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- Les Amis des Monastères 151 - JUILLET 2007 - TRIMESTRIEL - 5 Le dialogue inter-monastique ©

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Page 1: Les Amis des Monastères · – des chroniques fiscales et juridiques; – des annonces, recensions, échos. POUR TOUS RENSEIGNEMENTS « Fondation des Monastères » 83/85, rue Dutot

-Les Amisdes Monastères

N° 151 - JUILLET 2007 - TRIMESTRIEL - 5 €

Le dialogue inter-monastique

©

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SON BUT

– Subvenir aux besoins des communau-tés religieuses, contemplatives notam-ment, en leur apportant un concoursfinancier et des conseils d’ordre admi-nistratif, juridique, fiscal.

– Contribuer à la conservation du patri-moine religieux, culturel, artistique desmonastères.

SES MOYENS D’ACTION

– Recueillir pour les communautés tousdons, en argent ou en nature, confor-mément à la législation fiscale sur lesréductions d’impôts et les déductionsde charges.

– Recueillir donations et legs, en fran-chise des droits de succession (art.795-4 du code général des impôts).

SA REVUE

Publication trimestrielle présentant :– un éditorial de spiritualité ;– des études sur les ordres et les communau-

tés monastiques ;– des chroniques fiscales et juridiques ;– des annonces, recensions, échos.

POUR TOUS RENSEIGNEMENTS

« Fondation des Monastères » 83/85, rue Dutot

75015 ParisTél. 0145310202Fax 0145310210

E-mail : [email protected]

CCP 3041212 F LA SOURCE

La Fondation des Monastèresreconnue d’ut i l i t é publ ique (J .O. du 25 août 1974)

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SOMMAIREN° 151 – juillet 2007

Le dialogue inter-monastiqueEditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4

Voyage spirituel dans le Bouddhisme Zen par Père Benoît Billot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5

Et qui est mon prochain ?par Frère Daniel Pont . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13

Pèlerinage interreligieux dans la plaine du Gange Janvier 2006 par Frère Antoine Desfarges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22

Le dialogue inter-monastique vu par un Swami hindou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27

Chemins de prière et dialogue interreligieux monastique par Sr Marie Baron . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .32

Chronique juridiqueI – Subventions publiques et discrimination religieuse par Père Achille Mestre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .40

II – A propos de l’hébergement des mineurs (2) . . . . . . . . . . . . . . . . . .42III – Décret du 11 mai 2007 sur les libéralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . .44

Conseil d’Administration de la Fondation du 15 mai 2007 Extraits du procès-verbal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .47

Recensions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .59Annonces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .63Abonnez-vous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .64

Les Amis des Monastèresrevue trimestrielle

Les Amisdes Monastères

ISSN: 1250-5188

Dépôt légal :N° 07-272 - juillet 2007

Commission paritaire :N° 1007 G 82214 du10 octobre 2002

Directeur de la publication :Mère Myriam Fontaine

Rédacteur en Chef :Père Achille Mestre

Rédaction :Tél. : . . . . . . . . . . . . . . 0145310202Fax : . . . . . . . . . . . . . . 0145310210

Impression :Atelier Claire JoieMonastère des Clarisses38340 VoreppeTél. Mon. : . . . . . . . 0476502603Numéris : . . . . . . . . 0476508752Fax : . . . . . . . . . . . . . . 0476501717E-mail : [email protected]

© copyright DIM FRANCE :Photo :

dialogue sur le Gange

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Un dialogue, c’est une paroleéchangée, partagée. Il suppose silenceintérieur et humilité, écoute mutuelleet mesure des mots. Pareils fonde-ments sont ceux de tous dialogues,notamment dans l’espace interreli-gieux qui nous ouvre à d’autres spiri-tualités et cultures hors du mondechrétien. Puisque Dieu dans la révéla-tion, disait Paul VI1, a pris l’initiatived’instaurer avec l’humanité un dia-logue, l’Eglise est tenue de poursuivrece dialogue de salut avec les croyantsdes autres religions. Dialoguer c’estalors demeurer soi-même, tout enacceptant d’être changé par l’autre.Dialoguer c’est prier à côté de l’autredans l’esprit d’Assise2 et s’émerveillerdes semences de vérité déposées dansle cœur du si différent de moi. Dialo-guer débouchera sur l’entretien d’uneamitié spirituelle tissée de considéra-tion réciproque.

Le dialogue interreligieux est mul-tiple. Ses routes sont ouvertes pourjeter des ponts avec toutes les religionset spiritualités dignes de ce nom,notamment avec le Judaïsme et l’Islam, avec le Bouddhisme et

l’Hindouisme. Du fait de la spécificitéde notre revue, nous ne présentons icique quelques traits de cette démarcheen nous cantonnant au dialogue inter-monastique, lequel permet à desmoines et moniales de traditions diffé-rentes de se rencontrer, de s’interro-ger, de faire silence et de prier, d’adve-nir aussi à eux-mêmes par ladécouverte de leurs différences voirede leurs manques. En l’occurrence, larencontre est facilitée par la présenced’un capital monastique commun : viefraternelle et obéissance à un supérieur,pauvreté et sens de l’ascèse, Officesliturgiques et prière personnelle.

Aussi, dans ces colonnes, nous don-nons la parole à des moines etmoniales qui investissent beaucoupdans cette démarche, laquelle leur per-met de livrer le meilleur d’eux-mêmeset de leurs traditions respectives3. On aaussi donné la parole, pour qu’elle sereflète comme dans un miroir, à unmoine hindou adepte de tels échanges.Que chacun trouve ici l’expression denotre profonde gratitude.

A.M.

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EDITORIAL« Si je m’estime supérieur à mon interlocuteur,je n’ai qu’à me taire. »

Cardinal Duval

1 Ecclesiam suam 72. Pour un ensemble d’articles récents relatifs à la théologie du dialogue interreligieux,voir le dossier présenté par les Recherches de science religieuse, octobre-décembre 2006, T. 94/4. Le dia-logue y est bien présenté comme un des aspects de la mission des chrétiens dans le monde. Ses ambiguï-tés, ses écueils sont également repérés ; ses dangers aussi pour qui ne serait pas bien enraciné dans sapropre tradition (voir notamment les articles de Jean-Marc AVELINE et Geneviève COMAU.) 2 dont nous avons récemment fêté le vingtième anniversaire : le 27 octobre 1986, Jean-Paul II conviait àAssise les représentants des grandes religions à l’occasion de la Journée mondiale de prière pour la paix. 3 Du reste, Jean Paul II a tout spécialement encouragé les disciples de saint Benoît à emprunter des che-mins de dialogue (discours du 23 septembre 1996 au Congrès des Abbés de la confédération bénédictine).

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Depuis trente ans, je fais partiedu DIM, Dialogue interreligieuxmonastique. J’en ai même étéresponsable, pour la régionFrance, pendant une quinzained’années1. A vrai dire, mon inté-rêt pour les religions non-chré-tiennes date de bien plus long-temps ; je me sentais un peu àl’étroit dans l’univers catholiquede mon enfance et de ma jeu-nesse, et j’avais besoin de respirerplus largement. C’est ainsi quej’ai suivi avec passion l’aventuredes Pères Monchanin et Le Sauxainsi que celle d’Henri Massi-gnon. Ces aventuriers de la viespirituelle ont eu une influenceprofonde sur l’Eglise, influencequi a abouti à la déclaration

conciliaire Nostra Aetate (1965)et à la mise en route du grandmouvement de l’Inter-religieux.

En 1974, s’adressant à DomWeakland, Primat des bénédic-tins, le Cardinal Pignedoli écrivit: « Il faut se rappeler sans cesse lerôle primordial que joue le mona-chisme dans la rencontre avec lesreligions non-chrétiennes, parti-culièrement celles de l’Asie. Auplan historique, le moine a tou-jours été l’exemple le plustypique de l’homo religiosus et,comme tel, il représente un pointde contact et de compréhensionmutuelle entre chrétiens et non-chrétiens. La présence du mona-chisme dans l’Eglise catholique

VOYAGE SPIRITUEL DANS LE BOUDDHISME ZEN

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©Méditation devant le jardin de pierres de Ryoan Ji.

1 La responsable actuelle est Sœur Marie Pinlou, Monastère Sainte Scolastique 64240 URT.

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est donc, en soi, un pont quinous relie à toutes les autres reli-gions ». Ces paroles, accompa-gnant les voyages et rencontresinterreligieux de Paul VI et deJean-Paul II donnèrent auxordres monastiques (cisterciens etbénédictins) une sorte de feuillede route.

C’est ainsi que le Père deBéthune (Clerlande – Belgique)organisa le second séjour spirituelau Japon, en 1983. Le premieravait eu lieu quatre ans aupara-vant, regroupant des moines zenjaponais venus en Europe prendrecontact avec les monastères chré-tiens. Ce second voyage, auquelj’ai eu la joie de par ticiper,regroupait vingt-deux frères etsœurs européens catholiques etleur permit de passer cinqsemaines dans des monastères zenjaponais. Ce séjour a été pournous source à la foi d’étonne-ment et d’admiration et nous atellement touchés que nous avonscherché à partager cette expé-rience grâce à la publication d’ar-ticles dans La Croix et dans lelivre Voyage dans les monastèreszen2.

J’ai d’abord compris, grâce àce voyage, ce que Saint Paul pres-sentait lorsqu’il parlait (Rm XI,11) de la « jalousie d’Israël ».

Chez les hommes de foi, en effet,peut naître une émulation lors-qu’ils rencontrent un grandtémoin spirituel. Ils sentent s’éle-ver en eux un appel, un désir devivre à ce niveau d’intensité, unejalousie spirituelle. Paul espéraitque les disciples du Christ exerce-raient cette attirance sur ses frèresde race, les juifs. C’est cette atti-rance que nous avons ressentie aucontact des moines zen, non paspour devenir bouddhistes nous-mêmes, mais afin de plonger plusprofondément dans notre propretradition spirituelle. Je peuxmaintenant dire que cette expé-rience a été un des grandsmoments de transformation dema vie.

Les intuitions et découvertesde ce premier bain monastiquezen ne se sont pas démenties parla suite. Elles se sont au contraireconfirmées lors de notre secondséjour dans les monastères zen duJapon, en 1991, et lors de mesnombreux contacts avec cette tra-dition. Ces voyages intérieurs ontmodifié en profondeur ma façonde me comprendre moi-même,de regarder l’Eglise et la viemonastique, de me faire une idéepersonnelle des grands mystèreschrétiens que transmet l’Eglise.

2 Actuellement épuisé. Il en reste quelques exemplaires à la disposition du public. Ecrire au Prieuré SaintBenoît, 1 allée Saint Benoît 91450 ETIOLLES.

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Le rapport au corps

Le premier point, qui m’a par-ticulièrement touché, est celui duregard porté sur la dimensioncorporelle, physique. Dans notreculture occidentale, on porte engénéral deux regards sur le corps.Le premier, de type ascétique etmonastique, dans lequel j’ai étéélevé, considère le corps avecméfiance. Il est en effet le siègedes grandes énergies animales (jedis animal au sens noble dumot) : la reproduction, l’assimila-tion de la nourriture, le désird’intimité physique, le besoin desécurité, de repos, etc. A ce titre,il faut constamment le surveiller,le restreindre. Saint Paul (I Co IX, 27) a un mot très fort àce sujet : « Je traite durementmon corps et le tiens assujetti ».

Nos contemporains jettentgénéralement sur le corps un

second regard, très différent : ilsle voient souvent comme unobjet de valeur. Il faut donc l’en-tretenir soigneusement pour qu’ilpermette à chacun d’assumer sesmultiples tâches, d’être présen-table, voire séducteur, devant lesautres et de jouir de l’existencelorsque cela est possible (nourri-ture, sexualité, vacances…). Danscette perspective, la maladie oul’infirmité sont perçues comme lemalheur-type, l’obstacle au bien-vivre.

Or, nous découvrions uneautre façon d’entrer en rapportconscient avec le corps. J’en avaiseu une première approche lorsdes sessions Sagesse du corps etprière chrétienne organisées par lePère Besnard dans les années1970. J’avais pu le travailler defaçon plus intense avec K.G.Dürckheim à Rütte en Alle-magne. Mais au Japon, privés des

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©Méditation au Sogun Ji.

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explications que sans cesse récla-ment les européens, nous étionsplongés dans un bain monastiqueet spirituel où le « corps que jesuis », selon l’expression deDürckheim, ne pouvait faireautrement que de prendre uneimportance capitale. Il fallait setenir dans la position adéquate,assis bien droit et sans bouger surle coussin noir pendant desheures chaque jour. Il fallait lais-ser la respiration abdominale sedévelopper et donner toute sonimportance à l’expiration. Il fal-lait veiller à ce que les musclessoient détendus, sauf ceux de lacolonne vertébrale, etc.

Ainsi ai-je peu à peu accédé àun nouveau regard sur le corps età une nouvelle ascèse. Il ne s’agis-sait plus seulement de restreindre,voire parfois de bloquer, mais dese familiariser avec tous lesaspects de cette merveille qu’estun corps humain, de les canaliser,de les harmoniser et de les orien-ter. Par exemple, une personnevivant bien dans la verticalité deson buste, et en même tempsdans la détente, permet aux éner-gies corporelles, bien connues dela médecine asiatique, de circulersans blocage. Ceux-ci sont eneffet fréquemment sources demaladies. Ou encore c’est unejoie de découvrir la spiritualité du souffle, à condition qu’on y

travaille. Dans l’inspiration, jereçois le don divin de la vie. Dansl’expiration, je lâche ce don, jel’offre à l’univers. En dehors desécoles de sport, de chant, deyoga, de zen, qui, parmi noscontemporains, prête attention àson souffle ? Qui, dans l’Eglise oudans les monastères, pense à édu-quer – rééduquer – le souffle ?Rares sont ceux qui sont en pos-session d’une sagesse de corps etqui sont en mesure de la trans-mettre ! Merci aux traditions asia-tiques de nous réapprendre àvivre dans notre corps.

Une conséquence de ce pre-mier point fut la question desrites. N’oublions pas que ce pre-mier séjour au Japon eut lieu en1983, c’est-à-dire peu de tempsaprès la grande révolution de Mai 68 qui ébranla considérable-ment la société française, et quin’a pas été sans effet dans leséglises et dans les monastères. Dece fait, on se posait déjà en Occi-dent beaucoup de questions surles rites, sur leur nécessité, surleur caractère sclérosant. Or, nousétions confrontés au mêmemoment à la tradition monas-tique bouddhiste zen très mar-quée par les rites. Ceux-ci sont eneffet nombreux dans les compor-tements et dans les gestes,notamment dans les manières des’adresser les uns aux autres,

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surtout aux supérieurs. Ce futpour nous une sorte de choc.Ceci nous obligea à interrogernotre passé et notre traditionmonastique. Une question seposa alors à nous : fallait-il vrai-ment transformer les rites quenous avions vécus jusque-là oufallait-il les reconsidérer commedes véhicules de la vie spirituelle ?Car les rites, par les gestes et lesparoles, mettent en œuvre lecorps et sont une expression phy-sique de la vie spirituelle.

Le rapport au cosmos

L’été, pendant les vacances,lors des congés de fin de semaine,les occidentaux, surtout ceux quihabitent les grandes villes, aimentreprendre contact avec la nature.Les champs, les forêts, les fleuves,l’océan : tout cela les apaise. Ils yarrivent stressés et fatigués. Ils enrepartent revigorés. La nature estpour eux comme une sorte debain de jouvence. Les plus jeuness’y dépensent sans compter grâceaux sports nautiques, l’escaladeen montagne, les randonnéesdans la campagne. Les plus spiri-tuels y trouvent un lieu favorableà la prière.

Cela n’est pas étranger auxmoines zen mais ils y ajoutentune autre dimension, surtout au Japon, où la religion tradition-nelle, le shintoïsme, encore

largement pratiquée aujourd’hui,a influencé profondément lebouddhisme qui arrivait deChine. Le shintoïsme est une reli-gion de la nature. Il invite à véné-rer les arbres anciens, les sources,les cascades, tous habités par desesprits. Le bouddhisme zen n’apas retenu la présence des espritset les rites qui leur sont dus, maisa accueilli l’extrême importancedes éléments naturels.

