l'ecole primaire, 31 décembre 1953

18
, SION, 31 Décembre 1952. No 6. PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE ORGANE DE LA VALAISANNE D'EDUCATION A BON N E MEN TAN NUE L: Fr. 7.50 72ème Année. les abonnements se règlent par chè9ue postal Il c 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. CI. BÉRARD, Rédacteur, LEVRON Les annonces sont reçues exclusivement par: __ PUBLlCHAS. SociAtA Anonvm S .. in .... .... P ...... IrA:.· CIt:\t.I-A __ _ ..,-

Upload: resonances-mensuel-de-lecole-valaisanne

Post on 02-Apr-2016

225 views

Category:

Documents


2 download

DESCRIPTION

 

TRANSCRIPT

Page 1: L'Ecole primaire, 31 décembre 1953

~l ' ),ubellay René, inst. Liddes

LA BANQUE CANTONALE DU VALAIS vous propose des dépôts sûrs et des prêts avantageux.

L'argent que vous lui confiez travaille dans le Canton

et pour le Canton.

Ne l'oubliez pas en choisissant votre carnet d'épargne.

 la Porte Neuve S.A., Sion Téléphone No 2.29.5.1

La maison aux plus GRANDS CHOIX et au plus GRAND ASSORTIMENT

RABAIS 5 °/0 aux membres du personnel enseignant sur présentation de leur carte,

sauf sur articles réclame.

P'elferlê 1 Cia SI"N - Av. du Midi

fERS - QUINCAILLERIE ARTICLES DE MÉNAGE Calorifères - fourneaux-Potagers ARTICLES DE SPORT ,. \

, SION, 31 Décembre 1952. No 6.

PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE

ORGANE DE LA SOC"~TÉ VALAISANNE D'EDUCATION

A BON N E MEN TAN NUE L: Fr. 7.50

72ème Année.

les abonnements se règlent par chè9ue postal Il c 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement

Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à

M. CI. BÉRARD, Rédacteur, LEVRON

Les annonces sont reçues exclusivement par: ___________________ ---' __ PUBLlCHAS. SociAtA Anonvm S .. in .... ~ .... P ...... IrA:.· CIt:\t.I-A __ _

..,-

Page 2: L'Ecole primaire, 31 décembre 1953

Répertoire des Bonnes Adresses

Gilliard, Sio., La bonne bouteille

pOUl· les bons afRis

Teinturerie Valaisanne Jacquod Frères

Sion Magasin : Grand-Pont

La maison de confi ance

Pour la volaille :

Léon ImhoJT PAPETERIE - RELIURE

ENCADRElV\ENTS

Tél. 2 10 70 SION

fcurniturcs

d'école et de bureau Tablea ux ncirs

KAISER & Co, S,l, Berne R u e du Marché 1~-,1l

Fourrages ,,$EG" Fédération Valaisanne des Producteurs de Lait .. Sion

L'instituteur, après le dur labeur de la journée sera heureux de jouir des plaisirs de la famille . et de se délasser dans des meu­bles de la

Maison A. GER,TSCHEN, Fils, Brigue Représentant : M. OTTO GERTSCBEN - SIERRE.

.. - j '

..... 'fON, 31 Décembre 1952. No 6. 72ème Année .

L'ÉCOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA socla~ VALAISANNE D'mUCATION

SOMMAIRE: COM1VIUNICATION.S DIVERSES: Caisse de retrai.te : - Entr'aide aux jeunes par le travail . - Le coin de la g'ymnas-tique. - Le métier c'est ce qui unit. - PARTIE PEDAGOGI­QUE: Problèmes sco,laires (suite). - Faut-il inventer ou rece­voir les connaissances. - Des leçons de choses. - Le mouve­ment éducatif à travers le monde . - PARTIE PRATIQUE: Centre d'intérêt. - Biblio.g,raphie.

L'Ecole Primaire présente

à ses fidèles abonnes et à ses collaborateurs

ses meilleurs vœux pour r année 1953

A VIS

Pour toute réC'laul:ation concernant l·es aobonuements, s ' adN~s ­el' dÏTectmnent à l'Imprimerie Beeger, à Sion,

Les 'per'solJlnes qui recevrairent ~a revue à double OIU par e1'­l'eUT noUiS l~endraien.t s.eTvi,ce en la l,efrœsant.

A VI S Tout ce qui concerne la publication cloH êtr'e adr.essé à

Ml' Cl. Bérard, 1 édacteur, Levl'on.

=--- AVIS Paor suite de 'l"abondal1c'e des matières, nous a:VQIliS dû ren­

voyer œrtai,ns artides à plus talx1, Ge ll1uu1.éro cmnprend 40 pages,

Page 3: L'Ecole primaire, 31 décembre 1953

Caisse de retraite Assemblée des délégués

L ':3!ssemiblée des délégué~ de la :C. R., 'créée en vertu des dis­positions des nouveaux statuts, s'est 'réunie pour la première fois rdiimanche 21 'COU1~ant .sous la présidence de Ml" Gabriel Bé­nu'd a'vec l'ordre du jour ·suivant :

1. jProcès-verha,l. 2. Rapport 'PTésidentiel. 3. 'COluptes de l'e·· xcr.cice 195,1. 4. Rapport des vérificateurs. 5. NOIffiinations 'ré­g]ementaires. 6. Divers.

1. Pro,cès-verbal. Le secrétaire, MT Evéqudz, a ,cond.ensé dans son IPl'Otocole toutes les pro.pns,itions JOllffiulée.s il l"a'ss-emtblée gé­néTaJe du :pri'l1'tem1ps derm'er 'et les a exprimées avec ,clarté et ·p;J,·écision,

2. Rapport présidentiel. Danls un 'l'apport succinct, Ml' Bé­r.ârd remercie tous ceux qui ont ,collalboré à la Té()il~ganiSiation de la 'caiss'e, en ;parti.culier Ml' In1!hof, l'expert, NI:r AdI,er, le 'secré­taire ,M. Evéquo'z, ·et :son ,collègue MT Chastonay" puis 'Ml' Gas­.poz, gérant; il 'liappeUe la n1Jémoire des disparus, après .quoi il relèv,e 'quelques chif,fres des ,co m,pte '3', un bref historique de la révision de la 'Caisse et .souHgne certaines modifications inter­venues: cotisations portées là 7 %, taux d'intérêt .garanti à 314 % par 'l'Etat, ,création du ,compte des dé,posanh, ·augmentation des n~ntes des retr-aités, etc. La 'co'mmission 's'est effor:cée d'o'bteui,r lm~ parité complète entre instituteurs et instituh'ices , mais s'e.,.t heurtée au rerfus fOl:m,eJ de l'expert.

3. Le caissier commente à Son tOlll' les coulptes qui ont été publiés ,ce printelll.pS dans.}' Ecôle primaire et il p,réci'3e que le Hlonta.l11. des pens'ions et .des retraites 'Sera fortemen1t augmenté en 1952.

-1. Rapport des vérificateurs, En .}',a!bs'ence de MM. Bour-din e1 Praplan, ,c'est NIT Zengaffinen qui pré~ente Je ra'pport des véri ficate'Ur~.

B. NomjillO'tions . .L'es vér·j,fïica1Jeurs: Bourdin, ZengaHinen et Pra.plan 'sont réélus.

IL '.asselnblée nOIll!llle meIllibre du ,comité ,Ml' Henri Theytaz en rem;plalC.ement de MT 'Meytain ,déoédé.

- 187-

ô. Divers. ' Ml' Darbel.lay demande Ique l-e règlement soit en ­voyé à tous les Iuemlbres. Aüce:pté. Il lui est :r~pondu ég·alement que les luaÎttres deg-ymnac;tique, les maîtr,e~se.s .mén~g~r~s ,et, :les rn.aÎ'tres des écoles :secondaiTes ont dema·nde leUT aJhhatlOn 'a la caisse; ·celle-ci reste ouverte à tous. . .

Ml' Rey aiil11erait savoiT le nom des nlelnbres de la 'COlTI'm~S­,,;,jon. Les voi'ci: M:M. G.abriel Béral~d, président; Gaspoz, ,caIS­sier; -Gillioz, Gaist, Béliard Cl. , Mlle Zen-Ruffinen, Venetz, Sehwick, Meytain remplacé pa,r Tiheytaz, NLlle Yvonne. Gross a été invitée à toutes -les séances de la cOllllrnission.

Mlle GroSs féli.cite la ,COml111Ssion .pOUl' 'Son travail; ·el,le sou­haite que notre jnstitu1ion soit en ,constant progrès, comlme toutf' œuvre hUlnaine; eUe demande que les dirigeants -de la ,Co R. se penchent avec sollidtude SUT :la ·caisse des dépusa'l1ts.

Sous :l'experte présidence de Ml' Gabriel Bérard, l'assenlblée ne s'est pas perdue en considérations oiseuse':Y et. les affaires fu-rent rapidement li,quidées. Cl. Bérard.

Entr' aide aux leunes par le travail . En 19'51, l'Inst.itut d 'orientation et de prépal'ation. :profession'­nelle pratique du Repuis à· GTandson a reÇU 82 élèves, Le Fond.s de pension, a'lhnenté pa:r le~ dons et ,co,tisations, 3 ,facilit.é l'ad­mission de plusieurs garçons de familles sans :r:essources. Un nou ­veau fonds 'a été 'créé en souvenir de Monsieur tL-M .. Jolnini; il f;st destiné à encoura~er l'es-prit d'entr'aid~ ·et de camaraderie parmi les élèves. ' , ,

Des 41 jeunes ,gens qui ont quitté l'étoalbJ.isse111ent, 5 ont ete pIncés CÛ'IDlne appr,entis a~",ec 'contrat (menuilSier, rf~rblan;ti,el> {.Ol~­deur Ifacturisrte tailleur) 17 h~avaiJl.en,t COU1Œlle aIdes specIalIse,<.; en d'~ri:que, d';ez de~ ,a~~tisan:s, des ag:rkulteurs, des .jal~di~.i~l·: ou dans le 'CO'lllllnerCe et l'a,dminilStration. 3 exercent une a,chvlte à domidle. Ll , après leur orientation au Re;puis, continuent leur formation prof.ess-ionneUe ·ailleurs. '9 ont été transféré·s dans d 'all­fTes institutions. 3 .seu leJnent ·étai'elI1tl inaptes À un tra'vaH quel-conque. .

L'orienta-tion ,pro.f.e,;sio!l1l1eUe et l'entraînement an travml t eh qu'ils ~ont pra-üqués au Re.puis, ü'aIltSfor.ment donc ja vie de nom.breu.x handi'capés qui ,se ,croyaient incapables de gagner leur vie. n faudrait que tous les i'l1lfi'lim-es et tous l,es jeunes indéci.s bénéfident de J'.en'3·ei,gnement spécialis:é, soit .de la clas·s·e d'orien­lati-on pTolfessionuelle, soit de la 's'ection des « ~pprentis », Les adultes, obligés, après un accident ou une nlaladie, de changer de profession: .et de dhm',cher un nouv.eau galgne-ipain, sont aussi re­çu", au Repuis.

Pow' tous rens-ei'gnements, s 'adTesser il. MT Bettex, di,recteue du Repuis, Grandson.

Page 4: L'Ecole primaire, 31 décembre 1953

~L~·' ~. ~~~~~~~~~~~~~~~b

i LE COlIN DlE LA GYMNASTlIQUE ~ -ol~~~ - - - .-~

fl. rn. G. \7. R, . A,près 1a journée des directeurs des 'CÛ'Ul~s reglonaux à Ma,r-

bgny, Je pers-onnel :enseignant était invité à suivre un 'COtlT,s de ~ynIDastj.que d.'tme ,~,emi- jOllTnée, avec frais de déplacement payes. 13 cour~ .ont eu lieu -et la plupart avec un suocès réjoui-s­~.aI?t, 120 ,pal~l<;l;~ants. ont répondu ,à notTe appel; ,soit ne~;f ,re­b.gleuses, 57 lnstItutrIoes et 54 institut,eur'Y. Nous rIes t~élicitoiJ.1s ;pour leur dévouem,el1't à ,la cause de l'éducation physique. .

Chacun 'peut .se l~dre COlnpte qu'il nous T,este encore beau­eoup à faiTe pOUl' attitrer dans ües courS bon nombre de nos 'col­lègues qui ne font certainement pac; leUJ.' pO's.s~ble pou;' le dé~,e ­.Joppement physi,que .des enfants qui leuT s-ont ·confié.s . Nous es­~érons petit à petitOlbteniT de IneiNeur.s l~ésu1tats et paTvenh au nut 'que nous nous pTopo'son'Y pour le bien de nos écoles valai-sannes. <. Pmu le C. T. : Vuigniel' .

* ',' :1:

COURS DE GYMNASTIQUE FILLES du 14 décembre 'à MaTt~gny

' . ,Ce ,col~rs ~ gl'oupé 20 participants: 2 .}~eligieuses, 14 institu-h'lces et 4 llTshtuteUT.5-. .

Nous sOIlnmec; peTsuadés 'que les participants ,auront ihaute-­lnent laiplprécié ·les démonstI~ations ill11.peccables de MT Blanchet et, p011T Tépéter un vœu déjà émis, nous disons: à la prochaine;

*** ,QOURS DE SKI

Nous olganisons un 'cours ,de 'ski le 11 janvier <1 Montana et à Verbj'er.

POUl' Montana,' M·e,,·s,e à SieTre le 11 à 7 h . 15. DépaTt du Ifurüculaire à 8 ,heures . Inscriptions: -chez Paul Glassey, I. S. Bra;mois {éléphonc

(027) 2.21.67,

POlil' Vel'bier " Ouvertur-e du cours le sa'luedi 10, à 20 heures à la P.ension

du 'I\~ont Fort. Dé,part de Martigny le salnedi ' à 18 h . 10. Insoriptions: ,chez E . Bovier, à MaTtigny, tél. 6 .57.54. En

ca-s de non réponse : tél. là Verbier (026) 6.63.75. Délai d'inscriptions pOUl' les deux 'cours, jusqu'a'u 8 janvier

au plus t.aTd. Comité technique .

