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Les 7 Clés LAURENT LEVY

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Les 7 Clés

LAURENT LEVY

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AVANT PROPOS

Chacun d’entre nous essaye par son savoir, ses outils, et ses actions d’améliorer son monde environnant. En y regardant de plus près, on s’aperçoit vite que chacune de nos réalisations peut être améliorée de façon conséquente, en utilisant des règles de bon sens.

Pour cela, chacun se doit de développer son potentiel au maximum. En agissant ainsi, notre réalisation devient plus grande et plus adaptée à notre être. Optimiser nos actions pour vivre pleinement sa vie et influer sur notre entourage est un projet ambitieux. Des auteurs de livres, notamment américains, traitent du sujet et certains d’entre eux sont des trésors. Le présent livre s’inscrit dans la construction du leadership pour chacun.

Le monde d’aujourd’hui et particulièrement l’occident ne construit plus de leaders. Ou trop peu. On apprend dès le plus jeune âge à se focaliser sur ses faiblesses, sur les mauvaises notes ou sur ses problèmes. Pourquoi souligner en rouge les fautes d’orthographe plutôt que de souligner en vert les mots correctement écrits ? La conséquence est destructrice pour ces enfants bâtis sur les échecs et la peur. On ne construit pas des leaders comme cela, on en fait au mieux des managers.

Ainsi, nous manquons de leaders dans les entreprises, en politique, dans les familles et cette situation empêche le monde d’avancer dans le bon sens.

Enseigner la confiance, réveiller ou révéler son propre potentiel, prendre du plaisir à se dépasser, avoir le goût de l’effort, sont nécessaires à l’éducation des futurs leaders.

J’ai créé Optical Center en 1991 et enseigné à chacun de mes collaborateurs les sept clés. Je crois profondément en la capacité de l’être humain de réussir tout ce qu’il entreprend. Ma société s’est développée sur des valeurs fortes- les trois valeurs fondamentales – en misant sur le capital humain.

On ne vise pas des parts de marché mais la réalisation de vie de chacun. Optical Center est une école pour développer son leadership. La réussite de vie devient alors possible.

On ne naît pas leader, on le devient.

Mettez un leader à la tête d’un magasin et vous ferez des collaborateurs et des clients heureux.

Mettez un leader à la tête d’une famille. Vous ferez des enfants heureux. Même chose

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à la tête d’une nation.

Nos collaborateurs apprennent au sein d’Optical Center Academy les sept clés. Ces formations de haut niveau font d’eux des leaders. Ils deviennent alors maîtres de leur propre vie, professionnelle et personnelle. Les résultats sont incroyables ; notre entreprise affiche la plus forte progression sur un marché ultra concurrentiel.

L’idée de transmettre les sept clés qui mènent au leadership en dehors de l’entreprise m’est apparue nécessaire aujourd’hui. J’ai adapté pour cela le contenu des sept clés en restant fidèle à la matière.

Pour que la lecture soit le plus agréable possible, j’ai dû alléger le parcours initiatique au leadership sans pour autant en enlever le moindre ingrédient.

Vous allez donc découvrir les sept clés et les secrets de la réussite du groupe Optical Center. Mais, plus que cela, vous allez prendre conscience qu’en appliquant systématiquement des règles de bon sens, vous allez améliorer considérablement votre quotidien. Donc, votre vie.

Trois valeurs fondamentales, sept clés, et voilà que la meilleure partie de vous-même va s’exprimer

Dans 250 pages, vous ne verrez plus votre vie de la même façon……

Bonne lecture

LAURENT LEVY

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A mes parents,

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LES TROIS VALEURS FONDAMENTALES

En ce Samedi premier Avril, Raphaël rentrait d’une journée épuisante. Il pleuvait. En descendant de voiture, il sentit une douleur dans le dos. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas pris de vacances.

Ce soir, il avait décidé de demander Tifféreth en mariage. Ils se connaissaient depuis trois ans déjà, il pensait que c’était le moment.

Il sentait qu’elle avait envie d’officialiser leur union et était suffisamment discrète pour le lui avoir fait comprendre sans le lui dire directement. Elle venait de rentrer d’une semaine au ski avec une amie. Elle lui avait beaucoup manqué. Il l’avait appelée à son retour pour lui demander de passer ce soir.

Tout en se dirigeant vers son immeuble, il fut ému en pensant à elle.

Brune aux yeux verts, il aimait sa silhouette svelte et élancée qui attirait les regards mais forçait le respect par la sobre élégance de ses tenues. Sa démarche, souple et déliée témoignait des cours de danse classique qu’elle continuait à suivre. Elle harmonisait avec soin la couleur de ses vêtements pour accentuer l’éclat et la profondeur de ses yeux. Elle était gaie, dynamique et ouverte.

Elle venait d’une famille modeste mais avait reçu une excellente éducation. Son père était professeur et lui avait transmis le goût des livres. Sa mère, femme au foyer, s’investissait dans de nombreuses associations. Elle avait communiqué à sa fille son goût de la musique et des arts. Aussi, Tifféreth avait-elle appris le violon dont elle jouait merveilleusement. Elle suivait également des cours de danse classique.

Elle était sociable et toujours partante. D’un caractère souple et agréable, elle s’adaptait sans difficultés à toutes les situations. Elle savait prendre du recul et était dans l’écoute. Après avoir brillamment obtenu un diplôme de sciences politiques, son agrégation de lettres classiques lui permettait d’enseigner à la Sorbonne. Raphaël était plein d’admiration et fou amoureux d’elle.

Il était arrivé. Il rentra chez lui encore perdu dans ses pensées. Cela sentait le renfermé. En ouvrant la fenêtre, il s’aperçut que l’appartement n’était ni très rangé ni très propre.

-- Bof, ce n’est pas si grave, pensa-t-il, elle me connaît, je ne vais pas faire de chichis avec elle.

Il avait pris soin de passer chez le traiteur pour acheter du saumon et une salade ainsi qu’un dessert à faire réchauffer.

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Un de ses collaborateurs l’appela sur son portable. Tout en lui répondant, il mit la table à la va vite. Il était 19 heures 30, Tiffereth devait bientôt arriver. Après un bon quart d’heure au téléphone, il raccrocha, passablement énervé par ce coup de fil. Pour se détendre, il décida d’allumer la télé et s’assit sur le canapé. Il se plongea dans la contemplation d’un show de télé-réalité. Au bout de cinq minutes, il changea de chaîne et tomba sur des informations où un terroriste avait piégé une voiture et fait plusieurs victimes. Agacé, il zappa encore plusieurs fois pour atterrir finalement devant un match de foot sans intérêt.

