l'enseignement de sri ranjit maharaj … · fut plus tard le maître de sri nisargadatta...

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L'ENSEIGNEMENT DE SRI RANJIT MAHARAJ DEUXIÈME ÉDITION

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L'ENSEIGNEMENTDE

SRI RANJIT MAHARAJ

DEUXIÈME ÉDITION

L'ENSEIGNEMENTDE

SRI RANJIT MAHARAJ

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NOTICE HISTORIQUE

Sri Ranjit Maharaj est né le 4 janvier 1913 à Bombay. Dès son plus jeune âge il est un fervent adorateur de Krishna. À l'âge de 12 ans, il rencontre son Maître Sri Siddharameshwar Maharaj, qui fut plus tard le Maître de Sri Nisargadatta Maharaj (1879 - 1981). Sri Ranjit Maharaj ne commença à enseigner qu'en 1983, alors qu'il était âgé de 70 ans, à la demande d'un nombre sans cesse croissant de chercheurs. Il vint pour la première fois en Europe en 1986.

Sri Siddharameshwar Maharaj, le Maître de Ranjit, est né en 1888 à Pathri, petit village du district de Sholapur en Inde. Six jours après sa naissance, sa grand-mère eut en rêve la visite du Sage Siddheshwar qui lui annonça que l'enfant était sa réincarnation volontaire. Il lui demanda d'appeler l'enfant Siddheshwar et lui déclara qu'un jour il deviendrait un grand Maître. Il fut donc nommé « Sidharamappa », connu plus tard sous le nom de « Siddharameshwar Maharaj ». (Le mot « Maharaj » signifiant « Roi », au sens spirituel, étant un « titre » donné aux Maîtres de cette lignée.) À 16 ans Sri Siddharameshwar devint comptable dans une entreprise de la ville de Bijapur. C'est là qu'il rencontra son Maître Sri Bhausaheb Maharaj qui avait entrepris dès 1885 la construction d'un monastère dans le village d'Inchgiri (état du Karnataka) et qui enseignait à ces disciples le Chemin de la fourni (Pilipika marg) lequel, par une longue pratique de la méditation, mène à la Réalité suprême. Après la mort de Sri Bhausaheb Maharaj en 1914. Sri Siddharameshwar Maharaj continua à approfondir l'enseignement de son Maître. En 1918 il renonce au monde. De 1925 à 1936, il enseigne le Chemin dit de l'oiseau (Vihangam marg), Voie de Réalisation faisant appel à la compréhension, qui est plus rapide et va plus loin que le Chemin de la fourmi enseigné par son Maître. Sri Siddharameshwar mourut en 1936 à Bombay. L'essentiel de son Enseignement est exposé dans l'ouvrage intitulé : « Amrut Laya » (Absorption du Nectar).

Ranjit Maharaj, comme Nisargadatta Maharaj et Siddharameshwar Maharaj, appartiennent à l'ancienne lignée des « Neuf Sages » (Navnath Sampradaya). Le fondateur de cette lignée est le célèbre Rishi Dattatreya, à qui sont attribués les Enseignements figurant dans un ensemble de textes Traditionnels. Les neuf premiers Sages (Rishis) qui ont fondé cette lignée remontent si loin dans le temps, que leur vie n'est connue qu'au travers de récits légendaires. Par contre les derniers Maîtres de cette Tradition sont facilement identifiables, l'un d'entre eux étant Sri Samârth Ramdas (1608 - 1681) auteur du « Dâsbodh ».

Notons que les derniers Maîtres de cette lignée demeuraient dans la vie active. Ils étaient chef de famille, tiraient leur subsistance du sol ou du commerce, et transmettaient, dans un langage simple et direct un Enseignement Non-Dualiste (Advaita), éveillant les disciples à la Connaissance de leur Identité suprême.

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LE BONHEUR VÉRITABLE

Dans ce monde, toute créature vivante, humaine ou animal, s'efforce de trouver le bonheur, mais celui-ci n'est qu'un remède à la misère et la souffrance et bien que l'homme soit la seule créature capable de discriminer le bien du mal, il ignore ce qu'est le bonheur véritable.

Le cerf qui, victime d'un mirage a couru toute la journée pour trouver de l'eau se sent malheureux lorsque le soleil se couche. De même, l'homme lutte toute sa vie pour un bonheur illusoire avant de mourir dans la souffrance. Tous les êtres humains croient pouvoir atteindre le bonheur grâce à des personnes ou des objets extérieurs, mais cela en vain. Un chien, par exemple, peut s'acharner sur un os au point de faire saigner ses gencives, mais il sera quand même satisfait du goût de son propre sang. Il est en effet impossible d'atteindre le bonheur par des personnes ou des objets extérieurs et le fait même de le rechercher à l'extérieur de nous montre bien que ce n'est pas le bonheur véritable.

Pourquoi chercher à l'extérieur ce qui est en nous ? « Le bonheur ne se trouve qu'à l'intérieur de soi », je l'ai compris grâce à mon maître Shri Siddharameshwar Maharaj, le plus grand sage méconnu de notre temps. Il a toujours souhaité que les hommes soient heureux, mais n'a enseigné qu'à ceux qui lui étaient dévoués, car il n'a jamais cherché la célébrité. La présence de l'Être est le seul bon heur et la joie véritable jaillit de l'intérieur.

Je m'inclinerai devant mon maître tant que je vivrai et par sa grâce je me permets de dire que je montrerai le chemin à tous ceux qui désirent atteindre cette connaissance.

Ranjit MaharajExtrait du livre :

« La clef de la réalisation de soi »de

Sri Siddharameswar MaharajÉditions les Deux Océans 1996, page 7.

« Tant qu'il y a le corps, il y a la peur. Si Trous voulez être sans peur, soyez ce qui est sans peur, car ce qui est n'a pas de fin, la réalité ultime n'a ni fin ni commencement, elle est sans limites. Elle est si subtile que toutes les pensées et les concepts prennent fin. La compréhension de soi enlève toutes les peurs, car seule l'unité est, sans dualité. La dualité contient la peur, l'unité n'a aucune peur. »

« Votre mental change à chaque instant et ne peut demeurer calme par lui-même. Votre mental ne peut être heureux que s'il connaît sa propre source ou son propre commencement. La réalité ultime n’a ni début ni fin. Elle est sans limites. Elle est si subtile que toutes les pensées et tout les concepts s'arrêtent. La dualité contient la peur, l'unité n'a pas de peur. »

« Soyez très fort en vous-même, je vous dis que vous êtes la Réalité et que vous pouvez en faire l'expérience, essayez de l'accepter jusqu'au point où il n'a plus de limites pour vous. Vous êtes illimité, personne ne peut vous limiter, mais malgré tout vous vous êtes enchaîné vous-même. Oubliez toute limitation et soyez « Elle », la Réalité. Essayez vraiment de comprendre, si

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profondément que votre mental ne pourra s'y opposer, et là, vous pourrez contrer l'ego, autrement c'est impossible. Dès qu'un doute vous effleure (comment puis-je être cela, par exemple), vous perdez votre force. Vous avez besoin de force et de puissance pour le vaincre, ou il ne disparaîtra jamais, je vous le dis. »

« À moins de comprendre la nature irréelle d'un objet, on ne pourra jamais aspirer à la vérité des choses. Il ne peut y avoir de renonciation du non-réel, tant que l'intellect le prendra

pour absolument réel. »

Citations de Sri Ranjit Maharaj extraites des circulaires annonçant sa venue en France.

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PAROLES DERANJIT MAHARAJ

La Réalité

Les méthodes engendrent d'innombrables frustrations et ne donnent aucune satisfaction réelle. La réalité est sans méthode. L'illusion dispose de nombreuses méthodes, de nombreux problèmes, et de nombreux concepts. Pour vaincre l'illusion, ou les concepts, il faut se demander d'où proviennent toutes ces pensées. Penser concerne toujours des objets. Pour connaître la réalité dépourvue de pensée, il n'est nul besoin de penser.

L'éveil n'est rien d'autre qu'une profonde et totale compréhension. La réalité n'a pas à être atteinte, elle est déjà là. Rien n'est nécessaire au-delà de cette compréhension totale.

Tant que le corps de l'éveillé est là, il agit normalement. Il appelle « mère » sa mère et « femme » sa femme. Mais cependant, il sait. Si quelqu'un lui demande « Comment vous appelez-vous ? », il répond, mais il sait « Je ne suis pas ceci ». Une telle compréhension sans ambiguïté est nécessaire. La compréhension parfaite se nomme « Cela ». Soyez en « Cela ». Soyez comme la feuille de lotus qui pousse dans l'eau et qui vit dans l'eau, mais qui n'est pas atteinte par l'eau. Demeurez ainsi. Il n'y a rien d'autre.

Ce que vous voyez et percevez est en vous et non à l'extérieur. Vous n'êtes pas le corps. Si le mental se saisit d'une pensée et s'y attache, toute chose sera alors vue comme « autre » qu'elle (la réalité).

La peur est toujours présente en la nature humaine. Tout le monde a peur, parce que chacun croit qu'il est le corps. Le mental crée cette peur qui n'est que votre propre concept. La peur surgit dans le mental à cause de l'instabilité du monde. Chaque minute voit s'opérer des changements. Si vous allez au-delà de l'obscurité et du savoir, la peur n'existera plus. Par exemple, un écran n'a nulle peur du film projeté parce qu'un écran est stable. Ainsi, ce qui est instable éprouve toujours de la peur. Votre mental change constamment et ne peut se stabiliser lui-même. Il ne peut être heureux qu'en connaissant sa source ou son commencement. La réalité ultime n'a ni fin ni commencement ; elle est illimitée. Elle est si subtile que tous les concepts et les pensées disparaissent. La dualité contient la peur ; l'unité est dépourvue de peur.

Enlevez l'épine de l'ego. Supprimez le nom et la forme et il n'y a rien. Voyez par votre propre compré-hension que tout est illusion. Vivez-le ! Vous ne voulez pas voir parce que le mental ne vous permet pas de voir. Le mental est le seul obstacle qui vous écarte de « vous-même ». Le mental dit « c'est vrai ». Dites au mental « ce n'est pas vrai ». Comprenez le mental et alors il disparaîtra.

Celui qui cherche peut demander « Que dois-je faire ? » Ne faites rien ! Les paroles ne font qu'atteindre l'espace. Le seigneur Krishna dit dans la Bhagavad-Gîtâ : « Là d'où proviennent les paroles, Cela est mon Soi. » Dans la Bible, le Christ dit la même chose : « Connais-toi et tu connaîtras le monde ».

Allez où s'achève la pensée, allez vers Cela et vous y trouverez le Soi. Ainsi, je l'appelle toujours « le Soi sans le soi ». La réalisation du Soi est le Soi sans le soi. Tant qu'un processus de « réalisation » subsiste, soi subsiste. Les yeux ont l'habitude de voir ce qui n'est pas. Le Maître vous conduit à Cela – jusqu'à la réalité – et vous dit « Comprenez-vous vous-même »...

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Connaissance et Ignorance

Siddharameshwar donnait d'abord la connaissance, alors que nos traditionalistes affirment que le renoncement doit précéder la connaissance. Il disait que le renoncement sans la connaissance était inutile parce qu'il devenait un asservissement de l'esprit. Par exemple, lors de la préparation d'un bon repas, cela sent bon et tout le monde veut manger. Mais si vous dites aux gens, « N'en mangez pas », ils vous demanderont pourquoi. Vous leur apprendrez alors que la nourriture contient du poison. La connaissance de l'existence du poison conduit à y renoncer immédiatement. Ainsi, si la connaissance vient en premier, le renoncement suit automatiquement.

Retirez le voile de l'ignorance qui vous recouvre. Enlevez le vêtement qui vous sépare de la lumière, et la lumière est là ! Tous les jours, quand nous dormons, nous atteignons cette « fin ». Allez à cette « fin » et découvrez votre Soi. Découvrir signifie oublier votre mental, vos pensées et votre individualité.

Vous devez continuer d'avancer. Il y aura des obstacles, mais ceux-ci doivent être affrontés. Il faut résoudre les problèmes. Un problème est une pensée. Depuis votre enfance vous avez accumulé de nombreuses pensées. Qui vous a donné toutes ces pensées ? C'est votre père, votre mère, votre cercle d'amis. Tout est venu à vous. Tous sont des ignorants, aussi que peuvent-ils vous donner ? Qu'est-ce que l'obscurité peut donner à la lumière ? Dites-moi. Rien, n'est-ce pas ? Que pouvez-vous trouver dans l'obscurité ? Rien ! Toutes les pensées, toutes les habitudes ne sont pas réelles. Elles vous sont toutes venues à cause de l'ignorance. Allez à la source d'où elles s'élèvent et elles disparaîtront ! Tout l'esclavage n'est qu'un esclavage mental emprunté à quelqu'un d'autre. L'argent que vous empruntez n'est pas le vôtre. De la même manière, vous avez emprunté les pensées des autres pour en faire votre propre esclavage. Comment est-ce possible ? Débarrassez-vous de cet esclavage ! Qui vous en empêche ? Remboursez le créancier, et vous serez libéré de toutes dettes ! Vous ne devez plus avoir de dettes.

Le Maître

Comment pouvez-vous savoir que vous avez trouvé un Maître ? Il n'existe ni tests ni statistiques. Vous devez éprouver par vous-même ce que de nombreux saints et les personnes expérimentées ont écrit dans les livres de la connaissance. Un Maître dit : « Voici du sel ». Les livres aussi décrivent le sel. Mettez-le dans votre bouche et voyez par vous-même si c'est du sel. Vous devez faire l'expérience de ce que le Maître dit. Vous ne pouvez savoir qu'en « goûtant ».

En raison de l'identification avec le corps et le mental, vous dites que vous n'êtes pas parfait. Puisque toute chose disparaît dans le sommeil profond, pourquoi ne pouvez-vous pas atteindre la « fin » de vous-même ? Découvrez la source d'où surgit ce pouvoir ; c'est cela votre Soi. Il est possible de comprendre la réalité ultime à condition que le Maître vous en indique la bonne direction. Si l'adresse est inexacte, vous ne pourrez atteindre votre destination. Le Maître doit être parfait, ce n'est qu'ainsi qu'il peut vous indiquer le chemin de la réalité.

Tout le monde veut être un Maître. Même entre deux garçons, il y en aura toujours un qui voudra être le maître de l'autre. C'est la nature du pouvoir qui réside à l'intérieur de l'homme. Si vous vivez par vous-même ce que le Maître enseigne, et si vous pouvez y apposer votre propre empreinte, alors cet enseignement est authentique. Sinon, la séparation demeure entre le Maître et celui qui cherche. En vérité, il n'existe aucune dualité entre eux. La question de la peur ne se pose donc même pas. Quand on en est pleinement convaincu et que l'on sent qu'il n'y a plus rien à acquérir dans le monde, alors on éprouve une paix totale. Cette satisfaction vient à vous. Il faut d'abord le vivre par soi-même et puis en parler. Sinon, mieux vaut rester silencieux.

Il existe un dicton en Inde qui dit : « On ne peut ouvrir une épicerie avec un seul morceau de curcuma ».

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Nombreux sont ceux qui parlent de Dieu alors qu'ils ne le connaissent pas. Pourquoi ? Parce qu'ils vont toujours dans la direction opposée à la sienne. Si vous voulez aller dans les montagnes du nord et que vous vous dirigez vers le sud, comment pouvez-vous atteindre ces montagnes ? Où est Dieu et qui est Dieu ? Il faut savoir qu'Il n'est pas à l'extérieur, mais en vous ! Les pensées se dirigent naturellement vers l'extérieur ; elles doivent se tourner vers le Soi avec l'aide du Maître. Découvrez « qui vous êtes ». Lorsque toutes les pensées disparaissent, Il (Dieu) est là. Oubliez tout ce que vous avez appris jusqu'à maintenant, et Il est là. De cette façon, vous êtes en paix. La paix provient de l'intérieur de nous-mêmes. Le Christ a dit : « Connais-toi et tu connaîtras le monde ». Si vous atteignez votre véritable limite, la question de la paix ne se posera plus. Rien ne demeure ; vous êtes vous-même.

La Mort

Comprenez vous-même que la mort n'est rien. Reconnaissez que : « Je suis sans naissance, Je ne meurs pas. Je n'ai jamais pris naissance et Je ne mourrai jamais ». Retirez les crochets à venin au serpent et jouez avec lui. Vous savez alors qu'il ne peut vous faire aucun mal. Chaque fois que vous dormez, cela ressemble à une petite mort. Pourquoi avoir peur ? Il n'y a rien. Tout est illusion. Gardez juste votre esprit dans cet état dépourvu de peur. Comme vous retirez les crochets à venin, jouez ainsi avec le monde. Jouez avec l'illusion ; il n'y a aucun danger. Cela n'affectera pas votre esprit. Vivez sans crainte ; pas de mort, pas de peur, en sachant « Je suis ce réel pouvoir ». Il n'y a rien ! Qu'est-ce qui pourrait vous atteindre ?

Il faut être courageux pour vivre véritablement. Si vous êtes courageux, la peur ne demeure pas. Soyez courageux et ayez foi dans le Maître. Faites ce qu'il dit, car vous et Lui êtes un. Ôtez le voile. II est facile de quitter ce qui n'est rien, mais il est difficile de voir ce qui est, présent et que vous avez oublié. Il existe une coutume indienne qui consiste à distribuer le 13e jour après la mort de quelqu'un des sucreries à toute la famille. Qu'est-ce que cela signifie ? Ceci : la personne n'est pas morte, elle ne meurt jamais.

Article publié dans le n° 44 de la revue « Terre du Ciel »

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Comprendre l'illusion

« le plus grand jour de votre vie est celui où vous rencontrez votre maître »Ranjit Maharaj

« En plein jour, personne ne prendra une corde pour un serpent.En pleine nuit, personne ne la verra et ne la prendra donc pour un serpent.Ce n'est que dans la pénombre,au crépuscule, entre chien et loup,que peut se produire la méprise. »

Ramana Maharshi

Question – Quand je contemple ma véritable nature, je suis dans le « Je suis ». Un sentiment d'amour sans cause m'envahit alors. Ce sentiment est-il juste, ou est-ce toujours une illusion ?

Maharaj – C'est la félicité de l'Être. Vous ressentez la présence « Je suis ». Vous oubliez tout, les concepts et l'illusion, c'est un état non-conditionné. Cette félicité apparaît dans l'ignorance ou l'oubli de l'objet, mais dans la félicité, il y a toujours un léger contact de l'Être, il est touché. Après tout, cela est encore un concept. Lorsque vous êtes fatigué du monde extérieur, vous voulez vous retrouver seul en vous-même. C'est l'expérience d'un état élevé, mais toujours du mental. L’Être n'a ni plaisir ni déplaisir. Sans le « je », Je suis.L'oubli total de l'illusion veut dire que rien n'est, rien n'existe. Elle est là d'une certaine manière, mais pour vous, elle n'a plus de réalité. C'est ce qu'on appelle la réalisation, ou connaissance de soi. C'est la réalisation de soi sans le « je », sans l'expérience.Si quelqu'un vous appelle, vous répondez : « je suis là », mais avant de dire « je suis là », vous étiez. Votre sentiment d'être n'était pas là, mais lors qu'on vous appelle, ce sentiment jaillit spontanément. Ainsi, on l'appelle non-conditionné.L'illusion ne peut rien apporter de plus à la réalité, elle ne peut pas donner quelque chose « d'extraordinaire » à la réalité, car la réalité est à la base de tout ce qui est. Tout ce qui est, ce que vous voyez, les objets de votre perception, tout cela n'est dû qu'à la réalité. L'ignorance et la connaissance n'existent pas, elles ne sont pas. Alors, quelle expression pouvez-vous leur donner ?Lorsque vous donnez une expression, cela veut dire qu'il y a quelque chose d'expérimenté. Et c'est l'expérience de ce qui, en fait, n'existe pas. Dès que vous ressentez quelque chose, vous vous éloignez de vous-même, de votre Être. Vous ressentez de l'amour, cela est bien mieux que d'être dans l'ignorance, mais après tout c'est toujours un état, et un état est toujours conditionné. Le non-conditionné est sans état. Il s'agit de l'expérience de la non-existence de l'illusion. Si vous ressentez la moindre existence, c'est l'ignorance.

Cela est très subtil, l'ignorance et la connaissance sont toutes deux subtiles. C 'est difficile à comprendre, mais si vous vous adonnez vraiment à cette recherche, vous obtenez cet état.

Cela est, et a toujours été, mais vous ne le savez pas, c'est la difficulté. Il n'y a pas un seul endroit, un seul point où la réalité n'est pas. Vous expérimentez son existence à travers les objets, mais tout cela n'est rien. Elle est omniprésente, mais vous ne pouvez pas la voir. Pourquoi ? Parce que vous êtes elle-même, la réalité, comment pouvez-vous vous voir vous-

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même ? Pour voir votre visage, vous avez besoin d'un miroir.Le véritable bonheur est en vous, et non pas à l'extérieur. Dans le sommeil profond, vous êtes

heureux, vous êtes dans l 'ignorance du monde. Ainsi, le bonheur est dans l'oubli du monde. Laissez le monde tel qu'il est, ne le détruisez pas, mais sachez qu'il n'est pas. Faites toutes les choses que vous avez à faire, mais soyez toujours en retrait, détaché par la compréhension, car tout ce que vous ressentez, percevez et accomplissez est illusion, n'existe pas. Votre mental doit accepter cela. Les sages disent : « Puisque cela n'est rien, comment ce rien peut-il vous affecter ? » Mais ce que dit votre mental vous affecte, vous touche... alors que faire ? Le mental n'est rien d'autre que la connaissance. Les gens différencient le mental de la connaissance, mais cela n'est pas juste.

Il n'y a rien dans ce monde, il est l'illusion. Seule la réalité est, et lorsque vous comprenez que l'illusion est vraiment illusion, comment peut-elle vous affecter ? Comment pouvez-vous même ressentir qu'elle vous affecte ? La fleur de lotus est produite par l'eau, elle est eau, mais n'est pas touchée par l'eau. Si vous versez de l'eau sur ses feuilles, elle dérive plus loin, elle n'est pas touchée.Lorsque vous comprenez cela, rien ne persiste, rien ne reste, il n'est plus alors question d'amour. La félicité de l'Être que vous ressentez est toujours le plaisir de la connaissance. Vous devez être attentif au début, puis vous devenez la réalité elle-même, car vous êtes elle. Ainsi, il n'y a pas de mal à vivre dans l 'illusion, dans le monde, mais puisqu 'elle n'existe pas, vous n'êtes pas touché. Le lotus vit dans l'eau, mais ne s'en soucie pas.

C'est de cette manière que vous devez expérimenter votre véritable nature. Je dis expérimenter, mais là, les mots n 'existent pas, parce que cela est au-delà du néant, du point zéro, et les mots ne peuvent pas y pénétrer, ils s'arrêtent là. Dans la Bhagavad Gita, le seigneur Krishna a dit : « De là d'où viennent les mots est mon état ». Malgré tout, il était roi et gouvernait, mais il savait que rien n'était.

Vous ne comprenez pas que le rien ne peut pas vous toucher. Lorsque vous ressentez que ce rien vous touche, vous êtes dans l'illusion. C'est le plus haut point de la philosophie, et vous pouvez l'atteindre. Là où il n'y a plus ni maître ni disciple, car tous deux ne sont qu 'un. La dualité n'existe pas, seule l'unité est, et rien n'est en dehors d'elle. Ainsi, restez dans l'illusion, nais par la compréhension.

Deux hommes voulaient jouer un tour à un de leurs amis. L 'un d'eux commença à insulter l'autre, qui se mit alors à rire. Le troisième, outré, lui dit : « Comment peux-tu rire alors qu'il t'insulte ? ». Il riait parce qu'il savait que ce n'était qu'un jeu, il avait la clef du jeu, mais l'autre ne comprenait pas. De la même façon, les êtres réalisés vivant dans ce monde comprennent que tout ceci n'est rien, et que quoiqu'il arrive rien ne se passe. Ainsi, ils ne sont pas touchés. Les gens sont toujours dans la crainte de ce qui arrive ou va arriver, de ce que les autres vont dire. « Que vais-je faire ? », pensent-ils, « que va-t-il m'arriver ? » Ils se disputent ou se réjouissent. Toutes ces aliénations et ces blocages viennent du mental, mais celui qui est en dehors du cercle comprend que tout cela n 'est rien, n'existe pas, que ce n'est qu'ignorance.Il est dit que celui qui plonge dans les profondeurs de l 'océan trouve la perle. Celui qui reste à la surface est entraîné dans le tourbillon du plaisir et de la souffrance. Vous devez plonger profondément dans l'illimité, car c'est là que vous êtes. Ne vous arrêtez jamais au fini, au limité. L'or ne se soucie pas des formes qu'il peut prendre dans les bijoux, cela peut être la figurine d'un chien ou d'une divinité, il est indifférent aux formes. De la même manière, soyez indifférent aux choses parce qu'elles n'existent pas, rien ne peut vous toucher, vous êtes non-attaché. Le mental doit arriver au point de la pleine compréhension de ce qu'est l'illusion. C'est alors votre état.Rien ne reste pour celui qui a compris, il n'y a plus ni gain ni perte. Ne demandez pas si vous pouvez atteindre la réalité, car vous êtes la réalité, alors pourquoi dire « Puis-je ? » Tout d'abord, sortez du cercle, quittez toutes choses l'une après l'autre, et abîmez-vous en vous-

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même. Revenez ensuite et soyez en tout.Ce que vous avez décrit est un bon état, cela ne fait aucun doute, mais allez un peu plus loin. Lorsque le mental accepte que tout est illusion, rien que l'illusion, alors vous êtes en vous-même. Le corps et le mental sont illusions, vous devriez être heureux de savoir cela. Débarrassez-vous de cette identification. La seule chose que fait le maître, c'est de donner sa réelle valeur au pouvoir qui est en vous, auquel vous ne donnez aucune importance. Il ne fait rien de plus. C'était une pierre, et le maître révèle sa véritable nature qui est diamant. Il fait de vous-même la pierre la plus précieuse. Je suis omnipotent, omniprésent, je suis le créateur de tout ce qui est. Quand vous êtes à la base de tout, vous êtes en tout, alors même un assassin ne peut être considéré comme mauvais. Tout ce qui se passe est « mon ordre ». Soyez le maître, pas l'esclave. Vous êtes le maître.

Je voudrais savoir pourquoi certains êtres réalisés se réincarnent pour aider les autres à se réaliser.

