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Cahier de recherche n° 96-07-01 Juillet 1996 ISSN : 0840-853X Cetterecherche a été rendu possibk grdceà l'a;oe ftnoncilre de l'Institut des petitesentreprises de la Banque de Montréal. Copyright C 1996. Écoledes Hautes Études Commerciales (HEC),MontréaL Tous droits réservés pour tous pays. Toute traduction ou toute reproduction sous quelque forme que ce soit est interdite. Les textespubliés dans la série des Cahiers de recherche HEC n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs. La publication de ce Cahier de recherche a été rendue possible grdce à des subventions d'aide à la publication et à la diffusion de la recherche provenant desfonds de l'École des HEC. Direction de la recherche, École des HEC, 3(J(}(), chemin de la Cdte-Sainte-Catherine,Montréal (Québec) Canada H3T 2A7. L'entrepreneurship, un champ à la recherche d'une définition. Une revue sélective de la littérature sur l'entre- preneurship par Jacques Baronet

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Cahier de recherche n° 96-07-01Juillet 1996

ISSN : 0840-853X

Cette recherche a été rendu possibk grdce à l'a;œ ftnoncilre de l'Institut des petites entreprises de la Banque de

Montréal.Copyright C 1996. École des Hautes Études Commerciales (HEC), MontréaLTous droits réservés pour tous pays. Toute traduction ou toute reproduction sous quelque forme que ce soit est

interdite.Les textes publiés dans la série des Cahiers de recherche HEC n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs.La publication de ce Cahier de recherche a été rendue possible grdce à des subventions d'aide à la publication et

à la diffusion de la recherche provenant des fonds de l'École des HEC.Direction de la recherche, École des HEC, 3(J(}(), chemin de la Cdte-Sainte-Catherine, Montréal (Québec) Canada

H3T 2A7.

L'entrepreneurship, un champ à larecherche d'une définition. Une revuesélective de la littérature sur l'entre-

preneurship

par Jacques Baronet

Résumé

L'entrepreneurship comme champ d'étude et de recherche est encore aujourd'hui à larecherche d'une définition de l'entrepreneur et de l'entrepreneurship. On essaie doncd'abord, par une revue sélective de la littérature sur l'entrepreneurship, de discerner leséléments sur lesquels on peut trouver un certain consensus. Ensuite on regarde certainesécoles qui ont étudié l'entrepreneurship pour en arriver à la conclusion qu'aucune de cesécoles plus traditionnelles ne semblent étudier l'ensemble du phénomène del'entrepreneurship, surtout quand on les compare aux deux grands réseaux de recherche enentrepreneurship. Ceci nous amène à regarder certains modèles d'explication qui apparaissentplus complets, plus prometteurs pour comprendre ce qu'est un entrepreneur et l'entrepre-

neurship.

Abstract

Entrepreneurship as a field of study and research is still today looking for a defmition of whois an entrepreneur and what is entrepreneurship. Through a selective review of literature onentrepreneurship, we first look at the elements of a defmition around which there appears tobe a certain consensus. We then look at certain schools of thought in the study ofentrepreneurship. This will lead us to propose that none of these more traditional schoolsseem to study the whole phenomenon of entrepreneurship, especially considering the twomain research networks in entrepreneurship. Finally, we look at certain models which appearto be more complete or to offer more understanding of who is an entrepreneur and what is

entrepreneurship.

L'entrepreneurship: un champ à la recherche d'une définition

Dans ce cahier de recherche, nous présentons un examen sélectif de la documentation surle phénomène de l' entrepreneurship qui, bien que non exhaustif, reflète bien l'ensemble desprincipales questions soulevées dans le champ. Ainsi, nous allons jeter un coup d'oeil surl'ensemble du phénomène de l' entrepreneurship en essayant d'abord d'en décrire les principalescomposantes tout en évitant de trop tomber dans les débats d'experts sur les définitions possiblesde l'entrepreneur et de l'entrepreneurship. Nous regarderons ensuite brièvement quelques écolesqui étudient l'entrepreneurship chacune sous un angle particulier. Enfin, nous regarderonsquelques modèles qui guideront nos recherches et nous permettront d'expliquer le phénomènedans son entier.

L'entrepreneurship est un phénomène qui existe depuis longtemps, mais qui estrelativement nouveau en tant que champ d'étude. Selon Bygrave (1989) et Bygrave et Hofer( 1991), c'est un paradigme jeune qui n'a pas de fondement théorique substantiel, ce qui représenteun défi majeur pour les chercheurs. Non seulement est-ce un paradigme sans fondement théoriquesubstantiel, même si Déry et Toulouse (1994) parlent plutôt d'une épistémologie naissante desrecherches en entrepreneurship, mais, de plus, les chercheurs et spécialistes du champ, tels querevus par Béchard (1996), ne s'entendent même pas sur la définition même de l'entrepreneur et del'entrepreneurship. Blawatt (1995) dira. par exemple, qu'il n'y a pas de standard qui peuts'appliquer quand on essaie de définir l'entrepreneur. Les chercheurs peuvent s'entendre assezbien sur ce que fait l'entrepreneur, mais pas sur une définition de l'entrepreneur et del'entrepreneurship. Ainsi, par exemple, selon lui, les notions d'entrepreneur opportuniste etd'entrepreneur innovateur seraient également valides.

Définitions de l' entrepreneurship

Pour Schumpeter (1934, 1979), par exemple, l'innovation. décrite comme la capacité detrouver de nouvelles idées, de nouvelles « combinaisons », est la caractéristique distinctive del'entrepreneur. Mill (1848) souligne plutôt le rôle de la prise de risques par l'entrepreneur. Cettequalité des entrepreneurs est contestée par quelques auteurs. Mentionnons, entre autres, Solomonet Winslow (1995) et Winslowet Solomon (1994), où ils citent l'éditeur du magazine Venture:

« Entrepreneurs begin their own ventures because they wish to avoid taking therisk of their success being dependent on others' evaJuations~ that is performanceappraisaJs, recommendabons or promotion decisions made by others inhierarchical organizations. Therefore they avoid the risk of their future successbeing dependent on how they fit with someone else 's idea of performance... »

À cet effet, Bouchikhi et Kimberly (1994) mentionnent que les entrepreneurs « n'ont pas unementalité de joueur» et qu'ils « ne jouent pas leur destin aux dés». En fait la différence deperception du risque par les économistes qui croient que les entrepreneurs ont tendance à prendredes risques et les entrepreneurs qui ne le voient pas ainsi, serait due à une perception subjective durisque. « TI n'y a pas de risque pour quelqu'un qui sait, à tort ou à raison, qu'il peut réduirel'incertitude par des actes volontaires. De même, il n'y a pas de risques pour quelqu'un qui n'arien à perdre ou qui sait qu'il pourra toujours essayer autre chose... »

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L'entrepreneurship: un champ à la recherche d'une définition

D'autres souligneront l'identification et la poursuite des opportunités, l'idée de croissance,etc. Certains associent également l'entrepreneur à tout travail autonome de même qu'à des notionsde personne aventureuse, de rnattre-manufacturier, de constructeur, etc. McCleUand (1961), parexemple, s'est intéressé à la personnalité des entrepreneurs, en particulier au lien entrel'entrepreneurship et le besoin de réalisation des individus. D'autres ont utilisé la notion ducontrôle interne de Rotter (1966). Celui-ci serait particulièrement élevé chez les entrepreneurs.