Il frissonna soudain et se leva fermer la fenêtre.

A 20 heures, on sonna à la porte. Il savait que c’était Tifféreth, elle était toujours ponctuelle. Il alla ouvrir, plutôt ému. Elle entra. Très élégante comme à son habitude, elle portait un tailleur vert émeraude sur un chemisier saumon. La veste était ajustée et la jupe, ample du bas, dansait sur de jolies bottes cavalières en cuir souple.

Raphaël la prit dans ses bras et l’embrassa.

-- Tu m’as manqué lui murmura-t-il. Vas-y, entre, j’arrive dans deux minutes j’ai un truc sur le feu.

Elle sourit et alla poser son manteau dans la chambre à coucher. Le lit n’était pas fait. Elle remarqua que les chemises livrées par le teinturier avant son départ au ski étaient toujours posées au même endroit, sur la commode.Elle le rejoignit au salon.

-- Bon, on passe à table, chérie ? Ce soir c’est moi qui ai cuisiné !

-- Peut-on éteindre la télé ?

-- Baisse un peu, c’est du foot, cela ne nous dérangera pas.

Tiffereth s’exécuta sans montrer sa contrariété et le rejoignit à la cuisine.

-- Je vais t’aider, si tu veux.

Il l’arrêta avant qu’elle n’y pénètre

-- Non, je n’ai pas eu le temps de ranger : va plutôt t’asseoir. J’arrive tout de suite !

Elle se mit à table. Raphaël la rejoignit et servit en entrée la salade qu’il avait achetée toute préparée. Le téléphone sonna, c’était sa mère. Il lui parla quelques minutes sans mentionner dans sa conversation la présence de Tifféreth . Quand il raccrocha enfin :

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-- Excuse-moi, c’était ma mère. Alors, ce séjour à la montagne ?

Sans attendre sa réponse, il lui dit qu’elle lui avait beaucoup manqué et qu’il s’était rendu compte qu’il ne pouvait pas vivre sans elle.

Il lui prit la main et déclara :

-- J’aimerais beaucoup qu’on se marie.

Il ne savait pas trop comment formuler ce qu’il voulait lui dire tant il était ému.

Elle se rapprocha, lui caressa les cheveux et l’embrassa.

-- Je ne te cache pas que j’attendais ce moment depuis longtemps. Je t’aime profondément et j’ai vraiment envie de construire un foyer avec toi. Tu possèdes déjà les trois valeurs fondamentales sur lesquelles on peut construire quelque chose de solide.

-- De quelles valeurs parles-tu ?

-- Avant tout, tu es quelqu’un d’ambitieux et de généreux qui aime recevoir dans le but de donner, de transmettre, contrairement à la grande majorité des gens pour qui l’important est de recevoir, égoïstement.

Deuxièmement, tu as l’A.M.P., l’Attitude Mentale Positive.

-- Qu’est-ce que cela signifie ?

-- Tu réagis toujours positivement à tout ce que l’on te dit et tu vois le bien dans tout ce qui t’arrive.

Enfin, tu pratiques les principes de générosité/rigueur /harmonie qui sont le fondement de la réussite personnelle et familiale. Cela signifie que tu as un grand sens du don mais tu sais également être rigoureux quand il le faut.

-- Je suis flatté de savoir que tu penses tout ce bien de moi. J’ai dû recevoir beaucoup de mes parents et de toutes les personnes que j’ai côtoyées jusqu’à aujourd’hui.

Il était très heureux de voir que sa demande était si bien accueillie. Tifféreth continua :

-- Je suis moi aussi flattée et touchée par ta déclaration. Néanmoins, je ne peux pas accepter ta demande.

Raphaël ne comprit pas tout de suite. Il crut à un jeu. Il essaya, en souriant, un

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timide :

-- Allez !... Arrête ! Je suis sérieux, ce n’est pas un moment pour plaisanter.

Mais au regard de Tifféreth et à son air grave, il comprit qu’elle parlait sérieusement. Il ne savait plus où il en était.

Elle poursuivit sans détacher son regard du sien :

-- Vois-tu, Raphaël, le mariage n’est pas le but. C’est un point de départ pour qu’un couple puisse réussir son projet, sa mission de vie.

-- Mission ? Mais qui parle de projet, de mission ? Je parle juste de se marier !

-- Justement, le mariage est l’étape fondamentale, un grand évènement dans la vie d’un homme et d’une femme. C’est pourquoi il doit être mûrement préparé, réfléchi. Cela fait 28 ans que je m’y prépare. Pour rien au monde je ne voudrais prendre le risque de ne pas réussir mon mariage.

Raphaël se sentait de plus en plus perdu.

-- Je ne comprends pas ! Je t’aime, tu me dis toi-même que je possède les trois valeurs fondamentales et je me sens tout à fait prêt moi aussi. Qu’est-ce qui me manque ?

Raphaël avait la gorge sèche. Il proposa un verre de vin à Tifféreth. Elle refusa et préféra un verre d’eau plate. Il la servit puis se versa un peu de vin.

-- Je ne crois pas que tu sois prêt. Même si tu possèdes ces trois valeurs, pour que je puisse accepter ta demande il te manque quelque chose d’essentiel : ce sont les sept clés.

-- Ah ! Ces fameuses clés dont tout le monde parle dans les milieux avisés! Ces clés sont enseignées dans ma société, mais je n’ai jamais voulu suivre les séminaires de formation, car j’ai toujours souhaité me débrouiller sans elles. Cela marche plutôt bien. La preuve : regarde où je suis ….

Raphaël était directeur-produit de la société : « Au bon sens ». Celle-ci développait l’audiologie et l’optique en Europe. Il y était entré quatre ans auparavant, quelques mois avant de rencontrer Tifféreth.

-- C’est vrai, tu te débrouilles même très bien, mais tu n’exploites pas à fond ton potentiel. Tu pourrais aller bien plus loin si tu appliquais les sept clés. Elles vont t’enseigner comment être leader dans ta propre vie et t’apporter une totale confiance en toi.

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Alors seulement tu seras vraiment prêt à te marier avec moi. Je t’attendrai le temps qui te sera nécessaire pour les apprendre et les mettre en pratique. Je préfère qu’on ne se voie plus et te permettre ainsi d’être complètement investi dans ta tâche.

