le sénégal est un pays côtier situé à l’extrémité ouest du...

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SOMMAIRE LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES.......................................2 REMECIEMENTS........................................................3 INTRODUCTION........................................................4 Présentation de la zone d’étude....................................11 Chapitre I : Le cadre biophysique et généralités sur les crevettes en Casamance..........................................................13 I. Le contexte socioéconomique de la région de Ziguinchor...............13 II. Le cadre biophysique................................................20 III. Les crevettes de la Casamance......................................26 Chapitre 2 : Matériel et méthode...................................29 I. Matériel.............................................................29 II. Méthode.............................................................29 III. Le traitement des données..........................................32 Chapitre 3 : Les résultats et discussions..........................34 I. Les résultats........................................................34 II. Discussion..........................................................39 BIBLIOGRAPHIE......................................................49 Documentation Générale..................................................49 Documentation Spécifique................................................50 LISTE DES TABLEAUX.................................................52 LISTE DES FIGURES..................................................52 TABLE DES MATIERES.................................................53 1

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SOMMAIRE

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES..................................................................................................2

REMECIEMENTS.....................................................................................................................................3

INTRODUCTION......................................................................................................................................4

Présentation de la zone d’étude................................................................................................................11

Chapitre I : Le cadre biophysique et généralités sur les crevettes en Casamance....................................13

I. Le contexte socioéconomique de la région de Ziguinchor...........................................................................13

II. Le cadre biophysique....................................................................................................................................20

III. Les crevettes de la Casamance....................................................................................................................26

Chapitre 2 : Matériel et méthode..............................................................................................................29

I. Matériel............................................................................................................................................................29

II. Méthode..........................................................................................................................................................29

III. Le traitement des données...........................................................................................................................32

Chapitre 3 : Les résultats et discussions...................................................................................................34

I. Les résultats.....................................................................................................................................................34

II. Discussion.......................................................................................................................................................39

BIBLIOGRAPHIE...................................................................................................................................49

Documentation Générale......................................................................................................................................49

Documentation Spécifique...................................................................................................................................50

LISTE DES TABLEAUX........................................................................................................................52

LISTE DES FIGURES.............................................................................................................................52

TABLE DES MATIERES.......................................................................................................................53

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LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES AGP Association des Groupements du Programme d’Appui à la Pêche et au Mareyage à Ziguinchor

CNPS Conseil National des Pêcheurs du Sénégal

CRODT Centre de Recherches Océanographiques Dakar-Thiaroye

CSE Centre de Suivi Ecologique

CT Continental Terminal

DAT Direction de l'Aménagement du Territoire

DMN Direction de la Météorologie Nationale

DTGC Direction des Travaux Géographiques et Cartographiques

FFC Filet Fixe à Crevette

FENAGIE Fédération Nationale des Groupements d’Intérêt Economiques

FENAMS Fédération Nationale des Mareyeurs du Sénégal

FENATRAMS Fédération Nationale des femmes Transformatrices et Micro mareyeuses du Sénégal

GIPAC Groupement Interprofessionnel de la Pêche Artisanale en Casamance

IDEE Casamance  Initiative pour le Développement Ecologique de l'Environnement en Casamance

MEPN Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature

OEPS Observatoire Economique pour la Pêche au Sénégal

ONG Organisation Non Gouvernementale

PEB Pont Emile Badiane

RGPH Recensement Général de la Population et de l'Habitat

SOFRIKAF Société Frigorifique de Kafountine

SONACOS Société Nationale de Commercialisation des Oléagineux du Sénégal

SRPS Service Régional de la Prévision et de la Statistique

SRPSZ Service Régional des Pêches et de la Surveillance de Ziguinchor

UICN/BRAO Union Mondiale pour la Nature / Bureau Régional Afrique de l'Ouest

UNAGIEM Union Nationale des Groupements d’Intérêt Economique de Mareyeurs du Sénégal 

UTM

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REMECIEMENTSCe rapport de stage est une contribution à la connaissance des valeurs et fonctions des zones

humides pour une gestion durable. Ces écosystèmes jouent un rôle important dans les pays au

sud du Sahara marqués par des crises politiques et climatiques ayant profondément modifié les

économies locales. Néanmoins, ils sont intensément exploités si bien que leur existence peut

être sérieusement menacée.

Ce travail n’aurait jamais vu le jour sans le concours de certaines personnes à qui nous tenons

à adresser nos vifs remerciements pour leur soutien, leur aide, et leur conseil. Nous pensons

tout d’abord à notre Directrice de Mémoire, le Professeur Millogo Rassolo Dimby. Notre

collaboration a débuté lors de notre première sortie de terrain au Parc Urbain de Bangr-

Weoogo. Malgré son emploi du temps chargé, elle a su aménager son calendrier de façon à

nous écouter et nous orienter. C’est ainsi qu’ensemble avec elle nous avions retenu un thème,

préparé un protocole de recherche et élaboré un questionnaire. Sur le terrain, elle faisait des

observations nous permettant de rester sur la bonne voie. Professeur, trouver ici l’expression

de ma profonde gratitude.

Nos sincères remerciements au corps enseignant et à l’administration du DESS zones humides

de l’Université de Ouagadougou. Egalement merci à notre partenaire financier en l’occurrence

le Bureau Régional Afrique de l’Ouest de l’Union Mondiale pour la Nature.

Nos remerciements vont aussi à notre Directeur de Stage M. John EICHELSHEIM

Coordonnateur de Programmes à IDEE Casamance. Il nous a orienté, facilité les contactes

avec les personnes ressources de la région et a mis à notre disposition tous les moyens

nécessaires à la réalisation de nos travaux. Nous remercions également tout son staffe.

Nous confondons dans ces remerciements le service régional des pêches et de surveillance de

Ziguinchor par le biais de son Chef de Service M. Biagui Isidore, mais aussi M. Babou Labou

Agent de pêche de Niaguis.

Un grand merci à la Communauté des pêcheurs des sites de débarquements de Boudody,

Escale, Pont Emile Badiane et de Niaguis. Nous remercions également les mareyeurs de PECA

et de SOFRICAF, les chefs d’exploitation des usines de IKAGEL et PECA, tous les employés

qui ont bien voulu répondre à nos questions et tous les responsables des organisations socio

professionnelles.

Que tous ceux qui, de prés ou de loin, ont contribué à la réalisation de ce document trouvent ici

l’expression de ma profonde gratitude.

3

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INTRODUCTION

Le Sénégal est un pays côtier situé à l’extrémité ouest du continent africain ; il est compris

entre les latitudes 12º30’N - 16º30’N et 11º30’ - 17º30’ de longitudes ouest. Le Sénégal est

limité au nord par la République islamique de Mauritanie, au sud par les Républiques de

Guinée et de Guinée Bissau, à l’est par le Mali et à l’ouest par l’océan Atlantique. De par sa

position en latitude et son réseau hydrographique, il dispose de zones humides1 importantes

tant sur le plan national qu’international (Dacosta, 2003). Ces zones humides, grâce à leurs

produits, fonctions et attributs (Barbier et al, 1997 ; Vives, 1996 ; http://www.ramsar.org)

contribuent largement au développement socio-économique du Sénégal. Parmi les secteurs

économiques les plus productifs on peut citer la pêche ; cette dernière bénéficie de conditions

naturelles favorables :

un littoral long de 700km relie du nord au sud la région de Saint-Louis à celle naturelle

de la Casamance. L’espace maritime national couvre une superficie d’environ 198

000km² (Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature -MEPN-,

1997) ;

un réseau hydrographique national relativement dense. Il est marqué par les principaux

fleuves que sont : le Sénégal long de 1 750km, la Gambie (1 150km), la Casamance

(300km) et le complexe fluvio-lagunaire du Sine-Saloum ;

les débouchés de ces différents fleuves sont colonisés par la mangrove qui constitue

une zone de reproduction et/ou de croissance pour des espèces comme les poissons et

les crevettes2 ;

sous l’effet de la circulation générale, le phénomène d’upwelling participe également à

l’enrichissement des côtes sénégalaises en phytoplanctons et en zooplanctons3.

Ces atouts naturels sont doublés d’une colonisation du littoral par un peuple aux valeurs

traditionnelles fortement ancrés dans la pêche artisanale. Il s’agit des :

Wolof de Guet-Ndar dans la région de Saint-Louis au nord du pays ;

1 Nous entendons ici par zones humides la définition adoptée par la convention de Ramsar, 1971 en son article 1. Les zones humides sont « des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres. » 2 Les valeurs écologiques et socio-économiques de la mangrove sont décrites par Doyen et al, 1985 dans son ouvrage : La mangrove à usages multiples de l’estuaire du Saloum (Sénégal) 3 B. LLERES dans Milieux marins et côtiers   : richesse halieutiques des eaux sénégalaises met en relief la relation intrinsèque qui existe entre la circulation atmosphérique générale de l’Afrique de l’Ouest et la productivité des eaux sénégalaises.

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Nyominka des îles du Saloum ;

Lébous de Dakar et de la Petite Côte ;

Toucouleur et Walo-Walo le long de la vallée du fleuve Sénégal et

Diola de la Basse Casamance (Chaboud et al, 1987).

La pêche artisanale et industrielle est le pilier de l’économie nationale. Elle fournit près de

112,802 milliards de francs CFA à l’économie nationale ; elle coiffe ainsi le tourisme, les

produits de phosphate et la culture de l’arachide. La filière crevettière constitue un maillon

important de ce secteur. Malgré le poids faible que la crevette représente dans les captures (9

603 sur 453 183 tonnes en 1997, soit 2,12%), sa valeur commerciale est assez élevée. En effet,

sur les 112,802 milliards de francs CFA, la crevette représente 23 milliards de francs CFA soit

20,4% (OEPS, 1999).

En Casamance où la zone littorale s’étend sur 86km on observe une richesse en ressources

halieutiques. La pêche artisanale y joue un rôle important dans la dynamique socio-

économique, notamment en terme d’emploi et d’alimentation des marchés locaux en protéines

animales. Les récentes statistiques (2001 à 2004) du Service Régional des Pêches et de la

Surveillance de Ziguinchor -SRPSZ- sur la pêche artisanale font état 17 469,3 tonnes pour une

valeur commerciale moyenne estimée à 6 674 360 559 francs CFA. Les captures de la pêche

crevettière représentent en moyenne 926 tonnes soit 5,3% de la production locale et participe à

hauteur de 1 362 775 188 francs CFA soit 20,4%. Ces statistiques qui mettent en relief la forte

valeur commerciale de la crevette au kilogramme (1500 francs CFA en moyenne) dénotent de

l’importance économique de cette ressource halieutique à l’échelle locale et même nationale.

Les captures concernent essentiellement la crevette rose tropicale (Farfantepenaeus notialis) ;

la crevette profonde (Parapenaeus longirostris) ne représentant qu’un faible pourcentage.

Face à une telle situation, l’on a tendance à une exploitation peu soucieuse des générations

futures. En fait, la dualité concurrentielle entre conservation et développement constitue un

débat rebondissant. S’il est certain que les choix politiques internationaux s’accordent sur la

nécessité de replacer l’homme au cœur des activités de conservation de la nature4, les options

de développement dans les pays du tiers monde menacent la survie des zones humides et

partant des ressources qu’ils abritent. Ayant conscience de la valeur écologique intrinsèque du

fleuve Casamance d’une part et d’autre part du rôle économique que joue la pêche crevettière

et de la place qu’elle peut occuper en terme d’emploi, les autorités administratives avaient en

4 Le Principe 2 de la Déclaration de Rio, 1992 stipule que : « Les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable. Ils ont droit à une vie saine en harmonie avec la nature. »

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son temps opté pour une utilisation durable de la ressource. Dans cette perspective l’arrêté

ministériel n˚10862 du 02 septembre 1981 réglementant la pêche crevettière sur le fleuve

Casamance et ses affluents avait été pris. Dans ses grandes lignes il interdit toute l’année la

pêche crevettière sur l’axe Pont Emile Badiane-Embouchure (article 3), définit les engins de

pêche (article 2), limite la taille des crevettes à capturer (article 5) … La délimitation de la

zone de pêche sur le fleuve Casamance s’était appuyée sur le cycle biologique des crevettes. Il

avait été reconnu que le gradient de taille (LHomme et al, 1984) des crevettes augmentait

progressivement de l’embouchure vers l’amont. Les captures enregistrées sur la zone légale de

pêche avaient une très forte valeur financière car la taille des crevettes était assez grande.