Personne ne va, personne ne vient... Qui vous a dit ça ? Vous avez lu des livres et vous le répétez.Il est dit que le plus grand homme est celui qui meurt inconnu. Rama et Krishna étaient des « héros » secondaires. L'homme accompli vit dans le silence et meurt dans le silence. Ensuite, leur pensée travaille en quelqu'un d'autre, mais qu'ils reviennent est insensé. Personne ne va, personne ne vient. Tout n'est qu'un rêve. Dans le rêve vous devenez un grand maître, mais au réveil vous revenez à l'état ordinaire. Qui est allé là, et qui en est revenu ? Rien ne s'est passé, le concept d'un grand maître vous a effleuré, et vous êtes devenu ce « grand maître ». Au réveil vous ressentez : « Ho ! Tout cela est insensé, comment puis-je être un grand maître, je ne sais rien ? ». Et pourtant, dans le rêve, vous donniez des conférences et parliez de toutes ces choses avec aisance, mais au réveil ces connaissances s'évanouissent. Ce n'était qu'un rêve.

D'où cela est-il apparu, et où a-t-il disparu ? Quand rien n'est, tout n'est que croyances et concepts du mental. Le soi-disant sage qui dit : « je suis la réincarnation de dieu » ne le connaît pas, et ne connaît pas la réalité. Au contraire, il est l'esclave de son ego, de l'illusion. Quand la connaissance elle-même n'a pas d'entité, il n'est plus question de toutes ces choses.

Celui qui comprend se débarrasse de tout. Cet homme ressemble à un homme ordinaire, mais son coeur est bien différent. Si vous restez à l'extérieur, comment pouvez-vous comprendre ? Pour devenir le propriétaire de cette maison, vous devez y pénétrer. De la même façon vous devez pénétrez votre propre Être pour en devenir propriétaire, mais là, le « je » ne se maintient plus en tant que « je », il n'est plus question ni de maître ni de disciple. La pensée du maître peut inspirer quiconque prend un corps, parce que lui et celui qui est parti en silence sont « un ». Pénétrez le cœur de l'être réalisé, et vous ne vous maintenez plus en tant que « vous », car lui seul est. Ainsi dit-on que ceux qui enseignent sont des incarnations de Dieu. Le maître donne la connaissance à tous, mais ne lui accorde pas de valeur, car il sait que la connaissance est la plus grande des ignorances. Ainsi, ne soyez touché par rien.

Si tout est illusion, êtes-vous, vous-même, une illusion ?

Oh oui ! je suis la plus grande illusion ! Tout ce que je dis avec tant de cœur et si franchement est faux ! Mais le faux que je vous dis peut vous faire atteindre ce point. L'adresse de la personne n'est pas réelle, seule la personne est réelle. Lorsque vous arrivez à cette maison grâce à l'adresse qu'on vous a donnée, celle-ci n'est vraie que jusqu'au moment où vous entrez dans la maison. Dès que vous y pénétrez, l'adresse disparaît. Les mots ne sont rien d'autres que des indications, ils n'ont pas de réalité en eux-mêmes. Si « je » reste, je suis aussi illusion. Ne

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vous maintenez pas en tant que « je », c'est cela la grande compréhension de la philosophie. Saint Toukaram a dit : « J'ai vu ma propre mort, et ce que j'ai vu là, le bonheur qui s'est révélé, cela je le sais ». Vous devez mourir tout d'abord, « vous » veut dire l'illusion.

Ainsi ce que je dis est faux, mais vrai quand même puisque je parle de « Cela ». L'adresse est fausse, mais lorsque vous trouvez la personne, c'est la réalité. De la même façon, toutes les Écritures sacrées et tous les livres philosophiques ne sont là que pour vous indiquer ce point, et lorsque vous l'atteignez, ils deviennent non-existants, vides. Les mots sont faux, seul ce qu'ils véhiculent est vrai. Ils sont illusion, mais donnent un sens. Ainsi tout est illusion, mais pour comprendre l'illusion, l'illusion est nécessaire. Par exemple, vous ôtez une épine enfoncée dans votre doigt avec une autre épine, ensuite vous jetez les deux épines. Mais si vous conservez l'épine qui vous a servi à enlever la première, vous serez inévitablement piqué à nouveau. Pour enlever l'ignorance, la connaissance est nécessaire, mais finalement toutes deux doivent se dissoudre dans la réalité. Vous-même êtes sans ignorance, sans connaissance.

Ainsi, le maître et le chercheur sont illusion, car ils ne sont qu'« un ». Le faux ne peut être supprimé que par le faux. Si vous conservez la deuxième épine (la connaissance), même si elle est en or, elle vous piquera. L'ego est la seule illusion, et l'ego est la connaissance. On dit que pour attraper un voleur, il faut se faire voleur. Vous pourrez alors lui dire : « je sais que tu es un voleur, alors attention je suis là, tu ne pourras pas me voler ». Vous ne pouvez pas attraper le voleur, car il a quatre yeux et vous n'en avez que deux. D'un seul coup d’œil, le voleur repère les objets de valeur, et à la moindre faute d'inattention de votre part, il vous vole ! L'illusion est semblable au voleur vous devez donc être plus fort que le voleur ! Votre mental doit accepter que tout est illusion, rien qu'illusion, vous serez alors le plus « grand des grands ».

La connaissance est la plus grande chose, mais elle ne doit être qu'un remède. Lorsque la fièvre disparaît grâce au médicament que vous prenez, vous devez cesser de le prendre. Ne continuez pas le traitement, ou vous causerez plus de problèmes. La connaissance n'est nécessaire que pour supprimer la maladie de l'ignorance. Le docteur vous conseillera toujours un dosage limité !

Tout d'abord, comprenez que « je » est illusion, ce que « je » dis est illusion. Le maître et ce qu'il dit sont aussi illusion, car, en réalité, je et lui n'existent plus. Abîmez-vous en vous-même, si profondément que vous disparaissez. Autrement voici ce qui se passera : une chèvre est entrée dans votre maison, et pour la faire sortir vous ouvrez la porte. La chèvre sort, mais un chameau entre. Le chameau est juste comme l'illusion.

Ainsi, soyez en dehors de l'illusion. Quoiqu'il arrive dans l'illusion, ce n'est qu'illusion, rien ne se passe en réalité. Tellement de choses se produisent dans ce monde, naissances et morts, ce n'est qu'un rêve. Acceptez cela, votre mental ne devrait pas être « touché ».

Lorsque quelqu'un meurt, les gens pleurent, l'être réalisé ne rira pas, il gardera le silence, mais il sait que rien ne s'est passé. Rien n'est perdu, même la matière n'est pas perdue, les cinq éléments qui composent le corps retournent aux cinq éléments, et l'esprit retourne à l'esprit. Seuls le nom et la forme, qui sont illusion, disparaissent. Soyez sans forme, soyez sans nom. Si on vous demande : « Quel est votre nom ? », répondez, mais soyez conscient que : « Je ne suis pas cela ». Transcendez l'illusion, et parce qu'elle n'existe pas, elle ne se maintiendra pas. Comprenez que c'est du feu, mais ne le touchez pas, n'essayez pas non plus de l'éteindre ou vous serez brûlé, comprenez simplement.

Rien ne peut me « toucher », rien ne peut me limiter, me mesurer, m'évaluer, car tout est illusion. C'est à cause du « je » que vous ressentez l'importance. Il faut qu'il y ait un maître dans la maison pour dire : « C'est ma chaise, mes affaires, etc. ». Les choses, elles, ne disent jamais qu'elles vous appartiennent. Elles sont muettes, inanimées. Soyez muet, restez en vous-même, ne parlez pas.

J'enseigne, mais je n'ai jamais le sentiment que celui-ci ou celui-là doit comprendre, car c'est seulement par chance que l'un ou l'autre s'élève. Par sa propre chance, il trouve la clef et devient

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ainsi le plus heureux des êtres. Tout dépend de sa capacité à accepter.Vous devez toujours aller vers l'essence des choses, l'essence de ce qui est dit, le véritable

sens. Prenez l'essence de la fleur et soyez heureux, mais sachez que l'essence elle-même est aussi illusion.

Si un mendiant demande de l'argent à un être réalisé, que fera-t-il ?

C'est son choix, il donne ou ne donne pas parce que, après tout, c'est encore l'illusion. Il peut paraître sans merci au point de ne pas donner de l'eau à un malade qui gémit : « de l'eau, de l'eau ! » Il ne donnera pas, car cet homme va mourir de toute façon. En lui donnant de l'eau, il respire un peu plus longtemps et souffrira davantage. Vous pensez être bon en lui donnant de l'eau, mais vous ne faites qu'accroître sa souffrance. Parce qu'il est dans l'ignorance, il veut vivre plus et plus, mais que va-t-il obtenir en respirant un peu plus ? Il aura plus de souffrance. Ainsi, je ne vous conseille pas d'être sans merci, mais gardez cela au fond de votre cœur. Donnez-lui de l'eau si vous voulez, mais sachez que vous lui donnez plus de souffrance. Celui qui croit avoir fait une bonne action se trompe.

Si vous donnez cent francs à un mendiant, il ne sera pas plus riche le lendemain, il continuera à mendier, car cette habitude est si ancrée en lui que c'est devenu une seconde nature. Tous les hommes mendient pour obtenir le bonheur depuis leur naissance, et finalement ils meurent sans jamais l'atteindre. Même lorsque vous allez prier à l'église ou au temple, vous vous faites mendiant devant Dieu, d'abord vous mendiez pour vous, puis pour votre femme, vos enfants, etc. Ainsi, vous quémandez d'abord pour vous, et ensuite pour les autres. Tout le monde recherche le bonheur, mais vous ne l'obtenez pas, car votre méthode pour l'atteindre est fausse. Soyez toujours sur le chemin que le maître vous indique et vous serez un avec lui.

L'habitude n'est rien d'autre que le résultat d'un mental étriqué. Le mental est la connaissance, et lorsque celle-ci pénètre le corps physique, elle prend forme de passions et d'habitudes. Ces habitudes et ces passions vous rendent malheureux. Aussi, soyez attentifs, entrez dans la prison, mais sachez que vous n'êtes pas le coupable. Restez dans le monde en sachant que rien n'est vrai. Ne créez pas les passions, comprenez ce qu'elles sont, et vous serez libre dans la vie, tant que le corps se maintiendra. Un jour, il se désintégrera, mais personne ne naît, personne ne meurt.

Béni soit celui qui s'accomplit. Accomplissement veut dire compréhension, et si vous comprenez l'illusion, vous serez toujours heureux.

Article publié dans le n° 43 de la revue : « 3° Millénaire »

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Au delàdu point Zéro

« La découverte de votre véritable nature est la chose la plus facile, puisque vous êtes cela ».Siddharameshwar Maharaj.

« La philosophie est la chose la plus facile et la plus difficile à la fois, parce que vous n'arrivez pas à l'accepter. C'est toujours pour quelque chose qui n'est pas, qui n'existe pas, que

vous devez faire des efforts ».Ranjit Maharaj

Question – La personne qui est la réalité est dans un bonheur-joie très grand. Donc la réalité s'exprime à travers une grande joie, un grand amour, est-ce toujours une illusion ?

Maharaj – La réalité est toujours réalité, identique à elle même, donc pourquoi parler de son expression à travers la félicité ? Par exemple, si vous avez oublié votre porte-monnaie et que quelqu'un vous le rend, vous êtes heureux, mais en fait il ne fait que vous rendre ce qui vous appartient. C'est un état de joie passager, mais si vous comprenez correctement, cela n'a rien à voir avec la réalité. Vous ressentiez seulement que la réalité était perdue, mais elle n'est jamais perdue, ce sentiment n'est dû qu'à l'ignorance, et lorsque vous vous êtes retrouvé, il n'est plus question de joie. Donc cette expression de la félicité est aussi illusion, car qui exprime cette joie ? La réalité est une.

C'est parce que vous vous êtes oublié que cette question de la félicité se pose pour vous, mais même dans l'ignorance vous êtes le même, identique à vous-même, jamais vous n'êtes altéré. Les nuages sont là, vous ne pouvez pas voir le soleil, les nuages disparaissent, pourquoi le soleil devrait-il être heureux ? Le soleil n'a pas à se soucier de quoi que ce soit. Quand les nuages étaient là, personne ne le voyait, mais lui, était en lui-même. Donc la joie et la paix que vous ressentez à la disparition des nuages sont aussi illusion, car le soleil n'était jamais recouvert par quoi que ce soit, seulement vous ne pouviez le voir. Pourquoi devrait-il ressentir de la joie ? La joie et la félicité sont toujours des symptômes de l'illusion. On vous rend votre porte-monnaie, mais il était déjà à vous.

« La joie et la félicité sont toujours des symptômes de l'illusion. »

Il est vrai que c'est par la grâce du maître que vous vous retrouvez ainsi, mais le maître ne ressent pas que c'est grâce à lui. Vous le respectez pour cela, car il a fait disparaître l'illusion, mais s'il en prend la responsabilité, « j'ai fait » cela veut dire qu'il n'est pas réalisé. Vous avez oublié que c'est l'illusion et il vous le dit, mais la réalité, elle, est toujours réalité.

Vous ressentez que vous êtes limité, aliéné, mais vous ne l'êtes jamais, c'est à cause de l'ignorance que vous vous sentez emprisonné dans la souffrance, mais les problèmes sont illusion, ils n'existent pas. Et si jamais le malheur et les problèmes viennent à vous dans cette illusion, acceptez-les, car c'est ainsi que l'ego disparaîtra. Mais l'ignorant n'accepte jamais que le malheur l'approche, alors que celui qui comprend dit : « que tous les malheurs viennent à

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moi », parce qu'il sait que c'est ainsi que l'ego disparaîtra le plus rapidement. L'ego est toujours à la recherche de ce qui est positif pour lui : « je dois être respecté, aimé, reconnu... » Lorsque par la compréhension il est blessé, vous ne devriez pas ressentir cette blessure, car l'ego est un problème pour vous, alors laissez-le mourir, s'il meurt c'est pour le mieux, c'est l'illusion qui meurt. Si l'ego meurt, soyez heureux, exprimez même extérieurement votre joie, car l'ennemi a disparu.

J'ai entendu dire que l'évolution de l'humanité était de faire du « je » un « nous », la conscience individuelle doit devenir la conscience universelle. Est-ce vrai ?

En effet, c'est un malentendu qui vous fait croire que vous êtes une entité séparée. Tout le monde fonctionne avec la conscience, et vous également. Si vous comprenez que vous n’êtes pas le corps, votre conscience devient universelle. Toute limitation disparaît. Si vous cassez le vase, l'espace contenu dans le vase devient grand comme l'espace de la pièce, et si vous brisez les murs de la maison, il devient l'espace cosmique entier, mahadakash. De la même façon, si la conscience de l'ego (je suis celui-ci, celui-là, etc.) est brisée vous devenez la conscience universelle, le tout. Mais ici vous devez comprendre que cette conscience est aussi illusion, ignorance. En effet, c'est la source de la conscience qui, elle-même, a pour origine l'oubli ou l'ignorance de la réalité finale. Vous devenez donc la création tout entière, la conscience-connaissance du monde, niais c'est encore l'illusion. Cet ego qui devient la conscience universelle est le pire des ego : « Je suis le créateur du monde, je suis omnipotent, etc. ». Mais ce que le créateur crée est illusion !, alors quelle en est l'utilité ? La connaissance crée encore plus d'illusion, d'ignorance. Cette compréhension doit mûrir pour se dissoudre dans la réalité. Dans la réalité finale, il n'y a ni conscience ni connaissance ni ignorance, et c'est ce que vous êtes, votre véritable nature. C'est à cause de l'ignorance que vous dites : « je suis ceci, cela », et c'est toujours à cause de l'ignorance que vous dites : « je suis la conscience ». C'est l'obstacle sur le chemin de la réalité.Ainsi cette affirmation : « la conscience individuelle doit devenir universelle », est correcte, mais vous devez bien la comprendre, jusqu'au bout. Si vous dites : « Je ne suis pas cette petite créature, je suis omniprésent ». Réfléchissez, « où ne suis-je pas ? », vous êtes autant dans l'ignorant que dans celui qui a la connaissance. Toute créature du monde a cette conscience-connaissance, alors pourquoi devrais-je dire : « je sais, j'ai réalisé, etc. » ? Cela ne fait que nourrir l'illusion.Il est juste de dire que la conscience individuelle doit devenir conscience universelle, mais ici le mental vous fait obstacle, car il comprend que là est sa mort.Brisez les limites que vous avez vous-même créées par votre propre pensée. Ressentez que vous êtes le créateur du monde et que vous pouvez aussi le détruire. Brisez les limites imposées par l'illusion et vous devenez la réalité. Elle est unique, non-duelle. Pourquoi l'océan devrait-il s'inquiéter des bulles qui apparaissent à sa surface ? Il sait qu'elles sont lui-même, il est dans chaque bulle. Il est toujours identique à lui-même, et ne perd jamais rien. De même, la réalité finale est toujours identique à elle-même et ne peut être altérée par quoi que ce soit, rien ne peut lui arriver, elle ne peut ni être augmentée ni diminuée, etc. Seule l'illusion de l'ego vous la cache, mais le soleil n'a pas à se soucier des nuages, car ils ne peuvent l'empêcher de briller. Ainsi la réalité n'a rien à voir avec l'illusion de l'ego qui vous a rendu si petit. Tout comme l'écran de cinéma ne se soucie pas de savoir si le film projeté sur lui est bon ou mauvais. Il n'y a ni bien ni mal pour celui qui est hors du cercle de l'ignorance. L'être réalisé vit dans le monde, mais n'est jamais touché par lui. Pourquoi n'est-il pas touché ? Parce qu'il sait qu'il est illusion. Ce qui n'est pas vrai, comment cela peut-il vous toucher ? À cause de l'ignorance, vous dites être touché par le monde, mais si vous vous réveillez, plus rien ne vous trouble, plus rien ne vous affecte.

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Dans un rêve un lion apparaît et vous êtes effrayé, mais si à ce moment-là vous vous réveillez, où disparaît la peur ? De même, vous pleurez lorsque votre ego est blessé, mais au réveil tout disparaît instantanément. Si votre ego est blessé, sachez que vous avancez sur le chemin. L'ignorant pleure lorsque sa maison est détruite, mais l'être éveillé dit : « maintenant le monde entier est mien, je peux dormir n'importe où ». Ainsi toutes les limitations et aliénations disparaissent de votre mental.Être la conscience universelle (et donc le mental universel) est un bon signe. Mais ici, sachant que vous êtes en tous, si vous essayez d'exercer ce pouvoir en connaissant, par exemple, le mental des autres, vous retomberez dans l'illusion. Les ignorants seront impressionnés par votre pouvoir de prédiction ou votre faculté de lire dans les pensées des autres, mais l'ego se renforce ainsi, car il dit : « j'ai la connaissance, les autres sont ignorants ». Donc, comprenez bien que la conscience universelle vous apportera plus de problèmes dans ce cas, car la nature de la conscience c'est l'expansion, c'est de connaître de plus en plus. Comprenez que vous êtes la conscience universelle, mais n'essayez pas d'user de ce pouvoir ou l'ego reviendra avec force, et alors que vous étiez proche de la réalité, vous vous en éloignez terriblement.Quand le pouvoir est à votre disposition le mental se renforce et s'empresse de l'utiliser abondamment : « je peux faire ceci, cela, je vois ceci, cela, je peux faire pleuvoir, etc. ». Lorsque cette ouverture se fait en vous (le pouvoir créateur), vous savez que : « je suis le créateur, c'est ma volonté, etc. », mais si cette compréhension reste au niveau du « je », c'est l'ego. Ainsi quels que soient les pouvoirs qui viennent à vous, ne les utilisez pas. L'être réalisé dit : « je sais que je ne sais pas ». En effet, si vous dites « je suis le tout, je connais le mental de tous », c'est toujours l'ego, et lorsque le pouvoir est là, on a toujours le désir d'en faire usage. À ce niveau, soyez très vigilant, n'acceptez pas l'ego du pouvoir, la conscience universelle est un bon signe, mais sachez que l'être universel est aussi illusion. Le danger est de penser que vous êtes tout puissant, laissez toutes ces choses être, mais comprenez que rien « n'est ». La conscience universelle signifie « la grande illusion ». Acceptez la grande illusion veut dire s'attirer de grands problèmes. Celui qui porte la couronne porte le poids des problèmes.Pour faire sortir une chèvre qui est entrée dans votre maison, vous ouvrez grand la porte, la chèvre sort, mais un chameau rentre !Soyez très prudent à ce point. Pourquoi maîtriser l'illusion ? L'illusion qui n'est rien, cela veut dire maîtriser « rien », donc où est la maîtrise ? Ainsi, quelle est l'utilité de la conscience universelle ? Sachez que ce n'est rien, « tout » n'est « rien », la conscience elle-même n'est pas vraie. Immerger votre ego, n'ayez pas peur de lui. Celui qui dit : « je suis tout puissant, j'ai tout pouvoir etc. » souffle de sa trompette dans le désert.Sortez de l'ego, ne soyez pas trop grand, ou comme le ballon que l'on gonfle à l'extrême, vous éclaterez. Dès que le mental affirme : « ça, c'est vrai ! », contrez-le et dites : « non c'est faux », ne laissez pas votre ennemi entrer chez vous. Quand vous vous ouvrez à la connaissance, vous avez l'impression de tout pouvoir connaître, mais faites attention, connaissez d'abord votre propre mental ou vous vous oublierez, et c'est cela le but de l'illusion. Vous serez alors comme sous l'emprise d'une forte émotion, vous ferez les pires choses que vous ne pensiez pas être capable de faire.J'ai entendu parler d'un sage à Bombay qui faisait des miracles, il pouvait marcher sur l'eau ou traverser un feu sans être brûlé, etc. Mais un jour (ce jour arrive toujours), ses pouvoirs n'ont plus fonctionné et les gens se moquèrent tant de lui qu'il finit par se suicider. Les ignorants peuvent rendre un sage fou ! Il est devenu leur proie. Les ignorants colportent toutes sortes de fausses idées concernant les sages, par exemple : un sage ne devrait pas ressentir la douleur. Mais le sage est vivant, il n'est pas un cadavre et doit donc ressentir la brûlure au contact du feu. Le sage ressent la douleur, mais il sait que c'est son corps qui la ressent et pas lui-même, car il n'est pas identifié au corps. Mais si le soi-disant sage dit qu'il ne ressent pas la douleur, c'est toujours l'ego qui parle. Ce corps n'est pas un cadavre, il est vivant, ainsi la douleur doit être

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ressentie. Tant que le courant électrique est connecté, l'ampoule doit donner la lumière. De même pour le corps, tant que le pouvoir interne est connecté au corps, il doit ressentir la douleur.Certains sages se laissent aussi prendre à ce piège, s'ils pensent effectivement qu'ils ne doivent rien ressentir.Jani était une pauvre servante, mais c'était un être éveillé. Elle vivait dans un village et, comme tout le monde, mettait les bouses de vache à sécher sur son mur au soleil pour ensuite les utiliser comme combustible. Son voisin, qui était toujours contre elle, les lui vola un jour. Jani alla se plaindre au juge du village, qui lui rétorqua : « comment peux-tu reconnaître celles qui t’appartiennent ? » Elle répondit : « approchez-les de votre oreille et si vous entendez le nom de Dieu, Vitthal, cela veut dire qu'elles m'appartiennent ». C'est ainsi qu'ils confondirent le voleur. Bien sûr les gens se demandent comment une bouse de vache peut parler, mais en fait c'est le propre pouvoir de Jani qui a parlé, car elle était en toute chose. Tout ce qui dit : « je suis la réalité » est mien, et ce qui dit : « je suis le corps » n'est pas mien. Elle avait une foi entière en Dieu et son propre pouvoir était en tout.Celui qui comprend dit : « je ne suis pas le corps », le corps n'est rien d'autre qu'une bouse de vache. Si la connaissance « je suis la réalité » vous pénètre, tout est vôtre, car ce pouvoir est en vous. Ne dites pas que seuls les êtres réalisés sont grands, car vous-même êtes grand. Le Christ a dit « je suis Dieu », si vous comprenez que vous n'êtes pas le corps vous êtes aussi grand que lui. Mais l'ignorant ressent toujours son impuissance : « oh, il est si grand et moi si petit ! ». C'est l'ego qui vous fait croire que vous êtes une petite créature, vous êtes aussi puissant que le Christ, mais vous ne le comprenez pas, ôter cette fausse idée de votre mental. « Je suis la réalité ». C’est cette compréhension que vous devez avoir. C'est cela que le maître veut vous faire comprendre, et c'est ce que j'enseigne, rien d'autre.Mais ensuite, quel est le sens de la compréhension ? Comprenez et soyez cela.Si l'ego vient en travers de votre chemin, écrasez-le, laissez les autres faire leurs commentaires. Dès que vous comprenez que vous n'êtes pas un mendiant, vous devenez riche instantanément. Vous avez tous le plus haut pouvoir en vous-mêmes, accueillez-le. Le mental doit accepter cela entièrement, et si vous l'acceptez de toutes vos forces, comment l'illusion pourrait-elle résister ? Ce qui n'est rien ne peut résister. Le problème est que vous n'avez toujours l'habitude de pleurnicher : « oh, je ne peux pas faire ceci, cela », et ça, c'est l'ego, c'est Maya, l'illusion. Soyez très fort en vous-même, je vous dis que vous êtes la réalité et que vous pouvez expérimenter cela, essayez de l'accepter jusqu'au point où il n'y a plus de limites pour vous. Vous êtes illimité, personne ne peut vous limiter, mais malgré tout, vous vous êtes enchaîné vous-même. Oubliez toute limitation et soyez « Elle », la réalité. Essayez vraiment de comprendre, si profondément que votre mental ne pourra s'y opposer, et là, vous pourrez contrer l'ego, autrement c'est impossible. Dès qu'un doute vous effleure (comment puis-je être cela, par exemple), vous perdez votre force. Vous avez besoin de force et de puissance pour le vaincre, ou il ne disparaîtra jamais, je vous le dis.Seul le pouvoir de la compréhension peut le vaincre : « que le monde aille au ciel ou en enfer, je n'en ai cure ». Soyez déterminé à ce point. Mais vous avez peur de l'illusion, alors que faire ? Pourquoi le rien vous fait-il peur ?Tous les gens qui viennent à moi récitent la même litanie : « je vis dans la peur, je suis impuissant face à tout cela, je ne peux pas faire ceci, je ne peux pas faire cela, que puis-je faire ? », etc. Oubliez tout cela.Dans un texte indien, il est dit que l'homme peut s'enivrer pour quelques roupies avec un verre d'alcool. Ce pouvoir le fait danser et délirer : « je suis le roi, je suis le tout ! », c'est sous l'effet de l'ignorance. Mais si sous l'effet du pouvoir de la connaissance donné par le maître, l'homme dit la même chose, est-il possible de le contrôler ? Le pouvoir que vous avez alors est bien plus grand que celui de l'alcool. Ce pouvoir, l'effet de la connaissance, doit pénétrer le mental : « je

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suis la réalité ». Si vous comprenez correctement, rien ni personne ne pourra vous arrêter, à l'instar de sainte Jani qui a déclaré avec force : « là où vous entendez le nom de Dieu, cela m'appartient ! ». Donc si je vous dis que vous êtes la réalité, vous devez l'accepter, ayez cette force en vous.Le problème, c'est que vous ne l'acceptez qu'à moitié, car votre ego ne vous autorise pas à aller trop loin, cela veut dire que vous ne buvez pas le verre de vin jusqu'au bout. Un pauvre homme ne dira jamais « je suis un roi », s'il ne boit pas. Celui qui boit le vin de la connaissance dit : « je suis la réalité », personne n'a pouvoir sur lui. Soyez fort et n'ayez peur de rien ni de personne, car tout n'est rien, alors comment le rien peut-il vous effrayer ?Tellement de gens disent avoir eu ces expériences, puis être happés par le monde à nouveau, mais qu'est-ce que le monde ? Le maître vous dit que le monde n'est qu'illusion, alors pourquoi s'inquiéter ?Ensuite, si vous vous souvenez du monde comme d'un rêve, il n'y a pas de mal à cela. Si vous avez un cauchemar, au réveil, en vous souvenant du mauvais rêve, vous ne ressentez plus rien, car vous savez qu'il n'a plus de prise sur vous. Si vous tuez quelqu'un dans un rêve, vous n'endossez pas la responsabilité au réveil. Le monde est illusion, alors pourquoi s'inquiéter ? Si cette détermination vous pénètre, personne ne pourra vous arrêter. Sinon cela veut dire que vous donnez la préférence à ce qui n'est rien, et vous devenez petit. Vous devez avoir le courage d'accepter ce que dit le maître et ensuite agir en conséquence.Quand vous jouez aux cartes, il y a un roi et une reine, mais sont-ils réels ? Ils le sont seulement sur le papier, c'est votre concept qui les sacre roi, reine, mais ils n'ont aucun pouvoir. De la même façon, ce monde n'est pas réel, donc que peut-il vous faire ? Ayez cette conviction et cette détermination en vous.Les soi-disant sages qui vous donnent des méthodes à suivre ne font en fait que renforcer l'illusion en vous. Vous allez voir un maître pour sortir de l'illusion, et il vous y plonge davantage. Ce ne sont pas de véritables maîtres, et dans ce cas il vaut mieux rester dans l'ignorance que d'avoir un faux savoir.Comprenez et soyez cela (la réalité).

