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Page 1 de 3 LES AMIS FRANCOPHILES DU ROM Le 11 octobre janvier 2011 à 14h ( Prochaine réunion le 25 octobre 2011 à 13 h ) EL ANATSUI : CONTINENTS À LA DÉRIVE « Continents à la dérive » est une œuvre monumentale, exposée dans l’entrée de la galerie de l’Afrique, des Amériques et de l’Asie Pacifique. Elle a été réalisée en 2010 par l’artiste ghanéen El Anatsui. L’acquisition de cette « tapisserie » de métal, exécutée à la demande du musée, fait suite à la première rétrospective internationale de l’œuvre de l’artiste, « El Anatsui : Dans ma dernière lettre d’Afrique », organisée par le musée en 2010. Cette installation tridimensionnelle représente un des accomplissements majeurs, et une étape supplémentaire dans le processus de création de l’artiste, commencé il y a plus de 40 ans. Ce sont ces grandes installations en métal qui ont fait sa réputation internationale. El Anatsui est le seul artiste africain, vivant en Afrique, qui soit reconnu partout. Ses installations ornent de nombreux musées de par le monde. El Anatsui est né à Anyako, Ghana, en 1944. Il est le plus jeune d’une fratrie de 32 enfants. Après avoir obtenu son diplôme en Art et Education à l’Université des Sciences et Technologies de Kumasi, Ghana, en 1969, il commence une carrière d’artiste. Il dessine, peint et sculpte. Toujours depuis ses débuts El Anatsui a privilégié les matériaux ordinaires déjà utilisés, que l’on peut trouver en abondance. À travers eux, il exprime sa vison de l’Afrique : de son peuple, de sa culture, de son histoire. Le lien entre passé et présent est au centre de sa vision artistique. Il aime expliquer que le thème de son travail n’est pas le « recyclage » ou la préservation, mais plutôt l’incorporation de matériaux qui ont eu à l’origine d’autres propos, et qui évoquent l’idée du passé. En sculpture, il travaille d’abord le bois. Il transforme les plateaux vendus sur les marchés en plaques murales dans lesquelles il intègre différents langages africains et des motifs qui lui sont propres. Il les détourne ainsi de leur fonction utilitaire pour en faire des objets artistiques et établir un lien entre art et artisanat. Ses sculptures d’argile sont réalisées à partir de tessons provenant de vieilles céramiques qu’il casse et recompose. El Anatsui www.ago.net Continents à la dérive, 2010 Musée Royal de l'Ontario, Joëlle Guidini-Raybaud

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LES AMIS FRANCOPHILES DU ROM

Le 11 octobre janvier 2011 à 14h ( Prochaine réunion le 25 octobre 2011 à 13 h )

EL ANATSUI : CONTINENTS À LA DÉRIVE

« Continents à la dérive » est une œuvre monumentale, exposée dans l’entrée de la galerie de l’Afrique, des Amériques et de l’Asie Pacifique. Elle a été réalisée en 2010 par l’artiste ghanéen El Anatsui.

L’acquisition de cette « tapisserie » de métal, exécutée à la demande du musée, fait suite à la première rétrospective internationale de l’œuvre de l’artiste, « El Anatsui : Dans ma dernière lettre d’Afrique », organisée par le musée en 2010. Cette installation tridimensionnelle représente un des accomplissements majeurs, et une étape supplémentaire dans le processus de création de l’artiste, commencé il y a plus de 40 ans. Ce sont ces grandes installations en métal qui ont fait sa réputation internationale. El Anatsui est le seul artiste africain, vivant en Afrique, qui soit reconnu partout. Ses installations ornent de nombreux musées de par le monde.

El Anatsui est né à Anyako, Ghana, en 1944. Il est le plus jeune d’une fratrie de 32 enfants. Après avoir obtenu son diplôme

en Art et Education à l’Université des Sciences et Technologies de Kumasi, Ghana, en 1969, il commence une carrière d’artiste. Il dessine, peint et sculpte.

Toujours depuis ses débuts El Anatsui a privilégié les matériaux ordinaires déjà utilisés, que l’on peut trouver en abondance. À travers eux, il exprime sa vison de l’Afrique : de son peuple, de sa culture, de son histoire. Le lien entre passé et présent est au centre de sa vision artistique. Il aime expliquer que le thème de son travail n’est pas le « recyclage » ou la préservation, mais plutôt l’incorporation de matériaux qui ont eu à l’origine d’autres propos, et qui évoquent l’idée du passé. En sculpture, il travaille d’abord le bois. Il transforme les plateaux vendus sur les marchés en plaques murales dans lesquelles il intègre différents langages africains et des motifs qui lui sont propres. Il les détourne ainsi de leur fonction utilitaire pour en faire des objets artistiques et établir un lien entre art et artisanat.

Ses sculptures d’argile sont réalisées à partir de tessons provenant de vieilles céramiques qu’il casse et recompose.