Le cosmos est pour les boud-dhistes zen un des lieux privilé-giés de la manifestation de laNature de Bouddha, ou Naturede l’Etre. Tout le monde a accès,par les sens extérieurs, à la facevisible du monde : les feuilles quipoussent ou qui tombent, le ventet la pluie, la neige et le soleil, leruisseau et l’oiseau… Une desdimensions de cette spiritualitéest d’abord la présence attentive àtoutes les manifestations de l’uni-vers. C’est cette présence et cetteattention qui peuvent ensuitepermettre, à certains moments,de se laisser toucher par une autredimension, qui n’est pas visiblemais cachée, et qu’on appelle,dans la tradition zen, Nature del’Etre. Il s’agit de la face invisibledu monde, la dimension infiniequi habite toute réalité. CetteNature de Bouddha, mystérieuseet omniprésente, soutient toutdans l’existence. Le but de la vie

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monastique zen est l’éveil, c’est-à-dire l’ouverture de laconscience à cette autre dimen-sion, d’abord perçue provisoire-ment, puis, si possible, de façonpermanente.

La grande pédagogie pour yparvenir est le travail de la non-dualité. Personnellement, j’ai étéélevé dans le dualisme ; j’ai apprisque Dieu était dans l’au-delà,dans la pureté de l’Etre etl’amour, et que moi, ici-bas,j’avais une nature pécheresse etlimitée. En tous les domaines dela vie, j’ai appris l’importance duDeux : la lumière de la vérité etl’obscurité de l’erreur ; l’occidentactif et créatif, l’orient passif etcontemplatif ; les bons et lesméchants ; le haut, spirituel etgénéreux, le bas, matériel etégoïste… C’était caricatural, par-fois schizophrène, mais j’avaiscela en moi et je ne le regrettepas ; c’était une façon de se struc-turer.

Mais il aurait été dangereuxd’en rester là. C’est pourquoi lamise en œuvre de la non-dualitéfut un excellent moyen d’avancerplus avant dans la vie spirituelle.Nous, les moines occidentaux,nous exercions à ne faire qu’unavec la réalité : avec le son de laclochette, avec le parfum desbâtonnets d’encens, avec le goûtdélicieux du thé matinal, avec une

pensée ou une émotion qui noustraversaient, avec une douleurdans les genoux, avec un voisindans la salle de méditation quis’agitait. Nous étions en travail denon-dualité, essayant de ne pasporter de jugement positif ounégatif, accueillant les évène-ments comme ils étaient et quandils se présentaient, avec une atten-tion soutenue.

Et c’est ainsi qu’il m’a été par-fois donné d’expérimenter, au-delà du Deux, l’unité profondede tout ce qui existe. Il m’estarrivé de sentir en moi une éner-gie nouvelle et inconnue, de vivreune assise méditative de troisquart d’heure sans m’en rendrecompte, sans pensée parasite, eten un instant. Parfois aussi, je mesentais ne faire qu’un avec lenuage qui passait, avec le froid oule chaud, avec mon voisin dans lasalle…C’est ainsi que certainsmoments privilégiés devenaientdes manifestations de la Source,qui est Une.

A cette Source, je donnais unvisage, une personnalité. Lorsquej’en parlais avec les moines zen,cela leur paraissait bizarre carpour eux, s’il y a un Ultime,celui-ci est dépourvu de toutepersonnification. Impossible delui parler, de lui dire Je et Tu.Cela leur semblait même blasphé-matoire, car tout personnification

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rimait pour eux avec réduction.Peut-on réduire l’Ultime ? Peut-on restreindre l’Infini ? C’étaitpour moi à la fois un défi et untravail nouveau qui se présentait :comment conjuguer dans maprière l’Infini et le Personnel ?Comment dire à cet Infini qui sesituait en dehors de toute limite :« Je t’aime » ? Comment imagi-ner que cet Infini ait une volonté? Car si je réfléchissais à la notionbiblique de volonté divine, jevoyais bien que dire « Je veuxceci » entraîne « Je ne veux pascela ! » N’était-ce pas contradic-toire avec la notion même d’In-fini ?

J’étais donc dans une épreuvequi m’obligeait à cesser de « pen-ser Dieu » et simultanément àpoursuivre mon rapport person-nel avec Lui. C’est ainsi que jepus de moins en moins lui don-ner un nom. Je ne parvenais plusà prononcer ce « mot redoutable» (Tillich) ni à en parler à la troi-sième personne. Mais cetteSource divine prenait dans ma vieune étonnante présence.

Le rapport à l’Esprit Saint

Il y a vingt siècles, cetteSource prit un visage, celui deJésus-Christ. Et ce ne fut pas undes moindres débats intérieursque celui qui s’amorça à cemoment. De là où je fus placé à

deux reprises (1983 et 1991) auJapon, puis ensuite dans destemps nombreux de pratique assi-due de la méditation du zen, jefus amené à regarder l’Eglise del’extérieur et à me questionner defaçon importante sur la personnede Jésus. La question qu’il posa àses disciples « Et vous, que dites-vous de moi ? » (Mt XVI, 15) mefut posée intérieurement avecbeaucoup d’insistance ! Que pou-vais-je dire de lui ?

Je voyais bien que le boud-dhisme zen est une voie de salutet d’accomplissement. Salut ? Jele dis au sens large et actuel : allervers une vraie sagesse du corps,trouver l’insertion sociale juste,nourrir des relations intenses avecd’autres, développer les capacitésintellectuelles, permettre unenouvelle qualité d’être… Ceciposait la question de la place deJésus dans l’histoire du salut.

La première lettre de Paul àTimothée (II, 3-5) résume excel-lemment le paradoxe : « Dieuveut que tous les hommes soientsauvés… car il n’y a qu’un seulDieu et un seul médiateur entreDieu et les hommes, un homme :Christ Jésus ». Comment tenirensemble le fait de l’universalitédu salut et le fait que le Christsoit l’unique médiateur ? Pouvais-je imaginer que ces moines japo-nais n’aient pas droit au salut ?

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Pouvais-je imaginer qu’il y ait euplusieurs incarnations divines ?Cette question m’a fait redécou-vrir l’ importance de l’EspritSaint. Car si l’incarnation duChrist est limitée dans le temps etl’espace, l’Esprit Saint, l’Esprit deJésus, n’est pas enclos dans desfrontières culturelles ou reli-gieuses. Il œuvre partout dans lemonde.

Il était à l’œuvre chez cesjeunes bouddhistes qui m’entou-raient et dont l’engagement m’at-tirait. Il était à l’œuvre dans lesvénérables institutions boud-dhistes au Japon, comme il le futdans la vie de Bouddha et desbodhisattvas. Il était à l’œuvrepartout en ce monde, là où desêtres de vérité et de justice tra-vaillaient à la métamorphose de

notre planète. Nos yeux s’ouvrantà cette réalité, j’ai pu alors entrerdans l’action de grâce et incluretous ces humains dans ma prière.

Voici donc bientôt vingt-cinqans que cette aventure a com-mencé. Elle fut un des momentsimportants de ma vie. La décou-verte de cette tradition monas-tique si originale engendra cheztous les participants à ces voyagesun bouleversement fécond. Ellefut pour moi l’occasion d’unrecommencement dans la foi et lavie spirituelle. Je suis profondé-ment heureux d’avoir pu vivre cesgrands moments de rencontreentre l’orient et l’occident parl’intermédiaire de nos viesmonastiques propres.

P. Benoît BILLOT, osb

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©Méditation devant le jardin de pierres du Ryoan Ji.

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Cette question fondamentalequi sous-tend toute l’Ecrituren’est pas étrangère au dialogueinterreligieux ; elle en est mêmele fondement. Depuis près detrente ans maintenant, si l’onexcepte l’oeuvre des pionniers,des moines et des monialescatholiques le découvrent avecétonnement et émerveillement.Une dynamique de fondation demonastères, au vingtième siècle, aplacé de nombreux moines ensituation de prochains d’autresmoines, bouddhistes ou hindousceux là, incitant, timidement audépart, à un dialogue de bon

voisinage. Plus récemment, desmoines bouddhistes sont apparusdans nos pays, entraînant à leursuite des disciples occidentaux.Le brassage des cultures et desreligions, dans un monde où lesdistances se font plus courtes,manifeste l’urgente nécessité deconnaître ceux qui avaient tou-jours paru lointains.

Vaincre la peur de l’étranger

Au légiste de la parabole(Lc10, 25-37), qui cherchait à se « justifier », Jésus répond en donnant la première place àun samaritain, un étranger héré-tique, un « démon » pour ses

ET QUI EST MON PROCHAIN ?

© Dim FranceEIHI JI. Echange spirituel au Japon

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contemporains (Jn VIII, 48), fai-sant de cet étranger une figure dusauveur qu’il incarne lui-même.

Cette violence faite aux caté-gories mentales du légiste, nousdevons l’entendre aujourd’huicomme une forte interpellationde nos propres habitudes de pen-sée. Si les termes de « hérétiques» et « schismatiques » sont large-ment obsolètes pour désigner lesadeptes des autres religions,beaucoup de chemin reste à par-courir pour découvrir en eux lestémoins d’un salut, et des maîtresnous exhortant à la fidélité ànotre propre tradition. L’hommeblessé au bord du chemin peutrecouvrir les nombreuses figuresde tout ce qui est en souffrancedans nos sociétés et nos cultures,

parmi lesquelles le dialogue sedistingue, au fil des siècles demépris, d’ignorance ou d’hosti-lité, comme un grand malade.

Echanges spirituels

Il est assez commun aujour-d’hui de considérer le dialogueinterreligieux comme « allant desoi » dans le fil de l’Evangile, etde prêter aux chrétiens l’initiativede ce dialogue. Les moines sesouviennent au contraire que, en1978, une délégation japonaisecomprenant des représentants destraditions zen et shintoïste estvenu en Europe découvrir lechristianisme dans les monastères.Des pionniers tels les pères Mer-ton et Le Saux avaient ouvert ensolitaire des voies, et des congrèsorganisés alors par « L’Aide à

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© Dim FranceMaître Zen et disciples du Christ

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l’Implantation Monastique »s’étaient tenu en Orient, maispour la première fois était organi-sée, pour une cinquantaine departicipants, une plongée dans lavie quotidienne des monastèrescatholiques. Leur motivation ini-tiale ne manque pas de sur-prendre. Leur raisonnement, enbref, était que : « la culture del’occident domine l’économie etla culture mondiale. Le christia-nisme est la matrice de cette cul-ture. La quintessence du christia-nisme se trouve encore dans lesmonastères. Allons la découvrirdans les monastères » ! Commesouvent, les idées préconçues quipoussent au déplacement laissentplace à une vision plus ajustée de

la réalité. Ces « échanges spiri-tuels » avec le Japon se poursui-vent depuis lors, et portent desfruits inattendus que chaque par-ticipant s’ef force de traduire.Ainsi les moines du 9e échange,lors d’un symposium à Assise en2003, au-delà du choc culturel dela rencontre, ont tenté d’expri-mer leur découverte.

Paroles vives

« Il y a beaucoup de diffé-rences dans nos manières de vivrela vie monastique, mais ce quim’a le plus impressionné dans lemonachisme chrétien, c’est l’es-prit d’hospitalité »1.

« J’ai trouvé beaucoup

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© Dim FranceEIHEI JI Japon

1 Sosei FUKANO, 31 ans, Nanzenji, Kyoto Bulletin du DIM International N° 16 2003/2.

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d’amour dans le monastère.... Jepeux dire en toute honnêteté quetous et chacun des moines quej’ai rencontrés mettaient en pra-tique le commandement duChrist « Aimez votre prochaincomme vous-même ». Dans lesmonastères Zen il y a une ten-dance à mettre l’accent sur le nonattachement, et ceci peutconduire à une certaine froideuret une brusquerie. Dans lesmonastères chrétiens l’impor-tance de la compassion et de lachaleur humaine est soulignée »2.

« …Quand je rentrerai auJapon, il est difficile de savoircomment je vais mettre en pra-tique cette expérience, mais jesuis sûr qu’au cœur de ma viequotidienne cette expériencetrouvera à s’exprimer »3.

Ces quelques brefs extraits deréactions disent beaucoup surl’expérience du dialogue. Ledéplacement d’abord, la sortie dechez soi pour se faire hôte, pouroser découvrir d’autres cher-cheurs de l’ultime. La mise enperspective de ce que l’on vitchez soi, qui n’est plus la seuleréférence ; une approche des

autres pratiques religieuses révèled’autres fruits spirituels. Laconscience qu’au retour, quelquechose sera dif férent, car lamémoire sera imprimée par letémoignage d’autrui, aprèsl’ébranlement de la rencontred’une profonde humanité, icimarquée par la charité.

L’ébranlement peut être trèsfort, teinté de séduction pour ceque l’on découvre, ou crispé enrejet virulent quand la nouveautéappréhendée est trop surpre-nante. A coté des consonancesqui rapprochent les traditions,notamment bien des usages de lavie monastique, des dissonancesagacent et submergent parfois. Ledialogue n’est pas une partie deplaisir facile, ni une croisière enpays de religiosité exotique. Leprochain ne peut être vu commeun autre Christ que par un com-bat contre ses idées préconçues,contre son quant à soi, ses justifi-cations et ses suffisances, ses aga-cements et ses malaises.

La foi communique la foi4.

Le dialogue lui-même deman -de à être cru comme un don deDieu. Nos justifications et nos

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2 Kengo SEKIMORI, 31 ans, Université d’Hanazono, Kyoto, Bulletin du DIM International N° 16 2003/2.3 Sokin YANO, 31 ans, Ryuunji, Kyoto, Bulletin du DIM International N° 16 2003/2.4 « Un chrétien trouve le plus grand intérêt à observer les gens vraiment religieux, à lire et écouter lestémoignages de leur sagesse, à avoir la preuve directe de leur foi, une foi qui fait qu’on se souvienne desparoles de Jésus : « Chez personne en Israël, je n’ai trouvé pareille foi » (Mt 8, 10) Jean-Paul II, Discoursaux participants de l’Assemblée plénière du secrétariat pour les non-chrétiens, 27 avril 1979 Bulletin dusecrétariat N° 41-42 1979 p. 83.

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suffisances ne tiennent pas quandelles sont confrontées, à lalumière de l’Evangile, à l’imagede Dieu présent dans le prochain.Quand ce prochain est, de sur-croît, témoin d’une longue tradi-tion religieuse de consécration àl’ultime dans la prière ou la médi-tation, l’ascèse et le don, il estdifficile de ne pas reconnaître enlui une image ou une parole deDieu, de ne pas en être simulta-nément ébranlé et fortifié dans sapropre consécration. « Aller versl’autre, et aller vers Dieu, c’esttout un, et je ne peux m’en pas-

ser, il y faut la même gratuité »disait Christian de Chergé 5.

C’est assez dire que le dia-logue interreligieux s’inscrit aucœur de la vocation monastiquechrétienne. Il n’est pas un simpleappendice à tolérer en sa périphé-rie pour diver tir quelquesinstables. Même si tous ne peu-vent le pratiquer hors les murs deleur cloître, tous doivent le porterdans la prière car l’œuvre de Dieus’accomplit aussi par lui6.

L’hospitalité7

La grâce du décentrement, dela conversion, est le terreau detoute rencontre. Dieu s'est faitdialogue en Jésus Christ, en quit-tant le sein du Père. En se don-nant, se perdant, Il a tout révélé.Sortir et aller vers mon prochainpour le servir, témoigner et rece-voir son témoignage de la vérité,est une obligation spirituelle.

Un fruit évangélique se mani-feste très vite dans la rencontre,celui de l’hospitalité que l’onreçoit ou celle que l’on donne.Dans l’hospitalité reçue, le dépay-sement souvent complet nousmet dans la dépendance de nos

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© Dim FranceLamas en herbe

5 Christian de Chergé, Bulletin Pontificium Concilium pro Dialogo inter religiones, 1990-XXV/1 73.6 « Le dialogue est fondé sur l’espérance et la charité, et il portera des fruits dans l’Esprit. Les autres reli-gions constituent un défi positif pour l’Eglise d’aujourd’hui ; en effet, elles l’incitent à découvrir et àreconnaître les signes de la présence du Christ et de l’action de l’Esprit, et aussi à approfondir son identitéet à témoigner de l’intégrité de la Révélation dont elle est dépositaire pour le bien de tous. » Jean Paul II,Redemptoris missio, 7 décembre 1990.7 « On ne trouve la vérité qu’en pratiquant l’hospitalité. » Louis Massignon, Opera minora, Presses Universitaires de France Paris 1969, t. 3, p. 586.