Maharaj, si le corps souffre vous dites : « le corps souffre, mais je ne souffre pas », est-ce correct ?

Oui, le corps souffre, mais je ne souffre pas. Si votre voisin a des problèmes, vous dites : « mon voisin a des problèmes », mais vous, vous ne ressentez rien, de la même façon considérez votre corps comme votre voisin, et ainsi les problèmes de votre corps sont les problèmes de votre voisin. C'est quand vous dites « je suis le corps » que vous souffrez. Si le corps est brûlé, c'est le corps qui ressent la brûlure, pas vous. Quand vous êtes anesthésié lors d'une opération, où disparaît la douleur ? La douleur est là, mais le mental dort, il oublie. Au réveil, le contact avec le mental fait resurgir la douleur. Le corps a la douleur, pas moi ; ainsi désidentifrez-vous du corps. Ce corps étant vivant, il doit ressentir la douleur, autrement c'est un cadavre. Un jour Kabir fut mordu à la jambe par un chien. Ses disciples s'affolèrent : « oh Maharaj, que vous est-il arrivé ? » Kabir répondit : « le chien sait, le corps sait, pourquoi devrais-je savoir ? » Mais puisque vous vous identifiez au corps, vous acceptez la douleur comme étant vôtre. Kabir savait que la morsure était faite au corps et non à lui, il considérait son corps comme son voisin. C'est seulement parce que vous acceptez « je suis le corps » que vous souffrez, c'est l'ego. Le sage dit : « laissons les choses se faire », quand votre voisin meurt vous n'êtes pas affecté. Mais votre corps est la chose la plus précieuse pour vous, vous refusez sa disparition, sa mort. L'être réalisé dira : « oh comme c'est bien, les problèmes s'en vont ! », car le corps est un problème, rien d'autre. Si un abcès pousse sur votre jambe, par exemple, vous demandez au médecin de l'enlever, n'est-ce pas ? alors que cet abcès fait partie de votre corps. Mais parce qu'il vous fait

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souffrir, vous êtes prêt à vous en séparer. De même si vous comprenez que le corps n'est qu'un abcès qui a poussé sur vous, vous serez très heureux à sa disparition. Mais puisque vous vous identifiez au corps, à sa mort vous souffrez, vous refusez qu'il disparaisse.L'éveillé dit aussi : « en ce moment même, mon corps est un cadavre, il ne fonctionne que parce que le pouvoir est connecté ». Quand l'ampoule est grillée, vous la jetez, l'électricité ne fait pas objection, elle ne s'en fait absolument pas. Ainsi soyez vous-même ce pouvoir interne, et alors la mort ne sera rien pour vous. Comprenez que le corps est mort en ce moment même.Par ces deux chemins, vous pouvez comprendre, c'est dans la nature de la connaissance d'être duelle.Le corps est un instrument, vous devez savoir comment l'utiliser. Si vous l'utilisez pour comprendre la réalité, vous devenez vous-même la réalité. Si vous dites : « je suis le corps », vous allez en enfer. Enfer veut dire « poubelle », car le corps n'est rien d'autre qu'une usine à détritus. Ne soyez pas propriétaire d'une usine à détritus, mais propriétaire de la réalité.

Comment se purifier, se débarrasser de l'ego dans la quête de la réalité ?

L'ego est ignorance, c'est par la connaissance que vous pouvez supprimer l'ignorance. Quand l'ego disparaît, la connaissance reste, mais cette connaissance est aussi un état. Vous devez dis -soudre cette connaissance dans la réalité.Tout ce que le mental a accumulé et accepté comme étant vrai, durant tant d'années, comprenez que tout cela est faux. Vous croyez en la vérité de ce que vous dites, mais cela à tort. C'est à cause de la connaissance que vous avez ce sentiment, mais la connaissance est aussi un effet de l'ignorance. D'où apparaît cette conscience-connaissance ? Du point zéro. Donc son point de départ est le néant, tout comme dans le sommeil profond vous êtes dans l'ignorance, soudain une pensée jaillit et le rêve se déploie. Tout ce que vous avez acquis par la connaissance n'est rien d'autre qu'illusion. Ne faites rien, mais comprenez où est la réalité. Quand vous ne ressentez rien, elle est là, et bien sûr vous êtes tentés de dire : « la réalité est donc ce néant ! » Non, car elle est au-delà du point zéro.Tout ce que vous voyez et percevez est faux. C'est dans cette compréhension que le mental est purifié. Comment le mental est-il devenu impur ? C'est parce qu'il considère le monde comme réel. Il prend le reflet pour vrai, et donc la réalité est perdue. Le monde n'est que le reflet de la réalité, et un reflet n'est pas vrai. Supposez que vous voyez votre visage reflété dans un miroir, le réel c'est votre visage et non pas son reflet, mais si vous dites que le reflet est la réalité, vous êtes perdu. Si vous comprenez que le reflet est faux, vous êtes la réalité. C'est cela, la purification du mental : « tout ce que je vois et perçois est faux ». Mais en fait, comment le mental peut-il être purifié ? Il est lui-même un concept, et comment un concept peut-il être vrai ? Ce qui n'est pas vrai est toujours impur. Tout est surimposé à votre véritable nature, mais vous, la réalité, n'êtes jamais altéré. Vous êtes si clair, si pur. Ainsi, le mental considère tout comme étant vrai, et c'est cela l'impureté, mais dès que vous acceptez que tout est faux, le mental lui-même disparaît.Le mental n'est rien d'autre que votre pensée, cela peut être une pensée de Dieu ou une pensée impure, mais la pensée est une, elle n'est toujours qu'une pensée. Elle vient (naît) de la connaissance. Donc oubliez la pensée, oubliez la connaissance, et vous êtes. Vous prenez le faux pour le vrai et le vrai pour le faux, c'est cela le mental, c'est cela l'impureté. Comme à la cour de justice, vous jurez sur la Bible de ne dire que la vérité, rien que la vérité, et en fait tout ce que vous dites est faux ! Que faire ? C'est en effet dans la nature du mental de ne voir et de ne dire que le faux. Ainsi l'on peut dire que la pureté du mental n'est rien d'autre que d'oublier le mental, car il n'existe pas, il n'est que concept. C'est en oubliant le mental que vous êtes la réalité. Mental veut dire pensées, quand elles disparaissent, vous êtes.

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Vous parlez de ne rien faire, d'être dans le non-agir ; mais pour moi c'est la chose la plus difficile à faire ; mon mental est toujours actif, que faire ?

Oubliez votre mental, est-ce que vous pensez dans le sommeil profond ? Faites-vous quoi que ce soit ? Non, alors pourquoi dites-vous qu'il vous est impossible de ne rien faire ? « De la même façon, lorsque le corps et le mental sont là, ne faites rien. Mais le problème, en effet, c'est que dans l'état de veille, vous voulez toujours faire quelque chose. Vous ressentez que vous agissez, alors qu'en fait vous ne faites rien. Tout comme dans le rêve, vous pensez agir, mais au réveil vous savez bien que vous n'avez rien fait. De même ici, dans l'état de veille, si vous vous réveillez, vous comprenez que vous n'avez rien fait. Vous dites vous-même : « bien que j'aie eu l'impression d'agir, je n'ai rien fait ». Le mental est toujours en action, mais laissez-le s'éteindre, car quand le mental disparaît, il n'y a plus d'action. Ainsi soyez non-mental, et la réalité est. Le problème est que voulez être non-mental tout en persistant à être dans le mental, est-ce possible ? Vous êtes dans l'action à cause de l'ignorance. Dans l'état de veille, vous devez parvenir au non-mental par la compréhension que tout est illusion. Cette compréhension n'est pas action, elle n'est pas dans le « faire », l'ignorance c'est de penser que vous agissez. Si vous tuez quelqu'un dans un rêve, endossez-vous la responsabilité de cet acte au réveil ? Vous êtes certain de n'avoir tué personne, et pourtant dans le rêve cette expérience semblait réelle. Ce que vous faites n'est de toute façon rien, donc ne faites rien ! Pour vous, c'est-à-dire votre véritable nature, il n'y a rien à faire, car vous êtes là, toujours et partout. Tout peut être perdu, mais vous, vous n'êtes jamais perdu. Ainsi mon maître, Siddharameshvar Maharaj, disait : « Vous déclarez au poste de police que vous avez perdu quelque chose : votre argent, votre enfant ou votre femme, etc., mais jusqu'à présent personne n'a jamais déclaré s'être perdu lui-même ! » Même dans l'ignorance vous ne le dites jamais, car si vous le dites, le policier vous répondra : « mais vous êtes là devant moi !, comment pouvez-vous être perdu ? » Ainsi vous n'êtes jamais perdu, alors pourquoi faire quoi que ce soit pour vous retrouver ? C'est toujours pour quelque chose qui n'est pas (qui n'existe pas) que vous devez agir, pour ce qui est toujours là il n'y a rien à faire. La philosophie est ainsi : c'est très facile et très difficile à la fois, parce que vous n'arrivez pas à l'accepter. En agissant, vous êtes dans la servitude ; en ne faisant rien, vous êtes libre. Bien que j'agisse, je n'agis pas.C'est cela le véritable Samadhi. Samadhi veut dire : « tel que je suis », et dhi signifie : « avant. » Vous êtes cela, mais vous persistez à dire : « je fais » ! Cette ignorance ne peut être supprimée qu'en « ne faisant rien », oubliez tout, car rien n'est. Ainsi tout disparaît, rien ne persiste, exactement comme en vous réveillant du rêve, vous dites : « je n'ai rien fait ». Comprenez que tout ce que vous voyez et percevez n'est qu'un rêve. Du sommeil profond une pensée surgit et le rêve apparaît, vous ressentez que vous agissez dans le rêve, mais en fait vous ne faites rien. Si, à l'état de veille, vous comprenez que bien que j'agisse, je n'agis pas, vous êtes alors la réalité. C'est cela, l'astuce du yoga. Si vous croyez être l'agissant, vous êtes perdu, car vous considérez l'illusion comme étant vraie.

Vous écouter, est-ce faire quelque chose ou est-ce ne rien faire ?

Vous ne faites rien, car tout étant illusion, écouter est illusion, et ce que je dis également, mais pour qui je parle cela est vrai. Parler est aussi illusion, je peux vous dire que tout ce que je dis n'est que mensonge, mais ce dont je parle, c'est-à-dire la réalité, cela est vrai. Les mots sont faux, car ils ne peuvent atteindre la réalité, toutefois c'est par leur intermédiaire que vous pouvez comprendre. Tout comme l'adresse écrite sur le papier n'a aucune réalité, seul l'endroit désigné est vrai, et dès que vous l'atteignez, l'adresse n'a plus d'utilité. Les mots disparaissent, seul le sens persiste. Les marches de l'escalier n'existent plus dès que vous rentrez dans la pièce, de même les mots sont dits pour comprendre la réalité, mais sont faux en eux-mêmes. Dès que

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vous voyez la personne que vous cherchiez, l'adresse n'a plus, de sens. Tout étant illusion, je suis aussi illusion, je ne peux pas être une exception à cela. Celui qui parle comme celui qui écoute sont illusion, mais la réalité est. Vous et moi n'existons pas.C'est une très bonne question, comprenez que les mots peuvent vous donner une certaine compréhension de la réalité, mais qu'ensuite vous devez vous expérimenter vous-même. Le maître vous enseigne jusqu'à un certain point, au-delà vous devez vous comprendre vous-même, car là, il n'y a plus de dualité, il n'y a qu'unité, donc qui peut comprendre qui ? Qui peut expérimenter qui ? Pouvez-vous avoir l'expérience de vous-même ? Ainsi le maître et l'aspirant sont tous deux illusions, comme les héros d'un film sont illusion, seul l'écran est. Si l'héroïne voulait savoir qui elle est, elle disparaîtrait et seul l'écran resterait.Si ce que je dis et ce que vous entendez sont illusion, que reste-t-il ? La réalité finale seule est. Si la compréhension de la réalité vous pénètre, c'est la vérité, mais en fait, dans la réalité il n'y a ni vérité ni ignorance, il n'y a rien, la réalité est toujours réalité. C'est la magie ou le miracle du monde : bien que tout semble être, rien n'est. C'est exactement comme un tour de magie avec un jeu de cartes, ce que vous voyez n'existe pas, mais pour supprimer ce qui n'existe pas, l'astuce de la compréhension est nécessaire. Comment ce qui n'est rien peut-il être vrai ? Tout cela s'est imprimé dans votre mental, et c'est par l'astuce de la compréhension que vous vous en débarrasserez.Beaucoup de gens parlent de leur expérience, mais ce que vous pouvez expérimenter est illusion. Alors que faire ? Parce que dès qu'il y a expérience, la triade apparaît : expérimentateur, chose expérimentée et l'expérience, alors que la réalité n'est qu'unité. Là, il n'y a pas de monde bien que le monde apparaisse. Expérimenter l'unité, c'est toujours l'illusion. Si vous dites : « j'ai expérimenté l'unité », c'est faux, car l'unité ne peut être expérimentée. Oubliez tout cela et la réalité est. Vous n'avez qu'une idée de la réalité par les mots et l'enseignement, celui qui est la réalité n'a plus besoin d'adresse. Ainsi tout est faux, mais l'illusion est vue sur la réalité. Si vous restez au milieu de l'escalier, comment pouvez-vous entrer dans la pièce ? Oubliez l'escalier et la pièce est là.C'est par ignorance que vous dites : « je fais », car c'est en ne faisant rien que la réalité est. Pour la réalité, il n'y a rien à faire parce qu'elle est toujours là, mais vous devez simplement vous débarrasser de l'illusion d'agir qui est incrustée dans votre mental. Le mental ne l'accepte pas, car il sait que là est sa mort. Le mental, par nature, aime penser et se croit l'agissant, mais dans la réalité, tout ce que vous aimez ou n'aimez pas, toutes vos inclinations disparais-sent, car cela n'est rien.

Maharaj, si tout est illusion, pourquoi sommes-nous ici, pourquoi ne restons-nous pas dans le silence ou le sommeil profond ?

Vous ne comprenez pas ce qu'est le sommeil profond, là il n'y a rien, c'est le point zéro. Pourquoi êtes-vous ici ? C'est pour comprendre. Laissez les choses être, mais sachez que ce n'est rien. Par l'ignorance, vous allez au point zéro dans le sommeil profond, mais ici, dans l'état de veille, vous devez tout d'abord aller à ce point zéro pour ensuite transcender ce néant, car la réalité est au-delà. Passer au-delà du point zéro et la réalité est.Vous êtes ici pour comprendre que, bien que j'agisse, je ne fais rien, c'est de cela que je parle, il n'y a ni « je », ni « être », il n'y a que la réalité.Tout ce que je vois et perçois n'est rien en ce moment même ! Dans le sommeil profond, vous ne pouvez pas comprendre cela.

L'état de veille n'est qu'un rêve, les hommes sont tous dans l'ignorance, ils naissent dans l'ignorance, ils vivent dans l'ignorance et meurent dans l'ignorance. C'est pour sortir de ce cercle que vous êtes ici. Dans le sommeil profond vous oubliez tout, ici l'oubli est le rappel et le rappel

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l'oubli, c'est cela l'astuce : se souvenir et en même temps oublier, oublier et en même temps se souvenir. N'essayez pas de la trouver (la réalité), de vous la rappeler, car elle est toujours là. Dès que vous vous « souvenez » vous êtes perdu, car vous voyez quelque chose d'autre qu'elle, vous en faites un objet. Ces deux états sont un, veille et sommeil sont ignorance.

« Passer au-delà du point zéro et la réalité est. »

Article publié dans le n° 47 de la revue : « 3° Millénaire »

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« Je n'existe pas »

PREMIÈRE PARTIE

« JE N'EXISTE PAS, NOUS DIT RANJIT MAHARAJ. SEULE LA RÉALITÉ EST ». « LE MONDE ET LE MENTAL DISPARAISSENT, C'EST LA RÉALITÉ ET C'EST CE QUE VOUS ÊTES ! »

Question — J'adhère complètement à ce que vous dites Maharaj, mais parfois dans le lâcher-prise du sommeil, j'éprouve un sentiment intense, je me vois à la porte de la mort. Je sais que c'est une ouverture merveilleuse, mais en fait j'ai une réaction de panique et en dépit de toutes mes pratiques de méditation, ce sentiment de peur perdure. Comment vaincre cette peur de disparaître, de me fondre ?

Maharaj — C'est parce que vous ne voulez pas être cela. À cause de l'ignorance, vous vous demandez : « si je quitte ceci, que va-t-il se passer ? », mais puisque tout cela n'est pas vrai, pourquoi s'inquiéter ? Pourquoi avoir peur de ce qui n'est pas, peur de quitter ce rien ? Ce qui n'est pas, ne sera jamais. Vous acceptez cette peur dans votre mental, car vous pensez que le monde est vrai. Cette peur est due à un manque de compréhension, elle est créée par le mental qui ne veut pas mourir. Vous vous demandez ce qu'il va rester si le mental meurt, mais dans le sommeil profond, que reste-t-il ? Dites-moi ? Rien. De même ici, si vous dormez au monde, comment la peur pourrait-elle se maintenir ? Alors que vous êtes dans l'état de veille, dites-vous que tout cela n'est pas vrai. D'ailleurs même si dans l'état de veille vous affirmez que le rêve est vrai, cela ne le rendra pas réel pour autant ! Peut-il, par exemple vous revenir une fois qu'il a disparu ? Tant que la peur est là, cela veut dire que le mental n'accepte pas que tout n'est rien, que tout est faux. C'est la faiblesse du mental, mais il doit l'accepter. Tant que celui-ci se maintient, l'ego se maintient également. L'ego fausse votre vision, mais dès qu'il disparaît, la réalité est là. Il dissimule la réalité, car il dit : « je suis quelque chose ». Enseignez-vous à vous-même que « je » n'existe pas, je ne suis pas. Si vous n'êtes pas, les autres ne sont pas non plus. Mais si vous dites : « je suis ceci, ce corps », etc. alors les autres apparaissent aussi comme étant vrais. Oubliez la peur. « Je n'existe pas » alors qui d'autre pourrait être ? Seule la réalité est. Si la peur est là, c'est qu'il y a une faute de compréhension. Renforcez votre mental jusqu'à ce que la peur disparaisse, elle n'existe que parce que vous pensez que le monde est réel. Si vous tuez le serpent, la peur disparaîtra ; peut-il encore vous effrayer lorsqu'il est mort ? Il n'y a ni bon ni mauvais, car il n'y a rien, et si vous ressentez cela profondément, vous n'aurez plus peur. En fait le serpent n'a jamais existé, mais tant que vous avez peur, cela veut dire que vous le considérez comme réel. Le mental est terrible, car il crée la peur ! Oubliez la peur et vous êtes hors des griffes du mental, vous serez non-mental. Non-mental veut dire pas de concepts. Enseignez à votre propre mental que rien n'est vrai, la peur disparaîtra alors.

Vous parlez toujours d'oublier, je voudrais savoir comment oublier.

Quand vous dormez, vous oubliez, n'est-ce pas ? De même, dormez au monde alors que vous êtes éveillé, comprenez simplement qu'il n'est pas vrai. Tout est zéro ! En philosophie vous

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devez comprendre votre propre mort : « je n'existe pas ». C'est cela la philosophie. Tant que vous pensez : « je suis là », vous ne pouvez pas oublier. Dans un rêve, vous faites tant de choses, mais existent-elles ? Quand vous vous réveillez, dites-vous : « j'ai fait quelque chose de bon ou de mauvais » ? De même, alors que vous êtes éveillé, comprenez que ce que vous faites, ce que vous êtes n'est rien, tout est faux ! Où êtes vous, pouvez-vous me le montrer ? Êtes-vous le corps, le mental ? Que pouvez-vous montrer quand tout cela n'est rien ? Tant que le corps est là, vous devez agir et ressentir ; faites-le, mais en sachant que ce n'est pas vrai. Tant que les yeux sont là, ils doivent voir, mais sachez que ce qu'ils voient n'est pas vrai. Tout ce que je peux voir et ressentir n'est pas la réalité. La douleur arrive au corps, elle doit venir, mais comprenez que c'est au corps qu'elle arrive et pas à moi. Essayez de vous désidentifier du corps : « ce n'est pas ma douleur, le corps n'est pas moi. » Votre conviction profonde doit être : « ce n'est pas mon corps, je ne fais rien, je ne suis rien, je n'existe pas. Je ne suis ni le nom ni le corps ni le mental. » Agissez avec tous ces instruments, mais comprenez que vous n'êtes pas eux. C'est ce qu'on appelle le non-conditionné, le non-attaché. Vous prenez ces conditions comme étant vous-même et vous dites : cela est mien, etc. Par exemple, un homme et une femme qui ont eu un enfant chacun de leur côté avant de se marier, disent : « celui-ci est le mien, celui-là le tien. » Ils ne comprennent pas qu'ils sont Un, l'ego fait toutes ces séparations alors que tout n'est qu'Un. Tous sont vous-même, si vous comprenez cela, à qui adresser de bonnes ou de mauvaises paroles ?

Comment oublier ce qui n'existe pas ?

