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Bretagne, Côtes-d’Armor, Saint-Glen, La Touche ès Pritiaux Nº EA : 22 296 008 Arrêté d’autorisation nº 2019-133 LE SITE DU PREMIER AGE DU FER DE LA TOUCHE ES PRITIAUX A SAINT-GLEN (COTES-D’ARMOR) Gadea Cabanillas de la Torre (Ministère de la Culture/UMR 8546) Avec la collaboration de Guillaume Hulin (Inrap/UMR 7619) Décembre 2019

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Bretagne, Côtes-d’Armor, Saint-Glen, La Touche ès Pritiaux Nº EA : 22 296 008 Arrêté d’autorisation nº 2019-133

LE SITE DU PREMIER AGE DU FER DE LA TOUCHE ES PRITIAUX

A SAINT-GLEN (COTES-D’ARMOR)

Gadea Cabanillas de la Torre (Ministère de la Culture/UMR 8546) Avec la collaboration de Guillaume Hulin (Inrap/UMR 7619) Décembre 2019

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Conditions d’utilisation des documents

Les rapports d’opération archéologique (diagnostic, fouille, document final de synthèse, sondage,

sauvetage…) sont des documents administratifs communicables au public, en application de la loi

n° 78-753 du 17 juillet 1978 modifiée et portant diverses mesures d’amélioration des relations

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L.335-2, L.335-3 et suivants du code de la propriété intellectuelle.

Renseignement :

DRAC Bretagne : http://www.culture.gouv.fr/Regions/Drac-Bretagne

Service Régional de l’Archéologie - Centre de documentation archéologiqu

Campus universitaire de Beaulieu - Avenue Charles Foulon - 35700 Rennes

01/09/2018

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SOMMAIRE

FICHE SIGNALETIQUE ................................................................................................... 5

PARTIE I. PRESENTATION DE L’OPERATION ....................................................... 13

1. État des connaissances avant l’opération ................................................................. 13

1. 1. Contexte géographique et géologique .............................................................................. 13 1. 2. Contexte archéologique et historique locaux ................................................................... 13

1. 3. Circonstances de l’opération ............................................................................................ 13 1. 4. Enjeux, problématiques scientifiques et objectifs de l’opération ..................................... 13

2. Stratégie et méthodes mises en œuvre ...................................................................... 15

2. 1. La prospection géophysique (Guillaume Hulin, Inrap) .................................................... 15

2. 2. Décapage mécanique et nettoyage ................................................................................... 20 2. 3. Fouille manuelle ............................................................................................................... 22

2. 4. Prélèvements et analyses .................................................................................................. 22 2. 5. Techniques d’enregistrement ........................................................................................... 22

PARTIE II. RESULTATS DE L’OPERATION ............................................................. 24

1. Présentation générale ................................................................................................. 24

2. Le bâtiment circulaire ................................................................................................ 24

2.1. La tranchée de fondation 115, 115S et 1150E .................................................................. 24

2.2. Les interruptions de la tranchée ........................................................................................ 25 2.3. Les trous de poteaux à l’intérieur du bâtiment .................................................................. 25 2. 4. Les aménagements centraux et les vestiges de foyers ...................................................... 26

2. 5. De possibles aménagements annexes ............................................................................... 27

3. Les autres faits ............................................................................................................ 28

PARTIE III. ANALYSE ET INTERPRETATION DES VESTIGES .......................... 31

1. Un dépôt de haches à douille de type armoricain en contexte : vers une meilleure compréhension de leurs fonctions ? .............................................................................. 31

2. Le bâtiment circulaire : du bronze à l’âge du Fer atlantique ? ............................. 34

Conclusions : une évaluation du site du premier âge du Fer ......................................... 36

Enjeux et perspectives pour 2020-2022 ............................................................................ 37

Bibliographie ....................................................................................................................... 38

Annexe 1 : datations radiocarbones .................................................................................... 42

Annexe 2 : étude carpologique du vase du dépôt (Elsa Neveu, UMR 6566) ....................... 44

Inventaires ............................................................................................................................ 52

Inventaire des faits ........................................................................................................... 52

Inventaire du mobilier ...................................................................................................... 54

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FICHE SIGNALETIQUE Localisation de l’opération : Bretagne, Côtes-d’Armor, Saint-Glen, La Touche ès Pritiaux Code INSEE : 22 296 Nº EA : 22 296 008 Coordonnées géographiques : 48.338607º, -2.527499º Références cadastrales : Saint-Glen, parcelle 47, feuille 01, section ZL Propriétaire du terrain : Odette Méheust Arrêté d’autorisation : 2019-133 Responsable de l’opération : Gadea Cabanillas de la Torre Dates de l’intervention : du 15 au 26 juin 2019 Intervenants administratifs : Yves Menez, Anne Villard Notice scientifique Le dépôt du Premier âge du Fer de La Touche ès Pritiaux à Saint-Glen (22) avait fait l’objet en 2015 d’un sondage suite à la découverte d’un lot de haches à douille de type armoricain. Les objets métalliques avaient été rangés dans un grand vase de stockage à proximité de six autres contenants comparables enfouis. La découverte d’une dizaine de structures supplémentaires (fosses, trous de poteaux) dans un sondage restreint d’environ 30 m2 avait suggéré la présence d’une occupation dont la datation au Premier âge du Fer (VIIIème-VIème s. a. n. è.), confirmée par plusieurs datations radiocarbones. Ces observations ont motivé une nouvelle intervention en 2019, portant sur environ 230 m2. Elle a permis de mettre au jour la tranchée de fondation d’un bâtiment circulaire d’environ 10 m de diamètre, doté de deux entrées. Plusieurs creusements, dont ceux fouillés en 2015 s’y rattachent, notamment des trous de poteaux supportant la charpente. Des aménagements ont également été découverts en dehors de ce bâtiment. Il s’agit du premier cas de dépôt de haches à douille de type armoricain découvert intact en contexte, à l’intérieur d’un bâtiment. Son emplacement au fond du bâtiment, en lien avec un trou de poteau et au sein d’une zone de stockage dont le contenu semble avoir été récupéré, ainsi que la présence de résidus végétaux ayant pu servir de protection des haches, plaide en faveur de l’interprétation de ce dépôt comme une cachette destinée à être récupérée.

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Copie de l’arrêté d’autorisation nº 2019-133 (page 1/2)

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Copie de l’arrêté d’autorisation nº 2019-133 (page 2/2)

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Copie de l’autorisation de la propriétaire du terrain pour intervenir dans la parcelle.

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Localisation de la commune et carte géologique du secteur (BRGM).

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Emplacement de la parcelle sondée (en rouge) sur la carte IGN (Géoportail).

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Emplacement de la parcelle sondée (en rouge) sur le plan cadastral actuel.

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Remerciements Je remercie sincèrement toutes les personnes qui ont participé à cette opération : Israel

Alcón, Stanislas Bossard, Antoine Châtelier, Antoine Dumas, Pierre Fretay, Fanny Hamonic, Mélanie Queffurus, ainsi que Guillaume Hulin (UMR 7619) et Alexandre Mahé de l’Inrap et Yann Bernard (UMR 6566).

Je remercie également les habitats de Saint-Glen et ses alentours pour leur accueil

sympathique, curieux et généreux, tout particulièrement la famille Rochard, Mademoiselle Odette Méheust, Monsieur Gérard Corbel et Monsieur le maire de Saint-Glen, Jean-François Cordon.

Je suis également reconnaissante envers les agents du SRA Bretagne qui m’ont apporté

leurs conseils et ont contribué aux relevés. Enfin, merci à Antoine, Elisabeth et Joseph y a mi mamá qui m’ont prêté main forte dans

la gestion de la petite Maolenn pendant le chantier.

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PARTIE I. PRESENTATION DE L’OPERATION 1. État des connaissances avant l’opération

1. 1. Contexte géographique et géologique Le lieu-dit La Touche ès Pritiaux se situe dans le sud de la commune de Saint-Glen, dans le

pays de Moncontour. Cette zone, délimitée par deux ruisseaux, le Gouessant à l’ouest et le Quiloury à l’est, est constituée par un groupe de petites collines ne dépassant pas les 210 m. Le site se trouve au sommet d’une petite élévation culminant à 203 m, à proximité du lieu-dit Bellevue. Ce toponyme indique la position dominante du lieu, surplombant les deux petites vallées. Il s’implante sur un substrat d’arène granitique jaune qui apparaît, dans l’emprise du sondage, entre 30 et 40 cm sous le niveau de sol actuel. Dans le sondage de 2019, une veine très argileuse, aperçue lors de la prospection géophysique, est apparue en bordure nord-est de l’emprise.

1. 2. Contexte archéologique et historique locaux La carte archéologique établie par le SRA Bretagne (Patriarche) recense sept entités

archéologiques sur la commune de Saint-Glen, dont la plupart correspondent à des enclos non datés reconnus par prospection aérienne. Néanmoins, plusieurs sites de l’âge du Fer sont connus dans et autour de la commune. Dans le bourg de Saint-Glen, aux lieux-dit Bel-Air à Trébry (EA 22 345 0006), et Boucléron à Le Méné (EA 22 046 0012) des souterrains du Second âge du Fer sont attestés. Plusieurs enclos de l’âge du Fer sont également connus à Plénée-Jugon comme ceux du Pont Boscher (EA 22 185 0016) et du Rochay (EA 22 185 0031) ainsi que celui fouillé en 2014 à la carrière de Gouviard (EA 22 185 0097). En 2016, Catherine Bizien du Centre régional d’archéologie d’Alet a également effectué un sondage à l’emplacement d’un petit dépôt d’une cinquantaine de haches à douille de type armoricain sur la commune de Plénée-Jugon, au lieu-dit Rotoué (EA 22 185 0109).

1. 3. Circonstances de l’opération Suite à la découverte, en 2015, d’un dépôt de haches à douille de type armoricain sur cette

parcelle, un sondage d’environ 30 m² a été effectué (fig. 1). Ce petit décapage a donné lieu à la fouille de plus d’une vingtaine de faits. Parmi les vestiges, six vases enterrées et plusieurs fosses et trous de poteaux indiquaient la présence d’une occupation contemporaine du dépôt, d’après deux datations radiocarbones confirmées par la typologie céramique (Cabanillas de la Torre 2016). Il s’agissait du premier cas de sondage positif effectué autour d’un dépôt de haches à douille de type armoricain.

1. 4. Enjeux, problématiques scientifiques et objectifs de l’opération L’opération de 2015 a donc permis de fouiller finement l’ensemble du dépôt, d’effectuer

les prélèvements nécessaires et de mettre en évidence la présence d’une occupation dense. Suite à cette intervention, la poursuite des recherches en 2019 visait à élargir le contexte de la découverte, afin de mieux caractériser la nature, la datation et l’état de conservation de l’occupation du Premier âge de Fer. La CTRA ayant préconisé un décapage réduit, la détermination de l’extension totale du site ne constituait pas une priorité.

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Fig. 1. Plan des vestiges mis au jour à La Touche ès Pritiaux lors du sondage de 2015.

