l'ecole valaisanne, juin 1962

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10 ,"",UIN 1962 VIME ANNÉE VALAISANNE

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Page 1: L'Ecole valaisanne, juin 1962

JA SION 1

Sections primaire, commerciale (avec diplôme de commerce reconnu par l'université de Ge­nève). Raccordement - Langues. Enseignement par classe de 3 à 5 élèves.

Sports: Ski - Patinage - Tennis -Equitation - Natation , . Cours de vacances en juillet et août

Ecole pour jeunes gens dès l'âge de 8 ans

AU SERVIOE D'E VOTRE CANTON

LA BANOUE CANTONALE DU VALAIS vous offre sécurité et discrétion pour tous vos dépôts et vqus recommande

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10 ,"",UIN

1962 VIME ANNÉE

VALAISANNE

Page 2: L'Ecole valaisanne, juin 1962

FERS - Q UI NCA IL LER I E

ARTICL ES D E MENAGE

ARTICLES D E SPORT

FO~RNEA UX PO TAGERS

Avenue du Midi - Téléphone (027) 21021 CAL OR I FERES

4;"4Jq. ~Ig

LE LAIT PASTEURiSÉ ET HOMOGÉNÉISÉ CONTIENT TOUT CE QUI EST NECESSAIRE A L'ORGANISME HUMAIN.

A h 1 quel beau ehoix aux

S ,IO N

Sur présentation de la carte, 5 % de rabais

L'ECOLE V A L A ISAN NE

VIe année No 10, juin 1962

Crocus

E.V.

E.V.

UNESCO

M. Magnenat

E.V.

Mce Nicoulin

SOMMAIRE

Partie générale

Quand le vieux régent se fâche

La 110uvelle Ecole Normale .

Mgr Devaud et G. Cuisenaire

La compréhension internationale à l'école

Qu'est-ce que les CEMEA? .

Bulletin Cuisenaire romand II

Table des matières 1961-62

BibÜographie

Partie pratique

Leçon sur la Rose

1 R'ENSEIGNEMENTS

L'ECOLE VALAISANNE paraît à Sion, le 15 de chaque mois, juillet et aout exceptés,

Publicité: Publicitas, Àvenue du Midi, Sion - Téléphone 24422.

Rédaction: 'Eug. Claret, Office de l'En­seignement, Sion.

Délai de rédaction: le 1er de chaque mois.

Edition, administration et expédition: . Office de l'Emeignement, Sion.

Impression: Imp. Fiorina & Pellet, Sion.

Ab01mement annuel: Fr. 10.-, C.C.P. Il c 12, Etat du Valais, Sion (Pour le per­sonnel enseignant, l'abonnement est retenu sur le traitement du mois d'avril).

Pages 3 et 4 de la couver ture (10 insertions) 1/1 Fr. 700.­

~ Fr. 380.­·14 Fr. 200.-

Pages ordinaires, 1 insertio.n: 1/ 1 Fr. 60.­~ Fr. 33.­X Fr. 18.­l/S Fr. 10.-

5 insertions: rabais de 5 % 10 insertions: rabais ' de 10 %

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Page 3: L'Ecole valaisanne, juin 1962

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Je n'avais jamais vu Cyprien aussi déchaîné que ce soir-là. Nous sortions du Café de la Place où quelques copains, en notre

présence, s'étaient crus obligés de parler éducation, instruction, mé­thodes. Naturellement les gosses d'aujourd'hui en avaient pris pour leur rhume! Chacun assurait que l'éèole actuelle ne valait pas tri­pette, que le principe d'autorité était bafoué, la discipline relâchée, les programmes trop dispersés, que les enfants, plus fieffés que ja­mais, n'étaient ni instruits, ni construits.

Cyprien avait riposté avec véhémence; mais je pressentais que c'était moins par conviction que pour couvrir ses collègues et défendre l' honneur de la profession.

Dès le seuil franchi, j'en eus la preuve manifeste. Comme je le félicitais de ses brillantes reparties, il se fâcha.

- « Gourde que tu es ! Décidément, je ne te croyais pas si naïf ... Si j'ai pris le contre-pied de ces messieurs, c'est pour mieux connaître leurs arguments, arguments que je partage entièrement. Moi aussi, je suis contre l'école moderne, du moins contre une certaine école moderne, toute de démission et d'abandon.

- De démission? - Parfaitement, de démission. Sous prétexte de ne pas brimer

l'enfant, de respecter sa jeune liberté, on capitule trop souvent devant lui. Il n' y a plus pour lui de contraintes, parce que, n'est-ce pas, il pourrait «faire un complexe» . .. comme on fait une grippe ou de l'urticaire. Si l'on est assez courageux pour punir, on a immédaite­ment les- parents sur le dos.

- Tu ne voudrais pourtant pas qu'on en revienne à la férule d'autrefois ?

- Evidemment que non ! Les parents eux-mêmes ont maintenant peur de recourir à la fessée; tant pis pour eux! Ce n'est pas à nous à les remplacer. C'est à d'autres démissions que je fais allusion. Par ex emple, la camaraderie a remplacé le respect dû au maître, heureux encore quand les grands élèves ne présentent pas des «revendica­tions ». Plus de tenue: le débraillé s'installe à l'école. Plus de silence: on travaille « en équipe» et ce mot couvre une réalité très variable. Pense un peu à l'écriture: on a renoncé à faire la guerre dans ce domaine et il faudra bientôt avoir fait l'Ecole des Chartes pour dé­chiffrer les hiéroglyphes de nos collégiens. Le soin, la présentation, l'orthographe sont des détails secondaires; à mesure qu'on monte dans les classes, il faut renoncer à les exiger, sous peine de passer pour un « primaire »'attardé. Où est la belle calligraphie d'autrefois? Comment les maîtres ne seraient-ils pas ' gagnés par ce' laisser-aller général? J'en connais un - pas au Kamchatka, s' ilote-plaît, mais

, dans ma commune - qu,i a supprimé tous les cahiers. Les devoirs à domicile, quand il en donne (et c'est plutôt rare), doivent être rédi­gés sur feuilles. Ces feuilles, on les corrige ou ,0~'L ne l;s corrige p~s ~ la plupart du temps, on ne les ' rend pas aux eleves, echappant ams~ aux coml1wntaires de la classe et aux jugements des parents. C'est très simple, n'est-ce pas? Il suffisait d'y penser!

- Mon vieux Cyprien, qu'as-tu donc aujourd'hui à voir tout en noir? Pour un qui ne fait pas son devoir, te voilà à incriminer' tous les autres ! Tu sais bien qu'il y a des gâte-métier dans toutes les p rofessions, la nôtre y compris. Essaie plutôt de voir le côté positi f de notre école moderne, l'effort de rajeunissement qu'elle a tenté, les bases psychologiques et scientifiques sur lesquelles elle s'a~puie pour mieux s'adapter à l'enfant ... Avoue que la psychologw de l'enfant est une découverte de notre siècle et qu'elle a provoqué depuis cinquante ans une littérature de tout premier ordre . .. ,

- Une littérature malheureusement très technique à laquelle les vieux régents C0l117ne moi ne comprennent presque plus rien. Personnellement, je ne puis plus ouvrir un livre sans achopper à

'un vocabulaire savant, à un charabia de laboratoire qui décourage ma bonne volonté. La pédagogie des livres ne vaut plus rien, à moins d'être «organique, évolutive, opératoire ». Il m'a fallu des années pour savoir à peu près ce qu'était une pédagogie «fonctionnelle ». Le mot a fetit fortune; il est aujourd'hui si courant qu'on l'applique à toutes les nouveautés, jusqu'à la voiture de mon locataire qui a une coupe «fonctionnelle ». Surtout ne t'avise pas de lui demander ce que ce n'LOt signifie; tu le mettrais dans l'embarras ! ]' ai un jeune collègue qui ne parle que de psychologie «génétique» et qui croit m'en imposer avec ses théories. Toi-même, qui me traites volontiers de barbacole, ne m'as-tu pas r€comnwndé une brochure intitulée «Pédagogie prospective» ? J'enrage quand je vois tout ce déballage pédant. On ne peut plus agitér la moindre idée sans l'habiller d'ori­peaux et de clinquant. J'ai envie, n'LOi aussi, de fonder une pédagogie nouvelle et de la baptiser testiprolifère, catasphérogène, psychodé­cu;ple et ratioficelle, tout ce qne tu voudras pourvu que cela ait un air scientifique et ronflant. Le pédagogue n'est plus un homme qui se donne à l'enfance, c'est un spécialiste qui remplit des fiches, essaie des tests, dresse des barèmes et des statistiques. On a vidé notre belle vocation de son âme, oubliant qu'elle est un art plus qu'une science, un dévouement plus qu'une étude, une intuition . plus qu'un raison­nement. Je donnerais beaucoup pour voir ces théoriciens de labora­toire, ces pêcheurs de hme, en face d'une classe de 35 gamins de tous les degrés ! Comme ils nageraient ! »

A insi parla C)' prien. Je sentais confusément qn'il avait tort, qu'il exagérait. N'entpêche

que son propos 1r/,e laissa tout rêveur. Crocus

Page 4: L'Ecole valaisanne, juin 1962

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Le visiteur qui, intentionnellement et d'un œil critique, parcourt les vastes bâtiments sous la conduite d'un cicerone qualifié, le promeneur du dimanche

que le vert des pelouses attire dans ce quartier tranquille et ensoleillé, le no1'1na­

lien qui vit depuis novembre clans ces locaux spacieux en face d'un paysage

grandiose aux aspects changeants selon l'heure du jour, tous sont unanimes à dÏ1:e que la nouvelle école normale est une réussite de premier ordre, proba­blement la plus belle du pays.

Je songe alors à la parole de Saint-Exupéry: «L'homme a besoin de murs

autant que d'espace ». Ces deux termes ennemis sont ici réconciliés dans une harmonie heureuse. .

,

Faits pour abriter le travail et protéger le repos, les murs de l'école

norma.1e sont perméables au soleil et ct la joie; ils ne limitent pas l'espace, ils

le soulignent; l'horizon est si vaste qu'il ne donne pas le désir d'évasion, mais

élève l'es prit et le cœur en les pacifiant.

La technique ne donne aucune rudesse à la douceur du cadre; CULsme,

buanderie, chauffage et aération, infirmerie, les 50 appareils de téléphone

intérieur, les haut-parleurs qui diffusent la Inusique, les orgues électro-statiques

récemment inventées, la salle de spectacle et de cinéma, la chapelle recueillie

et son fin clocher, l'équipement des salles de physique et de biologie, les ateliers

de travaux manuels: tout est moderne, d'un confort discret, sans luxe tapageur.

Un terrain de sports, une piscine complèteront bientôt les installations

actuelles. Cent-quatre-vingts étudiants internes trouveront aisément place dans

ces bâtiments d'aspect extérieur aussi agréable que l'intérieur est rationnel.

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Plus de caravansérails et quarante lits! Les dortoirs sont de 4 et 8 places et les aînés travaillent « en cha7nbre ». Pour le délassement, des « salles de jour»; pour les récréations, des salles de jeux. La décoration, tant profane que reli­gieuse, a été confiée et des artistes de chez nous: Chavaz (Savièse ) , Monnier (Sierre-Lausanne)" Miihlematter (Sion), Griinwald (Brigue), de Palézieux (Sierre) .

Tous les enseignants du Valais sont fiers de cette construction qui fait honneur au Conseil d'Etat, au Département de l'Instruction publique, et l'archi­tecte A. Pen'audin et aux Marianistes présents et l'école normale depuis 1845. V oilet une œuvre qu'on pourra montrer à qui que ce soit, visiteurs de chez nous ou de l'étranger. L'inauguration officielle se déroulera précisément quand ces pages de l'ECOLE V ALAISANNE vous parviendront, En un sens, ce sera la fête de tout le personnel enseignant.

E. V.

<f Deux grands pédagogues vous parlent de la CLASSE-PROMENADE:

En cette année du 20e anniversaire de la mort de lVlgr Dévaud, qui fut bril­lant titulaire de la chaire de Pédagogie et l'Université de Fribourg, nous voudrions associer son nom et celui de NI. Georges Cuisenaire, dont la méthode de calcul est de plus en plus connue et pratiquée en Suisse romande. Ces deux éminents pédagogues n'eurent pas la joie de se rencontrer, Mais c'est au cours d'une Expo­sition et Bruxelles que Mgr Dévaucl découvrit la haute valeur pédagogique du Directeur des écoles de Thuin. Chose curieuse, il ne s'agissait pas ' encore des fameuses réglettes de calcul, mais des «leçons-promenades» dont Cuisenaire savait 15Ïrer un merveilleux parti. Preuve manifeste que le modeste instituteur belge était, comme Mgr Dévaud, un pédagogue complet, et non seulement l'homme d'une idée ou d'un système.

A l'intention de nos lecteurs, nous reproduisons ici la préface que Mgr Dévaud écrivit au livre de Cuisenaire intitulé «Leçons-Promenades» (Edit. Duculot, et Tamines, Belgique). Ces pages font honneur et l'un et et l'autre.

« C'est une histoire toute simple. A Bruxelles, fin septembre, j'ai repéré, non sans recherches, l'espace, trop restreint à mon gré, réservé à l'école primaire, dans l'immense halle où l'Etat belge a présenté à ses 20.000.000 de visiteurs, ses institutions, leur fonctionnement, leur situation en 1935. Peu de statistiques, pas d'étalages de manuels, quelques travaux d'élèves, bien représentatifs de ce qu'on fait en classe et des résultats auxquels on aboutit.

Entre autres, ceux de Monsieur le Directeur Georges Cuisenaire de la ville de Thuin. Je les ai feuilletés avec attention. J'y suis revenu. Dans ces grandes feuilles qu'avaient fatiguées de nombreux doigts, mes yeux, qui ne s'en croyaient pas eux-mêmes, trouvaient réalisé ce que j'avais décrit théoriquement, voilà plus de 25 ans en 1909, ce que je venais de souhaiter à nouveau comme initiation à la vie laborieuse de nos grands élèves des degrés supérieurs, futurs travailleurs manuels, dans le cadre librement interprété des centres d'intérêt du Dr Decroly.