C'est très facile d'oublier ce qui n'existe pas. Quel nom donnerez-vous au fils d'une femme stérile ? Il n'existe pas, il n'y a donc pas de problème. Supposez que vous faites un rêve, au réveil vous l'oubliez instantanément, n'est-ce pas ? Quand vous comprenez que rien n'est vrai, comment les choses peuvent-elles persister ? Comment oublier ce qui n'est pas ? Par la compréhension, vous oubliez tout. Le monde n'existe pas. Même les scientifiques disent que le monde que vous voyez n'est nulle part. Par un simple changement d'état, dans le sommeil par exemple, le monde devient zéro. Au réveil il démarre comme une télévision, vous appuyez sur le bouton et le film apparaît, vous éteignez et le film disparaît. Le mental est responsable de tout cela. S'il dit : « c'est là », alors c'est là ; s'il dit : « ce n'est pas », alors rien n'est. Soyez en certain, tout dépend du mental. Dès qu'il dit que le monde n'est pas vrai, c'est très facile d'oublier. Combien de temps cela prend-il ? Vous n'oubliez pas pour la simple raison que vous le considérez vrai. Vous voyez le rêve, mais quand vous vous réveillez, vous dites vous-même qu'il n'est pas réel. De même, quand vous comprenez ce qu'est le monde, où il a commencé et où il finira, vous l'oubliez. L'origine du monde est le zéro, l'espace ; de là un concept a jailli et le monde entier est créé. C'est exactement comme lorsque vous êtes dans le sommeil profond : soudain une pensée émerge et le rêve se déroule. Le monde est un long rêve et si vous comprenez que c'est un rêve, une illusion que quoiqu'il arrive ce n'est pas vrai, vous l'oubliez facilement. Si vous ne comprenez pas, alors le monde est vrai pour vous. Le mental est un facteur étonnant, il peut passer d'une pensée positive à une pensée négative en un instant, il est toujours changeant.Si vous oubliez le mental, vous serez heureux ; c'est l'unique facteur qui crée toutes les souffrances et tous les plaisirs également. Comprenez que le mental lui-même n'est pas vrai : mental veut dire pensées, et les pensées vont et viennent. Le mental ne crée que la confusion, rien d'autre. Celui qui est non-mental n'est plus dans la confusion. Essayez d'oublier ce qui n'est pas vrai, c'est le seul remède. C'est ainsi que l'illusion disparaîtra, sinon elle persistera sous une forme ou une autre. Le mental vit dans la peur permanente : « que va-t-il se passer ou ne pas se passer ? Que faire ou ne pas faire ? » Être ou ne pas être est toujours la question pour chacun de vous. Si la personne qui vous est chère meurt, vous pouvez pleurer et pleurer encore, cela ne

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vous la rendra pas. Un corps mortel est mort, pourquoi s'en faire ? Vous devez l'oublier ou vous ne pourrez pas vivre dans ce monde. L'oubli est la meilleure des choses, c'est à cette condition que vous pouvez être heureux. Si vous vous souveniez de vos vies passées, vous seriez malheureux pour toujours ! Dans la vie, toutes sortes de choses se produisent, certaines que vous désirez et d'autres pas. Que faire ! Si vous n'oubliez pas dans la vie, vous devenez fou ! C'est pour cela que l'on dit que l'oubli est nécessaire. Combien de temps faut-il pour oublier ce qui est illusion ? Vous oubliez à chaque instant. Quand vous prononcez un mot, un autre arrive aussitôt et vous devez oublier le premier pour pouvoir prononcer le suivant. Le mot n'a pas d'entité, il naît dans l'espace, qui est zéro. Vous entendez ce que je dis, mais pour continuer à entendre, vous devez oublier ce que j'ai dit précédemment. Son origine est le zéro et sa destination le zéro. Tout se passe en une fraction de seconde. Si quelqu'un vous insulte, les mots dits paraissent aussitôt prononcés, mais l'effet s'imprime dans votre mental. Vos ancêtres sont tous morts, où ont-ils disparu ? Où existent-ils maintenant ? Ils n'ont jamais existé, vous ne pouvez donc pas dire où ils ont disparu. Aujourd'hui, c'est le 18 mai, où a disparu le 17 ? Et d'où apparaîtra le 19 ? Vous comptez les jours et les nuits, mais ce n'est que votre concept, car si vous demandez au soleil combien d'armées il a, il vous répondra. « Je ne connais pas les années ! »Cette base sur laquelle vous comptez toutes ces années, ces va-et-vient, ces apparitions et disparitions est immuable. Le soleil n'a connaissance de rien.De la même façon, c'est à partir de l'ignorance que la connaissance est apparue et vous voyez l'illusion entière se dérouler. L'ignorance s'est surimposée à la réalité et de cette ignorance un concept a surgi (la conscience/connaissance) et sur ce concept le monde est créé. Concept veut dire connaissance. Tout le monde fonctionne par la conscience/connaissance, c'est par elle que vous réez et agissez. Prendre naissance est un concept, vous devez ensuite endurer tant de choses durant toute votre vie. Le concept est la vie, rien ne disparaît et quand la vie prend fin, le concept disparaît et tout se termine, rien ne persiste. S'il n'y a pas d'espace, il n'y a pas de mots. À cause de l'espace, les mots et le monde sont apparus. Vous avez créé le monde entier, mais, dites-moi, y a-t-il autre chose que les mots dans le monde ? Vous dites que c'est l'Inde, la France ou les États-Unis, mis ce ne sont que des nuits des concepts ! Par les mots, vous en avez tellement fait, et vous avez été si loin qu'il votre est maintenant impossible de vous comprendre vous-même.Comprenez l'origine des mots, où ils commencent, ensuite oubliez-les et la réalité est là. Les mots c'est-à-dire la connaissance ont un grand pouvoir ; à partir d'un seul mot, quelqu'un peut devenir votre ami ou votre ennemi. D'où, viennent les mots ? De votre mental. Ainsi le mental est le facteur essentiel, si vous l'orientez vers la véritable chose, c'est à dire la réalité, il devient votre meilleur ami. Si vous le dirigez vers le faux, il vous entraîne en enfer ! Ainsi les êtres réalisés prennent le mental de leur côté, ils en font un ami, et finalement le mental lui-même disparaît et seule la réalité est. Le monde et le mental disparaissent, c'est ça la réalité et c'est ce que vous êtes ! Il n'y a alors plus à s'en faire, car si vous êtes la réalité, comment l'illusion pourrait-elle se maintenir ? Elle n'existe pas de toute façon. Quand vous oubliez la réalité, c'est à dire vous même, le monde apparaît alors dans sa multiplicité.Les écritures indiennes disent : « vous avez obtenu une incarnation humaine, si vous réfléchissez et comprenez par le biais du discernement, alors vous n'êtes pas perdu, vous oubliez tout et vous atteignez la réalité, mais si au contraire vous vous oubliez dans l'illusion le monde, vous devrez endurer de nombreuses renaissances « 84 millions de naissances) ». Tant que vous êtes identifié au mental, aux 5 éléments (le corps) et aux 3 attributs (gunas), vous devez prendre naissance après naissances. Mais dès que vous comprenez : « je ne suis ni le corps ni le mental », vous sortez du cercle des renaissances. C'est pourquoi les êtres réalisés vous disent d'oublier toutes les choses du monde, mais rappelez-vous que puisque vous avez pris naissance, vous devez vous connaître vous-même dans cette vie. Ceux qui ne le font pas vont en enfer ;

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enfer veut dire prendre naissance après naissance. Mais en fait, il n'y a ni enfer ni paradis. Être confiné dans le ventre de la mère pendant 9 mois, c'est ça l'enfer, rien d'autre, et pourtant votre plus grand désir est d'avoir un corps. Par la peur, vous êtes devenu si petit, mais, croyez-moi, vous ne pourrez obtenir une autre réincarnation humaine si facilement ! Que faites-vous de bien dans cette vie ? Vous dites que ce qui est faux est vrai ! Vous mentez sans arrêt. Vous avez tellement menti que vous ne pouvez pas être pardonné ! Vous fraudez sans cesse, car vous dites : « je suis » à ce que vous n'êtes pas. Combien de fois avez-vous dit : « je suis ce corps » ? Pour une seule imposture, vous risquez, dit-on, 7 ans de prison, aussi vous faudra-t-il endurer 84 millions de renaissances.

Oubliez « je suis le corps », comprenez que vous n'êtes pas cette petite chose ! Dès que vous oubliez cela, la réalité est là, nul besoin de la chercher. Vous dites : « il n'y a personne ici », mais vous vous êtes là ! n'est-ce pas ? Ainsi la réalité est vous-même sans le « vous ». Vous acceptez que vous êtes je « je » et la confusion apparaît. Oubliez ce « je », car il n'existe pas. Qui reste alors ? La réalité. C'est de cette manière que vous pouvez oublier : quand cela n'existe pas, vous n'avez pas à vous rappeler de quoi que ce soit, n'est-ce pas ? Ce qui n'existe pas a pour origine le zéro et pour fin le zéro, alors comment se rappeler de ce qui n'est pas ? Combien de temps vous faut-il pour oublier ce qui n'est pas ? Dites-le-moi ! Vous acceptez en paroles que le monde est illusion, mais au fond de vous-même, vous le refusez. Si vous l'acceptez réellement, vous êtes hors de l'illusion. À cause de l'ignorance, vous pensez que tout cela est vrai ; oubliez-la et vous êtes la réalité. Vous dites : « je veux oublier », mais en fait vous ne voulez pas le faire ! Vous êtes malade et vous consultez un docteur qui vous donne le remède, mais si vous ne le prenez pas, à qui la faute ? La maladie ne pourra pas disparaître. La maladie de l'illusion est telle qu'elle ne disparaîtra jamais à moins que le maître ne vous donne la compréhension. Alors elle sera supprimée pour la simple raison que l'illusion n'existe pas.Le problème est que le mental ne veut pas comprendre, d'où toutes ces questions qui se bousculent en vous. Certaines personnes n'ont aucun désir de comprendre, mais veulent simplement polémiquer. Si vous dites « oui », elles diront non, si vous dites : « j'ai de la fièvre », elles vous diront : « non, vous n'avez pas de fièvre » ! Que peut-on dire alors ? Que peut-on dire à propos de ce qui n'est pas ? Et que veut-on oublier quand ce n'est pas ? Ainsi ce qui n'est pas, n'est pas et ne sera jamais, c'est une évidence ! En fait, c'est facile d'oublier : vous avez oublié aujourd'hui ce qui s'est passé hier et vous oublierez demain ce qui s'est passé aujourd'hui. Par un simple changement mental, tout disparaît, si ce changement se produit vous devenez la réalité, sinon vous restez une petite créature dans le monde. Quelle valeur a ce petit corps dans ce monde immense ? Il peut disparaître en une fraction de seconde si la déconnexion se produit, mais vous êtes si fier de cette chose qui peut disparaître à tout moment ! Vous vous croyez important, vous croyez faire de grandes choses avec ce corps. L'ego n'existe que sur du vent, c'est-à-dire la respiration. Quand elle s'arrête, où est l'ego ? Tant que vous respirez, vous dites que l'illusion est vraie, mais quand elle s'arrête tout devient zéro. Comprenez qu'elle n'est pas vraie alors même que vous respirez, que vous êtes en vie. Mais l'ego ne vous autorise pas à l'accepter. Oublier le monde veut dire comprendre qu'il n'est pas. Si vous le comprenez ainsi, vous êtes sûr d'atteindre la réalité, car vous êtes Elle.D'où vient le rêve et où disparaît-il ? Un concept a surgi et vous voyez le rêve se dérouler. Quand vous dites : « je suis », c'est le concept qui surgit et ensuite vous voyez le monde entier. Tout le monde dit : « je suis », personne ne dit : « je ne suis pas ». La réalité est la seule base qui soit, malgré tout vous dites : « je suis ». Vous considérez le corps, le mental et toutes les choses comme étant vrais, vous ne comprenez pas que tout cela n'existe pas. Les êtres réalisés savent que le « je » n'existe pas. Si vous n'existez pas, comment le monde pourrait-il exister ? C'est vous qui donnez la valeur à toutes les choses, vous dites ces arbres sont là, mais les arbres disent-ils « je suis là » ? Vous nommez chaque chose de ce monde, mais les choses ne disent

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jamais « Je suis cela », c'est vous qui le dites. Votre mental est sous l'emprise de l'ignorance et dit : tout est vrai. Que faire ! Ce qui n'est pas, vous dites que cela est. Exactement comme un ivrogne qui sous l'effet de l'alcool vocifère : « je suis un roi, je suis un roi » ! Qui peut l'arrêter ? Vous pouvez être le premier ministre de votre pays, mais cette situation peut changer à tout moment (en Inde le premier ministre change tous les jours !), mais vous persistez à dire : « je suis cela » ! Ce n'est qu'illusion, car c'est seulement votre concept, votre pensée et la pensée fonctionne sur le souffle, sur la respiration. Quand le souffle s'arrête, tout disparaît, pauvre ou riche, tout s'évanouit. Donc, comprenez, alors que vous êtes vivant, que vous respirez toujours, d'où vient cette respiration, ce souffle. Elle vient de la réalité, car tout se surimpose à elle. Sur elle tout apparaît et disparaît, mais elle seule est et demeure. En comprenant cela, vous devenez vous-même la réalité et alors tout ce que « je » vois et perçois n'est rien d'autre que moi-même. Vous devez vous connaître vous-même. Rien d'autre. Le Christ a dit : « Connaissez-vous vous-même et vous connaissez le monde ». Quand le mental atteint cette compréhension, il est toujours heureux, il sait qu'il n'y a plus à s'en faire. Sous l'influence de l'ignorance, vous êtes si malheureux ! Constamment sous l'emprise du désir, vous voulez tout. Le mental mendie sans cesse, il veut toujours quelque chose, il n'est jamais satisfait. Quand vous vous comprenez vous-même, vous êtes alors pleinement satisfait.

Maharaj, vous avez dit que certaines personnes ont accédé à la connaissance, mais sont retombées dans l'ignorance avec un ego encore plus fort qu'avant. Pourriez-vous développer cela ?

Quand vous oubliez votre compréhension, vous revenez dans l'illusion. Vous vous oubliez. Le mental doit avoir la ferme conviction que « Je » n'existe pas. Est-ce qu’un mort dit : « je n'existe pas » ? Il ne peut pas le dire puisqu'il n'existe pas. Mais si vous vous oubliez (votre véritable nature) et revenez dans l'illusion, qui peut vous arrêter ? Tout dépend de la force de votre conviction. La seule chose à comprendre est que « Je » n'existe pas que seule la réalité est. « Je » est une illusion et si vous le comprenez vraiment, comment pourrait-elle vous toucher à nouveau ? Quand vous vous oubliez (c'est-à-dire la réalité), l'illusion survient. Celui qui ne boit pas n'est pas sous l'influence de l'alcool, n'est-ce pas ? C'est celui qui boit qui subit les effets de l'alcool. Si vous comprenez le monde, vous ne pouvez pas revenir dans l'illusion. Le mental doit être complètement convaincu ; c'est la conviction que ce qui n'est pas, n'est pas et ne sera jamais. Un mort ne peut revenir sous l'influence de l'ignorance, ce qui est mort ne peut revivre. Votre désir d'avoir un corps est ego, mais si l'ego meurt ce désir ne peut revenir ! Ce qui a disparu, a disparu !Si la compréhension est fermement établie, il ne peut y avoir de retour en arrière. Si en face de vous, il y a un flacon sur lequel est écrit Poison, y toucherez-vous ? Au contraire, vous l'éloignerez de votre vue. Il est dit : « hors des yeux, hors du mental ». Que dire de celui qui revient dans l'illusion du monde sinon que c'est un fou qui a eu la compréhension, mais l'a perdue ? La compréhension doit être complète et bien digérée, celui qui revient n'a donc pas compris. Il va simplement jusqu'à la source de la connaissance, qu'il considère comme vraie. La conscience/connaissance est l'ego. Le véritable maître vous dit d'oublier l'ignorance et la connaissance également. Le souvenir peut se transformer en oubli, cela veut dire que la connaissance n'est pas vraie. Vous vous rappelez de quelque chose en ce moment, mais l'instant suivant, vous l'oubliez n'est-ce pas ? Ce qui change n'est pas vrai, la connaissance n'est donc pas vraie. Vous devez allez au-delà de l'ignorance et de la connaissance. La conscience/connaissance elle-même vient de l'ignorance, c'est à dire de l'oubli de la réalité. La connaissance est le plus grand des ego. Socrate a dit : « Je sais que je ne sais rien ».Ce que vous savez n'est rien, n'est pas vrai, la connaissance est toujours fausse. À cause de l'ignorance, la connaissance est apparue, ainsi si vous oubliez la connaissance, l'ignorance

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disparaîtra automatiquement. Dans le sommeil, vous êtes près de la réalité, mais vous ne le savez pas, c'est le problème. Vous allez au point zéro, mais vous ne devez pas en rester là, comprenez que je suis au-delà du zéro, du vide.Dans la réalité, il n'y a ni ignorance ni connaissance. Quand la connaissance survient, sachez qu'elle vient de l'ignorance, c'est-à-dire de l'oubli de vous-même. Au réveil vous dites Oui (quelque soit votre langue) et alors le monde commence, autrement il n'apparaît pas. Les Écritures hindoues disent que Om est le commencement. Avec Om, le « Je » arrive et tout le reste suit. Quand le « Je » disparaît, tout est achevé, il n'y a plus à s'en faire. Tuer votre ego signifie comprendre qu'il n'est pas. Mais vous voulez être quelque chose, votre désir le plus fort, votre concept puissant est l'ego, c'est « Je suis ».Quand le « Je » dors, où êtes-vous ? En une fraction de seconde le « Je » disparaît et c'est le vide, zéro. Allez au-delà du vide par la compréhension. Tant que l'ego se maintient, vous êtes dans l'illusion. Quand il disparaît, vous êtes Elle, la réalité. Si la compréhension est claire et ferme, il n'est plus possible de revenir dans l'illusion, seuls ceux qui se sont arrêtés à la connaissance reviennent dans le monde et recherchent ensuite le pouvoir, la célébrité ou l'argent. On dit que les plus grands hommes sont partis inconnus, Rama et Krishna étaient des Héros secondaires ! On les appelle Avatars (incarnations divines), mais quelle que soit l'incarnation, c'est toujours une descente, c'est-à-dire une marche plus bas, car ils sont devenus quelque chose, n'est-ce pas ? Incarnation veut dire que quelque chose s'est manifesté. L'être réalisé vit silencieusement et disparaît en silence, il ne dit jamais : « Je suis réalisé ». Qui est-il pour réaliser ? Il ne se maintient pas en tant que « Je ». Ensuite sa pensée se diffuse dans le monde. Il ne dit jamais : « j'existe » ; rien ne persiste pour lui.

Article publié dans le n° 52 de la revue « Troisième Millénaire »

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« Je n'existe pas »

DEUXIÈME PARTIE

Question -

Ce qui nous empêche d'oublier le mental, c'est en fait l'attachement au plaisir des sens, comment parvenir à ce détachement ?

Ranjit Maharaj -

L'attachement se produit à cause de la conscience/connaissance. Si vous ne la craignez pas, alors vous pouvez la dépasser et l'attachement ne peut persister. Les attachements aux sens sont dus au corps et vous n'êtes pas cela. Un cadavre n'a plus d'attachement. La conscience/connaissance pénètre votre corps quand vous prenez naissance et tous les attachements sont créés par les sens. Il y a cinq sens de la connaissance et cinq sens de l'action, mais c'est vous qui le savez. Quand vous entendez un son, c'est la connaissance, quand vous goûtez, c'est la connaissance. En fait tout est dû à la connaissance. Quand vous dites : « j'ai entendu », c'est avec la conscience/connaissance que vous dites cela. Ainsi le corps est connecté à la conscience/connaissance et la connexion crée tout cela : voir, entendre, parler, manger, bouger... Tout se produit à partir de la conscience/connaissance. Si elle disparaît, les dix sens ne fonctionnent plus dans le corps. À partir d'elle, toutes les choses illusoires sont apparues, alors pourquoi la considérer comme vraie ? Tout comme dans un rêve, vous voyez et faites toutes sortes de choses, mais au réveil dites-vous : « j'ai fait tout cela » ? Non, car vous savez que c'est faux. Ici c'est la même chose, c'est un long rêve où une multitude de choses se passe, mais vous dites quand même « j'ai fait cela » ! Alors qu'en fait vous n'existez pas, c'est cela que vous ne comprenez pas !C'est grâce à la conscience/connaissance que vous pouvez dire : « j'ai fait cela ». Si vous tuez quelqu'un, vous l'oubliez quand vous dormez, n'est-ce pas ? Quand vous oubliez, rien ne persiste. Vous vous réveillez (du sommeil) et la connexion avec la connaissance se fait et tout le reste suit : la peur, les événements... Vous n'êtes pas le corps alors pourquoi vous inquiéter ? Tous les attachements sont produits par la conscience/connaissance à travers les sens. Vous voyez et oubliez, vous entendez et oubliez. Si un menteur affame : « je n'ai jamais dit cela », pouvez-vous retrouver ses mots quelque part ? Tant que la conscience/connaissance est là, l'attachement est là aussi. Comprenez simplement que ce n'est pas vrai, que tout en fait est dû à l'ignorance.D'où la conscience/connaissance vient-elle ? De l'ignorance. Vous avez pris naissance dans l'ignorance et de là, la connaissance a surgi. Tout apparaît ensuite, le mental, les sens et l'ego se mettent en action. Mais tout ceci est l'affaire du corps, pas la vôtre. Vous n'êtes pas cela. Comprenez que la réalité n'a rien à voir avec toutes ces choses. Comme dans l'exemple du film qui apparaît sur l'écran. L'écran lui, ne s'inquiète de rien. Dans le film vous pleurez, vous chantez, vous priez ou vous tuez quelqu'un, mais que reste-t-il quand le film est fini ? Le héros est-il réel ? S'il voulait savoir qui il est, il disparaîtrait et seul l'écran resterait.À cause de l'ignorance, ce rêve est apparu et vous dites : « Je suis cela », l'attachement en découle.Tant que le corps est en vie, les dix sens doivent fonctionner, mais comprenez que ce corps n'est

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pas moi, ni mien. Si votre voisin meurt, vous ne mourrez pas avec lui, n'est-ce pas ? Considérez donc votre corps comme étant votre voisin et non pas vous-même. Vous acceptez l'idée : « Je suis le corps », alors tout vous arrive et vous affecte. Si vous comprenez que : « Je ne suis pas le corps », les attachements et les sens eux-mêmes n'ont plus de valeur pour vous. Les sens ne sont rien ils ne fonctionnent que par la conscience/connaissance, c'est leur base, sans elle ils ne peuvent fonctionner. Si vous avez une attaque cérébrale, la connaissance est déconnectée. Vous n'avez plus connaissance de quoi que ce soit. Vous voyez, mais vous ne le savez pas, vous avez des yeux, mais ne pouvez reconnaître. Le cerveau, qui est la connaissance est déconnecté, la faculté de penser est interrompue. L'ampoule peut-elle éclairer s'il n'y a pas d'électricité ? Ainsi quand votre voisin meurt, vous ne mourez pas avec lui. De la même façon sachez que vous n'êtes pas le corps. « Je suis le corps », est l'effet de l'ignorance. Mais même lorsque vous dites : « c'est « non corps », cela signifie bien que vous êtes autre chose que lui, n'est-ce pas ? Si vous dites : « c'est nia maison », vous n'êtes pas la maison. C'est à cause de l'ignorance que ce mien est devenu moi. Les sens fonctionnent, mais vous dites : « je vois ».Comprenez que ce corps n'est pas moi, puis laissez les sens fonctionner ou disparaître, pour quoi s'inquiéter ? Si votre ami tue quelqu'un, vous direz peut-être : « il a commis une erreur », mais vous ne direz pas : « j'ai tué » ! Si vous dites : « je suis la main qui a tué », vous êtes jeté en prison, car vous vous identifiez au corps ! À cause de la conscience/connaissance, les sens vous sont venus, mais si vous dites : « je suis les sens » OU « ils sont à moi », alors vous êtes lié à l'action qui se produit. Parce que la connaissance est là, tout arrive et se met en action. Quand vous dormez, la connaissance s'éteint, les sens ne fonctionnent plus, de même quand le corps meurt, quand le pouvoir interne est déconnecté, que reste-t-il ? Rien. Ainsi tant que la connaissance ou le pouvoir est connecté, vous ressentez que tout est réel, mais vous devez comprendre alors même que le pouvoir/connaissance est connecté, que rien n'est réel. C'est ainsi que vous en êtes libéré. Les yeux voient et vous dites « je vois », le nez sent et vous dites « je sens », c'est cela l'ego. Vous acceptez que le « Je » est l'agissant, alors que vous ne pouvez rien faire. Le corps et la connaissance rentrent en contact, ils se connectent et tout se manifeste. La connaissance (pouvoir) peut-elle faire quelque chose par elle-même ? Sans ampoule, l'électricité ne peut donner de la lumière, et sans électricité, l'ampoule ne peut éclairer. Aussi l'un et l'autre sont-ils nécessaires pour produire la lumière. Le pouvoir connaissance est connecté au corps, et le corps fonctionne, mais si vous le considérez comme étant Mien, c'est l'ego. Sans la mort de l'ego, vous ne pouvez réaliser.Le « Je » n'a aucune entité, c'est simplement un concept qui a surgi et maintenant vous devez l'oublier. Par la pensée, vous devez comprendre que vous n'êtes pas cela : « Je ne suis pas le corps ». Dans un rêve, vous tuez quelqu'un ou vous priez Dieu, les deux actes sont de même valeur, car ils n'existent pas. Tuer ou adorer ne sont pas vrais. Êtes-vous d'accord ? Ce qui n'est pas réel, vous le considérez comme vrai à cause de l'ego, mais rien ne se passe et c'est pour cela qu'on l'appelle illusion. Les yeux voient, mais ce qu'ils voient est faux, ce n'est pas réel. Vous entendez, mais qu'entendez-vous ? Des mots qui disparaissent en une fraction de seconde. La langue goûte, mais le goût s'évanouit instantanément et rien ne persiste. Dans votre estomac, rien ne dit : « je suis un gâteau » ! Tout se mélange et devient Un. La connaissance est ainsi faite, elle rentre en contact et disparaît le moment suivant. Elle laisse une impression et disparaît instantanément, elle devient ignorance.Ainsi tout se produit à cause de la connaissance, mais vous devez comprendre que la conscience/connaissance est la plus grande des ignorances. L'attachement se crée, et par ignorance vous le considérez comme réel. Vous ne faites rien, mais vous dites : « je fais toutes ces choses ». Ce que vous dites est faux, alors qui en est responsable ? Vous ne faites rien, mais vous dites « Je fais » ! Oubliez ce « Je » et vous êtes libre de toute misère, souffrance et ignorance. La joie, la souffrance sont produites par l'ego, mais les événements se passent et disparaissent, ils ne se maintiennent pas. Toutes sortes de films sont projetés sur l'écran, mais

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l'écran ne s'en inquiète pas, il sait que tout est faux. Dès que vous comprenez cela, votre question disparaît, elle n'est plus. Les attachements concernent le corps, pas vous. Ce qui n'est pas ne peut être réel. Vous aimez une femme et vous l'épousez, après un certain temps vous ne l'aimez plus et vous vous en séparez. Les attractions et les répulsions ne sont pas réelles, c'est le fonctionnement du mental, c'est la conscience/connaissance qui est ego. L'ego produit toutes sortes de choses, oubliez-le et vous êtes Elle, la réalité. Dans un rêve vous avez femme et enfant, mais quand le rêve est fini, pleurez-vous à leur disparition ? Vous dites simplement que c'était un rêve. La compréhension est requise, et quand elle survient, elle tue la compréhension elle-même, la connaissance tue la connaissance, la pensée tue la pensée. En fait, qu'est-ce que la compréhension ? C'est la connaissance que la connaissance est toujours fausse, c'est la connaissance de ce qui n'est pas réel ! Vous enlevez une épine à l'aide d'une autre épine, mais les deux sont des épines. De la même manière, l'ignorance est supprimée à l'aide de la connaissance, mais toutes deux sont fausses. Rejetez-les et vous êtes hors de l'ignorance et de la connaissance, vous êtes Elle, la réalité.

Maharaj dit qu'après sa mort l'être réalisé ne revient plus dans le corps, dans le monde. Cela signifie-t-il que tout est dissout ?

Tout est dissout pour lui, car il a compris qu'il n'est jamais né et donc ne mourra jamais. Il n'est jamais né, seul le corps a pris naissance à cause du désir de naître. Quand il comprend que ce désir lui-même est faux, comment peut-il mourir ? Il dit : « Je ne meurs jamais. Seule la réalité est éternelle ». Tous les êtres meurent dans ce monde, mais celui qui a compris : « Je suis Elle » ne meurt jamais. Comment l'immortel pourrait-il mourir ? Seul le mortel meurt et ce mortel vous a recouvert, c'est lui qui disparaît, mais vous ne disparaissez pas. Vous êtes inaltéré, toujours le même. Tous les problèmes et les maladies arrivent au corps, mais pas à vous. C'est quand vous dites : « Je suis le corps » que la maladie vous affecte, quand vous vous identifiez au corps, rien ne vous épargne : la naissance, la mort, la maladie... Si vous dites : « Je ne suis pas le corps », vous n'êtes pas touché.C'est l'ego qui vous fait dire « je suis né », mais en fait vous ne naissez jamais, vous ne mourez jamais. Sur l'écran les films apparaissent et disparaissent, mais l'écran n'est pas affecté ; il est toujours semblable à lui-même, il montre des malades, des gens qui meurent, mais est-ce qu'il meurt avec eux ? Ainsi la réalité reste inchangée et tout ce que vous voyez et percevez sur elle n'est rien, rien que son ombre ou son reflet. Est-ce que l'or perd sa valeur si on le fond ou que l'on s'en sert pour fabriquer des bijoux ? L'or reste toujours de l'or. Que vous en fassiez une image de Dieu ou celle d'un chien, l'or ne change pas. Même si vous en faites un âne, l'or ne devient pas âne ! Ce que vous voyez et percevez n'est rien, vous donnez des noms et des formes, mais ceux-ci sont faux ; seule la réalité est. Tout n'est que l'ombre de la réalité. Qu'il soit au bracelet d'une prostituée ou dans la couronne d'un dieu, l'or a autant de valeur. De la même façon tout apparaît sur la réalité et disparaît, mais la réalité reste toujours réalité : c'est pour cela qu'on l'appelle ainsi. Elle ne change jamais, ne naît jamais et ne meurt jamais, et vous êtes cela. Comprenez que le corps meurt, mais pas vous. Vous pleurez quand il est sur le point de disparaître, car vous pensez « Je suis le corps ». Les êtres réalisés disent : « le corps m'a recouvert tel un abcès », alors quand il s'en va, ils pensent : « formidable, l'abcès disparaît ! ».Le mental est une chose incroyable qui ne sait jamais ce qu'il veut. Chaque jour il désire quelque chose de plus, toujours de plus en plus. On se débarrasse facilement d'un abcès, mais le désir d'avoir un corps est si fort, si puissant que vous ne pouvez pas le comprendre. Le corps fait toujours mal à un endroit ou à un autre et les désirs sont aussi douloureux pour le mental. Le mental est toujours en conflit et tout est difficile pour lui. Si vous n'aviez pas pris naissance, il n'y aurait aucun problème : le rêve apparaît pour celui qui s'endort, celui qui ne dort pas ne peut pas rêver. Dormir signifie vous oublier vous-même et dès lors, les ennuis commencent !

