l’entrepreneuriat feminin a madagascar

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L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR DOMAINE DES SCIENCES DE LA SOCIETE MENTION ECONOMIE LICENCE 3 PARCOURS : ECONOMIE GENERALE PROMOTION TAMBATRA Mémoire de fin d’étude pour l’obtention de diplôme de licence ès- sciences économiques Présentée par RAZAFINDRALAMBO Lala Onintsoa Numéro d’examen : 276 Encadré par Monsieur RAZAFINDRAKOTO Jean Lucien Date de dépôt : 27 Février 2019 Date de soutenance : 20 Mars 2019 Année Universitaire : 2017-2018

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Page 1: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

L’ENTREPRENEURIAT FEMININ

A

MADAGASCAR

DOMAINE DES SCIENCES DE LA SOCIETE

MENTION ECONOMIE

LICENCE 3

PARCOURS : ECONOMIE GENERALE

PROMOTION TAMBATRA

Mémoire de fin d’étude pour l’obtention de diplôme de licence ès-

sciences économiques

Présentée par RAZAFINDRALAMBO Lala Onintsoa

Numéro d’examen : 276

Encadré par Monsieur RAZAFINDRAKOTO Jean Lucien

Date de dépôt : 27 Février 2019

Date de soutenance : 20 Mars 2019

Année Universitaire : 2017-2018

Page 2: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

I

REMERCIEMENTS

Avant toute chose, durant l’élaboration de ce mémoire j’ai pu recourir aux aides et

conseils de plusieurs personnes, je tiens donc à présent à les remercier pour m’avoir accordé

leurs temps, leur écoute et leurs précieux conseils.

J’adresse mes remerciements :

- A Dieu tout Puissant qui m’a bénis et m’a donné la force de venir jusqu’au bout de

mon travail.

- A Monsieur RAMANOELINA Panja, Président de l’Université d’Antananarivo.

- A Monsieur RAKOTO DAVID Olivaniaina, le Responsable du Domaine Des

Sciences de la société de l’Université d’Antananarivo Ankatso.

- A monsieur RAMAROMANANA ANDRIAMAHEFAZAFY Fanomezantsoa, le Chef

de département de la mention Economie du Domaine des Sciences de la Société de

l’Université d’Antananarivo Ankatso.

- A Madame RANDRIAMANAMPISOA Holimalala , Le responsable d’année du

Licence 3 de la mention Economie du Domaine des Sciences de la Société de

l’Université d’Antananarivo Ankatso.

- Et surtout à Monsieur RAZAFINDRAKOTO Jean Lucien de m’avoir encadré et de

m’avoir transmis ses connaissances grâce à ses conseils.

- A tous les enseignants de la mention Economie pour leur dévouement dans notre

enseignement.

- Enfin, à ma très chère famille et mes amis pour leur soutien moral et financier

et à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin dans l’accomplissement de ce

mémoire.

Page 3: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

II

LISTE ACRONYMES

Adéfi : Action pour le Développement et le Financement des Microentreprises

AFD : Agence Française de Développement

CI : Consommation Intermédiaire

CN : Comptabilité Nationale

CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement

EBP : Explorer Business Park

EDBM : Economic Development Board of Madagascar

EFOI : Entreprendre au Féminin Océan Indien

FCEM : Réseau Femmes Chefs d’Entreprises Mondiales

FSC : Forest Stewardship Council

GEM : Global Entrepreneurship Monitor

IDE : Investissement Direct Étranger

IDH : Indice de Développement Humain

INSCAE : Institut National des Sciences Comptable et d’Administration d’Entreprises

INSTAT : Institut National de la Statistique

MPME : Micro, Petites et Moyennes Entreprises

OIT : Organisation Internationale du Travail

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unies

ONUDI : Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel

PIB : Production Intérieur Brute

PME : Petite et Moyenne Entreprise

PND : Politique de Développement National

PROSPERER : Programme de soutien aux Pôles de Microentreprises Rurales et aux

Economies Regionales

TAE : Taux d’Activité Entrepreneuriale

VA : Valeur Ajoutée

ViMa : Vision Madagascar

Page 4: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

III

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : les attitudes et perceptions vis-à-vis de l’entrepreneuriat par tranche d’âge des adultes

enquêtés (en %) ..................................................................................................................................... 37

Tableau 2 : Chiffres clés de l’entreprise ViMa ..................................................................................... 45

Page 5: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

IV

LISTES DES FIGURES

Figure 1 : les profils des entrepreneurs de 18 à 64 ................................................................... 36

Figure 2 : les opportunités perçues par les adultes selon la tranche d’âge et le sexe (en %) ... 37

Figure 3 : le taux d’activité entrepreneuriale par tranche d’âge et par sexe (en %) ................. 38

Page 6: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

V

LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Évaluation croissante du PIB ............................................................................................... X

Annexe 2 : structure genrée des entreprises agricoles dirigées par des menages. .................................. X

Page 7: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

VI

SOMMAIRE

INTRODUCTION ............................................................................................................................... 1

PARTIE I : ANALYSE THEORIQUE ................................................................................................... 3

Chapitre I : Notions et concepts d’entrepreneuriat .............................................................................. 4

Section I : Revue de littérature ................................................................................................ 4

Section II : Notions et concepts : ............................................................................................ 7

CHAPITRE II : Féminisme ............................................................................................................... 26

Section I : Étymologie du féminisme ..................................................................................... 26

Section II : Féminisme et Féminitude .................................................................................... 26

Section III : Théorie entrepreneuriale féminin ....................................................................... 29

CHAPITRE III : Synthèse ................................................................................................................. 30

PARTIE II : ANALYSE EMPIRIQUE : Cas de MADAGASCAR ...................................................... 31

CHAPITRE IV : L’entrepreneuriat féminin ...................................................................................... 32

Section I : Apport économique de l’entreprise sur l’économie .............................................. 32

Section II : l’entrepreneuriat féminin à Madagascar .............................................................. 35

Section III:Vérification des hypothèses : ............................................................................... 44

CHAPITRE V : Discussion, appréciation,limite et recommandations : ............................................ 46

Section I : Discussion : .......................................................................................................... 46

Section II : Appréciation : ...................................................................................................... 47

Section III : Limite : ............................................................................................................... 47

Section IV : Recommandations : ........................................................................................... 47

CONCLUSION : ............................................................................................................................... 49

Page 8: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

VII

AVANT PROPOS

Étant en Licence 3 dans le Domaine Sciences de la Société, mention Économie, nous

devons effectuer des lectures et des recherches concernant la science économique. Ceci pour

élargir les connaissances des étudiants afin d’élaborer un mémoire sur un thématique choisi.

Cette initiation à la recherche et à la lecture doit refléter la connaissance sur les cours appris à

propos de la science économique.

Mon recherche concerne l’entrepreneuriat féminin à Madagascar, et plus

précisément ses apports pour l’économie Malagasy.

Page 9: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

1

INTRODUCTION

« Madagascar possède tout pour sa transformation… »1, C’est un pays riche en

ressources naturelles et en ressources humaines, pourtant il compte parmi les pays les plus

pauvres. Cela est non seulement due par la mal-exploitation de ses ressources mais aussi par

les crises politiques et économiques qui se sont succédées. L’insécurité, le chômage, la

pauvreté règnent à Madagascar quand on parle de son économie. Promouvoir

l’entrepreneuriat est parmi les solutions proposées par les organismes internationaux pour

développer l’économie des pays en développement. Ce problème que vit l’économie

Malagasy est aussi dû par la domination culturelle qui considère que la femme est plus

efficiente au foyer qu’au travail, ce qui dévalorise donc tout acte productif de la femme.

Certes l’entrepreneuriat est déjà présent à Madagascar mais il est dominé par les hommes qui

offrent des produits mais qui sont insuffisants pour toute la nation, alors que pour réussir son

développement, Madagascar a besoin d’agrandir sa quantité de production. Pourquoi alors ne

pas mobiliser toutes les ressources ? Accorder une grande importance aux capacités des

femmes ? Alors que « Les femmes ont le savoir-faire pour façonner des produits de qualité

mais leur productivité est faible. Il est donc temps, à présent, de penser à une production de

grande échelle »2 . Et « Il nous faut le concours des femmes pour le développement de

Madagascar »3 Mais si nous espérons une amélioration de l’économie, nous devons vérifier

d’abord ce que cet entrepreneuriat féminin a à offrir. D’où la question qui se pose : Quelles

sont les contributions de l’entrepreneuriat féminin pour l’économie Malagasy ?

On va essayer de répondre à cette question en vérifiant quelques hypothèses dont :

H1 : l’entrepreneuriat féminin contribue à la réduction du taux de chômage par la

création d’emploi

H2 : l’entrepreneuriat féminin contribue à la croissance économique par la création de

valeur ajoutée

1 Marie-Christine OGHLY présidente de FCEM

2 Chabani Nourdine, ministre de l’industrie et du développement du secteur privé 2 Chabani Nourdine, ministre de l’industrie et du développement du secteur privé

3 Michel D. RAMIARAMANANA ? Président du comité de l’organisation de la FIM

Page 10: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

2

Pour l’accomplissement de ce travail nous allons voir dans la première partie, une

analyse théorique de l’entrepreneuriat, du féminisme et de l’entrepreneuriat féminin, et dans

la seconde partie une analyse empirique pour le cas de Madagascar en prenant en cas

particulier l’entreprise ViMa dirigée par Madame Lova Rakotondrabary.

Page 11: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

3

PARTIE I : ANALYSE THEORIQUE

Page 12: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

4

Chapitre I : Notions et concepts d’entrepreneuriat

Section I : Revue de littérature Ce qui suit est les travaux de six étudiants concernant l’entrepreneuriat dont les cinq

viennent du département économie et un étudiant venant de l’école supérieure des sciences

agronomiques.

o RAJAOFERA Vony Georgette : LES FACTEURS CLES DU SUCCES DE

L’ENTREPRENEURIAT A MADAGASCAR (2001)

L’entrepreneuriat constitue un facteur indispensable pour atteindre le développement

des pays en voie de développement notamment par son apport social et économique. Pour

Madagascar, beaucoup de mesures ont été pris pour développer ce secteur comme la mise en

place du ministère de développement du secteur privé et de la privatisation mais cela s’est

avérée insuffisante. D’où la question qui se pose : quels sont les facteurs clés de

l’entrepreneuriat à Madagascar ? Pour répondre à cette problématique, l’étudiante a avancé

comme première hypothèse : hypothèse de J.J.Obrecht(2000), «l’entrepreneur doit mobiliser

les capacités entrepreneuriales en l’occurrence de l’entrepreneuriat socialitaire,

l’entrepreneuriat organisationnel et enfin l’entrepreneuriat personnel », comme seconde

hypothèse : hypothèse de Isabelle Guérin et David Vallat (2000) qui suggère le capital social

de l’individu ainsi que l’adéquation du projet au profil et à l’insertion sociale du porteur de

projet comme facteurs de réussite de l’entrepreneuriat. Et comme dernière hypothèse :

hypothèse de Mamy. T. Rasolofoson (2000) selon laquelle les dirigeants des entreprises qui

réussissent représentent un comportement agressif (dans le sens proactif du terme) et un fort

besoin de réalisation tout en ayant une attitude négative envers le risque. Toutes ces

hypothèses ont été vérifiées et confirmés. Les facteurs requis pour la réussite en

entrepreneuriat sont alors : l’insertion sociale de l’entrepreneur et sa faculté d’adaptation à son

environnement dans le temps et l’adéquation individu et projet.

Page 13: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

5

o RAJERISON Handrianina Stephanie : L’ENTREPRENEURIAT RURAL

AGRICOLE : UN DISPOSITIF PLAUSIBLE AU DEVELOPPEMENT RURAL

(CAS DE L’Entreprise de Service et Organisation des Producteurs A

MADAGASCAR) (2012) :

Madagascar, un pays en voie de développement constitué d’une population qui vit au

dépend de l’agriculture, l’élevage et la pêche à 77% de la population totale. Il est alors

nécessaire d’activer les paysans producteurs en les suscitant à moderniser leurs moyens de

production par le biais d’une bonne gestion afin d’assurer un meilleur niveau de vie pour eux

et pour le peuple Malagasy. Il faut donc prendre en compte l’entrepreneuriat agricole dans le

milieu rural, une idée qui vient des organismes nationaux et internationaux et est soutenue par

l’ONG Hardi. La question suivante se pose alors : « Dans quelles mesures, l’entrepreneuriat

rural agricole contribue-t-il au développement rural ? ». En réponse à cette question, elle a

proposé les hypothèses suivantes : le revenu de chaque producteur doit se voir augmenter, les

besoins fondamentaux du ménage doivent être satisfaits voire de consommations

ostentatoires observées, le niveau de vie et de scolarisation en milieu rural doivent aussi

augmenter et pour finir les paysans ou producteurs marginalisés de la société ou communauté

doivent être réintégrer au sein de celle-ci. Après étude de cas de l’entrepreneuriat agricole

promu à la plateforme en prenant l’exemple de « ESOP miel et physalis », les hypothèses ne

sont pas toutes vérifiées faute de bonnes stratégies d’ESOP et manque de stabilité politique.

Néanmoins la première et la deuxième hypothèse ont été assurées par l’ESOP.

o RATOVOSOA Jeannet : Entrepreneuriat et Financement de la Création des MPME à

Madagascar (2013) :

Les problèmes de sous-emploi et de chômage frappent les jeunes à Madagascar à cause

de l’insuffisance de création d’entreprise. Cependant des mesures ont été prises par le

gouvernement Malagasy en incitant les investisseurs étrangers à faciliter la création

d’entreprise, citons déjà l'Economic Development Board of Madagascar (EDBM) et du

Guichet Unique des Investisseurs et du Développement d’Entreprise (GUIDE). Ce sont les

MPME qui occupent à 80% le milieu et les grandes entreprises à 20% selon l’Institut

National de Statistique, mais la plupart des créateurs de ces entreprises souffrent de problèmes

de financement de la part des institutions financières et se tournent souvent vers l’informel, la

question se pose alors : les institutions financières contribuent-elles à la création des MPME à

Madagascar? Pour y répondre, deux hypothèses se présentent : Les institutions financières

accordent peu de crédit à la création de MPME et les créateurs d'entreprises font généralement

Page 14: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

6

de l'autofinancement pour démarrer leur projet. La réponse à la problématique est négative car

les hypothèses furent confirmées.

o Tsinjo Rapatsalahy RANDRIAMANANA : ENTREPRENEURIAT,

GOUVERNANCE ET AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE, EN TANT QUE

LEVIERS DE DÉVELOPPEMENT LOCAL ,(Cas des Petites et Moyennes

Entreprises de la Filière Poule Pondeuse dans la Commune Rurale d`Antanetibe-

Mahazaza, District d`Ambohidratrimo, Région d`Analamanga.) (2014) :

La vie politique d’un pays impacte sur son développement, dans le cas de Madagascar,

il a subi trois crises politiques majeures, ce qui a conduit à une élévation de la pauvreté, de

l’insécurité et à un ralentissement des activités économiques (MEP, 2013). Le développement

de l’individu mais aussi de la société par l’appui du gouvernement et la mise en ordre des

territoires est souhaité afin de faire progresser le processus de son développement que ce soit

national ou local. Mais la présente étude se focalisera sur le développement local par le biais

du développement de l`entrepreneuriat rural face à ces nécessités. La question suivante se

permet de se poser : De quelle manière l`entrepreneuriat, la gouvernance et l`aménagement du

territoire contribuent au développement local ? Trois hypothèses sont à vérifier : Un appui en

faveur de l`entrepreneuriat rural est nécessaire pour promouvoir un développement local, le

mode de gouvernance au niveau local constitue un obstacle majeur au développement de

l`entreprise rurale et le schéma d`aménagement territorial malgache non effectif au niveau

local bloque le développement des entreprises locales. En étudiant le cas de la filière poule

pondeuse d’Antanetibe Mahazaza, les trois hypothèses ont été vérifiées.

o ANDRIANJAKA Maminiriniaina Jean Rolland : ENTREPRENEURIAT ET

DEVELOPPEMENT LIENS THEORIQUES ET PLACE DES MPME A

MADAGASCAR (2015) :

Le secteur privé Malagasy est encore précaire et n’arrive pas encore à assurer ni la

croissance ni le développement de Madagascar. En dépit des mesures économiques qui ont été

entrepris pour développer ce secteur ainsi que les investissements, la production et

l’entrepreneuriat, ce dernier reste encore incertain dans l’économie Malagasy. Mais quel est la

contribution de l’entrepreneuriat au développement économique de Madagascar ? Cette étude

va se limiter sur les MPME. Malgré que ce type d’entreprise occupe 99,8% des entreprises à

Madagascar, il ne procure que 45% du PIB. Ces entreprises n’impactent donc que faiblement

le développement économique de Madagascar.