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hôtes. Habitués à vivre portés parnos cadres et nos murs, souventprisonniers d’une routine peuféconde, nous sommes très heu-reusement déstabilisés, perdusdans un paysage indéchiffrable derites et de symboles inconnus,bousculés hors du confort desavoir ce qui va se passer, quelletâche à faire, quelle cloche vasonner, quel activité va êtredemandée. Rude épreuve parfois,que de se découvrir aussi démuni,assis au bord d’un chemininconnu, contraint à mendier lesecours d’une parole, d’une expli-cation, d’un geste secourable.Dans l’hospitalité donnée, la soli-darité au quotidien avec le moinequi est « sorti », confiant, à notrerencontre oblige, dans sens nobledu terme, à un accueil de l’amitié.

Altérité irréductible

Le dialogue interreligieux tendpour beaucoup à devenir un para-digme du dialogue œcuméniquechrétien. L’autre dans sa diffé-rence est le témoin d’une richessequi est un don de Dieu. Il seraitincongru de vouloir le pousser àabandonner ses trésors pourrejoindre les nôtres. La commu-nion est à chercher dans la diffé-rence. L’altérité demeurera.Notre regard sur l’autre doit setransformer. Avec cet "autre"

irréductible à moi même, quiéchappe à toute "communion"assimilatrice, nous sommescontraints de vivre la différencecomme une Révélation.

Le champ d'application decette découverte est immense. Celabeur que suppose l'écoute, laconnaissance cordiale de l’autre,n'a pas pour objectif d'aboutir àun langage totalement commun,ni a une doctrine commune. Ceque nous découvrirons de com-mun sera également disparate ; cequi apparaîtra différent, et sou-vent irréductible, ne s’opposerapas à une fécondation mutuellede nos différences8. C'est par etavec nos différences qu'il fautapprendre à vivre ensemble, àtémoigner de l’au-delà del’homme, à prier pour que lesliens de la paix l’emportent.

De l’action de grâces pour cesdifférences mutuellement offertesnaît alors une interrogation : neserions-nous pas tous des « sama-ritains » envoyés les uns vers lesautres ?

Effet de miroir

Les questions que portent lebouddhisme et l’hindouisme surla personne incitent à sonder lemystère de la Trinité. Le dontotal que chacune des personnes

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8 « Nous sommes plusieurs à confesser de façons différentes Celui qui est le seul vraiment différent ».Christian de Chergé, entretien inédit avec P. de Béthune.

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fait d'elle-même aux autres appa-raît dans une lumière insoupçon-née. L’idéal du Bodhisattvatrouve de profonds échos dans lakénose du Christ. Ou encore l'in-sistance de cette tradition surl'action totalement libre de l’ego,considérée comme l'acte le plusparfait de l'être humain, met enrelief le don radical de Jésus danschacun de ses actes. "Si vousn'acceptez pas de mourir vous nepouvez pas faire l'expérience del'Eveil", disent les maîtres zenjaponais ! La dévotion, bhakti, del’hindou éclaire singulièrement laforce de la consécration à la per-sonne du Christ. La prière fidèledu musulman interpelle mapropre fidélité et la revivifie. Larencontre d’autres priants incitetoujours à la prière9.

Nostra Aetate et plusieursautres documents romainsdemandent non seulement d’ap-prouver, mais aussi d’admirer cequ'il y a de beau et de saint dansles traditions non chrétiennes.Notre attitude doit être humbleet accueillante à la « nouveauté »de traditions séculaires.

« Les partenaires entrent alorsdans un processus complexe dontl'issue est d'autant moins prévi-

sible que ces interactions ne res-tent pas purement individuelles.Elles affectent, peu ou prou, dansle court ou le long terme, lescommunautés et les traditionselles-mêmes.

Cette traversée, cette "avancéeen eau profonde" les conduit l'unet l'autre par des itinéraires dontils n'ont pas la carte, mais avec laconviction ou la confiance que lesterritoires qu'ils traverseront neleur seront pas totalement étran-gers.

Chemin faisant, chacun seforge - ou voit progressivementse forger entre ses mains - uneréalité spirituelle et théologique àla fois nouvelle et cependantfidèle ; chacun fait une expériencede nouveauté et de continuité »10.

Le quotidien se révèle lieu del'accomplissement spirituel, cequi est très bénédictin ! " Chaquejour est un bon jour " dit aussiun kôan zen, pour commencer,sans doute.

Silence

"Les gens ordinaires tournentleur regard vers l'extérieur, Les moines le tournent vers l'intérieur. Mais la vraie pratiqueest de se laisser tomber dans le

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9 « Toute prière authentique est suscitée par l’Esprit-Saint qui est mystérieusement présent dans le cœurde tout homme » Jean-Paul II, Discours aux cardinaux de la curie, 22 décembre 1986, Bulletin pour lesecrétariat pour les non-chrétiens N° 64, 1987, P. 69.10 Jacques SCHEUER, Bulletin du DIM International N° 14 20023, N° spécial Expériences Monastiqueset Dialogue Interreligieux.

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vide. Cependant les gens ontpeur du vide, car ils ne savent pasque le vide n'est pas vide."(Obaku Kuin +850)

Le Vide, et son corollaire lesilence, ne serait-il pas le cœur dela rencontre monastique ? Car iln'y a pas de véritable rencontresans silence, sans cet espace videde parole, sans désappropriation,disponibilité, ouverture, accueilde l'autre en soi. Timothy Rad-cliffe, dans une conférence auxAbbés bénédictins du 6 sep-tembre 2000, utilise mêmequelques expressions qui font par-tie du vocabulaire bouddhiste :

"Le sommet de l'humilité,pour un moine, c'est quand ildécouvre que, non seulement iln'est pas le centre du monde,mais qu'il n’est même pas lecentre de lui-même... il y a un

vide au centre de mon être, oùDieu peut planter sa tente... Aucentre de moi-même il n'y a pasun moi solitaire ou cartésien,mais un espace rempli par Dieu.

Peut-être est-ce là la vocationultime du moine - montrer labeauté de cette vacuité... d'êtreindividuellement et communau-tairement des temples dans les-quels la gloire divine peutdemeurer." Les moines en dia-logue partagent moins leurs certi-tudes que leur marche dans la foiet la pauvreté. Le silence creuse lesilence. Ses fruits se reconnaissentet manifestent l’Esprit à l’œuvrepar delà les frontières. Un « dia-logue du silence11 » s’instaure,purifiant le regard sur l’autre,offrant un écrin aux rares parolesqui en naissent12.

A ce stade, un chrétien est cer-tain d’être précédé par Dieu.

Les « enfants de l’Islam ».

Commencé avec les plus loin-tains interlocuteurs de l’ExtrêmeOrient, moines essentiellement, larencontre monastique se révèleégalement féconde avec lespriants de l’Islam13. Au point que

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© Dim FranceSwamis hindous

11 P. de Béthune, « Le Silence, chemin de dialogue. Réflexions sur l'expérience des moines en dialogue »,Chemins de dialogue 6 (octobre 1995), p. 201-207.12 « Le dialogue interreligieux conduit naturellement à se communiquer les uns aux autres les raisons de sapropre foi et ne s’arrête pas devant les différences, parfois profondes, mais se soumet, avec humilité etconfiance, à Dieu « qui est plus grand que notre cœur » 1 Jn 3, 20, Attitude de l’Eglise catholique devantles croyants des autres religions. Bulletin du secrétariat pour les non-chrétiens 1984, 35.

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la riche et tragique expérience deTibhirine devient emblématiquedu dialogue, et pousse nombrede moines et moniales à se pen-cher sur le témoignage de cesfrères. Les relectures de cetteaventure ne font que commencer,et les fruits sont loin d’être touscueillis. A la différence de l’extra-ordinaire rencontre de l’orient,c’est la simplicité et la banalité dela rencontre au quotidien, aucœur de la foi, qui frappe ici. Cene sont plus des moines isolés quifont de grands déplacements,mais un monastère entier quis’implique dans l’accueil de la dif-férence, jusqu’à offrir dans sonenceinte un espace pour unemosquée. P. Christian de Chergéa énoncé au fil des années cetteriche et bouleversante commu-nion avec les « enfants de l’Islam » :

« Elisabeth a libéré le Magnifi-cat de Marie »… « Si noussommes attentifs, et si nous noussituons à ce niveau là, notre «rencontre » avec « l’autre » - lemusulman - dans une attention etdans une volonté de lerejoindre… et aussi dans unbesoin de ce qu’il est et de cequ’il a à nous dire…vraisembla-

blement, il va nous dire quelquechose qui va rejoindre ce quenous portons (cette Bonne Nou-velle), montrant qu’il est deconnivence et nous permettantd’élargir notre Eucharistie. Car,finalement, le Magnificat quenous pouvons chanter, qu’il nousest donné de chanter : c’est l’Eu-charistie. La première Eucharistiede l’Eglise…c’est le Magnificat deMarie »14.

Conversion du regard

Des siècles d’une longue hos-til ité sont anéantis là, par laconversion du regard du cœur, etcelui que l’on avait toujours vucomme un danger pour la foi,devient lui-même porteur del’Evangile vivant dans noscœurs15. Et la conversion de l’unentraîne la conversion de l’autre,ou aplanit tout au moins uneroute raboteuse, sans douteencore longue, d’humanisation,d’élévation spirituelle, où lessamaritains sont requis sans cessepour ne pas décevoir l’attente dela multitude.

Fr. Daniel PONT mbAbbaye d’En Calcat - 81110 Dourgne

[email protected]

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13 Des rencontres judéo-chrétiennes se poursuivent depuis plus longtemps encore, y compris dans desmonastères.14 Christian de Chergé (Retraite donnée aux petite soeurs de Jésus au Maroc en 1992).15 Dans le miroir de l’autre, et plus précisément dans ce miroir de l’Islam, le chrétien se voit renvoyé à laspécificité de sa foi, à l’originalité du message qui l’informe et du caractère unique de la personne deJésus. Maurice Borrmans, Chrétiens et musulmans : quelles exigences pour un dialogue, Chemin de Dialogue N°3.

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Bénarès, 18 janvier 2006,4 h 30 du matin – Dans lesruelles désertées des foules qui,quelques heures plus tard, vontenvahir une des villes les plussacrées de l’Inde, un petit groupede moines et de moniales françaisse dirigent en silence vers le Vish-vanath, Temple dédié à Shiva etconnu sous le nom de Templed’or. C’est dans ce haut lieu dushivaïsme, ordinairement inacces-sible aux occidentaux, que notrepetit groupe va faire une des

expériences les plus fortes dupériple de trois semaines, qui, deDelhi à Calcutta, va le conduire, àtravers toute la plaine du Gange.Pieds nus sur le sol mouillé, lesmains chargées de fleurs pourl’offrande rituelle au Jyotirlingade Shiva, nous pénétrons en fileindienne dans le sanctuaire pourasperger d’eau à tour de rôle lelinga et y déposer nos couronnesde fleurs, que le brahmane de ser-vice s’empresse de reprendre de lamain droite pour nous les passer

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PELERINAGE INTERRELIGIEUX DANS LA PLAINE DU GANGE

JANVIER 2006

Un saddhu en méditation sur les rives du Gange à Bénarès

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autour du cou. Pendant ce temps,résonnent dans le temple leshymnes védiques chantés par uneécole de jeunes brahmanes, toutd’orange vêtus, venus faire leursdévotions matinales. Nous mesu-rons le caractère exceptionnel decette visite, rendue possible parl’entremise de nos hôtes de laMission Ramakrishna.

Mais revenons en arrière.Engagé depuis de nombreusesannées dans le dialogue interreli-gieux monastique, le petit groupede quatre moines et trois monialesbénédictins que nous formionsavait souhaité partir à la rencontredes traditions religieuses de l’Inde,conscient qu’aucune lecture nesaurait jamais remplacer le contactdirect avec les hommes et lesfemmes qui en vivent. Grâce auxbons soins de notre ami, le SwamiVeetamohananda, président duCentre védantique Ramakrishnade Gretz en Seine-et-Marne, quiavait accepté de nous accompa-gner avec quelques disciples, unprogramme dense, mais passion-nant, a pu être élaboré, qui, surplus de 3 000 km, nous a permisde découvrir quelques hauts lieuxde l’hindouisme et du boud-dhisme. Nous avons pu profiterdes facilités d’hébergementoffertes par les différents centresde la Mission Ramakrishna, cetOrdre néo-hindou fondé en 1886

par Vivekananda, le disciple leplus proche de Ramakrishna, et qui compte aujourd’hui envi-ron 1 500 moines répartis en161 centres.

La capitale Delhi fut la pre-mière étape de notre voyage.Nous ne pouvions commencernotre pèlerinage sans rendre hom-mage à la grande figure deGandhi, le père de la nationindienne, en visitant le GandhiSmriti Museum, où il fut assassinéet le Raj Ghât, où il fut incinéré.Lieux émouvants qui, soixante ansaprès, continuent d’être très visi-tés par les indiens. En nous ren-dant, en fin de journée, au QutbMinar, un des vestiges les plusanciens de la présence musulmaneen Inde, dominé par la masseimposante d’un magnifique mina-ret de 72 m de haut édifié en1 199, nous mesurons aussi lesenjeux interreligieux qui font latrame de cet immense pays.

Les jours suivants, deux excur-sions, l’une à 250 km au Sud,dans la région d’Agra et de Vrin-davan, l’autre à 250 km au Nord,à Haridwar et Rishikesh, nousont permis de découvrir deuxfacettes de l’hindouisme :

- Vrindavan, la terre sainte ducourant vishnouite où, selon lalégende, Krishna, le 9e avatar deVishnou, a passé son enfance et

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son adolescence. Cité aux milliersde temples, où défilent chaqueannées des centaines de milliersde pèlerins. La visite de quelquestemples nous permet de mesurerl’extraordinaire dévotion des hin-dous. A quelques kilomètres delà, le célébrissime Taj Mahalenchante nos yeux par la finessede son architecture et la beautéde sa décoration.

- Haridwar et Rishikesh, lepays des saddhus au pied des pre-miers contreforts de l’Himalaya,là où le Gange sacré, divin même,pénètre le monde des hommespour le féconder. Impossible desaisir par la raison seule la placequ’occupe le Gange dans la viedes hindous. Il faut rester des

heures au bord du fleuve, sentirpeu à peu dans son coeur et dansson corps que, comme toute eauqui coule, comme toute rivière, leGange est femme, le Gange estmère. Une mère redoutable quiemporte, submerge, dévaste.Mais une mère protectrice aussi,qui féconde et nourrit.

Difficile de ne pas évoquer ences lieux si marqués par la spiri-tualité monastique hindoue lafigure du Père Le Saux, ce pion-nier du dialogue interreligieuxmonastique qui connut là sesexpériences spirituelles les plusprofondes.

De retour à Delhi, nous nousenvolons pour Bénarès, où nous

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Vénération du Gange à Haridwar au coucher du soleil

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passons deux jours à nous impré-gner du climat si particulier decette ville sainte. Lieu de pèleri-nage par excellence, Bénarèsoccupe dans le cœur des hindousune place privilégiée. Mourir àBénarès est en ef fet un gaged’immortalité, et on y accourt detoute l’Inde pour se plonger dansle Gange. Le spectacle le plus sai-sissant pour le visiteur est sansconteste les bûchers de crémationaux bords de l’eau qui, jour etnuit, sans interruption depuis dessiècles, brûlent les corps desdéfunts, purifiant leur âme par lefeu avant que leurs cendres nesoient jetées dans le fleuve sacré.

Mais si Bénarès est un hautlieu pour les hindous, il l’est aussipour les bouddhistes, puisquec’est dans la petite ville de Sar-nath à 10 km au Nord, que leBouddha a prononcé devant sescinq premiers disciples sonfameux premier sermon sur lesquatre nobles vérités du boud-dhisme.