Au-delà du site en lui-même, l’extension de sondage de 2019 avait pour objectif, dans un contexte favorable, d’apporter des éléments pour l’interprétation des contextes d’enfouissement des dépôts de hache à douille de type armoricain au Premier âge du Fer. En effet, la réalisation de sondages sur ce type de dépôts est devenue systématique en Bretagne, comme le montrent les cas de Kérihoué à Noyal-Pontivy (Fily 2009), de La Ville d’Alan à Trégueux (Nicolas 2016) et de Rotoué à Plénée-Jugon (Bizien 2016). Les résultats de ces sondages, toutefois, n’ont pas permis d’avancées majeures sur cette question. La possibilité de recueillir des données clé pour la compréhension de ce phénomène représente, à Saint-Glen, une opportunité de portée nationale, car parmi les plus de 400 dépôts de ce type connus dans le nord-ouest de la France et les îles anglo-normandes (Tribouillard 2015), seuls deux autres ont fourni des contextes d’enfouissement, au sein de l’habitat de Kergariou à Quimper dans le Finistère (Menez 2005) et de la nécropole de Bellevue à Agneaux dans la Manche (Marcigny 2000, Marcigny et al. 2000). De manière globale, c’est une meilleure compréhension de la permanence de ces pratiques de dépôt dans plusieurs régions d’Europe occidentale qui est en jeu (Milcent 2017 ; Boughton 2015 ; Westhausen 2018).

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2. Stratégie et méthodes mises en œuvre

2. 1. La prospection géophysique (Guillaume Hulin, Inrap) L’intervention géophysique réalisée par l’Inrap a répondu à une demande du Service

Régional de l’Archéologie de Bretagne, préalablement à la réalisation de l’extension de sondage de 2019. L’objectif était de repérer d’éventuels vestiges en lien avec l’occupation reconnue en 2015.

Stratégie d’intervention Deux méthodes géophysiques ont été mises en œuvre sur la zone d’étude, à savoir la

méthode magnétique et la méthode électrique. L’opération s’est déroulée du 24 au 25 avril 2019 sous la responsabilité de Guillaume Hulin, géophysicien et avec l’aide d’Alexandre Mahé, technicien en acquisition de données géophysiques. Les deux méthodes ont pu être mises en œuvre sur la totalité de la parcelle concernée. Les surfaces investiguées sont respectivement de 1879 m² pour la méthode magnétique et de 1910 m² pour la méthode électrique (Fig. 2).

Pour les deux méthodes, un maillage dense a été privilégié pour déceler les anomalies les plus ténues telles que celles pouvant être générées par des trous de poteau par exemple.

Fig. 2. Localisation des prospections géophysiques (BDOrtho IGN)

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Méthodes géophysiques Méthode magnétique

La méthode magnétique mesure la somme des champs magnétiques locaux, dont le champ magnétique terrestre ainsi que celui créé par les structures présentes dans la proche surface. Les structures archéologiques peuvent présenter un contraste d’aimantation plus ou moins important avec l’encaissant, induit par la présence ou l’absence de grains d’oxydes de fer magnétiques. Ce contraste est à l’origine d’une anomalie du champ magnétique locale propre à la structure et qui pourra être détectée en surface.

De manière générale, la méthode magnétique est particulièrement bien adaptée à la recherche des structures en creux, des structures dites de chauffe et de celles liées à la métallurgie du fer. Dans les cas favorables, les éléments construits peuvent également être décelés soit de manière directe (murs calcaires dans un sol magnétique) soit de manière indirecte (concentrations de terres cuites architecturales).

L’appareil utilisé est un magnétomètre différentiel MXPDA développé par la société Sensys (Fig. 3). Cet appareil mesure la différence de la composante verticale du champ magnétique. Dans le cas du MXPDA, la différence inter-capteurs est de 65 cm. Le couplage d’un GNSS (AgGPS 542 RTK) a permis un calage centimétrique des données magnétiques. La distance entre les profils est de 25 cm avec une fréquence d’échantillonnage permettant d’avoir un point tous les 10 à 15 cm environ selon la vitesse d’avancement.

Fig. 3. Prospection magnétique (MXPDA de Sensys)

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Cette méthode permet de couvrir de grandes surfaces rapidement mais présente l’inconvénient d’être très sensible aux perturbations récentes (clôtures métalliques, bâtiments, véhicules…) qui peuvent rendre difficile voire impossible l’interprétation. Les anomalies magnétiques sont toujours constituées d’une partie positive (en noir) et d’une partie négative (en blanc). L’objet source est situé entre le maximum de la partie positive et le minimum de la partie négative. La pollution magnétique (anomalies dipolaires de forte intensité et à faible longueur d’onde) est généralement créée par des objets ferreux (clous, éléments de charrue…) présents dans l’horizon superficiel.

Méthode électrique

La méthode électrique permet de mesurer la résistivité électrique des sols. Ce paramètre traduit la difficulté d’un courant à traverser un matériau. Les mesures de résistivité électrique sont effectuées en injectant un courant dans le sol par l’intermédiaire de deux électrodes dites « d’injection » et en mesurant la différence de potentiel générée à travers deux autres électrodes dites « de potentiel ». Il est alors possible de calculer la résistivité électrique et, par la multiplication des mesures, de cartographier les changements de résistivité du proche sous-sol qui peuvent être le reflet de variations d’origine naturelle ou archéologique.

Pour la cartographie de résistivité électrique, la méthode pôle-pôle (une électrode d’injection et une électrode de mesure du potentiel à l’infini) a été préconisée car il s’agit d’un dispositif d’électrodes présentant une bonne sensibilité aux contrastes horizontaux de résistivité, contrastes les plus communs en archéologie. L‘appareil utilisé est un résistivimètre RM85 développé par Geoscan Research (Fig. 4).

Fig. 4. Prospection électrique (RM85 de Geoscan Research)

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La profondeur d’investigation est définie par la distance entre les deux électrodes mobiles. Un écartement de 75 cm a été utilisé permettant d’avoir une profondeur d’investigation sensiblement égale. Cet écartement a été défini au regard de la profondeur des vestiges observée lors de la première campagne de fouille. L’ensemble des données géophysiques a été géoréférencé dans le système de coordonnées Lambert 93 (EPSG : 2154).

Résultats Méthode magnétique

Les mesures magnétiques sont de bonne qualité (Fig. 5). Plusieurs anomalies dipolaires sont à noter et apparaissent sur la figure d’interprétation générale en rouge (Fig. 7). Celles-ci sont générées par des objets ponctuels ferreux et peuvent pour la plupart être considérées comme de la pollution présente dans les horizons superficiels. Il peut s’agit de clous, cartouche de fusils, fers à chevaux… Certaines d’entre elles correspondent certainement à des clous laissés lors du sondage de 2015. Trois anomalies dipolaires fortes sont situées au sud-ouest de la zone d’étude. Deux d’entre elles présentent une signature très similaire. Il s’agit, ici aussi, d’objets en fer mais de taille plus importante.

Fig. 5. Carte d’anomalies magnétiques

Les anomalies d’origine archéologique sont généralement plus ténues. Elles sont, ici, délicates à interpréter car leur morphologie peut également évoquer des anomalies naturelles (en gris sur les figures d’interprétation). Les ensembles d’anomalies indiquées sur la carte d’interprétation comme anomalie zonale peuvent à la fois correspondre à des regroupements de vestiges archéologiques mais également à des variations locales du substrat.

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Les anomalies plus discrètes peuvent être interprétées comme des creusements de type trous de poteau ou fosses ou bien des variations pédologiques locales ou encore des fosses de chablis. Une anomalie linéaire s’étendant sur la moitié est de la zone d’étude peut également correspondre à un fossé.

Méthode électrique

Les données de résistivité électrique permettent de tracer une carte totalement différente de celles des anomalies magnétiques. Ici aussi les données sont de bonne qualité (Fig. 6). Le contact avec le sol et l’humidité relative du terrain ont permis d’obtenir des mesures très peu bruitées. La dynamique des données s’échelonne entre 485 et 5358 ohm.m avec une médiane à 2747 ohm.m indiquant un sol très résistant mais avec tout de même de forts contrastes.

Fig. 6. Carte de résistivité électrique (a=75 cm)

Malgré un échantillonnage fin, la carte de résistivité ne montre que des variations à grande longueur d’onde, généralement synonymes de changements pédologiques ou géologiques. On notera en particulier une anomalie nettement plus conductrice, orientée NO/SE qui traverse l’ensemble de la parcelle étudiée. Sa largeur varie entre 6 et 7 m. Il s’agit ici d’un changement géologique très marqué. Il a été observé au décapage : il s’agit d’une grande veine d’argile qui n’a livré aucun vestige au nettoyage.

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Fig. 7. Carte d’interprétation des anomalies géophysiques

Conclusion La prospection géophysique menée sur le site de La Touche-ès-Pritiaux, associant méthode

magnétique et méthode électrique, a permis de repérer plusieurs anomalies (fig. 7). La plupart des anomalies de grandes tailles semble plutôt avoir une origine géologique. Les anomalies pouvant avoir une origine anthropique sont, au final, peu nombreuses et ne montrent pas d’organisation cohérente. L’absence d’anomalie géophysique n’est cependant pas la preuve de l’absence réelle de vestiges archéologiques. Dans ce cas, la fouille sera certainement la seule à pouvoir apporter des éléments fiables quant à la caractérisation archéologique de ce site.

2. 2. Décapage mécanique et nettoyage Le travail de terrain s’est déroulé entre le 14 et le 28 juin, puis le 5 juillet, avec une

moyenne de cinq personnes. Le décapage de la terre végétale (environ 30 cm) à l’aide d’un tracto-pelle a été effectué en trois temps. Une première ouverture a été réalisée le 14 juin au nord et au sud du sondage de 2015, limitée en raison des moyens disponibles pour l’opération, et de la présence d’un talus au sud et d’une zone incluant de grands blocs de pierre bloquant le godet. Par rapport aux potentielles traces de vestiges identifiées lors des mesures géophysiques, un décapage autour de la zone où une forte densité était attestée en fouille a été favorisé (fig. 8).

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Fig. 8. Décapages de 2015 et 2019.

Suite au nettoyage de surface et à une extension manuelle du décapage au sud-ouest, le tracto-pelle a pu intervenir à nouveau le 25 juin pour dégager l’ensemble de la tranchée de fondation identifiée, au nord-ouest et au nord-est (fig. 9). Ce décapage complémentaire a permis d’obtenir le plan du bâtiment circulaire et de réaliser plusieurs sondages sur la tranchée de fondation (fig. 10, 11 et 12). Une bande d’environ 2 m au nord de la fenêtre de décapage n’a pas été nettoyée car la présence de grands blocs de pierres rendaient difficile le travail dans ce secteur, et que les faits résultant du nettoyage de la zone nord étaient douteux (fig. 9).

Fig. 9. À gauche : vue du nord-ouest du chantier avant le dernier décapage. Le bord sud-est du

décapage longe le talus délimitant la parcelle. À droite : vue de la bande nord du décapage après

nettoyage. On observe à gauche la bande pierreuse non nettoyée, et on aperçoit au fond, la veine

argileuse détectée lors de la prospection électrique.

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2. 3. Fouille manuelle La plupart des faits ont été fouillés par moitié ou intégralement. Les structures ponctuelles

(fosses, trous de poteaux) ont été très majoritairement sondées par moitié, mais le séchage induit par la canicule de la semaine du 24 juin et des nettoyages plus détaillés à proximité de la tranchée de fondation 115 ont révélé de nouveaux faits jusqu’à l’avant-veille de la clôture du chantier (v. inventaire des faits). Ces petites structures, dont l’intérêt réside surtout dans leur distribution spatiale, doivent faire l’objet d’une fouille en 2020. Plusieurs creusements situés dans ou à proximité immédiate de la berme en 2015 ont été fouillés intégralement en 2019.

