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Arnaud LEONARD (d'après Hachette et Nathan). Lycée Français de Tananarive. 2011-2012. 1 Leçon n°21. La République et les évolutions de la société française Introduction - définition du sujet (termes et cadrage) : Les trois régimes républicains qui se sont succédé depuis 1870 ont accompagné les évolutions de la société française. La République a engagé, selon des modalités et des rythmes variables, la laïcisation de la société, l'extension des droits sociaux aux ouvriers ou l'émancipation juridique des femmes. Le quotidien des Français en a été bouleversé. La République montre ainsi sa capacité d'adaptation, même si ces mutations ne se sont pas opérées sans divisions ni contestations. - problématique : Comment la République s’est-elle adaptée aux évolutions sociales et culturelles qu’a connues la France depuis la fin du XIXe siècle ? - annonce du plan : Nous verrons d’abord l’adaptation de la République face aux changements des structures sociales puis face aux mutations des religions et enfin face à l’affirmation des femmes.

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Arnaud LEONARD (d'après Hachette et Nathan). Lycée Français de Tananarive. 2011-2012. 1

Leçon n°21. La République et les évolutions de la société française

Introduction - définition du sujet (termes et cadrage) :

Les trois régimes républicains qui se sont succédé depuis 1870 ont accompagné les évolutions de la société française. La République a engagé, selon des modalités et des rythmes variables, la laïcisation de la société, l'extension des droits sociaux aux ouvriers ou l'émancipation juridique des femmes. Le quotidien des Français en a été bouleversé. La République montre ainsi sa capacité d'adaptation, même si ces mutations ne se sont pas opérées sans divisions ni contestations.

- problématique :

Comment la République s’est-elle adaptée aux évolutions sociales et culturelles qu’a connues la France depuis la fin du XIXe siècle ?

- annonce du plan :

Nous verrons d’abord l’adaptation de la République face aux changements des structures sociales puis face aux mutations des religions et enfin face à l’affirmation des femmes.

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1. La République et la question ouvrière : le Front populaire a. Un monde ouvrier peu reconnu • Au début des années 1930, en France, les ouvriers travaillent majoritairement dans des

entreprises de moins de 100 salariés. Les autres salariés travaillent dans de grandes entreprises, comme ouvriers qualifiés, manœuvres interchangeables ou OS. Progressivement disparaît une forme de travail proche de l'artisanat, au profit de la grande production industrielle, née de la concentration du capital.

• Les conditions de vie de la classe ouvrière restent difficiles, elles n'ont guère évolué depuis 1918. Si on observe une amélioration dans l'alimentation, se loger est toujours une préoccupation majeure. En effet, les logements, notamment en banlieue parisienne, sont vétustes, insalubres et surpeuplés. Face à ces difficultés, le monde ouvrier est partagé. Une minorité envisage la révolution ; c'est parmi eux que le Parti communiste, créé en 1920, recrute ses adhérents. Toutefois, la majorité des ouvriers reste encore attachée au Parti socialiste (la SFIO), plus réformiste.

• La crise économique frappe la France à partir de septembre 1931. La crise est sévère mais touche surtout les branches les plus anciennes : industries extractives, sidérurgie, textile. Si le salaire moyen ne décline que très lentement, c’est en raison de la résistance des syndicats. Le chômage devient la préoccupation majeure : au début de 1936, 465 000 salariés, selon les statistiques officielles, ont perdu leur emploi.

b. Une réponse aux difficultés : le Front populaire • Le programme économique de la gauche prévoit la fin de la rigueur et une forte

intervention de l'État pour relancer la consommation. Mais il reste modéré pour ne pas effrayer les classes moyennes. Grâce à cet effort et à la discipline républicaine, le Front populaire obtient la majorité absolue à la Chambre des députés en juin 1936. Léon Blum forme un gouvernement de coalition rassemblant socialistes et radicaux ; les communistes soutiennent le gouvernement tout en refusant d'y participer. La vague de grèves et d'occupations d'usines qui suit la victoire électorale se traduit par deux millions de grévistes participant à des « grèves de la joie ».

