lepage, henri - demain le capitalisme

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,) 'Demainlecapitalisme CollectionPluriel dirigeparGeorgesLibert HENRILEPAGE Demain lecapitalisme LELIVREDEPOCHE LibrairieGnraleFranaise,1978. Introduction 9 CHAP. CHAP. 1:Lesnouveauxconomistesamri-cains........................17 Unervolutionscientifique etidologique.' II:L'histoiredfalsifieo...........61 Lanouvellehistoire conomiqueetleshistoriens libertariens. CHAP.IIICommentestnelaproprit..91 L'outilconomiqueetl'histoire desinstitutions. CHAP.IVPourquoilacroissanceo.........121 CHAP. CHAp. L'conomieduDroitet lesvritablesorigines ducapitalisme. V:Pourquoil'Etatcrot-il?o.......169 L'EcoleduPublic Choice . VI:L'Etat-providencedmystifi217 LescoCUs del'interventionnisme. 6Demainlecapitalisme CHAP.VII:Rinventerlemarch..........263 L'EconomiedelaLibert. CHAP.VIII.:Lesrvolutionsde Gary Becker..321 L'Economie.dutempset lanouvellethorie duconsommateur. CHAP.IX:MiltonFriedmanoulamortde Keynes......................373 Lesnouvellesthoriesde l'emploi,duchmageet del'inflation.. Conclusion:Demainlecapitalisme.... ......413 Bibliographie................................433 / Demain lecapitalisme HenriLepage,trente-sixans,diplmdel'Institut d'EtudesPolitiquesdeParis ,(1962).Etudesd'cono-miel'UniversitduColorado,puislaLondon SchoolofEconomics.Journaliste,ancienrdacteur enchefadjointdel'hebdomadaireEntreprise(1967-- 1975).Spcialistedesproblmesdeconjonctureset affairesmontaires.RdacteurenchefdeReview (1975).Actuellement chargdemission l'Institut de l'Entreprise;collaborateur delarevue Ralits. Vice-prsident del'Associationpour l'EconomiedesInsti-tutions. ( Remerciements Jeremerciel'Institut del'Entreprise,sesanimateurset sesmembres,sanslesoutienetl'appuidesquelscelivre - fruitd'unlongtravailderechercheetdedo.cumen-tation- n'auraitjamaisvulejour.Jeremercietout particulirementleprsidentJeanChenevieretMichel Drancourtpourl'intrtqu'aimmdiatementveill chezeuxl'ided'approfondirlesapportsdelathorie conomiquemoderneaurenouvellementdelarflexion politique. Mesremerciementss'adressentaussilarevue" Ra-lits D,enla.personnedesondirecteurDidierRmon l'initiativeduqueljedois.levoyagequimepermitde prendredirectementcontactavecquelques-unsdesplus minentsreprsentantsdelapense"no-librale Dam-ricaine.Uncertainnombredechapitresdecelivresont issusd'articlesquionttpublisdanslecourantde l'anne1977danslescolonnesde"Ralits D. Jedsiregalementrendrehommagetousceuxqui, parleurscommentiresetractions,m'ontaidaffiner maconnaissancedesnouvellesapprochesdelathorie conomique.Jepenseenparticulier Jean-JacquesRosa, ledynamiqueprsidentdel'Associationnationaledes docteursssciencesconomiques,etsescollguesuni-versitairesqui,d'oresetdj,multiplientleursefforts pourdiffuserenFrancelesnouvellesapprochesde l'"Economiegnralise D. Enfin,aussiparadoxalquecelapuisseparatreenrat-sondesonerllgagementpolitique,jementionneraiSerge-ChristopheKolmqui,sanslesavoir,futleresponsable indirectdecetterecherche:sansleslonguesconversa- tionsquenousavonseuesl'poqueojedbutais commejournalistel'hebdomadaire"Entreprise D,je n'auraissansdoutejamaiseul'idedem'intresser d'aussiprsauxenseignementsdes"nouveauxcono-mistes DdeChicago. Dormelles,le13novembre1977. \ Introduction TOUTBlaFrance .a,peuouprou,entenduparlerdu livrepubli en1912parJacques Attaliet MarcGuil-laume:l'Anti-Economique 1.Bienquepeudegens l'aientrellementlu,cetouvrageaimmdiatement connuungrandsuccsauprsdenosmediaet leaders d'opinion: intellectuels, journalistes, hommes politiques...Par uneformulequejen'hsiteraispas qualifier degniale,ilarvlau grandjour l'une desdonneslesplusfondamentalesduMalfran-ais:cequeRaymondRuyer 2aappel1' cono-mophobie gnralise de notre socit. Qu'on le veuilleou non, en dpitdescontre-vrits, desfalsificationsscientifiques,oummedesescro-queriesintellectuellesqu'ellescomportent,ilnous fautnousrendrel'vidence:lesidesanti-cono-miquessontaujourd'hui la norme de l'opinionpubli-que.Cesont ellesqui,dsormais,formentlaculture conomiquepopulaire et conditionnentla plupart desrflexespolitiquesdenosconcitoyens,sansque ceux-ciappartiennentncessairementl'opposition d'idologiesocialiste. 1.P.U.F. 2.DansElogedelaSocitdeconsommation, CaImann-Lvy, 1969.. 10Demainleca1italisme * ** Indpendammentdesesdivisionspolitiquestradi-tionnelles,intellectuellementlagauchefranaise actuelleestenfaitl'amalgamededeuxcourantsde pensed'originestrsdiffrentes:d'unepartles marxistestraditionnels,d'autrepartceuxquel'on peut qualifier deno-radicaux ,par dmarquage du termeradicaldontsesont baptiss lesjeunescono-mistescontestatairesdelaNewLeltamricainedes annes 1960. L'apparitiondecettenouvellegaucheaconsti-tul'undesvnementspolitiquesmajeursdes annes1970.Issuede1'Economieradicale amri-caine,elleaapportlagauchefranaise,sansque celle-cienaittoujoursconscience,lenewlookido-logiqueetl'apparentecohrencedoctrinalequilui faisaientsicruellementdfaut. L'unedesgrandesconsquencesdel'introduction enFrancedesanalysesdecettenouvellegaucheest d'avoirsortilapensemarxistedesonghettoen favorisant un grand rassemblementanticapitaliste sur desthmesqui permettent de masquer lesdiver-gencesdoctrinales de fond. Certes, fondamentalement, les problmes demeurent lesmmes: droite,des gens qui continuent d'adh-rerunephilosophieindividualiste;gauche, d'autresgensquiconsidrentquel'hommen'existe qu'en tant que membre d'un groupe, et qui encensent donclecollectif audtrimentdel'individu.Mais, alorsquelediscourslibralsubitl'usuredutemps, celui des socialistes at rajeuni par l'apport de sang neufenprovenancedescontestationsdelanouvelle gauche. Ilestvraiquelalogomachietraditionnelledes partis politiques de gauche, elle, n'a pas t telleqlent renouvele. Mais ce n'est pas cela l'important;cequi Introduction11 compte,c'estcettemodeintellectuelledesides radicales" qui,parcequ'ellesbnficientd'uneffet demodernit,etaussidulabelscientifiquelien partieleurorigineanglo-saxonne(cequipermet donc de mettre finl'hypothque du lien entre socia-lismeetdmocratiespopulairesdetypesovitique) sediffuseinsidieusementmmedansdesmilieux prioripeususpectsdesympathiesprononces l'garddesutopiessocialistes. Levritabledangervientmoinsdesdiscourset palinodiesdeFranoisMitterrandetdeGeorges Marchaisquedecetteintoxicationintellectuelleen profondeurqui,peupeu,habituetouteunepartie de l'intelligentsia et de l'opinion franaiserflchir, souventsanss'enrendrecompte,entermesmar-xiens ". * ** L'importantdanscettepenseradicale"estsa dimensiondecritiquescientifique. N'oublionspas,en effet,que ce mouvement n aux Etats-Unisn'taitpas,l'origine,proprementpar-lerunmouvementpolitique.Ilestissud'ungroupe d'universitairesqui,ayant.dcouvertlesenseigne-ments des philosophes marxistes europens(Marcuse, Althusser,Gorz, ... )seprsentaientavanttouten contestatairesdesfondementsdel'enseignement co-nomiquetraditionnelanglo-saxon.Lesradicaux amricainsreprochentauxconceptsdebasedela scienceconomiqueorthodoxe(approcheindividua-liste, concept de l'Homo oeconomicus qui sert de base toutel'analyseno-classique",thoriedumargi-nalisme... )den'treque desinstrumentsutilisspar lesclassesaupouvoirpourlgitimerlemaintiende structuresetd'institutionsqu'ilsaccusentdepren-.niserunordresocialfondamentalementinjusteet ingalitaire.Leurcritiquen'estdoncpasseulement 12Demain,lecapitalisme d'ordrethique.Elleseprsenteenpremierlieu commeuneremiseen ,causeinternedesbasesscien-tifiquesdeleurdiscipline.Celaasonimportance: - d'abord,parce quec ~ t t e critiqueconduit une remiseencausedesfondementsmmesdusystme depense(leparadigme)quisertdesupport scientifiquel'idologielibrale; - ensuite,parcequ'ilenrsultequeleconflit politiqueetidologiquedontnoussommesactuelle-ment lestmoinset lesacteurs est dsormaisinspa-rableduconflitdoctrinaletscientifiquequioppose les, conomistesorthodoxesetlibraux,auxcono-mistescontestatairesmarxistesouno-marxistes. * ** Enconsquence,jecroisprofondmentqu'ilest aujourd'hui impossible de mener une action politique efficace sans commencer par approfondir leproblme desrapportsentre les, idologieset lascience cono-mique.Il ne sert rien de dfendre la socit librale etl'deseulset uniquesresponsablesdes malversationsdontcertainsn'avaientpuserendre coupablesqu'aveclacomplicitactivedupouvoir lgislatifetexcutif,quecesoitaunivel:lufdral ouauniveaudecertainsEtats.A cetgard,lerle desfameusesloisanti-trust(ShermanAct,qayton Act)futconsidrable...Etc'estsurcetteimagedu capitalisme,forgedetoutespicesparceuxqui avaientintrtserefaireunevirginit,quenous vivonsdepis. 1 Il est vrai que les capitalistes de l'poque n'taient, pas plus que ceux d'aujourd'hui, tous de petits saints. Mais il faut se garder de tomber dans le inverse etdeconsidrer $luetoutcequiareul'onctiondu 1.GabrielKolko,TheTriumphofconservatism,Chicago,. QuadrangleBooks,1963. 72Demainlecapitalisme suffrageuniverselincarnencessairementlebien ':alorsquetoutcequirussitparlemarchne peut tre le fruit que de la malveillance et dumal . Iln'l apasderaisonpourminimiserle rlemalfai-santqu ontjoudesindividuscommelesGould,les Drew ou lesFisk l'occasiond'affaires aussi fraudUleuses que l'opration duCrdit Mobilier ou celledu cheminde ferde l'Eri;mais, crivent les. auteursde TheIncredible Bread Machine,nous ne devonspas oublier que les escro-queries auxquellesceux-ci se sont livrsn'auraient jamais pusedveloppersanslacomplicitouvertedupou-voirpolitique.Prenezparexemplel'affaireduCrdit Mobilier,l'undesplusbeaux casdefraudefinancirede toutel'histoiredesEtats-Unis;ceuxquienparlent oublientgnralementdeprciser quecegroupeafond toutesafortunesurunvasterseaudesubventions,de franchisesetd'ava,ntagesfonciersaccordspariegou-vernementamricain.Delammefaon,ilsoublientde rappelerqu'en1872c'estl'Assembledel'EtatdeNew Yorkquiablanchilesagissementsdelabande d'escrocs qui prsidait aux destinesdel'Eri Railroad; ou encore, quecesontlesdputscalifornienseux-mmesquiont dotl'UnionPacificRaiIroaddecet extraordinairemono-polequifaisaitqu'-lafindusicledernieril. cotait moinscherd'utiliserlavoiemaritimeparlecapHorn pour expdier desmarchandisesde San Francisco New Yorkquelechemindefertranscontinental. [ ... ] Cequiestencause,poursuiventnosauteurs,ce n'estpasleCapitalismelui-mme,nilefaitqu'ilsesoit trouvdesindividusmalintentionnspouracheter l'honntetd'honorablesdputsOuministres;maisle faitqu'ensortantdesonrlestrictquiestd'assurer l'ordreetdegarantir~ e bonfonctionnementdesmca-nismesd'changevolontairequisontlabasedetoute conomiedemarch,l'Etatacrlui-mmelescondi-tionsdecettecorruption. Autrementdit,suggrent-ils,lepluscoupable n'est pas celui qui mange la carotte, mais celui qui la tend. Silepouvoirpolitiquenes'taitpasdelui-mme dotdepouvoirsconomiquesexorbitants,luidon-L'histoire.dfalsifie73 nantlesmoyensdefaussersoninitiativelelibre jeu desmcanismesconcurrentiels,le marchaurait suffifaire'saproprepolice.Toutcequel'on reprocheau Capitalismenetient pas sa nature, sesprtendueslois,maisaufaitquec'estl'Etat qui,ensortantdeseslimitesnaturellesd'action, empche lesmcanismesd'assainissement lisau jeu concurrentiel de fonctionner efficacement. Comment? En larentabilitindividuelledel'action desgroupesdepression(lobbying)parrapport la rentabilitdujeuconomiquenormal;enfaisant qu'ildevientplusrentablepourlesagentsconomi-ques de consacrer une part croissante de leurs efforts etdeleursressourcesl'actionpolitique;qu'au fur