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ECHOS DU NORD Hebdomadaire Gabonais d’informations paraissant le Lundi. 10 e année Change. Believe” Barack Obama N° 278 du Lundi 30 Mars 2015. Prix : 600 FCFA Lire en page 6 L’opposition vit une nouvelle jeunesse Le pouvoir étale son iniquité Lire en page 6 - Il faut sauver le soldatb Akumbu P.2 - Raymond Ndong Sima : «L’avenir appartient à Dieu» P.3 - Succession OBO : Ali Bongo oriente l’affaire dans les égouts P.4 Dans ce numéro Mes chers compatriotes, Les marches pacifiques, les journées de désobéis- sance civile et les grèves générales illimitées que vous observez ces derniers temps prouvent l’enracinement profond de l’idéal républicain dans notre peuple. Malgré mon exil à cent lieues de vous, je me tiens à vos côtés. « L’hirondelle vole haut au ciel, mais ses idées sont à terre », aimait à dire mon grand-père. La révolution est un objectif nécessaire. Nous devons nous atteler à hâter l’heure de notre libération du règne des oligarques et des fossoyeurs de la République. Même si nos capacités politiques peuvent paraître limi- tées, les moyens de tirer partie des situations potentiel- lement explosives ne manquent pas. D’ailleurs, mon aïeul disait : « Le vent aide les personnes sans hache à se procurer le bois de chauffage.» Ayons une claire conscience de l’urgence de changer le fonctionnement de la société dans ses bases. Alors, il nous faut chercher comment gagner ces nouvelles capa- cités. Ne nous résignons pas à l’éclatement de nos forces. Pour que la lutte soit fructueuse, il faut une bonne organisation. Si nous mutualisons nos moyens, nous pouvons faire avancer le mouvement de la révolu- tion. « Ce sont plusieurs rivières qui forment un fleuve », m’expliquait mon papy. Remédions donc à notre faiblesse en coordonnant nos initiatives et en œuvrant à une synergie. Le pouvoir en place est vacillant. Il a déjà montré les signes d’essouf- flement. C’est le moment de mettre fin à son hégémo- nie. Les révolutionnaires ont besoin de sortir de l’om- bre. Mon grand-père me faisait d’ailleurs comprendre que « si tu te laves dans une rivière, ne crains pas que les poissons te voient nu ». (suite en page 2) LETTRE AUX CITOYENS GABONAIS L a sortie de Guy Nzouba Ndama, la semaine dernière, n’a pas laissé indifférentes de nombreuses personnes dans la province de l’Ogooué-Lolo, dite « province sœur », dont l’engagement aux côtés des Bongo Ondimba est légendaire. Non seulement elles ont commenté la déclaration de Nzouba Ndama, l’accusant de trahison, mais en plus, et c’est le plus surprenant, elles estiment que l’Ogooué-Lolo ne peut plus être le marche- pied des Bongo Ondimba, juste bon pour servir d’éternel second et de vivier électoral. Pour les cadres et les nota- bles de nombreux villages qui ont pris part à ce convent, c’est l’heure de l’alternance pour la candidature à la pré- sidentielle. De 1968 à ce jour, c’est le Haut-Ogooué qui a donné les présidents de la République. Il est temps, lais- sent-ils entendre en substance, que la donne change. Les notables avancent qu’ils ont été trop longtemps le soutien- gorge qui porte les mamelles qu’on appelle Haut-Ogooué. Aussi, pour eux, à la prochaine présidentielle, la candi- dature à plébisciter doit être celle d’un fils de leur province. N’en déplaise à Guy Nzouba Ndama. Grogne dans la province sœur Mise des salaires des enseignants sur bons de caisse

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De 1968 à ce jour, c’est le Haut-Ogooué qui a donné les présidents de la République. Il est temps, laissent- ils entendre en substance, que la donne change. Les notables avancent qu’ils ont été trop longtemps le soutiengorge qui porte les mamelles qu’on appelle Haut-Ogooué. Aussi, pour eux, à la prochaine présidentielle, la candidature à plébisciter doit être celle d’un fils de leur province. N’en déplaise à Guy Nzouba Ndama.

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Page 1: Le pouvoir étale son iniquité..#Gabon : .Ali Bongo oriente l’affaire dans les égouts #LeGabonVaTrèsMal#LibéronsLeGabon #DéfendonsNotrePatrie ^FJ

ECHOS DU NORDHebdomadaire Gabonais d’informations paraissant le Lundi. 10e année

“Change. Believe”Barack Obama

N° 278 du Lundi 30 Mars 2015. Prix : 600 FCFA

Lire en page 6

L’opposition vit une nouvelle jeunesse

Le pouvoir étaleson iniquité

Lire en page 6

- Il faut sauver le soldatb AkumbuP.2

- Raymond Ndong Sima : «L’avenirappartient à Dieu»

P.3

- Succession OBO : Ali Bongooriente l’affaire dans les égouts

P.4

Dans ce numéro

Mes chers compatriotes,Les marches pacifiques, les journées de désobéis-

sance civile et les grèves générales illimitées que vousobservez ces derniers temps prouvent l’enracinementprofond de l’idéal républicain dans notre peuple.Malgré mon exil à cent lieues de vous, je me tiens à voscôtés. « L’hirondelle vole haut au ciel, mais ses idéessont à terre », aimait à dire mon grand-père.

La révolution est un objectif nécessaire. Nous devonsnous atteler à hâter l’heure de notre libération du règnedes oligarques et des fossoyeurs de la République.Même si nos capacités politiques peuvent paraître limi-tées, les moyens de tirer partie des situations potentiel-lement explosives ne manquent pas. D’ailleurs, monaïeul disait : « Le vent aide les personnes sans hache àse procurer le bois de chauffage.»

Ayons une claire conscience de l’urgence de changerle fonctionnement de la société dans ses bases. Alors, ilnous faut chercher comment gagner ces nouvelles capa-cités. Ne nous résignons pas à l’éclatement de nosforces. Pour que la lutte soit fructueuse, il faut unebonne organisation. Si nous mutualisons nos moyens,nous pouvons faire avancer le mouvement de la révolu-tion. « Ce sont plusieurs rivières qui forment unfleuve », m’expliquait mon papy.

Remédions donc à notre faiblesse en coordonnant nosinitiatives et en œuvrant à une synergie. Le pouvoir enplace est vacillant. Il a déjà montré les signes d’essouf-flement. C’est le moment de mettre fin à son hégémo-nie. Les révolutionnaires ont besoin de sortir de l’om-bre. Mon grand-père me faisait d’ailleurs comprendreque « si tu te laves dans une rivière, ne crains pas queles poissons te voient nu ».

(suite en page 2)

LETTRE AUX CITOYENSGABONAIS

La sortie de Guy Nzouba Ndama, la semaine dernière, n’a pas laissé indifférentes de nombreuses personnesdans la province de l’Ogooué-Lolo, dite « province sœur », dont l’engagement aux côtés des BongoOndimba est légendaire. Non seulement elles ont commenté la déclaration de Nzouba Ndama, l’accusant

de trahison, mais en plus, et c’est le plus surprenant, elles estiment que l’Ogooué-Lolo ne peut plus être le marche-pied des Bongo Ondimba, juste bon pour servir d’éternel second et de vivier électoral. Pour les cadres et les nota-bles de nombreux villages qui ont pris part à ce convent, c’est l’heure de l’alternance pour la candidature à la pré-sidentielle. De 1968 à ce jour, c’est le Haut-Ogooué qui a donné les présidents de la République. Il est temps, lais-sent-ils entendre en substance, que la donne change. Les notables avancent qu’ils ont été trop longtemps le soutien-gorge qui porte les mamelles qu’on appelle Haut-Ogooué. Aussi, pour eux, à la prochaine présidentielle, la candi-dature à plébisciter doit être celle d’un fils de leur province. N’en déplaise à Guy Nzouba Ndama.

Grogne dans la province sœur

Mise des salaires des enseignants sur bons de caisse

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2ACTUALITéS ECHOS DU NORD N° 278 du Lundi 30 Mars 2015

PS

Attendu depuis août2014, le démarrage dela saison 2014-2015 du

championnat professionnel gabo-nais de football (le National-Foot) a enfin eu lieu samedi 28mars dernier au stade AugustinMonedan, à Libreville. FC 105(Libreville) affrontaitMangasport de Moanda. Les visi-teurs ont empoché la victoire (3-2) en présence du nouveau prési-dent de la Linaf (Ligue nationalede football), Brice MbikaNdjambou, élu la veille. Ledémarrage du National-Foot,malgré le changement à la tête dela Linaf, est loin de signifier lafin des problèmes dus, entreautres, à l’amateurisme et auxdétournements de fonds.

Les joueurs en sont les pre-mières victimes. La responsabi-lité d’Ali Bongo dans cette inor-ganisation est pointée du doigt, àcause du sempiternel retard duversement des subventions pro-mises aux clubs. L’Etat s’estengagé à financer le championnatjusqu’en 2017, à hauteur de 422millions de FCFA mensuels, soit30 200 000 pour chacun des 14clubs.

Le National Foot a vu le jouren novembre 2012, dans la fouléede la CAN coorganisée avec laGuinée Equatoriale. Ali Bongoentendait gagner en popularité ens’appuyant sur le football.

LETTRE AUX CITOYENSGABONAIS

Sport/Démarrage du National Foot

De nouvelles interruptions ne sont pas à exclure

(suite de la page 1)Notre combat commun pour une nouvelle République,

débarrassée des oripeaux qui nous ont maintenus aux anti-podes du progrès, prend désormais un relief singulier.Libreville est la ville emblématique de ce combat de larévolution. Les enjeux sont colossaux, non seulement pourla capitale, pour le Gabon, mais aussi pour toute l’Afrique,dont elle fut longtemps la terre de transit et des flux migra-toires. Libreville doit retrouver, enfin, sa place de ville desesclaves libérés. Nous devons mener ce noble combat pournotre progéniture. « C’est à cause de ses petits que l’élé-phant déblaie les broussailles », m’expliquait mon aïeul,grand chasseur de son époque.

Les fonctionnaires qui font preuve de traitrise et decouardise doivent comprendre que notre salut communpasse par le combat actuel. Qu’ils cessent donc de se com-porter comme de petits lapins à la recherche de la carotte.L’heure est à la solidarité. Ce ne sont pas les miettes que lepouvoir leur propose pour reprendre le travail qui réglerontdéfinitivement leurs problèmes. Mon grand-père me fai-sait d’ailleurs comprendre qu’«on ne gave pas un cha-meau en le nourrissant à la cuiller ».

Que toux ceux qui ne veulent plus de la gestion monar-chique du Gabon sachent que la révolution est l’uniquesésame. Ceux qui appellent à attendre l’élection présiden-tielle de 2016 se trompent. Ce régime ne partira pas parune élection, mais plutôt par la pression de la rue.D’ailleurs, celui qui l’incarne agit sans vergogne, fort deson pouvoir. « C’est parce que l’aigle vole si haut qu’ilpisse sur l’hyène », me faisait remarquer mon papy.

Notre dirigeant a dessiné une actualité consternante cesderniers temps. Il montre que la violence politique est dés-ormais un mode d’action ordinaire pour imposer savolonté de despote au peuple. C’est sans précédent et sanséquivalent dans la vie politique de notre pays. Il nous fautrésister jusqu’au bout. Rassurez-vous, l’outil inédit quenous construisons fait ses preuves dans la durée. Mongrand-père disait : « Celui qui s’assoit longtemps au borddu puits finit par trouver un sceau à puiser.»

Mes chers compatriotes, l’heure est venue pour nous defranchir un palier. Nous devons décider collectivement desprochaines étapes du mouvement de la révolution.Achevons la construction de la machine qui va nous per-mettre de franchir en toute indépendance l’étape décisivesuivante : celle de notre libération. Oui, c’est le moment !Ce régime ne partira pas sans une forte pression populaire.« Le renard qui attend que la poule tombe de l’arbre dortaffamé », m’expliquait mon aïeul.

La responsabilité de chaque citoyen est grande. Noussommes entrés résolument dans la zone des tempêtes quibalaie les dictatures à certaines périodes de l’Histoire.C’est le moment où ce régime qui nous opprime depuis silongtemps doit partir parce qu’il n’est pas du tout capablede jouer un rôle positif pour la société humaine.Corrigeons cette grave erreur de casting. « Le passaged’une personne bancale dessèche le sentier », aimait à diremon papy.

Jonas MOULENDA

PDG : l’Estuaire affûterait-elleses armes ?

Les divergences sur lesprochaines électionss’amplifient au sein

des hiérarques du parti deFaustin Boukoubi originairesde l’Estuaire. Des indiscrétionsont fusé à l’issue d’une réunionpourtant tenue secrète par nom-bre d’entre eux du côtéd’Akanda. Craignant que l’op-position soit tentée de choisiren définitive un natif du 4ear-rondissement de Libreville, ilsont jeté leur dévolu surAlexandre Barro Chambrierpour la prochaine présiden-tielle. Ce d’autant plus que cedernier est auréolé d’une richecarrière internationale : ancienadministrateur du Fonds moné-taire international (FMI) pen-dant 10 ans et très apprécié duprésident ivoirien AlassaneOuattara ; agrégé d’économie,plusieurs fois ministre. Il est

réputé pour ses qualités de tra-vailleur et de surcroît issud’une lignée prestigieuse. Il estle fils du premier docteur enmédecine gabonais propriétaired’une clinique (la CliniqueChambrier). Ce profil particu-lier a emballé plus d’un. Seulhic pour les hiérarques :Chambrier va-t-il se prêter aujeu ? Il semblerait que certainsétudient l’approche pour l’enconvaincre. Affaire à suivre.

