Andranomanelatra, décrit les résultats de prospection des ressources en
eau et rend compte des travaux à réaliser pour le projet.
- Promulgué le 20 Janvier 1999, le Code de l’Eau, une loi fondamentale qui définit le
cadre juridique et institutionnel sur la domanialité, la mise en valeur, la protection, la
gestion des ressources en eau. Il donne aussi les principes fondamentaux du service
public de l’approvisionnement en eau potable, l’organisation générale du secteur de l’eau
et de l’assainissement et renseigne sur la répartition des ressources pour résoudre les
conflits d’usage de l’eau.
- Le rapport sur « Les propositions d’aménagement de la ville et de la Commune
d’Andranomanelatra », établi par la Direction de l’Aménagement du Territoire en Avril
2004, nous a été d’un grand intérêt dans l’estimation des besoins en eau pour la localité
d’Andranomanelatra. En fait, le rapport retrace les types d’occupation du sol actuels et les
principaux axes de développement de l’extension et d’aménagement prévu en vue de la
création d’une ville
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4. Les travaux de terrain
Une fois ces travaux de collecte et de compilation de documents terminés, l’étape suivante
portait sur les travaux de terrains qui ont consisté à s’imprégner de la vie quotidienne des
agriculteurs pour identifier et connaître les différents usages de l’eau et techniques
d’irrigation à partir des observations participatives directes, des enquêtes ménages, des
entretiens semi-directifs auprès de tous les usagers de l’eau actuels et les résidents de la
localité d’Andranomanelatra.
Entre autres, plusieurs séries de mesure de débits d’étiage des rivières d’Andranotobaka,
de Sapakavia et de quelques sources d’émergence ont été réalisées après prospection
vers le début du mois d’Octobre, date à laquelle coïncide les périodes de pointe agricoles.
Pour ce qui est des méthodes appliquées, le jaugeage capacitif, qui convient aux débits
assez faibles, a été adopté pour déterminer les débits des sources émergentes. Le
jaugeage au flotteur a permis de définir les vitesses superficielles d’écoulement des
rivières en différents points. A l’aide d’un flotteur naturel (petite branche), plusieurs
mesures de débits ont été réalisées pour en tirer une moyenne.
5. Méthodologie et techniques d’enquête
Dans le cadre de l’accomplissement des travaux de terrain pour la présente récherche,
des enquêtes socio-économiques ont été réalisées. Elles ont permis de définir les besoins
en eau pour chaque type d’utilisation de l’eau, de connaître le contexte actuel
d’approvisionnement en eau et socio-économique du sous espace, d’analyser la mise en
valeur du sous espace d’Andranomanelatra.
Les techniques d’enquêteL’analyse par les bénéficiaires a été retenue. Cette évaluation par les bénéficiaires est
une enquête systématique qui facilite la collecte d’informations à la fois qualitatives et
quantitatives. Si l’une privilégie la collecte des informations par comptages simples, l’autre
approche tente de comprendre les aspects saillants de la vie des enquêtés à l’aide de
sujets de discussions à caractère ouvert où le nombre de répondants est assez restreint.
De plus, l’approche qualitative cherchera à appréhender les valeurs et les comportements
de chaque communauté. Et comme l’approche participative constitue actuellement une
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des principales composantes du développement communautaire, l’évaluation par les
bénéficiaires donnera également l’occasion aux enquêtés de faire part des divers
problèmes auxquels ils sont confrontés et de formuler par la suite des suggestions.
Les types d’enquêtesDeux types d’enquête ménage ont été réalisés au cours du mois de Juin au mois de Juillet
2005 dont :
- des enquêtes quantitative et qualitative auprès d’une centaine de ménages des villages
d'Ambolotsararano, Antanetibe Toavala, Morarano, Tsaramandroso, Andranomanelatra)
- une enquête qualitative auprès de 10 exploitants agricoles dans les villages d’Antanetibe
Toavala, de Morarano Est, de Morarano Ouest, de Tsarazazamandimby,
d’Ambolotsararano
L’enquête proprement dite a été précédée d’une phase préliminaire de collecte de
données relatives à l’effectif et la répartition de la population des Fokontany qui seront
concernés par l’étude, quelques entretiens avec les autorités communales, les techniciens
agricoles pour appréhender d’ores et déjà les problèmes rencontrés au niveau de
l’approvisionnement en eau et les solutions qu’ils jugent important d’apporter pour
améliorer la situation et pour croiser, au besoin compléter, les informations recueillies au
cours des interviews au niveau des enquêtes ménages.
Les zones d’enquêteN’ayant pas pu couvrir l’ensemble du sous espace, l’enquête concerne quelques
Fokontany des Communes d’Andranomanelatra et d’Ambano.
Les enquêtes qualitatives ont portées sur 4 Fokontany (Ambolotsararano,Andranotsara,
Antanetibe, Morarano) qui comprennent tous les types d’exploitants agricoles (grand,
moyen, petit). Celles de type quantitatif, concernent surtout les Fokontany
d’Andranomanelatra, d’Andranotsara, d’Antanetibe, de Soamahavoky, de Tsaramandroso
et de Morarano.
Par souci de représentativité, la taille de l'échantillon a été déterminée à partir des effectifs
de la population fournis par la Commune d’Andranomanelatra en 2005. Les enquêtes ont
retenus le ménage comme unité statistique avec un taux d’échantillonnage de 5% pour les
11
enquêtes agricoles et de 25% pour les enquêtes ménages à Andranomanelatra (Cf
Tableau de répartition)
Tableau 1. Répartition des enquêtes
Fokontany Effectif population
Nombre ménages
Taille échantillon
Nombre ménages enquêtés
Ambolotsararano
Andranomanelatra
Antanetibe Toavala
Morarano
Tsaramandroso
2190
2241
2374
1008
2361
438
448
475
201
472
5%
25%
5%
5%
5%
21
45
24
10
23Ensemble 10174 2034 - 123Source : Auteur
6. Les outils d’analyse
A chaque élément correspond un outil particulier. Pour recueillir toutes les informations
nécessaires, des questionnaires spécifiques, présentés en annexe, ont été administrés à
chaque type d'enquête pour pouvoir disposer d’informations à la fois quantitatives et
qualitatives sur: les caractéristiques des ménages, les caractéristiques de leurs
logements, les conditions de vie de ces ménages, les effectifs des élèves dans chaque
établissement scolaire privé et/ou public, le centre de santé, les besoins en eau en
agriculture, les besoins en eau en alimentation en eau potable et des industries.
7. Les limites de l’étude et les difficultés rencontrées
En raison de l’immensité de la zone d’étude, le sous-espace n’a pu être parcouru dans
toute sa totalité. Par ailleurs, la collecte des données n’a pas été toujours facile car
certaines données ont été payantes. Compte tenu de l’acuité du problème d’utilisation de
l’eau à Andranomanelatra, nous avions rencontré des difficultés dans la conduite même
de l’étude. Les unités industrielles et les responsables de certains services publics ont
tendance à garder la confidentialité de leurs informations les concernant. Pour plus
12
d’objectivité et afin de combler les lacunes, une approche analytique a été requise. Et par
souci d’exhaustivité, la démarche a pris en compte les spécificités et les exigences de
toutes les utilisations de la ressource en eau du sous-espace.
Etant donné que le projet est encore en cours d’exécution, il s’est avéré impossible de
rassembler des indicateurs quantitatifs fiables pour mesurer les impacts si bien que la
présente étude part de l’analyse des indicateurs simples et des constatations.
A travers cette étude des cas, le présent mémoire constitue un essai de modélisation de
l’étude des apports de l’AEP dans une localité où l’eau constitue une ressource importante
au processus de développement. Il peut servir de document de base à tous les acteurs de
développement qui veulent continuer dans ce sens.
13
Première partie
LES CARACTÉRISTIQUES DU
SOUS ESPACE
D’ANDRANOMANELATRA
Un sous espace géographique se définit par ses formes de relief, sa structure géologique,
les types de sols et de végétation. Les facteurs climatiques conditionnent aussi plus ou
moins directement les activités économiques qui vont s’y développer. De plus, l’étude de
ces facteurs physiques est d’un intérêt particulier dans la mesure où ils influencent les
apports en eau dans un sous espace.
14
Chapitre I.
LES CONDITIONS DU MILIEU NATUREL
I.1. LE CADRE GÉNERAL DU SOUS ESPACE D’ANDRANOMANELATRA
Suivant les études faites par Gérard MOTTET, la structure géomorphologique du sous
espace d’Andranomanelatra est liée à l’évolution morphologique de l’Ankaratra et à
l’émergence du Vakinankaratra.
1. L’évolution morphologique de l’Ankaratra et du Vakinankaratra
De 4000km² de superficie, l’Ankaratra forme un ensemble structural bien homogène d’âge
plio-pléistocène bien intégré dans le socle précambrien qui s’étend du Nord au Sud sur
une distance moyenne de 100Km depuis Arivonimamo à Antsirabe au niveau d’Ambano.
Ce relief contrasté par son ampleur et sa dissymétrie est constitué d’une variété de formes
développées dans les reliefs résiduels issus de la surface mi-tertiaire qui ont surmonté le
socle précambrien. A part les reliefs granitiques, migmatitiques et gneissiques, il est
enrichi par les éruptions volcaniques récentes.
Le Vakinankaratra, littéralement traduit comme étant la région qui divise l’Ankaratra en
deux, s’étend vers le sud de ce massif. Elle est également caractérisée par la tectonique
méridienne du massif dans sa morphologie actuelle. Pour ce qui nous intéresse, le
paysage d’ensemble est marqué par l’existence de l’escarpement de Betampona orienté
du Nord au Sud, formant la limite orientale des cuvettes volcano-lacustres du
Vakinankaratra et celui de Mandray qui délimite la cuvette volcano-lacustre plio-
quaternaire vers l’Est. L’escarpement de Betampona disparaît peu à peu en allant vers le
Nord sous les coulées basaltiques et trachytiques.
2. L’émergence du bassin volcano-lacustre d’Antsirabe
A titre de rappel, Madagascar a été affecté au cours du Mio-Pliocène par une tectonique
active qui s'est accompagnée par la formation des fractures, le gauchissement ,
15
phénomène consécutif au dénivellement de la surface mi-tertiaire. Suite à l'épanchement
des basaltes d'inondation des vieilles fractures qui vont s'étaler sur toutes les surfaces fini-
crétacés, mi-tertiaire et les reliefs dérivés, un affaissement du socle le long des lignes de
fractures va se produire dans la partie occidentale donnant naissance à des failles de rejet
comme l'Escarpement de Betampona et son relais de Mandray tandis que pour l'ensemble
émerge l'Ankaratra tabulaire .
Le bassin volcano-lacustre d'Antsirabe est consécutif à la tectonique active du Mio-
Pliocène. Après le bombement généralisé de l'Ankaratra, le bloc occidental va s'effondrer
le long du rejet pour former la cuvette d'effondrement d'Antsirabe au pied de
l'Escarpement de Betampona. Plus précisément, Andranomanelatra est intégrée dans
cette cuvette d'Antsirabe entre l'Escarpement de Betampona et celui de son relais de
Mandray. Suite à son effondrement, cette cuvette à prédominance de recouvrement
basaltique a été fossilisée par une phase effusive plus acide et des sédiments volcano-
lacustres d'où son appellation de bassin volcano-lacustre. D'ailleurs, les manifestations
volcaniques acides sont témoignées par le dôme coulé de Famoizankova et l'importance
des projections leucocrates dans toute la région d'Andranomanelatra.
Les dépôts de sédiments fluvio-lacustres sont par contre issus de la surrection de
l'Ankaratra qui a provoqué la formation d'une succession de lacs en chapelet qui
constituent des marais comblés par des sédiments locaux. Les sédiments sont composés
des argiles divers mais toujours très quartzitiques avec de nombreux lits de sables et de
rares diatomites. Ceux qui sont plus récents sont formés de niveaux d'argiles et de
tourbes.
I.2. LA PREDOMINANCE DES SEDIMENTS LACUSTRES DANS LES FORMATIONS GEOLOGIQUES
Comme on peut le voir sur la carte n°2, les sédiments lacustres anciens remblayés par
des sédiments plus récents constituent la majeure partie des formations géologiques du
sous espace d’Andranomanelatra qui sont limités à l’Est par les failles de Betampona et
au Sud par son relais de Mandray, à l’Ouest par la couverture basaltique qui les ont
recouvert lors de la deuxième phase effusive basaltique qui a eu lieu juste après la
formation des premiers dépôts lacustres.
16
Ces sédiments sont formés dans sa majeure partie d’argiles généralement quartzitiques et
cinétiques. Certaines d’entre elles sont souvent associées avec des tourbes et peuvent
comprendre bien à la base que dans leur partie supérieure quelques lits de sables. Par
endroits, ils ont conservé leur caractère originel que ce soit basaltique ou trachytique.
17
18
N’ayant pas été affectées par les failles et les grands accidents survenus dans cette
région, ces formations lacustres s’individualisent par leur aspect tabulaire très frappant et
constituent en fait la plaine alluviale de Manandona.
Antérieures aux premiers dépôts lacustres, les coulées trachytiques anciennes
n’apparaissent ici que sous forme de dômes tandis que les trachytes récents forment des
massifs montagneux assez déchiquetés enrichis d’importantes coulées comme les
coulées d’Ivohibe qui s’étendent vers le Sud à partir de celles de Famoizankova.
De formations récentes et actuelles issues des remblayages par la montée successive du
plan d’eau apparentées aux alluvions fluvio-lacustres à prédominance de sables, de
limons et d’argiles sableuses couvrent la partie orientale bordant le grand accident de
Betampona correspondant en fait à des remblayages. En général, ces sédiments forment
un plateau régulier entaillé profondément par des vallées.
L’extension des basaltes sur la partie occidentale de notre sous espace qui couvrent les
premiers sédiments lors de la deuxième phase effusive basaltique est à remarquer où
dominent les variétés compactes mélanocrates.
Partout au niveau du bassin d’Antsirabe et au niveau du sous espace, l’ensemble des
formations géologiques sauf pour les alluvions, est recouvert par des cuirasses latéritiques
provenant d’une forte altération. Le socle apparaît ici à l’état résiduel avec l’affleurement
du substratum migmatitique et gneissique dans la partie Est tandis qu’ils sont plutôt
enrobés dans des basaltes à l’Ouest qui, profondément altérés, sont actuellement
recouverts par une couverture latéritique.
I.3. La pédologie
Comme dans l'ensemble du bassin sédimentaire d'Antsirabe, les sols ferrallitiques bruns
humifères ainsi que les sols ferrallitiques bruns rouges à évolution très diverse couvrent la
grande partie de notre zone d'étude. Bien entendu, ces sols généralement déssaturés se
développent sur un substrat fluviolacustre avec une présence plus ou moins tenace de
matériaux volcanique et d'horizons de cinérites dérivant des cendres qui sont d'une
grande fertilité agricole.
19
1. Les sols ferrallitiques humifères bruns
Issus de l'altération et de la pédogenèse des projections acides qui se sont étalées sur la
majeure partie de l'Est et du Nord Est du bassin sédimentaire d'Antsirabe, ces sols se
rencontrent surtout en contrebas des versants des montagnes aux environs de 1700m
d'altitude ou sur les bourrelets de berge. Ces sols sont caractérisés par un Ph acide
variant entre 5,4 et 6,1 et à fortes teneurs en matières organiques du fait qu'ils reposent
généralement sur des dépôts de paléo-sols et des niveaux tourbeux auxquels ils doivent
leurs couleurs sombres. Comme mentionné dans l'étude géologique, ils présentent
d'excellentes propriétés physiques.
D’après les études de la FOFIFA synthétisées au graphique 1., ces sols sont formés :
- d’un horizon humifère brun peu compact, grumeleux, très poreux et de nombreuses
racines ;
- d’un horizon A peu poreux ; muni de très peu de racines e de prismes angulaires, peu
friable et de quelques galeries ;
- d’un horizon B très peu poreux doté de racines très fines à distribution irrégulière et qui
est peu plastiques
Quelque soit le site, ces sols présentent une meilleure porosité et surtout une
macroporosité, caractéristiques induisant vraisemblablement d'innombrables capacités de
rétention et de facilité de circulation de l'eau dans le sol. Les porosités globales de ces
sols sont effectivement assez élevées avec 65 à 75% entre 0à 20cm de profondeur, de
l'ordre de 60 à 70% entre 20 à 40cm de profondeur et de 50 à 60% au-delà de ces
profondeurs.
2. Les sols ferrallitiques bruns rouges
Contrairement aux premiers types de sols, ces sols ferrallitiques bruns rouges sont
beaucoup plus répandus au niveau des versants des collines et des bas de versants. Leur
coloration diffère suivant leur localisation. Si elle est moins vive sur les versants, elle tend
plutôt à s'assombrir vers les bas des pentes qui profitent et recueillent les éléments fins
entraînés par la dynamique des versants. La nuance des couleurs peut être aussi fonction
de l'abondance ou de la diminution de la teneur en matières organiques et en fer dans ces
sols.
20
Toujours d’après le graphique 1. et les études de la FOFIFA, ces sols sont constitués :
- d’un horizon humifère très compact, grumeleux, friable et très poreux, muni de peu
de racines ;
- d’un horizon A de couleur rougeâtre, poreux, assez friable, très plastique doté de
galeries et où il y a très peu de radicelles verticales ;
- d’un horizon B de couleur jaunâtre, peu poreux, non friable, très plastiques où il
existe très peu de radicelles et de galeries de moindre diamètre
Les porosités globales de ces sols sont assez conséquentes avec 65 à 75% entre 0à
40cm de profondeur, de l'ordre de 60 à 70% entre 20 à 60cm de profondeur et de 50 à
60% au-delà. Ils se distinguent aussi par l'affluence des éléments argileux et limoneux qui
leur procurent incontestablement une forte capacité d'adsorption d'eau et permettent
d’alimenter les nappes phréatiques et les sources d’émergentes.
3. Les sols alluvionnaires
Après le vidange du bassin volcano-sédimentaire d'Antsirabe qui a permis l'enfoncement
des réseaux hydrographiques, des sols alluvionnaires se sont formés dans les bas fonds.
En effet, par l'extension relative des basaltes d'inondation qui se sont altérées, les
alluvions à structure massive et à forte cohésion est surtout à prédominance argileuse et
limoneuse et ne comportent pas de niveaux sableux. Essentiellement riches en matières
organiques, ils s'apprêtent bien à la riziculture moyennant une parfaite maîtrise de l'eau.
En plus du riz, ils portent également les cultures de contre saison.
Figure 1. Profils des sols d’Andranomanelatra
21
Chapitre II
UN COUVERT VÉGÉTAL DÉGRADÉ ET
UN CLIMAT ASSEZ SPÉCIFIQUE
II.1. Un couvert végétal dégradé
L’étendue de la couverture végétale joue un rôle primordial dans le bon fonctionnement du
cycle de l’eau dans un bassin versant donné. Elle contribue à réguler les phénomènes de
ruissellement, d’infiltration et conditionne, de ce fait, l’abondance des ressources en eau.
1. Une formation herbacée assez étendue
Comme l’ensemble du massif de l’Ankaratra, sous l’action anthropique et spécialement
sous l’effet répété et sélectif des feux de brousse qui embrasent chaque année les
derniers lambeaux forestiers qui ont survécu aux rudes variations climatiques du
Quaternaire pour satisfaire les besoins en agriculture et en pâturages, la formation
originelle a été depuis longtemps dégradée pour laisser place aux pseudosteppes, une
formation herbacée et graminéenne à composition floristique assez pauvre, largement
dominée par les Aristida milticaulis et Aristida similis, se répand sur l’ensemble des
plateaux.
Epargnées par le feu, il subsiste encore quelques reliques de la formation secondaire
arbustive au-delà de 1900m d’altitude. Dans les bas fonds, se développent des marais à
joncs et parfois à viha et quelques vestiges de forêts galeries en voie de disparition.
2. Quelques reboisements épars de mimosas
Reboisés de manière spontanée dans le massif d’Ankaratra pour pallier à la déforestation
massive, une grande partie des prairies d’Andranomanelatra a été colonisée par des
mimosas qui ont pu facilement s’acclimater et s’adapter aux types de sols issus de
l’altération des basaltes de la série basique. Ils constituent une formation arbustive certes
mais peu claire, peu élevée et relativement éparse en raison de leurs tiges et troncs
22
minces et noueux et ce malgré le fait qu’ils sont souvent associés à d’autres arbustes de
même physionomie.
Faciles à régénérer, ces mimosas sont souvent exploités par les paysans
d’Andranomanelatra pour produire des charbons de bois qui seront écoulés à profusion
aux environs immédiats de cette localité et de la ville d’Antsirabe.
II.2. LES CONDITIONS CLIMATIQUES D’ANDRANOMANELATRA
Au préalable, l’étude part de l’analyse des totaux mensuels de précipitations, de
températures et d’évapotranspiration des années 1990 à 2004 avec quelques lacunes par
défaut d’enregistrement collectés auprès de la station météorologique d’Antsirabe qui se
trouve à proximité d’Andranomanelatra. Pour être exhaustif, les séries obtenues ont été
complétées aux moyens des moyennes mobiles.
Etant situé dans la partie orientale du Vakinankaratra et sous l'effet prévisible de l’altitude,
Andranomanelatra est régi par un climat tropical d’altitude assez original puisqu’il est plus
frais et est caractérisé par de températures particulièrement plus douces avec une
température moyenne de 18°4C, des précipitations quasi-permanentes certes mais assez
capricieuses avec une moyenne annuelle de 1208mm et deux (2) saisons bien nettes
distinguant une saison chaude et pluvieuse d’un côté et une saison sèche et fraîche de
l’autre côté.
Sachant que c’est à partir de l’importance des pluies précipitées que l’on peut déterminer
la disponibilité des ressources en eau dans une région, il s’agit ici d’entreprendre une
étude plus approfondie de la variabilité et de la répartition des pluies, sans pour autant
ignorer l’influence des autres facteurs climatiques comme les températures qui peuvent
avoir également des influences majeures dans l’abondance des ressources disponibles.
Des précipitations quasi-permanentes
La lecture des données pluviométriques présentées ci-après fait apparaître que les
précipitations sont permanentes au cours de l’année.
23
Tableau 2. Les pluies moyennes mensuelles (1990-2004)
Source : Station météorologiques d’Antsirabe, 2005
En effet, aucun mois n’est jamais sec et que les pluies persistent encore à l’état de traces,
donc sous forme de pluies occultes même en périodes sèches les plus marquées. Elles
sont aussi plus ou moins abondantes même si l’Alizé, après avoir franchi l’escarpement
oriental, est déjà déchargé de l’essentiel de sa potentialité pluvieuse.
Comme en agriculture et en approvisionnement en eau, l’important est de connaître la
disponibilité des ressources en eau en années vraies et qu’en matière de pluies, les
années qui se suivent ne se ressemblent pas, il est pertinent d’étudier les totaux annuels.
Situation générale
L’analyse des totaux pluviométriques annuels relevés à Antsirabe de 1990 à 2004
présentés sur le tableau 3. ci-dessous et le graphique 1 permet d’observer deux (2)
valeurs extrêmes 806,5mm et 1621,3mm enregistrées en 1999 et en 1994.
Tableau 3. Les totaux pluviométriques annuels (1990-2004)
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004Totaux annuels (en mm) 978,9 1426,1 1328 1364,9 1621,3 1398,1 978,7 1001,3 1314,7 806,5 1199,8 1468 1095,3 1293,2 1094,1
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004Moyenne
mensJanvier 156 122,7 470,9 344,8 502,9 265,1 355,1 235 249,1 229,2 231,9 638,4 132,8 395,8 211 302,7Février 181,1 182,3 184,8 328 284,4 377,6 133,2 361 256,9 123,1 170,2 242,3 338,7 142,8 236,2Mars 133 285,6 162,4 141 211,1 59,2 100,4 107,9 221,8 110,7 139,7 181,6 169,6 312,5 166,9Avril 151,3 215 90,1 127,1 101,3 224,7 42,9 60,3 135,3 28,7 36,9 31,9 18,8 41 26,5 88,8Mai 7,6 48,3 1,9 31,1 33,2 60,3 3,9 38,1 0,4 11 5,8 0,7 42,8 22,9 21,9 22,0Juin 0,5 23,9 4,6 7,1 5,7 6,4 1,3 11,8 0,7 4,4 1,9 10,3 1,5 6,2Juillet 2,8 0,4 26,4 13,3 0,1 7,3 5,1 0,8 34,6 12,5 2,7 1,6 6,1 8,7Août 7,7 0,1 18,7 0,3 6,9 5,3 4,8 1,4 3,1 2,7 17,4 0,3 5,8 16,3 6,5Septembre 47,3 13,7 1,3 5,7 69 19,3 0 0,9 14,8 10,8 32,2 19,5Octobre 27,3 82,1 96,3 47,6 117 1,9 5,7 49,5 100,8 128,9 45,3 56 19 228,4 71,8Novembre 135,8 196,9 201,7 79 67,3 68 51,6 31,9 94,7 242,9 41,8 146,4 113,3 148,8 115,7Décembre 128,5 269,2 96,2 218,8 276,9 323,8 328,9 142,6 282,5 84,4 201,8 255,2 170,5 217,4 401,4 226,5Moyenne mensuelle 81,6 142,6 120,7 113,7 135,1 116,5 108,7 125,2 109,6 67,2 100,0 133,5 91,3 107,8 109,4 106,0Hauteur P° annuelle 978,9 1426,1 1328 1364,9 1621,3 1398,1 978,7 1001,3 1314,7 806,5 1199,8 1468 1095,3 1293,2 1094,1 1271,6
24
Il est noté également que sept (7) années sur quinze (15) affichent des totaux inférieurs à la médiane
égale à 1293,2mm. Les sept (7) autres années présentant par contre des valeurs inférieures. La valeur
de la médiane est ici inférieure à celle de la moyenne égale à 1224,6mm.