etmesurequele"domainedel'Etats'tend,il devientplusprofitablepourlesentrepreneurs d' acheter le personnel politique que d' acheter leursclientsenleuroffrantcequ'ilsdemande:p.t.Il estnaturelquetoutentrepreneuressaiedesepro-tgercontreleseffetsdelaconcurrence.Nous sommestousbtissurlemmemodle:nousne reculonsguredevantlafacilit;sinouspouvons chapper auxcontraintesdela concurrence,ilserait irrationnelquenousn'essayonspasd'enprofiter.Ce quin'estpasnaturel,c1estqu'enintervenantdirec-tementdanslavieconomique,defaontoujours deplusenplus, tendue,l'Etatcrelui-mmeles conditionsncessairesunemanipulation croissante desloisdumarchauprofitdegroupesd'intrts particuliers. Detelsraisonnementspeuventparattrespcieux. Maisilsneleserontquepour ceuxquiadhrent au mythedel'Etat,institutionsupra-humaine, incar-nant de par sa seule existencerintrt gnral. Si en revanche,onconsidrequel'Etatn'est "9,u'uneorga-nisationhumainecomme une autre,dernre laquelle se-profilent des individus ni plus mauvais ni meilleurs quelesautres,et ol'intrt,gnraln'est en finde 74Demainle-- cppitalisme compte que la rsultante d'une multiplicit de Conflits depoilvoit;cesraisonnementsprennentunetoute autre valeur,Ils -nousaident en particulier prendre conscienceducerclevicieuxdontnoussommes victimesetquiconsistelgitimer l'extensionpermanentedurledel'Etatdansla socit aunomdeproblmesdontonfaitporterla responsabilitaucapitalismevisageinhumain etauxloisdumarch,alorsqu'ilsn'existentque parcequeprcisment c'estl'Etat et sa bureaucratie quiontprcdemmentfausslesrglesdujeucon-currentiel. Cequi aboutit suggrer que nous vivons dansunecurieuse socit. o largleestdeprvenir lemeurtre en confianttous les pouvoirsde police .,. l'assassin ! L'anti-trustdmystifi Le. ShermanAct(1890)ettouteslesloisanti-trusts(ClaytonAct,1914;Robinson-PatmanAct, 1934 ... )jouentunrleimportantdanslaviecono-miqueetindustrielleamricaine.Leurphilosophie est fondesur l'ideque sil'Etatfdraln'taitpas lpoursurveillerlesagissementsdesgrandesentre-prises, aujourd'hui toute l'conomie amricaine serait contrlepar unepoignedetrustsprivsdugenre GeneralMotors,I.T.T.,I.B.M.etcompagnie...Cette ideest-ellejustifie? Il peut paratre curieux de poser une_ telle question tantil paratallerdesoi,dansl'espritdelaquasi-totalitdenoscontemporains,quel'Etataunrle essentieljouerpour _sauvegarderunminimum d'conomie concurrentielle. Pourtant, depuis quelques annes,uncertainnombredejeunesiconoclastes -ne craignentpasdepassercetteidel'preuvedela recherchehistoriqueetthorique.Etleursconclu-sionsnemanquentpasdesurprendre. L'histoiredfalsifie7S Fondessurunerelectureattentivedesminutes desprocsntitrustslesplusclbres,ellesmon trent en effetqUela plupart desentreprises condam nesparlesautoritsjudiciairesdepuisplusd'un ,demi.sicle,l'ont t davantage sur desintentions , desidesreuesoummedesquesur des faitsrelsdmontrantsanscontestationpossible qu'elles s'taient rendues coupables de pratiques com mercialesanticoncurrentiellescaractrefranche-mentdloyalou .frauduleux.Cesconclusionssont notamment l'origine d'un courant de pense auquel adhrentunnombrecroissantd'conomistesanglo-saxons (parmi lesquels citons George Stigler, Richard - Posner,YaleBrozen,KennethElzinga,D.Dewey, F.Scherer,D.R.Kamerschen... ),et quiapour caraco tristiquesinonderemettreencausel'idemme depolitiquesdela concurrence,du moinslaplupart desconceptsquiserventactuellementdefondement l'action despouvoirspublicsen matired'interven tiondanslesstructuresd'organisationdel'industrie. (Enparticulier,l'idequetouteconcentrationverti caleestapriori- c'estdiresaufpreuvescontrai res- conomiquementnfaste,et qui vientdefaire l'objetd'uneremarquabletudecritiquedansun petit livre publi par l'American Enterprise Institute : VerticalIntegrationintheOilIndustry.) Prenonsparexemplelefameuxprocsintent la Standard Oilaudbutdu sicle et quisetermina, en 1911, par la dislocation juridique du groupe Rocke feller.Ceprocsaeu uneinflue.nceconsidrablesur toutelavieconomiqueamricainedanslamesure o'. c'estluiquia fixdfinitivementdansl'opinion l'idequelesgrandsconglomrats. parnature desconstructionsmalfaisantes,fondantleurfortune surunetrahisonpermanentedufairplaycommer cial. Onreprochait JohnD.Rockefellerdeux choses: d'uilepart,depratiquerunepolitiquedediscrimi 16 Demainlecapitalisme nationgographiquedesprix,pourliminerses concurrentssur lesmarchso il n'avaitpas n c o r ~tablisonpouvoitdemonopole(ventesprixde dumpingfinancespar lessurprofits. ralisssur lesmarchsoil taitseulenlice);d'autrepart, d'avoirdifisonempiregrceauchantagequ'il menaitsurlescompagniesdechemindeferpour obtenir des rabais secrets qui lui permettaient d'avoir desprixderevientinfrieursceuxdesesconcur-rents.Rockefeller,disait-onl'poque,estl'exem-plemmedumonopolenfastedontlapuissance reposesurl'utilisationsystmatiquedetoutesles pratiquesdloyalespossiblesetimaginables.Etil futcondamn.. Dansunarticledemeurclbre etquifitbeau- . coupdebruitlorsdesaparution(1958),unprofes-seur amricain,JohnMcGee;dmontraquetout cela n'estquelgende;- unelgendemontepartous ceuxquelarussitedeRoclcefellergnait ou rendait jaloux.Utilisantd'abordunraisonnementthorique qu'il vrifie ensuite par une abondante documentation surlemarch t leprixdesproduitsptroliersla finduXIXesicle(priodedela grande expansionde l'empireRockefeller),il conclut l'irralit des accu-sationsportesl'encontredelaStandardOil. Quecesoit pour tablir sa positiondemonopole,ou ensUitepourlamaintenir,crit-ildanssaconclusion,il apparatclairement,partirdesdonnsquenouspos-sdons,quelaStandardOi!n'ajamaisutilisdevri-tablespratiquesdloyalesdestinesrduirelaconcur-rence.Pouruneraisonbiensimple:cen'taitpasson intrt;il luienauraitcotbeaucouppluscherdese livrercepetitjeupourliminersesconcurrentsque defairesimplementl'effortderacheterlesactivitsde ceux-ci,mmeunprixsuprieur.leurvaleurde march. .. L'argumentutilispar le professeur McGeemrite quel'ons'yarrteunjnstant.Sonobjectifestde L'histoiredfalsifie77 remettreencausel'idetropsimplequel'existence d'unmonopolecreensoiunesuspicionlgitime depratiquesdloyalesdelapartdumonopoleur.Si unefirmechercheliminersesconcurrents,expli-que-t-il,c'est parce qu'elle en attend des super-profits. Chercheratteindrecetobjectifparexempleen menantuneguerredeprix(politiquededumping) estunesolutioncoteuse(pertesimmdiates) et qui nerapporteraqu'auboutd'uncertaindlai.Une techniqueplussimple,etsurtoutplusrapide,est deracheterl'adversaire.L'aspirant-monopoleurest en position d'offrir cet adversaire un prix suprieur lavaletirdemarhdesonentreprise,dansla mesureoil escomptequecerachatluipermettra deraliserdessuper-profitsqu'ilpour:racollecter beaucoupplusrapidement.Sil'ontientcomptedes phnomnesd'actualisation,cessuper-profitsaccu-mulsplusrapidementontunevaleurplusgrande quelesmmessuper-profitsralissplustard.A l'inverse,ilest vraiquel'adversairepeut ne pastre vendeur.Mais,moinsd'avoirdespenchantssuici-daires,illuifauta,ussitenircomptedespertesque laguerredesprixluicotera,ainsiquedesprofits potentielsqu'ilraliseraitaveclerevenuimm-diatdela vente.Pour l'un comme pour l'autre, la loi duprofitfaitquelameilleuresolutionestcellequi permetd'viterla guerre desprix. Cela netranche pas le problme moral du mono-pole.C'estunautredbat.Maiscelamontreque, lorsqu'ilyamonopole,c'estuneerreurdelesoup-onnerimmdiatementdes'tredifipardespra-tiquesdloyales. Autrement dit, la Standard Oil, pour autantquesapolitiquetaitdes'installerseulesur sesmarchs,n'avaitpasbesoind'emreiIidreleslois du fair p l a ~ commercial pour atteindre ses objectifs. EtelledOItsarussiteausimplefaitquelasup-riorit- desonorganisationainsiquelaqualitde sa gestion- luidonnaientlesmoyensderacheterses 78Demainlecapitalisme concurrentssansavoirbesoinde. recoUrird ~ smoyens 'occultesOUdloyaux. Unautretravailimportantconcernantcetteques-tiondesmonopolesestunethsepublieen1972 s o ~ s letitreTheMy thofAntiTrust.L'auteur,D.T. Armentano,aujourd'huiprofesseurl'Universitde. Hartford,ysoutientl'ideque,contrairementla croyancegnrale,lesphnomnesdecartellisation (accords, deprix,rpartitionsvolontairesdemarch, ententes... ) n'ont jamais jou un rle significatif dans la vieconomiqueamricaine,mme auxplusbeaux jours du prtendu laissez-faire .S'appuyant comme leprofesseurMcGeesurunconsidrabletravailde retourauxsourcesdel'poque,et. enrexaminant lesaffairesd'ententeslesplusclbresdel'histoire desEtats-Unis (celle de l'AddisonPipe Company,par exemple,quidatede1899etreprsentelapremire grandecondamnationd'uneententeilliciteportant surlesprix),D.T.Armentanoattirenotreattention surlefaitqu'ilfauttablirunedistinctionentre l'intentionquiconsistepourles'firmesincrimines avoireffectivementcomplotenvued'instaurer uncartel,etlamatrialitdespratiquesanti-cono-miquesquileursontreproches. Il. estvraiquelesprix imposs,lespartagesdemar-ch,lespratiquesdiscriminatoirestaientmonnaierela-tivementcourantelafindusicledernier;mais. explique-t-il,ilfautsegarderd'endduirequecespra-tiques coupables taient ncessairement efficaces. Bien aucontraire.Unetudehistoriqueattentivenousrvle eneffetquetrsraressontlesaccordsdecartelsayant effectivementfonctionnpendantunepriodedetemps significative.Laralit estque,peine. signs,laplupart de'Scartelstaientimmdiatementtrahisparlesparte-naireslesplusfaiblesquiessaientdetricher. avecles rgleslabores la veille. Maiscescoupsbas, cesentorses auxaccordssignssefaisaienten douce ,en tournant souventdefaonindirectelestarifsofficiellementimpo-ss,desorte quedenombreusesentreprisesamricaines L'histoiredfalsifie'79 onttcondamnespourdesactesd'ententeseffective-mentillicites,maisquedanslapratiqueellestaient incapablesdefairerespecter,Ellesonttcondamnes pourdesprofitsillicites \)qu'ellesn'avaientjamais perus. EtD.T.ArmentanQdeconclure: Lesseulscasvritablesdecartellisationayanteffec-tivementfonctionnaupointdefausserdurablementles mcanismesd'lllllocationdesressources:etdonc. de 'nuire rellement au consommateur sont ceux o les entreprises ontbnficidel'appuilgaldespouvoirspublics.Il n'estpasquestiondenierl'existencedecespratiques anti-concurrentielles,nidenier quecelles-cinuisentla collectivit.Maiscequ'unretourattentif et critiqueaux sourcesdel'histoireconomiquervleestque,dans uneconomiedemarchol'interventiondes' pouvoirs publicsestminimale,l'intensitdQjeu concurrentielest tellequ'elleneutraliselaplupartdeseffortsqueles entreprisesfontpourchapperauxcontraintesdela concurrence. Danslemmeordred'ide,nouspourrionsciter lescritiquesqu'uncertainnombred'conomistes contemporainsadressentactuellementl ' ~ des autrespiliersderarmadaanti-trustamricaine:le Robinson-PatmanActquidatedesannes1930.et dontla vritablefinalit,enempchant lesguerres deprixlocales(interdictionparexemplefaite un grand magasin de vendre les mmes rfrigrateu,rs endessousdesprixpratiqusparlespetitsdtail-lantsvoisins),taitdeprotgerlasurviedespetits commercescontrel'e1tpansiondesgrandeschanes. Une tudeattentivedesfaitsmontreque .ette lgis-lationeutexactementl'effetinverse:enempchant lesassociationsdedtaillantsd'obtenirlesmmes rabais que lesgrandesfirmesde gros,elleaacclr laconcentrationducommerceamricain,et protg les profits des grandes firmes au dtriment des petites entreprises(et duconsommateur)... 