-- Et si cela me demande plusieurs années ?

-- Je pense qu’avec tes qualités et ton potentiel, si tu t’en donnes les moyens, tu y parviendras beaucoup plus rapidement. De mon côté, je t’attendrai.

-- Et si tu rencontres quelqu’un d’autre pendant ce temps ?

-- C’est toi que j’aime. La seule façon pour que l’on puisse ensemble réussir notre vie, c’est l’apprentissage de ces clés.

Tifféreth avait essayé plus d’une fois de l’amener sur ce terrain par des allusions ou plus directement, mais il avait toujours refusé.

-- Même si c’est très dur, c’est le seul moyen de construire ensemble notre couple, notre famille.

-- Et si je refuse?

-- Es-tu prêt à gâcher le reste de ta vie et de la mienne par un refus d’évoluer ?

Raphaël ne répondit pas. Il se leva et entreprit de ranger la table. Son assiette était restée intacte. Il n’avait rien pu avaler. Il alla chercher le dessert en silence. Elle l’aida à débarrasser puis s’assit sur le canapé.

-- Je t’attends au salon. On prendra le dessert là-bas, si tu veux.

Raphaël la rejoignit rapidement et posa les gâteaux sur la table basse. Il embrassa Tifféreth et lui répondit :

-- Sache que je ferai tout pour toi. Puisque tu me le demandes, je le ferai. Pour toi et pour nous.

Tiffereth lui rendit son baiser. Puis sortit de son sac un papier plié. Elle le lui tendit en lui disant :

-- Voici l’ordre dans lequel tu devras acquérir les sept clés. Applique-toi dans cette initiation et mets-les en pratique dès le moment où tu les apprendras sans te poser de questions. Prends un guide pour chacune d’elles, un mentor qui t’en livrera les secrets. Prends contact avec moi dès que tu auras acquis parfaitement la totalité des clés. Ton temps sera le mien.

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Raphaël se saisit du papier et le déplia. Il put lire :

1° clé : La prise de décision2° clé : Construire l’équipe gagnante3° clé : L’intelligence organisationnelle4° clé : La compétence émotionnelle5° clé : La négociation gagnante6° clé : Développer sa créativité7° clé : Communiquer efficacement

Il prit conscience que c’était sérieux et qu’il n’avait pas le choix. Il devait en passer par là s’il voulait se marier avec Tifféreth.

Elle se leva, l’embrassa, lui lança un regard à la fois complice et confiant et lui dit :

Je compte sur toi. N’aie pas peur.

Elle prit son manteau sans dire un mot.

Raphaël n’avait pas bougé. Il retenait ses larmes. Il rangea la liste des sept clés dans un tiroir de son bureau. Il éteignit la télé et se dirigea vers sa chambre.

Tifféreth quitta l’appartement en refermant doucement la porte.

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PREMIERE CLELA PRISE DE DECISION

Raphaël atterrit à HongKong à 9 heures en ce dimanche d’avril. Dans le taxi qui l’emmenait vers son hôtel, il fut impressionné par le monde, la circulation et le bruit des rues. Il avait très peu dormi dans l’avion et avait l’esprit embrumé. Il se sentit soudain incapable de mener à bien sa mission.

Comment pourrait-il d’ici ce soir, acheter 70 000 paires de lunettes fun, mode, éclectiques.

Le groom de l’hôtel Peninsula l’accueillit courtoisement et cinq minutes plus tard, Raphaël était déjà dans sa douche, ses bagages montés dans sa chambre. Tout, ici, allait très vite et toutes sortes de questions se bousculaient dans sa tête :

- Se reposer d’abord ou commencer tout de suite à préparer le rendez-vous de 12 heures ? - les clients préfèreront-ils des montures hypes ou plutôt discrètes ?

- Comment est-ce qu’on négocie avec des chinois ?- Et si je revenais sans avoir rien commandé ? Comment réagirait mon patron?

Assommé par la pression de toutes ces questions, Raphaël s’effondra sur le lit et sombra immédiatement dans un profond sommeil. Soudain, son patron lui apparut , affublé de lunettes invraisemblables qui ne cessaient de changer de formes et de couleurs. Il se mit à le tancer vertement pour son incompétence. Raphaël en fut enfin délivré par la sonnerie du téléphone. Soulagé et heureux que ce ne fut qu’un cauchemar, il s’empressa de répondre :

-- Bonjour, Raphaël, c’est Noé ! Comment s’est passé ce voyage ? ….Mais tu dors ou quoi ?

-- Non, non, je me reposais un peu avant de commencer ma journée-- Ah bon, très bien. Alors, je te rappelle ta mission : 70 000 paires de lunettes, de 12 modèles différents, 7 couleurs et 3 tailles par modèle. Je suis tranquille, tu as toujours réussi tes missions et celle-là, même si elle est plus importante, est largement à ta portée. Hannah est une fine négociatrice, et tu peux avoir confiance en ses choix

--Ah merci, mais je voulais vous demander si …..allo ?

Mais son patron avait déjà raccroché. Ce coup de fil lui avait redonné de l’énergie, et l’avait remis en contact avec la réalité : sa mission, il allait la réussir, il en était sûr !

Il fut prêt en un rien de temps et se retrouva plongé dans la cohue des rues de HongKong. Son taxi le déposa à son lieu de rendez vous. C’était un restaurant à

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l’européenne, chic et discret. Il n’attendit pas longtemps. Hannah était ravissante, il fut très vite dérouté par son sourire et son regard. C’était un contact sélectionné par Noé, son patron, pour assurer le suivi de sa mission et l’envoi des montures vers l’Europe.

Elle maîtrisait parfaitement les sept étapes de la prise de décision.

-- Que veux-tu boire, Raphaël ?

-- Heu, un coca, non, un jus de…. Euh non, une bière plutôt ! Euh, je peux avoir la carte ? Raphaël y jeta un coup d’œil rapide mais il était trop préoccupé : comment allait-il choisir parmi tous ces fournisseurs ceux capables de fabriquer des montures de qualité et de respecter les délais ?

Il avait déjà sélectionné des modèles en France qui avaient beaucoup plu à la clientèle du groupe, mais dans cet environnement nouveau, il se sentait désarmé, hésitant et avait perdu toute confiance en lui.

Hannah le remarqua tout de suite, et se rendit compte que rien ne pourrait se décider avant le retour pour Paris de Raphaël, prévu dans la soirée. Elle essaya de le tranquilliser :

-- Sache que toutes les marques de montures sont fabriquées dans la région. Et ne t’inquiète pas, je veillerai sur chaque étape de la commande pour que notre cahier des charges et nos délais soient respectés.