La tranchée de fondation 115 a fait l’objet de huit sondages manuels (sondages A à I), dont un longitudinal (sondage C) et un en damier (sondage I) (fig. 10, 11 et 14). Les tronçons 115S et 115E ont été sondés en damier, puis le premier a été fouillé intégralement. La mise en évidence d’un fantôme de trou de poteau dans le premier sondage (sondage A, fig. 13) invitait à la prudence : une fouille fine s’est avérée nécessaire. Le choix a donc été réalisé d’effectuer les sondages envisageables dans le temps imparti, notamment des entrées, et de programmer une fouille plus détaillée, par tronçons réduits et par passes, du reste du tracé, dans le cadre de la demande d’autorisation pour 2020.

La grande fosse située en périphérie sud du décapage (150) n’a pas été sondée : sa taille, son emplacement et son aspect indiquent manifestement qu’une fouille de cette structure aurait nécessité l’arasement d’une partie du talus et l’arrachage de la végétation en bordure sud de la parcelle, inenvisageables en 2019 (fig. 9 et 11). Ces opérations sont intégrées à la demande d’autorisation de la fouille de 2020. A l’issue de l’intervention, en juillet 2019, l’ensemble du bâtiment circulaire a été recouvert d’un géotextile avant le rebouchage du sondage. Il a été signalé au maire que cette parcelle en herbe ne doit pas faire l’objet d’un labourage mécanique.

2. 4. Prélèvements et analyses Sept prélèvements de charbons ont été effectués, dont deux provenant de la tranchée de

fondation 115 du bâtiment circulaire ont fait l’objet de datations radiocarbones (Annexe 1).

2. 5. Techniques d’enregistrement Les structures et les unités stratigraphiques ont été numérotées (de 100 à n pour celles

découvertes en 2019) et répertoriées dans des tableaux inventaires figurant à la fin de ce rapport. Elles ont fait l’objet de photographies, de relevés en plan, et en coupe pour celles sondées, sur papier millimétré au 1/20e. Certains faits au nord de la fenêtre de décapage ont seulement fait l’objet de relevés photographiques car ils avaient été annulés dans un premier temps. L’ensemble a été relevé en plan, sur papier millimétré, au 1/50 e. Un relevé topographique au GPS a également été réalisé. Des altimétries relatives ont été mesurées par rapport à un point de référence marqué à la bombe sur un pylône électrique situé sur la parcelle voisine (mesures reportées sur la fig. 14). A l’issue de la fouille, un relevé photogrammétique par drone a été effectué par Yann Bernard (Virtual-Archéo, UMR 6566 ; fig. 10).

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120bis

±

0 1 2 3 4m

dépôtv7

126

Fig. 10. Plan général des vestiges (2015-2019)

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23

Fig

. 11

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24

PARTIE II. RESULTATS DE L’OPERATION 1. Présentation générale

La conservation des vestiges est satisfaisante : l’opération de 2015 avait déjà montré un arasement modéré du site, le terrain ayant rarement été labouré mécaniquement. Toutefois, les zones nord et sud du décapage sont peu lisibles, en raison de la nature variable du substrat et de perturbations racinaires (fig. 10).

Par conséquent, l’intervention conduite sur 213 m² a donné lieu à l’enregistrement de 50 faits, numérotés à partir de 100, totalisant 75 creusements reconnus sur toute la surface. La surface fouillée en 2015 s’avère être à l’intérieur d’un bâtiment : la plupart des structures de 2015 sont à intégrer dans des ensembles fonctionnels observés en 2019.

Fig. 12. Etat de conservation du site et lisibilité du terrain. De gauche à droite et de haut en bas :

lisibilité dans les zones sud et nord de la fenêtre de décapage, conservation des structures dans

l’arène et dans la roche.

2. Le bâtiment circulaire

2.1. La tranchée de fondation 115, 115S et 1150E La tranchée constituée par les tronçons 115, 115S et 115E présente un plan circulaire

d’environ 10 m de diamètre avec trois interruptions (fig. 13). Il s’agit d’un creusement linéaire irrégulier, variant en fonction notamment de la nature du substrat, qui apparaît sous forme d’arène ou d’affleurements plus ou moins dégradés en surface. Ainsi, au sud, elle est interrompue par un affleurement rocheux (fig. 14). Le creusement des deux tronçons courts, 115S et 115E, présente un pendage suivant le niveau d’apparition de la roche, qui remonte progressivement. La faible profondeur relevée au niveau du sondage E peut être expliquée par une forte densité de pierres dans le substrat.

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- 1,73

125

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136 137

101

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v1

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v7

v4

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115S115SE

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118

110108

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148

104

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F

126

120bis

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B

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122-2

122-3

122-1

122-2

115-11

115-11

122-2

122-3

limon brun-jaune avec rares inclusions, meuble

115-11

115-4

115-7

limon argileux brun-gris homogène peu compact

limon brun hétérogèneavec poches de substrat, présence de charbon,peu compact

115-2115-2

limon gris-brun clair hétérogèneavec inclusions d’arène et charbons,peu compact

limon gris-brun sombre homogène,avec rares inclusions d’arène, présence de charbons,peu compact

115-2

115-2

115-10

115-2115-2

115-10

115-10 limon gris-brun sombre homogène,avec inclusions d’arène, présence de nodules de terre cuite,meuble

limon brun-gris hétérogèneavec inclusions arénacées peu compact

115-3

115-4 substrat remanié

115-2

115-3

115-3

115-4

115-4

115-2

115-2

115-10

115-2

115-2

115-7115-7

115-7

115-3

115-3

115-3

115-3

115-3

1/20

0 0,5 1 m

1/50

- 1,41 m

- 1,55

- 1,58

- 1,57

- 1,48

- 1,64

- 1,57

- 1,43

- 1,42

- 1,53

- 1,62

- 1,66- 1,64

- 1,72

- 1,93

- 1,90

- 1,95

- 1,73

- 1,68

- 1,97

- 1,85

- 1,82

- 1,58- 1,45

- 1,52- 1,68

115-5

±

0 1 2 3 4 m

plan

coupes

Fig. 13. Plan et coupes de la tranchée 115 et des tronçons 115S et 115E.

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25

Fig. 14. Les interruptions et les tronçons 115S et 115E au niveau des affleurements rocheux en partie

sud du décapage.

Elle présente généralement un profil en U ou en cuvette. Sa profondeur conservée varie

entre 9 et 35 cm et sa largeur entre 12 et 27 cm. Les coupes manuelles effectuées ne permettent pas d’interpréter ces variations en termes de phasage. Un élargissement de la tranchée au milieu du sondage D pourrait indiquer la présence d’un trou de poteau et un négatif a été observé dans le comblement sur la coupe B (fig. 13).

Cette tranchée correspond vraisemblablement à la fondation de la paroi en terre d’un bâtiment, probablement armée par des pieux ou des poteaux. Son absence en zone sud, à proximité des deux tronçons courts, serait compatible avec une poursuite de la paroi sans fondation, ou nettement au-dessus du substrat et du niveau d’apparition actuel des structures.

Le prolongement de 115 vers l’intérieur au nord, 148, qui peut inclure un trou de poteau, n’a pas pu être fouillé en 2019. Il pourrait faire partie d’un aménagement de la paroi et/ou d’un dispositif d’entrée associé à l’interruption nord-est de la tranchée.

2.2. Les interruptions de la tranchée Deux interruptions nettes de la tranchée de fondation apparaissent au sud et à l’est,

séparant le tronçon principal de 115S et de 115E. L’interruption sud mesure 71 cm, entre 115 et 115S (fig. 10). A l’intérieur du bâtiment, deux trous de poteaux lui font face, 136 et 137, séparés seulement par 36 cm. L’ensemble laisserait un passage assez étroit qui peut évoquer une entrée secondaire. L’interruption Est diffère par son gabarit et sa configuration. Les extrémités des deux tronçons qui l’encadrent sont élargies pour loger des poteaux, séparés par 165 cm. Un bloc de calage était encore en place en bordure du creusement 122, à l’extrémité de la tranchée 115. A l’intérieur, les trous de poteaux 106, 139, 140 et 141, situés en face de l’interruption, rétrécissent nettement le passage de cette entrée (fig. 10).

2.3. Les trous de poteaux à l’intérieur du bâtiment 23 trous de poteaux ont été reconnus autour de la tranchée de fondation, à l’intérieur du

bâtiment (fig. 16). Ils forment une couronne grossièrement circulaire, et présentent des gabarits disparates, allant de 25 à environ 70 cm de diamètre et de 8 à 24 cm de profondeur. Toutefois, vues les variations de la tranchée de fondation en fonction de celles du substrat, la profondeur de creusement des structures ne peut pas être considérée comme un critère pour déterminer leur fonction. Elle semble déterminée par les mêmes contraintes que celle de la tranchée, si l’on en juge par la très faible profondeur des six trous de poteaux situés dans le

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26

secteur sud-est. Certains trous de poteaux présentent des creusements multiples, et de aménagements de la roche permettant de loger les poteaux (fig. 15).

Cependant, on peut émettre un doute pour la fosse 106, dont la position et la faible profondeur posent question. La fouille de 148 en 2020 pourrait apporter plus d’éléments pour déterminer si certains creusements situés à l’intérieur du bâtiment sont associés à l’entrée nord-est.

Fig. 15. Clichés des trous de poteaux à creusements multiples 102-103 et 104

Ces creusements ont sans doute servi, en fonction de leur taille, à loger soit des poteaux

porteurs de la charpente soit des supports moins importants servant de renfort ou de support de cloison. La présence de plusieurs états ne peut pas être écartée, mais l’ensemble des creusements est compatible avec un seul plan de bâtiment.

2. 4. Les aménagements centraux et les vestiges de foyers Au centre du bâtiment ont été reconnus plusieurs creusements. Deux trous de poteaux, 24

et 25, fouillés par moitié dans la berme en 2015, ont été entièrement vidés. Ils ont pu faire partie d’un aménagement central. Deux creusements aux remplissages cendreux et rubéfié, de faible profondeur, a été fouillé en 2015 à proximité immédiate du centre du bâtiment (faits 22 et 23). En 2019, une nappe rougeâtre à l’aspect semblable (126) traversée par deux creusements (21 en partie dans la berme en 2015 et 127) a été fouillée au sud de cet ensemble. Enfin, au nord-ouest du sondage de 2015 a été détectée la fosse 124 au comblement rubéfié, à proximité de la paroi (fig. 16 et 17).