• Dans ce climat de revendications sociales, l'État républicain joue pour la première fois le rôle d'arbitre dans le dialogue entre le patronat et les syndicats. Les 7 et 8 juin 1936, les accords de Matignon prévoient une hausse des salaires et mettent en place des conventions collectives. Les 10 et 11 juin sont adoptées les deux semaines de congés payés et la réduction de la semaine de travail de 48 à 40 heures. Le gouvernement crée les auberges de jeunesse et les billets de train à prix réduit afin d'inciter les travailleurs à partir en vacances. Enfin, des associations de gauche souhaitent mettre la culture à la portée de tous.

c. La fin de l’« embellie » • La droite s'oppose à des réformes qui, selon elle, ouvrent la voie à la révolution

communiste et aggravent la crise. En effet, le chômage reste fort et les grèves reprennent, car l'augmentation des prix annule l'effet des hausses de salaires. Les investisseurs sont hostiles au Front populaire, ce qui entraîne la fuite de leurs capitaux vers l'étranger. Enfin, les tensions internationales obligent à un réarmement qui creuse le déficit de l'État. Léon Blum doit donc arrêter les réformes en février 1937.

• Le Parti communiste dénonce cette pause et condamne la politique de « non-intervention » dans la guerre civile espagnole. Les radicaux, inquiets des problèmes économiques, poussent Léon Blum à la démission en juin 1937. Les tentatives suivantes pour ressouder la majorité échouent et en avril 1938, les radicaux quittent le Front populaire pour gouverner avec la droite. Malgré sa brièveté, le Front populaire reste un moment mythique dans l'esprit des travailleurs car, pour la première fois, un gouvernement a eu pour priorité l'amélioration de leur sort.

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2. La République, les religions et la laïcité depuis les années 1880 a. La séparation des Eglises et de l'Etat • Née en 1870, la IIIe République est encore fragile à ses débuts, notamment en raison de

l'influence des monarchistes, qui bénéficient du soutien de nombreux catholiques. Elle veut pourtant approfondir la laïcisation de la société. Dès 1878, les hôpitaux de Paris sont laïcisés, en 1880, les crucifix sont ôtés des murs des tribunaux et le nom de Dieu supprimé des serments judiciaires. Les lois Ferry de 1881 et 1882 rendent l'école primaire entièrement laïque ; aucun religieux ne peut plus y enseigner. Les programmes scolaires sont également laïcisés car Jules Ferry veut former, non seulement des citoyens instruits mais aussi de bons républicains et de bons patriotes. L'autorisation du divorce est rétablie dans le code civil en 1884.

• Les élections de 1902 sont marquées par le triomphe du Parti radical, très anticlérical. Une majorité de députés est favorable à une séparation de l'Église et de l'État. La loi de séparation des Églises et de l'État est votée le 9 décembre 1905 dans un climat passionné. Mettant fin au Concordat, elle concerne les religions catholique, protestante et juive, seules religions présentes en France à l'époque. L'État ne finance plus les Églises ni les clergés, la religion devient une affaire privée. La loi de 1905 assure ainsi la stricte neutralité spirituelle de la République ; en retour aucun culte n'a à remplir de mission de service public. Le pape condamne cette loi ainsi que l'inventaire des biens de l'Église. La République laisse l'Alsace-Moselle, restituée par l'Allemagne en 1918, conserver un statut fondé sur le Concordat de 1801.

b. À travers la laïcité, la République s'enracine • L'enseignement se démocratise. Cela se traduit par un recrutement massif d'instituteurs.

Bons élèves issus de milieux populaires, souvent fils de paysans, on les nomme « hussards noirs ». Formés dans les Écoles normales, les instituteurs font reculer l'illettrisme, inculquent les valeurs de la République, enseignent l'histoire nationale. Fortement attachés à une République qui leur a donné une mission et un statut social, en concurrence avec les curés dans la formation des enfants, ils s'imposent bientôt comme le fer de lance de la IIIe République.