Ouf ! Voilà qui lui ôtait toute angoisse et le rassura. Cela se vit sur son visage qui se détendit à ces mots. Hannah poursuivit :

-- J’ai l’impression que tu as du mal à prendre des décisions.

-- A quoi vois-tu cela?

-- A ton allure, ta façon de te tenir, de positionner tes bras, tes mains, à l’expression de ton visage, à tes questions….

Raphaël la coupa, soulagé et ravi par sa perspicacité. Elle avait tapé dans le mille !

-- Voilà, c’est tout à fait cela ! Je suis bien conscient que la prise de décision est une des clés qui me manquent pour devenir leader, mais je ne sais pas comment m’y prendre pour l’acquérir, je ne sais pas par où commencer. Par exemple, même dans un cas pareil : prendre un coca ou un Perrier ? Et il sourit honteusement de la banalité du problème et de l’embarras dans lequel il le mettait.

-- En fait, ton cœur te dit de prendre un coca et ta tête te conseille de prendre un

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Perrier ? Eh bien dans ce cas tu ne dois choisir ni l’un ni l’autre. Le serveur apporta un thé à Hannah et Raphaël, sans réfléchir davantage en commanda un à son tour.

1 L’ANALYSE DU PROBLEME

-- Si nous voulons passer nos commandes avant ce soir, commençons par exposer la première étape de la prise de décision, suggéra Hanna

-- C'est-à-dire ? demanda Raphaël.

Alors, tout en dégustant un thé délicieux dans ce charmant établissement, Hannah entreprit d’expliquer à Raphaël comment acquérir cette clé qu’elle-même possédait déjà et qui la rendait si efficace.

-- La première étape est « l’analyse du problème » ou plutôt trouver où se situe le vrai problème. . Dans ton cas par exemple, le problème n’est pas le choix des modèles mais bien ta capacité à prendre des décisions. Souvent une personne croit hésiter entre deux options, et se rend compte en identifiant le vrai problème que la décision à prendre se situe ailleurs.

-- C’est exact.

Hannah était une envoyée du ciel, c’était certain. Le hasard n’existe pas, « c’est le nom que prend D.ieu quand il veut passer incognito », lui avait dit Tiffereth, en se référant à Einstein. Il pensa à cet instant à sa fiancée et comprit qu’il ne fallait pas rater l’opportunité d’apprendre la première des sept clés

Hannah pour l’encourager, lui suggéra :

-- Nous sommes aujourd’hui dimanche, tous les magasins sont ouverts jusqu’à 23 heures 30. Si nous sommes efficaces, tu pourras même faire du shopping !

Mais Raphaël était déjà complètement absorbé par cet apprentissage dont il commençait à entrevoir l’importance :

-- Tu me disais donc qu’il faut commencer par l’analyse du problème. Alors comment puis-je savoir si je ne suis pas en train de faire fausse route ?

-- Avant toute décision, tu dois replacer le problème dans un contexte plus large, plus global. Pour cela tu dois d’abord t’interroger sur les véritables raisons qui t’amènent à devoir décider, sur la cause réelle.

Ensuite tu te demanderas ce qui se passerait si aucune décision n’était prise

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-- Voilà, par exemple je m’interroge sur le choix de ma future femme. Je connais ma fiancée depuis quelques temps déjà. Hier encore, j’étais sûr de la vouloir pour la vie, et aujourd’hui, je ne sais plus. J’ai très peur de me tromper. Et d’un autre côté si je ne me décide pas, je ferai peut être l’erreur de ma vie en la laissant échapper et en ne l’épousant pas.

-- Je te rappelle que tu dois tout d’abord te soucier des véritables raisons qui t’amènent à cette réflexion

-- En vérité, c’est elle qui refuse de m’épouser, parce qu’elle pense que je ne me connais pas et que, ne me connaissant pas, je ne peux pas savoir si elle est mon âme sœur : « tu n’as pas conscience de qui tu es » m’a-t-elle dit. Je crois qu’elle a raison : si je ne sais pas me décider, c’est parce que je n’ose pas me regarder en face, donc, je ne me connais pas ; dans ces conditions, je ne peux pas savoir exactement ce qui me correspond le mieux.

-- Tu vois, en analysant les symptômes, tu prends du recul sur la décision à prendre. As-tu vraiment envie de mieux te connaître ?

-- Oui je crois que vous avez raison toutes les deux. La vraie décision à prendre, pour ne pas me mentir, c’est de savoir si j’accepte de faire ce travail sur moi-même, d’apprendre ces sept clés et de les mettre en pratique ou si je préfère rester comme je suis et ne pas me prendre la tête avec toutes ces clés !

2 LA RAISON

-- Bravo, maintenant que tu as identifié la véritable décision à prendre, on peut passer à la deuxième étape de la prise de décision : la raison.

-- Qu’est ce que ça signifie ?

-- ce qu’on appelle la raison ici, c’est l’ensemble des phénomènes qui nous apprennent à utiliser notre tête, notre intelligence. Une tête froide va nous permettre de décider sans faire appel à notre intuition ou à nos sentiments.

-- Souvent, je prends la décision la plus facile à mettre en place.

-- C’est une grave erreur, la meilleure décision est rarement la solution de facilité. Pour prendre la bonne décision, il faut définir deux catégories de critères :

Les critères impératifs --ceux dont on ne saurait se passer--et les critères souhaitables --ceux dont on peut se passer--. Si par exemple, tu dois acheter un appartement. Tu peux définir comme critère impératif qu’il possède 3 pièces, et comme critère souhaitable, qu’il ait une véranda.

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-- Alors supposons que j’en trouve un, superbe, qui n’ait que 2 pièces mais une magnifique terrasse ? Que dois-je faire ?

-- C’est clair : ne le prends pas. On ne transige pas avec le critère impératif, parce qu’il définit les besoins réels et importants et non pas un simple désir qui lui, est éphémère. La pièce manquante ne se remplace pas par une terrasse, aussi belle soit-elle.

-- Mais comment comprendre véritablement ce que me dit ma raison ?

-- A ce stade, il faut récolter toutes les informations auprès d’experts qui vont t’aiguiller et t’apporter les éléments nécessaires pour décider.

La sonnerie du portable de Raphaël retentit.

-- Vas y ne te gêne pas je t’en prie, tu peux répondre.