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115

120bis

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0 0,5 1 m

1/50

±

0 1 2 3 4 m

plan

coupes

limon argileux brun foncé hétérogèneavec inclusions d’arèneprésence de charbons et de nodules deterre cuite, peu compact

105-2 limon brun-beige hétérogène avec inclusions d’arènenodules de terre cuite, peu compact

105-4

limon brun hétérogène avec inclusions d’arènepeu compact

136-2

136-2

136-1 limon brun homogène peu compact138-2138-1

limon argileux brun-rouge homogène, peu compact

124-2

124-1

124-2

limon brun-gris hétérogène,avec inclusions d’arèneprésence de charbonpeu compact

101-2

101-2

101-1

OE

limon argileux brun sombre hétérogène avec poches grises charbonneusesinclusions d’arène, peu compact

104-2 104-1

OE

105-2

105-3105-1

105-4

OE

limon brun à jaune hétérogèneavec inclusions d’arènepeu compact

106-1

106-2

OE

limon brun sombre à gris hétérogèneavec inclusions d’arène, peu compactprésence de charbons et de nodules deterre cuite

limon noir à gris sombre hétérogènecharbonneux, peu compact

OE

103-1

103-2

102-1102-2

102-2

103-2

limon argileux brun sombre homogène, peu compact

limon brun-beige hétérogèneavec inclusions d’arènesubstrat remanié

127-1

127-2

127-3

127-3

127-4

127-4

127-2

limon brun-gris hétérogèneavec inclusions d’arène,peu compact

139-1139-2

139-2

limon brun hétérogèneavec inclusions d’arène,peu compact

140-1140-2

126

limon argileux brun sombre hétérogèneavec inclusions d’arène, peu compact

137-2

137-2

137-1

Fig. 16. Plan et coupes des fosses à l’intérieur du bâtiment.

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27

Fig. 17. Vues des structures rubéfiées fouillées en 2019.

2. 5. De possibles aménagements annexes Au moins six trous de poteaux suivent le quart nord du tracé de la tranchée à l’extérieur

(108, 110, 118, 146, 145, 144 et 143, fig. 18).

Aucun autre alignement semblable n’a été observé : un nouveau décapage et nettoyage manuel de la zone sud-ouest est prévu en 2020. En l’état actuel des connaissances il semble peu probable qu’il s’agisse d’un autre état du bâtiment, mais il pourrait éventuellement appartenir à un cercle de poteaux extérieur, sur le modèle de certains bâtiments fouillés en Grande-Bretagne (Harding 2009, 58-64). A ce stade, leur distance par rapport à la tranchée de fondation de paroi (entre 60 et 150 cm) rend probable une fonction dans un aménagement associé à l’extérieur de la construction, tel un auvent.

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Fig. 18. Plan et coupes des faits en périphérie nord du bâtiment.

Les faits 120 et 120bis forment deux petites dépressions linéaires (une seule en surface)

doublant 115 au sud-ouest du bâtiment, à proximité de l’entrée sud (fig. 19). Leur forme est irrégulière et leur profil peu profond. Etant donnée leur proximité par rapport à la tranchée de fondation de la paroi, ces faits étaient probablement liés à des activités ayant lieu immédiatement à l’extérieur du bâtiment.

3. Les autres faits

Plusieurs fosses ont été identifiées autour du bâtiment circulaire, mais elles sont isolées et suffisamment éloignées de ce dernier pour pouvoir appartenir à d’autres aménagements. Elles témoignent de l’extension du site au-delà de la concentration principale de vestiges dans et en périphérie immédiate de cette construction.

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Fig. 19. Plan, cliché et coupe du fait 120.

Le trou de poteau 107 se situe à l’est dans l’axe de l’entrée principale du bâtiment (fig. 11).

Etant donnée la faible profondeur des creusements dans ce secteur, son isolement pourrait n’être dû qu’à une conservation moindre de ces fosses (fig. 20). De par la position, il pourrait participer à un aménagement de porche d’entrée attesté à cette période de part et d’autre de la Manche (Harding 2009, 60, Besnard-Vauterin 2011, 188-191), ou à un prolongement de l’annexe nord du bâtiment.

Les fosses 119 et 149 au nord présentent des gabarits très différents en plan (fig. 11). Elles

pourraient se rattacher à l’ensemble de creusements en périphérie nord du bâtiment, car aucun fait n’a été enregistré au nord et à l’est.

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Fig. 20. Plan, cliché et coupe du fait 107 et hypothèse de restitution d’un possible porche d’entrée ou

d’un prolongement de l’annexe nord. Le foyer 121 est situé à l’angle sud-ouest du décapage (fig. 21). Il est éloigné de presque 4

m du fait le plus proche mis au jour en 2019, la tranchée de fondation du bâtiment. Les rares tessons découverts sont compatibles avec une datation protohistorique : ce foyer pourrait ainsi indiquer l’extension du site à l’est de la concentration de vestiges identifiée.

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Fig. 21. Plan, coupe et cliché du fait 121.

PARTIE III. ANALYSE ET INTERPRETATION DES VESTIGES

1. Un dépôt de haches à douille de type armoricain en contexte : vers une meilleure compréhension de leurs fonctions ?

L’extension du sondage de 2015 en 2019 a confirmé l’existence d’une occupation du premier âge du Fer à laquelle appartenait le dépôt de haches à douille de type armoricain. Du point de vue du mobilier, cette opération a livré seulement 55 tessons céramiques pour 455,89 g. 49 fragments peuvent être datés de la Protohistoire. Bon nombre d’entre eux présente un aspect très proche de celui des vases mis au jour en 2015 : il s’agit de pots grossiers aux surfaces beige à orange, ou de fragments de récipients plus fins, avec des traces de modelage, aux surfaces sombres et soignées (fig. 22). Seul un bord de ces groupes de pâtes a été découvert au décapage manuel de la tranchée 115 dans son secteur nord (fig. 22) : sa forme et les caractéristiques décrites sont parfaitement compatibles avec la fourchette de datation proposée pour ce site en 2015, entre le VIIème et le Vème siècle av. n. è. La datation radiocarbone d’un fragment de charbon extrait du dispositif d’entrée est (trou de poteau 122) confirme celles réalisées en 2015 et conforte les indications livrées par l’étude du mobilier (Annexe 1 ; celle de l’échantillon provenant de la coupe A à l’entrée sud de la tranchée 115 est trop ancienne pour refléter la phase d’utilisation du bâtiment). Elle est compatible avec celles des bâtiments circulaires semblables découverts en Bretagne (Barbeau 2017, 90 ; Le Gall 2017, 122, 321). Ces éléments viennent contribuer à la datation au premier âge du Fer du phénomène des dépôts de haches à douilles de type de armoricain (Gomez de Soto 2009 et

al. ; Gomez de Soto 2015 ; Menez et Gomez de Soto 2018).

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Fig. 22. Mobilier protohistorique issu de l’opération de 2019.

L’apparition de ce type de dépôt au sein d’un bâtiment contemporain constitue une première à l’échelle de l’aire principale de dispersion couvrant le nord-ouest de la France et les îles anglo-normandes, où ces ensembles de mobilier semblaient jusqu’à présent isolés (Tribouillard 2015, 60, fig. 23). Elle vient s’ajouter à la découverte, en 2017, d’un dépôt de haches et d’autres objets en bronze datant du Bronze final dans un bâtiment circulaire à Quimper Kersaliou (Bourne 2017), dans une fosse située à proximité de trous de poteaux porteurs. Les données disponibles actuellement sur Saint-Glen, au regard des rares autres cas de dépôts de haches à douille de type de armoricain en contexte (Cabanillas de la Torre et Gomez de Soto sous presse), peuvent apporter un éclairage sur la fonction de ces pratiques.

Fig. 23. Carte de répartition des dépôts de haches à douille de type armoricain dans l’ouest de la

France et les îles Anglo-Normandes, avec leur NMI (Tribouillard 2016, 60, carte 14).

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33

La présence de six autres grands vases apparemment vides avait déjà mis en évidence en 2015 la position du dépôt dans une zone de stockage. En 2019, cette zone a pu être située dans le secteur nord-ouest du bâtiment circulaire. L’analyse carpologique des prélèvements effectués dans le vase du dépôt a révélé une forte densité de graines de lin et de diverses céréales (Annexe 2). Dans ce cas, la concentration d’éléments végétaux, pourrait indiquer l’utilisation d’un emballage végétal pour protéger les objets. L’emplacement des poteries peut indiquer une volonté de récupérer leur contenu : concentrées dans le secteur le plus éloigné (le moins éclairé mais le plus sûr) des entrées du bâtiment (fig. 24), elles sont associées à des trous de poteaux (voire dans le même creusement dans le cas du dépôt), permettant de les retrouver facilement si elles étaient complètement enterrées et donc difficilement visibles.

Fig. 24. L’emplacement du dépôt au sein du bâtiment, dans la zone la moins accessible et la moins

lumineuse, à l’opposé des entrées. L’interprétation du dépôt comme une cachette récupérable est étayée par les rares

parallèles de dépôts de haches à douille de type armoricain associés à d’autres vestiges archéologiques (Cabanillas de la Torre et Gomez de Soto sous presse). Celui de Bellevue à Agneaux (Manche) était aussi, selon les fouilleurs, protégé également par un emballage végétal (Marcigny et al. 2000), et se situait à proximité immédiate des restes d’un autre dépôt, vraisemblablement récupéré en partie. Dans la cave du premier âge du Fer de Kergariou à Quimper, les vestiges d’un autre dépôt de ce type, dispersés dans le creusement, ont pu être cachés dans une trappe excavée à l’entrée de la structure de stockage (Menez 2005, 15-28 ; Menez et Gomez de Soto 2018). Une hache à douille de type armoricain résiduelle témoignait d’une occupation du premier âge du Fer dans l’habitat de Keralio à Pont-l’Abbé (Hinguant et

al. 1998, 91).

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34

Toutefois, l’hypothèse d’une volonté de recouvrer les haches déposées pose également des questions. Elle ne permet pas d’expliquer le nombre important de ces dépôts découverts, n’ayant jamais été récupérés au premier âge du Fer. Elle suppose aussi une valeur à ces objets, qui ne peut pas être liée à leur matière première, de piètre qualité : il ne s’agit pas de « cachettes de fondeur ». La volonté de les récupérer pourrait être justifiée par une valeur symbolique découlant d’autres caractéristiques intrinsèques de ces objets : aspect général, forme, etc. (Milcent 2017). Certains chercheurs ont proposé, pour des dépôts contenant également des objets plus anciens, un véritable travail d’entretien de ces masses métalliques, sans pour autant éclairer l’usage réel qui aurait justifié la conservation de ces objets dans le cadre d’une occupation contemporaine (Roberts et al. 2015, 387). Leur inclusion dans la sphère domestique, prouvée pour la première fois de manière irréfutable, plaide en faveur de fonctions complexes qui relevaient nécessairement à la fois de l’économique, du social et du rituel.

2. Le bâtiment circulaire : du bronze à l’âge du Fer atlantique ?

Le bâtiment de Saint-Glen s’insère dans un ensemble de constructions à plan circulaire, désormais bien connu dans le nord-ouest de la France, dont les datations vont de l’âge du Bronze moyen au début de la période laténienne (Dechezleprêtre et Ginoux 2005 ; Blanchet et

al. 2017, 88 ; Marcigny et al. 2017, fig. 31 ; Riquier et al. 2018, fig. 6, 9 et 17). Ces bâtiments sont si proches de ceux de Grande-Bretagne et des îles anglo-normandes (Harding 2009 ; de Jersey 2010, 289-290), longtemps considérés comme des « fossiles-directeurs » de l’âge du Fer, qu’ils ne peuvent être compris qu’au sein d’un ensemble de traditions réparties sur les deux rives de la Manche, voire sur toute la façade atlantique européenne (Ayán et al. 2005 ; Henderson 2007 ; Jahier et Vauterin 2010 ; Albessard 2011, 43-44 ; Godard 2013). La superposition géographique entre dépôts métalliques et constructions circulaires est évidente à l’âge du Bronze, mais la seule association attestée est celle du dépôt mixte dans le bâtiment 1 de Kersaliou à Quimper (Bourne 2017, 91-113). Elle est aussi établie pour la première fois pour le premier âge du Fer, et ouvre le débat sur la continuité des dépôts métalliques dans ces régions.