Graphique 1. Variabilité des pluies annuelles (1990-2004)
806,5
1621,3
700800900
10001100120013001400150016001700
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
Années
P°(mm)
Totaux des pluiesannuelles (en mm)
La variabilité annuelle des pluies
L’analyse des fréquences annuelles présentées sur le graphique 2., le type de répartition
statistique est assez particulier puisqu’il est bimodal. En effet, il comporte deux classes
dominantes : 1050-1200 et 1350-1500. Ceci traduit qu’il y autant de chances d’avoir des
totaux situés dans la première et la deuxième classe. Ce sont donc les modalités les plus
fréquentes. Les totaux situés entre 750 et 900mm sont de moindre importance. De même
pour ceux situés entre 1500 et 1650mm.
Graphique 2. Fréquence annuelle des pluies (1990-2004)
0
5
10
15
20
25
30
750-900 900-1050 1050-1200 1200-1350 1350-1500 1500-1650
P° (en mm)
Fréquence (en %)Totaux annuels
25
Du point de vue répartition (cf. Tableau 4), la période la plus arrosée concentre près de
82,5% du total pluviométrique annuel recueilli et les précipitations sont réparties de façon
équivalente avec toutefois un maximum notable en Janvier. La saison sèche, par contre,
ne reçoit que 17,5% de la quantité précipitée avec des minima assez prononcés au cours
des mois de Juin et d’Août où les paysans semblent se plaindre le plus du manque d’eau .
Tableau 4. Répartition mensuelle des pluies (1990-2004)
Nov. Déc. Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept Oct.P° moyennes 115,7 226,5 307,6 236,2 166,9 88,8 22,0 6,2 8,7 6,5 19,5 71,8P% 9,1 17,7 24,1 18,5 13,1 7,0 1,7 0,5 0,7 0,5 1,5 5,6Total (%) 82,5 17,5Source : Investigation de l’auteur
La variabilité saisonnière
Pour la station étudiée, Andranomanelatra montre en 1994 et en 1999 un régime moyen à
1 maxima enregistré au mois de Janvier. Les pluies recueillies au cours de ce mois est le
double de celles enregistrées au cours des autres mois humides. La répartition n’est pas
donc uniforme. Par ailleurs, l’examen des coefficients pluviométriques mensuels (CPM)
selon le climatologue RAVET, donne la répartition de la pluviosité et permet de ce fait de
distinguer clairement les types de saisons, résumés sur le tableau 5. ci-après. Un
coefficient de 1 pour un mois donné signifie que la pluie est répartie de façon rigoureuse et
uniforme au cours de ce mois ; un coefficient égal à 2 montre, par contre, que la hauteur
des pluies précipitées au cours de ce mois a été le double de celle définie précédemment
comme répartie de manière uniforme. De ces points de vue, il existe deux (2) saisons bien
distinctes :
Tableau 5. Coefficients Pluviométriques Mensuels (1994 et 1999)
Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc.
1994 3,72 2,10 1,56 0,75 0,25 0,04 0,10 0,05 0,01 0,87 0,50 2,05
1999 3,41 1,83 1,65 0,43 0,16 0,01 0,01 0,05 0,29 1,50 1,41 1,26Source : Investigation de l’auteur
12 x Hauteur P° mensuelle (en mm) où CPM= --------------------------------------------
Hauteur P° annuelle (en mm)
26
- en 1994, une saison pluvieuse qui n’a duré que quatre (4) mois, allant de
Décembre à Mars durant laquelle le CPM est supérieur à 1, voire supérieure à 3 en
Janvier; et une saison sèche qui s’étale sur (8) mois, du mois d’Avril au mois de
Novembre dont la valeur du CPM est inférieure à 1 ;
- en 1999, une saison pluvieuse qui a duré six (6) mois, allant du mois d’Octobre au
mois de Mars durant laquelle le CPM est supérieur à 1, voire supérieure à 3 en
Janvier; et une saison sèche qui s’étale sur (6) mois, du mois d’Avril au mois de
Septembre dont la valeur du CPM est inférieure à 1 ;
En 1994, année pendant laquelle a eu lieu, il apparaît que le mois le plus sec serait le
mois de Septembre et le plus arrosé le mois de Janvier où a eu lieu le cyclone GERALDA
qui a fortement affecté les barrages. En 1999, les mois les plus secs ont été Juin et Juillet.
Cette situation a persisté jusqu’au mois de Décembre. C’est d’ailleurs pour cette raison
que la population d’Andranomanelatra s’est plaint de l’insuffisance des pluies durant cette
année sèche.
2. Des températures assez douces
Même s’il existe des liens particuliers entre les précipitations et les températures, l’étude
de ces deuxièmes facteurs ne sera faite qu’à titre indicatif seulement.
Comme précédemment, suivant l’analyse des totaux mensuels de températures étalés sur
15 ans (1990-2004) relevés à la station météorologique d’Antsirabe, Andranomanelatra
enregistre une température moyenne de 17°9C avec une température moyenne maximale
de 24°8C et une température minimale de 11°1C. Les minima s'observent en Juillet, la
moyenne étant de 3°1C, et les maxima en Octobre aux environs de 29°3C. Suivant ce
facteur climatique, l'on distingue nettement deux saisons :
- une saison fraîche de Mai à Septembre avec une température moyenne de 15°9C
définie par un minima de 8°C et un maxima de 23°8C et ;
- une saison chaude d'Octobre à Avril avec une moyenne de 20°6C et caractérisée
par un minima de 15°3C et un maxima de 25°9C.
27
La fraîcheur du climat est ici liée à l’effet orographique qui est davantage sensible en
saison fraîche et à fortiori pendant la nuit et au petit matin où les températures peuvent
descendre en dessous de 0° favorisant ainsi la formation des glaces et des givres. Notons
que le réchauffement diurne tend à compenser ces fraîcheurs matinale et nocturne car
l’amplitude thermique est assez faible de l’ordre de 4°7.
Le maxima du régime thermique moyen se situe en plein cœur de la saison pluvieuse,
plus précisément en Février tandis que le minima se retrouve en milieu de la saison
fraîche qui provoque généralement des pluies occultes.
Si le sous espace d’Andranomanelatra est assez particulier du point de vue physique,
qu’en est-il de son organisation de son occupation.
28
Chapitre III
ORGANISATION SPATIALE DU SOUS ESPACE
D’ANDRANOMANELATRA
III.1. PRESENTATION GENERALE DU SOUS ESPACE D’ANDRANOMANELATRA
1. Le sous espace d’Andranomanelatra
Suivant le profil en long (d’Ouest Nord Ouest vers l’Est Sud Est) porté sur le graphique 3
de la page 24, le sous-espace d’Andranomanelatra est constitué de vastes dépressions
généralement comblées par des sédiments fluvio-lacustres qui résultent des premières
insurrections de l’Ankaratra. Le paysage présente une succession de zone montagneuse,
de plateaux, de vallées étroites, de plaines marécageuses. Cette zone de plaines
alluvionnaires et de vallées marécageuses d’une altitude moyenne de 1650m revêt
l’aspect d’une surface plane entaillée de vallées étroites peu profondes mais aux pentes
assez fortes. Il est délimité au Nord Ouest par la masse montagneuse formée par les
massifs de Famoizankova (2366m) et d’Ivohibe (2035m), à l’Est par l’Escarpement de
Betampona qui occupe la frange Est du sous espace.
2. La localité d’Andranomanelatra
D'une superficie de 164km2, la localité d'Andranomanelatra est située entre 47°06’ de
longitude Est et 19°47’ de latitude Sud. Ce chef lieu de Commune correspond
administrativement à un Fokontany composé de 4 îlots d'inégales étendues dont
Mananjara, Fiherenana, Andrefana et Andranomanelatra Antampotanana. En 2003, elle
rassemble 2259 habitants.
La structure actuelle de l’habitat
D'une manière générale, Andranomanelatra offre un paysage hétérogène typique
marquée par la coexistence de la rusticité et de l’industrialisation. S'alignant généralement
de part et d'autre la RN7, près de 54,1% des maisons d'habitation de la zone d'étude sont
de type traditionnel en terre battue et aux toits de chaume (très rarement en tôle), et
44,3% de type moderne. Ceux qui ont été bâtis en planches ne constituent que 1,63% de
l'ensemble. Du point de vue occupation, la partie Sud est plus peuplée que la partie Nord
avec un habitat relativement dispersé.
29
Plateaux Vallées Plaines Vallées
30
31
32
Les terres y sont, pour une large part, accaparées par l’agriculture, favorisée par la
présence de cours d’eau.
Les activités économiques et les fonctions de la localité
Andranomanelatra est une zone pilote en matière d'agriculture. Le paysage d’ensemble
(Cf. Carte n° 3 de la page 33) met en exergue la prééminence du secteur primaire,
notamment agricole, où les petites et moyennes exploitations agricoles familiales
s’étendent sur quelque dizaine d’hectare, avec toutefois une prédominance des grandes
exploitations qui peuvent atteindre des centaines d’hectares, notamment les terrains de
cultures fourragères de TIKO FARM (350ha) et FIFAMANOR (100ha). Mais, grâce à
l’implantation de TIA et de KOBAMA, cette localité tire également l’essentiel de ces
revenus de l’essor de ces unités agro-alimentaires. Outre ces fonctions agricole et
industrielle, l’on y compte une fonction commerciale incarnée par les établissements de
commerce tels que les boucheries, les épiceries et gargotes, et la fonction industrielle.
III.2. UN SOUS ESPACE BIEN MIS EN VALEUR ET ORGANISE
1. L’occupation actuelle du sous espace
D’après la carte n°4 de la page 36, l’occupation de l’espace est quasi-ininterrompue et la
mise en valeur plus ou moins de l’ensemble du terroir est plus ou moins complète sauf
pour les montagnes herbacées qui servent surtout de pâturages pour le bétail. A
l’exception des parcelles de cultures pluviales, l’aspect général ainsi que le paysage
d’ensemble du véritable terroir agricole changent en fonction du calendrier cultural.
Nonobstant cela, il paraît toujours verdoyant et pittoresque à longueur d’années en raison
des possibilités d’alternance et de maintien de cultures sur les rizières et les tanety.
La lecture du paysage permet de distinguer que l’espace est découpé en plusieurs unités
agricoles :
- les reliefs montagneux ou tanety sont totalement pris par les cultures pluviales dont les
dominantes sont le maïs, les pommes de terre, les patates douces, les maniocs que
associés le plus souvent avec des haricots. Cultivés en altitude, ces types de cultures dont
33
la détermination et le choix relèvent de la déclivité du relief sont effectivement tributaires
du régime des pluies ;
34
35
- les bas des pentes abritent quelques rizières de type « sakamaina », qui du fait de leur
altitude sont confrontées à des problèmes d’irrigation et de drainage . Par leur position,
ces types de rizières demandent un temps d’imprégnation d’eau plus long, et nécessitent
par conséquent une grande quantité d’eau, ce qui ne serait possible qu’en saison des
pluies. Il importe par ailleurs de signaler que des parcelles de ce type ont dû être
abandonnées par insuffisance de l’eau d’irrigation dû à l’éloignement des canaux et des
sources d’eau pérennes ;
- dotées de meilleures conditions hydriques du fait de la proximité des sources
d’alimentation en eau et des canaux d’irrigation qui y serpentent, les têtes des vallées sont
non seulement des lieux appropriés pour les pépinières mais aussi pour les rizières dites
« ati-tany ». A contrario, les rizières des bas fonds ou « Ambany rano » situées un peu en
aval du côté d’Ambohimiarivo et d’Amberobe et en contrebas du grand accident de
Betampona sont assez difficiles à mettre en valeur car en saison des pluies, les paysans
encourirent à plusieurs reprises de risques d’inondation par la montée du niveau des eaux
des rivières, et en saison sèche, l’eau y parvient difficilement par l’importance des
parcelles en amont qui l’utilisent ;
Photo 1. Les pépinières établies en altitude et à proximité des sources en eauSuivant le calendrier cultural, ces pépinières se transforment en rizières "ati-tany" après le repiquage puis en
champs de culture de contre saison vers l’hiver
- La plaine proprement dite, faute d’eau suffisante, comporte dans sa majeure partie
d’immenses champs de maïs (tani-katsaka), de cultures fourragères, appartenant aux
grands exploitants d’Andranomanelatra, tels que TIA et la FIFAMANOR dont l’essentiel de
la production est surtout destinée à l’alimentation des vaches laitières qui font également
36
la renommée de cette zone. Etant peu prometteurs, et malgré les résultats probants des
différents essais agronomiques réalisés par FIFAMANOR , les cultures de blé et d’orge
n’attirent pas tellement les paysans ;
- d’autres cultures pluviales, pratiquées à titre d’appoint, ainsi que les vergers ceinturent
les habitations de manière à ne laisser aucun espace disponible au sein du hameau.
Photo 2. Champs de culture de maïs et de cultures fourragères (TIKO)Noter l’immensité de ces champs qui s’étendent sur plusieurs hectares au niveau de la plaine
d’Andranomanelatra
Sous l’assaut répété des feux de brousse, l’ensemble du terroir est entièrement dénudé.
Grâce aux efforts louables de reboisement systématiques de pins faits chaque année par
les Associations des Usagers de l’Eau dans le cadre des actions soutenues de protection
des bassins versants, seuls les zones élevées sont boisées. Le reste ne comporte que
quelques sous bois épars et spontanés de mimosas.
Les villages d’Ambolotsararano, Tsaramandroso Andrefana, Morarano Andrefana,
Morarano Antsinanana, Antanetibe Toavala, la localité d’Andranomanelatra,
Tsararazazamandimby, Tsaravavaka Soamahavoky, Amberobe, éparpillés du Nord au
Sud sur tout l’ensemble du terroir de manière assez désordonnée, se regroupent en
quelques hameaux à structure plutôt lâche en terme d’occupation.
37
38
Les hameaux rassemblent souvent des familles qui descendent d’un même lignage et où
les habitants de chaque village entretiennent des liens de parenté assez étroits.
D’une manière générale, les hameaux étaient tous construits de façon à dominer les
terrains de culture et notamment les rizières qui se trouvent à 500m environ des maisons
d’habitation. Pour les petits exploitants, autour de leurs maisons s’étendent généralement
quelques uns de leurs champs de cultures pluviales et les vergers qui fournissent
l’essentiel de leur alimentation journalière en supplément de ce qu’ils cultivent au niveau
des plateaux. Accolés aux maisons s’érigent quelques enclos servant de parcs à bœufs,
d’étables de fortune de porcs où le paysan pratique à la fois l’élevage porcin et bovin en
préparant les fumiers pour l’amendement et la fertilisation des sols pour les cultures de
contre saison.
Photo 3. Un exemple d’hameau ceinturé par les champs de culture et de vergers (Toavala)
Ces champs sont aménagés de manière permanente et servent aussi d’aires de pâturage pour les bœufs de trait
Comme il ne suffit pas de connaître le type d’occupation du sous espace, il importe aussi
de voir les types de cultures pratiqués ainsi que leurs productions respectives
2. Les types de cultures pratiqués et les productions
D’après les résultats d’enquête, pour subvenir à ses besoins quotidiens en riz estimés à
6kapoaka par jour, le ménage d’un petit exploitant agricole; de 6,2 personnes en moyenne
39
par exemple; pratique à la fois la culture de riz irrigué et le riz pluvial. D’après le tableau ci-
après, il exploite en moyenne 2 à 3 parcelles de rizières de superficies respectives de
46,1a, 7,5a et de 6,2a en plus de 2 autres parcelles de champs de riz pluvial de 18,3a et
de 17,8a.
Tableau 6. Types de cultures et superficies mises en valeur par les petits exploitants agricoles
Types de cultures Nbre parcelles Superficies (en a) Superficies Production 1ère parcelle 2ème parcelle totales (en a) (Kg/an)Riziculture 4 64,4 25,3 89,7 1217
Riz irrigué 2 46,1 7,5 53,6 597,4Riz pluvial 2 18,3 17,8 36,1 619,6
Cultures pluviales 2 10 10 20 1377,1Maïs 317,2
Pommes de terre 362,8Patates douces 262,2
Maniocs 238Haricots 104,4
Blé 92,5Cultures de contre saison 2 16,3 8,5 843,3
Pommes de terre 394Légumes variés 449,3
Ensemble 8 74,4 35,3 109,7 3437,4
Le tout ou une partie de ces rizières portent les cultures de contre saison de pommes de
terres souvent associés à des haricots ou des petits pois. Ces derniers se font dans la
majorité des cas sur 2 parcelles de 8,5a et de 16,3a. En outre, il possède deux (2) champs
de cultures pluviales au niveau des tanety où il pratique le plus souvent des maïs, des
pommes de terre associés avec des haricots, des patates douces, des maniocs.
Néanmoins,, ils occupent des espaces moins étendus avec seulement 10a environ de
chaque à cause des multiples partages successoraux qui ont engendré la micro-
parcellisation des terrains et des rizières et l’assaut des champs sur les versants et les
terrasses alluviales. A cause de l’insuffisance de l’eau, un exploitant ne réalise qu’une
seule récolte par an et n’arrive à produire avec ces parcelles que 1217kg de paddy en
moyenne dont l'essentiel (619,6kg) est constitué de riz pluvial. Il produit par ailleurs en
cultures pluviales 317,2kg de maïs, 362,8kg de pommes de terres, 262,2kg de patates
douces, de 238kg de maniocs, de 104,4kg d’haricots et de 92,5kg de blé par an. Ceux qui
pratiquent des cultures de contre saison disposent en plus 394kg de pommes de terre et
de 449,3kg de légumes et surtout de petits pois et d’haricots.
40
Par contre, suivant le tableau 6 qui renseigne sur la répartition des terrains agricoles, les
grands exploitants disposent en tout 44ha et les moyens exploitants possèdent 9ha en
moyenne. Pour l’essentiel, les premiers ne pratiquent que des cultures fourragères et de
maïs tandis que les derniers font à la fois le riz irrigué, le maïs et les cultures pluviales
avec la prédominance des pommes de terre.
Il apparaît que moins de la moitié des parcelles totales sont réellement aménagées chez
les grands exploitants et encore moins (25,7%) chez les moyens exploitants. Le choix des
cultures est dictée surtout par l’abondance de l’eau et des activités qui en dépendent.
Puisque les grands exploitants associent souvent l’agriculture à l’élevage intensif de
vaches laitières, la place accordée aux cultures fourragères comme les avoines, les radis,
etc… reste importante par rapport à celle du riz.
Tableau 7. Répartition des terres cultivées par les moyens et grands exploitants agricoles
Types de cultures
Types d'exploitants agricoles Part des cultures (en %)Moyens
exploitantsGrands
exploitantsMoyens
exploitantsGrands
exploitants
Superficies totales 9ha 44ha 100% 100%
Superficies cultivées 2,31ha 21ha 25,7 47,7
Riz irrigué 1,3ha 0,02ha 14,4 0,05
Maïs 0,48ha 7,67ha 5,3 17,4
Cultures fourragères - 9,43ha - 21,4
Pommes de terres 0,2ha - 2,2 -
Autres cultures 0,33ha 3,88ha 3,7 8,8Source : Investigation de l’auteur
CONCLUSIONAndranomanelatra s’individualise par la prédominance des sédiments lacustres anciens et
récents. Ces derniers sont recouverts dans sa majeure partie par des cuirasses
latéritiques fortement altérées qui sont par la suite couvertes par des sols ferrallitiques
plus ou moins poreux. En outre, le sous espace jouit d’un climat tropical d’altitude à
précipitations quasi-permanentes et peu variables et des températures douces. Tous ces
facteurs physiques ont permis l’occupation et la mise en valeur quasi-complète de
l’espace par les paysans. Contrairement aux grands exploitants agricoles, la part de la
riziculture que ce soit irriguée ou pluviale reste importante pour les moyens et les petits
exploitants
41
Deuxième partie
LES RESSOURCES EN EAU DE LA ZONE D’ANDRANOMANELATRA ET SES TYPES D’EXPLOITATION
Même si d’une certaine manière, la disponibilité des ressources en eau dépend
directement des facteurs géologiques, climatiques et édaphiques, elle peut être aussi
affectée par d’autres facteurs humains. En effet, les activités dépendantes de l’eau sont
multiples. Outre qu’elle soit essentielle et incontournable pour les agriculteurs, elle
contribue aussi dans les activités de transformation industrielle.
42
Chapitre IV
LA DISPONIBILITÉ DES RESSOURCES EN EAU
Par toponymie, Andranomanelatra signifie que c’est une zone où l’eau brille. Peut-être que
l’eau y était particulièrement abondante. Les noms de certaines localités avoisinantes
expriment d’ailleurs cette idée d’abondance avec la rivière d’Andranotobaka. D’autres
noms de villages parlent également de la bonne qualité de l’eau qui y jaillit. C’est le cas
par exemple des villages d’Ambolotsararano et d’Andranotsara. Tout ceci traduit que la
zone recèle d’intéressantes ressources en eau. Mais la toponymie correspond-elle encore
aujourd’hui à cette ancienne réalité géographique. C’est ce que la suite de l’étude va
essayer de voir en inventoriant les différentes ressources en eau dont dispose le sous-
espace étudié.
IV.1. Les eaux de surface
Le massif de l’Ankaratra (Cf. Carte n°1) représenté ici par les montagnes de
Famoizankova et d’Ambohitrandraina s’élevant respectivement à 2366m et 2018m
d’altitude ainsi que ses annexes constituent de véritables châteaux d’eau pour le sous
espace étudié. Un chevelu hydrographique dense plus ou moins pérenne, formé par
plusieurs cours d’eau ainsi qu’une multitude de sources résurgentes, y prend
effectivement sources.
1. Caractéristiques du réseau hydrographique
Etroitement lié à cette origine, les lits des rivières sont généralement encombrés par des
rochers leur générant ainsi une allure torrentielle. Par ailleurs, les cours d’eau possèdent
aussi de longs paliers provenant de la longue traversée qu’ils effectuent à travers le bassin
d’Antsirabe et dessinent de nombreux méandres dans les plaines alluviales et les plateaux
latéritiques. Elles se décélèrent un peu plus en aval après 1500m d’altitude en contournant
l’escarpement de Betampona qui forme un écran buttoir. Sur leurs parcours, de
nombreuses sources émergentes ainsi que d’innombrables ruisseaux plus ou moins
permanents viennent les alimenter en saison des pluies. D’une manière générale, ces
cours d’eau sont tous des affluents de la Manandona et se dirige par la suite vers la Mania
43
qui, elle aussi, appartient au bassin fluvial de Tsiribihina. La pluviométrie étant assez
uniforme, tous ces cours d’eau ont un régime presque identique avec hautes eaux de
Novembre à Avril et un étiage d’Août à Septembre.
2. Les cours d’eau
Théoriquement, le réseau hydrographique des Hautes Terres volcaniques s’écoule de
l’Est vers l’Ouest. Ce n’est pas le cas ici, sachant que les rivières qui naissent du massif
de Famoizankova situé au Sud de l’Ankaratra et qui vont se déverser dans la Manandona
s’écoulent tout d’abord vers l’Est, puis vers le Sud-Est. Mais, bloquées par l’escarpement
de Betampona, ces rivières s’adaptent au relief en longeant et en descendant tout droit
vers le Sud et apparaissent donc comme les seules qui ont une direction Nord-Sud,
contrariant ainsi la direction du revers de Betampona.
D’après la carte n° 1, ce système hydrographique est structuré comme suit :
- la rivière pérenne d’Andranotobaka qui prend sa source à 2150m d’altitude et
alimenté tout au long de son parcours par plusieurs ruisseaux, est un affluent rive
gauche de la Manandona. D’après les mesures et les estimations obtenues par
extrapolation sur la rivière de Manandona à partir d’une série de données
hydrologiques de 1963-64 à 1979-801, elle a un débit moyen de 2,88m3/s et un
débit d’étiage de 508l/s ;
- la rivière de Sapakavia naissant à 2172m d’altitude, alimenté par plusieurs
ruisseaux et sources émergentes et recevant des apports des ruisseaux
d’Ambodinambolo et d’Ambondrona , est par contre un affluent rive droite de la
Manandona. Toujours d’après les mesures et les estimations obtenues par
extrapolation sur la rivière de Manandona à partir d’une série de données
hydrologiques de 1963-64 à 1979-802, elle enregistre un débit moyen de 2,27m3/s
et un débit d’étiage de 394,67l/s;
- la rivière de Morarano, de plus faible importance que les deux précédentes
(négligeable du point de vue importance du bassin versant, se dirige vers la rivière
de Sahatsiho qui se déverse à son tour dans le Sahalombo et va traverser la
région d’Ambano.
