l'ecole n'est pas à la hauteur pour défendre la laïcité

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Najat Vallaud-Belkacem : "L'école n'est pas à la hauteur" pour défendre la laïcité le 14 janvier 2015 à 20h45 POLITIQUE Pour la première fois, une ministre de l'Education a reconnu que l'éducation nationale devait mieux lutter contre les incidents, notamment ceux lors de la minute de silence la semaine dernière, mettant en cause la République. Depuis les attaques terroristes et le choc vécue par les Français, les langues se délient, et ce dans plusieurs domaines. Mercredi à l'Assemblée, la ministre de l'Education nationale n'a pas mâché ses mots après les incidents signalés dans des écoles au moment des minutes de silence. Interrogé par le député UMP Claude Goasguen, Najat Belkacem a reconnu pour la première fois que «l'école n'était pas à la hauteur » pour défendre la laïcité et les valeurs de la République. « Oui il y a eu des incidents et c'est grave. L'école est en première ligne et elle sera ferme », a-t-elle affirmé, applaudie par la gauche et par la droite. Une centaine de ces incidents ont été signalés à la police et à la justice, certains pour des problèmes "d'apologie du terrorisme", selon la ministre de l'Education nationale. Depuis la semaine dernière, elle enchaîne les consultations avec syndicats, parents, lycéens, étudiants, anciens ministres et intellectuels, en vue d'une "grande mobilisation de l'école pour les valeurs de la République". Ces valeurs "ont été visées", a-t-elle écrit aux enseignants quelques heures après l'attentat à Charlie Hebdo. "La liberté d'expression est au fondement de toutes les libertés". "Qui est ton ennemi ?" Mardi, à l'Assemblée nationale, Manuel Valls, avait appelé à gagner la "bataille" de "la pédagogie auprès de notre jeunesse". "Comment on peut accepter que dans certains établissements, collèges ou lycées, on ne puisse pas enseigner la Shoah? Qu'un gamin de sept ou huit ans, quand l'enseignant lui pose la question « qui est ton ennemi ? », réponde: « c'est le juif », s'est-il indigné. Pour Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, premier syndicat des chefs l'établissement, "on parle du vivre ensemble comme une valeur, mais il y a plein de gens qui n'ont pas l'occasion de vivre ensemble". Il pointe une "ghettoïsation, ethnicisation d'établissements ou de quartiers". "Ce n'est pas que les élèves ne voudraient pas se reconnaître dans les valeurs de la République, mais on leur parle de choses qu'ils ne voient pas." Il y a un "double langage de la société", estime Isabelle Bailleul Létang, professeur d'histoire-géographie au Havre, dans un témoignage sur le site Le Café Pédagogique. On enseigne à ses élèves le respect "mais eux sont contrôlés sans aucun

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L'Ecole n'Est Pas à La Hauteur Pour Défendre La Laïcité

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Page 1: L'Ecole n'Est Pas à La Hauteur Pour Défendre La Laïcité

Najat Vallaud -Belkacem : "L'école n'est pas à la hauteur" pour défendre la laïcité le 14 janvier 2015 à 20h45 POLITIQUE Pour la première fois, une ministre de l'Education a reconnu que l'éducation nationale devait mieux lutter contre les incidents, notamment ceux lors de la minute de silence la semaine dernière, mettant en cause la République.

Depuis les attaques terroristes et le choc vécue par les Français, les langues se délient, et

ce dans plusieurs domaines. Mercredi à l'Assemblée, la ministre de l'Education nationale

n'a pas mâché ses mots après les incidents signalés dans des écoles au moment des

minutes de silence. Interrogé par le député UMP Claude Goasguen, Najat Belkacem a

reconnu pour la première fois que «l'école n'était pas à la hauteur » pour défendre la

laïcité et les valeurs de la République. « Oui il y a eu des incidents et c'est grave. L'école

est en première ligne et elle sera ferme », a-t-elle affirmé, applaudie par la gauche et par

la droite.

Une centaine de ces incidents ont été signalés à la police et à la justice, certains pour des

problèmes "d'apologie du terrorisme", selon la ministre de l'Education nationale. Depuis

la semaine dernière, elle enchaîne les consultations avec syndicats, parents, lycéens,

étudiants, anciens ministres et intellectuels, en vue d'une "grande mobilisation de l'école

pour les valeurs de la République". Ces valeurs "ont été visées", a-t-elle écrit aux

enseignants quelques heures après l'attentat à Charlie Hebdo. "La liberté d'expression est

au fondement de toutes les libertés".

"Qui est ton ennemi ?"

Mardi, à l'Assemblée nationale, Manuel Valls, avait appelé à gagner la "bataille" de "la

pédagogie auprès de notre jeunesse". "Comment on peut accepter que dans certains

établissements, collèges ou lycées, on ne puisse pas enseigner la Shoah? Qu'un gamin de

sept ou huit ans, quand l'enseignant lui pose la question « qui est ton ennemi ? »,

réponde: « c'est le juif », s'est-il indigné.

Pour Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, premier syndicat des chefs

l'établissement, "on parle du vivre ensemble comme une valeur, mais il y a plein de gens

qui n'ont pas l'occasion de vivre ensemble". Il pointe une "ghettoïsation, ethnicisation

d'établissements ou de quartiers". "Ce n'est pas que les élèves ne voudraient pas se

reconnaître dans les valeurs de la République, mais on leur parle de choses qu'ils ne

voient pas." Il y a un "double langage de la société", estime Isabelle Bailleul Létang,

professeur d'histoire-géographie au Havre, dans un témoignage sur le site Le Café

Pédagogique. On enseigne à ses élèves le respect "mais eux sont contrôlés sans aucun

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respect. On les fait travailler sur l'intégration, les métiers, mais ils sont discriminés

quand ils recherchent un stage".