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Le travail social à l’épreuve des catégorisations/codages binaires 29 e colloque du REFUTS 1 4 juillet 2018 Bonnevoie-Luxembourg Que ce soit dans les relations familiales, au travail ou ailleurs, nous découpons en permanence le « monde » en entités ou unités catégorielles. Cette activité nous paraît tellement « naturelle » que nous ne perdons en général pas de temps pour y réfléchir. Le colloque 2018 du Réseau de Formation Universitaire en Travail Social (REFUTS) sintéresse précisément à lactivité de catégorisation/codage et ses effets dans le contexte du travail social et éducatif : Comment les « travailleurs sociaux et/ou éducatifs », « responsables politiques » ou encore « administrateurs » inventent-ils les « usagers/bénéficiaires/clients » à travers l’énaction de catégorisations en situation ? Comment les diverses catégorisations, notamment celles relatives aux « usagers/bénéficiaires/clients », impactent-elles les vies des personnes concernées ? Comment imaginer un travail social et éducatif qui soit sensible aux multiples effets de lactivité de catégorisation ? Le colloque se propose tout particulièrement de mettre en débat les multiples catégorisations binaires qui traversent littéralement tous les « champs » du travail social et éducatif, comme par exemple celles entre indigène/étranger ou autonome/dépendant. Par ailleurs, il vise à faire réfléchir sur les possibilités du travailleur social et éducatif à (re)travailler créativement, transformer, voire subvertir les catégorisations dans les relations quils tissent.

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Le travail social à l’épreuve des catégorisations/codages binaires

29e colloque du REFUTS

1 – 4 juillet 2018

Bonnevoie-Luxembourg

Que ce soit dans les relations familiales, au travail ou ailleurs, nous découpons en permanence le « monde » en entités ou unités catégorielles. Cette activité nous paraît tellement « naturelle » que nous ne perdons en général pas de temps pour y réfléchir. Le colloque 2018 du Réseau de Formation Universitaire en Travail Social (REFUTS) s’intéresse précisément à l’activité de catégorisation/codage et ses effets dans le contexte du travail social et éducatif : Comment les « travailleurs sociaux et/ou éducatifs », « responsables politiques » ou encore « administrateurs » inventent-ils les « usagers/bénéficiaires/clients » à travers l’énaction de catégorisations en situation ? Comment les diverses catégorisations, notamment celles relatives aux « usagers/bénéficiaires/clients », impactent-elles les vies des personnes concernées ? Comment imaginer un travail social et éducatif qui soit sensible aux multiples effets de l’activité de catégorisation ? Le colloque se propose tout particulièrement de mettre en débat les multiples catégorisations binaires qui traversent littéralement tous les « champs » du travail social et éducatif, comme par exemple celles entre indigène/étranger ou autonome/dépendant. Par ailleurs, il vise à faire réfléchir sur les possibilités du travailleur social et éducatif à (re)travailler créativement, transformer, voire subvertir les catégorisations dans les relations qu’ils tissent.

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Sommaire Comités ................................................................................................................................................................................................. 1

Comité scientifique ...................................................................................................................................................................... 1Comité d’organisation ................................................................................................................................................................ 1

Thématique générale ....................................................................................................................................................................... 2Axes thématiques/catégoriels ....................................................................................................................................................... 5

Catégorisations binaires « prioritaires » ............................................................................................................................ 5« Autres » catégorisations binaires ...................................................................................................................................... 7

Séminaires pré-colloque .................................................................................................................................................................. 8Appel à communication ............................................................................................................................................................... 10

Types d’interventions ............................................................................................................................................................... 10« Special feature » : Speakers’ Corner ................................................................................................................................ 11Soumission de résumés ............................................................................................................................................................. 11

Organisation ................................................................................................................................................................................... 12Inscription .................................................................................................................................................................................. 12Lieu ................................................................................................................................................................................................ 12Traduction ................................................................................................................................................................................. 12Déroulement provisoire .......................................................................................................................................................... 12

Côté pratique .................................................................................................................................................................................... 13Un caractère expérimental .................................................................................................................................................... 13Logement ..................................................................................................................................................................................... 14Restauration .............................................................................................................................................................................. 14Socializing/Loisirs .................................................................................................................................................................... 14

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Le travail social à l’épreuve des catégorisations/codages binaires

29e colloque du Réseau de Formation Universitaire en Travail Social (REFUTS) 1

Comités

Comité scientifique

Pierre Artois, Université Libre de Bruxelles Aline Bingen, Université Libre de Bruxelles Mejed Hamzaoui, Université Libre de Bruxelles Maria Teresa Diaz Aznarte, Université de Grenade Mourad Aboussi, Université de Grenade Annick Magnier, Université de Florence Annalisa Tonarelli, Université de Florence Claude Haas, Université de Luxembourg Arthur Limbach-Reich, Université de Luxembourg Thomas Marthaler, Université de Luxembourg Gisèle Dombuyant, Université Paris XIII Andrée Dvora Kartchevsky, Université de Reims Champagne-Ardenne Esperanza Montalvo, Université de Saragosse Diego Gaston Faci, Université de Saragosse François Sicot, Université de Toulouse Davide Galesi, Université de Trente

Comité d’organisation

Aida Bahtijari, étudiante-collaboratrice, Université du Luxembourg Ermelinda Ginex, coordinatrice à la formation continue, Université Libre de Bruxelles Claude Haas, Senior Lecturer, Université du Luxembourg Lisa Hatz, étudiante-collaboratrice, Université du Luxembourg Laurent Krantz, étudiant-collaborateur, Université du Luxembourg Thomas Marthaler, Senior Lecturer, Université du Luxembourg Amila Pacariz, étudiante-collaboratrice, Université du Luxembourg Caroline Palgen, étudiante-collaboratrice, Université du Luxembourg Yann Soares, étudiant-collaborateur, Université du Luxembourg Christof Theis, étudiant-collaborateur, Université du Luxembourg Nicolas Uhler, assistant social-travailleur communautaire, Inter-Actions asbl

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Thématique générale « Specialists in knowledge tend to withdraw into pure

work because the complexity of the thing known eventually tends to get in the way of the knowledge

system. This process is familiar throughout the professions, where applied work ranks below academic work because the complexities of professional practice

make practical knowledge messy and ‘unprofessional’ » (Andrew Abbott, 2001 : 22).

