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Le projet d'exploitation minière en Bretagne La presse nationale ne s’en est guère fait l’écho, mais cette idée d'exploitation minière date de 2012. Et hormis par la presse locale, la population est très peu informée de ce projet qui, pourtant, nous interpelle tous. Le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM), établissement public à caractère industriel et commercial, a mené jusqu’en 1991 un inventaire des sols français. Après retraitement des données en 2013, l’organisme a présenté vingt-sept sites à potentiel minier, dont en Bretagne les zones dites de Merléac, Silfiac et Loc Envel (comprenant en tout 73 communes). Le PERM « Loc Envel » est le sixième titre minier sollicité par la société Variscan Mines. Le choix du périmètre a été guidé par ses stratégies d'exploration et d'exploitation. Suite à une synthèse géologique et minière réalisée sur le territoire national, Variscan Mines (société fondée par d'anciens ingénieurs du BRGM et filiale d'une société australienne dont les capitaux sont des fonds d'investissements de différents pays) a sélectionné le PERM (permis de recherche de mines) de Loc-Envel en première priorité pour réaliser ces objectifs. Ces permis d’exploration ne sont pas octroyés par hasard. Depuis 2008, l’Europe a mis en place une politique concernant les matières premières. Il s’agit de s’en assurer l’accès via une « diplomatie des matières premières » dans les pays miniers et de soutenir l’exploitation des gisements au sein de l’Union. Le but : garantir l’indépendance vis-à-vis des pays exportateurs, comme la Chine, la Russie et certains pays d’Afrique, figurant parmi les premiers fournisseurs de matières premières de haute technologie en Europe. En France, la réflexion est menée par les gouvernements successifs. Mais c’est Arnaud Montebourg, et aujourd'hui Emmanuel Macron, qui relance véritablement le secteur des mines. Les minerais recherchés sur les 25 communes concernées par le permis sont le tungstène, le molybdène, le cuivre, le plomb, l'étain, le tantale, l'or, l'argent et les substances connexes. Le cours de certains minerais ayant explosé, on creuse à moins de 5g/Tonne. La période d'exploration n'est pas sans conséquence, c'est un engagement pour la future création d'une mine. L'Etat devrait rembourser les frais engagés par Variscan s'il refusait l'exploitation de la mine (11 M). Quelques points qui nous font douter de la fiabilité et l'impartialité de l'analyse d'impact de Minelis (chargé du dossier avec Variscan) Les membres de Minelis sont des anciens de la BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) tout comme ceux de Variscan. Certains d'entre eux sont passé ensuite par Total. Minelis ne parle que de l'impact de la période d'exploration, il ne parle pas des conséquences environnementales d'une mine qui découlera de cette période d'exploration. Ils nous disent qu'il n'y aura aucun chemin de fait, que des engins de petite taille seront utilisés. Variscan, quant à lui, nous dit que tous les forages seront rebouchés par du béton, soit environ 1500m3 de béton (215 toupies). Par où passeront-elles? Dans leur projet, Variscan prévoit de faire 48000 m de forage (carottage et destructif), dont certains allant jusqu'à 1500 m par fragmentation des roches dans la forêt de Coat an Noz. Ce n'est pas anodin, des risques de pollution existent déjà à ce stade : libération de radon contenu dans la roche, risque d'effondrement, d'inondation, de toxicité par le mélange des métaux lourds... Variscan nous rassure en nous promettant que les boues polluées lors des sondages seront récupérées pour être ensuite traitées selon les dispositions réglementaires, où, par qui ? « Une fois le forage terminé, les boues de forage sont emmenées hors du site et envoyées en décharge » dixit Minelis Ils nous précisent qu'à priori, il n'y a pas de risque de pollution dû aux forages parce qu'il n'y a pas de nappe phréatique en sous sol (!), qu'il n'y a que des petites failles, peut être mais c'est cette eau qui alimente nos rivières. Variscan Mines s'engage à dépenser 11 millions d'euros sur les 5 années en deux phases pour mener à bien l'exploration du PERM « Loc Envel » (5 millions sur la première phase, la deuxième phase de deux années correspondant à la faisabilité du projet d'un montant de 6 millions d'euros). Ces travaux de faisabilité feront très largement appel aux sous- traitances externes d’organismes internationalement reconnus (lesquelles?) pour établir les réserves, le design de la mine et des unités de production et l'étude d'impact !!! Ce ne sont que quelques points qui peuvent nous faire douter du sérieux de leur étude d'impact. Bien d'autres pourraient être soulevées par des spécialistes de l'environnement. Pas d'exploration sans exploitation Pendant la durée de validité d'un PER, son titulaire peut obtenir une concession d'une durée maximum de 50 ans portant sur l'intérieur du périmètre.