Les cahiers, les voici, n'lis à la disposition de ceux qui n'ont point eu l'heur de parcourir les salles de l'exposition universelle, de ceux qui, l'ayant visitée, n'ont point eu la bonne fortune de les dénicher, de tous ceux qui souhaitent les revoir pour s'en inspirer.

Il appartient à M. le Directeur Cuisenaire d'exposer son plan, ses méthodes et ses procédés. Les lecteurs de son livre sentiront se lever en leur esprit maintes questions, dont plusieurs sont sujettes à controverse, bon témoignage en faveur de sa pédagogie, qu'elle suscite la réflexion. Ses albums me semblent l'épondre en particulier, - par le fait qu'ils sont ce qu'ils sont, comme le philosophe grec répondait à une question sur la possibilité du mouvement en marchant, - à une difficulté que j'ai entendu maintes fois exprimer ainsi: le profit de l'ex­cursion-leçon est nul; ce qu'on en tire ne compense pas le temps qu'on y perd;

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les écoliers ne savent pas regarder ; ils écoutent d'une oreille distraite les expli­cations qu'on leur donne; au retour ils ne présentent que des comptes rendus insignifiants sinon remplis de décourageantes sottises.

La solution, M. le Directeur Cuisenaire l'apporte, éclatante et péremptoire. L'excursion-leçon, centre de l'étude d'une collectivité de travail, est un éminent moyen de formation, si elle est minutieusem ent préparée par le maître et par les élèves.

Le maître doit faire l'excursion lui-même, au préalable, et plutôt deux ou trois fois qu'une, se fixer un but précis correspondant au degré et aux possibi­lités actuelles de ses enfants, se renseigner avec exactitude SUl' toutes' les données positives que réclame le sujet, prévoir les ramifications de son enseignement dans les branches annexes. Les élèves sont pourvus à l'avance de toutes les notions indispensables à l'intelligence de ce qu'on leur montrera; ils les acquièrent pal' une enquête individuelle ou en équipes, par des tâches d'observations précises, au besoin sous forme de questionnaire, pal' les exposés d'initiation de l'institu­teur. Le réel est un sujet d'étude fort complexe; l'excursion n'est profitable que si la complexité en a d'abord été débrouillée. Nous ne savons observer que ce que nous sommes préparés à observer: c'est une élémentaire vérité de psycho­logie. La préperception chère à W. James est la condition nécessaire d'une per­ception nette et féconde.

Cette condition remplie aussi consciencieusement qu'elle l'est dans les écoles de Thuin, l'excursion ne peut manquer d'être fructueuse. Le maître peut s'épar­gner ces discours qui ne l'éussissent qu'à détoul'ner l'attention des élèves, qu'à entraver le contact direct de leur intelligence avec le réel. Car il appartient à la réalité de parler; c'est le propre de cette leçon justement de laisser les choses eUes-mêmes dire ce qu'elles ont à dire à des intelligences préparées à les com­prendre. De brèves explications suffisent à concentrer les regards sur les points où ils ont à se porter, de brefs rappels, un mot technique, .un geste. Le connu permet d'apercevoir, d'ohserver, d'ÎI~tégrer dans la synthèse mentale, de classer les données intelligibles saisies sur le réel. '

L'excursion terminée, la leçon n'est pas finie. Elle se prolonge en exercices d'application qui peuvent intéresser toutes les branches, comme le prouvent les cahiers des classes de Thuin, et c'est un de leurs mérites de montrer comment toutes en peuvent tirer bon parti. Je dis bien peuvent, car ce serait dépasser la mesure, le bon sens et la pensée du Directeur Cuisenaire de laisser envahir, asser­vir tout l'enseignement pal.' l'étude d'une collectivité naturelle. Dans les 2 degrés supérieurs, les branches ont à garder leur autonomie. Une distinction nette est source de clarté. Distinguer, néanmoins, ne signifie pal' séparer. L'autonomie des notions autorise commerce, échanges et services mutuels. Il est logique que le vocabulaire serve à faire connaître les termes dont on use dans l'étude d'une collectivité. Les exercices de grammaire, de rédaction, de calcul, de comptabi­lité, de dessin, et le l'este, sont bien de la grammaire, de la rédaction, du calcul, etc., tout en em.pruntant leurs données au centre d'intérêt. Il est de saine raison de situer la réalité locale dans l'ensemble de l'histoire, de la géographie, des institutions du pays. Je serais même incliné à pousser plus loin les perspectives

que l'on ouvre aux yeux des grands écoliers, à me servir de la Sambre à ~~u~n, avec ses écluses ses bateaux son chantier à péniches et à chalands, pour InItler mes jeunes qui 'ne sont plus' des enfants, à l'économie des voies navi~ables inté­l'Ïeures et à leur batellerie, caractéristiques du pays belge et source Importante de sa prospérité.

Les revues pédagogiques sont pleines de dol~ances sur la sur~harge ~le~ programmes. Lorsqu'il s'agit d'y trancher d~n~ l~ ;lf, on ~'ecule, ~n ,~ ose p,olte.l la main sur l'arche sainte. Pourquoi cette tnTIIdIte ? On Impose a 1 ecole lobh­gation d'enseigner « des clartés de tout ». Laissons à la vie le. soin d'apprendre ce que l'école n'a pas appris. Munissons nos enfants des .« outII,s » de la culture qui les mettent à même de se cultiver eux-mêmes, de con~Inuer ~ s~ f?rmer, dans le sens de leur profession et de leurs goùts, au mom~nt ou l~lu Intelhgence,. plus mune est mieux apte à comprendre, et notre deVOIr scolall'e est accomph aux trois-~uarts. Le dernier quart serait cons~cr~ à l'étude de qu~lq~e~ pomts. ~u savoir qui formeraient, dans les cenreaux; ec?hers: des c~ntres d Inte~~t, les vla,l,s, autour desquels s'organiseront les connaIssances elaborees hors de 1 ecole: aples l'école, le long de l'existence entière. ~écite~' correctement ce qu~. cont~ent le Larousse du XXe siècle est beaucoup moms utlle pour la culture d~ 1 Intelhgence et même pour l'action pratique" que de bien posséder ~~ petIt n~mbre, d,e connaissances, mais de premières valeur centrale (le mot s Impose), bIen. J?ene­trées et possédées, qui p ermettent de comp~e?dre et de clas,ser les aC~Isltons ultérieures. De tels centres sont les colleetlvItes que nous pres~nte le Dll'e~t~ur Cuisenaire, et je souhaiterais qu'on en ~rée d~ p~reilles, -pareIlle~ent ~raltees, non seulement en sciences naturelles, maIS en IllstOIre, en geographle, en Instruc­tion civique, qui sont les disciplines qui souffrent particu!ièremen~ de ,pléth~re et chargent la mémoire aux dépens de la raIson. J ap.erç~Is .l~ remede a la Cllse du programme où nous nous débattons dans un chOIX JudICIeux ~le ces colle?­tivités de ces centres d'étude, pour chacune des branches du ~avoll' aux degres supéri~urs. Et le cI'itère du choix pour.rait êt.re c.elui-ci que le ~eune homme, ~ la jeune fille - à la fin de la fOl'matlon pnmall'e, s~?he se sIt~er par ra~~olt à Dieu au monde cosmique et à ses semblables, dans 1 etat, le heu et le mIheu où la n'aissance et les circonstances l'ont placé. »

Fribourg (Suisse}, Noël 1935.

E. Devaud

OCCASION

L'école protestante de Montana offre 16 bancs à 2 places, modèle

ancien, mais en assez bon état, à une école valaisanne qui en fera la

demande.

S'adresser au Dr. G. AR NOL D, Sana Genevois, MON TAN A. b ________ ~ ______________________________________ ~

Page 7: L'Ecole valaisanne, juin 1962

L'EXEMPLE DE NEUCHATEL

,... L'UNll!SCO déploie une activité intense pour rapprocher les peuples. Dès l age scolaLre, elle patronne les échanges inter-classes, les séjours en pays étran­~ers. M.l~e Edmée, ~1ontandon, professeur au Collège classique de ' Neuchâtel, 1 elat~ LCL ses expenences dans une classe de filles. Ces expériences ne nous paraz,ssent pas impossibles à réaliser chez nous.

, La Commission suisse pour l'Unesco, dont le secrétaire est NI. J. B. de Weck (Departement politique fédéral), donnera volontiers toutes indications utiles à qui les demandera.

Etablir entre les peuples, entre les continents, entre les hommes tout sim­plement une ~eilleure. compréhension, voilà un des buts que s'est fixé l'Unesco. , "Or, y a:t.-~l ~ne meIll~ure méthode d'y parvenir, que d'enseigner aux enfants, a 1 ecole dep, a ressentIr pour les hommes d'autres races d'autres cultures l'amitié qui garantit le respect des libertés d'autrui.' ,

,Cette amitié. ne peut être réelle, que si elle est fondée sur la connaissance. Et c est p~urqu.Ol, c~ans plu~ de 4.0 pays, de~ écoles participent à des expériences cle compre.henslOn Int~rnatIOnale. Celles-ci consistent à étudier, de façon aussi approfondIe que pOSSIble, un autre pays, une autre région du globe, d'établir des contacts avec eux, de prendre conscience à la fin de l'identité et de la diversité des problèmes ou des opinions.' ,

On voit tout l'enrichisselnent qu'on peut tirer de l'introduction dans l'ensei­gnement de telles expériences.

Aussi .e~t-il souhaitahle qu'e des écoles toujours plus nombreuses adoptent les propOSItIOns de l'Unesco et deviennent des «écoles associées », membres de c~tte sorte de communauté interscolaire qui, sans tenir compte des frontières, tIsse entre les pays un réseau de fraternité.

, En .~uis.se aussi; l'Unesco cherche à gagner des écoles à la cause de la com­preh~nslOn InternatIOnale. Depuis plusieurs années déjà, des classes du Collège classI~ue .de Neuchâtel ont étahli des échanges fructueux avec les pays proches ,Qu lOIntaIns. La Commission nationale suisse pour l'Unesco serait heureuse de voir d'autres classes s'associer à ce mouvement.

Le premi.er :rays étudié, dans une classe d'élèves de 12 ans, a été le Japon. Ce p~y~ paraIssaIt convenir à une étucle approfondie: ce qu'on en connaît est en, general peu conf or~le à la l'éalité, et encore ces notions ne dépassent-elles ~ue~'e c~lles de p~rcelaIne, kimono et harakiri. Il y avait clone des stéréotypes a. detr~ll'~' Et pUIS, l'intérêt qu'offre l'Orient, la confrontation de deux civilisa. tIons dIfferentes, tout paraissait concourir à former un excellent centre d'intérêt. En effet, c'est pleines d'enthousiasme et de curiosité que les élèves ont entrepris leur travail. '

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Il nous a semblé indispen sable de fixer les informations r assemblées dans une monographie, dont la rédaction fournissait aux élèves l'occasion d'exercer cette discipline, la rédaction devenant ainsi, grâce au but à atteindre, non un exercice dans le vide, sur un thème quelconque, n'intéressant en général guère les élèves, mais une œuvre commWle, dont la réalisation avait, aux yeux des enfants, une grande importance.

Nous avons donc commencé notre travail. Il a consisté tout d ' abord à r as­sembler les informations les plus précises et les plus complètes possibles, grâce aux moyens d'information à notre disposition, - diapositifs, photographies, textes, films, - ; cela n'a pas été trop difficile. Mais ce qui a enchanté les enfants c'est, d'un côté, le contact direct avec des Japonais, d'autre part la correspon­dance qui s'établit entre les jeunes filles d'un lycée japonais et nos élèves, corres­pondance rendue d'ailleurs difficile par la distance et la difficulté des commu­nications. Mais questions et réponses ont traversé les océans, donnant aux enfants le sentiment d'une fraternité lointaine, mais présente.

Quant aux Japonais qui sont venus à l'école, ils nous ont apporté l'indis­pensable chaleur d'une présence, aussi bien que les possibilités d 'une documen­tation plus complète et plus conérète. Il est presque impossible, grâce aux am­bassades et légations, de ne pas trouver des représentants de pays que l'on étudie, disposés à venir parler à des enfants pleins d'intérêt pour leur pays. Nous avons eu de la chance: non seulement l'Ambassade du Japon nous a envoyé une per­sonne aimible et compétente, mais un écrivain japonais, Kikou Yamata" est venue dans la classe. Cette charmante femme a fait vivre aux élèves une journée japonaise: repas confectionné en commun et mangé avec des baguettes, arran­gements floraux, cérémonie du thé, confection d'obj et. Ce fut une véritable ini­tiation à la vie, ~ la forme de pensées japonaises.

Peu à peu se formait dans l'esprit des enfants une VISIon exacte, preCIse~ de ce que peut être une civilisation orientale, avec ses conceptions différentes, sa manière de vivre et de voir les choses, mais aussi identité profonde des senti­ments avec le reste de l'humanité. Chapitre après chapitre, écrits par groupe ou individuellement, discutés d'abonl dans la classe s'ils présentaient une difficulté majeure, s'élaborait une monographie, bien imparfaite, certes, mais rassemblant des informations dont certaines eussent été difficiles à trouver ailleurs.

On objectera que rédiger n'est pas l'unique exercice exigé au cours de l'étude de la langue maternelle. On peut répondre qu'il est presque toujours possible de trouver, au sujet du pays qu'on étudie, des textes intéressants de grands écrivains et d'autres textes, bien traduits, tirés des œuvres principales de la littérature du pays. Ces textes, lus ou appris par cœur, ou dictés, ou encore objet d'analyses grammaticales, se prêtent à tous les autres exercices.