Selon la définition internationale adoptée en 2014 par l’IASSW (International Association of Schools of Social Work) et l’IFSW (International Federation of Social Work) à Melbourne, le travail social, en tant que pratique professionnelle et discipline, vise à encourager les personnes et les structures à relever les défis de la vie et à améliorer le bien-être de tous. Ainsi, il est censé promouvoir le changement et le développement social, la cohésion sociale, le pouvoir d’agir et la libération des personnes dans le respect notamment des diversités. Voilà des objectifs et des principes pour le moins nobles et qui semblent témoigner d’une ambition à conférer au travail social une identité collective liées aux grandes valeurs humaines, mais également une unité de l’action impulsée par l’idée de progrès social ainsi qu’une autonomie professionnelle et disciplinaire à l’image d’autres domaines scientifiques. Si la volonté de conférer ainsi au travail social une visibilité et un pouvoir en tant qu’« acteur international » se laisse argumenter, il n’en reste pas moins que les travailleurs sociaux agissent la plupart du temps dans leur dit quotidien professionnel au sein d’« organisations étatiques », « paraétatiques » ou » associatives locales » et s’adressent à des « publics cibles » divers en fonction du « champ de travail » et du « contexte réglementaire » dans lequel leur activité s’inscrit. Dans leurs rencontres avec d’autres personnes, que ce soient des « usagers/bénéficiaires/clients », des « travailleurs sociaux » ou d’autres catégories professionnelles relevant de l’« éducatif », du « psychologique » ou du « social », des managers/dirigeants/ gestionnaires ou encore des décideurs/ administrateurs politiques, lesdits travailleurs sociaux inventent, pour employer un terme cher à l’anthropologue Roy Wagner (1981), des « problèmes », des « démarches » ou encore des « solutions » à l’image de leur propre « référentiel culturel »1. Ces actes d’invention, qui revêtent à chaque fois une dimension idéelle, matérielle, spatiale, temporelle et émotionnelle ne sont pas, pour ainsi dire, anodins et peuvent avoir des effets plus ou moins dramatiques pour les personnes concernées. De leur côté, les personnes qui doivent y faire face (contre-)inventent avec peut-être les mêmes ou d’autres mots les « problèmes », « démarches » etc. Roy Wagner en vient à la conclusion que l’invention crée le sujet « in the act of trying to represent it more objectively, and simultaneously [it] creates (through analogous extension) the ideas and forms through which it is invented » (1981 : 12). Dans ce travail d’invention et de contre-invention des personnes en différents lieux dans le temps - selon Wagner (1981) nous sommes tous des anthropologues - des catégorisations relationnelles de toutes sortes sont enactées. Parfois, ces catégorisations sont plutôt d’ordre spatial ou géographique comme dans le cas de la distinction entre « indigène » et « étranger », dans d’autres cas elles sont d’ordre temporel (p. ex. durée de résidence ou de séjour suffisante ou insuffisante), moral (p. ex. caractère fautif ou non fautif d’un comportement) ou encore organisationnel (p. ex. relève ou ne relève pas de la compétence/responsabilité d’un service). Comme les exemples mis entre parenthèses le suggèrent, nombre de ces catégorisations relèvent d’un codage binaire. Si certaines de ces catégorisations peuvent apparaître comme plutôt récentes, d’autres remontent loin dans le temps. C’est notamment le cas pour les distinctions entre « appliqué » et « oisif » ou 1 Ainsi, il en est du travailleur social comme de l’anthropologue décrit par Wagner: « As the anthropologist uses the notion of culture to control his field experiences, those experiences will, in turn, come to control his notion of culture. He invents « a culture » for people, and they invent « culture » for him (1981 : 11). Et un peu plus loin : « What the fieldworker invents, then, is his own understanding : the analogies he creates are extensions of his own notions and those of his culture, transformed by his experience of the field situation (…) » (1981 : 12). Ceci étant dit, Wagner se distancie de la notion même de culture et de son corollaire, à savoir le relativisme culturel : « Anthropology is the study of man ‘as if’ there were culture. It is brought into being by the invention of culture, both in the general sense, as a concept, and in the specific sense, through the invention of particular cultures. Since anthropology exists through the idea of culture [on pourrait dire la même chose à propos de la sociologie et la notion de société], this has become its overall idiom, a way of talking about, understanding, and dealing with things, and it is incidental to ask whether culture exists » (1981 : 10).