-- Merci ! C’est mon meilleur ami, il est coach.

Hannah en profita pour décaler d’une heure les deux rendez vous de l’après midi.

Quand Raphaël raccrocha, il était particulièrement agité.

-- C’est incroyable ! Il m’a parlé d’un livre qui pourrait m’aider à y voir plus clair; il s’intitule : « une vie pleine de sens ». Tu en as entendu parler ?

-- Oui, bien sûr ! Ce livre te permet de poser ton échelle sur ton mur et pas sur celui de ton voisin. Généralement les hommes sont obnubilés par gravir les échelons, toujours aller plus haut, plus vite. Arrivés en haut de l’échelle parfois, ils se rendent compte qu’ils se sont trompés de mur. La chute est alors terrible et provoque des maladies, des divorces, des ruptures en tout genre.

Mais pourquoi dis-tu que c’est incroyable ?

-- Parce que ma fiancée m’en avait parlé depuis longtemps déjà et je n’y avais jamais prêté attention.

-- Souvent ce qui est le plus important pour nous est là, devant nous, nous crève les yeux et nous ne le voyons pas.

-- A propos, nous sommes en train de rater notre prochain rendez vous.

--Ne t’inquiète pas, nous nous préparons à le réussir, bien au contraire.

L’assurance et la sérénité de Hannah forçaient l’admiration de Raphaël. Il était très

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intrigué par tous ces « signes » qui se succédaient : l’appel de son ami, ce rendez vous dans ce quartier de Hongkong où justement des milliers de décisions se prennent à chaque instant, l’appel de son patron au moment précis où il fallait qu’il se réveille. Il était en train de comprendre que c’était une nécessité de découvrir le vrai Raphaël qui sommeillait en lui : ce travail introspectif devenait un « critère impératif ».

-- Comment continuer à avancer dans la vie si je ne me connais pas mieux ? Je risque de passer ma vie à errer sans but et sans goût. N’y a-t-il que ces sept clés pour toute planche de salut ? Il doit bien y avoir d’autres moyens de m’élever et d’optimiser mon potentiel !

-- Oui sûrement, mais pourquoi est-ce à moi que tu demandes cela ? Tu m’as dit que ton ami était coach, je pense qu’il doit en connaître des techniques pour bien réussir sa vie et sa carrière !

-- Oui, pour me guider peut être, mais pas pour définir de mes objectifs. Il m’a toujours dit que pour prendre une bonne décision il faut toujours être un nombre impair et que trois…..c’est déjà trop ! Je suis sûr que ce n’est pas un hasard si nous nous rencontrons tous les deux aujourd’hui. Si ce rendez-vous avait eu lieu une semaine plus tôt, nous n’aurions pas eu la même discussion, c’est certain.

-- Bon, je continue ! Alors, il faut faire attention. Pour écouter ce que te dit ta raison tu dois avoir une tête froide. C’est vrai qu’il existe plusieurs façons de travailler sur soi et de choisir le bon chemin. Mais l’apprentissage des sept clés va te permettre d’avoir pleinement confiance en toi. Tes doutes d’aujourd’hui seront complètement effacés quand tu auras acquis la maîtrise de ces clés. Bientôt, tu seras un homme nouveau qui pourra tout réussir.

-- Mais combien de personnes devrais-je rencontrer pour demander un avis ou des informations ?

-- Trois personnes sont nécessaires. Elles ne doivent avoir aucun lien entre elles et ne pas être directement concernées par ton problème. De plus, leur compétence, leur intégrité et la confiance que tu auras en elles sont des éléments déterminants pour les choisir.

Une dernière chose : aller au bout de sa pensée. C'est-à-dire se poser la question de savoir ce qui se passera si je prends cette décision. En un mot, mesurer ses conséquences, même lointaines. Le fait de se projeter ainsi permet d’évaluer si la situation future sera meilleure que celle d’aujourd’hui, tout en restant fidèle au sens de ton projet.

Raphaël prenait des notes pendant qu’Hannah lui donnait toutes ces précisions. Il en conclut que sa raison l’incitait à suivre en fin de compte les conseils de Tiffereth : s’initier aux sept clés.

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Même si cela ne se terminait pas par un mariage, il en sortirait beaucoup plus fort qu’il ne l’était aujourd’hui.

3 LE CŒUR

-- Bon, je crois que j’ai bien intégré l’étape « la raison ». Quelle est la troisième étape ?

-- Le cœur !

Là Raphaël ne comprenait plus où voulait en venir Hannah, il la regarda d’un air perplexe.

-- Eh bien oui, apprendre à écouter ton cœur. Tes décisions révèlent tes convictions. Ce que tu décides dans ta vie montre qui tu es. Il ne devrait pas y avoir de décalage entre ce que tu as réalisé et ce que tu aurais aimé faire. Tu es ce que tu décides.

Raphaël venait de prendre une gifle car ses décisions passées lui revinrent à l’esprit en un éclair. Quel décalage !

Après un long silence, Hannah lui demanda quelles étaient les meilleures décisions qu’il avait prises dans sa vie. Il répondit sans hésiter :

-- Ma séparation d’avec mon ex- amie, ma persévérance dans mes cours de piano et ma décision de rester « Au bon sens »..

-- Bien, maintenant, essaie d’analyser en quoi chacune de ces décisions révèle qui tu es.

-- Alors, pour les cours de piano, je crois que j’ai vraiment réussi à me dépasser ; parfois, j’étais épuisé, ou je n’avais pas du tout envie de voir madame Guevoura. Mais je me forçais dans tous les cas en luttant contre ma fatigue et contre mon « ras le bol ». Eh bien aujourd’hui, je me sens bien quand je joue, je me détends, j’oublie tous mes soucis et j’en fais profiter mes amis qui en sont ravis. Alors vraiment je pense que j’ai eu raison de persévérer malgré mes difficultés.

-- Très bien !

-- Pour « Au bon sens », mes premiers mois chez eux furent fabuleux. J’apprenais vraiment les ficelles du métier, sur l’optique, l’optométrie, les différents process de l’entreprise et j’étais très enthousiaste. Au bout de trois ans très enrichissants pour

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moi, j’ai eu l’impression d’en avoir fait le tour, d’autant qu’on m’avait proposé ailleurs un poste beaucoup mieux rémunéré. J’avoue avoir beaucoup hésité ; je me suis rendu compte que j’avais ici une grande possibilité d’évolution, et que j’étais loin d’avoir bénéficié de toutes les ressources que pouvaient m’apporter les hommes et les femmes de l’entreprise.