Page 15: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

7

o RATSIMANDRESY Malala Fitiavana : PLACE DE L’ENTREPRENEURIAT DANS

LA POLITIQUE GENERALE DE L’ETAT A MADAGASCAR : CAS DU PND

(2017) :

« Promouvoir l’entrepreneuriat devient indispensable tant pour les pays développés que

pour les pays en développement » (ONUDI, 2003 ; OCDE, 2015 ; CNUCED, 2015. Mais

pourquoi cette grande importance procurée à l’entrepreneuriat ? Tout simplement parce que «

l’entrepreneuriat, en ce qu’il crée des emplois, stimule la croissance économique et

l’innovation, améliore les conditions sociales et contribue à répondre aux défis

environnementaux et demeure ainsi important pour l’accomplissement des objectifs de

développement durable » (CNUCED, 2015). Mais des politiques du gouvernement sont

nécessaires pour sa promotion et à Madagascar l’entrepreneuriat est encore faible, d’où la

question « Dans quelles mesures la politique générale de l’État Malagasy à travers le PND

constitue-t-elle une plateforme favorable à l’entrepreneuriat ? ». Pour répondre à cette

problématique, l’étudiante a relevé les conditions-cadres favorables à l’entrepreneuriat

notamment à la création d’entreprise dans le cas de Madagascar afin d’apprécier leur

considération dans le PND. La Politique de Développement National tient bien compte de

toutes les conditions favorables à l’entrepreneuriat mais dans la première réalisation de ces

actes, elle n’est pas tellement efficace.

Section II : Notions et concepts : Les années 1980 sont les années qui ont marqué l’éclatement du champ de

l’entrepreneuriat. Plusieurs auteurs ont essayé de structurer et théoriser ce champ, en 1991,

pour Cunningham et Licherons ce champ se structure autour de six axes : école du grand

homme, des caractéristiques psychologiques, de l’innovation, du management, du leadership4,

de 1’intrapreneurship5 mais en 1996, Béchard évoque trois axes pour comprendre ce champ :

praxéologique6, disciplinaire et épistémologique. S’alignant avec Cunningham et Lischeron,

Blawatt en 1995 rajoute le critère de la performance en soutenant les théories de ceux qui ont

étudié l’entreprise dans un contexte évolutif et considèrent que les entrepreneurs apprennent

de ce qu’ils font7 , ils jouent donc des rôles évolutifs et différents selon l’évolution de

l’entreprise. Mais la théorie la plus stimulante est celle de Bygrave en 1989, ayant un doctorat

en physique et un autre en entrepreneuriat, il avance que le plus essentiel est de faire des

4 Processus par lequel une personne influence un groupe de personne pour atteindre un objectif commun

5 Opportunité pour chacun de transformer son emploi en une vocation et d’apporter une valeur aux organisations

6 Discipline qui se donne pour objet d’analyse l’action humaine

7 Collins et Moore, 1970 ; Filion, 1988, 1989a et b, 1990a et b, 1991a et b

Page 16: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

8

recherches qualitatives sur le terrain afin de mieux comprendre les fonctions de l’entrepreneur

et aussi que l’étude de l’entrepreneuriat devrait se faire indépendamment des paradigmes

physique et quantitative. Tous ces dires n’expliquent pas vraiment en détail ce qu’est

l’entrepreneuriat. C’est un domaine difficile à renfermer dans une théorie explicite et exacte8 ;

il est donc plus adéquat d’étudier les autres termes qui lui sont liés afin de mieux le

comprendre.

II.1. Définitions, étymologie et théories de l’entrepreneur :

Etymologiquement entreprendre vient du mot latin « INTER PREHENDERE »qui

signifie saisir avec la main où PREHENDERE9 veut dire « saisir » ou « prendre » pour

maîtriser. Prehendere signifie par conséquent « mettre la main dessus en être physiquement

maître »10

. Dans ce sens le mot main dans la définition vient du fait que le mot prehendere

lui-même vient du mot latin «pre-hendere » où le radical signifie «la main »11

. Mais au

Moyen-âge, entreprendre signifie l’acte de saisir, surprendre, envelopper12

. Toute personne

qui effectue cet acte est appelé alors entrepreneur. Au XIXème siècle entrepreneur fut définit

dans le dictionnaire de l’Académie comme étant celui qui forme par spéculation, seul ou avec

d’autres, quelque grand établissement d’utilité publique : « entrepreneur de diligences13

».

Mais cette définition se voit ne pas être très explicite, en effet entrepreneur, peut avoir

plusieurs sens selon l’auteur qui le définit.

II.1.1. Définitions :

De nos jours, ENTREPRENEUR signifie en Latin « l’operis conductor », celui qui

entreprend à forfait un ouvrage14

ou encore « maître d’ouvrage ».

Pourtant donner une définition précise et acceptée par tous pour cette notion est assez

difficile vu les diverses perspectives qu’offrent les spécialistes en l’étudiant. D’abord, selon

Hélène Vérin, l’entrepreneur est une personne qui « forme et réalise un projet »15

ou qui «

8 Selon Strategic Management Journal en 1994

9 Dictionnaire Félix Gaffiot page1234 colonne III : prehendere (prendo) : saisir, prendre, occuper, pendre

possession d’un lieu 10

Manuel de synonymie Latine. Louis Doederlein, traduction de Théphile Leclaire. Paris, Librairie Perisse 1865.

Page 250 11

Histoire de la littérature française. Jean jacques Ampère. Paris Just Tissier 1841. Page 304

12 Dictionnaire Godefroy, volum III page296. Entreprendre

13 Dictionnaire d’Académie Sixième édition 1835. Page 713 colonne II

Diligence : ne mettre aucun délai à entreprendre ou à exécuter une action

14 Dictionnaire Français latin de François Noë. Paris Veuve le Normant 1840. Page 428 colonne II

15 Hélène Vérin (1982, p. 33)

Page 17: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

9

créée et dirige une entreprise »16

. Elle a étudié le terme entrepreneur selon l’histoire et a déjà

donné plusieurs définition mais celle-là est sortie à la fin du XVIIème siècle. Ensuite, quant à

Cantillon, au XVIIIème siècle, il définit l’entrepreneur plutôt par l’acte qu’il réalise, pour lui

un entrepreneur est un intermédiaire de revente de matière transformée qui prend un risque,

c’est-à-dire une personne qui a identifié une occasion d’affaire et prend le risque en achetant

une matière première qu’elle va transformer et revendre à une autre personne. Cette définition

est celle qui a le plus de notoriété de nos jours. Cette description de ce qu’est et de ce que fait

l’entrepreneur est liée à l’étude de soixantaine de définitions parmi les plus couramment

utilisées17

et est soutenue par Pinchot (1986) lorsqu’il définit les intrapreneurs en disant que

ce sont des « rêveurs qui passent à l’action ». Plus détaillée encore, « Un entrepreneur est une

personne imaginative, caractérisée par une capacité à se fixer et à atteindre des buts. Cette

personne maintient un niveau élevé de sensibilité en vue de déceler des occasions d’affaires.

Aussi longtemps qu’il ou elle continue d’apprendre au sujet d’occasions d’affaires possibles

et qu’il ou elle continue à prendre des décisions modérément risquées qui visent à innover, il

ou elle continue de jouer un rôle entrepreneurial. » (Filion, 1988). Cette définition favorise

assez la connaissance sur le comportement d’un entrepreneur. En effet, elle souligne des traits

de l’attitude d’un entrepreneur :

personne imaginative caractérisée par une capacité à se fixer et à atteindre des buts :

Cette personne a des visions, c’est-à-dire des rêves qui sont réalisables, des buts

atteignables, qui sont toujours présentes. L’entrepreneur organise donc ses activités en vue

d’atteindre ses buts et cherche, par conséquent, à trouver des occasions d’affaires. Ce qui nous

mène au comportement suivant,

personne qui maintient un degré élevé de sensibilité en relation avec son environnement en

vue d’y déceler des occasions d’affaires :

La personne ne cherche pas seulement mais elle a également la capacité de détecter des

occasions d’affaires en étant connecté à son environnement. Toujours en vue de réaliser ses

objectifs et de rester en affaire, elle va prendre des décisions risquées modérées et offrir de

nouvelles dimensions à ce qui a déjà été accompli auparavant.

16

Hélène Vérin (1982, p. 33) 17

(Filion, 1987 et 1988)

Page 18: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

10

En effet, une personne sera toujours entrepreneur tant qu’elle continue à imaginer, à

développer ses visions en apprenant en tout temps de son environnement et en détectant des

occasions d’affaires. Elle est donc une éternelle apprentie de son environnement et aussi de

ses propres actes qui va lui servir de référence dans la direction de son entreprise. C’est une

personne responsable qui réalise des projets d’affaire afin de réaliser un changement, de faire

naître une chose nouvelle tout en minimisant ses risques et son incertitude. Son caractère

innovateur a été démontré dans les œuvres de Jean-Baptiste Say et Joseph Alois Schumpeter.

En résumé, « Un entrepreneur est une personne qui imagine, développe et réalise ses visions.

» (Filion, 1991b).

II.1.2. Approches théoriques sur l’entrepreneur

Généralement, la plupart des économistes associe l’entrepreneuriat à l’innovation

comme Schumpeter, Say, Clark (1899), Higgins (1959), Baumol (1968), Schloss (1968),

Leibenstein (1978). Quant aux deux pionniers du domaine : Cantillon (1755) et Say (1803,

1815, 1816 et 1839), ils s’intéressent à l’économie et à la création, au développement ainsi

qu’à la gestion des entreprises ; pour eux, l’entrepreneur est un preneur de risque en

investissant son propre argent. Voyons d’abord ce que dit Cantillon, le premier à donner un

point de vue claire de l’ensemble de la fonction d’un entrepreneur (Schumpeter 1954 p222),

sur ce sujet. Pour lui, l’entrepreneur est celui qui achète une matière première, la plupart du

temps un produit de l’agriculture à un prix certain en vue de la transformer et ensuite la

revendre à un prix incertain. L’entrepreneur prend donc des risques tout au long du processus

en analysant une opération et en saisissant toutes les occasions qui permettent de réaliser un

profit et rendant cette occasion encore plus profitable qu’avant. Cantillon18

présente donc

l’entrepreneur comme étant une personne à la recherche d’occasion d’affaire, qui veut à tout

prix gérer son patrimoine de façon ingénieux et économe et qui optimalise son rendement sur

le capital investi. Ensuite, pour Jean Baptiste Say19

, entrepreneur, père du champ de

18

-Banquier que l’on pourrait qualifier de nos jours de prêteur de capitaux à risque.

-venant d’une famille de petite noblesse Normande qui a émigré en Irlande à l’époque de Guillaume le

Conquérant, mais Richard Cantillon lui a vécu à Paris en 1716 après la chute des Stuarts en Grande Bretagne. A

Paris, considéré comme un des parrains de la communauté de personnes immigrantes Irlandaise. C’est un

individualiste intéressé par les questions économiques et la rationalité. Il vivait de ses rentes et accumulait son

profit à chaque occasion d’investissement.

-Décédé en 1734 par un incendie dans sa maison déclenchée par son cuisinier 19

Grand admirateur de la révolution industrielle anglaise qui a été poussée par l’existence d’entrepreneur, il veut

l’appliquer en France (Say, 1816). A cet époque, on le qualifiait d’économiste car il s’intéressait aux

organisations qui avaient pour but de créer et de distribuer des richesses.

Page 19: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

11

l’entrepreneuriat (Filion, 1988), le premier à présenter les rôles de l’entrepreneur dans son

sens actuel, il associe l’entrepreneur au progrès ou plus précisément à l’innovation ou encore

source de changement. Say voyait l’entrepreneuriat comme étant source de développement de

l’économie. En effet, le développement dans les pays communistes a montré qu’une société

peut difficilement se développer sans entrepreneurs. Dans ses écrits, il ne manque pas d’y

introduire deux grands courants de pensée qui sont celui des physiocrates et celui de la

révolution industrielle de la Grande Bretagne (Say, 1816). Il essaye de réaliser un cadre de

pensée à instaurer en France en s’inspirant sur les œuvres d’Adam Smith et de la révolution

industrielle anglaise et prend comme exemple la pensée libérale des physiocrates : Quesnay,

Mercier de La Rivière, Mirabeau, Condorcet et d’autres afin de développer l’agriculture. Il y a

eu des observations en son honneur par Schumpeter en 1954. Cet auteur s’est inspiré de son

œuvre en disant que : « L’essence de l’entrepreneuriat se situe dans la perception et

l’exploitation de nouvelles opportunités dans le domaine de l’entreprise [...] cela a toujours à

faire avec l’apport d’un usage différent de ressources nationales qui sont soustraites de leur

utilisation naturelle et sujettes à de nouvelles combinaisons. » (Schumpeter, 1928). Ce texte

montre que lui aussi lie l’entrepreneur à l’innovation et surtout au développement

économique. Joseph Alois Schumpeter était obsédé par l’objectif de fonder une nouvelle

économie (Bouchard, 2000, p. 12), révolutionner la théorie économique en focalisant ses

recherches sur le fonctionnement en général et la durée du capitalisme, ce qui l’a poussé à

faire sortir son ouvrage « Théorie de l’évolution économique » en 1911. Il y développe le

Capitalisme dépendant de l’entrepreneur, au fur et à mesure que l’entrepreneur n’exécute pas

sa fonction d’entrepreneur le capitalisme disparait, il a surtout déduit cette dernière idée de la

vision de Karl Marx et l’a écrit dans « Capitalisme, Socialisme et démocratie », publié en

1942 où ces deux derniers donnent une grande place à l’histoire pour analyser l’entrepreneur.