Solomon. quant à lui, décrit l'entrepreneur comme « étant essentiellement une personneinnovatrice qui crée quelque chose de différent ayant une valeur ajoutée en y consacrant temps etefforts et en assumant les risques financiers, psychologiques et sociaux... dans une perspectived'action... et en recevant les récompenses (ou punitions) monétaires et de la satisfactionpersonnelle» ou encore plus simplement « celui qui démarre avec succès une entreprise quirapporte des profits (monétaires et personnels) et qui bénéficie à la société». Wmslowet Solomonassocient par ailleurs l'entrepreneur à une sorte de déviant social, un sociopathe léger. Kets deVries en utilisant une approche psychodynamique va dans le même sens en soulignant le besoin decontrôle, le sentiment de méfiance et le désir d'être applaudi et reconnu de l'entrepreneur. Lesentrepreneurs seraient ainsi des inadaptés, des laissés-pour-compte qui créent leur propreenvironnement pour mieux le contrôler plutôt que de subir celui des autres. Schein. dans son étudesur les carrières, irait aussi dans le même sens et a remarqué que les « activities (of entrepreneurs)ail have in common that they are clear extensions of the person and his identity is heavily involvedin the vehicle which is created». Shapiro, pour sa part, parlera plutôt du sentiment desentrepreneurs « d'être en dehors du COUP» par rapport au reste de la société...

D'autres, comme Carland et coll. (1984), ont tenté de distinguer l'entrepreneur dupropriétaire de PME, rejoignant ici l'idée que le risque financier peut appartenir à un autre quel'entrepreneur, et que la propriété de l'entreprise ne serait pas l'élément essentiel der entrepreneurship. Nous croyons plutôt (Baronet et Pitcher, 1995) que le risque que prendl'entrepreneur serait un risque créatÏfet personnel, profondément psychologique.

Gartner (1990) a ainsi essayé de voir si un consensus se dégageait autour d'une définitionde l'entrepreneurship parmi les experts du champ (universitaires, leaders du monde des affaires,politiciens venant en aide à la création d'entreprise) en utilisant la méthode de recherche Delphi. Ila donc demandé, dans une première phase, à 283 experts leur définition de l'entrepreneurship. Lesdéfinitions reçues ont été dans une deuxième phase renvoyées aux participants avec unquestionnaire basé sur une analyse de contenu de 90 attributs extraits des définitions. Selon leurperception, les participants devaient donner un ordre de priorité à ces attributs. Enfin, dans unetroisième phase, ces 90 attributs ont été réduits à huit facteurs représentant huit thèmes ou enjeuxfondamentaux du champ de l'entrepreneursmp.

Ces huit thèmes ou enjeux sont:

1- l'enlreprenellr. l'entrepreneurship implique nécessairement des individus qui ont deshabiletés et des caractéristiques personnelles uniques, particulièrement en ce qui concernela prise de risques, le contrôle personnel interne, le besoin d'autonomie, la persévérance,l'engagement, la vision, la créativité.

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L'entrepreneurship: un champ à la recherche d'une définition

2- l'innovation: l'entrepreneurship implique l'idée de faire quelque chose de nouveau(idée, produit, service, marché, technologie de production, matière première, etc.). Unequestion que peut soulever ce thème serait: les imitateurs, ceux qui reprennent une idéeexistante ou créée par un autre et en font une réussite, sont-ils des entrepreneurs ou non?

3-1Il création d'IIM ItOIlveUe organisation: créer une nouvelle entreprise en acquérant eten intégrant des ressources, en réussissant à mettre ensemble dans une nouvellecombinaison profitable des idées, des personnes, des habiletés, des ressources matérielleset financières, des marchés. Cet enjeu nous amène à nous poser les questions suivantes:l'entrepreneurship existe-t-il en dehors de la création d'une nouvelle entité juridiquetotalement indépendante? Par exemple, la création d'une nouvelle division, s'attaquant àun nouveau marché, à l'intérieur d'une organisation existante, relève-t-elle del'entrepreneurship ou non? Est-ce que la création d'Hydro-Québec par le gouvernementdu Québec relève de l'entrepreneurship ou non? Guth et Ginsberg (1990) mentionnentainsi deux types d'entrepreneurship institutionnel: la création d'une nouvelle entité àl'intérieur d'une organisation existante «( internaI venturing ») et le renouveau stratégique,c'est-à-dire la transformation des idées clés sur lesquelles est fondée une organisation.

4-10 création de valeur: en créant de la richesse, en détruisant le statu quo.

5- l'elltrepl'ise Ii bllt lllcrtltif 011 110": l'entrepreneurshÏp peut-il exister en dehors desentreprises à but lucratif? dans les organismes sans but lucratif. dans les gouvernements,etc.? Ce thème soulève des questions reliées à la création d'organismes sans but lucratifcomme, par exemple: la création d'un organisme socio-communautaire comme Jeunesseau Soleil par Sid Stevens en 1953 ou de la Croix Rouge Internationale par Henri Dunanten 1863 relèverait-elle de l'entrepreneurship ou non? Est-ce que l'invention moderne dessoins infirmiers par Florence Nightingale dans les années 1850 pourrait être considéréecomme un exemple d'entrepreneurship? Seitz et Schwab (1992) mentionnent qu'onpourrait aussi voir de l'entrepreneurship chez les travailleurs sociaux aux États-Unis quitravaillent en pratique privée et dont les caractéristiques personnelles sont essentiellementles mêmes que celles des entrepreneurs: tolérance du risque, créativité, persistance,résistance aux procédures standards?