Les efforts consentis par les pouvoirs publics afin de préserver les ressources du fleuve ont été

mis en œuvre par :

le Service Régional des Pêches et de la Surveillance de Ziguinchor qui est chargé

d’appliquer la politique de l’Etat ;

le Centre de Recherches Océanographiques de Dakar-Thiaroye (CRODT) est

responsable des études scientifiques et doit faire des recommandations pour une bonne

gestion des pêcheries en général et des ressources halieutiques en particulier ;

les partenaires au développement par le biais d’Organisations Non Gouvernementales

(ONG) comme IDEE Casamance et

certaines communautés locales vivant en son temps de la pêche de subsistance.

Aujourd’hui, le secteur connaît une crise conjoncturelle dont les explications tiennent à la fois

sur des facteurs d’ordre naturel et politique. La valeur moyenne de 1500 francs au kilogramme

est à cheval -dans l’échelle d’achat par les industries5- entre les qualités 4 et 5 correspondant à

40 voire 60 individus par moule (cf. Tableau 1). A partir de la fin des années 1960, le déficit

pluviométrique observé dans toute la zone sahélienne a contribué à la fragilisation voire à la

dégradation des ressources naturelles. Les conséquences manifestes d’une telle situation se

sont traduites en Casamance par une :

salinisation des eaux du fleuve ;

faiblesse des effets de chasse et

réduction des surfaces de mangrove au profit des tannes.

5 A Ziguinchor, trois usines achètent les crevettes. Il s’agit de ; IKAGEL, SOFRIKAF et du Complexe Frigorifique de Ziguinchor (PECA)

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Tableau 1 : Relation qualité prix au kilogramme

Qualité Nombre d'individus Poids (g)/individu Prix (F CFA) au kg

n˚ 1 10-20 100-50 6650

n˚ 2 20-30 50-33,33 5150

n˚ 3 30-40 33,33-25 3150

n˚ 4 40-50 25-20 1750

n˚ 5 50-60 20-16,66 1300

n˚ 6 60-70 16,66-14,28 1150

n˚ 7 70-80 14,28-12,5 900

Source : Complexe frigorifique de Ziguinchor, octobre 2005

La faiblesse des apports pluviaux ayant entraîné dans une certaine mesure la salinisation des

eaux du fleuve était bénéfique à la pêche crevettière en Casamance. Les captures oscillaient

entre 1500 et 1600 tonnes (Le Reste, 1992 ; Le Reste et al, 1994). Cependant, en 1984, face à

la persistance du déficit pluviométrique combiné à une irrégularité interannuelle, une mauvaise

répartition spatiale des pluies et une réduction de la durée de la saison pluvieuse (Marius,

1985 ; Diop et al, 1994 ; Sall et al, 2000), on a assisté à une sursalure6 de l’estuaire du fleuve

Casamance. En juin 1968, en fin de saison sèche, la salinité passait de 37‰ à Ziguinchor à

23‰ à Goudomp localité beaucoup plus en amont de l’embouchure. A la fin de la saison

humide (octobre), elle est passée respectivement de 11‰ à 6‰ dans les deux localités. En

1984 -et ce pour les mêmes localités et les mêmes périodes- la salinité est passée

respectivement de 52‰ à 69‰ et de 38‰ à 47‰ (Le Reste, 1992). Ce phénomène,

caractéristique des types d’estuaires inverses (Diop et al, 1994) a eu des conséquences néfastes

sur la pêche crevettière :

les captures se sont effondrées jusqu’à 800 tonnes en 1984 alors que dans le passé, elles

pouvaient atteindre 1500 tonnes ;

les filets maillants dérivants sont introduits en sus des filets fixes ;

la pêche clandestine se développe le long de la zone interdite (du pont Emile Badiane à

Ziguinchor à l’embouchure).

Cette variable naturelle est exacerbée par les actions anthropiques dont la plus importante est la

coupe abusive des bois de mangroves à des fins commerciales, de fumage des produits

halieutiques, d’exploitation des huîtres et de construction d’habitations. A cela s’ajoute une

6 Pour tout complément d’informations sur la salinité des eaux du fleuve Casamance, on peut se référer aux travaux de Marius (1985)

7

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instabilité politique lourde de conséquences. En effet, la crise politico-sociale née de la

rébellion armée qui a duré plus d’une vingtaine d’années a miné le développement économique

de cette région sud du Sénégal. Les populations ont dû abandonner leurs troupeaux, champs et

plantations pour chercher refuge dans les pays limitrophes comme la Gambie et la Guinée-

Bissau mais aussi dans les grandes villes du sud particulièrement à Ziguinchor. Ces

déplacements involontaires sont suivis de mutations socio-économiques. Les populations qui

jadis s’adonnaient à l’agriculture, à l’élevage, aux plantations et à une pêche de subsistance

font de la pêche leur activité principale.

Suite à la fermeture en 2003 du complexe industriel SOSECHAL-AMERGER-CRUSTAGEL-

SOPICA qui assurait l’achat, le traitement et l’exportation des crevettes et autres crustacées et

employait prés 2000 personnes, le secteur de la pêche crevettière vit des heures difficiles.

En 2003, l’arrêté ministériel n˚005329 du 06 août 2003 vient remplacer celui de 1981. Il

rouvre la pêche crevettière sur toute la longueur du fleuve Casamance et ramène le nombre

d’individus au moule à 200 alors qu’il était fixé à 140. Autrement, le poids normal de capture

est passé de 7,14 grammes à 5 grammes. Cette mesure tant décriée par les techniciens de la

pêche constitue le point culminant des difficultés du secteur de la pêche crevettière en

Casamance.

Au regard de toutes ces considérations (cf. Figure 1) et face au déclin du secteur de la pêche

crevettière à Ziguinchor, il en ressort une nécessité d’orienter les activités de recherche vers la

connaissance des modes de gestion des zones humides et des activités socio-économiques

traditionnelles développées par les populations locales de Ziguinchor. Il est également

important d’analyser le rôle de l’Etat dans la situation présente. De même, serait-il intéressant

de suivre l’effort de pêche dans la région et les stratégies mises en œuvre par les partenaires au

développement pour encourager les populations locales, les organisations de pêcheurs et les

mener vers une utilisation rationnelle des ressources halieutiques des zones humides. Afin de

rendre compte de ces faits, une série d’interrogations s’impose à nous :

qui sont ces populations qui exploitent les ressources halieutiques des zones humides

du fleuve Casamance et quels sont les engins et embarcations utilisés ?

le Service Régional des Pêche et de la Surveillance de Ziguinchor peut-il dans les

conditions actuelles jouer pleinement le rôle qui est le sien ?

la pêche crevettière est-elle compatible avec la pêche au poisson ?

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la forte pression exercée sur les crevettes d’une part et d’autre part, l’absence de

coordination qui découle de la multiplicité des acteurs ne précipitent-elles pas la

dégradation de la ressource ?

les conflits d’intérêt qui entravent le bon déroulement des activités des organisations de

pêcheurs et de mareyeurs ne sont-ils pas sans conséquences néfastes sur la pêche

crevettière ?

La combinaison de l’ensemble des problèmes soulevés ci-dessus ne présage-t-elle pas une

dégradation des ressources halieutiques ? Ce schéma tendanciel ne doit-il- pas faire l’objet

d’investigations afin de parer ou de minimiser les effets préjudiciables à la pêche crevettière en

Casamance ?

Le présent travail d’études et de recherches se fixe comme objectif général de déterminer les

impacts environnementaux de la pêche crevettière à Ziguinchor. Les objectifs spécifiques qui

en découlent sont :

analyser les variables qui influencent l’environnement des ressources halieutiques à

Ziguinchor ;

déterminer les impacts socio-économiques et écologiques de la pêche crevettière et

enfin

proposer un cadre organisationnel global pour une gestion rationnelle des ressources

halieutiques.

Hypothèses

si les errements actuels liés à la réglementation se poursuivent, les ressources

crevettières connaîtront-elles une évolution régressive ?

si l’absence de coordination observée actuellement dans le schéma d’exploitation des

crevettes corrélée à une multiplicité d’acteurs se maintient, assisterait-on alors à une

dégradation de la ressource ?

9

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Figure 1 : Facteurs concourant à la dégradation de la pêche crevettière en Casamance et leurs effets

Politiques étatiquesSécheresse

Baisse de la pluviométrie

Réduction de la durée de la saison pluviométrique

Evaporation élevée Crise casamançaise

Engins non adaptés

Législation

impopulaireRecherche effrénée de gain

Absence de professionnalisme

DEGRADATION GENERALISEE DE LA RESSOURCE CREVETTIERE EN CASAMANCE

Qualité réduite Captures en baisse Surcharge du fleuve

Paupérisation des pêcheurs Rendements faibles au kg Multiplication des conflits

Arrêté 2003

Usages

Perturbation des activités socioéconomiques

Sursalinisation de l’estuaire

Dégradation de la mangrove Ressource en

accès libre

Causes immédiates Constat Manifestations EffetsCauses lointaines

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Présentation de la zone d’étude

La région de Ziguinchor est située au sud du Sénégal. Elle est limitée au nord par la

République de Gambie, au sud par la République de Guinée Bissau, à l’ouest par l’océan

Atlantique et par la région de Kolas à l’est (cf. carte n 2). Elle couvre une superficie de

7339km² ; ce qui représente 3,74% du territoire national. Au dernier Recensement Général de

la Population et de l’Habitat du Sénégal (RGPH) réalisé en 2002 par la Direction de la

Prévision et de la Statistique, la population de Ziguinchor était estimée à environ à 444 830

habitants. La région est divisée en trois (03) départements, huit (08) arrondissements, vingt

cinq (25) communautés rurales et cinq cent deux (502) villages.

Ensemble avec la région de Kolda, elle forme la région naturelle de la Casamance qui est

alimenté par un cours d’eau portant le même nom. Le fleuve Casamance prend sa source à

l’intérieur des frontières sénégalaises. A la différence des fleuves Gambie et Sénégal7, son

régime est sous la dépendance étroite de la pluviométrie locale ; celle-ci est estimée à plus de

1250 mm. Par conséquent -et ce, comparativement à la pluviométrie du fouta- Jalon- les faibles

apports d’eau entraînent une salinisation de l’estuaire. La moyenne pluviométrique confère à la

Casamance un climat de type soudanien. Il est caractérisé par une alternance de saison sèche

d’octobre à mai marquée par la prédominance des alizés maritimes sur la côte et d’une saison

humide de juin à septembre dominée par un flux de mousson issu de l’Anticyclone de Sainte

Hélène. Ceci présage d’un apport pluviométrique important comparativement au reste du

Sénégal et est favorable au développement d’activités économiques telles que : l’agriculture,

l’élevage, la pêche, la chasse et l’écotourisme.

Cet atout naturel est renforcé par l’évolution géologique qui confère à la région naturelle de la

Casamance deux grandes unités :

le bassin continental d’une part auquel on rattache la Moyenne et la Haute Casamance.

Il est formé par le plateau gréseux du Continental Terminal (CT). Cette surface est

plane dans l’ensemble ;

d’autre part le bassin maritime dans lequel se situe la Basse Casamance. L’influence

maritime y est permanente.

Cette organisation du paysage régit la distribution spatiale des zones humides dans l’ensemble

du bassin de la Casamance :

7 Ces fleuves prennent leur source dans les massifs du Fouta Djalon (Guinée) sous un régime de climat tropical humide.

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les zones humides en eau libre qui couvrent une superficie d’environ 62 000 ha. Il

s’agit principalement des eaux marines et d’estuaires salées à sur salées en Basse et

Moyenne Casamance. Ces plans d’eau sont bordés de mangroves qui s’étendent sur

88000 ha et les surfaces de tannes (30 000 ha) font leur apparition lorsque les

remontées d’eau douce sont faibles ;

les bas-fond représentés dans l’ensemble de la région et

les codons sableux dont la superficie est estimée à 14000 ha. Localisés à l’entrée de

l’estuaire, les cordons sableux sont influencés par l’hydrodynamique côtière (cf. carte

n˚ 3)

12

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Chapitre I : Le cadre biophysique et généralités sur les crevettes en Casamance

La région de Ziguinchor, avec une pluviométrie moyenne de plus de 1 250mm est la région la

plus arrosée du Sénégal. Elle dispose d’un fleuve qui coule entièrement dans le territoire

national, d’une population aux valeurs fortement encrées dans l’agriculture. La pêche en haute

mer et à des fins commerciales y a été introduite par les populations en provenance du nord et

du centre. Ceci va participer profondément à l’essor socio économique de la région.