Dans son analyse où il trace le lien entre le capitalisme et l’entrepreneur, il critique Marie

Esprit Léon Walras qui a donné à l’entrepreneur un simple rôle passif sans la moindre

innovation. Pour ce dernier, l’entrepreneur ne réalise aucun profit dans sa théorie de

l’équilibre ; quand le prix de vente se voit égal au coût de revient, en concurrence parfaite, il

est juste un régulateur de marché. Son entrepreneur n’a pas de capacité d’innovation

contrairement à celui de Schumpeter. Il n’y a pas que schumpeter qui le critique dans sa

vision de l’entrepreneur, « (…) la représentation que fait Walras de l’entrepreneur ne saurait

être acceptée “lorsque nous passons à la structure du marché la plus simple aux complexités

introduites par la division du travail”, de la “libre concurrence absolue” à la “concurrence

industrielle” pour utiliser la terminologie respective de chacun des auteurs. Dans cette

Page 20: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

12

dernière, l’écart entre les coûts de production et le prix d’équilibre sur le marché se reflète

nécessairement dans un gain ou dans une perte des entrepreneurs – une possibilité exclue par

définition dans le modèle d’équilibre général walrasien » (Bridel, 2008, p. 730). Mais aussi,

Edgeworth juge que Walras « va trop loin dans la voie de l'abstraction quand il affirme avec

insistance que l'entrepreneur doit considérer comme ne faisant ni gain ni perte » (Edgeworth,

1891, p. 21). A côté de son entrepreneur régulateur de marché, il a décrit un Entrepreneur

Idéal dans la leçon 19 de Eléments d’économie pure, c’est un acteur « qui achète des matières

premières à d’autres entrepreneurs, puis loue moyennant un fermage la terre du propriétaire

foncier, moyennant un salaire les facultés personnelles du travailleur, moyennant un intérêt le

capital du capitaliste, et, finalement, ayant appliqué des services producteurs aux matières

premières, vend à son compte les produits obtenus » (Walras, 1988, p. 287). Revenons à

Schumpeter et son entrepreneur source de capitalisme, « l’impulsion fondamentale qui met et

maintient en mouvement la machine capitaliste est imprimée par les nouveaux objets de

consommation, les nouvelles méthodes de production et de transport, les nouveaux marchés,

les nouveaux types d’organisation industrielle – tous ces éléments créés par l’initiative

capitaliste » (Schumpeter, 1979, p. 116), or l’entrepreneur pour lui est source d’innovation, de

création de nouveaux produits,…qui ne cesse de trouver de nouvelles innovations ( vu qu’il

ne sait faire que ça), relève les défis, réalise de nouvelle combinaison de facteurs de

production qui devient pour lui une occasion d’investissement20

, il relie donc la technique et

l’économie grâce à ces combinaisons en étant une sorte d’intermédiaire entre le savant qui

produit la connaissance et l’ouvrier qui l’applique à l’industrie. En effet, le capitalisme et

l’entrepreneur sont interdépendants car un capitaliste est le meilleur que s’il arrive à

concentrer le plus de main d’œuvre et moyens de productions, cela lui permet d’accroître sa

production, voire même une économie d’échelle et l’élargissement de sa part de marché. Or,

cela nécessite un grand investissement en capital pour pouvoir introduire au sein de sa société

de nouveaux moyens de production. C’est là que l’entrepreneur entre en scène en offrant son

talent à innover, le capitaliste concentre donc son capital vers l’entrepreneur et va favoriser

l’innovation et la naissance des nouveaux moyens de production. L’entrepreneur favorise

donc l’élévation en rang du capitaliste qui le finance. Donc moins l’entrepreneur joue son rôle

plus le capitalisme disparaît.

Autres que les dires de ces pionniers de l’entrepreneuriat, les autres économistes ont

chacun leur manière de donner un sens à l’entrepreneur, leur point commun est qu’ils sont

20

Schumpeter, 1935, pp. 329-336

Page 21: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

13

tous à la recherche de la fonction de l’entrepreneur dans le système économique (Smith, 1776

; Mill, 1848 ; Knight, 1921 ; Innis, 1930,1956 ; Baumol, 1968 ; Broehl, 1978 ; Leff,

1978,1979 ; Kent, Sexton et Vesper, 1982). Beaucoup le voient comme détecteur d’occasion

d’affaires (Higgins, 1959 ; Penrose, 1959 ; Kirzner, 1976), d’autres comme créateur

d’entreprise (Ely et Hess, 1893 ; Oxenfeldt, 1943 ; Schloss, 1968) ou encore preneur de risque

(Leibenstein, 1968 ; Kihlstrom et Laffont, 1979 ; Buchanan et Di Pierro, 1980). Il joue aussi

le rôle d’informateur des nouveautés qui existent sur le marché (Hayek (1937 ; 1959)). En

économie, l’entrepreneur n’a pas pu avoir un comportement rationnel vu l’incapacité des

économistes à lui procurer une science de comportement économique. Le courant classique a

même représenté l’entrepreneur en une simple fonction lorsqu’il s’agit du développement

économique. Pourtant Baumol (1993) a classifié l’entrepreneur en deux : le premier,

l’entrepreneur-organisateur d’entreprises, qui a une capacité de jugement, c’est l’entrepreneur

classique décrit par Say (1803), Knight (1921) et Kirzner (1983), le second, l’entrepreneur-

innovateur qui est celui de Schumpeter (1934).

II.1.3 Théorie de l’entreprise :

Avant l’arrivée du XXème siècle, l’entreprise n’intéressait pas la plupart des courants

de pensée. Les néoclassiques ne lui ont pas accordé une grande place, tous les courants de

cette époque l’ont même mis en second rang dans l’analyse des institutions de politique

économique. Pour les néoclassiques, l’entreprise est réduite à une simple fonction de

production, l’entrepreneur est rationnel substantive, c’est-à-dire agissant en toute certitude en

fixant que les objectifs et les moyens sont donnés. Leur analyse est limitée donc qu’à la

microéconomie en réduisant une entité à un même et seul individu, qui n’est pas applicable à

la réalité car les hypothèses21

d’information parfaite, de concurrence pure et parfaite ne sont

au plus présentes qu’à court terme et contestées par les hétérodoxes au début du XXème

siècle. Certes, selon Herbert Simon (1916,..), une firme est une entité aux limites d’un

individu, c’est-à-dire l’entrepreneur a une rationalité « procédurale » ou « limitée » : il agit

avec incertitude en absence d’informations parfaites, il prend ses décisions en anticipant celles

de ses concurrents mais il ne peut pas tout prévoir ni développer à l’avance toutes ses actes

faute de ces informations parfaites. Donnant place aux théories modernes de l’entreprise, il y

a les nouvelles théories des hétérodoxes, qui sont assez contradictoires avec celle des

néoclassiques, dès les années 30 du XXème siècle et aussi la nouvelle théorie néoclassique

ainsi que la théorie évolutionniste.

21

Hypothèses invoquées par Walras dans sa description de l’entrepreneur

Page 22: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

14

II.1.3.1. Théories néoclassiques de l’entreprise :

L’entreprise, une unité productive dans l’analyse classique, leur principale étude sur le

sujet concerne la meilleure façon d’y organiser le travail. Ils prétendent donner une théorie

universelle vu qu’elle est applicable à toute sorte d’organisation. Dans l’organisation du

travail, ils ont abouti aux principes de gestion des organisations disant que l’autorité s’exerce

de façon hiérarchique : de haut en bas, et dont chacun a son propre rôle à exercer. Voyons les

dires de Taylor, Fayol et Weber sur le sujet.

Frederick Winslow TAYLOR (1856-1915) :

Pour l’organisation du travail, Taylor combine science et gestion, c’est les principes de

management scientifique qui fut soustrait de « L’organisation scientifique du travail ». Taylor

évoque l’idée que toute décision liée à la production devrait d’abord passer par une analyse

scientifique des tâches individuelles. Cette idée de Taylor vise à résoudre l’inefficacité du

travail. Pour mener son analyse, il fait une analyse systématique sur les processus de travail au

sein d’un atelier et tente d’éliminer les temps morts ainsi que des mouvements inutiles.

L’analyse des processus de travail a donné naissance à quatre idées fondamentales qui sont

d’abord, la division horizontale du travail22

ainsi que l’étude et chronométrage des gestes afin

de trouver le moyen d’améliorer les méthodes de réalisation des tâches et leur prescription par

l’encadreur. Ensuite, le recrutement d’agent ayant le niveau le plus adéquat à la réalisation

d’une tâche, la formation et l’entraînement de cet agent aux méthodes scientifiques du travail,

c’est la sélection scientifique. Puis, la division verticale du travail qui consiste à ce que la

responsabilité d’une tâche soit départagée entre le dirigeant et l’ouvrier de façon à ce que le

dirigeant conçoit les idées et les manières d’accomplir le travail ainsi que la supervision des

actes de l’ouvrier et l’ouvrier exécute le travail. Enfin, l’instauration d’un système de contrôle

très stricte pour s’assurer que tout est bien accompli dans la manière dont l’entreprise l’a

conçu, ce qui implique qu’aucun salarier ne s’est aventuré à dévier quoi que ce soit. D’après

cette analyse, le processus de production peut donc être amélioré et optimisé afin d’assurer

une efficience du travail.

Autre que le rôle de superviser les ouvriers, les dirigeants analysent aussi les conditions

de travail de ses employés et établissent en conséquence des méthodes pour assurer leur

efficacité et s’assurent à ce que ces méthodes soient bien appliquées. La rationalité du Travail

qui consiste à gérer et évaluer le temps nécessaire à l’exécution d’une tâche en analysant son

22

Il y a spécialisation des tâches et parcellisation des travails

Page 23: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

15

contenu a fait introduire la gestion scientifique du travail dans les ateliers. La mise en place

d’un système de contrôle stricte ainsi que d’un système de rémunération incitative qui se base

sur un salaire fixe et un salaire variable variant en fonction d’un surplus de quantité fabriquée

dépassant le seuil déterminé pour une journée. Voilà les principales orientations de la gestion

scientifique du travail qui a fait naître à son tour dans les entreprises la mise en place des

bureaux des méthodes qui visent l’efficience du travail en mettant comme noyau d’analyse

l’employé, son temps d’exécution des tâches, son temps de repos et de récupération et donc de

déterminer les conditions d’optimalité de la réalisation d’un travail. Ainsi pour Taylor, l’OST

(organisation scientifique du travail) assure l’augmentation de la productivité et donc des

salaires et des profits.

Henri FAYOL (1841-1925)

Pour Fayol, la réussite d’une entreprise dépend du contrôle, de la prévision, de

l’organisation, de la coordination et du commandement. Sa fonction administrative est alors

fondamentale pour sa réussite. Fayol admet en fait six fonctions23

de l’entreprise mais son

analyse va se focaliser sur la fonction administrative qui est appelée actuellement

« management ». Cette fonction est à l’optimum seulement par l’application des principes

variant selon les critères d’une entreprise, de ses employés, de son environnement … Ces

principes sont au nombre de quatorze :

1. La division de travail : cela consiste à la répartition des fonctions qui conduira à une

séparation des pouvoirs et à une spécialisation qui assurera le développement des

compétences et donc l’amélioration des rendements individuels24

.

2. L'autorité et la responsabilité : la présence d’autorité au sein d’une entreprise conduit à

la prise des responsabilités.

3. La discipline : il n’y a pas que l’autorité qui descend de haut en bas, le bon exemple

aussi suit cet ordre car Fayol insiste à ce que les dirigeants fassent preuve d’efficacité.

Certes une bonne direction conduit à une gestion rigoureuse ainsi qu’à une bonne

coordination des activités. Elle reflète obéissance et respect.

23

1. La fonction technique : production, fabrication, transformation 2. La fonction commerciale : achats, ventes,

échanges 3. La fonction financière : recherche et gestion des capitaux 4. La fonction de sécurité : protection des

biens et des personnes 5. La fonction de comptabilité : inventaire, bilan, prix de revient...etc. 6. La fonction

administrative : prévoir, organiser, commander, coordonner et contrôler. 24

Selon Fayol « l'ouvrier qui fait toujours la même pièce, le chef qui traite constamment les mêmes affaires,

acquièrent une habilité, une assurance et une précision qui accroissent leur rendement ».

Page 24: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

16

4. L'unité de commandement : dans l’armé, un subordonné ne reçoit d’ordre que d’un

seul et unique supérieur, cette méthode est pour Fayol efficace pour une meilleure

compréhension et pour l’équilibre de l’organisation.

5. L'unité de direction : il s’agit ici que toutes les opérations concernant un même

objectif à atteindre devraient être effectuées sous un seul programme pour unifier et

regrouper les efforts et rendre plus efficace les actions.

6. La subordination de l'intérêt particulier à l'intérêt général de l'entreprise : il s’agit

d’éviter les comportements opportunistes et viser l’intérêt général, elle est assurée par

le bon exemple des dirigeants.

7. Rémunération du personnel : c’est une contrepartie de chaque travail effectué par un

personnel, elle doit être suffisante et équitable.

8. La centralisation : c’est là que réside le vrai pouvoir du haut car toutes les prises de

décisions et les planifications y sont effectuées.

9. La hiérarchie : c’est une série de dirigeants allant de haut en bas jusqu’à arriver aux

agents inférieurs. Les informations circulent suivant cette direction.

10. L'ordre : c’est un équilibre constant entre les besoins et les ressources au sein d’une

entreprise, il est difficile à atteindre car il faudrait connaître avec exactitude ces

besoins et ces ressources.

11. L'équité : elle traduit tout ce qui est de la justice et de la bienveillance

12. La Stabilité du personnel : un employé stable est un employé rassuré et apte à mener

avec professionnalisme25

sa fonction. Cette stabilité permet une élévation de la

prospérité de l’entreprise.

13. L'initiative : c’est la liberté de proposer et la capacité de concevoir et d’exécuter.

Fayol estime très utile que les dirigeants arrivent à faire sortir cette initiative de son

personnel

14. L'union du personnel : comme l’expression « l’union fait la force », l’union du

personnel fait la force de l’entreprise. Elle est le résultat d’une bonne communication

verbale rapide et aussi de l’unité de la direction.

Voilà les quatorze principes qui assurent l’efficacité de la fonction administrative d’une

entreprise selon Fayol.