El Anatsui www.ago.net

Continents à la dérive, 2010 Musée Royal de l'Ontario, Joëlle Guidini-Raybaud

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Alors que le matériau de base, la terre cuite, évoque les cultures traditionnelles de son enfance, l’œuvre achevée forme un autre tout qui traduit la régénération et la renaissance. A partir de 1980, grâce à des outils modernes, El Anatsui s’essaie à des œuvres de plus grande échelle, comme par exemple Erosion, 1992. Le bois, enrichi de signes et symboles, a été entaillé des milliers de fois à l’aide d’une tronçonneuse. L’artiste exprime ainsi dans un langage poétique les méfaits de la civilisation coloniale : la destruction d’une partie des motifs représente les cultures africaines ruinées, les morceaux de bois à terre représentent le peu qu’il en reste.

Poursuivant son évolution artistique, El Anatsui exploite de nouveaux matériaux à la fin des années 1990: le fer blanc ou l’étain. Là encore, il s’agit de matériaux

recyclés, qui font partie de son environnement, auxquels il donne un nouvel aspect et une nouvelle signification. Il utilise les couvercles de boîtes de lait concentré pour réaliser sa sculpture « Peak Project », en 1999.

Il les assemble par des fils de cuivre et les empile en tas qui introduisent alors un nouvel univers. Liés de façon assez lâche, les couvercles permettent à l’installation d’évoluer. Le mouvement est essentiel pour El Anatsui. Ainsi, il encourage les conservateurs et les collectionneurs à installer eux même ses sculptures car il pense que les interventions extérieures sont une façon de compléter l’œuvre.

En 2002, au cours d’une promenade, El Anatsui découvre un sac rempli de bouchons et capsules en fer-blanc et en étain, enfoui sous des buissons. Il les récupère et les assemble, de la même façon qu’il l’a déjà fait pour les couvercles de boîte de lait.

Il créé ainsi sa première « tapisserie » de métal. C’est le début d’une nouvelle expression artistique. Il a réalisé des dizaines de ces installations monumentales et chatoyantes. On les compare généralement à des kenté, des étoffes traditionnelles aux couleurs vives tissées et assemblées à la main dans son pays. El Anatsui y ajoute l’idée d’une histoire de la migration et de la consommation.

Imbroglio, 1979 http://interpretingceramics.com/

Peak Project, 1999 http://accessibleartny.com/

Erosion, 1992 http://www.octobergallery.co.uk/artists/anatsui/index.shtml

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« Continents à la dérive » « Continents à la dérive » s’inscrit dans la lignée de ces grandes compositions. L’œuvre est constituée de milliers de bouchons de bouteille et de canettes de métal, écrasés, aplatis, et déformés. Les capsules de rhum, whisky, et gin avec leur label imprimé sont une référence historique à l’impact culturel des marchandises coloniales importées en Afrique de l’Ouest. Leur assemblage minutieux offre une séquence de parties pleines, scintillantes, à l’esthétique minimaliste, séparées par un entrelacs de maillons lâches, à effet de dentelle. L’entrelacs de maillons distendus est un nouveau développement de l’artiste.

Il accroit la fluidité de l’œuvre, et offre différentes approches d’installation et de sens.

Toutes les installations d’El Anatsui ont un titre, quelquefois très long. Pour lui, nommer une œuvre participe au processus de création. Les références émergent lorsque la sculpture est terminée. Les titres sont souvent rattachés à la poésie, les mythologies, la littérature, et le langage africain. Ici, on peut imaginer un lien avec les maillons lâches : le titre évoque un monde flottant, en perpétuel mouvement, un monde qui évolue toujours, comme sa sculpture.

VOCABULAIRE

capsule (n. m.) ............ cap, capsule

chatoyantes (adj.) ....... shimmering

dentelle (n. f.) ............. lace

dérive (n. f.) ............... drift

à la dérive (n.f.) ........ straying

distendu (adj./p. p.) ..... loose

entailler (v.) ............... to cut

entaillé (p. p. ou adj.) .. cut

entrelacs (n. m.) ......... interlace

étain (n. m.) ............... tin

fer-blanc (n. m.) .......... tin

fratrie (n. f.) ............... siblings

fluidité (n. f.) .............. flow

impact (n. m.) ............. impact

lait concentré (n. m.) ... condensed milk

maillon (n. m.) ............ link

méfaits (n. m.) ............ damaging effects,

................................. ravages

recycler (v.) ................ to recycle

recyclé (p. p) .............. recycled

scintillant (adj.) ........... sparkling

tronçonneuse (n. f.) ..... chain saw

Joëlle Guidini-Raybaud Guide du ROM

Continents à la dérive, 2010 Detail des entrelacs de maillons

Musée Royal de l'Ontario, Joëlle Guidini-Raybaud

« Les amis francophiles du ROM » se rencontrent

les 2e et 4e mardis du mois, à 14 h au ROM

Préparation / Présentation : Joëlle Guidini-Raybaud

Infographiste : Barbara Moore

HORAIRE On se rassemble dans le court Gloria Chen à 14 h

Mardi 25 octobre à 14 h

Mardi 8 novembre à 14 h

Mardi 22 novembre à 14 h

Mardi 13 décembre à 14 h