189'-

LEÇON PIDHLIEE PAR ECOLE ET SPORTS

Je v0uch'ais féliciter ce synl.pathique gToupeluent pour sa bonne ,a'ctivité ·et qu"il veuille bien m'e permettre quelques ré­Hexions personneHe.s sur la leçon de gymnastique publiée dan'j le dernier numéro de l'Ecole primaire. Il est impossible d'exé­cuter l 'exel"cke 11 a) 'selon la tenninologie donnée. « En pas­sont pal' le bas » ·doit être supprÎtlné.

Dans l"ex'e'l'cice c) si je' comprends bien l'auteur (le la leçon, il ,est destiné aux llluscles tI'ans'verses du t01~s'e et il faut aloT'Y y ajouter un « tourner du torse à gauche » avant d·e « t01uner les bras ... » Le ·luouv·ernent du tm'se est à Hlon .avis .le mouvement principal de :l exerci,ce,

Il 'est à noter que la tenninologie de'Y exerci,ces à luains li­bres de cette leçon ügur,e comIne telle dans le lVlanuel fédéral de gymlnastique, Il n'est donc nullement. question d'en f.aire un grici à mon mni Glassey .

Les parties :3 et 4 de la leçon tiré-es d,e l A,brègé cl éducation phy.s~que de E. Hovier sont 'correct,es. ,Cependant j'aurais souhai­té pour ce~ ,ex-erdces qu'ils 'soient alCcQlInpa.gnés de certains dé­tails tÏlgurant dan". la bTochlu'e et leur donnant un intérêt plus pTatique. V Lligniel'.

:i: :j: :1:

ECOLE ET SPORTS Proohaine séance à Grône, le 'l11eT'credi 7 janvier 1953,

Ù 20 heures.

_ . - ~:o"'~~~.

t LE MÉTlIER eEST CEQUlI UNlIT ~ ~~~â.k~~~~~~~~~~~~~~~~

Bonne flnnée 1953! A toutes, je .souhait,e de garder ou de ,conquérir « Ce pouvoir

de chanter hors de soi» 111.algré la peine ,et 'le souci de chaque instant ; d-es eilifants à élever toute seule, la ,slanté précaire d'un êtDe Ichéri, l'.égOïS'lllC d'un lnili.eu qui vous étouff'e, une .amitié qni se -défait 'COlTIIme la 'brunl..e sous le v:ent, tant et tant de choses lourdes et amèr'es dont 'Ohacune a s'a part ...

A toutes, je souhaite de l~uh71l'<e J'invita'tion du poète: « Gardez un petit espace o Maisons, pOUl' Dieu qui passe » .. .

.A toutes je s'Ûuhaite une trêve quotidienne, le tem'p,s d'un si­lence pour écouter.

A toute.s, je 'souhaite d'.a,ccueillir lew' l11étier d'ensei.gnantes 4: Comme une œuvre ' d ,e ,choix qui veut beaucoup d'amour )) . ' -

Page 5: L'Ecole primaire, 31 décembre 1953

- 190-

NOS ·CONFERENCES

La seconde de nos .conférences aura élga.lement lieu à Sioil :l 14 ,heures 15, le di'manche 11 janvier. Monsieur le Professeur Chérix -continuera 'Son étude sur ChateaubI'Ïand.

QlUe celle:~ Iqui ·sont venues si nombreuses 'le 7 décemlbre et qui e'H -ont eu t·ant de plai·sir décident d'aulTes collègues à se joindre à elles.

Chaque cont;érence forme un tout, -les nouvelles auditrices n'y seront pas dépaysées.

Pour apprendre à lire A titte amicail., à l'intention des -maîtresses. qui l'ont de1l1311-

dé, voki une manière de procédeT pour « apprendre à lh'e ».

Il faut donner .le « désir d'apprendre» dit quelque .paTt H-ousseau en padant de 1'.app;pentissage de la lecture. Et je ' crois bien, ·en effet, qu'il n'y .a ;pas une di'sdpline ,sco'laire donl le succès dépende davantage de l'intérêt, ,car lorsque reniant B

reconnu dans le graphisifi'1e une expres:sion ve:rlbale familière .. cette reconnaissance dédanche chez lui automatiquement le dé­sir de la découverte etparaUèl.ement, :celui de pouvoir, ,à son tOUT, .8'e servir de ce mode d'expres.sion par t'écriture.

Guidée Ipa:r ces directives je cher,oherai une llléthode sinlpk permettant un enseigneluent individualisé, la le·cture étant une reconnaissance, une découverte stdctement personnelle qui ne s'accOlTIJllode ni d'une i'lllpuision exté·rieure trop intensive, ni d 'un « freinage » de la part de la lJ.uaîtres'se désireuse quelquefois de ne pas h'op désagréger S'a section. Je la vouiais a.ss ez soup.k pour nle permettre de Ipasser de :la méthode analyüque à la mé­thode globale menalnt de pair écriture et lecture, 'celle-'CÎ se r-évp­]ant 'dès le début 'COlllilne une Teconnaissance pleine de VIE.

~a lnétlhode JoUy répondait ,d'a'ssez .près là ces multiple~ exigences.

Les deux prelniel'is livrets. séTiaient les diJ.fj.cultés et offraient l'avantalge de lais:ser .chaque enfant suivre son « tempo }) tout en en permettant aux moin~ avancés de :reconnaître les mots types, les ,mots -clés 'revenant les solliciter avec insistance dans les Iec-tUTes d'ens·em.ble du contingent de tête. .

Connaître l'histoire du trio de personnages que Jolly pré ­sente au début et qui <y'a,ccroît à meSUl'e de l'enrichisselllent en conn aiss'ances , les 's.uivre ,dans J,eurs aventures quotidiennes, nous a armenés là :la reconnaiss,ance de toutes nos lettres du 'Ch , augmentée des mots dés acquis « globalement ».

191 -

Dès 'la 'pl'emière sem'aine un texte d'wle très grande simpli­eité, est~il besoin de le souligner, a été déchiffré, illustré, amor­çant la suite de l'histoire.

Il a été formé de nl0Î'S à répétition, comm'e je les a.ppelle « lili .», alitérations favorisant !la mémoire visuelle, mots à .sonori­sation mapquée aidant !la mémoire auditive.

Toto va à la ville, toto a l'J. Lili n'ira 'pas à la viUe ni titi~ Lili lira. Titi ira à la cave, il y .a vu le :rat. Le l-at Üre la souris (ce dernier mot aoquis globalement) etc. , etc.

1. L:e texte est mis au tahleau. La lettre nouvelle était le V régulièrelnent écrit en couleur.

Les enfants sont invités à .prendre contact -avec le texte SILENCIEUSE'MENT.

Si l'enfant est arrêté par le s4g'ne qu'H ne connaît pas, il lève la ·main.

La lnaîh'esse fait t,rouver le son qui manque. Dans ma dasse, un enfant m'a a-ppo:rté 4 petits ,personnage.;;.

taillés dans le bois et qui incarnent 'les personnages de notre mé ï

thode, le déplacmuent ou :le conllportement de celui en çall'se; luet .généralem·ent les -enfants SUT .la voie!

La maîtresl.Se invite le~ enfants à l'8trouver dans le texte :les .autTes !signes nouveaux, on 1es isole par un trait, on les fah prononcer dans le :mot où i:ls .s'insèrent.

'La ,maîtresse questionne ensuite ''iur le texte: Toto va-t-il à .la 'ville ? Le~ enfants répon.dent par oui ou par non. On 'l~eprend la lecture silencieuse, l'enfant qui ·est arrivé le

PTemier au bout de son déchi.frfra,ge vient le dire tout bas à la m 'aîtr,esse, ceLle-ci _passe de l'un à l'autre. Pour éviter le par cœur, elle dés-igne un seul fragment pris dans un ordre diffé­rent.

2. Entre Ices deux l'eçons, la leçon d'écriture aura fal11Î'liarisé les enfants avec .la -lettre V tnl'cée dans les mots' étudi'és VA, VU, VILLE, ·CA VE.

Nous ,chevchons des IllOts dans l-esquel"i' entrera le V. Ceci peut se faire sous forme de jeux: .a) « pi'geon vole ». Ex. : VENT? lorsque le son est reconnu ,

1 enfant lève la main. lb) « D.ans mon -col'beillon qu'y U1:et-on ? )} C'est l'enfant qui

à tour .de rôle Ip,}a,ce un Inot où se trouve la Jet1:re ou le "i,on re­cherché.

3. Exercices de contrôle' : lÜ'tÜ's de .tex-tes à reconstituel' dan~ un Ol~dre logique.

Page 6: L'Ecole primaire, 31 décembre 1953

- 192

Au déJbut simplement mots à reconstituer avec l(>s lettres mobiles.

,Pour les .lotos: éüquettes de ·oarton souple de 3 x 5 cm. l,es mots y sont écrits en cursive droite d'un ,demi-centiInètre dB haut.

Nous étudions en ,ce -lllOlnent le S-O'il OU ; la gravure du li T re~ de lecture nO'us ,a s'Bl'vi dè point de dé.part, c'est un chien qui joue avec René.

1. La maÎtreslse fait trouveT le mot TOUTOU, il ést écrit 'au tableau les deux sons OU ' en couleur.

Les enfants sont déjà su[,fis-amnlent préparés Ù ,1 totna.lysc pour découvrir rapidement que ,c'est le lnêlne son qu'ils ont appris en. gloihaHs,ant : IsouTis, trou, tourne; etc., déjà 'connus.

Nous cmD,posons d'autres nlots en faisant ,remarquer qu'il sufrfit de 'clhal1'g.er deux lettres: jou.jou, coucou, nounou, Joulou. Puis nous ,cherchons des mots sim.ples par addition d'une con­sonne: pou, ,cou, sou, fou, doux, etc.

Ces lnoh à leur tour en fODmeront d'autres par 1 adjonc­tion d'un.e sy:llane ,comlllle terminaison: pou = .poU'le, cou =-.-: coude. Tous J·es 1ll0ts ,s.ont écrits au tahleau, souvent l',enfant' encoura.gé s',en acquiNe fOTt bien. Le son étudié est régulièl'ement en couleur.

Leoture des nl'ots h'ouV'és. 2. Un texte cOtlnpos-é des nl0ts étudiés dan,,; la leçon précé­

dente et de ceux qu'on répète est au tableau. Ex. Médor est un toutou très doux, il ne se fâche pa::i :si

René le ,taquine, il joue CÛ'lnme un petit fou., n court sur la route, il se roule dans la boue. La mère de René ne sourit pas, elle dit: Loulou est fou.

Lecture silencieuse. La maîtress'e ,questionne SlU' le sens du texte. CO'mment s'appeUe le chien de René? Les ·enfants ne répondent pas à haute voix mais l'lm d 'eux

'va 'lnonh'er le NOM ~Iédor au tableau. ,Comment le Ipetit enfant ,ap.peUe-t-il un chien, etc., etc. Lecture d'ensemlble du texte. 3, On se sert d'un· textè mis au ta'bleau (exel~cice de vocabu­

laire pour la ,grande section par exem.ple, ou dictée en prépar.ation que l'on aura ,précisén'1ent truf.fés de :mots où fon retrouve le .son à l'étude. Ex·ercice d'attention exceLlent: La luaîb'es-se suit le texte avec la baguette chaque fois qu'un enfant reconnaît le' OU il lève ,la ilnain, aD peut faire le compte des trouvailles individuelles et oollectives !

4) Exercice de ,contrôle écrit: n porte sur 'le texte étudit', sous 2, l'enfant relève le DI0t qu'il doit é·crire. Ex.: Co.mnl,en l

- 193-

est le toutou de René? Les enfants trouvent le mot DOUX et 'l'é~ cdvent sur leur ardoise, etc.

On peut varier ces exercic'es. à l'infini, l'essentiel est qu~ l ïi1tél'êt l1e rfa'ilblis.se pas, que le plaisir de la découverte cÜ'lnpense l'effort ,et l'aiguillonne. Dans 'cette pers1pective, la nléthode glo­ba'le répond admir,ahlenl·ent à une tendance ,natureUe : de mê­l1l~ qu'on n'app:l'end pas à parler paT tfra'Ctions de lnats, 'qu'on voit glohaleluent ce que représente une huage et 'que œ n'est qu'·ensui·te qu'on en découvre le clètail, t'enf'ant qu'on habitue dès ,le dé/but à globaliser sai·sit, avec quelle joie, .le rapport en­tre le signe gra.phique ,et l'idée. Vous en avez eu lnai'lltes fois la preuve: l'enfant déchiffre laborieusement, mécaniquement, mais void que le tOIll!change, le Inot a fait signe à l 'enliant, il ,Le reconnaît et toujours, reunarquez-Ie bien, il le répète une seconde foi s CO'II1Jl11e rpour lui-mêm,e, .comUle on salue au passa,ge une eonnaiss,ance. ,L'analyse intervient nonnalement après, l'atten­tion ,sollicitée d'une façon précise Sur un son ou une leUr,e es't alors facilitée par la forme de jeux, de concours qu'on fait' aisénlent ,prendre à cette reconstitution. . '

Et pour que la leçon de lectur·e devienne une leç0l!- 'rle rra]~~ (ais vivant, on peut très tôt y introduÏTe les élénie11'ts d'une

· ~(ramllllair.e de base sans le VOCABULAIRE GRAMMATICAL. he~ en.fant.s formés à 1.a ]ectuTe intelligente -pourront très V}t recon naître da.ns- 'la dilfférenc,e .dù gr,a,phis.me 'la fm',me du pluriel (la poule, les poules-) , la terminaison du ver'be à :la 3èÎlle person.­ne que certains ' débutants de la lectur.e prononcent régulièrem·ent, montrant ;par là qu'ils e n sont ,encore au st,ade purem·ent InécaIl'i'~ que, ajoute un sens pTécis de ,plw'alité dans .l'ésprit de ceux qui sont entraînés à lire ,en globalisant. Je sai,s Ique .la ' Inéthode a ' des détracteurs ,parmi nous. Méfiance du nouveau surtout? Le {ti'and' reproche qu'on lui d'ait est précisément dans l'orthographe défec": tueu<;e qui paraît-il en résuHe. Je ne ,crois pas le re,p1"oche fon:d:é si la méthode e<;t a'ppliquée dans l'idée directrioe: rendre se:hsi ~ hies les nu'ances -de la pens'ée puisque dans l'altération du gra­phisme .cl un mêm,e terme, observation ,qui prép:;tre 'adnlirablement l'enfal1t ù l'ens·ei,gnement d'un .françai,s vivant.

