les 10 lois cosmiques - placide gaboury

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  • Placide Gaboury

    Les 10 Lois Cosmiques

    2me dition

    Les ditions Quebecor

  • Catalogage avant publication de Bibliothque et Ar-chives Canada Gaboury, Placide Les 10 lois cosmiques 2me dition (Collection Spiritualit) ISBN 978-2-7640-1235-2 2007, Les ditions Quebecor, une division du Groupe Librex inc. 7, chemin Btes Montral (Qubec) Canada H2V 4V7

    Tous droits rservs

    Dpt lgal : 2007 Bibliothque et Archives nationales du Qubec

    Pour en savoir davantage sur nos publications, visitez notre site : www.quebecoreditions.com

    diteur : Jacques Simard Conception de la couverture : Bernard Langlois Illustration de la couverture : GettyImages Infographie : Claude Bergeron

    Imprim au Canada

  • Sommaire

    INTRODUCTION ...................................................................................................... 5

    PREMIRE PARTIE :

    LES LOIS DU MONDE VISIBLE

    PREMIRE LOI : TOUT EST RELI .....................................................................................................9

    DEUXIME LOI : LA DUALIT EST PARTOUT ............................................................................... 31

    TROISIME LOI : TOUT EST EN MOUVEMENT .............................................................................. 38

    QUATRIME LOI : TOUT EST IMPERMANENT ........................................................................... 43

    CINQUIME LOI : TOUT EST COHRENT ......................................................................................... 47

    DEUXIME PARTIE :

    LES LOIS DU MONDE INVISIBLE

    SIXIME LOI : TOUT EST RELI PAR LAMOUR....................................................................... 59

    SEPTIME LOI : LA CROISSANCE EST CONTINUE ..................................................................... 69

    HUITIME LOI : TOUTE CHOSE FINIT PAR DISPARATRE ........................................................ 80

    NEUVIME LOI : CHACUN EST RESPONSABLE ............................................................................ 87

    DIXIME LOI : LE BONHEUR EST IRRSISTIBLE .................................................................... 100

  • INTRODUCTION

    Tout le cosmos forme une seule substance dont nous faisons partie. Dieu nest pas une manifestation lextrieur, il est tout ce qui existe.

    Baruch Spinoza, XVIIe sicle

    Une loi est habituellement perue comme un principe de base qui fonde et maintient une institution quelconque. Ainsi, les lois civiles garantissent aux citoyens un cadre protgeant leurs droits et dterminant leurs devoirs et interdits. Toutefois, les lois cosmiques se situent un tout autre niveau : elles ne sont pas de fabrication humaine et ne sont donc pas sujettes nos modes et croyances. Elles expriment plutt la nature de lunivers physique, comme le font par exemple la gravitation, le magntisme et la croissance dune plante. Il sagit de principes invisibles, mais que lon peut dtecter travers des faits visibles. En somme, ces lois traduisent ce quil y a de constant dans la nature des choses, indpendamment de notre volont humaine. Cela inclut, bien sr, la nature de lHomme, puisquelle fait par-tie de lunivers et lui ressemble bien des points de vue.

    Plusieurs livres ont propos un ensemble de lois cosmiques. Mais ils abordaient la question sous forme de conseils, de con-duites tenir, dobligations morales assumer, telles que : Il faut possder la simplicit dun enfant, avoir la joie de vivre, comprendre le sexe oppos, savoir pardonner, etc. Ce sont donc des recettes pour bien vivre en socit, pour russir sa vie sur le plan professionnel, psychologique ou spirituel. Mais on ny prsente pas de lois proprement dites, cest--dire, des prin-cipes impratifs qui ne dpendent pas de notre volont ou de notre dcision, tant enracins dans la nature mme des choses.

    Les dix lois que je propose dexposer se divisent en deux groupes : les cinq premires concernent la nature de lunivers physique ou le monde visible tel qutudi par la science. Ce sont les suivantes :

    1. Tout est reli.

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  • 2. La dualit est partout.3. Tout est en mouvement.4. Tout est impermanent .5. Tout est cohrent.Les cinq autres fondent la nature du monde humain, qui est

    rgi par des valeurs et des nergies surtout intrieures. Il sagit de ce qui est constant travers les traditions et les races :

    6. Tout est reli par lamour.7. La croissance est continue.8. Toute chose finit par disparatre.9. Chacun est responsable.10. Le bonheur est irrsistible.Ces lois humaines sont pour une bonne part le reflet des lois

    du monde physique. Ce qui les distingue, ce sont les lments cls tels que lamour, la responsabilit et la qute du bonheur.

    Les donnes scientifiques que jutilise ici sont empruntes diverses sources : Encyclopdie mmo Larousse, les revues Sciences et Avenir et Science & Vie, les ouvrages de David Suzu-ki, Lyall Watson, Ken Wilber, Christopher Bird et Peter Tom-kins, Jean Charon, Elia Wise et finalement les propos de Hubert Reeves. Le lecteur reconnatra probablement une bonne partie des connaissances ici exposes. Mais ce quil ne peut connatre et qui fait lintrt de ce livre, cest la perspective de lensemble : ni Internet ni les encyclopdies ne peuvent fournir une vision semblable, pas plus quun dictionnaire ne peut inspirer au pote son uvre. Toute cration ici est dans la perspective.

    Mon intention a donc t de relier le monde physique et ma-triel au monde spirituel de lHomme et inversement. Cela a t effectu en montrant la fois la continuit de lun lautre et le fait que tout se tient en nous, entre les vivants et entre ceux-ci et les corps clestes. Il en ressort une vision compltement nou-velle de nos rapports avec lunivers et les vivants, ainsi que des lois qui rgissent notre nature humaine qui ne sont pas spa-rables de celles du monde physique. Aussi, ai-je donn plus de

    6

  • place la premire loi Tout est reli , tant donn quelle contient les neuf autres.

    En vue daider la mmoire retenir les points essentiels, chaque chapitre sachve sur une rcapitulation.

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  • PREMIRE PARTIE :

    LES LOIS DU MONDE VISIBLE

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  • PREMIRE LOI : TOUT EST RELI

    Lunivers entier vibre lunisson avec une clart cristalline.

    Costa de Beauregard, physicien, XXe s.

    Lunivers est un tissu de liens, dinterconnexions, dinterdpendances, tenus ensemble par deux nergies princi-pales : la gravitation (Newton, XVIIe sicle) et llectromagntisme (Maxwell, XIXe s.) 1.Voil, pour ainsi dire, les deux colonnes invisibles comme le sont toutes les lois phy-siques qui soutiennent le monde visible. Et, mesure que procdera notre inventaire, nous verrons que cette connexion universelle nous touche de trs prs, puisquelle inclut lHomme et son monde. Cest justement pour cette raison que je com-mence par dresser en toile de fond lunivers matriel, car il est essentiel que nous sachions do vient notre corps, pour mieux comprendre notre place et notre rle dans lensemble.

    1. Gravitation/lectromagntismeCes deux principes de cohsion remplissent lespace en

    mme temps quils le stimulent. Tout dabord, par la gravita-tion, les corps les plus lourds les toiles attirent les plus l-gers. Cest cette force qui maintient les plantes en orbite autour dune toile ou dune plante majeure. Voil pourquoi nous sommes maintenus en place par lattraction terrestre, de mme que nous tombons lorsque nous perdons lquilibre. De leur c-t, lectricit et magntisme, en sunissant, maintiennent les lectrons autour du noyau de latome, ce qui nest pas un dtail ngligeable, puisque ce sont l les bases lmentaires de toute matire. Ainsi, gravitation et lectromagntisme agissent en pa-rallle : comme le deuxime tient les lectrons en orbite autour du noyau, la premire garde les plantes en mouvement autour du Soleil. En fait, ce sont ces deux forces qui assurent la fois la stabilit de la matire et le mouvement perptuel des formes quelle revt.

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  • Cependant, il est bon de se rappeler quon ne voit jamais ces lois, seulement ce qui les montre du doigt, par exemple la chute dune fourchette au plancher (pour la gravitation), la tl, lampoule lectrique, laimant et les clairs (pour llectromagntisme). Or, cest dans une profondeur invisible de plus en plus mystrieuse que nous plonge la matire. Ce qui fai-sait dire au grand physicien, Louis de Broglie : La physique, science de la matire par excellence, aboutit dmatrialiser la matire, pour nous faire entrevoir un monde dondes et de pure lumire.

    La matire nest donc pas cette masse inerte qui nous appa-rat sous la forme dune pierre, dun morceau de terre ou de fer. Cest l une illusion due la faiblesse de nos sens, en particulier de nos yeux et, par consquent, de notre comprhension. En fait, la matire vient de la lumire les toiles dont elle tire constamment son nergie. La lumire est son ct cach, sa force secrte. Ainsi, la matire est une danse folle dnergie, o les lectrons tournent sans cesse autour dun noyau dont ils sont spars par un champ vide.

    2. La nature de la lumireCest en effet au XVIIe sicle quIsaac Newton, qui voyait la

    lumire comme une srie de grains discontinus, dcouvre son aspect ondulatoire. Trois sicles plus tard, Albert Einstein, esp-rant rduire lespace un continu ondulatoire, dcouvre que la lumire est galement granulaire. Ces dcouvertes couvrant trois sicles ont permis la physique quantique de dcrire ainsi la lumire : des particules (photons) pilotes par des ondes (lectromagntisme). Je dis bien dcrire , car la science ne connat pas la nature exacte de la lumire, mais seulement ses effets, son comportement et ses manifestations.

    Lunivers serait donc une rencontre de deux substances con-tradictoires : lnergie (les ondes) et la matire (les particules subatomiques). En somme, la matire, incluant les corps vi-vants, serait compose dlectricit, de magntisme et de lu-mire, qui voyagent tous la mme vitesse, puisque la science a dcouvert que la lumire tait en ralit de llectromagntisme.

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  • Trois choses insparables, quoique distinctes, et aussi myst-rieuses quinsaisissables.

    Donc, puisque lectromagntisme gale lumire, on peut af-firmer que lnergie fondamentale de lunivers, cest de la lu-mire ! Lunivers entier serait un ocan de lumire, un champ dont les vibrations sont en communication quasi instantane et, bien sr, continuelle. Cela est confirm par le fait que toute at-traction entre deux corps est due un change datomes de lu-mire des photons. Or, comme tout corps cleste est la fois aimant et lumire, cest la lumire qui, par consquent, tient en-semble le monde tout comme laimant sa couronne de li-maille.

    3. La mmoire du monde La conscience existe dans toute

    matire.

    David Bohm, physicien XXe s.

    Or, ce monde vibratoire nest ni inerte ni inintelligent : il v-hicule des informations qui mettent en relation toute matire et tout corps vivant. Il sagit dinformations vhicules sous plu-sieurs formes son et image (par les ondes hertziennes de la radio et de la tl), lumire et chaleur (par le soleil), et gale-ment ide et motion (par les vivants entre eux). Et, du fait que les ondes magntiques/lumineuses sont porteuses dinformations, elles constituent en ralit la mmoire du monde : tout y est imprgn, enregistr, archiv 2.