I. Le contexte socioéconomique de la région de Ziguinchor

Toutes les activités socio économiques sont bien développées dans la région de Ziguinchor.

Cependant, la pêche et l’agriculture occupent une place de choix.

1. La division administrative

Ensemble avec l’actuelle région de Kolda, la région de Ziguinchor formait la région naturelle

de la Casamance. Ce n’est en 1984 suite à la réforme administrative et territoriale du 1 ier juillet

qu’elle a été dissoute. Aujourd’hui, la région de Ziguinchor à la tête de la laquelle se trouve un

gouverneur couvre une superficie de 7 339km² soit environ 3,74% du territoire national. Elle

compte trois (03) départements :

Bignona qui s’étend sur 5 295km² ;

Oussouye qui couvre 891km² et

Ziguinchor avec 1 153km².

La région compte quatre (04) communes (Bignona, Oussouye, Thionck Essyl et Ziguinchor)

dirigées chacune par un maire, huit (08) arrondissements administrés par un sous-préfet, vingt

cinq (25) communautés rurales dirigées par un président de communauté rurale et cinq cent

deux (502) villages gérés par un chef de village (Direction de la Prévision et de la Statistique -

DPS-, 2002). (Insérer carte)

2. Le peuplement humain

Au dernier recensement général de la population de Ziguinchor effectué en 2004 par le Service

Régional de la Prévision et de la Statistique -SRPS-, la région de Ziguinchor comptait 444 830

habitants. Les hommes avec une proportion de 50,09% étaient légèrement plus nombreux que

les femmes. Des trois (03) départements de la région, Bignona est le plus peuplé avec 205 164

habitants suivi de Ziguinchor (200 695) et Oussouye (38 971).

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La région de Ziguinchor compte huit (08) ethnies ; celle dominante est le Diola avec plus de

60% de la population régionale. (cf. Figure 2)

Figure 2 : Composition ethnique de la région de Ziguinchor

3. Les activités économiques

3.1. L’agriculture

En Casamance, les terres arables représentent 10% du total national estimé à 19% de la

superficie du Sénégal soit environ 3,8 millions d’hectares (Centre de Suivi Ecologique -CSE-,

2000). L’activité agricole est essentiellement fonction de la pluviométrie. Les terres irriguées

ne représentent que 0,4% de la surface régionale mise en valeur (cf. Figure 3) la plupart d’entre

elles se trouvant le long de la vallée du fleuve Sénégal qui est également le bastion de la

culture de décrue.

Source : SRPS, 2004

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Figure 3 : Types de culture en Casamance

Trois (03) types de spéculations dominent l’agriculture en Casamance. Il s’agit :

d’une arboriculture fruitière avec un essor des plantations d’acajou ;

des céréales parmi lesquels on peut citer le riz qui occupe une place de choix (cf. figure

ci-dessous), le mil, le maïs et le sorgho et

les cultures industrielles comme l’arachide et le tabac avec des rendements (kg/ha)

respectivement estimés en 2004 à 893 et 803.

Figure 4 : Situation de l’agriculture en Casamance en 2004

3.2. L’élevage

Dans la région de Ziguinchor, l’élevage bénéficie de conditions naturelles favorables.

Seulement, l’activité -malgré son rôle important pour la sécurité alimentaire- reste encore

Source : CSE, 1997

Source : SRPS, 2004

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embryonnaire eu égard à son caractère traditionnel. L’élevage est également éprouvé par la

crise politique de la Casamance suite à des vols et des pertes de troupeaux.

Deux grands mouvements du bétail sont identifiés :

d’une part, pendant l’hivernage, le cheptel est fixé pour éviter son incursion dans les

champs et

d’autre part, pendant la saison sèche, les animaux sont laissés en divagation ou à la

merci d’un berger.

Le cheptel, assez varié dans l’ensemble, est en hausse progressive. Les statistiques du SRPS

relatives à l’étude sur la socio- économie de la région de Ziguinchor en 2004, donnent les

résultats ci-dessous :

bovins (86 000 têtes) ;

ovins avec 77 250 têtes ;

caprins (107 800 têtes) ;

porcins (47 000 têtes) et

équins (1 511 têtes)

Les abattages contrôlés ont produits en 2004 992,63 tonnes soit 7 415 têtes. La région importe

de la viande en provenance de Kolda, de la Gambie et de la Guinée Bissau.

3.3. La pêche

La pêche bénéficie de conditions naturelles favorables à son développement. Les populations

autochtones -en l’occurrence les Diola- ne pratiquaient qu’une pêche de subsistance fortement

déterminée par le calendrier rizicole. Les engins et techniques utilisés sont : les nasses, les

bassins, les filets, les engins de jet, les paniers, les palissades et les barrages pièges (Chaboud

et al, 1987).

3.3.1. L’essor de la pêche en Casamance

On peut le lier à l’arrivée au début du 20ième siècle de pêcheurs originaires des régions centre,

nord et est du Sénégal d’une part et d’autre part ceux en provenance du Mali, de la Guinée et

du Ghana (Cormier, 1985). Grâce à leur expérience dans leurs localités d’origine, ils

développent la pêche en haute mer. Ils introduisirent progressivement une multitude d’engins

de pêche parmi lesquels on peut citer : l’épervier, le filet dormant et le filet maillant dérivant

de surface ;

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En 1960, suite à l’implantation d’unités industrielles européennes, se développe la pêche

crevettière ; il s’en suit d’abord une conversion des pêcheurs déjà sur place, une arrivée en

masse et enfin une sédentarisation de la colonie de pêcheurs (Chaboud et al, 1987 ; Le Reste,

1992). L’école de pêche de Goudomp est transformée en centre de pêche crevettière et

Ziguinchor devient le centre de gravité l’activité.

3.3.2. Les engins et embarcations

Les variations annuelles observées tant au niveau des embarcations que des engins de pêche

résultent du caractère migratoire des pêcheurs de la région de Ziguinchor. Ils peuvent, au cours

d’une campagne de pêche migrer vers le reste du pays, la Guinée et la Guinée Bissau.

Deux types d’embarcations sont courantes : les pirogues à voile et celles motorisées. Pour ce

qui est des engins de pêche, les filets dormants sont les plus usités8 avec 42% (cf. Tableau 2) et

prennent plus de 20% des mises à terre entre les mois d’octobre et mai.

Tableau 2 : Evolution de l’armement et des engins de pêche

Désignation 2002 2003 2004

Embarcations

Pirogues motorisées 505 778 670

Pirogues à voile 1818 1722 1740

Engins de pêche

Filet dormant 3012 3226 3062

Filet maillant dérivant 419 535 512

Filet maillant encerclant 4 1 3

Filet Filtrant à Crevette 531 609 659

Senne de plage 10 11 13

Senne tournante 4 19 19

Epervier 212 191 189

Ligne 163 198 144

Palangre 210 128 247

Piège 12 9 11

Source : SRPSZ, 2002 à 2004

3.3.3. Les mises à terre

8 Pour tout complément d’informations relatif à la description des engins de pêche cités ci-dessus et au type de poissons qu’ils capturent, confère à Diadhiou, 1994 sur : La pêche artisanale et maritime en Casamance. Rapport de consultation pour le compte du Programme d’Appui à la Pêche Artisanale en Casamance -PROPAC-

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Elles sont estimées dans l’ensemble à 17 988 tonnes en 2004 ; ceci correspond à une valeur

commerciale d’environ 6,5 milliards de francs CFA. Les mises à terre sont classées en groupe

d’espèces. Au total, cinq (05) grands ensembles ont été constitués : les poissons, les requins,

les raies, les crustacés et les mollusques.

Les poissons qui constituent l’essentiel des captures (13 603,895 tonnes soit 75,62%) ont une

valeur marchande relativement faible (4 518 081 900 francs CFA soit 69,46%) comparative au

groupe des crustacés. Ceux-ci ont un poids total de 875 tonnes soit 5% des mises à terres pour

une valeur commerciale de 1 399 895 375 francs CFA soit 21,52% (cf. Figure 5).

Dans le groupe des crustacés, la crevette rose représente 94,7% des captures ; le total est

complété par la crevette profonde (0,1%), les callinectes (0,2%) et les langoustes (5%)

Figure 5 : Mises à terre par groupe d’espèces et valeur économique correspondante

3.3.4. La destination des captures

La pêche artisanale est une source de protéine animale pour les populations locales. Les mises

à terre destinées à la consommation locale représentent environ 20% soit 3 541,180 tonnes. Le

département de Ziguinchor en a consommé 2 177,785 tonnes en 2004. L’essentielle de la

production (61%) est destinée à la transformation artisanale (cf. Figure 6). Cette incapacité à

conserver les produits provient de l’absence et/ou de l’insuffisance de chaînes de froid dans les

grands centres de pêche. De grands centres de débarquement sont dans l’obligation de

Source : SRPSZ, 2004

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conserver de façon artisanale leur production. Le mareyage en frais est réservé aux produits

dits « nobles ». La destination est Dakar et Thiès.

3.4. Le tourisme

Ce secteur important de l’économie régionale subit les impairs de la crise casamançaise. La

région de Ziguinchor, avec sa végétation luxuriante, son folklore, sa diversité culture, et ses

sites pittoresques réunit les conditions d’un développement du tourisme. Aujourd’hui, la région

compte 56 réceptifs touristiques dominés par les campements privés et les hôtels et villages de

vacance. La plupart de ces réceptifs sont concentrés dans les départements d’Oussouye et de

Bignona (cf. tableau 3). La région reçu en 2004 en moyenne 17 607 touristes contre 15 032 en

2003.

Tableau 3 : Réceptifs touristiques selon le type

Désignation Bignona Oussouye Ziguinchor Total régional

Hôtels et villages de vacances 2 9 10 21

Campements privés 3 11 12 26

Campements villageois 6 3 0 9

Campements d’Etat 6 0 2 2

Total 2004 11 23 22 56

Total 2003 26 26 21 73

Variation (%) - 57,7 - 11,5 4,8 - 23,3

Source : SRPS, 2004

Source : SRPSZ, 2004

Figure 6 : Ventilation des mises à terre en 2004

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3.5. Le commerce et l’industrie

Dans le département de Ziguinchor, le commerce se déroule dans cinq (05) grands marchés :

marché Escale, marché Saint-Maur, marché Grand Dakar, marché Tilène et marché Banéto.

Le complexe SOSECHAL – CRUSTAGEL ayant fermé, le secteur industriel est contrôlé par

l’usine de la SONACOS -qui vit des moments difficiles depuis que l’Etat du Sénégal a pris la

décision de la privatiser- et des unités de traitement des produits issus de la pêche crevettière et

des soles. Ces unités sont au nombre de trois (03) : IKAGEL, SOFRIKAF et PECA.

II. Le cadre biophysique

La présente étude sur le milieu biophysique se focalisera sur les facteurs qui interviennent dans

la distribution des zones humides en Casamance et qui par le même fait aide à une meilleure

compréhension de la pêche crevettière.

1. La géologie de la Casamance

Deux types de formations géologiques intéressent la Casamance :

1.1. Les grés argileux du continental terminal

Le CT couvre la majeure partie du bassin du Sénégal. Il s’est mis en place au Miocène (Sall et

al, 2000). La mer s’étend retirée, elle ne formait plus qu’un golfe couvrant la basse et la

Moyenne Casamance. Sous l’action de l’érosion et par un processus de sédimentation, il s’est

déposé un matériel détritique qui a envahi tout le bassin. Ces sédiments sont constitués de grés

argileux

1.2. Les dépôts du quaternaire

On les retrouve sur l’ensemble du Sénégal là où les conditions hydrologiques sont spécifiques

par exemple des dépôts d’alluvions dans la vallée du fleuve Sénégal et les vases sur les

estuaires du Saloum et de la Casamance. Ces dépôts ont permis à LHomme et al, 1984 de

différencier deux zones de crevette au Sénégal :

le fonds de Saint-Louis d’une part et

le fonds de Roxo Bijagos beaucoup plus riche que celui du nord.