Et VOlIS, 'COlnment fait.es-vous ? Y. G.

IJ'institutrice substitut de la ' mère lIme conférence de M11e Guex

n. Quelques pl'oblèmes de l'institutrice en face du tl'ansfert

Dans notre prenlier entretien, nous avons essayé de nous faire une idée de ce monde Tiche et toUJfifu de ,sentiInents diveT,', que tout enfant IpOtrt.e déjà en lui quand ,id 'albo.lide pOUl' .la p-ren1ière

Page 7: L'Ecole primaire, 31 décembre 1953

- 194-

fois cet êh'e nouveau et prestÎlgieux: « la iJnaîtresse », l'institu­trice. Nous avons vu que J'enfant qui arrive à l'éco.le est déjà orienté i'l1Jcons'CÎemment, dans ses affects, se.'.Y pulsions, ses ten­dances, .par son expérience familiale et en palij,culier paT sa rc­laHon avec J.a luère, ·et que ·si. nous voulons ·essayer de /la com­prendre dans ses sympathies et antipathies spontanées, dans seS appels à l'amollir, oonuue dans 'Ses Igestes agressifs, il s'agit pour

, nous de le situer dans ,cetteeXlpérience famiIi3Jle qui eSlt la .sienne, et .qui, à son. insu, ,conditionne ses réactions au nouveau IInHieu scolaire.

C'est là le phénoill1ène du transfert, 'que Freud ,le prem.i-er a lnis en évidence en étudiant en méde.cin tout,es ses ulodalités. . Lors'qu'il vous a'l'rive de signaler .au Sel'vice ·médico-pédagogique valaisan, un enfant dif,ficile, ·c'est à l'aide du transfert. -c'est­:l-dire ,par Je déplacement .sur la ,personne :qui tlraite l'enfant des sentiments et de'i impulsions qui 's·e sont formées en -lui, durant s·e.s. premières années, que Il'.aslsis1ante psy,chologue dé­pi'.Yte .ce .qui ·cloche et en com.prend .la si.gnifi'cation. Pal' là nlème e]]e peut y remédier.

Sur un plan plus ' étendu, c'est par ce ,phéno:mène du trans­fert, ou de la répétition inconsdente, que ·~'·expliquent toutes sortes de conduites humaines, -quj au premier albof'd et vues de :l'extérieur, demeureraient incom.préhensihles. Singulière.InenL c'est lui qui nous édlailJ.'e S'UT les [premières ré3iotions de l'enfa.nt. il l'égal~d de l'in.stitutri~e.

,Ces con'.YidératioHs nous ont ·a'luenées ,à ,considérer ' le rôle de ,l'ins-titutdce sous un angle particülier: J'aoceptatioll d'une suc:cessiülfli. SUlOcédeT à ;la iIuère, être ,celle sur qui l'enfant déplla·ce sans le savoir la tendresse ou .la rancune, .J'avidité ou les exigen­ees nées ·d'une -enfance heureu'.Ye ou frustrée, représente,r poUr ~hacuill une ' image différente, jouer tous Ices rôles il .la .fois et .simultanéIJ:Il'ent remplir .,Son programme et meubler toutes ce;;.; petites .cervelles .~'es-t :pas ·chose aisée.

c.'e-yt po Ulrquoi nous parlerons aujourd'hui de quelque:s­lliles des dit:fÎtcultés perspnneUes que !'insütu'brice rencontre en elle-lTIême, dans s'On effort d'ad~,ptation aux enfants dontel:le il

la ·oharge. Nous di'vis·erons ces difficultés en deux ·catégorie!:;, celles

qui l"elèvent de !problème.'Y affectifs inconscients et ·celles qui l'l'­

lèvent de !prohlènles affectif.s ;conscients. Voyons en premier lieu, en quoi l'effectivité illconsciente

de .l'illlstitutrice peut .gêner Ison activité et s'opposer à ,ses efforts conscients san.s qu'elle se rende compte elle-'luême où est l'obsta­cle. J'emprunterai mes exemp.le~ soit aux observations que j'ai pli j aire ctirecten1·ent auprès d'institutrkes :qui 'me ·s1gna.laient des enfants dif:fidiles et ·avec qui, par la suite, Je collaborais, .soit il ~Ies 'PsY'c:hana~]yses -d'institutrÎtCes .ou .m·nîtres·ses -d'écoles fni.vôe;;).

- 195-

Car si je vous ai Ipa'l~lé dans ma première cau'ieJ.'ie du. pas~:é de l'enfant 'qui arrive à l'école -et de 'l'il1lfluence de ce passé s'4l' sa .m·anière d'·mre ·et de réagiT, il ne faut 'pas s'üna'giner q~e nous, Jes grandes per.sonnes, les adultes .'.Yoi-disant évo,Iués q1.\.e nous 'SOllnlnes, ne .portons ;pas en nous 'toutes SOl'tes d'e,m,prein­tes .de notre passé! Le ' ·caractère des premières affections" le mod.e .des relations fanüliales, lai'ssent leur ·empreinte sur -tout être humain. Les conflits de l'enfance, reproches Inal digéliés, regrets, jalousies, sentim<ents a,gressHs mal liquidés, alnbitioll's demeurées insatiSlf.aites, demeuTent souvent à l'état latent, n'at­tendant que .l'oocasion de ressurgir, plus ou llloins habile.m-ent dégui~és, dans le présent .

Prenons un exempl·e concret. Une femme professeur dans une école priv.ée où .son eIlls·eigne.ruent est du reste f.ort appré.cié, me Tacon1e dans s'On analy,s-e ·que sa grande difficultés, 'rési~de dan~ le ,contalct avec ,les enfants du fait qu'elle ne peut rétprilmer ses antipathies et ·sym,pathies. Jusqu'ici, :seln:b.le-t-il, rien que de très naturel 'car nous ne pOUivons ni Iles uns ni Iles autres « ao~ro­cher » ,de .la ,même ,manière avec 'tous ~les ,genr.e'.Y d'individus. ;\iai,s .à y Tegavd·er de .plus ,près, on s'aperçoit vite que Mlle .0-, est vrai-ment don1.inée par ses s·entillnel1.ts Ipositifs et négatifs à l'écrard de .ses élèvery et qu'elle dé:pense u:ne ·énergie Iconsidérable

o . d 'D' à ,les nlasquer, ceci du reste avec plus ou :ITIOlUS e suoces. au-lTe 'paTt on .se rend 'c'Omipte ,que syrmpathies et antipathies vont à des types 'très définis. EUe s'.atta1ide à me paTIer avec at­tendrissement de teUe ou teUe fiUet.te rêveus-e, sensi1ble, tO'ujO'UTS dans la lune, in:ca,palhle de se conoentrer sur un travail, Imais qui tout à 'coup sort un m.ot .charma~~ de .f~ne ohservatiOl~ ,I?~y~ chol(!)'gique, ou une phrase de .composItIOn denotant sa s·enSl'bl.hte ~l la nature. EUe AI/ME cette enfant me dit-elle. Il serait .plus juste de dire qu'dIe aime 'c-eUe-ICÎ et toutes Icelles qui lui res­semblent. Par ICo.ntre, ell·e ne peut SUip,pO'l'ter telle autlre, une O'rande Jil'le g.entille du resrte,elle Je roconriaît, et ,qui ua vaille fÛlli 'bien, :mais 'qui est vive, .décidée, ,assez ,autoritaire et trèlY bien habit1ée. Quand les €nlfants 1sont au vestiailJ.'e et s'habH­lent pour partir, eLLe ·est chaque JOUI" 3igacée -du .geste · avec le­quel cet'te .petite drape SDn écharpe autour de son .cou et ,~~ la façon dont el'le se ,camJbre daI1s son .manteau. Conna15sant deJa un .p·eu l'histoir·e de Im'On an alys'ée , je lui -deluande: « Au fond, dites-Iuoi, à .quoi :1a manière de faire de ,cette élève vous fait-eUe 'p.ens-er? Silence. Pui's tout à 'cÛ'lljp: « ·Mai,s ,c'·est Ula ,mère, ma mère toute ·cra,chée ! Cette lll'anière de vous faire ,g·entir qu'elle est beHe, .qu'elle Ile sait, 'qu'il n'y ·a qu'elle à qui les .cho"Yes vont bien. A moi, Tien n'aUait ja,nlais, JllOn manteau 1uaI enfilé, mDn ,fou­lard en Hcelle. J'étais mal fagotée quoi! Et j'en ai entendu des remal~que.s, In'lais ça lm' était Ibien égal. Moi je mettais de ,la va­leur à autre chose ».

Page 8: L'Ecole primaire, 31 décembre 1953

- 196-

'C'e'st 'en ,quoi i\Ule X ·se tronlJpe. Ça ne lui était pas égal du tout et ~naintenant qu 'elle a'pproCihe .de :la 'cinquantaine, ça ne Jui est toujours pas égal. La petite lfille 'Inal fago·bée est devenue la femnle as,sez néglig~ée que je vois venir à ·s,es séances. EUe ne sait pas :se meUre en valew' ·et -eLle en sOlIIUre. L'ah' a'ssuré, la pe­tHe ,coquettel'ie f-éminine du 'reste sans ex'cès de sa petite élève réveille tout son 'COl11flit ancien ,et 'l'exas.père. Elle ,croit voir sa 111.ère .devant elle, 'cettemère toujoups bien mise, a'gr.éable à re­garder, très tfem/me, Inais heaucou.p :plll's épouse que ·mère. Devant ]' a:IUOUl' très eXJclusif et amüureux ,de ses deux -p-arents, mon analysée s'est toujoLUrs s,entLe seule, inCOl1l'prise, ex'Clue . Aus'Sj a-t-eHe tfui. EUe a fui dans le rêve, .dans La contel11lplation .de la nature, dans les plaisiTS< secr·ets -de son Ï1nagination artistique. EHe ne ,s'ash"eint à un h'avail sui'vi ,que (par ,amour des 'enfants et néc,eS'sité de 'galgner s,a vie, 'en ,fait ,elle est 'bohème et inada:ptée ù la vie 'CO'IIl<lll e la 'petite ,é'Iève qu'elle aime tant.

IC'est ainsi que .pOUl' des Taisons ,qui -l,e plus ,souvent lui ëch~p.pent, l'institutTÏ-ce veut réagir positivement ou négativ,emen-t à 'certains ty.pes d'enfants ,et lPar 'l,à même ne 'pas être apte Ù "ie '~O'IlllPorter olbj ectivement à leur ègaIld. Dans 'ces eas, c'est géné­ralelnent 'pair une identÏ!fï,cati-on incons~ciente que l'institutri.ce esl enfrav,ée dans ,son objectivité. Identifilcation de tel élève ù e ll e­m-ênle lorsqu'elle était enfant, identiHcation rà l'un ou -1 autre de ses parents, ou encO're ce cas est aSSez fréquent, identi.:l'katÎoll d'un ·é:lève à un fl'ère ou à une sœur ayant joué un rôle inrportant dans sa vie affective . . Ces ,pr();ces.;;us d 'identification ~11'cons'Ciente échappent très rfalCÎtlenlent à la :perspicacité intérieure de la ;plu­pa'rt des êtres dont l'attention n'a -pas été attirée sur 'e point et condi1i'onnent bien des. cml1.porterrnents irratio'nriels qui sont ju.s­tifiés alOl's par toutes sortes ,de ~'ais'Ons <-1 P'P m'·ent es . et s1l1H:'l'­fkielles qui m'ont rien à voir, en .fait, avec leur C311: 'E:' rée1le et

.protonde. ·Parfois ·c,·e.st s'ur le plan intellectuel , en fa'ce d'une ,capacitl\

ou !d'une incaIpa1dté partku:1iëre de l'élève que se crista.llis·e un crmtlit intéTi-eur la lent. Je pense au ,cas d'une instit. tri·c.e qu j c1uT.ant toute son enfance s'était vue écrup.sée dans t' estilI11e c,t t'affection de S011 'Père pa'r une SŒur aînée mieux douée qu:e llt> . Sur un seul ,point la eadette avait l'avantage: ]"or1hÛ'graphe, el ~'eules ses di,ctées pres'que sans faute lui valaient l'attention et les ,collnpliInents. ,patenlels. .Aussi ·cette jeune fille en était-elle venue à investiT l a question de l"ortho.graphe d'un e irnportancc considérable et exagé.rée. D'une part le progralll'me de travail &tait orienté trop exc1usi-velnent dans .cette djrection, d'autre part les réadioHs afifectives III l'égard ,des en.fants étaient condi­tionnée,s CQ.lume eUes l'ava.ient été 'POur S'on pèr~, paT plus o u 'lHoins .grande farcilité des enfants dans ce dmnaine. Sa nette prt. ­rt'; rence allait aux auteurs d·e .dictées .sans faute' quant aux au-

197

tres, ils pâ-tis9aient, sa,ns qu',elile en ·comprît la raison, de la ja­lousie, de la rancune qu'ene avait n{)urries pendant ,des années ù l'endroit de sa tSœur aînée.