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Celui qui ne s'oublie pas est toujours la réalité. Elle n'a ni forme ni nom, et si vous ne les créez pas, vous êtes libre. Ainsi je dis à tous : « Vous êtes la réalité, mais vous avec pris forme et none, c'est cela l'erreur. » Vous devez les oublier maintenant. Sur l'écran, vous voyez le héros et le méchant, vous jugez l'un bon l'autre mauvais, mais il n'y a que l'écran. Le reste n'est rien, alors quels commentaires peut-on faire à propos de qui que ce soit ? L'écran montre le vilain et le héros et il reste toujours vierge, non altéré. Rien ne le touche. Si les personnages comprenaient qui ils sont, ils disparaîtraient et seul l'écran resterait. Oubliez l'ego, rien de plus, c'est à cause de lui que tous ces problèmes vous assaillent. L'ego signifie connaissance et la connaissance, comme l'ignorance, est la cause de l'oubli de vous-même. La connaissance crée le faux, c'est la cause de toute souffrance. Pourquoi le Christ a-t-il dit : « Connaissez-vous vous-même » ? Le « Vous » disparaît, c'est cela se connaître soi-même. Connaissez-vous vous-même et vous connaissez le monde. Si vous vous connaissez, ni vous ni le monde ne se maintiennent, les deux disparaissent et vous êtes libre. Seule la réalité demeure.

Quand vous employez le mot conscience voulez-vous dire Chit en sanscrit ?

Non, je veux dire connaissance.

Parfois je suis troublé, car tantôt vous dites conscience et tantôt connaissance.

Les deux sont Un, ils sont comme des frères jumeaux. Antakharan est la connaissance, l'organe interne « Je suis ».

La connaissance est-elle un produit du mental ?

Non, les deux sont Un. Le mental est la connaissance. La connaissance est conscience.

Je suis désorienté, car dans la plupart des livres il est dit que la réalité est la conscience.

Le point de départ du « Je » est la connaissance. Quand vous ressentez « Je suis », c'est la connaissance.

Je comprends le « Je suis » comme étant le contenu de la conscience.

Dites ce que vous voulez, pas de problème ! Mais tous deux ne sont qu'une seule et même chose. La connaissance objective apparaît par le biais du mental, pas de mental pas de connaissance. Comment sont-ils créés ? Dès que vous ressentez le « Je », la connaissance surgit.

Quand je médite par exemple, je n'ai aucune pensée et donc il n'y a pas de connaissance, mais la conscience est là.

Mais cette conscience est connaissance. Bien sûr, il n'y a pas de connaissance d'un objet. La connaissance de l'objet (connaissance objective) est le mental, et c'est grâce au mental que vous avez la connaissance du monde.

Alors quand vous savez que vous êtes, vous êtes dans la conscience ?

Oui, dans la conscience/connaissance.

Dans l'état sans état, vous ne savez pas que vous êtes ?

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Non, car là « vous » n'existez pas. Seule la réalité est. Vous voyez tous les films sur l'écran, mais l'écran n'a pas de film. Toutes les couleurs apparaissent sur l'écran, mais l'écran n'a pas de couleurs. De même pour la réalité, une multitude de choses se passent sur elle pour disparaître ensuite, mais ta réalité n'a rien à voir avec tout cela.

J'ai compris, mais je voudrais une dernière clarification. Parfois dans la méditation je disparais et lorsque je regarde ma montre je constate que je suis là depuis longtemps bien que j'ai l'impression qu'une seule minute se soit écoulée. Est-ce cela l'état sans état, quand vous disparaissez simplement ?

Oubliez tout et vous êtes là, ne vous rappelez même pas de vous-même ! Parce que si vous le faites, vous vous rappelez automatiquement de quelque chose d'autre. Oubliez ! Oubliez même la réalité, et elle est là. Si vous essayez de vous souvenir, il s'agit toujours d'un objet, de quelque chose d'autre. Vous ne pouvez pas la connaître ! Là, la connaissance devient ignorance. Ainsi, oubliez cela (le monde et la connaissance) et vous y êtes. On l'appelle l'état sans état. Là, il n'y a ni état ni concept ni pensée, c'est la réalité. Tout apparaît et tout existe à cause de la connaissance, mais d'où vient la connaissance ? De l'ignorance ! La connaissance et l'ignorance sont les deux faces d'une même pièce.

Par ignorance, vous voulez dire vacuité, vide : ?

Oui, zéro.

Est-ce que l'oubli est la nature du réel

Non, la réalité ne peut pas oublier ni se rappeler de quoi que ce soit. II n'y a ni ignorance ni connaissance dans la réalité. Il n'y a ni tendances ni attributs, car elle est au-delà. Quand vous dormez, vous oubliez tout. Une pensée émerge et le rêve se déroule. De la même façon, la réalité est oubliée, mais ce n'est pas sa nature. Oublier ou se souvenir ne concerne pas la réalité. En fait elle seule est, donc qui peut s'en rappeler ou l'oublier ? C'est simplement à cause de l'ignorance que quelque chose s'est passé, et vous prenez cela pour vrai, ainsi oubliez cela et Elle est là ! « Là », n'est aussi qu'un mot et dans la réalité, il n'y a pas de mots du tout. Si vous comprenez correctement, c'est-à-dire que rien n'est vrai, alors automatiquement « Elle » est vraie. On doit utiliser des mots sinon vous ne pouvez pas comprendre, mais les mots ne peuvent l'atteindre. Par exemple, vous vous endormez et un rêve survient, mais pour savoir que c'est un rêve, vous devez aller dans le rêve et ensuite vous pouvez dire que c'est un rêve. Dans ce monde tous sont dans un rêve, rêve ici veut dire ignorance. De l'ignorance un concept surgit et l'illusion le rêve se déploie. Tous les êtres sont dans l'ignorance, cela signifie qu'ils dorment. Ce sont des corps qui s'agitent de par le monde, c'est à dire des cadavres ambulants ! Vous vous considérez comme des corps vivants, mais le corps n'est qu'un cadavre, il ne fonctionne que parce qu'il est connecté au pouvoir interne. Vous vous efforcez d'accumuler toutes sortes de connaissances du monde, vous voulez le plus de diplômes possible, mais qu'est-ce que tout cela ? Rien d'autre qu'ignorance. Cette connaissance concerne l'illusion, qui par définition n'existe pas.Vous êtes et vous n'êtes pas, la réalité est ainsi. Alors, où la trouver ? Oubliez simplement cela (le monde, le « Je »), et Elle est là. Oubliez votre mental, oubliez votre connaissance et votre ignorance, oubliez tout ce que vous voyez et percevez de ce monde. Oublier veut dire : cela n'est pas vrai. Nul besoin de quitter quoi que ce soit, comprenez simplement que ce n'est pas réel, parce que te « Je » voit toujours ce qui n'est pas, c'est dans sa nature de vous tromper, de dire et de voir le faux. Tous les noms sont faux. Soyez-en certain ! Ils sont illusion, mais vous

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donnez quand même des noms à tout et à tous. Pourquoi ne pouvez-vous pas trouver la réalité ? Parce que l'origine du « Je » est le zéro, le vide. Le « Je » n'existe pas. Votre nom est Pierre ou Paul, mais pouvez-vous le trouver quelque part ? Non, parce qu'il vient du rien, de zéro. Vous dites « Oui » à ce qui n'est pas, alors comment cela peut-il être réel ? Tous sont dans l'ignorance, car tout a pour origine l'ignorance, c'est-à-dire l'oubli de la réalité. De là toute chose a surgi, et par ignorance vous dites que tout est vrai. Tout est réel.Dans le sommeil profond qui n'est qu'un changement d'état, tout devient zéro. Savez-vous où vous êtes quand vous dormez ? Quand vous oubliez ? Dans cette ignorance une pensée émerge et vous devenez quelqu'un d'autre dans le rêve. La réalité n'a pas de tendances, ni d'oubli ni de souvenir. Ce que le « Je » dit est toujours faux. Socrate a dit : « Ce que vous voyez et percevez par le mental n'est pas vrai ». Vous voyez une multitude de choses, mais vous n'êtes jamais satisfait. Vous obtenez satisfaction quand vous comprenez que ce que « Je » vois n'est rien. C'est mon concept, mon pouvoir interne qui s'extériorise pour revenir ensuite à l'intérieur, et en lui je vois tout. Que se passe-t-il quand vous prenez une photo ? Le rayon va vers l'extérieur et revient à l'intérieur, le résultat est la photo. Ainsi tout est ce pouvoir interne qui sort par l’œil et va jusqu'au soleil pour revenir à l'intérieur. Par ce pouvoir vous voyez toute chose. C'est par ignorance que vous croyez que tout est à l'extérieur alors que tout est en vous ! « Vous » ici signifie Pouvoir, tout est dans ce pouvoir. C'est pour cela que les sages vous disent d'aller à l'intérieur. Mais en fait où aller ? Vous êtes cela, alors où aller? Ils vous disent que tout est en vous et que c'est un malentendu qui vous fait croire que c'est à l'extérieur. Ce que je vois et perçois n'est rien d'autre que mon ombre, dites au moins cela c'est mieux que rien ! Il est dit que les yeux obtiennent satisfaction quand ils voient que tout est moi-même. Il n'y a rien à part moi-même. Vous regardez votre propre photo, combien de fois la contemplerez-vous ? Deux ou trois fois tout au plus, car cette image est votre reflet, elle n'est pas réelle. Si vous prenez le reflet pour le réel, vous vous oubliez.Maintenant je dis que tout ce que vous voyez et percevez n'est rien d'autre que votre concept ! Vous dites que c'est un arbre, alors c'est un arbre, mais lui ne dit jamais qu'il est un arbre ! Les ignorants à qui l'on a donné un nom disent fièrement : « Je suis cela, untel, une telle ». Vous vous croyez supérieur au reste de la création, mais vous êtes bien plus ignorant, car vous acceptez d'être ce que vous n'êtes pas, alors, que faire ! À ce qui n'est pas vous, vous dites « Oui ». Que faire !Vous vous moquez de celui qui, sous l'emprise de l'alcool, délire et dit n'importe quoi, vous ne le croyez pas. De même, les êtres réalisés rient de vous, car tout ce que vous pouvez dire ou faire n'est qu'enfantillage. Quand les enfants jouent, ils montrent des pierres en disant : « celle-ci, c'est ma maison, celle-là ma voiture », etc. Les croyez-vous ? Les petites filles s'amusent à la poupée et vous invitent au mariage : « viens à la cérémonie, ma poupée se marie ». Et vous répondez : « oui, oui je viendrai ». Mais faites-vous des préparatifs quelconques pour y assister ? Non, car vous savez que vous n'avez rien à faire ni nulle part où aller, mais si le fils de votre ami se marie vous le prenez au sérieux et tôt le matin vous vous agitez pour être prêt. Simplement parce que vous croyez que c'est réel. Quand vous comprenez que ce n'est pas réel, vous ne faites plus aucun arrangement pour quoi que ce soit ! Que cela se fasse ou pas, peu vous importe ! Les sages comprennent que quoiqu'il arrive, c'est mon ordre, qu'il soit bon ou mauvais ! Parce que ce pouvoir qui a créé le monde entier est le même pouvoir qui est en moi. Vous pouvez donc dire : « c’est mon ordre que tout se passe ainsi ». Même si la personne que vous aimez meurt, au lieu de dire : « c'est la volonté de Dieu », dites : « c'est mon choix que cela se passe ainsi » ! À ce moment-là, vous devenez la conscience universelle.Maintenant je vais un peu plus loin en disant que ce pouvoir qui a créé le monde n'est pas vrai non plus. Quand vous avez un rêve, vous en êtes le créateur, n'est-ce pas ? Mais au réveil, vous dites vous-même : « cela n'est pas réel ». Les sages disent que le créateur a créé le monde, mais que tout disparaît dans le vide, le zéro. Ainsi ce n'est pas réel. Le monde a été créé dans

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l'obscurité. Le créateur a créé le monde dans l'ignorance, c'est-à-dire l'oubli de la réalité ; donc le monde n'est pas réel et le créateur du faux est faux également. Exactement comme quand vous dormez, vous oubliez tout dans le sommeil profond et ensuite le rêve apparaît. Le rêve est-il réel ? Son origine est l'ignorance et la réalité n'a rien à voir avec tout ce qui se produit dans l'ignorance. De nombreux films sont apparus sur l'écran, mais l'écran s'en soucie-t-il ? Vous chantez, vous pleurez, vous vous agitez dans le film, mais quand il est terminé, il ne reste plus rien. Vous croyez réel ce que vous voyez et percevez dans l'ignorance, et vous dites que cela est l'expression de la réalité. C'est faux !Si l'oubli est là, c'est à dire l'ignorance, la connaissance doit être là aussi, ce sont les deux faces d'une même pièce. La réalité n'a aucune tendance ou qualité, ni d'oubli ni de rappel. La réalité est, et sur elle toutes sortes de choses se passent, mais elle n'est pas touchée. Dans le souvenir, c'est-à-dire la connaissance, il y a automatiquement la tendance contraire qui est l'oubli, c'est-à-dire l'ignorance. Si vous vous souvenez, cela veut dire que vous aviez oublié. Un sage a dit : « c'est très facile d'oublier ». Rama, Lakshman son frère et Hanuman ont oublié, les dieux aussi ont oublié, ils ont tous fait des erreurs. Brahma est le créateur du monde, Vishnu le maintient et le protège et Shiva est le destructeur qui dit que le monde n'est pas réel. Oublier est une chose commune à tous. L'oubli, ou l'ignorance, est liée à la connaissance, mais la réalité n'a rien à voir avec elle. Connaissance et ignorance sont des concepts qui ont pour origine le point zéro. Ce qui commence dans le point zéro a les attributs ou tendances de connaissance et d'ignorance, d'oubli et de rappel. Vous devez aller au-delà du point zéro, c'est-à-dire aller au-delà de ce qui n'existe pas (zéro). C'est ce qu'on appelle la voie secrète. Ceux qui sont forts et courageux peuvent aller au-delà du vide (zéro). Il suffit d'être convaincu que tout n'est rien. Bien sûr cela demande du courage pour dire que tout est faux, que tout est mon concept y compris les dieux et les démons. Mes pensées positives sont appelées Dieu et mes pensées négatives Démon, c'est tout.Ainsi quand vous oubliez la réalité, n'importe quoi peut se produire, mais la réalité n'a pas de tendances d'oubli ou de rappel, d'ignorance ou de connaissance. Si la réalité avait la faculté d'oublier, il n'y aurait plus rien du tout. S'il n'y a pas de fondation, comment l'immeuble peut-il tenir debout ? Dans l'oubli de la base (la réalité) un seul concept a créé le monde entier !

Article publié dans le n° 53 de la revue : 3° Millénaire

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Traduction française d'un enseignement donné en juin 1996 en Bretagne.

Question : Lorsque je contemple ma nature réelle, je suis dans le « Je suis » et un sentiment d'amour sans cause me le confirme. Ce sentiment est-il juste ou est-il encore dans l’illusion ?

Réponse : C'est une bénédiction du Soi. Vous ressentez la présence de « Je suis », vous oubliez toute chose, les concepts et l'illusion. C'est un état inconditionnel. La béatitude apparaît lorsque vous oubliez l'objet. Mais, dans ce sentiment, il y a encore quelque chose de vous-même. Après tout, c'est encore un concept.

Lorsque vous êtes las du monde, vous désirez la solitude et vous vous retirez à l'intérieur de vous-même. C'est l'expérience d'un état supérieur, mais qui est encore dans le mental. Le SOI n'a ni plaisir ni déplaisir. Sans le « Je suis » l'oubli complet de l'illusion implique que rien n'existe, que tout n'est rien. C'est peut-être encore là, mais pour vous cela n'a aucune réalité. C'est pourquoi on l'appelle Réalisation, ou connaissance du SOI. C'est la réalisation du SOI, sans le petit soi.

Si quelqu'un vous appelle, vous répondez « je suis là ». Mais, avant de dire « je suis là », vous existiez. L'illusion ne peut rien donner de plus que la Réalité.

Je ne peux attribuer quoi que ce soit d'extraordinaire à la Réalité, parce que la Réalité est la base de tout ce qui est. Tout ce qui existe, tout ce que vous voyez, les objets de vos perceptions, tout cela provient de la Réalité. L'ignorance et la connaissance n'existent pas puisqu'elles sont sans existence. Comment pouvez-vous les exprimer ?

Lorsque vous avez objectivé une pensée sur quelque chose, cela veut dire que vous avez expérimenté cette chose. Dès que vous ressentez quelque chose, vous vous éloignez de votre SOI, du SOI. Vous ressentez de l'amour, cela est mieux que d'être dans l'ignorance, mais, après tout, il s'agit d'un état et un état est toujours conditionné.

« L'état non conditionné » n'est pas un état. C'est l'expérience de non-existence de l'illusion. Dès que vous ressentez la moindre existence, vous êtes dans l'ignorance. C'est très subtil. Ignorance et connaissance sont toutes les deux subtiles.Dans la Bhagavad-Gîtâ, le Seigneur Krishna dit « où les mots s'en vont, là est mon royaume ». Cependant, il était roi, faisait des lois. Mais, il savait ce que le mot « rien » veut dire.

Quand vous ressentez que plus rien ne peut vous atteindre, vous êtes passé au-delà de l'illusion. Voici le sommet de la philosophie et vous pouvez l'atteindre. Là, il n'y a plus de Maître ni de disciple, car les deux ne sont qu'un. La dualité n'existe plus, seulement l'unité, et rien n'est en dehors d'elle. Toutefois, restez dans l'illusion, mais comprenez cela.

Deux amis voulaient faire une farce à un autre ami. L'un d'eux commença à insulter l'autre, mais ils riaient tous deux des insultes. Le troisième était troublé et déclara : « Comment pouvez-vous rire ainsi quand on vous insulte ? » Ils riaient parce qu'ils possédaient la clef du jeu, mais le troisième l'ignorait. De la même façon, une personne « réalisée », bien que vivant dans le monde, comprend que tout n'est rien et quoiqu'il advienne, rien ne survient. Ainsi, elle n'est pas touchée.

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Les gens ont toujours peur de ce qui arrive, ou va arriver. Ils ont peur de ce que les gens vont dire ou penser. « Que vais-je faire ? » Ils combattent ou se réjouissent. Toutes ces divagations sont le fait du mental. Celui qui est en dehors du cercle comprend que tout est vain, tout n'est rien, n'existe pas, est seulement ignorance.

On dit que seul celui qui plonge au fond de l'océan peut trouver la perle. Ceux qui demeurent à la surface sont entraînés par le courant des plaisirs et des souffrances. Vous devez plonger profond, dans les profondeurs sans limites, parce que c'est là que vous êtes. Ne vous arrêtez jamais aux limites.

L'or ne tient pas compte des formes qu'il revêt dans les ornements. Il peut prendre la forme d'un chien ou d'un dieu. Il n'est pas concerné par la forme. De la même façon, soyez indifférent aux choses parce qu'elles n'ont pas d'existence. Rien ne doit vous atteindre. Vous êtes hors de portée. Le mental doit devenir le point d'entière compréhension de l'illusion. Là est votre état.

Rien ne demeure pour celui qui a compris cela. Il n'y a ni gain, ni perte. Ne vous demandez pas si vous avez atteint la Réalité, parce que vous êtes la Réalité. Aussi, pourquoi dire « Puis-je ? ». En premier lieu, sortez du cercle. Abandonnez toute chose, l'une après l'autre et descendez profondément en vous-même, dans votre SOI. Revenez alors et soyez en tout.Ce que vous avez évoqué correspond à un bon niveau, mais dépassez-le. Quand le mental a accepté que tout est illusion, seulement illusion, vous êtes alors dans votre SOI. Le corps et le mental sont des illusions. Vous devriez vous réjouir de Comprendre est difficile, mais si vous faites une recherche réelle, vous atteindrez ce niveau. Cela est et a toujours été, mais vous ne le saviez pas. Voilà la difficulté. Ce n'est pas un simple point où la Réalité n'existe pas.

Vous expérimentez l'existence à travers les objets, mais tout ceci n'est rien. Il y a une omniprésence, mais vous ne la voyez pas. Pourquoi ? Parce que vous êtes cette Réalité même. Comment pourriez-vous vous voir vous-même ? Pour voir votre visage, il vous faut un miroir.

Le réel bonheur est au-dedans de vous et non à l'extérieur. Durant le sommeil profond, vous êtes heureux ; vous, oubliez le monde. Ainsi, le bonheur réside dans l'oubli du monde. Quittez le monde tel qu'il est ; ne le détruisez pas. Mais, sachez qu'il n'existe pas.

Faites ce que vous avez à faire, mais soyez-en détaché. En comprenant que, quoi que vous ressentiez, perceviez et acheviez, tout cela est illusion, cela n'a pas d'existence. Votre mental doit accepter cela.

Les saints disent « Dans la mesure où tout n'est rien, comment ce rien peut-il vous affecter et vous toucher ? » Alors, que faire ? Le mental n'est rien d'autre que le siège de la connaissance. Les gens distinguent le mental de la connaissance. Mais ce n'est pas correct.

Il n'y a rien dans le monde. C'est une illusion. La réalité seule est. Lorsque vous comprenez que l'illusion est réellement illusion, comment pouvez-vous être affecté ? La Réalité seule est. Lorsque vous comprenez que l'illusion est vraiment l'illusion, qu'est-ce qui peut vous affecter ?

Comment pourriez-vous ressentir ce qui ne vous affecte pas ? La feuille de lotus existe grâce à l'eau, mais elle demeure à la surface de l'eau, sans être touchée par elle. Si vous jetez de l'eau sur elle, l'eau glisse, mais ne l'affecte pas.

Lorsque vous comprenez que rien ne demeure, il n'est plus question d'attachement amoureux.

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Le bonheur du SOI que vous éprouvez, c'est toujours un plaisir de connaissance. Au début, vous devez être vigilant. Puis, vous devenez la Réalité elle-même parce que vous l'êtes déjà. Pourtant, il n'y a pas de risque à vivre dans l'illusion. Le monde, puisqu'il n'existe pas, ne peut vous toucher.

Le lotus reste sur l'eau, mais cela lui est égal. De la même façon, vous devez faire l'expérience de votre vraie nature. Je dis « expérimenter », mais les mots sont impuissants, parce qu'il s'agit de quelque chose qui se situe au-delà de l'espace, au-delà du zéro. Les mots ne pénètrent pas là. Ici, ils s'arrêtent.Savoir cela. Abandonnez l'identification à cela. La seule chose que le Maître fasse, c'est de donner sa valeur exacte au Pouvoir qui est en vous et auquel vous ne prêtez pas attention. Il ne fait rien de plus. Vous avez une pierre et le Maître révèle que c'est un diamant. Il fait de vous une pierre précieuse.

Je suis omniprésent, tout puissant, je suis le Créateur de tout ce qui est. Lorsque vous êtes au point de départ de tout, vous êtes en tout. Vu de cette façon, un assassin ne peut être considéré comme mauvais. Quoi qu'il arrive, c'est sur « mon ordre ». Soyez un Maître, non un esclave ! Vous êtes un Maître.

Question : Je voudrais savoir pourquoi certaines personnes « réalisées » se réincarnent dans le but d'aider d'autres personnes à se réaliser?

Réponse : Personne ne vient, personne ne s'en va. Qui a dit cela ? Vous avez dû le lire dans des livres et puis vous le répéter.

Il est dit que parmi les plus grands, il en est qui meurent ignorés. Rama et Krishna furent des héros secondaires. Les hommes accomplis peuvent vivre en silence et mourir en silence. Ensuite, leurs pensées reviennent chez une autre personne. Mais dire qu'ils reviennent est une sottise. Personne ne vient, personne ne s'en va.

Tout ceci est un songe. Dans le songe, vous pouvez être un grand Maître, mais, lorsque vous vous réveillez, vous revenez à votre état ordinaire. Qui est parti ? Et qui est revenu ? Rien ne s'est passé. Le concept d'un grand Maître est venu à vous et vous êtes devenu ce « grand Maître », mais, au réveil, vous ressentez « Oh ! Tout ceci n'a aucun sens. Comment pourrais-je être un grand Maître puisque je ne sais rien ? » Pourtant, dans le rêve, vous donniez des enseignements, vous parliez aisément de toutes choses. Mais, lorsque le réveil advient, toutes les connaissances s'évanouissent. C'était un rêve ! D'où est-il venu ? Et où a-t-il disparu ?

Quand rien n'a d'existence, tout est croyances et concepts du mental. Le soi-disant Sage qui déclare « Je suis la réincarnation de Dieu » ne se connaît pas, pas plus que la Réalité. Au contraire, il est l'esclave de son ego et de l'illusion.

Comme dans la connaissance, il n'y a pas d'entité, il n'est pas question de tout ceci. Celui qui a la Connaissance rejette toutes ces choses-là. Cette personne ressemble à une personne ordinaire, mais son cœur est tout à fait différent.

Si vous demeurez à l'extérieur, comment pourrez-vous comprendre ? Pour habiter une maison, vous devez entrer à l'intérieur. De même pour pénétrer votre propre SOI, vous devez devenir le propriétaire des lieux. Mais là, le « je » ne doit pas rester le « je ». Et il n'est pas plus question de Maître que de disciple. La pensée du Maître peut inspirer celui qui prend un corps, parce que

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lui et le sage sont un.

Si vous pénétrez le cœur d'une personne réalisée, vous ne demeurez pas « vous » parce que lui seul est. C'est pourquoi il est dit que celui qui enseigne est une incarnation de Dieu. Le Sage donne la connaissance à tous, mais il ne la valorise pas, car il sait que la connaissance est aussi la plus grande ignorance. C'est pourquoi ne soyez touché par rien.

Question : Si tout est illusion, êtes-vous vous-même une illusion.

Réponse : Oh ! Oui ! Je suis la plus grande illusion ! Tout ce que je dis de tout mon coeur et si franchement est totalement faux ! Mais, le faux « je » peut vous faire atteindre le but. L'adresse d'une personne n'est pas votre destination. Quand vous atteignez la maison, abandonnez l'adresse qui vous a été donnée.