• La séparation des Églises et de l'État s'accompagne d'une diminution de l'influence politique de l'Église catholique. Par ailleurs, on observe à partir des années 1890, un ralliement des catholiques à la République qui est ensuite confirmé par l'engagement sans faille des catholiques et de leur clergé dans le combat pour la patrie en 1914-1918.

c. La laïcité confrontée à de nouvelles difficultés • La loi de 1905 a finalement été bénéfique pour l'Église catholique. Globalement, elle lui a

permis de se désengager du champ politique. • La sécularisation de la société française a cependant les limites : les fêtes religieuses,

souvent fériées, sont encore le reflet de la tradition historique catholique de la France. En outre, le financement public d'une partie de l'enseignement privé fait l'objet de débats.

• À la fin du XXe s., avec l'arrivée en France de populations immigrées de religion musulmane, puis l'essor de l'islamisme, la laïcité est redevenue une question d'actualité. Les affaires du port du voile islamique dans les écoles, du financement de la construction de mosquées, du port de la burqa et du niqab sont à l'origine de nombreux débats. La laïcité fait donc face à de nouveaux enjeux : tolérer le communautarisme, c'est remettre en cause l'unité de la République affirmée dans la Constitution. Aussi l'État doit-il intervenir pour rappeler, par la loi, les grands principes de la laïcité, notamment par les lois sur les signes religieux ostensibles à l'école en 2004 et sur l'interdiction du port de la burqa et du niqab (2010).

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3. La place des femmes dans vie politique et sociale de la France au XXe siècle. a. Avant 1914, une société très inégalitaire • Une éternelle mineure. La femme n'a pas le droit de vote. Le Code civil de 1804 fait du

mari le chef de famille : il a l'autorité parentale, choisit le domicile conjugal et sa femme doit lui obéir. Elle ne peut pas effectuer d'action en justice, signer de contrat ou travailler sans l'accord de son époux. Seules la célibataire de plus de 21 ans, la veuve ou la divorcée sont émancipées.

• Épouse, mère et ménagère. L'idéal féminin bourgeois est celui de la mère au foyer qui veille sur son intérieur, sur la santé et l'éducation de ses enfants. Rester sans mari est perçu comme une anomalie. On croit que la nature destine la femme à être une épouse et une ménagère. Elle doit se soumettre aux avis de son mari, car elle est considérée comme un être faible guidé par ses émotions.

• Des femmes hors du foyer et responsables. En 1911, le taux d'activité féminine atteint 55%. Dans les couches populaires, compte tenu des faibles revenus, les femmes qui restent au foyer sont l'exception. Les patrons engagent volontiers des femmes : ils les payent moins que les hommes et elles font moins la grève. Par ailleurs, elles gèrent l'argent du ménage. Mais rares sont celles qui dirigent le foyer et beaucoup subissent en silence la violence de leur mari.

b. De lents progrès (1914-années 1960) • De nouveaux métiers. La part des ouvrières dans l'industrie diminue peu. Mais les

services se féminisent fortement. Le plus souvent, les femmes occupent des postes subalternes et certains métiers leur restent longtemps interdits (la magistrature jusqu'en 1946). Dans les familles bourgeoises, où les filles poursuivent leurs études parce que le baccalauréat devient plus accessible, elles travaillent davantage. Les programmes du secondaire deviennent par ailleurs identiques pour les deux sexes en 1924. Souvent, la femme a un emploi avant son mariage et après avoir élevé ses enfants.

• Un début d'émancipation. Les féministes organisent des pétitions et des manifestations mais les résultats sont minces. En 1938, les femmes obtiennent leur capacité juridique. Mais ce n'est qu'en 1965 qu'elles sont autorisées à ouvrir un compte-chèques et à travailler sans l'accord de leur mari.

• Des droits politiques. Le 21 avril 1944, les femmes deviennent électrices et éli-gibles grâce à leur rôle dans la Résistance. Mais l'idée que la politique est une affaire d'hommes perdure. Le nombre de femmes parlementaires ou ministres reste faible.

c. La marche vers l'égalité (des années 1960 à nos jours) • Dans les mœurs. En 1970, les époux partagent l'autorité parentale. La femme peut plus

facilement divorcer (1975) ou vivre en concubinage sans être un objet de scandale. Le libre accès à la contraception (1967) contribue à sa liberté sexuelle. La maternité est programmée en fonction des études ou des ambitions professionnelles.