    Lespace regorge dinformation, comme nous le montre La nouvelle frontire de linvisible 3. Cette informa-tion se rpand partout dans un frmissement incessant.

    Elle entoure et imbibe les choses, les tres et les vne-ments, qui y baignent comme dans leur milieu naturel, tout comme la Terre dans son champ magntique, le So-leil dans son rayonnement et la Lune dans sa lueur lai-teuse. On sait aussi que lHomme est entour dune aire de vibrations (appele Champ de vie par deux savants de Yale, Burr et Ravitz), tout comme les recherches rcentes du Dr Melvin Morse ( La divine connexion ) lui font

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  • dire que ce nest pas lme qui est dans un corps, mais plutt le corps qui baigne dans lme et que celle-ci, comme un moule, le prcde, lui donne sa forme et lui survit. Paralllement, le grand neurologue, Wilder Pen-field, avait dcouvert que chez lHomme, la conscience ntait pas situe dans un point quelconque du cerveau, mais quelle embrassait celui-ci comme une couche dnergie.

    Ces dcouvertes ont pouss deux autres savants, Karl Pribram et Rupert Sheldrake, poursuivre leurs propres recherches, en prenant comme modle lhologramme. Dans ce procd photographique au laser, si lon re-tranche plusieurs fois un morceau de la plaque impri-me, chaque fragment contiendra la totalit de limage, bien que chaque fois plus faible. Cela confirmait deux conclusions de la physique quantique :

    Chaque partie contient le tout.

    Tout est partout la fois.

    Pribram a appliqu ces donnes au cerveau, luf dun insecte et un aimant cest--dire lhumain, lanimal et la matire inerte. Par exemple, un cerveau dont 80 % du cortex a t enlev conserve pourtant toute sa mmoire, indiquant que celle-ci est en effet indpen-dante de la matire. La prsence de la mmoire ind-pendamment du cerveau expliquerait pourquoi nous pouvons reconnatre un objet -disons, un visage connu malgr la distance, les annes passes, le changement dclairage et le grand nombre dobjets semblables, soit une foule.

    Ensuite, le savant a coup en deux luf dune libellule pour dcouvrir que chaque moiti reproduisait ensuite non pas une moiti de libellule, mais un insecte complet, quoique de moindre taille. Puis, en sciant en deux mor-ceaux un aimant, ce ne sont pas deux demi-champs de limaille qui les ont entours, mais deux champs com-plets, quoique rduits. Dans tous ces cas, il se passait la

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  • mme chose que dans un hologramme dont un morceau reproduisait la totalit.

    Enfin, le savant britannique, Rupert Sheldrake, poussa plus loin les expriences. Ayant russi, aprs des se-maines de patience, faire apprendre des rats les d-dales dun labyrinthe menant finalement vers de la nourriture, il prit ensuite un second groupe (de la mme race et de la mme famille) qui navait pas t en contact avec les premiers rats et qui, par consquent, navait pu apprendre de ceux-ci aucun truc pour sen tirer. Or, ces rats, qui navaient reu aucun apprentissage, ont trouv spontanment et dun seul coup la nourriture au bout du labyrinthe. La connaissance ne semblait pas tre transmise par les gnes ou par limitation, mais devait exister en dehors du cerveau, comme si ctaient les vi-brations du premier groupe de rats qui vhiculaient linformation capte par le deuxime.

    Ces recherches prises ensemble confirmaient le fait que lunivers en tant que champ dinformation tait sem-blable un hologramme. Et lintuition de la physique quantique tait donc justifie. En effet, chaque partie contient le tout, ou ce qui est la mme chose, tout est par-tout la fois. 4

    4. Les corps clestesMme si les lois qui tiennent ensemble lunivers sont invi-

    sibles, la dimension matrielle du monde est en partie percep-tible grce des instruments sophistiqus.

    Les galaxies 5 Nous savons maintenant que les quelque 200 milliards de

    galaxies du cosmos sattirent, fusionnent, tout en sloignant les unes des autres. Ce sont ces masses dtoiles trs denses qui at-tirent les autres corps clestes, la gravitation sexerant par les corps lourds sur les corps petits et lgers.

    Bien que la science ne connaisse pas encore le nombre exact des toiles certains disent quil dpasse celui des grains de sable sur les grves du monde , on croit savoir quil existe au-

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  • tant dtoiles dans une galaxie quil y aurait de galaxies dans lunivers.

    Ces amas dtoiles atteignent un diamtre de quelque 100 000 annes-lumire, par exemple le ntre, appel Voie lac-te, mais ils peuvent stendre encore bien davantage 6.

    Ainsi, notre voisine, Andromde, serait 2 millions et demi dannes-lumire, ce qui signifie que la lumire quon en reoit tait celle dil y a 2 millions et demi dannes ! On ne sait donc pas si elle existe encore. Mme lautre extrmit de notre propre galaxie nous sommes situs presque sa priphrie nous envoie une lumire qui existait il y a 100 000 ans, donc, elle aussi pourrait avoir cess dexister Cela concerne mme notre propre soleil : comme il est huit minutes de nous, en voya-geant la vitesse de la lumire, le couchant que nous aperce-vons lhorizon ce soir a dj eu lieu huit minutes auparavant. Finalement, rappelons-nous quil faut six heures la lumire du soleil pour simplement atteindre lextrmit du systme solaire (un groupe infime de corps clestes une des extrmits de la Voie lacte) et quil lui faut 240 millions dannes poux faire le toux complet de cette galaxie, ce disque en forme de spirale tou-jours en mouvement 7.

    Mme les plus puissants tlescopes natteignent quun pour cent des toiles. Cest dire que nous sommes envelopps dun espace dfiant limagination, dun espace la fois lumineux et mystrieux qui tient en suspens notre esprit autant que nos corps. Et pourtant, tout constitue un ensemble intgr et trs serr, comme les fils de cette nappe sur laquelle jcris en ce moment.

    Lorigine du monde cause de ces distances extrmes qui nont gure de sens

    pour nos cerveaux, tout ce que lon dit sur lorigine dun tel monde demeure ltat dhypothse. Il ny a aucune preuve , nous rappelle lastrophysicien Hubert Reeves dans Conteur dtoiles de lOffice national du film. Du reste, le big bang nest pas, comme on le croit, une explosion ni la cration du monde, mais simplement lapparition de lespace-temps qui forme la base de toute connaissance et de toute vie humaine. En effet,

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  • personne ne peut savoir CE qui a dclench le monde ou POURQUOI cela a eu lieu. Ce mystre nest pas pour nous un objet de connaissance, seulement de spculation.

    Pour ajouter notre confusion, Reeves nous apprend quen 1998, les astrophysiciens ont dcouvert une nergie obscure et inconnue qui brouille toutes nos prvisions, cause de quoi elles ne valent gure mieux que celles des astrologues 8 .

    Le Soleil Comme toute autre toile, le Soleil est un racteur nuclaire

    en explosion permanente. Cette masse de matire incandes-cente est plus dun million de fois la taille de la Terre ; aussi, son attraction est-elle la mesure de sa masse. Pas surprenant alors que, chaque seconde, le Soleil projette dans lespace des milliers de tonnes dnergie lectrique mergeant du noyau o la cha-leur est 13 millions de degrs Celsius, qui giflent au passage toutes les plantes du systme. Cest ce qui sappelle le vent solaire . Et lorsque le phnomne est particulirement violent, il peut troubler, mme paralyser le fonctionnement des sys-tmes lectroniques et produire une flambe daurores borales trs spectaculaires.

    Le Soleil est une toile qui attire vers elle un certain nombre de plantes, tout en les maintenant en place sur leurs orbites. Comme on le sait dexprience, il affecte par sa chaleur et sa lu-mire les vivants, les rcoltes, les sols, et met en branle le cycle de leau et celui de la lumire (la photosynthse). Il nest donc pas tonnant que les grandes religions telles que lgyptienne et les amrindiennes aient peru le Soleil comme un vivant, mme comme le vivant par excellence, cest--dire lclaireur, le pour-voyeur, le protecteur et le matre universel, puisquil crait le jour et la nuit, rjouissait les curs et les esprits, et entretenait la vie de tous les corps.

    Les points forts de lactivit magntique du Soleil sappellent taches solaires . Elles se manifestent tous les onze ans envi-ron et ont un effet direct sur la Terre et ses habitants : elles mo-difient le srum sanguin, affectent les sujets souffrant de thrombose, de tuberculose et dinfarctus, influencent lpaisseur

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  • des cercles annuels darbres, la quantit des icebergs et agissent mme sur les annes de grands crus des vins de Bourgogne !

    La Lune Ce satellite de la Terre agit sur celle-ci non par sa lumire,

    mais par son attraction. Si la Terre lattire, la Lime, de son ct, tire sur le manteau de la Terre, travers les mares hautes. Celles-ci varient selon les lieux : dans la baie de Fundy, elles at-teignent 15 mtres, alors quelles ne font que quelques centi-mtres Tahiti. La Lime peut galement dtourner le vent so-laire de faon pargner la Terre, troubler le champ magn-tique de celle-ci, qui, son tour, affectera le champ vital des vi-vants. De plus, tout le monde sait qu la pleine lune, il y a plus de saignements, daccs de folie (les lunatiques ) et de dlits (pyromanie, cleptomanie, drapages dautomobilistes). Et en Amrique, les fortes pluies se produisent plus souvent les jours qui suivent la pleine et la nouvelle lune.

    Les plantes linstar de la Lune, les autres plantes exercent une in-

    fluence beaucoup plus par leur position que par leur luminosit. En effet, leur position affecte le champ magntique du Soleil, ce qui se voit par une forte activit de taches solaires qui, par rico-chet, touchent galement la Terre. Cette influence des plantes sur le Soleil rpond celle quelles reoivent, ce qui confirme lchange continuel dnergie entre plantes et toiles.

    Il est certain que tout comme la Lune, les autres plantes af-fectent par leur position les vnements humains, comme on le voit par lastrologie, une connaissance fonde sur des donnes relles puisque, si lon ne peut mesurer certaines manations plantaires, on ne peut non plus rejeter le fait quelles nous en-voient des nergies et des informations. Leurs vibrations nous touchent, mme si on est un scientifique qui refuse dy croire. Car il existe des influences quon ne peut mesurer mme si lon sait quelles existent. Par exemple, le biologiste muni de son mi-croscope va affecter les molcules quil tudie, puisque les pho-tons de lclairage et les vibrations du champ humain troublent les atomes du spcimen tudi, de sorte quil ny aura pas de connaissance absolument objective. Cest ce qui faisait dire aux

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  • physiciens John Wheeler et Werner Heisenberg que, dune part, il ny a pas dobjectivit absolue en science, mais toujours une participation la chose tudie et, dautre part, quen exami-nant des atomes, on affecte leur activit, cest--dire que lon cre en quelque sorte leur faon de se comporter. En somme, on ne les voit jamais tels quils sont, un peu comme la tl-ralit ne montre jamais les figurants dans leur vrit quotidienne, mais toujours dforms par le regard de la camra.

