le sentiment d’insécurité

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Page 1: Le sentiment d’insécurité

Le sentiment d’insécurité

Page 2: Le sentiment d’insécurité

Plan I –Introduction

-Définition -Historique

II- Les composantes III-Les types IV-Registres -Sur un mode subjectif -Sur un mode métaphysique

v- VI-Conclusion

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I-Définition:

Il est défini par le sociologue Sébastian Roché comme << un processus de lecture du monde environnant qui est saisi chez les individus comme un syndrome d'émotions >> (peur, haine, jalousie) cristallisées sur le crime et ses auteurs>>. Ce sentiment d'insécurité, ne reflétant pas forcément la réalité, s'impose aux esprits comme l'idée que l'on a de sa propre sécurité. Suite à de nombreuses enquêtes, il à été démontré qu'il n'y avait pas besoin d'avoir été soi-même victime, ou de connaître une victime d'un crime ou d'un délit, pour se sentir inquiet. Les faits que les gens craignent ne sont pas ceux auxquels ils ont été directement ou in-directement confronté, mais ceux qu'ils perçoivent comme pouvant leurs arriver.

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II-Historique• Des auteurs comme Fappani Frederic font apparaître la notion de sentiment

d'insécurité entre 1970 et 1980 :• « Dès les années 1970 - 1980, l'utilisation de la notion de "sentiment d'insécurité"

fait son apparition. Ce sont les rapports Peyrefitte de 1977 et Bonnemaison de 1982 qui la consacreront. Cependant, il s'agit d'une manière de se saisir de la question de l'augmentation de délinquance dans les quartiers populaires sans avoir à se prononcer sur les causes. Il s'engage à l'époque un débat sur la réalité de l'insécurité en banlieue, mais aussi dans nos villes. Ainsi , bon nombre d'ouvrages apparaissent autour de cette thématique. Dans son ouvrage l'historien Jean Claude Chesnais (1) déclare qu'on ne saurait pas tenir compte du sentiment d'insécurité pour orienter une politique pénale. Parce que de la même manière, tenons nous compte de la perception sensible de l'inflation pour une politique économique ? Certains s'interrogent sur l'insécurité : ne serait - elle pas une manipulation de l'Etat comme le défend l'auteur L. Bui Trong (2) ou alors quelque chose d'irréel comme le suggère l'ouvrage deW.Ackerman, R.Dulong et H.-P. Jeudy, (3) dont le titre seul interroge la réalité de l'insécurité. A partir du colloque de Villepinted'octobre 1997, le débat bat son plein. En 1998, c'est la création des contrats locaux de sécurité. ( C.L.S ) »

• — Frédéric Fappani, Les dossiers de l’éducation, Violence à l’école, Les objets sociomédiatiques1

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II-Ses composantes

Plus que les infractions réellement perpétrées, les éléments constitutifs de sentiment d'insécurité sont les <<incivilités>> comme les tapages nocturnes, le vandalisme, l'occupation agressive et bruyante des espaces publics ou privés. Or, ces comportements asociaux sont ressentis comme des <<blessures, des fractures de la société>>(selon Roché). A la limite du délit, les incivilités sont des facteurs de la vie sociale générant des sentiments de rejet, de crainte et d'insécurité. L'insécurité est alors l'expression de la déstructuration manifestant des repères politiques et sociaux. Les incivilités donnent l'impression que l'ordre social n'existe plus et que la sécurité n'est plus assurée. Le sentiment d'insécurité est également renforcé par la non-élucidation de nombreux délits, faute de poursuites pénales ou du fait de la non-interpellation des auteurs. Ce phénomène se traduit chez certaines personnes par la conviction qu'elles n'ont plus rien à espérer des forces d'autorité.

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• III-Sentiments et types d'insécurité

• Le sentiment d'insécurité peut être individuel ou collectif. Il combine le danger réel ou imaginé et la perception de sa gravité (tolérance ou version au risque, résistance au changement, aliénation ...). Les éléments perçus collectivement comme angoissants peuvent varier d'un pays à l'autre, d'une période à l'autre, d'un segment de population à l'autre.

• Certains acteurs politiques et certaines organisations sectaires n'hésitent pas à jouer sur les peurs collectives, voire à les susciter, dans l'optique de s'assurer un pouvoir sur les populations sensibles à ce discours.

• Parmi les éléments perçus comme cause d'insécurité et faisant fréquemment débat, les questions de l'emploi, des retraites, de logement, de délinquance, d'instabilité ou d'arbitraire juridique, de santé, de particularisme, d'action terroriste ou guerrière etc.

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IV-Registres

Le sentiment d’insécurité s’avère très hétérogène et complexe, car porteur de significations irréductibles : il peut en effet être vécu sur des registres.