6- la croissance: croissance pour ce qui est des ventes, des profits, d'actifs~ ainsil'entrepreneurship n'existerait que s'il ya intention de croissance, de toujours grandir. Ici,on pourrait se demander si les travailleurs autonomes, qui ne voudraient que bien vivre deleur travail et parfois que survivre sans nécessairement grandir, sont des entrepreneurs ounon. ou si la micro-entreprise familiale représente vraiment de l'entrepreneurship.

7- l'asped "1IÏq"e: l'entrepreneursbip représenterait une façon spéciale de penser, unevision, une habileté à voir les situations en tant que des besoins à satisfaire, à saisir lesopportunités, à créer des combinaisons uniques. Chaque cas d'entrepreneurship seraitumque.

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L'entrepreneurship: un champ à la recherche d'une définition

8- le propriétaire-gestiomu"re: l' entrepreneurship ne concernerait que l'entreprise dirigéepar son propriétaire plutôt que par un gestionnaire ou un groupe de gestionnaires« professionnels».

Selon Gartner, il se dégage ainsi de son étude deux points de vue principaux 5l'entrepreneurship: le premier, qui serait dominant, est centré sur les caractéristiques '

l'entrepreneurship, soit l'entrepreneur et ses caractéristiques personnelles, l'innovation,croissance et le caractère unique, alors que le second regarde plutôt les résultatsl'entrepreneurship, soit la création de valeur, les entreprises à but lucratif seulement et la notionpropriétaire-gestionnaire.

Gartner (1988) avait, par ailleurs, conclu qu'en se concentrant sur des recherches sur lapersonnalité de l'entrepreneur, les chercheurs faisaient fausse route. Ceux-ci devraient plutôtregarder les comportements des entrepreneurs, ce qu'ils réalisent, c'est-à-dire la création denouvelles organisations. D'ailleurs, certains spécialistes vont même jusqu'à dire que le rôle del'entrepreneur s'arrête une fois la nouvelle entreprise créée et que tout ce qui suit sa créationrelève d'autre chose que de l'entrepreneurship. Ce seraient donc les activités associées à lacréation d'entreprises qui devraient être l'objet d'étude de l'entrepreneurship. Gartner de mêmeque Brockhaus et Horwitz (1986), par exemple, critiquent les recherches sur la personnalité ou lescaractéristiques psychologiques des entrepreneurs parce que celles-ci, selon eux. n'auraient pasdémontré de différences fondamentales entre les entrepreneurs et les gestionnaires de grandesorganisations ayant connu le succès. fis sont en cela contredit, entre autres, par Carland et coll.(1984 et 1988) et Herron (1994). On devrait donc étudier ce que fait l'entrepreneur et non pas quiil est~ ici c'est le processus qui est important. Par contre, pour Blawatt (1995), c'est le lien entrel'individu entrepreneur et ce qu'il accomplit qui est important, mais on ne peut ignorerl'imoortance des traits et de la oersonnalité profonde de l'entrepreneur.

D'autres auteurs dont Bygrave et Hofer (1991) suggèrent d'abord la nécessité d'essayer dedéfinir le plus exactement possible les termes utilisés dans la recherche sur l'entrepreneurship:

«ln the absence of a universally accepted scientific definition ofentrepreneurship, it is the responsibility of every researcher to state clearly whatis meant when the term is used... (should) specify as precisely as possible thepopulation being studied... »

DeDe plus, tout en reconnaissant la nécessité d'observer l'entrepreneur puisque le processusentrepreneuria1 ne peut être lancé que par la volonté humaine, la volonté d'un individu, ceux-ciavancent l'idée que l'on doit aussi, en même temps, regarder J'événement entrepreneuriaJ (lacréation d'une nouvelle organisation dans le but de poursuivre une opportunité) et le processusentrepreneuriaJ (toutes les fonctions associées à la création de la nouvelle organisation et à laperception des opportunités). Vesper (1990) mentionne à cet effet que l'événemententrepreneuria1 peut comporter soit une introduction de nouveaux produits ou de nouvellesméthodes de production ou l'ouverture de nouveaux marchés ou de nouvelles sources

perception des opportunités). Vesper (1990) mentionne à cet effet que l'événemententrepreneurial peut comporter soit une introduction de nouveaux produits ou de nouvellesméthodes de production ou l'ouverture de nouveaux marchés ou de nouvelles sourcesd'approvisionnement ou enfin une réorganisation industrielle.

Dans cette perspective, si onentrepreneur, pourquoi le devient-on,

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surdelade

tde

s'intéresse à l'entrepreneur, on regardera qui devientquelles sont les caractéristiques des entrepreneurs qui

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L 'entrepreneurship:

réussissent et de ceux qui échouent. De même, si on s'intéresse au processus entrepreneurial, ons'interrogera sur ce qui est contenu dans la perception efficace des opportunités, sur les tâches clésreliées à l'établissement réussi d'une nouvelle organisation et comment ces tâches sont différentesde celles liées à la gestion efficace des organisations existantes, sur la contribution unique del'entrepreneur à ce processus entrepreneurial.

et Horer (1991) voient neuf caractéristiques associéesBygraveentrepreneurial:

1- il est initié par un acte de volonté humaine; l'essence de l'entrepreneurship est l'entrepreneur;

2- il arrive au niveau d'unefirme individue//e~

3- il implique un changement d'état, un « saut quantique », un changement de l'environnementexterne d'un état (sans la nouvelle entreprise) vers un autre état (avec la nouvelle entreprise)~

4- il implique une discontinuité, particulièrement dans la structure compétitive d'une industrie etparfois même la création d'une nouvelle industrie~

5- c'est un processus ho/istique qui ne peut être évalué qu'en regardant l'ensemble de tout lesystème industrie~ comme le notent aussi McDougall et coll. (1994),

6- c'est un processus dynamique où 1'1constamment;

il est unique puisque aucune autre tentative de création d'entreprise ne sera exactement lame ou n'arrivera dans le même contexte~

7-même

8- il implique de nombreuses variables antécédentes à l'événement entrepreneurial (nombre,forces et positionnement des compétiteurs, ressources, positionnement et stratégie de la nouvelleentreprise, taille, croissance et besoins des clients. etc.) et

9- le résuhat final du processus entrepreneurial est très sensible aux conditions initiales de cesvariables.