Résultat : un projet monté detoutes pièces par des expertsespagnols et portugais ignorantles réalités du foot gabonais, maisgrassement rétribués. Selon desindiscrétions, ils percevraient 2milliards de F CFA annuels.

Le détournement de fonds estfacilité par l’absence de traçabi-lité des subventions. Pour les per-cevoir, les clubs doivent simple-ment disposer d’un terrain d’en-traînement, d’équipes dans toutesles catégories d’âges (minimes,cadets, juniors) et en deuxièmedivision, d’une administration,d’un département comptable etd’un département de communica-tion et marketing. On note unconflit d’intérêts : les membres de

la cellule foot du palais présiden-tiel à l’origine du lancement duchampionnat possèdent chacunun club. Hervé Patrick Opiangahest le président du CF Mounana,Frédéric Gassita celui du FCAkanda (ex-FC Sapin) et CédricMpouho dirige l’AJA FC, qui araté l’accession en D1 l’an der-nier.

Le salaire minimum fixé à 400000 F CFA n’est pas versé inté-gralement aux joueurs. « Lesrares fois où je reçois mon salaireà temps, le 25 du mois, jeconstate plusieurs coupes injusti-fiées. Lorsque je demande lanature de ces coupes, je ne reçoisaucune explication », a révélé unprofessionnel. Depuis juillet der-

nier et la mise en veille du cham-pionnat, les joueurs ne sont toutsimplement plus payés et atten-dent encore des arriérés desalaires et de primes de la saison2013-2014.

Comment, dans ce cas, assu-mer ses charges ? Un joueuraffirme avoir été expulsé de sonlogement pour loyer impayé.Inscrit dans une école privée, sonenfant ne va plus aux cours.Contrairement à d’autres, lui aumoins à un contrat. Il y a absencede statut juridique et de sécuritésociale : les footballeurs profes-sionnels gabonais ne sont guèreprotégés. Seul Mangasport,financé par la Comilog, payedans les temps et fonctionne sanss’en remettre aux subsidespublics. Pour défendre leursdroits et sensibiliser l’opinion,les joueurs se sont regroupés ausein de l’Association nationaledes footballeurs professionnelsdu Gabon (ANFPG).

Le démarrage du National-Foot a été rendu possible grâceau règlement des arriérés desalaires de la saison passée. Maisles joueurs devront attendre leurssix premiers mois de salaire de lasaison 2014-2015. Comment unchampionnat censé se déroulersur onze mois pourra-t-il se dis-puter en quatre mois ? La phaseretour sera-t-elle escamotée ?

Jean Claude Champignon

L’affaire qui défraieactuellement la chroniqueau tribunal de Libreville

et ses corollaires est révélatrice dela déliquescence de l’Etat et sesdémembrements au Gabon. Tousles ingrédients y sont réunis : clien-télisme, manœuvres, trafic d’in-fluence. Pour ceux qui ont pourtantpour métier de veiller à l’applica-tion de la loi, et plus largement aubon fonctionnement de la justice etses règles, c’est désormais la loi duplus influent, donc du plus fort, quidoit prévaloir.

En effet, près de deux semainesaprès que Me Jean-PaulMoubembé s’est vu notifier parhuissier sa radiation du barreau duGabon (lire EDN N°277), leschoses se sont emballées à ne plusrien y comprendre. Ou plutôt l’ons’ingénie à ce qu’il en soit ainsi. Ilexiste désormais ce que l’on pour-rait qualifier d’alliance objectiveentre le bâtonnier et certains avo-cats, des magistrats de la Cour decassation, l’inspection des servicesjudiciaires, le président du tribunalet le parquet de la République. Cesmagistrats et auxiliaires de justicesemblent avoir fait leur cette stra-tégie que Charles Pasqua (hommepolitique français de droite) théo-risa à merveille lorsque son parti leRPR et certains de ses ténors seretrouvèrent empêtrés dans denombreuses d’affaires judicaires :« Lorsque on est impliqué dans uneaffaire, il faut créer une ou plu-sieurs affaires dans l’affaire ainsiplus personne n’y comprendrarien.»

Les faits sont pourtant d’unesimplicité déconcertante. Radié del’Ordre des avocats dans des cir-constances qu’il soupçonne enta-chées de graves irrégularités, MeMoubembé a porté plainte contreX. Suite à cette plainte, le parquetde la République a pris ses réquisi-

Affaire Me Moubembe

Il faut sauver le soldat Akumbu M’Oluna

tions et les a transmises au premierjuge d’instruction et doyen desjuges qui s’en est saisi. Dès lors, defaçon habituelle et régulière, cemagistrat reconnu de tous pour sonsérieux et la qualité de son travaildevait poser les premiers actesd’instruction qui consistent globa-lement à convoquer le plaignant,afin que celui-ci confirme sur pro-cès-verbal les informations conte-nues dans sa plainte écrite, et parailleurs entendre, pour informationd’abord, toutes les personnes quiaideraient à la manifestation de lavérité dans le cadre de son instruc-tion. Dans le cas présent, c’estdonc naturellement les avocatsmembres du conseil de l’Ordre,cosignataires présumés de la déci-sion de radiation d’un des leurs,qui devaient être entendus. Contretoute attente, c’est le déroulementde cette séquence classique queMe Akumbu M’Oluna, le bâton-nier, et les avocats du conseil del’Ordre sont entrain de transformeren affaire d’Etat. Mais commentrechercher un début de commence-ment de la vérité dans cette affairesi les présumés signataires de cettedécision collégiale ne sont pasentendus ? Les avocats seraient-ilsau-dessus de la justice ?

Mieux, déplaçant le débat, MeAkumbu M’Oluna et quelques-unsde ses confrères enchaînent confé-

rences de presse, sièges au cabinetdu ministre, à la Cour de cassationet à l’inspection générale des ser-vices judiciaires, pour ne pasrépondre à une convocation d’unjuge d’instruction et, comble detout, créer donc une autre affairedans l’affaire. Dans un scénario àrebondissements digne des meil-leurs polars américains, la radiationde Me Moubembe et la contesta-tion de celle-ci par l’intéresséauprès du tribunal de Librevillesont transformées en affaire bar-reau /Cour de cassation/inspectiondes services contre le premier juged’instruction ! Belle prouesse !

Le but de la manœuvre est dou-ble : faire un tel raffut (grève desmagistrats au palais de justice,etc.), de sorte que tout le monderecherche en priorité « l’apaise-ment ». Ainsi, les circonstancesdans lesquelles la radiation de MeMoubembe a été décidée devien-dront secondaires, sinon oubliées.Et au passage déstabiliser unmagistrat qui manifestement n’estpas suffisamment sensible auxpressions et autres trafics d’in-fluence dans lesquels excellent dés-ormais le tribunal de Librevilledans toutes ses principales compo-santes.

Après la radiation de MeMoubembé, c’est désormais la sus-pension de madame le doyen desjuges d’instruction qu’exigent, àl’unisson, le conseil de l’Ordre desavocats, Me Akumbu en tête, leprésident du tribunal, la Cour decassation et même l’inspection desservices.

En effet, dans leur stratégie dediversion, les avocats vont obtenirdeux soutiens aussi curieux qu’im-portants. D’abord celui de la Courde cassation, en la personne deThéodule Ndong Nkoghe, prési-dent de la 3echambre de la Cour decassation. Ce dernier prend la res-ponsabilité d’interférer dans le tra-

vail d’un juge d’instruction en exi-geant l’arrêt des diligences aumépris de la règle cardinale de l’in-dépendance totale du juge. Ensuitede madame Libizangomo, inspec-trice des services judiciaires, qui sedéplace en personne au tribunalpour marquer son soutien à MeAkumbu - son cousin, paraît-il.Ceci explique peut-être cela. Et sesacolytes qui ne veulent toujours pasdéférer à une convocation d’unjuge d’instruction. Mieux, le prési-dent du tribunal s’est visiblementaligné sur cette stratégie. Quecherche-t-on à cacher ainsi finale-ment ? Me Moubembe aurait-ilalors raison de crier au complot ?

Comment comprendre que leprésident de la 3e chambre de laCour de cassation puisse s’immis-cer de la sorte dans cette procédure? Qui l’a saisi et sous quelle forme? Comment s’est il jugé compétentpour statuer ? Son action inter-vient-elle après une décision de laCour d’appel ?

Comment comprendre quemadame l’inspectrice des servicesjudiciaires, le « gendarme des ser-vices de la magistrature », déploietoute son énergie aux fins que soncousin, le bâtonnier, ne défère pas àune simple convocation pour infor-mation et en vienne plutôt à orches-trer la suspension d’un magistrat.

En s’attardant un tant soit peusur la position insolite de ce bâton-nier, Me Akumbu M’Oluna est leseul avocat fonctionnaire au bar-reau du Gabon, enregistré sous lematricule 068996 E, percevant1202918 FCFA virés mensuelle-ment dans son compte Bicig No029900400024 2. Ceci en violationflagrante de l’article 47 notam-ment, qui consacre l’incompatibi-lité absolue entre l’exercice de laprofession d’avocat et le statut defonctionnaire.

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3POLITIQUE ECHOS DU NORD N° 278 du Lundi 30 Mars 2015

Echos du Nord : Vous présentezvotre livre « Quel renouveau pourle Gabon ? » comme une contribu-tion pouvant servir de base deréflexion pour redresser un Etatdéliquescent et dysfonctionnel.Mais d’un bout à l’autre de cetouvrage, vous semblez soutenirque redresser le Gabon relèvequelque peu d’une mission impos-sible. Vous le justifiez par exempleà travers le sens qu’a pris la transi-tion qui s’est opérée en 2009 : lechangement dans la continuité. Cequi, pour vous, est réfractaire àaccueillir des réformes qui, elles,nous vous citons en page 195, «appelaient plus d’Etat de droit ». Apartir de là, est-ce que ce livre n’afinalement pas pour but de répon-dre à la critique qui vous a été faitesur les limites et l’incapacité àimpulser une réelle dynamique degouvernance durant votrePrimature ?

Raymond Ndong Sima : Vousfaites une mauvaise lecture de monlivre qui comprend trois parties. Ilcommence dans les deux premierschapitres par une présentation ducontexte général (chapitre1) et per-sonnel (chapitre 2) en 2009. Il abordeensuite du chapitre 3 au chapitre 7l’analyse de différents problèmes quivont de la gestion courante aux ques-tions sociales, en passant par la struc-ture de l’Etat et le cadre institution-nel. Il était normal de le terminer parune ouverture sur le futur. Il y a bieneu changement au sommet de l’Etaten 2009. C’est un fait. Ce change-ment s’est opéré dans la continuitépuisque, autour du nouveau prési-dent, sont restés en place tous lesautres personnages principaux del’Etat. C’est pourquoi le premier cha-pitre qui présente l’état des lieux dedépart doit être distinct de ce qui s’estpassé par la suite. Ce livre bien sûr,répond aux questions qui m’ont étéposées et aux critiques dont j’ai faitl’objet. Il explique surtout, de monpoint de vue, les mécanismes à l’ori-gine des blocages qui ont gêné monaction. Nulle part, dans ce livre, je nedis que redresser le Gabon relève del’impossible. Il y a une distinctiontrès nette entre l’identification d’unobstacle et l’affirmation que l’obsta-cle identifié est insurmontable. Ondoit et on peut redresser notre pays.Quand je cesserai de le croire, je sor-tirai de la vie publique.

Dans cet ouvrage, vous décrivezdes principes constitutionnels quiconsacrent la prépondérance duprésident de la République surtout le processus décisionnel del’Etat. D’entrée, vous dites dans lechapitre 3 que l’article 28 est « unedes nombreuses dispositions de laConstitution gabonaise qui selimite à une tournure de style, sansplus ». Puis, vous montrez claire-ment ce pouvoir absolu du prési-dent de la République dans le cha-pitre 6 (PP 135-138) en évoquantles articles 8 et 15. Dans cecontexte, vous laissez entendrequ’un Premier ministre n’est pas

Jean Michel Sylvain utile en République gabonaise.Alors pourquoi avez vous acceptéle poste ? Pour les honneurs ? Parcalcul politique ?

Vous dites que je laisse entendrequ’un Premier ministre n’est pas utileen République gabonaise. Cetteconclusion est regrettable et préjudi-ciable à l’idée développée dans lelivre. Je vous invite à relire les pages59 à 61 dans lesquelles j’aborde cettequestion. Puisque vous me citez, lais-sez-moi vous renvoyer à la conclu-sion du chapitre 6. « Il faut ou bienconstater le caractère inconstitution-nel de certaines pratiques et y mettreun terme, ou bien modifier laConstitution pour mettre en cohé-rence les textes et les pratiques. »Cette conclusion montre que je n’aipas un parti pris, que je n’ai pas depréférence pour l’une ou l’autreforme. Je suggère qu’un choix clairsoit opéré entre un régime présiden-tiel et un régime parlementaire. Ceque je relève, c’est l’ambiguïté quimet entre les mains du Premierministre des responsabilités qu’il n’apas, en pratique, les moyens d’assu-mer. Les problèmes que je soulève icivont au-delà de la personne du prési-dent actuel et du Premier ministre. Ilssont créés par l’écriture de laConstitution. Les articles que je citen’ont pas été modifiés depuis 2009.Ils étaient déjà ainsi rédigés bienavant. Pourquoi avoir accepté lafonction ? Mais j’y réponds aussidans le livre. Parce que le projet desociété du nouveau président plaçaitles réformes au cœur de son action.Parce que j’avais la conviction que jebénéficierais d’une confiance etd’une marge de manœuvre minimalepour agir sur les questions techniquesdans lesquelles je me sentais d’ail-leurs plus à l’aise. Pour ce qui est deshonneurs et des calculs je les laisse àd’autres.