Sur un mode subjectif :• . Il n’y a que très rarement de relation directe entre cette peur de l’agression et la violence vécue

par soi-même ou ses proches ». Quelle que soit sa validité, fonction des modalités de l’enquête qui y conduit, cette thèse introduit au sentiment d’insécurité comme fantasme, c’est celui qu’on éprouve sans qu’aucun danger objectif ne se profile nécessairement, mais qui est induit et dramatisé par l’éventuelle insécurité objective, tout en le précédant et le débordant.Ce sentiment émane de sources profondes, voire archaïques, c’est le cas du sujet qui, tôt dans son histoire personnelle, singulièrement dans son enfance, a connu des expériences traumatisantes : guerre, disparition des parents, violences dues à ceux-ci ; accidents, maladies, drames, etc. En outre, il est développé actuellement de manière paradoxale par l’insistance, si justifiée puisse-t-elle sembler, auprès des enfants et des adultes. Alors, le sentiment d’insécurité s’installe de manière chronique et devient une sorte de hantise, une préoccupation permanente, qui déborde infiniment ce qui pourrait le susciter. A la limite, s’il prend une dimension pathologique, il caractérise la « névrose d’angoisse », telle que Juliette Boutonnier l’a analysée. En outre, il acquiert une dimension collective et peut s’emparer de toute une population. Il est amplifié aujourd’hui, intensément, par la violence objective et l’exploitation médiatique dont celle-ci est l’objet.

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Sur un mode métaphysique :

Il n’est plus seulement fonction des avatars de la vie personnelle, mais il tient à une raison beaucoup plus profonde et inéluctable : l’insécurité est en effet le propre de l’Homme, en tant qu’il n’est pas le maître souverain de sa destinée et qu’il ignore son avenir. Il est donc une expression de sa précarité, de sa mortalité. Il exprime la condition humaine en tant que telle et a, à cet égard, un statut véritablement anthropologique. Il s’agit ici de l’inquiétude métaphysique. Et, si celle-ci se combine à celle qu’a entraînée l’histoire personnelle, on se trouve face à une angoisse qui revêt un caractère pathologique.

• Ces registres sont particulièrement illustrés par la façon dont l’être humain vit l’expérience de la nuit, qui est en effet l’objet de ressentis distincts et parallèles à ceux que nous venons de différencier.

• L’on peut éprouver d’abord de la peur dans la nuit, par une estimation des risques auxquels elle expose, en ce sens que celle-ci renforce les dangers objectifs ; ainsi, elle favorise la dissimulation, notamment celle des cambrioleurs (« Minuit, l’heure des crimes »). C’est pourquoi on a l’habitude, à l’approche de la nuit, de fermer portes et volets, comme de se méfier des agressions, en évitant de circuler seul ou de rentrer après qu’elle soit tombée.

• L’inquiétude métaphysique, qui procède de ce que la nuit est la symbolique confuse de l’incertitude et du caractère imprévisible de l’avenir et, au total, de la mort. Elle correspond ici au statut anthropologique, à la destinée de l’homme en ce qu’elle a de mystérieux.

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• VI-

• Les travaux d’ordre psychanalytique, les recherches de Bettelheim comme, d’une autre manière, la théorie de l’attachement de Bowlby ont mis en évidence le rôle déterminant des premiers mois de la vie et des premières expériences relationnelles. Ce sont elles qui, selon la manière dont elles s’organisent, auront suscité l’adoption d’une certaine attitude devant autrui, devant la vie, devant le monde extérieur, perçu comme foncièrement insécurisant ou comme accueillant à l’homme. Ce sont elles aussi qui auront provoqué et cultivé un sentiment écrasant de peur de soi et de sa propre faiblesse, entrant en composition avec la peur d’autrui et la crainte de la force menaçante de l’adulte, ou au contraire une saine évaluation de ses propres capacités et de sa propre force.

• Néanmoins, les expériences ultérieures, spécialement celles de la vie scolaire, pourront renforcer cette expérience initiale : se sentir victime des agressions des camarades, par exemple le racket, ou de la violence, physique ou symbolique, de l’enseignant ou, tout simplement, se voir immergé dans une conjoncture élitiste et sélectionniste, où l’emporte la lutte pour la vie, cela va accroître le sentiment d’insécurité. Maria Montessori a beaucoup insisté sur ce point, en montrant comment l’école, lorsqu’elle estimpositive et brutale, creuse un sentiment d’insécurité, dont l’enfant va se défendre par l’agressivité, comme pour prévenir et précéder le danger dont il se sent l’objet.

• Enfin, une expérience très précoce, très violente ou très frustrante de l’insécurité peut donner lieu à des troubles d’ordre névrotique, qui requièrent une approche proprement psychothérapique. On rencontre ici le lien complexe entre psychothérapie et éducation. Il faut donc se méfier d’une vision essentiellement rationaliste, qui estimerait que tout sentiment d’insécurité peut être contrecarré par l’approche éducative. Sans doute celle-ci n’est-elle pas tout à fait vaine car elle peut aider l’intéressé à maîtriser sa peur. Mais sa portée demeure parfois réduite. C’est donc là que l’éducation formelle a le rôle le plus limité.