On doit enfin ajouter que Bygrave (1989a et b) voit le processus entrepreneurial se réalisersur un «continuum de "entrepreneurship» (voir schéma 1) où. à une extrémité, on retrouve lesméga-entreprises fondées par des méga-entrepreneurs innovateurs, «destructeurs de l'ordreéconomique» et qui visent la croissance, par exemple, Québecor, Groupe Jean Coutu,Bombardier, Canam-Manac, Microsoft, CNN, Sony, etc. et, à l'autre, les micro-entreprises quiveulent demeurer petites, par exemple, les dépanneurs, garages, restaurants à propriété familiale,ou le travail autonome. Vesper lui aussi utilise un continuum qui est fondé plus sur les typesd'entrepreneurs que sur les entreprises créées par ceux-ci (voir schéma 2).

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: un champ à la recherche d'une définition

processusau

et l'industrie à laquelle elle appartient évoluententreprise

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L 'entrepreneurship: un

Schéma 1: Continuum de l'entrepreDeurahip (.

Micro-entreprisesdésirant rester petites,peu ou pasinnovatrices. .

Schéma 2: Continuum de. type. d'entrepreneur.

J2/Jra-.d 'l1/JiIbw..--

1TrtIwIII1ar.---..-.

MtJ-.d'4qIdpa

Pendant que Bygrave et Hofer étudient le processus entrepreneurial de son commencementjusqu'au résultat final, Shapiro et Sokol (1982) se concentrent plutôt sur la période précédantl'événement entrepreneurial, et plus particulièrement sur les conditions antécédentes auchangement et pourquoi le choix s'est fixé sur l' entrepreneurship plutôt que dans une autredirection (recherche d'un «meilleur» emploi, création artistique, «dropping out», etc.). TIscroient aussi, comme Bygrave et Hofer, que plusieurs variables entrent en jeu dans l'événemententrepreneurial; on remarque ainsi autant d'événements externes que de raisons strictementinternes à l'individu, autant «d'information» négative (perte d'emplo~ recherche d'un refugepolitique, déplacements non voulus, insatisfaction face au travail, fiustrations techniques oucréatives) que positive (offi'e de financement, oftfe de partenariat). La perception de désirabilité etde faisabilité jouerait ici le rôle crucial dans l'événement entrepreneurial et elle prendrait sa sourcedans la famille même de l'entrepreneur et dans la société qui l'entoure (voir aussi Blawatt, 1995):

« ... in a social system that places a high value on the fonnation of new ventures,more individuals will choose that path in times of transition. More diffuse1y, asocial system that places a high value on innovation, risk-taking, andindependence is more likely to produce entrepreneurial events than a systemwith contrasting values... »

De plus. on peut ainsi se demander si, dans une région comme la Beauce au Québec, réputée pourla grande proportion d'entrepreneurs qui y oeuvrent, on ne retrouverait pas, assez bien partagéesdans la population. ces valeurs d'indépendance, d'innovation. de prise de risques...

Cunningham et Lischeron (1991) ajoutent que l'~

« The entrepreneur is embedded in a complex social network that cao inhibit orenhance venture development. The network cao provide ideas, access to neededresources, the commitment and assistance to cany out a task, and the skills ofinvolved employees... more eftfective leaders are those who cao create a vision,develop commitment to that vision, and institutionalize it... »

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à la recherche d'une définition

I»D BypaV', 1989J

Méga~ntreprisesà forte croissance,

innovatrices, « destructionde J'ordre économique»

1990)Veaper,(.eloD

,.. ~1",.,...",., . 8DfIMa et

~ J"" 8CCb

1Acqu~dlG~d'ocqtd#liorU

7/W..,..".~

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est un « architecte social »:, entrepreneur

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L 'entrepreneurship: un

Survol de quelques écoles de pensée dans l'étude de l' entrepreneurship

Les difficultés 1l'entrepreneurship se rIl'entrepreneurship. Non!l'entrepreneurship, maisphénomènes.

rencontrées dans la définition même de l'entrepreneur etretrouvent aussi dans les différentes approches de l'étudeseulement constate-t-on différentes définitions de l'entrepreneur et

i aussi voit-on plusieurs approches différentes pour étudier 1

Cunningham et Lischeron (1991), par exemple, présentent six écoles principales de penséeen entrepreneurship. Deux de ces écoles font l'évaluation des qualités personnelles desentrepreneurs: 1- l'école dite du «grand homme », 2- celle des caractéristiques psychologiques.Une autre étudie plus les façons de reconnaî'tre les opportunités: 3- l'école dite classique. Deuxautres sont plus centrées sur l'action et la gestion: 4- l'école du management et 5- celle duleadership. Enfin, une dernière s'intéresse plus à l'adaptation et regarde l'entrepreneurship dansdes organisations existantes: 6-I'école de l'intrapreneurship.

Pour sa Part. Vesper (1990) parle d'autres champs d'études en entrepreneursbip. Lepremier serait l'entrepreneur: on y étudie la vie des « grands entrepreneurs », la psychologie et lasociologie des entrepreneurs et les cas plus particuliers de femmes entrepreneurs etd'entrepreneurs venant de groupes ethniques minoritaires. Ce champ semblerait correspondreassez bien aux deux premières écoles de Cunningham et Lischeron. Un deuxième champ étudie lestypes de création d'entreprises: les entreprises indépendantes, celles créées par des organisationsexistantes, la gestion des petites et moyennes entreprises, la création d'une nouvelle entreprisecomparée à l'acquisition d'une entreprise existante. Ce champ semblerait correspondre aux quatreautres écoles de Cunningham et Lischeron. Enfin. un troisième champ d'étude regarderaitl'entrepreneurship d'un point de vue économique et de quelle façon arriver à développer et

encourager l'entrepreneurship.

Par ailleurs. en étudiant la construction sociale de la recherche en entrepreneurship, Déry etToulouse (1994) ont constaté deux principaux réseaux de référence des chercheurs et trois grandsprogrammes de recherche en entrepreneurship. Les réseaux représentent un ensemble d'auteurs etd'institutions ayant des intérêts de recherche communs. Un de ces réseaux a pour principaleproblématique de recherche l'entrepreneur, ses motivations, ses dimensions psychologiques etsociales, ses habiletés de gestion, de leadership, son insertion dans des réseaux sociaux, son rôleéconomique central et les différences existant entre l'entrepreneur et le propriétaire d'une petiteentreprise. Ce réseau forme également un des trois programmes de recherche: celui centré surl'entrepreneur. Le deuxième réseau représente deux problématiques de recherche: l'une regarde leprojet entrepreneurial et les critères d'évaluation de sa réussite tandis que l'autre adopte uneperspective stratégique et étudie les types de stratégies reliées au lancement de nouveUesentreprises, à leur croissance, à leur diversification, à leur processus d'innovation (voir, parexemple, Stearns et coU., 1994). Les deux programmes de recherche associés à ces perspectivessont donc le projet entrepreneurial et la stratégie d'entreprise dans le cadre de l'entrepreneurship.Ainsi on revient ici à l'idée décrite plus haut par Bygrave et Hofer, Blawatt et Shapiro et Sokol dubesoin d'étudier« l'événement entrepreneurial » et en conséquence le processus pour y arriver, enconjonction avec l'étude de l'entrepreneur.