80Demainlecapitalisme Lesguerresdeprixetlesententes,nousfont remarquercesconomistes,sontdesphnomnes dont il n'y. ajamaislieudeseglorifier.Maisilfa1,Jt replacerleurrledansfieperspectivedynamique dufonctionnementdel'conomie.Ilsjouent unrle essentieldans la dynamiquelongtermedebaisse desprix,etdoncd'accroissementdusurplusdu consommateur.Tant que cesphnomnesdemeurent sporadiques - cequ'ilssontparnature:onn'a jamai$vuunentrepreneurseruinerenvendant au-dessousdesesprix derevientsimplementpour leplaisir d'liminersonvoisin(cequi faitquetoute guerredeprixaunelimitenaturelleau-delde laquelle plus personne n'a intrt continuer d'agres-sersonvoisin);demme,commenousl'avonsvu, lesententesquisecrentnaturellementaprsune guerredeprixn'ontjamaisqu'unedurerelative-ment courte, le temps pour les adversaires de recons-tituerleursforces- ilssontplusbnfiquespour la. socit,quenfastes.Cequiestnfaste,c,'est lorsqu'uneententeouuncartelesteffectivementen mesurededurerpendantunepriodetrslongue, sinon indfinie dans bien des cas. Or quand cela est-il possible?Lorsquel'Etatapporteauxmembresde l'ententelesoutiendesonappareilcoercitif.Sans l'Etat,il nepeutpasyavoir decartelsou d'ententes ayant,surlelongterme,unr61erellementanti-conomique.Quelssontdonclescartelslesplus nfastes ilCeux,parexemple,quirglemententles professionslibraleset quidonnentunbon exemple delafaondontcertainsgroupesd'intrtscorpo-ratifsutilisentleurpouvoirpolitiquepourobtenir quel'Etat served'abordleursintrtsavantceux de lacollectivit. Autreexempledecartelngatifinstaurgrce lacomplicitdel'Etat:celuidescheminsdefer. Pendantdesannes,lafinduXIXesicle,lescom-pagniesamricainesdechemindeferonttoutfait L'histoiredtfalsifie81 pour essayer~ e mettresurpiedunestructurecom-munedetarifs.Ellesn'ysontjamaisparvenues. Cartels'surcartelssesontsuccdpendanttrente ans,quin'ontjamaisdurquetrspeudetemps. Ellesn'ontrussiquelejour o,grcel'appuidu partiagrarienquiytrouvaitunmoyendesefaire subventionner par l'Etat, ce sont les pouvoirspublics quiontprisenmainleproblmeparlavoiergle-mentaire. A partir de ce jour acommenc le vritable dclindescheminsdeferamricains.Pourquoi? Parcequelasuppressiondelaconcurrenceafait entrerlescompagniesdechemindeferdansun cerclevicieux:plusdeconcurrence,moinsd'incita-tionl'efficacitetl'conomie;d'ocotsplus levs, marges rduites, moins d'investissements, dt-riorationdumatriel,cependantquela haussergu-liredestarifs,ncessairepouramortirlahausse descots,etaccordeparlespouvoirspublicsde tutelle,diminuaitlacomptitivitduchemindefer parrapportauxnouvellesformesdetransportrou-tierquisedveloppaient;d'omoinsdeclients, moinsderecettes,et ainsidesuite... Cetteidequelesvraiseffetsdemonopole.etde concentrationdupouvoirconomiquenesontpas lis,commeonlecroit,aufonctionnementnaturel desloisdumarch(laslectionduplusfort),mais aucontrairelacroissanceduphnomnetatique etauxentravesquelespouvoirspublicsmultiplient l'encontredudroulementnormaldesprocessus concurrentiels, n'e.stpasnouvelle.C'tait unlment fondamentaldelapensed'hommesCOlJlIIleHayek etvonMises.Maisil luimanquaitjusqu'prsent l'avaldelavrificationempirique.Aujourd'hui,avec lestravauxdegenscommelesprofesseursMCGee et Armentano, ou encore ceux d'autres grands univer-sitairescommeRichardPosner,GeorgeStiglerou YaleBrozen,cette lacuneest en voied'tre comble. Et ceci n'est certainement ps tranger au succs que 82 Deminlecapitalisme rencontrentactuellementauxEtats-Unislesides Les ids, surtout .antlconforInistes, sont d'autantplus fortesq\l'elless'appUientsur despreu-vesayantsubilesrigueursdeladmarchescienti-fique. Pauvret,CapitalismeetIndustrialisation Pour rester sur l,lnthme un peu voisin(la respon-sabilitdel'Etatetnoncelleducapitalisme),nous pourrionsvoquerlacrisede 1929. Lesconomistesno-librauxamricainsconsi-drenteneffetquec'estuneerreurd'expliquerla Grandedesannes1930parLeCapita-lisme .Aleursyeux,lacrisenesersumepas unedfaillancedesmcanismesdel'conomiecapi-taliste, comme nous avons pris l'habitude dele croire depuislesthsesdeKeynes;elleest,bienaucon-traire,affirment-ils,lefruitdel'interventionnisme tatique:c'estl'Etatqui,enmanipulantlesleviers decommandedel'conomie(rledestauxd'intrt misenlumireparHayeketvonMisesdansleurs critsdel'entre-deux-guerres,inflationmontaire occultednonceparLordRobbinsdanssa fame\lsetudedela grande crise,erreur de politique montairedcriteparMiltonFriedmanetAnna Schwartzdansleurvolumineusetudede1963),a conduitlacriseetl'aentretenue. C'estinsiqueMurrayRothbard,l'undesfonda-teursdumouvementLibertarien,conomistespcia-listedesproblmesmontaires etadeptedel'cole no-autrichiennen'hsitepascrire 1: Ilest tempsdefaireapparatreles. vritablesrespon sabilits.Cen'estpasl'conomiedemarch,nileCapi. 1.MurrayRothbard,Amrica'sGreatDepression ,Sheed andWard,KansasCity,1975(3"dition).. L'histoiredfalsifie83 taIismequ'ilfautrendreresponsablesdesmalheursdes annes1930;maislemondede'Iapolitique,lesbureau-crates,ettouscesconomistessoi-disantclairsqui n'ontjamaiscomprisquelagravitdescycles.cono-miques . estmoinslielalogiquedesaffaireselles-mmesqu'lamultiplicationparlespouvoirspUblics desentravesaufonctionnementdesmcanismescono-miquesdergulation.Ilestvraiquelesfluctuations conjoncturellesfontpartieintgrantedesmcanismes del'conomiedemarch.Maiscesfluctuationsnese seraientjamaistransformesendpressionsil'Etatne s'en taitpasml;Ilenfutainsien1929,commeil en avaittlorsdes dpres.sionsprcdentesde1837, 1873ou de1892:unexamenattentifdesvnementsqui prcdrentcesaC!::identsmontreque,contrairement lalgende,ceux-cin'ontjamaistlefruitd'unquel-conquelaissez-faire ,maisbienaucontrairelacons-quenced'attitudesirresponsablesdelapart despouvoi:s publicsutilisantl'actionconomiqueetmontairedes fi.ns.spcifiques. Pourconclurecechapitre,nousnousattacherons uneautreidereue,s'urlaquellenousvivons depuis des gnrations, et qui encore tout rcemment faisaitcrireungrandjournalistefranais(dans unarticleproposdutiersmonde) qu'iln'yavait pas.dediffrencedenaturesensibleentrelessacri-ficesquelestalinismeimposa la paysannerierusse pourdvelopperlapuissanceindustriellesovitique, etlafaondonts'estonstitueausicledernier la base industrielle de l'Occident, par l'exploitation et la pauprisationdesmassesouvrires .Jeveuxparler decevritablemythequiconsistefaireremonter lesoriginesdetousles. mauxdelasocitmoderne, relsouimaginaires,l'avnementdelasocit industrielle. Pourbeaucoupd'entrenous,eneffet,lanotion mme dervolution industrielle est associe de faon indlbile ,J'ide de misre, avec par exemple l'image classiqued'unenued'enfantsenguenillespoussant 84Demainlecapitalisme leurswagonnetsdecharbondouzeheuresparjour au fondc\eminesinsalubres,ouencorecelledetout lUlsous-proltariatmisreuxs'aggJutinantdansles nouveaux taudis des villes industrielles. Nous sommes tousplus ou moins conditionns accepter l'ide que nousnedevonsnotrebien-tred'hommesduxxe si-clequ'ausacrificedetouteunepopulationpaup-riseparl'inventiondelafabriquecapitaliste,et victimed'un systme qui necraitdela richesseque pourl'usageexclusifdesplusrichesetnonpour l'amliorationdusortdetous.Et,implicitement, c'estcetteattitudel'garddelaRvolutionindus-triellequi,encoreaujourd'hui,sertdefondement essentiella lgitimitdudveloppementdel'action conomiqueetsocialedel'Etat:celui-ciintervient pourassurerunedistributionplusquitabledes fruitsdela croissance que le systmeindustriel n'est pas enmesure,et n'ajamaist en mesuredegaran-tirparlui-mme.. Maiscetteideest-ellebienexacte?Est-ilvrai, commenouslesuggrelaplusgrandepartde notre littraturehistoriqueou romanesque,quelesdbuts ducapitalisme,loind'amliorerlesortdespopu-lations,provoqurent au contraireuneformidableet durabledtriorationdesconditionsdeviedes masseslaborieusesdel'poque?Est-cevraimentla logiquedel'conomie .. demarchqued'accentuerla concentrationdesrichesses .etd'aggraverleniveau absoludesingalits?. Cesquestions,unpetitlivrepubliilyaplusde vingtansparlesPressesdel'UniversitdeChicago yrpondaitdjendmontrantquelaplupartdes affirmationshistoriquessurlesquellesreposetoute lamythologiesociale-dmocrateousocialiste contemporaine,sontfondessurunevritablefalsi-ficationintellectuelle. IntitulCapitalismandtheHistorians,cepetit livrereprenaitenfaitletextedesexposslusla L'histoiredfalsifie85 runionen1951delaSocitduMontPlerinqui s'taittenuecetteanne-IenFrance,Beauvallon. Ilestfaux,yexpliquaientensubstancelesauteurs (FriedrichvonHayek,T .S.Ashton,L.M.Hackeret W.H.Hutt,et,pourlaparticipationfranaise,Bertrand deJouvenel),. d'affirmerquel'essordel'industrieau XIXsiclecontribua seulementenrichirlesplusriches etappauvrirlespluspauvres.Demme,ilest fauxde considrerquelesmasseslaborieusesnecommencrent profiterdela nouvellecrationderichessesqu' partir du jour o la nouvellepuissance du mouvementsyndical etpolitiqueouvrierprcipital'avnementduWelfare Stateetconduisitl'interventiongnralisedel'Etat danslavieconomiqueetsociale.L'augmentationgn-raliseduniveaudeviedesclassespopulairesocciden-talesnedoitquetrspeuauxpolitiquesderedistribu-tion,oul'influencepolitiquedesmouvementsouvriers, comparauxeffetsdelacroissanceindustrielle.C'est unechosequed'estimerquelesingalitsd'aujourd'hui sontencoretropgrandes;c'enest urieautre,totalement diffrente,quedecontinuerdecroirequel'conomie de marchnecessed'aggraverlescijsparits:cesontbien aucontrairelesentravesauxmcanismesconomiques quicontribuentlesaccrotreenfigeantdessituations acquises.La vrit est que nouscontinuons d'tre prison-niersdescritsdeplusieursgnrationsd'intellectuels quin'ontcessdeprojeterdanslareconstructionde l'histoiredavantageleursprjugsidologiquesoupoli-tiquescontemporainsqueleurgotpour lavrification empiriqueetscientifiquedesfaitsdupass. Hayeksignalaitnotammentquelarelationentre capitalisme et monte du prolrariat tait exactement inversedecellequel'onnousfaitcroire: S'ilestvraiquelecapitalismeaengendrleprol-tariat, crivait-il, il faut tre conscient de ce que ce prol-tariatreprsentait,nonpas~ massedepopulation prexistantequiaurait t appauvriepar l'avnementdu capitalismeet delasocitindustrielle,maisunemasse depopulationquin'auraitjamaissurvcusi,prcis-ment,lecapitalisme,enouvrantunered'accumulation 86Demainlecapitalisme ducapitalproductif,n'taitpasvenu leuroffrir,pourla premirefoisdansl'histoiredel'humanit,lesm0r.ens detravailleretdesurvivreparleurpropretravatl-alorsque jusque-l, pour survIvre, ou pour avoir la possi-bilitdetravaj1lerafindesurvivre,il faHaitavoirsoi-mmesespropresmoyensdeproduction. Demme,leprofesseurbritanniqueT.S.Ashton rappelaitquelaqualitdsastreusedesconditions deviedesmassesurbainesdudbutdusicle,en Angleterre,~ t a i t moinsdueauxeffetsdel'industria-lisation rapide,oularapacitdespromoteurs del'poque(quin'existaientd'aille1,1rspas,dansla mesureoleshabitationstaientenrglegnrale btiesparlestravailleurseux-mmes),qu'lapoli-tiquefiscaledesgouvernementsbritanniquesqui augmentaconsidrablementleprixdesmatriaux parrapportl'volutiongnraledesprixetdes salaires. Cesdiffrentesthsesonttreprises,sousune formeetavecun contenuremisjour,dansun ouvragepublien1972parl'InstituteofEconomic Affairs- unorganismelondonienfonden1957,et dontlesliensaveclesnouveaux conomistes no-librauxamricainssont trstroits.IntitulThe long Debate on Poverty,ce livre est un ouvrage collec-tifprsentanthuitessaissurlesconditionsdevie dansl'Angleterredesdbutsdel'industrialisation; Deshistoriens et desconomistes britanniques y font lepointdesrechercheslesplusrcentespermettant de jeter une lumire nouvelle sur les affirmationstrop rapidesquifontpartie dela visiontraditionnelle que nousavonsdusicleprcdent. Prenonsparexemplel'hypothseclassiqueselon