Pendant deux ans et demi, vousêtes membre du gouvernement encharge de l’Agriculture et del’Economie rurale. Ce qui sous-entend que vous étiez au fait de lacacophonie qu’engendraient desdispositions de la Loi fondamen-tale sur les attributions du PM etdu PR. Malgré tout, vous décidezde donner corps à la réforme dontle pays a besoin et qui, selon vous,et là on revient à la page 78, «n’était pas réductible à la volontéd’une personne, fût-ce le chef del’Etat (...) mais devait se concevoircomme une synthèse des aspira-tions des différentes couchentsociales, etc. » Soit. Vous exprimezcette volonté de consultation natio-nale dans votre discours de poli-tique générale. Puis vous osez lamettre en route. Quelles ont été vosmotivations réelles sachant trèsbien qu’un PM n’est qu’une sortede baudruche en Républiquegabonaise ? Faire bouger les lignes? Défier l’ordre établi ?

Votre question est surprenante àplus d’un titre. En tout premier lieu,un ministre est dans une équipe diri-gée par un Premier ministre. Il n’estpas témoin des échanges entre le chef

du gouvernement et le chef de l’Etat.Soit dit en passant, tous les échangesne relèvent pas de la cacophonie. Ensecond lieu, la déclaration de poli-tique générale intervient 45 jours auplus après la nomination du Premierministre. Je pensais que vous tireriezune autre lecture de l’histoire de notrepays pendant cette période. Beaucoupavaient annoncé que mon initiativeétait une récupération de l’idée d’uneconférence nationale souveraineappuyée par le président français. Lelivre a d’abord voulu restituer les faitssur ce point en montrant que cetteidée de consultation figurait dans madéclaration de politique généraleavant l’arrivée du président Hollandeau pouvoir en France. Le livre aensuite montré qu’aucune confirma-tion publique n’a été donnée par lapartie française sur l’appui à cetteconférence nationale souveraine.Quelles pouvaient être mes motiva-tions deux mois seulement après maprise de fonction ? Je cherchais rapi-dement à remettre l’administration etl’Etat, fers de lance de la mise enœuvre de tout projet de société, surles rails en m’attaquant à la difficultéprincipale dès mes premiers pas dansla fonction. C’est ainsi que j’ai pro-cédé dans toutes les entreprises quej’ai été chargé de restructurer. C’étaitlà une logique de gestion.

Sur la question qui précède,d’aucuns pensent que vous avezfait montre de naïveté politique.

En quoi la régularisation des situa-tions administratives des fonction-naires a-t-elle été une démarche naïve? Avec de telles considérations, fina-lement le plus simple c’est de neprendre aucune initiative. De cettemanière, on ne s’expose à aucunrisque.

Vous dites à la page 61 : «Lorsque j’ai accédé à la Primature,j’ignorais tout des contradictionsinhérentes à cette fonction.» Etdans le même temps, vous recon-naissez que la question de laréforme de l’Etat était revenue sys-tématiquement dans les discours de

politique générale de vos prédéces-seurs et que, partant, elle vous « afortement incité à la prudence etsuggéré » de vous «méfier des certi-tudes». N’est-ce pas ambivalent ?

Toute personne qui accède à unefonction et surtout qui remplace uneautre personne dans une fonctioncommence nécessairement par sedemander quelles erreurs son prédé-cesseur a pu commettre ou, tout aumoins, à se demander sur quel pointson prédécesseur a pu être moins per-formant. Je crois que la rédactiond’une déclaration de politique com-mence par un large exercice de ques-tionnement qui va au-delà desdomaines de compétence naturels decelui qui est appelé à la faire. C’estensuite un exercice de synthèse tantsur le plan de la rédaction que par rap-port aux engagements que l’on prend.Le moins que je pouvais faire c’étaitde lire et même de relire les déclara-tions de politique de mes prédéces-seurs et cette lecture m’a conduit auxconclusions que vous évoquez.

Dans votre diagnostic de l’étatdu Gabon, vous affirmez, concer-nant l’Agence nationale des grandstravaux (P.171), qu’elle « s’est par-ticulièrement illustrée par un dis-cours très éloigné de ses pratiques(…). Elle n’a cessé de se rendrecoupable d’irrégularités et autresviolations de la loi ». Pouvez-vousdécortiquer cela pour nos lecteursqui n’ont pas pu avoir votreouvrage ? Le système des agencesétait-il une réforme à faire ? Si nonpourquoi ? A la pratique, quel en aété le handicap majeur ?

Je crains de me rendre ennuyeuxen renvoyant les lecteurs à mon livre.Pourtant, je n’ai pas d’autre solutionque de vous renvoyer à ce que j’aiécrit à ce sujet. Je dis clairement quel’ANGT s’est régulièrement affran-chie du Code des marchés publics enpassant de nombreux marchés enentente directe. Cette façon de faire aconduit à un accroissement des coûtsdes projets et non pas, comme celaaurait du être le cas, à leur réduction.

« L’avenir appartient à Dieu », déclare l’ancien Premier ministre Raymond Ndong Sima, au sujet de son avenir politique.

Raymond Ndong Sima a été Premier ministre du Gabon de février 2012 à janvier 2014 et ministre de l’Agriculture avant cette fonction. Auparavant, il a écumé l’administration gabonaise où il a ététour à tour chargé d’études au ministère de la Planification, directeur des synthèses économiques puis conseiller du ministre de la Planification. Ndong Sima a ensuite été directeur général del’Economie, enseignant à l’Institut de l’économie et des finances (IEF) et à l’Institut national des sciences de gestion (INSG). Entre les charges administratives et les cours qu’il dispense, RaymondNdong Sima intervient également dans des conférences et colloques internationaux, aux côtés des sommités comme Raymond Barre. Une carrière administrative et de chercheur en économétrie,agrémentée de nombreuses distinctions. A 36 ans, il est élevé dans l’Ordre du Mérite français.

Ndong Sima - c’est par son patronyme que les Gabonais le désignent souvent - embrassera ensuite une carrière de chef d’entreprise dans le parapublic. En 1991, il est nommé PDG chargé de larestructuration de la Compagnie forestière du Gabon (CFG). En 1999, il est désigné pour la restructuration du Transgabonais, au poste de directeur général, cumulativement avec la présidence duconseil d’administration pendant un an. Il revenait d’Hévégab où il avait été nommé en 1994. Au bout de cette longue carrière qui s’interrompt en 2001, il se mettra à son compte, en créant la com-pagnie de transport Voyages et Loisirs des Tropiques. C’est de là que, de façon inattendue, il est appelé au gouvernement comme ministre de l’Agriculture, en octobre 2009. Aussi, celui qui poseavec clarté les bases d’un diagnostic de l’Etat est-il une voix autorisée, nourrie d’une longue et riche expérience. Sans exagération, peu ou personne avant lui n’avait osé passer au tamis le fonc-tionnement de l’administration gabonaise et faire ressortir ses scories comme il le fait dans « Quel renouveau pour le Gabon ? » Les personnes les plus lucides accueilleront cet ouvrage avec toutel’objectivité qu’il mérite. Les moins lucides l’entoureront de critiques banales et de subjectivité. Le but de cet entretien était, après avoir entendu d’autres sons de cloche, de décortiquer la critiquebanale pour se mettre sur les voies de réflexion pour un « renouveau pour le Gabon » sur lesquelles nous mènent ce républicain convaincu.

Quant au principe de création desagences, il n’a pas été inventé auGabon. Beaucoup de pays dans lemonde ont fait ce choix d’organisa-tion. Par contre, ce choix exige uneséparation claire entre les missions deconception et celles d’exécution. Ilexclut que des acteurs soient à la foisjuges et parties. Ceux qui conçoiventun projet sont, dans ce cas, différentsde ceux qui l’exécutent qui, eux-mêmes, sont différents de ceux quicontrôlent cette exécution. Sinon, leschoses risquent de se passer entreamis, entre copains. Enfin la créationdes agences n’est pas l’occasion d’ac-croître les salaires des uns (agences)tandis que ceux des autres (minis-tères) restent en l’état.

Parlant du volet économique,vous relevez dans votre ouvrage(P.73) que « la mise en œuvre del’ambitieux programme du prési-dent en exercice avait suscité beau-coup d’espoir mais les ressourcesconsidérables qu’il exigeaitn’étaient pas disponibles ». En finde compte, ce programme a-t-il étébien pensé ? Quelles en étaient lesinsuffisances ?

Un programme est un ensemble deprojets dont la taille peut-être agran-die ou au contraire réduite, en un motajustée aux moyens effectivementdisponibles. Lorsque ce plan a étélancé, on n’a pas clairement identifiéles ressources qui étaient disponibles.Par conséquent, il n’a pas été possiblede déterminer son envergure. C’estpourquoi on a du mal, domaine pardomaine, à voir comment il s’exé-cute.

Dans l’analyse budgétaire, vousdites (P.124) que «depuis 2009, c’estl’endettement qui est devenu lavariable d’ajustement». Commentcela s’est-il traduit d’année enannée ? Quel est l’état actuel dudéficit budgétaire ? Pourquoi doit-on en être préoccupé et inquiet ?

Lorsqu’un pays arrête son budget,il se fixe un niveau de dépenses defonctionnement et d’investissement.Si les recettes sont insuffisantes, lepays choisit soit de réduire certainesde ses dépenses en gardant un niveaude dette donné, soit de s’endetter pourcouvrir l’ensemble des dépenses sou-haitées. L’impression que donnent lesbudgets depuis 2009, c’est qu’on achoisi de s’endetter pour couvrir leniveau des dépenses qu’on s’est fixé.Ce n’est pas grave en soi lorsque laconjoncture est bonne. Par contre,lorsque les recettes se dégradent rapi-dement, la situation du pays peutdevenir intenable. C’est ce genre desituation qui, dans le passé, nous aconduits à demander le rééchelonne-ment de notre dette publique devantle Club de Paris. C’est lui qui a ouvertla porte aux programmes d’ajuste-ment si souvent décriés avec le FMI.

Quelle est votre analyse desmouvements sociaux actuels ?Peut-on continuer d’affirmer quele Gabon n’est pas en crise ? Celle-ci peut-elle dégénérer ?

Les mouvements sociaux actuelsne sont pas nouveaux dans leursmotivations. Ils se sont par contreamplifiés. Lorsque j’étais Premierministre, j’ai fait face à de nom-breuses grèves et je me suis évertué àinstaurer le dialogue avec les parte-naires sociaux. Autant que je m’ensouvienne, les revendications des par-tenaires sociaux portaient notammentsur les niveaux des rémunérations, lesconditions de travail. Sans douted’autres se sont ajoutées depuis lors.Certaines de ces revendications sontfondées. Il est exact que certainessalles de classe sont à ce point bon-dées que les enseignants qui en sontchargés ont des conditions de travailinsupportables. C’est vrai dans lecycle primaire. C’est aussi vrai dansle cycle secondaire. C’est encore vraidans l’enseignement supérieur. Quedire de la préparation de leurs cours etdes corrections de copies dont lenombre ne permet pas d’accorder àchaque apprenant l’attention dont il abesoin. D’un autre coté, les élèves etleurs parents sont dans l’angoisse dela perte d’une année scolaire avec lesdépenses effectuées en début d’annéeen fournitures, tenues, etc. Je n’ai pasentendu dire que quelqu’un contestaitl’effectivité de cette effervescencesociale. Et je crois, oui, que la situa-tion peut dégénérer. Je crains, je nem’en cache pas, que les échauffou-rées à répétition entre les manifes-tants et les forces de l’ordre ne déra-pent de nouveau comme ce fut triste-ment le cas le 20 décembre 2014.

Vous êtes député du canton Kyéet membre du conseil départemen-tal du Woleu. Comment va sedérouler votre avenir politique ?

L’avenir appartient à Dieu.

De nombreux Gabonais parlentde votre sortie du PDG suite à votredémission du bureau politique dece parti. Et avec la parution de celivre, il faut le dire, à charge sur lespratiques du régime Ali Bongo, lescommentaires dans ce sens vont ens’amplifiant. Ne serait-ce en défini-tive que de la simple spéculation ?

J’ai écrit une lettre de démission.J’ai donné les raisons de la décisionque j’ai prise. Pour le reste et commeje viens de vous le dire, l’avenirappartient Dieu.

En guise de mot de la fin, quelleperception souhaiteriez-vous que lelecteur ait de votre livre ?

Je souhaite que le lecteur retienneque ce livre est une contribution à lacompréhension des évolutions encours dans notre pays. Pour envisagerun autre futur, il faudra passer aupeigne fin les périodes récentes et leserreurs qui y ont été commises. C’està ce prix que nous les éviterons et quenous nous inscrirons dans un proces-sus d’amélioration continue et dansune meilleure trajectoire. Je vousremercie.