    La Terre Trois lments jouent un rle de premier plan dans la com-

    position et lnergie du globe terrestre : lair, leau et le sol. LAIR : Cest le souffle qui entoure la Terre et entretient la

    flamme de la vie. Lair fait partie de toute vie, des plantes comme des animaux, et cest lui qui nous relie le plus la fa-mille des vivants. travers la respiration, dit Harlow Shapley, chacun de nous absorbe des atomes qui ont fait partie de per-sonnes ayant exist autrefois. Et chaque jour nous absorbons des atomes qui furent jadis parties doiseaux ou darbres, de serpents ou de vers, car tous partagent le mme air Et plus longtemps on vivra, plus on absorbera datomes laisss par des personnages connus dans le pass, tout comme nos petits-enfants nous accueilleront leur tour dans leurs respirations9.

    LEAU : Elle couvre quelque 75 % de la plante et remplit nos corps 80 %. En effet, elle est la source de toute vie, comme les eaux du placenta qui, en se brisant, laissent paratre lenfant. Selon les savants, leau aurait pris naissance dans les ocans, ce que nous rappellerait dailleurs le got sal du sang. Cependant, cette eau sale a d tre transforme pour tre utile la vie : cest le cycle de leau qui, par lvaporation suivie de la prcipi-tation, nous fait le cadeau de leau douce.

    Mais il ny a pas que le ciel qui assure leau potable : par la transpiration des feuilles et des cimes darbres, surtout dans les forts tropicales humides (rainforests), des millions de gallons deau sont tirs du sol et aspirs par le ciel. Ainsi, les arbres pleuvent vers le haut, en rponse aux pluies qui descendent vers le bas.

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  • LE SOL : Cest travers une population de bestioles infimes et mme invisibles que se tissent les rapports les plus impor-tants la vie du sol. Or, nous ne connaissons que quelque 4000 espces parmi un nombre inconnu de bactries, ces organismes mystrieux et apparemment indestructibles qui grent les sys-tmes naturels des forts, des marais, des prairies, des ocans et de latmosphre.

    Ce sont par ailleurs de plus grands organismes qui ameublis-sent et oxygnent le sol. Tels sont les chiens de prairies, les taupes et les marmottes, qui creusent des tunnels, contribuant lentre de lair et de leau. De leur ct, les organismes qui se situent entre les micro-organismes et ces rongeurs cest--dire les vers, fourmis, termites et champignons soccupent de d-composer, de recycler la matire et den extraire les lments nutritifs.

    Pas moyen dchapper notre interdpendance avec la nature un tissu trs serr de rapports nous attache la terre, la mer, lair, aux saisons, aux animaux et tout produit manant de la terre. Ce qui affecte lun af-fecte lensemble : nous sommes parties dun plus grand Tout 10.

    Ainsi, la conservation du sol constitue un tat dharmonie entre lHomme et le territoire, un peu comme celle qui existe entre amis : on ne peut caresser la main droite de lami tout en lui tranchant la gauche, cest--dire quon ne peut aimer le gibier et har le prdateur, quon ne peut conomiser leau pour saccager lhabitat, ou reboiser la fort tout en surexploitant la ferme. Le sol est un organisme indivisible 11.

    En effet, aucune espce nexiste isolment. Les quelque 30 millions despces vivantes aujourdhui sont toutes en relation : plantes, poissons, oiseaux. Elles forment un immense tissu dinterconnexions : la disposition dune espce fait un accroc dans ce tissu. Car jamais une chose vivante ne peut voluer en solitaire. Il sagit dune conf-dration de liens 12.

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  • Comme le proclament les chefs Hopis, linstar de toutes les autres tribus amrindiennes : Nous avons reu ces territoires, que nous devons conserver la manire dun intendant, dun gardien, pour enfin les remettre un jour leur vrai propri-taire. [Id., p. 205) Nous voici fort loin du dominez la Terre et soumettez-la de la Gense, un commandement qui a justifi tous les abus de lHomme dans ses rapports avec la Terre et la nature.

    5. Les liens entre matire et vieLes savants affirment que la matire vient des toiles explo-

    ses, o les atomes dhydrogne et doxygne ont ventuelle-ment form de leau. Ils diront ensuite que cest au fond de locan primitif que les cellules se sont amalgames pour former des organismes vivants. Ces gens font semblant dignorer que la matire inerte ne produit pas la vie. Affirmer le contraire est un prjug semblable celui qui voit la conscience comme un pro-duit du cerveau. Mais mme un non-scientifique voit trs bien quune matire ne peut donner de la vie : il na qu regarder sa montre, ou encore un cadavre.

    Les biologistes, un peu plus modestes du fait quils travail-lent sur la matire vivante, reconnaissent que lmergence de la vie est une improbabilit, mme un miracle. Pourquoi ? Parce quils savent trs bien que, selon la loi dentropie, toute matire, bien loin de saviver, de se reproduire ou de crotre, tend se dsagrger avec le temps. Or, cest justement le contraire de ce que fait la vie.

    La matire tend vers le dsordre, vers lparpillement de ses atomes, alors que la vie tend vers un ordre continuel-lement entretenu et progressif. Cest le principe de toute croissance, qui nexiste pas comme tel dans la matire, par exemple dans un morceau de fer, de verre ou de bois (les cristaux faisant exception, on a tendance les consi-drer un peu comme des vivants). Voil pourquoi la vie ne peut venir de la matire : les deux vont en sens in-verse.

    La disposition naturelle de la matire morceaux de bois ou de minral est de tendre vers la dissolution,

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  • alors que les systmes vivants tels que les arbres et les animaux crent et maintiennent une intgration pro-gressive lintrieur dune matire qui, laisse elle-mme, irait vers la dsintgration. Et cest en absorbant lnergie extrieure que cet ordre est entretenu chez le vivant : cest la communion entre intrieur et extrieur qui tient en vie un organisme. Car celui-ci nest pas que de la matire, il y faut quelque chose de plus, que celle-ci ne peut se donner une complexit, une tincelle, une force compltement autre et de nature suprieure. (Ins-pir de La nouvelle frontire de linvisible .)

    Certes, un corps vivant reste soumis aux lois chimiques et physiques, mais cest en tant que matire quil lest, non en tant que vie. Cest pourquoi celle-ci ne vient pas de llectricit (es-sentielle la matire) mme si son nergie lui ressemble ; elle ne dpend pas davantage du magntisme, bien quelle soit sen-sible celui-ci. En revanche, elle est proche de la lumire, mais cest une lumire non physique, dune frquence suprieure plus rapide et plus subtile. La vie, cest de la lumire pure et invi-sible, la source mme de toute lumire visible. On pourrait mme dire que cest de la lumire intelligente !

    Par consquent, lorsquon dit que cest le magntisme qui permet la communication entre vivants, surtout entre humains, il nest pas question de llectromagntisme propre la matire. Cest quelque chose dune qualit plus spirituelle que matrielle. En fait, il sagit dun principe danimation lme dont la vi-bration essentielle est amour, cette nergie propre aux humains et qui leur permet (sils le veulent bien) de comprendre au lieu de juger, de sentraider au lieu de sentredtruire.

    6. La vieBien que la vie soit plus que de la matire ou de la chimie,

    elle dynamise cependant des formes qui sont matrielles. Ainsi, le carbone est llment chimique qui joue un rle central dans les organismes vivants, en raison de sa capacit de former di-verses chanes de maillons complexes. Ces enchanements peu-vent aboutir en une grande quantit de composs, dont les 20 acides amins, qui sont les composantes primaires de toutes les

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  • protines. leur tour, celles-ci gouvernent un code contenu dans quatre molcules seulement, destines prendre toutes les formes possibles de vie, do leur nom protine , tir du dieu grec Prote, qui avait la capacit de se transformer indfini-ment. Aussi, lADN contient-il des instructions qui peuvent in-former toute vie, depuis la bactrie la libellule et du chameau lHomme. Ces instructions infiniment complexes et varies sont pourtant rdiges dans un mme langage simple fait de quatre lments.

    Telle est la sagesse de la vie, qui prend toujours le chemin la fois le plus court, le plus conomique et le plus lgant.

    Les plantes Nous dpendons des plantes plus quelles ne dpendent de

    nous. Or, il y a 75 millions de kilomtres carrs de tissu vgtal qui ralisent la merveille de la photosynthse, cest--dire la production doxygne et dautres aliments ncessaires tous les vivants. Et des 375 millions de tonnes de nourriture que nous consommons chaque anne, le plus gros nous vient des plantes.

    Toutes les plantes bougent, mais tellement lentement que ce-la nous est imperceptible. Elles se plient, se tournent et, comme les vrilles, grimpent, descendent et frmissent dans le silence. Elles sont attires par le bas, la gravit ; mais encore plus par le haut, la lumire. Ainsi, les nergies du ciel et de la terre se ren-contrent en elles.

    Certaines plantes parasites reconnaissent leurs victimes leur odeur. Elles sont sensibles aux intentions humaines : Steve Backster, aprs quil eut simplement imagin quil allait brler une plante de son labo, dcouvre aussitt que la raction de celle-ci avait t enregistre sur son polygraphe. Les plantes peuvent aussi tre sensibles la mort de leurs voisines. Elles r-agissent lamour quon leur porte et nourrissent notre champ dnergie, comme nous le faisons en prenant soin delles, en les touchant, en les coutant. Cest ainsi que la force vitale, lnergie cosmique imprgnant les vivants, se partage entre plantes, ani-maux, insectes et humains 13.

    21

  • Neil Evemden nous dit qu un arbre nest pas tant une chose quun change, un centre de forces organisationnelles. Il faut regarder au-del de son apparence si on veut le voir comme le centre dun champ de forces 14 . Et, reprend familirement Hubert Reeves dans Conteur dtoiles, larbre est une prsence intense qui ne te sort pas de toi et devant lequel tu peux rester toi-mme, sans tre oblig dentrer en raction comme on le fait avec des humains. Il ne peut tre apprci que seul seul comme un ami. Il nest connaissable que personnellement 15 .

    Le grand astronome James Jeans, qui fut galement ma-thmaticien et physicien, nous rsume notre relation avec lunivers : Nos esprits ne sont pas spars du monde et les sentiments de joie ou de tristesse que nous avons, ainsi que nos expriences encore plus profondes, ne sont pas seulement ntres, mais sont des saisies dune ralit transcendant les limites troites de notre cons-cience individuelle. Lharmonie et la beaut du visage de la nature fait un avec la joie qui transfigure le visage de lHomme. Nous tentons dexprimer une vrit semblable lorsque nous disons que les choses physiques ne sont que des indices de surface et que, derrire elles, il y a une na-ture qui est en continuit avec la ntre 16. LHomme Selon le biologiste Yves Coppens, lHomme ne descend pas

    du singe cette ide est une pure provocation , il a simple-ment avec celui-ci des anctres communs . Cependant, selon ce savant, il y a une zone dombre de 6 9 millions dannes (excu-sez du peu) qui marque le moment crucial o lHomme est ap-paru. Cest--dire quil nous manque justement le fameux chanon manquant qui devait rsoudre le problme

    Coppens poursuit ainsi : Certains animaux sont conscients de leur mort, par exemple les lphants, mais ils ne connaissent pas daprs-vie comme pourrait le faire lHomme. En somme, ce nest pas le langage ou la fabrication doutils qui le distingue-raient de lanimal, mais sa conscience, incluant la libert, lmotion et lamour 17.