laquellecen'estqu'aprsuntrs,trslop.gretard deplusieursdcenniesquelapopulationanglaise commenaenfintirerunbnficequelconquede la Rvolutionindustrielle.C'est unelgende ,crit RonaldHartwell, un Australien,professeur Oxford. L'histoiredfalsifie87 Utilisantlesdonneslesplusrcentesconcernantla reconstitutiondesprincipalesdonnesdu P.N.B.bri-tanniqueatptXVIIIeetXIxesicles,il montrequele revenunationalprtteaugmentade50 %entre 1700et1780;de50100 %entre1780et1850;puis encorede80.100%entre1850et1914. Autotal,crit-il,la productionpartteaugmentaen moyennede1,5%par antoutaulongduXIXsicle;ce quiestpeuparrapportnosnormesrcentes,mais reprsentequand mme un quadruplementdelaproduc-tivitenunsicle. [ ... ] Cequiestvrai,continue-t-il,c'estquelapopulation del'poque,conditionnepardessiclesdestagnation sculaire,mittrslongtempsavantdepercevoircequi taitentraindechanger.L'vnementauquelelletait sensiblen'tait pasla croissance dela production, qu'elle taitd'ailleursbienenpeinedepouvoirmesurer,mais l'accroissementdmographiqueconsidrablequecette croissancefavorisaitetquiapparaissaitauxyeuxde gensconditionnspardessiclesdeloismalthusiennes commeunevritablemenace.D'oleprjugdfavo-rabledontlaRvolutionindustriellefutdotedsle dpart,etdontnouscontinuonssansnousenrendre comptedesubirl'influence.LaRvolutionindustrielle futeffectivementressentiecommeunecatastrophepar ceuxqui,commeMalthus,prenaientenfinconscience des contraintes dmographiques du pass; mais pour des raisonstoutfaitdiffrentesdecellesquelalgende continued'accrditer. Delammefaon,unhistorien,Non;nanGash,et unancienhautfonctionnaire,RhodesBoyson,ont utilis lesrsultatsd'unimportant travailderecons-titutiondesconditionsdelavieouvriredansle Lancashirepour montrerquelathseselonlaquelle l'industrialisation naissante se traduisit par une dt-riorationprofondeetdurabledelaconditiondes massespopulairesnersistepas unexamenatten-tifdessourceshistoriquesdontnousdisposons aujourd'hui. 88Demainlecapitalisme Noussemblonsoublier,expliquent-ils,que,aussi pniblequ'ilfut;lepassagel'usinereprsentaitpour beaucoupd'ouvriersdel'poque,mmedesfemmeset desenfants,unevritablelibrationparrapportaux conditionsdevieinfernalesquitaient lelotdesjourna-liersagricolesoudestravailleursdomiciledela priodepr-industirelledontaujourd'huinousidalisons lasituation,avecnosyeux d'hommesdu xxsicle(sans parlerdesimmigrantsirlandaischappantlagrande famine).Demme,nousoublionsqueletravaill'usine etdanslamine,pourbeaucoupd'enfants,valaittout de mmemieux que deprir defaim,et quedetoute faon, dslemilieuduXIX'sicle,grcelaprogressiondu niveaudeviepermisepat lessalairesindustriels,letra-vaildesfemmesetdesenfantstaitpratiqueinenten voiededisparitionavantmmequel'Etatn'intervienne. Ceil'estpaslepouvoirpolitiquequimitfinauscandale dutravaildesenfants,maisbienlesuccsmmedu capitalismeindustriel qui russitpromouvoir la hausse du pouvoird'achatdesmasses,etrvolutionner par l lesconditionsdeviefamiliale.Lalgislationpublique innoverarement;elleprendplussouventletrainen marche pour sanctionner unesituation dj bien avance (gnralementpourprotgerlesentrepreneurslesplus progressistescontrelaconcurrencealorsjuged-loyalede ceuxquin'ensont pasencore au mme point qu'eux:l'Etatintervientpoutgnraliseretnonpour crer).. Laplupartdesidespolitiquessur lesquellesnous continuonsdevivresontdoncenfaitfondessUT unehistoireprofondmentdforme. Il estvrai quenousdisposonsd'uneabondantedocu-mentationtmoignantdelagravitduproblmedela pauvret pendanttout le XIXsicle, crivent par exemple W.H.Chaloner,W.O.Henderson,etJ.M.Jefferson.Les rapportsparlementairesdel'poquesontdessources bienconnues.Demme,les.romanspopulistesdu sicledernierconstituentunesourceincontestablede tmoignage!!valables.Celadit,lorsque nousprenonsces tmoignagespourargentcomptant,etentironsune descriptiongnraledecequ'auraittl'poquele L'histoiredfalsifie89 sort dela majorit de la population - c'est cequ'ont fait noslivresd'histoire,dumoinsceuxquiselisentleplus danslescoleset lesuniversits- noussommesenfait victimesd'unedoubleerreurd'optiquelieaucaractre partialetpartieldecesdocuments.D'unepart,ceux-ci traduisent d a v a n t a ~ e lefaitque la croissance industrielle aprovoqul'apparItiond'unenouvellesensibilitau pro-blme de lapauvret, qu'ilsn'tablissent lespreuves irr-futablesd'unmouvement massif de pauprisation. D'autre part, il nefautpasoublier quecestravauxpolitiques ou romanesquess'insraientle plus souvent dans un contexte d'hommesengagsquinecherchaientpasfaireuvre d'historiensoudetmoinsimpartiauxet objectifs.Ima-ginonsquedansunpeuplusd'unsicle,leshommesde l'an2080secontententpourreconstituerlesconditions deviede1970desdiscoursdenosleaderssyndicalistes etdesdclarationscataclysmiquesdenoscologistes modernes,ilyafortparierquenosdescendantsse demanderontcommentlaracehumaineapusurvivre jusqu'eux. Il est vraique la relecture de l'histoire laquelle nousconvientcesconomistesestdifficilefaire admettreen_raisondesoncaractreiconoclastepar rapportauxidologiesdominantes.Ilestimportant cependantquelepublicfranaissacheaumoins qu'unteleffortdedmystificationexiste.Etilne seraitpasmauvaisqu'enFrancemme unenouvelle gnrationd'historiensvienneunjourjoindreses talentsauxchercheursd'outre-Mancheoud'outre-Atlantiquepour rexaminer les fondementsdu mythe selonlequellebiennepeutvenirquedel'Etat et le mal du march. ContrairementCequ'unexamensuperficielpeut laisser penser, cette dmarche n'est pas conservatrice. Bienqu'elleensoitl'hritiredirecte,ellenese confondpasavecleplaidoyerlibraltraditionnel. L'objectifdecesconomistesouhistoriensn'estpas dedfendreuncertainpass,ni d'encondamner un autre.Reconstruire l'histoire pour dire il et mieux 90Demainlecapitalisme valu...nelesintressepas.' Cequilesintresseen revancheestde' chercherdansl'histoirelesl-mentsquipermettentdetirer un certainnombrede leons pour l'avenir. At gard, leur prtention n'est pas de s'opposer au procs dont la socit occidentale actuelleestl'objet(procsdont,ladiffrencedes librauxtraditionnelset conservateurs, ilsretonnais-sentlavaliditdebiendeslments),maisdemon-trerquelesmauxdontnossoCitssouffrentsont lisnonpasaux.mcanismesdel'conomiecapita-liste,maisl'extensionduphnomnetatique. CHAPITREIII Commentestnelaproprit L'outilconomiqueetl'histoiredesinstitutions CEn'estpasenAngleterre' maisauxP a y ~ B a s , dans lecourantduXVIIesicle(doncl'poquede LouisXIV),qu'estapparulephnomnemoderne delacroissance:pourlapremirefoisdansl'his-toireconnuedel'humanit,unpayssetrouvaiten mesured'offrirunniveaudeviecroissantune populationcroissante;etcela unsicleavantquese manifestentlespremierssignesrelsdelaRvo-lutionindustriellequidevaitfairelafortunede l'Angleterre. Pourquoi lesPays-Bas? Parceque,expliqueDouglassNorth(unconomiste amricainde.57ans,professeurl'Universitdel'Etat de Washington)les anciennesprovinces espagnoles furent laPremirenationeuropennesedoterd'unsystme d'institutionsetdedroitsdepropritpermettant d'exploiterdefaonefficacelesmotivationsindividuelles pourassurerl'orientationdescapitauxetdesnergies verslesactivitssocialementlesplusutiles.LaRvolu-tionindustriellen'estpaslacausedelacroissance.Elle n'estqu'unedesmanifestations,l'undessignesrvla-teursd'unphnomnenouveau,lacroissanceconomi-que,dontlesoriginesremontentbeaucoupplusloin, la lentemiseenplflcetraverslessiclesqui prcdent d'unestructurededroitsdepropritcrantlescondi-tionsd'unfonctionnementsocialfavorableunemeil-leureallocationdesressourcesdelasocit. 94Demainlecapitalisme Autrementdit,l'histoiredela croissancenes'iden-tifiepas,commeonlecroitsouvent,avecl'histoire du progrstechnique,maisaveccelledu droit conu commeUI1etechnologied'organisationdesrapports humains,conomiquesousociaux.Elleestinspa-rabledelagensedenotresystmemodernede droitsdepropritetdecelleducapitalisme. Beaucoupd'ouvragesonttconsacrsl'tude descausesdelaRvolutionindustrielle,la recher-chedesoriginesducapitalisme,ou encorela com-prhensiondesmcamsmesdelacroissncelong terme 1.Maisraressontleshistoriensayantjamais donnunevisionprciseetpleinementsatisfaisante desmcanismessociauxqui,traverslessicles, ontrgll'volutiondudroit,l'ascensiondelaso-citcapitalisteetl'apparitiondelacroissance. L'unedesoriginalitsdelanouvellethorieco-nomiqueamricaineestprcismentdeproposer aujourd'hui unetellesynthse.Fondssur une appli-cationde.lamthodologieconomiquel'analyse, d'unepartdesmcanismesrglantlaproduction dedroitsdeproprit,d'autrepartdescomporte-mentspolitiques,cestravauxbauchentunsystme d'interprtationdel'volutiondessystmessociaux susceptiblederivaliseravecladialectiquemarxiste, maisayantsurcelle-cideuxavantages: a)Ilestplusperformant(l'approchemarxiste rendmalcomptedelapriodedetransitionqui 1.CitonsparexempleledernierlivredeWaltRostow, Commenttoutacommenc,traduitchezHachette;l'tudede JeanBaechlerLesoriginesduCapitalismepublieen1971 Gallimard,coll.Ides;(JeanBaechlerestunsociologue franaisdel'cole de RaymondAron;son livre contient notam-mentuneremar_quableanalysecritiquedesclbres thses deMarxetdeWebersurlesoriginesducapitalisme);ou encoretouslestravauxdeSimonKuznets,lePrixNobel d'Economie1973. Commentestnelaproprit95 sparela findu ...mondefodaldel'avnementdes premiressocitscapitap.stes); b)Ilrendmieuxcomptedelacomplexitsyst-mique des phnomnes sociaux. CerenouvellementdesaDalyseshistoriquesetins-titutionnellesesttroitementlil'essordel'Ecole ditedesdroits depropritdont nousavonsvo-qulesquatrepiliers(leconceptdecotdetran-saction ,lathorieconomiquedudroit,l'histoire institutionnelle,l'analysecomparedesorganisa-tions)dansnotrepremierchapitre. Commentcettethoriedes({ droitsdeproprit s'articule-t-elle?Commentfonctionnentsesdiff-rents lments ? Pourrpondrecesdeuxquestions,nousallons nousinspirerdirectementdesidesquedveloppe DouglassNorthdansunouvragepubliauxEtats-Unisen 1973,The Rise of the WesternWorld'l.Pour comprendrelesconceptsquiinspirentcettevision conomiquedesphnomnesinstitutionnels,il esteneffetplusfacile- ouplusefficace- depar-tird'uncasd'applicationconcret:en l'occurrence, l'applicationdelathoriedesdroitsdeproprit laredcouvertedesvritablesoriginesdelasocit capitaliste. Dansun premier temps- cechapitre - nousverrons commentlesnouvellesapprochesconomiquespermet-tentdejeter deslumiresinditessur lacomprhension desmcanismesquiontprogressivementdonnnais- sancenotresystmedepropritmoderne. Dansunsecondtemps- lechapitresuivant-, nous nousinterrogerons sur lesvritablesoriginesdelaRvo-lutionindustrielle,lesraisonspourlesquelleslacrois-1.Celivre,commenousl'avonsdjindiqu,doittre J?rD-chainementpublienfranaisparlesditionsFlammarion. 