• Au travail. Le taux d'activité féminine dépasse 66% en 2009. Les femmes travaillent plus souvent sans interruption et peuvent accéder à tous les métiers autrefois réservés aux hommes. Depuis 1972, six lois tentent d'établir l'égalité professionnelle. Mais les discriminations persistent. Le sommet de la hiérarchie reste masculin et la part des femmes payées au SMIC est plus importante que celle des hommes. En outre, elles assurent toujours la plupart des tâches domestiques.

• En politique. Depuis 1981, un gouvernement se doit de comporter une part notable de femmes. Mais la France reste une démocratie en retard pour le nombre d'élues. La situation ne s'améliore qu'avec la loi sur la parité de juin 2000.

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Conclusion

- réponse à la problématique :

En 1879, la République triomphe dans un pays catholique, rural, conservateur et patriarcal. Depuis cette date, l'industrialisation a fait émerger une importante classe ouvrière. L'Église catholique a accepté la neutralité religieuse de l'État après l'avoir combattue. L'immigration a accentué la diversité culturelle. Les femmes ont investi en plus grand nombre le marché du travail et rejeté la domination masculine. La République a alors dû s'adapter à ces mutations. Elle a approfondi le principe de laïcité, a amélioré le sort des travailleurs, et a tenté de mettre fin aux inégalités entre les sexes.

La République a dû prendre en compte l'essor de la classe ouvrière et répondre à ses besoins spécifiques. Elle a tardé à s'intéresser à la question sociale, les premières lois n'apparaissant qu'à la fin du XIXe siècle. Il faut attendre l'entre-deux-guerres pour qu'un pas majeur soit franchi dans l'amélioration de la condition ouvrière. Après les grèves massives de juin 1936, qui éclatent dans tout le pays, le gouvernement de Front populaire dirigé par Léon Blum adopte des réformes sociales décisives.

Pour s'enraciner, la IIIe République a dû lutter contre l'emprise de l'Église catholique sur la société française. C'est pourquoi elle a mis en œuvre à la fin du XIXe siècle une laïcité de combat, d'abord à l'école avec les lois Ferry (1881-1882) puis étendue à l'État tout entier en 1905. Un siècle plus tard, la société française, désormais sécularisée, a bien intégré cette séparation des pouvoirs temporel et spirituel. Une laïcité apaisée mais réaffirmée propose aujourd'hui aux multiples religions de vivre ensemble en respectant la liberté de conscience de chacun.

Ce n'est qu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que les femmes obtiennent la pleine citoyenneté. Mais l'égalité des droits ne s'est pas pour autant accompagnée d'une égalité simultanée d'accès à ces droits. C'est pourquoi la République intervient de nouveau pour favoriser l'accès des femmes aux fonctions électives. La place des femmes dans la société n'a cessé de s'améliorer, grâce à la scolarisation et à l'entrée dans la vie professionnelle. Si les évolutions sociales ont permis de grandes conquêtes, comme la contraception et le droit à l'avortement, de profondes inégalités demeurent.

. - ouverture du sujet : Comment prendre en compte, au début du XXIe s., les groupes particuliers sans faire le jeu

des communautarismes ?

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Fiche bilan - Leçon n°21. La République et les évolutions de la société française