Ici enCŒ'e nous :pouvons 'constater ,que ,ce s{)nt des mécani'Y­mes 'd'identification, qui Inènent le jeu. Identificati{)n cl 'e'llc­mène avec l,es, bons en orthognl;phe, ident-id:'kation de .sa sŒu r jalous'ée Uivec .les élèves -bi~ouillées aJvec la rgranî1lnaire, et enfin pt surtout, i'del1'tification d'elle-mêm·e à ,,·on ,père dans SOIl eXI­

gence sur -ce point. Dans d'autres Jcas, il y a non ipas i-dentifieation In,ü'; COI1l­

pens:ation. iL 'jns1tlltutrke s'·efforrrce alors ,d'oibten.ir des enfanls tel ou te'l résultat ·qu'el'le a elle-111,ême soulflfe-rt de ne pouvoÏ<l' a t­t-eindre lors'qu'eLle était en dass'e. Par 'Je trlliob elnent .des élèves, c'est .pour elle une .sorte d-e répal'ation dn passé. Je lPense p'U exmnple Ù une 111.aÎtl'eSse Inénagère qui 's vit appeler un jour nhez son di~'ecteur qui lui dit le :J.l1écontente1111ent de:::; paren ts de ,ce qu'-elle encourageait tro.p vivemen t ses ·élèves ù -la lecture . En faH ,l'analyse avait déjà révélé qu e te s- leçO'lù pratiC[lle.~· 6vpil­laient 'b eau,coulP n1.oins son enthousia's:rne 'que les .leçons ·dl' fran­~1ais. Dans ·ceHes-·ci l'initiation a ux bea utés littéraires avait an t· large ,place et les élèves les Ilni-eux c1ouée~ /bénéfi-ciaient d ·' n0111 -

bTeux -prêts de livres. Inuti.le d'ajouter ,que les élevcs sensihles. {Jans ,ce dOilnaine, étaient au.ssi ses préf'érée.;; . Or, l'his'boire psy­cholo.gique de ,cette jeune fille 'révélait deux fai1s intéressants: t'un ét ait le cara,ctère exi,geant de sa lIuère ,pou~' tout ce (fui tou­chait à la tenue -du ,nlénage, 'l'au1re était l ~HnOur précoce rie ,cette jeune Ifille pour la l ectur,e, 'goûtqU1 Hlvait été absolumen t contrecarré par les parents. Chose .surpren ante ù première vii " mc:i~ qui n ;.es't pas pour ,étonner le rpsy,chologue, cette jeun e .fille, en entrant dans la carriè.re de inaîtres-se ménagère n'avait n ul­l·ement fai t un ']i)we choix, mais a'vait continué à aigk en fille nbéiss·ante 'qui suit lIa voie 111.atel11elle alors que dans son for in­térieur, 'elle s'insurgeait 'contre :les besognes du m énage tOtl t autant que 1 o r..;;;q u' elle ·était enttant. ,Cette révolte, ~Oluce daos le passé. de tant de gronderies et de cOBlflHs, était encore chargé L' de tant d 'affect que -son jl1lconsdent n 'avait pu rnieux Jaire que de r eoréer une ,situation semb:lrubI,e à ,celle ,de son enfance dan,;; la,que:lle elle pût, pal' .le truchement de ses élèves, donner lihre cours à c-ette révolte en les incitant à négliger leur 'Pro.grall1n~(; m.énager au ,profit de la leoture. Notre instituu'j1ce étaH, bi-en entendu, totaLement inconsdeni-e de 'Son but profond, et vis -à -vis de 's.on ,diTeoteur eUe défendit sa manière -de faire en toute bonne toi. Mais :peu ·à peu la franchise profonde du travail ana lytique !"am'en a à découvrir qu'eUe ne poul's·uivait pas COn1.nle He le ~royait 'l'int-él'êt ,des élèves, 'mais bien son vro,pre but de r e­van'Ohe.

Idell1tirfi.cation ou c0il11a)el1'sa1ion ·s·e l1l-mlÎlfestent 3us"i-i de la peut de l'ins1itutrice en face de ,certains traits de car~1ctère,

Page 9: L'Ecole primaire, 31 décembre 1953

198 -

de certains défauts ou de qualités ,morales .p,ali~ticu1ières de ses élèves. :' ,' Telle ' in~titutri.ce, généra] emen t con:cpl'éhensi'Ve enver;, le."i enfants, est profondém.entirritée et sort de ses ,gonds devant le m'Oindre iIl1el1'Songe. Son sens .pédago.gi,que l'abandonne alors. Toute entorse 'à la vérité, qu '-elle s'Oit ,gra1ve ou de ,m-oill'dre ilnpor·· tan.ce, qu'elle ~oit motivée par la l'lISe ou :pair :la .peur, est jugée df' la m·êl11e Inanière, irnpitoyaiblelnent. Je 'eO'n~tate rapidement ·que ,cette dasse vit avee ,l'idée pres'que obsédante du ,mensonge et cet état de ·chose produit lUl. résultat paradoxal: les enfants m.en­lent plus que partout ailleurs. Quelques entretiens avec l'institu­trice me lpelmettent de sai~-ir supelifi.ciellelnent son problème. El('vée dans Je ,cul1:·e de sa mère, décédée alors qu'etle était toul (!nÏant, ·cette j-eune fille -s'est fréqueluilnent entendu diTe que sa mère aVl:lÎt hor:l'eur ,du m,ensonge. S'identHia'l1t à l'iInage de cettt-' 11.1èr,e ,dont l'ahs'ence s'étaÎtt fait douloureusement sentir, eHe avait fait sienne l'horr·euT du ·m.ensoThge, donnant ù cette ré~ pnlsion le caraotèr,e ma~'sif et absolu que revêtent toujou'rs les processus psychologiques dont les motifs profonds échappent 'ml, ,contrôle du moi.

On pourrait luultiplier les -exemples; sans doute vous en vient.-il ù l'esprit. Ceux ·que je vien50 de vous -CÎ;ter vous ont in­·(hqné quelques-uns des domaines où l'a.ffectivité incons'ciente -de l'institutrice peut inteDférer avec son idéal pédagogique cons­dent et meHre ·celui-ci en échec. Le contre-tr,ansfert emprunte deux -voies 'Principales: l'une qui Telie les eu·fants · à la petite .fille qu',a été l'institutrice, l'autre qui relie la ~ituation cl'o.uto-rité -dans .laquel~le se trouve l'institutrÏ'ce, et son rô.le ,pédago.giqye, ~1 llne autre situation d'autorité et à un autre rôle pédagogIque: celui de ses Iparent.s. C'est en enlpruntant ,ces deux filière·s que les ~.f.fects pl'ofo11'd'1 s'-enchevêtrent, ,conlfondant les pers-onnnages et les rôles. répétant le passé ou s'y opposant (,ce qui n'eS1 qu'une façon camouflée d'en rester .l'esdave), m ,élant des sentiments . et des désü'<; infantiles à des amlbitions et des attHudes d'adulte.

HARMONIUMS PIANOS RADIOS

Vente ~ Réparations

Location ~~&f~ Révisions

.\. ___ E.c.h.an.g.e ____ .a· __ • · __ - HM __ .. _____ &.c_I~_o __ t.é.I._(O.2_7.).2 • .1.0·16.3~ '- SION

Problèmes scolaires ( Suite)

Les pionniers des centres d'intérêt DecroIN .. Ferriere ... Freinet, etc.

Une mét!hode -d'ellse~gnement, CO!lll!ll1e une décou.velie dans le dOluaine scientifique, ne naît pas spontanénlent dans -le i('erveau d'un penseur génial 'qui l'applique, et l'impos-e -d~l.S ~e 1110nde

entier. Depuis la ·naissance de l'idée jusqu'là s.a réahsahon SUT le plan ploatique, H y a un ,c;henrin ,parfois bi'en long sur Ilequel ont peiné de n onlibreux 'chel1cheurs.

11 en est de mêm.e de la 'métlho,de d€s ,centres -d'intérêt. Ce­pendant, il ne Sierait ,pas jus-te de méconnaître le ·mérite: cel-tain de Decro.l y.

·Le Dr Decroly est né en Bel,g-Ï'qlle où il a 'créé la ;m~aisoll ~e l'ErmMage universellen1(~nt 'connue. C'est 'llà qu'ont été expél'1-mentées et app1Îiquées intégralement, ses méthodes.

Les eflforts Ipatients et persévérants du ps-ychologue helg,e Ol!t l)()rté sur ,les enlfants déficients. Ce n'est ,qu'après 'ces es'S~.IS concluants qu'il a iPens-é que les pro.cédés utilisés avec ces. djs­graciés du .",ort pou:v-aient s'appliquer égalleInent aux en.fants nomnaux.

M.alheureusement, 'le Dr Decroly n'l:l rien écrit: Ic'est dont'. :par ses dis:ciJples-, M11e Hamaïde, sa 'co:Ualboratrice la 'PLus directe, 'MUe f'ilayol et F.r. de Moor que sa méthode. nous ,e~t parvenue; D"ai~leU'r.s- la renO'lllinée de l'E'cole de l'Errrutage n a -pas tarde à franchir les liilllites de la BeLgique ,et ,c'est de toutes les padies du .monide ·que Iles visiteUTs sont venus s'initier aux méthodes du ·J1'laître. ,Mgr Dévaud ,qui a écrit de reInarqua'hles articles pour vuL­n'ari'seT la ·méthod·e des centr-es .d'intérêt, parle en termes élo­:jeux de ces nouveaux procédés d'.enseigneIuent: H fOrlnul p

~ne seule réserve: « Faisons, dit-il, du Decroly clhrétien ».

Enthousiasm'é par les tr,avaux ·du Dr Binet, dont .les testJ sont aujourd'hui dé,pass-és, lnais qui fut fun des pTemiers, en Europe du moins, à dem'ander le l'emplace.ment des -exam'ens de pur savoir, teLs qu'on les pratique ·encore ulalheureuselnent dans ]a pllupart des étalbliss.enlents d'instr~ction, par d:-s. eXl:l­mens d'jntelli'g-ence basés sur des tests .logl'quemell.t ex.pel?men­tés et étalonnés. Decroly annexa à son école un labonltOIre dt' pédagogie expéri.mentale.

Page 10: L'Ecole primaire, 31 décembre 1953

- 200

Fra'P,pé de 1 incO'héren:ce de~ 'programmes, dont les matière') ne ipDésentent aucun lien entre eUes et :parce ,qu'eUes !;ont dispa­rates n'offrent autcun intérêt ,pour les élèves, Decrolv leur ~~llh'i-titue les -centres d'intérêt. - .

( Les prolgrammes, dit-il av·cc pertinence, ont été conçu ~ morceau par ·lUOl'Ceau en tenant 'com,pte des nécess ités plus ou moins légiti.mes, 1llai~ ,d'ordre essentielleul·ent hétérogène' -c'est une construction -qui n'a -pas ét.é élevée .selon un lplan unique et profond, Inais pièoe paT pièce, .pal' des a'l'ohitecte.s différents, ins­virés -de principes et ,de buts 'Souvent di·ve11gents et qui manquent en tous. 'ca~ de ,coordination » .

-C'est hien juste, et Yon ·sait 'que, dans les ,collège.s, la 'Prin­dpnle préoocUlpation des prOlfes'seurs ·c'est d'accorder ù la bran­che qu'ils ensei,gnemt .le plus de tClllpS pos')-ible. A -cause de 'cela les élèves 'sont .SOUlVent surchargés de devoirs, et les tâches il dDmicile deviennent un véritable suppl ice, sans Ipro'fit aucun. cal' l'intérêt n 'y -est Ipas.

Nous l'avons déjà dit d 'autre part, l' ensei,gnement tel que le ·conçoi'vent le~ -p·rogral11ilUeS et te,} qu'on l'a'plplique, est co'pl.plè­tmnent en dehors de :la vie.

, oyons un horaire: Au début de la journée, après la religion leçon de calcul oral: 20 nlinute"Y; 'Puis gr({mmaire 30 minute:~: ("o.leul éeri.t : 40 luinutes; ensu ite dictée: 30 Ininut.os; puis lectui'() 20 m:inutes, etc. Toutes ces discip.line·, cœUlne on le sai t, sont èllseiŒl1.ées isolément, .pour elles-,mènes, 'fans lien avec les autres. On avouer-a que ·ce n'est' pas très 10g1que et surtout pas fait 'pour intéresser les el1lfanis . « Or, dit Herbart, qui se· rencontre en celf\ Hvec tous ·lec; partis-ans ·de l'é-cüle 'fonctionnelle, ['intérêt est le fon­denlent de l'éducation et la 'condition ess·entielle pour que l'ins·· truction sOlit féconde ». Dewey s'eXJp rÏlne dans le même sens .

Decro:ly a compris que si toutes les .dis1cipline::; se tcnai en t liées entre -enes par une idée pivot,. fe,llseignCiInent serait plu.s ;près de la vie et Ipr-ocuTeT-ait aux élèves U!11 .enri.chissC'ln-ent, une cu'ltu ·f>.,

une [onnatio'l1 -générale qui ne -serait pas à dédaigner. . Nous voyün.s .donc où veut en venir le génial pédagogue bel-

ge : les prog.rammes au .lieu td'êtr-e com:pos'és d'une colledion de notions jugées .par l'-adulte indislPensables· à l'adulte seront COllll­posés -d'une collection d'objets dont les 'connaissances étant util es à l'enfant éveillelxmt son intérêt, feront spontanément naître sa curio.s-ité et provoqueTont son activité .

Ainsi, 1esdiverses -disciplines des ,prograllllll11eS ne seront ,plus étudiées par eUes-.mê:llleS, ,cOimme ayant une fin en soi, mais 'POUT la pleine Iconnais-sance de l'idée pivot examinée.