L'adresse est intéressante jusqu'au moment où vous entrez dans la maison. Dès que vous êtes entré à l'intérieur, l'adresse s'évanouit. Les mots ne sont rien d'autre que des indications. Ils n'ont aucune réalité en eux-mêmes. Si votre « je » demeure, je suis également une illusion. Ne demeurez pas en tant que « je ». Ceci est le sommet de la compréhension philosophique. Saint Tukaram disait « j'ai vu ma propre mort et ce que j'ai vu là, la joie qui m'a été donnée, c'est que je sais ».

En premier lieu, vous devez mourir à vous-même. « Vous » signifie illusion. Ce que je dis est faux, mais cependant vrai d'une certaine façon, car je parle de Cela. L'adresse est fausse, mais, lorsque grâce à elle vous atteignez le but, c'est la Réalité.

De la même façon, toutes les Écritures, tous les livres de philosophie indiquent seulement un point qu'ils ont désigné et quand vous l'atteignez, ils deviennent non existants, vides.

Les mots sont faux. Seul le sens qu'ils véhiculent est vrai. Ils sont illusoires, mais ils ont un sens, puisque tout est illusion, pour comprendre les illusions l'illusion est nécessaire.

Ainsi, par exemple, pour ôter une épine de votre doigt, une autre épine est nécessaire. Ensuite, vous jetez l'une et l'autre. Mais, si vous gardez la seconde épine qui vous a servi pour enlever la première, vous serez sûrement piqué de nouveau. Pour ôter l'ignorance, la connaissance est utile. Mais, finalement, les deux doivent se dissoudre dans la RÉALITÉ. Votre SOI est sans ignorance et sans connaissance.

C'est pourquoi le Maître et le chercheur sont illusion, car ils sont UN. Si vous gardez la seconde épine qui correspond à la connaissance, même s'il s'agit d'une épine en or, vous serez piqué par elle. L'ego est la seule illusion et l'ego est aussi la connaissance.

On dit que pour attraper un voleur, vous devez agir comme un voleur. Alors, vous pouvez le surprendre et lui dire : « Attention ! Je suis là, je sais que vous êtes un voleur, mais je sais également que vous ne trouverez rien à dérober ».Mais, vous ne pourrez surprendre le voleur s'il a quatre yeux et que vous n'en avez que deux. En un clin d’œil le voleur évalue ses chances et, si vous n'êtes pas vigilant, il dérobe !

L'illusion est comme le voleur. Aussi, devez-vous être plus tort que lui. Votre mental doit accepter que tout est illusoire. C'est alors, et seulement ainsi que vous deviendrez « le plus grand des grands ». La connaissance est une grande chose, mais elle doit seulement être un

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remède que vous avez dû prendre puis que vous arrêtez de prendre. Quand la fièvre s'enfuit, vous ne prolongez pas le traitement sinon vous auriez d'autres problèmes. La connaissance est utile pour chasser la fièvre de l'ignorance. Remerciez le médecin qui vous a prescrit un dosage limité. Commencez par comprendre que « je » est illusoire et que ce que je dis l'est aussi. Le Maître et ce qu'il dit sont aussi illusion parce que, dans la Réalité, « je » et lui n'existent pas davantage.

Allez au fond de vous si profondément que vous disparaîtrez. Autrement, voyez ce qui va survenir : un bélier est arrivé chez vous. Pour le faire partir, vous avez ouvert la porte. Le bélier s'est enfui, mais un chameau est entré. Le chameau est juste l'illusion. Aussi, soyez au-delà de l'illusion.

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Copie d'un enseignement donné en mai 1998 à Paris.

Question : J'adhère complètement à ce que vous dites Maharaj, mais parfois dans le lâcher-prise du sommeil, j'éprouve un sentiment intense, je me vois à la porte de la mort. Je sais que c'est une ouverture merveilleuse, mais en fait j'ai une réaction de panique et en dépit de toutes mes pratiques de méditation, ce sentiment de peur perdure. Comment vaincre cette peur de disparaître, de me fondre ?

Maharaj : C'est parce que vous ne voulez pas être cela. À cause de l'ignorance, vous vous demandez : « si je quitte ceci, que va-t-il se passer ? », mais puisque tout cela n'est pas vrai, pourquoi s'inquiéter ? Pourquoi avoir peur de ce qui n'est pas, peur de quitter ce rien ? Ce qui n'est pas, ne sera jamais. Vous acceptez cette peur dans votre mental, car vous pensez que le monde est vrai. Cette peur est due à un manque de compréhension, elle est créée par le mental qui ne veut pas mourir. Vous vous demandez ce qu'il va rester si le mental meurt, mais dans le sommeil profond, que reste-t-il ? Dites-moi ? Rien. De même ici, si vous dormez au monde, comment la peur pourrait-elle se maintenir ? Alors que vous êtes dans l'état de veille, dites-vous que tout cela n'est pas vrai. D'ailleurs même si dans l'état de veille vous affirmez que le rêve est vrai, cela ne le rendra pas réel pour autant ! Peut-il, par exemple vous revenir une fois qu'il a disparu ? Tant que la peur est là, cela veut dire que le mental n'accepte pas que tout n'est rien, que tout est faux. C'est la faiblesse du mental, mais il doit l'accepter. Tant que celui-ci se maintient, l'ego se maintient également. L'ego fausse votre vision, mais dès qu'il disparaît, la réalité est là. Il dissimule la réalité, car il dit : « je suis quelque chose ». Enseignez-vous à vous-même que « je » n'existe pas, je ne suis pas. Si vous n'êtes pas, les autres ne sont pas non plus. Mais si vous dites : « je suis ceci, ce corps », etc. alors les autres apparaissent aussi comme étant vrais. Oubliez la peur. « Je n'existe pas » alors qui d'autre pourrait être ? Seule la réalité est. Si la peur est là, c'est qu'il y a une faute de compréhension. Renforcez votre mental jusqu'à ce que la peur disparaisse, elle n'existe que parce que vous pensez que le monde est réel. Si vous tuez le serpent, la peur disparaîtra ; peut-il encore vous effrayer lorsqu'il est mort ? Il n'y a ni bon ni mauvais, car il n'y a rien, et si vous ressentez cela profondément, vous n'aurez plus peur. En fait le serpent n'a jamais existé, mais tant que vous avez peur, cela veut dire que vous le considérez comme réel. Le mental est terrible, car il crée la peur ! Oubliez la peur et vous êtes hors des griffes du mental, vous serez non-mental. Non-mental veut dire pas de concepts. Enseignez à votre propre mental que rien n'est vrai, la peur disparaîtra alors.

Vous parlez toujours d'oublier, je voudrais savoir comment oublier.

Quand vous dormez, vous oubliez, n'est-ce pas ? De même, dormez au monde alors que vous êtes éveillé, comprenez simplement qu'il n'est pas vrai. Tout est zéro ! En philosophie vous devez comprendre votre propre mort : « je n'existe pas ». C'est cela la philosophie. Tant que vous pensez : « je suis là », vous ne pouvez pas oublier. Dans un rêve, vous faites tant de choses, mais existent-elles ? Quand vous vous réveillez, dites-vous : « j'ai fait quelque chose de bon ou de mauvais » ? De même, alors que vous êtes éveillé, comprenez que ce que vous faites, ce que vous êtes n'est rien, tout est faux ! Où êtes vous, pouvez-vous me le montrer ? Êtes-vous le corps, le mental ? Que pouvez-vous montrer quand tout cela n'est rien ? Tant que le corps est là, vous devez agir et ressentir ; faites-le, mais en sachant que ce n'est pas vrai. Tant que les yeux sont là, ils doivent voir, mais sachez que ce qu'ils voient n'est pas vrai. Tout ce que je peux voir et ressentir n'est pas la réalité. La douleur arrive au corps, elle doit venir, mais comprenez que c'est au corps qu'elle arrive et pas à moi. Essayez de vous désidentifier du corps : « ce n'est pas ma douleur, le corps n'est pas moi. » Votre conviction profonde doit être : « ce n'est pas mon

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corps, je ne fais rien, je ne suis rien, je n'existe pas. Je ne suis ni le nom ni le corps ni le mental. » Agissez avec tous ces instruments, mais comprenez que vous n'êtes pas eux. C'est ce qu'on appelle le non-conditionné, le non-attaché. Vous prenez ces conditions comme étant vous-même et vous dites : cela est mien, etc. Par exemple, un homme et une femme qui ont eu un enfant chacun de leur côté avant de se marier, disent : « celui-ci est le mien, celui-là le tien. » Ils ne comprennent pas qu'ils sont Un, l'ego fait toutes ces séparations alors que tout n'est qu'Un. Tous sont vous-même, si vous comprenez cela, à qui adresser de bonnes ou de mauvaises paroles ?

Comment oublier ce qui n'existe pas ?

C'est très facile d'oublier ce qui n'existe pas. Quel nom donnerez-vous au fils d'une femme stérile ? Il n'existe pas, il n'y a donc pas de problème. Supposez que vous faites un rêve, au réveil vous l'oubliez instantanément, n'est-ce pas ? Quand vous comprenez que rien n'est vrai, comment les choses peuvent-elles persister ? Comment oublier ce qui n'est pas ? Par la compréhension, vous oubliez tout. Le monde n'existe pas. Même les scientifiques disent que le monde que vous voyez n'est nulle part. Par un simple changement d'état, dans le sommeil par exemple, le monde devient zéro. Au réveil il démarre comme une télévision, vous appuyez sur le bouton et le film apparaît, vous éteignez et le film disparaît. Le mental est responsable de tout cela. S'il dit : « c'est là », alors c'est là ; s'il dit : « ce n'est pas », alors rien n'est. Soyez en certain, tout dépend du mental. Dès qu'il dit que le monde n'est pas vrai, c'est très facile d'oublier. Combien de temps cela prend-il ? Vous n'oubliez pas pour la simple raison que vous le considérez vrai. Vous voyez le rêve, mais quand vous vous réveillez, vous dites vous-même qu'il n'est pas réel. De même, quand vous comprenez ce qu'est le monde, où il a commencé et où il finira, vous l'oubliez. L'origine du monde est le zéro, l'espace ; de là un concept a jailli et le monde entier est créé. C'est exactement comme lorsque vous êtes dans le sommeil profond : soudain une pensée émerge et le rêve se déroule. Le monde est un long rêve et si vous comprenez que c'est un rêve, une illusion que quoiqu'il arrive ce n'est pas vrai, vous l'oubliez facilement. Si vous ne comprenez pas, alors le monde est vrai pour vous. Le mental est un facteur étonnant, il peut passer d'une pensée positive à une pensée négative en un instant, il est toujours changeant.

Si vous oubliez le mental, vous serez heureux ; c'est l'unique facteur qui crée toutes les souffrances et tous les plaisirs également. Comprenez que le mental lui-même n'est pas vrai : mental veut dire pensées, et les pensées vont et viennent. Le mental ne crée que la confusion, rien d'autre. Celui qui est non-mental n'est plus dans la confusion. Essayez d'oublier ce qui n'est pas vrai, c'est le seul remède. C'est ainsi que l'illusion disparaîtra, sinon elle persistera sous une forme ou une autre. Le mental vit dans la peur permanente : « que va-t-il se passer ou ne pas se passer ? Que faire ou ne pas faire ? » Être ou ne pas être est toujours la question pour chacun de vous. Si la personne qui vous est chère meurt, vous pouvez pleurer et pleurer encore, cela ne vous la rendra pas. Un corps mortel est mort, pourquoi s'en faire ? Vous devez l'oublier ou vous ne pourrez pas vivre dans ce monde. L'oubli est la meilleure des choses, c'est à cette condition que vous pouvez être heureux. Si vous vous souveniez de vos vies passées, vous seriez malheureux pour toujours ! Dans la vie, toutes sortes de choses se produisent, certaines que vous désirez et d'autres pas. Que faire ! Si vous n'oubliez pas dans la vie, vous devenez fou ! C'est pour cela que l'on dit que l'oubli est nécessaire. Combien de temps faut-il pour oublier ce qui est illusion ? Vous oubliez à chaque instant. Quand vous prononcez un mot, un autre arrive aussitôt et vous devez oublier le premier pour pouvoir prononcer le suivant. Le mot n'a pas d'entité, il naît dans l'espace, qui est zéro. Vous entendez ce que je dis, mais pour continuer à entendre, vous devez oublier ce que j'ai dit précédemment. Son origine est le zéro et sa

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destination le zéro. Tout se passe en une fraction de seconde. Si quelqu'un vous insulte, les mots disparaissent aussitôt prononcés, mais l'effet s'imprime dans votre mental. Vos ancêtres sont tous morts, où ont-ils disparu ? Où existent-ils maintenant ? Ils n'ont jamais existé, vous ne pouvez donc pas dire où ils ont disparu. Aujourd'hui, c'est le 18 mai, où a disparu le 17 ? Et d'où apparaîtra le 19 ? Vous comptez les jours et les nuits, mais ce n'est que votre concept, car si vous demandez au soleil combien d'années il a, il vous répondra : « je ne connais pas les années ! » Cette base sur laquelle vous comptez toutes ces années, ces va-et-vient, ces apparitions et disparitions est immuable. Le soleil n'a connaissance de rien.

De la même façon, c'est à partir de l'ignorance que la connaissance est apparue et vous voyez l'illusion entière se dérouler. L'ignorance s'est surimposée à la réalité et de cette ignorance un concept a surgi (la conscience/connaissance) et sur ce concept le monde est créé. Concept veut dire connaissance. Tout le monde fonctionne par la conscience/connaissance, c'est par elle que vous créez et agissez. Prendre naissance est un concept, vous devez ensuite endurer tant de choses durant toute votre vie ! Le concept est la vie, rien d'autre, et quand la vie prend fin, le concept disparaît et tout se termine, rien ne persiste. S'il n'y a pas d'espace, il n'y a pas de mots. À cause de l'espace, les mots et le monde sont apparus. Vous avez créé le monde entier, mais, dites-moi, y a-t-il autre chose que les mots dans le monde ? Vous dites que c'est l'Inde, la France ou les États-Unis, mais ce ne sont que des mots, des concepts ! Par les mots, vous en avez tellement fait, et vous avez été si loin qu'il vous est maintenant impossible de vous comprendre vous-même. Comprenez l'origine des mots, où ils commencent, ensuite oubliez-les et la réalité est là. Les mots, c'est-à-dire la connaissance, ont un grand pouvoir ; à partir d'un seul mot, quelqu'un peut devenir votre ami ou votre ennemi. D'où viennent les mots ? De votre mental. Ainsi le mental est le facteur essentiel, si vous l'orientez vers la véritable chose, c'est à dire la réalité, il devient votre meilleur ami. Si vous le dirigez vers le faux, il vous entraîne en enfer ! Ainsi les êtres réalisés prennent le mental de leur côté, ils en font un ami, et finalement le mental lui-même disparaît et seule la réalité est. Le monde et le mental disparaissent, c'est ça la réalité et c'est ce que vous êtes ! Il n'y a alors plus à s'en faire, car si vous êtes la réalité, comment l'illusion pourrait-elle se maintenir ? Elle n'existe pas de toute façon. Quand vous oubliez la réalité, c'est à dire vous même, le monde apparaît alors dans sa multiplicité.

Les écritures indiennes disent : « vous avez obtenu une incarnation humaine, si vous réfléchissez et comprenez par le biais du discernement, alors vous n'êtes pas perdu, vous oubliez tout et vous atteignez la réalité, mais si au contraire vous vous oubliez dans l'illusion le monde, vous devrez endurer de nombreuses renaissances (84 millions de naissances) ». Tant que vous êtes identifié au mental, aux 5 éléments (le corps) et aux 3 attributs (gunas), vous devez prendre naissance après naissances. Mais dès que vous comprenez : « je ne suis ni le corps ni le mental », vous sortez du cercle des renaissances. C'est pourquoi les êtres réalisés vous disent d'oublier toutes les choses du monde, mais rappelez-vous que puisque vous avez pris naissance, vous devez vous connaître vous-même dans cette vie. Ceux qui ne le font pas vont en enfer ; enfer veut dire prendre naissance après naissance. Mais en fait, il n'y a ni enfer ni paradis. Être confiné dans le ventre de la mère pendant 9 mois, c'est ça l'enfer, rien d'autre, et pourtant votre plus grand désir est d'avoir un corps. Par la peur, vous êtes devenu si petit, mais, croyez-moi, vous ne pourrez obtenir une autre réincarnation humaine si facilement ! Que faites-vous de bien dans cette vie ? Vous dites que ce qui est faux est vrai ! Vous mentez sans arrêt. Vous avez tellement menti que vous ne pouvez pas être pardonné ! Vous fraudez sans cesse, car vous dites : « je suis » à ce que vous n'êtes pas. Combien de fois avez-vous dit : « je suis ce corps » ? Pour une seule imposture, vous risquez, dit-on, 7 ans de prison, aussi vous faudra-t-il endurer 84 millions de renaissances.

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Oubliez « je suis le corps », comprenez que vous n'êtes pas cette petite chose ! Dès que vous oubliez cela, la réalité est là, nul besoin de la chercher. Vous dites : « il n'y a personne ici », mais vous vous êtes là ! n'est-ce pas ? Ainsi la réalité est vous-même sans le « vous ». Vous acceptez que vous êtes le « je » et la confusion apparaît. Oubliez ce « je », car il n'existe pas. Qui reste alors ? La réalité. C'est de cette manière que vous pouvez oublier : quand cela n'existe pas, vous n'avez pas à vous rappeler de quoi que ce soit, n'est-ce pas ? Ce qui n'existe pas a pour origine le zéro et pour fin le zéro, alors comment se rappeler de ce qui n'est pas ? Combien de temps vous faut-il pour oublier ce qui n'est pas ? Dites-le-moi ! Vous acceptez en paroles que le monde est illusion, mais au fond de vous-même, vous le refusez. Si vous l'acceptez réellement, vous êtes hors de l'illusion. À cause de l'ignorance, vous pensez que tout cela est vrai ; oubliez-la et vous êtes la réalité. Vous dites : « je veux oublier », mais en fait vous ne voulez pas le faire ! Vous êtes malade et vous consultez un docteur qui vous donne le remède, mais si vous ne le prenez pas, à qui la faute ? La maladie ne pourra pas disparaître. La maladie de l'illusion est telle qu'elle ne disparaîtra jamais à moins que le maître ne vous donne la compréhension. Alors elle sera supprimée pour la simple raison que l'illusion n'existe pas.

Le problème est que le mental ne veut pas comprendre, d'où toutes ces questions qui se bousculent en vous. Certaines personnes n'ont aucun désir de comprendre, mais veulent simplement polémiquer. Si vous dites « oui », elles diront non, si vous dites : « j'ai de la fièvre », elles vous diront : « non, vous n'avez pas de fièvre » ! Que peut-on dire alors ? Que peut-on dire à propos de ce qui n'est pas ? Et que peut-on oublier quand ce n'est pas ? Ainsi ce qui n'est pas, n'est pas et ne sera jamais, c'est une évidence ! En fait, c'est facile d'oublier : vous avez oublié aujourd'hui ce qui s'est passé hier et vous oublierez demain ce qui s'est passé aujourd'hui. Par un simple changement mental, tout disparaît, si ce changement se produit vous devenez la réalité, sinon vous restez une petite créature dans le monde. Quelle valeur a ce petit corps dans ce monde immense ? Il peut disparaître en une fraction de seconde si la déconnexion se produit, mais vous êtes si fier de cette chose qui peut disparaître à tout moment ! Vous vous croyez important, vous croyez faire de grandes choses avec ce corps. L'ego n'existe que sur du vent, c'est-à-dire la respiration. Quand elle s'arrête, où est l'ego ? Tant que vous respirez, vous dites que l'illusion est vraie, mais quand elle s'arrête tout devient zéro. Comprenez qu'elle n'est pas vraie alors même que vous respirez, que vous êtes en vie. Mais l'ego ne vous autorise pas à l'accepter. Oublier le monde veut dire comprendre qu'il n'est pas. Si vous le comprenez ainsi, vous êtes sûr d'atteindre la réalité, car vous êtes Elle.

D'où vient le rêve et où disparaît-il ? Un concept a surgi et vous voyez le rêve se dérouler. Quand vous dites : « je suis », c'est le concept qui surgit et ensuite vous voyez le monde entier. Tout le monde dit : « je suis », personne ne dit : « je ne suis pas ». La réalité est la seule base qui soit, malgré tout vous dites : « je suis ». Vous considérez le corps, le mental et toutes les choses comme étant vrais, vous ne comprenez pas que tout cela n'existe pas. Les êtres réalisés savent que le « je » n'existe pas. Si vous n'existez pas, comment le monde pourrait-il exister ? C'est vous qui donnez la valeur à toutes les choses, vous dites ces arbres sont là, mais les arbres disent-ils « je suis là » ? Vous nommez chaque chose de ce monde, mais les choses ne disent jamais « Je suis cela », c'est vous qui le dites. Votre mental est sous l'emprise de l'ignorance et dit : tout est vrai. Que faire ! Ce qui n'est pas, vous dites que cela est. Exactement comme un ivrogne qui sous l'effet de l'alcool vocifère : « je suis un roi, je suis un roi » ! Qui peut l'arrêter ? Vous pouvez être le premier ministre de votre pays, mais cette situation peut changer à tout moment (en Inde le premier ministre change tous les jours !), mais vous persistez à dire : « je suis cela » ! Ce n'est qu'illusion, car c'est seulement votre concept, votre pensée et la pensée fonctionne sur le souffle, sur la respiration. Quand le souffle s'arrête, tout disparaît, pauvre ou riche, tout s'évanouit. Donc, comprenez, alors que vous êtes vivant, que vous respirez toujours,

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d'où vient cette respiration, ce souffle. Elle vient de la réalité, car tout se surimpose à elle. Sur elle tout apparaît et disparaît, mais elle seule est et demeure. En comprenant cela, vous devenez vous-même la réalité et alors tout ce que « je » vois et perçois n'est rien d'autre que moi-même. Vous devez vous connaître vous-même. Rien d'autre. Le Christ a dit : « Connaissez-vous vous-même et vous connaissez le monde ». Quand le mental atteint cette compréhension, il est toujours heureux, il sait qu'il n'y a plus à s'en faire. Sous l'influence de l'ignorance, vous êtes si malheureux ! Constamment sous l'emprise du désir, vous voulez tout. Le mental mendie sans cesse, il veut toujours quelque chose, il n'est jamais satisfait. Quand vous vous comprenez vous-même, vous êtes alors pleinement satisfait.

Maharaj, vous avez dit que certaines personnes ont accédé à la connaissance, mais sont retombées dans l'ignorance avec un ego encore plus fort qu'avant. Pourriez-vous développer cela ?

Quand vous oubliez votre compréhension, vous revenez dans l'illusion. Vous vous oubliez. Le mental doit avoir la ferme conviction que « Je » n'existe pas. Est-ce qu’un mort dit : « je n'existe pas » ? Il ne peut pas le dire puisqu'il n'existe pas. Mais si vous vous oubliez (votre véritable nature) et revenez dans l'illusion, qui peut vous arrêter ? Tout dépend de la force de votre conviction. La seule chose à comprendre est que « Je » n'existe pas, que seule la réalité est. « Je » est une illusion et si vous le comprenez vraiment, comment pourrait-elle vous toucher à nouveau ? Quand vous vous oubliez (c'est-à-dire la réalité), l'illusion survient. Celui qui ne boit pas n'est pas sous l'influence de l'alcool, n'est-ce pas ? C'est celui qui boit qui subit les effets de l'alcool. Si vous comprenez le monde, vous ne pouvez pas revenir dans l'illusion. Le mental doit être complètement convaincu ; c'est la conviction que ce qui n'est pas, n'est pas et ne sera jamais. Un mort ne peut revenir sous l'influence de l'ignorance, ce qui est mort ne peut revivre. Votre désir d'avoir un corps est ego, mais si l'ego meurt ce désir ne peut revenir ! Ce qui a disparu, a disparu !

Si la compréhension est fermement établie, il ne peut y avoir de retour en arrière. Si en face de vous, il y a un flacon sur lequel est écrit Poison, y toucherez-vous ? Au contraire, vous l'éloignerez de votre vue. Il est dit : « hors des yeux, hors du mental ». Que dire de celui qui revient dans l'illusion du monde sinon que c'est un fou qui a eu la compréhension, mais l'a perdue. La compréhension doit être complète et bien digérée, celui qui revient n'a donc pas compris. Il va simplement jusqu'à la source de la connaissance, qu'il considère comme vraie. La conscience/connaissance est l'ego. Le véritable maître vous dit d'oublier l'ignorance et la connaissance également. Le souvenir peut se transformer en oubli, cela veut dire que la connaissance n'est pas vraie. Vous vous rappelez de quelque chose en ce moment, mais l'instant suivant, vous l'oubliez n'est-ce pas ? Ce qui change n'est pas vrai, la connaissance n'est donc pas vraie. Vous devez allez au-delà de l'ignorance et de la connaissance. La conscience/connaissance elle-même vient de l'ignorance, c'est à dire de l'oubli de la réalité. La connaissance est le plus grand des ego. Socrate a dit : « Je sais que je ne sais rien ». Ce que vous savez n'est rien, n'est pas vrai, la connaissance est toujours fausse. À cause de l'ignorance, la connaissance est apparue, ainsi si vous oubliez la connaissance, l'ignorance disparaîtra automatiquement. Dans le sommeil, vous êtes près de la réalité, mais vous ne le savez pas, c'est le problème. Vous allez au point zéro, mais vous ne devez pas en rester là, comprenez que je suis au-delà du zéro, du vide.

Dans la réalité, il n'y a ni ignorance ni connaissance. Quand la connaissance survient, sachez qu'elle vient de l'ignorance, c'est-à-dire de l'oubli de vous-même. Au réveil vous dites Om (quel que soit votre langue) et alors le monde commence, autrement il n'apparaît pas. Les Écritures

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hindoues disent que Om est le commencement. Avec Om, le « Je » arrive et tout le reste suit. Quand le « Je » disparaît, tout est achevé, il n'y a plus à s'en faire. Tuer votre ego signifie comprendre qu'il n'est pas. Mais vous voulez être quelque chose, votre désir le plus fort, votre concept puissant est l'ego, c'est « Je suis ». Quand le « Je » dors, où êtes-vous ? En une fraction -de seconde le « Je » disparaît et c'est le vide, zéro. Allez au-delà du vide par la compréhension. Tant que l'ego se maintient, vous êtes dans l'illusion. Quand il disparaît, vous êtes Elle, la réalité. Si la compréhension est claire et ferme, il n'est plus possible de revenir dans l'illusion, seuls ceux qui se sont arrêtés à la connaissance reviennent dans le monde et recherchent ensuite le pouvoir, la célébrité ou l'argent. On dit que les plus grands hommes sont partis inconnus, Rama et Krishna étaient des Héros secondaires ! On les « appelle Avatars (incarnations divines), mais quelque soit l'incarnation c'est toujours une descente, c'est à dire une marche plus bas, car ils sont devenus quelque chose, n'est-ce pas ? Incarnation veut dire que quelque chose s'est manifesté. L'être réalisé vit silencieusement et disparaît en silence, il ne dit jamais : « Je suis réalisé ». Qui est-il pour réaliser ? Il ne se maintient pas en tant que « Je ». Ensuite sa pensée se diffuse dans le monde. Il ne dit jamais : « j'existe » ; rien ne persiste pour lui.