1 CHAPERON (P) – DANLOUX (J) – FERRY (L), « Fleuves et rivières de Madagascar », Monographie hydrologique 10, DMH/CNRE, Edition ORSTOM in page 5392 CHAPERON (P) – DANLOUX (J) – FERRY (L), « Fleuves et rivières de Madagascar », Monographie hydrologique 10, DMH/CNRE, Edition ORSTOM in
44
IV.2. Les eaux souterraines
Comme l’étude des sources et eaux souterraines dépasse déjà le cadre de l’étude
hydrologique, l’on ne peut qu’effleurer la question. Toutefois, les études pédologiques
précédentes ont montré que les plateaux d’altérites sont par nature assez imperméables
où les vides sont assez étroits que l’eau y reste maintenue par la tension sur les parois, de
façon à limiter l’infiltration. L’eau va suivre les fissures et les canaux souterrains pour
former les nappes souterraines superficielles puis profondes mieux connues sous
l’appellation de nappes phréatiques. Profitant de la première occasion pour s’écouler
rapidement, lorsqu’elles affleurent à la surface du sol et donnent naissance aux sources
émergentes.
1. Les sources résurgentes
Certaines nappes souterraines se forment dans la couche meuble d’arène issue de la
décomposition d’une roche massive ou imperméable. Par cette imperméabilité et compte
tenu de leur niveau assez proche de la surface, ces types de nappes ne peuvent bien
entendu emmagasiner beaucoup d’eau. Affectés par l’évaporation, ils peuvent tarir en
période d’étiage. Pour Andranomanelatra, ces sources sont particulièrement nombreuses
mais instables. D’ailleurs, les travaux de prospection ainsi que les enquêtes ont révélé que
la zone recèle une multitude de sources résurgentes qui jaillissent dans les fonds de
vallées D’ailleurs, la carte n°5 présentée à la page suivante illustre bien ce fait. Enfin, afin
de connaître leur importance, des mesures de débit ont été effectuées sur quatre (4) sites,
des échantillons plus ou moins représentatifs de l’ensemble :
- source de Trafonomby dans le village de Morarano qui a un débit moyen de 7,31l/s ;
- source d’Ambolo dans le village d’Ambolotsararano qui enregistre un débit moyen de
1,12l/s ;
- source d’Analamanitra qui se situe à proximité du village d’Andrambiazana qui prend -
source à plus 1900m d’altitude à proximité de la vallée d’Iorifatra et qui est doté d’un débit
moyen de 11l/s ;
- source d’Amberobe, sise dans le village d’Amberobe à une altitude de 1580m au pied de
l’Escarpement de Betampona présente un débit moyen de 5l/s.
45
Photo 4. Source résurgente d’Analamanitra
Photo 5. Source résurgente de Trafonomby
Constater la différence entre les débits d’émergence des sources. La première émergeant à plus de 1900m d’altitude et la seconde à moins de 1700m d’altitude
46
47
Il a été constaté que l’importance des débits enregistrés dépend beaucoup plus de
l’ampleur de la vallée de laquelle l’eau émerge que de l’altitude. Aux dires des personnes
interrogées, ces sources ne tarissent jamais mais diminue de 1/3 environ en période
d’étiage. Du point de vue qualité, l’eau provenant de ces sources est limpide et claire et
présente les mêmes qualités physiques que l’eau de source OLYMPIKO et ne nécessite
2. Les nappes phréatiques
Par rapport au cas précédent, les nappes libres ou phréatiques sont plus profondes, donc
peu sensibles à l’évaporation et par conséquent plus stables et peu sujettes à la
contamination. Les études hydrogéologiques menées à plusieurs reprises dans la région
prouvent que le problème hydrogéologique ne se pose pas malgré l’ampleur des latérites
et des altérites, l’eau souterraine étant abondante et pérenne partout malgré un léger
fléchissement en période d’étiage. Suivant les résultats des enquêtes relatives à la
profondeur des puits, reposant sur une couche imperméable qui la soutient, la nappe
phréatique se retrouve à 3m de profondeur par rapport au niveau du sol en saison
pluvieuse et à 10m environ en période d’étiage.
Les ressources en eau souterraine sont à priori abondantes par rapport à celles de
surface. Ces dernières sont limitées par la variabilité des précipitations, la forte capacité
de rétention et d’infiltration d’eau du sol qui ne favorisent pas suffisamment le
ruissellement et réduisent leurs possibilités d’écoulement. Par contre, ces facteurs
permettent par contre un grand emmagasinement de l’eau en profondeur et l’alimentation
des eaux souterraines
48
Chapitre V
LES DIFFÉRENTS TYPES D’UTILISATION DE L’EAU
En tant qu’élément vital, l’eau est indispensable à toutes les activités humaines. Non
seulement, elle joue un rôle prépondérant dans la mise en valeur de l’espace mais elle
concourt également dans tous les processus de développement économique. Pourtant
inégalement répartie et mal gérée, elle peut poser d’énormes problèmes d’ordre
économique, social et sanitaire et amputer l’épanouissement des autres secteurs porteurs.
Dans le cadre de cette étude, il s’agit de voir quels sont les principaux modes d’utilisation
de l’eau ?
V.1. L’eau et les activites agricoles
Tout comme pour l’ensemble de la région de Vakinankaratra, le sous espace
d’Andranomanelatra dispose de potentialités naturelles : des sols particulièrement fertiles,
un climat doux ainsi que d’immenses plaines alluviales propices à une large gamme
culturale de type tropical et tempéré. Son économie repose sur l’agriculture qui constitue
sans conteste son activité principale et caractérisée par la prédominance des cultures
vivrières qui occupent près de 97% de l’ensemble du terroir agricole. La part de la
riziculture reste importante avec 30% de ces cultures vivrières.
Les performances de la riziculture pluviale sont étroitement conditionnées par la régularité
des pluies. Sans présumer de l’importance de l’application des techniques améliorées,
l’utilisation d’engrais et de variétés à haut rendement, celles de la riziculture irriguée
reposent beaucoup plus sur une parfaite maîtrise de l’eau, en quantité suffisante pour
satisfaire aux besoins de chaque agriculteur. Pour mieux voir l’utilité de l’eau pour ce type
de culture, le calendrier et les techniques culturales requises pour leur réussite seront
définis ci-après.
49
1. Un calendrier cultural assez caractéristique
A quelques nuances près, le calendrier rizicole est le même qu’au niveau d’Antananarivo
sauf qu’il est beaucoup plus accéléré pendant la saison pluvieuse et que la rigueur du
climat ne permet en fait de réaliser qu’une seule récolte de riz irrigué vers le mois d’Avril.
Malgré cet état de chose, il s’étend presque sur toute l’année pour le riz dans les bas
fonds ou « ambany rano » avec la possibilité d’avoir deux récoltes par an. Le calendrier
rizicole diffère donc suivant les types de rizières.
D’une manière générale, après les travaux de curage des canaux d’irrigation, des
diguettes de drainage entre les mois de Mai et Juin, les travaux de préparation du sol
débutent vers le mois de Septembre. Pour pouvoir repiquer à temps les rizières en
Novembre, les pépinières doivent être ensemencées vers mi-Octobre après leur mise en
eau début Octobre, période de pointe d’utilisation de l’eau. Après la récolte au mois
d’Avril, le riz est relayé par les cultures de contre saison qui vont occuper les rizières pour
le reste de l’année, générant de ce fait la fertilité des sols.
D’après la possibilité mentionnée plus haut qu’il est possible d’avoir deux saisons
culturales au niveau des bas fonds et des plaines, est toutefois conditionnée par des
risques d’inondations que peuvent encourir les rizières en période de pluies. Alors qu’en
général, le calendrier cultural va d’Octobre à Mars. Les pépinières doivent être
ensemencées en Octobre pour que le repiquage des rizières puisse avoir lieu en
Décembre et donner la récolte en Mars.
2. Les techniques de maîtrise de l’eau
L’irrigation est fondamentale dans l’augmentation des rendements rizicoles. Les
techniques se différencient suivant les modes d’irrigation. Pourtant, le rendement est
surtout fonction de la parfaite maîtrise de l’eau qui y contribue pour 45%3 selon
RABEMANANTSOA. Suivant la figure 3, les travaux à réaliser pour la pépinière et les
rizières se présentent comme suit :
3 RAMAMONJISOA J., « Le processus de développement dans le Vakinankaratra » Hautes Terres Malgaches, Thèse de Doctorat d’Etat, page
50
LABOUR
Figure 3: Les étapes de la maîtrise de l’eau dans les travaux rizicoles
PÉPINIERE
RIZIÈRE
Pour avoir les meilleurs plants, la mise en eau doit être faite suivant les normes requises.
Pendant cette opération assez délicate, il faut que le niveau de l’eau se maintienne à 5cm
environ du niveau de sol de façon à laisser respirer les nouveaux plants quand ils vont
repousser une semaine après le semis. Une fois que ces premières repousses font
surface, il faut sitôt retirer l’eau pour faciliter l’apport de la fumure organique et l’émottage
pendant toute la semaine d’après. Quand les pépinières repoussent, il faut à nouveau
humecter un peu le sol puis on procède à l’apport d’engrais chimique. Tout au long de
cette opération, il importe de souligner que le niveau général de l’eau ne doit pas dépasser
5cm environ du niveau du sol.
Pour les rizières, il faut s’assurer que le niveau de l’eau ne dépasse pas 7cm environ de
manière à laisser les « tonom-bary » respirer en surface. Une semaine après le repiquage,
il est procédé au sarclage répété tout en veillant minutieusement au niveau de l’eau. Sitôt
que le riz mûrit, l’on procède à la coupe avec les tâches connexes (mise en bottes,
transport, battage, vannage, séchage).
En conséquence, pour avoir de bonne récolte au mois d’Avril, il faut remplir
convenablement et suivre à la lettre ces conditions de maîtrise de l’eau. Pourtant, à cause
de l’insuffisance de l’eau, ces techniques simples sont loin d’être respectées.
EMOTTAGE
Préparation semences
TRANSFERT DES ARRACHAGE MISE EN EAU
LABOUR
Ependage de fumier 1ère Mise en eau HERSAGE
Travaux d’affinage
PLANAGE
EMOTTAGERepiquage (semis) direct)
FUMURE ORGANIQUE
51
Sans minimiser l’importance indéniable et la place des autres types de culture dans
l’organisation de l’espace, leur calendrier cultural n’est présenté ici que de manière très
synthétique étant donné qu’ils ne requièrent pas beaucoup d’eau pour leur bon
développement. En bref, les travaux de préparation du sol s’étalent du mois de Septembre
au mois de Novembre et ils sont généralement récoltés entre Avril et Juin. Les cultures de
contre saison sont pratiquées du mois d’Avril au mois d’Octobre. La préparation du sol est
ainsi effectué du mois en Avril-Mai pour une moisson en Septembre-Octobre. Pour les
pommes de terre, celles-ci étant plantées en cultures pluviale et en contre saison et
souvent associées aux autres cultures de rente, ce sont surtout l’altitude (au dessous de
1600m), la température ambiante (10 à 15°C), un bon ensoleillement, les conditions
édaphiques (sols volcaniques, meubles, sols non argileux) qui sont fondamentaux. Même
si l’eau n’intervient qu’en second plan, l’essentiel est de savoir jauger la quantité d’eau
vitale car un excès en début du cycle végétatif provoque la turgescence des tubercules. A
contrario, un manque peut susciter le durcissement et le mûrissement prématuré des
tubercules.
Comme dit le proverbe malgache : « Ohatran’ny vary sy ny rano, an-tsaha tsy mifanary,
an-tanàna tsy mifandao », l’eau est d’une importance capitale pour la riziculture irriguée à
moins d’appliquer d’autres techniques qui ne nécessitent pas de grandes quantités d’eau.
Il en est de même pour les cultures de contre saison qui ne peuvent aussi se développer
convenablement sans eau.
V.2. L’IMPORTANCE DE L’EAU POUR LES ACTIVITES INDUSTRIELLES
Outre l’identification et l’étude des possibilités d’expansion des grandes zones
productrices de matières premières, la recherche d’une main d’œuvre qualifiée et la facilité
d’accès ; la disponibilité de l’eau régit également le choix de l’emplacement des industries.
Pour les industries agro-alimentaires, elle est obligatoire dans les divers stades de
transformation des matières premières agricoles. Par son étendue et ses arrières pays
ruraux agricoles très dynamiques, Andranomanelatra est, comme il é été vu, une zone à
vocation industrielle. La KOBAMA et TIA, implantées dans la zone en donnent les
prémisses des perspectives de développement industriel du sous espace.
52
1. TIA : un gros consommateur d’eau
Implantée à Andranomanelatra depuis 1991, à la suite de l’extension de la laiterie de
Sambaina Manjakandriana, l’usine ultramoderne TIA dispose d’une forte capacité de
traitement par jour. Composée à ses débuts d’une Laiterie, de sections de fabrication de
jus naturels, de production d’eau minérale, l’usine s’est renforcée par d’autres sections de
boissons gazeuses en 2000. S’y sont ajoutées en 2004 une section de fabrication de
glaces et une grande ferme d’élevage laitier moderne qui s’appuie sur les unités de
production de Feed Mill chargée de la production de provende de qualité pour le bétail.
Une unité de vulgarisation de la production laitière et de collecte de lait participe
pleinement aux actions de développement rural en vulgarisant les cultures fourragères et
en renforçant les encadrements. Cette usine très perfectionnée et en partie automatisée
fonctionne avec des matériels d’équipement en froid, de conservation et de pasteurisation
de lait des plus modernes qui nécessitent une énorme quantité d’eau. Ainsi, pour faire
face à ses multiples besoins (élevage laitier, toutes ses chaînes de production et activités
connexes), TIKO a choisi d’exploiter l’eau du ruisseau de Tsararano qui se trouve à une
dizaine de kilométres au Nord d’Andranomanelatra, à la source dite Trafonomby, suivant
les dispositions édictées par le Code de l’Eau dans la section II, Article 32 qui autorise la
mise en place d’une adduction autonome pour éviter les problèmes d’approvisionnement
en eau. Des dispositions sont prises pour limiter les consommations en eau et ne pas
léser la population locale en matière de distribution d’eau potable.
L’eau intervient tout aussi bien dans les activités de transformation de production laitière,
de production des boissons hygiéniques que dans l’élevage intensif de vaches laitières
ainsi que pour le nettoyage et le refroidissement des machines de production.
L’importance de ses besoins journaliers sera étudiée plus loin.
2. La place de l’eau dans les activités de la KOBAMA
Créée en 1983, cette société d’état est chargée de la transformation du blé en farine non
seulement pour le marché local ,mais aussi pour l’extérieur. Après les essais
expérimentaux entrepris par FIFAMANOR, la mise en place de la KOBAMA s’inscrit dans
le cadre d’un vaste projet d’autosuffisance en blé visant à relancer et intensifier la culture
53
de blé et du triticale, bien adaptée aux conditions édaphiques et climatiques du
Vakinankaratra, par plusieurs actions de vulgarisation, d’octroi de crédit, de promotion.
Pour fabriquer une farine de bonne qualité et répondant au mieux aux exigences
internationales, plusieurs facteurs doivent être respectés et optimisés : parmi ceux-ci la
teneur en humidité du blé (les blés ne peuvent être ni broyés ni conservés à très faible ou
haute teneur d’humidité). Au cours du processus de transformation, lors du
conditionnement, il s’agit de régler l’humidité pour la mouture. Après élimination des
impuretés et avant d’être broyés, les grains de blés doivent avoir une humidité de l’ordre
de 14% environ. L’eau est donc tout à fait indispensable au bon déroulement du
processus d’écrasement des grains de blé dans la mesure où la teneur en eau du grain
conditionne la mouture et partants la qualité de farine qui en découle .
Etant donné qu’il n’existe aucune source à proximité de l’usine, celle-ci étant localisée au
niveau de la plaine et afin de limiter les coûts d’approvisionnement en eau, l’usine utilise
surtout les eaux souterraines.
3. Le projet FIFAMANOR
Ce projet malgacho-norvégien de développement agricole mérite une attention particulière
compte tenu de l’importance de ses activités étroitement liées à l’utilisation optimale de
l’eau.
Créé en 1972 à Andranomanelatra, ce projet de développement rural visait, d’une part, à
promouvoir les cultures de pommes de terre et du blé en procédant à plusieurs essais
agronomiques et d’autre part, à vulgariser les cultures fourragères et la pratique d’ensilage
en vue du raffermissement des techniques d’élevage et de l’expansion des races bovines
PRN (Pie Rouge Norvégien) auprès des paysans.
54
Photo 6. L’étable de vâches laitières (Pie Rouge Norvégien) de FIFAMANORLes bacs servent ici à l’alimentation en eau des vâches laitières
A cette fin, FIFAMANOR exploite 100ha de terres réparties sur deux stations :
- l’une dénommée MIMOSA chargée de la production et de l’amélioration des semences
sur une superficie de 10ha environ, et qui faute de quantité d’eau suffisante en saison
sèche, procède à leur sous arrosage par système de pompage régulier d’une durée de 7 à
8 heures par jour et tous les deux à trois jours depuis la rivière de Sapakavia ;
Photo 7. Le sous arrosage des champs de pommes de terre (FIFAMANOR)Faute de quantité d’eau suffisante en période d’étiage, FIFAMANOR procède au sous arrosage des champs
de pommes de terre et de cultures fourragères. Noter l’importance des installations utilisées à cet effet. Remarquer toutefois que ces techniques fort coûteuses ne sont pas à la portée des paysans
55
- l’autre station, connue sous le nom ARMOR, est une cellule de vulgarisation et d’élevage
qui diffuse de manière systématique les techniques d’élevage moderne et encourage les
paysans à pratiquer les cultures fourragères et l’ensilage. La station cultive sur une
quarantaine d’hectares une large gamme de verdure, d’avoines, de radis, de fourrages
verts destinés à l’alimentation des 2610 vaches laitières de leur ferme. En période sèche
(Août-Octobre), FIFAMANOR ARMOR procède à l’irrigation pour éviter une morte saison.
Photo 8. Pompage de la rivière de Sapakavia pour le sous arrosage en période d’étiage (FIFAMANOR)Ce tracteur muni d’un système de pompage d’eau s'y trouve en permanence en période d’étiage de 6 heures
du matin à 17 heures de l’après midi
Ces techniques de sous arrosage et d’irrigation ultra-modernes utilisées par les grands
propriétaires terriens, présentées sur ces photos, ne seraient jamais à la portée des
paysans. Devant l’ampleur de cette situation, les petites exploitations agricoles pourraient
disparaître petit à petit.
V.3. L’ALIMENTATION EN EAU POTABLE POUR LA CONSOMMATION
L’utilité de l’eau est sans conteste dans les processus agricole et industrielle du sous
espace. Outre les conditions édaphiques, l’occupation du sol dépend en partie non
seulement par l’abondance des eaux de ruissellement mais aussi par la facilité d’accès à
l’eau pour la consommation humaine. Mis à part des quelques ménages qui ont accès aux
bornes fontaines déjà installées, il a été constaté que l’alimentation en eau de la
56
population d’Andranomanelatra varie suivant leur localisation géographique. En effet,
l’enquête a révélé que ceux qui habitent en altitude ou dans les vallées ont recours
essentiellement aux eaux des sources émergentes et résurgentes tandis que ceux établis
dans les bas fonds ou dans les plaines alluviales utilisent surtout des puits.
1. La situation actuelle de l'approvisionnement en eau.
Les sources d'approvisionnement en eau
A la différence des urbains, les résidents ruraux doivent subvenir à leurs propres besoins
en eau. En général, ils s’approvisionnent en eau d’un puits, d’un ruisseau intermittent ou
des rivières. Mais d’une façon générale, près de 92% des ménages s'approvisionnent aux
puits. D’après les données de l’enquête: 52,3% des ménages s'alimentent à un puits
collectif; 37,61% des ménages disposent de leur puit individuel dans leur cours; 1,8%
d'entre eux s'approvisionnent en eau aux puits de leurs voisins ; 8,3% utilisent l’eau des
rivières et sources qui se trouvent à leur proximité
Ces différentes sources de l’eau sont combinées de façon complémentaire en fonction des
variations saisonnières, des différences de coût et de goût, de la perception du risque
sanitaire considérée par la population en matière de potabilité de l’eau : une eau claire
sans saleté visible à l’œil nu sera toujours considérée comme pure donc potable. Un
système peut servir à diverses fins. Par exemple : pour pallier à l'insuffisance de l'eau et
pour une raison de commodité, 21,1% des ménages utilisent l'eau des sources et rivières
pour leur lessive et l'abreuvage du bétail.
Les conditions générales des sources d'approvisionnement en eau
L’observation directe a permis de définir que la densité d’occupation du terroir est en
partie déterminée par l’eau. L’habitat tend à se concentrer autour d’une source principale
ou à se disséminer sur plusieurs hameaux selon les sources d’approvisionnement en eau.
D'après les réponses des ménages enquêtés, les puits se situent, en moyenne, à une
vingtaine de mètres des maisons d'habitation. A Andranotsara, ils se trouvent à plus de
57
40m et à Andranomanelatra à moins de 20m environ des habitations. Pour le trajet, les
mères de famille consacrent souvent une dizaine de minutes pour aller chercher de l'eau.
Les puits ont une profondeur moyenne de 9m. Là encore, la profondeur des puits varie
suivant les dénivellations car si à 1500m d’altitude, l’on atteint déjà le bed rock à 7m, ce
niveau serait de 11m à 1600m d’altitude. D'une manière générale, 2,3% des puits ne sont
désinfectés qu'une fois par an et seulement 9,2% des ménages les désinfectent une fois
par mois.
2. Les usages prioritaires de l’eau
Indispensable à la vie humaine, l’eau est utilisée par les ménages pour leurs besoins
domestiques (toilette, cuisson, boisson, vaisselle), les autres non domestiques (l’arrosage
des vergers, des jardins potagers et l’alimentation du bétail) ; ainsi l’utilisation de l’eau se
limite ici au strict minimum car la lessive est généralement effectuée dans les rivières ou
les canaux d’irrigation.
Conscient de l’acuité de ce problème, la Commune d’Andranomanelatra a demandé au
Ministère de l’Energie et des Mines que le chef lieu de la Commune soit desservi en eau.
Et c’est ainsi que la JIRAMA a mené en 2004 une étude sur la prospection des ressources
potentielles en eau, accompagnée d’une analyse de l’évolution éventuelle de la demande
en eau afin de dimensionner le réseau et les installations à mettre en place.
58
Chapitre VI
LES BESOINS EN EAU DES TYPES D’EXPLOITATION
Depuis longtemps, il est constaté que les besoins en eau augmentent indéfiniment au fur
et à mesure de l’évolution de la société ou d’un espace donné. Aux besoins agricoles
considérés, à une certaine époque, comme vitaux, s’ajoutent de nouvelles demandes,
induites par l’installation ou l’expansion des industries, que les générations précédentes
ignoraient mais qui paraissent actuellement indispensables au développement rural.
Progressivement, l’homme ressent de plus en plus le besoin d’eau potable, un des
facteurs structurants d’un espace moderne.
Dans ce contexte, il apparaît pertinent d’estimer les besoins en eau tant en alimentation
d’eau potable qu’en industrie ou en agriculture.
VI.1. LA DEMANDE EN EAU POTABLE
Trois facteurs déterminent conjointement la demande en eau : les caractéristiques
démographiques et socio-économiques, la situation de l’approvisionnement existant y
compris les consommations en eau qui sont d’une importance capitale, la volonté à
acquérir des branchements particuliers ou à recourir aux bornes fontaines. L’ensemble de
ces éléments d’analyse permet de déduire les besoins en eau pour les usages dits
domestiques. Pour cela, il est proposé de procéder tout d’abord à une étude
démographique, puis à une étude de l’évolution de habitat et enfin l’évaluation de la
demande.
1. Etude démographique
Dans le présent point, il s’agit de déterminer la population à desservir pour tous les
horizons d’étude à partir des perspectives d’évolution de la population totale et scolaire
jusqu’en 2020.
59
La population totale
Faute de données relatives à l’effectif de la population de la localité d’Andranomanelatra
sur une période assez longue, l’estimation du taux de croissance moyen annuel sera faite
à partir de celle de l’ensemble de la Commune. La population de la Commune Rurale
d’Andranomanelatra a été de 24026hab en 1993 et 26960hab en 2003. Sur la période
d’observation 1993-2003, elle a donc connu un taux de croissance moyen annuel de
1,2%. Taux faible à priori mais assez proche du taux défini par l’INSTAT pour les milieux
ruraux. Cependant, considération faite des projets d'aménagement urbain prévus à y être
réalisés, les projections seront basées sur un taux moyen annuel de 3,68% , taux de
croissance moyen de l’INSTAT pour le centres urbains secondaires jusqu'en 2010 . Il est
proposé de l’aligner par la suite au taux fixé au niveau national ie 2,4% sur la période
2010-2020. L’effectif passerait ainsi de 3884hab en 2003 à 4175habitants en 2005, à
5002habitants en 2010 et à 6340habitants en 2020.