Propos recueillis par Zang Memine

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ECHOS DU NORD N° 278 du Lundi 30 Mars 2015 4POLITIQUE

La presse de « caniveau »d’ABO et d’Alain ClaudeBilié By Nzé a réagi. Suite à

la saisine de OnaïdaMaïsha BongoOndimba, à qui leparquet de Nantes, àce que l’on sache désormais, arépondu, le 16 mars, qu’il ne pouvaitaccéder à sa demande pour obtenirl’acte de naissance de sa petite majestéAli Bongo Ondimba. La renvoyant aunotaire de la succession qui, lui, esthabilité à effectuer la démarche auprèsdes archives d’état civil de Nantes. Adéfaut de cette démarche, elle a aussi lalatitude de saisir le tribunal de grandeinstance en référé dans une procédured’urgence. Ce qu’elle s’est engagée àfaire, d’après les déclarations de sonavocat, Me Eric Moutet. Qui, du reste,a souligné qu’un documentde 2014(publié par Mediapart) faisait savoir

Ramses Frank

SYA, envoyé spécial

que « l’acte de naissance d’Ali Bongodont vous demandez la délivrance nefigure pas dans les registres du servicecentral d’état civil». On en était làlorsque sa petite majesté va entraînercette affaire dans les égouts et tenter del’y maintenir. Et embrouiller l’opinionpar la suite.

La démarche de Onaïda Maïsha

Bongo Ondimba s’explique par la len-teur (6 ans) de son demi-frère, AliBongo Ondimba (sa petite majesté),cadet de la lignée et « légataire univer-sel » dans la succession, à présenter sonacte de naissance. Habitée par le douteque suscite ce qui, du retard, va appa-raître comme des réticences, elle entre-prend d’y voir clair. Ce qui est normal,car à l’issue de cette vérification, l’as-surance sera donnée que les enfants defeu Bongo Ondimba, en dehors deceux qui avaient été clairement adop-tés, ne partagent pas l’héritage avec unintrus. Ced’autant plus qu’une infor-mation majeure est intervenue, disantque des montants de la manne laisséepar OBO (à savoir une soulte en numé-raire d’un peu plus d’une vingtaine demilliards) avaient déjà fait l’objet d’unpartage. Et ce partage a suivi la clé derépartition du testament : la moitié auxlégataires universels (sa petite majestéet Pascaline), plus un cinquante-qua-trième de l’autre moitié au même titreque les autres. A partir de là, cette réa-lité ne peut-elle pas susciter des inquié-tudes chez un ou plusieurs des héritiers,qui pourraient, in fine, chercher àsavoir avec qui ils partagentl’argent deleur défunt père ?

Avec qui les héritiers OBOpartagent-ils la manne?

Mais il y a autre chose. Au stadeactuel de la succession,Ali BongoOndimba, au vu des éléments stupé-fiants dévoilés par Mediapart, n’ayantpu produire un document authentiquede filiation (acte de naissance régulier,ou jugement d’adoption),ne saurait êtrepris en compte par cette succession.Pour l’avoir intégré, probablement àl’insu des autres héritiers,MeRolongoué, premier notaire chargé dela succession à Libreville, réputéeproche de Pascaline Mouyabi, devenueBongo Ondimba, est passible de pour-suites par tous les autres héritiers, quiont été contraints d’établir leur filia-tion.Tout comme en désignant un nou-veau notaire pour représenter ses inté-rêts dans la succession, l’on sedemande au nom de quoi il peutagir,sachant que légalement la filiationd’Ali Bongo reste sujette à caution ?Aussi, comment peut-il avoir en sa pos-session des dossiers issus du braquagedu cabinet de Me Rolongoué ?Simplesquestions de bon sens. Mais des ques-tions de bon sens qui, à la longue, vontamener à se poser de bonnes questionssur la nature de ce testament.

La démarche de Onaïda a égalementété mise en lumière par l’époux de samère, Paul-Marie Gondjout,lors de laconférence de presse qu’il a donnée,suite à la sortie de ce qu’il a appelé une« presse de caniveau ». Il dit d’abordque « concevoir l’oppression c’est met-tre au monde le mal, c’est faire sortirde son ventre la tromperie ». Il ajoute :«La tromperie, oui, c’est bien ce dont ils’agit ici. Tromper les Gabonais pourmasquer ses faiblesses, fuir la réalité,et détourner l’attention des citoyensdes vrais problèmes. » Et de poursuivre: « Si cette polémique perdure c’estparce que Ali Bongo Ondimba refusede faire la lumière sur ses vrais docu-ments de naissance. Cela empoisonnele climat politique national, il empoi-sonne maintenant sa vie privée dans lecadre de la succession de son père tel-lement sa vie publique, pour ne parlerque de celle-là, est truffée de men-songes, contre-vérités et dissimula-tions. En tergiversant autant, noussommes fondés de croire à une vérita-ble imposture à moins que, profitant del’opportunité que lui offre le procureurde la République de Nantes, il envienne à nous sortir encore un autreacte car en lisant bien le rendu de ladécision du procureur, il dit : ‘’Je

regrette de ne pouvoir donner suite àvotre demande de copie de l’acte denaissance de Monsieur Ali BONGOONDIMBA ou Alain Bernard BONGOné le 10 février 1959 à Brazzaville… lecas échéant sur mandat exprès de per-sonnes autorisées par la loi ou desautres légataires universels, le notairechargé de la succession pourra obtenirla délivrance de cet acte…’’ Cette foisAlain Ali Bongo serait né le 10 février1959 et non plus le 9 février 1959, déci-demment ! »

Test ADN

En guise de réponse aux Bilié-By-Nzé et autres masqués derrière « LeDouk Douk », Onaïda a déclaré qu’elleétait prête pour un test ADN. Chosesimple aussi,faire passer le test auxautres enfants de feu Bongo Ondimba,à savoir Christian Bongo Ondimba,Onaïda Bongo Ondimba, sa toutepetite majesté Ali Bongo Ondimba,Pascaline…, et prendre Fidèle Andjouapour toute concordance avec sondéfunt frère Omar Bongo Ondimba. Etla vérité sera établie. Ali Bongo va-t-ilrelever le défi ?

Succession OBO

Ali Bongo oriente l’affaire dans les égouts

Oyem

Jean-Christophe Owono Nguema appelle à un dialogue inclusif Le 6e vice-président du Sénat, accompagné du vice-président du groupe parlementaire de l’Union nationale

(UN) au Sénat, a tenu un meeting à Oyem, à la place dite « Corps de Garde », derrière la tribune officielle.

La présence dissuasive d’uncamion chargé de policiersdevant la tribune officielle et

l’occupation par certains éléments dece corps de ladite tribune n’y ont rienfait. Le peuple d’Oyem est allé massi-vement à la rencontre de ses sénateurs.Le temps, qui s’annonçait pluvieux, abrusquement changé au moment oùles élus s’apprêtaient à délivrer leurmessage. On aurait dit qu’une bonnefée veillait. Il fallait tout faire pour nepas gâcher la fête.

Les deux personnalités ont reçu unsoutien de poids. Celui de MartinEdzodzomo Ela, venu spécialement deLibreville pour la circonstance.L’engouement était perceptible. Il suf-fisait de voir les militants de l’Unionnationale (UN) arborer fièrement leurstee-shirts de circonstance. Certainsn’hésitant pas à faire un bras d’hon-neur aux policiers en tenues anti-émeutes.

Le message fut à la hauteur de l’en-jeu du moment. Jean-ChristopheOwono Nguema, notamment, s’estrésolument inscrit dans la logique detout faire pour « pour mettre à néant lesystème Bongo ». Dans son esprit, «c’est lui qui est responsable du malactuel du Gabon ». Un positionnementqui n’est pas encore majoritaire dansl’opposition. Beaucoup déploientbeaucoup d’énergie pour chasser avantterme Ali Bongo Ondimba du pouvoir.Ce dernier s’étant rendu coupable deparjure et de faux et usage de faux.Pour Jean-Christophe OwonoNguema, ce sont là certes des faits trèsgraves, mais ce serait une erreur straté-gique pour son camp de se focaliserprincipalement sur ces seuls éléments.Car, dira-t-il, « ce n’est pas Ali BongoOndimba le véritable problème. C’estle système PDG mis en place par sonpère qu’il faut abattre. Si Ali BongoOndimba s’en va comme tout le laisseprésager, si un autre membre du PDGse présente à sa place dans les condi-tions actuelles, avec la même Cenap,la même Cour constitutionnelle, lemême Code électoral, les mêmes fonc-tionnaires aux ordres à la tête desdémembrements de la Cenap, la mêmearmée avec ses réflexes de défendre le

Sophie Beuve Mery

Union du peuple gabonais

Mathieu Mboumba Nziengui à la porte

Le collège des pairs adécidé à l’unanimité.Mathieu Mboumba

Nziengui, secrétaire exécutif del’Union du peuple gabonais (UPG),est destitué. Cette décision a étéprise au cours d’une assembléegénérale organisée le samedi der-nier au siège du parti. Le grief quilui est adressé est le prolongementde l’intérim consécutif à la dispari-tion du président fondateur del’UPG, Pierre Mamboundou, enoctobre 2011.

Ainsi, Mathieu MboumbaNziengui a violé la décision n°0085/UPG/CSE/SE du 23 décem-bre 2014 portant création organisa-tion, composition et fonctionne-ment de la commission chargée depréparer le premier congrès ordi-naire de l’UPG. En effet, alors queles préparatifs du congrès ordinaireavaient déjà bien avancé, le secré-taire exécutif, par une note d’infor-mation adressée le 21 mars dernier,a suspendu unilatéralement les réu-nions. Un acte qui a été mal perçupar ses coreligionnaires, qui y ont

Le départ de René Ndemezo’o Obiang du Parti démocratiquegabonais (PDG) a eu un effet négatif au-delà de ce que l’on pou-vait imaginer. Ali Bongo Ondimba a rajouté une louche en pre-

nant une mesure qui donne l’impression qu’il a décidé de ne pas s’appuyersur Emmanuel Ondo Methogo pour gérer le département du Ntem. Lorsde la réception qu’il a donnée à l’occasion du 47e anniversaire du PDG à18 membres du comité des sages, à raison de 2 par province, le choix du«distingué camarade» s’est porté curieusement sur Francis Ntolo’o Eya,qui n’est pourtant pas membre dudit comité. Laissant ainsi de côtéEmmanuel Ondo Methogo et François Engongah Owono, les deux autresmembres qui avaient leurs places à ce banquet aux côtés de FrançoisOwono Nguema.

A cela, il faut ajouter que, depuis quelques jours, des informationsconcordantes visant à prouver que Daniel Ona Ondo aurait proposé au dis-tingué camarade deux noms pour prendre la place laissée vacante parRené Ndemezo’o Obiang. Encore une fois, le nom de Francis Ntolo Ey’aapparaît en bonne place à côté de celui de Pastor Ngoua N’neme, l’actuelministre de l’Economie numérique. Face à une telle perspective, les pédé-gistes du Ntem avouent, sous cape, qu’ils se retrouvent devant l’obligationde choisir entre la peste et le choléra. Si Pastor Ngoua N’neme sort du cha-peau, cela reviendrait à signer l’arrêt de mort du PDG à Bitam. L’hommen’a pas la même carrure que son ancien mentor, René Ndemezo’o Obiang.Il a, en outre, le handicap de ne pas appartenir au clan majoritaire dans lacommune, les Essandone. Dans un pays qui a sanctuarisé la géopolitique,on obtient difficilement un mandat lorsqu’on sort d’un clan minoritaire.Les Essangui sont minoritaires dans la commune. Il leur sera difficile defaire accepter aux Essandone que leur heure a sonné. D’autant qu’il n’y apas eu de passage de témoin. Par son comportement, le ministre cultive,lui aussi, l’art de tirer des balles aux pieds. Ce qui ne le rend pas spéciale-ment populaire. Un ancien cadre du PDG qui a géré ce parti au niveau pro-vincial en sait quelque chose. Il a eu « des échanges très vifs » avec leministre au village Mengan, à Bitam. La scène s’est produite lors de lacampagne de préparation de la mission de la déléguée de l’UJPDG dansle Woleu-Ntem.

L’autre choix qui comporte les prémices de la mort du PDG dans leNtem est celui que semble privilégier le chef de l’exécutif, à savoir la per-sonne de Francis Ntolo Eya’a. Or, ce dernier entretient des relations notoi-rement exécrables avec le dernier baron du coin, Emmanuel OndoMethogo. Pas sûr que dans ce schéma, le 3e vice-président du Sénat soitdisposé à l’accompagner sur le terrain pour reconvertir Bitam au PDG. Onpeut même parier le contraire. En outre, Ntolo Eya’a a maille à partir avecles éminences du PDG émergent. S’il est aux avant-postes, il peut-être sûrde les croiser sur son chemin.

Reste la raison, si elle a encore sa place au PDG. Elle impose à ce parti,s’il ne veut pas disparaître de la scène départementale, à opter pour unetroisième voie. A ce jeu, des ambitions se font déjà jour. Trois personnali-tés arrivent en tête d’affiche : Flavienne Nfoumou Ondo, cadre au Conseilgabonais des chargeurs (CGC). Elle a l’avantage de compter parmi ses trèsproches l’actuel ministre des Affaires étrangères, Emmanuel IssozeNgondet. L’homme, qui pourrait, sous peu, remplacer Daniel Ona Ondopeut peser pour faire basculer les destins. Reste qu’elle devra compter surdeux frères de René Ndemezo’o Obiang qui semblent pour l’heure fairetoujours confiance au PDG. Macaire Edzang Zué, ancien cadre de GabonPoste, et Pascal Boileau Obiang Ondo, haut fonctionnaire affecté à laPrimature. Boileau a toujours essayé de ravir le poste de député à songrand frère « René », sans succès jusque-là. Cette ténacité peut convain-cre le clan de lui passer le flambeau. Quant à Macaire, il est resté fidèle à« René » jusqu’au bout. A ce titre, il connaît « la maison René » dans tousles recoins et peut être celui vers qui convergent « les orphelins ». S’il enreste du PDG.