Notions : FRONT POPULAIRE : coalition née en 1935 et réunissant des partis de gauche (Parti radical, SFIO, Parti communiste, etc.), des associations (Ligue des droits de l'homme, Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, etc.) et des syndicats (CGT, syndicat national des instituteurs, etc.). Le Front populaire élabore un programme commun et des accords de désistement dans la perspective des élections du printemps 1936. LAÏCITE : doctrine affirmant que les croyances et la pratique religieuse sont une affaire individuelle, relevant exclusivement de la sphère privée. L'État reconnaît donc toutes les religions sans en adopter aucune. Principe selon lequel toute influence religieuse et tout signe (vêtement notamment) d'appartenance religieuse est interdit dans l'enseignement public, l'administration et les services publics. Vocabulaire et sigles : Assurances sociales : assurances maladie, maternité et vieillesse. comité d'entreprise : organe de l'entreprise constitué du chef d'entreprise, des représentants élus du personnel et des représentants des syndicats. Convention collective : accord relatif aux conditions de travail et aux garanties sociales, négocié par les syndicats de salariés et les organisations patronales. Il remplace le contrat de travail individuel imposé par l'employeur. SMIG : salaire minimum interprofessionnel garanti. Le SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance) indexé sur l'inflation, le remplace en 1970. Syndicat : association de personnes dont le but est de défendre leurs droits et intérêts professionnels. Discipline républicaine : nom donné par les partis de gauche au désistement, entre les deux tours d'une élection, en faveur du candidat de gauche le mieux placé pour le second tour. SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière) : Parti socialiste créé en 1905. Concordat de 1801 : accord entre le pape et le gouvernement français définissant les procédures de nomination du clergé et lui assurant un salaire en compensation de la confiscation des biens de l'Église pendant la Révolution. Loi Falloux : loi votée en 1850 donnant une place prédominante à l'Église catholique dans l'enseignement. Le programme obligatoire comprend l'éducation religieuse, l'école est surveillée par le curé et le maire. Congrégation : communauté de prêtres ou de religieux assurant une mission d'enseignement (frères des écoles chrétiennes, jésuites, etc.). Communautarisme : comportement consistant à se replier sur un groupe culturel et religieux et à refuser l'assimilation, dans le pays où vit ce groupe. Laïcisation : mise en pratique des principes de laïcité à l'intérieur d'un État, qui se traduit notamment par une politique de neutralité par rapport aux différents cultes. Liberté de conscience : droit de choisir librement une religion, une philosophie ou une morale pour conduire son existence. Sécularisation : processus qui vise à soustraire à l'influence des institutions religieuses des biens ou des fonctions qui lui appartenaient.

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Radicaux : aile gauche de la mouvance républicaine. Ils sont profondément anticléricaux et veulent la séparation des Églises et de l'État. Union sacrée : solidarité de l'ensemble de la société face à l'ennemi en 1914. Les divergences d'opinions sont mises de côté au nom de la défense de la patrie. Anticléricalisme : idéologie opposée au cléricalisme. Clérical(e) : partisan du cléricalisme, doctrine qui veut donner au clergé un statut public, un rôle politique et qui refuse la laïcité. Conseil français du culte musulman : association créée en 2003 et destinée à représenter les musulmans de France. En liaison avec les pouvoirs publics, elle intervient notamment pourfavoriser la construction de mosquées et pour assurer la formation des imams (personne qui dirige la prière). Démocrate-chrétien : partisan d'un courant politique qui cherche à promouvoir, au sein d'une société démocratique et pluraliste, une politique conforme au message chrétien. École libre, école privée, école confessionnelle et école publique Les écoles libres sont des écoles privées qui bénéficient de la liberté de choisir leurs programmes d'enseignement. Toutefois, la plupart d'entre elles appliquent les programmes définis par l'État pour les écoles publiques afin de pouvoir bénéficier de subventions publiques. La plupart des écoles libres sont confessionnelles, c'est-à-dire que des horaires supplémentaires y sont consacrés à un enseignement religieux. Plus de 90 % des écoles privées dépendent de l'Église catholique en France. Ramadan : mois saint pour les musulmans pendant lequel le pratiquant doit s'abstenir de boire, de manger et d'avoir des relations sexuelles du lever du soleil au crépuscule. Secte : à l'origine, ensemble d'individus partageant une doctrine religieuse. Aujourd'hui, le terme a pris un sens péjoratif et désigne une organisation propageant des croyances jugées dangereuses pour la société. Capacité juridique : aptitude à exercer certains droits sans être assisté ou représenté par un tiers. Cette capacité est attribuée à toute personne considérée comme majeure. Elle jouit notamment du droit de propriété, de s'engager par contrat, de porter plainte, de témoigner en justice, etc. Code civil : recueil de lois relatives au droit civil français, c'est-à-dire l'ensemble des règles qui déterminent le statut des personnes, celui des biens et celui des relations entre les personnes privées (mariage, etc.). Le premier Code civil français date de 1804. Féministe : adepte du féminisme, idéologie cherchant à abolir les inégalités sociales, politiques, juridiques, économiques et culturelles dont les femmes sont victimes. Loi sur la parité : loi française de juin 2000 tendant à favoriser l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives. Égalité et parité : L'égalité est un principe selon lequel chaque citoyen dispose des mêmes droits et devoirs que n'importe quel autre, quel que soit son sexe notamment. Mais l'égalité théorique des citoyens est souvent contredite par la persistance d'inégalités concrètes. C'est pourquoi on peut imposer la parité, c'est-à-dire l'obligation d'offrir une égale représentation aux hommes et aux femmes par la mise en place de quotas. Pour ses partisans, la parité est censée être un moyen temporaire avant d'obtenir une égalité réelle.