Quand 'lill üentre d'intérêt .a été exploité à fond, l'élève :pos­sède idaills :S,OI11 1c1~s,seul' une labonda:nl-e ,do.cUJJ.ne!Iltailion qu'il -consultera avec ,plaisir. Il relira les notes prises, lParce qu'il s'est

2,01 -

intéressé ~t ce travail' -sans s'en rellidre compte ,il répète' 'COl).::;­

tamtllwnt la .matière, de la .s'Ürte les connaissances: 'aussi bien cel­les qui sont purem-ent t'onnelles que les autres, se' fixeront mieux 1 hms sa mémoire.

Decro,}y garde .les pie.ds sur lIa terre. H ne Tenonce pè-1S Ù un pl'ogr311llme tracé à l'avance ,comme voudTait le faire Ferrière. f,l s-e fixe un plan bien déJfini, dans 'lequel il ense.rre toute la mu­~ière, .se conformant ainsi a'ux pr-ogramJmes of.ficiels.

« Il e.st -possible, dit-il, de tracer .un plan des sujets qui .. l'ont traités. Donc un progranl'll1e peut, dis'Ons qu'i,J dQN êtrf' esquissé dans ses grandes lignes pour ohtenir un rendement op­timunl et pour ne :pa':Y ga.spil.ler .le temps en pure perie».

C'est la vo~x .du bon sens, nous semlble-t-il. NIais cette ma­nière ,de faire na lpas lieu de satislfair·e Freinet. Le novateur fran,· tais n'est pas da'vanta'ge d'accOI'd a'vec DecroJ.y sur le ,processu,i :'l suivre dans l'étude d'un centre d'intérêt. On sait que Decrolv .;· I/it les éta-pes suivantes : olbservation .association exnression ' , "........

Observation: observation à l'intérieur de la elas-se, des ob­j \~ts que !es enfants apportent; observation à l'extérieur: le jar- , (bn scolaIre, les promenades et les excursions.

Association: En partant de ces observations on atteint une c.onnctÎs-sance ,dans le temps et dans l'espace. A 'propos de ce que ft n Q!bserve, on ê:1tPlPrend ce ,qui s'est fait autred'ois; et ce qu( se r:1 it a'Ctucl'lem,ent dans les diff.érents pays. La géo:gra:phie répond. ,1 la ques-tion ,où et .l'histoire ïépo·nd à la question quand?

Expression: Et maintenant se greffent sur ,ces exercice"i (l'observation et d'association bien interpénétrés les exe rcices d' expl'es·sion que Decroly divise en deux parties: par la main d : la matière, 'c'~st l'expTession concrète; \par le mot et le symbole, c'est l'expression abstraite. Les ·exer.cices d'ex·pression co,mpren~ nent : Elocution, vQ!caJ:mlaire lecture dktée réda'ction recher-ehes, tra·vail libre, ci,c. " ,

. Freinet s'élève contre ce systèn1.e et demande que le centre' d intérêt paTte de la vie . II ne veut pas non plus de programme préétabli, ni de leçon d'observation .

« Les decrolyens· _pen.sent donc, dit-il, que ' tout centre d 'inté­l:êt doit début~r par cette ohservation minutieuse d'objets 011 de t ails .SUT l.es'quels s'exevceront ens-uite l'association et l"ex·pression. Je ne suis- d 'a'C'cord ni sur l'utilité de cette observation, ni sur le déroulement de observation, associatioI1, expression. J.e ne suis pDS ,d'accord avec cette pratique decrolyenne de l'observation par­'c que, encore une fois, elle part de prindpes slcolastiques.

Cette obseTvation sicolastique qui n'a pas pénétré le champ de l'intérêt fonctionnel n'anpoTte que des notions écrites sur le sa­ble et que ,brouilLera le premier vent du large; d'-ailleurs ce ne ~ont ,pas tant les notions a,cquises qui lComptent, 'mais .1'habitude

Page 11: L'Ecole primaire, 31 décembre 1953

- 202 -'

de l'observation; or, l'ob.sel'vation telle que 'la conçoivent les decroJyens estanorD1.ale et tDurne à la « maniaquerie». I.1 y a unt'" ~tUtre 'fol"l1l.e vivante .d'observation et c'est ,celle ,que nous culti ­vüIlS.

Au lieu 'de laiss,eJ.· 'les OIbjets dans la Ipéno.mbre de l'indirffé ­r-ence et de odüe aux enfants: Regardez-les' soignéuseIllent et ,1011 ,

gue ment, prenez Vo.s loupes et vos lanternes et notez pour que vous 'connaissiez 'cet objet, nous plaçons l'objet en question en plein jour, illuminé par notre soleil, et ,ces 'détails que vous vous 'fatiguiez à noter, ils so.nt l,à ,qui 'S'h11pa.sent; vous n 'avez .plus qu'h Tegard'e.r, ,qu'à to'ucher, ,qu'à éprouver.

ILe jour où un ode nos élèves nous aplparte un faucon qu'nl1 chas-s'eur vient d'abattre, nous n'avons pas. besoin de 'leçon d'ob­servation : tous les enfants veulent VOiT et toucheT. Que1ques Inot ' sUDfisent pour que sous ,ce bel 'é.clairage de l'acti'vité ,fonctionnelle eL de Ja vie alPparais:sent tOU5 les éléments iqui luéritaient d'être examinés.

Nous ne faisons pas .de leçon d 'observ.ation, Inais nous atten­dons que la vie, SDUS le,s fonnes 'complexes que nous- avons sus­citées" allnène au 'gr.and JOUT et au soleil les éléments que les en­fants veulent :connaître; leurs questions et les nôtres- aussi, et le .') répons'es Ique nous pourrons 'coBectivernent et teC'~niquement lem' a,ppOlier, ,suffisent à la connaissance.

Decroly e.st palii de l'éducation .des anOlmaux et.il a ·peut­être axé exagéréIl1!ent et dangereusement ·son éducation 'sur le­cOllllportement et le rythme des anQlimaux ...

Les décrÜ'lyens s 'obstinent ,paIifois à dire aux enfants: Veux­tu TeJgalrder l

'CDnlme si on disait à .r~ppareil ,photograJphique: Veux.­lu prévoir le ,temps' de pos·e ? ... Quand l'être à soif, ·il ,suffit df" lui ,présenter .J'eau dlaire ,pour qu'il Do.ive à satiété.

Decroly dit: « Den1.ain nous allons faire de l'ohselwation ."iur t.el et tel sujet ». C'est ·ce que n'Ous 'critiquons, ·car al'Ors au lieu de palrtir de la vie, 'Decroly pali de J'olhsel~vation.

Les: enifants' entrent Ichez nous. Hs' y apportent 'la Vie. Cetie 'vie se nl,anitfeste de ,cent façons: Les ·enfants 'content une histoire, ils· lisent un texte intéressant; un autre jour ils. arri'veront les pO'ches pleines d'es'car,gots. Nous ne partons pas systématiquement de ces observations, nous. pa~rt01~,s. ·de la vie d t'" l'enfant. Nous IcÜ'ncevons 'le rôle de l'observation exactenlent comme Decroly, seulement, 110'l1S entendons ' que cette observa­tjon soit susrcitée ,par la vie. »

Cm.n:me o.n le v.oit, la différence est fondalnentale , ,pour 'l'ex· ploitati'On d'un centTe d'intérêt, entre les procédés Freinet et le· ,'ystème Decroly . Cela pr,Qlvient du fait que Freinet part tou­jours de la vie ; son système n'est donc .pa.s s'cOila stique; il n '8

- 203-

vas tIn vroglf.àlume détern1Ï-né ; il ne ~ait pas la' veille ce qui seTa 'traité ,en class·e le .lendemain , Ce ,sont les enfants qui, 'Je im.atin mêlue, :foul~nÎ3sent le .sujet ·que l'on exploitera ensuite. L'en­'.üignem,ent 'Vient du. dedans, de l'enfant, tandis ·que Decro.ly im'~

.pose la .matière à traiter. Il étahlit un plan au début de l'année .et en. suit 'les grandes. li.gnes. Son système est d'Onc moins fonc­tionnel que ,celui de Freinet.

Pour lequel allon.s-nous opter'? Ni pour .l'un, ni pour l'au­l n ,. 1113.is pOUl' une 'solution mixte que nous expliquerons .plu:, l'Oin.

Fel'1'ière par 'contre se rapproche -davanta,g'e de Freinet puis­,qu 'il ne dHemmine pas au .début de l'année la .lnatière qu'il va !raiter avec ses élèves ,et qu'il fait une :part très grande à la 'pontanéité 'créatrice de ses élèves.

Voyons qui est cet éducat-eur dont le l'enOlU s 'est étendu d ans toutes les ,parties du monde.

FeB~ière est un ' psychologue reInal'quable, u'l1écrivain pédagogique dont les publications font encore autoll'ité ; lnais ce fut .aus'si un excellent pratÎ'cien qui a expérimenté ses ,pfin-d pes péda.gogiques-. ,

De 1920 à 1921 i11 dirigea l'Ecole nOUNe.lle de Bex où il ,put ·a,ppJi.quer 'à peu près 'comme il l'entendait les principes de l'école active, laiss·ant le ·chaulop libre III toutes les activités spontanée~ de .s,es élèves .dans la luesure évidemment où ces adivités étaaieni ~our11'ées vers ,l'esprit de V1érité, de jusüce et de beauté . .

,Cette éco[e iPri'vée recevait ,des enfants de fa.milles riches, des fillettes de 10 à 15 ans, caplrideu5-es et gâtées pour la .plu­part, disposées, on le ,conçoit, à échapper à Ulll ordre venu du dehors et incapables de 'se soum'eth~e ,à un effort lJenu du dedans. Com,ment, avec de tels éléments, appliquer .les méthodes fon.c­t ionnelles qui font aplpel ;à lIa sipontanéité des élèves , à une dis · .cipline librement consentie ?

. {Ferrière prO'cède conl'me S'on ami ne:cro'ly : Recherche des ,dod l1nents, classification de ces dO'ouments dans un cahier '<;/(' lIie. Division .du travail: observation, aSSociation, expression.' .

Le nlaÎtre n'·hnpose jamais rien à priori, ni pro,gralll'me, ni méthode, ni horaire. Il sU;g1gère, ,questionne, et SlV·tOUt laisse

:troUJver. Il s'abstient d'indi,quer 'COl11!lne 'recherche.'Y à poursuivlfe ,cc 'que les élèves n'indiquent pas elles-mêmes, jugeant ' que' cela sortirait du oercle de leur intérêt, dépasserait leur portée et ne répondrait donc pas à un besoin et par ,c.onséquent ne susciterait pas un effort librement 3'Clcepté.

Sa méthode es-t donc. moins s'colasüqlle ·que celle de De­·(,foIy.

Fenrière :profite de toutes les tCÎr,consta.n:ces pour visiter des fabdlques, des atelieTs, <de.s ,curiosÏtré naturelles. Les ques.tions d e,s élèves, après ,cela 'constituent la leçon elle-mêrne.

Page 12: L'Ecole primaire, 31 décembre 1953

- 204

C'est ainsi qu'il C0l1111llenCe sa cla~se, en 192.0, s'an.':; avoir l'ai!!' de Tien par une 'Visite .près de Bex, de ,gr,oUes préhistorique". Cela, on le conçoit, donnera lieu à une foule de questions qu'­poseront -ces. petites nUes ,curieuses dont 1'1ma,gin.ation 'dan: ces soutenrains faiblel1lerit ·éclairés l)ar une topche, s'est lClonn{' libre 'cours .

Le maître inchque des SOUI'ce.s où 111 s·era possible de se do­cumenter; les éJèves., ·chez qui ['intérêt a été nlÎs en éveil, .fe­ront des 'l'eche.r,ches et arprpnrteront le résultat ,de leurs trOllv:ülle.'i. de leurs efforts.

Dès l'Ors, en da:sse, ,ces petites étaient Iprête.set dispos-ées :'t étudier 1es besoins de J'hŒnme selon le Iplan Decroly; ::tuais il faut bien remarquer que ['intérêt- suscité par la visite de la cavelîlC les aanenées à sollidter eUes-mêmes 'cette attitude JpaT les ques­tions rqu'eRes ont posées ,de façon ,continue. C"e~t donc ibien fonc­tionnel ,co:nlm·e on :Ie v,oit. D'autant plus qu'il n'est :pas questiolTh pou.r 1'ins1ant de 'PTog,raullme élabo'ré et imposé du ·dehors. Pourtant ,cela viel1'dra, Ilna~s demandé du dedans, c'est-à-dire par les enfants. En -efifet les élèves fOTiD.1Ulèrent bientôt un dé­sir d'oTdre, ·afin de savoir où l'on aLlait. Elles-luêlnesorolliVèrenL som-me toute, en Iparrtant de Il'explor.ation de la caverne de Bex. les grandes divj~ion.s Îlnpos-ée.s par Decroly. A'linlentatioll , ch<t­leur et éclaira-ge, défense contre les anhll1aUX, ,contre les ennemis.

Par 'contre, un eSls·ai d hO'raire demandé par }.es paT-el~t .. fut bientôt abandonné à .la -satisfaction de tOUIS. Ainsi Ferrière re~ta conséquent avec lui-ulIême .puis·qu 'il èorivit:

« Quand un maître m'oit apipliquer la méthode Decru.ly. mais sairt à l',avance ,qu'à teJrle heure il traitera -coûte ·que coûL tel sujet et fera telle .leçon avec ses élèves, Leçon ni suggérk: par lui, ni ac:cueia.Jie par eLL'{ avec joie, moins encore Idem .. ancl,ée par ·eux ,cO:l11IDe une rép.onse ,à "Lill bes-oin, l'action de ce maître 11 est pas conforme à la psycholo.gie ,génétique, donc ft l'écol e:­active.

M'on IPlrincipe a été et l',este : Ipas de division du trav' il 0]'­g::,nisée et imposée du dehors ) llloaiS division du t'l'avaÏl naÎ':' sant organiquenlent du dedans et ·en fonction de·s activité",· vou­lues coJlectivemenrt ».