La population scolaire
Au cours de l’année scolaire 2003-2004, il a été recensé 6 établissements scolaires dont 2
écoles privées confessionnelles qui réunissaient 1780 élèves. Sur la base d’un effectif au
niveau I pour l’année scolaire 2003-04 de 1429 élèves et de 351 élèves au niveau II, et
des taux de croissance moyen annuel de 10% et de 5% respectivement entre 2010 et
2020, la population scolaire serait de 3154 élèves durant l’année scolaire 2009-10, 3834
élèves au cours de l’année scolaire 2014-15. En 2019-20, il serait de 4660. Ces effectifs
seront retenus lors de l’évaluation de la demande en eau pour l’AEP.
2. Les perspectives d’extension de l’habitat
60
Malgré l’attrait de la ville d’Antsirabe, cette périphérie Nord commence petit à petit à
s’urbaniser. En effet, avec le plan d’aménagement conçu par la Direction de
l’Aménagement du Territoire finalisé en Avril 2004, ce chef lieu de la Commune Rurale
d’Andranomanelatra est appelé à devenir assez vite une ville secondaire. De nombreux
urbains y s’installent de plus en plus contribuant ainsi à l’urbanisation progressive des
espaces ruraux avoisinants. A ce rythme, Andranomanelatra est en phase de constituer la
couronne périurbaine de la ville d’Antsirabe, ainsi plusieurs facteurs contribuent déjà à
repousser les frontières périurbaines dans cette direction à ne citer que la grande
régularité des moyens de transport qui relient de manière permanente la ville d’Antsirabe
et Andranomanelatra, la surenchère locative ainsi que la spéculation foncière qui ont incité
le phénomène de rurbanisation.
Par le plan établi, tout en préservant le vieux Andranomanelatra, les principaux objectifs
de l’aménagement se résument comme suit :
- à l’échelle des quartiers, restructurer et réorganiser les quartiers existants en les
découpant en plusieurs îlots qui s’articuleront autour d’un espace vert et dotés
d’équipements urbains adéquats,
- à l’échelle de nouvelle ville qui abritera à la fois la Mairie et le Chef lieu de District,
donner une nouvelle allure à la localité en aménageant au centre un boulevard le long
duquel s’aligneront des édifices de taille modeste certes mais avec une architecture assez
particulière alliant à la fois la rusticité et la modernité ainsi que des espaces de loisirs ;
- à l’échelle de la Commune, mieux étoffer et diversifier les équipements et les
infrastructures de développement à enjeux régionaux voire provinciaux pour accueillir de
nouvelles installations d’envergure telles le centre de santé animale et végétale et le
centre de foire internationale ;
- à l’échelle régionale, par les potentialités offertes par cette nouvelle ville et la Commune
d’Andranomanelatra, constituer des éléments structurants de la région appelée à devenir
une zone pilote en matière de recherche agricole et d’élevage.
Actuellement, l'occupation de l'espace paraît ininterrompue de l'entrée à la sortie de la
localité même si le tissu d’occupation est encore discontinu. Pour ce qui est de l’extension
(Cf Carte n°3), tout en préservant les unités agricoles existantes et les espaces boisés
actuels, la localité se développera au centre par un remplissage interstitiel mais davantage
61
vers l'Ouest et le Nord Est et s’étendra vers le Sud le long de la RN7 qui deviendra à coup
sûr une zone industrielle préférentielle. D'ailleurs, l'existence d'une importante réserve
foncière située en marge du site actuel de la localité favoriserait incontestablement toute
initiative dans ce sens. Mais à moins d'un changement particulier, l'extension linéaire le
long des principales voies d'accès se poursuivra. Par perspectives, il est fort probable que
ces projets d’aménagement implique de nouveaux besoins en eau assez conséquents.
D’ailleurs, le dimensionnement des conduites d’adduction et l’évaluation future de la
demande en eau qui devront tenir compte de ces perspectives.
3. Etude de l’évolution de la demande en eau
Evaluation des besoins en eau par habitant
Suivant les résultats des enquêtes ménages, la consommation moyenne d’un ménage de
la localité d’Andranomanelatra est de 175 litres par jour (77 litres par jour pour les usages
domestiques et 98 litres pour la lessive) et 169 litres par jour pour les autres usages non
domestiques. Pour une taille moyenne de 4,93 personnes par ménage, la consommation
unitaire est de 70 litres par jour par habitant, tous usages confondus. Mais comme
l'abreuvage du bétail se fait généralement aux moyens des puits, cette consommation
unitaire sera ramenée à 60 litres par jour par habitant pour l'estimation de la demande en
eau.
A l’opposé, les résidents de l’arrière pays rural ne consomment que peu d’eau. Quelque
soit les sources d’approvisionnement en eau, la consommation en eau est nettement
faible car un ménage n’y consomme en moyenne que 30litres d’eau par jour pour ses
usages domestiques et 100litres environ pour les élevages laitier et porcin avec en
moyenne trois (3) vaches laitières et deux (2) porcs par ménage. Pour une taille moyenne
de 6,2 personnes par ménage, la consommation unitaire d’eau serait de 5litres par jour,
valeur relativement insignifiante par rapport aux normes de consommation minimale
fixées par l’OMS pour le milieu rural (20l/j/hab). Ce sont donc ces résidents ruraux qui
subissent plus directement le contrecoup des pénuries d’eau en milieu rural, en diminuant
autant que possible leur consommation.
62
En terme de dotations unitaires, les prévisions 2020 seront de 60 l/j/hab. pour les
branchements particuliers et de 35 l/j/hab pour les bornes fontaines. Suivant les normes
de consommation internationale, un élève aurait besoin de 10l d’eau par jour et un lit
d’hôpital de 500 l par jour.
Perspectives d’une évaluation de la demande en eau
Considérant les objectifs du DSRP, toute la population de la localité d’Andranomanelatra
devra être desservie en eau au terme du projet c'est-à-dire en 2020. A cette fin, la
détermination des taux de desserte suivant les horizons tient compte des objectifs et des
branchements éventuels estimés à 15% du nombre total des ménages de la zone
concernée.
Ainsi, 15% des ménages seraient alimentés en 2005 par des branchements particuliers
tandis que le reste seraient approvisionnés par des bornes fontaines. En 2010, le taux des
branchés serait porté à 25% , à 33% en 2015 et à 45% vers l’année 2020.
Suivant la projection de la population totale et scolaire trouvées plus haut, la demande en
eau serait estimée à 432m3/j en 2020.
Tableau 8. Evolution de la demande en eau potable
Horizon 2005 2010 2015 2020Population 4175 5002 5631 6340Branchement particulier
- Taux de desserte- Population desservie- Consommation
(m3/j)
15 %62638
25 %1250
75
33 %1858112
45 %2853171
Bornes fontaines- Taux de desserte- Population desservie- Consommation
(m3/j)
85 %3549108
75 %3752131
67 %3773132
55 %3487122
Consommation des autres usagers
16 38 44 53
Total consommation (m3/j) 162 244 288 346
63
Rendement 80 % 80% 80% 80%Total production (m3/j) 202 305 360 432Source : Investigation de l’auteur
4. Description sommaire du projet d’alimentation en eau potable de la localité d’Andranomanelatra
Pour qu’il n’y ait pas de problèmes avec les autres utilisateurs de l’eau, seules les sources
d’émergence ont été considérées dans ce projet. Les coûts d’implantation et d’exploitation
des forages étant très prohibitifs et même si le rabattement de la nappe était faible en
période d’étiage les plus prononcés, le recours aux eaux souterraines est aussi exclu.
D’une façon générale, quatre (4) sources émergentes (Trafonomby, Ambolo, Amberobe et
Analamanitra) ont été prospectées. En considération des agriculteurs qui souffrent déjà de
l’irrégularité des débits d’irrigation, seule la source d’émergence d’Analamanitra avec un
débit de 38m3/h satisfasse la demande en eau prédéfinie tant en quantité qu’en qualité, et
située à 1915m d’altitude, a été retenue.
Pour des raisons de coûts aussi bien des travaux que d’exploitation, le système
d’exploitation sera gravitaire de la source jusqu’à la ville. D’une manière générale, un
bassin de mise en charge, en béton armé captera l’eau à la source. Des conduites en
PVC série 10 bars de diamètres 75mm, 90mm, et 110 mm, relieront ce bassin de captage
au réservoir de distribution au sol de 150m3, en béton armé circulaire, de 3,70m de
diamètre et de 4m de hauteur, qui sera implanté à Bemasoandro à 1759m d’altitude et
munie d’un poste de chloration équipée d’un doseur gravitaire pour la stérilisation de l’eau
avant distribution. En tout, le coût de ce projet a été estimé à 480 000 000Ar
VI.2. LA DEMANDE EN EAU POUR L’AGRICULTURE
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient au préalable d’inventorier les aménagements
hydro agricoles de notre sous espace.
1. Les ouvrages hydro-agricoles
Les bonnes performances de l’agriculture, de la riziculture irriguée notamment à
Andranomanelatra sont dues aux ouvrages hydro-agricoles (barrages et réseaux
64
d’irrigation) qui y ont été implantés. La lecture de la carte n° 4 permet de dégager les
ouvrages suivants :
- Le petit périmètre irrigué (PPI) d’Andranotobaka, le plus étendu , est construit en 1975
par le Faritany d’Antananarivo dans le cadre de l’URER. Aménagé à partir de la rivière du
même nom, le réseau d’irrigation long d’une vingtaine de km domine une superficie totale
de 600ha et dessert de nombreux Fokontany des Communes d’Andranomanelatra et
d’Ambohimiarivo. A la demande de l’AUE « AINA ANDRANOTOBAKA » qui se plaint de
l’irrégularité des débits, l’installation a été renforcée par un autre barrage de réalimentation
en 2001 ;
- Le micro périmètre irrigué d’Antrafonomby aménagé à l’époque coloniale et qui s’est vu
doté d’un autre barrage de réalimentation vers l’année 1989 pour alimenter le Fokontany
d’Ambolotsararano et pour résorber les problèmes récurrents de manque d’eau. Ce qui a
permis d’irriguer 60ha de rizières, les prévisions allant jusqu’à 500ha de superficies ;
- Dans ce même esprit et dans le but de mieux desservir la partie sud du réseau, ce même
barrage d’Antrafonomby a été réhabilité en 1996 et a été renforcé par un autre construit
sur canal juste après le passage de Mahandraza sur financement du Faritany également
pour aménager le micro périmètre de Mahandraza qui s’étend sur 30ha environ ;
- De moindre importance, d’autres périmètres traditionnels ont étés conçus par le Génie
Rural : c’est le cas du périmètre traditionnel d’Andakandrano en 1993. Et très récemment,
le périmètre traditionnel d’Andohasahadimy est actuellement en cours d’aménagement
partiel. A terme, ces derniers devront être munis de barrages maçonnés et d’ouvrages sur
canal. En principe, ces ouvrages devraient permettre de dominer près de 140ha de terres.
65
Photo 9. Le premier barrage d’AndranotobakaNoter l’état désuet de ce premier barrage suite aux passages successifs des cyclones ELITA et GAFILO en 2004 qui ont
endommagé quelques uns des barrages de cette région. Depuis, les travaux de réparation n’ont pas tenu. Une réhabilitation complète de ce barrage serait nécessaire
2. L’évaluation des besoins en eau d’irrigation
La demande en eau d’irrigation
Les différents aménagements hydroagricoles cités plus haut devraient permettre d’irriguer
en tout 1270ha de rizières qu’ils soient de type « sakamaina », « ati-tany » ou « ambany
rano ». Malheureusement, il apparaît que seulement 533ha sont réellement irrigués à
cause de l’insuffisance de l’eau due en partie à la croissance démographique effrénée
mais aussi à l’état désuet et généralisé des installations. En effet, pour un besoin minimal
de 1,5l/s/ha, les besoins en eau se chiffrent actuellement à 799,5l/s en période intensive
de culture de riz irrigué pour le périmètre d’Andranotobaka. Le débit de la rivière
d’Andranotobaka trouvé plus haut de 500l/s reste insuffisant pour pouvoir irriguer
l’ensemble de ces parcelles. Seuls 333ha peuvent être irrigués. Dans l’objectif d’irriguer
toutes les zones dominées, la demande en eau à terme se situerait à 2548l/s, si le besoin
est fixé à 2l/s/ha. A titre récapitulatif, le tableau 9 suivant fournit les besoins en eau
nécessaires pour chaque périmètre.
Tableau 9. Les infrastructures agricoles et les demandes en eau d’irrigation (Situation 2005)
66
Périmètre Type Rivière Fkt concernésSup
dominée Sup irriguée Nombre Besoins
périmètre ou ruisseau (en ha) (en ha) usagersen eau (en
l/s)
Andranotobaka PPI Andranotobaka Antanetibe Toavala 600 383 429 574,5
Mahandraza MPI Antrafonomby Mahandraza 30 30 60 45
Trafonomby MPI Antrafonomby Ambolotsararano 500 60 90
Andakandrano TDL Andakandrano Andakandrano 75 40 125 60
Andohasahadimy TDL Antrafonomby Morarano 65 20 65 30
TOTAL 1270 533 679 799,5
Source : Service du Génie Rural - Antsirabe
De ce tableau, il apparaît que les capacités des infrastructures actuelles et les ressources
en eau disponibles n’arrivent pas à couvrir les besoins réels en eau de l’agriculture. Dans
les conditions actuelles, les périmètres dominés font au total 1270ha alors que les
superficies irriguées quant à elles ne représentent que 533ha seulement soit 26,2%.
VI.3. DEMANDE EN EAU POUR L’INDUSTRIE
Il a été dit plus haut qu’à côté de l’agriculture, l’industrie est aussi une grande
consommatrice d’eau. Il y a lieu de déterminer les quantités réelles demandées par les
usines de KOBAMA et de TIA.
1. Besoins en eau de la KOBAMA
Comme il a été évoqué précédemment, l’alimentation en eau de la KOBAMA, avec une
capacité nominale de production de 288 tonnes par jour, est assurée par des eaux
souterraines. Pour cela, elle s’est équipée de deux forages de 30m de profondeur et d’une
capacité nominale de 2m3 chacun. Ces forages munis d’une pompe immergée à trois
électrodes permet une durée de pompage de 5heures, avec des arrêts d’environ d’une
heure, ce qui correspond à un débit journalier assuré de 40m3/h.
Après pompage, l’eau est refoulée dans un bassin à eau à 2 compartiments de 500m3
chacun dont le remplissage se fait automatiquement. Pendant la nuit et en cas de coupure
de courant où l’usine ne fonctionne pas généralement, un réservoir à vessie de secours de
1m3 assure l’alimentation en eau des villas. Selon le responsable de la maintenance, un
67
dispositif des forages permet de prévenir les périodes d’étiage les plus rudes et jusqu’à
preuve du contraire, cette minoterie n’a jamais souffert de manque d’eau. Sachant
effectivement que l’eau se trouve à 12m environ du niveau du sol en période sèche, le
niveau inférieur de la sonde a été posé à 10m du forage.
Même dotée d’une importante capacité et faute de quantité suffisante de blés, la KOBAMA
ne peut produire pour l’instant que 1500 tonnes/mois en moyenne soit une production
journalière de 50 tonnes/jour. En plus de l’eau nécessaire pour le refroidissement des
machines tournantes et le mouillage des blés, l’usine demande 64,9m3 d’eau par mois
pour 1785 tonnes de blés écrasés : soit 36 litres d’eau par écrasement ou 2,16m3 par jour.
Ce qui n’est pas beaucoup par rapport à l’agriculture et l’alimentation en eau potable. A
supposer néanmoins que cette usine parvienne un jour ou l’autre à produire les 288
tonnes par jour, ce qui nécessitera 11m3 d’eau par jour, la demande en eau reste assez
négligeable. La quantité en eau requise sera toujours satisfaite vu la capacité des forages.
2. Besoins en eau de TIA
Intervenant directement dans tout le processus de production de TIA, l’eau est
indispensable à toutes les activités de ce grand complexe agro-industriel.. Utilisée par TIA
pour ses besoins en eau, la source de Tsararano a une capacité de 38m3/h et est
transférée vers l’usine par 15km de conduites d’amenée parallèles en PVC de 90 et en
PVC 50 pour être stockée dans 2 réservoirs de 100m3 de chaque avant d’être distribuée
vers les unités de production respectives. Notons au passage que la deuxième conduite
en PVC de 50 a été posée seulement avant le lancement des boissons gazeuses
« Classiko », c'est-à-dire en 2000. Réputée pour sa meilleure qualité organoleptique,
physico-chimique et bactériologique, cette eau ne nécessite qu’une filtration.
Suite aux entretiens avec les responsables de chacune des unités de production, ce
complexe demande en tout 621m3 d’eau par jour dont la très grande majorité, comme le
montre le tableau ci-après, va à l’unité laiterie, OLYMPIKO et boissons gazeuses :
Tableau 10. Les besoins en eau de TIA
68
Unités de production
Besoins en eau
(en m3/j)Unité LAITERIE et OLYMPIKO 520Unité GLACE 3Unité TIKO FARM 98Ensemble 621Source : Investigation de l’auteur
Pour l’unité LAITERIE et OLYMPIKO, outre l’eau embouteillée,et celle requise pour le
brassage de lait et la production de jus naturel et des boissons gazeuses, le nettoyage des
machines tournantes nécessite à lui seul 250m3 d’eau par jour. Pour l’unité GLACE, il faut
respectivement 59,73% et de 80,2% d’eau pour pouvoir produire 1kg de crème glacée et
de glaces à l’eau nécessitant en moyenne 3m3 par jour. Et l’unité élevage TIKO FARM
qui élève actuellement 700 têtes de vaches laitières demande 98m3 par jour pour une
consommation unitaire de 140litres par jour par tête pour une race pure européenne.
La source de Tsararano, avec une capacité journalière de 921m3, satisfait largement les
besoins actuels de TIA et de TIKO FARM. Le complexe dispose même d’une réserve de
291m3/j, qui le permettra de subvenir aux besoins éventuels d’extension des activités.
Conclusion
Malgré l’insuffisance notoire et la vétusté des équipements hydroagricoles et l’irrégularité
des débits des rivières, l'irrigation accapare ici presque toute l'eau disponible. Vient
ensuite les industries qui ne peuvent fonctionner sans eau et enfin l’Alimentation en Eau
Potable qui ne demande en fait que 432m3 par jour. Étonnamment, il faut presque cinq
cent (500) fois autant d'eau pour les cultures vivrières et notamment la riziculture irriguée
que pour l'approvisionnement en eau potable. C'est dire combien l'irrigation est vitale à la
survies des agriculteurs.
L'eau a toujours soulevé des situations conflictuelles entre les différents usagers, qui
induisent de nombreux impacts de tous ordres qui seront analysé au chapitre suivant.
69
Troisième partie
LES IMPACTS DE L’APPROVISIONNEMENT
EN EAU
L’idée qu’on se fait de la région de Vakinankaratra agencée autour du château d’eau de
l’Ankaratra est celle d’une région disposant intrinsèquement de ressources en eau
abondantes et inépuisables. La réalité en est autrement car pour une raison ou pour une
autre et plus particulièrement les changements climatiques, l’utilisation intense et
irrationnelle de cette ressource, l’eau peut se raréfier si aucune disposition n’est prise en
temps opportuns.
70
Chapitre VII
DES APPORTS BÉNÉFIQUES DE L’APPROVISIONNEMENTEN EAU A ANDRANOMANELATRA
L’analyse précédente a démontré que l’eau n’est pas seulement utilisée pour l’alimentation
en eau potable. L’agriculture est et continuera d’être le plus gros consommateur d’eau à
Andranomanelatra. Mais en même temps que la demande de ce secteur clé augmente,
surtout pour l’irrigation, celle des autres secteurs s’amplifie aussi. Dans ce contexte, il ne
suffit pas de garantir un service d’approvisionnement en eau suffisant, fiable, de manière
pérenne durant toute l’année, il faut aussi penser à faire face à l’envolée de la demande et
à la disponibilité des ressources en eau additionnelles pour couvrir les besoins des
différents usagers de l’eau. Ce qui amène à étudier les impacts de chaque type
d’approvisionnement en eau sur le développement de la région.
Jusqu’ici, l’implication de l’accès à l’eau d’une localité n’a pas encore fait l’objet d’une
étude spécifique. Elle est pourtant nécessaire pour orienter les prises de décision dans le
futur. Aussi, ce thème sera abordé ici dans deux chapitres.
VII.1. LES ATOUTS DE LA MISE EN PLACE D’UN SYSTEME D’IRRIGATION
Grâce a la mise en place des systèmes d’irrigation à Andranomanelatra, il a été possible
d’aménager 533ha de périmètres irrigués faisant vivre 679 riziculteurs en tout (Cf. Tableau
7). Même si ces installations micro hydro-agricoles, construites du temps de la
colonisation, sont déjà très vétustes, obsolètes et sous dimensionnées ; et malgré le
fléchissement des débits d’irrigation en période d’étiage, la population locale a pu d’une
part diversifier ses types de culture de contre saison, et d’autre part maintenir leur niveau
de récolte en riz pour subvenir à leurs besoins.
Il est possible qu’après la réhabilitation desdites infrastructures, la zone pourra disposer
d’une quantité suffisante en eau d’irrigation. Ceci améliorera la productivité rizicole surtout
que les agriculteurs pensent qu’il ne sera plus économiquement rentable de cultiver les
terres sans irrigation. Il pourrait leur être envisageable de s’orienter vers d’autres types de
71
cultures. Sans oublier qu’un apport supplémentaire en eau d’irrigation permettra entre
autres la mise en valeur de toutes les surfaces dominées par les barrages existants
estimées à 1270ha environ. Un meilleur rendement en riz et en cultures de contre saison
assurera l’autosuffisance de la zone. Une revalorisation de l’économie agricole locale
augmenterait les possibilités d’éligibilité de la localité d’Andranomanelatra au statut de
chef lieu de District.
Photo 10. Une partie du périmètre traditionnel irrigué d’Andakandrano (Andakandrano)Noter que même si le micro barrage d’Andakandrano est de type traditionnel, il fonctionne bien
VII.2. L’ALIMENTATION EN EAU : UN FACTEUR DETERMINANT POUR L’ESSOR INDUSTRIEL
Etant donné l’importance de sa consommation en eau, la mise à disposition au secteur
manufacturier d’un système autonome d’alimentation en eau a permis la mise en place
dans cet sous espace de deux unités agro-alimentaires de renommée internationale (TIA
et KOBAMA). Elle permet aussi de réduire considérablement les risques de conflits avec
les autres utilisateurs de l’eau dans cette zone déficitaire en eau et de pollution des
ressources en eau destinées à la consommation.
La possession d’un système autonome assure également le développement à long terme
et la pérennité des activités industrielles. En effet, pour ne citer que le cas de TIA, ce
grand complexe industriel a pu développer, diversifier ses activités et étendre ses zones
d’influence et d’implications grâce à l’exploitation de la source de Tsararano qui se trouve
72
à proximité. Il lui a été possible aussi de mettre en place une étable ultra sophistiquée
pour la promotion de l’élevage intensif et industriel de vâches laitières.
Toujours dans ce contexte, ce genre de système réduit aussi les charges d’exploitation de
l’industrie qui n’aura plus à payer que les redevances de consommation d’eau à la
Commune. Pour le cas de KOBAMA, les charges se limitent aux factures d’électricité
induites par les pompages d’eau. En bref, les implications spatiales et économiques de
l’alimentation en eau ne peuvent être dans une large mesure que bénéfiques pour le
secteur manufacturier.
Plus tard, l’existence d’une multitude de sources résurgentes (Cf. Carte n°5) ainsi que la
bonne qualité de l’eau de la région amèneraient d’autres industriels à s’y implanter.
VII.3. LES APPORTS BENEFIQUES DE L’APPROVISIONNEMENT EN EAU POTABLE
La liste des avantages d’un accès à l’eau potable est loin d’être exhaustive pour ne citer
que les points ci-après:
1. L’amélioration de l’hygiène
Nul ne conteste que la consommation d’une eau de meilleure qualité et en quantité
suffisante contribue à coup sûr à l’amélioration de l’état sanitaire et des conditions de
l’hygiène de la population par la diminution de la morbidité due aux maladies d’origine
hydrique et la réduction de la mortalité infantile. Aux dires des enquêtés, il est tout à fait
remarquable de constater que cet apport est unanimement reconnu alors qu’il est pour
l’instant difficile de mesurer ce type d’impact par des données objectives. Mais, toujours
est-il qu’il s’agit probablement du premier et principal acquis de l’alimentation en eau
potable¨. Comme le projet est encore en cours de réalisation, cette affirmation demande à
être vérifiée par des études ultérieures. Néanmoins, la diminution dans le temps de la
prévalence des maladies liées à l’eau dans d’autres zones qui ont fait l’objet de projet de
ce genre confirme objectivement l’impact positif d’un projet d’AEP sur l’amélioration de la
situation sanitaire.