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2. Le climat

En Casamance et à l’instar du reste du pays, la situation climatique s’explique par les

facteurs géographiques et aérologiques. La position en latitude de la Casamance lui confère un

climat de type sud-soudanien avec une variante dans la partie littorale. Ce climat est marqué

par les vents d’alizé et de mousson, des températures assez élevées en fonction des saisons et

une pluviométrie supérieure partout à 1 000mm.

2.1. Les vents

Trois types de vent soufflent en Casamance et cela en fonction des saisons :

2.1.1. L’alizé maritime

Ce vent de direction nord à nord-ouest issu de l’anticyclone des Açores balaie tout le littoral

sénégalais. Il est constamment frais et son amplitude thermique diurne est faible. Ce vent,

pendant l’hier, notamment entre décembre et janvier, peut occasionner des précipitations

localement appelées pluies de heug.

2.1.2. L’alizé continental ou harmattan

Il souffle sur l’ensemble du pays entre les mois de novembre et mai. L’harmattan de secteur

nord-est est marqué par sa grande sécheresse liée à son parcours continental. Cette masse d’air

sèche est incapable d’engendrer des précipitations ; elle transporte au cours de son passage de

fines particules de sable qui constituent la « la brume sèche »

2.1.3. La mousson

Ce troisième flux provient de l’anticyclone de Sainte-Hélène dans l’atlantique sud. Son trajet

maritime le rend très humide et il en perd au fur et à mesure qu’il pénètre dans le continent. La

mousson est observée au mois de juin et s’étend jusqu’en octobre. Ce flux est à l’origine des

précipitations enregistrées au Sénégal.

2.2. La température

La température moyenne de la région est de 27˚C ; celle-ci cache des disparités. En fait, les

températures suivent les rythmes des saisons. Les minima thermiques sont atteints en mois de

janvier alors que les maxima son enregistrés pendant la saison des pluies. La mer jouant un

rôle de régulateur thermique, la partie maritime bénéficie de températures plus clémentes.

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2.3. La pluviométrie

L’arrivée du flux de mousson par le sud-est installe progressivement le Sénégal dans la saison

pluvieuse. Celle-ci dure entre mai et octobre en Casamance et les précipitations sont partout

supérieures à 1 000mm (cf. tableau ci-dessous). Cette pluviométrie, combinée au vent d’alizé

maritime permet de distinguer deux grandes régions climatiques :

le domaine soudanien atlantique d’une part et

le domaine sud-soudanien.

Tableau 4 : Hauteur de pluie de 1965 à 2004

AnnéeH (mm) Pluie

2004 1058,7 1984 1236,0

2003 1204,3 1983 817,2

2002 795,8 1982 897,8

2001 1456,4 1981 1221,5

2000 1328,0 1980 698,5

1999 1938,3 1979 1187,3

1998 1448,8 1978 1512,1

1997 1433,6 1977 790,3

996 1310,8 1976 1297,1

1995 1095,4 1975 921,9

1994 1204,2 1974 1240,4

1993 1481,7 1973 1289,4

1992 967,1 1972 951,8

1991 1223,0 1971 1098,6

1990 1114,3 1970 1398,3

1989 1175,4 1969 1460,7

1988 1310,6 1968 882,5

  1967 2006,5

1986 975,2 1966 1603,8

  1965 1756,6

Source DMN

22

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3. L’hydrodynamique du fleuve Casamance

Elle est dominée par deux facteurs : le mouvement des marées et la pluviométrie locale.

3.1. La description du fleuve Casamance

Le fleuve Casamance est le seul fleuve au Sénégal qui coule entièrement dans le territoire

national. Son bassin versant est estimé à 20 150km². Il reçoit plusieurs affluents dont les plus

importants sont :

en amont de Kolda : Thiangol Dianguina avec 815 km² de bassin versant ;

avant d’atteindre Kolda : le Niampampo qui couvre 640 km² ;

en aval de Kolda : le Dioulacolon qui fait 200 km² (UICN-Commission Casamance, 1998)

En Basse Casamance, le fleuve reçoit sur sa rive droite le Baïla (1 645km²) qui alimente les

marigots de Bignona (750km²) et de Diouloulou et sur sa rive gauche, le Kamobeul 700km² de

bassin versant (Plan d’Action Forestier de la Région de Ziguinchor). Il est alimenté à hauteur

d’Adéane par le Soungrougrou long de 140km. Le fleuve Casamance est parcouru par de

multiples marigots bordés de palétuviers qui s’enchevêtrent. La partie dite estuarienne est sous

le contrôle des courants de marée. Marius, 1985 et UICN, 2001 constatent qu’entre Ziguinchor

et Baghagha (zone amont), la vallée est entièrement remblayée par des vases. Ces dernières

sont colonisées par une mangrove continue de Ziguinchor à Kaour sur le Soungrougrou.

3.2. L’hydrodynamique du fleuve Casamance

Son régime hydrologique -contrairement aux fleuves Sénégal et Gambie qui prennent leur

source dans les massifs du Fouta Djalon en République de Guinée sous climat tropical humide-

est sous la dépendance étroite de la pluviométrie locale.

Les fluctuations annuelles de la salinité sont étroitement liées à l’évolution du débit fluvial

comme cela est du reste pour les deux autres fleuves. Seulement, les variations interannuelles

du fleuve Casamance sont intimement liées aux variations des précipitations à l’échelle

nationale. Au cours de l’année, la salinité minimale est observée en octobre, c’est à- dire en fin

de saison humide; ce minimum est fonction de l’abondance des précipitations au cours de

l’année concernée. Les années où les précipitations sont faibles sont aussi celles où la salinité

d’octobre est élevée. On remarque également que les années à faible pluviométrie

correspondent à des périodes où les températures moyennes sont les plus élevées. Ceci entraîne

par conséquent une forte évaporation. La salinité s’élève ensuite progressivement en mars-

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avril. Au moment de l’étiage, la langue salée remonte jusqu’à Sédhiou. Le maximum de la

salinité est atteint au début de la saison des pluies ; l’eau des mangroves et des tannes sursalés

se déversent dans l’estuaire. Le maximum de salinité d’une année est sous la dépendance de la

pluviométrie de la saison des pluies précédentes.

4. Le rôle des mangroves

4.1. Approche conceptuelle

Plusieurs définitions ont été proposées afin de rendre compte de la quintessence du mot

mangrove. Celles que nous retenons pour la présente sont l’œuvre de Marius, 1985 et de

Fournier, 1983. Si le premier a investi toute la mangrove du Sénégal et de la Gambie, le second

quant à lui s’est focalisé sur la mangrove du Saloum. Marius, 1985 entend par mangrove,

« l’ensemble des formations végétales, arborescentes ou buissonnantes, qui colonisent les

atterrissements intertidaux marins ou fluviaux des côtes tropicales. »

Pour Fournier et al, 1983 cité par Doyen et al, 1985 il s’agit d’une forêt halophile, « … littorale

typiquement tropicale des côtes marécageuses. On la retrouve dans les deltas, les baies

abritées, les lagunes de bords de mer, les embouchures des fleuves jusqu’aux points où

remonte l’eau salée. Elle vit sur des sols boueux d’alluvions et de matières organiques, en eaux

saumâtres, et constitue un peuplement difficilement pénétrable d’arbres bas branchus et de

diamètre relativement faible caractérisés par leurs ramies aériennes (genre Rhizophora), par

leurs pneumatophores (genre Avicennia et Sonneratia). La mangrove africaine est une

mangrove principalement à Rhizophora. »

Ces milieux longtemps considérés comme insalubres9 remplissent aujourd’hui des fonctions

multiples dans l’écosystème et fournissent des produits aux populations environnantes.

4.2. La zone d’extension de la mangrove et espèces rencontrées

En Afrique, la mangrove colonise la majeure partie de la zone littorale atlantique. Elle s’étend

du Sénégal (région de Saint-Louis où la mangrove est à l’état de relique) au nord de l’Angola

avec de fortes concentrations au Sénégal et au Nigeria.

Au Sénégal, les facteurs climatiques, particulièrement la pluviométrie jouent un rôle

prépondérant dans la répartition de la végétation. Celle de mangrove appartient aux

9 Cormier-Salem, 1994 dans une de ses publications : A la découverte des mangroves   : regards multiples sur un objet de recherche mouvant, retrace l’évolution de la mangrove depuis la période précoloniale (XVième siècle début XIX ième siècle) jusqu’à nos jours. En son temps, mangrove rimait avec malaria, c’était un milieu marginal, une zone insalubre qu’il fallait assainir. Aujourd’hui il est plus question de restauration et de protection.

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groupements azonaux10 identifiés dans des milieux où règnent des conditions hydrologiques

particulières. En effet, les débouchés des différents fleuves sénégalais sont colonisés par les

mangroves à palétuviers. En Casamance, l'hydrologie estuarienne fortement marquée par les

mouvements des marées donne lieu à une zone intertidale comprise entre les laisses de haute

mer et de basse mer, dans laquelle se développe la mangrove. Six (06) espèces y sont

identifiées (Marius, 1985 ; Ministère de l’Environnement de la Protection de la Nature, 1998).

Il s’agit de :

Rhizophora racemosa ;

Rhizophora mangle ;

Rhizophora harrissonii ;

Avicennia africana ;

Laguncularia racemosa et

Conocarpus erectus

Cette disposition semble être fortement entamée par les effets néfastes du climat de la zone 11.

En effet, souligne Diop et al, 1994, « la réduction des apports fluviaux et pluviaux en réduisant

les puissances de chasse favorise l’allongement des flèches qui pincent un peu plus les

embouchures qui rétroagissent alors sur le volume oscillant de la marée, son amplitude et donc

sur le régime de submersion des vasières et des marais et sur l’état sanitaire de la mangrove ».

Par conséquent, Sow et al, 1994, propose la disposition suivante de la mangrove de la

Casamance :

Rhizophora racemosa ;

Rhizophora mangle ; 

Avicennia africana ;

tanne vif

Graminées et

une zone de transition comprenant espèces cultivées (Elaeis) et des espèces spontanées. 

10 Les autres groupements zonaux sont : le domaine sahélien au nord, le domaine soudanien au centre et domaine subguinéen au sud auquel appartient normalement la végétation de la Casamance. Les autres formations azonales sont constituées la Foret de gonakiés (Acacia nilotica) sur la vallée du fleuve Sénégal, Elaeis guineensis autour de la Niayes de Dakar et enfin les mangroves des estuaires du Saloum et de la Casamance. 11 A cet effet, on peut également se référer à Isabel Niang Diop et al, 2002 : Development and Protection of the Coastal and Marine Environment in Sub-Saharan Africa. Senegal National Report. Phase 1 : Integrated Problem Analysis. Dans ce rapport, elle cite les travaux de Sall, 1983 ; Marius, 1985 et Badiane 1987 portant sur les superficies de mangroves disparues en Casamance.

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4.3. La mangrove dans l’écosystème

La mangrove remplit plusieurs fonctions dans l’écosystème estuarien et fournit beaucoup de

produits aux populations environnantes. Eu égard à sa résistance, le bois de mangrove est

utilisé dans la construction des maisons, la plante a également des vertus sanitaires. Par

exemple, les feuilles fraîches de Rhizophora racemosa guérissent les maux de tête.

L’une des fonctions essentielles de la mangrove est la rétention de sédiments, le refuge des

alevins et des larves de crevettes, l’atténuation des crues, la fonction de nurseries et celle de

stabilisation du littoral.

Sa place dans la chaîne trophique est également importante. Elle est mise en évidence par

Odum, 1967 cité par Doyen et al, 1985 pour qui la mangrove regroupe des « systèmes de la

nature qui sont naturellement productifs et qui non seulement ont une capacité élevée de

maintien général de la vie, mais encore produisent en excès de la matière organique exportable

vers d’autres systèmes ou entreposable. On rencontre dans un estuaire un mélange de trois

importantes formes de vie autotrophes qui jouent différents rôles dans le maintien du taux

élevé de la production brute ; ce sont le phytoplancton, la microflore benthique (algues), la

macroflore dont la mangrove ». De nos jours, toute une littérature se développe autour des

valeurs et fonctions des mangroves (Cormer-Salem, 1994 ; http://www.ramsar.org ; Barbier et

al, 1997).

III. Les crevettes de la Casamance

1. Aperçu général

Les eaux sénégambiennes sont riches de 17 espèces partagées entre 9 familles de crevettes

(Bellemans M. et al, 1988). Dans les eaux casamançaises, seule la famille des PENAEIDAE y

est présente et les prises concernent essentiellement l’espèce Farfantepenaeus notialis ;

Parapenaeus longirostris ne représentant qu’un faible poids dans les captures.