Max Weber

25

Car il acquière des connaissances et automatisme au fur et à mesure qu’il exerce une même fonction

Page 25: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

17

Dans la théorie d’entreprise, Weber distingue trois types d’organisation qu’il énonce

dans son ouvrage « Économie et société ». Ces trois organisations sont l'autorité

charismatique, l'autorité traditionnelle et l'autorité rationnelle-légale. Pour la première, il

s’agit d’un chef qui est considéré comme une idole car il inspire tellement d’admiration et

d’estime. Ce genre de situation se présente souvent dans les partis politiques, certains ordres

religieux … et aussi dans le cas où une entreprise fut fondée par le chef, ce qui fait accroître

son autorité. Ensuite pour la deuxième, il s’agit d’un statut ou d’une autorité héritée, cette

autorité n’est plus une personnalité du chef mais plutôt un rôle du leader. C’est le cas de la

plupart des PME qui sont des entreprises familiales. Et enfin, pour l’autorité rationnelle-

légale, elle est une forme bureaucratique où tout est organisé, que ce soit la place (le statut) de

chaque employé, ou bien toutes les fonctions qui sont bien reparties, les démarches

prédéterminées ainsi que les éventualités.

II.1.3.2. Théories modernes de l’entreprise

Rappelons que pour les néoclassiques, l’entreprise n’est qu’une simple fonction de

production et qu’en situation de concurrence elle n’a qu’un seul objectif c’est de maximiser

son profit, elle est dirigée par un seul individu qui vit dans un environnement

microéconomique en concurrence pure et parfaite où toutes les informations sont parfaites, où

il réalise ses actes d’entrepreneur en toute certitude et sans risque. Mais cette vision de

l’entreprise a été contestée par une nouvelle littérature apparaissant en 1930 qui est les

hétérodoxes.

La théorie managériale

En 1932, par leur ouvrage « The Modern Corporation and Private Property », Berle et

Means ont développé une toute nouvelle théorie de l’entreprise en se basant sur l’observation

du mode de fonctionnement de l’entreprise, c’est là que naît la théorie managériale issue de la

révolution managériale. Si auparavant la prise de décision était la fonction des propriétaires

qui sont les actionnaires, désormais, cela appartient aux « Managers ». Cette notion de

changement de fonction apparaît lors de l’émergence des grandes sociétés par actions de

l’époque, qui a conduit à la séparation de responsabilité de management et de propriété tout

en détruisant l’ancien règne des actionnaires. Apparaissent donc de nouvelles notions nées de

Page 26: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

18

la gouvernance d’entreprise. La théorie de l’entreprise de Berle et Means conduit donc à la

question de qui dirige la firme et qui lui donne un cadre institutionnel vu que leur analyse se

base sur le comportement des divers groupes d’intérêts au sein de l’entreprise qui sont les

travailleurs, les actionnaires, les managers et les institutions de crédit, vu aussi que son

environnement impacte sur sa structuration. L’opposition entre manager et actionnaire

s’impose alors vu que les managers ont pour objectif la croissance de la firme alors que les

actionnaires ne sont à la recherche que de la maximisation de leur profit.

Chandler

Il reprend le terme Manager de Berle et Means en donnant sa théorie de la firme en

disant que c’est une institution complexe, un ensemble intégré d’unités fonctionnelles et

opérationnelles, administré par une hiérarchie managériale à plusieurs niveaux. Pour lui, la

firme se distingue du marché par sa fonction administrative que marchande. Certes, elle a

pour fonction de coordonner les activités et les flux de ressources. Grâce au système de

production et de distribution de la firme, Chandler distingue deux formes de la firme : la

première est la forme U, c’est-à-dire c’est une firme au système centralisée et unitaire. Quant

à la seconde, c’est la forme M qui est l’inverse de la première car elle est décentralisée ou

encore multidivisionnelle, il y a une division autonome spécialisée par produit ou par région

mais qui est sous la surveillance et le contrôle d’un directeur général qui assure la

coordination. Cette dernière forme favorise l’intégration verticale : la firme effectue la

production à tous les niveaux ainsi que la distribution. Enfin, les formes de propriété, les

contrôles et les relations existantes à l’intérieur de la firme elle-même ou celles qu’elle a avec

les autres firmes s’avèrent impacter aussi la forme de la firme. La firme moderne de Chandler

est alors le résultat des évolutions de la forme organisationnelle existante au sein de cette

firme.

Richard Cyert (1921…) et James March (1928…) :

Ce sont des disciples de Simon, pour eux, la firme est une coalition de groupe où les

objectifs de chaque groupe convergent mais chacun est à la quête de son propre intérêt.

Chaque objectif de chaque groupe est complémentaire aux objectifs principaux de

l’entreprise. Cette entreprise est un processus dynamique et continue de prise de décision et il

existe donc des négociations entre les groupes afin d’effectuer cette prise de décision. Les

dirigeants consacrent une somme monétaire en vue de faire accepter les objectifs de la firme

par les différents groupes puisqu’ils donnent lieu à des négociations entre ces groupes. Cyert

Page 27: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

19

et March ont publié cette théorie en 1963 dans leur ouvrage « A behavioral theory of the

firm » en annonçant quatre comportements de la firme qui sont la résolution des conflits,

l'élimination de l'incertitude, la recherche de la problématique et l'apprentissage.

Williamson :

Williamson aborde le thème de firme en parlant qu’elle est réductrice de coût de

transaction, il s’est inspiré de l’analyse de beaucoup de penseurs quand il a approfondi celui

de Ronald H. Coase en terme de coût de transaction. La théorie de Coase a été définie en 1937

dans un article «The nature of the firm » en prenant en compte le fait que dans l’économie il y

a deux types de coordination26

qui est le marché : régi par le prix et la main invisible, et les

firmes : éliminent l’hypothèse de régulation par le prix mais prend en compte l’influence de la

hiérarchie et les décisions de l’entrepreneur sur l’entité. C’est grâce à l’existence de ces deux

formes de coordination que Coase mène son analyse, il parle des différents coûts présents en

terme de transaction dans chaque forme : dans la première, les coûts de marché se situent dans

la découverte des prix adéquats et les coûts des divers contrats, dans la seconde, les

transactions internes impliquent nombreux coûts. Coase voit donc la firme comme un

réducteur de coût de transaction au niveau du marché grâce à l’existence des relations à long

terme qui peuvent par exemple réduire les coûts des contrats.

Williamson poursuit cette voie mais en ajoutant les analyses d’autres penseurs : la

rationalité limitée27

, le choix de la transaction comme unité fondamentale de l’analyse

économique28

, l’importance capital de l’information29

et l’importance des innovations

organisationnelles30

. Dans sa théorie, il commence par l’individu qui a une rationalité limitée

et donc pas d’information parfaite, ce qui conduit à l’incomplétude des contrats ainsi que le

comportement opportuniste de certains agents. Il continue ensuite en analysant les différentes

formes de transaction en utilisant trois facteurs qui sont le degré de spécificité des actifs, le

degré d’incertitude (surtout due aux actes des autres agents que de l’environnement) et la

fréquence des transactions. Cela fait, il conçoit un arbitrage entre les différentes formes

institutionnelles de coopérations possibles, étant rationnel c’est la minimisation des coûts

totaux dont il s’agit, les coûts de production et de transaction. Pour se faire, il distingue trois

types de contrat : classique, en absence d’incertitude et ponctuel, néo-classique, il existe une

26

Dans les années 30, D. H. Robertson 27

Simon 28

Commons 29

Arrow 30

Chandler

Page 28: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

20

relation à long terme qui est menacée par une forte incertitude nécessitant l’intervention d’un

tiers pour arbitrer, personnalisé caractérisé par l’existence d’une relation à long terme mais au

fur et à mesure de son évolution il s’est établi des normes dues par la présence des liens

durables et complexes. Il va donc établir son arbitrage en tenant compte des incertitudes qui

existent, le contrat classique est le premier choix vu qu’il a une faible spécificité mais une

forte spécificité conduit soit au contrat néo-classique qui est peu fréquent soit au contrat

personnalisé qui a une structure bilatérale où il y a partenariat et sous-traitance, et donc une

adaptation qui enlève le fait de devoir renégocier à chaque fois un contrat. Pour Williamson,

une économie basée sur le coût de transaction réalisé par le choix des firmes est supérieure à

celle réalisée sur le coût de production induit par le marché. Enfin, il reprend les hypothèses

de forme de la firme de Chandler en ajoutant une forme H qui est la même que la forme M

mais caractérisée par l’existence d’une direction générale. La forme M est supérieure à cette

forme H car elle limite les comportements opportunistes des managers en favorisant un

système d’incitation et de contrôle global qui conduit à la convergence des objectifs de

chaque division.

La nouvelle orthodoxie néo-classique

Pour renouveler leur façon de théoriser la firme, les néo-classiques dans les années 70

prennent en compte les critiques de leur ancienne conception de la firme et surtout de

l’existence d’information incomplète. Par contre, ils retiennent les hypothèses de préférence

stable, de rationalité substantive et aussi une analyse basée sur l’équilibre. Pour se faire, ils

vont expliquer l’origine des relations existantes entre les agents au sein de la firme ainsi que

chacune de leur position. Nous verrons deux notions : le droit de propriété et la relation

d’agence. Commençons par le droit de propriété, il est défini comme étant un droit de choisir

l’usage d’un bien économique. La théorie standard l’a considéré comme un donné mais les

néo-classiques vont l’analyser un peu plus. On distingue tout d’abord trois grandes catégories

de droit qu’un agent peut exécuter sur un bien : usage, exploitation, cession. Elles ont permis

de mettre en place des hypothèses de séparabilité qui implique que deux agents peuvent avoir

chacun leur droit sur un bien : l’un le droit d’usage et l’autre d’exploitation ; ces agents sont

donc partitionnables31

, et aussi aliénables, c’est-à-dire qu’ils peuvent échanger leur droit. Cela

nous ramène au droit de propriété privé qui est attribué à un individu et aliénable. Il s’agit ici

d’expliquer en quoi ce droit de propriété affecte-il le choix des agents économiques vu qu’il

31

Des agents peuvent exercer leur droit sur un même actif

Page 29: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

21

trouve son intérêt dans l’analyse économique par son effet incitateur à la création d’actif.

Malgré que les droits de propriété soient incomplets faute d’informations parfaites, ils

permettent de rendre interne à la firme les événements extérieurs et donc de ramener

l’efficacité du marché. Dans chaque forme organisationnelle on voit souvent qu’il y a

présence de structure de droit de propriété. Pour la firme, il s’agit d’un système de contrôle et

d’incitation et de la combinaison des avantages de la spécialisation. Prenons le cas de la firme

capitaliste classique d’Alchian et Demetz qui est basée sur un travail d’équipe, qui complique

la mesure de l’apport individuel précis de chaque agent, ce qui pourrait entraîner un free

rider32

. Chose qui ne peut être évitée qu’en mettant en place un moniteur33

qui va être le

contrôleur des travaux des agents, il a donc le droit de contrôle sur leur travail, de passer et

renégocier des contrats avec eux ainsi que de céder sa place. C’est un créancier résiduel34

qui

a aussi le droit de contrôle résiduel (il décide de l’utilisation des actifs qui n’ont pas de rôle

spécifique dans un contrat) surtout que les contrats sont incomplets. La mise en place de ce

moniteur permet donc d’assurer l’efficience du travail de groupe.

Ensuite pour la théorie de l’agence, la relation d’agence est définie comme un « contrat

par lequel une ou plusieurs personnes (le principal) engage une autre personne (l’agent) pour

exécuter en son nom une tâche qui implique la délégation d’un certain pouvoir de décision »

Jensen et Meckling en 76. Cette relation conduit à un problème, qui a été mentionné par

Adam Smith, c’est un problème qui se base sur la divergence de leur intérêt ainsi que des

informations qui sont asymétrique et surtout des coûts d’agence dont pour le principal

s’explique par le coût de surveillance et d’incitation ainsi que des pertes résiduelles35

et pour

l’agent par le coût d’obligation qu’il doit couvrir pour assurer qu’il ne causera pas tort à son

principal. Ici donc le but est de trouver la structure contractuelle qui permet de minimiser ce

coût d’agence. Dans cette théorie, le marché et la firme sont presque similaires car cette

théorie présente la firme comme un « nœud de contrats » bilatéraux entre individus, elle n’a

donc pas d’existence réelle mais juste une fiction, où les relations sont des relations

contractuelles. Cette inexistence rend donc difficile la détermination de ses objectifs, de son

propriétaire ainsi que de son environnement. Cette théorie de la firme se limite donc à

l’analyse des liens contractuels existants surtout des contrats centraux qui déterminent les

32

Peut être assimilé au « passager clandestin », une personne qui perçoit un avantage sans même fournir un

quelconque effort. 33

Personne qui exerce le rôle ou la fonction de guide, de conseiller (Pesquidoux, livre raison, 1932, p. 75) 34

Un statut qui donne à un actionnaire la légitimité nécessaire pour acquérir le profit résiduel et aussi pour dicter

les objectifs à atteindre par la firme 35

Ecart entre le résultat obtenu et la maximisation effective de la satisfaction du principal

Page 30: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

22

systèmes de rémunération, de contrôle et aussi permettent d’établir les droits des contractants

et donc d’établir un système contractuel. Les principaux contrats sont ceux passés entre

l’organisation et les fournisseurs de ressource, ces derniers dont la rémunération est en

fonction du contrat. Les créanciers résiduels ont donc intérêt à minimiser les coûts puisqu’ils

assument les risques liés à la production. La transmission de créances résiduelles permet donc

de caractériser un système contractuel et aussi l’affectation du pouvoir de décision : le

pouvoir de contrôle et de décision n’est pas forcément détenu par la même personne. Ce

système d’affectation de pouvoir est surtout efficient pour les grandes organisations où il

nécessite la division de travail, de décision, la séparation de contrôle et de gestion mais pour

les petites organisations il est plus efficient de centrer les pouvoirs à un même individu, afin

d’éviter les risques d’opportunisme il a le droit sur les créances résiduels.

La firme évolutionniste

D’abord, l’école évolutionniste suit les traces de Schumpeter, elle part de l’idée

d’Alchian en 1950 qui voulait introduire dans l’économie les concepts d’évolution et de

sélection naturelle. Pour ce qui est de la sélection, l’approche évolutionniste est dynamique

car pour Winter la sélection n’est comprise que dans le long terme et il faut analyser non la

firme mais sa structure organisationnelle. Comme la firme de H. Simon, celle qui est à la

recherche d’une satisfaction d’un niveau de désir ou d’aspiration et non de maximisation, la

firme évolutionniste acquière aussi cette satisfaction en fonction de l’expérience des agents

qui la composent. En abordant le terme d’évolutionniste nous verrons alors trois grandes

idées, la mise en évidence :

- De l’existence des routines dues aux apprentissages, ce sont les éléments de

permanence

- du principe de variation, c’est-à-dire le domaine réservé aux recherches dont les

résultats sont imprévisibles

- du mécanisme de sélection, c’est les contraintes imposées par le marché

Les évolutionnistes sont en accord avec l’IM ou individualisme méthodologique36

et

représentent donc la firme comme étant composée d’individus distincts ayant chacun la

capacité d’acquérir sa propre connaissance. Un élément très important se trouve au cœur de la

méthodologie évolutionniste, c’est les interactions permanentes entre les agents, ils agissent

36

Fondé par Max Weber, autonomie et responsabilité des acteurs sociaux, accordant une supériorité absolue au

jeu des individus et à leur conscience

Page 31: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

23

non pas en fonction d’une rationalité donnée mais plutôt en fonction de leur expérience grâce

aux apprentissages, ce qui ne conduit pas forcément à une équilibre constante mais à des

équilibres diverses. Ces apprentissages conduisant aux routines rendent donc possible la

coordination des actes de chaque individu puisque chacun réagit de manière identique face à

une situation donnée, cela peut se faire dans l’inconscience de l’individu. Cela donne

naissance à la dimension cognitive des comportements individuels.