En face, René veut faire la démonstration qu’il demeure le patronincontesté. S’il n’est pas lui-même en position d’y aller, sans aucun doutequ’il se lancera à corps perdu dans cette bataille pour garder le poste dedéputé dans son giron.

AP

système contre le peuple, il aura toutesles chances de l’emporter. Le systèmese charge de le faire gagner ». Aussi,lance-t-il un appel pressant à l’endroitde ses amis, notamment les membresde l’UN, « pour qu’ils se battent pourla mise en place des outils de la trans-parence politique ». Dans son esprit,cela suppose « la réforme en profon-deur de la Cour constitutionnelle ». Cequi évitera de se retrouver dans lasituation incongrue dans laquelle leGabon est vautré depuis belle lurette ;où la belle-mère d’Ali BongoOndimba se retrouve en position de «juge des élections ». Surtout que par lepassé, elle a fait la démonstration quecette institution et elle-même pen-chaient toujours du même côté : celuidu PDG. Même s’il faut pour cela vio-ler la Constitution comme elle l’a faiten s’attribuant des pouvoirs législatifsen 2006. Pour Jean-ChristopheOwono Nguema, la fin du systèmepasse également par « la mise en placed’un vrai système biométrique ».L’actualité récente lui donne raison.Notamment avec les plaintes déposéesen France par plusieurs organisationsdes sociétés civiles gabonaise, gui-néenne et française contre l’entrepriseGemalto. Laquelle avait mis en placeune « biométrie bancale » dans cespays africains. Elle n’a pas empêchéles votes multiples ou la falsificationdes résultats au Gabon lors des der-nières consultations électorales. Cesystème, sans moyen d’identification,n’a pas empêché qu’un même électeurpuisse s’inscrire plusieurs fois.

Bitam

Le PDG à la croiséedes chemins

Sans oublier de « remettre à plat laloi électorale pour revenir à un scrutinmajoritaire à deux tours » et améliorerconsidérablement le rôle de l’armée.

Pour terminer, Jean-ChristopheOwono Nguema et son collègueHaman Mamadou ont fait un constatsans complaisance de la situation duGabon. « Le Gabon est bloqué. Il y ades grèves partout. On s’étonne qu’enguise de réponse le pouvoir choisisse lafuite en avant. On se demande mêmepourquoi il s’en prend aux seuls ensei-gnants alors quetous les corps sociauxsont mécontents et l’expriment par desgrèves illimitées actuellement. » Pours’en sortir sans dommage, le 6e vice-président du Sénat ne voit qu’une seuleissue : « l’instauration d’un dialoguevéritablement inclusif ». Pour y parve-nir de manière constructive, au regarddu peu de crédit de la parole du pou-

voir, Jean-Christophe Owono Nguemapense que l’implication de la commu-nauté internationale est nécessaire.Aussi appelle-t-il ses amis « qui ontpesé de tout leur poids pour obtenir laréhabilitation de l’UN en un tempsrecord, de mettre en route les mêmesmécanismes pour parvenir à obtenirles conditions de transparence auGabon ».

Les Etats-Unis, la France, l’Unioneuropéenne, l’Onu, le Cameroun et laGuinée Equatoriale, qui ont manœuvréen coulisse pour la réhabilitation del’UN, sont ici plus que jamais interpel-lés pour reprendre leur rôle de média-teurs. Sans quoi un chaos est à craindre.C’est pour ne pas en arriver là que lessénateurs de la commune d’Oyem leurdemandent d’intervenir au plus vite.(Affaire à suivre)

aussitôt vu les manigances orches-trées par le parti au pouvoir, d’au-tant qu’il entretient des relationstrès particulières avec le ministrede l’Intérieur, Guy-BertrandMapangou.

Chaque province où l’UPG estprésente avait son représentant aucollège des pairs. Tout le monde aeu droit à la parole. Maman Marie,une déléguée de Ndendé : « L’actequ’a posé Mathieu Mboumba estcomparable à une haute trahison enmémoire de notre leader. Il veutprendre en otage notre parti, maisnous ne nous laisserons pas faire.Notre leader est mort pour notreliberté et personne ne peut embri-gader cette liberté. Mathieu nous aassez humiliés et comme il ne veutplus respecter le règlement du parti,qu’il s’en aille.»

Désormais débarrassés de laforce d’inertie, les upgistesontdécidé à l’unanimité d’organiser lepremier congrès ordinaire du partidu 10 au 12 avril 2015, conformé-ment au titre préliminaire des sta-tuts, portant sur les principes géné-raux de l’UPG.

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L’EDITORIAL 5

La chambre des complots du palais de sa petite majesté est aussi transparente quecette maison de verre que feu Omar Bongo, son prédécesseur et géniteur-bienqu’il y ait un doute là-dessus- identifiait au Gabon. Dans cette chambre des com-

plots, de l’extérieur on voit les faits et gestes des comploteurs jusqu’à entendre ce qui sedit.

Nous savons que l’agression sur fond de mensonges subie par Chantal Gondjout néeMyboto relève d’un plan orchestré dans les officines du Palais de verre en plusieurs actes.L’acte 1 a consisté à démontrer à sa petite majesté que la Gabono-Marocaine OnaïdaBongo Ondimba était trop policée pour jeter de la boue et toute sorte de déchets sur sesadversaires politiques. Pour cela, du haut de son bagout, Alain-Claude Bilié by Nzé, ledéfenseur zélé de sa petite majesté, se présentera comme l’homme idoine pour la tâche.Exit Onaïda. L’ancienne chargée de la coordination de la communication présidentielleest balayée. Leur hebdo très circonstancié, « Grogne d’Afrique », concocté dans les sallesde Point Image, dont le propriétaire n’est nul autre qu’un communicant de la présidence,n’a pas été à la hauteur. Acte 2. Pour marquer son originalité et sa démonstration à AliBongo, prouver qu’il est le meilleur et l’ajuster pour la contre-attaque, Bilié by Nzé va luidévoiler son plan : salir pour déstabiliser les membres de l’opposition. Il s’agira de révé-ler de faux secrets, les habiller d’opprobre afin de les présenter sous un mauvais jour auxpopulations. Pour ce faire, il envisage de mobiliser tous les médias proches du pouvoir. Asavoir ceux regroupés au sein du Cocom, la cellule de communication de la présidence («La Griffe », « Le Douk Douk », « La Calotte », « Le Soleil », « Gabaon », etc.) ; et d’au-tres comme TéléAfrica. Comment fera-t-il agir Gabon Télévision, la chaîne publique ?Simplement en ressuscitant l’émission « Pluriels». Dans le plan d’Alain-Claude Bilie byNze, cette émission, qui a su capter l’audience, et dont la notoriété et la crédibilité ont étéétablies avant qu’elle ne soit mise au placard par la volonté des mêmes, tapis au Palais deverre, se chargera de traquer, pour les exposer, les faits et gestes indélicats des opposants,syndicalistes, journalistes non alignés et d’autres personnalités même du PDG quiauraient décidé de s’émanciper de sa petite majesté. Acte 3, le rôle de l’Agence nationaledes infrastructures numériques et des fréquences (Aninf). Elle sera mise à contributionpour intervenir à deux niveaux : dans l’affaiblissement de certaines fréquences et du débitInternet. Il faudra occasionner des défaillances dans le réseau. Ce qui compliquerait, voirerendrait impossible la visualisation et le téléchargement des fichiers gênants pour sa petitemajesté. Ainsi, vous n’aurez plus la possibilité de suivre les dénonciations de Lanlaire parexemple. Voilà résumée l’opération concoctée par le nouveau coordinateur de la commu-nication présidentielle. Sa petite majesté a-t-il trouvé cela excessif et inapproprié, euégard : primo, au rang et à la responsabilité de ceux qui la conçoivent (ses collaborateurs); deuxio, au lieu où elle est conçue (la présidence de la République) ; tertio, aux destina-taires (ses concitoyens) ? NON. Il a laissé faire. Il a donc approuvé.

La machine est donc en marche. Et la première victime est Onaïda Maïsha BongoOndimba, sa petite sœur – le patronyme aidant. Et de façon collatérale, sa mère. Celle quipourtant, sous les suppliques de Pascaline Mouyabi devenue Bongo, a tout fait pour quetous les enfants soient pris en compte dans la succession. Pour répondre au problème defond que cette jeune fille a posé sur la succession de son père qui l’a formellement recon-nue, et ce alors qu’elle était encore dans le sein de sa mère, sa petite majesté utilise l’in-sanité et l’avilissement via ses limiers. Demander la production d’un acte de naissance etprétendre, en toute légalité, à un héritage ne peut donner lieu à pareil agissement souventattribué à des voyous. C’est simplement ridicule.

Ce ridicule se prolonge dans le traitement qu’il fait de la crise sociale. Comment les tra-vailleurs gabonais, toutes administrations confondues, ne seraient-ils pas révoltés devantl’étalage ostentatoire du train de vie de sa petite majesté ? Il n’a pas construit une écolepour les jeunes Gabonais en 5 ans, mais a dégagé des milliards pour des terrains de golf,le palais des Abeilles sur les hauteurs de la cité de la Démocratie et le palais de laPalmeraie à Marrakech. Pendant que l’université publique est en délabrement, il fait venirdes artistes à coups de milliards (R.Kelly, Chriss Rock, Kool & The Gang, champions demotonautiques, etc.) ; la culture gabonaise se meurt, dans son esprit, un carnaval de tra-velos brésiliens la ressuscitera. La crise bat-elle son plein ? L’administration est-elleboquée ? Le système éducatif est-il raviné ? Sa petite majesté n’en a cure et lance deschars sur les élèves et les enseignants qui ne réclament que leur droit à l’éducation et autravail. Encore ridicule.

Sa petite majesté est parfaitement inapte à comprendre les mécanismes de fonctionne-ment de l’Etat et de l’administration. Comment peut-on être PCA d’une agence, fût-ellerattachée à la présidence, et occuper une fonction qui, constitutionnellement, rend incom-patible l’exercice de toute autre ? Comment peut-on autoriser des collaborateurs à pren-dre actions et rémunérations dans une société, en l’occurrence Clean Africa, dans laquellel’Etat détient la majorité des capitaux, et ne pas susciter un conflit d’intérêts et une viola-tion du code Ohada ? Raymond Ndong Sima, qui, l’on suppose sans l’affirmer, a dû tri-mer pour le lui faire comprendre, montre tous ces dysfonctionnements dans son livre «Quel renouveau pour le Gabon ?» (Lire son interview en page 3.)

Devant ce contexte d’irresponsabilité patente, des chefs d’Etat de la sous-région, quisavent malgré tout ce qu’ils incarnent, ont dû recourir au report de la conférence de laCemac que sa toute petite majesté voulait tenir au début de ce mois de mars. Peut-être,sans le savoir, pour ne pas se couvrir de…ridicule. Le papy de Jonas Moulenda ne disait-il pas : « Si vous poursuivez un fou qui a pris votre linge au ruisseau pendant que vous

preniez votre bain, tout le village conclura que vous êtes deux fous. »

Ridiculede Désiré ENAME

ANALYSE

Analystes: Ramses Frank / SYA/Arthur Page / Zang MemineJournalistes : Paul Davy / Fam Kesley / Henri Gauthier / Sophie BeuveMery / Markky Edzang Zue / Ledivin / Stephen Jean Landry / KTDContribution speciale : Pierre Durand / PLO / Gill Lawson Service Marketing: 05-54-40-40 / Maquette : EDNImpression : MULTIPRESS - Distribution : SOGAPRESS Tirage : 20.000 ex.D.L.B.N N°2359/3/2015

ECHOS Du Nord Une publication de la SARL Nord EditionCapital: 5.000.000 FCFARCCM 2010B10189 N° Statistique 072771Y Siege Sotega- Libreville - Gabon B.P. 23 535 [email protected]

Directeur de la Publication Directeur de la RedactionDesire ENAMETel: 05.02.50.73Directeur de la redaction delegueMIHINDOU BISSIELOURedacteur en Chef editorialJean Michel Sylvain 06-41-22-49

Redacteur en chef adjointRaissa OyassekoGrand ReporterJonas MoulendaCoordinateurPierre DurandSecretariat de redactionHarrys KOMBILA

ECHOS DU NORD

Dans un article daté du 8 août2009, en pleine campagneprésidentielle, Jeune

Afrique soulignait des inquiétudesquant à la menace d’un repli identi-taire au Gabon. Pour donner du poidsà ses écrits, l’hebdomadaire africainprit appui sur des propos recueillisauprès du candidat Oye Mba, « unFang – l’ethnie à la majorité relativedans le pays (entre 30 et 40%) – [qui]perçoit une tonalité inquiétante… «J’entends, précisait alors l’ancienPremier ministre, des slogans commeTSF (Tout Sauf les Fang)». Après 42ans de bongoïsme-père et 5 ans debongoïsme-fils, la stratégie identitaireet les inquiétudes face au phénomèneTSF ont-t-elles disparu ou alors sesont-elles accrues ?