Ces architectures circulaires, majoritairement lignées en France, sont pourtant relativement variées, mais les types sur tranchée de fondation et cercle de poteaux porteurs internes sont bien attestés (Le Gall 2017, fig. 147 et 148). A Saint-Glen, la relation entre le cercle de poteaux interne et la paroi est d’environ +30%, ratio fréquemment constaté dans les bâtiments circulaires du sud de la Grande-Bretagne et censé assurer un pendage proche de 45º garantissant l’étanchéité du toit en chaume (Harding 2009, 57 ; fig. 25) Au sein des séries de la rive sud de la Manche, l’exemple de Saint-Glen se situe dans la fourchette haute en termes de taille : ces bâtiments mesurent généralement entre 5 et 12 m de diamètre. La diversité des plans montre que les toitures ne reposaient pas nécessairement sur un poteau central, si le diamètre des poteaux leur permettait supporter une partie de la charge du toit. Dans la série britannique, la présence d’un poteau central semble ainsi associée à des bâtiments de petite taille (Harding 2009, 56). Des vestiges de foyers apparaissent souvent de forme de creusements ou des remplissages rubéfiés ou charbonneux, situés ou non au centre du bâtiment (Pope 2007, 215).

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35

Fig. 25. L’architecture du bâtiment circulaire et ses parallèles

L’orientation des entrées et des principales traces d’occupation n’obéissent pas à des normes spécifiques, malgré les interprétations rituelles les plus poussées qui proposaient de voir dans des entrées à l’est et une concentration décroissante du mobilier de droite à gauche une métaphore de la course du soleil (Pope 2007). A Saint-Glen, l’emplacement des entrées au nord et au sud et la localisation des vases dans le seceteur nord-ouest confirme que ce

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36

schéma « solaire » n’a rien de systématique. Au contraire, ce cas particulier vient s’ajouter à la majorité des exemples britanniques recensés par R. Pope (Pope 2007, 212-214), évitant simplement les vents dominants qui soufflent en Bretagne de l’ouest au sud-ouest (Météo Bretagne 2019, station de Trémuson), et offrant une luminosité suffisante. Les données disponibles sur la plupart des exemples fouillés en France semblent confirmer cette tendance (Albessard 2011, figs. 9-10).

Le parallèle le plus proche dans l’espace est le bâtiment circulaire multiphasé mis au jour lors d’une fouille préventive à Bel Air, à Saint-Caradec (Barbeau 2017, 57-96). Chacune des différentes phases de réfection présente des caractéristiques semblables à celles du bâtiment fouillé à Saint-Glen : les constructions s’appuient sur une paroi ancrée dans une tranchée de fondation peu profonde et irrégulière, ponctuée de creusements destinés à des poteaux, notamment au niveau des entrées, et une rangée interne de trous de poteaux. La phase intermédiaire comporte aussi une annexe à proximité de l’entrée (Barbeau 2017, 75-78). Le bâtiment de Saint-Glen présente toutefois un diamètre nettement supérieur, le rapprochant du bâtiment 76 de Kermat à Inzinzac-Lochrist (Le Gall 2017, 118-122). La ressemblance avec le bâtiment fouillé à Bel Air permet de fonder l’hypothèse d’un possible accès de cave sous le comblement meuble et pierreux de la grande fosse 150.

Sachant que la maison représente un élément clé dans l’univers mental des populations de la Protohistoire (Sharples 2010, 177), l’exemple de Saint-Glen tend à réaffirmer ce lien atlantique, en association avec des dépôts de haches à douille à forte teneur en étain qui apparaissent ailleurs dans la façade atlantique (Roberts et al. 2015). La pratique massive des dépôts après la rupture marquée par la fin de l’âge du Bronze s’ajoute ainsi à l’importance culturelle de la manière de construire d’habiter.

Conclusions : une évaluation du site du premier âge du Fer A l’issue du sondage de 2019, il s’avère que la densité de structures mise au jour reste

importante : le décapage concernait toujours le cœur du site et a permis de mieux le caractériser. Les résultats de 2019 confirment le fort potentiel du site suite à la découverte du bâtiment circulaire au sein duquel se situait le dépôt. Les mesures géophysiques ont mis en évidence des anomalies potentiellement archéologiques dans toute la parcelle. La fouille de la tranchée 115 et des trous de poteaux associés confirment une conservation satisfaisante des vestiges, même des structures creusées peu profondément, dans les limons comme dans la roche. Malgré l’absence de sols, habituelle pour ce type de bâtiments dans le nord de la France et le sud de la Grande-Bretagne (Harding 2009, 56), la poursuite des fouilles sur cette parcelle avec un objectif d’exhaustivité continuerait indubitablement à contribuer aux problématiques soulevées par les découvertes récentes de dépôts métalliques en contexte.

Ce bilan est d’autant plus encourageant que, malgré l’avancée que constitue l’association entre dépôt et habitat, de nombreuses questions subsistent, la principale concernant l’extension du site. La fouille de Bel Air à Saint-Caradec n’a livré qu’un bâtiment circulaire d’un type proche de celui de Saint-Glen et sa cave annexe, sans autres vestiges du premier âge du Fer. Il présente toutefois plusieurs phases, témoignant d’une reconstruction pratiquement sur place, alors qu’à Saint-Glen, des vestiges d’autres phases d’occupation pourraient se

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trouver à proximité immédiate, ou des éléments permettant d’affiner le phasage de cette occupation de la fin du premier âge du Fer ou la transition au second âge du Fer. En effet, les bâtiments similaires fouillés sur d’autres sites bretons, comme à Kermat, à Inzinzac-Lochrist, se situaient au cœur d’un grand habitat de cette période (Le Gall 2017).

Ainsi, si les opérations réalisées sur le site apportent déjà un éclairage sur les thématiques des dépôts de haches à douille de type armoricain, l’architecture et l’habitat du premier âge du Fer en Bretagne, la nature et l’importance du site restent à déterminer. Le progrès dans la connaissance du contexte de ce type de dépôts peut marquer un tournant dans leur interprétation (Bourne 2017, 245-246), après une histoire de la recherche axée sur les objets et les ensembles (Gomez de Soto et al. 2009, Rivallain 2012). S’agissant d’un site daté de la fin de la période, il peut permettre d’interroger la raison pour laquelle ces nombreuses « cachettes » n’auraient pas pu être récupérées à la fin du premier âge du Fer, moment où une série très semblable de bâtiments circulaires semble abandonnée en Bretagne et Normandie. Seule une meilleure connaissance des sites de cette période permettra d’avancer sur la question de persistance des pratiques de dépôt d’objets métalliques à une l’échelle régionale (Maciejewski 2019).

Enjeux et perspectives pour 2020-2022 Les résultats de l’extension du sondage 2015 en 2019 suscitent des problématiques

permettant de définir les qui guideront les recherches proposées pour le programme triennal 2020-2022. Concernant les dépôts de hache à douille de type armoricain, La Touche ès Pritiaux à Saint-Glen pourrait bien contribuer à tester les différentes hypothèses proposées pour ces objets. L’objectif principal sera donc d’élargir davantage l’analyse du contexte du dépôt, pour aboutir à un décapage complet de la parcelle cadastrale, présentant des vestiges bien conservés et facilement accessible (fig. 26). Ces recherches contribuent au thème « Habitats du IIème millénaire et du début du Ier millénaire » de l’axe 5 de la programmation archéologique nationale du CNRA (CNRA 2017, 80).

En 2020, les problématiques de la fouille resteront axées sur la caractérisation du bâtiment circulaire et de son environnement immédiat. La priorité sera d’achever la fouille fine de la tranchée de fondation par la réalisation de coupes longitudinales et d’une fouille par passes permettant d’identifier d’éventuelles traces de pieux ou de poteaux, ainsi que des quelques vestiges mis au jour en 2019 qui n’ont pas pu être fouillés. Cette fouille visera à mieux comprendre l’architecture du bâtiment afin de préciser ses parallèles au sein de la série connue dans le nord de la France. L’étude des annexes du bâtiment devra être achevée, notamment celle de la fosse 150 au sud du bâtiment, qui pourrait constituer l’entrée d’une cave souterraine.

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Fig. 26. Propositions de décapage mécanique, 2020-2022.

L’objectif de la prochaine opération sur ce site sera aussi d’avancer dans la connaissance

du site dans sa globalité, et de déterminer s’il s’agit d’un habitat du premier âge du Fer. Un décapage d’une surface de 600 à 800 m² en fonction de la densité des vestiges en dehors du bâtiment et de sa périphérie immédiate visera à préciser si le bâtiment est isolé. La réalisation de tranchées d’évaluation dans le reste de la parcelle devrait permettre de préciser les surfaces à décaper dans les années suivantes.

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ANNEXE 1 : DATATIONS RADIOCARBONES

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ANNEXE 2 : ETUDE CARPOLOGIQUE DU VASE DU DEPOT (Elsa Neveu, UMR 6566)

1. Corpus et méthodologie Le corpus repose sur 25 prélèvements provenant d’un vase, contenant un dépôt de haches à

douille. Les échantillons ont été collectés par passe à différents endroits. Le sédiment piégé à l’intérieur des haches et celui entre les parois et les objets ont été prélevés. Leur volume varie de quelques millilitres à 0,5 L. Le sédiment brut a été conditionné dans des pots, boîtes et sacs, qui ont été numérotés au fur et à mesure de leur tri. Le potentiel carpologique des échantillons a été confirmé par une observation préalable de quelques lots à la loupe binoculaire. Quelques restes végétaux desséchés ont ainsi repérés. Il a donc été décidé de conserver les prélèvements bruts, sans procéder à un tamisage à l’eau. Le tri a consisté à désagréger les sédiments agglomérés pour en dégager les carporestes. La paléosemences extraites ont été identifiées par référence à leurs équivalents actuels, à l’aide de la collection de référence du Centre de Recherches et d’Études Archéologiques de la Vallée de l’Oise (CRAVO), d’atlas et d’ouvrages (Jacquat 1988 ; Cappers et al. 2006 ; Jacomet et al. 2006). La nomenclature employée est celle de Lambinon et al. (2004).

Pour chaque taxon, il a été différencié le nombre de carporestes entiers (NRE), de fragments (NRF) et le nombre total de restes retrouvés (NTR). Le nombre minimum d’individus (NMI) est calculé en additionnant le nombre de restes entiers et le nombre de fragments divisés par deux, la valeur étant arrondie au supérieur. Les capsules de Lin étant constituées d’une dizaine de quartiers, pour le calcul du MNI, le nombre de fragment a été divisé par 10 et additionné au NRE. Les résultats sont présentés individuellement par échantillon ou par ensemble de lot.

Concernant la flore sauvage, les préférences écologiques des taxons et leurs habitats sont issus des flores de Des Abbayes et al. (1971), de Jauzein et Nawrot (2011) et de Lambinon et

al. (2004). Un classement selon les alliances, les ordres ou les classes, employées en phytosociologie, serait trop précis pour être applicable aux assemblages carpologiques (Behre et Jacomet 1991 ; Küster 1991 ; Hillman 1991). Les groupes généraux de végétation retenus sont les espèces des prairies et des pelouses, les adventices et rudérales, les plantes domestiques ainsi que les taxons à l’écologie indéterminée. Ce dernier groupe rassemble les restes dont l’identification s’est limitée à une famille, à un genre, ou à plusieurs espèces sans distinction possible, ce sont les taxons valises.