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à la recherche d'une définitionchamp

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L 'entrepreneurship: un champ à la recherche d'une définition

Enfin, en plus de ces approches et écoles de pensée en entrepreneurship, il faudrait aussimentionner brièvement l'apport de différentes disciplines des sciences sociales à l'étude del'entrepreneurship. Chaque discipline y apporte sa perspective habituellement peu influencée parles autres, ce qui pousse d'ailleurs Herron et coll. (1991) à suggérer une approcheinterdisciplinaire pour étudier l' entrepreneurship. Ainsi Shaver et Scott (1991) indiquent que lapsychologie, tournée essentiellement vers l'individu, regardera la source de ses motivations, sestraits caractéristiques, sa façon de faire des choix. Notons que les auteurs américains ont surtoututilisé une perspective cognitiviste en psychologie dans leur étude de l'entrepreneurship, oubliantdu même coup l'apport d'autres approches qui pourraient nous en dire plus sur les motivations desentrepreneurs: les approches psychodynamique, motivationnelle, bipolaire, etc. Reynolds (1991),pour sa part, dit que la sociologie s'intéressera aux conditions de consensus et de conflits dans lesgroupes humains d'où est issu l'entrepreneurship. De plus, elle étudiera les modèles decomportement entrepreneurial à l'intérieur d'une population et entre diverses populations. Stewart(1991) affirme à son tour que l'anthropologie insiste sur l'idée d'une étude holistique del'entrepreneurship en tant qu'élément du tissu social et culturel d'une société et oftTe aussi uneperspective ethnographique qui peut grandement aider à étudier l'entrepreneurship dans sacomplexité naturelle et dans une perspective autre que fonctionnaliste (voir Mulholland, 1994).Enfin, Kirchhoff (1991) mentionne que l'économique voit l'entrepreneur comme l'acteur créant lechangement, l'évolution économique, le destructeur de l'ordre économique et se tourne vers lesquestions reliées à l'instabilité en économie.

L'école du « grand homme », tel que mentionné dans Cunningham et Lischeron, voitl'entrepreneurship comme très lié au leadership. Pour eUe, les grands entrepreneurs sont des êtresexceptionnels., intuitifs, à l'instinct inné, qui sont aussi de grands leaders et ont besoin des qualitésde leadership pour réussir (capacité de présenter ses idées, ses visions, d'inspirer les autres, demotiver, habiletés intuitives pour bien « sentir» les problèmes, instinct, etc.). La part d'inné etd'acquis qui fait partie de ces qualités reste à déterminer. On mentionne aussi., au niveau descaractéristiques, des pulsions fortes envers l'indépendance et la réussite, un niveau élevé devigueur, d'énergie, de persistance, d'estime de soi. Cette école reste, cependant, à un niveau tropanecdotique et il Y a peu de preuves que ces traits, au niveau où ils sont actuellement étudiés,soient associés au succès des entrepreneurs.

L'école des caractéristiques psychologiques a été, jusqu'à tout récemment, l'écoledominante. On y cherche à faire le lien entre certaines caractéristiques psychologiques (les valeurs,les attitudes, les pulsions) et l'entrepreneurship ou le fait de devenir entrepreneur. Panni cell~on note principalement le besoin de réalisation, d'indépendance, le contrôle interne, la prise derisques, la tolérance de l'ambiguïté, le comportement de type A en même temps que des valeursd'honnêteté, de sens du devoir, de responsabilité et d'éthique. Des représentants de cette écoleaffirment même qu'on ne peut pas fonner des entrepreneurs puisqu'ils posséderaient déjà, avant devenir à des programmes de formation, ces traits psychologiques et ces valeurs.

Elle est aussi aujourd'hui très critiquée avec justesse, en particulier parce que lesdimensions psychologiques étudiées ne semblent pas faire la distinction entre un entrepreneur et ungestionnaire qui a du succès. De plus, Vesper (1990) soutient que la façon dont ces attn"buts sonttestés après l'acte entrepreneurial ne rend pas compte de l'état de l'individu avant la créationd'entreprise. Elle ne serait donc pas représentative de ceux qui pourraient devenir entrepreneurs.De plus, les tests psychologiques ne pourraient pas vraiment, selon lui, prédire comment un

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L'entrepreneurship: un champ à la recherche d'une définition

entrepreneur agira dans la pratique, dans le réel. Enfin, continue-t-il, ces tests semblent oublierl'individualité des entrepreneurs et des entrepreneurs potentiels. Nous ajoutons que les dimensionsétudiées sont relativement superficielles et ne reflètent pas la complexité du psychisme humain etde l'entrepreneurship, et que, même si l'on « doit résister à la tentation de simplifier ce qui n'estpas simple », pour paraphraser Dodds (1977), on doit essayer de trouver de meilleures façons decomprendre ce qui est essentiellement complexe. De plus, le paradigme cognitiviste et rationalisantderrière ces approches psychologiques élimine une bonne partie de la réalité psychologique desentrepreneurs. En effet, l'acte entrepreneuriallui-même relève souvent bien plus de l'irrationalité,donc de désirs et pulsions bien personnels et profonds, que d'une pseudo-rationalité économique,comme le confirme l'historien de l'économie Cochran (1969):

« Each culture bas its own fonns of economic irrationality or inconsistency. lnsome, it is excessive responsibility for the entrepreneur's family. ln others, suchas in the United States, one fonn may have been persistent overoptimism...Economic or market-oriented decisions depend not on an automatic reaction buton the entrepreneur' s interpretation of market forces and trends... »

L'école classique s'intéresse particulièrement à la création d'une nouvelle organisation. Sadéfinition de l'entrepreneursmp inclut des éléments de créativité, d'innovation, de risque.L'approche est plus centrée sur l'action de faire (réaliser de nouvelles combinaisons) plutôt que deposséder une entreprise, et sur l'exploitation d'une opportunité. Cette école note aussi que lacréativité est souvent associée à des comportements antisociaux et que le créateur est motivé pardes besoins très personnels, et qu'il semble ne pas s'intéresser aux réactions des autres, commenous l'avons w avec Kets deVries (1977 et 1985), Winslow et Solomon (1994) et Baronet etPitcher (1995).