Tout naturellement, nouspoursuivons notre périple ennous rendant à 250 km plus àl’Est, à Bodhgaya, où se dresseun magnifique temple sur l’em-placement du lieu où le Bouddhafit son expérience de l’éveil. L’in-tériorité propre au bouddhisme,la qualité de l’aménagement dusite, la ferveur et la beauté des

visages, tout contribue à la per-ception de cette densité spiri-tuelle que l’on rencontre généra-lement là où, depuis des siècles,des croyants et des chercheursspirituels se réunissent pourexprimer leur foi.

La suite de notre programmenous entraîne à Calcutta, où nousavons la joie de pouvoir prier surla tombe de Mère Teresa. MaisCalcutta est aussi la ville où vécu-rent Ramakrishna, Sarada Devi, safemme, et Vivekananda et où setrouve Belur Math, la maisonmère de l’Ordre de Ramakrishna.C’est donc à la rencontre des dif-férents centres de cet Ordre quenous consacrons quelques jours.

Après avoir quitté nos compa-gnons hindous qui poursuiventleur route vers le Sud de l’Inde,nous retournons pour unesemaine à Bénarès pour approfon-dir notre découverte. Ce fut l’oc-casion de multiples rencontres,aussi bien avec la petite commu-nauté chrétienne de la ville,qu’avec des moniales hindoues, etd’une manière plus générale avecla population locale, sans oublierles échanges passionnants avecBettina Baumer, une des disciplesdu Père Le Saux, qui perpétue samémoire en ces lieux. Occasionaussi de pouvoir assister aux diffé-rents rituels de vénération duGange qui ponctuent les journées.

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Au terme de ces quelqueslignes, il serait prématuré d’es-sayer d’en tirer un bilan. D’unecertaine manière, c’est mainte-nant que les choses commencent.Car une fois ouvertes certainesportes et franchies certaines bar-rières, l’esprit et le cœur n’ontd’autre choix que de creuser plusavant le sillon ainsi ébauché.Impossibilité en tout cas deconsidérer ce « choc culturel »comme une parenthèse sans len-demain. Notre foi chrétienne nepeut plus être vécue comme si lesalut n’était offert en Christ qu’àune petite portion de l’humanité.Cette présence, désormais plusconcrète, de millions d’hommeset de femmes étrangers à la cul-ture occidentale et à la traditionjudéo-chrétienne oblige à uneréflexion plus poussée sur la

signification d’un tel état de faitdans l’économie générale dusalut. La présence de l’autrecomme autre, le refus de toutecaptatio benevolentiae qui nieraitson identité propre, tout commela nécessité d’une fidélité sansfaille aux fondements mêmes denotre foi, ouvrent un chemin nontracé à l’avance sur lequel nousaccompagne l’Esprit de Celui quiest sorti du sein du Père pourvenir à la rencontre de l’humainet lui révéler sa véritable identité.Cette expérience unique se révèledonc être moins un aboutisse-ment qu’un élan vers plus de pro-fondeur en direction de ce lieuoù jaillit la lumière qui illuminetout homme venu en ce monde.

Frère Antoine DesfargesAbbaye du Bec-Hellouin

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L’homme d’aujourd’hui ne secontente plus de sa situationfamiliale, ni de son statut social.Son esprit se tourne de plus enplus vers le monde en général. Ilrêve même de coloniser l’une desplanètes les plus proches de notreterre. Ceci est la conséquenced’un effort qui tend à améliorerles relations humaines, écono-miques et culturelles entre lespays. Mais l’unité n’est possibleque si les individus s’efforcent dese comprendre et de s’appréciermutuellement.

La moralité se manifeste dansla vie humaine sous plusieursformes. La qualité la plus élevéeest le désintéressement par amourpour le désintéressement. Puis,vient la bonté, considérée commeune grande qualité. L’amour universel est enseigné sans distinction de mérite, de rang oude croyance. L’amour universelqui peut provenir de l’union spi-rituelle au sein de l’humanité estune réalité qui pénètre et englobetout. L’amour universel va au-delà de toutes les limitations. Il semanifeste en toutes choses. C’estla lumière des lumières. Cetteâme de l’univers est l’âme de

chacun et de tous. La connais-sance de cette réalité nous aide àrésoudre tous nos problèmes.

Quel est le secret du dévelop-pement moral et spirituel enl’homme ? C’est la foi qu’il a enlui-même. La foi est notre remèdeet le secret de notre force. La fai-blesse dégrade, alors que la forcesoulève et élève. Comment fairenaître cette foi en soi-même ? Enrendant l’homme conscient de sadivinité potentielle. « Enseignez-vous, vous-mêmes, enseignez àquiconque sa nature véritable ;invoquez l’âme dormante et voyezcomment elle s’éveille. Les pou-voirs viendront, la gloire viendra,la bonté viendra, la pureté viendra,et tout ce qui est excellent viendraquand l’âme dormante s’éveillera àune activité consciente », disaitSwami Vivekananda.

Plus vous reconnaîtrez votreêtre le plus profond (réel, véri-table) et la relation que vous avezavec l’Etre suprême, plus voussentirez votre relation avec voscompagnons de vie, parce que lemême Etre Suprême demeure ennous tous. Avec le développe-ment spirituel, l’amour pour tousse développe, et vous êtes alors

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LE DIALOGUE INTER-MONASTIQUEVU PAR UN SWAMI HINDOU

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capables d’aimer votre prochaincomme vous-mêmes. Ainsi lepoint de vue spirituel rend-ilnotre vie morale spontanément.

Reconnaissons-nous :

1. Un Etre Suprême, infini,tout pénétrant qui est à la base detoutes choses et de tous les êtres.

2. Il se manifeste particulière-ment dans les êtres humains aumental et à la conscience plusdéveloppés.

3. Le Moi le plus profond del’homme est un être lumineux dela nature de la conscience. Il estlibre, pur et immortel.

4. Il est toujours uni au MoiSuprême. Réaliser cette unité estle but de la vie humaine.

5. Plus une personne saisitcette union avec le Moi Suprême,plus elle sent sa parenté avec tousles être humains. C’est ainsi quese développe l’amour universel.

6. C’est en cultivant le senti-ment de communion avec lesautres que l’on progresse verscette réalisation de l’unité et versl’amour universel.

De nos jours comme au tempsjadis, seules ces vérités peuventconstituer le fondement de la viehumaine en Orient et en Occi-dent. Seules ces vérités unifienttous les aspects de la vie humaine.Il n’y a pas de contradiction

inhérente entre la façon de vivreen Orient et en Occident. Tousles aspects de la vie peuvent êtrereliés à ces vérités fondamentales.

L’intégration humaine n’estpossible que lorsque nous connais-sons les principes de base suivants:1. Le monde toujours chan-

geant des phénomènes, marquépar l’interdépendance et les pairesd’opposés, a pour support uneréalité idéale extérieure appeléegénéralement Dieu. 2. Chaque corps-mental en

perpétuel changement a poursupport un principe centralconstamment lumineux en soi,toujours pur et libre. 3. Le principe central du

microcosme n’est pas différent duprincipe central du macrocosme ;autrement dit il y a une parentéou une unité entre l’âme del’homme et l’âme de l’univers. Lavérité est que ce qui est le plusprofond (l’esprit divin) en l’unest aussi le plus profond (l’espritdivin) en l’autre. 4. Réaliser cette parenté est le

but de la vie. Toutes les entre-prises humaines sont réglées envue de ce but. Seules ces véritésuniverselles peuvent satisfaire tousles besoins de l’humanité. Celuiqui trouve cet Etre Unique entout, aime tout. Swami Viveka-nanda traduit son expérience ences termes : « Si vous allez en-des-

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sous de la surface, vous trouverezcette unité entre les hommes,entre les races, entre ce qui est enhaut et ce qui est en bas, entre lesriches et les pauvres, les dieux etles hommes, entre les hommes etles animaux. Si vous allez assezprofondément (dans le cœur ouau tréfonds de votre être), toutsera vu comme les variations del’Unique, et celui qui est parvenuà cette conception de l’unité n’apas d’illusion. Qui pourrait letromper ? Il connaît la réalité. Oùy a-t-il encore de la souffrancepour lui ? Que lui reste t-il à dési-rer ? Il a expérimenté la réalité detout et est parvenu au Seigneur, lecentre. Il a découvert l’unité detout qui est Existence Eternelle,Connaissance Eternelle et FélicitéEternelle. »

Romain Rolland fit pertinem-

ment remarquer, dans le messagedu Védanta, que l’unité de la racehumaine ne s’arrêtait pas aux divi-sions arbitraires des races et desnations. La conquête de la natureextérieure ne suffit pas pour noussatisfaire. C’est davantage laconquête de la nature intérieurequi nous satisfait et nous unit. Dupoint de vue de la culture, l’Orienta apporté la religion, et l’Occidenta apporté la science. L’époqueactuelle exige l’union des deux :religion et science. Cela produiraune civilisation unique. Il n’y a pasde contradiction entre la science etles idées Védantiques. En fait, lascience moderne a conforté lepoint de vue du Védanta.

Sans la reconnaissance del’unité spirituelle de l’humanité,l’unification du monde ne pourrapas se faire. C’est le seul terrain

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Le sacrifice de Homa à l’Ashram de Oretz, 1997.

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d’entente où des élémentshumains hétérogènes peuvent serencontrer malgré les différencesraciales, sociales, économiques,politiques et culturelles.

L’unité dans la variété sansuniformité sera l’accord verslequel nous pourrons nous ache-miner. Le développement phy-sique, intellectuel, esthétique,moral et spirituel doit se pour-suivre la main dans la main. Lascience et la religion, les arts et lamorale, la philosophie et le mysti-cisme auront tous leur place res-pective dans la vie humaine. Uneexpression de la vie n’en contreditpas une autre, aussi longtempsqu’elle contribue au bien le plusélevé, parce que tout ce qui estbien nous rassemble.

Nous voulons aujourd’hui celumineux soleil d’intellectualité,uni au cœur du Bouddha, le cœurmerveilleux, infini, de l’amour etde la compassion. Cette unionnous donnera la philosophie laplus élevée. La science et la reli-gion se rencontreront et se serre-ront la main. La poésie et la philo-sophie deviendront amies. Ce serala religion de l’avenir, et si nouspouvons mener cela à bien, nouspourrons être sûrs que ce serapour tous les temps et tous lespeuples. »

Le Védanta considère les religions du monde commeautant d’approches de l’unique

Etre Suprême. Elles sont lesexpressions variées de la religionune, éternelle et universelle, de larecherche de l’homme pour trou-ver Dieu. « De même que les dif-férents cours d’eau ont leursource en différents endroits, demême, O Seigneur, les différentschemins que prennent leshommes en raison de leurs diffé-rentes tendances, quelques variésqu’ils puissent paraître, qu’ilssoient sinueux ou droits, tousmènent à Toi » (Bhagavatam).

L’universalité de la religion nesignifie pas une seule religiondans le monde ; cela signifie sim-plement la coexistence pacifiquede toutes les religions.

L’harmonie des religions estce dont nous avons le plus besoinà notre époque. Elle est essen-tielle pour la paix et le progrèsdans le monde. Aucune civilisa-tion ne peut exister ni se dévelop-per sans cette harmonie. Toutebigoterie ou intolérance touteétroitesse d’esprit et tout espritsectaire doivent être extirpés del’esprit humain, pour les rempla-cer par une considérationmutuelle, une amitié et unecoopération dans tous lesdomaines de la vie. La religionqui, de son propre aveu, œuvrepour l’amour, la charité et la paix,doit prendre la même direction.

La vérité centrale de la religionest la divinité de l’homme. « Le

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royaume de Dieu est en vous », a dit Jésus. Réaliser cette divinitéest le but de la vie spirituelle. «La religion est la manifestation dela divinité qui est déjà enl’homme », a dit Swami Viveka-nanda. La connaissance de cettedivinité est le secret du dévelop-pement de l’homme, aussi bienindividuel que collectif.

Le mourant ne demande pasquelle est l’origine du médecin,ni quelles sont ses croyances ou sanationalité. L’air que nous respi-rons apporte de l’oxygène à tous,sans exception, de façon impar-tiale. L’espace n’est limité pourpersonne. La terre mère donnetoujours beaucoup de nourrituresans faire de distinctions. Lesfleurs répandent leur parfum sansrien demander en retour. L’eaune fait aucune distinction. Lesoleil brille également sur tous.Le soleil, la lune, les planètes ont

tous une harmonie. Pourquoil’homme tâtonne t-il dans l’obs-curité, dans sa propre obscuritéqu’il a créée lui-même ?

Les valeurs humaines doiventêtre réajustées et on doit dévelop-per un esprit juste en ce quiconcerne les relations humaines.

« Depuis Brahman le plus hautjusqu’au ver de terre le plus bas, etle plus petit atome, il y a partoutle même Dieu, le tout-aimant.Ami, offre le mental, l’âme, lecorps à leurs pieds. Ils sont Sesformes multiples devant toi qui lesreflètes. Où cherches-tu Dieu ?Celui qui aime tous les êtres sansdistinction, en vérité, c’est celui-làqui adore le mieux son Dieu. »

Ce sont quelques réflexionsqui émanent de mes rencontresavec les frères et sœurs de Jouarreet les autres frères chrétiens.

Swami VEETAMOHANANDA

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La Sainte-Baume - Réunion inter-religieuse, 1996.

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Comment cela m’est-il venu ?Un attrait d’enfance pour laprière ? L’hospitalité de mesparents, accueillant volontiers «l’autre », le différent ?

« Le Royaume de Dieu est com-parable à un grain de sénevé. C’estla plus petite de toutes les semences,mais elle devient un grand arbre, sibien que les oiseaux du ciel viennenty faire leur nid… » (Mt 13,31-32)

Moniale bénédictine depuis1954, voici sur mon parcours, en1990, la demande de Jean-Paul IIaux disciples de Saint Benoît denouer dialogue et amitié avec desmoines d’autres religions. Lemotif premier était de promou-voir un échange d’expériencesspirituelles, dans la ligne de Vati-can II et de la rencontre d’Assiseen 1986.

Par une chance, une grâceinouïe, je découvrirai, à la sourcede leurs propres trésors, la soifd’êtres humains tendus vers l’In-fini.

Un poème de Baudelairem’avait frappée, adolescente :

« Car c’est vraiment, Seigneur,le plus beau témoignageQue nous puissions donner de

notre dignitéQue cet ardent sanglot, qui roule

d’âge en âgeEt vient mourir au bord de votre

éternité. »

Altérité, intériorité, sagesse etcompassion, beauté… telsseraient les grands axes de mesdécouvertes – toujours liées à laParole de Jésus : « Il faut toujoursprier sans jamais se lasser »(Lc18,1).

I - L’alterité : car « il y a de l’autre »…

Un souvenir d’enfance : Est-ceau catéchisme ? En classe de géo-graphie ? J’apprends avec surpriseque si l’on creusait la terre sousmes pieds, « très, très profond »on trouverait les pieds des petitschinois ! Comment mes huit ansauraient-ils pu prévoir que, àl’âge de 62 ans, je m’envoleraisde l’autre côté de la planète, jus-qu’au Japon !

Une délégation de vingtmoines et moniales chrétiens allait,

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CHEMINS DE PRIEREET DIALOGUE INTERRELIGIEUX

MONASTIQUE

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pour un mois, partager le quoti-dien de moines et nonnes boud-dhistes zen. Nous allions com-mencer par Kyoto, la ville sainteaux mille temples, puis rayonnervers divers monastères, magnifi-quement accueillis, pour le « IVe

Echange Spirituel Est-Ouest ».

Dépaysement radical, certes.Emerveillement des jardins zen,des temples de bois, de cette cul-ture très raffinée, d’une touteautre façon de vivre… Une initia-tion s’imposait : le rituel trèsstrict des repas monastiques, leslongues heures de méditationassise (zazen), les chants envoû-tants et rudes des « Sutras »,accompagnés de puissants instru-ments à percussion…

Oui, « altérité de civilisation »,mais en même respect intégral denotre foi respective. Une sorte decomplicité monastique se déve-loppait entre nous. Les six sœurschrétiennes séjournèrent unegrande semaine chez des ‘nonnes’bouddhistes, jeunes en forma-tion. Ménage, jardinage, Officesliturgiques, enseignements, toutétait partagé - le sérieux et l’hu-mour alternant dans nos jour-nées. Même si les émotions «creusent », il n’était pas évidentde manger le riz avec desbaguettes !