2. Résultats Parmi ce corpus, deux échantillons se sont révélés stérile lors de leur examen. Il s’agit des

pots numérotés 2 (prélèvement fond) et 7 (prélèvement hache 106). Un total de 4019 carporestes ont été recueillis, dont 363 entiers et 3653 fragments. Ce matériel apparaît donc très fragmenté (tabl. 1). Un spectre de 19 taxons a été identifié. Des transferts d’oxydes métalliques ont été observés sur une partie des paléosemences. Certaines étaient plus ou moins prises dans une gangue d’oxydation métallique tandis que les autres carporestes ont séché in situ. Des cas similaires ont notamment été décrits dans la littérature scientifique : par exemple Klee (1993) concernant des paloésemences, ou Moulherat et al. (2002) à propos de fibres de coton, minéralisés au contact d’une perle de cuivre.

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US Passe Localisation N° de

prélèvement examiné

NRE NRF NRT NMI Nombre

de taxons

4 10 Prélèvement (Paille ?) 1 1 3 4 4 2

4 10 Fond dépôt 3 40 40 10 1 4 10 Hache 109 4 10 42 52 33 4 Fond dépôt 5 19 178 197 69 2 4 10 Hache 116 6 3 30 36 10 1 4 10 Hache 107 8 19 19 4 1 4 10 Sous hache 105 9 1 10 11 5 1

4 10 Sous hache 106 et 107 10 9 56 65 23 1

4 10 Sous hache 105 11 5 76 81 25 1 4 10 Hache 109 12 4 66 70 26 2 4 10 Fond 13 2 22 24 5 1 4 10 Fond dépôt 14 16 152 168 49 4 4 10 Fond dépôt 15 11 30 41 28 4 4 Fond dépôt 16 8 177 185 48 4 4 10 Hache 117 17 7 98 105 28 1 4 Fond dépôt 18 10 131 141 32 3 4 Fond dépôt 19 7 23 30 19 2 4 Fond dépôt 20 10 156 166 37 3 4 Fond dépôt 21 7 53 60 15 2 Total : 130 1362 1495 470

Intérieur haches 9 échantillon brut 37 49 86 57 12

Intérieur haches 10 échantillon brut 69 241 310 108 5

Total : 106 290 396 165

4 10 Fond dépôt haches à d. boîte 1 59 522 581 161 5

4 10 Fond dépôt haches à d. boîte 2 68 1479 1547 326 7

Total : 127 2001 2128 487 Total site : 363 3653 4019 1122

Tableau 1 : Présentation des données brutes par échantillon.

2.1. Prélèvements 1 à 21 Les échantillons positifs conditionnés dans des pots numérotés de 1 à 21 ont révélé un total

de 1495 paléosemences, dont 130 entières et 1362 fragments. La richesse de ces lots est très variable (tabl. 1 et 2). Leur composition est similaire (tabl. 2). Leur trait commun est l’abondance de graines et capsules de Lin. Excepté pour le prélèvement 1, la mention de cet oléagineux est systématique. Les céréales sont en comparaison plus discrètes. Les espèces présentes sont le Blé amidonnier dans quatre lots, et l’Orge vêtue à deux ou six rangs dans trois ensembles. Des grains et/ou des vannes de Blé amidonnier/épeautre, de Blé, d’Orge et de Cerealia ont également été retrouvées. Les seules herbacées découvertes sont l’Arnoséris naine et le Laiteron épineux. Quelques restes d’Astéracée et d’indéterminés ont été recueillis en parallèle (tabl. 2).

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2.2. Échantillon brut Les deux prélèvements provenant de l’intérieur des haches ont livré 396 carporestes, dont

106 entiers et 290 fragments pour un panel de 13 taxons (tabl. 1 et 3). Le Lin est de nouveau la plante domestique prépondérante. Il est attesté sous forme de graines et de capsules, qui sont soit entières, soit fragmentées. Cet oléagineux est accompagné de vannes de Blé amidonnier et de Cerealia. L’assemblage de la passe 9 se distingue par les mentions d’espèces sauvages. Les deux fruitiers représentés sont le Noisetier et le Prunellier. Les herbacées mentionnées en parallèle sont l’Arnoséris naine, le Chrysenthème des moissons, le Chénopode blanc, la Vrillée liseron et le Scléranthe annuel. La seule espèce sauvage attestée dans l’échantillon de la passe 10 est le Laiteron épineux. Les taxons marginaux sont une Fabacée, des Poacées et des indéterminés (tabl. 3).

2.3. Échantillon en boîte Ces lots ont révélé 2128 paléosemences, dont 127 entières et 2001 fragments. Le nombre

de taxons identifiés s’élève à 8. L’espèce la mieux représentée est toujours le Lin sous forme de capsules et de graines. Il est accompagnés de quelques restes de Blé amidonnier, de Blé, d’Avoine, d’Orge vêtue à deux rangs, ainsi que de Cerealia. La seule herbacée est le Chrysenthème des moissons. Les autres restes sont une ou des Polygonacées ainsi que des indéterminés (tabl. 4).

3. Discussion 3.1. Représentativité et composition des assemblages Différents facteurs peuvent affecter la composition des ensembles carpologiques et leur

représentativité. Les principaux sont le mode de fossilisation, la conservation différentielle et la taphonomie. En outre, le nombre de graines produites par la plante, les moyens de disséminations, le mode de déposition des carporestes ainsi que les activités anthropiques constituent des facteurs supplémentaires à considérer lors de l’interprétation des données (Jacquat 1988 ; Hillman 1991 ; Dietsch-Sellami et Matterne 2002).

Les résultats obtenus sont considérés comme statistiquement représentatifs puisque le NTR est supérieur à 100 diaspores. En raison du contexte de déposition, dans un vase accueillant un assemblage de haches à douille, ces lots sont assimilables à un ensemble clos. Il n’y a eu a

priori aucun remaniement. La représentativité de ces assemblages est celle d’une concentration. Ce type de lot correspond à un instantané. Il est représentatif des activités en lien avec les plantes à une instant « t » dans le temps. A contrario les ensembles détritiques sont hétéroclites et constitués de rejets plus ou moins massif sur le long terme. De plus l’échantillonnage étant modeste, il est probable que notre perception des productions végétales, des pratiques culturales et du couvert végétal soit partiel.

Plusieurs hypothèses sur la provenance de ces carporestes et leur dépôt peuvent être avancées. La forte abondance de Lin est cohérente avec des résidus de stocks. Cet oléagineux a pu être entreposé sous forme de capsules, dont une partie des graines se sont échappées. Quant aux céréales, il s’agit essentiellement à de vannes. Les caryopses sont anecdotiques en comparaison. Ils correspondent sans doute à des déchets de nettoyage des récoltes. Cela peut également expliquer la présence de plantes adventices. Il serait plausible que ce vase, initialement dédié au stockage du Lin, d’où quelques reliquats, ait été réemployé afin d’accueillir ce lot haches. Les carporestes sont à la fois présents dans le fond du dépôt et dans l’intérieur des haches à douilles. Il est probable que ces résidus de stock et déchets de nettoyage de céréales aient été utilisés pour caler ces objets dans le vase.

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Taxon NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI

1 0 1 1 2 0 2 2 5 0 5 5 1 2 3 2 0 0 0 0 1 3 4 3 11 29 40 27 7 0 7 7 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 1 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 8 12 20 24 0 0 0 0 1 3 4 4

Triticum dicoccum Blé amidonnier (rachi, furca) 1 1 2

Triticum dicoccum Blé amidonnier (base de glume) 1 1 1 1 1 1 2 2 2

Triticum dicoccum/spelta Blé amidonnier/épeautre (base de glume) 2 2 2

Tritium sp. Blé (épillet) 1 1 1

Hordeum vulgare Orge (rachi) 2 2 4

Hordeum vulgare vulgare Orge vêtue (rang indét., rachi et grains) 1 1 2

Hordeum vulgare vulgare Orge vêtue à 2 rangs 1 1 2

Hordeum vulgare vulgare Orge vêtue à 6 rangs (rachi et grain) 4 4 12

Cerealia Céréale (grains) 1 1 1

Cerealia Céréale (rachis) 1 1 1

Cerealia Céréale (base de glume) 1 1 1 2 2 2 5 5 5 8 8 8 4 4 4

Cerealia Céréale (glume) 2 2 1 3 3 2 29 29 15 12 12 6 3 3 2

Linum usitatissimum Lin (capsule) 1 48 49 6 128 128 13 12 12 2 1 109 110 12 73 73 8 125 125 13 109 109 11 20 20 2 31 31 4 48 48 5 37 37 4 4 4 1 15 15 2 23 23 3 100 100 10 26 26 3 27 27 3

Linum usitatissimum Lin (semence) 5 5 10 8 7 28 35 21 2 8 10 6 7 20 27 17 7 25 32 20 6 49 55 31 1 1 1 9 42 51 30 2 2 4 3 3 35 38 21 4 28 32 18 9 19 28 19 1 4 5 3 4 4 2 3 7 13 7 17 73 90 54

Arnoseris minima Arnoséris naine 1 1 1

Sonchus asper Laiteron épineux 1 1 1

- Autres restesAsteraceae Asteracée 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Indéterminé 1 1 1 1 1 1 1 1 2 2 1 1 1 13 13 7

Indéterminé tige 2 2 1 4 4 2 4 4 4

Total : 7 53 60 15 10 156 166 37 7 20 27 13 10 131 141 32 7 98 105 28 8 177 185 48 11 30 41 28 16 152 168 49 2 22 24 5 4 66 70 26 5 76 81 25 9 56 65 23 1 10 11 5 0 19 19 4 3 30 36 10 19 178 197 69 10 42 52 33 0 40 40 10 1 3 4 4

Taxon NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI

Triticum dicoccum Blé amidonnier (base de glume) 2 2 2 10 10 10Cerealia Céréale (base de glume) 1 1 1 30 30 30Cerealia Céréale (base d’épillet) 1 1 1Cerealia Céréale (glume) 7 7 4 2 2 1

Linum usitatissimum Lin (capsule) 16 16 2 1 206 207 22Linum usitatissimum Lin (semence) 19 33 52 36

Corylus avellana Noisetier 16 16 8Prunus spinosa Prunellier 5 5 3

Arnoseris minima Arnoséris naine 13 1 14 14Chrysenthemum segetum Chrysanthème des moissons 1 4 5 3Chenopodium album Chénopode blanc 1 1 1Fallopia convolvulus Vrillée liseron 3 3 3Scleranthus annuus Scléranthe annuel 1 1 1Sonchus asper Laiteron épineux 3 3 3- Autres restesFabaceae Fabacée 1 1 1Poaceae Poacée 13 13 13 3 3 3Indéterminé 1 1 1 2 2 2Indéterminé tigeIndéterminé minéralisé, trame, vannerie ?