L'école du management et celle du leadership, dont Stevenson et Gumpert (1985),Churchill et Lewis (1983) et Lefebvre (1991) seraient de bons exemples, regardent les qualitésnécessaires à l'entrepreneur pour, d'une part, bien gérer la croissance de sa nouvelle entreprise(planification, organisation, budget) et, d'autre part, faire en sorte que des gens le suivent dans savision (motivation des autres). L'école du leadership voit naturellement d'ailleurs l'entrepreneurcomme un leader. Merrill et Sedgwick (1994), Whitford (1995), Filion (1988) et Osborne (1991)présentent plusieurs des façons utilisées par les entrepreneurs pour mettre en pratique leurleadership et les difficultés personnelles qu'ils rencontrent dans ce domaine.

Enfin, l'école de l'intrapreneurship (voir Stopford et Baden-Fuller, 1994) est née enréponse au manque d'innovation des organisations. Ainsi on croit qu'en laissant travailler les genslibrement, en les « rendant alertes face aux opportunités », l'innovation viendra automatiquement.Cependant, les organisations, surtout les plus grandes et les plus bureaucratiques, comme leconfirme Zaleznik (1987 et 1988), ont rarement beaucoup de succès à créer un climatentrepreneurial et éventuellement « forcent» presque les intrapreneurs à s'en aller pour poursuivreleurs idées innovatrices parce qu'ils ne peuvent les faire accepter par leur organisation. De plus,comme l'a noté Zaleznik (1989), la créativité ou l'aboutissement d'une création requiert unfonctionnement psychologique particulier qui doit être encouragé et soutenu. Malheureusement, ill'est rarement dans les organisations, par leurs gestionnaires plus souvent intéressés à protéger lestatu quo et leurs arrières qu'à prendre des risques inhérents à l'innovation et à la créativité. Cefonctionnement psychologique est aussi souvent perçu comme « dangereux» par les membres non

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L 'entrepreneurship: un champ à la recherche d'une définition

créatifs des organisations. Avec l'intrapreneurship, nous étendons ici la notion d'entrepreneurshipaux organisations existantes.

Une brève revue des éléments de définition de l'entrepreneurship et des écoles de penséedans l'étude de l'entrepreneurship fait apparai'tre des aspects communs qui peuvent nous pennettrede comprendre ce phénomène (voir tableau 1). Ainsi, un des enjeux ou thèmes del'entrepreneurship de Gartner demeure l'entrepreneur, l'individu acteur et créateur d'une nouvelleorganisation. Cet enjeu rejoint la caractéristique de la volonté humaine dans l' entrepreneurship deBygrave et Hofer, de même que les écoles du «grand homme» et des caractéristiquespsychologiques de l'entrepreneur. De même, la création d'une nouvelle organisation et soncaractère innovateur restent des éléments essentiels des enjeux de Gartner, de l'école classique deCunningham et Lischeron et de Vesper, et des caractéristiques de Ia.firme individuelle et duchangement d'état de Bygrave et Hofer. L'aspect unique associé à l'entrepreneurship est reflétéaussi dans la caractéristique unique et dans la discontinuité du processus entrepreneurial. Lacréation de va/eur, les entreprises à but lucratif et la question du propriétaire-gestionnaire seretrouvent aussi dans les écoles du management et du leadership. Tous ces éléments peuvent aussitrouver des échos dans les caractéristiques d'un processus entrepreneurial holistique, dynamique etfait de nombreuses variables dont les conditions initiales ont une influence directe sur le résultatfinal.. .

Tableau 1: tléments, caractérlstiqu- et écol- de l'entreprenearship

Eqjeux d'unedéfinition del'entrq>reneursmp(Gartner, 1988)

Entrepreneur etson profilCréation d'unenouvelle entrepriseInnovationCroissanceAspect uniqueCréation de valeurEntreprises à butlucratifPropriétaire-gestionnaire

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Thèmes d'étudesdes écoles de

l'entfeJ)reneurship(Cunningham etUscheron, 1991,Vesper, /990)

Caractéristiq.uesdu processus

etlt:Iq)reneurial(Bygrave et Hojer,1991 et Bygrave,

1989)

Volonté humaine

Firme individuelle

Entrepreneur et sescaractéristiquesCréation d'unenouvelle entrepriseCréativitéChangement d'état

DiscontinuitéAspect unique

Management etLeadership

IntrapreneurshipProcessus balistiqueProcessus dynamiqueNombreuses variablesantécédentes etConditions initiales deces variables

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L 'enuepreneurship: un champ

Nous pouvons également regarder ce qu'apporte chacune des écoles de pensée enentrepreneurship selon Cunningham et Lischeron par rapport aux deux principaux objets d'étudesqui se dégagent en entrepreneurship: l'entrepreneur et le projet entrepreneurial, les deux étant deséléments essentiels à la compréhension de ce qu'est l'entrepreneurship, comme nous l'avons wavec Bygrave et Hofer (1991). (Voir le tableau 2).

On peut d'abord noter qu'aucune des principales écoles ne semblent étudier l'ensemble duphénomène. De plus, on doit également signaler que certaines dimensions semblent oubliées. Parexemple, l'étude de la personnalité de l'entrepreneur par les écoles du grand homme, descaractéristiques psychologiques et du leadership a été jusqu'à maintenant limitée à quelquesdimensions plus superficielles du caractère. D'autres dimensions plus profondes permettraient, ànotre avis, de découvrir ce qui fait vraiment agir les entrepreneurs. De plus, tout en « oubliant» larelation entre l'entrepreneur et l'activité entrepreneuriale, l'école classique, celle du managementet celle de l' intrapreneurship ne semblent pas couvrir entièrement les aspects reliés à lareconnaissance des opportunités de même que les relations nécessaires de l'entrepreneur dans unréseau de personnes et d'institutions apportant une aide à cette activité entrepreneuriale.

Dans l'ensemble, on ne regarde qu'une des dimensions de l'entrepreneurship: par exemple,la création d'une nouvelle organisation, mais ni la gestion de l'entreprise naissante, ou une partiede l'activité entrepreneuriale, ni l'entrepreneur. Le besoin de modèles« complets», intégrateurs detoutes les dimensions de l'entrepreneurship, se fait ainsi sentir.