Tout en reconnaissant que JeuneAfrique fait œuvre utile en posant cetype de problèmes, il nous faut mal-heureusement constater que, dans cenuméro d’août 2009, il n’a pas vérita-blement creusé le sujet. L’article, enson temps, nous avait laissés effective-ment espérer l’ouverture de quelquespistes de réflexion afin de sortir desponcifs habituels. Il s’était finalementréfugié dans la langue de bois. Cettelangue de bois si chère aux pouvoirsafricains au sud du Sahara qui leurpermet, depuis les indépendances,grâce à des mots, expressions et slo-gans fétiches, de truquer la réalité : «Indépendance Nationale », « Gabond’Abord », « A bas le tribalisme, vivel’unité nationale ! », « il n’y a pasd’ethnie plus importante qu’uneautre», « le Parti démocratique gabo-nais », « la géopolitique »,« notrejeune démocratie », « la transparenceélectorale », « parti détribalisé », ouencore « le délit d’origine », etc.Certes, à la décharge des jeunes Etats,au sortir des années 60, la plupart deces concepts étaient d’époque et liés àl’étape historique, ce qui, toutefois, nesaurait nous empêcher de constaterque, en près de 50 ans, ils ont été sansimpact positif dans la vie de la majo-rité des Gabonais. Cette logorrhéepolitique n’a pas dépassé les limitesdes seules incantations, si utiles pourcacher la vérité, répondre à côté de laquestion ou noyer une absence depensée ou de connaissance d'un sujetsous un déluge de paroles creuses,faire croire à quelqu'un qu'on ne lui estpas hostile alors qu'on le manipulepour l'amener à ses propres fins.Comme si, pour reprendre un roman-cier français, la parole avait été don-née à l’homme pour dissimuler sapensée. Un test simple permettrait demesurer la distance qui sépare le peu-ple gabonais du pouvoir. Il suffirait,pour cela, de poser la question à cha-cun d’entre nous de savoir si nousavons le sentiment de vivre dans unpays « indépendant », « démocratique», « détribalisé », etc. Ne nous men-tons pas ! À chacune de ces interroga-tions, nous répondrions, en phase avecla réalité, non. Autrement dit, les slo-gans politiciens récités à longueurd’années ne sont que feuilles de vignevisant à dissimuler la nudité d’un sys-tème despotique.

Les Bongo, « de l'ethnie minori-taire téké », au pouvoir depuis près de50 ans…

Alors, lorsque ce numéro de Jeune

Afrique écrit : « Omar Bongo, del'ethnie minoritaire des Batéké, avaitmis en place un système reposant surun savant dosage des ethnies auxpostes clés. » Et rajoute : « Beaucoupd'observateurs craignent désormaisun "repli identitaire", c'est-à-dire queles électeurs se déterminent en fonc-tion de leur ethnie et de celui du can-didat. » (In Jeune Afrique du08/08/2009), l’hebdomadaire deBéchir Ben Yahmed met le systèmeBongo à nu. Il reconnaît bien qu’auGabon, sous Omar Bongo Ondimba,c’est « l’ethnie minoritaire des Batéké» qui tient les rênes du pays. Grâce,selon lui, à un « système [mis en placepar OBO] reposant sur un savantdosage des ethnies aux postes clés ».Ce JA d’août 2009 s’arrête à ceconstat.

Contrairement à lui, nous voulonscreuser la question. En nous interro-geant déjà sur le fait de savoir com-ment une « ethnie minoritaire » peutse maintenir aussi longtemps au pou-voir. Le « savant dosage » est laréponse à la première interrogation.D’où la seconde : en quoi consistait ce« savant dosage des ethnies » ?Autrement appelé géopolitique dansle jargon bongoïste, le « savant dosageethnique » n’a qu’un objectif : péren-niser les Bongo au pouvoir. La géopo-litique Des Bongo a toujours consistéà attirer un certain nombre de cadrespour les soumettre et les entraînerdans une sorte de «Choc des Ethnies»au Gabon. Un homme politique fran-çais connu divisait la société françaiseen privilégiant d’abord ses enfants,puis venaient ses cousins germains, etensuite ses cousins, ses parents, leseuropéens, les Blancs. Le Noir,l’Arabe, et, bien évidemment, le Juifcaracolent au palmarès des étrangers àne pas devoir bénéficier du privilèged’habiter en France, pire, d’en prendrela nationalité.

…GRACE AU TOUT SAUFLES FANG

Au Gabon, pour régner, OmarBongo, appartenant à une ethnieminoritaire au Gabon, a savammentdosé nos ethnies en les classant enrégnantes, partenaires, intermédiaireset ennemies. La phrase d’Oye Mba,le« J’entends des slogans comme TSF(Tout Sauf les Fang)» est bien révéla-trice d’un climat où les Fang seraientclassés comme ennemis. Les journauxdu pouvoir ne s’en privent d’ailleurspas. Comme cet hebdomadaire duporte-parole de la MajoritéRépublicaine – G-C Maviogha - quin’a pas hésité à ruer dans les brancardslors des nominations dans le gouver-nement Ona Ondo : « 11 Fang pour 1seul vrai Punu », un titre suivi d’unelongue explication du fait que « laGéopolitique à la Gabonaise nousenseigne que la répartition des postesa toujours été tributaire des équilibresethniques… Malgré une charte dedéontologie ou un code de bonneconduite, les Ministres nommés auGabon se comportent toujoursd’abord comme le (s) représentant(s)d’une ethnie bien donnée. Le reste suitaprès. L’on ne peut pas penser qu’il ya certains qui estiment que les Punuétant déjà un acquis, on peut se détour-ner de les cadeauter» (sic) (inL’espoir). Le feu nourri de l’Union, la

Griffe, le Soleil et autres la Doc contrele Front de l’opposition pour tenter,ces temps derniers, de convaincre queles Fang, surtout ceux du nord, souf-frant, comme d’une maladie incura-ble, d’un atavique repli identitaire,n’accepteront jamais une candidatureunique non fang, attestent de cetteatmosphère tribaliste qui continue dedominer le pays.

…ET A L’EDIFICATIOND’UN « GRAND SUD »

Dans le même ordre d’idées, toutel’agitation du pouvoir de sa petitemajesté pour fixer un « Grand Sud »montre à qui n’en était pas encoreconvaincu que, pour elle, le dangervient du nord. Dans leur stratégieidentitaire, Ali Bongo et ses thurifé-raires s’organisent donc pour diviserle nord et resserrer les rangs au sud. LeTSF demeure donc l’axe politiqueessentiel de la campagne actuelle desBongo pour se perpétuer au pouvoir.Une exclusion qui sonne commel’ébauche d’une épuration ethniquequi ne dit pas son nom. En fait, rien denouveau sous le soleil. Sous OBO,c’était déjà ça l’ambiance. Les récentset bruyants auto-réajustements de GuyNzouba Ndama, que certains considè-rent désormais comme une reculade,sont une manifestation de l’intransi-geance de sa petite majesté face à lamoindre incartade venant de sa droite– c’est -à-dire de la vieille garde duPDG - pouvant favoriser le troublenon seulement dans ses rangs (PDG)mais également ébrécher l’édificationde son « Grand Sud ». Sur sa gauche,que représente le Front del’Opposition, Sa petite majesté tra-vaille à favoriser une candidaturefang, c’est vrai, pour diviser mais sur-tout pour faire admettre dans l’imagi-naire politique que les Fang ne se met-tront que derrière un autre Fang plutôtqu’un non-fang. La surexcitation dupouvoir à attiser les ambitions des unset des autres à Oyem et en pays fangen général le prouve bien.

QUELLE SOLUTION FACEAU TSF ?

La stratégie avérée des Bongo est,par tous les moyens, de se coaguler aupouvoir d’Etat pour continuer de lepiller ad vitam aeternam. Son princi-pal moyen, depuis près de 50 ans, estl’activation du TSF. La stratégie desforces populaires, rassemblées au seindu Front uni de l’Opposition pour l’al-ternance vise à redonner le pouvoir aupeuple. Et pour ce faire, la familleBongo doit quitter le pouvoir. Si,comme le disait un homme politiquedu siècle dernier, la stratégie veutgagner la guerre, la tactique, elle, s’oc-cupe des batailles. Et l’une desbatailles qu’il faut pouvoir remporterest de bâtir une tactique qui prennel’exact contrepied du TSF des Bongo.Et c’est bien sur la base de ce TSF quel’organisation des mouvements detroupes de SPM qui ont commencédans l’Ogooué-Ivindo se déploie. Toutcela en vue des prochaines bataillesqui s’annoncent pour avant, pendant,et après 2016. Il reste au Front àpopulariser sa tactique de batailleautour de laquelle fédérer toutes lesforces du changement devient uneurgence et une nécessité vitales pourun avenir proche.

Le candidat unique de l’oppositionet la question ethnique

Stephen Jean Landry

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6POLITIQUE ET SOCIéTé ECHOS DU NORD N° 278 du Lundi 30 Mars 2015

La décision prise parle Premier ministre,Daniel Ona Ondo,

en début de semaine der-nière, de mettre sur bons decaisse les salaires des ensei-gnants, à compter du 25 mars2015, montre l’iniquité desgouvernants. Les chargés decours ne sont pas les seulsagents de l’Etat en grève.L’administration est paraly-sée depuis début février.

Qu’à cela ne tienne, lesenseignants n’en démordentpas. Au cours d’une assem-blée généra, le jeudi 26 mars,au rond-point de laDémocratie, ils ont réaffirméleur détermination à obtenirla satisfaction de leurs reven-dications légitimes. Lescours n’ont toujours pasrepris, du préprimaire ausupérieur, dans l’enseigne-ment général comme dansl’enseignement profession-nel. « Quand l’incompétencefait le lit à l’abus d’autorité,la démission reste l’issue desecours », pour les leaders deDynamique unitaire. Lesenseignants ont demandé auPremier ministre et au minis-tre de l’Education nationale,Ida Reteno Assonouet, derendre leur tablier. Leurs

Prince Villa

Notre globe-trotternational, qui ne pou-vait pas rater l’occa-

sion d’aller se pavaner hors dupays et, par là même, de faireencore saigner les financespubliques, a-t-il eu l’idée dereprocher au nouveau présidentnamibien, Hage Geingob, 73ans, d’accéder au pouvoir à unâge qu’il juge, lui, avancé ? Pasdu tout ! Ali Bongo n’a pas laréputation d’être courageux etcohérent. Et pourtant, dans sonpays, il n’a de cesse de voueraux gémonies tous ceux qui ontatteint ou dépassé la soixan-taine. A court d’arguments,l’aventurier chef de l’exécutifressort souvent la carte de l’âgepour tenter de discréditer oudisqualifier les leaders du Frontuni de l’opposition pour l’alter-nance. Ce qu’il ignore, c’estque le parcours de nombred’entre eux montre que, endécidant de tourner le dos aurégime en place, ils vivent unenouvelle jeunesse.

Dans leur jeunesse, Pierre

L’opposition vit une nouvelle jeunesse

Salaires des enseignants sur bons de caisse

Le pouvoir étale son iniquité

Enseignement supérieur

Le Snec entre en résistance

Mihindou Bissielou

communications respectives,les 24 et 25 mars, « sont lapreuve éloquente que lacharge qui leur est confiéeles dépasse », estime laConvention nationale dessyndicats du secteur éduca-tion (Conasysed), qui refuseque « l’argument de la forceprenne le dessus sur la forcede l’argument ».

La coalition syndicaleDynamique unitaire (DU)reproche au pouvoir d’userde la violence et de vouloirfaire de l’enseignant le res-ponsable de l’échec du gou-vernement et d’Ali Bongo.Ses membres ont subi deshumiliations lundi dernierdevant l’Assemblée natio-nale. « Rassurez-vous, nousne faiblirons jamais. Quelque soit le sacrifice, nousexigeons l’augmentation denos salaires », préviennentles grévistes.

Le pouvoir exige aux tra-vailleurs une attestation deprésence au poste délivréepar sa hiérarchie pour récu-pérer son bon de caisse. Lamesure est considérée parDU comme la dernière «cartouche du pouvoir », maiselle n’aurait pas atteint sacible. Les grévistes ontdécidé de camper sur leurposition : « Ce n’est pas la

Sophie Beuve Mery

première fois que nossalaires sont mis sur bons decaisse. Que le pouvoir sacheque nous sommes préparés àtoute éventualité. Nousattendons que le Premierministre vienne maintenantnous chercher de force,depuis nos maisons, pourregagner nos bureaux ou nossalles de classe », a déclaréPaul N., enseignant du pri-maire.

Selon DU, la décision gou-vernementale n’a pas quedes victimes dans les rangsdes enseignants grévistes.Ceux qui allaient dispenserles cours dans des sallesvides ont également été frap-pés par la mesure de la misesur bons de casse.

De nombreux intervenantsà l’assemblée générale dejeudi dernier ont invité tousles compatriote propriétairesde loyers et épris de justicesociale à « mettre dehorstous leurs locataires gen-darmes, policiers, agentssecrets et agents spéciaux,qui obéissent aveuglementaux injonctions du pouvoirémergent et de leur chef, AliBongo Ondimba ». Allusionà la répression des travail-leurs devant l’Assembléenationale lundi dernier àLibreville.

Après les diverses viola-tions de leurs droits par legouvernement, les travail-leurs, retraités civils et mili-taires invitent leurs congé-nères à rejoindre DU celundi 30 mars 2015, à 9heures, au rond-point de laDémocratie, pour une grandeassemblée générale. Aucours de celle-ci, « les tra-vailleurs privés de leurssalaires se feront recenserpour des suites judiciaires àdonner à cette situation arbi-traire », a indiqué Jean-Rémy Yama, modérateur deDU.