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  • travers son corps, lHomme met des radiations. Ce qui nest pas tonnant, puisque toute cellule est enveloppe dlectricit. Ce rayonnement sappelle un champ de vie. En rai-son de ce champ, les minraux, les toiles, les arbres et les autres vivants entrent en relation avec lHomme. En effet, cest par le magntisme vibratoire que tous les tres sont interactifs et interrelis. Toute rencontre (avec un animal, un autre hu-main), tout toucher (dune personne, dun arbre), tout regard dans les yeux (entre humains) est rciproque, comme tout com-portement, toute parole crite ou sonore est une forme de rap-prochement et dchange. Cest ce que suggrait du reste Helen Keller, aveugle, sourde et muette, par les paroles suivantes : Quand vous regardez quelquun dans les yeux, jimagine que ce doit tre comme si on le touchait avec ses mains.

    Nos frquences communiquent en mettant des signaux, cest--dire des vibrations, qui forment une conversation conti-nue et toujours changeante. (Cela doit faire un peu leffet daurores borales !) Cest par ces vibrations magntiques de tous les tres que toutes les dimensions de lunivers peuvent se rencontrer. Et la condition qui permet lHomme de les capter, cest quil soit rceptif, quil veuille apprendre en gardant les an-tennes ouvertes 18.

    7. La rupture de nos liensMais comme nos liens avec lunivers, la Terre et les vivants

    sont invisibles et peu sensibles, nous pouvons facilement les oublier, les ignorer ou mme les nier. Curieusement, ce qui de-vait nous aider en prendre conscience et les renforcer a fait justement linverse. Il sagit de la science et de ses produits.

    Une science sans sagesse Certes, lHomme sans la science tait souvent lesclave des

    superstitions : le tonnerre peru comme signe de la colre c-leste, les clipses et les sismes comme annonces de la fin du monde, ou les maladies comme punitions de nos fautes. Cepen-dant, depuis la fin du Moyen ge, comme sa confiance dans la science et ses produits sest accrue au point de devenir lquivalent dune religion, lHomme sest de nouveau rendu es-

    23

  • clave, mais cette fois-ci, non plus de ses superstitions, mais de ses prtentions et de ses uvres.

    Y a-t-il eu vraiment progrs ? Oui, si lon considre lapport des machines et des outils, louverture aux diverses connais-sances ainsi qu leurs disciplines propres. Tout cela a clair et facilit la vie tout en augmentant les plaisirs des humains, sur-tout dans les pays surdvelopps . Mais en ce qui regarde ses rapports avec la nature, sa responsabilit, sa capacit de vivre en paix et, surtout, daccder la sagesse, on ne peut dire que la science a fait progresser lHomme. Bien au contraire. Il joue de plus en plus cavalirement avec ses instruments sophistiqus et parfois dangereux, avec les lois de la nature et les mcanismes de la vie, comme un amateur, ou pire, comme un ado gris par ses gadgets et inconscient de leurs effets nfastes sur lui-mme et son entourage.

    La science est noble lorsquelle travaille mieux connatre lunivers et crer des instruments utiles lhumanit. Mais il lui manque videmment la sagesse : elle ne voit pas lavance les effets de ses dcouvertes et inventions. Elle se lance aveu-glment dans ses recherches, tout en ignorant leurs cons-quences, et mme, en sen moquant royalement. Il suffit de re-garder les effets imprvus de certaines de ses grandes russites technologiques.

    LES PESTICIDES : Comme nous le rappelait ds 1962 la trs sage Rachel Carson que personne na coute , des con-centrations extrmement faibles, les pesticides sont extrme-ment efficaces pour exterminer les insectes, mais sans discrimi-ner entre ceux qui sont utiles et ceux qui nous sont nuisibles 19 . Voil un exemple parfait dune science courte vue. Ce manque dhorizon existe justement parce que les savants ne comprennent pas la complexit de la vie et des rapports colo-giques. Plus grave encore, ils semblent sen ficher : ce qui compte, cest que le produit soit efficace. Or, ce qui ajoute laveuglement de la science, cest sa collusion trop frquente avec les pouvoirs politiques et financiers.

    LEAU ET LES ARBRES : Toujours en vue de raliser plus de profits, on est prt bouleverser lordre des cosystmes, ro-

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  • rienter des cours deau importants, dtruire des arbres qui sont pourtant les poumons de la terre et les collaborateurs es-sentiels de la circulation de leau. On ne pense pas lavenir de lHomme et de la plante, on nest intress quau profit, au contrle, lexpansion nimporte quel prix.

    LES MOTEURS PTROLE : Les missions de machines carburant lessence ou au mazout puisent les ressources fos-siles et rpandent une toxicit progressive dans latmosphre, de connivence avec les fabricants de voitures et les gouverne-ments qui en soutirent dimmenses profits. Pourtant, ces sa-vants et ingnieurs savent depuis au moins soixante ans com-ment produire des vhicules non polluants. Mais en retardant leur cration, ils manifestent leur mauvaise foi et leur collusion avec les pouvoirs.

    LES DCHETS DUSINE : Les mines de charbon, les usines ptrochimiques et les raffineries polluent les eaux et empoison-nent la vie et les poumons des vivants. Comme ces entreprises sont de connivence avec les magnats du ptrole (qui sont en col-lusion avec le pouvoir), elles participent la mme irresponsa-bilit.

    LES ABUS DE LA GNTIQUE : Les savants utilisent les nouvelles connaissances pour manipuler la nature de faon ar-bitraire et irresponsable, la dformant leur guise, sans souci de lavenir de la race humaine ou des autres espces.

    LA CRATION DES ARMES ET DES BOMBES : Mme Hu-bert Reeves affirme que sil avait t la place des fabricants de la premire bombe atomique, il aurait fait la mme chose, cause de la menace du nazisme que lon croyait beaucoup plus dangereux que le communisme. Mais cela nest pas tonnant, car les savants se laissent aisment manipuler par les pouvoirs et les enjeux politiques, comme on la vu dans les cas prc-dents.

    Reeves voque ici la sduction du possible comme d-fense ou excuse. Mais cest justement ici que la science montre son manque flagrant de sagesse : ce qui compte pour elle, cest de raliser ce qui est possible, non dagir moralement ou mme utilement. La science nest pas morale et na pas ltre , dit

    25

  • Reeves sans broncher. Oui, bien sr, en tant que discipline in-tellectuelle, la science doit rester neutre, sans rfrence la reli-gion ou la morale. Mais quen est-il des savants ? Car ce que dicte la science, devenue une sorte de pouvoir quasi religieux, na pas tre cout servilement par le savant, parce que ce dernier doit conserver son jugement, sa conscience, son sens de la responsabilit. Le savant est tout dabord un humain, alors que la science est une de ces spcialits qui ne concerne quune partie de lHomme son intellect. Mais il y a aussi le cur, la conscience morale et la sensibilit de lme !

    Par consquent, lorsque Reeves cherche dfendre ou ex-cuser les savants qui se cachent derrire le barrage inattaquable et sacr de la Science, je ne peux le suivre. Cest trop facile de crer un monstre suprmement dangereux comme larme nu-claire, pour ensuite laisser aux autres le soin de se dbrouiller avec ses effets. Je regrette, mais cette attitude me parat aussi monstrueuse que les bombes qui en dcoulent. Car les savants sont les seuls connatre ce quils font, ainsi que les effets pos-sibles de leurs inventions gniales. Cest donc eux et eux seuls que revient la tche dagir avec responsabilit et sagesse, cest--dire de ne pas produire des machines faites seulement pour dtruire, comme le sont toutes les armes, mais en particu-lier les bombes atomiques ainsi que celles lhydrogne le joujou prfr du sadique Oppenheimer. Aprs tout, aucune arme nest faite pour construire, gurir, donner ou amliorer la vie. Mme un revolver na quun seul but : tuer ; il ne sert vi-demment pas brasser la soupe (alors quun couteau de cuisine le peut, mme sil peut aussi servir tuer ou blesser !).

    Toutes les armes explosives nont quun rle et ne servent quune seule intention : tuer, dtruire, liminer.

    Mais, malgr tous ces abus, nous avons pous en bloc les prtentions de la science et ses crations. Par celles-ci, nous dit David Suzuki, lHomme se croit plus intelligent que la nature. Plusieurs croient mme que la science et la technologie nous permettent de comprendre la nature et de trouver les solutions aux problmes engendrs par cette mme technologie. Certes, celle-ci nous fournit des instruments puissants et raffins, mais la science morcelle notre perception du monde et nous loigne

    26

  • de la nature. Comme elle a le nez sur des objets limits, elle nous prive du contexte permettant dvaluer les rpercussions de ses interventions. Ainsi, nous avertit Gro Harlem Brund-tland, prsident de la Commission mondiale sur lenvironnement et le dveloppement, cause de son aveu-glement, la science est devenue une force destructrice 20 .

    Lemprise de la surconsommation Cest lAmrique qui donne le ton. Elle voudrait rpandre sa

    doctrine du bonheur par la surconsommation travers le monde entier, de sorte que tous puissent vivre ds que possible au niveau des Amricains. Et comment vivent-ils ?

    Aujourdhui, les gens sont en moyenne quatre fois et de-mie plus riches que ne ltaient leurs anctres de 1900 ;

    les parents amricains passent aujourdhui 40 % moins de temps avec leurs enfants quen 1965 ;

    93 % des adolescentes amricaines dclarent avoir pour activit favorite de courir les boutiques ;

    en 1987, le nombre de centres commerciaux surpassait ce-lui des coles secondaires aux tats-Unis ;

    nous avons le choix entre 25 000 produits dans les su-permarchs, 200 sortes de crales et plus de 11 000 prio-diques ;

    depuis 1940, les Amricains ont, eux seuls, utilis une quantit aussi importante des ressources minires de la terre que toutes les gnrations antrieures runies ;

    dans les 200 dernires annes, ils ont perdu 50 % de leurs marais, 905 de leurs forts ancestrales et 99 % de toutes leurs steppes dherbes hautes 21.