Un religieux belge venaitchaque jour célébrer la messepour nous. Emues, attentives lesjeunes nonnes, assises derrière les

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IVe Echange spirituel Est-Ouest : les moniales chrétiennes à Magoya.

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chrétiennes, suivaient les traduc-tions en japonais. Aucun syncré-tisme, mais une rencontre en pro-fondeur, particulièrement dans lesséances de méditation silencieuse.Eprouvants, décapants, ces tempsde silence partagé nous unissaientétonnamment.

En 1997, c’était mon tourd’accueillir, à l’abbaye de Jouarre,deux sœurs « zen » de ce monas-tère de Nagoya. C’était à elles,maintenant, d’apprendre à s’as-seoir dans nos stalles de bois, àl’Office ! Je les vois encore ornerla croix du sanctuaire d’unsuperbe « ikébana » : c’était le 14septembre, la fête de la CroixGlorieuse. Cet « arrangement desfleurs » date du VIIe siècle. Il seconforme aux traditions et à laphilosophie japonaise, selon desrègles et des symboles très précis.

Une autre rencontre d’altéritéme fut donnée, en 1991. Com-bien marquante : le P. Christiande Chergé témoignait, avec sonami soufi algérien, Allaoui, de «l’Islam des priants ». C’était pourmoi la découverte du soufisme,avec cet échange vécu devantnous de deux amis de Dieu, dontl’un serait martyr de ce dialogue,en 1996. Le soufi, venu avec safemme et ses trois enfants, assis-tait à tous les Offices monastiquesd’En-Calcat. Son recueillement,sa ferveur exprimaient mieux quela parole la soif spirituelle quinous unissait. Il nous disait : «Vous, moines chrétiens, vous êtes des‘‘gens du cœur’’ (du cœur profond) ;on n’a pas besoin de mots… » Le P.Christian, tranquille, nous parlaitde ce «Lien de la Paix », ce «Ribât es Salam » qui le mèneraitsi loin à la suite du Christ, dans le

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Ve Echange spirituel. Les deux nonnes Zen à Jouarre, 1997.

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don de sa vie, avec ses six frèrescisterciens de Tibhirine.

Une expérience d’altérité «plurielle » m’attendait aussi, en1996. C’était le début du «Groupe de La Baume ». Il s’agis-sait de fêter le 10e anniversaire dela « rencontre d’Assise » avec despartenaires hindous, bouddhistes,musulmans… Les rochers abruptsde La Sainte Baume virent passerce jour-là une troupe inusitée depèlerins ! Une procession hauteen couleurs de robes monas-tiques, grenat, orange, noires,brunes, blanches, mais aussi unefraternité joyeuse et priante d’unecentaine de personnes. Chaquetradition priait dans un localséparé, puis des réunions plénières nouspermettaient d’échanger et de

présenter nos pratiques de prièreaux autres groupes. Cette pre-mière grande rencontre du DIMfrancophone fut renouveléedepuis très régulièrement. Cepen-dant l’Appel du Dedans, l’intério-rité, ne peut se satisfaire entière-ment de manifestations aussiriches et diversifiées.

II - L’interiorité : L’Appel du Dedans

« Chercheuse de Dieu à jamaisinsatisfaite » selon le mot du PèreAndré Louf, je me sentais tou-jours apprentie dans « l’Art de laPrière », spécialement la prièresilencieuse. Certes, Saint Benoîtm’avait donné le goût d’ « habi-ter avec moi-même », de fréquen-ter assidûment Bible et Liturgie.J’avais eu à transmettre aux

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Rencontre interreligieuse à la Sainte-Baume, 1996, pour l’anniversaire de la rencontre d’Assise.

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novices les trésors spirituels del’Orient Chrétien, les Pères duDéser t, la Philocalie… Maisj’avais lu aussi sous la plume duP. Louf que « la tâche la plusimpor tante de l’homme est deretrouver le chemin de son cœur ».

Et voici que, au pays du SoleilLevant, j’allais découvrir les donscontemplatifs de l’Asie, surtoutbouddhiste et hindoue. Lesouvrages du P. Yves Raguin,jésuite, grand connaisseur du Zenet du Taoïsme, m’avaient déjàaidée à creuser « la Source » (titrede son très beau livre). Une ses-sion de maîtres des novices, en1985, m’avait introduite à l’assisesilencieuse dans l’« esprit du zen», adaptée par ailleurs à l’Occi-dent par le médecin philosopheallemand K. G. Dürckeim.

Tout ce courant m’avait inci-tée à un travail sur soi, à unesagesse du corps, propices à laprière et au silence intérieur. Toutcela était préparation providen-tielle sur un parcours d’intérioritédont l’Esprit Saint est le maîtrepar excellence. Les circonstancess’y prêtaient à merveille.

Aussi à point nommé, toujoursdans le cadre du DIM, je m’aper-çus de l’existence d’un ashramhindou, à Gretz en Seine-et-Marne,à peu de distance de l’abbaye de

Jouarre. C’était l’occasion derenouer « un fil d’or » de monadolescence : l’attrait de l’Indepriante (Tagore, Gandhi…). Je fisalors connaissance de l’OrdreMonastique de Ramakrishna.

Dialogue hindou-chrétiencette fois, qui débuta en 1996 etse poursuit encore aujourd’hui, àl’intérieur d’un petit groupe ami-cal à l’abbaye. Je goûtais particu-lièrement, grâce à cette rencontredu Swami Veetamohananda, uneconstante de la tradition hindoue: Dieu habite au plus profond ducœur humain, comme uneflamme silencieuse brûle dans la «guha », la grotte du cœur. Nosdialogues intra-religieux, toujoursrespectueux de la foi de chacun,se centrent sur des valeurs com-munes : le silence intérieur, lapaix du monde et la paix ducœur, la richesse du moment pré-sent, la compassion, la prière…Par la ‘‘méditation’ se cultive lerecueillement : « Eveil à soi, Eveilà Dieu » selon le mot du P. HenriLe Saux1.

C’est ainsi que, peu à peu, latradition zen puis hindoue, mefirent approfondir l’aide précieusedu corps dans la prière : positionjuste, respiration profonde, gestesde prière, marche consciente, quiunifient tout l’être de l’orant et ledétendent. Notre époque, si dis-

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1 N.D.L.R. Voir sa biographie présentée en recension, infra p. 61.

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persée et dispersante peut enrecevoir beaucoup.

Le combat contre le moi égo-centrique est très vivant dans lesgrandes religions. Pour la foichrétienne, le renoncement au «vieil homme » selon St Paul passepar un long regard contemplatifsur le Christ « vidé à mort » sur lacroix, avant d’être exalté dans lalumière du Père par sa résurrec-tion. Il vaut la peine de remar-quer un grand texte de Vatican II: « Puisque le Christ est mort pourtous et que la vocation dernière del’homme est réellement unique, àsavoir divine, nous devons tenir quel’Esprit Saint offre à tous, d’unefaçon que Dieu connaît, la possibi-lité d’être associé au mystère pascal »(L’Eglise dans le monde de cetemps n. 22).

Toute recherche d’intérioritépasse par une purification du cœur.On pourrait considérer comme le« mantra » chrétien par excellence: la prière de Jésus ou prière ducœur. Elle vient tout droit del’Evangile et, cultivée de longuedate en Orient chrétien, elle estdevenue le cri du cœur de millionsde priants de par le monde. Elleprend l’envergure d’une interces-sion universelle, si je dis simple -ment : « Seigneur, prends pitié denous TOUS … »

III-La Sagesse trouve

ses délices parmi les enfantsdes hommes (Prov 8,31)

Ces trésors, accumulés depuisdes millénaires par les sages et lessaints de l’humanité, ma foi chré-tienne en connaît la sourceunique : Le Verbe de Dieu, Amides hommes et leur Sau veur, «Lumière qui illumine tout hommeen venant dans ce monde » (Jn 1,9)

L’Esprit Saint s’exprime entoutes langues de feu le jour de laPentecôte. C’est une grâce denotre temps de reconnaître unevaleur unique à chaque tradition.Jean-Paul II nous dit d’en discer-ner le meilleur, sans rien retirer,au contraire à notre foi au Christ.Un véritable dialogue s’inaugure.Il faudrait lire le récit du DalaïLama rencontrant en Asie Tho-mas Merton en 1968 peu avant lamort de ce grand pionnier àBangkok : « La vie intérieure quiémanait de lui était plus extraordi-naire encore que son aspect exté-rieur. De toute évidence, le PèreMerton était un homme profondé-ment spirituel, et authentiquementhumble ».

La sagesse ne va pas sans lacompassion, ces deux constantesdes grandes religions. Il n’est qued’évoquer Mère Térésa de Cal-cutta et, corrélativement, l’actioncaritative et éducative des moinesde Ramakrishna ; une de mes

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sœurs de Jouarre a pu toutrécemment l’apprécier sur place :c’était au cours d’un voyage enInde, effectué par huit moines etmoniales du DIM, guidés parnotre ami, Swami Veetamoha-nanda2.

La compassion de Jésuss’étend à tous les temps et tousles lieux. Elle le mena jusqu’à lafolie de la croix car « la folie deDieu est plus sage que les hommes ».La récente homélie pascale deBenoît XVI était une longue lita-nie des souffrances contempo-raines. Beaucoup d’hommes et defemmes en sont touchés auxentrailles (c’est le mot biblique),et dépensent leur vie et leursavoir pour leur apporter quelqueremède.

IV - La beauté : « Passant par ces bois tu les as revêtus de beauté »(St Jean de la Croix)

Toutes les grandes traditionsspirituelles ont laissé dans l’uni-vers des traces ineffaçables debeauté : musique sacrée, mystèredu OM hindou, harmonie destemples zen, sérénité des jardinsjaponais, et tous ces lieux deprière : mosquées, cathédrales,humbles églises romanes de noscampagnes, icônes de l’Orientchrétien. Sans oublier les poèmes

de mystiques « ivres de Dieu ».La liste serait sans fin. Refletsd’Absolu, traces de la lumièredivine sur la terre des hommes.

« La beauté sauvera-t-elle lemonde ? » Elle ouvre une largeéchancrure sur l’Infini, sur le ciel.Un de mes grands souvenirs duJapon reste cette méditationsilencieuse, moines chrétiens côteà côte près des moines boud-dhistes. Nous venions de gravirune colline sacrée, enveloppée debrume matinale. Les rayons desoleil perçaient la forêt, l’EspritSaint était là auprès de nous. «Toute prière authentique vient del’Esprit Saint » avait dit Jean-PaulII, à la suite d’Assise.

J’évoquerai encore ThomasMerton, dans son Journal d’Asie :« J’ai fait un drôle de rêve, cettenuit. Je regardais le « Kanchen juga». Il était d’un blanc pur, absolu-ment pur, surtout les sommets quisont à l’Ouest. Je voyais la pureté deligne et la beauté de son profil, toutcela en blanc. J’ai entendu alorsune voix qui disait ou du moins j’aieu cette pensée claire : la montagnepossède un autre versant. » C’étaitbien peu avant sa mort. Uneautre contemplative chrétienne,Elisabeth de La Trinité dans sonétroit Carmel de Dijon, avaitgravi les sommets (ou les abîmes)

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2 Pour le récit de ce pélerinage, v. supra p. 22-26.

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de l’union à Dieu : pèlerinagesd’Absolu, car « l’abîme appellel’abîme » (Ps 42). Mais tout celac’est pour aujourd’hui, car le Sei-gneur veut habiter le cœur detout priant, ici et maintenant et lavie éternelle est commencée,nous dit St Jean.

Je citerai, pour conclure, ce texte

du soufi musulman Rûmi (XIIIe-

siècle) : « Bien que l’un soit enOrient et l’autre en Occident,cependant ils trouvent joie et récon-fort dans leur conversation l’unavec l’autre, et celui qui vit dansune génération postérieure à celle del’autre est instruit et consolé par lesparoles de son ami ».

Sœur Marie Baronmoniale de Jouarre

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Symposium final du Ve Echange spirituel à Bellefontaine, 1997.

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Voici le genre d’article quenous aurions souhaité ne pasavoir à écrire. Souvent, en effet,nous avons pu nous féliciter del’évolution positive du principede laïcité1 qui reconnaît le faitreligieux et permet son libredéveloppement. La laïcité, aprèsavoir été combative, s’est ouvertepour reprendre une juste formuled’Emile Poulat. Les communau-tés religieuses en ont pris acteavec satisfaction et, on le voit cesdernières années, les demandesde reconnaissance légale se multi-plient notamment dans le mondemonastique.

Le laïcisme ne rentrerait-il paspar d’autres portes, dérobéesvoire discrètes ? Ce serait àcraindre si devaient se développercertaines tendances en matière desubventions publiques. En effet,ces derniers temps, certaines sub-ventions ont pu être refusées àdes congrégations religieuses àcause de leur nature même. On apu le voir à propos de subventions

agricoles déployant des aideseuropéennes ; et actuellement ons’en rend compte pour des sub-ventions refusées en matièred’économies d’énergie. Ces der-niers dossiers sont emblématiqueset se multiplient malheureuse-ment.

La problématique est la sui-vante. Depuis 1994 les Pouvoirspublics, par l’intermédiaire del’Agence de l’Environnement etde la Maîtrise de l’Energie(ADEME), se sont engagés dansune politique de soutien au déve-loppement des chaufferies collec-tives. Afin de susciter les énergiesrenouvelables, un programmebois-énergie notamment a été misen place à partir de l’an 2000. Acet ef fet des subventionsconjointes des conseils régionauxet de l’ADEME sont prévues enfaveur du remplacement desanciens systèmes de chauffage pardes chaudières à bois. Certainescongrégations religieuses ontobtenu légitime satisfaction.

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CHRONIQUE JURIDIQUEI - Subventions publiques

et discrimination religieuse

1 Voir notamment notre article en cette revue (n° 135 d’août 2003 sur Eglise et Etat en France. Ouencore l’évolution historique que nous avons brossée dans La reconnaissance légale des congrégationsreligieuses, 2006, p. 3 à 7).

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D’autres se sont vu refuser cettepossibilité. Citons ici une réponsede refus tout à fait caractéristiquede l’ADEME avec sa motivation :

« Après instruction de votre dos-sier j’ai le regret de vous informerque votre demande de subvention nepeut faire l’objet d’une décision.

… L’ar t. 2 de la loi du9 décembre 1905 concernant laséparation de l’Eglise et de l’Etatdispose : « La République ne recon-naît, ne salarie, ni ne subventionneaucun culte. En conséquence, à par-tir du 1er janvier qui suivra la pro-mulgation de la présente loi, serontsupprimés des budgets de l’Etat, desdépartements et des communes,toutes dépenses relatives à l’exerciced’un culte.

Je vous informe que l’ADEMEne vous accompagnera pas financiè-rement dans la réalisation de votreprojet. »

Au plan juridique, le raisonne-ment ne tient pas. Pour refuser,par principe, aux congrégations ledroit à une subvention publiqueon leur oppose la loi de sépara-tion de 1905 qui prohibe toutfinancement public des cultes.Or, les congrégations religieusesne sont nullement des associa-tions cultuelles, lesquelles dansl’Eglise catholique sont par prin-cipe les associations diocésainesqui ont pour objet de subvenir

aux frais, à l’entretien et à l’exer-cice du culte, lequel est réalisédans le cadre des paroisses. Lescongrégations religieuses, elles,rassemblent seulement des per-sonnes désireuses de mener encommun la vie religieuse, et ras-semblées par des vœux sous l’au-torité d’une règle et d’un Supé-rieur. En droit français, elles sontrégies par le titre III de la loi du1er juillet 1901 relative aux asso-ciations. Il est donc illégal d’invo-quer des principes tirés de la loide 1905 qui ne leur est nulle-ment applicable.

J’ajouterai que, sur le plan desprincipes juridiques et éthiques, ily a là une discrimination à l’en-contre du monde religieux, unerupture d’égalité entre lescitoyens, comme entre congréga-tions religieuses elles-mêmespuisque, nous l’avons dit, cer-taines ont obtenu des subven-tions.

Nous sommes donc décidés ànous battre sur le terrain de lajustice pour faire reconnaître lesjustes droits des instituts reli-gieux. Des recours pour excès depouvoir devant les tribunauxadministratifs ont été engagésavec l’appui d’avocats compé-tents. La Fondation des Monas-tères soutient juridiquement etfinancièrement de tels recours.

