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LE RIS 1 © Eau & Rivières de Bretagne 1.Situation géographique générale Le Ris, cours d’eau du Finistère, traverse 6 communes : Douarnenez (15 642 habitants), Kerlaz (816 habitants), Le Juc’h (734 habitants), Locronan (800 habitants), Plogonnec (3 000 habitants) et Guengat (1 659 habitants). Il passe directement dans les bourgs de Plogonnec et du Juc’h. Le nombre d’habitants présents sur le bassin-versant est de 2 000 habitants pour une densité moyenne de 55 habitants/Km². Le bassin-versant* de ce ruisseau s’étend donc sur deux communautés de commune : celle du pays de Douarnenez et celle de Quimper. Le Ris prend sa source à Penfrat au Juc’h et se jette en baie de Douarnenez sur la plage du Ry. Répartition par communes des superficies du bassin versant du Ris Le Ris à Launay Le bassin versant se trouve donc principalement sur Plogonnec et sur Le Juc’h. Carte du bassin-versant du Ris

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1.Situation géographique générale

Le Ris, cours d’eau du Finistère, traverse 6 communes : Douarnenez (15 642 habitants), Kerlaz (816 habitants), Le Juc’h (734 habitants), Locronan (800 habitants), Plogonnec (3 000 habitants) et Guengat (1 659 habitants). Il passe directement dans les bourgs de Plogonnec et du Juc’h. Le nombre d’habitants présents sur le bassin-versant est de 2 000 habitants pour une densité moyenne de 55 habitants/Km². Le bassin-versant* de ce ruisseau s’étend donc sur deux communautés de commune : celle du pays de Douarnenez et celle de Quimper. Le Ris prend sa source à Penfrat au Juc’h et se jette en baie de Douarnenez sur la plage du Ry.

Répartition par communes des superficies du bassin versant du Ris

Le Ris à Launay

Le bassin versant se trouve donc principalement sur

Plogonnec et sur Le Juc’h.

Carte du bassin-versant du Ris

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2. Physique

Le Ris prend sa source à une altitude de 145 mètres et poursuit son cours sur un plateau pour ensuite dévaler de fortes pentes. Ainsi, on retrouve des pentes supérieures à 10% sur 50% du bassin-versant. Les autres pentes sont plus faibles et vont de 6% à 10% d’amont en aval.

Le bassin-versant a une surface totale de 3903 hectares et un linéaire de 28 990 mètres.

a) Présentation brève des affluents principaux :Le réseau hydrographique* du bassin versant du Ris est constitué d’un cours d’eau principal, le Ris. Il est rejoint par de nombreux affluents qui permettent de le diviser en sous-bassins : le Kératry (245 ha), le Kerolier (369 ha), le Plas an tolou (720 ha), le Juc’h bourg (651ha), le Sainte Brigitte (342ha), le Kervouster (397 ha), le Crinquillic(214 ha), le Kererven (426 ha).

Le Névet : ce cours d’eau est un des affluents les plus importants. Il est bordé de champs d’inondation en prairie naturelle et de cultures. Il est large de 50 cm, profond de 10-20 cm et possède un aspect général linéaire. Les berges sont peu ou pas érodées et le fond du ruisseau est constitué de sables d’une granulométrie* d’environ 0,05 mm de diamètre et de limons*(<0,05 mm). L’eau a un aspect limpide et la ripisylve* sur les deux rives est d’environ 1 mètre. L’éclairement du lit est en moyenne de 5%. Les salmonidés* sont dominants sur le cours d’eau et au niveau floristique c’est le saule (100% de présence). En espèces envahissantes, on note la présence de fougères et de ronces. Les zones humides sont peu abondantes et fonctionnelles.