Les enfants ont en général besoin de quelque chose de concret et ne peuvent rester longtemps penchés sur des problèmes philosophiques, sociaux ou écono­miques. Aussi l'exposition de tous les objets que nous avons pu rassembler sur le Japon - certains précieux et rares obtenus grâce à la collaboration de musées, de collectionneurs privés, a suscité un intérêt renouvelé et mis un point final à l'expérience. Toujours par groupes, les élèves se sont partagé les divers aspects

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Page 8: L'Ecole valaisanne, juin 1962

de la vie japonaise et les ont présentés à leur manière, arrangeant une chambre japonaise, présentant ,un repas, habillant des mannequins, etc.

L'exposition avait un double but: fournÎr aux élèves de la classe l'occasion d'utiliser leurs connaissances et montrer aux autl'es classes de l'école, aux parents, aux amis, - dans les limites de leurs possibilités, - une autre civilisation, un nouveau pays. En même temps que l'exposition, nous avons mis un point final à la monographie, illustrée de dessins d'élèves inspirés par les estampes japo­naises que nous avions eues sous le yeux. Reproduite à un certain nombre d'exem­plaires, elle témoigne encore, dans la bibliothèque des élèves, de l'enthousiasme soulevé par cette étude.

Le centre d'intérêt avait duré à peu près huit mois, coupés, bien sûr, par diverses. autres études. Mais l'intérêt majeur est toujours resté centré sur le Japon.

Après avoir consacré deux ans de suite à l'étude du Japon, avec deux classes différentes, il s'agissait de choisir un nouveau pays à étudier, de nouveaux rivages où aborder, avec la curiosité 'd'un Ulysse. La Grèce nous a paru un sujet parti­culièrement intéressant, car en première année du collège l'histoire' grecque ancienne est inscrite au programme. Il était possible ainsi non seulement de faire l'étude entière de l'histoire avec ce nouveau centre d'intérêt, mais aussi dé voir ce qu'est devenu ce pays actuellement. Que dire de cette étude, sinon qu'elle nous a fourni de grandes joies et soulevé de grands élans d'enthousiasme. Nous avons utilisé les mêmes méthodes de travail qu'avec le Japon, mais cette fois en les complétant. A côté d'une monographie sur la Grèce ancienne puis sur la Grèce moderne, nous avons utilisé les connaissances acquises dans la création d'une sorte de «roman ». Toutes ensemble, les élèves ont établi le plan d'un récit à leur mesure: les aventures d'une petite fille dans l'antiquité. Découpé en chapitres, ce plan fut exécuté par les groupes. Travail difficile, déjà, que de transposer des renseignements dans un récit, de ne pas s'éloigner de l'exactitude historique, tout en inventant.

Une fois terminées l'étude de la Grèce ancienne et l'élaboration du roman, il s'agissait de faire la connaissance de la Grèce moderne, de ce peuple amical et fier que toutes les catastrophes n'arrivent pas à abattre et qui a tant à nous apprendre lorsqu'il s'agit de courage, d'amour de la liberté. De nouveau, les informations recueillies au cours d'entretiens avec des Grecs ou grâce à la très riche documentation mise à notre disposition par le service de presse de l'Am­bassade de Grèce en Suisse, furent transposés et ont servi à la rédaction d'une nouvelle histoire. Ainsi, avec deux classes différentes, ont pris vie tour à tour deux orphelins refaisant en quelque sorte le voyage d'Anacharsis, une famille de pêcheurs des îles, etc.

La correspondance qui s'établit entre un lycée de Grèce et nos élèves permit d'établir de vrais liens d'amitié. Cette fois, ce n'est pas une exposition qui mit fin à l'étude de la Grèce. Si, en Suisse, tous les Grecs habitant les environs et nos élèves se réunirent autour d'un mouton doré sur la montagne, le véritable point final fut un voyage réel en ·Grèce. En effet, après avoir, en imagination, parcouru les chemins rocailleux de la Grèce et sillonné la mer Egée, nous sommes parties un matin d'été à la découverte de la Grèce réelle. Les jeunes correspon­dantes grecques nous accueillirent et nous logèrent dans leur collège. De là, de

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nombreuses excursions !l0us ont conduites dans les différentes parties de la Grèce. Le contact fut des plus sympathiques et permit à plusieurs jeunes Suis­sesses de prolonger leur séjour et de jouir de l'hospitalité grecque. C'est évidem­ment l'avantage qu'offre l'étude d'un 'pays relativement rapproché que de donner la possibilité d'établir des contacts directs. Les vacances en Grèce l'estent un souvenir inoubliable pour celles qui y ont participé.

Nouvelle expérience: le Siam. Cette fois, le pays a été choisi en fonction d'un séminaire d'études se rapportant à la connaissance de l'Orient, séminaire organisé par la Commission nationale suisse pour l'Unesco. Mêmes méthodes, avec des variantes. Cette fois, en plus de la 11l.0nographie, il s'agissait pour les élèves (des filles de 12 ans à peu près) de présenter le Siam aux participants du séminaire. Elles le firent avec une ingénuité et un entrain qui suppléaient à leur manque de savoir-faire. Mais je crois pouvoir dire que leurs connaissances étaient suffisantes pour intéresser même les adultes.

Mais l'essentiel de cette présentation a consisté en une exposition. Elle eut lieu pour la première fois au Musée d'ethnographie de Neuchâtel, dans les salles réservées aux expositions temporaires. Chaque équipe choisit un thème: marché flottant, village de la jungle, théâtre et musique, arts, bouddhisme, puis s'ingénia à illustrer le thème de la manière la plus séduisante possible. Nous avons eu la chance de pouvoir exposer des objets de valeur exceptionnelle: toute une docu­mentation photographique (agrandissements en couleurs sur vastes panneaux), objets d'art patiemment réunis par un collectionneur au cours d'un séjour de dix-huit ans au Siam, nOlll.breux instruments et ustensiles de la vie quotidienne, obtenus directement du Siam ou prêtés par des musées suisses

Pendant deux senlaines au moins, les élèves ont passé tous leurs loisirs à monter l'exposition, reconstituant une maison dans la jungle, un sampan, un autel de Bouddha, lm orchestre. Des panneaux peints d'après des documents photographiques ont créé l'atmosphère.

Comme la reine du Siam séjournait en Suisse, il a paru tont naturel aux jeunes filles de l'inviter à l'inauguration de leu r exposition. La reine accepta l'invitation. Et c'est ainsi que ces écolières vécurent une journée de conte de fées: la ravissante souveraine, dans sa l'ohe thaïlandaise, leur parut un peu surnaturelle et l'ambiance créée par la musique orientale, par les danses de leurs jeunes amies siamoises, par la collation, à la saveur encore inconnue par elles, qu'elles avaient préparée avec l'aide de Thaïlandaises, cela prêtait à la petite fête un air d'exception. Ce sera peut-être l'événement le plus marquant de leur enfance.

En définitive, cette longue étude a certainement favorisé, chez les .enfants, une certaine attitude de respect d'autrui, de respect d'opinions et d'un mode de vie différents du leur. Cette attitude, elles l'ont trouvée au cours d'un temps assez long pour qu'elle se soit ancrée en elles. Peut-être aborderont-elles doré­navant tous les problèmes avec une meilleure compréhension. Et c'est aussi peut-être la justification du programme des écoles associées de l'Unesco, qui nous propose d'élargir notre horizon pour essayer de former le monde meilleur que nous cherchons tous. COl1unUli ication cle l'UNESCO

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Page 9: L'Ecole valaisanne, juin 1962

AV ANT LE ST AGE DE CHATEATlNEUF :

C. E. M. E. A. CENTRE D'ENTRAINEMENT AUX METHODES D'EDUCATION ACTIVE

Toute tâche éducative devient plus difficile maintenant, surtout ' lorsque l'on s'occupe de petits citadins vivant dans l'agitation et le bruit, auprès de parents tendus et peu disponibles.

Si l'école a de la peine à faire face à cette situation nouvelle et inquiétante, on peut se représenter combien les éducateurs occasionnels qui s'occupent des enfants en temps de vacances ou de loisirs sont dépassés par les difficultés de la conduite d'un groupe.

En effet, que ce soit dans les mouvements de jeunesse, les colonies de va­cances, les maisons d'enfants, il n'est pas facile de procurer à un glioupe la détente nécessaire, le mouvement et l'activité qu'il demande, sans tomber dans l'anarchie, ou, à l'inverse, dans une discipline de type scolaire,

Prenant conscience de la nécessité de préparer les jeunes auxquels on confie des enfants, les responsables d'institutions fort diverses, ont, chez nous, senti le besoin de se mettre au bénéfice des l'echerches et des expériences faites ailleurs. C'est ainsi que les CEMEA ont pris pied en Suisse.

Que sont les Centres d'entraînement aux méthodes d'éducation active, CEMEA ?

Ce mouvement d'éducateurs a été créé en France en 1937, répondant dans ce pays à des préoccupations semblables mais plus urgentes encore à cause de l'importance des agglomérations urbaines et du très grand nombre d'institutions s'occupant de l'enfance et de la jeunesse,

Pendant l'occupation, les CEMEA furent interdits, puis ils prirent un essor extraordinaire à la libération. Des lois sociales promulguées à ce moment-là, obligeaient les entreprises d'une certaine irrnportance à créer des colonies de vacances, des aériums, des garderies du jeudi pour les enfants de leurs employés.

Les CEMEA furent sollicités de multiplier le nombre de leurs stages afin de former les cadres de toutes ' ces institutions nouvelles,

A partir de ce moment-là, les CEMEA français s'organisèrent dans chaque région, par académie. De nombreux membres du personnel enseignant furent détachés et mis par l'Etat à la disposition des CEMEA pour assurer la formation et le perfectionnement des instructeurs. Ceux-ci, au nombre de 6 à 700, fonc­tionnent dans des stages pour moniteurs et directeurs de collectivités d'enfants.

Les CEMEA vouent une grande partie de leurs efforts à étudier les pro­blèmes de la vie matérielle, afin de donner aux responsables des institutions, les renseignements qui doivent leur permettre de créer des installations maté­rielles et un rythme de vie ' procurant le repos tout en favorisant des activités individuelles et par groupe.

D'autres collectivités encore, ont fait appel aux CEMEA pour trouver des 'solutions à leur situation particulière: hôpitaux p sychiatriques, internats sco­laires des différents degrés, etc.

14

l Les initiateurs des CEMEA ont Cl'éé dès 1937 la « méthode des stages» qui

a été reprise ensuite par de nombreux mouvements parce qu~elle a fait ses preuves, ., . ,

Cette méthode consiste à faire vivre dans le chmat de la collectIvIte' ceux qui se préparent à leur tâche de moniteurs afin qu~ils en découvrent à l'avance les avantages et les difficultés, , ,

Par la façon dont les instructeurs CEMEA se comporteront a leur egard~ par leur exigence~ leur calme~ leur amabi~ité~ les ~u:urs m~niteu~s appren~ro~t que la vie collective peut être d~une certaIne quahte et qu elle depend de l attI-tude de l'éducateur.

Les stages en internat ont l'avantage de comport.er de nombreuses heures pour la formation des moniteurs, dans un temps .re~atI~e~ent c~urt . (8, 9 ou 10 jours). Toutes les heures de la journée et de la veIllee, a l exceptIOn de ~ue~ques courts moments de détente, sont utilisés dans une alternance de cours theonques et d'activités pratiques. . ,

Les CEMEA l'estent volontairement modestes dans leur enseIgnement peda-gogique, se limitant aux problèmes de la vie des e~fants. ,en coll.ectivité. ,

Le programme pratique initie .les futurs monlt~urs a certaInes tec~nI~t~eS qu'ils SeI'ont peut-être appelés à utiliser selon les Cll'constances et les Interets des enfants,

En outre, ils constituent un petit répertoire de chants, rondes, jeux d'inté-rieur et d'extérieur qui leur rendra grand servic~ mais qui de~~nd~ à être complété soit par des recherches personnelles, SOIt par la partICIpatIOn aux séances de travail CEMEA.

Pour faire bien connaît re l'effort des CEMEA, il faudrait parler aussi de l'importance des journées d'études, des regroupements d'instructeurs, des publi­cations, des éditions qui, parallèlement à l'enseignement lui-même, vont dans le sens de l'éducation nouvelle,

Les CEMEA en Suisse A Genève en 1940, dans le canton de Vaud en 1943, les CEMEA animés par

des éducateurs suisses se sont mis au service des collectivités d'enfants: 1. pour former le personnel d'encadrement de ces institutions; 2. pour informer les responsables (comités et d~recteurs) sur les problèmes

d'organisation et sur les besoins des enfants .vlvant en groupe., . La première partie de cette tâche, la formatIOn du, p~rsonne~ educatI.f, est

réalisée dans des stages où les jeunes, vivant pour une dIzaIne de Jours en !nter­nat abordent dans une alternance d'activités pratiques et de cours théonques, les 'différents 'aspects de leur tâche future. Elles est poursuivie ensuite au cours des séances de travail dans les sections cantonales.

Les stages sont organisés par l'Association suisse des CEMEA et sont animés par des équipes où des instructeurs de différents cant,ons collaborent. .

L'effort d'information des responsables et des dIrecteurs se poursuIt au cours de journées d'études et de stages .. Il est co~plété par l~ c~i~f~sion de publi­cations traitant des problèmes de la VIe collectIve et des actlVItes des enfants.

Marthe Magnenat Présidente de la section vaudoise des C.E.M,E.A.

15

iii' 1

Page 10: L'Ecole valaisanne, juin 1962

La lecture sans pezne en SLX heures

, . Al~rès les «nombres en couleurs », vo"ici les «lettres en couleurs ». L'alphabet ethwpwn de 231 caractères déchiffré et reconnu en six heu,res !