Ensuite, vu que pour eux la structure organisationnelle est le noyau d’étude fondamental

quand il s’agit de la firme, leur souci est donc de trouver comment harmoniser les divers

éléments qui constituent l’entreprise. Pour le résoudre, il faut donc distinguer les critères

propres à chaque firme, puis expliquer la cohérence interne du portefeuille de produits offerts

de chaque firme, et enfin expliquer selon quel critère l’entreprise évolue. Voyons en premier

lieu alors ce qui distingue une firme d’une autre, pour cela partons toujours du processus

d’apprentissage qui est très important dans leur analyse, ce processus est cumulatif et

nécessitant une compétence organisationnelle et conduit à une connaissance collective. Cette

dernière est donc le fruit des savoir-faire accumulés tout au long de la mise en œuvre des

facteurs de production ou routines organisationnelles qui peuvent être figées ou non,

aboutissant sur des interactions complexes : les routines sont non-codifiables, les agents

agissent sans intention raisonnable précise, et donc non-transférables. Ces dernières

constituent donc un actif spécifique à la firme et la distingue donc des autres firmes. En

second lieu, l’entreprise peut évoluer non seulement grâce à ses actifs spécifiques qui

s’accumulent mais aussi grâce à des activités secondaires tout en respectant le portefeuille de

produits offerts par la firme. Ces activités secondaires sont complémentaires aux principales

et peuvent devenir à leurs tours principales grâce à la découverte de nouvelle technologie qui

conduit à un changement de routine sans changement de produits offerts. L’évolution est donc

caractérisée par des facteurs endogènes et ne modifie pas les produits offerts par l’entreprise.

Enfin, pour la sélection naturelle, les évolutionnistes sont totalement contre l’idée des

néo-classiques qui considèrent le marché comme éliminateur définitif des firmes qui

n’arrivent pas à maximiser leur profit. Pour eux, il existe une typologie d’environnements de

sélection qui varie en fonction de la structure de marché, des conditions d’accès au marché et

aux facteurs de production, ainsi qu’aux ressources financières. Ces environnements ne sont

pas aussi strictes dans la sélection par rapport à la sélection des néo-classiques.

Page 32: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

24

Autres que les facteurs endogènes qui donnent la valeur d’une firme, elle a aussi une

compétence foncière qui est un « ensemble de compétences technologiques différenciées,

d’actifs complémentaires et de routines, qui constitue la base de l’activité concurrentielle

d’une entreprise dans une activité particulière ». L’assemblage de l’évolution, de la sélection

et de la compétence foncière permet donc de donner une typologie des entreprises et donc de

déterminer à l’avance quel type d’entreprise pourra se développer dans un secteur d’activité

donné.

II.1.4. L’entrepreneuriat :

L’action de l’entrepreneur est l’entrepreneuriat; c’est le phénomène d’émergence et

d’exploitation de nouvelles opportunités en vue de créer des valeurs économiques ou sociales,

qui est réalisé par l’initiative et la dynamique d’innovation d’un homme qui interagit avec son

environnement.

Les diverses approches en entrepreneuriat :

o Schumpeter (1928), Penrose (1963) : l’approche fonctionnelle :

Selon Schumpeter, «L’essence de l’entrepreneuriat se situe dans la perception et

l’exploitation de nouvelles opportunités dans le domaine de l’entreprise […].Cela a

toujours à faire avec l’apport d’un usage différent de ressources nationales qui sont

soustraites de leur utilisation naturelle et sujettes à de nouvelles combinaisons »37

.

Schumpeter a toujours lié l’entrepreneur à l’innovation, donc pour lui le champ de

l’entrepreneuriat est lié à la création de nouvelles richesses grâce à cette innovation qui est le

fonction de l’entrepreneur.

o Davidsson (2003) : l’approche processuelle :

La compétence entrepreneuriale est un « comportement intentionnel informé d’un individu ou

d’une équipe, s’appuyant sur un éventail donné de ressources et sur une volonté explicite de

les utiliser, et qui a pour résultat final le succès d’une initiative entrepreneuriale38

».

Cette approche suggère que ce sont les compétences qui constituent les meilleurs moyens de

la performance des entrepreneurs.

37

Article, Amina Omrane et a ;. « Les compétences entrepreneuriales et le processus entrepreneurial : une

approche dynamique », 2011. 38

Cité par Versraete et Saporta (2006) « Création d’entreprise et Entrepreneuriat , ADREG, Janvier 2006.

Page 33: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

25

Mais Selon Gartner, (1985) ; considéré comme le pilier de cette approche « l’entrepreneuriat

est un phénomène qui consiste à créer et organiser de nouvelles activités »

Page 34: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

26

CHAPITRE II : Féminisme

Section I : Étymologie du féminisme

En 1837, c’est une doctrine visant à l’extension du rôle des femmes39

, du latin

« Feminita ». Quand on parle de féminisme, on pense surtout à Charles Fourier (1772-1837),

l’essence de l’émancipation des femmes fut leur subordination légale aux hommes, en même

temps de leur dépendance économique. Le mot a été utilisé pour la première fois par

Alexandre Dumas Fils qui l’emploie dans un sens négatif en reprenant un terme médical qui

désigne une pathologie affectant les hommes, les féminisant40

. C’est aussi un mouvement

revendicatif ayant pour objet la reconnaissance des droits de la femme dans la société41

.

Section II : Féminisme et Féminitude

Être femme c’est subir toute sorte de discrimination que ce soit sur le domaine du

travail que ce soit domestique ou professionnel, de l’éducation, d’instruction, de la relation

humaine, de la sexualité, des domaines politiques, sociales et économiques, dans le mariage,

dans la parenté ; et ça dès la naissance jusqu’à la mort et venant du seul fait d’appartenir de

l’autre côté du sexe masculin. Certaines femmes réagissent face à cette pression et injustice de

manière révoltante tandis que d’autres le vivent bien. Dans cette discrimination, il y en a

celles qui subissent plus que les autres par le fait de leur classe sociale et de leur race, cette

condition commune dans laquelle les femmes sont soumises est appelée la Féminitude.

Abordons les différents domaines où les femmes subissent cette discrimination au cours

de leur vie, voyons successivement le domaine du travail et de formation, du mariage et de la

famille, et enfin de l’amour.

Comme nous l’avons énoncé tout à l’heure, la femme subit une discrimination dès sa

naissance. Certes dès le moment de sa conception, les parents espèrent secrètement que le

nouveau-né soit du sexe mal, c’est peut-être un souci de la fortune à transmettre ou du nom. Il

y avait même auparavant des cultures qui n’hésitait pas à exposer à la mort les nouvelles-nées.

Cette exclusion se voit aussi dans les caractères différenciés attendues chez l’enfant garçon et

la fille, on souhaite voir chez la fille douceur et violence d’une part et une certaine soumission

d’autre part. La société est de nature favorable à l’homme, que même dans l’éducation les

garçons sont plus encouragés tandis que les filles sont orientées dans l’éducation menant à des

39

Fourier ds M.Braunshvig, Notre littérature étudiée ds les textes, t. II, p.409, n.2 ds Fr. mod. P. 136 40

Christine Bard, à l’émission Questions d’éthique sur France culture, 18 juillet 2013) 41

Ludovic Naudeau, librairie Hachette, paris 1931

Page 35: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

27

métiers qui ne nécessitent pas de grandes responsabilités tels que : couturières, coiffeuses,

infirmières, institutrices et au plus mieux avocates et professeurs. Ce sont donc les domaines

qui leur sont favorables. Or ils sont mal payés et rares de promotion mais malgré cela la

femme est encore payée en dessous de sa capacité réelle. Elles constituent donc ce qu’on

appelle de la main d’œuvre bon marché pour les employeurs. Cette situation plus les charges

familiales à assumer, les poussent à abandonner. Mais cette discrimination par l’éducation

n’est rien face à ce qu’elle subit dans sa vie privée, elle est soumise à l’homme et à une

famille qui est sous la direction d’un homme. Elle assure non seulement le confort ménager et

sexuel du père de famille mais aussi à l’éducation et à la reproduction des enfants. Le père

prend toutes les décisions et la mère effectue toutes les corvées. Le père assure les besoins

nécessaire pour l’entretien de la famille que même si la femme avait une source de salaire, ce

salaire ne serait que complémentaire à celui de l’homme sans valorisation de l’énergie qu’elle

a fournie en plus des travaux domestiques, choses qui ne sont jamais valorisées non plus.

Que ce soit une femme bourgeoise ou une ouvrière, les deux vivent à la dépendance du

vouloir de l’homme. Mais comment pourrions-nous parler de femme et ignorer le domaine de

l’amour ? En dehors de cette histoire de soumission par le mariage, la sentimentalité et le

souci de plaire demeurent une culture de la conscience féminine. Elles se soucient du regard

des autres à leur égard. Cela conduit à un sous-investissement de leur capacité et de leurs

intérêts dans la vie sociale mais au contraire un surinvestissement de leur vie privée et

affective. Elle est donc conduite à attendre beaucoup de son entourage. Elle accorde peu

d’importance aux faits sociaux mais se concentre dans le sentiment vécu ou rêvé en croyant

en l’amour mythique développé par les medias, les romans, les films… mais cela constitue

encore pour la société une autre manière pour la société de l’asservir. On la prend aux

sentiments, elle fait des sacrifices suite à une bonne flatterie, elle peut sacrifier ses désirs, ses

besoins, son goût pour ceux des autres. Le pire c’est qu’elle fait ce sacrifice avec

complaisance, elle se jouit donc de s’effacer et la société continue soigneusement de l’asservir

dans cette direction. L’homme et la femme ont différentes manières de conception de l’amour,

pour la femme aimer et être aimée est une obsession tandis que pour l’homme c’est un milieu

dans lequel il peut baigner et pimenter ses envies. Cette affection constitue une autre forme de

dépendance de la femme envers l’homme. Tant que la femme aura pour seul objectif l’amour,

elle ne pourra jamais s’égaler à l’homme ni gérer sa propre vie. Dans leur servitude, elle se

considère reine de cœur ou de foyer en étant domestiquée, l’homme profite alors de cette

situation en continuant de la bercer dans son doux rêve.

Page 36: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

28

Pour Phyllis Chesler, les femmes ne devraient pas abandonner leur sagesse du cœur et

devenir des hommes mais elles devraient conserver leur tendresse, leur compassion pour

elles-mêmes et pour les autres femmes et cesser de se soucier des sentiments des autres. Elles

devraient se sauver et sauver leurs filles au lieu de leur mari ou de leurs fils. Elles ont intérêt à

assurer un grand développement de soi et oublier ces morales de dévouement qui n’ont fait

que les exploiter. Après tout ça, nous pourrons reconstituer le terme d’amour.

Beaucoup de femmes n’arrivent pas à nuancer entre bonheur et justice, le bonheur n’est

pas exclusif de la condition d’exploité. Le féminisme arrache les femmes de leur soumission

et de leur isolement car la femme comme tous les autres exploités, a trop longtemps subi une

injustice, a été divisée et mise dans une situation de rivalité. C’est une étape assez difficile à

franchir vu que l’exploitation de la femme est un fait naturel pour la société. Malgré tout, la

libéralisation de la femme devrait commencer par la base, c’est-à-dire la reproduction grâce à

des moyens scientifiques, en limitant la reproduction, la femme est en mesure donc de

maîtriser sa maternité. Mais cette limitation de la natalité ne devrait pas se traduire par la mise

en place d’une quelconque contrainte à imposer aux femmes mais en leur offrant des moyens

contraceptifs mis à leur disposition. Cela permettrait aux femmes de s’épanouir dans d’autres

domaines que la maternité. Mais briser uniquement la servitude de la reproduction s’avère

inutile, il faut aussi que les charges d’éducation des enfants soient partagés équitablement

avec le père puisqu’ils ont décidé tous les deux à avoir ces enfants. Mais à quoi bon les

libérer si des moyens de développer leur capacité ne sont pas mis à leur disposition : études,

travaux professionnels qui leurs sont convenables mais pas asservissants car elles ne

quitteraient pas la soumission domestique vers une soumission industrielle.

L’apparition du féminisme sur la scène historique se traduit par l’émergence d’un

principe subversif et constitutif d’un monde à venir. Si le féminisme arrive à s’imposer, cela

donnera un résultat qualitatif et non quantitatif car on ne peut pas ajouter d’autres bras à des

personnes qui en ont déjà. Les femmes devraient se libérer des hommes et s’aimer d’abord

elles-mêmes car s’efforcer de plaire et attirer tout le temps le désir constitue déjà une forme

de servitude. C’est en reconnaissant leur vraie identité qu’elles vont pouvoir changer le cours

de l’histoire.

Page 37: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

29

Section III : Théorie entrepreneuriale féminin

Que ce soit de la part de plusieurs chercheurs ou bien des medias, la question d’entrepreneure

féminine attire l’attention de beaucoup de monde du fait de son lien très étroit avec la théorie

du genre42

. Elle entre dans les grandes questions du développement du travail de la femme

ainsi que de l’entrepreneuriat43

.

III.1. La théorie de genre

Cette théorie est basée sur l’analyse des liens existants entre hommes et femmes telles que les

opportunités qui leurs sont offertes, leur relation ainsi que leur rôle dans la vie sociétale. Il

s’agit ici donc de l’analyse du capital humain qui est un facteur fondamental pour le

développement de la société et de l’économie et aussi qui est souvent le noyau des projets des

organismes nationaux et internationaux. Cette théorie pousse donc à l’utilité de l’activité de

l’homme et de la femme dans le processus de développement économique et social.

III.2. Entrepreneure

Selon Lavoie en 1988, « l’entrepreneure est : la femme qui, seule ou avec un ou plusieurs

partenaires, a fondé, acheté ou accepté en héritage une entreprise, qui en assume les

responsabilités financières, administratives et sociales et qui participe activement à sa

gestion courante44

». Mais pour Filion en 1997, l’entrepreneure est « une personne qui prend

des risques financiers pour créer ou acquérir une entreprise, et qui dirige de manière

innovante et créatrice en développant de nouveaux produits et en conquérant de nouveaux

marchés45

» « Des femmes passionnées et déterminées qui ont choisi de créer leur entreprise

ou travailler à leur propre compte pour avoir le contrôle sur les décisions, et gérer leur temps

avec un sentiment de flexibilité, exploiter au maximum leurs capacités et les compétences

avec un objectif personnel de se réaliser à travers ce projet de vie46

».