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2. L’amélioration des conditions de vie de la population
Un meilleur accès à l’eau potable peut modifier totalement les conditions de vie et le
comportement général d’un ménage. La disposition d’une eau de meilleure qualité et
pérenne, quoique payante peut effectivement influencer le niveau de consommation en
eau en amenant notamment d’autres types d’utilisation d’eau, autres qu’habituels. Il a été
fréquemment constaté que combinant les modes d’approvisionnement, un ménage qui a
facilement accès à l’eau potable consommerait beaucoup plus d’eau qu’un autre qui n’en
dispose pas. Cette variation peut aller du simple au double, l’essentiel de la quantité d’eau
pour la boisson et la cuisson étant puisé aux bornes fontaines ou aux branchements
individuels et le reste par les modes d’approvisionnement traditionnels (puits, rivières,…).
Outre cette incitation à la consommation d’eau, la facilité d’accès, une meilleure utilisation
de l’eau et le raffermissement des conditions de l’hygiène allègent la corvée de l’eau et
offrent aux membres de la famille beaucoup plus de temps pour vaquer à leurs activités
respectives. Dorénavant, les absentéismes scolaires pourront être moins fréquents. Les
travaux de jardinage ou de champs seront bien faits.
3. L'AEP: un levier de développement spatial
Dans un contexte d'extension, le projet d’AEP constitue un enjeu de développement
urbain. En effet, à la différence d'autres services urbains plus optionnels ou non rentables
et donc plus difficiles à mettre en place, c’est une clef d'accès essentielle au
développement urbain.
Du point de vue économique, la réalisation de l’AEP d’Andranomanelatra ne peut que
confirmer davantage encore son statut de localité économiquement productive en
perspective de sa transformation en un agrotechnopôle. Une telle perspective permettra
des extensions d’activités et de diversifier en conséquence les fonctions. Effectivement, un
projet d'AEP entraîne souvent d'autres demandes de taille si bien qu'on puisse assimiler
cet effet d'entraînement à un indicateur de réussite et d'enclenchement d'un véritable
processus de développement même s'il induit d'autres inconvénients pour ne citer que la
hausse prévisible des valeurs foncières et locatives entraînée par la venue massive des
urbains qui voudraient s'installer en périphérie. Grâce à ce projet, il sera désormais
74
possible de prévoir l'implantation d'autres industries agro-alimentaires. Parmi tant d'autres,
l'eau deviendra donc ici un élément structurant urbain.
L'AEP contribue aussi à désenclaver les villages ruraux peu accessibles voire isolés en les
dotant d'infrastructures routières provisoires qui peuvent être pérennisées. D'ailleurs, lors
des négociations d'utilisation de la source mobilisée pour ce projet, ce volet social est déjà
pris en compte. Il a été prévu de procéder à la construction d'ouvrages connexes et au
remplacement des ponts jadis en bois en dur. Toujours dans ce cadre, il encourage aussi
l'emploi de la main d'œuvre locale.
Ce qu'il convient de déduire de tout ceci, c'est que l'eau revêt ici un caractère économique
de taille. Cependant, la pérennité d'un service d’approvisionnement en eau passe non
seulement par l'efficience des systèmes mis en place mais aussi par la possibilité qu'ils
auront d'entrer dans un cadre plus large pour faire partie intégrante du développement
local. Ce qui nous amène à voir les revers de la médaille
75
Chapitre VIII
LES POINTS FAIBLES
DE L’APPROVISIONNEMENT EN EAU
Il est évident que les apports de l’alimentation en eau sont pas que bénéfiques. En
principe, les points faibles ne sont pas nombreux pour ne citer que les possibilités
d’irrégularité des débits d’irrigation ; la désorganisation et du terroir agricole et le
bouleversement des activités rizicoles.
VIII.1. L’AEP ET LES LIMITES DE LA CROISSANCE RURALE
La maîtrise de l’eau est manifestement un des facteurs déterminants la continuité et
l’essor des activités rurales et notamment agricoles.
1. Le déficit de la production rizicole
Si, a priori, les projets d’alimentation en eau peuvent modifier la régularité des débits
d’irrigation en modifiant le niveau d’écoulement des eaux de surface déviées ; ce n’est pas
le cas pour Andranomanelatra puisque la source d’émergence d’Analamanitra n’est pas la
seule ressource qui alimente la rivière d’Andranotobaka. Cette dernière est effectivement
alimentée par d’innombrables ruisseaux, de sources émergente et résurgente. Les
prélèvements prévus à court terme n’auront que très peu d’impacts sur le niveau
d’écoulement actuel de la source utilisée pour l’irrigation. Mais à long terme, la croissance
démographique générée par une forte migration de la population d’Antsirabe vers
Andranomanelatra et la mise en place effective d’une zone industrielle dans cette région
entraîneraient un relèvement du niveau de consommation d’eau qui risque à terme de
compromettre la seule activité des paysans se trouvant en aval des sources exploitées. En
effet, l’explosion de la demande amène à renforcer la production et à prévoir d’autres
points de prélèvement.
Le pire est donc à craindre si aucune mesure d’atténuation n’est prise dans tous les
travaux de planification urbaine d’autant plus que, d’après les résultats des enquêtes
qualitatives et quantitatives, la diminution de la quantité d’eau nécessaire pour l’irrigation
76
est déjà rudement ressentie par les riziculteurs qui voient constamment les superficies de
leur terres cultivées et leurs récoltes régressées.
L’inexistence de données étalées sur plusieurs années d’observation ne permet pas de
faire une analyse fine sur les évolutions des superficies cultivées. Mais sur la base des
données disponibles auprès de la Commune d’Andranomanelatra, il est constaté qu’en 10
ans, les rizières irriguées et les récoltes en riz ont diminué respectivement de 25,6% et de
5,25% (Cf. Tableau 9). Cette situation peut s’expliquer en partie par l’insuffisance de l’eau
d’irrigation. Par rapport à la situation de 2005, ces superficies ont continué de régresser de
0,56%.
Face à cette situation, quelques paysans d’Andranomanelatra ont commencé à se
perfectionner dans la culture de riz pluvial et à intensifier les cultures pluviales. Les chiffres
présentés sur le tableau confirme cela. De 1994 à 2004, la production en pommes de terre
a plus que doublé. Par contre, il apparaît que le riz pluvial n’a été vulgarisé qu’en 2004
mais la productivité est déjà assez importante.
Tableau 11. Evolution des superficies cultivées et des productions
Types de culture1994 2004
Sup. cultivées (ha) Production (t/an) Sup. cultivées (ha) Production (t/an)
Riz irrigué 720 1980 536 1876
Riz pluvial - - 435 826,5
Maïs 2050 3997,5 930 1395
Pomme de terre 118 938,1 247 2470
Haricots 1100 748 411 493,2
Soja - 72 86,4
Source : Investigation de l’auteur
Pour les cultures pluviales, la diminution des superficies cultivées en maïs de 54,4% et de
la récolte de 65,1% est surtout liée à l’irrégularité et l’insuffisance des pluies précipitées
enregistrées au cours des années d’observation (1994 et 2004).Il en est de même pour les
cultures de haricots qui souffrent aussi de cette manque. A contrario, la production en
pommes de terre, ne nécessitant pas trop d’eau pour le bon développement, a plus que
doublée en 10 ans. De plus, il a été constaté que certains des champs de maïs se
transforment de manière progressive en champs de pommes de terre.
77
2. Désorganisation du fonctionnement du terroir agricole
Faute d’eau suffisante à l’irrigation, de nombreuses parcelles de rizières de bas fonds sont
inévitablement mises en jachère permanente, tel le cas d’Andranotsara. En outre, il n’est
plus possible d’intensifier les techniques de culture, de pratiquer une large gamme de
cultures, et de stabiliser le niveau de production actuel. Par ailleurs, il a été constaté que
les paysans sont obligés d'abandonner le riz cultivé sur les bas des pentes, l'essentiel de
la production rizicole n'étant plus assuré de ce fait que par le riz des bas fonds qui profite
pleinement de l’émergence de sources en saisons de pluies. L’insuffisance des
ressources en eau limite donc le développement rural.
Toujours aux dires des enquêtés, « l’embouteillage » de l’eau et la production massive de
boissons gazeuses laissent la majorité des paysans perplexe. Plusieurs questions
reviennent souvent : « Disposeraient-ils assez d’eau pour leurs besoins ? Est- ce que les
projets d’extension industriels et d’AEP ne vont pas accentuer leurs inquiétudes ? Ils
craignent que l’absence de contrôle et de règlements sur l’utilisation de l’eau n’incite
quiconque à prélever plus que sa juste part, épuisant progressivement les réserves d’eau
qui leur restent et dont ils auront besoin pour l’agriculture et les autres activités rurales. En
se référant aux cas complexes de l’AEP de la ville d’Antsirabe et de celle de l’usine TIA
qui exigent davantage de ressources du fait de l’explosion de la demande, certains étaient
très réticents et s’opposaient même à la concrétisation du projet d’AEP qui, à leurs yeux,
risque de nuire à nouveau à leurs moyens de survie.
Photo 11. Des rizières de bas-fonds mises en jachères permanentes (Andranotsara)Remarquer l’étendue des rizières qui ont dû être abandonnées par manque d’eau. Cette situation est
généralement fréquente au niveau de la plaine
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VIII.2. IMPACTS SUR LES RESSOURCES EN EAU
1. La baisse du niveau des ressources en eau
A considérer le cas de la KOBAMA qui mobilise les eaux souterraines pour assurer la
desserte en eau de l’usine et des cités, le pompage de ces eaux peuvent affecter le
niveau local de la nappe phréatique jusqu’en périphérie. Suivant l’importance de l’eau
prélevée, l’abaissement de ce niveau se répercutera graduellement sur le niveau des
cours d’eau et peut même provoquer l’assèchement progressif des sources de la zone
environnante. Comme aucune étude n’a été faite dans ce sens et faute de données
chiffrées, il est assez difficile de se prononcer pour l’instant. D’autres études
complémentaires permettront d’apporter des éléments de réponses plus explicites. Mais il
est à noter que ce facteur ne sera pas à négliger car le complexe agro-industriel TIKO
pense exploiter plus tard quelques forages en vue de satisfaire les besoins d’irrigation de
200 ha de cultures fourragères. Pour l’heure, le seul ouvrage de captage de KOBAMA n’a
aucune incidence sur les ressources en eau disponibles.
Compte tenu de l’importance des besoins en eau en irrigation, l’agriculture risque
également à terme de freiner le développement d’autres activités en milieu rural. Sans
oublier aussi les énormes volumes d’eau d’irrigation, très coûteux, qui sont gaspillés
chaque année par la vétusté des infrastructures. Une grande partie de cette perte provient
des fuites sur le réseau d’irrigation, de l’infiltration ou tout simplement de la mauvaise
gestion et contribue bien entendu à la diminution du niveau des ressources en eau.
2. La dégradation de la qualité de l’eau
L’agriculture joue aussi un rôle important dans la préservation des ressources en eau.
L’intensification de l’élevage laitier dans cette zone suscitera l’introduction de nouvelles
variétés de maïs et de cultures fourragères à haut rendement. Or cet objectif ne pourra
être atteint sans l’usage de fertilisants appropriés. L’infiltration de l’eau dans le sol
déstructuré de pesticides, d’herbicides et d’engrais chimiques va certainement polluer la
nappe phréatique. Même si ce facteur est encore peu négligeable pour l’instant, il doit être
tenu en compte dans les projets de développement agricole.
79
Ce qu’il importe de retenir de tout ceci, c’est que face à tous ces besoins d’eau et à la
concurrence qui risquent de raviver entre tous les utilisateurs potentiels, plus cette
compétition d’usage s’intensifie, plus les ressources sont disputées et donne même lieu à
de fréquents conflits d’usage.
VIII.3. L’EAU : SOURCE DE RIVALITES
80
Depuis une vingtaine d’années, la rivalité entre les différents groupes (les agriculteurs par
rapport aux industriels, les urbains par rapport aux ruraux, les habitants de deux hameaux
limitrophes) n’a pas pu être résolue. Les premiers conflits remontent à 1998, date à
laquelle le complexe agro-industriel TIKO a obtenu du Ministère de l’Energie et des Mines
l’autorisation d’installation d’un système d’adduction d’eau autonome et d’exploiter à cet
effet la source de Trafonomby devenue par la suite, Tsararano qui assure la subsistance
de nombreux paysans des Fokontany d’Ambololotsararano, de Morarano est et Morarano
Ouest, d’Ambohitsaratelo (Commune d’Ambano).
Pour les besoins d’irrigation des bas fonds et les bas des pentes ainsi que la
diversification des cultures pluviales, l’Etat malgache y a fait construire les deux barrages
mentionnés plus haut sous la 1ère République. Malgré la réhabilitation opérée sur une
partie de ce réseau et la restauration entre 1993 et 1995 du barrage d’Ankazondrano, les
problèmes d’insuffisance de l’eau d’irrigation persiste jusqu’à maintenant en raison de la
vétusté des infrastructures.
Bien qu’Andranomanelatra ait déjà connu des problèmes d’irrégularité des débits
d’irrigation bien avant l’installation de TIA, l’utilisation de la source de Tsararano n’a fait
qu’envenimer la situation. Les nombreuses tensions sociales, difficilement gérables, entre
les habitants du Fokontany de Morarano et de celui d’Ambolotsararano, sont à l’origine
des dommages du barrage d’Ankazondrano sous prétexte, semble-t-il que ce sont les
habitants de Morarano qui ont cédé ladite source à TIKO. Les mesures de compensation
apportées par TIKO à savoir la construction de bornes fontaines pour le Fokontany
d’Ambolotsararano et la restauration complète de l’école de Morarano, n’ont pas aplani ce
conflit qui continue de perdurer. Pour y remédier, la Commune d’Andranomanelatra tente
de trouver un terrain d’entente entre les deux parties en sollicitant l’intervention du
Programme de Soutien au Développement Rural (PSDR) pour la réfection des 8km de
canaux restants et la réhabilitation et/ou réparation du barrage endommagé.
Mais, comme à toute chose malheur est bon, l’insuffisance des débits d’irrigation a incité
les riziculteurs à intensifier les cultures du riz pluvial, à diversifier leur culture et à
s’orienter davantage vers les cultures de spéculation (pommes de terre, carottes, petits
pois, haricots verts).
81
Selon les paysans, l’alimentation en eau des industries et l’AEP viennent perturber le
fonctionnement du secteur agricole et marginalisent certains groupes. Par ailleurs, ils
pensent que la répartition des ressources en eau devient quelquefois une question de
privilège. Toujours aux dires des enquêtés, tant qu’une nouvelle politique ne vient pas en
renforcement des droits relatifs à l’eau, la situation ira en s’empirant.
Les apports de l’approvisionnement en eau peuvent être positifs ou négatifs pour le sous
espace d’Andranomanelatra. Etant donné sa place importante dans un processus de
développement rapide et durable durable, en améliorant notamment les conditions de vie
de ses habitants et l’économie locale. Les enjeux spatiaux et économiques sont de taille
vis-à-vis du développement rural. Si l’Alimentation en Eau Potable peut désorganiser le
terroir agricole et générer une baisse de la productivité rizicole en réduisant les possibilités
d’intensification des techniques culturales et d’extension des superficies agricoles,
l’exploitation démesurée des ressources en eau pour l’industrie et l’irrigation peut affecter
le niveau local de la nappe phréatique et leur disponibilité dans le temps si aucune mesure
de restriction d’usage ne sera prise.
82
Chapitre IX
LES SCENARII D’HARMONISATION
DE L’APPROVISIONNEMENT EN EAU
Comme les eaux de surface sont très disputées dans cette région et donne lieu à de
fréquents conflits d’usage, à quelle utilisation doit-on alors accorder la priorité ?. Pour
pouvoir y répondre, il faut harmoniser les différents types d’approvisionnement en eau.
Mais au préalable. Comment se répartissent actuellement les ressources en eau ? La
réponse à cette question sera définie à travers l’analyse du cadre juridique, institutionnel
et organisationnel du secteur de l’eau.
IX.1. LE CADRE JURIDIQUE, INSTITUTIONNEL ET ORGANISATIONNEL DU SECTEUR DE L’EAU
1. Le cadre juridique et institutionnel
Du fait de la croissance effrénée de la demande en eau et comme les ressources en eau
ne sont pas intarissables, l’Etat malgache a voulu consacrer le caractère économique et
social de cette denrée qui devient de plus en plus rare et réglementer les droits de
consommation d’eau, les prélèvements d’eau de surface et souterraine pour tous les types
d’usage. Suite à la Stratégie Sectorielle et Plan d’Action pour l’Eau et de l’Assainissement
(SSPA), l’Etat a voulu asseoir un cadre juridique solide en promulguant le 20 Janvier 1999
la loi N°98-029 portant Code de l’Eau fixant la domanialité publique de l’eau, les droits à
l’eau, la mise en valeur et la gestion des ressources, les principes fondamentaux du
service public de l’AEP et de l’Assainissement aussi bien en milieu urbain que rural. Parmi
les principes retenus, sont évoqués que :
- les ressources en eau constituent un bien public et ne peuvent à cet effet faire
l’objet d’appropriation sans autorisation de l’instance compétente ;
83
- aucun prélèvement ne devra en aucune façon affecter ou modifier le régime des
cours d’eau ;
- en ce qui concerne la mise en valeur des ressources en eau, les priorités d’accès
sont définies par l’ANDEA (Autorité Nationale de l’Eau et de l’Assainissement),
mais qu’en cas d’insuffisance, priorité absolue est donnée à l’Alimentation en Eau
Potable suivant les normes de consommation retenues ;
- « Les quantités d’eau prélevées pour l’irrigation ne doivent pas léser les autres
utilisateurs potentiels des ressources disponibles » ;
- la mise en place d’une adduction d’eau autonome est requise à chaque
implantation d’une industrie pour enrayer les problèmes d’approvisionnement et
pour ne pas léser la population en matière de distribution d’eau potable.
« Toutefois, au cas où des installations et des réseaux de distribution et
d’approvisionnement seraient déjà en place, la nouvelle implantation doit
harmoniser sa politique de prélèvement et d’approvisionnement en eau avec celle
déjà existante » ;
- le service d’AEP est un service public destiné avant tout à satisfaire tout usager,
personne physique ou morale de droit public ou privé. Il doit être universel dans
tous les sens propres du terme et ne doit faire l’objet d’aucune exclusion telle
qu’elle soit ;
- en optant la privatisation du secteur de l’eau, l’état se désengage des activités
d’exploitation pour les transférer aux collectivités locales décentralisés, aux
usagers de l’eau, ces derniers étant chargés de veiller entre autres responsabilités
à l’application de la loi en vigueur
Cette loi et les textes d’application pris par la suite offrent un cadre approprié pour
intégrer, surveiller et harmoniser les conditions d’utilisation de l’eau par les différentes
activités, la disponibilité et la préservation de la qualité de l’eau, la gestion des périmètres
irrigués dans les bassins versants et fluviaux. Pour ce qui intéresse le sous espace
d’Andranomanelatra, les points focaux à relever se situent au niveau de la mise en valeur
des ressources en eau telle que présentée au niveau du titre II, chapitre III4, la
problématique étant de définir les priorités d’accès à l’eau en cas de pénurie des
ressources disponibles.
4 In Loi n°98-029 du 20 Janvier 1999 portant Code de l’Eau
84
2. Le cadre organisationnel
Les projets « Périmètres Irrigués » (PI), « Petits Périmètres Irrigués » (PPI), « Micro-
Périmètres Irrigués » (MPI) lancés vers l’année 1985 vise essentiellement à la
réhabilitation des ouvrages, l’augmentation de la production rizicole, le désengagement de
l’état dans la mise en valeur et la gestion de réseaux d’irrigation de petite dimension et des
réseaux et canaux tertiaires. Dans ce cadre, les périmètres ne sont plus gérés par l’Etat
mais par des Associations des Usagers (AUE).
Pour mieux tenir compte des besoins des usagers et pour assurer le bon fonctionnement
du système actuel, quatre (4) Associations des Usagers de l’Eau (AUE) ont été
constituées à Andranomanelatra. Comprenant tous les exploitants agricoles, elles
prennent en charge la gestion des installations.
Pour atténuer les problèmes d’irrégularité des débits d’irrigation en période intense
culturale, les AUE répartissent l’eau d’une manière équitable en instituant des tours d’eau
par secteur de façon à ce qu’aucun exploitant ne soit lésé. Chaque secteur a droit à 2 à 3
jours suivant le nombre des prises d’eau. Des polices spéciales veillent à ce que ces tours
d’eau soient respectés. En outre, ces AUE participe également au schéma de financement
depuis la planification, la réalisation jusqu’à l’exploitation des ouvrages. Par ailleurs, elles
procèdent chaque année au reboisement en pins des alentours de la source de captage
afin de prévenir les risques fréquents d’éboulement.
Des entretiens qualitatifs semi-directifs menés auprès des présidents des Associations
des Usagers de l’Eau, des petits, moyens et grands exploitants agricoles qui opèrent à
Andranomanelatra ont permis de dégager que :
- l’eau, si elle est abondante dans certains endroits, en manque dans d’autres. Il arrive
même qu’elle est fournie à volonté au moment inopportun ;
- malgré leur ferme volonté, les exploitants agricoles sont complètement désarmés devant
l’ampleur de l’insuffisance des moyens financiers. A cet égard, ils sollicitent l’assistance de
l’Etat.
85
IX.2. LES SCENARII D’HARMONISATION
1. Du point de vue institutionnel et juridique
Si le mode d’affectation des ressources en eau actuel édicté dans le Code de l’Eau était
peut-être justifié dans le passé, l’évolution qui s’est produite depuis quelques temps risque
d’en modifier les implications économiques de chaque type d’usage. Pour éviter que de
vastes étendues rizicoles ne soient plus soustraites à l’irrigation, pour résorber les conflits
sempiternels sur l’eau et prévenir la concurrence et de favoriser le juste partage des
ressources, une réaffectation des ressources en eau s’impose pour ne pas léser certains
groupes d’utilisateurs. Ce faisant, les eaux de surface peuvent être destinées aux seuls
usages d’irrigation tandis que les eaux souterraines, étant pu contaminées et plus
appropriées à la consommation, seraient réservées à l’Alimentation en Eau Potable. Ce
premier scenario permet déjà d’attiser les conflits actuels. Le droit à l’eau devrait dûment
tenir compte des intérêts des populations bénéficiaires n’excluant pas les pauvres et les
autres groupes défavorisés. Dans cette optique, le droit en question doit privilégier les
agriculteurs qui sont pour l’instant les principaux acteurs de développement en milieu
rural. Grâce à cette initiative, une autosuffisance en riz et autres produits agricoles est tout
à fait concevable.
2. Du point de vue organisationnel
Une mauvaise gestion des ressources en eau compromet la survie de la société
traditionnelle, menace le bien être, exacerbe les fossés entre les ruraux et les urbains en
mettant en péril les moyens de subsistance des uns aux profits des autres et ralentit de
fait la croissance économique.
De nouvelles stratégies de gestion privilégiant aussi bien les agriculteurs, les industriels
que les collectivités décentralisées devraient être établies, en l’absence de quoi les
irrégularités des débits d’eau seront toujours gérées par défaut. La nouvelle politique doit
pouvoir responsabiliser davantage tous les intervenants et les parties concernées dans le
secteur de façon à permettre une réelle coordination de la gestion de l’eau pour
l’ensemble d’un même bassin hydrographique et de prendre en considération les besoins
86
de tous les usagers pour assurer la pérennité et la préservation de cette richesse qu’est
l’eau. L’important, c’est de parvenir à une gestion rationnelle, équitable et raisonnable
La gestion de l’eau doit remplir son rôle en garantissant que l’utilisation de l’eau dans un
bassin hydrographique soit optimisée au bénéfice de tous les usagers, y compris les
consommateurs urbains, l’industrie, les agriculteurs. En d’autres termes, gérer de façon
rationnelle les principes édictés dans le Code de l’Eau. Les centres urbains ainsi que les
industries ne doivent pas ignorer les besoins de l’arrière pays rural au point de priver les
agriculteurs de leurs moyens de subsistance. La mise en place de l’organisme de
régulation et de la police des eaux prévus dans le Code de l’Eau doit être accélérée pour
veiller au respect des normes de qualité des services d’Approvisionnement en Eau
Potable et à la préservation des ressources en eau dans l’intérêt général. Mais en
attendant,, l’octroi d’un permis de prélèvement d’eau, fixant le niveau maximal à prélever
au cours d’une année, apporterait une certaine équité entre les utilisateurs. Aucun usager
ne serait plus lésé et les risques de conflits seront minimisés.
Dans l’application des textes du Code de l’Eau sur la non gratuité et le recouvrement du
coût réel de l’eau, l’Etat devra envisager la mise en place d’un système de tarification
équitable pour tous les types d’exploitation surtout pour l’irrigation et les industries pour
lesquelles l’eau a été toujours gratuite ou du moins très bon marché.
3. Du point de vue technique
Comme l’insuffisance des ressources en eau met à l’épreuve la capacité aussi bien des
agriculteurs et des industriels à produire que la municipalité à fournir des services publics
d’alimentation en eau potable, la solution la plus judicieuse serait de recourir à une
technologie plus adéquate en s’inspirant des dernières réalisations du PSDR à Marovoay.