.Une méthod,e ,trè~ originale qui permet aux analphabètes d'apprendre à lire en SIX heures. a .ete mIse au point par un éducateur anglais, le Professeur Caleb Gattegno. ~UI, VIent de travailler un an en Ethiopie pour le compte de l'Unesco. . R.entr~ recem~ent d'Addis Abéha, M. Gattegno a affirmé au cours d'une ~ntervIew a la MaIson de l'Une~co à Paris, que sa méthode pouvait s'appliquer a toutes les langues dont l'orthographe est phonétique.

, Agé de q;uarante-sept ans, M. Gattegno a professé dans la plupart des pays d Europe occIdentale et du Moyen-Orient. Il est l'auteur d'une trentaine de ma­nue~s scolaires ~t d'?uvrages techniques. Avant son séjour en Ethiopie, il ensei­gnaIt les mathematlques à l'Institut de Pédagogie de l'Université de Londres.

D?nc l'esprit. mathématique de M. Gattegno l'a conduit à considérer les 231 " caracteres amharIques en prenant pour critères leur similitudes et leurs diffé­ren.ces. Puis il m?difia résolument leur ordre traditionnel (qui n'était pas plus 10gIqu: qu: celUI de l'~~C), les reg'roupant en trois grandes catégories: les caracteres a deux et trOIS Jamhages ; les caractères à un jam_hage ; et sans jam­bage du tout.

Pour faciliter encore le travail de ses élève~, M. Gattegno utilisa des cou­l~urs, procédé dont s'était déjà servi G. Cuisenaire quand il inventa le système d en~elg~ement du c~l:ul par les «nombres en couleurs» qui est actuellement applIque dans des mIllIers d'écoles hritann-iques suisses françaises belges néer-Il' ' , " ane aIses, espagnoles, :.:éo-.zé~andaises et canadiennes. Dans le cas de l'amharique, les co~leurs. se~'vent a ehstInguer chacune des sept variantes des trente-trois caracteres prInCIpaUX de cette langue.

. l!ne fois sa méthode au point M. Gattegno la mit à l'épreuve ... se prenant hll-.m;me pour .un .cob.aye. Il fut heureux de constater que quatre jours après son arrIvee en EtluopIe, Il pouvait lire et écrire l'amharique, sans d'ailleurs com­prendre un traître mot de ce qu'il lisait !

«Mais j'ai pu écrire les noms de mes élèves au tableau noir et cela m'a aidé a gagner leur confiance. »

O~ déc~da d~ mettre la méthode à l'épreuve à la prison Deb;e Berhan, à cent Vll1.gt-clnq lolomètres d'Addis Abéha, où vingt et un détenus furent choisis pour sUlvr~ ~es cours. La classe se fit en plein air, dans la cour de la prison : «L~s cOl~dIt~ons », rapelle M. Gattegno, «n'étaient pas idéales », il s'en faut. MalS :pres SIX heure~ de cours, quand on fit passer un petit examen aux élèves (leur -age moyen étaIt de .trente-six ans), tous reconnaissaient les lettres et des n~ots, et i~s comprenaient des phrases simples. Cinq reçurent la mention «très bIen », treIze la mention « bien », et trois «assez bien ».

. .M. Gattegno n'a jamais craint d'innover en matière d'enseignement. C'est un ehscI~)le entho:,-sias~e de l'éducateur belge Georges Cuisenaire, qui enseigne les relatIOns mathematlques en faisant manipuler des bâtonnets de couleur.

Daniel Behrman, de l'UNESCO

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-., BIBLIOGRAPHIE

Nous tenons à signaler la parution de deux nouveaux manuels de mathématiques destinés

aux classes supérieures de l'enseignement primaire ainsi qu'à l'enseignement professionnel: Delacrétaz . Algèbre 1), et Beauverd - Géométrie 2) dont nous voudrions d'emblée relever la présentation matérielle attrayante. Dans son domaine propre, chacun de ces ouvrages se distingue par un souci de l'enouvellement méthodologique, renouvellement assez général, mais

qu'il fallait réaliser pour des branches d'enseignement aussi ardues que la géométrie et - l'algèbre. Les auteurs y sont parvenus en faisant appel, dans le domaine de la géométrie,

par exemple, à des procédés concrets (travail sur le sol, au tableau noir, sur la planche à dessin), au travail par équipe et à de nombreux tableaux comparatifs qui font pressentir des

lois qui ne se préciseront que plus tard. Dans les classes primaires ou professionnelles, l'ensei­gnement de l'algèbre et de la géométrie exige un rythme autre que dans les écoles secondaires; la méthode adoptée en tient compte, et c'est par des voies originales qu'elle mène à l'appren­

tissage, ou au seuil d'études plus poussées, des élèves complètement formés.

Entrons dans le détail pour r elever brièvement que le livre de géométrie se compose de trois parties: géométrie plane, géométrie dans l'espace, géométrie de raisonnement. Des pre­miers éléments, on arrive donc progressivement au seuil de la trigonométrie. Signalons en

outre qu:un formulaire, riche et complet, permet au maître d'initier les élèves à un travail

de contrôle des plus utiles.

Le volume d'algèbre innove en ce sens que, dès l'entrée en matière, on se met à résoudre de petits problèmes proches de la vie pratique. Progressivement aussi sont introduites les

opérations algébriques, les transformations de polynômes, etc. ; on termine avec l'étude des

fonctions amenant tout naturellement à la géométrie analytique.

COl'l.çus pour être employés ensemble, ces deux ouvrages apportent une contribution

indispensable à la formation théorique des jeunes gens qui se destinent aux professions tech­niques ou manuelles. Ils comblent le vide qui existait, dans le domaine des mathématiques, entre l'école et la formation professionnelle d'une part, l'école et le technicum d'autre part.

1) André Delacrétaz - Algèbre, 96 p., Fr. 4.80, Payot Lausanne, 1962.

2) Berthold Beauverd - Géométrie, 328 p., Fr. 12.-, Payot Lausanne, 1962.

Comment Allgustin découvrit la InusLque Aux parents soucieux de donner une éducation artistique élémentaire à leurs enfants,

aux adolescents curieux de musique, au personnel enseignant dès la classe de sixième primaü'e,

je recommande chaudement cette collection récente des Editions du Verdonnet à Lausanne.

L'initiatrice et animatrice en est Mme Curchod, ancienne institutrice et assistante sociale, qui met son cœur, son temps et son argent dans des éditions soignées destinées à l'enfance (Collec­

tion «Le Cœur qui chante») et à la jeunesse.

Cette collection récente «Comment Augustin découvrit la musique» comprendra une

douzaine d'élégantes brochures d'une quarantaine de pages chacune donnant un aperçu de

l'histoire de la musique, des origines à nos jours: musique primitive de la Chine et de l'Inde,

17

Page 11: L'Ecole valaisanne, juin 1962

musique des Juifs, des Arabes, des Grecs et des Romains; chant grégorien, musique des trou­vères et des troubadours; musique polyphonique du XVe siècle; formes classiques, etè.

Les deux premiers volumes de cette histoire de la musique ont paru: ce sont d'élégantes plaquettes sous couverture cartonnée et -plastifiée, signées Jeanne Bovet, abondamment illus­

trées, publiées en collaboration avec Radio-Genève, sous le patronage des Jeunesses musicales de Suisse. Un disque 45 tours est joint à l'ouvrage pour l'illustration sonore. Brochure et disque ensemble ne dépassent pas le prix modeste de Fr. 8.-.

J'ai lu la première brochure, préfacée par Alfred Cortot qui en loue « l'engageante humeur et le remarquable savoir ». On ne pouvait mieux dire. Ces 46 pages de texte m'ont enchanté. Jeanne Bovet, qui les a signées, se montre hautement pédagogue et il n'y a pas une ligne de trop dans cette féerie qui retrace les origines de la -musique en Chine. Les adolescents aimeront

ce style direct, un brin malicieux, dialo~ué avec un Augustin qui pounait être Fun d'teux.

Tous les adolescents ... et plus d'un adulte! Si toutes les brochures de la collection sont de la même veine, voilà une aubaine pour nos bibliothèques tant scolaires que personneÎles.

Dans la même collection, le «Beethoven» de Denise Vidal est un tantinet plus savant et doit être le couronnement d'une série préalable et graduée. L'auteur ne s'attache pas à trop de détails biographiques. Sur 22 pages de texte, la première date n'apparaît qu'en page 17 ; on aurait pu donner quelques points de repère pour mieux situer dans son siècle le génial mUSICIen. Mais la musique est au-dessus du temps et c'est à la compréhension de son œuvre et de son génie que s'attache Denise Vidal avec autant de bonheur que de compétence.

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E.V. No 10, juin 1962

Nous devons cette leçon de chose sur la rose à l'obligeance de M. Maurice Nicoulin, instituteur à Neuchâtel, que nous remercions chaleureusement pour ce travail. Son but n'est

pas de présenter un centre d'intérêt sur la rose, ni même de donner une leçon complète de botanique; il s'est attaché surtout à l'aspect littéraire, parce que cette dernière documentation

est plus difficile à trouver.

DOCUMENTATION

On demandera aux élèves d'apporter des églantines avec les rameaux, des variétés de

roses (avec le nom), des reproductions, des photographies, des catalogues (Hauser, Vater). Les descriptions techniques accompagnant les photographies en couleurs permettront

d'utiles comparaisons, des exercices de vocabulaire, etc. On pourra même introduire l'arithmé­tique dans le centre d'étude: prix de vente, bénéfice, rabais, tant pour cent, etc. M. Ray A la Découverte des sciences, vol. 1 La Maison des Instituteurs Tableau mural: Les plantes

Editions de la Maison rustique: «Mes roses» (Fr. 1.70)

Editions de la Maison rustique: «Rosiers» (Fr. 10.50) Editions «Connaître» Les rosiers et leur culture (Fr. 2.25) Editions Payot Beauté de la rose (Fr. 5.-)

Editions Silva Roses (600 points Silva et Fr. 5.50)

Editions Silva Editions filmées Editions Studia

Editions Studia

Le temps des roses, revue Silva No 37 05 juin 60) Les rosacées (film fixe) Coll. «Centre d'intérêt pour les moins de 8 ans»

«La Rose» No 7, avril 61 (modèles et dessins simples et agréables) Coll. «Pour occuper et distraire» No 22 Fleurs et Bouquets en feutrine

BOTANIQUE

Tableau de la famille des rosacées

1. L'églantier. Arbrisseau atteignant 2 m. Ecorce verte. Feuilles composées, à tige portant de petits aiguillons et une stipule à la base. Les rameaux sont garnis d'aiguillons recourbés

vers le bas. Fleurs roses ou blanches, de 3 à 5 cm. de large, à 5 pétales séparés, disposés en rosace,

et à 5 sépales. Les étamines sont jaunes. Le pistil surmonte le fruit, organe creux, rouge à maturité, qui porte le nom de cynorrhodon (ou vulgairement gratte-cul). Ce fruit est formé

en partie aux dépens de la base du calice.

2. Les roses ont en général beaucoup plus de pétales que l'églantine, mais moins d'éta­

mines parce que ces dernières se sont transformées en pétales par la culture. Par contre, les

sépales restent toujours au nombre de cinq.

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Page 12: L'Ecole valaisanne, juin 1962

E.V. No 10, juin 1962

On connaît aujourd'hui plus de 25 000 variétés de roses. Chaque année, de nouvelles sorte5

font leur apparition. C~s variétés proviennent surtout des deux méthodes: l'hybridation et le croisement. L'hybridation consiste en la fécondation d'une rose d'une espèce par le pollen d'une rose

d'une autre espèce. Le croisement consiste dans la fécondation d'une variété par le pollen d'une rose d'une

variété de la même espèce. La multiplication des roses se fait par houturage, marcottage, ou greffage. D'après la disposition des pétales, on distingue cinq formes principales de roses: la

forme simple (comme l'églantine), la fOl:me en coupe, en urne, la forme globuleuse et la forme

échevelée. Parmi les coulem's des roses, on distingue les dominantes suivantes : d'abord toutes les

nuances du rose et du rouge, puis celles du jaune, de l'orange, du blanc, du noir et même du

bleu.

3. Autres rosacées:

Le cerisier, le prunier, le mirabellier, l'abricotier, l'amandier, le pêcher, l'~pine noire ou prunellier: fruit à noyau (ou drupe) contenant une grosse graine ou amande.

Le pommier, le poirier, le cognassier, le sorbier, l'épine blanche ou aubépine: fruit charnu

à 5 loges contenant des graines appelées pépins. Le framboisier, la ronce : fruit composé de petites baies charnues agglomérées appelées res­

pectivement framboises, müres. Le fraisier: la fraise est le renflement charnu de l'extrémité du pédoncule. C'est un faux

fruit. Les fruits sont les grains noirs à la surface de la fraise.

VOCABULAIRE'

Le mot rose vient du latin rosa. Du grec viennent cynorrhodon (chien, rose), rhododen­

dron (rose, arhre), Rhodes (île grecque, île des roses). Le Dictionnaire de l'Académie Française définit ainsi la rose: fleur odoriférante qui

croît sur un arbuste épineux et dont la sorte la plus courante est d'un rouge très pâle.

1. Mots et expressions (consultez le dictionnaire) a) Dne rosace, rosacé (adj.), les rosacées, rosâtre (adj.), une rose, rose (adj.), le rose, rosé

(adj.), une roseraie, une rosette, un rosier, lm rosiériste, rosir (v.). b) Une rose simple( ou rose sauvage, ou rose d'églantine), une rose double, une rose des

quatre saisons, une rose du Bengale, une rose panachée, une rose veloutée, une rose blanche, une rose jaune, une rose thé, une rose rouge, une · rose mousseuse, une rose pompon, un bouton de rose, une rose épanouie, une rose fanée, l'essence de roses, la

confiture de roses, un sachet de l:oses, de l'eau de rose. c) Un rosier sauvage, un rosier cultivé, un rosier remontant, un rosier non remontant, un

sarmenteux, un rosier grimpant, ml rosier nain, un rosier 'pleLd"eur, un rosier buissonnant,

une haie de rosiers, une paHssade de rosiers.