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Le projet d'exploitation minière en Bretagne

La presse nationale ne s’en est guère fait l’écho, mais cette idée d'exploitation minière date de 2012. Et hormis par la presse locale, la population est très peu informée de ce projet qui, pourtant, nous interpelle tous.

Le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM), établissement public à caractère industriel et commercial, a mené jusqu’en 1991 un inventaire des sols français. Après retraitement des données en 2013, l’organisme a présenté vingt-sept sites à potentiel minier, dont en Bretagne les zones dites de Merléac, Silfiac et Loc Envel (comprenant en tout 73 communes). Le PERM « Loc Envel » est le sixième titre minier sollicité par la société Variscan Mines. Le choix du périmètre a été guidé par ses stratégies d'exploration et d'exploitation.

Suite à une synthèse géologique et minière réalisée sur le territoire national, Variscan Mines (société fondée par d'anciens ingénieurs du BRGM et filiale d'une société australienne dont les capitaux sont des fonds d'investissements de différents pays) a sélectionné le PERM (permis de recherche de mines) de Loc-Envel en première priorité pour réaliser ces objectifs.

Ces permis d’exploration ne sont pas octroyés par hasard. Depuis 2008, l’Europe a mis en place une politique concernant les matières premières. Il s’agit de s’en assurer l’accès via une « diplomatie des matières premières » dans les pays miniers et de soutenir l’exploitation des gisements au sein de l’Union. Le but : garantir l’indépendance vis-à-vis des pays exportateurs, comme la Chine, la Russie et certains pays d’Afrique, figurant parmi les premiers fournisseurs de matières premières de haute technologie en Europe.

En France, la réflexion est menée par les gouvernements successifs. Mais c’est Arnaud Montebourg, et aujourd'hui Emmanuel Macron, qui relance véritablement le secteur des mines.

Les minerais recherchés sur les 25 communes concernées par le permis sont le tungstène, le molybdène, le cuivre, le plomb, l'étain, le tantale, l'or, l'argent et les substances connexes. Le cours de certains minerais ayant explosé, on creuse à moins de 5g/Tonne.

La période d'exploration n'est pas sans conséquence, c'est un engagement pour la future création d'une mine. L'Etat devrait rembourser les frais engagés par Variscan s'il refusait l'exploitation de la mine (11 M).

Quelques points qui nous font douter de la fiabilité et l'impartialité de l'analyse d'impact de Minelis (chargé du dossier avec Variscan) Les membres de Minelis sont des anciens de la BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) tout comme ceux de Variscan. Certains d'entre eux sont passé ensuite par Total. Minelis ne parle que de l'impact de la période d'exploration, il ne parle pas des conséquences environnementales d'une mine qui découlera de cette période d'exploration. Ils nous disent qu'il n'y aura aucun chemin de fait, que des engins de petite taille seront utilisés. Variscan, quant à lui, nous dit que tous les forages seront rebouchés par du béton, soit environ 1500m3 de béton (215 toupies). Par où passeront-elles? Dans leur projet, Variscan prévoit de faire 48000 m de forage (carottage et destructif), dont certains allant jusqu'à 1500 m par fragmentation des roches dans la forêt de Coat an Noz. Ce n'est pas anodin, des risques de pollution existent déjà à ce stade : libération de radon contenu dans la roche, risque d'effondrement, d'inondation, de toxicité par le mélange des métaux lourds...

Variscan nous rassure en nous promettant que les boues polluées lors des sondages seront récupérées pour être ensuite traitées selon les dispositions réglementaires, où, par qui ? « Une   fois   le   forage   terminé,   les   boues   de   forage   sont  emmenées  hors  du  site  et  envoyées  en  décharge  »  dixit  Minelis  

Ils nous précisent qu'à priori, il n'y a pas de risque de pollution dû aux forages parce qu'il n'y a pas de nappe phréatique en sous sol (!), qu'il n'y a que des petites failles, peut être mais c'est cette eau qui alimente nos rivières.