Eh bien aujourd’hui je suis très content d’y être resté, je gagne beaucoup plus que je n’aurais jamais espéré, et je vis mon travail comme une belle aventure ; il me passionne.

-- Et ton ex-fiancée ?

Dans la même période, ma relation avec Nathalie battait de l’aile. Elle était très amoureuse mais très négative et pessimiste, je sentais que je n’avançais pas avec elle, je n’avais aucune ambition. Du jour au lendemain et contre l’avis de mon entourage, j’ai mis fin à notre relation. Nous nous connaissions depuis 7 ans mais je ne l’ai jamais regretté.

-- Dis donc, ça n’a pas dû être une période facile à vivre !

-- Non ! Ce fut une épreuve très pénible mais j’ai vraiment l’impression d’en être sorti grandi. Quelques mois plus tard, je rencontrai Tifféreth

-- Quand on accède à un niveau plus élevé, on rencontre toujours des personnes à sa hauteur.

-- En fait, pour la première fois, j’avais aussi écouté mon cœur.

Hannah sentait qu’un changement profond s’opérait chez son nouvel ami. Elle voulait ralentir un peu, lui laisser le temps de digérer ce qu’il était en train de vivre.

Une douce odeur de vanille envahit le salon de thé.

-- On se sent bien, ici…

-- Eh bien nous y voilà ! Tu vois, notre cœur nous parle quand nous le sollicitons. Savoir l’écouter c’est sentir ou ressentir ce que nous disent nos sens. En fait tes sentiments et ton intuition sont l’expression de ton cœur.

Faire confiance à son intuition et à son état émotionnel permet de prendre la bonne décision. Si au contraire, tu te sens stressé ou angoissé au moment d’un choix, sois sûr que tu fais fausse route. Même s’il est normal et nécessaire de douter ou d’avoir peur avant la prise de décision.

-- J’aimerais tant que Tiffereth soit avec nous….

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-- Ce n’est pas encore le moment, tu as tellement de choses à apprendre encore.

L’heure du rendez-vous approchait et Hannah décida qu’ils s’y rendraient à pied.

-- C’est un peu plus long mais nous y arriverons en meilleure forme.

Elle connaissait HongKong et savait comment passer d’une tour à l’autre par des raccourcis. Ils sortirent de Soho, traversèrent quelques espaces verts le long des routes et soudain, le paysage s’élargit à l’infini devant leurs yeux. Ils s’arrêtèrent, là, contemplant la baie. Mais Raphaël était impatient de connaître la suite du programme : savoir quelle était la quatrième étape de la prise de décision.

4 PRENDRE DU RECUL

-- Contemple cette vue, porte ton regard le plus loin possible, prends de la hauteur, domine le paysage, essaie de t’en détacher et de le voir « de l’extérieur ».

Raphaël oublia soudain ce qu’il avait à faire. Il se sentit très calme, plus du tout stressé ou impatient. Les bateaux, le bleu du ciel se confondant avec celui de la mer, les tours à perte de vue, et surtout la présence d’Hannah, tout cela l’apaisait.

-- La quatrième partie de cette formation s’appelle : « prendre du recul ». C’est l’étape qui permet à notre cerveau de se ré oxygéner et de mettre à leur bonne place les éléments de notre réflexion. Ce moment est capital. Souvent les gens sautent cette étape et se dépêchent de prendre leur décision sans prendre le temps, le recul nécessaire pour optimiser leur choix. Et c’est dommage, cette précipitation est une grave erreur.

-- Comment fais-tu, toi, pour prendre du recul ?

-- Je dors. Toute une nuit, ou 20 minutes. Cela dépend de l’importance de la décision à prendre. Parfois encore je pars en vacances avec mon mari, ou bien je vais courir dans le parc Menouha.

-- Moi, je m’assois au piano, ou bien je prends un bouquin au hasard. Je me souviens que juste avant de me séparer de Nathalie, je suis allé seul à Etretat. Je me suis promené sur la falaise avant de m’installer dans la chambre orientale de l’hôtel « le donjon ». Le lendemain matin en me réveillant face à cette mer inondée de soleil, je n’avais plus aucun doute sur le bien fondé de mon choix.

Ils étaient arrivés à la tour de la société Yin Yang.

Monsieur Yang en personne vint les accueillir.

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-- Installons-nous dans mon bureau nous serons plus à l’aise

Ce fut très chaleureux, les assistantes de Mr Yang présentèrent leurs nouveaux modèles de montures. Hannah en sélectionna quelques unes, demanda dans quelles couleurs il leur serait possible de les réaliser. Raphaël sortit les lunettes de son cartable et demanda s’il était possible d’y apporter les modifications qui correspondraient davantage au goût des européens. Leurs demandes étaient claires et précises et le dirigeant chinois y répondait avec compétence. Raphaël fut surpris par la diligence des personnes fort nombreuses qui s’occupaient d’eux. Chacune avait un rôle précis : une personne pour servir le thé, une autre pour présenter les modèles, une troisième pour prendre note de la commande, une quatrième qui assistait le directeur. D’autres attendaient dans le couloir, prêtes à intervenir à tout moment.

-- Puis-je vous inviter demain soir au restaurant, je serai ravi de vous faire goûter les spécialités de la région, proposa Monsieur Yang.

-- C’est très aimable à vous, mais je repars ce soir.

Hannah fit un signe à Raphaël qu’il ne comprit pas.

-- Passons au salon, c’est l’heure du thé. Tous les modèles furent transportés au dernier étage de la tour. Raphaël fut ébloui par le paysage grandiose qui s’offrait à leurs yeux, du haut de la terrasse panoramique.

Mitsu Yang décrivit les différents quartiers et monuments de cette baie de Hongkong. Raphaël admirait cette ville et savourait ce moment au point d’en oublier sa mission.

Mais Hannah regarda sa montre et demanda le tarif des différents modèles. Monsieur Yang chargea son assistante d’aller le chercher. Plus d’une demi-heure s’écoula avant son retour. Elle remit les tarifs à son patron avec une feuille de papier pliée en deux.

Les prix et les modèles correspondaient à leur attente. Raphaël était ravi, il ne lui restait plus qu’à s’assurer des délais de livraison.

-- Ils seront livrés chez vous trois mois après la validation des prototypes et de votre règlement.

Hannah se leva brusquement et remercia chacune des personnes présentes pour son accueil.