Le Névet, l’affluent le plus important du

bassin-versant

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b) Caractéristiques du sous-sol :Le bassin-versant du Ris est situé sur une formation géologique appelée Briovérien, qui occupe une large surface de la baie de Douarnenez. Elle consiste pour l’essentiel en une accumulation de roches détritiques terrigènes*, constituées de roches volcaniques acides et intermédiaires. On y retrouve la granulite* grenue, du micaschiste* et du gneiss* granulitique. Le secteur présente de nombreuses failles marquant une activité volcanique très intense.L’histoire géologique du bassin-versant a entraîné la formation d’un substrat lithologique* relativement perméable à texture sablo limoneuse sur socle granitique. Or, on observe en fond de vallée une texture sablo-limoneuse associée à de l’argile, texture limitant en partie la filtration. Ces observations sont confirmées par la présence de gley (type de sol hydromorphe caractérisé par un ennoyage* permanent dù à un mauvais drainage et une couche de terrain perméable proche de la surface, dans le cas du Ris) et de pseudogley (type de sol hydromorphe résultant de l’accumulation d’argile dense due au lessivage des couches supérieures dans la partie profonde d’un sol avec pour conséquence l’ennoyage des couches inférieures).Le fond de vallée présente donc un fond moins perméable que le reste du bassin-versant. Ce faciès pédologique* a ainsi permis le développement de zones humides sur les parties planes à proximité du cours d’eau.

c) Climatologie :La présence de l’Océan Atlantique amène sur la baie de Douarnenez un climat de type océanique à faible amplitude thermique (11°C). Les hivers sont doux: température moyenne de 7,3°C et les étés frais: température moyenne de 16,4°C.La pluviométrie moyenne annuelle est de 1104 mm avec une période pluvieuse maximale située entre les mois d’octobre et de janvier. La présence d’un léger relief en amont du bassin-versant crée une ascendance au vent entraînant une petite augmentation des précipitations et une diminution de température entre la zone littorale et la zone amont.Les données concernant les températures et les précipitations ont été recueillies auprès de la station météorologique la plus proche, la station de Kerlaz. Cette station est située à 700 mètres au nord de la retenue de Kératry et 1,7 kilomètres de la plage du Ris, à 88 mètres d’altitude.

Diagramme ombrothermique (station de Kerlaz)

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d) Etiages et crues :Le bassin versant du Ris dispose de réserves souterraines d’eau importantes. Le débit d’étiage est donc élevé. La moyenne mensuelle du débit coïncide avec celle de la pluviométrie : C’est en janvier que le débit atteint sa valeur maximale, pour diminuer jusqu’en septembre où il n’arrive pas à 200 l/s. Le débit augmente progressivement jusqu’en janvier. Les moyennes montrent qu’il double d’octobre à novembre.

e) Berges, lit et ripisylve :Le bassin-versant est relativement vallonné, le réseau bocager est relativement lâche, avec un linéaire de haies et de talus plantés estimé à 244 Km soit en moyenne 67 m/ha. Certaines parcelles culturales peuvent donc présenter un risque réel (ou potentiel) de transfert d’éléments polluants via les phénomènes de ruissellement et d’érosion. Par contre, la surface boisée est significative (504 ha) sur l’ensemble des proéminences, dont le bois de Nevet (espace protégé départemental de 226 ha). Il faut aussi noter la présence de plans d’eau remarquables.

Le lit mineur du cours d’eau était entretenu par les riverains. Ils curaient le fond du lit et déposaient la matière extraite sur les berges. Ceci pourrait être une des explications de l’importance des hauteurs de berge (Comm. Pers. 2003).

Le Ris présente en quelques points des embâcles* pouvant occasionner des dommages et problèmes dans la libre circulation de l’eau. D’autres, toutefois, restent à conserver puisqu’ils ont la caractéristique de ne présenter aucun obstacle à la circulation de l’eau mais plutôt d’offrir de véritables abris pour la faune du cours d’eau. Ils sont constitués

Débit moyen mensuel (source : CCDZ-CCPCP)

dans l’ensemble de débris de branches et de racines. Cependant, certains arbres de rives restent à surveiller car ils représentent une menace pour le cours d’eau suite à l’érosion importante des pieds de berge. Ainsi, les embâcles ont été classés en 3 catégories :

• Les embâcles occasionnant des dommages et perturbant la librecirculation des eaux, à éliminer,

• Lesembâclesd’intérêtfaunistiqueparleurrôled’abri,àconserver,• Lesmenacesd’embâcles,àsurveiller.

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Nous retrouvons deux types de végétation rivulaire :

• La ripisylve est constituée de bois tendres et de bois durs, pouvant s’étendre surplusieurs dizaines de mètres. Elle offre une assez bonne qualité, bien que peu régulièrement entretenue.