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encore entre « indigène » et « étranger ». A titre d’exemple, citons le tout premier règlement sur la mendicité, édicté par la ville de Nuremberg au XIVe siècle. Celui-ci opère une distinction nette entre mendiants selon leur appartenance territoriale à la ville. Alors que les mendiants « vagabonds » sont poussés hors des limites de la ville, les mendiants indigènes sont obligés à porter un signe visible de leur statut suite à l’attestation de leur indigence par deux à trois personnes honorables devant un juge – ce dernier est d’ailleurs cité avec son nom (Pignot Weigel) dans le règlement en question (Sachße et Tennstedt, 1998). Dans une révision du règlement en question au XVe siècle, la mendicité et la pratique de l’aumône sont interdites et des distinctions entre différents publics sont opérés selon le caractère « honteux » ou « péteux » de la pauvreté. La distinction entre professionnel et bénéficiaire/usager/client constitue également un codage binaire puissant. D’une certaine manière, elle est à l’origine même de l’invention du travail social dans son acceptation actuelle. Dans la mesure où le professionnel est formé dans des écoles supérieures ou à l’université, il est censé détenir un savoir symbolique d’ordre supérieur au sujet des soi-disant problèmes sociaux des bénéficiaires/usagers/clients. L’invention d’une telle hiérarchisation des savoirs n’est pas sans effet sur les relations entretenues et crée, pour ainsi dire, un des paradoxes distingués par Schütze (1982) à propos du travail social : Est-ce que le travailleur social « éclaire » les usagers sur la possible trajectoire négative que prendra leur cas, au risque de sous-miner la relation ? Mais la dissimulation de son savoir ne risque-t-il pas également de saper la base de confiance commune ? La catégorisation et le codage binaire ne constituent toutefois pas une caractéristique endémique au travail social. Tout au contraire, elle traverse tous les domaines de vie et concerne également le « royaume » des sciences. Le sociologue américain Andrew Abbott (2001 et 2004) démontre ainsi que les « grands débats » en sciences sociales se caractérisent par la réplication auto-similaires des mêmes distinctions binaires dans le temps et dans l’espace. A des fins heuristiques, il recourt à l’image du fractal et recourt à la notion de différentiation fractale pour en rendre compte. Peu importe la différenciation concernée (réalisme/constructivisme, analyse/narration, individualisme/émergence, liberté de choix/contrainte, conflit/consensus, transcendance/savoir situé), la taille et la position occupée par la communauté scientifique, la plupart de ces différenciations y sont en permanence débattues à nouveau, même si nous pensons que la communauté représente déjà l’un ou l’autre extrême (2004 : 76). A certains égards, cela est non sans rappeler le film Un jour sans fin (1993) dans lequel l’acteur principal se trouve emprisonné dans une sorte de boucle temporelle récursive où, à chaque fois que son réveil sonne, c’est la même journée qui recommence. Pour retourner au travail du social, ne peut-on pas avancer que la distinction entre « indigène » et « étranger » a été âprement discutée et rediscutée à travers le temps et l’espace, peu importe l’échelle ou la magnitude à laquelle on se situe (mondiale, internationale, nationale, régionale, communale…) et indépendamment du domaine d’activité considéré (migration, santé, travail, famille…) ? Si la mise en ordre ou la mise en perspective dans ledit pluralisme occidental semble fondamentalement être basée, comme l’avance notamment Marilyn Strathern (2004), sur une modélisation ou invention du monde reposant sur l’idée que celui-ci soit naturellement composé d’entités (individus, classes, relations, etc.) dont les caractéristiques ne se laissent toujours que partiellement décrire par l’analyse, il n’est pas moins « vrai » que nous – scientifiques, travailleurs sociaux… – semblons avoir un goût avéré pour les codages binaires. Toujours selon Marilyn Strathern (1990), s’il ne semble pas exister d’échappatoire à ce mode, il est toutefois possible de rendre visible son travail inlassable en exploitant, pour ainsi dire, son potentiel réflexif. Ainsi, elle écrit : « I do not imagine, however, I can extract myself from this mode [of knowledge and explanation] : I can only make its own workings visible. To this end, I exploit its own reflexive potential » (1990 : 7). Ceci étant dit, le colloque du Réseau de Formation Universitaire en Travail Social (REFUTS), ayant lieu cette année au Luxembourg, se propose précisément de s’appuyer sur les trajectoires tracées par Strathern, Wagner et Abbott, et ce en prenant les catégorisations et, plus particulièrement, les codages binaires comme des méthodes par lesquelles nous inventions, créons et énactons en permanence des réalités multiples (Mol, 2002). Ainsi, le colloque voudra créer une sensibilité à nos stratégies autoréférentielles avec lesquelles nous - scientifiques, politiques, travailleurs sociaux… - (ré)inventons des réalités binaires aux effets puissants. Abbott, Andrew (2001). Chaos of Disciplines. Chicago: The University of Chicago Press. Abbott, Andrew (2004). Methods of Discovery: Heuristics for the Social Sciences. New York: Norton. Mol, Annemarie (2002). The Body Multiple : Ontology in Medical Practice. Durham, NC, and London, United Kingdom: Duke University Press Sachße, Christoph & Tennstedt, Florian (1998). Geschichte der Armenfürsorge in Deutschland. Band 1 : Vom Spätmittelalter bis zum 1. Weltkrieg. Stuttgart : Kohlhammer.

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Schütze, Fritz (1992). Sozialarbeit als « bescheidene » Profession. In : Bernd Dewe, Wilfried Ferchhoff & Frank Olaf-Radtke (Hrsg.). Erziehen als Profession. Zur Logik professionellen Handelns in pädagogischen Feldern (pp. 132-170). Opladen : Leske und Budrich. Strathern, Marilyn (1990). The Gender of the Gift. Problems with Women and Problems with Society in Melanesia. Berkeley : University of California Press. Strathern, Marilyn (2004). Partial Connections. Walnutt Creek : Altamira Press. Wagner, Roy (1981). The Invention of Culture. Chicago : The University of Chicago Press.

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Axes thématiques/catégoriels Le colloque du REFUTS se propose d’aborder les catégorisations binaires à différentes échelles dont les suivantes :

- Echelle des « usagers/bénéficiaires/clients » - Echelle des « professionnels du social » - Echelle des « arrangements organisationnels/services sociaux » - Echelle des « dispositifs réglementaires » - Echelle des « discours politiques ».

D’une manière générale, les différentes catégorisations binaires retenues ci-dessous peuvent faire l’objet d’une réflexion, d’une mise en débat ou d’une analyse à une ou plusieurs de ces échelles. Ceci étant dit, les contributions peuvent couvrir tous les « secteurs » ou « champs » du travail social et éducatif : santé, migration, famille, travail, éducation non-formelle, handicap, etc.

Catégorisations binaires « prioritaires »