P. Achille MESTRE

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Si votre communauté est victime d’une discrimination du faitde l’administration, en cette matière ou en d’autres, n’hésitez pas à nous le signaler très rapidement. En effet, il nous paraîtabsolument nécessaire de faire reconnaître vos droits par le jugeadministratif. Mais attention ! Le recours doit être impérativementintroduit dans le délai de deux mois à compter de la décision litigieuse par le Supérieur de la congrégation.

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Nous avions commenté dansla revue « Les Amis des Monas-tères » d’avril 2007 (N° 150p. 45) le décret 2006-923 du26 juillet 2006 relatif à la protec-tion des mineurs accueillis horsdu domicile parental et en parti-culier l’obligation faite aux per-sonnes morales qui accueillaientdes mineurs dans certaines condi-tions de demander pour leuraccueil un numéro d’agrément àsa Préfecture.

Les premières communautésqui ont fait cette démarche ontété informées par les directeursrégionaux ou départementaux dela jeunesse et des sports d’uncourrier mail qui leur a été

adressé en interne par MonsieurEtienne MADRANGES, Direc-teur de la jeunesse et de l’éduca-tion populaire. Cette « informa-tion » indique que « les séjours àvocation exclusivement cultuelle,les retraites, déplacements d’au-mônerie ou opérations similairessont hors du champ de la déclara-tion. ». (texte intégral sur le sitede la Fondation). Elle préciseégalement que le décret ne serapas complété mais que la FAQsera modifiée en ce sens. CetteFoire aux questions que l’ontrouve sur le site internet duMinistère a été ef fectivementmodifiée quelques semaines aprèset précise actuellement ceci :

II - A propos de l’hébergement des mineurs (2)Réforme des centres d’accueil collectif

à caractère éducatif

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Les accueils suivants sont-ilssoumis à obligation de déclaration?N°102 – Activités cultuelles

(retraites, groupes de recherchespirituelle ou de servants d’autel,clubs, récollections)Non, si exclusivement cultuelles Les activités sans hébergement

liées à la pratique d’un culte,concernant au moins 7 mineurspour une durée de 14 jours ouplus dans l’année et ne présentantpas une diversité d’activités orga-nisées ne sont pas des accueils deloisirs. Les séjours (accueils avec

hébergement) à vocation exclusi-vement cultuelle, retraites, dépla-cements d’aumônerie, regroupe-ments exceptionnels de masse,pèlerinages ou activités similairessont hors du champ de la déclara-tion. Oui, si activités variéesLes séjours proposant, outre le

volet cultuel, d’autres activités(ludiques, physiques) devrontêtre déclarés :- soit en séjour court s’ils ont unedurée d’une, deux ou trois nuits- soit en séjour de vacances si leurdurée excède 3 nuits.

Il nous a été précisé par leMinistère que l’activité ludiqueéventuelle était une activité orga-nisée et que, par exemple, ne rentrait pas dans ce cadre un jeude ballon pour se détendre pen-dant la retraite.

En conséquence on peut pen-ser que les monastères sont exo-nérés de l’obligation administra-tive de la déclaration de leurslocaux d’accueil lorsqu’ils reçoi-vent des groupes dont l’activitén’est que spirituelle. Ils peuventle signaler aux organisateurs desséjours en se référant à la FAQ ci-dessus.

Néanmoins, la CommissionMonastique Administrative qui aétudié cette nouvelle règlementa-tion tient à préciser aux commu-nautés :

- que ces obligations pour l’hé-bergement des mineurs sont desdispositions supplémentaires parrapport à la réglementationconcernant l’accueil du public.Toutes les communautés qui ontune hôtellerie représentant plusde cinq lits et qui n’accueillentpas exclusivement les familles desmoines et moniales, peuvent fairel’objet d’une visite d’une com-mission de sécurité et devraientdéclarer leur hôtellerie commeERP (Etablissement recevant dupublic). Le fait de ne pas êtreobligé de déclarer l’accueil demineurs n’est qu’une facilitéadministrative qui n’exonère enaucun cas les communautés deleur responsabilité civile, voirepénale. En pratique, si au coursd’une retraite de mineurs il seproduisait un accident ou unsinistre, il ne pourrait pas êtrereproché à la communauté de ne

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pas avoir son numéro d’agrémentmais en revanche elle pourraitêtre condamnée lourdement pourmise en danger de la vie d’autrui.

- de ce fait, au cours de réunionsorganisées localement pour expli-quer cette nouvelle réglementa-tion, certains directeurs départe-mentaux ou régionaux de lajeunesse et des sports ont insistéauprès des communautés pourqu’elles demandent ce numérod’agrément bien qu’elles n’ysoient pas obligées. Nousconseillons donc à toutes lescommunautés dont les hôtelleriessont aux normes et qui ont reçuune visite positive de la commis-sion de sécurité de demander cetagrément à leur Préfecture, laprocédure étant relativementsimple. En revanche cette exoné-ration permet à toutes les com-munautés qui sont aux normes derecevoir des mineurs cet été sansproblème administratif en atten-dant de recevoir leur numérod’agrément.

- les supérieurs et économes dontles accueils ne sont pas auxnormes devraient entamer uneréflexion à ce sujet même si ellessavent le coût souvent prohibitifde ces aménagements. Elles fontcourir un grand risque non seule-ment à leur communauté maiségalement à l’ensemble dumonde monastique. Un sinistreimportant (incendie, intoxicationmassive) impliquant la responsa-bilité de la communauté pourraitremettre en cause l’activité d’ac-cueil des monastères dont on saitl’importance quant à leur pré-sence au monde.

- La Fondation des Monastèrestient à votre disposition lecompte rendu de l’interventiontrès complète qu’avait faite frèreAndré ARDOUIN de Ligugé aucours de la réunion de MONAS-TIC fin novembre 2002 concer-nant le rôle des commissions desécurité et la réglementation de lasécurité incendie. Ce compterendu sera très prochainementmis sur le site de la Fondation.

MLB

Nous avions commenté dansle numéro 144 d’octobre 2005l’ordonnance du 28 juillet 2005qui a simplifié certaines formalitésadministratives et, en particulier,a supprimé le régime d’autorisa-tion pour l’acceptation des libéra-

lités faites aux associations, fon-dations et congrégations légale-ment reconnues et l’a remplacépar un régime de libre accepta-tion.

L’ordonnance prévoyait néan-moins dans son article 1er que

III - Le décret du 11 mai 2007 sur les libéralités

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l’autorité administrative à laquellela déclaration devait être faiteconservait un droit d’oppositionmotivée par l’inaptitude de l’or-ganisme légataire ou donataire àutiliser la libéralité conformémentà son objet statutaire. Les condi-tions dans lesquelles l’oppositionpouvait être formée devaient êtrefixées par un décret en Conseild’Etat.

Ce décret est enfin paru auJournal Officiel du 12 mai 2007(décret N°2007-807du 11 mai2007 relatif aux associations, fon-dations, congrégations et établis-sements publics du culte et por-tant application de l’article 910du code civil - NOR :INTA0752062D). Dans cetintervalle de près de deux ans, eneffet, les notaires, associations etmême les préfectures ne savaientpas très bien ce qu’il convenait defaire.

Le décret précise la procédureà suivre, applicable dès mainte-nant pour les libéralités qui n’ontfait aucune demande d’autorisa-tion avant le 1er janvier 2006.Pour celles pour lesquelles unedemande d’autorisation a été faitedepuis le 1er janvier 2006, lademande d’autorisation vautdéclaration.

Nous résumons ici les princi-paux changements dans la procé-dure, car le décret étant enfinsorti, nous allons publier le «

Guide des libéralités » que nousavions mis en attente de cetteparution et qui sera plus détaillé.

Libéralités (articles 1 et 2)

- En ce qui concerne les legsconsentis aux congrégations léga-lement reconnues, c’est le notairequi doit faire la déclaration à lapréfecture de tutelle de la congré-gation. Le dossier comprend lacopie du testament, de l’acte dedécès, le décret de reconnaissancelégale et les statuts et la délibéra-tion du Chapitre acceptant lelegs.- En ce qui concerne les dona-tions authentiques c’est lacongrégation qui fait la déclara-tion en adressant copie de l’acte,décret et statuts et délibérationdu Chapitre.

Ces envois se font par courrierrecommandé avec accusé deréception.

La préfecture adressera unaccusé de réception au notaire ouà la congrégation qui fera courirun délai de quatre mois. S’il n’y apas notification d’opposition dela préfecture, la libéralité estconsidérée comme autorisée, unefois le délai expiré.

La congrégation peut deman-der une attestation de non opposition au bout de ce délai.Notamment si le notaire la réclameen cas de vente immobilière.

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L’inaptitude de l’établissementà utiliser la libéralité conformé-ment à son objet statutaire est leseul fondement de l’opposition.Elle peut résulter notammentd’une activité non conforme àl’objet statutaire, à une impossibi-lité à exécuter les charges de lalibéralité ou à en satisfaire lesconditions compte tenu de sonobjet statutaire. La délibérationd’acceptation du Chapitre devradonc encore comporter l’affecta-tion destinée à la l ibéralité,conforme aux statuts.

Les familles ne peuvent plusfaire de réclamation auprès del’autorité administrative mais seu-lement une procédure devant lejuge judiciaire. Il n’y a donc plusde déclaration à faire auprès de lapréfecture du lieu du domicile dutestateur. Les biens immobiliersprovenant des legs ou donationsne sont plus soumis à estimationdes domaines mais doivent êtrevendus à l’amiable ou auxenchères dans un délai de troisans s’ils ne sont pas nécessaires aufonctionnement de l’établisse-ment. Cette estimation desdomaines peut néanmoins êtredemandée par la congrégation sielle l’estime nécessaire.

Les dons manuels et les rem-boursements de contrats d’assu-rance vie ne sont toujours passoumis à déclaration.

Actes de disposition(article 7) : maintien durégime d’autorisation

L’achat ou la vente de biensimmobiliers, de rentes ou valeursgaranties par l’Etat restent soumisà autorisation. L’autorisation est réputée

accordée si le Préfet n’y a pas faitopposition dans les deux mois deleur notification par l’établisse-ment.

Nous rappelons aux commu-nautés non reconnues légalementqu’elles n’ont pas la possibilité derecevoir des libéralités. Si ellessont averties par une lettre d’unnotaire qu’un legs leur a étéconsenti directement, elles doi-vent adresser copie de ce courrierà la Fondation le plus rapidementpossible. La Fondation prendracontact avec le notaire et verraavec lui si le legs est suffisammentimportant pour faire une requêteauprès du TGI afin que le legssoit attribué à la Fondation à leurbénéfice.

MLB

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EXTRAITS DU PROCES VERBAL DUCONSEIL D’ADMINISTRATION

DU 15 MAI 2007AU SIEGE SOCIAL DE LA FONDATION DES MONASTERES

83/85 RUE DUTOT – 75015 PARIS

Rapport moral de la Présidente

« Ces derniers mois ont été tout occupés de l’élection présidentielle et je nepeux commencer ce rapport moral sans saluer aujourd’hui celui qui va devenirdans quelques jours notre nouveau président, élu il y a une semaine. Lesmembres de nos communautés religieuses, qu’elles soient contemplatives ouapostoliques, participent pleinement à la vie de notre pays et sont citoyens àpart entière, bien qu’on leur ait dénié souvent leur caractère d’intérêt général.Nous espérons qu’après cette campagne passionnée, les promesses de solidarité,d’ouverture et de rassemblement national seront tenues, celles-ci exprimant nosvaleurs chrétiennes de charité et de paix. Par leur présence priante, leur activitéd’accueil, les monastères portent et sont en contact avec des personnes en diffi-culté de vie, sur le plan économique comme sur le plan psychologique ou spiri-tuel ; ils sont ainsi proches de beaucoup détresses et contribuent pleinement àcette solidarité. Nos prières accompagnent notre nouveau Président dont latâche est immense.

Cette année a été riche en événements, en épreuves comme en joies. A laFondation, nous avons tous participé à la peine de Brigitte et François Estran-gin et à celle de leur fils qui a perdu son épouse en décembre dernier. Nousredisons à Brigitte et François l’assurance de nos prières et de celles de tous lesmoines et moniales qui les ont connus, pour eux et pour tous leurs enfants etpetits-enfants.

En janvier 2007 nous avons aussi appris avec beaucoup de tristesse le décèssubit de sœur Huguette Burnand, en religion sœur Hélène, qui a été membre dedroit du Conseil d’Administration pendant vingt ans, représentant les Sœurs deSaint-Joseph de Chambéry qui ont été d’une grande aide pour le Père Huteaulorsqu’il a créé la Fondation. Lors de la modification des statuts de la Fondationen 2005, la Congrégation des sœurs, de même que l’Abbaye de Melleray,n’avaient pas souhaité rester membres de droit et de ce fait nous n’avions pas vusœur Hélène au dernier Conseil chez les Clarisses de Cormontreuil, mais nousrestions en contact et nous avions admiré son énergie à surmonter ses pro-

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blèmes de santé. Sa curiosité intellectuelle et sa gaieté manqueront sûrementbeaucoup à ses sœurs comme à nous-même. Gardons Sr Hélène dans notreprière.

Dans un autre domaine, nous sommes encore émus par l’épreuve qui afrappé la communauté des Bénédictines de Kergonan qui a dû faire face à unterrible incendie il y a moins d’un mois détruisant complètement leur égliseabbatiale ; d’autres lieux de vie ont également été touchés (le noviciat en parti-culier) ! Mais nous remercions Dieu qui a permis que toutes les sœurs en soientsorties saines et sauves et nous prions pour les deux pompiers qui ont été blessésen se battant courageusement pour sauver le monastère. La Fondation a mis unfonds à la disposition des sœurs pour les dépenses urgentes et nous espéronsqu’il sera également alimenté par la solidarité de tous, moines et amis desmonastères. Nous recevons déjà des dons à leur intention et nous savonsqu’elles ont été beaucoup aidées par des bénévoles qui ont afflué, en particulierpour commencer à aider au nettoyage afin que les soeurs puissent recommencerà vivre un peu normalement. Ces témoignages de solidarité ont beaucoup tou-ché les sœurs et nous tous à la Fondation puisque c’est le but essentiel de notreaction.

« Bénissons le Seigneur », dirait Mgr Robert LE GALL, ancien abbé de Sainte-Anne de Kergonan, Président d’honneur de la Fondation des Monastères, nouvelarchevêque de Toulouse depuis le 11 juillet 2006 et qui a toujours su rendregrâce à Dieu pour les petites choses comme pour les grandes. Nous nous sommesassociés avec joie à sa nomination. Monseigneur Le Gall nous a fait tout récem-ment l’honneur d’un éditorial dans le numéro d’avril de notre revue « Les Amisdes Monastères » consacré à la liturgie. Nous l’en remercions et nos prières l’ac-compagnent pour cette nouvelle charge du diocèse de Toulouse.

L’année a aussi été source de joies pour les monastères et la Fondation. Joieen particulier de voir tant de nouvelles fondations éclore dans tous les pays, horsde France, et l’élan des donateurs qui participent à leur création. Le monastèrecistercien de Koutaba au Cameroun, fondation de l’Abbaye d’Aiguebelle, estdéjà bien avancé de même que celui de Mwanda au Congo. A Novy-Dvür, enTchéquie, fondation de l’Abbaye de Sept-Fons dont l’église a été inaugurée enseptembre 2004 ; les moines continuent les travaux de la future hôtellerie dansun magnifique bâtiment entièrement voûté. Les Cisterciennes de Vitorchianoles y ont rejoints et entament des travaux à Policany. A Madagascar, les Clarissesde Kabinda, originaires de Béziers viennent de fonder à Ampasipotsy et auSénégal. Les Carmes de Montpellier s’installent définitivement à N’Diaffat-Kao-lack. Nous saluons aussi les sœurs de l’Annonciade de Peyruis qui sont partiestout récemment et courageusement au Costa Rica à l’appel de l’évêque du lieu.Du Monastère de Keur Moussa, au Sénégal, quelques moines sont allés auBénin, à St Joseph de Séguéya, créer un nouveau lieu monastique. Impossiblede les citer tous mais qu’ils sachent que la Fondation les soutient dans ce nouvelélan monastique qui va du Nord au Sud et qu’elle fera le maximum pour les y

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aider. Car vous savez qu’il y a quelques années, la Fondation a décidé de consa-crer environ un quart de ses secours financiers à ces fondations hors de France,d’abord parce qu’elles sont pendant un temps certain une charge pour les mai-sons mères de métropole et ensuite parce qu’elles participent au rayonnementde la culture française et de nos valeurs chrétiennes dans le monde entier.