Tableau 5 : Les crevettes du Sénégal et de la Gambie

FAMILLES ESPECES

Noms scientifiques Noms français

ARISTEIDAE Aristeus varidens (Holtuis, 1952) Gambon rayé

Plesiopenaeus edwardsianus (Johnson, 1867)

Gambon écarlat

PENAEIDE Parapenaopsis atlantica (Balss, 1914)

Crevette guinéenne

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Parapenaeus longirostris (Lucas, 1846)

Crevette rose du large

Penaeus (Melicertus) kerathurus (Forsskal, 1775)

Caramote

Penaeus (Farfantepenaeus) notialis (Perez-Farfante, 1967)

Crevette rose (du sud)

SICYONIDAE Sicyonia carinata (Brunnich, 1768) Boucot de Méditerranée

Sicyonia galeata (Holtuis, 1952) Sicyonie huppée

SOLENOCERIDAE Solenocera africana (Stebbing, 1917) Solénocère d’Afrique

CRANGONIDAE Pontocaris lacazei (Gourret, 1887) Crevette crâne

NEMATOCARCINIDAE Nematocarcinus africana (Crosnier et Forest, 1973)

Crevette araignée d’Afrique

PALAEMONIDAE Nematopalaemon hastartus (Aurivillius, 1898)

Bouquet entier

Palaemon elegans (Rathke, 1837) Bouquet de flaque

PANDALIDAE Heterocarpus ensifer (A. Milne Edwards, 1881)

Crevette nylon armée

Parapandalus narval (Fabricius, 1787)

Crevette narval

Plesionika martia (A. Milne Edwards, 1881)

Crevette dorée

PASIPHAEIDAE Glyphus marsupialis (Fihol, 1884) Sivade kangourou

Bellemans et al, 1988

2. Cycle de développement de la crevette

De nombreuses études ont été faites sur les cycles biologiques des crevettes Pénéides

côtières sur la côte ouest africaine (LHomme et al, 1984 ; Le Reste, 1992 ; Guillaume et al,

1999 ; Ndiaye et al, 2003). D’ailleurs, la présente description du cycle de développement des

crevettes est basée sur leurs travaux.

Les différents stades du cycle biologique des crevettes Pénéides se schématisent de la façon

suivante : les femelles pondent au large des œufs demersaux. De ces œufs éclosent des larves

planctoniques au stade nauplius mesurant environ 300µm. Le développement larvaire

s’effectue à travers plusieurs stades successifs :

six (06) stades nauplius bouclant leur cycle en 48 heures ;

trois (03) stades protozoé qui s’accomplissent en cinq jours et

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trois (03) stades mysis qui se déroulent sur 4 jours et demi. La dernière mysis subit une

mue qui la transforme en postlarve. A ce stade l’individu mesure 8 à 15mm.

(Guillaume et al, 1999)

Les premiers stades postlarves sont encore planctoniques ; mais les suivants sont semi-

benthiques. Les postlarves pénètrent dans les estuaires où se rapprochent des côtes. Lorsque les

crevettes ont acquis leur formule rostrale définitive, elles sont qualifiées de juvéniles. A ce

stade, elles quittent le milieu estuarien et migrent vers les zones intertidales. Elles sont dites

subadultes lorsque les organes sexuels externes (petasma chez les mâles et thelycum chez les

femelles) sont entièrement formés. Les crevettes retournent en mer lorsqu’elles atteignent une

dizaine de cm. Le stade adulte est atteint lorsque les crevettes sont capables de se reproduire.

(cf. )

Le temps de séjour -donc la taille de la crevette- dans l’estuaire est fonction de la salinité (Le

Reste, 1992) : si celle-ci est faible, les crevettes retournent rapidement dans l’océan ; si la

salinité est élevée, elles demeurent plus longtemps dans l’estuaire où elles atteignent une taille

plus élevées. La salinité est liée à l’abondance des précipitations de l’année précédente. Une

saison des pluies médiocre entraîne pour la saison sèche de l’année suivante un long séjour et

une taille assez importante des crevettes. De fortes précipitations produisent l’effet contraire.

Figure 7 : Cycle de développement des Pénéidés

Source : Motoh, 1981 

28

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Chapitre 2 : Matériel et méthode

L’approche méthodologique sera axée sur deux phases : la collecte de données et leur

traitement. Pour cela, nous avons utilisé un certain nombre d’outils tels que la fiche d’enquête

et le guide d’entretien.

I. Matériel

1. La fiche d’enquête

La fiche d’enquête a été conçue en fonction des objectifs que nous nous sommes fixés et des

hypothèses posées. Afin de rendre compte de ces deux éléments, elle a été structurée en quatre

(04) grands points :

l’identification : elle porte sur la connaissance de l’état civile du pêcheur ;

la pêche crevettière qui essaie de rendre compte des différents types d’engins, le

maillage des filets, la durée dans la profession et le caractère annuel ou non de

l’activité ;

la commercialisation : elle s’intéresse à la rentabilité de l’activité, aux nombre

d’industries en présence, à la place des femmes dans le secteur et les relations entre

acteurs ;

le mode de gestion : il s’agit à ce niveau d’appréhender le rôle de l’Etat, des partenaires

au développement et des populations locales dans la gestion de la ressource. Nous nous

sommes également intéressés aux effets de la crise casamançaise sur le secteur de la

pêche.

2. Le guide d’entretien

D’emblée, retenons que le guide d’entretien n’est pas standardisé ; il est fonction de

l’interlocuteur. Avant l’entretien, nous retraçons les grandes lignes et le format d’ensemble que

doivent épouser notre discussion.

II. Méthode

1. La recherche documentaire

Ce travail consiste pour l’essentiel en la recherche bibliographique. Cette étape avait été déjà

entamée à Ouagadougou notamment à la bibliothèque de l’Union Mondiale pour la Nature

29

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Bureau Régional de l’Afrique de l’Ouest -UICN/BRAO- Elle s’est poursuivie à Ziguinchor

principalement :

à IDEE Casamance point focal des zones humides en Casamance ;

au Service Régional des Pêches et de Surveillance de Ziguinchor ;

au près d’individuels ayant déjà participé à des projets de pêche crevettière en Casamance et enfin

une recherche fructueuse sur internet.

La recherche bibliographique nous a permis de faire le point sur :

l’état des lieux des zones humides de Ziguinchor et leur mode de gestion ;

les statistiques de la pêche crevettière ;

les textes juridiques organisant la gestion de la pêche crevettière ;

les acteurs du secteur de la pêche crevettière ;

les organisations socioprofessionnelles ;

les usagers des ressources des zones humides et

l’effet de la crise politique sur les ressources halieutiques.

2. Le test du questionnaire

Un questionnaire avait été préparé au mois de juillet à Ouagadougou sur la base de lectures et

de nos connaissances antérieures des zones humides de la Casamance. Dès notre arrivée à

Ziguinchor, au mois d’août, nous nous sommes orientés vers la recherche documentaire.

Chemin faisant, nous proposions le questionnaire aux pêcheurs principalement ceux de

Boudody et de Escale mais aussi et surtout ceux membres de Groupements professionnels

comme le Groupement Interprofessionnel des Pêcheurs Artisans de la Casamance -GIPAC-.

Nous avons également recueilli les suggestions du Coordonnateurs de IDEE Casamance et

certains des travailleurs. Aussi, nous sommes nous rapprochés du SRPSZ notamment auprès

des Chefs de service régional et départemental.

C’est la somme de ces rencontres qui a permis l’adoption de la dernière mouture du

questionnaire dont une copie sera annexée à la fin du document.

3. L’exploitation du questionnaire

3.1. Les préparatifs

Le questionnaire est exploité dans deux localités différentes pour deux raisons fondamentales :

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à Niaguis parce que les premières tentatives d’une gestion rationnelle par les

populations locales de la pêche crevettière sont initiées ;

à Ziguinchor car elle est le centre commercial et la pêche clandestine longtemps

pratiquée est admise aujourd’hui.

A Niaguis, l’Agent de pêche du département qui est notre principal interlocuteur nous a mis en

rapport avec deux mareyeurs. Ainsi, avec leur concours, nous avons fait deux jours de

mareyage afin de prendre contact avec les pêcheurs, d’observer la qualité des produits et le

circuit de commercialisation. Ceci nous a conduit le :

mardi 08 novembre 2005 à faire le circuit de mareyage avec M. Moussa Diagne du

Complexe frigorifique de Ziguinchor communément appelé PECA. Le trajet s’étend de

l’usine (Ziguinchor) à Goudomp en aller et retour.

mercredi 09 novembre 2005, nous avons suivi le mareyeur de la Société Frigorifique de

Kafountine -SOFRICAF- en l’occurrence M. Moussa Diémé ; il quitte Ziguinchor et se

limite à Mangakounda12.

A l’issu de ces deux jours, nous nous sommes faits accepter par les pêcheurs ; ce qui a facilité

la suite du travail.

A Ziguinchor, nous avions été introduits dans le milieu par IDEE Casamance grâce aux

relations qu’elle entretient avec ses collaborateurs notamment le GIPAC.

3.2. L’administration du questionnaire

A Niaguis, cela a duré trois (03) jours qui ont suivi immédiatement les deux journées de

mareyage. Aux premières heures de la matinée, nous trouvions les pêcheurs sur le principal

axe de la route attendant l’arrivée des mareyeurs ; là bas, ils répondaient aux questions. Vers

9h nous nous faisons accompagner d’un pêcheur-peseur13 auprès de certains afin de poursuivre

le travail. Le choix des pêcheurs à enquêter se faisait au hasard ; il faut également souligner

que la plupart des pêcheurs qui attendent l’arrivée des mareyeurs sont des jeunes de moins de

40 ans.

Pour ce qui est de Ziguinchor, le choix des pêcheurs était également fait au hasard. Mais

l’exploitation du questionnaire se faisait le plus souvent avant que les pêcheurs ne partent au

fleuve ou lors qu’ils se retrouvent le soir pour réparer leur filet. Cela a duré six (06) jours.

12 Pour chaque séance des prises de vues sont disponibles et seront mises en annexe du document.13 C’est ce pêcheur qui dès sa rentrée de la pêche avec ses camarades se charge d’affecter à chacun le nombre de kg obtenus et livre le produit aux mareyeurs qui en contre partie versent la somme due au peseur. Il gagne en moyenne 50 francs CFA par kg.

31

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En somme, pendant neufs (09) jours nous avons administré cent quarante et un (141)

questionnaires aux pêcheurs de Ziguinchor et de Niaguis.

3.2. Les entretiens

Le choix des personnes ressources était orienté ; il prenait en compte les :

fonctionnaires de l’état en ce sens qu’ils doivent veiller à l’application de la

réglementation en vigueur ;

organisations socioprofessionnelles pour la sauvegarde des intérêts des pêcheurs ;

industriels

professions libérales comme le mareyage ;

chercheurs notamment l’antenne du CRODT à Ziguinchor qui présentement est fermée

et les partenaires au développement en particulier les ONG.

Les informations détaillées concernant les personnes ressources sont consignées dans le

tableau ci-dessous.

III. Le traitement des données

1. Le dépouillement

La première phase du traitement a commencé par un dépouillement du questionnaire

administré aux pêcheurs. Il l’a été dans deux grandes localités : Ziguinchor avec trois

localités : Boudody, Escale et Pont Emile Badiane et Niaguis distant de Ziguinchor de 11km à

l’est. Des tendances générales qui s’y dégagent et consignées dans le tableau ci-dessous on

retiendra que :

la pêche de façon générale est pratiquée par les hommes ; les femmes ne s’occupant

que de la transformation et de la commercialisation des produits. Dans le secteur de la

crevette, elles occupent un faible pourcentage (9,21%) ;

la tranche d’âge de 20 à 40 ans représente plus de 58,86% de l’échantillon ;

l’ethnie Toucouleur est omniprésente dans le secteur de la pêche crevettière en

Casamance.