Variscan Mines s'engage à dépenser 11 millions d'euros sur les 5 années en deux phases pour mener à bien l'exploration du PERM « Loc Envel » (5 millions sur la première phase, la deuxième phase de deux années correspondant à la faisabilité du projet d'un montant de 6 millions d'euros). Ces travaux de faisabilité feront très largement appel aux sous-traitances externes d’organismes internationalement reconnus (lesquelles?) pour établir les réserves, le design de la mine et des unités de production et l'étude d'impact !!!

Ce ne sont que quelques points qui peuvent nous faire douter du sérieux de leur étude d'impact. Bien d'autres pourraient être soulevées par des spécialistes de l'environnement. Pas d'exploration sans exploitation

Pendant la durée de validité d'un PER, son titulaire peut obtenir une concession d'une durée maximum de 50 ans portant sur l'intérieur du périmètre.

Les conséquences d'une exploitation. De toutes les industries c'est l'industrie qui a le plus fort impact environnemental (destruction des éco-systèmes, terres agricoles,forêts, nappes phréatiques)

Conséquences sur l'eau :

Perturbation et déviation des cours d'eaux souterrains dues à la fracturation des roches. Pollution de l'eau potable. La séparation des métaux de la roche nécessitant de lourds traitements chimiques. Ces derniers se retrouvent dans les nappes phréatiques, soit au cours du traitement, soit par infiltration. 'à noter que l'eau circule et que la contamination touche une zone beaucoup plus vaste que celle du site minier!)

Conséquences sur le cadre de vie : Nuisances sonores et visuelles dues au passage d'engins et matériel de forage, santé altérée, détérioration des routes, circulation permanente d'engins

Conséquences sur les milieux naturels et les paysages : disparition de vastes espaces de végétation pour le passage des véhicules et l’installation du matériel, abattage d'arbres, fuite de la faune sauvage, effarouchement du bétail, création de stériles polluants...

Exemple de la commune de Rouez où lors de l'étude d'impact d'une première exploitation, il était écrit noir sur blanc que le site serait rendu en tant que terre cultivable à l'issue de ces extractions. Les anciens exploitants ont abandonné à la hâte et à moindre frais la mine à ciel ouvert quand ils ont vu que le rendement était inférieur aux promesses du prospecteur (la phase d'exploration promettait le double de ce qui a été réellement extrait!). Pour préserver une marge déjà ridicule, la commune de Rouez se retrouve aujourd'hui avec un désert de 27 ha et une poubelle de 300 000 m3 de terre stérile (enrichie au cyanure, mercure et autres métaux lourds) enfermés dans une membrane plastique dissimulée par une jolie pelouse (entourée de grillage) que Total est supposé surveiller. En off, les membres du gouvernement, la préfecture et les élus locaux nous disent tous qu'il n'y a aucune chance de nettoyer le site car ce serait déplacer le problème ailleurs.

Depuis des années, la DREAL (police de l'eau) et Total affirmaient que le site était sous surveillance et la pollution contenue à l'intérieur de la zone grillagée. Rouez Environnement a démontré le contraire en faisant procéder à des analyses d'eau sur le domaine public aux abords du site. Elles ont révélé une eau acide et non conforme aux normes officielles de rejet en milieu naturel (en particulier les métaux). Conclusion : 20 ans après rien n'est sous contrôle !

Les promesses d'emploi :

Pour les élus qui ont pu rencontrer les représentants de Variscan, ils ne sont pas dupes sur ce sujet. Il leur a bien été précisé que cela concernerait peu d'emplois, si l'exploitation se fait à ciel ouvert, une main-d'oeuvre bon marché venant du centre de l'Europe sera importée, si l'exploitation se fait en sous-terrain, cela concernera des emplois spécifiques hautement qualifiés sans compter tous les emplois induits supprimés (agriculture, tourisme...). A Rouez, ils remarquent qu'il est amusant de comparer les arguments de la première exploitation avec ceux de Variscan. Celle-ci a promis, lors d'une présentation au conseil municipal de Rouez, jusqu'à 150 emplois directs ! "150" pouvait-on lire sur le document de projet des années 80 alors qu'on comptait 32 salariés au plus fort de l'activité, soit 5 fois moins (ceux issus de la commune pouvaient se compter sur les doigts d'une main).