2. Locutions

Eau de rose: liquide que l'on obtient par la distillation des roses. A l'eau de rose: sans accent, sans énergie (un discours, une réprimande à l'eau de rose).

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E.V. No 10, juin 1962

Etre sur des roses; être couché sur des roses; sur un lit de roses jouir d'un état de

mollesse, de plaisir, de félicité. N'être pas sur un lit de roses: être dans une situation pénible. Tout n'est pas rose dans la vie: il y a beaucoup de peines dans la vi~. Voir tout couleur de rose: tout lui paraît couleur de l'ose; il n'a que des pensées couleur

de rose; voir tout en rose : . voir tout en beau. ,/ Découvrir le pot aux roses : découvrir le mystère de quelque affaire secrète. Un teint de lis et de rose : un teint frais et vermeil, mêlé de blanc et d'incarnat.

Dep lèvres de rose : des lèvres vermeilles. L'Aurore aux doigts de rose, célèbre métaphore d'Homère.

3. Exercices

a) Comment appelle-t-on un terrain planté de pruniers, de cerisiers, de pommiers, de fraisiers, de ronces, de châtaignie~'s, de rosiers, de roseaux, de sapins, de jeunes arbres destinés à

être transplantés ? b) Commelit appelle-t-on le fruit du cognassier, de l'amandier, de l'oranger, du pOiner, de

l'aubépi~le, du pêcher, du framboisier, de l'abricotier, du pommier, du cerisier, du pru­nier, de ' la l;once, du mirabellier, du rosier, de l'~glantier, du sorbier?

ç) Les mot~ suivants expriment chacun une nuance de rouge. Classez-les en commençant pal' le l'ouge' le plus clair, pour finir par le l'ouge le plus foncé en p'assant pal' le rouge écla­

tant. Vermeil; grenat, incarnat, pourpre, vermillon, cramoisi, écarlate, carmin, rose.

d) Trouvez ' les prénoms féminins dérivés de l'ose. e) Les noms féminins terminés pa~' le son è s'écrivent aie, sauf la paix et la forêt.

Exempl~ : une baie. Trouvez-en d'autres. f) Les noms masculins cl'arbres fruitiers terminés par le son ié s'écrivent ier, sauf le noyer.

Exemple: le pom.mier. Trouvez-en d'autres.

DESSIN

1. Apprenq.re ou réapprendre à dessiner une rose en partant du cercle. 2. Dessiner cl'après nature la fleur de Téglantine, puis une rose en houton, puis une rose

simple . . 3. Composition décorative avec la rose (assiette, plat, plateau, boîte).

4. Illustrer le texte suivant:

UN NID DE BOUVREUIL DANS UN ROSIER

Ce nid ressemblait à une conque de nacre, contenant quatre perles bleues ; une l'ose pendait au-dessus, tout humide; le houvreuil se tenait immohile sur un arbuste voisin, comme une fleur de pourpi'e et d'azur. Ces objets étaient répétés dans l'eau d'un étang avec

:: l'omhrage d'un noyer, qui servait de fond à la scène, et derrière lequel 'on voyait se lever () l'aurore. Dieu nous dOlUla, clans ce petit tableau, une idée des grâces dont il a paré la nature.

ChateaL~briand

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Page 14: L'Ecole valaisanne, juin 1962

Petites noufJe//es

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Page 15: L'Ecole valaisanne, juin 1962

"i , E.V. No 10, juin 1962

TRAVAUX MANUELS

- Reproduire une rose à la linogravure; - Fabriquer une rose en papier crêpe ou en feutrine; - Fabriquer une rosace par découpage : prendre une feuille carrée, la plier en huit selon

la diagonale, puis découper aux ciseaux la rosace; coller sur un fond de couleur (tech­

nique du napperon).

CHANTS

«QUI VEUT CUEILLIR LA ROSE» dans 58 canons recueillis par J. Chailley

«LES ROSES DE MON ROSIER» dans les «chansons de Bob et Bobette '»

«ADIEU PETITE ROSE» dans «Chante, jeunesse» No 213

«L'EGLANTINE ROSE»

«LA ROSE» dans «Trois voix» de Jacques Burdet (Foetisch)

«LA ROSE AU BOUE» Chanson populaire de France

«TROIS ROSES BLANCHES» Chanson du Languedoc, dans «En chœur» vol. 1 (L. Théry) - Edition «L'Ecole»

«BERCEUSE POUR UNE ROSE» dans «Chansons comme ça» de Rolande Plantard, Edition Studia

«LA RONDE DU BEAU ROSIER» dans «La Ronde des Chansons» (Fœtisch)

«LA ROSE DE SON ROSIER BLANC» dans «La Guirlande» (Ravizé-Forest-Clouzot)

Edit. Henri Lemoine ainsi que la chanson populaire

(Groffe et Zimmermann)

(J. Dalcroze)

(Schubert)

JMendelsohn)

(RoI. Plantard)

(J. Burdet)

(Clouzot)

«A LA CLAIRE FONT AINE, M'EN ALLANT PROMENER . .. »

DICTEES

La fleur du petit prince Le petit prince sentait bien que du bouton sortirait une apparition miraculeuse, mais la

fleur n'en finissait pas de se préparer à être belle, à l'abri de sa chambre verte. Elle choisissait avec soin ses couleurs. Elle s'habillait lentement, elle ajustait un à un ses

pétales. Elle ne voulait pas sortir toute fripée comme les coquelicots. Elle ne voulait apparaître que dans le plein rayonnement de sa beauté. Eh ! oui. Elle était très coquette ! Sa toilette

mystérieuse avait donc duré des jours et des jours ..

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Et puis voici qu'un matin, justement à l'heure du lever du soleil,. elle s'était montrée.

(111 mots.) D'après Antoine de Saint-Exupéry

Le Petit Prince NRF, Gallimard. édit.

N.B. - Voir aussi dans le même livre les nombreux passages où le «Petit Prince» parle

de sa «fleur ~, de sa rose. * Ces textes peuvent évidemment servir aussi de lecture.

Rose d'août

Une rose d'août vient de s'ouvrir. Elle sera la dernière de l'année ... Mais les heures passent. Et, pour la rose d'août, la vie se compte en heures. La rose s'est épanouie et déjà les moins consistants de ses pétales annoncent leur chute

prochaine. Les heures passeront, celles du crépuscule, celles de la nuit allongée. Au matin, Sylvaine retrouvera, tout effeuillée sur la terre desséchée ou sur un parquet

où ils se seront éparpillés d'un lent glissement, les pétales de sa rose d'août, cette rose d'un

rose parfait qui sera l~ dernière ... Aux mémoires fidèles, aux yeux et aux sens qui retiennent, il restera d'elle le souvenir

d'une J:>eautée perdue. (122 mots.)

Pierre Deslandes Jardin des Fidélités La Guilde du Livre

Le jardin de Madame Henriette

Ce petit clos est toujours un coin de ciel bleu dans votre âme paysanne. Vous l'avez planté d'honnêtes rosiers touffus, dont les fleurs s'éparpillent déjà sur le

gravier de l'étroite allée et de campanules aux hampes dressées, aux cloches blanches et bleues ... Mais la merveille de votre jardin, si simple et si rare, c'est l'églantier aux fleurs, par le

miracle de la greffe, tantôt roses et tantôt jaune citron. Sous l'éclat de ce rouge carmin, de ce jaune étonnant, fra~c comme l'or, le pâle feuillage de l'arbuste s' efface.

Votre églantier, si proche encore de ses frères des rochers, c'est le miracle de la nature

et de l'art. (124 mots.)

La rose et l'églantine

Pierre Deslandes Les Saisons enlacées

La présence des roses est un réconfort doux et bienfaisant. Les roses sont comme l'ex­

pression de la nostalgie du paradis perdu. D'un bout il l'autre du monde, la rose a inspiré les poètes et les écrivains les plus grands.

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E.V. No 10, juin 1962

En Europe, les églantiers étaient connus depuis des millénaires. Par la suite, l 'églantine à cinq pétales fut évincée par la rose en portant trente, soixante et jusqu'à une centaine.

Et pourtant, malgré tout, l'églantier formant nos haies continue à posséder notre sympa­thie ; c'est une plante modeste dont la fleur n'a rien perdu de son charme. La figure pentagone de l'églantine contient peut-être plus de secrets et de merveilles que la rose somptueuse qui

fait la gloire de nos jardins. (133 mots.)

Prof. Dr Boesch (Version française: Jean Lupold)

Le temps des roses Edition Silva

Quelques rosacées

La gloire d'un arbre à fruit, l'image la plus tenace qu'il dépose en nous, la plus passion­

nément contemplée, c'est le souvenir de sa floraison éphémère. Les manches blancs passés aux bras des cerisiers, le blanc vert hâtif qui étoile les pruniers,

le blanc crémeux hérissé d'étamines brunes des poiriers, enfin les pommiers blancs comme des roses, roses comme la neige à l'aurore, - cette écume, ces cygnes, ces fantômes, ces anges,

en huit jours naissent, déferlent et s'anéantissent, meurent épars. Tous, nous tressaillons lorsqu'une rose, en se défaisant dans une chambre tiède, aban­

donne un de ses pétales en conque, l'envoie voguer, ·reflété sur un marbre lisse. Le son de sa chute, très bas, distinct, est comme une syllabe du silence et suffit à émouvoir un poète ...

(136 mots.)

La chenille et la rose

Colette Flore et Pomone

La Guilde du Livre

Quelle belle chenille, grasse, velue, fourrée, brune avec des points d'or et ses yeux noirs! Guidée par l'odorat, elle se trémousse et se fronce comme un épais sourcil.

Elle s'arrête au bas d'un rosier_ De ses fines agrafes, elle tâte l'écorce rude, balance sa petite tête de chien nouveau-né

et se décide à grimper. Et, cette fois, vous diriez qu'elle avale péniblement chaque longueur de chemin par

déglutition. Tout en haut du rosier, s'épanouit une rose au teint de candide fillette . Ses parfums

qu'elle prodigue la grisent. Elle ne se défie de personne. Elle laisse monter par sa tige l a

première chenille venue. Elle l'accueille comme un cadeau. Et, pressentant qu'il fera froid cette nuit, elle est bien aise de se mettre un boa autour

du cou. (143 mots.)

Jules Renard Histoires naturelles Flammarion, édit.

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Les l'oses blanches

Il y a, d'abord, de longues rangées de rosieÎ-s à tête, semblables à des bouquets merveil­leux fichés sur des bâtons alignés et serrés en bataillon carré. Ils sont plantés là en rideau pour dérober aux regards toutes les fleurs qui s'épanouissent dans leur quadrilatère. Toutes les nuances du rose s'y rencontrent, depuis le rose lie de vin, qu'on dirait trempé de sang noir et caillé, jusqu'au rose pâle, un soupçon de ~'ose sur du blanc, une caresse de couleur imper­ceptible et discrète. Mais les enfants ne veulent que des roses blanches, pareilles, là·bas, à un vol de papillons aux ailes de neige et de satin qui serait venu s'abattre sur les rosiers grim­pants, pareilles encore à une tombée lente et moelleuse de pétales immaculés, secouée du haut

du ciel par l'invisible main d'une fée.

(146 mots.)

LECTURES

G. Garnir Nouveaux contes à Marjolaine

Edit. Félix Juven

La rose et le papillon

Le papillon est plus beau et mieux organisé que la rose. Voyez la reine des fleurs, teinte de la plus riche des couleurs, ornée d'un feuillage du plus beau vert et balancée par le zéphir ;

le papillon la surpasse en harmonie de couleurs, de formes, de mouvements. Considérez avec quel art sont composées les quatre ailes dont il vole, la régularité des

écailles qui les recouvrent comme des plumes, la variété de leurs teintes brillantes, les six pattes armées de griffes avec lesquelles il résiste au vent dans son repos, la trompe roulée avec laquelle il pompe sa nourriture au sein des fleurs, les antennes, organes exquis du toucher qui couronnent sa tête et le réseau admirable des douze mille yeux dont elle est entourée!

Mais ce qui le rend bien supérieur à la rose, c'est qu'il a, outre la beauté des formes, les facultés de voir, d'ouïr, d'odorer, de savourer, de sentir, de se mouvoir, de vouloir. C'est pour le nourrir que la rose entrouvre les glandes nectarées de son sein; c'est pour en protéger les œufs collés comme un bracelet autour de ses branches, qu'elle est entourée d'épines.

La rose ne voit, ni n'entend l'enfant qui accourt pour la cueillir; mais le papillon posé sur elle, échappe à la main prête à le saisir, s'élève dans les airs, s'abaisse. s'éloigne, se rap­proche, et, après s'être joué du chasseur, il prend sa volée et va chercher sur d'autres fleurs

une retraite plus tranquille . Bernardin de Saint·Pierre

Les Harmonies de la nature

Le bouquet de roses rouges

Quatre heures du matin. Un parfum réveille Agathe. Hier, elle ne l'a presque pas senti, quand l'oncle Louis, qui sait qu'elle aime plus que

tout les roses, lui a mis dans les mains en l'embrassant cette belle botte de roses roug~s. Elle a plongé son visage dans la touffe encore humide, et elles ne lui ont guère donné que leur fraî­

cheur, avec l'odeur un peu âcre des feuilles mouillées.