Le PSDR a misé sur l’implantation d’un barrage de retenue de type collinaire , pouvant
stocker plus de 20000m3 par des eaux pluviales collectées au niveau de l’ensemble du
bassin versant pour prévenir les besoins d’eau de la zone en période d’étiage et en
période de pointe culturale (eaux d’irrigation et AEP).
87
En attendant la concrétisation de ce projet assez onéreux, le mieux est de réhabiliter au
plus vite tous les ouvrages existants qui sont défectueux et d’accorder bien entendu la
priorité à l’irrigation avant toute forme d’exploitation.
Pour sa part, l’Etat pourrait intervenir aussi en s’impliquant davantage dans le secteur
agricole en vulgarisant d’autres procédés qui ne nécessitent pas l’usage intensif d’eau
comme le SRA (Système Rizicole Amélioré). Cette nouvelle technique consiste à semer
dans une pépinière plutôt sèche que d’habitude et à repiquer en ligne de jeunes plants de
15 à 20 jours sur une rizière asséchée aussi. L’eau est introduite de façon progressive de
manière à ne pas trop imbiber la rizière. Ceci implique donc une quantité minime d’eau
mais un apport assez important en fumier. Même si cette technique est assez
contraignante, elle peut résoudre les problèmes d’insuffisance d’eau.
Il pourrait être aussi envisager de diffuser d’autres variétés culturales moins exigeantes en
matière d’eau et capables de supporter les changements climatiques. Enfin, l’Etat pourrait
modifier les programmes d’intervention dans chaque zone suivant les problèmes évoqués
par les paysans.
88
CONCLUSION GÉNÉRALE
Les approches linéaire-déductive et participative adoptées dans le cadre de la présente
recherche ont permis de faire ressortir les atouts et les enjeux de la mise en place d’un
système d’approvisionnement en eau dans une région à fortes potentialités économiques,
notamment agricoles et industrielles.
L’étude et le diagnostic de l’existant abordé dans la première et la deuxième parties
mettent en exergue l’abondance des ressources en eau même si elles sont largement
conditionnées par la grande variabilité des précipitations, la qualité des sols, la présence
des altérites et des latérites, la grande irrégularité des débits des rivières qui fléchissent en
période d’étiage et de pointe agricole. L’ampleur des activités du sous espace
d’Andranomanelatra traduit l’importance des besoins en eau des multiples usages dont les
riziculteurs et les industries agro-alimentaires sont maintenant les plus gros utilisateurs
d’eau de la région.
La contribution des études prospective et perspective dans le cadre de l’évaluation de la
demande en eau a permis de cerner les besoins en eau de tous les usages à court,
moyen et à long terme. Les demandes en eau seront en 2020 de 432m3 par jour pour
l’AEP, de 1240m3 par jour pour les activités industrielles et de deux fois plus d’eau pour
l’irrigation qui occupe ici une place capitale. C’est dire que la demande en eau actuelle est
loin d’être satisfaite en raison de la vétusté, de l’insuffisance des infrastructures et des
systèmes d’irrigation et de l’irrégularité des débits des ressources. Par ailleurs, la
croissance démographique dépasse toujours l’expansion de l’irrigation et des systèmes
d’alimentation en eau.
De plus, l’approche participative a fait ressortir l’importance accordée par la population des
zones environnantes d'Andranomanelatra à l'eau et, de ce fait, a donné une perception
plus fine du concept de l’eau en tant que bien économique. En atteste également la
sensibilité des agriculteurs aux questions relatives à l’eau car sa disponibilité limite
toujours l’essor de leurs activités.
89
Par les études d’impacts et des scénarii développées dans la dernière partie, une liste des
apports bénéfiques, des enjeux de l’approvisionnement en eau et des scénarii
d’harmonisation a pu être dressée sur l’ensemble du sous espace d’Andranomanelatra. Si,
dans l’ensemble, ses retombées ne peuvent être que positives, l’approvisionnement en
eau risque à terme de compromettre au développement rural. Les ressources en eau
disponibles restent immuables alors que la demande en eau pour l’agriculture, les
industries et l’alimentation en eau potable s’accroît constamment. Comme les agriculteurs
restent majoritaires et connaissant les impacts immédiats de la riziculture et des autres
types de cultures spéculatifs sur l’amélioration de la productivité agricole et la réduction de
la pauvreté en milieu rural mais sans minimiser l’importance de l’eau pour les autres
secteurs, le plus urgent pour le cas d’Andranomanelatra serait de privilégier les besoins en
eau d’irrigation avant toute forme d’utilisation et de réhabiliter, renforcer les infrastructures
hydro-agricoles. Toujours dans ce sens, les paysans souhaitent que les ouvrages actuels
devraient être redimensionnés par rapport aux besoins actuels voire futurs en eau
d’irrigation. Mais, il serait plus judicieux à l’avenir de réaffecter les ressources pour éviter
les conflits d’usage.
La présente étude a permis d’apporter les premiers éléments d’analyse sur la disponibilité
des ressources en eau par rapport aux besoins réels en eau de chaque utilisateur pour le
sous espace d’Andranomanelatra. Au stade du projet d’Alimentation en Eau Potable
(AEP), l’analyse a été basée pour l’instant sur des extrapolations et quelques mesures
ponctuelles de débits d’étiage et seuls les impacts probables ont été définis. On ne peut
malheureusement mesurer tous les impacts de l’approvisionnement en eau. De ce fait, la
thèse future s’attellera à combler ces lacunes et à approfondir davantage les analyses.
Sur la base des ces premiers résultats, il est proposé de procéder à des études climatique
et hydrologique plus poussées pour avoir une idée plus précise de la disponibilité des
ressources en eau. Pour être plus exhaustive, l’étude se fera à l’échelle d’un bassin
versant et peut même s’étendre sur quelques villes de la région de Vakinankaratra, de
façon à faire ressortir les spécificités de chaque sous espace et afin de mieux mesurer les
impacts de l’approvisionnement en eau.
90
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AEP : Alimentation en Eau Potable
PSDR : Projet de Soutien au Développement Rural
AUE : Association des Usagers de l’Eau
TIA : Tiko Industry of Andranomanelatra
Jaugeage capacitif : ou méthode volumétrique permettant de déterminer le débit
directement à partir du temps nécessaire pour remplir d’eau un
récipient d’une contenance déterminée. Compte tenu des aspects
pratiques inhérents à la méthode de mesure (taille du récipient
nécessaire, incertitude sur la mesure du temps, aménagement
éventuel), cette méthode n’est généralement pratiquée que pour
des débits très faibles, quelques litres au seconde au plus.
Jaugeage au flotteur: Il s’agit de mesurer uniquement les vitesses de surface, ou plus
exactement les vitesses dans la tranche superficielle de
l’écoulement (les 20 premiers centimètres environ). Les flotteurs
peuvent être soit artificiels (bouteilles en plastiques) soit naturels
(arbres, branche, feuille)/ Le déplacement horizontal d’un flotteur de
surface durant un temps t permet de déterminer la vitesse de
l’écoulement de surface. Plusieurs mesures de vitesse du flotteur
doivent être réalisées. La moyenne de ces mesures est ensuite
multipliée par un coefficient approprié pour obtenir la vitesse
moyenne de l’élément de section. En général, la vitesse moyenne
dans la section est de l’ordre de 0,4 à 0,9 fois la vitesse de surface.
Cette méthode donne de bonnes approximations du débit, parfois
suffisantes pour les études envisagées.
Débit (Q) : est la hauteur d’eau (ou quantité d’eau) qui s’écoule par point du
cours d’eau et qui s’exprime en m3/s. On le calcule en évaluant la
largeur (l), la profondeur (p) en mètre du courant (v) en m/s, de ce
cours d’eau. On aura donc Q=l x p x v
Module : ou abondance moyenne est le débit moyen calculé sur une
certaine longueur d’années en général
96
TABLES DES ILLUSTRATIONS
LISTE DES CARTES Page
Carte n°1. Délimitation géographique du sous espace d’Andranomanelatra 7
Carte n°2. Carte géologique du sous espace d’Andranomanelatra 18
Carte n°3. L’occupation du sol de la localité d’Andranomanelatra 33
Carte n°4. La mise en valeur du sous espace d’Andranomanelatra 36
Carte n°5. Les sources résurgentes de la vallée SAPAKAVIA 45
LISTE DES FIGURES
Figure 1. Profils des sols d’Andranomanelatra 21
Figure 2. Profils en long du sous espace d’Andranomanelatra 30
Figure 3. Les étapes de la maîtrise de l’eau dans les travaux rizicoles 49
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1. Variabilité des pluies annuelles (1990-2004) 25
Graphique 2. Fréquence annuelle des pluies (1990-2004) 25
LISTE DES PHOTOS
Photo 1. Les pépinières établies en altitude et à proximité des sources en eau 34
Photo 2. Champs de culture de maïs et de cultures fourragères (TIKO) 35
Photo 3. Un exemple d’hameau ceinturé par les champs de culture et de vergers (Toavala) 37
Photo 4. Source résurgente d’Analamanitra 44
Photo 5. Source résurgente de Trafonomby 44
Photo 6.L’étable de vaches laitières (Pie Rouge Norvégien) de FIFAMANOR 53
Photo 7. Le sous arrosage des champs de pommes de terre (FIFAMANOR) 53
Photo 8. Pompage de la rivière de Sapakavia pour le sous arrosage en période d’étiage (FIFAMANOR) 54
Photo 9. Le premier barrage d’Andranotobaka 63
Photo 10. Une partie du périmètre traditionnel irrigué d’Andakandrano 70
Photo 11. Des rizières de bas-fonds mises en jachères permanentes (Andranotsara) 76
97
ANNEXES
98
ANNEXE 1LES TEMPERATURES MAXIMALES ET MINIMALES MOYENNES A LA STATION
METEOROLOGIQUES D’ANTSIRABE
Tableau 1. Températures maximales moyennes mensuelles (1990-2004)1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Moyenne mensuelle
Janvier 25,4 26,2 25,1 25 23,4 25,4 25,1 - 27,1 25,3 25,5 25 25,8 25,2 26,3 25,4Février 25,6 26 24,7 24,5 24,3 25,7 25 25,9 26,3 26,8 25,4 26,7 25,4 26 25,6Mars 25,9 25,3 25,2 24,4 24,3 26,5 25,4 26,4 27,3 25,3 26 26,1 25,9 25,8 25,7Avril 24,1 23,3 24,2 24,4 24,7 24,7 24,7 25,3 25,9 24,5 26,7 25,5 25,2 25,7 25,3 24,9Mai 22,8 22,8 22,8 23,3 22,3 22,3 23,7 22,7 23,8 24,1 24,3 24 23,1 24,8 22,6 23,3Juin 21,1 20,3 21,5 20,8 21,5 21,2 23,4 - 22,8 22,5 22,5 21,5 21 23,1 21,2 21,7Juillet 20,3 20,5 20,1 20,3 21,1 20,7 21,8 - 22,2 20,7 20,6 22,7 21,2 22,1 21,1Août 22 23 21,1 21,6 25,7 22,8 23,3 23,3 23,4 23,5 23,1 23,9 22,7 23,4 23,9 23,1Septembre 25,5 26,4 24,9 24,6 25,1 24,5 26,8 - 24 25,2 26 26,7 25,3 24,8 25 25,3Octobre 27,8 27 26,2 26,6 25,5 28,8 28,2 - 26,7 26,7 27 26,7 26,8 29,3 26,1 27,1Novembre 26 25,7 24,8 28,2 27,5 27,9 29,1 25,9 28,2 26,1 21,7 28 27 27,2 25,7 26,6Décembre 26,2 25,2 27 27 26,2 25,6 25,5 26,6 25,2 26,8 25,1 26,7 25,7 26,5 25,8 26,1Moyenne annuelle 24,4 24,3 24 24,2 24,3 24,7 25,2 25,1 25,2 24,8 24,5 25,5 25,7 25,3 24,4 24,7
Tableau 2. Températures minimales moyennes mensuelles (1990-2004)1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Moyenne mensuelle
Janvier 13,9 13,2 15,4 15 15 14,9 14,8 - 15,3 14,2 14,3 15,6 14 15,6 15,5 14,8Février 14,6 14,4 14,6 15,3 15,8 15,2 14,5 14,7 17 14,5 13,7 11,4 15,4 14,6 - 22,1Mars 12,6 13,8 13,5 13,9 14,9 13,8 14,7 12,8 14,3 13,7 13 13,5 14,3 14,9 - 13,8Avril 12,7 9,2 11,5 12,3 11,7 12,9 12,1 12,4 12,7 10,8 15,6 10,1 11,7 10,7 11,9 11,9Mai 8,2 9,6 8,6 7,9 9,3 11,3 11,7 8,9 8,1 8,4 8,6 8,8 10,5 11,1 8,5 9,3Juin 6,2 6,1 6,7 6,6 6,6 5,9 5,5 - 6,5 3,7 6,6 5,8 6,8 5,4 6,3 6,1Juillet 3,1 5,2 3,8 6,3 9,7 4,8 4,8 - 4,7 6,8 6,7 - 6,9 5,2 6,6 5,7Août 6,4 5 5,5 5,3 7,5 6,6 4,8 4,8 6,6 5,5 6,7 6,4 5,7 5 6,3 5,9Septembre 8,6 5,7 6,2 6,4 6,6 7,7 5,5 - 8,1 9 5,3 7,5 7,8 8,7 10 7,4Octobre 9 9,7 11,2 10 11,7 8,8 7,6 - 9 8,9 8,8 10,1 10,4 10,4 12,6 9,9Novembre 11,4 113 12,9 12 11,7 13,4 11,4 12,6 11 10,9 13,6 11,4 13,9 13,3 12,3 12,3Décembre 13 9,8 12,9 13,8 13,7 14 14,1 13,7 14,1 13 14,4 13,5 14,4 14,4 15,1 13,6Moyenne annuelle 10 9,5 10,2 10,4 11,2 10,8 10,1 11,4 10,6 10 10,6 19,8 11 10,8 10,5 11,1
Tableau 3. Températures moyennes mensuelles (1990-2004)
Années 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Moyenne mensuelle
Tx (°C) 24,4 24,3 24 24,2 24,3 24,7 25,2 25,1 25,2 24,8 24,5 25,5 25,7 25,3 24,4 24,8Tn(°C) 10 9,5 10,2 10,4 11,2 10,8 10,1 11,4 10,6 10 10,6 19,8 11 10,8 10,5 11,1Tm(°C) 17,2 16,9 17,1 17,3 17,7 17,7 17,6 18,3 17,9 17,4 17,6 22,7 18,3 18 17,5 17,9
99
ANNEXE 2FICHES D’ENQUETE
100
GUIDE D’ENTRETIEN SEMI-DIRECTIFAUPRES DES ASSOCIATIONS DES USAGERS DE L’EAU (AUE)
Nom de l’Association :………………………………………………………………………..
Périmètre irrigué de :……………………………………………………………………….
Nombre des usagers :………………..
Superficies irriguées :………………..
Année de mise en place et de réhabilitation des barrages :……………………………………
……………………………………
Longueur totale du réseau d’irrigation :……………………..
Nombre secteurs :……………………..
Nombre d’usagers par secteurs :……………………..
Quelles sont les règles qui régissent l’Association ?
Travaux récurrents de réparation et d’entretien des ouvrages micro-hydroagricoles
Cotisation par membre :…………/a/exploitant
Y-a-t-il des tours d’eau ?
Problèmes rencontrés en matière d’approvisionnement en eau
Solutions proposées pour résoudre ces problèmes
Formes d’encadrement technique du Génie Rural
101
GUIDE D’ENTRETIEN AUPRES DES MOYENS ET GRANDS EXPLOITANTS AGRICOLES
Objectifs : - Connaître les différents usages de l’eau
- Estimer leurs besoins en eau
- Identifier les problèmes d’exploitation
Guide d’entretien
1. Nom de l’exploitant
2. Nombre de personnes en charge
3. Localisation des parcelles et importance des parcelles
4. Types de cultures pratiquées, superficies mises en valeur et niveau de production
annuelle
5. Autosuffisance en produits agricoles (tous types confondus)
6. Autres activités : Elevage bovin, élevage porcin, élevage avicole
7. Les grands types d’utilisation de l’eau
8. Que pensent-il des autres types d’utilisation d’eau
9. Les programmes de travail journalier des exploitants
10. Les techniques et calendriers culturaux (riziculture irriguée, riziculture pluviale,
cultures de contre saison, etc…)
11. Degré de satisfaction par rapport à l’eau
12. Encadrement technique par Génie Rural et DRDR (début et durée d’intervention,
formes d’encadrement, techniques utilisées, perspectives d’avenir)
13. Problèmes rencontrés en matière d’approvisionnement en eau
14. Solutions à ces problèmes et perspectives d’avenir
102
Fokontany: Village: Nombre de personnes / ménage:
I. AGRICULTUREI.1. Cultures vivrières
1. Riziculture
Parcelles
Loca. Et dist / domicile
Superficie Mode de FV Dep MO
Location si FVI PU x Hoes/jDep en semences
ou pépinièreEst. Récolte
Autres dépenses
de cultureUsage engrais Destination Production
kg/superf Autoconsom Ventes1 2 3 4 5
Ensemble
Cette récolte rizicole est-elle suffisante? Si NON, estimation des besoins réels pendant une année:………..tonnes / …………gony de …..kg de paddy / ………..kg de riz blanc
2. Cultures pluviales
ParcellesLoca. Et dist /
domicile SuperficieMode de FV Dep MO Types de culture Système de Usage engrais
Location si FVI PU x Hoes/j pratiquées cult (rotation) kg/superf1 2 3 4 5
Ensemble
3. Culture sde contre-saison
ParcellesLoca. Et dist /
domicile SuperficieMode de FV Dep MO Types de culture Système de Usage engrais
Location si FVI PU x Hoes/j pratiquées cult (rotation) kg/superf1 2 3 4 5
Ensemble I.2. Cultures pluviales de rente
Type de cult Xction PU DébouchésBlé Orge Soja
3.Destination de la production I.3. Dépenses foncières
103
Type de cult XctionDest Xts
Autocons Ventes DébouchésNat du terr Parcelles Superf PU Montant ttl
Rizières 1
Maïs 2 Po de terre 3 Manioc Patate Légumes Ensemble
Champs de cultures pluviales
1 2 3
4 II. ELEVAGE
II.1. Elevage bovin
1. Imp cheptel bovin Dépenses d'exploitation et d'alimentation
Zébus Vaches Veaux Taureaux Postes de dép PU Qté Pè ou fréq TotalBes. en eau/bet Frais de cons Bes. total Vétérinaire
Vaccins 2. Dépenses de vaccination Tourteaux
Po de terre PU x qté/pè PU x qté/pè PU x qté/pè PU x qté/pè Autres
Vaccin Frais de cons bét
Total
3. Dépenses d'alimentation
Type alim PU x qté/pè PU x qté/pè PU x qté/pè PU x qté/pè Eté Hiver Eté Hiver Eté Hiver Eté Hiver
Concentré Vitamines Semences four Dép de fumier Autres dép
II.2. Elevage porcin
Genre Nbre Dépenses d'exploitation et d'alimentationMâle Femelle Ensemble
Postes de dép PU Qté Pè ou fréq Total
Frais de cons II.3. Elevage avicole Vétérinaire
Vaccins
104
Type de volailles Qté Qté autoconsQté vendue Tourteaux Date et pè PU Po de terre
Poulet Autres Canard Autres
Total
III. REVENUS D'EXPLOITATION
Types vendus Pè et date Nbre vendu PU Total revBovin Porcin Avicole
IV. DEPENSES DE CONSOMMATION
Postes dép PU Jour Semaine Mois
Alimentation Riz Légumineuses Tubercules Viande porc/bœufs Sucre Huile Sel/café SS/TOTAL 1 Comb/Energie Bougies Pétrole Bois SS/TOTAL 2 Autres Ecolage Transport Autres SS/TOTAL 3 TOTAL GENERAL
105
106
FICHE D’ENQUETE MENAGE ANDRANOMANELATRA
Identifiant : Echantillon : Fir : Quartier :
A. Habitat - Ménage
1. Type de logement Villa /_/ Dur /_/ Cité /_/ Tôle /_/ Trad /_/ Bois /_/ Précaire /_/ /_/ (1)2. Statut d’occupationPropriétaire/_/ Locataire/_/ Logé gratuitement/_/ /_/ (2)Loyer mensuel :……………..Fmg /_____________/ (3)Ancienneté d’occupation : /_/_/ jours /_/_/ mois /_/_/ans /_/_/(4)/_/_/(5)/_/_/(6)3. Taille du logementNbre de pièces :……… Nbre total de ménages occ :………. /_/_/(7)/_/_/(8)Nbre pièces/ménage :…….. Nbre étages :………….. /_/_/(9)/_/_/(10)4. Nbre de personnes dans le ménage :…………. /_/_/ (11)
B. Approvisionnement en eau5. Quelle est votre source d’approvisionnement en eau ?Puits ind /_/ BP /_/Puits coll /_/ BP du voisin /_/ /_/ (12)/_/ (13)Puits du voisin /_/ BFG /_/Riv ou source /_/ BFP /_/Durée du parcours:………mn /___/ (14)6. Quantité d'eau consommée par jourUsages domestiques Usages non domestiques……….seau de …….l ………seau de…….l……….daba de…….l ………seau de…….l /_/_/_/_/ (15)……….fût de………l ………seau de…….l Soit ………..l/j Soit………l/j /_/_/_/_/ (16)7. Fréquence de la lessive:……./s /___/ (17)8. L’eau que vous utilisez maintenant est-elle ?Limpide/_/ Assez limpide/_/ Trouble/_/ Aspect douteux/_/ /_/ (18)9. A combien payez-vous cette eau?………Fmg le seau de ……litres ……………Fmg/mois /_____/(19) /__/(20)………Fmg le récipient de……litres /_____/(21) /__/(22)
/_________/ (23)10. Faites-vous appel à un porteur d'eau?Toujours /_/ Souvent /_/ Quelquefois /_/ Rarement /_/ Jamais /_/ /_/ (24)11. Combien coûte la portée?……….Fmg le seau de …….litres /_____/(25)/__/(26)……….Fmg le daba de…….litres /_____/(27)/__/(28)……….Fmg le fût de ………litres Coût mensuel:…………….Fmg /_____/(29)/__/(30)
/_________/ (31)12. Etes-vous satisfait de ce mode d’approvisionnement en eau actuel
Oui /_/ Non /_/ /_/ (32)14. Voudriez-vous bénéficier d'un branchement particulier? Oui /_/ Non/_/ /_/ (33)15. Si non, êtes-vous disposé à payer 50Fmg le seau de 10l aux BF ?
Oui /_/ Non /_/ /_/ (34)
C. Structure des revenus et dépenses18. Le chef de ménage est-il : Actif/_/ Inactif/_/ Retraité/_/ /_/ (35)
Profession principale :……………………Profession secondaire :………………….. /_/ (36)
107
19. Y a-t-il d’autres personnes actives ? Oui/_/ Non/_/ /_/ (37)Si oui, combien :………. /_/ (38)Profession 1 :……………..Profession 2 :…………….. /_/(39)/_/(40)Profession 3 :…………….. /_/ (41)
20. Combien dépensez-vous pour :POSTES DE DEPENSES Par jour Par moisAlimentationRizViande/poissonAutresS/T1Comb/Energie domBougiesPétroleElectricitéCharbonBoisAutresS/T2Autres dépensesLoyerEcolageTransportEau Autres
S/T3TOTAL GENERAL
21. Revenus mensuels du ménageRevenu CM:…………….. /___________/ (46)Revenu Conjoint(e):…………… /___________/ (47)Revenu P1:…………………… /___________/ (48)Revenu P2:…………………… /___________/ (49)Revenu P3:…………………… /___________/ (50)Revenu P4:…………………… /___________/ (51)Revenu total:………………….. /___________/ (52)
108
ANNEXE 3
CODE DE L’EAU
109
Journée Mondiale de l'Eau (JMO) 1999
GouvernementMinistère des Finances et de l'EconomieComité de l'Eau et de l’Assainissement
C N E A
REPOBLIKAN’I MADAGASOKARATanindrazana – Fahafahana – Fandrosoana
-------------------
Loi N° 98-029
portant
Code de l’Eau
GOUVERNEMENTMinistère des Finances et de l’Economie
Comité de l’Eau et de l’Assainissement (CNEA)Mars 1999
Secteur Eau et Assainissement
Fototry ny Fiainantsika ny Rano ka tandrovy
L'eau, garante de la vie : préservons-la
Nous vivons tous au fil de l'eau
Journée Mondiale de l'Eau (JMO)22 Mars 1999
Comité de l'Eau et de l'AssainissementC N E A
Journée Mondiale de l'Eau (JMO) 1999
111
promulgation du présent Code, suite à des demandes spécifiques par la JIRAMA au Ministère chargé de l'Eau Potable.
La durée de ces contrats de concession sera de 10 ans.
ARTICLE 81 : Les actuels Comités de Points d'Eau poursuivent leurs activités habituelles jusqu'à l'habilitation en qualité de maîtres d'ouvrages de leurs communes de rattachement respectives, avec lesquelles ils devront passer des contrats de gestion déléguée.