Total : 37 49 86 57 69 241 310 108

Taxon NRE NRF NRT NMI NRE NRF NRT NMI

Triticum dicoccum Blé amidonnier (épillet : furca, grains) 1 1 2

Triticum dicoccum Blé amidonnier (base de glume) 3 3 3 1 1 1cf. Triticum dicoccum cf. Blé amidonnier (base de glume) 1 1 1Tritium sp. Blé (rachi) 1 1 1Avena sp. Avoine (base de lemme) 1 1 1Hordeum vulgare vulgare Orge vêtue à 2 rangs (rachi et grain) 1 1 2Cerealia Céréale (base de glume) 3 3 3 2 2 2Cerealia Céréale (glume) 13 13 7 2 2 1

Linum usitatissimum Lin (capsule) 3 403 406 44 8 1212 1220 130Linum usitatissimum Lin (semence) 45 102 147 96 52 261 313 183

Chrysenthemum segetum Chrysanthème des moissons 1 1 1- Autres restesPolygonaceae Polygonacée 1 1 1 1 1 1Indéterminé 1 4 5 3 2 1 3 3Indéterminé tige 2 2 1

Total : 59 522 581 161 68 1479 1547 326

Fond dépôt

15

Fond dépôt

14

Fond dépôt

21 20 19 18 17

Hache 117

4

5

4

10

44

10

44

10

4

10

4 4

Fond

13

Hache 109

16

10

Hache 109

611 48

- Flore sauvage

Fond dépôt

9

4

10

4

10

Sous hache 105

US 4

N° de prélèvement examiné

- Oléagineux

Passe

Sous hache 106 et

4

10

4

1010

Sous hache 105Fond dépôt

Site

4

- Céréales (grains et vannes)

Commentaire Fond dépôt

12 1

Fond dépôt

10

4

10

Hache 116

10

4

Fond dépôt

3

Saint-Glen

Prélèvement (Paille

4

Hache 107

4

Fond dépôt

10 10

- Fruitiers

- Flore sauvage

Commentaire Échantillon brut Échantillon brut

- Céréales (vannes)

- Oléagineux

US Intérieur haches Intérieur hachesPasse 9 10

- Oléagineux

- Flore sauvage

4Passe 10

Commentaire Fond dépôt haches à Fond dépôt haches à N° de prélèvement examiné boîte 1 boîte 2

US

- Céréales (grains et vannes)

Tableau 2 : Données carpologiques des prélèvements 1 à 21.

Tableau 3 : Données carpologiques des prélèvements bruts passe 9 et 10

Tableau 4 : Données carpologiques des prélèvements en boîte.

1

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47

3.2. Productions végétales Le spectre des plantes domestiques exploitées à Saint-Glen comprend le Lin,

l’Amidonnier, l’Orge vêtue à deux rangs et celle à six rangs. En outre du Blé, de l’Amidonnier/Épeautre et de l’Avoine sont également attestés. Mais en l’état du corpus, il est délicat de préciser l’abondance et le rôle de chaque espèce au sein des productions végétales. Concernant l’Avoine, la détermination à l’espèce n’a pas été possible, les bases de lemme n’étant pas assez bien préservées. Les quatre espèces susceptibles d’être retrouvées dans le Nord-Ouest de la France sont l’Avoine domestique (Avena sativa), l’Avoine sableuse (Avena

strigosa), la Folle avoine (Avena fatua) et l’Avoine stérile (Avena sterilis). Les deux premières peuvent potentiellement être cultivées et les deux dernières sont des messicoles (Des Abbayes et al. 1971 ; Bournérias et al. 2001 ; Jauzein et Nawrot 2011). Les quatre se distinguent à partir de leurs glumelles inférieures, qui présentent une cicatrice d’abscission caractéristique. Celle-ci est tronquée chez Avena sativa, alors que celle d’Avena strigosa est longue et pointue. Celle d’Avena fatua affecte une forme ovale en fer à cheval, tandis que chez Avena sterilis la cicatrice présente une forme ovale plus allongée (Pasternak 1991 ; Jacomet et al. 2006). En Bretagne, aucune mention d’Avoine sableuse antérieure aux IXe - Xe siècles n’est connue. Les attestations les plus anciennes sont celles du Teilleul à Montours et du camp de Péran à Plédran (Ruas et Pradat 2001 ; Ruas 1990 ; Ruas et Zech-Matterne 2012). Dans le cas de Saint-Glen, aucun élément ne permet d’attribuer avec certitude les vannes d’Avena sp. à l’espèce domestique plutôt qu’à la Folle avoine.

Le déficit de données carpologiques pour le Nord-Ouest de la France mis à en évidence par Zech-Matterne et al. (2009) et Bouby et al. (2017) lors des enquêtes pilotées par l’Inrap sur les occupations de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer tend à se résorber. Toutefois, le Premier âge du Fer dans ces régions est moins bien renseigné que le Bronze final et La Tène. Le Hallstatt demeure encore trop méconnu pour la Bretagne (Menez et Lorho 2013). Aussi l’étude de Saint-Glen constitue un jalon supplémentaire dans l’avancée des recherches carpologiques. Les données obtenues sont cohérentes avec les résultats de plusieurs sites (en partie) contemporains. Il s’agit de Cagny « Projet Decathlon 2008 » (fin VIe - première moitié du Ve s. av. J.-C. ; Matterne inédit), de Basly « La Campagne » (VIIIe s. au début du VIe s. av. J.-C. ; Matterne inédit), d’Inzinzac-Lochrist « Kermat III » (VIe s. au IVe s. av. J.-C. ; Neveu inédit), de Saint-Romain-du-Colbosc (VIe s. au IVe av. J.-C. ; Neveu inédit), de Chacé « Zac des Rogelins » (La Tène A2 ; Durand inédit) et d’Aubevoye « Station d’Épuration » (La Tène A/B ; Neveu inédit). Selon les occupations, un spectre plus ou moins diversifié de plantes domestiques a été identifié. Les productions principales ou majeures sont l’Amidonnier et/ou l’Orge vêtue et/ou le Millet commun, tandis que l’Engrain, l’Épeautre, les Blés nus, le Millet des oiseaux, l’Ers, la Féverole, la Lentille, le Lin et le Pavot sont assez secondaires voir absent(e)s selon les contextes. Le gisement de Saint-Glen se distingue par la forte représentation de Lin. Les disparités observées entre ces sites s’expliquent probablement par l’échantillonnage, qui s’est parfois limité à un ou deux contextes.

3.3. Le Lin La présence du Lin sur les occupations du Nord-Ouest de la France apparaît discontinue au

cours de la Protohistoire. La plus ancienne mention est celle de Bédée à l’âge du Bronze moyen. Aucune attestation n’était pour l’instant connue entre l’âge du Bronze final et la fin du Premier âge du Fer. Cette absence de données est sûrement liée au corpus de sites qui nécessiterait d’être étoffé, ainsi qu’à la destruction différentielle des oléagineux, qui a tendance à occulter leur importance réelle. La carbonisation est un mode de fossilisation peu favorable aux graines de Lin, qui, en raison de leur teneur en huile, résistent difficilement à

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48

une exposition prolongée au feu (Märkle et Rösch 2008). L’imbibition serait plus favorable à la préservation des graines de Lin. Cependant les contextes humides sont trop rares et quand ils sont étudiés, leur comblement est essentiellement révélateur de dépôts naturels de la flore sauvage. En effet les rejets anthropiques sont assez peu fréquents dans des puits ou paléochenaux (Toulemonde 2015 ; Bouby et al. 2017).

Les mentions de Lin recensées dans le Nord-Ouest de la France au cours des Âges des Métaux sont : Bédée (âge du Bronze moyen ; Neveu inédit), Chacé (La Tène A2 ; Durand inédit), Aubevoye (La Tène A/B ; Neveu inédit), Saint-Brieuc Trégueux (La Tène finale ; Neveu inédit) et Bretteville-sur-Odon (La Tène C/D ; Toulemonde inédit). Le NMI de cet oléagineux pour ces sites est inférieur à 50 individus (fig. 85, Neveu 2017, p. 369). L’oppidum du Mesnil de Moulay (La Tène finale, Neveu inédit) fait figure d’exception : les assemblages totalisent un NMI global de 249 paléosemences. Elles sont essentiellement issues de la fosse 2211, qui a accueilli des rejets massifs suite à la destruction d’un grenier par un incendie (Le Goff 2015). Les carporestes de Lin et de céréales domestiques découverts dans ce contexte correspondent à des reliquats de stock carbonisés. Plusieurs amas de graines de Lin y ont été recouvrés. Leur homogénéité et l’absence de fragments de capsule révèlent des récoltes entièrement nettoyées avant d’être entreposées.

Plusieurs utilisations du Lin sont connues, mais il est difficile de les départager à partir des seules paléosemences recueillies sur une occupation comme à Saint-Glen. Ce constat a notamment été souligné par Zech-Matterne et al. (2008). Il est plausible que cette espèce ait été exploitée pour son huile, ses fibres textiles ou ses propriétés pharmaceutiques. Aucun élément ne permet de privilégier l’une de ces trois hypothèses dans le cas de Saint-Glen. La découverte de pesons et/ou de fusaïoles à Bédée, à Chacé, à Aubevoye, à Saint-Brieuc Trégueux et à Moulay ne constitue pas un argument suffisant pour confirmer la culture du Lin pour ces fibres textiles (Leroux 2013 ; Nilesse 2013 ; Lourdeau 2015 ; Allen 2011 ; Le Goff 2015). Ces vestiges indiquent seulement la pratique in situ d’activités artisanales textiles.

Dans le Nord de la France, les découvertes de semences de Lin sont peu courantes, et impliquent le plus souvent de faibles quantités de restes, comme le soulignent Zech-Matterne et al. (2008), Toulemonde (2013) et Toulemonde (2015). Le cas de Moulay ne constitue pas un unicum ; le site de Pluvet « Larrivoux » (Côte-d’Or) se distingue également par les 236 graines recueillies pour le Premier Âge du Fer (Wiethold et Labeaune 2005). De manière générale, la rareté du Lin pourrait être liée à la récolte des tiges avant la montée en graines, qui entraine une détérioration de la qualité des fibres. Selon Brétignière (1913), afin d’obtenir une filasse fine et souple, les tiges sont récoltées après la chute des dernières fleurs et avant maturité des graines. Par conséquent de telles pratiques « laissent peu de chance à la plante

d’apparaître dans les assemblages carpologiques, à moins qu’il ne s’agisse de graines

destinées au semis ou à l’alimentation » (Zech-Matterne et al. 2008, p. 11).

3.4. Perception de l’environnement végétal La présence discrète de fruitiers et d’herbacées sauvages s’explique par la nature du

contexte échantillonné. La provenance locale de ces carporestes est probable. Les flores de Des Abbayes et al. (1971), de Jauzein et Nawrot (2011) et de Lambinon et al. (2004) confirment que ces plantes sauvages sont inféodées aux champs, aux milieux rudéraux et/ou aux prairies et pelouses.

Les critères pouvant exprimer une cueillette de plantes sauvages comestibles sont la carbonisation, la fragmentation et la surreprésentation dans les assemblages qui témoignent d’activités anthropiques (Dietsch 1996 ; Dietsch-Sellami 2001 ; Bouby et Billaud 2005).

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49

L’écologie peut constituer un indice supplémentaire pour identifier les plantes sauvages collectées. Ces dernières apparaissent souvent dans les lots comme « déconnectés » de leur habitat naturel. Le Noisetier et le Prunellier constituent les seuls taxons des lisières forestières représentés dans cet assemblage de Saint-Glen. Il s’agit des espèces cueillies les plus couramment rencontrées sur les sites protohistoriques. Par exemple du Noisetier est notamment attesté à Cagny « Projet Decathlon 2008 » (fin VIe - première moitié du Ve s. av. J.-C. ; Matterne inédit), à Basly « La Campagne » (VIIIe s. au début du VIe s. av. J.-C. ; Matterne inédit), à Inzinzac-Lochrist « Kermat III » (VIe s. au IVe av. J.-C. ; Neveu inédit), à Saint-Romain-du-Colbosc (VIe s. au IVe av. J.-C. ; Neveu inédit) et à Aubevoye « Station d’Épuration » (La Tène A/B ; Neveu inédit). Le Prunellier est en outre courant sur les occupations de l’âge du Bronze (Malleville-sur-le-Bec) et du Second âge du Fer (Saint-Brieuc Trégueux « Ville Pollo », l’oppidum du Mesnil à Moulay).