• Delavégétationherbacéerivulaire.Trèspeuadaptéeàlastabilisationdesberges,ellen’offreaucunabri et aucun ombrage au cours d’eau. On parlera de ripisylve absente. Cette condition est liée à la présence des prairies humides qui sont entretenues par les agriculteurs et ne permet donc pas le développement d’une ripisylve adaptée.

3. Historique des aménagements

Il n’y a pas à proprement parler d’aménagements le long du Ris et de ses affluents, néanmoins il y a quelques moulins :

- moulindePlasanTolou:ruisseauduNévet(Plogonnec)- moulin de Kerflous: ruisseau du Ris (le Juc’h)- moulin de Kératry

Un embâcle très intéressant à conserver pour la faune pour son rôle d’abri.

Le Ris au Moulin de Kerflous

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4. Milieux liés aux fleuves

On voit que sur le bassin-versant les milieux sont principalement composés de champs de culture (surtout de maïs) et de prairies.

Le bois du Nevet qui se trouve au nord du bassin-versant est un espace remarquable. Un des affluents du Ris longe ce bois.

Après la retenue de , le Ris est bordé sur toute sa longueur de zones humides dites de fond de vallée. Elles sont de deux types : les prairies humides et les roselières/mégaphorbiaies. Leur superficie totale est de 141 ha, dont 88 % sont représentés par les prairies humides. Elles sont dites permanentes car elles sont en eau presque toute l’année puisque alimentées essentiellement par la nappe associée au cours d’eau et par les précipitations hivernales.

occupation du sol par couverts végétaux

carte de localisation des zones humides

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5. Faune - flore

a) Population piscicole :Le Ris a été classé rivière de première catégorie piscicole. Ainsi, on y retrouve en abondance la truite fario, la truite de mer et le vairon. Quelques individus de saumon atlantique, de chabot*, de lamproie*, de loche* et d’anguille ont déjà été observés.

* Chabot : Poisson à grosse tête et à large bouche ( long. 10 à 30 cm ).

* Lamproie : Vertébré aquatique sans mâchoires des eaux côtières et des fleuves, très primitif, anguiforme, à peau nue et gluante.

* Loche : Poisson des eaux douces à corps allongé, à bouche ornée de barbillons tactiles ( long. 10 à 30 cm ).

b) Espèces remarquables :« Nous avons identifié 98 espèces, mais nous n’avons trouvé aucune plante protégée, ni aucun taxon* de la liste rouge des plantes rares et menacées du Massif Armoricain. » (Extrait du rapport de l’inventaire naturaliste réalisé par la SEPNB 2003)

*Taxon: Unité systématique, dans une classification.

Un Ragondin a pu être observé nageant dans le cours d’eau et de nombreux terriers ont été creusés au pied des berges, fragilisant leur tenue.Il n’a pas été remarqué d’espèces envahissantes.

6. Activité économique

L’activité économique est essentiellement agricole, il n’y a pas d’industrie. Le bassin-versant compte 62 exploitations (90 agriculteurs) dont 45 ont leur siège sur le bassin-versant. Les exploitations sont plutôt de petite taille. La surface agricole utilisable (S.A.U.) est estimée à 2473 hectares soit 65% de la surface du bassin-versant.

La production laitière est dominante ainsi que l’élevage porcin. Il y a 724 ha de maïs, ce qui équivaut à 29 % des surfaces ensemencées.

Assolement moyen 2010

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7. Pollution de l’eau a) Présentation des principales pollutions :

La principale pollution reste due aux nitrates.

La concentration des nitrates même si elle diminue légèrement peut être considérée comme stable et n’a pas encore atteint la valeur guide.

Evolution des concentrations de nitrates sur le bassin-versant du Ris (période 2001-2010)

Evolution interannuelle des fréquences de dépassement (seuil=0,1µg/l) des principaux pesticides (période 2001-2010)

L’autre pollution dominante est due aux pesticides, résultat comme pour les nitrates de l’agriculture

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Au-delà de la pollution par les pesticides, on peut aussi citer les boues de l’usine de traitement d’eau de Kératry qui sont épandues, les pollutions d’origine domestique dues aux habitats diffus et à l’assainissement autonome déficient, les hydrocarbures (garages, stations services, et entreprises de transport) qui constituent des pollutions ponctuelles ou accidentelles, les métaux lourds (eaux pluviales provenant des axes routiers et zones urbaines).