SECTION II DISPOSITIONS FINALES
ARTICLE 82 : Des transferts de compétences peuvent être effectués aux Provinces Autonomes par voie réglementaire.
ARTICLE 83 : Des textes réglementaires préciseront en tant que de besoin les modalités d’application du présent code.
ARTICLE 84 : Sont abrogées toutes dispositions antérieures contraires aux stipulations du présent Code de l’Eau notamment l’ordonnance n° 74.002 du 4 février 1974 portant orientation de la politique de l’eau et de l’électricité dans son volet eau, l’ordonnance n° 60.173 du 3 Octobre 1960 portant contrôle des eaux souterraines et des textes subséquents,ainsi que, l’article 3 alinéa 4 et l’article 6 de la loi n° 95-035 du 3 octobre 1995 autorisant la création des organismes chargés de l’assainissement urbain et fixant les redevances pour l’assainissement urbain. Jusqu'à la mise en place effective de la nouvelle réglementation de redevance d'assainissement les articles 4 à 12 de la Loi N° 95-035 resteront en vigueur; il seront abrogés dès la parution des nouveaux textes.
ARTICLE 85: La présente Loi sera publiée au Journal Officiel de la République.
Antananarivo, le 20 Janvier 1999
Le Président de la République de Madagascar
Didier RATSIRAKA
S O M M A I R E
PageEXPOSE DES MOTIFS 2
Loi n° 98-029 du 20 janvier 1999 portant Code de l'Eau 4
TITRE I : DU DOMAINE PUBLIC DE L'EAU 4Section I : Dispositions générales et champ d'application 4Section II : Des eaux de surface et des eaux souterraines 5
TITRE II : DE LA GESTION DES RESSOURCES EN EAU 5Chapitre I : DE LA PROTECTION DE L'EAU 6
Section I : De la protection quantitative 6Sous-Section I : Des prélèvements d'eaux de surface 6Sous-Section II : Des prélèvements d'eaux souterraines 6
Section II : De la protection qualitative 6Sous-Section I : De la pollution des eaux 6Sous-Section II : Des déchets 7Sous-Section III : De l'assainissement 8
Chapitre II : DE LA CONSERVATION DES RESSOURCES EN EAU ET DE LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT 9Chapitre III : DE LA MISE EN VALEUR DES RESSOURCES EN EAU 10
Section I : De l'eau d'irrigation 10Section II : De l'eau industrielle 11Section III : De l'utilisation hydroélectrique de l'eau 11
Chapitre IV : DE L'APPROVISIONNEMENT EN EAU POTABLE ET DE L'AS-SAINISSEMENT COLLECTIF DES EAUX USEES DOMESTIQUES 12Section I : Du service public de l'eau potable et de l'assainissement
collectif des eaux usées domestiques 12Section II : De la maîtrise d'ouvrage du service public de l'eau
et de l'assainissement collectif des eaux usées domestiques 14Section III : De l'exploitation du système d'approvisionnement en eau
potable et d'assainissement collectif des eaux usées domestiques 15Section IV : De l'organisme de régulation du service public de l'eau
Potable et d'assainissement collectif des eaux usées domestiques 15
Section V : Du financement et des principes tarifaires du service public communal de l'eau et de l'assainissement 17
TITRE III : DE LA SURVEILLANCE ET DE LA POLICE DES EAUX, CONTESTATIONS - DISPOSITIONS PENALES ET SANCTIONS 18
Section I : De la surveillance de la qualité de l'eau 18Section II : De la police des eaux 18Section III : Des contestations et des conflits d'usages 18Section IV : Des Dispositions pénales et des sanctions 19
TITRE IV : DU FINANCEMENT DU SECTEUR DE L'EAU ET DE L'ASSAINISSEMENT 20
TITRE V : DE L'ORGANISATION DU SECTEUR DE L'EAU
112
ET DE L'ASSAINISSEMENT 21
TITRE VI : DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET FINALES 22Section I : Dispositions transitoires 22Section II : Dispositions finales 23 œuvre de la politique nationale de lutte
contre la pollution des eaux ;- de suivre et d'évaluer l'efficacité des mesures d'assainissement et de prévention des pollutions des ressources en eaux ;- d'exécuter les plans d'urgence pour la prévention et la lutte contre les inondations et les sécheresses.
ARTICLE 77 : L'Autorité Nationale de l'Eau et de l'Assainissement est placée sous la tutelle technique et administrative du Cabinet du Premier Ministre, et sous la tutelle financière du Ministère chargé de l 'Economie et des Finances.
Des décrets pris en Conseil de Gouvernement détermineront les attributions et le fonctionnement de l'Autorité Nationale de l'Eau et de l'Assainissement
ARTICLE 78 : Conformément aux dispositions des articles 28 et 77 du présent Code, l'Autorité Nationale de l'Eau et de l'Assainissement est l'unique interlocuteur de tous les intervenants en matière de ressource en eau. Les relations de ladite Autorité avec les différentes structures gouvernementales, les Provinces Autonomes et autres Collectivités ainsi que les intervenants extraétatiques seront précisés dans le cadre de décret.
T I T R E VI
DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET FINALES
SECTION I DISPOSITIONS TRANSITOIRES
ARTICLE 79: Jusqu’à la mise en place des structures et organes administratifs et techniques prévus par le présent code dans le domaine de l’Eau et de l’Assainissement, les structures et organes prévus par les anciennes dispositions légales ou réglementaires continuent d’exister.
ARTICLE 80 : Pendant une période de 2 ans à compter de la date d'entrée en vigueur du présent Code, la société d'Etat JIRAMA créée par l'Ordonnance n°75-024 du 17 octobre 1975, pourra, légalement poursuivre ses activités sans être titulaire de contrat de concession.
La Société d'Etat JIRAMA doit avant l'expiration de ce délai de 2 ans, conclure avec
l'Autorité concédante des contrats de concession pour tout ou partie des installations qu'elle exploite à la date de
113
redevances non spécifiques mentionnées au présent titre et participer au financement des ouvrages de protection, mobilisation et protection de la qualité des ressources en eau.
ARTICLE 74 : Des décrets préciseront les modalités de définition et de recouvrement des redevances mentionnées au présent titre et les modalités de la mise en place et de la gestion du Fonds National pour les Ressources Eau.
TITRE V
DE L'ORGANISATION DU SECTEUR DE L'EAU ET DE L'ASSAINISSEMENT
ARTICLE 75 : En vue d'assurer la gestion intégrée des ressources en eaux et le développement rationnel du secteur de l'eau et de l'assainissement, il est créé l'Autorité Nationale de l'Eau et de l'Assainissement (ANDEA).
ARTICLE 76 : L'Autorité Nationale de l'Eau et de l'Assainissement exerce sa mission en étroite collaboration avec les différents départements concernés. Ladite Autorité a notamment pour mission :
- de coordonner, planifier, programmer tous projets d'hydraulique et d'assainissement et en suivre l'exécution ;
- d'élaborer et de programmer les plans directeurs d'aménagement des ressources en eau ;
- d'élaborer et de programmer les plans directeurs d'assainissement et de drainage
- d'établir les priorités d'accès à la ressource en eau et d'élaborer les normes nationales y relatives ;
- de faire réaliser, en cas de besoin, des études et des travaux relatifs aux réseaux d'assainissement et de drainage ;
- de collecter les données et informations relatives aux ressources en eau ;
- de valoriser l'usage des cours d'eau à des fins de production de protéines animales, de transports, de loisirs et de production d'énergie ;
- de rechercher de nouvelles technologies pour réduire le coût d'exploitation de l'eau ;
- de faire réaliser des études et des analyses en matière économique et financière à court, moyen. et long terme en vue :
1 - de la gestion optimale des ressources financières du secteur de l'eau,2 - du recouvrement des redevances et taxes,3 - de l'évaluation économique du rendement des investissements dans le secteur de l’eau ;
- de percevoir les taxes et redevances liées à l'usage des ressources en eaux ;
- d'assurer la sensibilisation, l'information et la formation dans les secteurs industriel et agricole dans le cadre de la mise en
Exposé des Motifs
Le droit fondamental d'accès à l’Eau met notamment l’accent sur trois constats essentiels:
1) l’eau est un patrimoine commun national, 2) l’eau est un élément naturel indispensable,3) inégalement répartie, elle pose des problèmes d’ordre économique
social et sanitaire.
Si les textes malgaches, dans le domaine de la ressource en eau, n’ont point occulté ces considérations élémentaires, ils brillent toutefois, de par leur multiplicité et leur éparpillement, par leur manque de cohérence. De ce fait, ils ne peuvent appréhender pleinement l’évolution des différents usages et aménagements de la ressource en eau. Cette évolution nécessite, pour Madagascar, la prise en compte de certaines données évidentes mais mal exploitées jusqu’alors et qui constituent le fondement de la stratégie sectorielle et plan d’action pour l’eau et l’assainissement adopté par le Conseil de gouvernement le 3 mai 1995 ainsi que du plan national d’action pour le redressement social.
Se présentant sous différentes formes (eaux de surface, eaux souterraines), l'eau est indispensable à toutes activités humaines, et si elle est mal gérée, elle réduit de façon vitale le potentiel utilisable et indispensable à la survie de l’espèce non seulement humaine mais aussi animale et végétale. L’eau nécessite ainsi une politique de conservation, d'amélioration, d'utilisation durable, de protection et de gestion rationnelle, liée à la nature de ses ressources.
Parce qu’élément vital de la Nation, elle est qualifiée de Patrimoine commun National.
Parce que denrée de plus en plus rare dans presque toutes les régions de Madagascar et particulièrement dans les régions du Sud et de l'Ouest malgache qui souffrent cruellement de cette rareté, la ressource en eau est classée dans la catégorie juridique des “ choses communes ”. Partant, elle est prioritairement considérée comme bien du domaine public, l’Etat devant assumer un rôle de police et de gestionnaire de la ressource en eau, au mieux de l’intérêt général .
*
L’harmonisation des textes relatifs à la protection et à la mise en valeur de la ressource en eau et la lutte contre la pollution rentrent dans les grandes préoccupations actuelles du pays. Madagascar s’ouvre de plus en plus à l’ère industrielle, et l’installation d’usines susceptibles d’être sources de pollution considérable de la ressource en eau risque d'augmenter. Le code de l’eau envisage ainsi les différentes causes de pollution possibles et les mesures prises pour les enrayer. Conjuguées avec celles concernant la conservation et l’aménagement de la ressource en eau, qui ouvrent la voie à diverses procédures, phases et formules de gestion, ces mesures visent à doter Madagascar d’un code cohérent destiné à répondre au mieux, aux besoins des différents acteurs et usagers de la ressource en eau.
Parmi les principes qui sous-tendent ces actions pour la mise en valeur, la protection et la gestion de la ressource en eau, on peut relever :
114
- un renforcement des mesures de protection des eaux, spécialement en matière d’Alimentation en eau Potable ;
- la libéralisation du Secteur Eau- le principe de non-gratuité de l’eau ;- le nécessaire transfert de gérance des installations aux collectivités
concernées ;- la responsabilisation des communautés tant rurales qu'urbaines et
périurbaines ;- la régulation du service de l'approvisionnement en Eau et de
l'Assainissement;- le renforcement de la lutte contre la pollution des eaux ;- l’articulation des règles de protection et de mise en valeur de la
ressource en eau avec les normes environnementales ;- le principe de pollueur payeur.
Le présent Code définit également les principes fondamentaux du service public de l’approvisionnement en eau potable et de l’assainissement limité aux eaux usées domestiques, dans toutes les zones urbaines comme rurales.
Le financement du secteur et du service public de l'eau et de l'assainissement constitue une priorité pour la réalisation de cette politique. Compte tenu des investissements et financements considérables qui seront nécessaires pour remettre à niveau et améliorer les infrastructures et services, la loi établit un cadre propre à permettre le financement du secteur par les bailleurs de fonds et à garantir le bon usage de ces financements publics et privés, nationaux et internationaux. L’objectif est de mettre en place une nouvelle réglementation et une nouvelle organisation institutionnelle du secteur qui permette d’offrir de l’eau de meilleure qualité et en plus grande quantité à un plus grand nombre de Malgaches.
Cette loi a donc pour ambition de formuler une série de mesures destinées à accélérer et renforcer des actions en cours mais n’ayant pas encore de bases légales suffisantes pour être efficaces ; de présenter une série de mesures nouvelles inscrites dans une politique nationale visant à la préservation de la qualité et à la gestion rationnelle de l’eau.
Les contributions des collectivités territoriales seront renforcées notamment dans le domaine de l’assainissement. Des possibilités d’interventions leur seront aussi offertes en matière de gestion, d’entretien et d’aménagement des milieux aquatiques.
Il est indispensable d’améliorer l’organisation administrative de la ressource en eau afin que l’action de l’Etat soit plus facile à appréhender et plus efficace. Cela suppose une coordination des actions au niveau des différents départements ministériels concernés et à celui des collectivités territoriales. Cela implique également la mise en œuvre d’outil réglementaire par une administration réorganisée et renforcée respectueuse des principes prônant la politique de libéralisation.
Pour que les objectifs fixés par le présent Code soient atteints, l'Administration doit parvenir à appliquer d'une manière effective ce texte légal en faisant respecter impérativement ses dispositions par les usagers et les différents intervenants dans le secteur.
de l'une de ces deux peines seulement, sans préjudice des éventuelle sanctions administratives relatives à la fermeture de l'installation.
ARTICLE 68 : Le montant de toutes les sanctions pécuniaires, prononcées en application de l'article ci-dessus sont susceptibles de modifications en fonction de l'importance des dégâts et/ou pollution causés et selon des clauses d'indexation à déterminer par voie réglementaire.
En tout état de cause, des décrets détermineront les sanctions administratives à appliquer en cas d'infraction au présent Code.
TITRE IV
DU FINANCEMENT DU SECTEUR DE L'EAU ET DE L'ASSAINISSEMENT
ARTICLE 69 : En vue de participer au financement de la conservation, de la mobilisation et de la protection des ressources en eau, il peut être institué des redevances de prélèvement sur les ressources, de détérioration de la qualité de ces ressources et de modification du régime des eaux.
ARTICLE 70 : Les redevances sur les ressources en eaux, pour des prélèvements ou des rejets d'eaux ou pour des modifications des régimes des eaux, sont dues sur des bases égales et équitables, pour toute personne physique ou morale, publique ou privée utilisatrice de ces ressources, en fonction des volumes concernés.
ARTICLE 71 : Le financement des ouvrages de mobilisation ou protection des
ressources peut également être assuré par des redevances spécifiques à ces ouvrages. Ces redevances spécifiques sont dues, sur des bases égales et équitables, pour tout usage et pour toute personne physique ou morale, publique ou privée bénéficiaire de ces ouvrages. Chaque fois que possible, la structure de gestion de ces ouvrages doit être une structure d'entreprise commerciale autonome de droit commun.
ARTICLE 72 : L'Autorité Nationale de l'Eau et de l'Assainissement peut recourir, au profit du secteur de l'eau et de l'assainissement, à des collectes de fonds, de dons et legs de toute nature, par des procédures réglementaires
ARTICLE 73 : Il est institué un Fonds National pour les Ressources en Eau qui a pour objectif de répondre aux besoins spécifiques de financement de la conservation, de la mobilisation et de la protection de la qualité des ressources en eau. Ce fonds pourra recevoir les produits des redevances non spécifiques mentionnées au présent titre et participer au financement des ouvrages de protection, mobilisation et protection de la qualité des ressources en eau.
ARTICLE 62 : Des décrets pris en conseil des ministres détermineront les principes d'organisation et d'intervention de la police des eaux.
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SECTION III
DES CONTESTATIONS ET DES CONFLITS D'USAGES
ARTICLE 63 : Les litiges concernant les contestations ou autres conflits d’usages en matière de la ressource en eau doivent être soumis à l’arbitrage, avant tout procès.
ARTICLE 64 : En cas d’échec du recours à l’arbitrage, est compétent dans les litiges où l’ Etat est absent, le tribunal civil du lieu de situation de la ressource en eaux objet du litige.
Si le litige met en cause l’Etat ou ses démembrements, la juridiction administrative est seule compétente.
ARTICLE 65 : En cas de contestation entre les propriétaires fonciers auxquels les eaux peuvent être utiles, la juridiction compétente, en statuant, doit concilier l’intérêt de l’agriculture avec le respect dû à la propriété ; et dans tous les cas, les règlements particuliers et locaux doivent être observés.
SECTION IV
DES DISPOSITIONS PENALES ET SANCTIONS
ARTICLE 66 : Tout pollueur doit supporter les coûts de ses activités polluantes.
ARTICLE 67 :Sans préjudice de l'application du Code de la Santé Publique relatif aux mesures destinées à prévenir la pollution des eaux potables et à la surveillance des eaux de consommation toute infraction aux articles 12,15,17,21 et 24 du présent Code est punie d'un emprisonnement de 1 an à 3 ans et d'une amende de 2.500.000 Fmg à 250.000.000 Fmg ou de l'une de ces deux peines seulement.
Toute infraction aux articles 10,11,32, et 33 du présent Code et des textes pris pour son application, notamment l'exécution de travaux sans autorisation ou contraire aux prescriptions de l'autorisation, est punie d'1 mois à 6 mois d'emprisonnement et d'une amende de 250.000 Fmg à 2.500.000 Fmg, ou de l'une de ces deux peines seulement.
Quiconque exploite une installation d'eau ou d'hydroélectricité sans l'autorisation requise sera puni d'une peine d'emprisonnement de 2 mois à 1 an et d'une amende de 2.500.000 Fmg à 25.000.000 Fmg ou
Loi N° 98-029portant Code de l’Eau
L' Assemblée Nationale a adopté,
Le Président de la République,
Vu la Constitution,Vu la décision N° 04-hcc/D3 du 13 Janvier 1999 de la Haute Cour Constitutionnelle,
Promulgue la loi dont la teneur suit :
ARTICLE 1: L'eau fait partie du patrimoine commun de la Nation. Chaque collectivité en est le garant dans le cadre de ses compétences.
Le présent Code a pour objet :- la domanialité publique de l'eau ;- la gestion, la conservation, et la mise en valeur des ressources
en eaux ;- l'organisation du service public de l'eau potable et de
l'assainissement collectifs des eaux usées domestiques ;- la police des eaux;- le financement du secteur de l'eau et de l'assainissement ;- l'organisation du secteur de l'eau et de l'Assainissement.
TITRE I
DU DOMAINE PUBLIC DE L'EAU
ARTICLE 2 : L'eau est un bien public relevant du domaine public. Elle ne peut faire l'objet d'appropriation privative que dans les conditions fixées par les dispositions de droit civil traitant de la matière ainsi que des servitudes qui y sont attachées en vigueur sur le territoire de Madagascar.
SECTION I DISPOSITIONS GENERALES ET CHAMP D'APPLICATION
ARTICLE 3 : Le présent Code s'applique à toutes les eaux dépendant du domaine public, les eaux de surface et les eaux souterraines.
ARTICLE 4 : La définition et la nomenclature des eaux dépendant du domaine public naturel, artificiel ou légal obéissent respectivement aux prescriptions des articles 4a), 4b), 4c), et 5 de l'ordonnance N° 60.099 du 21 Septembre 1960 réglementant le domaine public, modifié par l'ordonnance N° 62.035 du 19 Septembre 1962.
ARTICLE 5: Les installations, ouvrages, travaux et activités réalisés par toute personne physique ou morale, publique ou privée, entraînant des prélèvements sur les eaux superficielles ou souterraines, restituées ou non et pouvant avoir une incidence sur le niveau, la qualité, et le mode d’écoulement des eaux doivent être placées sous surveillance régulière de l’administration. Il en est de même des déversements chroniques ou épisodiques même non polluants.
SECTION II DES EAUX DE SURFACE ET DES EAUX SOUTERRAINES
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ARTICLE 6 : Les eaux de surface sont constituées par l'ensemble des eaux pluviales et courantes sur la surface du sol, des plans d'eau ou canaux, les fleuves et rivières, les canaux de navigation et rivières canalisées, certains canaux d'irrigations, les étangs salés reliés à la mer, les lacs, étangs et assimilés, les marais, les zones humides. Les eaux de surface font partie du domaine public.
ARTICLE 7 : Des décrets détermineront les conditions :
- de classement d'un cours d'eau, d'une section de ce cours d'eau ou d'un lac dans le domaine public;
- de concession de cours d'eau navigables ou flottables, naturelles ou artificielles ;
- d'élimination de la nomenclature, des voies navigables ou flottables et maintenues dans le domaine public avec ou sans concession .
ARTICLE 8 : Les eaux souterraines sont constituées par les eaux contenues dans les nappes aquifères et les sources.
Les eaux souterraines font partie du domaine public .
Les sources qui sont des émergences naturelles des nappes souterraines continuent de faire partie du domaine public.
TITRE II
DE LA GESTION DES RESSOURCES EN EAUX
ARTICLE 9 : Les dispositions du présent titre ont pour objet la mise en œuvre de politiques de gestion intégrée de l'eau tenant compte des relations entre aspects quantitatifs et qualitatifs ou entre eaux de surface et eaux souterraines.
TITRE III
DE LA SURVEILLANCE ET DE LA POLICE DES EAUX
CONTESTATION-DISPOSITIONS PENALES ET SANCTIONS
SECTION I
DE LA SURVEILLANCE DE LA QUALITE DE L'EAU
ARTICLE 58 : La surveillance de la qualité de l’eau est effectuée systématiquement par l’administration compétente. Tout exploitant est tenu de surveiller en permanence la qualité des eaux au moyen de vérifications régulières qu’il doit mettre à la disposition de l’administration compétente, et, il doit l’informer de toute variation des seuils limites imposés ou de tout incident susceptible d’avoir des conséquences pour la santé publique.
Des textes réglementaires préciseront les modalités d’application du présent article.
ARTICLE 59 : Outre les contrôles directs de la pollution, la pratique dite de l’autosurveillance désigne les mesures réalisées par tout exploitant, ou celles menées sous sa responsabilité, à la demande de l'administration, et dans des conditions qui lui ont été précisées.
L’autosurveillance, réalisée sous la responsabilité de l’exploitant, doit être complétée et validée par un contrôle réalisé à l’initiative de l'Autorité Nationale de l'Eau et de l'Assainissement.
ARTICLE 60 : L’autosurveillance porte, avant tout, sur les émissions de polluants, elle peut également comporter des mesures dans le milieu rural, à proximité de l’installation.
Pour atteindre les objectifs qui lui ont été assignés, l’autosurveillance implique des mesures régulières et aussi fréquentes que possible dont les modalités seront fixées par voie réglementaire, notamment quant aux prélèvements et à la consommation d’eau ainsi qu’aux rejets de toute nature des installations classées pour la protection de l’environnement.
SECTION II
DE LA POLICE DES EAUX
ARTICLE 61 : La police des eaux s’entend de toute autorité et/ou autre entité investies du pouvoir de préserver la ressource en eau, quant à ses aspects qualitatifs, quantitatifs et économiques, au mieux de l’intérêt général.
ARTICLE 52 : Le bureau exécutif est dirigé par un secrétaire exécutif. Celui-ci est nommé pour un mandat de cinq ans par le Conseil, sur proposition du président de l’Organisme Régulateur.
ARTICLE 53 : L'organisation, l'attribution, le mode de fonctionnement et le mode de financement de l’Organisme Régulateur sont précisés par un décret.
SECTION V
DU FINANCEMENT ET DES PRINCIPES TARIFAIRES DU SERVICE PUBLIC DE L’EAU ET DE L’ASSAINISSEMENT
ARTICLE 54 : La politique tarifaire et de recouvrement des coûts des services d'eau potable et d'assainissement doit respecter les principes suivants :
• L’accès au service public de l’eau, que ce soit aux points d’eau collectifs ou aux branchements individuels, est payant;
• pour chaque système d’eau et d’assainissement, les tarifs applicables doivent permettre l'équilibre financier des gestionnaires de systèmes et tendre vers le recouvrement complet des coûts;
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• les coûts d’investissement et d’exploitation, d'une part, et la capacité de paiement des usagers, d'autre part, sont pris en compte dans les principes de tarification de l'eau et de fixation des redevances pour l'assainissement;
• les produits encaissés par les maîtres d'ouvrages et gestionnaires au titre des services d'eau potable et d'assainissement sont des recettes affectées à ces seuls services;
• Les systèmes tarifaires doivent comprendre des dispositions permettant l'accès au service universel de l'eau potable des consommateurs domestiques ayant les plus faibles revenus.
ARTICLE 55 : En raison de la composante sociale du service public de l'eau et de l'assainissement, le total des taxes et surtaxes levées par les collectivités locales sur les facturations de ces services ne peuvent dépasser 10 % du montant hors taxe de ces facturations.
ARTICLE 56: La collectivité locale maître d'ouvrage tient un compte auxiliaire à son budget tant pour les services d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement collectif des eaux usées domestiques dont la gestion est directement assurée par elle que pour les charges et recettes qui la concernent en cas de gestion déléguée.
Elle produit des comptes financiers selon les formes définies par l'Organisme Régulateur dans les 6 mois suivant la fin de chaque exercice.
ARTICLE 57 : Les modalités d'application des dispositions de la présente section seront précisées par voie réglementaire.