Conclusion L’étude de Saint-Glen vient enrichir un corpus pour le Nord-Ouest de la France. Les

résultats obtenus sont d’autant plus intéressants qu’un manque de données carpologiques pour le Premier âge du Fer a été mis en évidence lors des enquêtes pilotés par l’Inrap (Zech-Matterne et al. 2009 ; Bouby et al. 2017). Le Hallstatt est en effet trop peu documenté en raison de la rareté des vestiges de cette période mis au jour. Les sites de comparaison en partie contemporains sont Inzinzac-Lochrist « Kermat III » (Morbihan), Saint-Romain-du-Colbosc (Seine-Maritime ; Neveu inédit), Cagny « Projet Decathlon 2008 » (Matterne inédit), Basly « La Campagne » (Matterne inédit), Chacé « Zac des Rogelins » (Durand inédit) et Aubevoye « Station d’Épuration » (Neveu inédit). Les productions végétales identifiées à Saint-Glen, qui reposent sur l’Orge vêtue à deux rangs et celle à six rangs, l’Amidonnier et le Lin, sont cohérentes avec les résultats des occupations citées ci-avant. L’originalité de Saint-Glen réside dans la découverte de nombreuses capsules et graines de Lin, qui correspondent a

priori à un reliquat de stock. Les carporestes de Noisetier et de Prunellier sont sans le résultats de cueillette d’individus sauvages.

Plusieurs hypothèses peuvent être proposées afin d’expliquer la présence de ces paléosemences dans ce dépôt. Par exemple, ce vase était peut-être initialement destiné au stockage de capsules de Lin, puis a été réemployé pour accueillir ce lot de haches. Il est également plausible que des débris végétaux, tels des déchets de nettoyages de céréales, aient été utilisés pour caler ces objets dans ce contenant.

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RUAS M.-P., ZECH-MATTERNE V. (2012) – Les Avoines dans les productions agro-pastorales du Nord-Ouest de la France, données carpologiques et indications textuelles, in V. Carpentier et C. Marcigny (dir.), Des hommes aux champs, pour une archéologie des espaces ruraux du Néolithique au

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TOULEMONDE F. (2013) – Économie végétale et pratiques agricoles au Bronze final et au

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TOULEMONDE F. avec la coll. DERREMAUX M., NEVEU E., PRADAT B., SCHAAL C., WIETHOLD J., ZECH-MATTERNE V. (2015) – Plantes textiles et tinctoriales aux âges du Bronze et du premier Fer : Présence et absence des témoins carpologiques dans la moitié nord de la France, Journée Thématique « textile » de l’APRAB (Saint-Germain-en-Laye, 6 mars 2015), poster.

WIETHOLD J., LABAUNE (2005) – Pluvet « Larrivoux ». Un habitat de plaine du premier Âge du Fer : Premiers résultats sur les macrorestes végétaux, in C. Petit (dir.), Occupation des plaines

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52

INVENTAIRES Inventaire des faits

Fait n°

Date création Par

Type, forme Dimensions approx. en

cm

US Observations Dessin minute Auteur

101 17/06/2019 GCT Fosse circulaire Diam. 33 101-1 creusement 101-2 comblement

Fouille 100% 4 FH

102 17/06/2019 GCT Fosse oblongue charbonneuse

150 x 70 102-1 creusement 102-2 comblement

Fouille 100%

1 FH

103 17/06/2019 GCT Fosse subcirculaire liée à 102

103-1 creusement 103-2 comblement

Fouille 100% 1 FH

104 17/06/2019 GCT Fosse ovale 70 x 40 104-1 creusement 104-2 comblement

Fouille 100% 4 AD

105 17/06/2019 GCT Fosse subcirculaire Diam. 45 105-1 creusement 105-2, 105-3, 105-4 comblements

Fouille 100% 2 AD

106 17/06/2019 GCT Fosse ovale 90 x 50 106-1 creusement 106-2 comblement

Fouille 100% 1 PF

107 17/06/2019 GCT Fosse subcirculaire 65 x 45 107-1 creusement 107-2 comblement

Fouille 100% 2 PF

108 17/06/2019 GCT Fosse subcirculaire 90 108-1 creusement 108-2 comblement

Douteux. Testé Non

109 17/06/2019 GCT Fosse subcirculaire ANNULE ANNULE ANNULE Non

110 17/06/2019 GCT Fosse ovale 55 x 40 110-1 creusement 110-2, 110-3 comblements

Fouille 50% 3 IA

111 17/06/2019 GCT Fosse ovale 55 x 35 = 110 = 110 = 110

112 17/06/2019 GCT Fosse ovale 70 x 30 ANNULE ANNULE Non

113 17/06/2019 GCT Fosse ovale 60 x 30 ANNULE ANNULE Non

114 17/06/2019 GCT Fosse ovale ANNULE ANNULE ANNULE Non

115 19/06/2019 GCT Tranchée + 115S + 115E

30 115-1, 115-5 creusements 115-2, 115-3, 115-4, 115-7, 115-10, 115-11 comblements

Sondages A, B, C, D, E, F, G, I, J

3, 4, 5, 6, 8, 9

116 19/06/2019 GCT Fosse subcirculaire ? ANNULE ANNULE ANNULE Non

117 19/06/2019 GCT Tâche charbonneuse ANNULE ANNULE ANNULE Non

118 19/06/2019 GCT Tâche charbonneuse 25 118-1 creusement 118-2 comblement

Flou, douteux Non

119 20/06/2019 GCT Tâche grise 100 Non fouillé Non fouillé Non

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53

Fait n°

Date création Par

Type, forme Dimensions approx.

US Observations Dessin minute Auteur

120 20/06/2019 GCT Foyer 270 x 35 120-1 creusement 120-2 comblement

Flou. Testé

121 21/06/2019 GCT TP 110 x 80 121-1 creusement 121-2, 121-3, 121-4 comblements

Fouille 50%

122 25/06/2019 GCT TP 55 x 40 122-1 creusement 122-2, 122-3 comblements

Fouille 50%

123 26/06/2019 GCT TP Diam. 30 Non fouillé Non fouillé Non

124 26/06/2019 GCT Tâche rubéfiée 95 x 85 124-1 creusement 124-2 comblement

Fouille 50%

125 26/06/2019 GCT TP Diam. 20 Non fouillé Non fouillé Non

126 27/06/2019 GCT Tâche rubéfiée 150 x 180 Non fouillé Non fouillé Non

127 27/06/2019 GCT Fosse dans 126 55 x 38 127-1 creusement 127-2, 127-3, 127-4 comblements

Fouille 50%

128 27/06/2019 GCT Fosse ovale 50 x 25 Non fouillé Non fouillé Non

129 27/06/2019 GCT Fosse ovale 55 x 26 Non fouillé Non fouillé Non

130 27/06/2019 GCT Petit TP ? ANNULE ANNULE ANNULE Non

131 27/06/2019 GCT Petit TP ANNULE ANNULE ANNULE Non

132 27/06/2019 GCT TP ANNULE ANNULE ANNULE Non

133 27/06/2019 GCT Petit TP ANNULE ANNULE ANNULE Non

134 27/06/2019 GCT Fosse ovale ANNULE ANNULE ANNULE Non

135 27/06/2019 GCT TP ANNULE ANNULE ANNULE Non

136 27/06/2019 SB TP 50 x 35 136-1 creusement 136-2 comblement

Fouille 50% 8 PF

137 27/06/2019 SB TP 60 x 35 137-1 creusement 137-2 comblement

Fouille 50% 10 IA

138 27/06/2019 SB Petit TP Diam. 25 138-1 creusement 138-2 comblement

Fouille 50% 8 PF

139 27/06/2019 SB TP Diam. 35 139-1 creusement 139-2 comblement

Fouille 50% 10bis PF

140 27/06/2019 SB TP Diam. 40 140-1 creusement 140-2 comblement

Fouille 50% 10bis PF

141 27/06/2019 SB TP Diam. 50 Non fouillé Non fouillé Non

142 27/06/2019 SB TP Diam. 25 ANNULE ANNULE Non

143 27/06/2019 SB TP Diam. 25 Non fouillé Non fouillé Non

144 27/06/2019 SB TP Diam. 25 Non fouillé Non fouillé Non

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54

Fait n°

Date création Par

Type, forme Dimensions approx.

US Observations Dessin minute Auteur

145 27/06/2019 SB TP 40 x 35 Non fouillé Non fouillé Non

146 28/06/2019 SB TP Diam. 40 Non fouillé Non fouillé Non

147 28/06/2019 SB TP Diam. 50 Non fouillé Non fouillé Non

148 28/06/2019 SB Excroissance 115 250 x 110 Non fouillé Non fouillé Non

149 28/06/2019 SB Fosse ovale Diam. 25 Non fouillé Non fouillé Non

150 27/06/2019 GCT Grande fosse irrégulière

Hors emprise, min. 300

Non fouillé Dans berme et sous talus parcellaire

Non

Inventaire du mobilier et des prélèvements

Fait N° US Mobilier Description Quantité

121 Surface Céramique Tessons protohistoriques 3

9 (2015) Surface Céramique Tessons protohistoriques 1

Angle nord-est décapage Surface Céramique Tessons protohistoriques 1

115-E 115-2 Céramique Tessons protohistoriques 1

Angle sud-ouest décapage Surface Céramique Tessons protohistoriques 8

Secteur nord Terre végétale

Céramique TC

Tessons protohistoriques 7 1

Sondage 2015 Surface Céramique Tessons protohistoriques 5

115 zone ouest Surface Céramique Tessons protohistoriques 1

102 102-2 Céramique Tessons protohistoriques 1

102 102-2 Céramique Tessons protohistoriques 1

Angle sud-ouest sd 2015 Surface Céramique Tessons protohistoriques 1

Zone sud-est décapage Surface Céramique Tessons protohistoriques 1

115 zone nord-ouest Surface Céramique Tessons protohistoriques 2

115 zone nord Surface Céramique Tessons protohistoriques 1

Sud sd 2015 Surface Céramique Tessons protohistoriques 1

Secteur nord Surface Céramique Tessons protohistoriques 2

102 102-2 Céramique Tessons protohistoriques 2

102 102-2 Céramique Tessons protohistoriques 2

104 104-2 Céramique Tessons protohistoriques 4

105 105-2 Céramique Tessons protohistoriques 3

Angle sud-est décapage Surface TC Miettes 1 sachet

115 115-10 Céramique Tessons protohistoriques 1

105 105-2 Céramique Tessons protohistoriques 4

121 121-2 Céramique Tessons protohistoriques 2

Fait N° US Type

prélèvement Quantité

103 103-2 Charbon 1 sac

110 110-2 Charbon 1 sac

122 122-2 Charbon 1 fragment

115 115-2 Charbon 1 fragment

121 121-3 Charbon 1 sac

121 121-4 Argile charbonneuse

et brûlée

1 sac