1) Indigène/national - étranger. Les frontières de cette distinction peuvent être spatiales, matérielles, idéelles ou émotionnelles. Selon le domaine (immigration, aide sociale, santé, etc.) elle s’exprime à travers d’autres « statuts » : migrant, frontalier, réfugié, demandeur d’asile, débouté de protection internationale, citoyen EU, résident national, ayant droit, etc. A chaque fois, il est question de l’accès à des droits liés au traçage de lignes de démarcation selon une logique d’inclusion/exclusion. Les contributions peuvent notamment se rapporter aux questions suivantes : Comment le travail de catégorisation s’est-il déplacé à travers le temps en retraçant les frontières légales, morales, etc. ? Dans quelle mesure la réplication de cette dichotomie à travers différentes échelles et selon des découpages divergents peut-elle être source de contradictions ? Comment dans les rencontres entre travailleurs sociaux et usagers/bénéficiaires/clients ces découpages sont-elles réinventées ? Qu’est-ce qui devient visible en termes de travail de bricolage et de créativité ? etc. 2) Indépendant/autonome - dépendant (mais aussi : apte - inapte ; compétent - incompétent). Cette catégorisation binaire, qui prend des dénotations variables selon les domaines distingués, semble fondamentalement liée à la dichotomie individu/société et à échelle plus petite à la dichotomie individu/groupe. D’une certaine manière, la dichotomie indépendant/dépendant est inscrite au plus profond de l’imaginaire collectif de la « culture occidentale » en les figures de la personne en tant que « individu » et « acteur » et d’une substance totalisante sitôt dénommée « structure », « système » ou « institution ». Nous trouvons cette catégorisation également inscrite dans les imageries liées au bien-être d’autrui (des enfants, des adultes dits incapables au discernement ...) ainsi qu’aux idées de l’Etat-providence. Les contributions adresseront notamment les questions suivantes : Comment la catégorisation en tant qu’autonome ou dépendant est-elle inventée dans différentes réglementations par rapport aux bénéficiaires ? Quels en sont les effets, notamment en termes de stratification des usagers/bénéficiaires/clients selon différents degrés d’autonomie ou de dépendance ? Comment les travailleurs sociaux répliquent ou liquéfient ces catégorisations dans leur travail ? Quelles stratégies créatives mettent-ils en œuvre ? Et comment les usagers/bénéficiaires/clients eux-mêmes mettent-ils en scène leur autonomie/dépendance dans les relations aux travailleurs sociaux et éducatifs ? etc. 3) Responsable – irresponsable (mais aussi : coupable/fautif -non coupable/non fautif ; diligent/oisif ; digne/indigne). Voilà une catégorisation binaire qui semble a priori aussi vieille que l’humanité. De ce point de vue, des analyses spatio-temporelles sont particulièrement bienvenues. Elle semble par ailleurs être étroitement liée à une autre distinction « fondamentale » en lien avec la dichotomie individu/société, à savoir celle entre personne et environnement. A qui notamment la responsabilité ? Aux mauvaises conditions environnementales ou à l’irresponsabilité individuelle ? Et puis, l’aide ne doit-elle pas revenir de manière prioritaire à ceux qui sont « vraiment » dans le besoin ? Mais comment les délimiter ? Les contributions à cet horizon binaire s’intéresseront notamment aussi aux questions suivantes : Comment les relations entre la personne et son environnement sont conceptualisées dans différentes configurations (légales, organisationnelles, professionnelles) ? Comment ces catégorisations sont-elles mises en œuvre dans les rapports entre professionnels et usagers/bénéficiaires/clients notamment en vue de la délimitation de la responsabilité des personnes-en-société ? etc. 4) Aides/prestations en nature – aides/prestations en espèces (mais aussi : mesures dites activatrices – mesures dites passives). Les règlementations en matière d’aide sociale opèrent très souvent une distinction

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selon cette catégorisation. Les considérations d’ordre politique ou professionnel y rattachées mobilisent de manière plus ou moins directe d’autres dichotomies « inhérentes » travail social et éducatif, qui se rapportent notamment aux questions de l’« oisiveté » et du possible « abus de confiance/ressources ». Au Luxembourg, pour ne citer que cet exemple, la question de la forme d’aide est par ailleurs liée à dichotomie entre résidents et frontaliers. Par ailleurs, il semblerait qu’on assiste à un glissement vers les prestations en nature, surtout aussi lorsqu’il revient à aider les plus « démunis ». Les contributions adresseront notamment les questions suivantes : Comment le pendule de la redistribution sociale a oscillé entre les deux pôles de la dichotomie dans le temps, notamment aussi en fonction des domaines/secteurs distingués ? Quels sont les discours rattachés à l’un ou l’autre pôle ? Comment les organisations caritatives ou les professionnels se situent-ils dans ce débat ? etc. 5) Initiative publique – initiative privée. La question de l’organisation de l’aide et, ceci dit, de la répartition des « rôles » entre l’Etat et les organisations privées est un sujet de débats continuels. Les tenants d’une intervention étatique forte invoquent souvent que l’Etat peut constituer le seul garant d’une solidarité nationale et d’une équité de traitement. Les opposants et partisans d’un modèle de subsidiarité, de leur côté, considèrent que l’Etat ne doit intervenir qu’en dernière instance et laisser l’initiative aux citoyens. La dichotomie public/privé revêt toutefois encore d’autres dimensions, comme par exemple celle attachée à la place et à la responsabilité respectivement de la famille et de l’Etat dans l’éducation des enfants. Les contributions peuvent notamment se rapporter aux questions suivantes : Comment les rapports entre Etat et organismes privés ou encore entre famille et initiative publique se sont-ils déplacés dans le temps ? Quels sont les effets d’un glissement de l’initiative de l’un à l’autre côté et vice versa, notamment sur les plans financiers, organisationnels, conceptuels ? Quels sont les expériences des travailleurs sociaux et éducatifs dans configurations « hybrides » où des organisations privées travaillent en sous-traitance ? Quels effets la tendance à la défamiliarisation de l’éducation produit-elle sur les organisations, les professionnels ou les enfants avec leurs parents ? etc. 6) Polyvalence – spécialisation. Un autre débat continuel tourne autour de la division et de la différenciation des aides/prestations/services en fonction des besoins/problèmes/demandes des usagers/clients/bénéficiaires. De manière indirecte, c’est toute la notion de professionnalité qui est mise jeu. De quel professionnel avons-nous besoin ? Les adeptes de la spécialisation invoquent notamment la nécessité d’une optimisation des services, que ce soit en termes de « flux » des usagers/clients/bénéficiaires ou d’adéquation entre « problème » et « solution ». En même temps, ils argumentent que la qualité et l’efficience des services serait fonction de l’expertise du professionnel, c’est-à-dire de la quantité de cas similaires traités. Par contre, les défenseurs de la polyvalence attirent l’attention sur le risque de morcellement des personnes-clientes, ces dernières n’étant plus prises en charge dans leur globalité. Les contributions adresseront notamment les questions suivantes : Comment les services et les professions se sont-ils recomposés dans l’espace et le temps selon le pôle vers lequel la balance a penché ? Quels sont les discours politiques, associatifs et professionnels en relation avec la dichotomie ? Quels sont les effets produits respectivement par la polyvalence et la spécialisation sur les usagers/clients/bénéficiaires ? Comment les professionnels pratiques-ils la spécialisation dans leur quotidien ? etc. 7) Coordination/couplage fort – coordination/couplage faible. Cette dichotomie est en quelque sorte liée à la précédente. Au fil du temps et avec le découpage des aides/prestations/services en des catégories de plus en plus fines la question de la coordination et de la mise en réseau a gagné en importance. Notamment au Luxembourg, il existe un débat animé sur la « continuité » de l’accompagnement social et éducatif. Dans le domaine de l’aide à l’enfance et aux familles des postes de « coordinateurs de projets individualisés » ont été créés. Dans d’autres domaines comme celui de l’orientation professionnelle, des services de « même » type et conventionnés avec ministères différents ont été regroupés sous un même toit. En Allemagne, notamment dans le domaine de l’aide à l’enfance on parle depuis les années 90 des aides/prestations intégrées. Eviter l’effet dit de « porte tournante » et réduire les « abus de prestations multiples » ne constituent que deux arguments en « faveur » d’un couplage plus fort. Un effet « secondaire » concerne le recours à des bases de données partagées entre services ou professionnels. Les contributions peuvent notamment se rapporter aux questions suivantes : Comment les discours et les pratiques de coordination ont-ils évolué dans le temps ? Comment la question de la coordination se répercute-t-elle sur le secret professionnel ? Quels sont les éventuels effets d’un couplage fort sur les usagers/clients/bénéficiaires, mais surtout aussi la relation entre professionnels et usagers ? etc. 8) Professionnel – amateur (mais aussi : salarié – bénévole). Comme Wagner (1981) le suggère à propos de l’anthropologue, est-ce que nous ne serions pas tous des travailleurs sociaux ? Ce qui est en quelque sorte mis « cause » par cette dichotomie est l’invention même de la notion de profession et de sa réglementation – on est de retour à la distinction entre individu et Etat. C’est peut-être dans le domaine de l’éducation des enfants