42

Le genre fait référence aux caractéristiques sociales des hommes et des femmes dans une société. Ces

caractéristiques sont variables selon le contexte et déterminent la place, le rôle et l’identité de l’individu au sein

d’une société. Selon le Guide pour l’institutionnalisation de l’approche genre 43

Anne Gillet, 2003 44

Collège condition féminine CLD Longueuil, société conseil BPS inc, janvier 2004 page 10 45

Idem 46

Collège condition féminine CLD Longueuil, janvier 2004 page 13

Page 38: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

30

CHAPITRE III : Synthèse

Une entrepreneure est une femme qui innove en créant et gérant une entreprise et

assume toute la responsabilité nécessaire tout en assumant aussi les risques, si on considère

les théories de Lavoie en 1988, de Filion en 1997. Mais les approches en entrepreneuriat

n’impliquent pas forcément le terme que l’activité d’entrepreneuriale doit avoir un lien

spécifique avec l’entreprise. Certes pour Schumpeter (1928), Penrose (1963), c’est l’acte

d’assemblage de ressources vers de nouvelles combinaisons, c’est-à-dire innovation. Et dans

leur texte, chacun de ces auteurs n’ont pas marqué l’importance d’une bonne coordination

processuelle, une approche qui a été apportée par Davidsson en 2003.

Page 39: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

31

PARTIE II : ANALYSE EMPIRIQUE : Cas de

MADAGASCAR

Page 40: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

32

CHAPITRE IV : L’entrepreneuriat féminin

Dans le monde, deux tiers des 7 milliards d’habitants47

sont des femmes. En 1975, à la

suite de la conférence de Mexico, c’est là que la femme entre en scène pour la première fois

dans son rôle d’actrice de l’économie et de la société et que son caractère productif est pris en

compte. Selon la présidente régionale d’ «Entreprendre au Féminin Océan Indien» (EFOI)48

,

association membre du « Réseau Femmes Chefs d’Entreprises Mondiales » (FCEM), « les

femmes sont des entrepreneures nées ». Madame Tahiry RAMANANTSOA49

est du même

avis en disant que « c’est équivoque tout simplement parce qu’elles sont polyvalentes ». EFOI

compte 19000 membres en 2014 tandis qu’en 2017 le chiffre s’accroît à 23500 membres. Cet

accroissement de taux de participation en activité entrepreneuriale est sûrement dû par le fait

du grand rôle de l’entreprise dans le développement économique, comme l’avait dit

Schumpeter.

Section I : Apport économique de l’entreprise :

En économie, l’entreprise est une unité de décision regroupant des moyens matériels,

financiers et humains dans le but de produire des biens et services afin de générer un profit.

L’objectif de toute entreprise est alors la réalisation d’un profit par le biais de la production

de biens et services. Ces biens et services produits visent à répondre aux besoins de la société.

L’entreprise fait partie des agents économiques fondamentaux par son activité qui regroupe

production (création de biens ou services), consommation (consommation intermédiaire :

destruction des biens et services au cours de processus de production), investissement, … qui

constitue le centre des grandes fonctions principales de la micro et la macroéconomie. Nous

allons voir dans cette section les apports offerts par l’entreprise pour l’économie.

Dans la comptabilité nationale (CN), la présentation de ce profit créé par

l’entreprise est la VA (valeur ajoutée), cette dernière se créée après soustraction de

la consommation intermédiaire sur la production.

Soit :

- Production : P

47

Quand le futur de Madagascar se conjugue eu temps présent, Madagascar Matin 21 février 2019 48

Organisme présent dans plus de 49 pays qui vise à renforcer les réseaux des femmes entrepreneures. 49

Créatrice de cinq entreprises dont Madatours, Madajob, Madavision, la grande braderie de Madagascar et

Madagascar Trade show

Page 41: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

33

- Consommation Intermédiaire : CI

- Valeur Ajoutée : VA

VA = P - CI

Notons par ailleurs que le PIB (Produits Intérieurs Bruts) est la somme des VA créées

par les biens et services produits sur le territoire national par les résidents (citoyens et

étrangers).

PIB = ⅀ VA

Or le PIB (par habitant) constitue l’une des mesures de développement d’un pays. Ainsi

l’entreprise contribue donc au développement du pays par sa génération de valeur ajoutée.

Si on exploite cette définition de l’entreprise, le fait qu’il regroupe des moyens …

humains…, on peut voir d’autres apports économiques qu’elle fournit qui

impactent directement ou indirectement sur la vie sociétale. En effet selon la

théorie de la croissance économique, la production nécessite de facteur capital et

facteur travail. Ce facteur travail est en fonction du capital humain qui constitue

une main d’œuvre pour l’entreprise. Le fonctionnement d’une entreprise nécessite

donc le capital humain d’où la création d’emploi faite par cette entreprise. Cette

création d’emploi réduit le taux de chômage au sein du pays et améliore donc sa

situation économique car si le taux de chômage est élevé beaucoup de population

active ou non seront sans salaire et sans salaire ils n’auront pas de quoi survivre, ce

qui conduira non seulement à un affaiblissement de la population et donc du pays

aussi vu que le niveau de vie de la population reflète le développement d’un pays

par l’IDH ( Indicateur de Développement Humain), mais aussi une hausse de

l’insécurité qui va impacter de façon négative sur l’environnement des affaires que

ce soit microéconomique ou macroéconomique : aucun investisseur étranger ou non

digne de ce nom ne va investir son argent dans un environnement où règne

l’insécurité, et aussi sur la paix national , ce qui va détériorer l’économie et le pays

tout entier.

Le facteur capital dont nécessite la production conduit l’entreprise à épargner afin

d’assurer les investissements futurs et aussi le remplacement du capital amorti.

Cette épargne est placée au sein des institutions financières et va donc fluctuer

grâce aux intérêts offerts par ces institutions. Ces dernières ont pour rôle, autre que

Page 42: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

34

la création monétaire, d’intermédiaire financier car elles mettent en relation

emprunteur(les organisations qui ont besoin de fonds) et prêteur (celui qui place

l’épargne). Grâce à ce rôle d’intermédiation financière, il y a flux monétaire dans

l’économie, l’entreprise contribue donc grâce à son épargne à l’optimisation des

activités économiques.

Cas des entreprises exportatrices, elles permettent la croissance de l’économie du

pays grâce à la participation du pays au commerce international et aussi

l’amélioration de la balance commerciale50

.

Cas des entreprises multinationales51

, en plus de ces apports énoncés ci-dessus, les

entreprises multinationales font des mouvements de capitaux en investissant à

l’étranger, c’est l’IDE ou (Investissements Directs Étrangers) investissement croisé.

Ces IDE52

ont pris une place croissante dans l’économie mondiale malgré les

ralentissements que l’économie a pu subir (CNUCED 2006). Les IDE émis par les

entreprises étrangères au sein d’un pays complète son PIB et favorisent donc son

développement.

Cette section nous a éclairé sur les apports de l’entreprise sur l’économie, retenons ces

idées essentielles : développement grâce aux VA et aux IDE, création d’emploi, optimisation

des activités économiques par le placement d’épargne, accès au commerce international et

amélioration de la balance commerciale grâce à l’exportation.

50

Différence entre la valeur des exportations et des importations de biens ou services dans un pays donné 51

L’ONU a proposée en 1973, la firme multinationale comme « Une entreprise qui contrôle des biens, des

usines, des mines ou des établissements de vente dans deux pays ou plus » (ONU, 1974) mais dix ans plus tard

elle a ajouté que «c’est une entreprise (a) comprenant des entités dans deux pays ou plus quelles que soient les

formes légales et les champs d’activités de ces entités, (b) qui opère dans la logique d’un système de décisions

permettant des politiques cohérentes et une stratégie commune, dirigé par un ou plusieurs centres de décision,

(c) dans laquelle les entités sont tellement liées, par des liens d’appartenance ou autres, qu’une ou plus d’entre

elles peut exercer une influence significative sur l’activité des autres, en particulier par le partage de

connaissances, de ressources et de responsabilités » (ONU, 1984) 52

Actuellement, le stock total d’IDE émis par les entreprises multinationales représente environ 20 % du PIB

mondial, alors qu’il n’en représentait que 10 % en 1995 et 5 % en 1980 (Cnuced, 2003)

Page 43: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

35

Section II : l’entrepreneuriat féminin à Madagascar

II.1. Cas général :

Ayant une superficie de 590 000 km², Madagascar compte 24,5 millions d’habitants en

2017 et la population féminine compte 50,6% de la population totale. En 2017, en participant

à l’étude de GEM53

dont le principal travail est de réaliser des enquêtes à l’échelle

internationale afin obtenir des informations, établir des rapports, observer et comprendre le

phénomène entrepreneurial à l’échelle mondial, Madagascar figure, parmi les 54pays

participants, au 7ème

place avec un Taux d’Activité Entrepreneuriale (TAE) de 21,8%. Dans le

pays, le TAE est plus élevé pour les hommes (23%) que pour les femmes (20,6%).

Soient :

i. L’entrepreneuriat dans les économies tirées par les facteurs :

C’est dans un pays à faible développement économique dont l’activité principal est

l’agriculture. Le secteur agricole évolué offre un surplus de main d’œuvre qui va migrer vers

le secteur industriel. Cela favorise l’entrepreneuriat de subsistance car les travailleurs

excédentaires cherchent à se créer des opportunités professionnelles pour gagner leur vie. Cas

de Madagascar.

ii. L’entrepreneuriat dans les économies tirées par l’efficience :

Après développement du secteur industriel, il y a émergence des institutions qui vont

favoriser la croissance de l’industrialisation et aussi l’augmentation de la productivité grâce à

l’économie d’échelle. Cela va causer des effets d’entraînement comme la favorisation des

firmes nationales, la création de capital financier et la transformation petit à petit de

l’économie de subsistance à l’économie de fabrication.

iii. L’entrepreneuriat dans les économies tirées par l’innovation :

C’est le cas des pays développés et ayant une population à fort revenu. Son

entrepreneuriat est orienté vers l’innovation et concurrence les entreprises historiques qui se

sont installés avant.

iv. Phase de démarrage : activité qui a existé depuis moins de 3mois

v. Nouvelles entreprises : moins de 42mois

vi. Entrepreneur établi : plus de 42mois

Ces notions vont nous aider à l’interprétation de certains graphiques qui vont suivre.

53

Le GEM a été créé en 1999 par le Babson College (Etats-Unis) et la London Business School (Royaume-Uni)

sous forme de projet.

Page 44: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

36

L’absence d’offre d’emploi vu le contexte économique du pays et l’identification d’occasion

d’affaire motivent l’engagement dans l’entrepreneuriat. C’est le cas pour 83,8% des femmes.

Voici les résultats des enquêtes faites par GEM en association avec INSCAE et

INSTAT qui va nous éclairer sur l’entrepreneure malagasy :

II.1.1. L’entrepreneure Malagasy selon GEM/INSCAE/INSTAT :

II.1.1.1. Les profils des entrepreneurs de 18 à 64ans :

Figure 1 : les profils des entrepreneurs de 18 à 64ans

Source : GEM/INSCAE/INSTAT/APS 2017

Cette figure nous montre que 9,1% des femmes sont des entrepreneures naissantes,

11,7% sont des entrepreneures nouvelles et 30,2% sont des entrepreneures établies. Cela nous

permet de conclure que le taux d’entreprise qui survit malgré les diverses contraintes sont

élevé mais que les nouvelles entreprises se font rares.

II.1.1.2. Effet du genre :

Cet effet existe à Madagascar plus que nulle part ailleurs, et cela impacte beaucoup sur

l’entrepreneuriat effectué par le genre femme Malagasy.

- Sur le plan relationnel en milieu d’affaire

Les hommes les excèdent avec un taux de 53,1% contre 50,7%.

- Pour la compétence et l’expérience :

Les hommes gagnent encore le territoire par un taux de 25,5% contre 23,3%.

- Carrière désirable d’entrepreneur

Les hommes sont à 84,9% contre 82,3% pour les femmes.

II.1.1.3. Les intentions entrepreneuriales :

Après une enquête faite par le GEM, 39,8% de la population interrogée ont cette

intention avec un taux de 37,3% pour les femmes. Les jeunes sont sensibles au sujet avec un

taux de 37,1% dont pour les jeunes femmes est de 22,3%. Pour les 25 à 34ans, le taux des

femmes est de 51,2% et cela persiste jusqu’à leur 54ans. Dans la période de pré-retraite, il

n’en reste plus que 18% qui ont encore cette intention d’entreprendre.

Page 45: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

37

II.1.2. La perception d’opportunité de création d’entreprise :

Figure 2: les opportunités perçues par les adultes selon la tranche d’âge et le sexe (en %)

Source : GEM/INSCAE/INSTAT/APS 2017

La perception des femmes des nouvelles opportunités est très élevée entre son 25 et

34ème âge et est de 28%. Nous verrons par la suite leur taux de participation à l’activité

entrepreneuriale selon leur tranche d’âge.

Tableau 1 : les attitudes et perceptions vis-à-vis de l’entrepreneuriat par tranche d’âge des

adultes enquêtés (en %)

L’entrepre

neuriat

comme un

bon choix

de carrière

Statut élevé

des

entrepreneu

rs

prospères

L’attention

des médias

pour

l’entreprene

uriat

Opportunit

és perçues

Compétences

perçues

Peur de

l’échec

Intentions

entrepreneur

iales

Ensemble

18-64 ans 83,6 77,8 53,3 24,4 55,4 42 39,8

Homme 18-

64 ans 84,9 80,4 53,6 25,5 55,7 36,7 42,3

Femme 18-

64 ans 82,3 75,1 52,9 23,3 55,1 47,9 37,3

Source : GEM/INSCAE/INSTAT/APS 2017

Ce tableau montre un niveau toujours inférieur de la perception de l’entrepreneuriat de la

part de la femme par rapport à l’homme pour chaque domaine que même pour l’attitude face à

l’échec le genre femme apparaît avec un niveau plus élevé de peur d’échec qui est de 47,9%.

Page 46: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

38

Figure 3 : le taux d’activité entrepreneuriale par tranche d’âge et par sexe (en %)

Source : GEM/INSCAE/INSTAT/APS 2017

Grâce à cette figure, nous voyons que la femme Malagasy participe de manière assez

constante en activité entrepreneuriale de sa jeunesse jusqu’à sa retraite. Le taux est toujours

entre 20 et 30% sauf lors de sa vieillesse qui diminue vers les 18%.

II.1.3. La situation des femmes Malagasy et son environnement :

Dans sa vécue de la discrimination de l’effet genre, la femme est frappée par l’écart de

salaire de 66% face aux hommes, c’est due par l’emploi des femmes dans des milieux non

qualifiés qui est favorisé par la catégorisation Malagasy de la femme en tant que « Fanaka

malemy ». Et ce même si la discrimination n’atteint pas directement le domaine

entrepreneurial, les 32% de femmes Malagasy entrepreneures sont dans des domaines moins

qualifiés. Les entreprises créées par le genre femme malagasy sont dans la plupart des micro-

entreprises et des PME, elles ne sont pas pour autant négligeables vu que cette première

catégorie rapporte au PIB un taux de valeur ajoutée de 41,5% et créée un emploi au taux de

54,9% et la seconde de 42,9% du PIB et 22 % d’emploi et le reste est complété par les

grandes entreprises dont 15,7% pour le PIB et 23,2% pour l’emploi.