On con-rppend, en lisan.t cela, qne Freinet vou e un cuUe ~l F·errière et le -considère, sous Icertai'l1s J'a;p:pol'ts, com:me son maî­tre vénéré.

Par -ce que n'ÜUiS venons d'exposer on a pu cOlllp'r endTe l'e~ ­prit de Ja méthode Decroly. Nous aHon"'· bien montrer mai.nt !..' ­nant d'·arprès quels princ1pes le travail est organisé. Les plan s que ,publie son di"'lci'Ple Fred. d e 'Moor .dans le .livre ' « L'écol p­active 'palr la méthode -Decr'Üly » préJsentent l'enseignement ,HI

co:mplet avec IraUa,chement aux 1)ro'gr3JmI111es officiels.

- 205-

On sait que Decroly bas-e toùte 's,a nléthode .sur .l~s quat~'e "rands besoins vitaux de l'hollRule : besoin de se nourrIr, besoln de se protéger Icontre les intempérie..s, besoin de se. défendre 'CO~l-1're les ennemi's; besoin de travailler; -de Moor y laJoute ~ ,e lbes·om .de se reposeT ·et de se récréer.

ICertains i',epr'Üchent à Dec·roly de donner un enselgneL11~nt pllrelnent m.atéda:liste. L'hOtmnle, disent-ils, éprouve .des beSOInS aull~es ·que .l'anünaI, ·des beso·i.ns i'lltetlleCJtue'1s et mOTa~x. en parti:cul:ier. C'est Virai, mais il est fa,dI,e ,de haigner de .sp]r!~u; l ehrloun des quatre g'rands ,centres exploités p~' Decroly. IL ,l.~e: de Dieu n 'est-eUe palS présente dans le premIer beSOIn de'Ja'? car qui donc a Inüs à la .disposition de J'homme ,les plantps, le') fl11imaux et les minéroux fJl.1i lui sont indispensables. ?

(A suivre) Cl . 'Bérard .

Faut-il inventer ou recevoir les connaissances 1 Une CO!ll1'nlÎs,sion "1'o·ccupe d un manuel scolai·re.

Autoul' de la longue table sont :.lS~.is sept hOnl1Ue3, le pré. Ï ­dent au petit bout pour mieux Sl1iVT,e 'le.s .réa'ctions de ch~~lIe ph ' ­sionom.ie. On discute, propose ,et fait des .conhe-proposItIOlls d e­puis trois helue.s bien ':ionnées . De temps :'l ~l1tr-e, tels \ ollclraient .s uppT1n'loer des text·es que les élèves, ù.· lelll' aVIS, yeuven.L C~lllpo~·t'r t~ lL · -.nlêmes. D'autres -seraient heureux cie VOll~ ex:pnmecs bi en c1aiT'eUlent des Iojs ou règles 'que les j.eunes espl.'its auront bi en üe la peine à forulltler.

Nous SOln m·es ici en face de deux attitudes cUelactiql1es : les Ilns p'ensent qu'il suffit -de guider l' activité intelleduellt' des en­fants qui devront inventer eux-·mêm,es le savoir; les autre,;, sans luèconnaltTe la valeur de l'activité p er.sonnelle des élève~ n'ou­})]jent pas que l'esprit novi'Ce ,a h es'oin d 'être aidé efficacem,ent .

C'est une ch'-m'c·e eNcellellte, me sembloe-l-il que des hommes d e tem.péra·merüs p lus ou moins opposés se rencontTent pOli r st' com.pléter heure us·enl ent .

Ici nous insisterons sur 1 aspect de la fonction didactique qui souligne la cOIl!tribution ,personnelle des élèves :\ l œuvre d.c 1eur fOI1ln atlon. Tous les nlaîkes .. ont d'31ocord 'qne notr,e enS(' I­gnem.~nt nE' peut jan'iais consister à transvas'eT :les connai ' ~3nces dans Je Cel'VeclU d' auh'lli , que nous ne formon..,.. pas 'les Jeune:) r."prits qui subiraient mécanlque'ITI-ent une empreinte étrangère. Chàcun de nous est persuadé que l'enfant

se fOl'l1l ,e, Se développe, se pel'fedionne.

Page 13: L'Ecole primaire, 31 décembre 1953

2.06 -

Il le f,ait d'autant plus 'liJbreul.ent et :p.1us ,personnellement qu'il es-l :aTrivé à un âge psydl010gique plus avancé.

L'a,ctivité personnelle doit êh~e .amorcée dès le poiüt de dé­pt'.rt de la leçon. Il faut partiT de faits, de donnés 'Concrets four­lïis par. l'observation, l'expéTienee, 'la TIlémoire Ol1 l'imagination . l\ous .montrons des S'cènes, fai30ns des expériences, -rappelons ce que l,es -élèves ont -eu l'oc-cU'sion de voir et de r-egal~der, d'entendre et d"éco-utel'. Si oette intuition s,ensorieLle ne peuft pas- être réalisée,

,nous décrirvo;l1,s 'l'objet de l.a leçon -ou 110US r.acontons les d'aits qui intéressent l'ensei,gneluent du ,mO'ment. Quel1ques exemples il-

• 1 Llstreront cette ,exigence importante de la didacHque. 'Voici Noël avec ses mystère", si consolants. Il faut dépouil­

l-er la naÏ:ssanoe du SauveuT des fioritures des .légendes, écarter aussi la végétation luxuriante ,des superf.étatim.ts Inondainel;)' pou']' qLl~ les -enf·ants voient Te divin Enfant dans la pauvTetédoe l'étable entre la Vie1'ge si n10deste et saint Joseph, l'artisan. Les texte-; ."évangélique.s .fournÏ'ss-ent tous les élèments du récit authentique . que des détails apogryphf':<.; ne pquvent que déform,er. Dans le.s leçons de religioI1 en ,général, les- faits bibliques sont la base pro­\'identieUe de c.e que oies enfanlts doivent croire et pratiquer. Les -autres moyens de la méthodolÜ'gie Teligiells-e leur restent suhor-donné.s.

Tout bon Inaître atta,ehe un p.rix inestinlable ù t'ens-eigne-1-uent de la langue maternelle. Les faits -dont il faut partir ici, Cè

sont encore .des textes : pOUrCOlTIn1:eW~,er des phras-es sim1)les que Je maître Ipropose ou fait tr.ouveT par les enf.ants, :puis des textes ehoisis, vraiment digne~ . de passer dans le patrimoine spirituel ile la jeunesse. Hien ne saurait Templaoer les -mO'Dceaux 'en prose ouen vers ,où des âme~ d'élite ont exprimé d'une façon géniale ce. que le 'cœur de l'homme ress'ent de plus noble et ,ce que son ,,;on ,espTit voit de plus subliIne. Si l'erus,eignem,ent de l,a langue os­(~i1leentre les d~ux ,pôles diTecteurs, l'explication et l'assimilation de textes choisis d'une part, la composition d'autre part. il ne peut guèTe se fourvoyer.

Les .sciences nahuelles, depuis- la _simple leçon -de cho.ses :jus~qu'aux cours fortement oharp entés , ~~ont 'considérées conNue l'étude ,par -eX'cellence des faits matériels. Nous ne pou vont;, at­teindre imlnédiatem-ent ,qu'une ,portion très Ihnitée ,des iUl1Ü'm­hrabl,es réalités que le Créateur a semées sous ses pa"r avec une prodigalité m>eTveilleuse. Nous ne serons pas embarras'5és de sitôt par dMaut de faits que nos sens p-euvent saisir COlnme à 'portée

.de là Imain. N'importe ·quelle 'école vil au milieu d'une ri,chesse inépuig,ahl'e. Il suffit de voir et d'entendre pour se docunlenter. Pour ,ce qui est hOirs de ndrr.e sphère ,s.~nsible, des a'll!alogies frap­pantes, des illustrations et des des'Criptions vi antes doivent met­'tr,e .00 a,ction l'intuition im'aginati-v,e -et .faire naître dans l'esprit la Te.présentation du donné 'concret absent.

207 -

~ous ,pourrions par'courir les autres" bra.nches des matièl;es-. sc.olal~~s et 'm~ntrer que Ce sont toujours des faits qui servent de pomts de depart pour un enseignement fructueux.

Nos élèves 'S'ont au courant d.e nomrbreux ,faits qu'il faut évü­quel' au mom-ent opportun; ils .peuvent lire .des textes recueillir ~es abSeTv.atio:ns, JuoteT des s,cènes vécues, apporter leUl: 'Contribu­tIon au recueIl de matières premières de toute nature ·et même 5~u·'P.rendre le. ,~~îtr-e avec des trouvailles inédites; ils déploient aInSI une acbvlte peTsonnehle très propice ù l'acquisition -d'un sa voir solide .

. Au -cours du tl'av'aÎl S'colaire, les élèves assez âgés peuvent temr prêt leur ,oa'hier de tra'vail pour noter leurs idées. en quet­~l~-es termes .frappan~s, . éta'bHr des 'comparaisons instructives. 'fmre des apph,cat1Ol1'S .JudIcieuses, fix,er les ,paToJ.es d'un camarach.: pour les discuter, il1's'crire le.s donnéeç; de ;problèmes il résoudre. e.tc .. M.ai~ nou,s ne laisserons pas ]es élèves sérol1er SLU' des ques­tIans . qLH leur sont à peu .près com:plètelnent inconnl1e~· telles . que des faits historiques ou ,géographi,ques, des notions 'S~cial-e:.;, des ~Térités révélées, dery préceptes llnOTaux. Nous les leur COll1--

1llUnliquerons, ,~-ans une fornle. assinl'ila:ble, sans leur faire pereire un tmnps precIeux en des deVInettes inuti.les et fastidieus'es. L.ais­sons. aux ;rêveurs la ~rétention de tout fair.e trouv,er par les jeunes esprIts sous le faUacleux -prétexte de Te'5:pecter leur autonomie 'et leur liberté -SaIns Umites. Au lieu de recom'mel1'cer à tisser La toile· toujours inachevée de !l'a pédU!gogie naturaliste au détriment des jeunes àmes, nou~ metlonscelles-,ci ha:rdime~ten ,possession de. l~ s3jges",,~ -éternelle que Dieu acollifiée ,il l'Eglise et ,des trésors spn'1tuels .nus en ,réserve ·depuis l'anti,quité.

Ains-i notre enseignenlellt ,s'era .animé d'un rythme vivant :. tantôt l,es élèves ?-?,ront l'occasion de déployer une ,activité plt,ts peT,sonneUe en utihs.ant toutes le'Y ressources de leur -esprit encore frais et ·curieux d"apprendre toutes sortes- de vérités; tantôt nous présenterons rà leur cœur, ,avide de savoir, ce 'qùe les généTation:

:p~-ss-é~s et .s:n~tout le ~~re de toute. vérité ont ,pr~p~ré COlTIl11e p~ ­LIlmome S;PlrItuel. D aIlleurs la :Sllnple tTan'51ffilSS1On du saVOll­suppose ,chez l'enfant une activité .personnelle dont l'intensité peut l'emporter -sur l'·affairisme d'une ·cItasse où l'on feuilleUf'. consulte, note, , découpe, colle, a.ssem,ble et rivalise d'empres,se-ment avec la fourmilière. '

. 'L' essentie~, . c:,est d'~rriver -à la ,pO'ssession et il la jouis:S::t l1ec :\ctlve de la vente lmnlere de l'espnt et flambeau d.e la vie.

Gy.

COLLEGUES, favol'fse :z d((n~. vos achats les maisons qui font de la publicité da17s l' « Ecole pâmaire » .

Page 14: L'Ecole primaire, 31 décembre 1953

- 208-

Des leçons de choses Les lecons de ,chosres se donnent depuis tTès .1ong.telnps. Ra­

helais et Rousrseau en us,aient et en ,rorcolnmandaient vivement la pratique. C'était, à ,leurs yeux, la voie d'ens,elrgnernent la .plus na1ureHe, la continuation .(lu ,moyen d'instruction dont l'enfa'nt, tout jeune, ,disip'Ü'sait pOUf aoquérir rdéjà dans la fanüUe, une lonle'de 'connaissances fort utiles. Ans,si l'éco.le devrai·t, au moin.; clans les deux ou trois premières années, imiter autant que po~ ­'·;jble l'ens·eignenlent Hlarterllel.

Aujourd'hui les leço'l1'~ de chos·es sont ·encore en honneur dans le degré é.lémenlake; .mais il nous s·emrble ·qu'on J·es lais.se <ls ~ t-'z volo'n'tier.s de côté dans les degrés moyen et 'surtout .su­périeuT, pour les renl:placer par les « centres d'intérêt »} q II i consis,tent ù grouper a ll'lo w' ,d 'un ·sujet ou thème les -divers·e .. hranches du pifo:g'ramme: langu.e, ca1cul, histoir·e, géog·rapbit>, physjque, Ichimie, dessin, ,chant et m:ên'le ·l'eUgion.

San.s doute les ,centres d'intérêt offrent des avanta'ges ' i h excitent l'atten1:ion des élève~ par l'intérêt qu'mff'rent lIa va'riétt' de.s leçu:l1's, les déipla,cements que néoessitent .certaines l'echel'­chers. Mais n y a-t-il Ipas là une cause de disipersion de l' atten ­tion et un . em'pêchement d'ap:pro.fond~l' sérieusement une que"1-tion ou un sujet? Et pourtant, dans 'la vie p,l'aüque, rce qu'on dc­p'lande à tout' artisan, à pn professionnell queLconque, ,c'est l'éiucle minutieuse du h'avail ~l ·exécut.er, la p'e~1sée du pour ·et du ·contre des moyens rd ·exécution. C'est donc une véritable 'concentration d esprit qui ·est r equise et ·c'e~:t préci:sérnent à cela que tendent Irs leçons de ,~huses d~n.s l'examen attentif d'un .objet matériel, de s'a ·nature ou ,cul1'stitution, de .sla piJ.·o ven an1ce , de · ses qualH.és, de se.s u~·ages.