-- Nous restons en contact et je ne manquerai pas de vous tenir informé de notre décision.

Raphaël se retrouva dehors avec Hannah sans avoir compris ce qui se passait.

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5 DECIDER

-- Je ne comprends plus rien. Quelque chose a dû m’échapper ou il doit exister des codes dans ce pays que je ne saisis pas. Enfin quoi ? Les modèles étaient parfaits, pas chers, le choix des couleurs était important, on aurait pu tout commander chez eux !!! En plus, ils étaient souriants et sympathiques. Pourquoi es-tu partie si vite ?

-- Tu es opticien, tu dois voir au-delà des faits.

-- Sois plus claire.

-- Tu n’as pas remarqué que dès que tu leur as dit que tu partais ce soir ils ont pris leur temps pour tout ?

-- C’est vrai, mais puisqu’on avait trouvé ce qui nous convenait on avait le temps de tout commander chez eux !

-- Non, tu n’y es pas. Tu connais la valeur « recevoir pour donner » ? Je sais que tu la connais parce que, sinon, tu ne serais pas resté plus d’un mois « Au bon sens »

-- Evidemment, c’est une valeur qui est en moi. Et plus je m’améliore, plus j’aime recevoir dans le but de donner. Plus je reçois plus je donne.

-- Très bien ! As-tu remarqué ce qu’il y avait écrit sur le papier plié ?

-- non.

-- as-tu remarqué combien elle a mis de temps pour rapporter les tarifs ?

-- pas exactement mais cela m’a semblé très long effectivement.

-- Eh bien elle est allée vérifier les horaires d’air France de ce soir pour Paris. Elle avait remarqué l’étiquette de la compagnie quand tu as ouvert ton cartable. Sachant que tu rentrais ce soir et que tu ne pouvais pas rentrer bredouille, plus Monsieur Yang passait de temps avec nous, plus il se donnait de chances qu’on commande chez lui. Voilà pourquoi il ralentissait. Il voulait conclure une transaction « gagnant-perdant » et non « gagnant-gagnant »

Raphaël comprit que les deux entreprises ne partageaient pas les mêmes valeurs et que Monsieur Yang préférait donner pour recevoir. Il comprit également que l’invitation au restaurant était stratégique.

-- Ne perdons pas de temps, il nous reste encore deux rendez vous.

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La société Ybané Amik Dach accueillit nos deux collaborateurs. Les prix étaient encore plus intéressants et 40 000 pièces furent commandées en un temps record.

-- Je crois que je sais décider désormais. Tu as vu en combien de temps j’ai tranché ?

-- Bravo Raphaël, tu avances. Mais maintenant tu dois savoir autre chose : 90% des décisions prises par le commun des mortels ne sont jamais mises en application.

-- Ah ? Et pourquoi cela ?

-- D’abord parce que la bonne décision doit être prise ET par la raison ET par le cœur. Et surtout parce qu’on oublie bien souvent les « critères impératifs »

Raphaël sourit :

-- Je me souviens en effet qu’il était impératif qu’il y ait un jardin pour mon chien lors de l’achat de mon dernier appartement. Et malheureusement je suis tombé amoureux de mon logement actuel mais je l’ai choisi en négligeant ce critère. Je le paye encore aujourd’hui tous les jours.

-- Tu as donné ton chien ?

-- Non, mais chaque soir et chaque matin je dois le sortir. Désormais, je ne déciderai plus jamais rien sans respecter mes critères impératifs.

6 LES SAPEURS

-- Voilà ! A chaque fois qu’on néglige un critère impératif, c’est un peu comme si on prenait une « demi décision » ou si tu préfères, une mauvaise décision. Mais ce n’est pas seulement pour cela que les décisions ne sont pas appliquées.

-- Ah je sens que tu vas me livrer maintenant la sixième et avant-dernière partie de cette clé.

-- Exact. C’est à cause des « sapeurs » que les décisions ne sont pas mises en œuvre.

-- Mais qui sont-ils, ces sapeurs ?

-- Ils se répartissent en 3 catégories :

Le premier sapeur, et non le moindre qui va empêcher la mise en application de ta décision, c’est toi-même. Nous sommes la personne qui nous sabotons le plus. Notre pire ennemi n’est autre que nous-mêmes. Ce sont nos peurs, nos doutes et notre

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manque de confiance en nous qui nous empêchent de nous réaliser pleinement. Ce sont des plaies grandissantes dans le monde occidental. L’école remplit souvent le cerveau de l’enfant de trop de choses futiles et parfaitement inutilisables au lieu de consolider la confiance intérieure de chacun. L’éducation traditionnelle ne fait que confirmer ces doutes et cette peur du monde environnant. Ainsi, chacun ne croit pas mériter la décision qu’il vient de prendre et se résout en fin de compte à ne rien faire. Ce qui est la pire des décisions.

Tandis que Hannah parlait, Raphaël se remémorait le nombre de décisions essentielles de sa vie qui étaient restées en suspens par simple manque de courage :

-- Oui je comprends tout à fait ce que tu dis !

-- les deuxièmes sapeurs sont les gens qui t’entourent, ton entourage proche : tes parents, ton meilleur ami, ton frère. Plus tu en es proche, plus ils t’influenceront et moins tu auras de chances de te réaliser.

-- Mais pourtant ce sont les personnes qui nous aiment le plus et qui sont censées nous donner les conseils les plus désintéressés, non ?

-- Oui et non. Je t’explique : les vraies décisions impliquent le plus souvent un changement dans notre vie, dans notre personnalité. Et il est évident que les personnes de notre entourage proche n’ont pas tous envie de nous voir changer.

-- Changer c’est évoluer, avancer !

-- Justement, cette évolution les perturbe. Les gens aiment bien la constance, ils aiment savoir où ils en sont, garder leurs repères. Très peu de personnes évoluent vraiment dans leur vie et développent leur vrai potentiel.

Raphaël commençait à se sentir un peu découragé et perdu. C’en était trop pour lui. Si on ne pouvait se fier aux conseils de ses proches, alors !.....

La jolie mélodie du portable de Hannah sortit Raphaël de ses réflexions …..

-- Oui ? Monsieur Mitsu Yang ? Je vous écoute !....Elle regarda Raphaël, un sourire vainqueur aux lèvres et activa aussitôt le haut parleur de son téléphone.Raphaël reconnut la voix de Monsieur Yang :

-- Voilà, je vous propose de conclure notre affaire pour la moitié du prix que je vous ai indiqué tout à l’heure. Je réalise les six modèles que vous avez sélectionnés dans les 5 couleurs et les 3 tailles de votre choix : 500 de chaque, soit 30 000 paires livrées dans 3 mois.