Mais le monde entrepreneurial féminin Malagasy subit beaucoup de contraintes et

d’obstacles, à commencer par le manque de vision politique vis-à-vis du développement de

l’entrepreneuriat, ce qui entraîne la lourdeur des frais administratifs que ce soient dans la

création d’entreprise ou dans les acquisitions foncières, dans les procédures d’importations et

d’exportations, les taxes professionnels,… ainsi que la fiscalité pénalisante et aussi les

Page 47: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

39

différences de traitements entre PME et grandes entreprises. Ensuite, il y a le problème

d’accès à la formation professionnelle : ce problème est croisé par les entrepreneures dès le

début du processus, c’est-à-dire dès la création d’entreprise vu que l’entrepreneure n’a pas les

informations nécessaires que ce soit concernant le marché, les crédits, les structures d’appui et

les opportunités de développement de l’entreprise. Il y a aussi les obstacles culturels qui sont

directement liés à l’effet de genre, à la discrimination : cela débute dès le moment de la

sélection, beaucoup d’entreprise préfère engager des hommes que des femmes car ces

dernières sont souvent source de dépenses supplémentaire comme leur possibilité d’avoir un

enfant, dit Tahiry Ramanatsoa, les coutumes sont contre l’idée entrepreneuriale de la femme,

pour eux elle devrait-être femme au foyer à s’occuper que de son mari et de ses enfants, les

traditions retiennent aussi les femmes face à des opportunités de travail comme par exemple,

dans le cas de milieu rural où l’activité principal est l’agriculture, les hommes y sont

favorisées car selon la tradition c’est le rôle de l’homme de labourer la terre… Enfin le plus

grand problème à affronter par la femme malagasy dans son parcours entrepreneurial est

l’obtention des moyens de financement, si on le lie aux facteurs socioculturels, la femme

obtient difficilement un prêt ou un crédit auprès des institutions financières car tous les titres

de propriété sont au nom de son mari, financer une micro-entreprise ou une PME n’est pas

évident vu les difficultés d’accès au crédit, ce qui conduit au financement par fonds propre qui

n’est pas rentable du tout pour les investissements.

II.1.4. Les divers moyens de financement à Madagascar

- Autofinancement : ce sont les fonds propres qui peuvent être complétés par l’apport de

la famille et des amis.

- La banque : sert à financer les entreprises à forte Valeur Ajoutée.

- Le mobile banking : qui est surtout pratique pour les entrepreneures dans les zones

rurales où les microfinances se font chères et se font rares.

- Les bailleurs de fonds de l’étranger : aides internationales qui ont pour vocation

d’appuyer les initiatives en faveur du développement du pays, ils visent à lutter contre

l’approche genre que les femmes malagasy subissent encore en leur offrant des

formations, de dons financiers…

- Les apports de l’AFD54

: c’est une autre forme de soutient dans la promotion de

l’Entrepreneuriat féminin à Madagascar par le financement des microfinances, en

2013-2014 il a subventionné de près de 20 millions d’euro.

54

l’Agence Française de Développement

Page 48: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

40

i. Pour la microfinance en milieu urbain : l’Adéfi (Action pour le Développement de et

le Financement des Microentreprises) a été mise en place en 90 par l’AFD afin de

stimuler le développement de Madagascar dans le milieu Urbain. Il finance

particulièrement les très petites entreprises Urbaines. Après une étude de l’impact du

projet sur les emprunteurs majoritaires en microfinance, les résultats ont montré

d’importante quantité de sexe féminin qui est de 58 % soit 3 596 femmes sur 6 217

clients. Le secteur de la confection est dominé à 71% par les femmes et celui de la

restauration à 69%. En 2014, l’AFD appui également les PME Malagasy par sa

collaboration avec SOLIDIS Garantie55

, cela a vraiment facilité l’accès au

financement par les femmes.

ii. Pour la microfinance en milieu rural : l’appui du programme PROSPERER56

, il est

placé sous la direction du ministère de l’agriculture et vise la promotion des

microentreprises en milieu rural au niveau local et régional. Mais l’accès au

financement des micro-entrepreneures est encore difficile à cause du modèle culturel

patriarcal dominant, mais il n’y a pas que cela, il y a aussi le manque de niveau

d’instruction, le manque de garantie, les niveaux de taux de garantie très élevé

notamment à 150%, les procédures : formalités compliquées, montant de crédit

octroyé très faible, la méfiance et l’insécurité.

II.2. Cas particulier : L’entreprise ViMa:

Présentation générale de l’Entreprise ViMa WOODS :

Nous allons procéder suivant l’importance des données et informations dont nous disposons.

II.2.1. Historique et situation juridique

ViMa WOODS a été créé le 28 janvier 1991 par Zouzar BOUKA, elle s’est spécialisée

depuis 2004 dans l’exploitation forestière et l’industrie du bois. Elle est une des filiales du

groupe Vision Madagascar (ViMa).

L’exploitation forestière et la scierie sont situées respectivement à Analamanja et à

Moramanga tandis que le siège de l’entreprise est à l’Explorer Business Park (EBP)

Ankorondrano, Antananarivo.

ViMa WOODS possède la seule forêt à vocation de production de bois certifiée FSC™

C128471 ou « Forest Stewardship Council » à Madagascar.

55

société de fonds Mutuel de garantie qui offre un accompagnement des PME malgaches pour l’accès aux

financements auprès des établissements financiers dans le BTP, le commerce ou l’agriculture 56

Programme de soutien aux Pôles de Microentreprises Rurales (MER) et aux Economies Regionales

Page 49: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

41

Cette certification porte sur deux volets, d’une part le « Forest Management » qui concerne

essentiellement la gestion durable de la forêt de pins que nous exploitons, et d’autre part, le «

Chain of Custody » ou la gestion de la chaine de production.

ViMa WOODS a comme principaux clients:

Au niveau régional :

SAGENTRA (Afrique du Sud, Seychelles),

SODICOM (La Réunion, Mayotte)

GLOBAL TRANSIT (Mayotte)

SPMI (La Réunion)

Au niveau national :

AMBATOVY

STAR S.A.

Voici les réalisations de quatre dernières années :

2012 : Obtention de certificat d’Approbation d’Ambatovy

2013 : Restructuration de ViMa WOODS et mis en place des procédures

2014 : Fusion Bois de Madagascar – ViMa WOODS

2015 : Certificat « 335 000 heures sans accident » décerné par Ambatovy

Investissements sur des matériels et aménagement de la scierie

Actualisation du plan d’aménagement des forêts

Augmentation du CA de 50% par rapport à l’année précédente

Mise à jour de procédures internes pour optimiser l’organisation

Renouvellement FSC sur 1000 ha

2016 : Remise officielle des Certificats FSCTM

ou « Forest Stewardship Council »

Acquisition d’un contrat d’un contrat de concession de 5000 ha auprès de

FANALAMANGA

2017 : Actualisation du plan d’aménagement des forêts.

Comme toute entreprise ou société qui exerce une activité économique et

commerciale, elle se doit de se conformer à la loi et aux réglementations en vigueur.

Les données administratives :

Dénomination sociale : ViMa WOODS

Page 50: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

42

Forme juridique : Société Anonyme

Statut : Privée

Capital social : 3 841 600 000 MGA

Siège social : Explorer Business Par-BP 12 128-Antananarivo 101

Numéro statistique : 01 304 11 19910 10013

Numéro d’identification fiscale : 2000 690127

Effectif : 200 employés (emploi direct et indirect)

II.2.2. Présentation des Objectifs et Activités de l’Entreprise

Nous allons voir en détail les objectifs de ViMa WOODS et ses activités.

II.2.2.1. Les activités de l’entreprise

Elle produit 7 500 mètres cubes de pins par an, soit l’équivalent de 30 hectares, et exporte

annuellement en produits finis 4 000 mètres cubes de planches traitées, de chevrons, de bois

de charpente et de palettes, principalement vers La Réunion, Mayotte et les Seychelles.

ViMa WOODS est un exploitant forestier, les produits exploités qui sont les grumes des bois

de pins sont sciés et traités en industrie pour être ensuite transformés en produits finis on peut

citer entre autre les planches, les chevrons, les madriers et les palettes pouvant répondre aux

normes européennes. Ces produits finis sont commercialisés sur le marché local et

international notamment dans la région de l’Océan Indien et l’Afrique Australe.

Les principaux produits de ViMa WOODS :

La scierie est approvisionnée en grumes de dimensions variées pour l’obtention de produits

finis de 4m et de 6m de longueur, selon les commandes reçues. Ils sont généralement :

Planches : 220 X 25

Chevrons 76 X 76

Lambourdes : 76 X 38

Elément de palette57

Palette montée

57

Planchette et chevron de dimension variable selon les palettes à confectionner

Page 51: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

43

II.2.2.2. Les objectifs de l’entreprise

Sur le plan social, ViMa WOODS a pour objectif d’entretenir des bonnes relations

pérennes avec les parties prenantes : ses collaborateurs, les populations habitant aux alentours

de ses forêts d’exploitation, ses clients en optimisant leurs satisfactions, l’Etat en suivant les

lois et réglementations en vigueur et ses fournisseurs.

Cet objectif est confirmé par le slogan de Vision Madagascar : « Créer un nouveau

Madagascar »

II.3. Structure fonctionnelle de l’Entreprise ViMa WOODS

L’existence de coordination fonctionnelle favorise la collaboration efficace entre les membres

du personnel pour atteindre les objectifs de l’entreprise. L’entreprise ViMa WOODS se divise

en quatre structures, chaque division regroupe la hiérarchie et le personnel prenant part à

l’établissement d’un processus précis, cependant les structures sont interdépendantes en tenant

compte de la prise de décision et de l’exécution.

- La direction générale qui s’occupe de la gestion des affaires générales et la

commercialisation.

- La production qui s’occupe de la transformation des bois

- La maintenance qui gère de près les moyens matériels et techniques

- L’exploitation forestière qui est chargée des entretiens sylvicoles de l’abattage du

bois et des reboisements.

ViMa WOODS compte environ 200 ouvriers comprenant les permanents, les équipes de

nuit, les temporaires en forêt et les temporaires à l’usine ainsi que les agents de chargement.

Les exigences légales en termes de loi de travail, hygiène et sécurité sont respectées.

Concrètement, la politique en ressources humaines de ViMa WOODS, calquée sur la

politique de Vision Madagascar, est basée sur :

Une politique d’embauche des jeunes

ViMa WOODS ne se base pas forcément sur le diplôme mais à d’autres critères

d’embauche tels que le savoir-faire et le savoir-être. Une forte motivation pour s’investir dans

le métier du bois est également primordiale ainsi que la polyvalence et l’honnêteté.

Page 52: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

44

Un engagement en faveur de la promotion d’emploi

ViMa WOODS cultive la mixité des équipes dans tous ses projets. Elle contribue à la

promotion de l’embauche locale et soutient ainsi l’ensemble de son personnel dans ses actions

de formation et ses politiques d’intégration.

Intégration

L’intégration du nouvel embauché se traduit par une formation sur le poste et une

évaluation par le Directeur hiérarchique à la fin d’une période déterminée.

Formation

Une grande majorité des employés de ViMa WOODS sont des ouvriers (machinistes,

agents de traitement, conducteurs d’élévateur…). Dans l’année, ils bénéficient de plusieurs

formations sur différents thèmes axés sur l’hygiène et la sécurité, la protection sociale et le

secourisme. Par ailleurs, ViMa WOODS dispose d’un programme annuel de formation.

Sécurité

Pour ViMa WOODS, le mot SECURITE s’ajoute aux trois mots d’ordre qui sont : la

qualité, le coût et le respect des délais.

Enfin, la politique en ressources humaines de ViMa WOODS s’appuie ainsi sur la

politique de prévention sécurité avec : un effort sur la formation de tous, une forte

sensibilisation sur les non qualités, les non respects des consignes de sécurité… ,une large

communication sur les efforts réalisés et un accord de règlement intérieur.

Section III:Vérification des hypothèses :

Première hypothèse : l’entrepreneuriat féminin contribue à la réduction du taux de

chômage par la création d’emploi :

Comme nous l’avons énoncé tout à l’heure, l’entreprise VIMA emploie actuellement,

200 ouvriers, elle contribue donc à la réduction du chômage grâce à ces 200 emplois créés. La

première hypothèse est vérifiée.

Deuxième hypothèse : l’entrepreneuriat féminin contribue à la croissance économique

par la création de valeur ajoutée

Page 53: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

45

Tableau 2 : Chiffres clés de l’entreprise ViMa

2015 2016 2017

CHIFFRE D'Affaire 3 684 811 069,81 4 330 150 873,99 3 970 267 305,03

DEPENSE 2 396 122 102,30 3 085 620 196,27 2 077 944 535,51

VALEUR AJOUTE 1 288 688 967,51 1 244 530 677,72 1 892 322 769,52

CHARGE PERSONNEL 422 814 175,43 599 383 856,21 469 667 410,80

IMPOT ET TAXE 8 320 258,52 296 800,00 1 277 465,96

EXCEDENT BRUT ou

EBE 857 554 533,56 644 850 021,51 1 421 377 892,76

Source : collecte de données auprès de l’entreprise VIMA

Interprétation :

L’entreprise ViMa grâce à ses activités produit d’énorme valeur ajoutée qui a augmenté de

603.633.802 ARIARY de 2015 à 2017, l’hypothèse est donc vérifiée que l’entrepreneuriat

féminin contribue à la croissance économique par la création de valeur ajoutée. La seconde

hypothèse est vérifiée.

Page 54: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

46

CHAPITRE V : Discussion, appréciation, limite et recommandations :

Section I : Discussion :

Parmi les mémoires établis par les différents étudiants concernant l’entrepreneuriat,

aucun n’a traité le cas Féminin alors il est difficile de faire des comparaisons d’étude mais ce

qui les relie c’est que l’entrepreneuriat contribue à la croissance et aussi au développement

économique aussi faiblement que ce soit et une politique de la part de l’État en faveur de

l’entrepreneuriat est sollicité.

Pour leur théorie de l’entreprise, on peut dire que les classiques exagèrent assez quand

ils ont affirmé que leurs théories étaient universelles, c’est-à-dire applicables à toute

organisation, alors que leurs analyses ont été faites chacun sur diverses parties de grandes

organisations et dans différentes situations et aussi au sein des organisations où il n’y avait

que des activités peu variées. En plus de cela le type d’organisation peut varier selon l’activité

principale d’une entreprise ainsi que de son environnement. Leur hypothèse d’universalité de

théorie est alors non fondée.

Ensuite pour les théories modernes :

- la théorisation de la firme de la part de Berle et Means se révèle insuffisante vu qu’elle ne

considère qu’un seul domaine c’est la gouvernance au sein de l’entreprise. Mais elle n’est pas

pour autant inutile puisque leur analyse a donné de nouvelles notions qui seront réutilisées

dans d’autres analyses dans les années 80.