    De la bouche des enfants Comme les enfants comprennent spontanment leurs liens

    avec la nature, ils savent mieux que les adultes ce qui ne va pas et ce quil faudrait changer. Cest une jeune fille de 12 ans, Se-vern Suzuki, qui nous lapprend, lors de la clture du Sommet de la Terre, Rio de Janeiro, en juin 1992, o elle sadresse ainsi aux savants de la Terre :

    27

  • Je ne suis quune enfant et pourtant je sais quel merveil-leux endroit serait la Terre si on dpensait tout largent consacr la guerre pour mettre fin la pauvret Je ne suis quune en-fant et je nai pas toutes les solutions, mais je veux que vous compreniez que vous ne les avez pas non plus. Vous ne savez pas comment rparer les trous dans la couche dozone. Vous ne savez pas comment faire revenir le saumon dans un cours deau mort. Vous ne savez pas comment ramener la vie un animal maintenant disparu. Et vous ne pouvez pas faire revivre une fo-rt, l o il y a maintenant un dsert. Sil vous plat, cessez de briser ce que vous ne savez pas rparer

    Dans mon pays, nous produisons tellement de dchets ; nous achetons et jetons, achetons et jetons. Pourtant, les pays du Nord refusent de partager avec les ncessiteux. Mme quand nous navons plus que le ncessaire, nous avons peur de perdre une partie de notre richesse, peur de lcher prise

    Vous nous enseignez comment nous comporter dans le monde. Vous nous enseignez ne pas nous battre avec dautres, rgler nos diffrends, respecter les autres, nettoyer nos g-chis, ne pas blesser dautres cratures, ne pas tre avares. Alors pourquoi, une fois dehors, faites-vous ce que vous nous dites de ne pas faire ?

    Mon papa dit toujours : Tu es ce que tu fais, pas ce que tu dis. Eh bien, ce que vous faites me fait pleurer, la nuit. Vous autres, les grandes personnes, vous dites que vous nous aimez. Je vous lance un dfi. Sil vous plat, faites que vos actes refl-tent vos paroles 22.

    Lignorance de la science Le cerveau humain nest quune fonction de la conscience, et non pas

    la source du vritable savoir , dit Emmanuel Kant, le plus grand philo-sophe allemand.

    Que lon ne se mprenne pas : malgr des progrs scienti-fiques impressionnants, ce que nous savons est absolument infime, compar tout ce qui demeure pour nous inconnu ou incomprhensible , avoue le grand biologiste et humaniste Da-vid Suzuki. Notre comprhension du fonctionnement de la na-ture est si limite que nous pouvons rarement prvoir les con-

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  • squences de notre technologie sur le monde. En somme, la science produit de linformation qui ne peut jamais tre com-plte. Selon le trs grand savant Richard Feynmann, notre prtention scientifique rappelle la prtention de quelquun qui pense comprendre le jeu dchecs alors quil ne regarde quun seul carr la fois.

    La Science est incapable de percer le mystre le plus secret de la vie. Ce quest llectricit et ce qui la fait fonctionner de telle faon demeure encore un mystre , renchrit le biologiste Lyall Watson, dans Lhistoire naturelle du surnaturel (Paris, Jai lu, 1985). Pourtant, mme aprs ces constatations, on en-tend rarement un savant avouer simplement je ne sais pas , ce qui serait bien sr le commencement de la sagesse.

    Comme la science ne reconnat pas lexistence de la cons-cience ou de lme, elle ne veut rien savoir non plus de laprs-vie. Elle ne peut donc enseigner lHomme com-ment trouver sa place dans lunivers et y assumer ses responsabilits, puisquelle est elle-mme devenue arro-gante et irresponsable. Pourtant, si lHomme se librait des prtentions de sa science et prenait celle-ci pour un instrument au lieu de ladorer comme son matre ou son sauveur, il trouverait le moyen dtablir la paix sur terre, se rendrait plus responsable et plus tolrant, et pourrait enfin accder la connaissance de son me.

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  • Rcapitulation

    Lunivers est maintenu par deux forces, la gra-vitation et llectromagntisme, qui vibrent la vitesse de la lumire, elle-mme lectromagn-tique. Lunivers est un monde de vibrations qui sontporteuses dinformation : la mmoire du monde enregistre et communique sans arrt tout ce qui sy passe. Lunivers contient des galaxies, des toiles, desplantes ainsi que dautres corps, mais malgr leur apparence, ce sont tous des champs vibra-toires. Son origine demeure une hypothse, et lascience ne connat quun pour cent de lunivers. Tout est reli par un magntisme vibratoire,incluant les vivants. La vie ne vient pas de la matire. LHomme lui aussi est entour dune couche vi-bratoire appele champ de vie . Il est affect par les plantes. Il a le pouvoir dignorer ses liens avec la natureet, ainsi, de se dnaturer.

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  • DEUXIME LOI : LA DUALIT EST PARTOUT

    Nous avons vu que lunivers physique, qui est un, repose ce-pendant sur deux principes. Cette dualit est constante dans le monde matriel et, comme nous le verrons dans la deuxime partie, elle imprgne galement tous les aspects de la vie hu-maine 23.

    Nous voici donc face un seul ensemble qui contient deux forces la fois complmentaires et compltement diffrentes. Une contradiction dj implicite dans le mot univers , tir du latin unus et versus, cest--dire ce qui tend devenir un . Lunivers comprend en effet une multitude dtres et dnergies maintenues ensemble par une cohsion trs forte et qui tendent naturellement se rencontrer, se complter.

    Mais si cette tendance vers lunit est relle, elle nest jamais chose statique, tablie ou acheve. Ce sont curieusement ses lments en conflit, ses rapports de force non rsolus, ses dchi-rements et violences imminentes, qui lui permettent de tra-vailler crer lunit et lharmonie . Car lunification est tou-jours en marche, sans ntre jamais rsolue, travers et malgr la multiplicit et les forces contraires.

    Or, dans cet ensemble, chaque lment tend se maintenir ; chaque tre, saffirmer ; chaque entit soumise, saffranchir. Cest--dire que dans cet espace grouillant dune infinit dtres, chacun doit poursuivre son chemin vers sa ralisation. Cest la totalit mme, le cosmos, qui attire ses parties composer un ensemble vivant et en constante transformation .

    La loi de dualit le fait que chaque lment suscite ou ren-contre son oppos qui lui est complmentaire est la cons-quence de la premire loi qui confirme que tout est reli par la gravitation et le magntisme. Et comme nous le verrons dans la deuxime partie, cela annonce tout ce qui la fois divise et sti-

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  • mule la race humaine, o chacun est semblable/diffrent, atti-r/repouss, dpendant/autonome.

    Ainsi, dans le monde de la matire, ce qui sattire peut aussi se repousser. Selon la dcouverte de Newton, toute action sus-cite une rponse contraire, appele raction : une balle lance sur un mur revient avec la mme force, comme dans le cas dun boomerang. (Semblablement chez lHomme, la haine ou la co-lre lgard de quelquun se retourne contre celui qui la proje-te.)

    Le fait quune chose soit complmentaire en mme temps quoppose est reconnue depuis lAntiquit la plus recule. Les gyptiens 4000 ans av. notre re fondaient toute la vie du corps mortel sur son ple oppos, lme immortelle (le Ka), et la tension constante entre les deux alimentait leur philosophie, leurs coutumes et leur art sublime. La dualit tait galement le fondement de la grande sagesse du taosme -VIe s. av. notre re o la totalit appele Tai Chi est reprsente par une sphrecontenant deux portions interloves, la fois insparables et opposes. Ces deux portions gales sappelaient yin (ombre) et yang (lumire), deux principes dnergie reprsents par le noir et le blanc. Or, chacune des deux composantes contenait la se-mence de lautre, le noir tant perc dun point blanc, et le blanc, dun point noir.

    Dans cette tradition, il nexiste pas dhostilit entre bien et mal, linverse de nos socits nourries par le manichisme au-gustinien. Chez les taostes, pour que le mle soit quilibr, il doit contenir du fminin, et lquilibre de la femme, du mascu-lin ; une vision de sagesse reprise par Cari Jung et intgre dans sa philosophie.

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  • La dualit se manifeste donc soit par une opposition irrcon-ciliable, soit par un rapport complmentaire entre deux l-ments relis :

    Dans le monde de la matire Matire nergie Matire antimatire Noyau lectron Attraction rpulsion Mont valle Ombre lumire Chaleur froid Concave convexe Lourdeur lgret Gravitation lvitation Ngatif positif Acide alcalin Huile eau Eau feu

    Voyons, par exemple, les trois derniers couples. Si nous mettons une goutte dhuile dans un verre deau, elle

    va rester sur son quant--soi, sans se mler son environne-ment. Mais alors quelles sont incompatibles en soi, leau et lhuile deviennent complmentaires dans une vinaigrette ! Pour le couple eau-feu, la relation est galement incompatible : le feu assche leau, mais leau peut aussi teindre le feu. Cependant, et voici leur ct complmentaire, leau a besoin du feu pour se rchauffer, tout comme un front brlant de fivre requiert de leau froide ou de la glace pour revenir la normale.

    Cest aussi ce rapport ambigu qui relie le sodium et le chlore. Chacun a un caractre revche, mme violent : le sodium, un mtal alcalin, brle lair ( cause de loxygne) et ragit vio-lemment avec leau ; le chlore, un lment suffocant et toxique,

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  • est extrmement ractif : il explose la lumire. Pourtant, en-semble ils forment le couple le plus anodin et tranquille : le sel de cuisine !

    Dans le monde de la vie Attraction rpulsion Mangeur mang Mle femelle Grand petit Dominant domin Vie mort

    Les plantes et les insectes (de lacarien au scarabe gant), ainsi que les animaux (du ver llphant), agissent entre eux suivant la loi de la dualit. Dabord par lquilibre entre prda-teurs et proies, chacun des groupes tant son tour la proie ou le prdateur dautres espces. Certains groupes ou clans vont aussi sentraider, alors que dautres se mangeront mutuelle-ment ; les mres danimaux consomment parfois leurs petits et les lions peuvent tuer ceux de la lionne, qui entre aussitt en chaleur.

    Semblablement, plusieurs fleurs ncessitent la collaboration dinsectes pour tre fcondes ou pour rpandre leur semence. Mais une abeille ou une mouche peut aussi tre fortement atti-re par une plante sensitive comme lApocyn feuilles dandrosme (communment appel le gobe-mouche) ; une s-duction o cest la plante qui mange linsecte au lieu de le nour-rir. Mme chose pour la clbre mante religieuse o la femelle attire le mle pour ensuite le consommer, aprs en avoir soutir ce quelle voulait ! Il y a aussi les animaux qui mangent les plantes en rpandant les semences travers leurs djections, de sorte que chacun y trouve son profit : le sol, la plante et lanimal. Dans certains cas, mme les oiseaux peuvent tre de la partie en picorant les graines contenues dans le fumier.

    Dans chaque clan, tribu ou famille danimaux, il y a toujours un dominant et beaucoup de domins. Le mle dominant rgne sur ses femelles, alors que les jeunes rivaux se prparent le d-

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  • fier afin de lui prendre sa place. Mme entre deux hordes de loups, il y aura rivalit et mfiance. Mais cest surtout entre races ennemies, par exemple entre loups et livres (ou poulets), entre lions et buffles, que lhostilit sera son comble. Par con-squent, cest la rpulsion, autant que lattraction, qui va rap-procher ces animaux, maintenus en relation par le dsir et par la peur. Ainsi, les renardes des savanes craignent que leurs pe-tits ne soient mangs par les aigles ou les hynes ; mais cest en mme temps cette menace constante qui les tient relies par une vigilance mutuelle.