Un modèle « complet » pour l'étude de l' entrepreneurship

Étant donné les multiples définitions données de l'entrepreneur et de l'entrepreneurship, ilest difficile d'imaginer un modèle qui permettrait d'étudier l'ensemble du phénomène del'entrepreneurship. Cependant, quatre modèles proposés par Moore (1986) avec des adaptationsde Bygrave (1989), par Bygrave et Hofer (1991), par Bouchikhi (1993) et par Blawatt (1995)peuvent nous permettre d'envisager une étude en profondeur de tout le phénomène del'entrepreneurship.

Ces modèles partent du principe que l'entrepreneurship doit nécessairement inclure sonacteur principal: l'entrepreneur. Mais ils reconnaissent aussi que le phénomène psycho-socio-économique qu'est l'entrepreneurship est très complexe: un phénomène comprenant denombreuses variables, pas nécessairement toutes identifiées et identifiables, en changement et enconstante interaction entre elles et avec un environnement lui aussi changeant.

Le modèle de Moore repris et adapté par Bygrave (1989) propose en effet de regarderl'entrepreneurship tant du point de vue de l'entrepreneur que de celui de quelques variablesenvironnementales qui entrent dans le processus entrepreneurial (voir schéma 3). En fait, on peutvoir que plusieurs des éléments cités plus haut dans les définitions de l'entrepreneur et del'entrepreneurship (particulièrement les travaux de Gartner, de Bygrave et Hofer, de Sbapiro etSokol, de Déry et Toulouse) et dans les écoles de pensée dans l'étude de l'entrepreneurship

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à la recherche d'une définition

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L'entrepreneurship: un champ à la recherche d'une définition

trouvent place dans ce modèle. Par exemple, les caractéristiques personneUes mentionnées audébut du modèle réfèrent à l'école des caractéristiques psychologiques et aux caractéristiquesdémographiques mentionnées par Shapiro et Sokol, qui insistent aussi sur les aspectssociologiques illustrés dans le modèle par l'idée d'un événement déclencheur. De plus, l'idéecentrale de l'innovation est présente au début du modèle. Enfin, les caractéristiques del'environnement et de l'organisation peuvent être comprises à l'intérieur de l'école dumanagement, et les éléments personnels à la fin du modèle réÎerent à l'école du leadership.

Schéma 3: Ua modèle du proceuua eat:r4

.Moore, 1986; Byp-ave, 1989t

PERSONNEL PERSONNEL SOCIOLOOIQUE

Besoin Prise risques Réseauxde réalisationContrôle Insatisfac- Équipesinterne ûon au travailTolérance de Perte de travail Parents" H'~. ~-~..

PERSONNEL

Besoinde réalisationContrôleinterneTolérance del'ambiguItéPrise risquesÉducationExpé~enœ

Selon Bygrave (1989) et Bygrave et Hofer (1991), tout modèle de l'entrepreneurship doitêtre enraciné dans la psychologie et dans la sociologie pour avoir une validité théorique. Ilsajouteront plus tard l'ensemble des sciences sociales et critiqueront le modèle de l'écologie despopulations, puisque ce modèle ne peut prédire ce qui va se passer au niveau individue~ c'est-à-dire au niveau de l'événement entrepreneurial, mais seulement avancer des probabilités au niveaudes populations. De plus, l'écologie des populations regarde les moyennes statistiques alors queles événements entrepreneuriaux arrivent dans les variances, à la marge. Ainsi l'écologie despopuIations ne reconnaît pas l'individu, le décideur, l'exception qu'est l'entrepreneur. fisécorchent aussi la régression linéaire trop réductionniste et incapable de reconnaî'tre leschangements brusques, les discontinuités de l'entrepreneurship.

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eatrepreaeurial

SOCIOLOGIQUE PERSONNEL ORGANISATIONNEL

Réseaux Entrepreneur Équipe

Équipes Leader Stratégie

Parents Gestionnaire Structure

Famille Engagement CultureModèles Vision Produits

I~~"DÉCLENCHEUR-+MISE EN OEUVRE+CROISSANCE

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PERSONNEL

Entrepreneur

Leader

Gestionnaire

EngagementVision

ENVIRONNEMENT ENVIRONNEMENT

CompétitionRessourcesIncubateurPolitiquegouvernementale

CompétiteursClientsFournisseursInvestisseursBanquiersAvocatsRessourcesPolitique gouvernementale

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L'entrepreneurship: un champ à la recherche d'une définition

En effet, la psychologie doit faire partie des explications parce que l'entrepreneurship esttoujours le fait d'un individu, du travail psychique d'un individu ayant des caractéristiquesparticulières; de même la sociologie doit aussi participer à la compréhension du phénomène parceque l'entrepreneurship s'inscrit aussi à l'intérieur d'une société, d'une culture, d'un réseau derelations et de connaissances. Nous ajouterions que l'acceptation finale de l'événemententrepreneurial est liée à la reconnaissance de ce qui est acceptable dans une société donnée,comme nous le démontrons dans notre modèle du processus créateur (Baronet et Pitcher, 1995).En même temps, ce modèle montre certains liens avec l'environnement dans lequell'entrepreneurship prend naissance ainsi que le côté dynamique du processus.

Bygrave et Hofer (1991) ont poussé plus loin ce modèle en mettant de l'avant l'idée déjàexprimée par Gartner (1988) et Shapiro et Sokol (1982) de dépasser l'étude de l'entrepreneur etde regarder aussi l'événement entrepreneurlal et le processus entrepreneurial. L'entrepreneur y estvu comme quelqu'un qui perçoit une opportunité et qui crée une organisation dans le but de lapoursuivre. L'événement entrepreneuriaJ implique, selon eux, la création d'une nouvelleorganisation pour poursuivre une opportunité. Le processus entrepreneuria/ implique toutes lesfonctions, tâches et activités associées à la perception des opportunités et à la création desorganisations pour les poursuivre. On retrouve ici l'inévitable présence de l'individu créateurd'entreprises, l'entrepreneur, ainsi que les idées de création d'entreprise et de reconnaissance desopportunités qui sont nécessairement associées à l'entrepreneurship. Nous reproduisons leurmodèle plus bas (voir schéma 4) en y ajoutant quelques questions venant de notre propre modèlede la créativité.

Schéma 4: Modèle d'étude du champ de l'eDtrepreDeur8hip(Bypave et Hofer)

Caractéristiques et : Caractéristiquesfonctions de : du processusl'entrepreneur : entrepreneurial

.

.