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que la frontière entre professionnel et amateur, en les figures de l’éducateur/-rice professionnelle et les mères/pères par « vocation », est la plus débattue. Qu’est-ce qui fait une bonne éducatrice ? L’expérience de la maternité et le fait d’avoir élevé soi-même des enfants ? La connaissance de techniques éducatives spécifiques ? La question de la professionnalité est régulièrement aussi un objet de débat dans le cas de « crises », comme pour la récente « crise des réfugiés ». Dans le quotidien des organisations, amateurs et professionnels se côtoient aussi en tant que membres du conseil d’administration (de l’association) et personnel à titre rémunéré. Les contributions adresseront notamment les questions suivantes : Quel est cet imaginaire qui est mobilisé par l’idée de professionnel ? Quels sont les effets de cette distinction sur l’invention des problèmes sociaux (est-ce que les problèmes doivent être complexes pour mériter un traitement dit professionnel) ? Comment la distinction entre professionnel et bénévole a-t-elle évoluée dans le temps et selon les lieux ? Quels sont les modes de coopération sur le terrain entre professionnels et amateurs, qu’il s’agisse au sein d’associations sans but lucratif, dans le cadre de l’aide humanitaire ou ailleurs ?

« Autres » catégorisations binaires

Les potentiels intervenants sont libres de proposer d’autres catégorisations binaires pour leur communication. En effet, la liste ci-avant ne se veut pas exhaustive. Nous encourageons explicitement la soumission de propositions qui éclaircissent des découpages moins « classiques ».

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Séminaires pré-colloque Les séminaires de pré-colloque s’adressent d’habitude aux jeunes chercheurs et aux étudiants avancés dans l’optique de leur permettre de présenter et de discuter leurs travaux de recherches avec des chercheurs expérimentés. Selon le cas, les séminaires de pré-colloque englobent encore des ateliers de méthodologie de la recherche. Les séminaires de pré-colloque 2018 s’inscrivent dans une « perspective » quelque peu différente. En effet, ils mettront à contribution le mouvement à la fois « théorique » et « méthodologique » réalisé par Claude Haas et Thomas Marthaler - enseignants-chercheurs auprès de l’institut de recherche IRISS à l’Université du Luxembourg et co-organisateurs du colloque 2018 - et leurs multiples collaborateurs, dont notamment Nicolas Uhler, au cours des quatre dernières années. Comme la conception générale du colloque s’inscrit dans la mouvance de ces travaux, les séminaires de pré-colloque constituent, pour ceux qui s’y intéressent, une occasion de se familiariser davantage avec la dite « theory of scales » (2015a, 2015b, 2017) et quelques-unes de ses « applications » (2016). La « theory of scales » et ses différentes applications à la recherche, à l’enseignement et à la pratique professionnelle du travail social et éducatif trouvent leur inspiration dans les travaux de différents auteurs à vocation poststructurelle ou postplurielle, dont notamment les anthropologues sociaux Marilyn Strathern (1990, 1995, 2004a, 2004b et 2013), Roy Wagner (1981, 1986 et 2001) et Annemarie Mol (1998, 2002), le sociologue Andrew Abbott (2001 et 2004), mais aussi différents chercheurs en STS, comme p. ex. Casper Brunn Jensen (2007 et 2010) ou Christopher Gad (2013). Dans sa portée générale, la « theory of scales » s’apparente plutôt à une « ontologie heuristique » visant à être sensible et à rendre visible le travail d’invention permanent de personnes-en travail-scalaire-en-des-lieux-dans-le-temps. La notion de travail scalaire renvoie à l’activité humaine de découpage du « monde » en entités ou éléments symboliques sitôt mis en relation. Par rapport au dit « pluralisme occidental », elle se rapporte plus particulièrement à la manière dont nous regroupons ces entités (une multitude d’individus, de classes, d’organisations, etc.) en domaines à différents niveaux ou magnitudes. En référence à Wagner (1981), la « theory of scales » considère que les entités en question ne revêtent un sens qu’à travers leurs multiples associations contextuelles. De ce point de vue, elle s’inscrit dans une approche relationnelle (d’où aussi les traits d’union dans la « formule » ci-avant) tout en postulant que la « réalité » est « fractale » ou multiple. En suivant l’argumentation développée par Mol (1999 et 2002), la « theory of scales » considère en effet que la « réalité » n’est pas observée, mais plutôt performée par les personnes-en travail-scalaire-en-des-lieux-dans-le-temps. Au cours du temps, les travaux et expérimentations de Claude Haas et Thomas Marthaler ainsi que de leurs collaborateurs ont débouché sur l’invention d’une méthodologie de recherche originale tout comme une « autre manière » d’enseigner à l’université. En même temps, ils ont réinventé le travail social et éducatif en tant que travail de bricolage relationnel et scaléo-sensible. La notion de bricolage renvoie dans ce contexte à la fugacité et, par conséquent, à l’imprévisibilité du travail scalaire des personnes. En ce sens, le « fait » de bricoler n’a rien d’embarrassant faute d’une meilleure planification, mais fait partie de l’« art » inventif et créatif du travailleur social et éducatif. Notons encore que dans le contexte de leur travail de « conceptualisation », Claude Haas et Thomas Marthaler recourent d’une manière créative aux images du fractale (notamment la poussière de Cantor et l’ensemble de Mandelbrot) et du cyborg. En espérant que ces quelques explications partielles vous incitent à vouloir en savoir plus, Claude Haas et Thomas Marthaler ainsi que leurs collaborateurs vous donnent rendez-vous le 1er juillet de 14.00 à 17.30 heures. L’organisation des séminaires dépendra du nombre de personnes inscrites. D’un point de vue contenu, les participants auront l’occasion de découvrir à la fois les applications recherche, enseignement et travail social de la « theory of scales ». Haas C. & Marthaler, T. (2015a). Vom Mappen zum Skalieren von sozialen Feldern. Matrix Working Paper Series. Working Paper 1 (19.p). Luxembourg: Université du Luxembourg. Haas C. & Marthaler, T. (2015b). Vom Individuum und Akteur zur relationalen Person. Matrix Working Paper Series. Working Paper 2 (20.p). Luxembourg: Université du Luxembourg. Haas, C., Marthaler, T. & Uhler, N. (2016). Gemeinwesenarbeit als relationale skalierungssensible Örtlichkeitsarbeit. Matrix Working Paper Series. Working Paper 7 (11.p). Luxembourg: Université du Luxembourg.