    Dans le monde des humains La division apparat ici dans les relations et les passions hu-

    maines, tout comme dans les concepts et les croyances. Relations

    Dominant domin Homme femme (pre-mre) Pouvoir obissance Libert esclavage Dpendance autonomie Peine plaisir Confiance mfiance Violence paix Dsir frustration Amour haine Bont cruaut

    Concepts Pass avenir Commencement fin Fini infini Temps ternit Conscience inconscience

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  • Crateur cration Nature culture Bien mal (bon mauvais) Tolrance intolrance

    Il est facile de reconnatre que ces trois domaines -matire, vie vgtative, vie animale sont marqus par des forces oppo-ses, des contradictions, des conflits et aussi des complmenta-rits. Ici, les dualits se ressemblent, plusieurs mme se recou-pent, tant il est vrai que lunivers forme un ensemble vivant, cest--dire quon ne peut y exister sans la multiplicit et la di-versit, en mme temps que les divisions, les menaces et les conflits.

    Comme le monde de lHomme appartient la deuxime par-tie, je ne lai inclus ici que pour montrer quil participe naturel-lement lensemble.

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  • Rcapitulation

    Lunivers est la fois un et multiple : jamaisralise, lunit est toujours en progrs. Ce qui sattire peut aussi se repousser : touteaction suscite une raction gale. La dualit se manifeste par des oppositions,mais aussi par des attractions et des compl-mentarits. Cela se passe galement chez les humains quisont en partie rgis par les lois universelles.

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  • TROISIME LOI : TOUT EST EN MOUVEMENT

    Cette loi dcoule des deux prcdentes, cest--dire, dune part, linterconnexion, qui maintient les parties de lunivers en relation constante, et, dautre part, la dualit, qui, en opposant ces parties, les pousse entrer en mouvement, voluer, changer. Comme lexprimait Lavoisier au XVIIIe sicle, dans lunivers, rien ne se perd, rien ne se cre, tout se transforme . Lnergie existant au point de dpart ne perd jamais son lan, mais elle ne se maintient quen changeant constamment de forme, tout comme pour survivre le camlon ou la pieuvre doit passer dune couleur lautre.

    Le mouvement de leau Ainsi, les atomes de la glace se changent en eau, qui

    svapore ensuite en gaz, pour retomber sous forme de pluie ; un processus qui se reproduit partout autour du globe, au gr des saisons et des climats. Mais ce qui sappelle le cycle de leau commence par la traction du Soleil sur la transpiration des plantes ou sur les masses deau couvrant la surface ter-restre ; cette eau devient gaz (les nuages) qui, lors dune friction entre courants chauds et froids, produit la pluie, la neige, le ver-glas, la grle, le grsil ; en somme, ce qui sappelle la prcipita-tion.

    Le mouvement de la lumire Il existe galement un cycle de la lumire , appel photo-

    synthse. Dans ce processus, les rayons solaires capts par les plantes sont transforms en aliments gorgs dnergie, travers des ractions chimiques secrtes et sophistiques.

    Les ractions chimiques Autre exemple de transformation : par lentropie, lnergie

    dun systme tel quun morceau de fer devient de la rouille au contact de loxygne et finit par se dsagrger. Comme toute

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  • matire est en ralit un compos fait dune infinit datomes et de molcules tenus ensemble par la force de llectromagntisme, elle peut naturellement se dcomposer, sous leffet dun agent extrieur qui attire ses atomes.

    Les courants de la mer Ce sont les variations de pression atmosphrique et surtout

    les vents qui suscitent les mouvements de leau. Les grands cou-rants, dont le Gulf Stream, maintiennent en circulation les eaux marines, tout comme celles-ci attirent les fleuves qui, leur tour, accueillent les lacs vers lesquels coulent les sources des-cendues des monts. Mais ces courants ocaniques exercent ga-lement une influence importante sur la distribution des subs-tances nutritives de la mer et sur la modification des climats dans les rgions littorales. Par exemple, on connat linfluence adoucissante du Gulf Stream sur la cte norvgienne.

    Les vents son tour, lair est tenu en mouvement en se dplaant

    dune zone de haute pression vers une autre de basse pression. Car, contrairement ce que peut ressentir le corps, le vent ne pousse pas, il est attir, rpondant lappel irrsistible dune basse pression. (Ces mouvements rappellent le phnomne de la gravit, o une masse plus lourde en attire une plus lgre.) Le phnomne de lattraction est facilement perceptible lorsque, en ouvrant une porte au bout dun corridor, on ressent une forte aspiration dair. On appelle cela un courant dair mais, en rali-t, tous les vents sont des courants dair des aspirations qui passent pour des pousses.

    Les ruptions volcaniques Elles montrent que si la terre nest peut-tre pas vivante, elle

    est cependant un corps qui bouge sans cesse sous des pressions caches. Lors dune ruption, des laves liquides roches en fu-sion ainsi que des gaz et des projections solides mergent la surface de la terre. Ces jaillissements viennent dun rservoir souterrain appel chambre magntique , o se trouve le magma (roche fondante) qui, sous la pression dune chaleur norme, cherche clater, se rpandre, exploser. Une fois

    39

  • que les laves se sont rpandues sur les versants de la montagne en se refroidissant, le volcan cesse dtre en activit jusqu la prochaine irrsistible monte de magma, un peu comme on parlerait dune monte de colre chez un homme frustr.

    Les sismes Il y a galement des tensions dans certaines zones de la terre,

    et lorsquelles deviennent trop fortes, il se produit une rupture, suivie dun relchement brutal accompagn dune secousse dondes puissantes. Ces zones tendues suivent certaines failles reprables dans la crote terrestre. Celles-ci peuvent se mani-fester galement sous la mer, et londe de choc qui se produit alors suscite en surface une srie de vagues normes appeles tsunamis ou raz de mare, pouvant dvaster des ctes pendant des milliers de kilomtres.

    La drive des continents Les fonds ocaniques sont accidents par de gigantesques

    chanes de montagnes sous-marines, les dorsales qui, sous lexpansion des fonds, crent une friction entre de grandes masses de basalte. Une crote nouvelle est alors forme par cette friction, faisant pression sur lancienne qui, elle, descend sous le manteau de la terre. Ainsi, la surface terrestre est consti-tue de grandes plaques de 100 kilomtres dpaisseur qui se raidissent partir des dorsales et migrent latralement la monte dune crote nouvelle.

    Les continents qui sont ancrs dans les plaques se dplacent solidairement avec elles. Cest en raison du glissement de ces plaques, que les continents ont chang de position au cours des ges, de sorte qu une poque, ils taient tous souds ensemble la faon dun radeau sur un lac. Dans certaines zones, il se produit de grandes failles verticales entre deux plaques, provo-quant sur toute la longueur des frictions intenses et de violents sismes. Telle est la faille de San Andras, en Californie.

    Mais quand deux plaques, se dplaant en directions oppo-ses, saffrontent, la plus faible senfonce sous lautre, produi-sant la longue le magma qui va alimenter des volcans. La

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  • plaque suprieure forme alors un bourrelet qui constitue une chane de montagnes. Cest le cas de lHimalaya.

    Ainsi, le mouvement des plaques appel la tectonique permet de comprendre la distribution des sismes, des volcans et des chanes de montagnes. Il confirme aussi le fait que, si la terre est toujours en mouvement, il en est galement ainsi des continents sur lesquels on se croit trs en scurit, alors quils dvient les uns des autres comme ces galaxies qui sloignent graduellement entre elles. Il ny a rien qui ne soit en mouvement ou en changement : lunivers est une totalit mouvante, une machine mouvement perptuel.

    Lrosion Les montagnes sont mticuleusement ronges au fur et

    mesure quelles se forment, du fait que les sommets levs sont soumis dextrmes variations de temprature qui favorisent la fragmentation de la roche. De plus, les chutes de neige alimen-tent les glaciers qui faonnent de larges valles et, leur tour, ces eaux de ruissellement se rassemblent en torrents violents qui creusent des ravins profonds aux versants escarps.

    Ensuite, les dbris arrachs aux sommets samoncellent au pied de ces versants.

    Il y a aussi les pluies de mtorites qui attaquent rigoureu-sement tous les reliefs. En plus de cela, le ruissellement des pluies, le gel, les alternances de temprature ainsi que le vent fragmentent les roches, produisant ainsi des dbris. Les frag-ments qui en rsultent sont transports, dabord le long des ver-sants, puis par les rivires ou les glaciers. Et au cours de ce transport, ils sont polis, uss, tris, pour aller se dposer dans les zones basses, formant surtout les sdiments qui couvrent le fond de la mer.

    Lrosion nous conduit naturellement vers la quatrime loi : celle de limpermanence

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  • Rcapitulation

    Les forces opposes gardent les tres en mou-vement et en croissance. Rien ne se perd, rien ne se cre, tout se trans-forme. Le mouvement est sensible dans les ractionschimiques, les courants deau, les vents, les vol-cans, les sismes et lrosion.

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  • QUATRIME LOI : TOUT EST IMPERMANENT

    Quest-ce que la vie ? Un clair de luciole dans la nuit ; le souffle dun bison en hiver ; la petite ombre qui court travers lherbe et se perd dans le

    couchant.

    Chef Crowfoot

    Voici une des ralits la fois la plus irrfutable et dran-geante qui soit. Mais, il faut bien le reconnatre, tout ce qui nat meurt ; tout ce qui commence sachve un jour ; toute matire se dsagrge ; tout prsent devient pass, et tout corps vivant finit par mourir. Cette constante est la consquence de la loi prcdente, o il tait dmontr que dans lunivers et sur terre, tout bouge et se transforme, sans jamais se rpter, sans non plus sarrter. Ou, comme le dit le pote :

    Le temps aux plus belles choses se plat faire un affront, et saura faner vos roses comme il a rid mon front

    (Pierre Corneille) Nous avons dj vu que la loi physique qui rend compte de

    limpermanence des choses matrielles sappelle lentropie. Elle stipule que, avec le temps, tout systme matriel tend se dgrader, perdre son nergie, devenir inerte et uniforme. Ainsi, une deux-chevaux et une Rolls-Royce places dans un terrain vague finiront, aprs une longue priode, disons 100 ans, par se ressembler, au point de ntre plus que deux masses de mtal indiffrencies, rouilles et mconnaissables. Il en est ainsi pour une pice de bois mort, un objet biodgradable, un morceau de verre, de cuir ou de linge, et bien sr, de chair. Car mme les ossements finiront par se dsagrger, comme le rap-pelait potiquement Paul Valry dans Le cimetire marin : Largile rouge a bu la blanche espce. Et si le diamant passe

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  • pour tre ternel, cest uniquement parce que nos vies en com-paraison se mesurent en infimes dures.