Tableau 6 : Tendances générales issues du dépouillement

Localités Sites Effectifs Total

32

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Ziguinchor

Hommes Femmes

20-40 ans + 40 ans 20-40 ans + 40 ans

Boudody 8 20 3 0 31

Escale 17 9 0 0 26

Pont Emile Badiane 18 9 8 2 37

Niaguis Route principale 29 18 0 0 47

Total 72 56 11 2 141

2. Le traitement statistique

Les données collectées lors de la recherche bibliographique, celles issues du guide d’entretien

et du questionnaire ont fait l’objet d’un traitement statistique à l’aide d’outils informatiques

appropriés notamment Excel et Word. Les données sont présentées sous forme de tableaux et

de graphiques. Ceci permettra à terme d’analyser les tendances évolutives des engins de pêche,

le rôle des organisations socioprofessionnelles dans la gestion des ressources, le poids

économique et social de l’activité dans la région et les facteurs -tant économiques de

sociologiques- qui influencent le secteur de la pêche de crevettes.

3. Le traitement cartographique

Lors de nos journées de mareyage, les coordonnées géographiques (en UTM) des sites de

Niaguis, Fanda, Agnack, Baghagha, Adéana, Tambacounba, Koundioundou, Mangukounda et

Goudomp ont été pris à l’aide d’un Global Position System (GPS) modèle Garmin Geko 101.

Nous avons complété ces données avec celles issues de la :

Direction de l’Aménagement du Territoire, 1986 (DAT) portant réalisation de la carte

morphopédologique du Sénégal au 500 millième et

Direction des Travaux Géographiques et Cartographiques, 2003 (DTGC) sur le

découpage administratif du Sénégal.

C’est avec ces données que toutes les cartes du document ont été produites. A cet effet, le

logiciel utilisé est Arc view version 3.2a. En somme, la méthodologie adoptée nous a permis

d’obtenir un certain nombre de résultats consignés dans le chapitre suivant.

33

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Chapitre 3 : Les résultats et discussionsI. Les résultats

1. Les engins et embarcations

A Ziguinchor, les engins de pêche crevettière sont fonction des techniques utilisées et

expliquent la classification trilogique souvent adoptée. La pirogue est la seule qui sert

d’embarcation.

1.1. Le filet fixe de crevette

Egalement appelé filet canal ou mujas par les pêcheurs, le filet fixe de crevette (FFC) est

amarré sur le chenal principal du fleuve là où le courent est plus fort. Une fois le passage des

crevettes localisé, la pirogue est fixée et peut l’être toute l’année. A force d’occuper

régulièrement la même place, le pêcheur se l’attribue et toute la communauté la lui reconnaît.

Cette place devient alors comme une propriété individuelle. Ainsi, un pêcheur peut garder la

même place pendant plusieurs années.

La pêche au moyen du FFC se pratique la nuit à marée basse ; celle-ci dure au maximum six

(06) heures. La pirogue, principale embarcation, contient deux filets situés de part et d’autre

(cf. Figure 8). Les poches des filets sont orientées dans le sens contraire du courent d’eau. Au

début de la marée, le pêcheur mouille les filets et ne les relève qu’à la fin. Au cours d’une

marée le pêcheur peut à lui seul avoir trois (03) voire quatre (04) plates-formes.

Figure 8 : Schéma d’un filet fixe à crevette

Source : IDEE Casamance

9m

12m

2m dans l’eau

1m hors de l’eau

Ancre dans l’eau

Câble reliant l’ancre à la pirogue

La pirogue

Les traverses

9m

PLAN FILET FIXE : MUJAS

COUPE

2m

12m

1m

34

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Cette technique de pêche qui participe de la protection de la ressource a plusieurs avantages :

le filet ne détruit pas la ressource ;

il est très sélectif car le courent d’eau aidant, les mailles sont bien tendues ;

les produits issus du FFC sont de qualité ; c’est des crevettes en migration vers la mer

(carapace dure, crevette de taille marchande).

En Casamance, la pêche au FFC est le propre de l’ethnie Toucouleur. En effet, sur un

échantillon de 73 engins de FFC recensés dans les différents sites, les Toucouleurs en

disposent 63 soit environ 80,3%. Cette technique de pêche est pratiquée exclusivement à

Boudody et au marché Escale.

1.2. Le filet dérivant à crevette

Cet engin localement appelé Félé Félé14, a été introduit par les pêcheurs maliens. Sa zone

d’action est la passe c'est-à-dire la zone située entre le chenal principal et l’extrémité de la

berge. On peut également pêcher avec sur le canal. La pêche a lieu la nuit et l’une des

caractéristiques de cette technique est qu’elle est ambulante. L’engin est actionné par trois

pêcheurs (cf. Figure 9) :

le capitaine d’embarcation se charge de manœuvrer la pirogue ;

les deux autres pêcheurs s’occupent du mouillage et du relèvement du filet.

La longueur du filet est variable, elle peut atteindre 200m voire plus. L’ouverture des mailles

n’est pas régulière et réglementaire, elle fluctue entre 10 et 14mm.

Figure 9 : Schéma d’un filet dérivant à crevette

Source : IDEE Casamance14 Ce mot semble-il vient de la langue Mandingue et signifie le voilà, le voilà.

Profondeur : 2 à 3m

Longueur : variable <300m> plomb

flotteurs

LE FELE-FELE, crevettes

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Cette technique est décriée par beaucoup de pêcheurs notamment ceux travaillant avec le FFC.

Comparativement à ce dernier, le Félé Félé n’est pas sélectif et lorsqu’il est utilisé en bordure

du fleuve il devient nocif pour la pêche crevettière et est assimilable au chalut à pied.

A Ziguinchor, cet engin domine les pêcheries de Niaguis avec 53,19% et du Pont Emile

Badiane (PEB) et est utilisé par les ethnies qui n’ont pas une tradition de pêche comme les

Mandingues et les Balantes.

1.3. Le filet traînant ou chalut à pied

Cette technique est ambulante, on l’appelle aussi xuus15. Le chalut à pied est pratiqué sur

l’extrémité des berges et est traîné par deux (02) personnes (cf. Figure 10) dans le sens

contraire de la marée. Cette technique systématiquement interdite est néanmoins pratiquée tant

à Ziguinchor qu’à Niaguis même si elle occupe une frange marginale des pêcheurs. En fait, sa

pratique a plusieurs inconvénients, parmi ceux-ci on peut citer :

la rupture de la chaîne trophique ;

la diminution de proies pour les prédateurs naturels ;

les crevettes capturées sont de mauvaise qualité.

Figure 10 : Schéma de filet traînant à crevette

Source : IDEE Casamance

2. Une réglementation impopulaire

Deux dispositifs réglementaires organisent la pêche crevettière en Casamance. Il s’agit d’une

part, de la loi n° 98-32 du 14 avril 1998 portant code de la pêche maritime et le décret n° 98-

15 En Wolof, cela signifie, avancer dans l’eau.

Le KILI : BAAL XUUS

Le fond de l’eau

Niveau d’eau

2 à 3m

1,5m

5 à 10m

pirogue

36

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498 du 14 avril 1998 fixant les modalités d’application de la loi portant code de la pêche et

d’autre part, de l’arrêté ministériel n° 005329 du 06 août 2003 réglementant la pêche de la

crevette sur le fleuve Casamance et ses affluents. Cette loi, ce décret et cet arrête rudement mis

à l’épreuve contribuent à la dégradation des pêcheries en Casamance.

2.1. Le code de la pêche maritime

Il a simplement dégagé les orientales de la politique nationale de la pêche dans son ensemble.

Dans son décret d’application, l’article 28 dit clairement que « le maillage minimal des filets à

crevette est de 24 mm » de longueur étirée. Dans la réalité, les pêcheurs emmêlent les mailles

au niveau de la poche si bien qu’elles sont plus petites. Ce qui permet aux pêcheurs de piéger

les petites crevettes.

2.2. L’arrêté 2003 portant réglementation de la pêche artisanale sur le fleuve Casamance

Cet arrêté qui clarifie et étoffe les dispositifs du code de la pêche et de son décret d’application

peine à trouver une oreille attentive auprès des pêcheurs. A titre d’exemple :

l’article 4 « … interdit l’utilisation de senne de plage ou de filets maillants traînants

(chaluts de fonds sous toutes leurs formes), pour pêcher la crevette. » Dans la zone de

Niaguis, au PEB et à Escale, on pêche encore au moyen du filet traînant ;

l’article 8 stipule que « sur toute l’étendue de la zone de pêche, la capture, la détention

et la mise en vente des crevettes d’un moule supérieur à 200 individus au kilogramme

sont interdites ». Plus de 50% des achats de SOFRICAF et de PECA sont constitués

de déchets ; c’est-à-dire une moule de plus de 120 pièces au kg. Après le décorticage

de écarts et déchets, on peut se retrouver avec des catégories suivantes dans le moule :

la grosse taille (entre 120-180 pièces), la moyenne taille (180-260) et la petite taille

(260 et plus de 440).

Ces exemples parmi tant d’autres dénotent de la transgression de la loi au vu et au su des

autorités compétentes. Si aujourd’hui, le SRPSZ ne dispose d’aucune statistique fiable sur le

nombre de pêcheurs de crevettes le long du fleuve Casamance, cela est imputable à l’absence

d’établissement de carte de pêcheur. L’article premier du dit arrêté vient d’être transgressé. Il

spécifie que « la pêche de la crevette dans le fleuve Casamance et ses affluents, est soumise à

une autorisation préalable. Celle-ci est donnée sous forme d’une carte de pêcheur de crevette

dont le nombre est déterminé par le chef du Service régional des Pêches et de la Surveillance

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… » Sur l’ensemble des sites, la détention d’une carte de pêche est une banalité ; plus de la

moitié des pêcheurs n’en dispose pas.

Par ailleurs, il semble s’installer une certaine forme de laxisme dans le contrôle des produits

pêchés. En effet, depuis le mois d’août 2005, il n’a été fait cas d’aucune saisie que ce soit de

crevettes ou d’engins de pêche comme cela est du reste, recommandé dans l’article 1016.

Portant, le SRPSZ effectue régulièrement des sorties.

Par ailleurs, l’ouverture de la zone de pêche en amont du PEB (article 5) qui fonctionnait

comme un sanctuaire a eu comme conséquences néfastes la création de zone de conflit entre

les pêcheurs de poissons et ceux de crevette d’une part et d’autre part la réduction voire la

disparition de zone de croissance des crevettes. Ce qui à la longue, peut rompre la chaîne

trophique.

3. Les conflits de cohabitation

3.1. Les zones des conflits

L’usage des engins de pêche obéit à un certain zonage du fleuve (cf. Figure 11). Les zones de

conflits correspondent aux points de jonction entre deux types d’engins : le FFC et le filet

traînant à crevette. Les conflits peuvent survenir entre pêcheurs de crevette et ceux de poisson

d’une part et d’autre part entre pêcheurs de crevette utilisant des filets différents dans la même

zone.

Figure 11 :

Source : IDEE Casamance

16 Une copie de l’arrêté ministériel sera annexée à la fin du document

Zones de conflits réels

Les différentes utilisations du fleuve par les pécheurs de crevettes et identification des zones de conflits

COUPE du fleuve Casamance

Zone utilisée par le félé-félé Zone utilisée

par le filet fixe

Zone utilisée par le kili

Le chenal Le paaso La Berge La Berge

mangrove mangrove

Le paaso

38

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3.2. La nature des conflits

Elle est liée au fait que les pêcheurs utilisant le filet traînant peuvent remonter le fleuve et

atteindre les engins et embarcations de ceux des FFC. En l’absence de ces derniers, les

propriétaires des filets dérivants sectionnent simplement les ancres des embarcations. Dans de

tels cas, le pêcheur peut perdre sa pirogue et ses filets. Lorsque la scène se passe en présence

des deux protagonistes, ils en arrivent le plus souvent à des bagarres pouvant tourner au drame.

Les mêmes types de conflits peuvent survenir entre les pêcheurs de crevettes et ceux de

poissons s’activant dans la même zone. Selon l’Agent des pêches de Niaguis, les conflits

similaires sont récurrents ; il reçoit moyenne six (06) plaintes par semaine et 80% des pêcheurs

de Niaguis soutiennent que des conflits de cette nature sont omniprésents.

Les situations pareilles ne sont pas courantes dans les sites de Boudody et Escale ; les pêcheurs

de ces localités n’utilisant que le FFC. Mais il arrive -et cela depuis que la pêche a été

autorisée dans la partie aval du fleuve Casamance- que les pêcheurs de crevettes et ceux de

poissons entrent en conflit.