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Marthaler, T. & Haas, C. (2016). Arrangieren und Relationieren. Ein etwas anderer Zugang zur Wohlfahrtsgeschichte. Sozial Extra, 40(1), 39 – 42 Marthaler, T. & Haas, C. (2017). Politische, soziale und rechtliche Systeme und der ”westkulturelle Pluralismus”. Matrix Working Paper Series. Working Paper 10 (22 p.). Luxembourg: Université du Luxembourg ----------------- Abbott, A. (2001). Chaos of Disciplines. Chicago: The University of Chicago Press. Abbott, A. (2004). Methods of Discovery. Heuristics for the Social Sciences. New York: Norton & Company. Gad, C. (2013). A Postplural Attitude. Reflections on subjectivity and ontology. NatureCulture, 2(1), pp. 50-79. Jensen, C. B. (2007). Infrastructural fractals: revisiting the micro – macro distinction in social theory. Environment and Planning D: Society and Space, 25(5), 832-850. doi:10.1068/d420t. Jensen, C. B. (2010). Ontologies for Developing Things. Making Health Care Futures Through Technology. Rotterdam: Sense Publishers. Mol, A. (1999). Ontological politics. A word and some questions. In: J. Law & J. Hassard (Ed.), Actor Network Theory and after (pp. 74-79). Oxford: Blackwell Publishing. Mol, A. (2002). The Body Multiple: Ontology in Medical Practice. Durham & London: Duke University Press. Strathern, M. (1990). The Gender of the Gift. Berkeley: University of California Press Strathern, M. (1995). The Relation: Issues in Complexity and Scale. Cambridge: Prickly Pear Press. Strathern, M. (2004a). Partial Connections (2nd ed.). Walnut Creek: Rowman & Littlefield. Strathern, M. (2004b). The Whole Person and Its Artifacts. Annual Review of Anthropology, 33, 1-19. doi: 10.1146/annurev.anthro.33.070203.143928.

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Appel à communication L’appel à communication est ouvert à tous les intervenants qui s’intéressent de près ou de loin à la thématique du colloque. Par intervenant nous entendons non seulement les enseignants-chercheurs, mais aussi les professionnels, les usagers/bénéficiaires/clients tout comme les étudiants. Le colloque 2018 du REFUTS s’adresse d’une manière résolue à un public plus large en « faisant entrer les sciences dans le monde du quotidien », en allusion au livre de Bruno Latour (1999) sur le rapport entre science et politique. En contre-courant à la réduction des temps de présentation à 15 voire même 10 minutes (débat inclus) dans les conférences internationales, les initiateurs du colloque entendent rétablir la parole des intervenants en leur donnant le temps de développer leur argumentation. Par ailleurs, une place importante est accordée à la discussion. Ainsi, les différents types de communication prévoient un temps relativement important au débat. Les intervenants sont vivement invités à accorder une place importante à la mise en lumière des processus de codage binaire et de leurs effets (conséquences) sur différentes personnes ou « catégories » de personnes à différentes échelles (relations entre travailleur social et usager/bénéficiaire/client, relations entre organisations et usagers, etc.). De même, nous encourageons les intervenants à produire des communications qui mettent l’accent sur des réflexions ou des exemples relatifs à des stratégies ou approches qui visent en quelque sorte à « suspendre » les codages binaires, à les « fluidifier » ou à « jouer avec » de manière créative. Une attention particulière sera également accordée à l’originalité et à la créativité des contributions. L’appel est lancé à des propositions qui osent par exemple transgresser les découpages disciplinaires et sectoriels « traditionnels » et qui ouvrent des pistes de réflexion sur des approches à caractère « innovateur ». Par ailleurs, des contributions qui mettent en lumière le travail de codage binaire/différenciation fractale (Abbott, 2001) dans sa dimensionnalité spatio-temporelle sont tout autant les bienvenues que celles qui se concentrent plutôt dans une perspective synchronique sur la réplication de certains codages binaires dans des domaines a priori différents (migration, santé, travail, logement, etc.).

Types d’interventions

Afin de permettre à tous les participants, qu’ils soient chercheurs, professionnels, étudiants, usagers ou habitants du quartier, de s’exprimer et de s’échanger librement, les intervenants peuvent choisir parmi une large palette de formats de communication et d’intervention. Certains formats ont été spécialement retenus afin d’inciter les professionnels, les étudiants et les usagers à s’impliquer. C’est notamment le cas pour l’atelier de discussion ou l’atelier créatif, mais aussi les ateliers découverte du quartier et les dits ateliers d’extension-de- lieux-et-personnes. Peu importe le format, chaque intervenant disposera d’un temps suffisant pour développer son argumentation. En même temps, une grande place est à chaque fois accordée à la discussion ou à l’expérimentation. 1) Présentation grande audience sur invitation. Les présentations grande audience s’étalent sur 90 minutes. Un intervenant invité par le comité scientifique y approfondit une facette spécifique et originelle relative à la thématique générale du colloque. Le temps de présentation est limité à 45 minutes et ouvre sur un débat (45 minutes) animé par un modérateur. 2) Présentation individuelle. Ce format est ouvert à tout le monde, que ce soient les enseignants-chercheurs, les professionnels, les étudiants ou encore les usagers de services sociaux et éducatifs. Les intervenants disposent d’un temps de présentation maximal de 30 minutes suivi d’une discussion de 15 minutes (45 minutes au total). Pour la soumission d’une présentation individuelle, il importe de bien préciser les catégorisations binaires traitées dans leur imbrication contextuelle (champ, pratique, etc.). Le résumé doit également renseigner sur les questions que l’intervenant veux discuter avec l’audience. Comme la durée standard d’une session est de 90 minutes, nous allons regrouper à chaque fois deux présentations individuelles sur une session. 3) Atelier de présentation. Les personnes qui souhaitent déposer un résumé pour un atelier de présentation (durée : 90 minutes) devront se regrouper par deux ou trois communications. Le temps de présentation par intervention est limité à 20 minutes en cas de trois communications. Le résumé déposé doit non seulement renseigner sur la teneur des communications individuelles, mais également sur le fil rouge que les intervenants souhaitent impulser à l’atelier en termes notamment de questionnements. Par ailleurs, il doit