- Pour Williamson, dans cette théorie, bien que la firme minimise les coûts de transaction

grâce à l’existence des contrats et des relations ainsi que des coopérations qui y résident, elle

engendre des coûts bureaucratiques dus par le choix de la forme d’organisation et aussi

l’inefficience des agents dans la maximisation de la production face aux agents qui subissent

la pression des concurrences au niveau du marché. Williamson a aussi manqué d’énumérer

toutes les conséquences de l’hypothèse de la rationalité limitée vu qu’il fait son choix de

forme de l’organisation après une élaboration de maximisation de coût, ce qui nécessite

l’existence d’information parfaite. S’ajoutant à cela, le théoricien ne mentionne pas la

possibilité d’établissement de relation de confiance entre partenaires au sein d’une firme mais

évoque juste la présence de comportement opportuniste. Il a donc présenté la firme en termes

d’échange et a réduit les institutions en simple système de contrat.

Page 55: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

47

- Dans la nouvelle orthodoxie Néoclassique, les fondements ne sont pas compatibles avec la

compréhension de la firme car en la réduisant en simple nœud de contrat, ils nient son

existence. Les rapports internes à la firme et externes sont également confondus, l’hypothèse

de rationalité limitée n’y est pas non plus ainsi que les rapports de force et d’autorité. Or

l’asymétrie entre les agents ne se trouve pas uniquement au niveau des informations, oui car il

existe aussi des relations de domination et de pouvoir entre eux. Les néo-classiques ont donc

négligé le rôle disciplinaire de la firme hiérarchisée.

- Les évolutionnistes refusent totalement l’idée que l’entreprise soit une simple fonction de

production ou qu’elle soit un simple réducteur de coût de transaction, pour eux c’est une

organisation, leur étude se base sur la capacité organisationnelle et donc la capacité cognitive

des individus. Mais ils négligent les formes de contrôle et d’incitation dans laquelle est

soumise la routine qui est la base de l’accroissement de l’efficacité des travailleurs et donc de

l’organisation. Ils n’énoncent pas non plus les divers conflits qui peuvent exister entre les

personnels, entre capitaliste et salarié ou même capitaliste et manager car cela risque

d’anéantir toutes leurs hypothèses.

Section II : Appréciation :

Le thème d’entrepreneuriat féminin à Madagascar, a mis en valeur l’importance que tient la

femme que ce soit en nombre ou en apport. Elle est dotée d’une compétence, d’habilité et

d’aptitude à s’adapter dans les situations aussi difficiles qu’elles soient. Créer, diriger, gérer

lui sont donc naturels, mais cela ne veut pas dire que tout est facile pour elle, elle subit toute

sorte de discrimination mais ça ne l’empêche pas d’aller jusqu’au bout de son projet. Et c’est

de ce genre de caractère que le monde de l’entrepreneuriat a besoin pour faire face à tous les

obstacles que l’entreprise pourrait rencontrer.

Section III : Limite :

Pendant l’élaboration de ce présent mémoire, il a été difficile voire même impossible de

collecter des données concernant ce thème vu que c’est un thème récent et qu’à Madagascar

l’apport du genre femme est encore assez négligé. C’est pour cette raison même qu’il a fallu

prendre un cas particulier d’entreprise pour vérifier les hypothèses.

Section IV : Recommandations :

Afin d’améliorer et promouvoir l’entrepreneuriat féminin, voici quelques

recommandations :

Page 56: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

48

De la part de l’État :

- Favoriser la scolarisation des jeunes filles ainsi que la continuité de cette

scolarisation jusque dans les enseignements supérieurs, pour mieux les

préparer au milieu du travail ainsi qu’ouvrir leur esprit pour qu’elles refusent

les soumissions qu’on les impose.

- Mettre en place des politiques en faveur de l’entrepreneuriat des femmes à

commencer par l’insertion dans les programmes scolaires et universitaires

l’initiation à l’entrepreneuriat.

- Soutenir financièrement les associations représentatives de l’entrepreneuriat

féminin pour celles-ci puissent effectuer pleinement leur rôle de soutien envers

les entrepreneures et pour qu’elles puissent revendiquer pleinement le droit des

femmes à s’égaliser avec les hommes.

- Mettre en place des politiques de formation pour les jeunes n’ayant pas eu

accès à l’éducation.

Au niveau de l’économie :

- Améliorer l’environnement des affaires : lutter contre la concurrence déloyale,

le secteur informel…

- Faciliter l’accès aux financements bancaires et aux microfinances en réduisant

les taux d’intérêts exigés par ces établissements.

- Favoriser la machinisation afin que les femmes quittent les techniques

traditionnelles.

Page 57: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

49

CONCLUSION :

Afin de promouvoir son développement économique, Madagascar doit promouvoir son

entrepreneuriat. Ce domaine est dominé par les hommes mais n’arrivent toujours pas à faire

naître une nuance de développement. Ce qui manque à ce pays est alors une production à

grande échelle, d’où la nécessité de mobilisation de toutes les ressources disponibles plus

particulièrement le capital humain. Si les femmes ont toujours été négligées dans la fonction

de production, il est désormais indispensable de les faire entrer dans le mécanisme. D’où la

question de savoir quelles sont leurs contributions pour l’économie malagasy ?

Hypothèse I : a été vérifié que l’entrepreneuriat féminin contribue à la diminution du

chômage par la création d’emploi.

Hypothèse II : aussi a été vérifiée que l’entrepreneuriat féminin favorise la croissance

par sa création de valeur ajoutée.

Si la plupart des organismes internationaux est convaincue que la promotion de la

femme dans l’entrepreneuriat est indispensable pour le développement des pays en

développement notamment Madagascar, sous quelles conditions l’entrepreneuriat féminin

arrivera-t-elle à effacer toutes les cicatrices de ces économies laissées par les diverses crises ?

Page 58: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

VIII

BIBLIOGRAPHIE

Mémoire et thèse :

- ANDRIANJAKA Maminiriniaina Jean Rolland, 2015, entrepreneuriat et

développement liens théoriques et place des MPME à Madagascar, Université

d’Antananarivo, pages 120

- Dif Aicha, année universitaire: 2019/2010, l’entrepreneuriat Féminin : cas d’Wilaya

d’Oran, université d’Oran Es-senia, pages 156

- RAJAOFERA Vony Georgette, 2001, les facteurs clés du succès de l’entrepreneuriat

à Madagascar, Université d’Antananarivo, pages 83

- RAJERISON Handrianina Stephanie , 2012, l’entrepreneuriat rural agricole : un

dispositif plausible au développement rural (cas de l’entreprise de service et

organisation des producteurs à Madagascar), Université d’Antananarivo, pages 76

- Ratovosoa Jeannet, 2013, Entrepreneuriat et Financement de la Création des MPME à

Madagascar, université d’Antananarivo. 82 pages

- RATSIMANDRESY Malala Fitiavana, 2017, place de l’entrepreneuriat dans la

politique générale de l’État à Madagascar : cas du PND , Université d’Antananarivo,

pages 40

- Tsinjo Rapatsalahy RANDRIAMANANA, 2014, entrepreneuriat, gouvernance et

aménagement du territoire, en tant que leviers de développement local, (cas des petites

et moyennes entreprises de la filière poule pondeuse dans la commune rurale

d`antanetibe-mahazaza, district d`Ambohidratrimo, région d`Analamanga.), Université

d’Antananarivo , pages 52

Articles :

- B. CORIAT ET O. WEINSTEIN, les nouvelles théories de l’entreprise pages 12

- Braidotti Rosi, Aubenas Jacqueline, Meerstx Joëlle. Pour un féminisme critique. In:

Les Cahiers du GRIF, n°28, 1983. D'amour et de raison. pp. 36-44.

- Collin Françoise, Aubenas Jacqueline, Boucquey Éliane, Cuvelliez Marie-Thérèse,

Peemans-Poullet Hedwige. Féminitude et féminisme. In: Les Cahiers du GRIF, n°1,

1973. Le féminisme pour quoi faire ? pp. 5-22.

- Filion, L. (1997). Le champ de l'entrepreneuriat : historique, évolution, tendances.

Revue internationale P.M.E., 10(2), 129– 172.

Page 59: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

IX

- Lovanirina Ramboarison-Lalao , 2015,quels financements pour l’entrepreneuriat

féminin à Madagascar De Boeck Supérieur | « Entreprendre & Innover » 2 n° 25 |

pages 35 à 48

- Marion DIEUDONNÉ, L’entreprise, la « boîte noire » de la théorie économique, BSI

economics , pages 8

Rapports :

- Bureau de pays de l’OIT pour Madagascar, les Comores, Djibouti, Maurice et les

Seychelles,Mars 2011,Consultation Nationale sur le Développement de l’Entrepreneuriat

Féminin à Madagascar.

- Pr. Claudine RATSIMBAZAFY, 2017, Les enjeux et défis de l’entrepreneuriat à

Madagascar, Rapport National Global Entrepreneurship Monitor

Page 60: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

X

ANNEXES

Annexe 1 : Évaluation croissante du PIB

Annexe 2 : structure genrée des entreprises agricoles dirigées par des menages.

Page 61: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

XI

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS ................................................................................................................................ I

LISTE ACRONYMES ............................................................................................................................ II

LISTE DES TABLEAUX ..................................................................................................................... III

LISTES DES FIGURES ........................................................................................................................ IV

LISTE DES ANNEXES ......................................................................................................................... V

SOMMAIRE ......................................................................................................................................... VI

AVANT PROPOS ................................................................................................................................ VII

INTRODUCTION ................................................................................................................................... 1

PARTIE I : ANALYSE THEORIQUE ................................................................................................... 3

Chapitre I : Notions et concepts d’entrepreneuriat .................................................................................. 4

Section I : Revue de littérature ............................................................................................................ 4

Section II : Notions et concepts : ........................................................................................................ 7

II.1. Définitions, étymologie et théories de l’entrepreneur : ....................................................... 8

II.1.1. Définitions : .................................................................................................................. 8

II.1.2. Approches théoriques sur l’entrepreneur .................................................................... 10

II.1.3 Théorie de l’entreprise : ............................................................................................... 13

II.1.3.1. Théories néoclassiques de l’entreprise : .............................................................. 14

II.1.3.2. Théories modernes de l’entreprise ....................................................................... 17

II.1.4. L’entrepreneuriat : ...................................................................................................... 24

CHAPITRE II : Féminisme ................................................................................................................... 26

Section I : Étymologie du féminisme ................................................................................................ 26

Section II : Féminisme et Féminitude ............................................................................................... 26

Section III : Théorie entrepreneuriale féminin .................................................................................. 29

III.1. La théorie de genre ........................................................................................................ 29

III.2. Entrepreneure ................................................................................................................ 29

CHAPITRE III : Synthèse ..................................................................................................................... 30

PARTIE II : ANALYSE EMPIRIQUE : Cas de MADAGASCAR ...................................................... 31

CHAPITRE IV : L’entrepreneuriat féminin .......................................................................................... 32

Section I : Apport économique de l’entreprise sur l’économie ......................................................... 32

Section II : l’entrepreneuriat féminin à Madagascar ......................................................................... 35

II.1. Cas général : ................................................................................................................... 35

II.1.1. L’entrepreneure Malagasy selon GEM/INSCAE/INSTAT : ......................................... 36

Page 62: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

XII

II.1.1.1. Les profils des entrepreneurs de 18 à 64ans : .......................................................... 36

II.1.1.2. Effet du genre : ........................................................................................................ 36

II.1.1.3. Les intentions entrepreneuriales : ............................................................................ 36

II.1.2. La perception d’opportunité de création d’entreprise : .................................................. 37

II.1.3. La situation des femmes Malagasy et son environnement : ........................................... 38

II.1.4. Les divers moyens de financement à Madagascar ......................................................... 39

II.2. Cas particulier : L’entreprise ViMa: .............................................................................. 40

II.2.1. Historique et situation juridique ..................................................................................... 40

II.2.2. Présentation des Objectifs et Activités de l’Entreprise .................................................. 42

II.2.2.1. Les activités de l’entreprise ................................................................................. 42

II.2.2.2. Les objectifs de l’entreprise ................................................................................. 43

II.3. Structure fonctionnelle de l’Entreprise ViMa WOODS ................................................ 43

Section III:Vérification des hypothèses : .......................................................................................... 44

CHAPITRE V : Discussion, appréciation,limite et recommandations : ................................................ 46

Section I : Discussion : ...................................................................................................................... 46

Section II : Appréciation : ................................................................................................................. 47

Section III : Limite : .......................................................................................................................... 47

Section IV : Recommandations : ....................................................................................................... 47

CONCLUSION : ................................................................................................................................... 49

BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................. VIII

ANNEXES ............................................................................................................................................. X

Page 63: L’ENTREPRENEURIAT FEMININ A MADAGASCAR

Auteur : RAZAFINDRALAMBO Lala Onintsoa

Titre : L’entrepreneuriat féminin à Madagascar

Nombre de pages : 49

Tableaux : 2 Figures : 3 Annexes : 2

Contact : Adresse mail : [email protected] / Tel : 0349977722

Adresse de l’auteur : IA 97 BIS 1ère

Étage ISORAKA

Résumé

L’entreprise est l’une des sources de la croissance économique ainsi que du

développement économique par sa mobilisation de facteurs de production. Promouvoir

l’activité entrepreneuriale au sein d’un pays conduit à l’accroissement de son économie. Pour

le cas de Madagascar, cette activité est déjà présente mais insuffisante d’où la nécessité d’une

production à grande échelle. Quoi de mieux que de favoriser un nouveau facteur dans

l’accomplissement de cette tâche ? La femme n’est pas un nouveau facteur étant donné que

c’est facteur qui a toujours existé mais qui a été sous-estimée pour ce qui est de l’activité

productive. Les femmes Malagasy subissent des discriminations presque dans tous les

domaines, ce qui les pousse encore plus à vouloir leur indépendance. L’entrepreneuriat

Féminin Malagasy est une source inépuisable pour le développement, d’une part car elle

assure plus ce développement par rapport aux hommes par son caractère déterminé et acharné

dans tout ce qu’elle entreprend et d’autre part car Madagascar est dominée par une population

féminine.

Abstract

Firms are one of the sources of economic growths and economic developments as they

mobilize production factors. Promoting entrepreneurial activities in a country leads to its

economic growth. For Madagascar, entrepreneurial activities already exist but are not

sufficient, that is the reason why mass productions are required. A new factor of production

would be necessary to reach for mass productions. But women have always been present in

businesses event they are under-estimated in the corporate world. Malagasy women are still

victims of discriminations in almost all fields, but that fact encourages them to seek even

more for their independance. Malagasy women entrepreneurial is a huge opportunity and

source of development growth on the one hand as they are more determined and spirited than

men in all they do and on the other hand, Madagascar is populated by much more women than

men.

Mots-clés : Entrepreneuriat, croissance économique, féminisme, développement, innovation

Encadreur : Mr RAZAFINDRAKOTO Jean Lucien