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Mais ce matin le bouquet, sur la fenêtre où on l'avait posé pour la nuit, s'anime au jour naissant. Ce sont ces jolies roses simples et drues, d'un beau rouge appuyé mais pur, à la queue pas très longue, au feuillage vert foncé, roses de jardin, roses de campagne, qui apparais­sent d'ordinaire au mois de juin, par pleines petites charretées de marchancles des quâtre saisons, dans les rues d'un Paris papillotant de soleil et ' d'ombre claire, tout sonnant, _ tout

arrosé, tout embaumé. Les oiseaux tout juste s'éveillent à bruit menu dans les arbres voisins. Le ciel, au levant

panaché de rose vif et de bleu doux, entre peu à peu dans la pièce, et vient peindre jusque . ~ur la couverture et sur la main d'Agathe ses longues touches transparentes et nacrées.

Le bouquet, de toutes ses fleurs amoureuses aspire cet air limpide qui est le souffle du jeune matin réveillé, plus frais qu'une gorgée d'eau remontée du fond du puits, plus tendre

qu'une caresse, plus saisissant que le regard sur vous surpris de qui vous aime. ~es roses, en retour, s'exaltent par éclats de poupre sous le toucher de la lumière frissonnante, et le parfum

qu'elles expirent est plus profond encore et ardent que leurs pétales.

Le mois des l'oses

Isabelle Rivières Le bouquet de roses rouges

Editions COlTéa

J;..e plus lumineux des mois, juin est le mQis des roses. Elles abondent" elles triomphent, elles éclatent ; elles dominent la symphonie des fleurs de même que le rossignol, le concert

des oiseaux. La culture de la rose prend volontiers la ferveur d'un culte; la rose compte d'innom-

brables dévots consacrés à sa beauté et zélés pour sa magnificence. Lyon notamment possède des rosiéristes éminents, et il me souvient d'avoir visité, place Perrache, une exposition de roses d'une étonnante richesse. Elles étaient là, toutes ces admirables créatures, semblables par la beauté, mais diverses de visage, différentes par le velouté de l'épiderme, le retroussis des pétales, les nuances de leurs teintes et par les mille façons de recevoir la lumière et de s'en imprégner. Parmi ces fleurs princesses, les amateurs allaient et venaient, des caresses et des convoitises plein les yeux et, parfois, ils se penchaient vers elles, comme dans la tentation de les baiser aux lèvres. Et les odeurs, pareilles et dissemblables, de toutes ces roses compo­saient une harmonie de parfums dont nulle musique ne saurait égaler le charme.

Certes, toutes les roses sont belles et dignes d'êtres aimées. Cependant, aux sultanes somptueuses et raffinées qui se pavanent aux expositions, je serais. tenté de préférer la rose la plus commune et la plus simple, celle qui est tout bonnement rose et qui a le parfum

traditionnel de sa race. Elle est devenue rare, celle-là, dans les jardins riches ; mais on la trouve encore dans les

jardins paysans, où elle vient à la grâce de Dieu, plutôt tolérée que cultivée. Elle s'élève au coin d'une allée, pas loin du carré de choux ou de la planche de pois · gourmands, et elle y

fleurit fidèlement. N'y eût-il pas d'autre fleur, sa présence confère au plus modeste potager une grâce particulière; la plus chétive maison sourit, quand elle a des roses devant sa porte!

Louis Mercier Petites Géorgiques

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Pauvre rose!

Un jour de sortie, j'avais apporté une rose de mai, et, pour la garder vivante le plus longtemps possible, j'avais apporté aussi un verre. Je la mis dans l'eau, au fond de mon pupitre.

A chaque instant je la contemplais. C'était très mal, je le sais. Il n'est certainement pas tolérable que les internes aient des roses. Songez donc! Les roses parlent! Et elles ne parlent pas en latin. Elles disent, quoique bien bas, des ~hoses tout à fait contraire à la discipline du silence. Elles font venir de coupables pensées; rien n'est plus certain. Elles invitent les petits enfants, comme les grandes personnes, à courir les sentiers qui reverdissent, à aller voir, au­dessus des collines, se lever l'aurore qui, si l'on en croit Homère, porte leurs couleurs ... J'étais donc très coupable, je l'avoue ...

Ma rose se trahissait par son parfum. Il s'êchappait de mon pupitre une surprenante bouffée de rêve et d'esprit. On voyait s9~rire. de belles dents blanches entre les lèvres rouges. Les meilleurs élèves s'accoudaient un instant pour regarder, à travers les barreaux, le bleu lointain du ciel de mai ... Et c'était sur le conseil de ma rose.

Quand j'ouvris mon pupitre, un fin rayo~l de soleil venait jusqu'à elle, la baisait, la baignait, l'enveloppait toute. Comme j'avais pitié d'elle, j'ouvrais souvent. Je découvris, au cœur de ma rose, un' petit scarabée. Il dormait, confiant, et je me disais que là-bas, chez grand­pére Martel, les rosiers de mai, devant la maison, devaient porter des fleurs aussi belles, plus belles peut-être ,qiIe celle-ci. Et ma petite âme rêveuse se blotissait, à côté du scarabée d'or vert, au cœùr- Ie plùs secret de ma rose, sous les rideaux du petit lit féerique aux replis trans­parents et fins, pénétrés de fraîche lumière.

Une ombre soudaine intercepta le joli rayon. Une main énorme entra dans mon pupitre, prit la fleur magnifique dans sa prison de verre, et, par une fenêtre qui n'était pas grillagée parce qu'elle donnait sur la cour, je vis disparaître ma rose. " Elle tournoya dans le vide, sur le bleu du ciel, et retomba, la tête la première, comme un petit être éperdu ...

La justice des hommes était satisfaite.

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POESIES

Les roses ' 'de Saadi J'ai voulu ce matin te rappol'ter des -roses;

Jean Aicard L'Ame d'un enfant Flammarion, édit.

Mais j'en avais tant pris-dans mès ceintures closes Que les nœuds trop serrés n'ont pu les contenir: Les nœuds o~t éclaté. Les roses, envolées Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées. Elles ont suivi l'eau pour ne plus' revenir.

La vague en a paru -rouge et cornnle ehflammée. Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée ... Respires-en sur moi l'odorant souvenir!

Marcelirîe Desbordes-Valmore (1786-1859)

Elégies

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Berceuse pour une rose

Dors, petite rose Aux joues rondes, dors. Des carabes d'or Bercent ton lit rose. A son rouet d'or, Le grillon sommeille Et la blonde abeille Dans la treille dort. Si tu ne t'endors, La grosse araignée Pendue au fil d'or Va te dévorer. Dors, rose aux joues rondes, Le monde s'endort Et l'oiseau des songes Ouvre son bec d'or.

A Cassandre

Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avait déclose Sa robe de pourpre au soleil A point perdu cette vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vôtre pareil.

Maurice Carême La lanterne magique

Stock, édit.

Las! voyez comme en peu d'~space, Mignonne, elle a dessus la place, Las ! las ! ses beautés laissé choir ! o vraiment marâtre Nature, Puisqu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que votre âge fleuronne

En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez votre jeunesse: Comme à cette fleur, la vieillesse

Fera ternir votre beauté.

Pierre de Ronsard '0524:1585)

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De Rilke:

Les roses

o nature, no11,S nous, p~eignons Que des fleurs la grace est si breve Et qu'aussi t~st que les voy~qs Un malheur tes dons nous enleve. Autant Cl,u'un jqur es't long: autant L'âge des Roses a duree . Quand lem: jeunes~e s'est ' ~lOntree Leur vieillesse accourt à l'instant. Celle que l'étoile du jo~r " A ce matin ,f!. veu ~aissante, Elle-mesme au soir de l:ettmr A veu la mesl~~ ~ieillis·s~nte .' Un seuL bien ces rieurettes 'O~1t CO~lbien q~;en p~u de temps ~e:"issent, Par succès elles refleurissent Et leur saison pl~'s I~I).gue' ion~. Fille, vien ia " Ros~ cu~illÎl: " '

Tandis que sa fleur est nouvelle : .. Souviell-toy qu'il te faut vieillir

Et que tu fletriras comme elle.

Jean-Antoine de Baïf 0532-1589)

Livre de Poèmes

Les premières roses s'éveillent Leur parfum est' timide '

Comme un rire léger, léger. Fuyant, le jour les frôle D'une aile lisse d'hirondelle: Pendant des jours et des jO'm"s, Je te vois qui hésites Dans ta gaine serrée trop fort. Rose qui, en naissant A rebours ' imites

Les lenteurs de' la mort.

Sur la tombe du poète, à Rarog'1e :

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Rose, ô pure contradiction, volupté de n'être ' ~ ~:: le sommeil de personne sous tant de paupières.

· • · · il .. .. ~

~ .. e • · ~ · • " • • .. · 41-f, · ·

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Eloge de la rose

Quelle tranquillité dans un jardin! le temps

Est là qui se repose;

Et des oiseaux sont là, insouciants, contents,

Amoureux de la rose,

De la rose charmante, à l'ombre du rosier

Si mollement ouverte,

Et qui semble la bouche au souffle extasié

De cette saison verte.

o douceur des jardins! beaux jardins dont le cœur

Avec l'infini cause,

Régnez sur l'univers par la force et l'odeur

De la limpide rose.

Rose de laque rose, ô vase balancé

Où bout un parfum tendre,

Où 1e piquant frelon doucement convulsé

Sent son âme s'épandre!

Rose, fête divine au reflet argentin

Sur la pelouse éclose,

Orchestre de la nuit, concert dans le jardin,

Feu de Bengale rose!

Rose qui, dans le clair et naïf paradis

De saint François d'Assise,

Seriez, sous le soleil tout ouvert de midi,

Près de sa droite assise !

Rose des soirs d'avril, rose des nuits de mai,

Rose de toute sorte,

Rêveuses sans repos qui ne dormez jamais

Tant votre odeur est forte,

Fleur des parcs écossais, des blancs cloîtres latins,

Des luisantes Açores,

Vous qui fûtes créée avant Eve, au matin

De la plus jeune aurore,

Rose pareille au ciel, au bonheur, au lac pur,

A toute douce chose,

Rose faite de miel, et faite d'un azur

Qui est rose, ma rose ! ...

Mme de Noailles (1876-1933)

Les Eblouissements Calmann-Lévy, édit.

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L'églantine

Quand' j'ai passé par la prairie

J'ai vu, ce soir, dans le sentier, Une fleur tremblante et flétrie, Une pâle fleur d'églantier.

Un bourgeon vert à côté d'elle

Se balançait sur l'arbrisseau ; Je vis poindre une fleur nouvelle' La plus jeune était la plus belle : '

L'homme est ainsi, toujours nouveau.

La rose du jardin

Alfred de Musset (l810·18S7)

La rose du jardin que j'avais méprisée

A cause de son simple et m.odeste contour, Sans se baigner d'azur, sans humer la rosée,

Dans le vase, captive, a vécu plus d'un jour. Puis, lasse, abandonnée à ses pâleurs fatales, Ayant fini d'éclore et de s'épanouir, Elle laisse tomber lentement ses pétales, Indifférente au soin de vivre et de mourir.

Lorsque l'obscur destin passe, sachons nous taire. Pourquoi ce souvenir que j'emporte aujourd'hui?

Mon cœur est trop chargé d'ombres et de mystère; Le spectre d'une fleur est un fardeau pour lui.

Jean Moréas (1856·1919)

Stances Mercure de France, édit.

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COMPOSITION

1. Décrivez une l'ose de votre jardin ou une l'ose que vous avez achetée. Dites son nom,

ses caractéristiques, sa forme, le nombre de ses pétales, ses teintes, ses taches ...

2. Une rose raconte sa vie. 3. Quels sont les sentiments que vous éprouvez en face d'une rose? La rose est·elle pour

vous la reine des fleurs ? Vous pouvez faire une comparaison avec une autre fleur, .avec un insecte aux vives cou·

leurs, avec un oiseau ... 4. Composez un texte sur ce thème: la goutte de pluie et la rose.

5. Décrivez un pommier ou un cerisier en fleurs.

CONTE

Le paysan, le rossignol et la rose Un paysan nommé Mandoura possédait un jardin qui faisait l'admiration de tous, car, aux

beautés naturelles dont il était orné, il joignait les agréments du travail et du bon goût de son

propriétaire. Parmi les diverses fleurs dont les parterres étaient émaillés, se dressait un rosier épais

comme un buisson. Maudoura affectionnait particulièrement cet arbuste parce qu'il lui donnait

chaque jour un nouveau bouton et qu'il prenait plaisir à le regarder s'épanouir. Or, un matin, comme le paysan, suivant son habitude, était venu contempler le rosier,

il aperçut un rossignol qui déchirait de son bec le bouton fraîchement éclos et éparpillait

autour de lui feuilles et pétales. Mal1doura entra dans une grande colère. Il courut sur le

rossignol et le chassa. L'oiseau s'envola en chantant, mais le jour suivant il revint et, de nouveau, il s'installa

sur le rosier et se mit en devoir de déchirer le bouton qui venait de naître. Mandoura survint, tandis que le volatile poursuivait avec acharnement son œuvre de

destruction. Cette fois, la fureur du paysan ne connut. plus de bornes; il s'empara d'un solide

bâton et le lança dans la direction du rossignol. L'oiseau s'envola en proie à une grosse émotion; le coup n'avait pas porté, mais la leçon

était salutaire. Devenu prudent, le rossignol, pour accomplir désormais sa tâche dévastatrice,

attendit que le paysan, souvent appelé au dehors, eût quitté sa maison. Et chaque jour, en rentrant, Mandoura constatait le crime commis par l'oiseau. La violence, mauvaise conseillère,

ne lui ayant pas réussi, il résolut d'avoir recours à la ruse: il tendit un filet. Le lendemain, l'oiseau était pris. Mandoura l'enferma dans une cage et le gronda. _ Te voilà donc enfin en mon pouvoir, petit misérahle ! Tu mériterais que je te plume

et que je te mette sur le gril. Cepeùdant, comme tu ne serais pas d'un profit bien grand pour un estomac comme le mie!}, je consens à te laisser la vie. Tu l'esteras dans cette cage jusqu'à

la fin de tes jours. Mortifié d'être ainsi traité, le rossignol se plaignit en ces termes: _ Quel crime ai-je donc commis à votre égard pOLU' que vous me traitiez aussi severe·

ment? Si vous l'avez fait uniquement pour entendre mon chant, il n'était pas nécessaire que

vous me fissiez cette violence, puisque je demeurerais constamment dans votre jardin où j'ai

construit mon nid.