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contenir des indications sur la manière dont les intervenants souhaitent faire participer l’audience à la réflexion en commun. 4) Atelier de discussion. Ce quatrième format est entièrement dédié à la discussion (durée : 90 minutes). La ou les personnes qui souhaitent organiser un atelier de discussion doivent impérativement préciser les questions qu’elles souhaitent aborder dans le cadre de l’atelier. Ces questions doivent évidemment être en lien avec la thématique du colloque. Le ou les organisateurs fournissent également dans leur résumé des indications sur le ou les contextes qui ont suscité leur(s) questionnement(s). Lors de l’atelier, les organisateurs feront une courte introduction à la thématique abordée. A cet effet, ils peuvent laisser libre court à leur créativité. Ainsi, l’introduction peut consister en l’exposition d’un « cas », la présentation d’une vidéo ou d’une documentation télévisée, un article de presse, etc. suivie des questions soulevées. d’Ce format s’adresse tout particulièrement, mais non exclusivement, aux professionnels du travail éducatif et social ainsi qu’aux « usagers/clients/ bénéficiaires » en tant qu’intervenants. 5) Atelier créatif. Ce format aménage, comme le nom l’indique, une part importante à l’expérimentation créative. Plutôt que de se baser sur des présentations, l’atelier créatif recherche la participation active de l’audience à travers des simulations de situations ou des jeux de rôles. Dans le cas idéal, ces situations s’inspirent directement de « cas » rencontrés sur le terrain. L’idée est d’expérimenter avec les participants différents scénarios possibles et d’inciter ainsi à une réflexion commune. Le résumé précise la ou les situations qui font l’objet d’une mise en scène ainsi que les questions soulevées. L’atelier créatif s’étale en principe sur une durée de 90 minutes. Comme pour l’atelier de discussion, ce format s’adresse tout particulièrement, mais non exclusivement, aux professionnels du travail éducatif et social ainsi qu’aux « usagers/clients/ bénéficiaires » en tant qu’intervenants. 6) Ateliers découverte du quartier (appel à proposition aux institutions sociales, étudiants UL et usagers). Ce format présente des similitudes avec la visite de terrain. Comme le colloque a directement lieu dans un des « quartiers sensibles » de la ville de Luxembourg, qui présente par ailleurs une très haute densité en institutions sociales, il serait dommage de ne pas permettre aux participants de se mettre à la « découverte » du quartier et de ses habitants. Un appel est ainsi lancé aux institutions sociales présentes sur le terrain, mais aussi aux étudiants de l’Université du Luxembourg et aux usagers/bénéficiaires/clients de proposer des itinéraires inédits, en relation directe avec l’une ou l’autre catégorisation binaire. Pour les « guides », ce sera l’occasion de se « frotter » aux questions et réflexions des participants. Le résumé doit contenir des indications sur l’itinéraire choisi ainsi que les catégorisations thématisées en cours de route. 7) Ateliers d’extension-de-lieux-et-personnes. Ce format s’adresse exclusivement aux étudiants qui ont suivi le module sur le travail communautaire dans le cadre du Bachelor en Sciences Sociales et Educatives (BSSE) à l’Université du Luxembourg. Les initiateurs du colloque lancent ainsi un appel à tous les étudiants en question à proposer des extensions de lieux expérimentales et créatives qui « défient » les découpages conventionnels. Les étudiants intéressés sont priés de s’adresser directement à un des membres du comité d’organisation local.

« Special feature » : Speakers’ Corner

Inspiré de l’idée du Speakers’ Corner (littéralement « coin des orateurs »), qui désigne à l’origine un espace réservé au nord-est de Hyde Park, à Londres où chacun peut prendre la parole librement et assumer un rôle temporaire d'orateur, nous avons prévu pour chaque journée un moment où tout un chacun peut prendre la parole en différents lieux du quartier de Bonnevoie. Dans leurs prises de parole, les orateurs auront l’occasion de partager leurs réflexions à propos des présentations et ateliers auxquels ils ont assisté jusqu’alors. Vu le caractère « spontané » des prises de parole, nous allons mettre en place un système d’information et communication spécifiquement dédié à cet aspect du colloque.

Soumission de résumés

La soumission de résumés se fait obligatoirement via l’interface Internet mis en place (http://www.refuts.eu/colloque/appel-a-contributions/types-de-communication/). La date limite pour la soumission est le 15 mai 2018 à 24 heures. Les soumissionnaires seront informés si leur proposition a été retenue jusqu’au 1er juin 2018.

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Organisation

Inscription

L’inscription se fait obligatoirement via l’interface Internet mis en place (http://www.refuts.eu/colloque/organisation/inscription/). Les inscriptions en ligne sont ouvertes jusqu’au 15 juin 2018. Il sera possible de s’inscrire sur place. L’inscription est gratuite et vous recevrez un « welcome extension bag » dès votre arrivée au colloque ainsi que des collations.

Lieu

Le colloque aura lieu dans le quartier « sensible » de Bonnevoie. A travers la collaboration avec différentes organisations locales comme par exemple l’institution culturelle Rotondes, l’asbl Inter-Actions, mais aussi les commerçants sur place, le colloque va investir des lieux très divers. Selon les conditions météorologiques, certains ateliers auront également sous plein air. Des informations détaillées sur les lieux des différentes interventions seront fournies aux participants au moment de leur arrivée.

Traduction

Une traduction simultanée, en particulier de l’anglais en français et vice versa, sera assurée pour les « présentations » à grande audience. Selon le cas, d’autres traductions seront assurées, notamment du français en espagnol et vice-versa. Pour les autres types d’intervention, nous allons essayer dans la mesure du possible d’assurer également une traduction. Les « ateliers découverte du quartier » seront assurées de manière à ce que les différentes langues soient représentées.