96Demainlecapitalisme sanceestnedanscertainspayspluttquedansd'au-tres,etnousessaierons. dedgager lesprincipalesleons quecetteanalyseparles droitsdepropritpermet dedgagerpourrpondre auxchoixdesocitauxquels nousavonsactuellementfaireface. Lesystmeduservage Laproprit individuellen'est pas le rsultat d'une spoliationoriginelleparlaquelleuneclassesociale privilgieseseraitunjouroctroyd'autoritun droitqu'elleauraitensuitetcontraintedepart-geravecunnombrecroissantdesessujets.Les racinesdenosstructuresmodernesremontentau pactefodaldel'Europemdivale.Acettepoque, iln'existeaucundroitdepropritdignedece nom, mmeauniveaudelanoblesseoudelamonarchie. Leconceptdepropritapparatseulementpro-gressivement,sousunjeudeforcesconomiques qui,progressivement,altrentlarentabilitso-cialedesrelationsfodales.Ilestlersultatd'une volutionquel'onpeutdcrirecommetantessen-tiellementdenaturecontractuelle. Alasuitedel'effondrementdel'Empireromain, lepremiermillnairedenotrereseterminepar unelongueprioded'anarchieetdechaospolitique etconomique.L'Europeseptentrionaleestalorsun continentrelativementvide,peupldepetitescom-munautsisoles,vivantrepliessur elles-mmes,en auto-suffisanceautourd'unmanoirseigneurial.L'in-scuritestgnrale.Maisavecl'mergencedu nou-velordrefodal,peupeu lechaosrgresse.L'ins-curit moindrefavorise la croissancedmographique. Celle-ci,sontour,susciteunmouvementdecolo-nisationanalogueceluiquelesEtats-Unisconna-trontl'poqueduFarWest.Lamiseenvaleur denouvellesterresviergescre, partir du x sicle, Commentestnelaproprit97 maissurtoutauXIe,lesconditionsd'unenouvelle prospritconomique.' Laconditionsocialelapluscommunedel'poque estcelleduservage,nepasconfondreavecl'escla-vage.La fonctiondela noblesse fodaleest d'assurer lesservicespublicsfondamentauxsanslesquels aucunesocitnepeutfonctionner,etquiappar-tiennentaujourd'huil'Etat:lascuritetlajus-tice.Enchange,lesserfsapportentleurforcede travail. Contrairementauxesclaves,lesserfsnesontpas corvablesmerci.L'existenced'une' frontire faiteneffetque,malgrlesliensduservage,l'indi-viduconserveunecertaine libert:celledefuirson villagepourallervivresurd'autresfiefs.Enraison duvidedmographique,lesseigneursdel'poque sont,vis--vislesunsdesautres,etencequicon-cernelamain-d'uvre,dansunepositiondeconcur-renceassezanaloguecelled'entreprisesmodernes achetantleursfacteursdeproduction sur un march concurrentiel.Cetteraretducapitalhumain imposeainsiunelimitedefaitauxpouvoirsseigneu-riaux. Certes,lesortdesserfsestlilaterre,maisla quantitdetravailfourniesurlesterresseigneu-rialesoupourlesservitudescommunesestfixede faonprcise,et unefoispour toutes, par lesusages delaCoutume.Lesseigneursnesontpaslibresde redfinirleurgrlestermes1ducontratde servagequidterminelenombredejoursdetravail paranquechaqueserfdoitassurersur ledomaine seigneurial.L'individurestepropritaire d'une partie importantedesontempspour assurerla couverture desesbesoinsfamiliauxdanslecadredelamiseen valeurcollectivedesterrescommunalesqui,l'po-que,sontaussiabondantesquecesbiensgratuits quesontparexcellencel'airetl'eau.(Lerevenu dechaquefamilleestcalculenfonctiondeson 98Demainlecapitalisme apportdetravaill'organisationcommunautaire; chaque fmilleperoit ce revenu sous forme non pas d'un salaire, ni d'une part de rcolte, maiscJ'undroit .l'usufruitdesproduitsd'uneparcelledeterre dtermine,l'affectation .culturaledesparcellestant dcidenonparl'individu,mais'dansle'cadrede . dcisionscollectives). Onaenquelquesorteunsystmed'organisation socialeexactementinversedeceluiquicaractrise notremondeactuel:cequiestpartag,cenesont paslesfruitsdel'activitdeproduction(entrela rente,leprofitetlesalaire),maislefacteurdepro-ductionalorsleplusrare:letravail .L'homme netravaille pas pour un salaire ou une rmunration ennature;il reoituncertainvolumedeconsom-mationspubliques qu'ilpaie en donnant une partie desaforcedetravailpersonnelle. Lemmeprincipes'appliquel'organisationpoli-tique de l'Europe mdivale. Les structures complexes dela hirarchiefodaleressemblent s'y mprendre un vastesystmegnralisd'assurance et deras-surance,oleRoijouevis--visdesesvassauxun rleassezprochedeceluiquelesLloydsbritanni-quesremplissent l'gard desautres socitsd'assu-rance;maisunsystmederassuranceolespres-tationsrciproques,aulieud'trerglespardes moyensdepaiementtraditionnels,sontacquittes parledondusang- c'est--direparlesobliga-tionsmilitairesquechaquevassaldoitsonsuze-rain:prsencepersonnellependant uncertainnom-bredejoursparan(40jourspourleschevaliers) accompagnedel'entretiend'hommesd'armes,de lafournituredesquipements,dela nourriture... Cetyped'organisationesttoutfaitrationnelsi onconsidrelesconditionsdel'poque,notamment l'absencedetouteconomiedemarchdignedece nom.Lecapitalestabondant(laterre);lamain. d'uvre en revanche est rare.Il yatrs peu d'chan-Commentestnelaproprit99 gesmontaires,pratiquementpasdenumraire. L'utilisationdesystmesfondssurlesalariatest impossiblevulararetdesespcesmontaires. Quantaupartage{? Qu'est-cequelePublicChoice?Pour rpondre cettequestio'p.,ilestncessairedefaireunrapide rappelhistoriquedela faondontlathoriecono-miquetientcomptede1'existenced'unEtatqui exerce des responsabilitspubliques . Pointdedpart:lathorielibraletraditionneNe, cellequisertencoredebasetout1'enseignement universitaire et scolaire. Issue des travaux de 1'Anglais . Marshall,duFranaisWalras,etdel'ItalienPareto, ,cette thorie explique le fonctionnement des marchs osontchangsdesbiensetmarchandises.C'est unmodleabstraitquineprtendpasdcriretous lesrouagesdel'conomieconcrte,maistented'ex-pliquerlesmcanismesqui,dansunesituationde concurrencepureetparfaite,dterminentlesvolu-mesdeproduction,lesprix,etlafaondontse droulentlesprocessusd'allocationdesressources. C'est le B.A.BAde la thorie conomique sur laquelle est fondetoute la doctrine librale li>traditionnelle. Dansceschma,1'Etatestpratiquementabsent. L'Administrationpubliqueytrouvedifficilementsa place.Certes, dslafinduXIX"sicle,despionniers commelesSudoisKnutWicksell(1896)etErik Lindahl(1919)oulesItaliensMazzola,Pantaleoni, SaxetdeVitiMarcoessaientd'tendreleschma d'analysemarginalisteclassiquelacomprhension desmcanismesquigouvernent. lefonctionnement desactivitspubliques.Maisleurstravauxrestent pratiquementinconnus.Pardfinition,l'Etatest Pourquoil'Etatcrot-il? 173 considr.commeuneactivitimproductive ,un poidscertesinvitablemaisdontilfautlimiter lapressionsurl'conomie.L'Etatn'estprsentque par la thorie desfinances publiques qui se proc-cupedemesurerlesconsquencesdelafiscalitsur lefonctionnementdesmarchsprivs ,etqui restefondesur ledogmequelemeilleurimptest celuiquiestconomiquementleplusneutrepos-sible(attachementl'imptproportionnel ). ToutcelachangeaulendemaindelaSeconde Guerremondialelorsquelesconomistesocciden-tauxdcouvrent,d'unepart,lesthorieskeynsien-nes,d'autrepart,lestravauxd'unautregrandco-nomiste anglais de l'avant-guerre, Arthur Pigou. Alors quejusque-Ilemarchtaitpardetoutesles vertus,cettefois-cilesconomistesseconcentrent surl'analysedesesimperfections.Toutlemonde connataujourd'huiplusoumoinsbienl'essentiel del'apportdeJohnMeynardKeynes.Pointn'est besoind'yrevenir 1.Enrevanche,l'apportdePigou est beaucoup plusmalconnu bien qu'il soit le vrita-blefondateurdesconceptionsmodernesdel' Eco-nomiemixte . Auteurd'unouvragefondamentalintitulThe ofWelfare(l'conomiedubien-tre), publiLondresen1920,ArthurPigoilest;sirion l'inventeurduconceptd' externalits(quel'on trouvedjchezunauteurtrsclassiquecomme AlfredMarshall),dumoinslepremieravoirintro-duitlesnotionsd'externalitsetdecotssociaux commebasedel'conomie publique.Acetitre,il estlepredes'thoriesquiserventdefondement audveloppementdesinterventionscollectivesdans l'conomie.L'apportdePigouestsimple.Ilpart d'une constatation : savoir que les marchs sont loin 1.VoirHenriLepage."Faut-iltuerKeynes? l>Rtllits. septembre1976.' 174Demain Zecapitalisme d'.treaussiparfaitsqueceuxquedcritlathorie no-classique.Desgaspillagesapparaissentdufait quelesagentsconomiquesnesolitpasenmesure deprendreencompte,dansleursdcisions,uncer-tainnombredeconsquencesnon-marchandes.de leurs actesquiconstituent pourtant uncoClt pour lasocit(exempledesphnomnesdepollution). Autrementdit,lelibrefonctionnementdesmca-nismesdemarchn'entrane pas ncessairementdes rsultatsaussioptimauxquelesupposel'appro-checlassique.Lasolutiondumarchn'estpastou-jourslameilleurepossible .Desinterventions collectivesdoiventintervenirpourcorrigerles dfauts qui, dans l'allocation des ressources, rsul-tentdescartsexistantentreleshypothsesdu modledela concurrenceparfaiteet laralit:pr-sence . demonopolesetdepositionsdominantes; non-indpendancedeschoixindividuels,problme desbienspublicsqui nepeuventpastre vendus individuellementsurlemarchetquisontcon-sommscollectivement,etc.L'extensiondurle conomique de l'Btat est alors lgitime par la nces-sitd' internaliserlesexternalitscroissantesqui rsultentdufonctionnement dessystmesindus-triels.C'estluiquerevientlaresponsabilitde veillerceque,en corrigeant les dfauts du mar-ch,l'utilisationdesressourcesdelasocitsoit bien,dupointdevuedelacollectivit,la pluseffi-cacepossible. Cettethoriedubien-etreaconstitu,depuis laguerre,l'undeschampsd'activitprivilgisde la rechercheconomique. Toute une littrature bour-geonnanteatconsacredepuisvingtansl'ana-lysedesimperfectionsdmarch,l'approfondis-sementdelarationalitdesinterventionspubliques (thoriedesbienspublicsetthoriedeschoix collectifsillustresparlestravauxdesdeuxprix NobelamricainsPaul Samuelson et Kenneth Arrow), Pourquoil'EtatcroU-il?175 ouencorelamiseaupointdenouveauxoutils d'interventioncollectiveplusefficaces(cf.toutes lesnouvellesrecherchestournantautourdel' co-nomiedel'environnement ).Cecidit,unenouvelle gnration d'conomistes apparat depuisune dizaine d'annesqui,sanscontesterlebien-fonddel'inter-ventioncollectivedansl'conomie,etsansnierles apportsconsidrablesdesthoriciensduwelfare (motanglaiscorrespondant notre expressiond'co-nomiedubien-tre ),s'efforcentd'enmettreen - lumireleslimitesetleslacunes.Etc'estlque nousretrouvonslesthoriesduPublicChoice . Quedisentcesnouveauxconomistes?E.ssentiel-lementceci:C'esttrsbiendemettreenlumire lesimperfe"ctionsdenossystmesdemarch.C'est trsbiend'approfondirlesrecherchessur la logique del'interventioncollective,etdeperfectionnerles outilsdontdisposelapuissancepublique.Mais encorefaut-iltresrquel'Etatfaitbeletbienle meilleurusagepossibledesinstrumentsqu'ila sadisposition.Or,qu'est-cequinouslegarantit? Qu'est-cequigarantitd'abordquelesdcisionsqu'il prendsontbiencellesquicorrespondenteffective-mentlemieuxpossiblelastructuredesprfren-cesdela?Qu'est-cequigarantitensuite que,mmsilesdcisionssontlsbonnes,celles quicorrespondentlemieuxpossiblel'ltrtcol-lectif,lesrsultatsdel'actiondel'Etatseronteffec-tivementconformesauxintentionsdulgislateur? L'Etatn'estpasuneconstructiondivine,dotedu dond'ubiquitetd'lfaillibilit.C'estuneorganisa-tionhumaine,olesdcisionssontprisespardes treshumainscommelesautres,nimeilleurs,ni plusmauvais,euxaussisusceptiblesdesetromper, etdontl'actionestelle-mmeconditionnepardes rglesetdesstructuresquisontdesfabrications humalesetquinesontpasncessairementplus infailliblesquecellesden'importequelleautre orga-176Demainlecapitalisme nisa.tionsocialequellequ'ellesoit.Tantquelerle del'Etatdansl'conomie restaitrelativementlimit, detllesquestionsn'avaientqu'unintrtmarginal. Enrevancheellesdeviennentessentiellesdslors quel'interventiondel'Etatprenduneplacedter-minantedanslefonctionnementdesconomies:i:no-dernes.Or,cequenousconstatons,c'estquesur cessujets-llathorieconomiquemoderneest pratiquement muette. Les conomistes se comportent commes'ilsfaisaientdeuxpoids, deux mesuresselon quecequ'ilsanalysentressortdel'conomieprive ou del'conomie publiqlJ.e.D'tJ.nct, il yadesindi-vidusmensparleurintrtgosteettroitement individuel,lesagentsconomiques ;consomma-teurs,chefsd'entreprise ..dontil convientdecorri-gerlesmotivationsparunencadrementcollectif incarnantl'intrtgnral;de, l'autre,l'Etat,super-machinedivine,refletdesintrtsdela"ollectivit, animpardesfonctionnairesquin'ontpourmoti-vation.quel'affirmatione.tlerespectdel'intrt public.C'estdecettefictionqu'ilfautsortir.Non paspourremettreencauseleprincipedel'inter- de