Les ressources de la Fondation vont les y aider, car elles sont cette annéeencore en nette progression. La nouvelle politique de communication de laFondation y a beaucoup contribué et je voudrais en remercier Madame Fran-çoise Maréchal, qui mène une activité inlassable pour faire connaître la Fonda-tion et les besoins de nos communautés. Les dons et les legs ont augmenté deplus de 50 %, encore plus que l’année dernière, ce qui nous avait déjà permisd’accroître nos secours financiers aux communautés. Ces aides ont atteint plusd’un million sept cent mille euros cette année et nous pourrons donc encore lesaccroître l’année prochaine où nous espérons pouvoir dépasser deux millionsd’euros en secours. C’est nécessaire et il faudra toujours plus, car en France, desrestructurations sont inévitables compte tenu du vieillissement de certaines denos communautés et du manque de vocations qui font que certains monastèresdoivent se regrouper ou réduire leur espace de vie. Les devis de restauration oud’adaptation des lieux monastiques sont hélas eux aussi en augmentationconstante et nos aides ne sont pas toujours suffisantes pour faire aboutir certainsprojets. Je pense qu’il nous faudra, à la Fondation, entamer une réflexion à cesujet et déterminer comment, en dehors des aides financières, nous pouvonsaccompagner ces communautés, les aider à discerner les meilleures solutions etmettre éventuellement à leur disposition des spécialistes de confiance pouvantles conseiller utilement, car nous pouvons constater que souvent, la fermetured’un monastère attire certaines personnes peu scrupuleuses, qui, sous prétextede conseils bénévoles, cherchent en fait leur propre intérêt.

Car le souci de répondre aux difficultés auxquelles se heurtent les communau-tés sera toujours la priorité de la Fondation. Depuis deux ans nous avons constatéqu’un certain nombre d’escroqueries les visent particulièrement car les moines etles moniales sont des êtres pour qui la confiance est une vertu naturelle et qui nepeuvent souvent pas soupçonner la duplicité totale de certaines personnes. Toutecette année encore, nous nous sommes battus contre ces prétendues sociétésd’annuaires sur Internet qui font signer de faux contrats par fax sous des prétextesdivers. Celles-ci font ensuite pression par des téléphones et des courriers mena-çants en laissant croire aux communautés qu’elles se sont mises elles-mêmes entort et en exigeant des paiements immédiats. Nous le redisons aux communautés :il ne faut pas hésiter à appeler le service juridique de la Fondation lorsqu’on estconfronté à ce genre de problème car cela permet de faire d’utiles mises en gardequi ont porté leurs fruits cette année. Lorsque les communautés ont été averties àtemps, elles ont pu réagir utilement et refuser à bon droit de payer des facturestotalement injustifiées.

Dans un autre domaine, nous avons également soutenu juridiquement certainescommunautés victimes de discrimination de la part de collectivités locales qui,

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depuis quelque temps, dénient à certains monastères le droit de demander unesubvention concernant le secteur agricole ou celui des économies d’énergie au pré-texte qu’elles ne peuvent « subventionner le culte ». Cela dénote une réelle mécon-naissance du monde religieux de la part de certains responsables puisqu’on ne sau-rait qualifier une congrégation, qu’elle soit reconnue légalement ou non,d’association cultuelle, et particulièrement en ce qui concerne les communautésféminines.

Après les restrictions que l’Administration fiscale a imposées aux communautésen ce qui concerne la TVA à taux réduit sur les travaux dans les locaux d’habita-tion, déniant aux monastères et aux couvents le qualificatif de local d’habitation,au mépris de la volonté exprimée du législateur, c’est une nouvelle forme de dis-crimination qui n’est pas normale.

Comme je vous le disais en commençant, les religieux, contemplatifs ouapostoliques sont des citoyens à part entière, réglant leurs impôts locaux, et par-ticipant de bien des manières à la vie de leur région. La Fondation est prête àfaire les recours nécessaires pour qu’ils soient considérés de la même manièreque les autres citoyens de ce pays dont nous acceptons tout à fait la laïcité, maispas l’anticléricalisme.

Les activités de la Fondation se sont développées et son fonctionnement a dûêtre adapté à cette nouvelle charge de travail pour nos permanentes. Nous avonsdonc accueilli en avril 2006 Marie-Madeleine Duprey qui a renforcé le service desdons souvent surchargé et qui s’est adaptée avec courage à cette tâche quidemande beaucoup d’attention et de soin. Nous espérions ainsi pouvoir mieuxassurer le service des donateurs et des communautés, mais malgré cela, les saisiesde dons et les reversements ont pris du retard en début d’année. Le Bureau adonc demandé un audit à une personne spécialisée dans les ressources humaineset la politique salariale pour essayer de mieux organiser les différents postes de tra-vail et voir les besoins éventuels en personnel pour les années à venir. Nous auronsle rapport de cet expert pour le prochain Conseil d’octobre et pourrons alorsprendre des décisions au moment du vote des budgets.

Car nous aurons aussi des problèmes au service des legs puisque Guy Fournis,notre cher notaire qui nous assiste de ses précieux conseils depuis plus de dix ansva, à la fin du mois de juin, prendre une retraite définitive bien méritée. Anne-Marie et lui n’ont pas pu être là aujourd’hui mais je voudrais ici les remercier tousles deux pour leur dévouement constant au service de la Fondation et des com-munautés. Anne-Marie a assuré bénévolement ces dernières années une multitudede tâches à la Fondation, de l’envoi des reçus fiscaux qu’elle emportait dans desvalises chez elle pour qu’ils partent à temps jusqu’à la communication qu’elle aassurée avec vaillance jusqu’à ce que Françoise vienne la remplacer. Que les prièresdes moines et moniales les accompagnent pour cette nouvelle étape dont noussavons qu’elle sera active car ils s’occupent beaucoup de leurs enfants et petits-enfants. J’espère avoir l’occasion de le leur dire à Cîteaux en octobre prochain.

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Car c’est à l’Abbaye Notre-Dame de Cîteaux, lieu « culte » comme diraient nosjeunes d’aujourd’hui et mieux encore, lieu « source » pour tous les cisterciens, quenous aurons la joie de nous retrouver en octobre prochain, accueillis par DomOlivier Quenardel, actuel Abbé. Je souhaite à tous de pouvoir être présents !Nous pourrons expérimenter et apprécier la nouvelle hôtellerie restaurée. QueDom Olivier et la communauté de Cîteaux soit déjà remerciés de leur accueil !

En ces jours qui précèdent la belle fête de l’Ascension, je vous souhaite àtous de tourner votre regard vers Celui qui nous précède près de son Père etnotre Père tout en n’oubliant pas le travail qui demeure sur nos terres de Gali-lée d’aujourd’hui ! »

Rapport de gestion du trésorier

1. COMPTE DE RESULTAT

1.1 Produits nets de l'exercice

Pour l'année 2006, l'ensemble des dons et legs perçus par la Fondation s'estélevé à 19 398 K€, contre 12 395 K€ en 2005, soit une augmentation de 56,5 %.

Compte tenu des reversements effectués, ou restant à effectuer, le produitnet conservé par la Fondation a atteint 2 527 K€, contre 1 624 K€en 2005.

La totalité des secours, (y compris secours spéciaux et sociaux) attribuée en2006 s’est élevée à 1 744 K€ contre 1 444 K€ en 2005.

Compte tenu de ces éléments, les produits nets de l'exercice 2006 fontapparaître un profit de 783 K€ contre un profit de 180 K€ en 2005.

1.2 Résultat financier

Le résultat financier ressort à 1 370 K€ contre 1 252 K€ en 2005.

En 2006, les éléments suivants doivent être notés :

● Le montant des plus-values nettes sur cession de titres de placements’est élevé à 1 230 K€

1.3 Revue

Les ventes de la revue se sont élevées en 2006 à 19 K€ à l’identique de 2005.

Le résultat de la revue fait apparaître une perte de 27 K€, contre une pertede 13 K€ en 2005.

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1.4 Charges d'exploitation

Les charges de structure s'élèvent à 654 K€ contre 570 K€ en 2005.

Les principales variations enregistrées dans les charges de structure sont lessuivantes :

2006 2005 Variation

Communication 125 66 59

Salaires et charges sociales 250 208 42

Dotations aux amortissements 40 57 (17)

Résultat net

Compte tenu d’un résultat exceptionnel négatif de 6 K€ le résultat net del’exercice 2006 ressort en bénéfice à 1 466 K€, contre un bénéfice de 847 K€en 2005.

2. BILAN

2.1 Actif immobilisé

2.1.1. Immobilisations financières 1 244 K€

Des prêts ont été accordés aux Communautés pour 515 K€. De même, ces dernières ont remboursé 335 K€ à la Fondation.

2.2. Actif circulant

2.2.1. Autres créances 696 K€

Les « autres créances » sont notamment constituées :

● des sommes à recevoir sur les successions pour 678 K€,

2.2.2. Valeurs mobilières de placement 33 788 K€

Les valeurs mobilières de placement sont valorisées au bilan à leur valeur d'acquisition, soit 33 861 K€, sous déduction d’une provision pourdépréciation de 73 K€.

2.2.3. Trésorerie 3 928 K€

La trésorerie nette disponible s'élève à 3 928 K€ au 31 décem bre 2006,contre 3 633 K€ en 2005.

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2.3. Fonds associatifs

Les fonds propres s'élèvent à 13 410 K€ contre 11 944 K€ en 2005, l’écartconstituant le résultat de l’exercice 2006.

2.4. Fonds dédiés

Ils sont classés en trois catégories distinctes :- Les fonds dédiés qui sont conservés temporairement par la Fondation à lademande des communautés bénéficiaires. Ils sont, en règle générale, relatifs à des valeurs mobilières de placement quifigurent à l’actif du bilan : 18 848 K€ (Dettes à plus d’un an).- Les fonds dédiés relatifs aux versements effectués en fin d’année par les donateurs etqui ont été reversés aux bénéficiaires début 2007 : 1 076 K€ (Dettes à moins d’unan).- Les legs à reverser relatifs aux dons et legs nés antérieurement à 2004 et dont lemontant correspond à la valeur estimée au moment de l’autorisation administrative: 541 K€ (Dette à moins d’un an)

2.5. Dettes

2.5.1. Emprunts et dettes auprès des établissements de crédit 362 K€

Il s’agit du solde de l’emprunt souscrit pour acquérir l’immeuble de la rueDutot. Cet emprunt s’achève en Juin 2009.

2.5.2. Autres dettes 5 962 K€

Ce poste englobe :

● Dettes diverses pour 228 K€, dont les secours décidés sur 2006 mais non encore versés au 31 Décembre 2006,

● Legs en cours de réalisation pour 5 734 K€.

2.5.3. Produits constatés d’avance 133 K€Il s’agit de la quote part estimée revenant à la Fondation, des legs autorisés par

décision préfectorale en 2003, ou précédemment, mais qui n’étaient pas intégrale-ment réalisés au 31 décembre 2006.

La part intégrale de la Fondation sur ces legs sera reconnue dans les produitsde l’exercice au cours duquel le legs sera définitivement réalisé.

Situations des legs

Malgré les difficultés liées aux incertitudes de procédure, nous avons constatécette année un montant de legs de 1 246 100 € dont plus de 700 000 € nonaffectés, ce qui a fait avec la participation monastique de 10 % un montant de 831583 € à affecter au fonds de secours de la Fondation des Monastères. C’est envi-ron 5 % de plus que l’année dernière. Nous avons clôturé 34 legs.

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2006 a été une très bonne année en ce qui concerne l’arrivée des legs. Nousavons accepté 39 legs, quatre donations en pleine propriété, trois donationsd’usufruit temporaires et une dévolution de communauté. Parmi ces legs, plu-sieurs ont été très conséquents car ils comportaient beaucoup de biens immobi-liers qui se sont très bien vendus. Nous le constaterons vraisemblablement dansles résultats l’année prochaine.

Enfin, nous avons eu, cette année, un accroissement considérable des pro-duits d’assurance vie, puisque vous constaterez dans les comptes que le montanta représenté cette année 1 628 854 €. Les donations en titres ont aussi été trèsimportantes. Du fait de ces donations ou legs importants nous avons constituécette année quatre nouveaux fonds dédiés.

Nous avons procédé cette année à quatre nouvelles interprétations judi-ciaires. Cette année pour la première fois nous procédons à une interprétationjudiciaire pour une assurance vie dont le bénéficiaire était une communauté nonreconnue et qui n’a pas voulu nous être délivrée par la Compagnie en dépit dela demande de la communauté concernée.

Situation et évolution des secours (dons et prêts)

Dom Louis COCHOU, vice-président de la Fondation des Monastères etresponsable de la commission d’attribution des secours, fait son rapport surl’évolution des secours attribués par la Fondation sur la dernière période.

1. Les secours

Le montant total des secours attribués aux communautés a progressé de20 % au cours de l’année 2006, passant de 1 437 000 à 1 738 200 €. Si l’on sereporte cinq ans en arrière, à 2001, on constate que ce montant a été multipliépar un coefficient de 3,20. Cela est dû à la fois à l’augmentation des avoirs de laFondation et aux excellents résultats de la gestion financière. 1 339 700 €(77 %) ont été attribués à des monastères français et 398 500 € (23 %) à desmonastères étrangers.

Le nombre des monastères qui ont bénéficié de l’aide de la Fondation, aaugmenté aussi, passant de 63 en 2005 à 71 en 2006. Ce chiffre était de 56 en2004, 57 en 2003, 61 en 2002. Sur les 71 monastères, 22 sont monastèresd’hommes, 49 mo nas tères de femmes.

En 2006, 44 monastères français ont été aidés (13 d’hommes et 31 defemmes) et 27 monastères étrangers (9 d’hommes et 18 de femmes). La répar-tition de ces monastères par ordres religieux est la suivante:

En France : 13 bénédictins (7 h et 6 f) ; 4 cisterciens (2 h et 2 f) ; 10 carmels ; 7 monastères de clarisses ; 10 de communautés diverses.

A l’étranger : 12 bénédictins (6 h et 6 f) ; 7 cisterciens (3 h et 4 f) ; 4 carmels ; 2 monastères de clarisses ; 2 d’autres ordres.

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Cette proportion ne varie guère d’une année à l’autre car elle correspond àcelle du nombre de monastères existant dans chacun des ordres concernés.

Sur les 27 monastères étrangers aidés en 2006, 11 sont situés en divers paysd’Afrique, 5 à Madagascar, 2 au Brésil, 1 au Vietnam, aux Philippines, auJapon, en Chine, en Lettonie, en Pologne, en Tchéquie, en Grèce et en Israël.

Les motifs habituels des demandes de secours n’évoluent guère : pour lesmonastères français, il s’agit surtout de travaux de rénovation ou d’entretien(60 %), un peu de constructions (15 %) ; pour l’étranger, surtout de construc-tions (81 %). Quel ques demandes concernent la formation ou des activités cul-turelles. Une subvention de 15 000 € est versée chaque trimestre à la Caissed’entraide moines-moniales.

2. Les prêts

Des prêts ont été accordés à 7 monastères français au cours de l’exercice2006 pour un montant total de 515 000 €, moins que l’an dernier où la Fon-dation avait attribué 10 prêts pour un montant de 640.000 euros. Des rem-boursements ont été effectués au hauteur de 335 000 €.

Le total des prêts en cours au 31.12.2006 est de 1 232 922 €.

L’activité de la Commission Monastic Administrative (CMA)

Le Père Achille MESTRE en fait un bref rapport.

Se réunissant tous les deux mois environ, la CMA s’est saisie de toutes lesquestions posées par les communautés. Certaines de ces questions, qui étaientd’intérêt général, ont été ensuite reprises dans la revue.

Plusieurs communautés ayant fait l’objet de refus de subvention del’ADEME, sous prétexte du principe de non subvention du culte, des recourscontentieux ont donc été initiés.