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- Tu m'as privé, répondit Mandoura, de ce qui m'était le plus doux à contempler, de mes roses, et tu voudrais que j'oublie si tôt le dommage que tu m'as causé?

- Comment! C'est pour cela que vous me retenez prisonnier? Le paysan reprit:

- Oui, c'est pour cela que je te prive de la compagnie de tes petits, des conversations avec les rossignols tes cousins et de la liberté dont tu jouissais.

- Oh! repartit le rossignol, ne me tenez pas ce discours trop cruel. Comparez plutôt la légèreté de mon crime et la rigueur du châtiment que vous m'imposez. Jugez vous-même combien la disproportion est grande entre eux et gue cela vous amène à plus de mesure. Rappelez-vous que celui qui fait le bien trouve le bien et que celui (iui fait le mal souffre, à son tour, le mal qu'il a fait endurer aux autres.

Mandoura, qui se flattait d'être un dévot, fut touché par l'éloquence et la justesse du raisonnement de l'oiseau.

- Petit, dit-il, je te rends la liberté, mais continueras-tu à. massacrer mes roses? - Je les respecterai, je te le promets, si tu me rends à l'affection de ma famille. Le paysan ouvrit la porte de la cage et dit au rossignol: - Va donc ! ... et souviens-toi de ta promesse.

Tout joyeux d'être délivré de l'esclavage, le rossignol battit des ailes, tourna un instant

dans le jardin, puis, après avoir rendu visite à ses petits, revint se poser sur un arbre en face du paysan.

- Mandoura, dit-il, puisque vous m'avez rendu la liberté, je veux que vous receviez la

récompense de votre bonne action; car je vous ai dit tout à l 'heure que le .bien appelait le bien.

Le paysan sourit avec incrédulité. - Que peux-tu pour moi, pauvre petit?

- Je puis te rendre riche. - Toi?

- Moi-même. Apprenez donc qu'au pied de cet arbre où je me suis posé dort, depuis longtemps, un vase ancien tout rempli de monnaies d'or et ·d'argent.

Mandoura secoua la tête.

- Tu veux ·te moquer de moi, petit; j'ai fouillé cette terre l'an dernier. - C'est que tu as passé à côté du trésor sans le voir.

Troublé, le paysan sonda le sol à la place que lui avait indiquée le rossignol et découvrit le vase.

- Je suis étonné, dit-il à l'oiseau, que tu aies aperçu ce trésor sous la terre, et que tu n'aies pas vu sous les branches de ce rosier le filet que j'avais tendu pour te prendre.

- Apprenez, lui répondit le rossignol, que toutes les préeautions sont inutiles quand a sonné l'heure du destin, et que, tous, honulles ou bêtes, quoi que nous entreprenions, nous sommes à la merci de la ·volonté de Dieu. Allah est Allah!

Sur ces mots l'oiseau s'envola et le paysan, pensif, rentra dans sa maison.

Conte arabe tiré de la revue «Le Monde arabe », No 113, mars 1962.

N. B. - La rose a inspiré de nombreux autres contes, par exemple: «Blanche-Neige et Rose-Vermeille» (Contes selon la tradition européenne, Colin, édit.), «La rose bleue» (Contes des 5 continents, Stock, édit.) ...

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les nombres Juin 1962 2

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Notre obj~ctif

Le «Bulletin Cuisenaire de Suisse romande» est lancé. Pré­cisons notre objectif.

* Ce bulletin est au service des maîtres qui souhaitent de mieux enseigner l'arithmétique, voire les mathématiques, à leurs élèves. Il vient à son heure puisque, de tous côtés, on demande à l'école de ren­forcer l'équipement des enfants en calcul.

* Ce bulletin est une tribune libre. Il n'entend pas formuler une doctrine. Il veut, au con­traire, susciter des recherches et donner audience à toutes les remarques - constructives - que les amis de l'école en­tendront formuler (mathémati­ciens, psychologues, sociolo­gues. .. et pédagogues aussi).

* Ce bulletin ainsi, quoique pla­cé sous l'égide des «Nombres en Couleurs» et de leur vénéré

géniteur, Georges Cuisenaire, n'est pas inféodé à un sys­tème, une méthode, un maté­riel. Il entend demeurer ouvert et ambitionne de pouvoir se situer dans le grand ensemble de la mathématique moderne et des travaux pédagogiques qu'elle suscite. S. R.

En vÎsutant des classes ({ Cuisenaire »

Chargé depuis quatre ans, par le Département de l'Instruction Publique, de suivre l'emploi des NC dans les classes de la partie française du Valais, il nous est particulièrement agréable de faire part à nos collègues; comme à tous ceux qui connaissent le matériel Cuisenaire, des observations re­cueillies au cours de ces visites.

Dans les débuts, alors que peu de classes utilisaient les réglettes, nous nous sommes efforcés de rendre visite à chaque maître afin d'encourager les uns, de conseiller

43

Page 24: L'Ecole valaisanne, juin 1962

les autres et de résoudre avec eux l~s problèmes qui se posent au cours de l'année scolaire. Depuis deux ans, à la suite de l'heureuse et l'apide extension de la méthode, nous avons organisé des cours ré­gionaux présidés par des Inspec­teurs scolaires. Des séances-carre­fours, avec leçons pratiques et dis­cussions, ont permis de faire béné­ficier chacun des expériences de tous. Elles ont eu lieu déjà à Sion, IVlonthey, Ayent, Riddes, Fully, Vionnaz, Chermignon, Bagnes et Sierre. Ces rencontres furent des . plus enrichissantes et ont été en 1

somme l'heureuse continuation comme le complément nécessaire des cours d'initiation donnés du­rant l'été.

Dans sa grande majorité, le per­sonnel enseignant valaisan a ac­cueilli, étudié et utilisé les NC avec beaucoup d'enthousiasme et de sérieux. Tous ceux qui se sont mis courageusement à la tâche ont été largement récompensés de leur labeur. Un air de printemps a soufflé dans leur classe; des visages d'enfants se sont épanouis: la leçon de calcul est devenue la plus attendue de la journée.

Tous les maîtres qui ont perçu l'esprit nouveau " apporté par les réglettes à l'enseignement du cal­cul, sont unani'mes à déclarer qu'ils ne pourraient plus enseigner au­trement. Les résultats obtenus sont tout simplement «sensation­nels ».

Les ' plus heureux bénéficiaires de ce renouveau sont les enfants. De leul~ côté, absolument aucune

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difficulté. Ils manipulent les ré­glettes avec aisance et une joie visible. Que ce soit à Hérémence, à Martigny ou à Champéry, par­tout c'est le même entrain, le même intérêt au travail. Dans toutes les classes, les élèves arri­vent à des résultats qui étonnent l es maîtres eux-mêmes: preuve incontestable de la valeur pédago­gique des réglettes. Pour certains enf ants, le matériel Cuisenaire a été leur planche de salut. Sans les réglettes, ces derniers auraient très difficilement pu aborder les éléments du calcul. Nous voulons parler des sourds-muets et des caractériels de l'institut cantonal du Bouveret où nous avons pu constater des résultats absolument remarquables obtenus grâce aux NC, ainsi qu'en témoignent, ici même, Sœur Marie-Stella Sottaz et Sœur Gérardine Pauchard. Nous savons d'ailleurs qu'un excellent travail se réalise dans d'autres établissements similaires, comme à l'Institut Duvillard à Epagny (Gruyère).

L'adhésion unanime du collège des Inspecteurs a grandement con­tribué à l'extension des NC en Valais. Les inspecteurs ont d'ail­leurs pu se rendre compte, en par­courant les classes, de l'excellent travail fourni soit par les maîtres, soit par les élèves.

Nous voudrions également rele­ver ici l'effort financier consenti par de nombreuses communes pour l'équipement des classes en réglet­tes. Ces communes montrent par là l'intérêt qu'elles portent à la

~--

bonne tenue de leurs écoles. Les parents n'ont pas été les

derniers à être surpris par cette révolution dans l'enseignement du calcul. Quel étonnement de voir leur ba·mbin de 7 ans calculer avec des fractions! Nous savons qu'à plusieurs endroits, le person­nel enseignant s'est assuré la colla­boration des parents en leur don­nant une leçon pratique avec les réglettes au cours d'une réunion organisée en classe.

Si le Valais a eu trop longtemps la réputation d'être isolé du monde, nous assistons actuelle­ment à la transformation complète du Vieux Pays, et cela dans tous les domaines. Depuis cinq ans, les Nombres en Couleurs font parti­ciper notre canton au renouveau mathématique qui gagne le monde entier et qui est exigé par le ca­ractère de plus en plus technique de notre civilisation.

Disons toute notre gratitude à Georges Cuisenaire pour le don qu'il nous a fait.

Léo Biollaz

Le matériel Cuisenaire à l'Institut des sourds-muets du Bouveret

Sied-il d'en parler encore? A maintes reprises, avec chaleur et enthousiaslne, nos journaux se sont plu à relater les expériences de maîtres réputés. Avec eux, nous avons pris plaisir à entrer dans la méthode des «Nombres en couleurs ». Aujourd'hui, nous

aimel:ions faire bénéficier les «hé­sitants », des expériences faites à l'Institut parmi «nos enfants », tous débiles de l'ouïe ou débiles intellectuels et surtout les leur montrer au travail.

V oici les petits sourds, enfants sympathique~ et charmants, en dé­pit de leur profonde infirmité. Leur âge? 5, 6, 7 ans! Et que sont ces enfants, des enfants com­me les autres? Non! Ils ont des oreilles, mais elles sont fer·mées : les bruits, la musique, ln voix, la parole ... rien ne leur parvient. Ces petits, vifs, intelligents, pétillants, sont des isolés:

Ils ont une bouche, mais ne par­lent pas. Ils mangent, ils crient, ils s'ébattent et c'est tout! Et si l'on veut leur venir en aide, per­cer ce mur d'isolement qui les en­toure, il faut leur apprendre à parler pour qu'ils puissent com­muniquer. Toute la formation de l'enfant sourd repose sur l'obser­vation, il faut donc avoir recours à la vue et au toucher.

Les «réglettes» deviennent dès lors un moyen idéal: la vue, le toucher sont, par elles, merveilleu­sement développés et offrent à ces petits infirmes de multiples exer­cices dès avant l'acquisition du langage qui s'opère lentement.

A cette heure, ces petits élèves possèdent la notion des nombres de l à 10 ; ils font avec une rapi­dité surprenante tous les exercices que permet cette première acqui­sition. Sortez les l'églettes! C'est la fête! Les voilà s'essayant à for­mer des nombres, à composer un

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Page 25: L'Ecole valaisanne, juin 1962

«beau tapis », à allonger des ad­ditions.

Comment procéder pour donner à ces enf ants les premières notions? C'est simple. J'ai tout un arsenal de lotos d'images. En voici une où, par exemple, sont représentées 2, 3 ou 4 fillettes. Je pose la réglette « UN» auprès de chacune d'elles; ensuite, je rapproche les 2, 3 ou 4 réglettes et fais chercher la réglet­te de mêm~ valeur. Mes petits élè­ves comprendront que l + 1 + l

3, etc. Ces exercices répétés, multipliés et surtout diversifiés deviennent de véritables lotos de calcul où les réglettes jouent ad­mirablement en apportant vie et gaieté.

Aujourd'hui, mes petits élèves sourds savent même distinguer la valeur des réglettes par le toucher seulement et en donner la preuve au tableau où s'alignent les chif­fres de l à 10.

Ainsi, sans connaître le nom des n.ombres étudiés qu'ils ne sont pas encore capables de prononcer, ils en ont assimilé la valeur; ils la travaillent, si l'on peut dire, et cela dans la joie; ils ne calculent pas, ils jouent.

Il y a moins d'une semaine, ils ne possédaient que l'addition. A cette heure, ils s'exercent aussi à Li soustraction. Or, une leçon a suffi pour la leur faire compren­cIre. N'est-ce pas formidable? Et pourquoi ? La notion des valeurs, la base, était posée.

Concluons! Quel merveilleux instrument de travail représente la «Méthode des Nombres en Cou-

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leurs» ! Et puis surtout, et c'est le principal, cette méthode apporte la joie à l'école. Que c'est beau de voir travailler des petits infirmes avec joie, avec beaucoup de joie!

Monsieur Cuisenaire, MER CI ! Cette joie, c'est vous qui la leur avez donnée.

Sœur Marie-Stella SOTT AZ

Nous venons de le constater, dans les mains du m a î t r e de sourds-muets, tout procédé visuel a une valeur indéniable. Aussi bien, sitôt que la méthode Cuise­naire lne fut connue, je Ille pro­mis de l'expérimenter avec mes élèves, moyens et grands, eux aus­si nés pour voir, à qui les Nom­bres en couleurs étaient inconnus. J'ai essayé, j'ai marché à tâtons. D'emblée, les réglettes suscitèrent la sympathie générale, bien plus, un intérêt palpitant qui ne s'est pas démenti jusqu'à ce jour.

dl faut savoir perdre du temps», dit l'auteur de la méthode. Le principe se vérifie chez nous plus que chez les élèves normaux, car ce qui caractérise l'enfant sourd, même le bien doué, c'est le réflexe plus lent. Oui, jour après jour, nous avons travaillé, échafaudé. Et 11laintenant, au cours supérieur, la démonstration, disons mieux: la concrétisation sert d'instruction à l'étude de chaque nouvelle règle arithmétique: règle de trois, re­cherche du cent pour cent et du cent pour mille, étude des frac­tions ordinaires, etc.