l'Etat, maispour faireprendre conscience noscontemporainsquesilemarchestunmca- . d'allocationdesressourceshautementimpar-faIt,l'Etatluinonplusn'estpasexemptd'imper-fections. Ceque nousvoulons, c'est appliquer l'Etat ettouslesrouagesdel'conomiepubliqueexac-tement . les techniquesquionttutilises depuisvingt-cinqanspourrecenserlesdfautset lesdfaillancesdel'conomiedemarch.Nonpas pourretomberdansunevisionmanichennedes chosesquiconsisterait,commeonl'afait.eton continueencore de le fairepour lemarch,dnon-cerlevicieuxEtatfaceauvertueuxMarGh, maissimplementpourrintroduireunpeudebon sensetne choisirl'Etatquelorsqu'ilestprouvou vident que la solution du march est rellement plus Pourquoil'EtatcroU-il?177 coteusequelasolutiondel'interventionpublique. Notreobjectifestenquelquesorted'inverserla chargedelapreuve:aulieudepartirduprincipe quetouteinterventionestlgitimedslorsquel'on arecensunesried'imperfectionsdumarch; nousvoulonsquel'onsoitsar quelesimperfections desmcanismestatiquesneserontpassuprieures auximperfectionsauxquellesondsireporterre-mde . TelleestenquelquesortelaChartedesnouveaux conomistesmembresdelaSocitduPublic Choice ,unesocitsavantedontlesigeestprci-smentBlackburg,etquipublieunerevuetrimes-trielle Public Choicedont leslecteurs sont 45p. cent desconomistesprofessionnels,et45p.centdes universitairesensciencespolitiques(unedizaine d'abonnsenFrance,maisbeaucoupd'Anglaiset d'Allemands).Partantdel,noussommesmieux mmedecomprendrecequereprsentecemouve-mentscientifique. Comme l'expliqueJamesBuchanan danslaprfacedel'ouvragequ'iladitencolla-borationavecRobertTollisonTheoryotPublic Choice 1: ccLePublicChoicen'estpasautrechosequ'uneffort deformulationd'unethoriegnraledel'Economie Publiquequipermettedefairedansledomainedes choixcollectifscequiatfaitdepuislongtempsau niveaudelamicro-conomiedesmarchs.Il s'agitde complterlathorie dela productionetdel'changedes biensou servicesmarchands par une thoriequivalente, etautantquepossiblecompatible,dufonctionnement desmarchspolitiques.Cettethorieconstitueuneffort pourformerlesmodlesdesimulationdescomporte-mentssociauxdontnousdisposonsaujourd'huietpr-1.JamesBuchananetRobertTollison:TheoryofPublic Choice:PoZiticalApJ,licationsofTheUniversity ofMichiganPress,1972.(Il s'agitd'unrecueild'articles.) 178Demainlecapitalisme sententlacaractristiquedetraiterlesmcanismesde ladcisionhumainedefaondiffrentesuivantquel'in-dividuagitsurunmarchconomiqueouunmarch politique.Alorsquetouslesmodlestraditionnelstrai-tentlesdcisionsconomiquescommedesvariables endognesausystme,maisprennentlesdcisionspoli-tiquescommedesfacteursexognessurlalogiqueet la productiondesquelsonrefusedes'interroger,l'esprit duPublicChoiceestderintroduirecesdeuxaspects descomportementshumainsdans1plmodleuniquequi tienne compte deceque ceux quisubissentleseffetsdes dcisionspolitiquessontaussiceuxquichoisissentles dcideursquidcidentpoureux. L'conomiedupolitique Concrtement,parquoicelasetraduit-il?Pour rpondrecettequestion,ilestindispensablede rappeleruninstantcesurquoireposelathorie modernedesmarchs. Nous perdons souvent de vueque, au dpart, lascience conomiqueestfondesur unmodlesimpledecompor-tementhumaindontl'objectifestdereprsenterla faondontsontprises,danslasocit,lesdcisionsde consommeroudeproduirelesbiensetservicesmar-chands.Cemodleestfondsurunpostulat:savoir quelamotivationprincipalequimnetouslesagents conomiquesestlarecherchedel'intrtindividuel.Ce paradigmedel'Homoconomicusnesignifiepasque l'onconsidresystmatiquementquetousleshommes sontdesmonstresd'gosme.Iln'rigepasceviceen vertu;il aboutitseulementposercommeprincipeque l'homme,lorsqu'ilestconfrontuncho)centre. plu-sieursalternativesdontlesconsquencessur sonbien-tre serontdiffrentes,prfrera choisirlasolutionqui luirapporteraunpluspluttquelasolutionquise traduira .pourluiparunIIsur le march. ), Rinventerlemarch291 Une telle privatisation du systme scolaire ne signi-fiepasquel'Etatabandonnesesprrogativesen matired'enseignement.Lemodedefinancementdu systmescolaireetlecontrleducontenuoudu niveaudel'enseignementsontdeuxproblmestout faitdiffrents,quipeuventetdoiventtretraits sparment. Il yauraittoujoursdesloisimposant le respectd'unescolaritobligatoire.L'Etatcontinue-raitdedesnOrInesminimalesd'enseigne-mentquiconditionneraientl'attributiond'uneauto-risationd'exercer. Il pourraitcontinuerdecontrler lecontenude l'enseignementenconservantlemono-pole de collation des grades.Il pourraitdoncdcider de ceque lestablissementsscolairesdoiventobliga-toirementenseigner;maisilnepourraitplusemp-cherqueceux-cienseignentaussiquelquechose d'autre,nifixerautoritairementcommentcequiest enseigndoitl'tre. L'essentiel,conclutDavidFriedman,estqu'untel systmeestconupournelserpersonneparrapport lasituationactuelle,toutenaugmentantlespossibi-iitsdechoixindividuel.Orquiditchoix,ditautomati-quement d'unprocessusconcurrentiel facteur d'accroissementdeladiversitet dela qua,litdes' ensei-gnementsofferts.Seulsensouffrirontceuxpourqui l'idald'galitseconfondavec'l'imposition 'autoritaire d'uneuniformitdanslamdiocrit. Poussantsonraisonnementjusqu'aubout,David Friedmannvammejusqu'nousdcrireceque devraittrel'Universitdedemain:uneuniversit o,ctd'unenseignementobligatoire,lestu-diantspaieraientavecleursvoucherspersonnels certains professeurs pour leur donner lescours qu'ils souhaiteraient. Ceprocd,prcise-t-il,seraitinfinimentplusdmo-cratiqueque lesprojets de dmocratisation proposs par lesgroupesestudiantinsdegauche,etquiconsistent 292Demainlecapitalisme demanderlaparticipationd'tudiantslusauxcommis-sionsdefacultchargesd'tablirla 1istedes cours. depouvoirtudiantprovienttoutsim-plementdecequelestudiantsnepaientpasle cotreldel'enseignementqu'ilsreoiventetdece que,donc,l'Universitestdansunepositionde monopolefacesesconsommateurs .Lejouro l'apparition d'unsystmedechques-universit abou-tirait cequ'unepartiedelarmunrationdespro-fesseursproviendraitdirectementdecequeleurs tudiantsaccepteraientdeleurpayer,cejour-lle corpsenseignantseraitbienobligdes'adapterau plusprsdsdsirsdesesclients ,commel'im-poselalogiquedumarch. Commentrduirelesgaspillagesdumarch .S'ils'agitderduirelesgaspillagesduW elfare Statemoderne,les. nouveauxconomistesamricains n'enoublientpaspourautantlesproblmesposs par lesphnomnesd' externalits nonprisesen compteparlesmarchs.Nousvoqueronsrapide-mentleurpositionencequiconcerne1)lesques-tionsdepollutionetd'encombrement,2)lespro-blmesdeprotectionduconsommateur. Lapollutionetlesencombrements.- Lancessit d'imposer aux entreprises et aux producteurs la prise en. comptedesexternalitsqu'ilsimposentgra-tuitement(c'est--diresansddommagement)leur voisinageoulasocitdufaitdeleursactivits, est une ncessit aujourd'hui unanimement reconnue. Le principe du pollueur paiera est dsormais entr danslesmurs.Lesdifficultscommencentpartir Rinventerlemarch293 dumomentoils'agitdelefairepasserdansles faits.Quellesnormesdepollutionoudedpollution faut-ilimposer? Quels sont les systmes les meilleurs possiblespourfairequelesobjectifsquesefixela socitsoientatteints,aumoindrecot? Jusqu'prsent,ledbatentrespcialistess'est surtout concentr sur les problmesdu comment . Faut-ilimposerlerespectdenormesquantitatives, fixesautoritairementetcontrlesadministrative-ment,'ouaucontraireadopterunmcanismeplus souplequitaxela pollution et permet auproducteur dechoisirlui-mmesonniveauoptimaldepollution en fonctiondestarifsqu'on luiimpose? Ilsemblequ'aujourd'huilaquestionsoittranche enfaveurdurecoursleplusfrquentpossibleaux solutionsdemarch lorsquecelles-cisonttechno-logiquementpossibles.l.aplupartdesspcialistes sont dsormaisd'accordpour reconnatreque lesys-tmedelataxation fiscaledelapollution(payeren fonctiondela quantitdepollutionmise)estsocia-lementleplusefficace.Maiscelasoulveencoreun problme,qu'apparemmentpersonnen'oseposer: Quidcidequoi?Fairepayerestbien.Encore faut-ilquel'onfixelestarifs.Etcelasupposeque pourchaquetypedepollutionoud'externalitquel-qu'undterminelesobjectifsquesefixelasocit. Ce.quiamneuneautrequestion:sachantque toute lutte contre la pollution est une entreprise co-teuse, etqu'il serait absurdede vouloirrevenir des niveauxdepollutionzro- sauf accepterque toutesnosressourcessoientintgralementconsa-crescetteentreprise- quelestleniveau optimaldedpollution?Quelleestlaquantit maximaledeCO2 dansl'atmosphreque'l'on acceptecommeunmoindremal?Jusqu'quel degrdepropretdeseauxfaut-ilaller?Quel bruitmaximalfaut-iltolrerproximitdesaro-ports?etc. 294Demainlecapitalisme Gnralement,cesquestionssontconfiesdes techniciens, et l'on considre que c'est leur science quipermetdedterminerlesseuilsdepollutionou denuisanceenfonctiondecritresprtendusobjec-tifs comme lesprobabilitsde risque en accidents ou enmaladies.Acetteapprocheclassiquelescono-mistesamricainsopposentuneautre,fondesur lestroisidessuivantes: I.- Lapollutionn'est pasunprob'lmedetechni-ciens,maisunproblmedechoixsocial.Toutedci-sionadministrativeconcernantunenormeantipollu-tionposequel'onfixeimplicitementuncertainprix desvaleurssocialestellesquelavieoula mort, le risquedemaladieoud'accident,lasauvegardeou la dtriorationdel'environnementnaturel,etc.Quel est leprixd'unevie?Quelestleprixquelasocit accordeausauvetaged'unespacevert ?Quelestle cotrelduprjudicequelesriverainsdeRoissy subissentchaquedcollagedu Concorde? Lestechniquesactuellesontdeuxdfauts.D'une part,lesnormesfixesontgnralementunezone d'applicationtrsvaste,quiignorelefaitquetel niveaudepollutiontelendroit(dansunespace pratiquementdsert)imposeuncotsocialtrs diffrentdeceluiquirsultedu mme niveaudepol-lution dans un autre endroit( haute densit de popu-lationparexemple).D'autrepart,ellesprennent commebasededpartdesprixsociaux(prixdela viehumaine,prixdelaprventiorl contrelesacci-dents ... )quirefltentdavantagel'idequecertains spcialistes, ou certains lobbies (groupes de pression) bienorganissetparticulirementmotivs(lesco-logistesparexemple)sefontdecespriximplicites plutt que le niveausocial optimalquirsulterait . d'uneconnaissance parfaite de l'ensemble des chelles deprfrencesindividuelles. Nousnedevonspasoublier,fontremarquerces Rinventerlemarch295 conomistes 1,quepouraucundenousleprixdu temps,leprixdelaviehumaine(lantre),leprix d'unarbre,leprix del'airpur ouleprixdusilence n'estlemme.Nousavonschacunnosproprespr-frences, qui elles-mmes varient en fonction de notre ge,denotremilieusocio-professionnel,denotre revenu,denotreexpriencepassedelavie,etc. Deux voisins,victimesd'unemmenuisance,ne don-neront pas celle-ci le mme cot; et iln'y arien qui permetted'affirmerqueceluiquiditsubirledom-magelepluslevestceluiquiancessairement raison.Delammefaon,un mmeindividu, deux tapesdiffrentesdesavie,selonqu'ilestjeuneet actif,ouvieuxetretrait,nedonnerapaslemme prix desnuisancesidentiques.Enfin,s'ilse faitque lepollueur impose un cot au pollu, nous nedevons pasoublierquelepolluimposeluiaussiuncot au pollueur :le cot que cedernier subit du seul fait que la prsence du pollu cre le dommage qui n'exis-teraitpassilepolluhabitaitailleurs.