L’année 2006 a vu la réédition de deux documents pratiques à l’usage descommunautés : le guide de la reconnaissance légale, et le guide fiscal.

La journée annuelle de formation, co-organisée par la Monastic et la Fonda-tion, où sont conviés tous les responsables économes, a eu lieu le 14 novembre auCentre Sèvres après avoir été préparée par la CMA. Elle avait pour thème : Lessupports juridiques des activités lucratives des monastères. Les deux communica-tions du Père Mestre et de Maître Xavier Delsol, ainsi que la retranscription desdébats ont fait l’objet d’une publication en février 2007.

“Les Amis des Monastères”

Le Père Achille MESTRE retrace le bilan de l’année 2006. Ses quatre numé-ros ont été consacrés à Landévennec en janvier, aux monastères de l’Est en avril,aux Servantes des Pauvres en juillet, et en octobre à certaines initiatives

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artistiques remarquées dans le monde monastique. L’année 2007 a vu d’abordparaître un numéro sur la communauté des Clarisses de Cormontreuil. Le sui-vant, celui d’avril, avait pour thème : « Monastères et questions liturgiques ».

Pour la suite, nous aurons en juillet le dialogue inter-monastique, et enoctobre les fondations à l’étranger. Citeaux en janvier, et en avril 2008, une sug-gestion : Romchamp et La Tourette.

L’élaboration de la revue se fait toujours en équipe au secrétariat, et avecSœur Marie Luc des Clarisses de Voreppe.

Communication

La carte de vœux 2007 a été adressée à 7 000 notaires (envois personnels).Choisie sur le thème de la fraternité, elle semble avoir été appréciée.

La documentation (dépliants, marque-page) a été envoyée à toutes les com-munautés et leur stock est renouvelé sur demande. Elle est également diffuséedans les salons et manifestations.

Pour la première fois, la Fondation a fait une lettre de remerciements aux 28 000 donateurs qui lui ont adressé un don en 2005 ou en 2006. Cette lettrea été bien accueillie.

Le développement des relations avec la presse se fait au long cours. Fran-çoise Maréchal se saisit de tous évènements heureux ou malheureux (incendiede Kergonan) pour faire connaître la Fondation et son action au service desmonastères.

Le site internet est mis à jour en permanence.

Toutes les actions de communication se font avec les communautés qui deleur côté sollicitent beaucoup Françoise Maréchal.

Le projet d’annuaire décidé en 2006 est en très bonne voie.

Résolutions du Conseil d’Administration de la Fondation des Monastères du 15 mai 2007 au siège social de la Fondation

Première résolution

Le Conseil, après avoir pris connaissance du procès verbal du 14 octobre2007, en approuve les termes à l'unanimité des mem bres présents et représentés.

Deuxième résolution

Le Conseil, après avoir pris connaissance des décisions prises par les bureauxdes 23 janvier et 17 avril 2007, les approuve à l’unanimité des membres pré-sents et représentés.

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Troisième résolution

Le Conseil, après lecture du rapport moral de la Présidente, du rapportfinancier du Trésorier, du rapport du Commissaire aux Comptes et des rapportssur l'évolution des dons et legs, sur l’évolution des secours, approuve les termesde ces rapports ainsi que les comptes de l'exercice 2006 qui lui ont été présen-tés. Il donne quitus plein et entier pour sa gestion au Bureau de la Fondationdes Monastères.

Cette résolution est adoptée à l'unanimité des membres présents et représentés.

Quatrième résolution

Le Conseil décide d'affecter le résultat bénéficiaire de l'exercice de la manièresuivante :

- 10 % du résultat à la réserve statutaire soit : 146 584 €

- le solde en report à nouveau soit : 1 319 251 €

Cette résolution est adoptée à l'unanimité des membres présents et représentés.

Cinquième résolution :

Le Conseil fixe au 15 avril 2008 la date du prochain Conseil d’Administra-tion à se tenir au siège, 85, rue Dutot à Paris XVe.

Rien n'étant plus à l'ordre du jour et personne ne demandant plus la parole,la séance est levée à 17 h et de tout ce que dessus il a été dressé procès verbalqui a été signé par la Présidente et par le Secrétaire statutaire.

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Le présent numéro de notre revue étant consacré au dialogue inter-monastique ilnous a paru utile de présenter d’abord plusieurs ouvrages récents ayant trait audialogue inter-religieux.

◗De Babel à Pentecôte. Essais de théologie interreligieuseClaude GEFFRE368 pages, Cerf 2006, coll. Cogitatio Fidei n° 247 - 39 €.

Orfèvre en cette matière, l’auteur rassemble ici de nombreux textes et contributionsqu’il a pu écrire sur le dialogue interreligieux. Sa conviction est forte : la tentation deshommes, c’est Babel dans laquelle se prononcerait une langue unique et se célèbrerait unereligion unique ; C. Geffré nous fait comprendre que Dieu désire autre chose : que nousfassions l’expérience de Pentecôte, l’Esprit Saint nous aidant à nous comprendre dans noslangues respectives, à nous recevoir dans nos cultures diverses. Le mythe de l’unité visibleentre toutes les religions relève de l’utopie, et Jean-Paul II à Assise a bien pris soin del’écarter, chacun étant invité à prier selon sa propre foi. « Le Dieu créateur de la Biblebénit la multiplicité » (p. 178), laquelle doit être source d’émulation réciproque et l’au-teur le montre avec une grande clairvoyance dans le cadre du dialogue islamo-chrétien.Les conditions du dialogue sont rappelées avec justesse et précision : l’égalité entre lespartenaires, le respect de l’autre dans sa différence et la fidélité à soi-même. La démarcheest ascétique, mais les acteurs du dialogue interreligieux savent qu’elle est incontournable. Une autre difficulté, plus théologique celle-là, est abordée de front : la partie chré-

tienne doit tenir compte des semences de vérité qui existent dans toute tradition reli-gieuse authentique, mais en même temps préserver les exigences de sa propre foi qui luienseigne le caractère incontournable de la médiation absolue du Christ. En réponse l’au-teur pose deux certitudes : l’universalité du salut en Christ, mais en même temps le faitque l’Eglise ne doit pas s’attribuer un monopole dans l’ordre du salut. En cette voie dupluralisme religieux, l’auteur va très loin, sans doute trop loin pour certains de ses lec-teurs lorsqu’il affirme par exemple la possibilité d’une double appartenance « au sensd’une synthèse inédite entre les valeurs chrétiennes et les valeurs positives d’une autrereligion » (p. 340), ou encore lorsqu’il affirme « qu’il y a plus de vérité religieuse dans lasomme de toutes les religions que dans une religion prise isolément y compris le christia-nisme lui-même. »Quoi qu’il en soit, tout lecteur ne pourra que se réjouir d’une œuvre aussi monu-

mentale, rassemblant de façon structurée des documents épars et donc difficiles d’accèsconjoint.

A.M.

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RECENSIONS

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◗Echos infinis du silence. Vers une spiritualité chrétienneouverte à l’OrientJean-Bernard SIMON-VERMOT198 pages, Médiaspaul 2006, 15,60 €.

Les acteurs du dialogue inter-religieux seront intéressés par l’expérience de ce cha-noine de l’Abbaye de Saint-Maurice (Suisse) qui a vécu une quinzaine d’années en Indeet est familier des Upanishads. Il confronte deux mystiques, deux chemins de contempla-tion qui sont plus proches que la théologie ne pourrait le faire croire. Cet ouvrage véri-fie, s’il en était besoin, que les moines sont à l’avant-garde de la rencontre des spirituali-tés parce-qu’ils vivent au quotidien, dans le Christ et en communauté, une expérience decommunion.

◗Dennis GIRA et Fabrice MIDALJésus. Bouddha. Quelle rencontre possible ?192 pages, Bayard 2006, 18,90 €.

Nous avons beaucoup apprécié cet échange de lettres entre un théologien chrétien etun philosophe qui se réclame du bouddhisme. Nos auteurs savent cultiver les vertus dudialogue, conscients de ses impératifs comme de ses limites. Entre eux s’est forgée unevéritable amitié qui permet de partager à l’autre les richesses du coeur, sans aucun désirde conversion mutuelle, mais dans le souci d’affiner toujours davantage sa proprecroyance et de lui demeurer fidèle. On le vérifie une fois encore, proximité et distancesont les deux pôles de tout dialogue inter-religieux authentique, le tout baignant dansun sain réalisme qui permet à chaque partie de voir et dire les choses telles qu’elles sont.Semblable ascèse repose sur une grande humilité tissée par l’écoute de l’autre et l’empa-thie. A travers leurs lettres, nos auteurs se questionnent, se disent aussi beaucoup. Etc’est une joie pour l’esprit que de suivre leurs échanges toujours aisés à saisir… ce quin’est pas une mince qualité !

A.M

◗Stephan SCHUHMACHERLe Zen autrement206 pages, Albin Michel 2007, 15 €.

Voilà un petit ouvrage qui permet une initiation à cette tradition, dans un style clairet hors des sentiers battus. De nombreuses histoires sont rapportées qui permettent desaisir de l’intérieur cette quête de sens à notre vie, à l’amour comme au bonheur ou à lamort.

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◗La grotte du cœur. La vie de Swami Abhishiktananda, HenriLe SauxShirley du BOULAY434 pages, Cerf 2007, 39 €.

Après la biographie déjà ancienne de M.M. Davy, il est heureux que les Ed. du Cerfprésentent à nouveaux frais la figure de ce géant du dialogue inter-religieux avec l’hin-douisme que fut Henri le Saux. A priori, rien ne prédestinait ce Breton, moine de Kergo-nan, à s’immerger en Inde à l’âge de 38 ans et où il demeurera sans interruption jusqu’àsa mort en 1973. Ce dialogue, Dom Henri Le Saux l’a vécu d’une façon radicale enrevêtant la robe safran de sannaysi, de renonçant, sous son étole de prêtre et en prenantle nom de Swami Abhishiktananda. Fidèle à la messe quotidienne, il a tenté de passer surl’autre rive, celle de l’advaita, de la non-dualité qui suppose un évidement total de soi auprofit de la connaissance du grand Soi, laquelle débouche sur un ‘Je suis’ qui pénètretout l’être, lui permettant de rejoindre le Christ cosmique. On s’en doute, un tel cheminne va pas sans tiraillement ; et ce fut un vrai chemin de croix pour le P. Henri Le Sauxqui ne s’en cachait pas, écartelé entre l’altérité et la non-dualité, entre la parole et lesilence, entre la solitude et la vie communautaire, entre l’Evangile et les Upanishads.Mais cette tension fut féconde chez cet être d’exception qui n’a cependant eu qu’un dis-ciple direct dont on a depuis perdu la trace. Etait-il donc un gourou avisé ? La questionreste posée et son mystère correspond bien à cet homme inclassable.

A.M.

◗Sagesse hindoue pour qui cherche DieuFrancis X. CLOONEY200 pages, Ed. Lessius 2004.

« Dans la quête de la sagesse, nous n’avons pas à mépriser ce que nous sommes déjàou ce que notre tradition propre nous a déjà offert » (p. 78). L’auteur, prêtre et jésuite,très au fait de l’Inde et de sa spiritualité, nous introduit dans un dialogue fécond qui estle sien entre christianisme et hindouisme. Son propos se veut modeste, même s’il estétayé avec précision ; et le néophyte sera heureux d’approcher des textes mystiques clésd’une tradition qui lui est étrangère mais dont les contours lui permettront d’approfon-dir sa propre foi. Ce livre peut nous aider à avancer sur le chemin de l’expérience spirituelle et de la contemplation.

◗La grâce de l’instant présent. La chance du chrétienVictor SION Entretiens avec Rachel et Alphonse Goettmann272 pages, Ed. des Béatitudes 2007, 14 €.

Religieux carme, le P. Sion a traversé le XXe siècle à l’écoute du message de Thérèsede Lisieux. Il nous livre ici des pistes pour avancer dans la vie spirituelle autour de quatrethèmes successivement envisagés : l’instant présent, le mouvement d’abandon, la chanced’être pécheur et prendre Marie chez soi. Mgr Gauchet introduit cet ouvrage qui nousaide à partir de nos blessures et nous conduit « jusqu’au sein de l’Eternel Foyer de la Trinité bienheureuse. »

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◗Le chant des profondeursNathalie NABERT (sous la dir. de)160 pages, Salvator 2007, 14,50 €.

Voici un voyage intérieur à plusieurs voix qui nous viennent des grandes religionsmonothéistes. Chacun y trouvera un cheminement ancré dans sa propre tradition spiri-tuelle ou dans celle des autres. Le dialogue entre les religions, entre les mystiques etentre les cultures gagne à ce type d’ouvrage rapportant des expériences diverses. On aparticulièrement goûté la contribution de Dom André Louf sur l’homme intérieur.

◗Le psychanalyste et le bibliste. La solitude, Dieu et nousJacques ARENES et Pierre GIBERT222 pages, Ed. Bayard 2007, 19 €.

Françoise Dolto nous avait initiés à une lecture psychanalytique de la Bible. Ici unepsychanalyste et un bibliste réputés confrontent leurs lectures sur le thème bien actuel dela solitude. De courts chapitres donnent des clés de lecture pour des passages tant del’Ancien que du Nouveau Testament. Ce livre permet de renouveler sa lectio divina ;d’interpeller aussi qui se replierait sur un ego ne se laissant pas déranger par l’autre…

◗Ashrams. Grands maîtres de l’IndeArnaud DESJARDINS218 pages, Albin Michel 2007.

La réédition de cet ouvrage, qui offre une première approche très vivante et fortconcrète de l’hindouisme, est heureuse. L’auteur relate ses séjours en Inde dans lesannées 60 en différents ashrams dont il décrit bien le quotidien mystérieux et fascinant.Le propos manque cependant d’un certain recul critique et l’auteur, d’origine chré-tienne, est visiblement mal à l’aise avec l’Eglise.

◗Le chemin de Tobie. Initiation et guérisonBenoît M. BILLOT176 pages, Lethielleux 2006, 16 €.

L’auteur, acteur reconnu du dialogue inter-monastique qui a livré une contribution à laprésente revue, nous invite ici à faire du livre de Tobie un chemin de parcours intérieur.Procédant à une lecture suivie et commentée de ce livre finalement peu connu, il nousapprend à retrouver en nous, comme sur un théâtre intérieur, les principaux protagonistesde cette pièce pleine d’espérance. La méthode suivie par le P. Billot, marquée par la psy-chanalyse, est féconde ; on peut l’appliquer en se confrontant à bien d’autres personnagesbibliques qui nous rejoignent dans les profondeurs de l’être. Le chemin est en l’occurrencelumineux car Dieu désire nous réconcilier avec Lui et avec nous-mêmes, nous apprendre àprier en bénissant et en tout cas à accepter l’inattendu de sa venue dans nos vies.

A.M.

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Le point sur lequel je voudrais insister est la nécessité d’unecommunication sérieuse, une véritable communion, entrecontemplatifs de traditions, de disciplines, de religions diffé-rentes.

Cela peut avoir une énorme influence sur l’avenir de l’homme, àcette minute cruciale de son développement. Nous sommes eneffet plongés dans une crise et nous vivons un moment de choixvital.

Nous courons le risque grave de perdre un héritage spirituel quis’est douloureusement accumulé grâce à des milliers de généra-tions de saints et de contemplatifs. C’est la tâche particulière dumoine dans le monde moderne de garder vivant l’expériencecontemplative et de laisser à l’homme technologique moderneune voie lui permettant de recouvrer l’intégrité de son être inté-rieur profond.

Par-dessus tout, il est essentiel que cet élément de profondeuret d’intégrité, cet élément de liberté transcendante soit conservéintact, alors que nous progressons vers la pleine maturité del’homme universel. Nous observons la croissance d’une véritableconscience universelle dans le monde moderne. Cetteconscience universelle peut être une conscience de liberté et deperspective transcendante, ou elle peut n’être qu’un fatras déri-soire de banalités mécaniques et de lieux communs éthiques.

Le choix entre ces deux alternatives est assez important, je crois,pour que toutes les religions, et même les philosophies huma-nistes qui ne se réclament d’aucune religion, commencent à s’enpréoccuper.

Conférence prononcée à Calcutta en octobre 1968(Journal d’Asie)

UN MOI NE- PROPHETE : THOMAS MERTON