La leçon d·e rchoses a donc pOUtr but d'hahituel~ l'en.fant ;'1

ohserver, à voir, à raisonnm' le tén1oigna'ge de 's,es s'ens, à co.mpa­Ter, à juger. Elle sti,mule à :la ,foils :toutes ,les tfa 'cu~tés i'ntelledu e!· les et morale~ pair des rprQ.cédés ingénieux, un lanO'age .familier. lÎn gracieux albandon.

Après les sens et l 'esprit, le cœur égale.ment ·n sa part dans ee.s entretiens , pan' les déductions 'Ip. 0 rail es que sait anleneT na­turel[ement un maître pour qui l'enfant ·est une ûme capahle de hautes aSipiratÏ'oll!s.

La leçon de 'chos'es peut rendre se vke à toute:.-> les hran­<.:hes, Ilnais ·c'est la langue maternelle qui en bénéficie le phl'S' car elle veut .des idées et des TI10ts et la Ileçon intuitive n'3 p::1. S

ct' autre 'bu t. Les s·ujets .abondent; ,poUirtant il faut savoir le::; choisir.

M·ais si IsiIn:ple que p .arais'S'e un suJet, ill est toujonr.s nécessaire d'y réfléchir à l'avance, d'en rtracer le plan, ,de faire quelques ,redler-

- 209-

ches et de ~enir ,pnêts Iles objets dont on aura :he~()În au cou r.~ . de 1 entretien .

Puis qu'on se garde de croiTe que Ice mode d'instru·ction, si agréable dans la form.e, ne doi've être em:ployé ·que pour les jeu­nes enfants, ei plutôt pour les distraire que pOUl' les instruirl'. n convient tout auslSi !bi·en aux élèves .du cours moyeT!-. ct du cours :-;upérieur, tant il ·est c.onforme aux dispositions natu l'eNes .clL' J'esprit hUD'lain. Que faH, IPOU!' son ap'prenti, le patron c1H\1'S l'atelier, le .chi,miste dans son rabor-atoire pOlU' ses ctis·cip.les, le phy.~irCÎen V"lÙrgari s,ateuJ.· devant son ,pUJblk ·charmé, S·ÎllOll dl' henes et bonnes leçons de 'cho'ses? Dans no:s écoles ces leçons sont aPP'U,cables aux grands 'CÜ'illIllle aux ,petits, selon I·es objet" el lSelo-n la IInanière d'envisag.er ,chaque sujet. Le plus .sou'ven-l meme, lorsque Je maître est seul ù diüger trois ou quatre divi­oyions, et Ic'·est une :condition ass'ez fr,équente, ü ,peut économiser du ten1Jps et ,aNéger sa tâlche par des l,eçons ,COlnmunes ·à toute ! ê.\

classe: i.l suffit de fair,e aux. uns et aux autres ·leur parrt d'ex­p lications , de varier Jes questions ·sui'vant leur âlge et de m ener Je iont avec enh'ain et bonne hurm eur.

Mais ne le dis:si.nlulons pas: les leçons de ,choses sonl œuvre dirf,fi.ci!J.e. Abandonner le rliVire .et necollll.pte-r que sur s·es ,propres fOI',ces ,pour captiver, intéTesser, ex,po:ser, dis1cuter ·et :conJOlure, en restant à .la fois clair, lOigique et p1réds, i'l faUlt pour cela de' J'instruction, du juge~ent, de 1a ,meSUT·e ·et du tact. Il faut aus')i, chose essentieHe, une sérieuse prélpa'ration. . .J.

Le mouvement éducatif à travers le 'monde provient du B. J. E.

ARGENTINE POur l'école rurale

Dans' une co:nnnunr:Ï.eation adres.sée .pal!' Ile .Ministère de l'Education à l'Inspection .génér,a'l'e de l'enseignrelnent, H est rap­pelé que 1 a.rt.ide 37 de la Constitution :prévoit que « -l"enseigne­ment pri,mair,e Tural :s'.eH:Ü'l'cera d'inculquer à ,] enfant ,'armoll!' de la vie ,à 'la \cau'llPalgne, de rodent1er en vue d'une rfonnaticm )11'ofes'sion.ne:J.!le rura'le; ·et de pr.éparer la felll'nlie en vue de tnï­vaux -dÜrlTIles1:!iques ruraux ». Grâce à ·l'in:ftluenoe de 'l'écolre, la vk' du foy,er pOUTrraÏt êtrre trall!slfonnée et 3Jmélim~ée. Chaque mai­son pOUJTait po,s'sréder sion petit jardÎ'l1 potager, des, ,a1~bTes frui­t1e:r.s, rqu-elques rUlohes, U!I1 pou]raiJ1,er, etc. A l'intention de f:av{)­riser :Oe p'l'Ülgrwm,me d'.activités, le M.inistre a ,décidé de luettl'€' :'t la disposition des éco:lres rurales desl semences 'et des outi,ls.

La santé des écoliers

Le Mrinistère de l'Educartio,na dressé ,l,e birlan de fadiyité·

Page 15: L'Ecole primaire, 31 décembre 1953

- 2.10 -

·déploy.ée 'Par ;Jes s.erv1ces d 'hygiène scolaire dans Les écoles pri­maiJ~es pendant l"année 1951. Les \lnédecins SlcoJ.aires ont exa­miné 52,193 enfants à leur entrée ,à récole ,et 33,522 au terme de ;IeuI~s études. Pendant lIa 'lllême période on a procédé à 38'5,914 exaUlelL"i' dentaires. En outr'e 78,144 écolier.s 'Ont été va'ccinés con­~re !la v,ariole, 99,395 contre lia diphtéri.e et 13,'049 ,contre le .ty­phus. Lie 1100Illbre des radiO's'coplÎ1es s'élève à 2090 et celui d-es radiographies à 33,777.

Formation de la main-d'œuvre qualifiée

La fonnlatiofl professionncl1e Tetient tout parti..culièreluent r attention des .autorités ·s'coJawes. Cent trente-quatre écoles e t COltrs d"apprentisS'ag,e et d'orientation fonct.iOlulent actuellement. Ces écoles fournissent gTtutuitement les o-utils et les n1Januels aux jeunes ouvriers qui, en ,plus, ont. droit il tille :rémuné'l'ation. On ouvl'ira i11!cessanl1nent une écol:e d'agri,culture à Vktorie·a, dan'i la pll'ovince de La Pa'l~lpa, qui S'e spécialiser.a dans l'exploitation ratio:n.neJ~e des fOl'êts, l'élev.a.g.e des bo'vins et 1'-adlJ.uinistration et h, 'colITIlptahiHté TlLTaJes.

Psycholog'ie et Opportunisme Un auteur américain, voulant souligner c"Omment Andrew Car­

negie, le roi de J.'a'cier, s'y .prenait ,pour faire agir les hommes sans les commander, fournit .l'exemple suivant:

La belle-sœur du millia,rdaire était malade d'inquiétude, au sujet de ses deux fils, pensionnaires à l'Université de Yale, qui né­gligeaient de répondre à toutes les lettres de J.eur mère.

,Carnegie paria cent dollars que, lui, obtiendrait une réponse, par retour du courrier, sans même la demander.

Il écrivit donc ·à ses neveux une lettre .insignifiante, mention­nant seulement, en post-scriptum, qu'il joignait à sa missive un billet de dix dollars pour chacun des deux frères.

Toutefois, il négligea, volontairement, de placer l'argent dans ,l'en­veloppe.

Deux jours aIprès, la réclamation arriva.

Banque Troillet Martigny D4§pôts d'épargne exigibles à trois mois 2.75 0/0. Certificats de d4§pôts 3 et 5 ans, aux' meilleurs taux, avec facilité

de retraits. Rachats de créances aux meilleures condi­tions.

Renseignements tél. 6 17 77 et 6 17 78 - Ch post. II c 143

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~-~.

i PARTIE PRATlIQUE f ~r~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

LANGUE fRANÇAISE

Centre d'intérêt: A TABLE I. RECITATION

Le repas préparé

M·a fiLl-e , laisS'e là ton aiguille et ta 'laine; Le m.aître va rentrer; Sur la table de ·chêne Mets la faï-ence dra.ire et les vases brillanrts. ' Dans la coupe alTondie à l'anse en 'cou de cygne Pos·e les fnlits choisis sur les- feuiUes de vigne; Les pêches que recouvre an velours vierg,e encor Et les lourds raisins bleus lnêlés aux raisons. d'or. Que le pain bien ,coupé remplisse les ·corbeiHes Et .puis ferme :la porte et ·chasse les abeiUes-... Dehors, le ,soleii ,brûle ·et la nlu:r.aille ,cuit. Rapprochons les vo~,et.s, faisons pres'que la nuit , Afin ,qu'ainsi .1a saHe, aux ténèbTes plongée, S'embaUlue tout.e aux fruits- dont la table "est chargée. ~laintenant, va ·puiser l',eau frakhe dans la COlll"

Et veille que ,surtout la cruche, à ton retour Garde longt,enllps, gla·cée et lentem·el1t fondue , Une vapeur lé.gère à ses flancs 'Suspendue.

Alb. Samain.

\

Page 16: L'Ecole primaire, 31 décembre 1953

- 212-

Petite mère, racontez !

puisque nous avons été ·sages Et .. que nlOUS avons 'bien .chanté Racontez-nous ·ce qui s e 'mange. Petite 111èTe, racontez !

,Ce qui ·est ,plus :blanc que Je linge E1 qui .sent la fel'm,e ·et les ·chalups, Et l,es hamea,ux ·et les villa ges , Ra1contez le lait, lua;Iuan.

Ce qui est .~i beau, s~ fragile, Ni rond, ni carré, ni pointu, Et que l on trouve sous les poules, Raconte-nous le s œufs , ,"eux-tu?

Ra.contez-nous t'Outes les {·)hos·e.'50 Qu'il ,faut ,mang,er POU;]: être Ifort , Toutes ,les ·choses luerveiUeuses ! Nous n'avons .pas sOlIum·eil encor.

II. VOCABULAIRE

G. Duhamel.

Les T~pas : le déjeuner, le .dîner .le goûter, l'e ."Youper, le lue­nu , une coJlatiüu, un pique-ni,que, un f.estin, un banquet,. une agape; 'casls'er 'la ·croûte, f,estoyeT, se goberger, 'se rég,aler, se nucer ] œil, eU avoi,r l'eau à ,la bouche.

Un repas ex-cellent, suoculen1, frugal. Les ,met"Y, les plats , .les·ervice, l'argenterie ; un s·ervice pToln:pt

, ' t soigné ; :le potage, 'l'en.tTée, les viandes, l,es légu~es , la sal'a~~, le des,seTt. Un Vatel: lUl 1uaître-:queux, les m·aTluIton.~ .. les ·cmSI­ni -'rs , le ,luaî,tre -d 'hôtel . La gounnandise, la sobriété.

1. Donnez le contra.j.r·e des ,ex.pres'Siol1'~ s-uivantes : Un repas copieux (,m.ai.gre). - Des 'Pains frais (rassl's). - Une ,cuisine fade (épicée). - Une ,sauce épaisse (claire). --:- . Une ~'au di~gesti~e indi.û'este). - Un feu doux (vid') . - Un ])'lJfteck lHen cmt (sm­gnan~). - Un pTix nlOdéré (èlevé) . - Un poisson frit (bouilli) .

2. FONnez deux phrases avec les 'luots: nutrition, nuh'itif. _ . Rapp'elez .queUes 'SÛ'nt les fonctions. de nutrition. - Trouve z trois noms d,e la fanl'ille de nourrir et faites-l,es fi.guTer .dans rte p etirtes phTases (nourriture, ·nourrioce, nouTrÎ'sson).

III. ORTHOGRAPHE

a) Prépal'ation : s'en référer au nUlué'ro 1.

Les choux à la crème

Il .y .a un grand dîner ce soir, ,chez P.OUIU. T,andis. qu'il dî­l1Uil: seul}, dans sa ,ohambre, ILes inwtés se .sont :goflgés ,d·e petits;

- 213-

eh;>ux . Et ci e quels choux . Pleins d 'w1e crème ù la noisette d ' une erem(~ ... Alh! 'qud,que chose d'exquis... . '

Poum ne peut.' dormir. Cependant, il e~-t ' très taret. Tout. k m~nde ,e t cO~lché. Qui le verra? Qui l'entendra? {Per,sonot>. Ou,~ : '-1'11' s,an~ brmt la .porte, .Se ·couler dans 1'·es;oalieT, pénétrer dans 'la ':,~ne 3' m.anger : ·en .a'vant, marche! Voici .le 'buffet, voilà un petIt· chou, un autr·e· il ~T en a six, blottis, connue des lapins.

. ':ite, vite, POlllU avale trois peNts ,choux: cette crème à la :l:Ols.eUe vous f.ond . d~ns la. bouo~.e ! Encore un ... ; puis le 'cin­qUleIIlle~ non, pas le s'lxmme, 11 es·t ·s·} petit, 'c ',esrt le dernier .. . Pitié POll1' ,lm, POlllTI ! Petit :scéléTat, 11 J'a Im,angé !

Un bruit! Po u 111. veut s'enfuir ; m,ais le battant s.'est refenué . ,t . ~in~e et r etient la chenlÎse de Poun1 ; il croit qu'une main 1 a .: .,lS1; Il 1pousse odes Ihl1rlements. Tou~e la Inaison s'éveille:

P. et V. N/({J'gueritte.

Repas de midi

, , 9uan.d n~i,~i .g~nnait, . je ne lue lal'ssaios pas appeler deux foiS' il deJeune,l.' . .J al .f.aITI1, ,luam tena nt. M'e voi'là sur une ,chaise o:Ddi­J,~a'.Ï:r:e, ·et l,a truble me vient au ;Juenton. Cela ne fait l'rien, pui,squ'ill ') agI~ de ma~ger et non pas ,d'être A son :ais·e. Mon père dis'aÏ1 : " Vms donc, Il a l'air d'une petite grenouiUe qlll sort la tête de

l~,eau. » 'f:ant ~p'i~s , la petÏlte grenouille ,est p~leine d 'appétit, et Il faut VOolT ,la J01e de l1lalnan. Elle lue ·met les bouchées dans la ~~ou<CIhe , et, l'uue sl.Ù~ l'autre. Elle In'encoura.g'e : « Mang.e, nion pe-tit, tu deVIendras bIen grand. » Ch.-L. PhiUppe.