II. Discussion

1. La situation de la pêche crevettière à Ziguinchor

1.1. Le site de Boudody

La pêche est légalisée sur cette par l’arrêté n° 005329 du 06 août 2003. L’ethnie Toucouleur

domine dans cette zone et le FFC est le seul type d’engin en fonction. On note également que

les pêcheurs ne pratiquent pas la pêche au poisson, disposent le plus souvent d’un compte

épargne par le biais soit du GIE Ziguinchor 1, soit du GIE Cheikh Oumar. Enfin, on remarque

également que plus de la moitié des pêcheurs ont leur propre engin et embarcation ().

En somme, le site de débarquement de Boudody, constitué essentiellement de Toucouleurs

s’activant sur le canal du fleuve est le mieux organisé et le plus structuré. Les femmes de la

ville qui s’intéressent au petit commerce s’y ravitaillent en produit. Elles le transforment et le

vend en détail aux marchés de la place.

Figure 12 : Pêcheurs ayant épargné et propriétaires d’engins de pêche

39

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1.2. Le site du Pont Emile Badiane

L’une des caractéristique fondamentale est l’absence de l’ethnie Toucouleur au sein de cette

pêcherie d’une et d’autre part la faiblesse voire l’inexistence des FFC. Même si parmi la

communauté de pêcheurs il y en a qui ont une longue tradition de la pêche, la majorité d’entre

eux est constituée de jeunes et d’étrangers en provenance de la République de Guinée Bissau.

Il s’agit notamment des ethnies Balante et Pépel. De même, les femmes transformatrices de la

Guinée Bissau en ont fait leur principal point de ravitaillement.

On remarque que le mareyage est bien développé dans la zone car le plus souvent, les pêcheurs

ne sont pas propriétaires des engins de pêche surtout pour ce qui est du félé-félé. La

prédominance du félé-félé dans la zone de pêche est synonyme de mobilité et par conséquent

de l’absence de toute forme d’organisation. Il va s’en dire que dans de pareilles situations, on

assiste à la limite au pillage des ressources. Cela est confirmé par la qualité médiocre des

produits livrés à l’usine et la place qu’occupent les retours c’est-à-dire la crevette qui fait plus

de 120 pièces au kg. C’est ce moule qui est livré aux femmes pour la transformation et la

commercialisation dans les marchés de la place et en Guinée Bissau.

1.3. Le site de Escale

A l’instar de Boudody, la pêche dans cette partie du fleuve est autorisée par l’arrêté n° 005329

du 06 août 2003. La composition ethnique est assez homogène : elle est dominée de

Toucouleurs et de Peuls. On y pêche à l’aide du FFC et du chalut à pied. A la différence de

Boudody, il n’existe aucune forme d’organisation, mais près de la moitié des pêcheurs

disposent de leurs propres engins. Par conséquent, le pêcheur peut vendre son produit aux plus

offrant ; autrement dit il n’est pas à la merci des mareyeurs. Mieux, même s’il ne part pas à la

pêche, il peut mettre ses engins et embarcations en location. Le fait de posséder ses propres

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outils constitue une épargne. Tous ces facteurs réduisent la dépendance vis-à-vis de la

ressource.

2. La situation de la pêche crevettière à Niaguis

De l’analyse de la situation de la pêche crevettière à Niaguis, les éléments suivants en

ressortent :

une diversité ethnique dont la majorité est constituée de Toucouleur. C’est d’ailleurs

eux qui ont mis en place la seule organisation locale à savoir le GIE Penda Sarr ;

tous les engins de la pêche crevettière sont utilisés à Niaguis avec une prédominance

des félé-félé. Cela s’explique en partie par la présence dans la zone d’étrangers,

l’occupation du canal par les premiers pêcheurs Toucouleurs, la crise en Casamance et

le développement du mareyage ;

les produits de Niaguis résultant du même engin de pêche sont de qualité supérieure

comparativement à ceux des sites de la commune de Ziguinchor, il n’existe par ailleurs

aucune livraison aux femmes pour la transformation artisanale ;

du point de vue de la composition ethnique, des engins et embarcation en présence et

du développement du mareyage, le site de Niaguis ressemble beaucoup à celui du

PEB.

3. Le rôle des acteurs dans la déchéance de la pêche crevettière à Ziguinchor

3.1. Le service régional des pêches de Ziguinchor

Le SRPS de Ziguinchor est l’instance chargée de mettre en œuvre la politique de l’Etat en

matière de pêche et de gestion des ressources. Ce secteur fait parti de l’un des rares domaines

encore contrôlé par l’Etat. Au regard de la mission assigné au SRPSZ et des ressources -tant

humaines qu’économiques- dont il dispose, la bataille de la conservation de la ressource est

perdue d’avance. Sinon, comment comprendre que le département de Ziguinchor qui compte

une dizaine de sites de débarquement ne soit contrôlé que par un seul agent basé à Niaguis ?

En sus, les débarquements se faisant en fonction de la marée, l’agent est dans l’incapacité de

contrôler la qualité des produits et des engins. Cette observation, loin d’être un alibi, ne peut à

elle seule explique le laxisme et la complaisance dont font montre les agents du SRPSZ.

Ayant conscience de leurs limites et face à la persistante décadence de la pêche crevettière

dans la zone, les populations, en collaboration avec les partenaires au développement comme

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IDEE Casamance et le SRPS par le biais de son Agent de Niaguis ont entrepris de mettre en

place des comités locaux de vigilance. Mais face à la volonté de l’Etat d’avoir la main mise sur

le secteur de la pêche, ce projet est pour l’instant gelé ; car il envisage de mettre en place des

Conseils Locaux de pêche et ne souhaiterait pas être devancé dans sa démarche.

3.2. Les pêcheurs

Plusieurs ethnies s’adonnent à la pêche de la crevette en Casamance. On peut les regrouper en

deux grandes catégories :

3.2.1. Les pêcheurs traditionnels

Il s’agit de ceux dont la pêche est un héritage ancestral ; en Casamance, on peut citer le cas des

Toucouleurs, des Diola17 et des Sérères même si ces derniers sont faiblement représentés. Ils

utilisent pour la plupart des FFC dont ils sont les propriétaires (cf. Tableau 7). Les pêcheries

qu’ils occupent produisent par conséquent des crevettes de qualité et mettent en place des types

d’organisations qui à long terme peuvent réduire leur dépendance vis-à-vis de la pêche. Il

s’agit des GIE ayant adhéré à une mutuelle de la place : le GIE Ziguinchor 1, GIE Cheikh

Oumar Tall à Boudody et le GIE Penda Sarr de Niaguis.

Tableau 7 : Caractéristiques des pêcheries Catégories Niaguis % Boudody % PEB % Escale Total %

Pêcheurs ayant épargné 17 36,17 23 74,19 0 0 40 28,36

Pêcheurs ayant engins 27 57,44 16 51,61 9 24,32 13 54 38,29

Organisation 1 GIE 2 GIE 0 0

Pêcheurs crevette / poisson 19 40,42 0 13 35,13 0 32 22,69

Effectif 47 31 37 26 141

3.2.2. Les pêcheurs occasionnels

Il s’agit de ceux là dont la crise économique a contraint à se lancer dans la pêche sans pour

autant que cela ne soit leur activité traditionnelle. Hormis les Toucouleurs, toutes les autres

ethnies du Tableau 8 sont concernées. Leurs caractéristiques communes sont : la pêche au félé-

félé, l’absence d’équipements personnels entraînant une dépendance certaine vis-à-vis des

mareyeurs, l’absence d’organisation communautaire de base leur permettant de tisser et

renforcer les liens de solidarité, …

17 Les Diola pratiquaient une pêche traditionnelle de subsistance dans les eaux intérieures

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Tableau 8 : Répartition des ethnies en fonction des pêcheries Toucouleur Mandingue Balante Sérère Peul Pépel Diola Total

Niaguis 25 12 6 2 2 0 0 47Boudody 24 2 0 3 0 0 2 31PEB 0 9 15 4 0 6 3 37Escale 20 0 0 0 6 0 0 26Total 69 23 21 9 14 6 5 141

En règle générale, on retiendra que la dépendance des pêcheurs vis-à-vis de la ressource

constitue une menace sérieuse pour la survie des crevettes. Le pêcheur est obligé d’aller au

fleuve tous les jours pour subvenir à ses besoins. Les tentatives d’instauration de Repos

Biologique se sont heurtées à des réticences d’ordre idéologique et faute d’activités

génératrices de revenus durant ces périodes creuses. Ceux pouvant pratiquer la pêche au

poisson constituent une minorité.

3.3. Les mareyeurs

Cette catégorie d’acteurs représente la courroie de transmission entre les pêcheurs et les

industriels. En effet, les mareyeurs équipent les pêcheurs en filets et embarcations. En contre

partie, les pêcheurs leur livrent le produit à un prix variant entre 450 et 700 francs CFA. Ce

n’est qu’à Goudomp que le produit atteint et parfois dépasse 1200 francs CFA au kg. Les

crevettes ne sont pas triées au préalable ; ce travail est fait à l’usine. C’est en fonction de

triage-calibrage qu’un prix est affecté à chaque qualité. Il y a également une commission qui

est versée au mareyeur ; celle-ci est fonction de la qualité et varie entre 150 et 100 francs CFA

(cf. Tableau 9). En principe, et conformément à la loi de l’offre et de la demande, chaque

mareyeur livre ses produits à l’usine qui affiche les prix les plus intéressants. En Casamance,

les mareyeurs se sont spécialisés ; il arrive même que l’usine mette un véhicule à la disposition

du mareyeur ; c’est le cas de SOFRICAF et de IKAGEL.

Ces pratiques des mareyeurs contribuent largement à la paupérisation des pêcheurs et

accentuent la dépendance vis-à-vis de la pêche crevettière.

Tableau 9 : Rapport prix / qualité à PECAQualité Total kg Prix (francs CFA) Commission

n° 1 6,94 6700 150

n°2 69,33 5200 150

n°3 174,90 3200 150

n°4 347,96 1800 150

n°5 472,29 1350 150

n°6 804,59 1200 150

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n°7 811,45 900 150

Ecarts 190,29 1250 100

Déchets 3844,27 700 100

Total 6645,75

3.4. Les industriels

Ils constituent la locomotive de la pêche crevettière en Casamance et il semble s’installer un

déterminisme entre les achats de l’usine et la qualité des produits livrés par les pêcheurs par le

biais des mareyeurs. Dans l’ensemble, les usines au nombre de trois, achètent des produits de

qualité médiocre ; ce qui participe à la dégradation de la ressource. Ceci est mis en évidence

par les données du Tableau 10 qui, même si elles ne sont représentatives, traduisent quelque

part notre point de vue. En effet, il ne suffit pas de doper les prix des crevettes de qualité

supérieures telles que n°1 et n°2 pour inciter les pêcheurs ; il serait également intéressant de

limiter les achats des crevettes de qualité inférieures voire même de stopper l’achat des

déchets. Il y’a même des usines qui ne roulent que sur la base des produits de qualités

inférieures. Les mareyeurs de ces dernières ne se limitent qu’à Mangakounda car au-delà, la

crevette est de bonne qualité et est plus chère par conséquent.

A cela s’ajoute la situation de monopole qui réduit fortement la concurrence et entraînant par

le même fait un maintien des prix à une échelle très basse.

Tableau 10: Achat de crevettes en fonction de la qualité

Qualité

Poids (kg)

28 nov. %

Poids (kg)

29 nov. %

Poids (kg)

30 nov. % Total kg Total %

n° 1 1,34 0,07 2,31 0,10 3,29 0,14 6,94 0,10

n°2 21,5 1,08 30,7 1,37 17,13 0,71 69,33 1,04

n°3 64,21 3,22 69,93 3,12 40,76 1,69 174,90 2,63

n°4 110,75 5,56 140,56 3,12 96,65 4,01 347,96 5,24

n°5 144,81 7,26 173,8 7,74 153,68 6,38 472,29 7,11

n°6 282,31 14,16 285,37 12,72 236,91 9,84 804,59 12,11

n°7 185,96 9,33 307,76 13,71 317,73 13,19 811,45 12,21

Ecarts 45,17 2,27 83,4 3,72 61,72 2,56 190,29 2,86

Déchets 1160,32 58,20 1183,22 52,73 1500,73 62,32 3844,27 57,85

Total 1993,53 101,15 2244,04 98,32 2408,18 100,85 6645,75 101,15

44

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3.5. Les organisations professionnelles

Le paysage organisationnel de la pêche crevettière en Casamance regroupe les structures

nationales décentralisées et les organisations locales.