Déroulement provisoire

Dimanche, 1er juillet 2018 Pré-colloque 13.30 Accueil Rotondes 14.00 Seminaire I 15.00 Pause 15.15 Seminaire II 16.15 Pause 16.30 Seminaires III Restauration possible à la buvette du Rotondes Public viewing avec « commentaires d’experts à chaud » championnats mondiaux de football Lundi, 2 juillet 2018 9.00 Accueil/café du matin sur trois lieux différents (en parallèle) 10.00 – 11.30 Session 1 12.15 – 13.45 Session 2 14.30 – 15.00 Speakers’ Corner 15.30 – 17.00 Session 3 17.00 – A la découverte Bonnevoie

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Expérimentations collectives et suprises loisirs Mardi, 3 juillet 2018 8.30 Accueil/café du matin sur trois lieux différents (en parallèle) 9.00 – 10.30: Session 1 11.15 – 12.45: Session 2 13.30 – 14.00 Speakers’ Corners 14.30 – 16.00 Session 3 17.00 – 18.30 Session 4 20.00 : « Coming together » Bonnevoie Mercredi, 4 juillet 2018 8.30 Accueil/café du matin sur trois lieux différents (en parallèle) 9.00 – 10.30 Session 1 11.15-13.30 Session 2 et clôture du colloque Pendant les trois jours, un buffet permanent permettra aux participants de ne pas ressentir de faim.

Côté pratique Des informations plus détaillées concernant le logement, les repas et les activités de « socializing »/loisirs vous parviendront dans le courant des mois de mars et avril. Comme il ressort des indications fournies à ce moment, l’équipe organisatrice est en cours de réaliser différentes démarches relatives au logement, mais aussi les autres aspects.

Un caractère expérimental

Compte tenu de la thématique du colloque, le comité d’organisation local a délibérément opté pour un mode d’organisation « alternatif », qui peut encore être qualifié d’expérimental. En effet, le comité a estimé qu’il serait intéressant de « suspendre » les distinctions entre publics cibles (scientifiques, professionnels, usagers, grand public), science et art ou encore théorie et pratique, afin de ne pas reproduire « aveuglément » les catégorisations mises en débat. Une implication directe en est que le colloque n’aura pas lieu dans les locaux de l’Université du Luxembourg, mais dans le quartier Bonnevoie de la ville de Luxembourg. Tout comme les participants au colloque seront amenés à « étendre » les divers lieux du quartier, ces mêmes lieux et les personnes y liées seront incités à « étendre » aussi les participants. La grande salle de la maison de jeunes locale deviendra ainsi un lieu de débat et de rencontre où s’entremêleront divers « publics ». Les participants au colloque, qu’ils le veuillent ou non, se muteront par le même biais en travailleurs communautaires – la même chose vaut pour les habitants du quartier. Les participants seront encouragés à s’impliquer activement dans la « déconstruction » des catégorisations inscrites dans l’espace même du quartier. Ceci étant dit, les initiateurs du colloque chercheront à mobiliser les professionnels du quartier – Bonnevoie en tant que « quartier sensible » présente la plus grande densité d’institutions sociales au Luxembourg – à communiquer, tout comme les usagers/clients/bénéficiaires et les nombreux étudiants présents. Le partenariat avec le service communautaire d’Inter-Actions asbl devra permettre d’étendre la suspension des catégorisations à la question du logement, des repas et des échanges sociaux. Dans le même esprit, la collaboration avec le centre culturel Rotondes ouvrira encore à d’autres dimensions.

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Logement

Les participants au colloque auront le choix entre différents arrangements de nuitées. Comme certaines options nécessitent un travail préalable de la part de l’équipe d’organisation sur place, des informations plus précises ne seront disponibles qu’au fur et à mesure. Dans tous les cas, nous invitons vivement tous les participants à loger dans le quartier de Bonnevoie lui-même. Ceci permettra notamment d’éviter les trajets inutiles. Les personnes qui préfèrent réserver longtemps en avance peuvent dès à présent se mettre à la recherche des petits hôtels qui existent dans le quartier ou bien se rapporter à des sites comme AirBnB. Un arrangement un peu moins traditionnel, à savoir le couch-surfing, vous sera également proposé dans le quartier en travail. Arrangement « classique » ou plutôt « expérimental » ? – à vous de voir. Nous allons aussi mobiliser des gens « privés » du quartier pour vous accueillir chez eux. Une liste des personnes en question sera mise à disposition prochainement et élargie au fur et à mesure que nos petits escargots sensibiliseront d’autres personnes au cours de leurs expérimentations. Affaire à suivre… Les « courageux » d’entre vous sont priés d’amener leur tente et leur sac de couchage. Nous avons à disposition des jardins « privés », ainsi que d’autres possibilités que nous vous révélerons très prochainement. Pour ceux qui prétendent sortir des découpages portés par toute forme de planification, venez sans réserver, ni sac de couchage, et vous vous retrouverez dans une expérience inédite, et nous d’ailleurs aussi ! Tout dépend de la catégorie dans laquelle vous vous mettez vous-même : « en sécurité avec une réservation » ou « aventureux », « avec plan » ou « sans plan », « plutôt conformiste » ou « plutôt expérimental ». Le mal des catégorisations n’existe qu’à partir du moment où elles créent des effets indésirables chez les personnes concernées, alors restons sensibles.

Restauration

Bonnevoie, étant un quartier bien diversifié, offre plein de possibilités de restauration à courte distance pour tous les goûts. En préparation du colloque, l’équipe organisatrice procédera également à un travail d’extension des lieux de restauration en invitant les commerçants, les petites épiceries, les bistrots et restaurants, les boulangers etc. au colloque. Les amis du quartier, des étudiants et l’équipe organisatrice elle-même contribuera à la mise à dispositif d’un grand buffet permanent sur une place centrale. Il y aura également occasion de partager un repas dans une des divers institutions sociales sur place.

Socializing/Loisirs

Etendre le colloque et étendre les lieux du quartier ne peut pas se limiter à la communication, l’échange des idées, la nourriture et un lieu de repos. Le quartier et la ville de Luxembourg offrent toujours plein de possibilités de découvertes-loisirs. Pour le temps du colloque nous allons ajouter quelques activités de loisirs sur les lieux. A différents endroits, parfois surprenants, vous allez trouver des possibilités de faire un peu de sport, des jeux ou des activités créatives, qui constituent autant d’incitations à se rencontrer sur des bases inédites.