Un autre problème est dû à l’abreuvage des bovins qui ont directement accès au cours d’eau. La première conséquence de cette pratique (interdite par le code rural) est une destruction systématique des berges : les piétinements continuels les transforment en des zones boueuses. La deuxième conséquence est que cette zone concentre également les déjections des bovins qui s’y regroupent. Par ruissellement, il s’en suit une pollution bactériologique de l’eau et un envasement en aval.

b) Localisation des secteurs sensibles :Il existe des points noirs au Juc’h dus aux systèmes d’assainissement individuel.

c) Actions mises en place à l’échelle du bassin :Comme le Ris est utilisé pour alimenter des populations en eau potable, il a fait partie du programme Bretagne Eau Pure jusqu’en 2006. Depuis, des efforts ont été réalisé sur la fertilisation en azote organique, mais les apports en azote minérale restent suppérieurs à la moyenne Bretagne et Finistère.

Le Ris en amont de la commune du Juc’h

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8. Les usages de l’eau

a) Usages non-consommateurs (pêche, conchyliculture, nautisme…) :Il n’y a pas de pisciculture et on trouve quelques pêcheurs et chasseurs sur les berges du Ris. Les pêcheurs sont représentés par un club de pêche à la mouche (le Juch) et l’AAPPMA de Douarnenez. Mais la pression de pêche reste faible. L’AAPPMA réalise des travaux d’entretien sur un tronçon du cours d’eau (en aval de la prise de Kératry).

b) Usages consommateurs (eau potable, irrigation, pompages industriels…) :Il y a 3 captages d’eau potable :- un château d’eau à la Croix neuve (Le Juc’h, D765)- une station de pompage à la Croix neuve (Guengat, D765)- la prise d’eau de Kératry qui alimente en eau potable 50% de la population de Douarnenez et qui se trouve en aval du bassin-versant. Le reste de l’eau est capté dans les nappes souterraines. Cette prise d’eau produit 900 000 m3 et dessert une population de 16 000 habitants permanents et 20 000 en été.

Il y a aussi 13 captages privés.

La station de traitement en eau potable était directement associée à la station de pompage de Kératry et donc située en bordure de cours d’eau. Des relargages de boues non traitées dans le Ris étaient fréquents. Depuis, une station de traitement a été construite en 2000 à l’écart du Ris et les boues sont acheminées par canalisations à la station de traitement d’eaux usées pour y être traitées.

On trouve trois stations d’épuration sur le bassin-versant :- la station de Douarnenez qui fait partie de la ville et qui rejette ses eaux usées à 300 mètres de la côte en mer- la station du Juch qui est un lagunage et est prévue pour 300 équivalents-habitants. Elle reçoit les eaux usées de 120 habitants et se rejette dans le Ris.

Le Ris à son arrivée sur la plage du Ry

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LEXIQUE

* AAPPMA : Association Agréée Pour la Protection des Milieux Aquatiques* Embâcles : Obstruction du lit d’un cours d’eau par amoncellement de branches.* Ennoyage : Invasion ou submersion d’une région côtière ou continentale par la mer.* Granulométrie : Mesure des dimensions d’un grain d’un mélange. Détermination de leur forme et de leur répartition statistique.* Granulite : Roche métamorphique constituée essentiellement de quartz et accessoirement de grenat et de pyroxène.* Gneiss : Roche métamorphique constituée d’alternances de lits de mica et de lits de quartz.* Limon : Roche sédimentaire détritique, continentale, de granulométrie intermédiaire entre celle des sables et celle des argiles, constituant des sols légers et fertiles.* Micaschiste : Roche métamorphique feuilletée, formée de lits de mica séparés par de petits cristaux de quartz.* Pédologie : Etude des sols, de leurs caractéristiques chimiques, physiques et biologiques, de leur évolution.* Réseau hydrographique : Ensemble de fleuves et leurs affluents drainant une région.* Ripisylve : Ensemble de la flore qui se trouve le long du cours d’eau.*Roche détritique terrigène : Roche qui résulte de la désagrégation d’une roche préexistante d’origine continentale.* Salmonidé : Poisson osseux aimant les eaux fraiches et oxygénées, tel que le saumon, la truite, le brochet, le thon ou la sardine.* Substrat lithologique : Ensemble des roches constituant la base de la formation géologique.

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