3.5.1. Les organisations nationales décentralisées

Les principales organisations nationales décentralisées que l’on rencontre dans la région sont :

la Fédération Nationale des Mareyeurs du Sénégal (FENAMS) qui s’occupe du

mareyage ;

la Fédération Nationale des GIE de Pêche (FENAGIE/Pêche) qui s’active

essentiellement dans la pêche et la transformation ;

la Fédération Nationale des femmes Transformatrices et Micro mareyeuses du

Sénégal (FENATRAMS) dans le secteur de la transformation du poisson ;

l’Union Nationale des GIE de Mareyeurs du Sénégal (UNAGIEMS) pour le

développement du mareyage et

le Collectif National des Pêcheurs Artisanaux du Sénégal (CNPS).

3.5.2. Les organisations locales

A l’échelle locale,

l’Union Régionale Santa Yalla dominée par les femmes transformatrices de produits

issus de la pêche artisanale ;

le GIPAC regroupant les pêcheurs et les mareyeurs ;

l’Association des Groupements du Programme d’Appui à la pêche et au Mareyage à

Ziguinchor et

le Kassoumay, GIE formé par les délégués des autres structures locales et celles

régionales décentralisées

constituent les structures locales de la région de Ziguinchor. Ces différentes organisations

avaient comme entre autres objectifs liminaires de défendre les intérêts des acteurs (pêcheurs ;

mareyeurs ; transformateurs ; …) et de participer à la gestion durable des ressources du fleuve.

Seulement, on assiste aujourd’hui comme à un dérapage idéologique de ces différentes

organisations. Les intérêts personnels et sectaires prennent le dessus sur les idées nobles ayant

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motivé la mise en place de ces structures. Les raisons de telles frustrations sont diverses ; on

peut en citer 3 :

d’abord, toutes les organisations nationales ont été conçues au sommet en ignorant celles

régionales déjà existantes. Ces pratiques d’un Etat paternaliste à approche descendante ont

entraîné une cohabitation difficile. En réalité, le schéma relationnel ressemble plus à une

juxtaposition des structures (cf. Figure 13) qu’à une intégration à la fois verticale et

horizontale dans laquelle chaque structure apporte son expertise et son expérience syndicales

et/ou de gestion des ressources. Les organisations régionales continuent d’exister parallèlement

à la création de celles nationales décentralisées. Mieux encore, elles ont réussi à les intégrer en

leur sein. Dans la même perspective, l’Etat cherche à tout prix à parachuter le Conseil National

Interprofessionnel de la Pêche Artisanal (CONIPAS) régional. Celui-ci se veut comme un

cadre de concertation, de collaboration, d'action et de négociation des professionnels de la

pêche artisanale. Cela est déjà source de convoitise et de conflit entre les organisations de la

place. La branche dissidente du GIPAC est en pole position pour piloter la structure régionale.

Ensuite, la gestion du dossier du quai de pêche de Boudody devant regrouper tous les acteurs

de la pêche de la région a fait beaucoup de mécontents. Le GIE kassoumay est mis en place

pour piloter ce dossier et tous ceux qui sont coptés pour diriger le CONIPAS régional sont

également ceux qui administrent le Kassoumay ;

Enfin, de plus en plus, assiste-t-on à un conflit générationnel au sein des différentes

organisations : les dissensions entre "jeunes" et "personnes âgées" tirent leur source de la ferme

volonté de la deuxième catégorie de diriger toutes les organisations et de confier aux "jeunes"

les seconds rôles.

Figure 13 : Organigramme des organisations des pêcheurs et mareyeurs de Ziguinchor

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Au total, ces guerres de positionnement et d’ambition personnelle non avouée jettent le

discrédit et le désordre dans l’échiquier "syndicale" des organisations régionales ; qu’elles

soient décentralisées ou locales. Il urge d’apporter des rectificatifs et de redresser les

organisations pour une meilleure prise en compte des intérêts des acteurs à la base d’une part et

d’autre part pour une gestion durable des ressources halieutiques.

CNPS UNAGIEM FENAMS FENAGIE / Pêche

SANTA YALLA AGPGIPAC

KASSOUMAY

47

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CONCLUSION

La pêche artisanale de la crevette en Casamance génère beaucoup de revenus aux industriels et

aux acteurs à la base. Elle est également un secteur pourvoyeur d’emplois ; ce qui participe de

la lutte contre le chômage.

Seulement, au regard des pratiques actuelles d’exploitation de la ressource liée à l’absence

totale d’une vision claire et nette de la part de l’Etat et la recherche effrénée de gain des autres

acteurs, l’on ne peut qu’être pessimiste par rapport à une gestion qui se veut durable. Non

seulement l’Etat n’a pas les moyens de sa politique, mais il ne fait pas non plus la politique de

ses moyens. D’autre part, la “paupérisation des pêcheurs” combinée à la “richesse des

mareyeurs” et l’instabilité de l’échiquier syndical influent négativement sur la gestion des

pêcheries.

Ainsi, des actions énergiques doivent être entreprises pour une meilleure prise en compte des

besoins des ressources halieutiques et un partage équitable des bénéfices. Celles-ci doivent être

fonction des pêcheries : la situation de Boudody

48

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40. SRPSZ, 2002 : Rapport statistique annuel du Service régional de la Pêche maritime et de

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51

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LISTE DES TABLEAUXTableau 1 : Relation qualité prix au kilogramme.......................................................................................7

Tableau 2 : Evolution de l’armement et des engins de pêche..................................................................17

Tableau 3 : Réceptifs touristiques selon le type.......................................................................................19

Tableau 4 : Hauteur de pluie de 1965 à 2004...........................................................................................22

Tableau 5 : Les crevettes du Sénégal et de la Gambie.............................................................................26

Tableau 6 : Tendances générales issues du dépouillement......................................................................32

Tableau 7 : Caractéristiques des pêcheries...............................................................................................42

Tableau 8 : Répartition des ethnies en fonction des pêcheries.................................................................43

Tableau 9 : Rapport prix / qualité à PECA...............................................................................................44

Tableau 10: Achat de crevettes en fonction de la qualité.........................................................................44

LISTE DES FIGURESFigure 1 : Facteurs concourant à la dégradation de la pêche crevettière en Casamance et leurs effets...10

Figure 2 : Composition ethnique de la région de Ziguinchor..................................................................14

Figure 3 : Types de culture en Casamance...............................................................................................15

Figure 4 : Situation de l’agriculture en Casamance en 2004...........................................................15

Figure 5 : Mises à terre par groupe d’espèces et valeur économique correspondante.............................18

Figure 7 : Cycle de développement des Pénéidés....................................................................................28

Figure 8 : Schéma d’un filet fixe à crevette.............................................................................................34

Figure 9 : Schéma d’un filet dérivant à crevette......................................................................................35

Figure 10 : Schéma de filet traînant à crevette.........................................................................................36

Figure 11 :........................................................................................................................................38

Figure 12 : Pêcheurs ayant épargné et propriétaires d’engins de pêche...................................................40

Figure 13 : Organigramme des organisations des pêcheurs et mareyeurs de Ziguinchor........................47

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TABLE DES MATIERES LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES..................................................................................................2

REMECIEMENTS.....................................................................................................................................3

INTRODUCTION......................................................................................................................................4

Présentation de la zone d’étude................................................................................................................11

Chapitre I : Le cadre biophysique et généralités sur les crevettes en Casamance....................................13

I. Le contexte socioéconomique de la région de Ziguinchor...........................................................................13

1. La division administrative...............................................................................................................................................13

2. Le peuplement humain....................................................................................................................................................13

3. Les activités économiques...............................................................................................................................................14

3.1. L’agriculture....................................................................................................................................................................................14

3.2. L’élevage.........................................................................................................................................................................................15

3.3. La pêche..........................................................................................................................................................................................16

3.3.1. L’essor de la pêche en Casamance.............................................................................................163.3.2. Les engins et embarcations........................................................................................................173.3.3. Les mises à terre.........................................................................................................................183.3.4. La destination des captures........................................................................................................18

3.4. Le tourisme......................................................................................................................................................................................19

3.5. Le commerce et l’industrie..............................................................................................................................................................20

II. Le cadre biophysique....................................................................................................................................20

1. La géologie de la Casamance..........................................................................................................................................20

1.1. Les grés argileux du continental terminal.......................................................................................................................................20

1.2. Les dépôts du quaternaire................................................................................................................................................................20

2. Le climat..........................................................................................................................................................................21

2.1. Les vents..........................................................................................................................................................................................21

2.1.1. L’alizé maritime...........................................................................................................................212.1.2. L’alizé continental ou harmattan.................................................................................................212.1.3. La mousson.................................................................................................................................21

2.2. La température.................................................................................................................................................................................21

2.3. La pluviométrie...............................................................................................................................................................................22

3. L’hydrodynamique du fleuve Casamance.......................................................................................................................23

3.1. La description du fleuve Casamance...............................................................................................................................................23

3.2. L’hydrodynamique du fleuve Casamance.......................................................................................................................................23

4. Le rôle des mangroves.....................................................................................................................................................24

4.1. Approche conceptuelle....................................................................................................................................................................24

4.3. La mangrove dans l’écosystème.....................................................................................................................................................26

III. Les crevettes de la Casamance....................................................................................................................26

1. Aperçu général.................................................................................................................................................................26

2. Cycle de développement de la crevette...........................................................................................................................27

Chapitre 2 : Matériel et méthode..............................................................................................................29

I. Matériel............................................................................................................................................................29

1. La fiche d’enquête...........................................................................................................................................................29

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2. Le guide d’entretien.........................................................................................................................................................29

II. Méthode..........................................................................................................................................................29

1. La recherche documentaire..............................................................................................................................................29

2. Le test du questionnaire...................................................................................................................................................30

3. L’exploitation du questionnaire.......................................................................................................................................30

3.1. Les préparatifs.................................................................................................................................................................................30

3.2. Les entretiens...................................................................................................................................................................................32

III. Le traitement des données...........................................................................................................................32

1. Le dépouillement.............................................................................................................................................................32

2. Le traitement statistique..................................................................................................................................................33

3. Le traitement cartographique...........................................................................................................................................33

Chapitre 3 : Les résultats et discussions...................................................................................................34

I. Les résultats.....................................................................................................................................................34

1. Les engins et embarcations..............................................................................................................................................34

1.1. Le filet fixe de crevette....................................................................................................................................................................34

1.2. Le filet dérivant à crevette...............................................................................................................................................................35

1.3. Le filet traînant ou chalut à pied......................................................................................................................................................36

2. Une réglementation impopulaire.....................................................................................................................................37

2.1. Le code de la pêche maritime..........................................................................................................................................................37

2.2. L’arrêté 2003 portant réglementation de la pêche artisanale sur le fleuve Casamance..................................................................37

3. Les conflits de cohabitation.............................................................................................................................................38

3.1. Les zones des conflits......................................................................................................................................................................38

3.2. La nature des conflits......................................................................................................................................................................39

II. Discussion.......................................................................................................................................................39

1. La situation de la pêche crevettière à Ziguinchor............................................................................................................39

1.1. Le site de Boudody..........................................................................................................................................................................39

1.2. Le site du Pont Emile Badiane........................................................................................................................................................40

1.3. Le site de Escale..............................................................................................................................................................................40

2. La situation de la pêche crevettière à Niaguis.................................................................................................................41

3. Le rôle des acteurs dans la déchéance de la pêche crevettière à Ziguinchor...................................................................41

3.1. Le service régional des pêches de Ziguinchor................................................................................................................................41

3.2. Les pêcheurs....................................................................................................................................................................................42

3.2.1. Les pêcheurs traditionnels..........................................................................................................423.2.2. Les pêcheurs occasionnels..........................................................................................................42

3.3. Les mareyeurs.................................................................................................................................................................................43

3.4. Les industriels.................................................................................................................................................................................44

3.5. Les organisations professionnelles..................................................................................................................................................45

3.5.1. Les organisations nationales décentralisées...............................................................................453.5.2. Les organisations locales............................................................................................................45

BIBLIOGRAPHIE...................................................................................................................................49

Documentation Générale......................................................................................................................................49

Documentation Spécifique...................................................................................................................................50

LISTE DES TABLEAUX........................................................................................................................52

LISTE DES FIGURES.............................................................................................................................52

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