(Exemple-rel - du Parisien quisefaitconstruireunemaison la campagne, yprend sa retraite,et intente ensuite unprocsau fermiervoisinenraisondesmauvaises odeursetdesbruitsnocturnesquiproviennent de saporcherie.)Leproblme,expliquentlesnouveaux conomistes,n'estpasseulementdetrouverlemeil-leurmoyenpourliminerlesnuisances,ilestaussi et surtoutdetrouverlesystmequipermetted'arri-ver le plusprspossibledu seuildepollutionopti-malquitiendraitcomptedel'ensemblecomplexe 1.Cf.RonaldCoase,The Problem of SocialCost ,Journal ofLawandEconomies,octobre1960;JamesBuchanan,Poli-tics,PolicyandthePigovianMargin,Economica1962,pp.17-28;ainsiqueR.S.Smith,TheoceupationalSafetyandHea1th Act,AmericanEnterpriseInstitute,1976(pouruneanalyse critiquedespolitiquesrglementairesenmatiredeprven-tiondesaccidentsdanslesentreprises). _296 Demainlecapitalisme decescotscroissquenousnousimllgeonstous lesunsaux.autres. Mais quel est ce niveauoptimal ? C'est celui qui prvaudraitsinousdisposionsd'unmarchocha-cunpourraitconfronterleprixqu'ilseraitdispos payerpoursupportermoinsdepollutionavecle prixquelepollueurseraitprtaccepterpour rduiresapollution,ou,l'inverse,unmarcho celuiquipolluepourraitconfronterleprixqu'ilest prtpayerpourcontinuerpollueravecleprix quelespollusseraientprtsaccepterpourle laissercontinuersapollution. Untelmarchest,enl'tatactueldelatechnolo-gie;impossibleraliserenraisonde l'normit des cots detransactionet de ngociation qu'il implique. Maiscelanesignifiepasqu'ilnefaillepasessayer des'enapprocherlepluspossible.Etcelanous ramneaux.problmesdervlationdesprfrences collectives,et notammentlatechniquedudemand revealingprocess,dontl'undesdomainesd'appli-cationprivilgidevraitprcismenttreceluides pollutionsetnuisancesdanslamesureoilaboutit rtablirunestructuredequasi-marchtenant comptedel'intensitdesprfrencesindividuelles 1. II. - Lasolutionauxproblmesdepollutionet d'encombrementpasseparlacrationdenouveaux .droitsdeproprit.Prenons un exempled'actualit: celui de la pche maritime. Lesmers s'puisent, nous dit-on.Nombred'espcesdepoissonssontmenaces 1." Dansun documentronotyPdu Center forPublicChoice (VirginiaPolytechnicInstitute),NicolausTindemanetPaul Downingtudient lespossibilitsoffertes par le demand reveal-ingprocessenmatiredepolitiquedeluttecontrelespollu-tions:"Efficiency inPollution CQntrol Jo. WorkingPaper, C.E. 76.5.2.Dansune autre tude ronotyPe,raul Downing analyse lesconditionsd'utilisationdudemandrevealingprocesspour la planificationdel'espace. Son titre: " Suburban Non-Growth Policies. Rinventerlemarch297 dedisparition.Lacause:ledveloppementdes flottesindustrielles.Maisquilafaute?Aux pcheursquis'efforcentd'amliorerlaproductivit deleurindustrie?Ouausystmeconomiquequi imposecespcheursunelogiquedecoursela rentabilit?Niauxwisniauxautres,rpond RogerLeroyMillerdansunchapitredesonlivre TheEconomicsofEuropeanSocialIssues;seule-ment au fait que la mer appartient tout le monde. L'absence dedroitdeproprit exclusif conduit ce quepersonnen'aunintrtindividuelseproc-cuperdesconsquenceslongtermedestechniques de pche actuellement utilises. Si la mer appartenait quelqu'un,l'intrtdecepropritaireseraitd'em-pcherquelesutilisateursdesonbiennecompro-mettentlavaleurdesoncapitalenl'puisant.Un calcul cot-bnficetrs simple leconduirait consa-creruncertainvolumederessources(cots)pour assurerlapolicedesapropritetveillerceque lesutilisateursn'encompromettentpaslepotentiel productif. Unesolutionestd'instaurerunrglementinterna-tionaldesmers.Maisc'estunepolitiquedifficile appliquer(cots de police levs).Une autre est celle que prconiseRogerLeroyMiller: Unefaondecontraindrelespcheurssecompor-terd'unemanirepluscompatibleaveclesexigences mondialesdeprservationdu potentielnutritif desmers, estdemettrefinaurgimedepropritcommunequi caractriseactuellementledroitdesmers,au-deldes eauxterritoriales.Autrementdit,lavritablesolution ausystmeactueldupchetantquetupeux,etau diableleresteestderintroduiredessystmesde droitsdepropritprivatifssurleshautesmers. Unetellesuggestion,prciseRogerLeroyMiller,et tcompltementfarfelueil yaquelquesdizainesd'an-nes.IltaitimpossibledemettreenplaceJesystme depolice qu'unetelleinnovationrequiert.Maislestemps ontchang.Aveclestechniquesmodernesdel'lctro-298Demainlecapitalisme nique,donJlesprixnecessentdebaisser,nousavons maintenantlesmoyensdenousassurer que la proprit deeauxseraviolelemoinspossible. II est vrai, conclut-il; que reste le problme desbancs depoissonsmigrateurs.Aquiiraleur proprit?C'est un problmequiestmaintenanttechnologiquementsolu-ble.Noussavonso sesituent enrglegnraleleslieux dereproduction.Noussommesgalementdeplusen plusenmesuredesuivrelesdplacementsdes bancsde certainesespces.Cequisignifiequ'i1est mmepossible d'afficherundroitdepropritsurlespoissonsetnon seulementsurleseaux.Unmarchexisteraitoles flottillesdepcheachteraientet vendraientdesdroits depchedontl'missionetlapoliceseraientrgules parlesnationspropritaires.IIn'yauraitplusdepro-blmed'puisement.Chaquenationpropritairergula-riseraitlaventede cesdroits depchedefaonviter qu'uneexploitationtropintensivedesesmersneruine lesperspectivesderevenusqu'ellepeutenattendre. Ce n'est qu'un exemple. Mais on peut le gnraliser de-n()mbreux autres domaines, comme la pollution de l'air.Ilestvidemmentdifficilededonnerchacun lapropritdel'airquil'environne.Maisonpeut trsbiencreruneboursed'changeo,chacun sevoyantattribuerunquotadepollutionpersonnel, onpourraitlibrementvendreouacheterdetels titres 1.Oneentreprisefortementpolluante,pour 1.D'oreset dj,signale Jean-JacquesAdamdansun article dujournalLeMondedatdes3()'31octobre1977,unenou-velleprofessionsedveloppeauxEtats-Unis:celled' uagent dechangeenpollutions 1>.L'Agenceamricainepourlapro-tectiondel'environnementexigeantquel'apparitiond'une pollutionnouvellesoitcompenseparladisparitiond'une pollutionancienne,onracontequelaStandardOilofOhio, dsirantconstruireenCalifornieunportptmlier,auraitau pralableachetlapollutiondeplusieursteintureriesindus-trielles(dontelleauraitassurl'quipementantipollution sesfrais).Delammefaon,lachambredecommerce d'OklahomaCity,afind'accueillirunenouvelleusinedela GeneralMotors,auraitachet depetits industriels locaux lapollutiondequatrerservoirsdeptrolebrut(enlesgar-Rinventerlemarch299 avoir ledroitdepolluer plusque le minimum quilui estautoris,seraitcontrainte d'acheterlesdroitsd sesvoisins,etcelaau prixqueceux-ciaccepteraient de leslui cder. Ellene pourrait pas polluer plus que levolumeglobaldedroitsqu'elleauraitpu acqurir surlemarch.Etleniveaudepollutionrsultant seraitceluiquisortiraitdel'arbitragedumarch entrelesprfrencesdesunspour plusdepollution etcellesdesautrespour moinsdepollution.Chaque rgionouzoneparticulireauraitsonpropredegr depollutioncorrespondantauxstructuresdesprf-renccesdeseshabitants,etnoncelledefonction-nairesou lobbiesparisiens. Certainspartisansdecesystmefontremarquer quelacrationdetelsdroitspourraitoffrirl'occa-siond'unegigantesqueoprationderedistribution desrevenus,parladistributiondenouveauxdroits de proprit librement ngociables sur le march. Enfinsignalonsqueladernirerformefranaise du rgime des coefficientsd'occupation dessols ouvre la possibilitde mettre en uvre un telsystme 2. III.- Lasolutiondesproblmesdepollutionet d'encombrementesttroitementlieauxprogrs technologiques.Cequiprcdenousmontredj l'importanceduphnomnetechnologique.Nous seronsd'autantplusarmspourrduirelepluspos-nissant,sesfrais,d'uncouvercle).Enfin,lapollutionde la premireusineamricainedeVolkswagenauraItt chan-gecontre lesvapeursde~ o u d r o n desroutesdePennsylvanie, quiserontdsormaisrevetuesd'unesubstancenonvolatile. 2.Il s'agit de la rforme qui, dansle cadre desPlans d'Occu-pationdesSols,permetdefixerdesnormesmoyennesde densitparhectareconstructible,avecpossibilitpourceux quiveulentconstruireplushautd'acheterlesm"dontils ontbesoinauxpropritairesdeterrainsquieuxn'utilisent paslepotentielconstructibleauquelilsontdroit.Lesystme permet d'imposer unenorme. moyenne concernant par exemple lahauteurdesimmeublesconstruits,toutenlaissantune certilinemarged'arbitrageaumarch. 300Demainlecapitalisme siblelapollutionquenousdisposeronsd'quipe-mentstechniquespermettant,d'une part,defaciliter l'attributiondenouveauxdroitsdeproprit;d'au-trepart,derduirelescotsd'applicationet-de policede cesnouveaux droits;enfindediminuer les cotsdestechnologiesrductrices de pollution. Lencore,prenonsundernierexemplerapide. Celuidesencombrementsroutiers,notammentdes encombrementsurbains. L'originedecesencombrementsestsimple:elle vientdecequelespropritairesdevhiculesauto-mobilesne sont pas contraints de payer l'usage qu'ils fontdesinfrastructurespubliquesenfonctiondu cotsocialrelqu'ilsinfligentlacollectivit. Lesimptssurl'essence,lavignelte,etc.fontsans douteque,globalement,lesautomobilistes paient bel etbienlasocitlecotdesquipementsque celle-cimetleurdisposition.Maislecotrelde l'usage des automobilesest aussi fonctiondes encom-brements,desaccidents,etdesretardsqueles conducteursinfligent leursconcitoyensenutilisant gnralement leurs vhiculestousaux mmes heures. CeluiquirentredansParistroisheuresdumatin, lorsquelavoieest libre,imposelasocituncot relinfinimentmoindrequeceluiquiemprunte l'autoroutehuitheuresdumatinousixheures dusoir. Lasolutionidaleseraitd'introduiredansle domaine routier une tarification au cot marginal qui ferait payer l'utilisateur en fonctiondu cot social relqu'ilimposelacollectivit:levoyageurde ttoisheuresdumatinpaieraitdixouvingtfois moinsquelevoyageurdesixheuresdusoir.Untel systmedetarificationmoduleatrcemment introduitsurlesaroportsamricainsolesfiles d'attenteauxheuresdepointedutransportarien imposaientdescotsnormesauxcompagnies.La rgled'admissionsurlespistestantcelledupre-Rinventerlemarch301 miervenu;premierparti ,oudupremierarriv, premier atterrir,ledpartou.,arrived'unpetit appareilpersonnelcinqheuresdusoirsurl'aro-port de La Guardia se traduisait pour les compagnies utilisantdesJumboJetspardesfraissupplmen-tairescolossaux.Aujourd'hui,lesdroitsd'atterris-sage ou d'envol varient en fonctionde l'heure.Cequi anotammenteupour effet demodifier considrable-mentleshorairesdescompagniesariennesavecun meilleurtalementsur toute lajourne. Pourl'instant,introduireuntelrgimeauniveau del'utilisationdusystmeroutierestencoredu domainedurve. Mais,aveclesprogrsdel'lectro-nique,cen'estplusdudomainede Timpossible.Un jourviendrasansdouteochaquevoituresera quiped'uncompteurindividuelquifonctionnera parimpulsionslectroniquesetquipourratenir compted'unemultiplicitdetarifs.Cejour-l, commel'critDavidFriedman,l'Etatpourraven-drelesroutes . * ** Laprotectionduconsommateur.