Ce qui nous empêche d'oublier le mental, c'est en fait l'attachement au plaisir des sens, comment parvenir à ce détachement ?

L'attachement se produit à cause de la conscience/connaissance. Si vous ne la craignez pas, alors vous pouvez la dépasser et l'attachement ne peut persister. Les attachements aux sens sont dus au corps et vous n'êtes pas cela. Un cadavre n'a plus d'attachements. La conscience/connaissance pénètre votre corps quand vous prenez naissance et tous les attachements sont créés par les sens. Il y a cinq sens de la connaissance et cinq sens de l'action. Les yeux voient, mais c'est vous qui le savez. Quand vous entendez un son, c'est la connaissance, quand vous goûtez, c'est la connaissance. En fait tout est dû à la connaissance. Quand vous dites : « j'ai entendu », c'est avec la conscience/connaissance que vous dites cela. Ainsi le corps est connecté à la conscience/connaissance et la connexion crée tout cela : voir, entendre, parler, manger, bouger... Tout se produit à partir de la conscience/connaissance. Si elle disparaît, les dix sens ne fonctionnent plus dans le corps. À partir d'elle, toutes les choses illusoires sont apparues, alors pourquoi la considérer comme vraie ? Tout comme dans un rêve, vous voyez et faites toutes sortes de choses, mais au réveil dites-vous : « j'ai fait tout cela » ? Non, car vous savez que c'est faux. Ici c'est la même chose, c'est un long rêve où une multitude de choses se passe, mais vous dites quand même « j'ai fait cela » ! Alors qu'en fait vous n'existez pas, c'est cela que vous ne comprenez pas !

C'est grâce à la conscience/connaissance que vous pouvez dire : « j'ai fait cela ». Si vous tuez quelqu'un, vous l'oubliez quand vous dormez, n'est-ce pas ? Quand vous oubliez, rien ne persiste. Vous vous réveillez (du sommeil) et la connexion avec la connaissance se fait et tout le reste suit : la peur, les événements... Vous n'êtes pas le corps alors pourquoi vous inquiéter ? Tous les attachements sont produits par la conscience/connaissance à travers les sens. Vous voyez et oubliez, vous entendez et oubliez. Si un menteur affirme : « je n'ai jamais dit cela », pouvez-vous retrouver ses mots quelque part ? Tant que la conscience/connaissance est là, l'attachement est là aussi. Comprenez simplement que ce n'est pas vrai, que tout en fait est dû à l'ignorance. D'où la conscience/connaissance vient-elle ? De l'ignorance. Vous avez pris naissance dans l'ignorance et de là, la connaissance a surgi. Tout apparaît ensuite, le mental, les sens et l'ego se mettent en action. Mais tout ceci est l'affaire du corps, pas la vôtre, vous n'êtes pas cela. Comprenez que la réalité n'a rien à voir avec toutes ces choses. Comme dans l'exemple du film qui apparaît sur l'écran. L'écran, lui, ne s'inquiète de rien. Dans le film vous pleurez, vous chantez, vous priez ou vous tuez quelqu'un, mais que reste-t-il quand le film est fini ? Le

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héros est-il réel ? S'il voulait savoir qui il est, il disparaîtrait et seul l'écran resterait.

À cause de l'ignorance, ce rêve est apparu et vous dites : « Je suis cela », l'attachement en découle. Tant que le corps est en vie, les dix sens doivent fonctionner, mais comprenez que ce corps n'est pas moi, ni mien. Si votre voisin meurt, vous ne mourrez pas avec lui, n'est-ce pas ? Considérez donc votre corps comme étant votre voisin et non pas vous-même. Vous acceptez l'idée : « Je suis le corps », alors tout vous arrive et vous affecte. Si vous comprenez que : « Je ne suis pas le corps », les attachements et les sens eux-mêmes n'ont plus de valeur pour vous. Les sens ne sont rien, ils ne fonctionnent que par la conscience/connaissance, c'est leur base, sans elle ils ne peuvent fonctionner. Si vous avez une attaque cérébrale, la connaissance est déconnectée. Vous n'avez plus connaissance de quoique ce soit. Vous voyez, mais vous ne le savez pas, vous avez des yeux, mais ne pouvez reconnaître. Le cerveau, qui est la connaissance est déconnecté, la faculté de penser est interrompue. L'ampoule peut-elle éclairer s'il n'y a pas d'électricité ? Ainsi quand votre voisin meurt, vous ne mourez pas avec lui. De la même façon sachez que vous n'êtes pas le corps. « Je suis le corps », est l'effet de l'ignorance. Mais même lorsque vous dites : « c'est mon corps », cela signifie bien que vous êtes autre chose que lui, n'est-ce pas ? Si vous dites : « c'est ma maison », vous n'êtes pas la maison. C'est à cause de l'ignorance que ce mien est devenu moi. Les sens fonctionnent, mais vous dites : « je VOIS ».

Comprenez que ce corps n'est pas moi, puis laissez les sens fonctionner ou disparaître, pourquoi s'inquiéter ? Si votre ami tue quelqu'un, vous direz peut-être : « il a commis une erreur », mais vous ne direz pas : « j'ai tué » ! Si vous dites : « je suis la main qui a tué », vous êtes jeté en prison, car vous vous identifiez au corps ! À cause de la conscience/connaissance, les sens vous sont venus, mais si vous dites : « je suis les sens » ou « ils sont à moi », alors vous êtes lié à l'action qui se produit. Parce que la connaissance est là, tout arrive et se met en action. Quand vous donnez, la connaissance s'éteint, les sens ne fonctionnent plus, de même quand le corps meurt, quand le pouvoir interne est déconnecté, que reste-t-il ? Rien. Ainsi tant que la connaissance ou le pouvoir est connecté, vous ressentez que tout est réel, mais vous devez comprendre alors même que le pouvoir/connaissance est connecté, que rien n'est réel. C'est ainsi que vous en êtes libéré. Les yeux voient et vous dites « je vois », le nez sent et vous dites « je sens », c'est cela l'ego. Vous acceptez que le « Je » est l'agissant, alors que vous ne pouvez rien faire. Le corps et la connaissance rentrent en contact, ils se connectent et tout se manifeste. La connaissance (pouvoir) peut-elle faire quelque chose par elle-même ? Sans ampoule, l'électricité ne peut donner de la lumière, et sans électricité, l'ampoule ne peut éclairer. Aussi l'un et l'autre sont-ils nécessaires pour produire la lumière. Le pouvoir connaissance est connecté au corps, et le corps fonctionne, mais si vous le considérez comme étant Mien, c'est l'ego. Sans la mort de l'ego, vous ne pouvez réaliser.

Le « Je » n'a aucune entité, c'est simplement un concept qui a surgi et maintenant vous devez l'oublier. Par la pensée, vous devez comprendre que vous n'êtes pas cela : « Je ne suis pas le corps ». Dans un rêve, vous tuez quelqu'un ou vous priez Dieu, les deux actes sont de même valeur, car ils n'existent pas. Tuer ou adorer ne sont pas vrais. Êtes-vous d'accord ? Ce qui n'est pas réel, vous le considérez comme vrai à cause de l'ego, mais rien ne se passe et c'est pour cela qu'on l'appelle illusion. Les yeux voient, mais ce qu'ils voient est faux, ce n'est pas réel. Vous entendez, mais qu'entendez-vous ? Des mots qui disparaissent en une fraction de seconde. La langue goûte, mais le goût s'évanouit instantanément et rien ne persiste. Dans votre estomac, rien ne dit : « je suis un gâteau » ! Tout se mélange et devient Un. La connaissance est ainsi faite, elle rentre en contact et disparaît le moment suivant. Elle laisse une impression et disparaît instantanément, elle devient ignorance.

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Ainsi tout se produit à cause de la connaissance, mais vous devez comprendre que la conscience/connaissance est la plus grande des ignorances. L'attachement se crée, et par ignorance vous le considérez comme réel. Vous ne faites rien, mais vous dites : « je fais toutes ces choses ». Ce que vous dites est faux, alors qui en est responsable ? Vous ne faites rien, mais vous dites « Je fais » ! Oubliez ce « Je » et vous êtes libre de toute misère, souffrance et ignorance. La joie, la souffrance sont produites par l'ego, mais les événements se passent et disparaissent, ils ne se maintiennent pas. Toutes sortes de films sont projetés sur l'écran, mais l'écran ne s'en inquiète pas, il sait que tout est faux. Dès que vous comprenez cela, votre question disparaît, elle n'est plus. Les attachements concernent le corps, pas vous. Ce qui n'est pas ne peut être réel. Vous aimez une femme et vous l'épousez, après un certain temps vous ne l'aimez plus et vous vous en séparez. Les attractions et les répulsions ne sont pas réelles, c'est le fonctionnement du mental, c'est la conscience/connaissance qui est ego. L'ego produit toutes sortes de choses, oubliez-le et vous êtes Elle, la réalité. Dans un rêve vous avez femme et enfant, mais quand le rêve est fini, pleurez-vous à leur disparition ? Vous dites simplement que c'était un rêve. La compréhension est requise, et quand elle survient, elle tue la compréhension elle-même, la connaissance tue la connaissance, la pensée tue la pensée. En fait, qu'est-ce que la compréhension ? C'est la connaissance que la connaissance est toujours fausse, c'est la connaissance de ce qui n'est pas réel ! Vous enlevez une épine à l'aide d'une autre épine, mais les deux sont des épines. De la même manière, l'ignorance est supprimée à l'aide de la connaissance, mais toutes deux sont fausses. Rejetez-les et vous êtes hors de l'ignorance et de la connaissance, vous êtes Elle, la réalité.

Maharaj dit qu'après sa mort l'être réalisé ne revient plus dans le corps, dans le monde. Cela signifie-t-il que tout est dissout ?

Tout est dissout pour lui, car il a compris qu'il n'est jamais né et donc ne mourra jamais. Il n'est jamais né, seul le corps a pris naissance à cause du désir de naître. Quand il comprend que ce désir lui-même est faux, comment peut-il mourir ? Il dit : « Je ne meurs jamais, seule la réalité est, éternelle ». Tous les êtres meurent dans ce monde, mais celui qui a compris : « Je suis Elle » ne meurt jamais. Comment l'immortel pourrait-il mourir ? Seul le mortel meurt et ce mortel vous a recouvert, c'est lui qui disparaît, mais vous ne disparaissez pas. Vous êtes inaltéré, toujours le même. Tous les problèmes et les maladies arrivent au corps, mais pas à vous. C'est quand vous dites : « Je suis le corps » que la maladie vous affecte, quand vous vous identifiez au corps, rien ne vous épargne : la naissance, la mort, la maladie... Si vous dites : « Je ne suis pas le corps », vous n'êtes pas touché.

C'est l'ego qui vous fait dire « je suis né », mais en fait vous ne naissez jamais, vous ne mourez jamais. Sur l'écran les films apparaissent et disparaissent, mais l'écran n'est pas affecté ; il est toujours semblable à lui-même, il montre des malades, des gens qui meurent, mais est-ce qu'il meurt avec eux ? Ainsi la réalité reste inchangée et tout ce que vous voyez et percevez sur elle n'est rien, rien que son ombre ou son reflet. Est-ce que l'or perd sa valeur si on le fond ou que l'on s'en sert pour fabriquer des bijoux ? L'or reste toujours de l'or. Que vous en fassiez une image de Dieu ou celle d'un chien, l'or ne change pas. Même si vous en faites un âne, l'or ne devient pas âne ! Ce que vous voyez et percevez n'est rien, vous donnez des noms et des formes, mais ceux-ci sont faux ; seule la réalité est. Tout n'est que l'ombre de la réalité. Qu'il soit au bracelet d'une prostituée ou dans la couronne d'un dieu, l'or a autant de valeur. De la même façon tout apparaît sur la réalité et disparaît, mais la réalité reste toujours réalité : c'est pour cela qu'on l'appelle ainsi. Elle ne change jamais, ne naît jamais et ne meurt jamais, et vous êtes cela. Comprenez que le corps meurt, mais pas vous. Vous pleurez quand il est sur le point de disparaître, car vous pensez « Je suis le corps ». Les êtres réalisés disent : « le corps m’a

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recouvert tel un abcès », alors quand il s'en va, ils pensent : « formidable, l'abcès disparaît ! ».

Le mental est une chose incroyable qui ne sait jamais ce qu'il veut. Chaque jour il désire quelque chose de plus, toujours de plus en plus. On se débarrasse facilement d'un abcès, mais le désir d'avoir un corps est si fort, si puissant que vous ne pouvez pas le comprendre. Le corps fait toujours mal à un endroit ou à un autre et les désirs sont aussi douloureux pour le mental. Le mental est toujours en conflit et tout est difficile pour lui. Si vous n'aviez pas pris naissance, il n'y aurait aucun problème : le rêve apparaît pour celui qui s'endort, celui qui ne dort pas ne peut pas rêver. Dormir signifie vous oublier vous-même et dès lors, les ennuis commencent ! Celui qui ne s'oublie pas est toujours la réalité. Elle n'a ni forme ni nom, et si vous ne les créez pas, vous êtes libre. Ainsi je dis à tous : « Vous êtes la réalité, mais vous avez pris forme et nom, c’est cela l'erreur. » Vous devez les oublier maintenant. Sur l'écran, vous voyez le héros et le méchant, vous jugez l'un bon l'autre mauvais, mais il n'y a que l'écran. Le reste n'est rien, alors quels commentaires peut-on faire à propos de qui que ce soit ? L'écran montre le vilain et le héros et il reste toujours vierge, non altéré. Rien ne le touche. Si les personnages comprenaient qui ils sont, ils disparaîtraient et seul l'écran resterait. Oubliez l'ego, rien de plus, c'est à cause de lui que tous ces problèmes vous assaillent. L'ego signifie connaissance et la connaissance, comme l'ignorance, est la cause de l'oubli de vous-même. La connaissance crée le faux, c'est la cause de toute souffrance. Pourquoi le Christ a-t-il dit : « Connaissez-vous vous-même » ? Le « Vous » disparaît, c'est cela se connaître soi-même. Connaissez-vous vous-même et vous connaissez le monde. Si vous vous connaissez, ni vous ni le monde ne se maintiennent, les deux disparaissent et vous êtes libre, seule la réalité demeure.

Quand vous employez le mot conscience voulez-vous dire Chit en sanscrit ?

Non, je veux dire connaissance.

Parfois je suis troublé, car tantôt vous dites conscience et tantôt connaissance.

Les deux sont Un, ils sont comme des frères jumeaux. Antakharan est la connaissance, l'organe interne « Je suis ».

La connaissance est-elle un produit du mental ?

Non, les deux sont Un. Le mental est la connaissance. La connaissance est conscience.

Je suis désorienté, car dans la plupart des livres il est dit que la réalité est la conscience.

Le point de départ du « Je » est la connaissance. Quand vous ressentez « Je suis », c'est la connaissance.

Je comprends le « Je suis » comme étant le contenu de la conscience.

Dites ce que vous voulez, pas de problème ! Mais tous deux ne sont qu'une seule et même chose. La connaissance objective apparaît par le biais du mental, pas de mental pas de connaissance. Comment sont-ils créés ? Dès que vous ressentez le « Je », la connaissance surgit.

Quand je médite par exemple, je n'ai aucune pensée et donc il n'y a pas de connaissance, mais la conscience est là.

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Mais cette conscience est connaissance ! Bien sûr, il n'y a pas de connaissance d'un objet. La connaissance de l'objet (connaissance objective) est le mental, et c'est grâce au mental que vous avez la connaissance du monde.

Alors quand vous savez que vous êtes, vous êtes dans la conscience ?

Oui, dans la conscience/connaissance.

Dans l'état sans état, vous ne savez pas que vous êtes ?

Non, car là « vous » n'existez pas, seule la réalité est. Vous voyez tous les films sur l'écran, mais l'écran n'a pas de film. Toutes les couleurs apparaissent sur l'écran, mais l'écran n'a pas de couleurs. De même pour la réalité, une multitude de choses se passent sur elle pour disparaître ensuite, mais la réalité n'a rien à voir avec tout cela.

J'ai compris, mais je voudrais une dernière clarification. Parfois dans la méditation je disparais et lorsque je regarde ma montre je constate que je suis là depuis longtemps bien que j’aie l'impression qu'une seule minute se soit écoulée. Est-ce cela l'état sans état, quand vous disparaissez simplement ?

Oubliez tout et vous êtes là, ne vous rappelez même pas de vous-même ! Parce que si vous le faites, vous vous rappelez automatiquement de quelque chose d'autre. Oubliez ! Oubliez même la réalité, et elle est là. Si vous essayez de vous souvenir, il s'agit toujours d'un objet, de quelque chose d'autre. Vous ne pouvez pas la connaître ! Là, la connaissance devient ignorance. Ainsi, oubliez cela (le monde et la connaissance) et vous y êtes. On l'appelle l'état sans état. Là, il n'y a ni état ni concept ni pensée, c'est la réalité. Tout apparaît et tout existe à cause de la connaissance, mais d'où vient la connaissance ? De l'ignorance ! La connaissance et l'ignorance sont les deux faces d'une même pièce.

Par ignorance, vous voulez dire vacuité, vide ?

Oui, zéro.

Est-ce que l'oubli est la nature du réel ?

Non, la réalité ne peut pas oublier ni se rappeler de quoi que ce soit. Il n'y a ni ignorance ni connaissance dans la réalité. Il n'y a ni tendances ni attributs, car elle est au-delà. Quand vous dormez, vous oubliez tout, une pensée émerge et le rêve se déroule. De la même façon, la réalité est oubliée, mais ce n'est pas sa nature. Oublier ou se souvenir ne concerne pas la réalité. En fait elle seule est, donc qui peut s'en rappeler ou l'oublier ? C'est simplement à cause de l'ignorance que quelque chose s'est passé, et vous prenez cela pour vrai, ainsi oubliez cela et Elle est là ! « Là », n'est aussi qu'un mot et dans la réalité, il n'y a pas de mots du tout. Si vous comprenez correctement, c'est-à-dire que rien n'est vrai, alors automatiquement « Elle » est vraie. On doit utiliser des mots sinon vous ne pouvez pas comprendre, mais les mots ne peuvent l'atteindre. Par exemple, vous vous endormez et un rêve survient, mais pour savoir que c'est un rêve, vous devez aller dans le rêve et ensuite vous pouvez dire que c'est un rêve. Dans ce monde tous sont dans un rêve, rêve ici veut dire ignorance. De l'ignorance un concept surgit, et l'illusion, le rêve, se déploie. Tous les êtres sont dans l'ignorance, cela signifie qu'ils dorment, ce sont des corps qui s'agitent de par le monde, c'est à dire des cadavres ambulants ! Vous vous considérez comme des corps vivants, mais le corps n'est qu'un cadavre, il ne fonctionne que parce qu'il est connecté

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au pouvoir interne. Vous vous efforcez d'accumuler toutes sortes de connaissances du monde, vous voulez le plus de diplômes possibles, mais qu'est-ce que tout cela ? Rien d'autre qu'ignorance. Cette connaissance concerne l'illusion, qui par définition n'existe pas.

Vous êtes et vous n'êtes pas, la réalité est ainsi. Alors, où la trouver ? Oubliez simplement cela (le monde, le « Je »), et Elle est là. Oubliez votre mental, oubliez votre connaissance et votre ignorance, oubliez tout ce que vous voyez et percevez de ce monde. Oublier veut dire : cela n'est pas vrai. Nul besoin de quitter quoi que ce soit, comprenez simplement que ce n'est pas réel, parce que le « Je » voit toujours ce qui n'est pas, c'est dans sa nature de vous tromper, de dire et de voir le faux. Tous les noms sont faux, soyez-en certain ! Ils sont illusion, mais vous donnez quand même des noms à tout et à tous. Pourquoi ne pouvez-vous pas trouver la réalité ? Parce que l'origine du « Je » est le zéro, le vide. Le « Je » n'existe pas. Votre nom est Pierre ou Paul, mais pouvez-vous le trouver quelque part ? Non, parce qu'il vient du rien, de zéro. Vous dites « Oui » à ce qui n'est pas, alors comment cela peut-il être réel ? Tous sont dans l'ignorance, car tout a pour origine l'ignorance, c'est-à-dire l'oubli de la réalité. De là toute chose a surgi, et par ignorance vous dites que tout est vrai, tout est réel.

Dans le sommeil profond, qui n'est qu'un changement d'état, tout devient zéro. Savez-vous où vous êtes quand vous dormez, quand vous oubliez ? Dans cette ignorance une pensée émerge et vous devenez quelqu'un d'autre dans le rêve. La réalité n'a pas de tendances, ni d'oubli ni de souvenir. Ce que le « Je » dit est toujours faux. Socrate a dit : « Ce que vous voyez et percevez par le mental n'est pas vrai ». Vous voyez une multitude de choses, mais vous n'êtes jamais satisfait. Vous obtenez satisfaction quand vous comprenez que ce que « Je » vois n'est rien. C'est mon concept, mon pouvoir interne qui s'extériorise pour revenir ensuite à l'intérieur, et en lui je vois tout. Que se passe-t-il quand vous prenez une photo ? Le rayon va vers l'extérieur et revient à l'intérieur, le résultat est la photo. Ainsi tout est ce pouvoir interne qui sort par l'oeil et va jusqu'au soleil pour revenir à l'intérieur. Par ce pouvoir vous voyez toute chose. C'est par ignorance que vous croyez que tout est à l'extérieur alors que tout est en vous ! « Vous » ici signifie Pouvoir, tout est dans ce pouvoir. C'est pour cela que les sages vous disent d'aller à l'intérieur. Mais en fait où aller ? Vous êtes cela, alors où aller ? Ils vous disent que tout est en vous et que c'est un malentendu qui vous fait croire que c'est à l'extérieur. Ce que je vois et perçois n'est rien d'autre que mon ombre, dites au moins cela, c'est mieux que rien ! Il est dit que les yeux obtiennent satisfaction quand ils voient que tout est moi-même. Il n'y a rien à part moi-même. Vous regardez votre propre photo, combien de fois la contemplerez-vous ? Deux ou trois fois tout au plus, car cette image est votre reflet, elle n'est pas réelle. Si vous prenez le reflet pour le réel, vous vous oubliez.

Maintenant je dis que tout ce que vous voyez et percevez n'est rien d'autre que votre concept ! Vous dites que c'est un arbre, alors c'est un arbre, mais lui ne dit jamais qu'il est un arbre ! Les ignorants à qui l'on a donné un nom disent fièrement : « Je suis cela, untel, une telle ». Vous vous croyez supérieur au reste de la création, mais vous êtes bien plus ignorant, car vous acceptez d'être ce que vous n'êtes pas, alors, que faire ! À ce qui n'est pas vous, vous dites « Oui ». Que faire !

Vous vous moquez de celui qui, sous l'emprise de l'alcool, délire et dit n'importe quoi, vous ne le croyez pas. De même, les êtres réalisés rient de vous, car tout ce que vous pouvez dire ou faire n'est qu'enfantillage. Quand les enfants jouent, ils montrent des pierres en disant : « celle-ci, c'est ma maison, celle-là ma voiture », etc. Les croyez-vous ? Les petites filles s'amusent à la poupée et vous invitent au mariage : « viens à la cérémonie, ma poupée se marie ». Et vous répondez : « oui, oui je viendrai ». Mais faites-vous des préparatifs quelconques pour y

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assister ? Non, car vous savez que vous n'avez rien à faire ni nulle part où aller, mais si le fils de votre ami se marie vous le prenez au sérieux et tôt le matin vous vous agitez pour être prêt. Simplement parce que vous croyez que c'est réel. Quand vous comprenez que ce n'est pas réel, vous ne faites plus aucun arrangement pour quoi que ce soit ! Que cela se fasse ou pas, peu vous importe ! Les sages comprennent que quoiqu'il arrive, c'est mon ordre, qu'il soit bon ou mauvais ! Parce que ce pouvoir qui a créé le monde entier est le même pouvoir qui est en moi. Vous pouvez donc dire : « c’est mon ordre que tout se passe ainsi ». Même si la personne que vous aimez meurt, au lieu de dire : « c'est la volonté de Dieu », dites : « c'est mon choix que cela se passe ainsi » ! À ce moment-là, vous devenez la conscience universelle.

Maintenant je vais un peu plus loin en disant que ce pouvoir qui a créé le monde n'est pas vrai non plus. Quand vous avez un rêve, vous en êtes le créateur, n'est-ce pas ? Mais au réveil, vous dites vous-même : « cela n'est pas réel ». Les sages disent que le créateur a créé le monde, mais que tout disparaît dans le vide, le zéro. Ainsi ce n'est pas réel. Le monde a été créé dans l'obscurité. Le créateur a créé le monde dans l'ignorance, c'est-à-dire l'oubli de la réalité ; donc le monde n'est pas réel et le créateur du faux est faux également. Exactement comme quand vous dormez, vous oubliez tout dans le sommeil profond et ensuite le rêve apparaît. Le rêve est-il réel ? Son origine est l'ignorance et la réalité n'a rien à voir avec tout ce qui se produire dans l'ignorance. De nombreux films sont apparus sur l'écran, mais l'écran s'en soucie-t-il ? Vous chantez, vous pleurez, vous vous agitez dans le film, mais quand il est terminé, il ne reste plus rien. Vous croyez réel ce que vous voyez et percevez dans l'ignorance, et vous dites que cela est l'expression de la réalité. C'est faux !

Si l'oubli est là, c'est à dire l'ignorance, la connaissance doit être là aussi, ce sont les deux faces d'une même pièce. La réalité n'a aucune tendance ou qualité, ni d'oubli ni de rappel. La réalité est, et sur elle toutes sortes de choses se passent, mais elle n'est pas touchée. Dans le souvenir, c'est-à-dire la connaissance, il y a automatiquement la tendance contraire qui est l'oubli, c'est-à-dire l'ignorance. Si vous vous souvenez, cela veut dire que vous aviez oublié. Un sage a dit : « c'est très facile d'oublier ». Rama, Lakshman son frère et Hanuman ont oublié, les dieux aussi ont oublié, ils ont tous fait des erreurs. Brahma est le créateur du monde, Vishnou le maintient et le protège et Shiva est le destructeur qui dit que le monde n'est pas réel. Oublier est une chose commune à tous. L'oubli, ou l'ignorance, est lié à la connaissance, mais la réalité n'a rien à voir avec elle. Connaissance et ignorance sont des concepts qui ont pour origine le point zéro. Ce qui commence dans le point zéro a les attributs ou tendances de connaissance et d'ignorance, d'oubli et de rappel. Vous devez aller au-delà du point zéro, c'est-à-dire aller au-delà de ce qui n'existe pas (zéro). C'est ce qu'on appelle la voie secrète. Ceux qui sont forts et courageux peuvent aller au-delà du vide (zéro). Il suffit d'être convaincu que tout n'est rien. Bien sûr cela demande du courage pour dire que tout est faux, que tout est mon concept y compris les dieux et les démons. Mes pensées positives sont appelées Dieu et mes pensées négatives Démon, c'est tout.