La mise des enseignantssur bons de caisse de façonprécipitée a causé des dégâtsdans les secteurs santé, agri-culture et jeunesse et sports.Les agents, qui observaient

Amoughe Mba et RenéNdemezo’o Obiang, par exem-ple, ont été des membres trèsactifs de la célèbre Associationgénérale des étudiants gabonais(Ageg), qui dénonçait avecvirulence les errements du pou-voir d’Omar Bongo et appelaitde tous ses vœux une bonnegouvernance. Si Jean Ping (72ans), la nouvelle bête noired’Ali Bongo, n’est pas réperto-rié à l’Ageg comme un militantau verbe particulièrement haut,il n’en demeure pas moins vraique le frère cadet des opposantsnotoires Pierre Louis AgondjoOkawe et Joseph RendjambeIssani ne cachait pas saméfiance vis-à-vis du régime.Ce qui explique pourquoi il apréféré travailler à l’Unesco(Organisation des Nations uniespour l’éducation, la science et laculture), au lieu de rentrer aupays, à la fin de ses études supé-rieures. Ses téméraires aînés,qui sont revenus au bercailentre-temps, ont fait l’expé-rience du passage par la caseprison ou de la persécution.Pierre André Kombila y a

échappé de justesse, mais ilsubissait une forme de harcèle-ment.

Quand on est jeune, on faitles plus beaux rêves pour sonpays. Dans son grand âge, on sedemande si l’on a été utile poursa chère patrie et on cherche àfaire ce qui est encore possiblepour marquer son passage etpasser dans la postérité. Lesdeux étapes de la vie se ressem-blent de ce point de vue. Mêmesi Zacharie Myboto (76 ans),Casimir Oye Mba, Jean EyegheNdong, Didjob Divungi DiNdinge, Jacques Adiahenot etPaulette Missambo ne revendi-quent pas une jeunesse contes-tataire, leur rupture avec lerégime s’explique par le refusd’assister impuissants à la ruinedu Gabon, qu’une bande dejouisseurs prétentieux dit vou-loir hisser au rang des paysémergents en 2025.

L’avantage du Front, contrai-rement à la galaxie émergente,c’est que les générations secôtoient et donc s’influencentmutuellement. Ceux qu’AliBongo traite de « vieillards usés

» sont entourés de trentenaires,de quadragénaires et de quin-quagénaires, dont André MbaObame. Bien que physique-ment absent du Gabon et affai-bli par une mystérieuse mala-die, lui qui a été un puissantrelais du Morena (Mouvement

Au cours d’une assem-blée générale d’infor-mation, le samedi 28

mars, à l’Université OmarBongo (UOB), les membres duSnec (Syndicat national desenseignants et enseignants-chercheurs) ont réaffirmé leurengagement à poursuivre lagrève générale illimitée jusqu’àl’obtention de l’augmentationdes salaires promise par le chefde l’Etat. Malgré la mise surbon de caisse des rémunéra-tions, ils se disent sereins etsurtout plus déterminés quejamais. « Les coupures desalaire ne nous font pas peur, lamise sur bon de caisse, bienqu’illégale, ne nous fait paspeur. Nous allons continuerjusqu'à l’obtention de nossalaires même si les universitésseront les seules à faire grève.On continuera seuls, s’il lefaut», a déclaré Jean-RémyYama, le président du Snec.Outre la mise sur bons decaisse de leurs salaires, lesenseignants et chercheurs ontvu la Prime d’incitation à larecherche (Pir) suspendue.

L’augmentation des salairesde 18% proposée par le gouver-nement, assortie d’une suppres-sion de toutes les primes, a plu-tôt eu le mérite de radicaliserles positions. Le ministre de laFonction publique, Jean-MarieOgandanga, a demandé d’at-tendre le mois de juillet pourque tout rentre dans l’ordre.

Mais le Snec se dit sceptiquequant à cette éventuelle aug-mentation des salaires. « Lesinformations qui nous revien-nent disent qu’il n’y a rien.C’est tout simplement la refontede toutes les primes qui permet-tra de voir le salaire des tra-vailleurs changer. En termes derevenu, ce sera la mêmechose», a ajouté Jean-RémyYama.

Au Gabon, lorsqu’on se lèvepour réclamer une redistribu-tion équitable des richesses, onest taxé d’opposant. Au lieu detrouver des solutions aux mauxqui minent le pays, Ali Bongopréfère dilapider les denierspublics dans ses fréquents etcoûteux voyages à l’étranger,accompagné d’une horde decourtisans. Il opte souvent pourla fuite en avant. Voilà ce que çadonne quand on ne s’est pas

préparé à exercer le pouvoir,auquel on accède en commet-tant un hold-up électoral. Maisla réalité le rattrapera toujours.Il ne se dérobera pas, car mal-gré les intimidations du gouver-nement, la manipulation et lesinepties de son porte-parole,Alain Claude Bilié by Nzé,voire les agacements du recteurde l’UOB, le Pr Marc-LouisRopivia, qui aujourd’hui luirefuse une salle pour tenir uneréunion, le Snec ne reculerapoint. «Le ministre de laFonction publique nousdemande d’attendre juillet poursolutionner notre problème. Lareprise des cours ne se feradonc qu’en juillet, car, nousinsistons, augmentation desalaires équivaut à reprise descours», a conclu Jean-RémyYama.

pourtant un service mini-mum, auraient décidé de ren-trer de plain-pied dans lagrève. Au Centre hospitalieruniversitaire (CHU) deLibreville, les personnels desurgences auraient décidé dene s’occuper dorénavant quedes cas nécessitant une inter-vention urgente ou chirurgi-cale.

de redressement national, pre-mier parti de l’opposition aurègne autocratique d’OmarBongo) en France, dans la pre-mière moitié des années 1980,n’a en rien perdu de sa perspi-cacité. Avec les Jean-PierreRougou et Jean de DieuMoukagni Iwangou, les jeunesnourrissent de leur fougue lesBenoît Joseph Mouity Nzambaet Luc Bengono Nsi, qui, enretour, leur enseignent la tem-pérance.

Comme il persiste dans sagouvernance hasardeuse, à lalimite du pilotage à vue, AliBongo doit s’attendre à ce quele cercle des «vieux » s’élar-gisse davantage. Il reste dansson camp des gens qui ont par-tagé, avec des personnalités duFront, des rêves de prospéritépour leur riche pays qu’est leGabon. Tôt ou tard, d’unemanière ou d’une autre, ils fini-

ront par se retrouver. C’est cesursaut patriotique, que le chefde l’exécutif et ses thuriférairespréfèrent appeler « la haine »,qui convaincra beaucoup deGabonais de faire table rase deleurs chamailleries, aux fins deparvenir à l’alternance et sortirle pays du joug d’une famillequi l’a littéralement accaparé.

Des signaux positifs se fontjour. Le président du Parti gabo-nais du progrès (PGP) et prési-dent en exercice de l’Union desforces pour l’alternance (UFA),Benoît Joseph Mouity Nzamba,accomplit un travail remarqua-ble en vue d’une synergie desténors de l’opposition, condi-tion nécessaire pour l’alter-nance. Les Gabonais n’appré-cieraient pas que les ambitionsindividualistes lui fassent raterl’occasion de se libérer en 2016.Chacun doit plutôt marquerl’histoire.

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7ECONOMIE ECHOS DU NORD N° 278 du Lundi 30 Mars 2015

C’est un maire sûr de sonfait qui s’est présentédevant ses conseillers, le

samedi 28 mars, à Oyem. VincentEssone Mengue n’a pas dû forcerson talent pour convaincre que laseule issue réaliste pour Oyem enmatière budgétaire en 2015 étaitportée par son projet. L’ensembledes conseillers, malgré leursdivergences politiques – la majo-rité du conseil ne tient qu’à 3 voixen faveur de l’Union nationale-, aété convaincu de la justesse del’argumentaire. Puisque tous, mal-gré quelques nuances beaucoupplus sémantiques, ont au final faitle choix de voter ce budget quis’élève à un peu plus de 444 mil-lions de F CFA.

Par rapport à l’exercice 2014, lebudget de la ville d’Oyem fait unbond de près de 12 millions de FCFA. Cela est lié à un accroisse-ment des recettes propres de prèsde 45 millions de F CFA. Fait éga-lement important qui dénote du

Jean Michel Sylvain

JMS

sérieux de ce budget, il repose à75% sur les recettes propres et lesristournes légales d’impôts quel’Etat central collecte au nom dela commune et se doit de lui rever-ser totalement ou partiellement, àpartir d’une clé de réparation.C’est donc dire qu’au moment oùles conseillers ont adopté ce bud-get, ils avaient la certitude de pou-voir mobiliser un peu plus de 335millions de F CFA. Le montantdes ristournes et des taxes locales.La seule inconnue à leurs yeuxétait de savoir si l’Etat gabonaispourra mettre, en temps et enheure, à la disposition de cettelocalité la subvention que lui-même a fixée à 109 millions de FCFA, soit 25% du budget 2015.

Pour autant, Vincent EssonoMengue et son premier adjointchargé des finances, EmmanuelObame Ondo, ne cachaient pasleur déception. Pour eux, la villed’Oyem a la capacité d’avoir unbudget plus important. « Avecprès de 6 000 commerçants instal-lés dans la commune, 250 taxis en

circulation, Oyem ne peut pasrecevoir un niveau aussi bas desristournes… », indiquera le pre-mier maire adjoint à la résidencedu 6e vice-président du Sénat.Poursuivant sa démonstration,l’homme va illustrer ses propos enprenant le cas de la patente quepaient les commerçants d’Oyemau Trésor public et que l’Etat doit,en principe, reverser intégralementà la commune. « Si l’on considèreque nous avons dans nos mursentre 6 000 et 9 000 commerçants,en appliquant le taux le plus faiblede la patente qui est de 40 000 FCFA de manière indistincte, cettetaxe aurait dû générer entre 240 et360 millions de F CFA à la com-mune. Or, dans les faits, nous

sommes très loin de ces chiffres.En 2014 les ristournes ne s’élèventqu’à 148 millions de F CFA seule-ment. Trouver l’erreur ! ».

Malgré cette relation difficileavec l’Etat central, il faut souli-gner que depuis 2014, la villed’Oyem a considérablement amé-lioré son système de recouvrementde taxes municipales. Le budgetde l’exercice 2014 avait assigné àl’équipe de Vincent EssonoMengue un plafond de recettespropres de 141 millions de FCFA.Dans le bilan de l’exercice 2014que l’édile a présenté avant le votedu budget 2015, il a expressémentreconnu que ce poste en définitives’est chiffré à 212 millions deFCFA. Soit un surplus de recettes

de 71 millions de F CFA. Pourtant,les taux applicables sont restés lesmêmes. Et l’activité économiquequasiment identique à celle del’année 2013. Ce résultat découle« d’une meilleur gestion de l’occu-pation de l’espace public. Lesrecettes générées sont passéesentre 2013 et 2014 de près de 50millions en 2013 à 126 millions deFCFA en 2014 ». Au passage, lagestion du Rassemblement pour leGabon (RPG), lors du mandat pré-cédant en prend pour son grade.Cela démontre que l’équipe sor-tant se livrait « à des arrangementsdouteux » avec les opérateurs éco-nomiques avec pour résultat laminimisation des recettes généréespar l’occupation de l’espace

public. Chose tout à fait possiblepuisqu’Ali Bongo Ondimba, lui-même, s’enrichissait personnelle-ment grâce aux 19% de parts qu’ildétenait sans doute dans le capitalde Delta Synergie. Une vraie sang-sue qui rackette les grandes entre-prises du Gabon au bénéfice exclu-sif de la famille Bongo Ondimba.

La gestion d’Oyem est de nou-veau sur une bonne trajectoire.Vincent Essono Mengue sait qu’enrevenant aux commandes de laville, il a suscité beaucoup d’es-poir au sein de la population. A cetitre, il a l’exigence de faire aussibien que la première fois lorsqu’ilen avait la gestion. Sinon mieux.

Conseil municipal d’Oyem

Le budget primitif de l’année 2015 arrêté à 444 millions de F CFA

Oyem/Conseil municipal/Budget

Ces centaines de millions qui échappent à la ville

Le conseil municipal d’Oyem s’est réuni le samedi 28 mars dans la matinée. L’édile de la commune a présenté et défendu devant l’ensemble des conseil-lers, le budget de sa ville au titre de l’exercice 2015. Celui-ci a été adopté très facilement.

La déclaration du pre-mier maire adjointchargé des finances au

sujet du niveau anormalementbas des ristournes d’impôts quel’Etat central reverse à cette col-lectivité a de quoi inquiéter. Celalaisse clairement sous-entendreque les services fiscaux chargésde collecter ces impôts et leTrésor public qui en est le desti-nataire final, soit se livrent à des« magouilles », soit les fonction-naires qui y travaillent sontincompétents. Car on ne peut pasinterpréter autrement une tellesaignée dans les comptes de laville d’Oyem du fait de l’admi-nistration centrale. Les ris-tournes, faut-il le rappeler, «…sont fonctions de l’assiette fis-cale et du niveau économique dela localité. Elles sont le résultatdes impôts payés par les contri-buables assujettis à la fiscaliténationale auprès des servicescompétents (Direction provin-ciale des impôts). Une clé derépartition permet à l’Etat derétrocéder aux collectivitéslocales une partie de ce qui a étécollecté. Ainsi, selon la catégori-sation des collectivités locales,les ristournes varient entre 20,40, 60, 80, voire 100% selonl’impôt… », peut-on lire dans unadditif explicatif du budget 2015de la commune d’Oyem. Il s’agitdes recettes perçues par l’Etatdans la localité d’Oyem, que laloi lui impose de reverser à cettecollectivité locale. Pourquoi celane s’effectue-t-il pas correcte-ment ? Beaucoup d’observateursdu développement économique

444 millions de F CFA, c’est le budget arrêté pour la commu-nauté d’Oyem au titre de l’exercice 2015. La somme peutparaître dérisoire au regard des enjeux socioéconomiques de

cette localité en perpétuelle croissance. Mais le maire de la com-mune d’Oyem et son équipe savent qu’ils devront faire avec. C’estainsi que lors de la session budgétaire tenue à Oyem, le 28 mars2015, le maire a fixé le cap et les principaux objectifs pour l’année.