- Nousavonsvu que lesnouveaux conomistesmettaienten doute l'efficacitdesmesuresadministrativesdeprotection du consommateur.Que proposent-ilsdonc la place? Laussi,leurconvictionestquelemeilleurmca-nismerestelemarch,en insistantsur lefaitquele vritableproblmen'estpasd'imposerdesnormes arbitrairesauxproducteurs(outoutaumoinsdes normesquicorrespondentl'idequecertainsse fontdecequ'estl'intrtduconsommateur),mais unproblmed'information,eten particulier. decot del'information. Revenonsaucas desmdicamentsvoquaucha-pitre VII.Il'y ades entreprisesquise soucient relle-302Demainlecapitalisme mentdedonnerleursclientslemeilleurproduit possible,etdesentreprisesquiappartiennentde vritablesescrocs.Commentprotgerlesconsom-mateurs contre lesmfaitsdecesderniers? Nousavons vuque le march assure naturellement saproprepolice.Lesproduitsquin'apportentrien, . ouquisontfranchementnocifss'ontnaturellement liminsdumarch,etleursfabricantsconduits disparatre,parunprocessusnatureld'exprience. Evidemment,leprocessusprenddutemps.Etil cotedoncquelque chose la socit:lesaccidents qui se produisent etqui auraient pu tre vitssi on avait empch leproduit d'apparatre sur le march; lesmaladiesquiauraientputreguriesplusrapi-dementmoindrecotsilemaladeavaitd'emble achetlebonproduit. Leproblmedelacollectivitestdoncderduire lescotsassocisceprocessusd'exprimentation parlemarch.Est-cepossible? Lasolutionlaquelleserallientactuellementnos socitsestdeconfierdesfonctionnaires-experts lesoindefaireeux-mmeletri,etd'endcharger lesconsommateurs.Maisquemontre l'tudedeSam Peltzmanquenousavonscite?Queprcisment cette prtendue conomieest illusoire,l'introduction decontrlesadministratifsapriori nerduisantque defaondrisoirel'ampleurdescotsainsisuppor-tsparleconsommateur,etsetraduisantenrevan-cheparunensembledecotssupplmentairesque l'on oublie gnralementdecomptabiliser. Alors,quelleestlasolution?Elleestdedonner au consommateur lemoyende disposerde plusd'in-formations,unmoindrecot,surlesproduitsq1.! luisontofferts.L'informationtantuneressource coteuse,il neserapossiblederduirerellement lescotsdu processusd'exprimentation que lejour oleconsommateurpourraavoiraccsuneinfor-mationpluscomplteetmoinscoteuse;desorte Rinventerlemarch303 qu' tempset dpensegaux il soitincit chercher. s'informerdavantagesur cequ'ilachte.. C'estlafonctionquerempp.ssentdjdesrevues commeQuechoisiret les associations deconsomma-teurs.Maisl'onseheurteactuellementunelimite quivientdecequeleprincipalvhiculedel'infor-mationcesontlesjournaux,lesradios,leslivres... touslesmoyensdecommunicationdontl'usage restemalcommodeetcoteux.Toutelemonde,la veilled'unachat,n'apasletempsdeserendre au bureau de l'associationdeconsommateurs la plus proche.Toutlemonde n'a pas la patiencederecher-cher cequi l'intresse dans la collection des numros deQueChoisir. Enrevanche,leproblmeseratrsdiffrentdans unedizained'anneslorsquel'essordel'informa-tique permettra aux banques de donnesde se multi-plier.Lejourochaquemnageaurasonpropre terminal d'interrogation-rponse branch sur le rseau tlphoniqueetluipermettantd'entrerenrelation avecn'importequellebanquededonnes,ildispo-seraalorsd'uneprotectioninfinimentplusefficace quetoutescellesquepeuventluidonneractuelle-menttouslesrglementsdumonde.Sivous voulez acheterunenouvellevoiture,vouspourrezalors, sur-le-champ,interrogerparordinateurlestestset conseilsquedistribuentplusieursbanquesdedon-nesappartenantplusieursorganisationsde consommateursconcurrentes.Biensr,celavous coteraquelquechose;maisrienn'estgratuit.Et puis, au bout d'uncertain temps,vousaurez vite fait dediscernerquelleest,selonvous,l'associationde consommateursquidonnelesmeilleursdiagnostics ou les meilleursconseils.Vosdpenses d'information enserontrduitesd'autant.. Nousretrouvonslerlecentral duprogrstechno-logique. Bien desproblmes auxquels nous cherchons encemoment dessolutions OJdministratives ne seront 304Demainlecapitalisme enfaitrsolusquesinousconservonsunsystme conomiqueetsocialquimaximisel'incitationau progrstechnique.Parexemplecequivientd'tre dit proposdela protectiondu consommateur s'ap-pliqueexactement,de la mme faon,aux problmes deprotectioncontrelesaccidentsdutravail.Il existedanslasocitunmarchimplicitedela scuritolestravailleurstroquentplusou moinsderisquecontre plusou moinsdesalaire. Les rglementsactuels,deplusenplusstricts,abou-tissentimposerauxtravailleursuneconsomma-tiondescuritsuprieurecellequicorrespond leurs arbitrages individuels.Ils ont plusde scurit qu'ilsn'enachteraientvolontairementsurlemar-ch;ilslapaientunprixsuprieurauprixqu'ils seraient volontairement prtsacquitter en fonction deleursprfrencespersonnellespourlerisqueou le non-risque.La vritable solution passe l..aussi par laconstitutiondebanquesdedonnes,quiseraient peut-tr.egresparlessyndicats,etquipermet-traientchaquetravailleurde choisir son emploi ou son employeurenayantunemeilleureconnaissance, d'unepart,descoefficientsderisquequ'ilvaencou-rir,d'autrepart,desstimulantsmontairesqui enserontlacontrepartie.Lencore,leproblme n'estpasdeprendrelaplacedumarch,maisde l'aider mieux fonctionner. Lescontreproductivitsdelacontrainte L'conomistes'arrterait normalement ici.Maisles nouveauxconomistesn'hsitentpasallerplus loin,et appliquer leur techniqued'analyse l'tude deproblmesquidbordentlechampdel'conomie proprementdite.Delammefaonqu'ilsutilisent lesoutilsconomiquespourdnoncerl'inefficacit desmthodesadministrativesd'interventionsurles Rinventerlemarch305 marchs,demmeilsseserventdecesoutilspour montrerquedansbiend'autresdomainesdelavie socialele recoursaupouvoircoercitif de l'Etat abou-titdesrsultatsexactementinversesdeceuxqui sont recherchs,et conduit gnralement destrans-fertsrgressifsquifavorisentlesrichesetdfavo-risentlespauvres. Parmiungrandnombredesujetspossibles(ana-lyseconomiquedelaprostitution,analysecono-miquedutravailimmigr,analyseconomiquedu crime,analyseconomiquedutravailfminin ... ), nousvoqueronstroisexemples:ladrogue,lepro-blmedescontraintesdescuritindividuelle(cein-turedescurit,portobligatoireducasque... ),la conscriptionmilitaire. Les conomisteset ladrogue.- Quedesconomistes cyniquespuissentdirequelquechosepropos d'un problme commeladrogueheurtebiendessen-sibilits.Quel'onsoitd'accordou nonaveccequ'ils ontdiresurcesujetestunechose;qu'onleur refuseledroitdeledire,ouqu'onserefusemme lescouteretessayerdecomprendrecequ'ils disent,enestuneautre. Audpart:uneanalysedecequis'estpassaux Etats-Unisl'poquedelaprohibition.Onconnat l'histoire.Le16janvier1920entreenvigueurle ISeamendementlaConstitutiondesEtats-Unis.Il interditlafabrication,laventeetletransportde boissonsalcoolisessurtoutel'tendueduterritoire amricain .C'estledbutdesgrandesheuresdu Chicagodesgangsters.Cequel'onconnatmoins, c'est la suitedesvnements, comment lemarch aragicette entrave la libertduconsommateur, commentcequi partaitaprioride bonnesinten-306Demainlecapitalisme tions humanitaires aensite dgnr en un vritable flausocial, Lesrsultatsdelaprohibition,critRogerLeroy Millerdansson livredj cit, furent exactement confor-mesce.qu'auraitpuprvoirlemoindreconomiste habitu, manipulerdesc01,lrbesd'offreetdedemande. L'offred'alcoolstanttombezro,alorsqueconti-nuaitd'existerunefortedemande,l'Amriquetrouva rapidement.lesmoyensdeauxconsommateurs unemultiplicitd'erzats.-Quantitd'a1coolsetdevins illgalement importsou illgalement fabriquscontinu-rentdecirculer.' Biensr,il taitdevenuplusdifficiledesepro-curer ces alcools. L'importateur, letransporteur et le distributeuraccomplissaientdsormaisleurmtier en prenant d'immenses risques personnels:amendes, arrestations,prison...Lemarchnoirfavorisaitles entreprises de la Maffia.Maisla rpression ne russit pasfairedisparatrecestraficsclandestins.Rsul-tatspourleclient:desprixpluslevs,maisaussi etsurtoutdesproduitsdemoinsbonnequalit,et desrisquesconsidrablementaccrusdeconsommer desproduitsdangereux. ,Dans tout march, l'information joue un rle consi-drable.Nonseulementellerenseigneleconsomma-teur sur leslieux o ilpeutse procurerlesproduits quiluisontproposs,maisellelerenseigneaussi surlesprix,sur lesdiffrentesqualits sur lesdiffrentesspcialisationsdesproducteurs.La publicitn'estpasseulementunattrape-nigaud; enfavorisantlaconcurrenceetlamobilitdela clientleelleestuneformedeprotectioncontreles ,abusdesproducteurs. Quesepasse-t-illorsqu'intervientlaprohibition?, Celuiquidsireconsommerdel'alcoolvacontinuer d'essayer des'enprocurer. Maissescotsderecher-chevonttreconsidrablementaugments.Plusde publicit pour savoir o aller,quifait quoi,qui offre Rinventerlemarch307 quoi,etc.Plusd'informationetdeconseilsdansles journaux vantant la meilleure qualit de telle marque ouaucontraire lesabusdetelleautre.Plusdepro-tectionlgalecontrelesfraudes,lescontrefaons, leserzatsabusifsvendussouslenomdemarques renommesmaiscontenanttoutautrechosequedu . vritablealcoolnaturel.Commel'critRogerLeroy Miller: L'unedesconsquencesdirectesdela prohibition fut d'accrotreconsidrablementlenombredepersonnes victimesd'intoxications,renduesaveuglesouparalyses dufaitdelaconsommationdeboissonsfrelates.Plus riennepermettaitd'tresrdelaqualit.Lesrisques quechacunprenaitdsormaisenachetantunebouteille dewhiskytaientinfinimentplusgravesquelasimple menaced'unegueuledeboispourlelendemainmatin. Touslesbuveursd'alcoolfurentatteintsparles effetsdelaprohibition.Maispastousdelamme faon.Lesvraiesvictimesfurentceuxquienraison deleursmoyensmodestestaientdsormaisobligs dese rabattre sur lesalcoolsdemoins bonnequalit etprenaientdonclesrisqueslesplusgraves.En revanche,lesriches,eux,possdaientsuffisamment demoyenspour s'assurerque l'alcoolqu'ilsconsom-maienttaitdu vraietbonalcool,mme s'illeur en cotaitpluscher.Chezeux,lesrisquesd'accidents restaienttrsrduits.Laprohibitionavaitcertes rduitlaconsommationamricai:Qed'alcool,mais elleavaiteuaussipoureffetd'instaurerunediscri-minationentre ceuxquipouvaientcontinuer boire sansrisquesetceuxqui,aucontraire,prenaientdes risquescroissants;discriminationquis'exeraau dtrimentdesclasseslespluspauvres. Passonsmaintenantladrogue. Cequisepassedanscedomaine,expliqueRoger LeroyMiHer,estabsolumentanaloguecequis'est passdanslesannes20aveclaprohibition:l'inter-308Demainlecapitalisme dictiondel'usagedesnarcotiquesaboutittoutsimple-mentcequelesconsommateursachtentpluscher desproduitsdequalitinfrieurecelledontilspour-raientdisposersurun marchlibre.Onfavorisel'usage desdrogueslesplusdangere1.lsesfautepour d'avoir en facedelui un vritablechoix,et lapossibilit debnficierdesgarantiesqu'offreunmarchau grandjour .Et l'onal aussiunediscriminationentre ceux . quiontlesmoyensdes'entourerdetoutesles garantiesdequalit,etceuxqui n'ontpasd'autrechoix quedeseprocurercequ'onleurproposeaucoindela rue. 11existe,cependantunediffrence,prcise-t-il;cette discriminationnesefaitplusentrepauvreset,riches, maisl'encontredesrevenusmoyens.Parcequeleur cotd'opportunitentermesdesalairesest leplusbas, lesdroguslespluspauvres,paradoxalement,sontceux quionten gnrallesdroguesdemeilleurequalitdans lamesureoilsontletempsd'ex.plorerlemarchet deconnatresesrouages.Lesvraiesvictimes,cette fois-ci,sontdonclesam,ateurs ,lesnouveauxvenus, ceuxquinefontpasvritablementpartiedelaclasse desprofessionnelsdela. drogue. .Conclusion:la rpression qui entoure le commerce deladroguecoteprobablementpluscherla socitqu'elleneluirapporteraitsilaventedes narcotiques- notammentetsurtoutlaventedes 'droguesdoucescommelamarijuana- tait lgalise. Oncompteraitsansdoute,termineRogerLeroy Miller,beaucoupmoinsd'accidentsqu'onn'enrecense actuellement;etl'onviteraitdefairelafortunedes intermdiairessansscrupulesdonttoutmarchnoir favoriselesactivits,audtrimentnonseulementdela collectivitdanssonensemble,maisdeleurspropres clientsenpremierlieu. '" "'''' Rinventerlemarch309 Laceinturedescuritetlecasqueobligatoire.-Sam Peltzman n'est passeulement lepourfendeurde laFoodandDrugAdministration,commenous l'avonsvuproposdelalgislationsurl'introduc-tiondenouveauxmdicaments;ilestaussil'auteur d'uneautretude,plusrcentemaiselleaussi parti-culirementprovoquante,consacre. aux "effetsdela ceinturedescurit 1. Question:Qu'arapportlasocitl'obligation dsormaisfaiteauxusagersdelaroutedeboucler leurceinture?Utilisantunemthodeanalogue celle de son prcdent travail, Sam Peltzman aessay devoirqueleffetl'introductiondelalgislation avaiteusurlesstatistiquesd'accidentetsurleur gravit.Aucun ,rpond-il. Certes,aprslamiseenapplicationdela nouvelle lgislation, on aeffectivementconstat une rduction delagravitdesblessuressubiespar lespassagers. Ma