    Aucune uvre humaine faite de matire ne dure : toute ville, tout empire, toute architecture finiront par disparatre, tout comme les dinosaures et les mammouths de nagure. Mais nest-il pas tout de mme curieux que lon appelle demeure une chose qui justement ne demeure pas ?

    En Europe, comme on ne veut pas voir les choses disparatre on sattache firement au pass , on rnove sans cesse, onrepeint, on rpare, alors quen Inde, convaincu que rien de ce qui prit nimporte vraiment, on ne rpare pas les grandes structures du pass et toute cration humaine est abandonne lusure du temps. Deux perspectives qui montrent leur ma-nire la dissolution invitable des fabrications humaines, quon le reconnaisse ou non.

    De tout temps, cest le choc entre vie et mort qui atteint ltre humain au plus profond et linterroge sur le sens de laventure terrestre. Limpermanence des choses, des possessions, des relations, des amours, de nos forces, mme de nos souvenirs, est ce qui nous dsaronne le plus. Dans la mesure o nous cher-chons crer du solide, vivre longtemps, surmonter le temps par nos uvres, nous assurer une gloire imprissable, la vie qui emporte tout dans sa pente invitable demeure pour nous une nigme qui dure.

    Cest cette ralit qui frappa de plein fouet Gautama cinq sicles avant notre re, lorsquil se mit chercher le moyen darrter la souffrance. Il saperut finalement que seule lacceptation complte et dfinitive de limpermanence pou-vait ouvrir sur la paix et librer de la souffrance. Une de ses grandes trouvailles fut de voir quon ne pouvait fonder ses d-sirs sur des choses qui ne duraient pas, cest--dire rver dun bonheur terrestre continu, alors que tout se dfait comme du sable coulant entre nos doigts.

    Selon lui, une des grandes souffrances de lHomme consiste justement chercher linfini et labsolu dans ce qui ne peut ja-mais les contenir ou les promettre. Mme la fortune la plus fa-buleuse ou les demeures les plus splendides (quil avait connues

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  • en tant que prince) ne peuvent rassasier la soif dinfini qui nous habite. Chaque moment devra passer au suivant, chaque jour la nuit et chaque union une ventuelle sparation.

    Nous aurons beau dresser des bornes, des bastions et des murailles, la vie dans son lan indomptable nen respecte rien, pas plus quun ouragan balayant une ville entire ne tient compte des ouvrages de lHomme.

    la fin, Gautama reconnut que rien de limit ne peut tre satisfaisant et que toute satisfaction comportait une frustration. Il vit alors, avec la plus grande clart, que le corps et ses dpen-dances ne peuvent combler lesprit, car celui-ci est dune desti-ne tout autre, et que lui, Gautama, tait justement cet esprit, cette conscience inatteignable par le temps. Il se dcouvrait ternel, sans naissance et sans mort. Le Bouddha en lui, cest--dire lme veille sa vraie nature, tait n.

    la mme poque, Hraclite, Pythagore, Platon et Socrate allaient comprendre quon ne se baigne jamais dans le mme fleuve, que toute chose nest que lombre projete par un soleil invisible, que tout ici-bas nest quun grand jaillissement comme dune fontaine et la source qui nourrit celle-ci est lme invi-sible. Si donc il est vrai que tout coule, que tout passe, il tait galement vrai que ce nest pas un dversement inutile ou in-sens, puisque cela nest que lexpression dune source secrte et permanente. Lintarissable que chacun cherche se trouve dans la source et non dans la fontaine.

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  • Rcapitulation

    Limpermanence dcoule des lois prc-dentes : toute matire se dsagrge, soumise la loi dentropie. Ce principe est neutre et sans motion dans lanature, mais il est pnible et angoissant pour lHomme sil nest pas conscient de son immorta-lit.

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  • CINQUIME LOI : TOUT EST COHRENT

    Chez les anciens Grecs, le mot cosmos (lordre universel) est loppos de chaos (le d-

    sordre).

    Ayant pass en revue plusieurs lois de lunivers, de la ma-tire et de la vie, il est difficile de ne pas se sentir tout petit de-vant un ensemble aussi grandiose et mystrieux. Il nous vient spontanment lesprit la question suivante : tout cela peut-il avoir un sens, cest--dire une direction et une signification, se-lon le double visage du mot ?

    Lunivers et le sens Tout dabord, pour quune chose ait une signification, il faut

    un tmoin qui la situe dans un ensemble, lui trouve un rle, un rapport avec le reste. Ainsi, un cheval ou une rose nauront de sens quintgrs dans un contexte cr par lHomme : un corral, une curie ; un bouquet, un jardin. Cela ressemble la prsence des mots qui prennent du sens par leur place dans une phrase, de plusieurs phrases dans un paragraphe, de plusieurs para-graphes dans un chapitre, et dun livre tout entier dans le monde du langage. Cest le tout qui donne aux parties leur sens, leur valeur, leur unicit. Mais cest lesprit seul qui reconnat le rapport entre le tout et les parties.

    Or, lunivers ne peut avoir de contexte qui le contienne, puisquil contient tout. Il ne peut tre que le contexte absolu dans lequel sinsrent toutes significations et toutes directions. Car il constitue une infinit de possibilits, mais ne transmet pas dide, de plan ou de direction. Il est simplement lespace ouvert o les acteurs conscients qui sy trouvent peuvent crer et se raliser. Ce sont ces acteurs qui faonnent une signification et sinsrent dans une destination ; eux qui crent un sens, eux qui peroivent dans lensemble une continuit, une intelligence, une cohrence.

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  • travers similitude et diffrence Nous trouvons du sens lunivers par nos affinits et aussi

    par nos diffrences son gard. Tout dabord par nos affinits : notre corps est fait de matire, dair, deau, de terre, dtoiles, de lumire. Il est sujet la gravit, entour dun champ dnergie, sensible llectricit, lattraction du Soleil, de la Lune et des plantes. Le sens viendrait aussi de nos diffrences par rapport au monde de la matire. Car le sens que nous donnons celui-ci ne vient justement pas de la matire, cest--dire du corps, mais de lme spirituelle qui lanime.

    Cest ainsi que, en regardant les toiles au-dessus de nos ttes, lme reconnat la dimension secrte et infinie de son tre cach. Comme le dit le pote Walt Whitman :

    Il existe quelque chose de plus immortel mme que les toiles,

    Quelque chose qui va perdurer plus longtemps que lastre Jupiter,

    Plus longuement que le Soleil ou tout satellite tour-noyant,

    Ou que les surs radieuses des Pliades 24. En les regardant longuement, lme se rend compte tout dun

    coup quun moment et mille ans, cest la mme chose. Elle sent que tout cela a du sens, une signification. Elle sent aussi que, tout comme le ciel en mouvement, elle sen va quelque part, que sa vie a une direction, un sens. Cependant, tout cela demeure pour elle inexprimable par des mots, tout comme la suprme beaut dun ciel bruissant dtoiles.

    Lordre ne dpend pas que de nous La nature manifeste une conomie de moyens, une sagesse,

    un ordre et une gnrosit qui nous touchent, dans la mesure o nous sommes en croissance et en communion avec les tres, plutt quemmurs dans nos ides. Or, lorsque nous remar-quons que tout se tient dans la nature, ce nest pas une inven-tion de notre part, cest une reconnaissance de ce qui existe in-dpendamment de nous. Cette totalit y tait avant nous et nous survivra. Il y a mme des milliers de fleurs qui ne sont et ne se-

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  • ront jamais vues ou cueillies parce quelles fleurissent secrte-ment au fond dune fort, sans tmoin pour raconter leur gn-rosit ou admirer leur beaut. Lordre et la gnrosit sont l mme si nous en sommes inconscients, puisquils nous habitent galement, que nous soyons rveills ou endormis.

    Il suffit de regarder pousser les plantes pour dcouvrir com-bien lunivers est sens, intelligent et gnreux. Quand nous plaons en terre une graine et quil en sort une tige de radis ou de rosier, nous comprenons quil y a un lien entre semence et plante. Ce lien est la tendance crotre, cest--dire que le sens de la semence, cest de parvenir la plante adulte, de fleurir et de fructifier. Lintention la direction que prend la croissance est ici trs claire. Il y a une logique tout cela : une semence drable ne donnera jamais un tilleul, ni une graine de fleur rouge, une fleur bleue. De mme, une semence de porc ne pro-duira pas un mouton, mme si elle est place dans le ventre dune brebis. La semence est oriente : elle ne va que dans une seule direction.

    Et quant la gnrosit, eh bien ! il suffit de regarder flotter dans les airs au printemps les myriades de graines, de pollens, de spores, de mousses, de semences de toutes sortes qui traver-sent le firmament pour ensuite se dposer doucement sur une terre accueillante. Il suffit aussi de voir la multitude de sperme sortant des poissons, des animaux mles et des hommes. Non, la nature nest pas chiche ni calculatrice, elle est suprmement effusive et surabondante et son don est fidle et continu.

    Labsence de hasard Il suffit aussi de voir la multitude de semences sortant des

    poissons, des animaux et des hommes, dont une seule jacula-tion met quelque 500 millions de spermatozodes. Le monde est cohrent et ce sont tout dabord les lois physiques et leurs dmonstrations mathmatiques qui montrent que lordre de lunivers nest pas le fruit dun coup de ds. Cela ne signifie pas que lon puisse comprendre pourquoi cet ordre existe, pourquoi, par exemple, la lumire voyage telle vitesse, leau bout tel degr ou llectricit se comporte de telle faon. Car il peut y avoir de lordre et de la cohrence mme si on ny trouve pas le

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  • pourquoi : il suffit de trouver le comment. Or, la cohrence du monde frappe une intelligence demeure ouverte, car celle-ci se reconnat dans lordre que lui prsente lunivers travers les merveilles que sont, par exemple, le papillon, le castor, laraigne, labeille, le ciel toil et lappareil gntique.

    LE PAPILLON : Il ny a certainement pas de hasard dans la faon dont une chenille se nourrit pour prparer son stade sui-vant, la chrysalide. Ni dans le fait que celle-ci est pleine de nourriture, de directives et doutillage qui permettront ltat fi-nal : le papillon. Lentement, celui-ci mergera de son tui troit, en prenant bien soin de ne pas froisser ses ailes fragiles et fri-pes. Puis, dans un timide frmissement, il dploiera ces voiles lumineuses et partira la recherche de nourriture. Ensuite, il se trouvera un compagnon, en vue de parfaire le cycle de vie inscrit dans ses gnes. Ainsi se poursuivra sa ligne partir dun de ses ufs qui, son tour, se transformera en chenille, suivant un ordre aussi rgl que le dploiement dun ballet.

    LE CASTOR : Il ny a pas non plus daccident dans le gnie et lindustrie de ce rongeur qui sait non seulement crer un bar-rage sur leau, mais aussi choisir les branches qui y conviennent. Il connat galement la faon la plus efficace et conomique de les tailler, et ce, avec des dents parfaitement adaptes cette fin. Son nid est la fois un barrage et un bunker muni dun pas-sage sous leau, alors que le site choisi tient compte des courants ainsi que de la crue possible des eaux. Vraiment, cest comme sil avait lu Archimde ou lui avait enseign !