Ce chantage à l'emploi est d'autant plus facile à faire que le prospecteur n'est pas l'exploitant. Tout le monde semble oublier que Variscan va uniquement étudier et vendre un potentiel au plus offrant. A ce propos, la tentation sera grande de pousser des chiffres optimistes puisqu'ils seront vendus sans garantie. On voit bien que dans ce cas, plus que tout autre, les promesses n'engageront que celles et ceux qui les écouteront. Enfin, Variscan promet, toujours à la place du futur exploitant inconnu, que la mine sera "visuellement" propre puisque entièrement souterraine. Il y a contradiction, car cette solution exige bien moins de salariés, le plus souvent étrangers, expérimentés et très pointus pour piloter les machines complexes, tout en étant plus coûteux que la solution à ciel ouvert.

A l'heure où en Bretagne particulièrement, il est demandé aux agriculteurs, notamment de mettre tout en œuvre pour se conformer aux directives concernant la qualité et la préservation de l'eau qui deviendra essentielle dans les années à venir, que tout est mis en œuvre pour la mise en valeur de nos rivières et nos paysages soutenus par le conseil général, les communautés de communes..., il nous paraît étonnant que l'on offre un tel passe-droit à un prospecteur minier qui d'après toutes les expériences que l'on connaît à ce sujet a surtout comme objectif de revendre des projets sans avoir de compte à rendre sur les conséquences.

Des exemples : (http://www.ladepeche.fr/article/2013/03/21/1587889-salsigne-quand-la-mine-dort-la-pollution-veille.htmlpollution ; https://lejournal.cnrs.fr/billets/faut-il-rouvrir-la-mine-dor-de-salsigne

Salsignes : Des sols toujours très pollués dix ans après

Aujourd’hui, en dépit des importants efforts entrepris par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) dans le cadre de ce qui fut considéré comme l’un des plus importants chantiers de réhabilitation d’un site industriel en France, la gestion du passif environnemental reste préoccupante.

Les autorités locales n’ignorent rien du problème : au motif que les légumes feuilles, les légumes racines, les poireaux cultivés, le thym et les escargots ramassés dans la vallée présentent des concentrations en métaux lourds supérieures aux teneurs « au-delà desquelles la sécurité des populations ne peut être garantie », des arrêtés préfectoraux interdisent d’année en année, depuis 1997, leur mise sur le marché sur le territoire de plusieurs communes. À ce bilan préoccupant, il faut ajouter la fréquence des incidents : ici, la rupture d’une digue d’un bassin de décantation ; là, la découverte d’enfouissements sauvages d’arsenic ; en 2011, la survenance d’explosions mystérieuses dans la mine souterraine ; en 2013, la pollution d’un canal d’irrigation dont les eaux présentent un taux d’arsenic 450 fois supérieur au seuil de potabilité fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Autant de faits qui ne sont pas pour rassurer les associations locales de protection de l’environnement, lesquelles, à l’instar de certains particuliers, ont déposé plainte pour mise en danger d’autrui.

Concernant le risque sanitaire, l�'excès de cancers bronchiques provoqués par l�'arsenic chez les ouvriers du site fut identifié dès les années 1970. De façon plus générale, l�'exposition des populations riveraines aux polluants industriels fit l�'objet, en 2001, d'�une étude de l�Institut de veille sanitaire concluant (InSV), notamment, à un excès de 80 % de la mortalité par cancer du poumon et de 110 % pour celui du pharynx. "on trouve encore des « zones de dépôts de déchets mal confinées, mal réhabilitées et instables, ou traversées par des sources qui contribuent à maintenir un fond de pollution résiduelle non négligeable dans la rivière Orbiel »

Des solutions existent

Des solutions alternatives comme le recyclage :100% du plomb, 80% du chrome, 70% de l'aluminium, et 43% du cuivre proviennent de nos matériels en fin de vie. Ex : RHODIA recycle les terres rares contenues dans les poudres luminescentes des lampes à basses consommation ; cette technique permet à rhodia selon l'ADEME de récupérer 25 tonnes de lanthane par an et il y a une autre solution simple : réduire la consommation de métaux... il n'y a aucune fatalité à ce que la demande augmente sans arrêt

AVANT APRES

Une exploitation de minerais qui serait souterraine basée sur la chimie