Dans la cuisine

,Les 'Pots de poroe13ine _~ ' amu.s,ell't à se pousser du coude et à s..~ hous/culer au ,bo;rd des . talblettes garnies de dentelles de pa­pIer:, Les 'c'assero.1e.s de -CUlvr'e jouent à é.parpiller .des taches- de lunuere .S'Ul' 1es ;l11urs blancs ,et lis-ses. Le fourneau maternel 'chan­lO,nn.e douc~rnent ·en berçant h'ois 'rnafil11ites qui d.ans,ent avec heatituc1e. L horloge qui ·s '·ennuie d.ans .son aTlnoire de chêne fait aller et 'VeniT s'On nOlnbril doré et les ,m'Ouches sournoises a O'a'cent 'les ol".ei.Jles . ~

Maeterlinck .

:Le p.ays,an entr,a dans .la CU1Sllle ouvrit I.e buffet, prit un p ain, en ,~Ü'ulpa soi!gneu.sem,ent une 't'l'anche, recueiHit dans le

. ~'reux de la Inain les· luiettes tornbée,s 's'Ur La tablette, et se le~ .l€t~ dans l,a ~:}QuC'he pOUl' ne rien .peTdl'ie. Puis il ·enleva avec la pOInte de son ,couteau un peu de beuTl~e salé ,au fond ,d'un pot de terre brune, !l'étendit sur ,son 'P·arin, qu'il se mM à ;maIlla·er lente-m,ent comme H fais,aH tout. G. de lVlmlp(ls~ant .

./

Page 17: L'Ecole primaire, 31 décembre 1953

- 214-

A l'auberge

Hs man'gèrent de bons mets nOT):nands·, prodi'gùes de beUl'Tf:" frais et de crèm'e; en lnantgeant ils se souTiaient, et · nlôte, de t,mups en temps, leuT f,aisait ·de petit~. si.gnes anucaux,,: Ils nl,al~ ­gèrent deux heures-, et plus; non qu Ils Inangea'ssent Hnnlodere­;nenrt, . Inais ils ~pp@rtaient à leur repas l'a l~nteur, la gravité dt'· ceux qui y prennent i]"eur plus sûr repos; puis , quand i.ls eU~'e~t tenniné, Hs s' a.ssITenrt tOl~tS deux ·sou~ le Inanteau de la 'chellHnee el ,c01TI\lTIencèl'ent les histoiTes, ayant sou~ la main le pichet, po~r se clariner la gOl'ge : qu'ils en s·a,r.aient ,d 'hi c;;toires , de tan.t aVOl1~ vu, entendu, rislqué ! Et tout le ,monde, dans l',auherg·e :pleIne, 'les, 'écoutait. La Varende.

A la cuisine

J'adore leS plats rustiques, qui eÎllbau'lTIent les g-pandes che­minées -campagnardes. Au mHieu des> casseroles q':l fumeI~t, l~ ma:r:mite .iaclasse sans ·cesse. Une douce buée envahIt le 10gJ.~. Sl j'enlève le lcouyepcle pDur surveiller [na poule, tout. danse a la surfa-ce: les caroUes, les- n a vets, le Ibouquet de persIl et le gros poireau sDliti3ire. Ma iPoule seule ,est i.mmobile au milieu de eette farando.1e. F. Dumonteil .

Un aubergiste

Au bas du perron, son bonnet à l,a main, se te nait l'auhcT,gis­le, Igaillard de vaste ,corpu]enc,e, fais'aut l'él?ge de sa CUlsme 'par les plis de son menton, et ,celui de son 'celher par la belle temte pourpr-e de sa falc'e qui semblait frottée de ·mûres. Un sourire qui aUait de l'une à l',autre oreine ballonnait .s,es joues· 'grasses et l'a­IH~tis.gait les yeux naT:quois', dont l'angle externe dis:paraiss!~H :,ou .... des ,rides facétieuses. Th. Gcmtlllel'.

Kobus met le couvert

KO'bus 'Ohoisit une belle nappe dam.assée et 'l'étendit sur lèl table sO'ÏJgneus'eID-ent, passant une llllain dessus ponr en .ffiface.r les plis. Il f.it 'cela len.tem'ent, .grav'ement,. avec amour. A,~r~ quOoI'· il prit une pUe d"assi,ettes plates et la posa SUT la CheIlnlnee, PUll,S

une autr.e d'assiettes ,creuse'30". Enfin il dis'posa les ,couverts sur la table régu'lièl~ement, l'un en f.ace de l'autre; il :plia .les sef.vj.ette~ <less~'s a'Vecs:oin, en bateau, et en bonnet d'évêque.

Erckmann-C lwtl'iclI1.

IV. COMPOSITION FRANÇAISE

.. La phrase' - Le paragraphe - La rédaction

'b) ExerCÎ'c.es d '.ap.plication : S'·en n~férer au nUluérD 1. 1) FarInez des phrases avec les mots du vo'cahulaire .

2) ConJuguez les veThes du vocabulaire.

- 215 ~

3) En un ,pa:ragraphe décrivei les action~ de maman qui met la talbl~.

. " 4) Réd~'ction;. Un hon dîne~' !

. Vous vous Inettez à .table ,dans voh'e .cuisine. Toute la famille : 'Y trouve réuni€ ... 'saud' un des habi1ués 'que l'on entend D'ratter , .. ~ la po.rte. V nus la .~ui ouvrez. Il prend -sa place. Où '? Décrivez son attItude, ses ,actions pendant le repas.

1. Le :petit frère 'mange ,en s'alnus-ant. - 2. Bébé ,H grand t'ainl ,et mange :avec plaisir. - 3. J'ai ,bien 'g.oûté.

.' . -, Décrive.z ~1l1 enfant . qui mange sa soupe sans appétit. ~~)fitrez ·ses differe,ntes. attItudes, ses gestes, se~ expI~essions' ; raItes entendre s.~'s re.fleXlOl1S et les paroles de s-es parents. hnagi­nez uneconduslon amusante ou dramatique.

- Ima/ginez uue' histoire amusante: le repas sur , l'herbe interrompu.

BIBLIOGRAPH 'IE

Lucien GIRA~DET: Notre Ramuz Pr.éfa:e;e de GeoI'lges Ritgassi

Edttio'I1s VIE, liauls,aJ.'1Ille

U .arriv'e fiJ.~équemal1'ent . ~I'Ue . d'es ,auteur:s déçoiv,ent parce qu'e nla] alboI,dés. Ranll.l!Z p'O:Ul~r.alt bIen être de 'ceux-là. Tel 011 tel dè ;~es o~l:V'ratgle~ ll1e 'sont pas à 'colJ.1seilHer fi un débutant, qùi pOUJr~ l'ont etre Ims avec p!l'ofi·t Ipar ' 'la :suit,e. ' '

Fen dir;ai de m.êln-<:,des livres SUT RalllUZ. Il en ·est qui sonl des etudes h 'op 'parbcu:1Ï'eres ou trop savantes: v trouveront s,ellils d e :l'intIJéT'êt leI) I.SlPécÎ!alilstes, ,critiques et .pr.ofèss,euTs.

. ({ NOTI'e RaanlllZ » , de LUi0h:~n Ghnrdet, 'paru en Û'ctobre der-~Ile'r: 's"aJdI~es'S~ à tOlUiS. ,et s~r~ ,CQInpris par tous. Le coHégien qui .l.bolde pour la ip:r€lIDleT'e fÜILo;; notfie ,grand écrivain, l'ouvritel' dé­-SJTeux '?~ S~ oCIu1lti:,er, quri ,cons'U'crera'Î't vnlontiel~s ~l Ramuz quel­ques 100'SIl.TlS du SOIr ou du dÏ1nanche, l'a Jeune fille qui ·a -lu quel­€lues-untS de S'es rounans 'av'ec 'lm plai'S'Ï'I' partagé, toUJS trouveront dan~ «. N~~~e Hall~uz ». Ile .gu:id:e. hien:'enu" l'i'lltrodUlct<eur qualifié '~t Slail1JS' pedan:1:ene qUI les mltlera a l'œuvre 'en leur Tévéll'ant J homme.

. , « :Ce n'est pas, ~ un l,ivre d'érlll<:titiü'U, ni 'Illême d:e 'criti'que hUel arre, nous' preVIent l'éditeur. Son auteur qui airne RialnUlZ ~le ,prétend pas .~':ahOl~d l"eXlpiiquer ou 1e juger: tout simplem'ent l'l veui :nous Ile 1':a'lre Ihre et 'SUTtout nolUS 'aider à le mieux aiIner, nouiS /aussi » .

Page 18: L'Ecole primaire, 31 décembre 1953

- 216-

Nous le fah'e fümer : LUlci,en G~ra ~det y r éu,,"sit .pleinement. 11 y la dans oes 200 paIges' un tel courant" de synrpathie, un lt"] désiT de HOUIS! 'f:aire pa'rtarger une 'a.nüt.ié, que "le lecteur rf'ilÜt par y 'aIller de ,confiance, aimndonnant toute p-réVleniion.

Et cette llln1t.ié dècou1e d'une connai'ss'31nce 3pprofoncll'E' ch" ~on 'suljet, à 'croi'i'e que Girlal~det fut mn Intill11.€ de RaU1UZ.

Les pr'elni,etl~S 'chapitDes éturdien t ,le Tôle de lIa natuTe '- « Cetk' espèce d e 'lituJl~gie }) - darn'S' la .fO'rn'1atiOil1' -de l'é'Qrivain et se 'Plia ce dans sün œuvre: le Lèm,an, la vigne, le Val·ai.s. DéJà z,ennatten a vait monh-é ,comment :l'e Valais av,ait abtiTé et retenu Rarnuz. comUlient Icette :terre de Icont r:':l'srte éait devenue .s,a s'e:eoll'de p'l:\t'ri t'.

On IpouvaiÏt peut-être ,Sloupçonner Zenuatten d'un 'Peu tro-l) de coulpla1rs:anoe ; Ile "dout'e n',eM~ plus 'Pe:rnlÏs quand .on a lu Gl­r.alrdet. P.ui.s l'auteulf nous nl'Ontre pai'einmnent 1,e Tô}e de l'h0111tme. des jreune~, des 'pays'a!ll:S, de l a fenHne, ile rôle de la Bible aUIs31 sur 'cet h0Il111me à !l'âlue déchiTée, 'qui fut raHonalli'ste .par l E"sipril

et cr-oyant paT :1e 'cœur. Un 'ch a.pih~e lSu:r sa timidité es,t paTitÏlculièrem ent fouiHl' .

Com'me .s'.ex.pliquent 111:aintenant les' Téticences 'les boutades , le" attitudes déroutantes de Ha,muz qui kris'''j,aient Va-rfüi,s pe-rplexe

s

ses lTIreiH'eUirs amis! Non '111:0illJS 'l'évélatrice est la dernière cau.;;·eric: l' ,'hses'sioi1

du style. Mais j.l suffit. Ce ·li'Vre etS,t Ipour vous: il ~u'ra sa phce,

lIne fois llu, S'ut Il'es l'ayons de votre l11'odeste bibliothèque d' é­nucatellir. Grfl.oe oÙ lui , Ramuz n e s'el~a phlS un incoilllpris.

E. C.

------DEUTSCHE BALLADEN

La ballade a1lemande est un .genre littéraire d'orJig1ne 'popul~i­re et ancienne, mais qui ne reçut sa pleine consécration qu'à partir du 18me sièc·le, époque où Bürr;ger, Schi1ler et Gœthe la \portèrent

à un haut delgré de pernection. Un exceLlent ,choix de ces ba.l,lade.·s vient de .paraître dans

la série «Meine kleine Bucherei » , collection d'anthologies sur des thèmes divers à J'usage des classes d'allemand. Ces « Deutscbe Ba.Haden ,) sont destinées auxélèv:es de langue française parvenus à la quatrième année d'aùle.·mand, mais eLles .peuvent être également utllisées par les écoles de Suisse alémanique. Les exel~p}es ont été choisis de manière à ~résenter tous .les aspects de ,cette forme de

. poéste, l'une des plus ,caractéri.st~ques du génie germanique.

. *) Deutsche Ba11aden. Coillection « Mein-e kleine Bücherei ), No 6. ObeIistufe. Un volUJllle de 72 pages, 12,5x19, bl'1oûhé. Fr. 1.80.

Librairie Payot, Lausanne.

Répertoire des Bonnes Adresses

ORSAT l'Ambassadeur des

Vins du Vallfis

Conf ection - Che?niserie Choix é no rm e

Aux Galeries Sédunoises A. RODUIT SION aven ue d4l , l a Gare

Collège Ste arie, Martigny Classes primaires (cycle complet) , Enseignement moyen (13-16 ans).

Cours prépar. à l' Ecole normale.

Ecole de Commerce (diplôme cant.onal).

Manufacture de papiers

RENAUD & Cie S.A. NEUCHATEL

Tél. 038 ~ 56661

TOUT POUR LES ÉCOLES

Caisse d'Epargne du Valais Société Mutuelle 5 ION

20 agences ' dans le canton.

Contrôle otliciel perIDanent.

Toutes opérations de banque a ux conditions les plus favorables.

La machine à écrire pour tous Fr. 230.-

Autres modèles à Fr. 370.- et 470-

1

LOCATION - VENTE 1

(Demander conditions) 1

OFFICE MODERNE - SION E. Oliv ier-E lsig.

Nouvelle adresse: Ru e de LauSaflne .