    LARAIGNE : Elle sait tracer un cercle partir dun centre gomtrique : elle le dessine avec des fils qui forment les jantes dune roue ; et non seulement cette construction arienne est dune grande beaut, mais elle est lgre et fort efficace. Laraigne peut sinstaller au centre pour voir atterrir les in-sectes sur une toile qui nest poisseuse que pour eux, alors que lhtesse peut sy promener comme une dame en talons ai-guilles . Or, le fil magique qui sort si facilement de son abdo-men savre la fois plus souple et plus fort que tout autre fil sorti des usines de lHomme !

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  • LABEILLE : Parlant de gomtrie, voici un insecte qui cons-truit des galeries dans cette forme parfaite quest lhexagone (bien avant que la gomtrie ait pu dcouvrir cette figure !). Et dans cette perfection, lutilit y rejoint la beaut : en effet, ces alvoles ont la taille voulue pour quune larve sy sente laise et poursuive sa croissance. Les alvoles hexagonales (quimiteront les structures godsiques de Fuller) forment ensemble une co-lonie de cellules parfaitement ajustes les unes aux autres, dans une conomie despace et daccessibilit.

    LE NAUTILE CLOISONN (coquillage de mer) : Le drou-lement de sa spirale suit une progression gomtrique connue sous le nom de suite de Fibonacci , qui sexprime par la srie suivante : 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, etc. Chaque chiffre qui suit est la somme des deux qui prcdent. Ainsi, ce que nous tou-chons en ttant ces rainures si savamment et si finement dbo-bines, cest la croissance de lanimal, qui sest faite selon une connaissance infaillible de ce quil fallait allonger ou rtrcir pour que se forme la spirale parfaite, qui satisfait tant au con-fort et la protection de lanimal quelle rjouit les mathmati-ciens !

    LA CLASSIFICATION DES LMENTS : Vers la fin du XIXe sicle, le savant russe Mendeleev remarqua que les 63 lments chimiques connus son poque avaient des proprits qui se rptaient de faon priodique. Il eut donc lide de les ranger dans un tableau, par ordre de masses atomiques crois-santes. Avec le temps, on sest aperu que toute la matire con-nue, y compris celle qui nest visible que grce de puissants tlescopes, tait constitue dune centaine dlments. La raison pour laquelle tous les lments connus se rangeaient sagement dans un simple tableau na t lucide quavec lavnement de la physique quantique. Mais la cohrence clatante du monde des lments fut considre comme une des plus grandes d-couvertes de la chimie moderne ; on pourrait mme dire que cela en constitue la charte.

    Il est tout de mme tonnant que ce qui satisfait parfaite-ment lesprit rationnel la classification priodique des l-ments chimiques corresponde exactement la facture de la matire dans son aspect chimique ! Autrement dit, cet ordre et

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  • cette cohrence nexistent pas grce un savant qui les a dcou-verts. Non : celui-ci les dcouvre parce quils existent dj.

    LHARMONIE DU CIEL : Il suffit de regarder le ciel toil, darriver identifier ses astres favoris, de se rendre compte quils sont tous l (mme sils ny sont plus rellement !), fid-lement leur poste, et ce, longueur danne. La lune orange remonte toujours lhorizon pour devenir blonde, ensuite blanche ; la Terre se trouve exactement la bonne distance du Soleil, rendant possibles la vie et latmosphre, car sil y avait un seul degr dcart, la Terre grillerait l instant ou se changerait jamais en glace. Pour quil y ait de la vie ici, il fallait un doigt infini une grande sagesse, une fine intelligence, et bien sr une connaissance consomme des lois de la physique (!) (En-core ici, ce nest pas la physique qui rend cela cohrent, mais cest parce que cest davance cohrent que la connaissance phy-sique y est possible.)

    LA GNTIQUE : Quelle intelligence, quelle mystrieuse prvoyance veille aux premires tapes de la vie ! On y voit quatre molcules destines devenir toutes les formes vivantes, depuis la bactrie la rose et de la libellule lHomme. Les ins-tructions de la vie sont ainsi rdiges en un langage la fois simple et universel. Pourtant, la science ne peut expliquer comment un code aussi conomique peut engendrer une telle complexit de corps, de races et de familles dtres. En effet, comme le disait le biologiste David Suzuki : La science ne comprend pas le mystre de la vie. Mais ce nest pas parce quil est fait darbitraire et dincohrence, au contraire, son ordre et son intelligence dpassent notre logique et demeurent irrductibles nos calculs ou nos prjugs.

    Un autre mystre qui sen rapproche est celui de la gestation chez lHomme : comment luf fcond peut-il scrter lui-mme un placenta en vue de recevoir le corps qui va sy dve-lopper ? Et vers le troisime mois, comment lembryon peut-il se diversifier pour former organes, membres, sang, hormones, ossature, systmes lymphatique et nerveux ? Que tout cela puisse tout dabord se dvelopper partir dune mme cellule (le zygote), et former un tout cohrent, demeure un mystre complet pour la biologie.

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  • Mais le mystre ne sarrte pas l. Car, ds lunion des cel-lules mle et femelle, cest la vie intelligente lme qui pr-side au dveloppement de lorganisme jusqu la naissance, et plus tard, lorsque la maturit et lexprience auront fait leur tra-vail, lme parviendra la pleine conscience de sa mission ter-restre. Cela bien sr dpasse le domaine de la science moins quun jour elle ne parvienne intgrer dans ses connaissances lexistence de lme et le destin spirituel de lHomme.

    Quand les physiciens se tiennent muets devant lapparition de la vie et que, ne pouvant lexpliquer partir de la matire inerte, ils lattribuent paresseuse-ment au hasard ou la nature, ils sont de mauvaise foi. Ils ne veulent pas reconnatre la cohrence de la nature vivante son ordre inexplicable , pas plus que son in-telligence, cest--dire le fait quelle soit anime et gre par de la conscience. Mais il ne faut pas sen tonner, car dans la mesure o lHomme nest pas cohrent avec lui-mme en contradiction avec ses motions, ses dsirs et son pass , il ne peut non plus reconnatre la cohrence du monde. Car tout se tient, et lunivers reflte lHomme tout comme celui-ci peut y retrouver son propre reflet.

    Les savants sans ouverture refusent donc de reconnatre que la matire est prpare recevoir la vie par une nergie intelligente qui dpasse les possibilits de la ma-tire seule. Pourtant, lvidence est partout devant nous : de la matire, la terre, la vie physique, un microbe ; de celui-ci la vie sensible, une plante ; de la vie sensible la vie autonome, un chien ; de cette vie la vie cons-ciente delle-mme -lHomme , il y a une croissance continue, une pousse directrice, qui prside au dvelop-pement progressif.

    Ce qui permet de dire cela, cest tout dabord que, selon la biologie, lHomme contient et rsume en lui-mme toutes les tapes prcdentes ; ensuite, quil ny a pas eu despces qui laient dpass en tant que possibilit de croissance et de comprhension (mme si chacun est loin de manifester ces possibilits en lui-mme). Car il de-

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  • meure que lHomme est le seul pouvoir toujours ap-prendre, le seul qui soit capable daimer et de pardon-ner, le seul qui puisse dpasser lagressivit animale pour atteindre une conscience spirituelle.

    Cest la conscience, et non le hasard ou un concept fourre-tout et puril comme la Nature, qui fconde la matire pour en faire de la vie et qui prpare des corps pour quils soient ventuellement prts sentir, smouvoir, puis penser, comprendre et aimer. Cest par le haut (lesprit) que le bas (la matire) peut tre compris. Ou dans les mots du mathmaticien Whi-tehead : Il faut commencer par la dimension la plus leve pour clairer la plus basse , puisque cest la cons-cience qui a prsid lvolution de la vie dans la ma-tire et que ce nest certainement pas la matire qui a pu se donner elle-mme cette dimension.

    Dans un livre dune grande importance, Un autre corps pour mon me 25 , Michael Newton, qui pendant des annes a tudi les conditions et les connaissances de lme dans lau-del, crit ces mots fort clairants : Les mes ont ensemenc la terre plusieurs reprises et dif-frents moments. Elles se cherchent des corps assez vo-lus pour y habiter. Ce sont les mes qui ont fait de nous des humains. Les mes plus avances sont spcialises dans la recherche dhtes convenables pour les nouvelles mes. (Voir aussi Journey of Souls , 1995.)

    En effet, tout comme il ny a pas de coupure entre lHomme et lunivers, il ny en a pas davantage entre ce monde physique et visible et le monde invisible des tres de lumire auquel nous participons dj par lme.

    Si nous pouvons connatre et comprendre lunivers lui trouver du sens , cest parce que la matire et lesprit viennent dune mme source, comme le confirment les plus grands sa-vants du XXe sicle, cest--dire ceux qui justement ont reconnu lexistence de lesprit et lont intgr dans leur vision des choses :

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  • James Jeans et Sir Arthur Eddington, physiciens : Le monde est pense, le monde est esprit. Dj en 1946,

    Eddington dcrivait la physique comme ltude de la structure de la conscience . (Jean Charon, LEsprit et la science, Paris, Albin Michel, 1983.)

    Abdus Salem, prix Nobel de physique : Je ne crois pas que la science puisse tout expliquer. Je ne pense pas quelle puisse traiter de ce qui est derrire ou au-del de la nature de ce qui est la source du monde visible. [Id.)

    Jack Sarfatti, physicien : La nouvelle physique suggre que la conscience elle-mme entre dans la fabrication de lunivers et affecte celui-ci ; la matire et la conscience forment un continuum. (Ilya Prigogine, Order Out of Chaos, N. Y., Bantam, 1984.)

    Toshibo Izutsu, physicien : La matire peut et doit se rduire la conscience, la condition rigoureuse que nous pre-nions la conscience dans son sens desprit cosmique et non hu-main. (Science et conscience (collectif), Paris, Stock, 1986.)

    Roger Jones, physicien : La conscience et le monde sont des aspects diffrents, mais complmentaires de la mme chose. Il ny a pas deux mondes spars, mais un seul. (Per-ceiving Ordinary Magic, N. Y., New Science Library, 1984.)

    Alfred North Whitehead, mathmaticien : Si vous voulez connatre le principe gnral de lexistence, vous devez commencer en haut et utiliser la dimension la plus leve lesprit pour clairer la plus basse la matire et non pro-cder linverse. (Ken Wilber, Quantum Questions, New York, New Science Library, 1984.)

    David Bohm, physicien : La conscience existe dans toute matire. Nous devons accepter que la conscience univer-selle est une ralit, mme si nos instruments sont incapables den rvler directement la prsence. (Dans la revue Re-Vision, dirige par Ken Wilber, automne 1982.)

    Ilya Prigogine, chimiste : La matire et la conscience forment un conti