Raphaël n’en croyait pas ses oreilles. Hannah avait donc utilisé cette vieille technique

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de négociation qui consiste à s’éclipser rapidement sans rien conclure, pour que le vendeur vous rattrape et vous lâche son meilleur prix.

-- Je vous rappelle, Monsieur Yang. Je consulte mon collaborateur.

-- Alors ? Que décides-tu Raphaël ?

-- Il ne nous reste que 3 heures et il nous propose exactement ce dont nous avons besoin et aux conditions les meilleures. Pourtant, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que nous ne devons pas traiter avec cette société.

-- Que penses-tu de Monsieur Yang ?

-- C’est un sapeur de décision !!

Les rapides progrès de Raphaël et sa capacité d’apprentissage impressionnaient Hannah. Elle en était fière et voyait en lui un futur grand décisionnaire.

-- Tu m’as parlé d’une troisième catégorie de sapeurs. Qui sont-ils ?

-- Les sapeurs externes

-- Qui sont ces gens-là?

-- C’est tout ce qu’on ne maîtrise pas et qui risque de nous empêcher de mettre en application notre décision. Des éléments souvent tout à fait inattendus et imprévisibles : des intempéries, une grève, une nouvelle information qui vient fausser complètement le problème. Comme par exemple l’intervention de Yang, quand il nous a rappelés après coup.

-- Alors comment faire dans ces cas là ? On recommence tout depuis le début ? On repasse par toutes les étapes ?

-- Surtout pas !! Quand on a décidé quelque chose, on doit s’y tenir QUOIQU’IL ARRIVE. Sinon, on risque de ne jamais rien réaliser dans sa vie et de la vivre en spectateur et non en acteur. Et meilleure sera ta décision, mieux tu construiras ta vie.

-- Donc, lorsque je décide, je dois anticiper l’intervention des différents sapeurs ?

-- Voilà ! Et avec l’expérience tu vas apprendre à les identifier rapidement et efficacement.

Raphaël sentit qu’il allait désormais gagner beaucoup de temps dans sa vie en éliminant tous ces obstacles qui l’empêchaient jusque là de prendre les bonnes décisions. Et surtout de les mettre en œuvre.

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-- Je commence à avoir un petit creux. Si on mangeait ? Nous allons fixer le lieu de notre dernier rendez-vous au restaurant de notre hôtel nous serons plus tranquilles pour choisir les montures et mener à bien la négociation. C’est toujours mieux de recevoir à domicile.

Le dîner-rendez-vous dura deux heures, toutes les commandes furent passées et la complicité entre Raphaël et Hannah continua à se renforcer. Les représentants de la société Ybané Amik Dach étaient repartis avec en poche le contrat dont Raphaël avait soigneusement gardé un double. Il lui restait une demi-heure pour boucler ses bagages, régler sa note, et filer à l’aéroport.

7 METTRE EN APPLICATION SA DECISION

Avec un grand sourire satisfait et complice Hannah lui annonça :

-- Voilà ! Sans crier gare, nous venons d’effectuer la moitié de notre septième et dernière étape.

-- Ah bon ? et quelle est-elle ?

-- Intitulons-la : « mettre en application sa décision ». Pour réaliser sa décision, il faut effectuer deux dernières opérations : d’une part, communiquer sa décision aux personnes concernées et d’autre part, agir concrètement et y travailler sérieusement.

-- Mais pourquoi communiquer notre décision ?

-- Par intégrité. Dire ce que tu vas faire et faire ce que tu as dit. C’est primordial. Avec le temps si tu prends l’habitude de procéder de cette façon, ton entourage ne sera jamais surpris et aura de plus en plus confiance en ce que tu lui diras. La parole est essentielle. Elle est créatrice mais elle peut aussi bien détruire. L’idéal pour annoncer une décision et être sûr qu’elle soit bien reçue est de l’expliquer et de l’argumenter. Cette étape est nécessaire et te permet de mieux définir ton plan d’action.

-- Tu as dit aussi travailler sérieusement ? Qu’entends-tu par là ?

-- Faire des efforts, toujours et sans arrêt, faire ton maximum. Il n’y a que dans le dictionnaire que le succès arrive avant le travail, pas dans la vraie vie.

Elle lui sourit, heureuse de cette collaboration fructueuse et de la rapidité avec laquelle Raphaël intégrait toutes les données dont elle l’avait « inondé ».

-- Je t’emmène à l’aéroport !

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Il lui rendit son sourire :

-- Excellente décision !!

Dans le taxi qui le ramenait, Raphaël remercia encore Hannah pour ce merveilleux dimanche plein d’enseignement. Elle pouvait être sûre qu’il ne l’oublierait pas et qu’il mettrait dès lors en application tout ce qu’il avait appris aujourd’hui ; qu’il serait impatient de l’accueillir lors de son prochain voyage en France.

-- Oh ce n’est pas pour tout de suite ! Je dois surveiller la fabrication des montures et leur conformité à notre commande.

-- Je suis sûr que nos clients seront pleinement satisfaits.

Hannah reconnut l’AMP l’attitude mentale positive, l’une des trois valeurs « Au bon sens ».

-- Tu peux maintenant transmettre à ton entourage les sept étapes de la prise de décision. Tu aideras ainsi les autres à révéler le meilleur d’eux-mêmes.

Raphaël était arrivé. Hannah l’embrassa chaleureusement et le félicita pour la réussite de sa mission.

Le taxi emmena Hannah. Elle appela Monsieur Yang pour lui annoncer qu’ils ne passeraient pas commande chez lui et elle s’endormit aussitôt dans le taxi, épuisée par sa journée.

Il était 23 heures quand Raphaël s’envola vers Paris. Il avait pris soin d’envoyer un SMS à Noé pour l’informer du résultat des opérations. Il écrivit juste : « mission accomplie ». Quand il fut confortablement installé dans l’avion, il nota sur le bloc note de son agenda électronique :

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Première clé : La prise de décision

1. . analyse du problème2. . la raison3. . le cœur4. . prendre du recul5. . décider6. . les sapeurs7. . mise en application

Il savait que la simple relecture de cette liste lui rappellerait immédiatement la meilleure façon de prendre rapidement de bonnes décisions. Sa fatigue prit alors le dessus et le sommeil le gagna aussitôt.