L’investissement, qui commande toute action publique a relative-ment été réévalué. Il consommera la somme de 117 millions en2015, soit 27% de l’enveloppe globale. Alors qu’il ne représentaitqu’un montant de 107 millions en 2014. Il s’agira pour l’équipemunicipale, selon les documents budgétaires en notre possession,d’« amorcer le désencombrement de l’Hôtel de ville par le paiementde la 2e tranche de la construction de la mairie du 2e. arrondissementet du cabinet du maire. Rénover le cadre de la tenue des sessions denotre institution par l’agrandissement et la modernisation de la‘’Salle du Conseil’’. Améliorer les conditions de travail par l’acqui-sition d’un véhicule de liaison et d’appui au travail quotidien de lavoirie et la remise en bon état de marche de la tractopelle et ducamion Delta ».

Le volet humain n’a pas été oublié. Le maire va accentuer sesefforts, a-t-il laissé entendre, pour «réformer le traitement desagents par le relèvement des salaires de base, élément importantlors du départ à la retraite… » C’est pourquoi la masse salarialeconnaitra une augmentation substantielle cette année par rapport à2014. En effet, la masse salariale avait été contenue à 278 millionsde F CFA en 2014 pour des prévisions d’un montant de 292 millionsde F CFA. Cette année, cet agrégat devrait atteindre près de 300 mil-lions de F CFA. Enfin, l’équipe municipale croit pouvoir fonction-ner avec une enveloppe de 28 millions de F CFA aux titres desdépenses de fonctionnement. Elle reste identique à celle de l’annéedernière.

Ce programme va-t-il améliorer l’ordinaire des Oyemois ? Seulsles intéressés pourront y répondre cette fois-ci en mars 2016.

Envoyé spécial SYA

de la ville d’Oyem pointent dudoigt la corruption endémique.Hélas, institutionnalisée parOmar Bongo Ondimba lui-même. Ce système a perduré ets’est même perfectionné sous AliBongo Ondimba.

En effet, les impôts et taxesvisés par la ristourne, à savoirl’IRPP, la TVA, IS (impôts sur lessociétés), les Patentes, lesLicences, les Taxes spécialesimmobilières sur les loyers(TSIL), etc., sont régulièrementperçus par le Trésor public àOyem. La direction provincialedes impôts organise générale-ment les opérations « coup depoing » pour amener les contri-buables indélicats à passer à lacaisse. Dans un tel contexte, siOyem, qui peut tout à fait logi-quement s’attendre à un niveaude ristourne oscillant entre 250 à

360 millions de FCFA, seretrouve à peine avec 141 mil-lions en 2014, c’est tout simple-ment parce que des prédateurs, àl’image de la pieuvre DeltaSynergie, sont passés par là pourempocher la différence. C’estsans doute pour arrêter cettehémorragie que le maire d’Oyema lancé, lors de ce conseil, l’appelà « assister et appuyer les ser-vices fiscaux déconcentrés pourun meilleur rendement de ce ser-vice. Oyem est la quatrième villedu pays. Oyem ne peut se conten-ter de 148 millions de ristournes,au regard de son potentiel écono-mique. Environ 9 000 commerceset entrepreneurs, 250 exploitantstaxis, plus d’une dizaine degrands opérateurs économiques,etc. »

L’autre vecteur par lequell’Etat central et ses fonction-

Que veut faire VincentEssono Mengue en 2015 ?

naires émergents siphonnent lescomptes des collectivités locales,est sans doute ce contrat presqueléonin qui lie neuf villes duGabon dont Oyem, à la SociétéGabon propre service (GPS)pour la collecte des orduresménagères. Ce contrat s’élève à3 milliards de FCFA par an. Lesmaires n’ont aucun mot à diresur son exécution. A Oyem, parexemple, GPS n’a pas mobiliséles moyens qui sont à la hauteurd’une ville en expansion, quicompte actuellement près de 58quartiers et dont la populationavoisine les 50 000 âmes.Pourquoi GPS ne déploie-t-il pasplus de moyens pour satisfaire sapart de contrat ? A cette question,un agent de cette entreprise ren-contré a choisi de renvoyer lereporter vers sa direction géné-rale à Libreville. Naturellement« Libreville » est resté sansréponse. Ce qui laisse présagerqu’un montage du type DeltaSynergie n’est pas à exclure.L’exemple venant du haut. Lepremier adjoint au maired’Oyem a, sur cette question, unavis tranché. Pour lui, « l’Etatgagnerait à laisser les villesconcernées organiser, elles-mêmes, le ramassage de leursordures ménagères. Cela per-mettra de faire plus que le ser-vice en demi-teinte qu’on nous aimposé via GPS ».

Aussi longtemps que beau-coup d’émergents trouverontleur compte dans cette « disper-sion programmée » des centainesde millions, les propos du pre-mier maire adjoint risquent dedemeurer un vœu pieux. Et pourlongtemps.

Page 8: Le pouvoir étale son iniquité..#Gabon : .Ali Bongo oriente l’affaire dans les égouts #LeGabonVaTrèsMal#LibéronsLeGabon #DéfendonsNotrePatrie ^FJ

8FOCUS ECHOS DU NORD N° 278 du Lundi 30 Mars 2015

Front social/Gouvernement

La répression aveugle comme réponse

J’ai essayé de fermer lesyeux pour ne pas voirtes ignominies, mais ils

s’ouvrent grandement pour sebraquer davantage sur toi.Souffre donc d’essuyer mes cri-tiques acerbes.

Samedi dernier, j’ai assisté àla conférence de presse du com-patriote qu’on appelle Lanlaire.Dis-moi, est-ce vrai tout cequ’il a dit sur toi et les tiens ? Jeveux que tu me répondes sincè-rement. Tu es président de laRépublique et les citoyens doi-vent suivre tes faits et gestes.Ne me réponds pas que celarelève de ta vie privée.

Quand on est dans une arènecomme la tienne, on ne peutplus se comporter comme unvulgaire voyou. Depuis queLanlaire débite toutes ceschoses en dessous de la cein-ture, aucun membre de ton clanne l’a contredit. Même ton per-roquet ne dit mot sur ces révéla-tions scandaleuses. C’estcurieux et très louche !

Franchement, quel problèmeas-tu ? Comment une personnequi incarne la première institu-tion du pays peut-elle se com-porter de la sorte ? Arrête ça ! Jesuis désolé de te le rappeler. Entant que président de laRépublique, tu dois incarner lesbonnes mœurs et les valeursmorales. Tu ne dois pas te com-porter sans vergogne.

Or, tu as déjà érodé le capitalde respect que les citoyensavaient vis-à-vis de l’institutionque tu incarnes. Rien que pourça, tu mérites qu’on te vire !

Avec toi, le pays flambe dans ladémesure et la dépravation desmœurs. Ça suffit comme ça !Tu en as assez fait, non ? Il y atrop de scandales sur toi. Tuabîmes l’image de notre pays.Pourquoi, diantre, te com-portes-tu ainsi ?

Il faut que tu sortes des ambi-guïtés. Je persiste et signe : unchef d’Etat doit adopter uncomportement rectiligne. Il nedoit pas se comporter commeun adolescent en pleine crisepubertaire. Il faut que ce soitclair une fois pour toutes. Tu assuffisamment fait du tort aupays et il faut que tu cesses tesactes ignobles.

Le pouvoir n’est pas destinéà des personnes qui ne sont passorties de l’adolescence. C’estfait pour les sages. Si tu ne peuxpas respecter l’institution qu’estla présidence de la République,alors bouges de là ! C’est aussisimple que ça. Tu ne peux pascontinuer à souiller l’image detout un pays sans qu’on t’enfasse le reproche. Tu as fait dela présidence de la Républiquele terreau de l’immoralité.

C’est ainsi qu’on y trouvetous les voyous sans âme etsans conscience. Ils se livre-raient à tous les actes abomina-bles, avec ton blanc-seing. Maistu es même quel genre de prési-dent ? Tu ne donnes pas un belexemple de dirigeant, bonsang ! Il faut que tu comprennesque c’est la pintade qui estdevant que les autres regardent.

Jonas MOULENDA

TALOCHE

Lundi 23 mars 2015 aété très mouve-menté, en raison des

affrontements ayant opposédes élèves et étudiants, puisdes enseignants, aux forcesde l’ordre. En effet, les poli-ciers s’en sont violemmentpris aux membres de lacoalition syndicaleDynamique unitaire (DU)qui tenaient une assembléegénérale pour revendiquerune augmentation dessalaires. Les élèves et lesétudiants, eux, organisaientune marche pacifique pourréclamer la reprise des coursà Libreville et à l’intérieurdu pays, interrompus depuisdébut février.

Ainsi, pendant que les tra-vailleurs et les retraitésétaient en assemblée géné-rale à l’école publiqueMartine Oulabou, les élèveset étudiants livraient batailleaux forces de sécurité et dedéfense déployées dans toutela ville pour empêcher leurmarche pacifique. Une atti-tude que déplore cet élève de3e : « Nous nous sommesréunis au rond-point deNzeng-Ayong pour dire nonà l’année blanche. Nousn’avons perturbé aucun éta-blissement, mais le gouver-nement comme à son habi-tude, a envoyé les forces del’ordre nous réprimer. »C’est donc sous l’effet desgaz lacrymogènes que lesapprenants se sont éparpil-lés. Une jeune de 14 ans,élève au lycée privé Mbelé,après avoir inhalé le gaz

Sophie Beuve Mery

toxique, a perdu connais-sance. « Nous n’avons pascompris l’attitude des agentsde sécurité. Au lieu d’enca-drer les élèves et les étu-

diants, ils se sont mis à lesgazer à la bombe lacrymo-gène. Ces bombes sontvenues nous trouver dansnotre établissement pendantque nous faisions cours », adéclaré un enseignant deMbelé. Plusieurs élèves ontété interpellés et conduitsvers des destinations incon-nues. Nos reporters ontsillonné les endroits où ilsétaient susceptibles de seretrouver. Sans succès. Lapremière mission était alorsaccomplie pour ces forces àla solde du pouvoir.

Ainsi, alors que les mem-bres de DU avaient, à l’una-nimité, décidé de faire, euxaussi, une marche pacifiqueen direction de l’Assembléenationale, pour s’en remettre,une fois de plus, au présidentde l’institution, les agents desforces de l’ordre sont venus àleur rencontre. Ils ont immé-diatement barricadé la voiequi permettait aux travail-

leurs d’y accéder. Les leadersdu Front uni de l’oppositionvenus soutenir les grévistes,en tant que parents d’élèveset citoyens, ont rappelé lalégitimité de leur démarche.« Notre présence ici, loind’être politique, vise à mon-trer que cette situation nousperturbe tous. Il faut donctrouver des solutions en touteurgence, car nos enfantss’impatientent », a déclaréZacharie Myboto.

Informés de la présencedes leaders du Front, lesministres de l’Intérieur, Guy-Bertrand Mapangou, del’Education nationale, IdaReteno Assonouet, et de laDéfense nationale, ErnestMpouho Epigat, se sont ren-dus sur les lieux, sans doutedonner des consignes fermesdans le sens de la répressiondes travailleurs, accusés derouler pour l’opposition. Unetrentaine de minutes après ledépart des membres du gou-

vernement, les forces de l’or-dre ont commencé à lancerdes bombes lacrymogènes endirection de la foule.

Les affrontements ne sontpas limités à Libreville. AMouila, à Port-Gentil et àOyem, la barbarie s’est aussiexprimée sur les élèves. AOyem, le conflit a duréjusqu’à mercredi. Les élèvesarrêtés ont été libérés aprèsun bref passage en cellule. Legouverneur du Woleu-Ntem,qui aime bien s'illustrer dansl’excès de zèle, a ordonné lafermeture du lycée profes-sionnel. Pour GustaveMeviane, les élèves de cetétablissement seraient à l’ori-gine des troubles enregistrésdans la ville. « Où avez-vousvu ça ? Pendant que les unssont à la maison, d'autresvont au cours ? Nous ne pou-vons plus accepter cetteécole à deux vitesses. Dansun Etat sérieux, cette situa-tion est inadmissible. Voulant

donc interpeller le gouverne-ment, nous avons, conjointe-ment avec les autres pro-vinces, organisé une marchepacifique. Mais grande a éténotre désolation de constaterque toute revendication auGabon se solde par la barba-rie policière », s’est offusquéT.O, un élève d’Oyem.

Cette situation a davantageplongé le secteur éducationdans le désarroi. Préférant labarbarie au dialogue, le gou-vernement a une fois de plusdémontré qu'il était incapablede répondre aux exigences deson peuple. Ainsi va leGabon. On réprime tout parla force. Mais, Ben Ali,Hosni Moubarak et BlaiseCompaoré ont tous utilisécette méthode au moment leplus chaud pour eux. Aufinish, ils ont été évincés dupouvoir. Ils en sont sortis parla petite porte.