Ainsi quand vous oubliez la réalité, n'importe quoi peut se produire, mais la réalité n'a pas de tendances d'oubli ou de rappel, d'ignorance ou de connaissance. Si la réalité avait la faculté d'oublier, il n'y aurait plus rien du tout. S'il n'y a pas de fondation, comment l'immeuble peut-il tenir debout ? Dans l'oubli de la base (la réalité) un seul concept a créé le monde entier !

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Copie d'extraits de l'enseignement donné en mai 1998 en Bretagne.Copiste : Patrice Ravillon.

Q. : Je veux aller plus vite dans le cheminement, mais je ne veux pas que tous les malheurs du monde m'arrivent.

R. : C'est facile, car là où il y a une volonté il y a un chemin. Vous êtes Lui, la Réalité. Vous devez vous comprendre, c'est vous-même qui devez vous comprendre. Et tout dépend de vous. Ça dépend à quelle vitesse vous vous comprenez vous-même. Si vous allez aux U.S.A en marchant ça vous prendra des années. Par contre, il y a un chemin plus court, c'est celui de prendre l'avion.Le Sathia yoga et un chemin long, vous devez aller vers le Samadhi ensuite vous comprendrez etc. Il y avait le seigneur Krishna qui enseignait à ce moment-là, Sathia yoga veut dire que vous considérez tout comme étant vécu. C'est un chemin long, car quand vous considérez tout comme étant vrai, comment pouvez-vous être Lui la Réalité.De nos jours on peut aller vers un autre yoga, un yoga plus rapide, car de nos jours l'intellect est plus développé, on peut comprendre plus facilement. Il y a 2000 ans, Jésus Christ a dit : « le Père et moi ne font qu'un », et les gens n'ont pas accepté, dans leur ignorance, ils ont dit comment pouvez-vous être Dieu? Donc ses propres disciples l'ont tué. Parce qu’ils n'ont pas pu comprendre.De nos jours le sage vous dit vous êtes Lui, vous êtes la Réalité, vous admettez beaucoup plus facilement.De nos jours l'intellect est très développé, donc la compréhension va de plus en plus vite. Saint Ramdas a dit dès que vous comprenez vous devenez instantanément la Réalité, cela ne prend pas de temps. La compréhension est très rapide de nos jours. En une fraction de seconde, si vous le prenez en vous, c'est à dire dans votre mental, vous pouvez comprendre. Le blocage, c'est le mental.Saint Ramdas a dit le mental est le thermomètre. Si vous acceptez que le monde n'est pas vrai, vous pouvez réaliser en une fraction de seconde. Cela veut dire le monde n'est pas vrai, dire que le corps n'est pas vrai, le mental n'est pas vrai et la conscience/connaissance, n'est pas vraie non plus. Si le mental accepte, il comprend qu'il n'a pas à produire quelque chose, car vous êtes cela, déjà la Réalité avant tout.Si vous comprenez que tout est faux,et donc que vous-même êtes faux, vous n'existez pas, c'est-à-dire que vous prenez cela tellement à cœur, en ce moment même, vous pouvez être la Réalité. Le mental est le seul obstacle, le deuxième obstacle, c'est la connaissance. Le mental est la connaissance. Mais le mental, une pensée est produite par la connaissance, ce qui se développe, ce qui se manifeste dans le monde, est le produit de la connaissance. Donc, imprégnez votre mental du fait que vous êtes Lui, la Réalité, et non ces choses. Dès que le mental accepte, vous êtes instantanément la Réalité.Votre ego est le blocage, l'obstacle : je suis un homme, j'ai telle position dans le monde, tout cela c'est l'ego, c'est le blocage que forme l'ego. Refusez cet ego, vous pouvez être instantanément la Réalité. Vous êtes déjà la Réalité.Le problème c'est que vous ne voulez pas le quitter. Donc, par la compréhension, détachez-vous des choses, vous n'avez pas à les détruire, à les rejeter, mais simplement à comprendre leur non réalité.Je suis le corps, c'est la première ignorance, ensuite le mental intervient et discrimine : ceci est bien, ceci est mal. Par exemple, je dois vénérer mon Dieu, le seul Dieu, que va-t-il se passer si je ne le fais pas, c'est tout dans le mental. Vous avez peur de l'illusion et vous vous dites

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comment puis-je quitter cela, vous en avez peur, donc c'est un obstacle.Tout dépend de votre mental, vous devez être prêt. Soyez prêt à chevaucher le cheval. Mais vous, vous êtes dominé par tout, ce sont les choses qui vous chevauchent. Il faut faire le mouvement inverse et dire que tout ce qui est c'est une création. Le Christ, lui-même sera très heureux de voir que vous avez compris, c'est-à-dire que vous avez compris que lui-même est en vous.Dans le monde, il n'y a que l'unité, il n'y a pas de dualité, toutes les Écritures Saintes le disent, seul l'Unique EST.Le maître dit : « Vous êtes le Roi » et donc le roi n'a pas de loi, tout ce que vous ferez désormais, c'est votre choix. Le mental est le seul obstacle. Vous semblez l'accepter intellectuellement parlant, superficiellement, mais en réalité à l'intérieur de vous, il y a ce doute : « comment puis-je être la Réalité » ? Oubliez le mental et l'ego. Ce mental, c'est l'ego de toute façon, la différence est très subtile ? « Je » n'existe pas. Donc qui existe ? Lui existe, c'est-à-dire la Réalité.Donc, qui que vous soyez, où que vous soyez, quelle que soit votre position dans le monde, en ce moment même, vous êtes la Réalité. La compréhension doit vous venir, vous devez avoir la ferme conviction en vous, dans votre mental.Mon Maître a dit : « Mettez simplement un pied en dehors de votre cercle et moi je vous prendrais sur mes épaules ». N'ayez peur de personne, il n'y a rien à s'inquiéter. Dieu ne se tracasse pas pour cela, car il sait que vous existez à partir de lui. La Réalité est là, donc vous, vous êtes. Si la Réalité n'était pas, vous ne seriez pas. N'ayez peur de personne, soyez sans peur. C'est le chemin le plus court.Où que vous soyez, quelle que soit votre position dans le monde, quel que soit votre état, vous êtes la Réalité, c'est cela que vous devez comprendre. Un roi est roi quelque soit ses actes, qu'il aille aux toilettes, à la chasse, ou assis sur son trône : il est roi.Acceptez cela, et vous êtes la Réalité.Si vous ne l'acceptez pas, vous ne pouvez devenir la Réalité. Donc vous ne devez avoir peur de rien.Les Saints disent : » je vous ai donné toute la connaissance » donc vivez avec cela et, si vous l'avez fermement en vous, rien ne peut vous faire mourir, rien ne peut vous apporter des problèmes. Les Saints disent : « On vous a donné la connaissance », mais en fait vous, vous battez du tambour, c'est-à-dire que vous vous tracassez que d'une chose : c'est de remplir votre ventre. Vous ne devez pas avoir peur, mais l'ignorance et l'illusion vous apportent automatiquement la peur. « Que va-t-il se passer ? » La peur, c'est dans le mental. Si vous battez du tambour, automatiquement, cela fera du bruit. Ce que veulent dire les Sages quand ils disent : « vous battez du tambour », c'est que vous vous souciez que d'une chose, c'est de remplir votre estomac.Car tous ne font que se tracasser « Que va-t-il se passer ? Que va-t-il ne pas se passer ? » Ne vous tracassez pas, rien ne se passera.Donc le chemin le plus court, c'est la compréhension. Comprenez au point que votre mental sera convaincu du fait que rien ne se passera, que rien ne se passe.Tellement de rêves vous arrivent et vous ne vous en inquiétez pas.Quand vous écoutez les nouvelles, vous entendez tous les malheurs du monde, tout ce qui se passe à droite, à gauche. Et en fait de tout le monde, vous entendez des plaintes, des pleurs, des gémissements et cela pourquoi ? Parce que la seule chose dont vous vous souciez, c'est de remplir votre estomac.Quand le corps n'est pas vrai, pourquoi s'inquiéter de ce corps, en ce moment même, ce n'est qu'un cadavre. Prenez soin de votre corps, mais ne vous en tracassez pas. Ne croyez pas, ne dites pas que votre existence repose sur votre corps. Votre véritable existence est bien différente. Sortez du cercle de l'ignorance, cassez ce cercle. Et quand votre compréhension est

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fermement établie, vous pouvez revenir dans le cercle de l'ignorance du monde, donc, tout en disant : « Je ne sais rien ».Après qu'on a la compréhension fermement établie, vous pouvez revenir dans le monde,mais en vivant à ce moment comme un être complètement ordinaire. Le problème c'est qu'en fait rien ne se passe, et vous vous tracassez toujours : qu'est-ce qui va se produire ? « Je » n'existe pas, « moi » n'est pas là, « le mien » ne peut être non plus.Toutes les relations ne sont que des relations du corps. Vos parents, votre père, votre mère, votre femme ne sont que des relations qui concernent votre corps. Vous ne devriez pas vous inquiéter, car celui qui vous donne naissance vous nourrira de toutes façons.Si vous avez pris des responsabilités en ce monde, continuez à faire votre devoir, mais comprenez simplement que je ne suis pas cela, « je » n'existe pas, tout est néant, zéro, alors pourquoi s'inquiéter ?Si vous sortez de ce zéro, pourquoi devriez-vous, pourriez-vous vous inquiéter ? Tout ce qui se passe c'est dans l'espace. C'est parce que vous dîtes « je suis ce corps » ; que la peur et les problèmes s'enchaînent.Entrer à nouveau dans le cercle, c'est vous agiter exactement comme vous le faisiez avant, c'est-à-dire « je suis là » vous dites « je », etc., mais profondément en vous vous comprenez que je ne suis pas, « je ne fais rien ». Là, vous ne ressentez aucun problème, aucun troubles.Si vous travaillez, continuez à travailler, mais en comprenant que « je ne suis pas ». Quelque soit le cercle dans lequel vous vous mouvez dans le monde, vous pouvez continuer à y vivre, mais avec la compréhension : « je ne suis pas ».Tous les gens ne font que s'inquiéter, s'inquiéter de tout, mais ce qui doit se passer va se passer, de toutes façons.Si vous prenez un avion, sachez qu'un jour cet avion se posera, mais les gens se font du souci pour rien. Et si vous mourez, qu'est-ce qui de passe en fait ? : le monde continuera. Des gens tellement brillants déjà sont morts et le monde continue à tourner. Donc rien n'est vrai, alors pourquoi s'inquiéter ?Vous avez différentes manières de comprendre cela. Et le mental est toujours dans la peur, peur, par exemple, des maladies.Aucune maladie, aucun problème ne devraient m'arriver à moi, malgré tout, ils arrivent. Vous dites que : « je ne veux pas que tous les problèmes, les malheurs du monde m'arrivent, donc je veux aller vite » : si vous voulez une possibilité pour aller très vite : si quelqu'un court à fond, tous les gens autour vont s'écarter pour le laissé passer, donc c'est un moyen.Effectivement, si vous vous mettez à courir en allant très vite en disant : « tout est faux, tout est faux », autour de vous on va vous prendre pour un fou, car effectivement eux, ils prennent tout pour être effectivement vrai, mais malgré tout, ils vont s'écarter de votre chemin, ils vont vous laissé passer. Ne vous inquiétez pas, soyez très rapide. Moi je serai content de voir que vous avez compris très rapidement.Et pourquoi ? Par les restrictions que le Maître donne.Et quelles sont les restrictions ? C'est « je » n'est pas vrai, le mental n'est pas vrai.En ce moment même, vous êtes la Réalité, c'est cela que vous devez comprendre. À ce moment-là, comment pouvez-vous vous inquiéter ?Donc, votre mental lui-même peut vous aider pour aller dans ce sens, s'il est habitué à aller dans la direction de la Réalité, car si vous faites une erreur, lui-même vous corrigera. II y a un adage, en Inde, qui dit : « Dieu lui-même a peur de la personne nue ».Mais vous, vous êtes tellement recouvert par toutes sortes de voiles, votre mental est sous la pression de tellement de pensées, que vous ne pouvez comprendre, ni accueillir Dieu en vous. Si vous y arrivez par la compréhension, ne vous inquiétez pas, le Christ, ou votre Maître ne vous en voudra pas de dire : « maintenant je ne salue plus personne ».Devenir nu, c'est dire ; que : « je n'ai plus de pensées, plus de concepts, qu'il n'y a qu'une seule

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restriction, c'est que je considère le monde comme Rien, comme étant pas vrai, rien n'est vrai ». Soyez nu, dans le sens : « enlevez tous les doutes de votre mental, toutes les fausses idées » ; tous les préjugés doivent disparaître de votre mental.Quelque soit votre condition dans le monde, quelque soit votre position, dites simplement que « tout n'est pas vrai », que je ne suis pas, et il n'y a plus à s'inquiéter de rien. C'est cela le chemin le plus court, là où vous êtes, bien que je n'agisse pas, je suis la Réalité, bien que je ne fasse rien, je suis la Réalité.Le chemin c'est d'oublier tout et comprendre que je suis Lui, la Réalité. N'accueillez aucun doute dans votre mental, du genre : « Comment puis-je faire cela ? » Qui êtes-vous de toute façon pour faire quoique ce soit ?Le chemin le plus court,c'est de supprimer l'ego qui est dans votre mental. Donc, mettez-le à mort. Votre ennemi, vous le mettez à mort, faites la même chose pour votre ego.Vous étiez un roi, mais vous êtes passé par l'enfer. Soyez suffisamment fort pour accepter cela. Si vous l'acceptez, que reste-t-il pour vous ?Vous êtes simplement la Réalité, c'est tout.

Q. : Quels sont les rapports entre compréhension et soumission ? C'est-à-dire l'une précède l'autre où vont-elles de pair ? Sont-elles de même nature ?

R. : Si la compréhension vous vient, vous pouvez abandonner facilement. Dans un combat, si vous sentez que vous êtes plus faible que l'autre, vous vous abandonnez à l'autre. Si s'abandonner c'est de considérer que rien n'est vrai, et que Moi seul EST.Donc là, c'est l'illusion qui s'abandonne à vous, si vous comprenez cela. Mais la compréhension doit être absolument claire. Cela vous donne l'espoir. Et ce pouvoir de la compréhension c'est : « Je suis la Réalité » ; et tout ce qui est ne vous apparaît plus que comme un moustique que vous pouvez écraser entre vos deux doigts.S'abandonner à la Réalité, c'est le véritable abandon. Mais le moindre doute qui apparaît dans votre mental ne vous lèvera pas l'obstacle.L'illusion elle-même se retirera, comme dans un combat où le guerrier faible s'abandonne à l'autre. Si vous êtes absolument déterminé, l'illusion s'abandonnera à vous. L'abandon vient lorsque la compréhension est. Donc, l'abandon vient du fait que vous avez compris que tout ce qui est n'est pas vrai. Votre compréhension devient donc : « tout cela n'est que poussière, n'est rien » et donc ce qui n'est rien peut s'abandonner à tout moment, car de toutes façons le rien n'est rien.Mais tant que l'ego est là, vous ne pouvez pas réellement vous abandonner au Maître, ou à la Réalité. L’ego c'est la connaissance, et rien d'autre, cela vous fait souffrir exactement commeun abcès qui pousse sur votre jambe.S'abandonner ne veut pas dire vénérer, se prosterner devant quelqu'un, devant un Dieu, etc. En fait, c'est tout rejeter.La compréhension vous donne l'abandon, autrement la peur s'immisce toujours entre vous et Dieu. Vous pensez que vous devez le vénérer, etc., autrement quelque chose de mal va vous arriver. Mais rien ne peut vous arriver.

Q. : Dans le cheminement vers la Réalité, est-ce que la concentration est nécessaire ?

R. : Oui, sans la concentration on ne peut comprendre. Exactement comme à l'école, pour comprendre ce que dit le maître, vous devez vous concentrer sur les exemples qu'il a donnés, sur ce qu'il a dit, c'est comme cela que vous maîtrisez la connaissance.Jusqu'à présent vous vous êtes concentré que sur une seule chose, c'est à dire sur le fait « je suis

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cela, le corps ». Maintenant le Maître vous dit concentrez-vous sur : « je suis la Réalité » et c'est ainsi que vous pouvez l'atteindre.

Q. : Je comprends le rêve qui est un rêve, je suis dans le rêve. Si je me suis oublié, c'est que dans le rêve, là je comprends. Mais pas avant le rêve.

R. : Vous êtes la Réalité en ce moment même. Alors que vous êtes dans le rêve, vous êtes la Réalité.Un roi rêve qu'il est mendiant, vous vous considérez comme étant le mendiant dans le rêve. En fait le roi est toujours roi. Donc c'est l'inverse, c'est le roi qui rêve qu'il est mendiant. Celui qui comprend que dans le rêve, il n'est pas ce qu'il rêve, mais qu'il est le roi allongé sur son lit, on n'a plus rien à lui dire. Il a compris sa réelle nature.Après la compréhension, pouvez-vous dire « je ne peux m'oublier moi-même » ; avant la compréhension, vous êtes perdu, vous ne savez pas où vous êtes, vous ne connaissez pas votre réalité. Donc, effectivement, par la compréhension, vous voyez que la Réalité ne peut s'oublier, mais à cause des faux concepts qui ont pénétré votre mental, vous êtes perdu. Une fois que vous avez compris, vous vous dîtes : « comment ai-je pu oublier ? Comment je ne peux oublier ? » Mais tous les êtres qui sont dans l'ignorance ont oublié. Vous comprenez que la Réalité ne peut s'oublier.

Q. : Si on ne m'avait pas inculqué de concepts, tout cela ne serait pas arrivé.

R. : Oui, l'illusion n'existe pas, mais vous pouvez le dire simplement après la compréhension, avant,vous considérez tout comme étant vrai.Celui qui comprend, voit l'ignorance, mais celui qui est dans l'ignorance, n'est que l'ignorance et la souffrance en sort.Deux personnes vont dans une même pièce, l'une dort, l'autre ne dort pas. Celle qui dort gémit, celle qui ne dort pas se demande qu'est-ce qui lui arrive, il faut dormir pour comprendre ce qui se passe.Un jour on avait posé une question à un être réalisé : « Comment les poissons peuvent-ils dormir dans l'eau ? L’eau bouge toujours, je ne comprends pas ; »L'être réalisé avait répondu : « Soit un poisson et tu comprendras ».

Donc cette déclaration peut se faire après la compréhension : « Je ne me suis jamais oublié, car la Réalité ne s'oublie jamais ». Mais avant la compréhension, vous ne le savez pas. Si vous comprenez maintenant et profondément que la Réalité ne s'oublie pas, que je ne me suis jamais oublié ; « pourquoi dites-vous que » je suis cela, le corps ? Si vous avez vraiment compris ce que vous avez dit, la question n'a plus de sens. La Réalité a été oubliée et vous vous êtes identifié à ce corps.Le soleil brille toujours en lui-même, il y a entre vous et le soleil des nuages, il faut que les nuages s'évaporent pour que vous puissiez voir le soleil. Malgré tout le soleil était toujours brillant en lui-même.De la même façon, vous devez dissoudre toutes les choses que vous avez accumulées entre vous et vous-même. Tout comme le soleil ne s'oublie pas, la Réalité ne peut s'oublier, mais quelque chose est venu s'immiscer entre vous et la Réalité, vous l'avez oublié.Quand vous percevez tout ce monde, toutes ces choses, elles ne sont pas vraies. Pas vrai, dans le sens où elles ne sont que le reflet de la Réalité. Si vous reflétez dans un miroir, vous voyez votre visage dans le miroir. Si vous dites que le visage que vous voyez dans le miroir est la vérité, cela veut dire que vous vous oubliez. Le monde n'est que l'ombre de la Réalité.

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Si vous dites que le faux est vrai, automatiquement le vrai disparaît, il n'est plus là la Réalité n'est jamais oubliée, car elle est toujours là. Malgré tout, de fausses identifications ont pénétré votre mental, et vous êtes comme quelqu'un sous l'influence de l'alcool, alors qu'il n'est qu'un mendiant qui dit je suis un roi.Si quelqu'un dit : « Je ne crois pas en Dieu », je lui dis : « oui, mais celui qui parle en moment même est Dieu ».S'il dit « je ne crois pas en Dieu » moi, je lui réponds : « vous avez raison », malgré tout celui qui parle est Dieu lui-même.Le mendiant sous l'influence de l'alcool délire : « je suis un roi ». Vous vous êtes sous l'influence de l'ignorance, vous vous prenez pour une toute petite créature, alors que vous êtes le plus grand des grands. Donc, d'une certaine manière c'est la Réalité elle-même qui dit : « je suis cela. je suis ce corps »Dans le rêve, vous expérimentez tout comme étant parfaitement vrai, vous êtes persuadé de la réalité des choses. De la même manière, dans cette vie, vous êtes persuadé de la réalité du monde, et de vos expériences.Malgré tout ce n'est que l'ombre de la Réalité, donc en tant que réalité, vous vous êtes confondu à cette petite chose qu'est le corps.On dit que celui qui a la jaunisse voit le monde en jaune, malgré tout, le monde n'est pas jaune. La Réalité est identique à elle-même, rien ne la perturbe, malgré tout, cette ignorance s'est imposée et vous dit : « je suis là ». Une Réalité qui s'oublierait elle-même, comment gourait-elle être la Réalité ?La réalité ne peut se souvenir, ni oublier, car elle est au-delà de ces opposés. Donc vous ne vous oubliez jamais. – je dis toujours que vous alliez en Enfer ou au paradis ou même dans la tombe, en fait vous vous oubliez jamais. La Réalité est toujours là. Elle n'oublie rien.

Quel est le but de la création, ou de l'incarnation, si tout est illusion, à quoi ça sert?

R. : Vous êtes dans le sommeil, un rêve apparaît. Vous créé ce rêve. Qui a fait ce rêve ? où s'est-il produit ?Quand vous vous réveillez, vous vous demandez où est passé ce rêve? Qui a fait ce rêve ? Que s'est-il passé ? Quand le rêve s'est produit, en fait rien ne s'est passé. Parce que le rêve n'est pas vécu. De la même façon, cette illusion s'est produite, mais elle n'est pas produite, car elle n'existe pas. À cause de l'ignorance, vous dites quand vous êtes dans les rêves, vous considérez le rêve comme étant vrai. Vous vous rendez compte qu'il n'était pas vrai.Vous êtes dans l'ignorance, donc vous considérez le monde comme étant vrai. Si vous vous en réveillez, vous le considérez comme étant faux. Vous vous oubliez vous-même, c'est cela que l'on appelle illusion.Donc on dit que cela, la manifestation, le monde a pour point de départ, pour origine, le point zéro, et pour finir le même point. Exactement comme dans le sommeil profond, vous allez dans ce point zéro, donc dans le néant. Malgré tout, toutes sortes de choses se produisent à travers ce rêve. Et quand vous vous réveillez, vous dites que ce n'était qu'un rêve.Ici c'est pareil en état de veille, si vous vous réveillez de cet état de rêve, vous dites que cette illusion n'est qu'illusion, qu'il n'existe pas, et ce qui n'est pas, comment cela peut-il être vrai.Quand le Maître vous réveille, vous pouvez dire vous-même « tout cela n'est qu'illusion ». Rien ne s'est produit, rien ne se passe, mais à cause de votre mauvaise interprétation, votre mauvaise compréhension, vous considérez tout comme étant vrai. Vous voyez un bout de corde et vous êtes dans une pièce obscure, vous considérez ce morceau de corde comme un serpent, vous croyez que c'est un serpent, vous avez peur, vous allumez la lumière, vous apercevez que ce que vous croyiez être un serpent n'est qu'un morceau de corde. Malgré tout, même quand vous l'aviez vu comme un serpent dans l'obscurité, ce n'était qu'une corde.

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Q. : Est ce que ça ne conduit pas à l'indifférence, ce genre de raisonnement ?

R. : Oui, c'est l'indifférence de la compréhension, vous sortez de l'illusion. Ce qui n'est pas, comment pouvez-vous être dedans ? Quand il n'y a pas de maison, comment pouvez-vous être dedans ?

Q. : C'est l'indifférence dédaignante.

R. : Oui, c'est une indifférence dans le sens où rien n'est vrai. Dans un rêve vous avez 4 enfants, au réveil, vous ne vous inquiétez pas des 4 enfants que vous avez eu dans le rêve, car vous savez qu'ils ne sont pas vrais. Ils n'existent pas, pourquoi s'en inquiéter ?

Q. : Il y a une philosophie qui fait dans l'humanitaire, par rapport aux problèmes des gens,et cette philosophie dit, « je m'engage pour essayer d'aider dans la mesure où on peut ». Là c'est un peu l'inverse. C'est un peu le problème de la compassion, problème du Christ.

R. : qu'est-ce que c'est la compassion quand cela n'est pas, quand l'autre n'est pas, et que vous, vous n'êtes pas, envers qui pouvez-vous avoir de la compassion ?

Q. : Ça veut dire qu'une fois éveillé, on devient complètement détaché de tout,et de tout le monde ?

R. : L'être réalisé est complètement détaché. Comme dans l'exemple du rêve, vous ne vous inquiétez plus de ce qui s'est passé dans le rêve. Si votre maison s'est écroulée, au réveil, vous ne vous inquiétez pas de cette destruction, de ce qui s'est passé. Que reste-t-il pour vous quand vous vous réveillez ? Tout est zéro, donc quand tout n'est rien, où est la place pour la compassion ?

Q. : Actuellement, comme on n'est pas réalisé, doit-on consacrer notre énergie à nous éveiller, ou a-t-on un rôle jouer dans le monde ?

R. : Vous faites comme vous l'entendez. Si quelqu'un veut prendre du poison, on ne peut l'empêcher de le prendre. Si vous êtes dans l'ignorance et que vous ne voulez pas connaître la Réalité, personne ne peut vous empêcher. Vous parler d'amour pour les autres, de compassion pour les autres, mais en fait 99.9 % des êtres humains sont dans la souffrance, pouvez-vous quelque chose pour eux ?Personne n'est véritablement heureux. Vous pouvez demander à qui que ce soit, il répondra « Oui je suis heureux », mais il y a toujours quelque chose qui manque.Comme tout est faux, comme ce monde n'existe pas, comment pouvez-vous obtenir de véritable bonheur de ce qui n'existe pas. Que reste-t-il pour vous ?Quand vous dites que le monde est là, que le monde existe, vous êtes dans l'ignorance. Comme dans l'exemple du rêve, quand vous êtes dans le rêve, vous vous inquiétez des 4 enfants que vous avez, vous les nourrissez, etc.Quand vous sortez du rêve, vous ne vous inquiétez plus du tout.

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