La compétence de la police des eaux, définie au paragraphe précédent, couvre ainsi la gestion équilibrée de la ressource dans toutes ses composantes et la préservation du fonctionnement des écosystèmes aquatiques et des zones humides.
CHAPITRE IDE LA PROTECTION DE L'EAU
Section IDE LA PROTECTION QUANTITATIVE
SOUS SECTION I DES PRELEVEMENTS D'EAUX DE SURFACE
ARTICLE 10 : Aucun travail ne peut être exécuté sur les eaux de surface définies à l’article 6, du présent Code, qu'il modifie ou non son régime; aucune dérivation des eaux du Domaine public, de quelque manière et dans quelque but que ce soit, en les enlevant momentanément ou définitivement à leurs cours, ne peut être faite sans autorisation. Les conditions d'obtention des autorisations seront fixées par décret sur proposition de l'Autorité Nationale de l'Eau et de l'Assainissement (ANDEA) visée au titre V du présent Code. Toutefois, l'autorisation, pour des prélèvements d'eaux de surface ne dépassant pas un seuil de volume qui sera fixé par décret, pour des usages personnels, n'est pas requise.
SOUS SECTION IIDES PRELEVEMENTS D'EAUX SOUTERRAINES
ARTICLE 11 : Les prélèvements d'eaux souterraines ne peuvent être faits sans autorisation sauf pour des usages personnels ne dépassant pas un seuil de volume qui sera fixé par décret et ne présentant pas de risques de pollution de la ressource. Les conditions d'obtention des autorisations seront fixées par décret sur proposition de l'Autorité Nationale de l'Eau et de l'Assainissement.
SECTION IIDE LA PROTECTION QUALITATIVE
SOUS SECTION IDE LA POLLUTION DES EAUX
ARTICLE 12 : Toute personne physique ou morale, publique ou privée exerçant une activité source de pollution ou pouvant présenter des dangers pour la ressource en eau et l'hygiène du milieu doit envisager toute mesure propre à enrayer ou prévenir le danger constaté ou présumé.
En cas de non-respect des prescriptions du paragraphe précédent, l'auteur de la pollution est astreint au paiement, conformément au principe du pollueur payeur, d'une somme dont le montant est déterminé par voie réglementaire, en rapport avec le degré de pollution causée.
ARTICLE 13 : Pour l'application du présent code, la "pollution" s'entend de tous déversements, écoulements, rejets, dépôts directs ou indirects de matières de toute nature et plus généralement de tout fait susceptible de provoquer ou d'accroître la dégradation des eaux, en modifiant leurs caractéristiques physiques, chimiques, biologiques ou bactériologiques et radioactives, qu'il s'agisse d'eaux de surface ou souterraines .
SOUS SECTION IIDES DECHETS
ARTICLE 14 : Est considéré comme déchet tout résidu d'un processus de production, de transformation ou d'utilisation, toute substance, matériau, produit ou plus généralement tout bien meuble abandonné ou que son détenteur destine à l'abandon.
Pour l'application du présent code, seront principalement pris en considération les déchets qui, par leurs conditions de production ou de détention, sont de nature à polluer les eaux et, d'une façon générale, à porter atteinte à la santé de l'homme et à dégrader l'environnement.
Conformément aux exigences de l'environnement telles que prévues par la loi N° 90.003 du 21 Décembre 1990 portant charte de l'environnement et afin de diminuer à la source la production de déchets, l'administration visée au titre V du présent code doit organiser la surveillance sur les activités des établissements qui peuvent amener des nuisances ou des risques, provenant de déchets produits ou traités.
ARTICLE 15: Toute personne physique ou morale qui produit ou détient des déchets de nature à produire des effets nocifs sur le sol, la flore et la faune, à polluer l'air ou les eaux et, d'une façon générale, à porter atteinte à la
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santé de l'homme et à dégrader l'environnement est tenue d'en assurer l'élimination ou le traitement.
ARTICLE.16: L’élimination des déchets des ménages s’effectue sous la responsabilité des communes, qui peuvent financer en totalité ou en partie les coûts du service conformément à la réglementation en vigueur.
Sans préjudice des dispositions d'autres textes ultérieurs, l'élimination des déchets industriels, miniers et autres relève de l’initiative privée.
Les industriels et autres auteurs de déchets de toute sorte doivent les remettre dans les circuits garantissant la protection de l’environnement et prendre à leur charge les coûts de transport, d’élimination ou de traitement.
ARTICLE.17 : Au niveau des circuits d’élimination, les entreprises qui produisent, importent ou éliminent les déchets sont tenues de fournir à l’administration toutes informations concernant l’origine, la nature, les caractéristiques, les quantités, la destination et les modalités d’élimination des déchets qu’elles produisent, remettent à un tiers ou prennent en charge.
ARTICLE 48 : L’Organisme Régulateur est chargé notamment:
- de surveiller le respect des normes pour la qualité du service ;- de déterminer et mettre en vigueur, conformément aux dispositions
tarifaires du présent Code, les prix de l'eau, les redevances d'assainissement et surveiller leur application correcte ;
- de proposer des normes spécifiques adaptées à chaque système, et de les soumettre à la décision de l'administration ;
- de concevoir, d'élaborer et d'actualiser un système d'information sur les installations d'approvisionnement en eau potable et d'assainissement collectif des eaux usées domestiques ;
ARTICLE 49 : L’Organisme Régulateur est géré et administré par un conseil assisté par un bureau exécutif.
ARTICLE 50 : Le conseil de l’Organisme Régulateur est composé de 7 membres proposés selon des critères de compétences spécifiques. Ils sont nommés par décret pris en Conseil des Ministres.
Ainsi :
- une personne compétente en matière d’ingénierie en systèmes d'adduction, de traitement et de distribution d'eau potable est proposée par le Ministre chargé de l’Eau Potable;
- une personne compétente en matière de génie sanitaire est proposée par le Ministre chargé de la Santé ;
- une personne compétente dans le domaine juridique et institutionnel est proposée par le Ministre chargé de la Justice ;
- une personne compétente en matière d'économie et de finances est proposée par le Ministre chargé de l'Economie et des Finances ;
- un représentant des usagers du service public de l’eau et de l’assainissement est proposé par le Premier Ministre;
- un représentant des maîtres d’ouvrages communaux est proposé par le Ministre chargé des Collectivités locales décentralisées ;
- un représentant des gestionnaires de systèmes est proposé par le Ministre chargé de l’Eau Potable.
La durée du mandat de membre du conseil est de cinq ans renouvelable. Les nominations se feront de la manière suivante:
- les 4 premiers sont nommés dès la publication du présent Code;- les 3 autres seront nommés 1 an après.
Sauf en cas de perte de leurs droits civiques, les membres du conseil sont irrévocables pendant la durée de leur mandat .
Les fonctions des membres du Conseil sont incompatibles avec toute fonction de membre du Gouvernement ou de membre du Parlement et tout mandat électif. L'accession à de telles fonctions emporte d'office cessation du mandat de membre du conseil.
ARTICLE 51 : Le Conseil de l’Organisme Régulateur élit parmi ses membres un président pour la durée de son mandat.
SECTION III
DE L'EXPLOITATION DES SYSTEMES D’APPROVISIONNEMENT EN EAU
POTABLE ET D’ASSAINISSEMENT COLLECTIF DES EAUX USÉES DOMESTIQUES
ARTICLE 45 : Le gestionnaire de système est l'exploitant, personne physique ou personne morale de droit public ou privé, malgache ou étrangère à qui un maître d'ouvrage confie la réalisation et/ou la gestion et la maintenance directes d'un système.
Dans le cas des personnes morales de droit privé agissant en tant que gestionnaire de système, celles-ci doivent obligatoirement être constituées en la forme de société de droit malgache, conformément aux dispositions législatives et réglementaires en vigueur.
ARTICLE 46: L'exploitation des systèmes peut être déléguée à des gestionnaires, par contrat de gérance, d'affermage, ou de concession., ou être effectuée ,à titre exceptionnel, par les maîtres d'ouvrage en régie directe . Ces contrats sont soumis à l'approbation préalable de l’Organisme Régulateur .
Un décret fixe les conditions de recours aux différents modes de gestion déléguée et organise les régimes des contrats de gérance, d’affermage et de concession; il définit les conditions et les procédures de négociation et d’appel à la concurrence pour ces trois types de contrats.
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SECTION IV
DE L’ORGANISME DE REGULATION DU SERVICE PUBLIC
DE L’EAU ET DE L'ASSAINISSEMENT
ARTICLE 47 : II est institué un Organisme, établissement public à caractère administratif, chargé de la régulation du Service public de l'eau potable et de l'assainissement dont les attributions, la composition et les modalités de fonctionnement et le mode de financement sont fixés par le présent Code et les décrets pris pour son application.
L'Organisme Régulateur est un organe technique, consultatif et exécutif spécialisé dans le secteur de l'approvisionnement en eau potable et de l'assainissement collectif des eaux usées domestiques, doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière. En tant que de besoin, il peut consulter tous administrations et organismes concernés, dans l'exécution de sa mission.
ARTICLE 18 : Des décrets déterminent les conditions dans lesquelles peuvent être réglementés ou interdits, les déversements, écoulements rejets, dépôts directs ou indirects d'eau ou de matières, plus généralement tout fait susceptible d'altérer la qualité de l'eau superficielle ou souterraine.
SOUS SECTION III
DE L'ASSAINISSEMENT
ARTICLE 19 : L'assainissement s'entend, au sens du présent Code, de toute mesure destinée à faire disparaître les causes d'insalubrité de manière à satisfaire, à la protection de la ressource en eau, la commodité du voisinage, la santé et la sécurité des populations, la salubrité publique, l'agriculture, à la protection de la nature et de l'environnement, à la conservation des sites et des monuments. L'assainissement des agglomérations, visé par les présentes dispositions, a pour objet d'assurer l'évacuation des eaux pluviales et usées ainsi que leur rejet dans les exutoires naturels sous des modes compatibles avec les exigences de la santé publique.
L'assainissement collectif des eaux usées domestiques concerne l'évacuation et le traitement des eaux usées par les consommateurs après avoir été distribuées par les systèmes d’approvisionnement en eau potable.
L’Organisme Régulateur du service public de l’alimentation en eau potable peut être chargé par des décrets de la régulation de l'assainissement collectif des eaux usées domestiques.
ARTICLE 20 : Il appartient à toute collectivité ou à tout établissement ou entreprises visées à l'article 17 ci-dessus d'assurer l'évacuation des eaux de toutes natures qu'ils reçoivent dans des conditions qui respectent les objectifs fixés pour le maintien et l'amélioration de la qualité des
milieux récepteurs en application notamment des principes énoncés par le présent chapitre.
En tout état de cause, les eaux usées d'origine domestique ainsi que les eaux pluviales doivent faire l'objet d'assainissement collectif dans les conditions fixées par les textes d'application du présent Code.
L'assainissement individuel peut être autorisé si la mise en œuvre d'un équipement collectif implique des sujétions excessives du point de vue économique ou technique ou se révéler préjudiciable à la qualité des eaux superficielles réceptrices. Toutefois, l'établissement de réseaux définitivement réservés à l'évacuation des effluents d'appareils d'assainissement individuels s'interposant entre les branchements des immeubles particuliers et les ouvrages publics d'évacuation est interdit.
ARTICLE 21 : Tout déversement d'eaux usées, autres que domestiques, dans les égouts publics doit être préalablement autorisé par la collectivité à laquelle appartiennent les ouvrages qui seront empruntés par ces eaux usées avant de rejoindre le milieu naturel.
L'autorisation fixe, suivant la nature du réseau à emprunter ou des traitements mis en œuvre, les caractéristiques que doivent présenter ces eaux usées pour être reçues.
En tout état de cause, doivent être respectées les prescriptions prévues par les textes en vigueur en matière d'urbanisme et d'habitat concernant le déversement d'eaux et de matières usées.
ARTICLE 22 : Les eaux résiduaires industrielles, de toute nature, à épurer ne doivent pas être mélangées aux eaux pluviales et eaux résiduaires industrielles qui peuvent être rejetées en milieu naturel sans traitement. Cependant, ce mélange peut être effectué si la dilution qui en résulte n'entraîne aucune difficulté d'épuration dûment constatée par un laboratoire de contrôle agréé.
L'évacuation des eaux résiduaires industrielles dans le réseau public d'assainissement, si elle est autorisée, peut être subordonnée notamment à un traitement approprié.
CHAPITRE II
DE LA CONSERVATION DES RESSOURCES EN EAUX
ET DE LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT
ARTICLE 23 : La réalisation d'aménagements, d'ouvrages ou de travaux, exécutés par des personnes publiques ou privées, est précédée d'une enquête publique et d'une étude d'impact environnemental soumises aux dispositions du présent code ainsi qu’à celles prévues en ce sens par la loi N° 90.003 du 21 Décembre 1990 portant charte de l’environnement, lorsqu’en raison de leur nature, de leur consistance ou du caractère des zones concernées, ces opérations sont susceptibles d’affecter l’environnement et devraient occasionner des troubles à l’écosystème aquatique.
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ARTICLE 24 : Pour la protection des rivières, lacs, étangs, tout plan et cours d'eau, eaux souterraines, il est interdit de jeter ou disposer dans les bassins versants des matières insalubres ou objets quelconques qui seraient susceptibles d'entraîner une dégradation quantitative et qualitative des caractéristiques de la ressource en eau.
Constitue un bassin versant toute surface délimitée topographiquement et géologiquement, drainée par un ou plusieurs cours d'eau. Le bassin versant est une unité hydrologique et hydrogéologique qui a été décrite et utilisée comme unité physio-biologique, socio-économique et politique pour la planification et l'aménagement des ressources naturelles.
ARTICLE 25: Conformément aux dispositions de la politique forestière, le rôle éminemment protecteur d'un couvert forestier, ou tout au moins celui d'un couvert herbacé dense sur les bassins, ainsi que la protection
Toutefois, aussi longtemps que les communes ne satisferont pas aux critères de capacité définis par décret pour l'exercice de tout ou partie des responsabilités incombant aux maîtres d'ouvrage, celles-ci seront exercées par le Ministre chargé de l’Eau Potable jusqu’à leur habilitation. Durant cette période, le Ministre chargé de l’Eau Potable agira comme maître d'ouvrage délégué des communes. A l'issue de cette période, les contrats conclus entre le Ministre chargé de l’Eau Potable et les tiers seront transférés de plein droit aux maîtres d'ouvrage.
Par dérogation au paragraphe 2 du présent article, les communautés, et/ou les “Fokontany”, peuvent, à leur demande, exercer la maîtrise d'ouvrage déléguée des petits systèmes ruraux d'approvisionnement en eau potable situés sur leur territoire avec l’accord de l’Organisme Régulateur visé à la section IV du présent chapitre et de la commune de rattachement.
ARTICLE 42 : Nonobstant les dispositions de l'article 39 ci-dessus, et suivant les conditions de l'article 41 précédent, les systèmes d'approvisionnement en eau potable et d'assainissement collectif des eaux usées domestiques restent dans le domaine public de l'Etat.
Dès la promulgation du présent code, les fonctions suivantes sont exercées par les communes:
• l'approbation des investissements des systèmes d'approvisionnement en eau potable de leur territoire
•• la consultation sur les programmes de développement du service public de l'eau
potable et de l'assainissement les concernant.
Les systèmes sont transférés de plein droit au domaine public des communes selon les modalités qui seront fixées par décret.
ARTICLE 43 : Lorsque un système intégré d’approvisionnement en eau et/ou d’assainissement s’étend sur le territoire de plusieurs communes ou qu’il apparaît nécessaire d’élargir le périmètre d’exploitation du
système, pour des raisons techniques, économiques ou de qualité du service public, les communes sont libres de s’associer afin d’unifier la maîtrise d’ouvrage. A défaut d’initiative de la part des communes, l’Organisme Régulateur peut proposer la fusion de la maîtrise d’ouvrage sur la base d’un rapport justifiant cette action après avoir consulté les communes ou communautés concernées. Un décret fixera les conditions et les modes d’organisation de ces associations de communes.
ARTICLE 44 :Les fonctions de maîtrise d’ouvrage sont fixées par décret.promulgation du présent Code, suite à des demandes spécifiques par la JIRAMA au Ministère chargé de l'Eau Potable.
La durée de ces contrats de concession sera de 10 ans.
ARTICLE 81 : Les actuels Comités de Points d'Eau poursuivent leurs activités habituelles jusqu'à l'habilitation en qualité de maîtres d'ouvrages de
des eaux usées domestiques sur une aire géographique donnée : installations de captage, de prélèvement et de traitement assimilées à la production de l’eau; installations de transport; infrastructures de distribution et de branchement pour l’eau potable; infrastructures de transport tels que les égouts et infrastructures de traitement et d’épuration pour l’assainissement.
ARTICLE 38 : Toute eau livrée à la consommation humaine doit être potable.
Une eau potable est définie comme une eau destinée à la consommation humaine qui, par traitement ou naturellement, répond à des normes organoléptiques, physico-chimiques, bactériologiques et biologiques fixées par décret.
ARTICLE 39 L'approvisionnement du public en eau potable et l'accès à l'assainissement collectif des eaux usées domestiques sont un service public communal.
L’autoproduction ne constitue pas un service public. Cependant, en cas d’absence ou d’insuffisance de fourniture du service public d’approvisionnement en eau potable dans la zone concernée, l’autoproducteur peut opérer une fourniture d’eau potable au public, à la condition d’en obtenir l’autorisation expresse dans le cadre d’une convention signée avec le maître d’ouvrage concerné.
L’autoproduction est définie comme une activité qui permet à une personne physique ou morale d'effectuer la réalisation et/ou la gestion et la maintenance directe d' un système d'Approvisionnement en Eau Potable, pour la satisfaction de ses propres besoins.
Un décret réglementera les conditions d'exercice de L’autoproduction.
ARTICLE 40 : Les systèmes d'alimentation en eau potable et d'assainissement collectif des eaux usées domestiques font partie du domaine public des communes, à l'exception des systèmes destinés à L’autoproduction.
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SECTION II
DE LA MAÎTRISE D’OUVRAGE DU SERVICE PUBLIC DE L’EAU
ET DE L’ASSAINISSEMENT
ARTICLE 41 : Le maître d'ouvrage est l' autorité publique responsable vis-à-vis des usagers du service public de l'eau et de l'assainissement, sur une aire géographique donnée.
Les communes rurales et urbaines sont les maîtres d'ouvrages des systèmes d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement collectif des eaux usées domestiques, situés sur leur territoire respectif. Elles exercent ces attributions par l'intermédiaire du conseil municipal.
contre l'érosion, l'envasement et l'ensablement des infrastructures hydroélectriques et des périmètres irrigués en aval, revêtent un intérêt public et feront l'objet des mesures de concertation spécifiques, afin de maintenir les normes de qualité des eaux, de régulariser les régimes hydrologiques et d'empêcher les graves inondations.
ARTICLE 26 : La protection des forêts naturelles ou des forêts de reboisement est soumise aux dispositions prévues par la loi n° 97-017 du 16 Juillet 1997, portant révision de la législation forestière, notamment en son titre II et celles portant sur le régime des défrichements et des feux de végétation.
ARTICLE 27 : Des textes réglementaires fixeront les mesures spécifiques concernant les forêts situées dans le bassin de réception des torrents, et celles qui protègent contre les influences climatologiques nuisibles, les avalanches, les éboulements et contre les écarts considérables dans les régime des eaux.
Les mesures de protection visées au paragraphe ci-dessus sont applicables aux forêts riveraines des cours d'eaux et à toute aire forestière importante pour protéger l'homme contre les forces de la nature
CHAPITRE III
DE LA MISE EN VALEUR DES RESSOURCES EN EAUX
ARTICLE 28 : Les priorités d'accès à la ressource en eau aussi bien de surface que souterraine sont définies par voie de décrets, sur proposition de l'Autorité Nationale de l'Eau et de l'Assainissement, en fonction des conditions spécifiques de la ressource en eau des régions concernées.
En cas de limitation de ressources en eau disponibles, priorité est donnée à l'approvisionnement en eau potable compte tenu des normes de consommation retenues en application du présent code.
SECTION I
DE L'EAU D'IRRIGATION
ARTICLE 29 : L’eau d’irrigation des terres peut provenir des eaux de surface ou des eaux souterraines.
Toutes installations d’exhaure destinées à l’irrigation des terres respectent les normes de débit spécifique des cultures, fixées par décret. Les quantités d’eau prélevées ne doivent pas léser les autres utilisateurs de ressource disponible.
ARTICLE 30 : Les réseaux hydroagricoles financés par l’Etat, sont et demeurent régis par tous les textes législatifs et réglementaires relatifs à la gestion, à l’entretien et à la police des réseaux, notamment par les dispositions prévues par la loi N° 90.016 du 20 Juillet 1990.
ARTICLE 31 : Tout projet d’irrigation initié par une personne morale ou physique de droit privé requiert l’avis de l'Autorité Nationale de l'Eau et de l'Assainissement en ce qui concerne l’utilisation des ressources en eaux aussi bien de surface que souterraines.
Dans tous les cas, tout projet visé au paragraphe précédent fait l’objet d’une étude d’impact conformément aux dispositions de l'article 23 du présent code et de la loi N° 90.003 du 21 Décembre 1990 portant charte de l’environnement.
SECTION II
DE L'EAU INDUSTRIELLE
ARTICLE 32 : Les dispositions de la présente section s’appliquent à toute activité individuelle, utilisant l’eau comme principale source d’énergie, de transformation ou de revenus.
L’implantation d’une industrie peut être subordonnée à la mise en place d’une adduction d’eau autonome pour éviter les problèmes d’approvisionnement et pour ne pas léser la population en matière de distribution d’eau potable. Toutefois, au cas où des installations et des réseaux de distribution et d'approvisionnement seraient déjà en place, la nouvelle implantation doit harmoniser sa politique de prélèvement et d'approvisionnement en eau avec celle déjà existante.
En tout état de cause, toute installation industrielle est soumise à des études préalables d'impact de ses rejets sur l'environnement, conformément à la loi N° 90.003 du 21 Décembre 1990 visée à l'article 31 ci-dessus.
ARTICLE 33 : L’exploitant d’une installation classée doit prendre toutes dispositions nécessaires, au moment de la conception et au cours de l’exploitation de l’installation pour limiter la consommation en eau d’une part et pour préserver l’environnement d’autre part, au niveau des différentes étapes de production, conformément aux dispositions du présent Titre II .
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Des textes réglementaires préciseront en tant que de besoin les modalités d’application du présent article.
SECTION III
DE L'UTILISATION HYDROELECTRIQUE DE L'EAU
ARTICLE 34 : Toute personne physique ou morale de droit privé peut être associée à la conduite des opérations relatives à l’exploitation des entreprises et à la production hydroélectrique de l’eau.
ARTICLE 35 : Nul ne peut disposer de l’énergie des lacs et des cours d’eau, quel que soit leur classement, sans aucune concession ou une autorisation de l’Etat dont les conditions et les modalités d'octroi sont à déterminer par voie réglementaire.
ARTICLE 36 :Des dispositions réglementaires définiront les conditions techniques d’aménagement des centrales hydroélectriques, lesquelles feront préalablement l’objet d’étude d’impact conformément à la loi N° 90.003 du 21 Décembre 1990 portant charte de l’environnement.
En cas de nécessité sur certains cours d’eau ou section de cours d’eau dont la liste sera fixée par décret, aucune autorisation ou concession ne sera donnée pour des entreprises hydroélectriques nouvelles. Pour les entreprises existantes, régulièrement installées à la date de la promulgation du présent Code, une concession ou une autorisation pourra être accordée sous réserve que la hauteur du barrage ne soit pas modifiée.
La procédure d’octroi par le préfet des autorisations comportera une enquête publique et la publication d’un rapport d'étude d’impact environnemental suivant l’importance de l’ouvrage. L’autorisation impose à son titulaire le respect d’un règlement d’eau fixant notamment les débits prélevés et réservés.
CHAPITRE IV
DE L'APPROVISIONNEMENT EN EAU POTABLE ET DE L'ASSAINISSEMENT
COLLECTIF DES EAUX USEES DOMESTIQUES
SECTION I
DU SERVICE PUBLIC DE L’EAU POTABLE ET DE L’ASSAINISSEMENT
COLLECTIF DES EAUX USÉES DOMESTIQUES
ARTICLE 37 : Le service public de l’approvisionnement en eau potable et de l’assainissement collectif des eaux usées domestiques, appelé au sens du présent chapitre "service public de l'eau et de l'assainissement", est un service d'approvisionnement en eau potable et d'assainissement collectif des eaux usées domestiques fourni au public, c'est à dire à tout usager, personne physique ou morale de droit public ou privé, avec obligations de service public définies dans des cahiers des charges.
Le service universel de l’approvisionnement en eau potable est l' attribut du service public basé sur l’obligation de fourniture à tous les usagers d’une quantité minimum et d’un service minimum d’eau potable . Les principes et l’organisation de ce service universel de l’approvisionnement en eau potable sont fixés par décret.
Un système d'approvisionnement en eau potable et d'assainissement collectif des eaux usées domestiques ou système, est l'ensemble des installations et des infrastructures destinées à fournir de l’eau potable et/ou des services d'assainissement collectif
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