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Repères chronologiques : 1882 : lois Ferry : école laïque 1905 : loi de séparation des Églises et de l'État instaurant la laïcité 1906 : Crise des inventaires juin 1936 : accords de Matignon 21 avril 1944 : droit de vote et d'éligibilité aux femmes 1946 : La laïcité de l'État devient constitutionnelle 1967 : loi Neuwirth légalisant la contraception 1975 : loi Veil légalisant l'IVG 1983 : Loi sur l'égalité professionnelle 1984 : Des millions de manifestants s'opposent au projet de loi Savary 1989 : Affaire du « foulard islamique » 6 juin 2000 : loi sur la parité 15 mars 2004 : loi encandrant le port de signes religieux à l'école Personnages : LEON BLUM (1872-1950) Cet intellectuel issu de la bourgeoisie juive s'engage en politique au moment de l'affaire Dreyfus et participe avec Jaurès à la fondation de la SFIO. Au Congrès de Tours en 1920, il défend la SFIO contre la majorité de ses membres qui la quittent pour fonder le Parti communiste. Il devient en 1936 le premier socialiste à diriger un gouvernement français et il incarne pour la postérité les espoirs et les échecs du Front populaire. En 1940, il refuse de voter les pleins pouvoirs à Pétaïn et il est emprisonné. Malgré sa brillante défense au procès de Riom (1942), il est livre aux Allemands et déporté. Libéré en 1945, il revient dans la vie politique. SIMONE DE BEAUVOIR (1908-1986) Née dans une famille bourgeoise et catholique, elle suit les cours de philosophie à la Sorbonne et y rencontre Jean-Paul Sartre. Il sont reçus tous les deux à l'agrégation, elle enseigne à Marseille, Rouen puis Paris. Après la Seconde Guerre mondiale, elle fait partie du comité de rédaction des «Temps modernes». Avec Sartre, elle contribue à la réflexion existentialiste. Elle publie son chef-d'œuvre en 1949, Le Deuxième Sexe, livre phare du féminisme français. En 1954, elle reçoit le prix Concourt pour Les Mandarins. Avec Elisabeth Badinter et Gisèle Halimi, elle dénonce les tortures faites aux femmes pendant la guerre d'Algérie. Elle est aussi favorable à l'avortement. Six ans après Sartre, elle meurt à Paris en 1986. SIMONE WEIL (1909-1943) Philosophe et écrivaine française. Agrégée de philosophie, communiste anti-stalinienne, elle quitte provisoirement son poste d'enseignant en 1934-1935 pour entrer à l'usine. Elle soutient le Front populaire, rejoint les Brigades internationales pour lutter contre Franco en 1936. Durant la guerre, elle s'engage un temps à Londres aux côtés de la France libre. SIMONE VEIL (NEE EN 1927) Rescapée d'Auschwitz, elle devient magistrat et entre en 1974 au gouvernement comme ministre de la Santé. Elle est chargée de préparer la loi qui porte son nom sur l'autorisation de l'interruption volontaire de grossesse. Elle préside le Parlement européen de 1979 à 1982 et poursuit ensuite une carrière publique.

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Productions graphiques (schémas, organigrammes…) :

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