Pourrais-je dire jamais toute la valeur de la démonstration au moyen des Nombres en couleurs, si elle est conduite avec une logi­que rigoureuse? L'intelligence est avant tout une faculté d'adapta­tion. L'enfant sourd qui possède la logique des images est appelé, au cours de la démonstration, à réa­liser une situation, à s'y adapter. L'intelligence sensorimotrice, s'ap­puyant sur les données des Nom­bres en couleurs, COlllpare, 11lesure, poursuit son évolution jusqu'à l'abstraction. Les réponses fusent dans la joie. La solution du pro­blème est trouvée.

Cependant, vu l'insuffisance du langage, le travail n'ahoutit pas sans difficulté, mais à un moment donné du développement de l'en­fant, par suite d'une maturation de certains centres nerveux, l'expé­rience s'intériorise, si je puis m'ex­primer ainsi, sous forme d'images­souvenirs, de représentations intel­lectuelles. Les deux processus, in­terne et externe, se coordonnent de plus en plus, se prêtant un mutuel appui.

La méthode Cuisenaire est donc v~nue au secours de l'enfant infir­me de l'ouïe, jetant pour lui aussi un pont entre le concret et l'abs­trait. Cette élahoration lente, pour­suivie durant toute sa scolarité, conduira l'adolescent à un déve­loppement magnifique et lui ou­vrira, avec un bel espoir, les portes de l'Ecole professionnelle.

A titre d'exemple, voici, très simplement ébauché, un exemple pratique:

La réduction au même dénomi­nateur.

D'abord il est fait un rappel bref des notions de betse : l'entier et la fraction.

Exercice concret: 1110ntrez qu'un

2 3 entier a -, - etc.

2 3

Donnez des fractions de c'es en-

1 2 tiers : -, - etc.

2 3

Nouvelle leçon :

Nous lisons au tableau 1 1

2 3

a) Les élèves représentent la va­leur de ces fractions au moyen des réglettes en rapport avec l'entier et les posent sur l'en­tier.

b) Nous cherchons le produit des facteurs 2 et 3. Let réglette est mise en évidence et on énonce:

6 1 entier a-.

6

c) Nous lisons la première frac-

1 tion: un élève cherche la

2

réglette qui la représente pal'

6 1 rapport à - et on écrit:

6 2

47

Page 26: L'Ecole valaisanne, juin 1962

3 Ensuite, on le démontre au

6

moyen des réglettes.

d) Nous lisons la deuxième frac-

1 tion un élève cherche de

3

111êIl1e la réglette qui représen-

1 6 te par rapport à et on

3 6

1 3 2 complète et et

2 3 6 6

e) Répétition de l'expérience, et l'on passe à la réduction d'au­tres fractions simples. Dans la leçon suivante nous ré­duirons au même dénominateur des fractions comme celles-ci

2 5 3 et ou encore 364

l et -.

6

Sœur Gérardine PAU CHARD

Un « propos» d'Alain

LA METHODE CONCRETE

« Les écoliers assemblaient leurs petits cubes rouges et hlancs, for­mant d'unités dizaines, et de dizai­nes centaines; dix centaines f ai­saient le nombre de mille et le dé­cimètre cube en même temps; ain­si les nombres étaient des choses, et les formes vérifiaient les comp-

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tes. L'Instituteur était un philoso­phe rustique. Il répondit avec tranquillité, dans le dessein crins­truire l'Inspecteur: "Par mes cu­bes de bois, j'arrête un long mo­ment les enfants à considérer les correspondances les plus simples en­tre les nombres et les figures. Tel­les sont mes leçons de choses. J'ai toujours pensé que la Mathémati­que ainsi prise est la meilleure école de l'observation; je ne suis pas loin maintenant de penser que c'est la seule. Car voir de l'eau qui bout ou qui se change en glace, c'est ne rien voir de distinct; ce n'est que croire, et sans hien sa­voir ce que l'on croit ; au lieu que mes petits cubes ne trompent point celui qui les manie. Aussi voyons-nous par l' histoire des sciences que ces connaissances des nombres et des formes sont les pre­mières qui se soient délivrées des génies et des dieux. Cela prouve assez qu'elles sont les plus faciles et qu'elles conviennent à l'enfance. Et cette précieuse touche du vrai, que l'on reçoit de ces claires ex­périences, voilà ce qui fait l'hom­me. "»

« Propos ». Paris. 1956. NRF. «Bibliothèque de la Pléiade.»

p. 317 - 318.

Les réglettes sont-elles « magiques» ?

Rien de plus faux que de croire, ou de laisser croire, comme le faisait récemment un journaliste zélé, que les réglettes recèlent quelque pouvoir magique. Les bâ-

tonnets de Georges Cuisenaire n'ont, en eux-mêmes, aucune vertu miraculeuse. Et pourtant ils agis­sent. Mais ils le font à la manière des vitam.ines. Celles-ci sont des catalyseurs qui opèrent par leur présence ou, plutôt, dont la pré­sence per<met que se produisent des échanges vitaux. Les vita­mines, dans nos tissus, assurent l'efficacité du métabolisme. Elles font que les substances ingérées deviennent chair de notre chair.

Ainsi en est-il des réglettes. Elles stimulent et conduisent l'ac­tivité de l'esprit. Elles aident ce dernier à élaborer ses concepts et à les ordonner en systèmes à la fois mobiles et fortement struc­turés. Mises intelligemment et par de bons maîtres entre les mains des enfants, elles rendent possible un métabolisme intellectuel par lequel la pensée, insérée d'abord dans le concret, se développe eU' floraisons abstraites, pures et ' fortes.

Les réglettes, en elles-mêm.es, sont inertes. Mais elles suscitent une certaine activité. Et c'est, en définitive, cette activité - et cette activité seule - qui instrumente l'enfant et charpente son raison­neInent.

Le miracle ici est du même or­c1re que toutes les choses miracu­leuses qui nous entourent - la lumière du soleil, l'air, l'eau - : c'est l'ardeur des enfants, leur élan, leur ferveur. Et ce sont ces vertus-là qui produisent, en défi­nitive, les moissons de l'esprit.

S. R.

Nouvelles

VALAIS

8-12 mai: Mlle Hikmet Gokalp, ins­titutrice à Istanbul, visite les classes d'application de l'EN et les classes NC de Sion_

- 15 mai: Cours et démonstration au personnel enseignant de Sierre.

20-25 août: A Sion aura lieu le 4e cours cantonal d'initiation à l'emploi du matériel Cuisenaire pour le degré inférieur et moyen_

GE NEVE

- Mai: Cours officiel destiné à la formation de 45 maîtresses enfantines et institutrices primaires (degrés: 1,2 et 3; enfants de 6 à 9 ans) priées d'utiliser les réglettes dès la rentrée scolaire de septembre 1962.

- Conférence de presse présidée par Monsieur le Conseiller d'Etat André Chavanne, président du Département de l'Instruction publique, destinée à informer le public de l'introduction progressive du matériel Cuisenaire dans les écoles genevoises.

Echos

Abonnements souscrits au 19. 5. 62 : 50 venus des cantons romands... et de Belgique ! Le Département genevois de l'Ins­truction publique abonne d'office toutes les personnes qui, dans ses services, s'intéressent aux NC.

Le «Times Educational Supplement» (Lonch'es) du vendredi 11 mai signale la parution de notre Bulletin (page 936).

49

Page 27: L'Ecole valaisanne, juin 1962

Variations sur trois nombres

6 + 8= 14 Exposé du thème:

(8 formations.) 6 + 8 = 14 8 + 6= 14

14=6 + 8 14=8 + 6

14- 6=8 14- 8=6 8=14-6 6=14-8

Premier développement:

(3 questions pour chacune des 8 formations ci-dessus; en tout 24 questions.)

Exemple avec la PTemière for-m ation 6 + 8= 14

6 + 8= ? 6 + ? = 14 ? + 8 = 14

Second développement:

(2 questions pour chacune des 8 formations; en tout 16 ques­tions.)

Les signes +, - ou = sont tour à tour suppTimés.

Exemple:

6 + 8 ? 14 6 ? 8 = 14

On a ainsi obtenu, sur le thème 6 + 8 = 14, 40 questions.

Remarques:

Quand on compose 14 avec deux réglettes, on a les thèmes suivants:

14 + 0 13 + l 12 + 2 Il + 3

Le thème 7 + 7 donne lieu à 20 questions seulement. Les sept autres thèmes produisent chacun

50

40 questions. Soit, en tout, pour le nombre 14, 300 questions!

A utres développements: (en r elation avec la formation

de 14, avec plus de deux H .) ,

Chacun des éléments des forma­tions ci-dessus peut être remplacé par une expression équivalente notée avec l'aide des parenthèses.

E xemple avec 6 + 8 = ?

6 + (5 + 3) =? (5+1)+8=?

(7 -1) + (10 - 2) = ? (9 - 3) + (2 + 6) = ? (4 + 2) + (9 - 1) = ?

6 + (2 X 4) =?

Etc.

(2 X 3) + 8 =? (18 : 3) + 16 : 2) = ? (6 : 1) + (4 X 2) = ? (3 X 2) + (8 : 1) = ?

Ev. Exc.

Bibliographie

Ouvrages récemment parus :

Chez D élachaux et . Niestlé, à N euchâtel (Suisse): De Georges Cuisenaire : Livret de fiches de calcul (Ire an­née) . Livret de fiches de calcul (2e an­née) .

De Caleb Gattegno: Eléments de mathématiques mo­dernes par les nombres en couleurs à l'usage du corps enseignant pri­maire. (1960).

Guide introductif aux nombres en couleurs à l'usage du corps ensei­gnant primaire (1961).

Crocus » » » » » » » » »

B érard Clém ent

Biollaz Léo

Claret Eug.

Da.rbellay Jacques

Ecole V alaisanne

F ollonier Jean

Hoffer R.P.

Kessler A.

Périn Ls. R.P.

Schiirlig A.

Thibon G.

V euthey M. » » »

UNESCO »

TABLE DES MATIERES

1961 - 62

Partie éducative et pédagogique

La Pédagogie a aussi ses autom ates

A la mesure du monde

Ecolier retraité Le geste-sm:prise Un beau cadeau pour 1962

Prendre leur mesure La paroi Nord Se mettre à leur place

Faire équipe Quand le vieux régent se fâche

Réedition du Programme

Essai de bibliograph ie his torique pour une étude du milieu

Examens civiques des recrues : - Réconfortan te jeunesse - Enquête sur la lecture des jeun es La ligue suisse pour la littér. de jeunesse

Cent titres pour biblio thèques

Le savoir et l'intelligence On ne vit pas entre parenth èses

Les écoles secondaires zurich oises D an ger d'un certain dynamisme Mgr Devaud et Georges Cuisenaire La jeunesse et la lecture

L'aide aux étudiants d'Asie et d'Afrique

A p ropos des fiches de développem ent

L'épanouIssement de nos enfan ts

Les nombres en couleurs à Genève

Les humbles tâch es ménagères

L'Art à travers l es âges : Les débuts de la polyphon ie

Les Primitifs l Les Primitifs II

A la mémoire de Nansen La comp réh ension internationale à l'école

No

2 3 4

5 6

9 10

8

2

1 6 8

1 6

10

8

7

6

2 5 8

1 10

Mois

septembre 61 octobre 61 novembre 61 décembre 61 janvier 62 février 62 mars 62 avril 62 mai 62 ju in 62

avril 62

octobre 61

septembre 61 février 62 avril 62 novembre 62

février 62 mars 62

septembre 61 février 62 juin 62 avril 62

novembre 61

avril 62

m ars 62

février 62

novembre 61

octobre 61 janvier 62 avril 62

septembre 61 juin 62

51

Page 28: L'Ecole valaisanne, juin 1962

Zuchuat Rémy

Divers

Leçons de chose

Conte de Noël

Poésies

Vocabulaire

Etude de texte

Religion

Etude du milieu

Fiches de développement:

Calculs pour la 2e année

Travaux manuels

52

La formation du corps enseignant Un point capital

Culture générale de l'instituteur Préparation pédagogique des maîtres

- Programme des études pédagogiques La nouvelle loi sur l'Instruction pub!. L'actualité pédagogique

Rapport de gestion sur la caisse de retraite du personnel enseignant Bulletin Cl1isenaire l'omand No 1 Bulletin Cuisenaire romand No 2 Liste des cours de perfectionnement

Epreuves pour l'examen d'admission à l'E. N. Fraternité mondiale:

Leçon pour les moins de 13 ans

Partie pratique

La marmotte (Léon Jordan) La rose (Mce Nicoulin) Le vent

Une fillette au grand cœur

Noël

Pour le mois de mai

De la surprise à l'étonnement

L'âne et le bœuf à la crèche (Péguy)

Leçons sur le Concile

Ernen, village de seigneurs Rarogne

Mélèze et arole en Valais

ou .. où .. se .. ce .. s' .. c' .. ceux

ni - n'y - s'y - si - a - à - as leur - leurs - l'heure - é - el'

ces - ses - c'est - son - sont

qui - que - quoi - dont - quels - quelle

D'un seul coup de ciseaux Musicien en cordelette Tableau-crèche en relief Lampe de Noël

Le vitrail 1 et II Pour la fête des mamans

No Mois

4· décembre 61 5 janvier 62

février 62 8 avril 62 6 février 6-2

mars 62

mai 62 avril 62

10 juin 62 mai 62

septembre 61

4 décembre 61

septembre 61 10 juin 62

octobre 61

4 décembre 61

novembre 61 mai 62

7 mars 62

4 décembre 61

5 janvier 62

octobre 61 novembre 61

4 décembre 61

2 octobre 61 novembre 61

4 décembre 61 5 janvier 62 6 février 62

7-8 mars-avril 62

octobre 61 2 octobre 61 3 novembre 61

novembre 61 6-7 février-mars 62

8 avril 62

maman

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Page 29: L'Ecole valaisanne, juin 1962

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