Qui devient entrepreneur? : Qu'est-ce qui est impliqué dans laPourquoi devient-on : perception efficace et efficienteentrepreneur? : des opportunités?QueUes sont les caracté- : QueUes sont les tâches clés dansristiques des entrepreneurs : la création réussie d'une nouveUequi réussissent et de ceux : entreprise?qui échouent? : En quoi sont-eUes différentes desLes entrepreneurs ont-ils : tâches impliquées dans la gestiondes caractéristiques : réussie des organisationssimilaires aux individus : existantes?créateurs en général? : QueUe est la contribution spécifiqueD'où viendraient ces : de l'entrepreneur à ce processus?caractéristiques? Des liens : Est-ce que le processus entrepreneurialavec la famille? Des modèles? : est similaire au processus créateur?..

. Nous avons ajouté ces questions au modèle de Bygrave et Hofer.

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L'entrepreneurship: un champ à la recherche d'une définition

A ces modèles, Bouchikhi (1993) apporte une contribution en présentant un cadreconstructiviste pour comprendre la performance entrepreneuriale. Ainsi, son modèle reconnai'tque, pour arriver à des « résultats» décrits en termes de « performance» ou de réussite ou échec,on doit partir de l'interaction entre un entrepreneur avec sa personnalité où il note trois traits oucomportements des entrepreneurs qui réussissent: 1- la volonté liée à leur sentiment de pouvoircontrôler leur destin et de pouvoir réaliser quelque chose, 2- une relation obsessionnelle avec leurentreprise où ils trouvent la source de leurs plaisirs et 3-I'opportunisme. On doit aussi regarder lesrelations entre les motivations de l'entrepreneur (assouvir une passion, un besoin d'autonomie, undésir de puissance, faire fortune, ne pas avoir le choix de faire autre chose) et son comportement.Enfin, on doit aussi regarder l'effet de l'environnement contraignant ou facilitant, des personnesqui viennent en aide à l'entrepreneur. fi met ainsi en relation les explications endogènes etexogènes et les focalise vers une causalité non pas linéaire et simple, mais circulaire ou réciproqueet multiple, une causalité qui reflète le caractère unique de chaque création d'entreprise et dechaque histoire de succès. A ces éléments, il ajoute aussi la chance qui peut avoir un effet positifou négatif Mais elle non plus ne peut expliquer à elle seule le phénomène de l' entrepreneurship,car elle interagit avec l'individu et l'environnement pour créer le résultat qui lui-même, au coursdes réussites et des échecs, interagira avec les autres éléments du modèle. Ainsi,

« A successful entrepreneur is more able to secure easiJy additional resources forfurther development. On the other band, success often diminishes entrepreneurs'readiness to leam when past recipes are no longer valid for new circumstances.A failing venture is more likely to experience further failure because few peoplewould support it once the first SÎgns of failure become apparent (employees,bankers, venture capitalists, clients, etc.). On the other band, experienced failurein prior venturing may be a valuable learning occasion for subsequentundertakings... »

Enfin, Blawatt (1995) propose de regarder la relation essentielle à ses yeux entre l'individuentrepreneur et l'environnement dans lequel il agit. Quatre concepts clés sont ainsi interreliés: lescaractéristiques de l'individu entrepreneur (incluant son assise familiale, culturelle, physiologiqueet démographique, sa motivation, sa personnalité), ses compétences en ce qui concerne leshabiletés, les conditions structurelles et les ressources disponibles de l'organisation qu'il crée et lecontexte environnemental incluant les valeurs et le système de croyances national et régional. Lerésultat final de ce modèle est la performance entrepreneuriale ou l' entrepreneurship ou la façonparticulière qu'a l'entrepreneur de résoudre des problèmes. Nous reproduisons ce modèle dans leschéma 5.

On peut déjà deviner les ressemblancesprécédemment, entre autres ceux de Moore etconfirmer la nécessité d'étudier le phénomène centrepreneur et son activité entrepreneuriale. Desortent du paradigme principal d'investigation «paradigme est par ailleurs critiqué par Mulholland (ses résultats et à cause de la non-linéarité derapprocheraient d'une étude plus qualitative de

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tces de ce modèle avec les modèles présentéset de Bygrave et Hofer. Tous semblent donc

le de l' entrepreneurship en regardant l'ensembleDe plus, on peut aussi deviner que ces modèles~n de l'entrepreneurship, le fonctionnalisme. Cel1d (1994), entre autres pour la maigreur relative dede l'entrepreneurship. Ainsi ces modèles nousde l' entrepreneurship, une approche réclamée à

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L'entrepreneurship: un champ à la recherche d'une définition

grands cris par plusieurs chercheurs, même si très peu d'études qualitatives (seulement quatrerecensées par Mulholland, 1994) ont été publiées à ce jour.

Schéma 5: Le modèle

FACTEURS HISTORIOUES

Conclusion

fi nous apparaît, d'une part, que les modèles proposés plus haut offient d'excellentesperspectives d' étude de l'ensemble du phénomène de l' entrepreneurship, entre autres, parce qu'ilsnous oftTent la possibilité de voir l' entrepreneurship autrement que dans une perspectivefonctionnaliste et linéaire et qu'ils nous permettent ainsi d'envisager des études en profondeuravec des méthodologies qualitatives. Ceci est une mesure grandement réclamée par plusieurschercheurs, dont Bygrave et Hofer, Blawatt et Mulholland.

D'autre part, ces modèles présenteraient aussi plusieurs points communs avec le modèle dela créativité que nous proposons dans notre étude sur la créativité des leaders et des entrepreneurs.En effet, comme nous le constaterons dans une prochaine étude sur ce sujet, il semble que leprocessus conduisant à l'activité entrepreneuriale a beaucoup de points communs avec leprocessus créateur, tant au niveau des étapes qu'il suit, que des liens entre l'entrepreneur (lecréateur), les personnes de ses réseaux et l'environnement. De plus, la personnalité del'entrepreneur et celle du créateur auraient aussi plusieurs points en commun, non seulement auniveau des traits de personnalité, mais aussi au niveau de leur caractère profond. Blawatt (1995) leconfirme d'ailleurs en disant « qu'en ce qui concerne le lancement d'une entreprise, une échelle derisque et une échelle de créativité sont de meilleurs indicateurs que le besoin de réalisation et lelocus of control» utilisés jusqu'à ce jour. Ceci devrait nous amener à conclure quel'entrepreneurship est un exemple particulier de créativité et que l'entrepreneur est un créateur.

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entrepreneurial (Blawatt, 1995)

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